Je reconnais les saints

Sophie Roubertie

Je

reconnais les saints

dans les églises et les musées

30 Œuvres d'art

décryptées

Sainte anne

I er siècle avant Jésus Christ Fêtée le 26 juillet

Qui était-ce ?

La mère de la Vierge Marie, la grand-mère de Jésus. Région ou ville associée : la Bretagne, le Québec. Sainte patronne des grands-mères, des couturières, des dentellières, des lavandières, des professeurs, des institutrices et des écoliers. Invoquée pour la fertilité des couples, la protection des femmes enceintes et l’éducation des enfants.

Le vitrail

Dans ce vitrail ancien, Anne est représentée en train d’enseigner à Marie à lire dans la Bible. Anne joue un rôle important dans l’éducation et dans la formation de Marie : elle est souvent représentée dans son rôle d’éducatrice.

Au second plan, on observe des fleurs stylisées, dans les tons blancs et or, évoquant la vie divine. Ces couleurs se retrouvent dans l’ensemble de la composition. Le manteau rouge de sainte Anne est la seule partie vive de l’ensemble, avec un morceau de verre bleu, dont le sens est difficilement identifiable.

Anne lit la parole de Dieu avec sa fille. Marie découvre que son peuple – le peuple juif – attend le Messie, son sauveur. Cette Parole s’accomplira par son « Oui » à l’ange qui lui annonce qu’elle attendra Jésus.

L’art du vitrailliste

Les motifs du vitrail sont complexes et l’exécution, particulièrement raffinée. Anne se tient derrière Marie dans

une attitude pleine de douceur.

Marie est attentive à sa lecture et esquisse un léger sourire. Elle est dans la joie de l’apprentissage et de la découverte de la Parole de Dieu.

Autres représentations et attributs

Elle est parfois accompagnée de Marie et de Jésus. On peut aussi la trouver avec son époux Joachim.

Le sais-tu ?

La réalisation d’un vitrail est un art très complexe. Le vitrailliste s’inspire d’un motif préalablement dessiné, souvent par un autre artiste. Les verres de couleur sont soigneusement découpés pour s’adapter au dessin. Les détails, comme les visages, sont peints, puis les pièces sont cuites afin de fixer la peinture de façon permanente. Les morceaux de verre sont ensuite assemblés en utilisant du plomb.

Son histoire

L’histoire nous a laissé peu d’indications sur sainte Anne. D’après la Tradition, elle est l’épouse de Joachim. Elle reste stérile pendant de nombreuses années (ce qui est signe de malédiction à l’époque), alors que les deux époux vivent pieusement, partageant leurs biens entre le Temple de Jérusalem et les pauvres.

La naissance de Marie intervient de façon miraculeuse, alors qu’Anne est déjà avancée en âge.

Nous ne savons rien de sa vie et de sa mort.

Au XVIIe siècle, elle apparaît à plusieurs reprises à un paysan d’Auray, en Bretagne, pour demander la construction d’une chapelle en son honneur. Depuis, les pèlerinages s’y sont multipliés, et sainte Anne reste particulièrement vénérée dans cette région.

Le sais-tu ?

Qu’est-ce qu’un saint ?

Les saints ne sont pas des gens parfaits ! Mais ils ont dit « oui » à Dieu et cherchent à suivre le chemin proposé par le Christ, à suivre son exemple, pour devenir comme lui.

Certains sont partis au bout du monde pour parler de Jésus et sont morts martyrs, d’autres n’ont pas quitté leur village. Les saints peuvent être des prêtres, des religieuses, des mères de famille, des rois. Tout le monde peut donc devenir saint !

L’Église « canonise » certaines personnes, c’est-à-dire qu’elle les déclare saints, pour que les fidèles puissent les prier. La vie des saints leur est ainsi proposée en exemple. Mais tous ceux qui ont suivi le Christ ne sont pas toujours canonisés !

L’Église les fête le jour de la Toussaint.

Saint Antoine de Padoue

Né en 1195, mort en 1231

Fêté le 13 juin

Son histoire

Saint Antoine est né au Portugal.

À 15 ans, il entre dans l’Ordre des ermites de saint Augustin, où il étudie la théologie et est ordonné prêtre.

Le témoignage rendu par les martyrs franciscains du Maroc l’incite à rejoindre l’ordre des Frères mineurs (les Franciscains).

Saint Antoine se rend au Maroc pour prêcher l’Évangile, mais en raison de problèmes de santé, il doit rentrer en Europe. Sur le chemin du retour, une tempête le déroute vers l’Italie. Il a l’occasion de rencontrer saint François d’Assise car ils sont contemporains. Ses talents de prédicateur et de théologien sont très rapidement reconnus. Il est envoyé en France et en Italie pour prêcher.

Saint Antoine a également fondé des couvents franciscains, notamment à Padoue. Il y a vécu dans la prière et la contemplation, sans négliger ses responsabilités d’enseignement et de prédication. Il a également consacré beaucoup de temps à la pastorale, s’occupant des pauvres, des malades et des nécessiteux de la ville. Ses miracles de guérison et ses actes de charité envers les plus démunis l’ont rendu célèbre dans la ville, de son vivant.

Qui était-ce ?

Un frère franciscain, prédicateur et théologien.

Région ou ville associée : Padoue, en Italie.

Saint patron des voyageurs, des mineurs, des marins et des femmes enceintes.

Invoqué pour retrouver des objets perdus, pour obtenir protection et sécurité, pour soi-même, sa famille ou ses biens, et pour bénir les récoltes.

Sa vie est marquée de tant de prodiges qu’on l’appelle « le faiseur de miracles ». Un manuscrit dérobé lui ayant été miraculeusement rendu, après une prière fervente, il est invoqué pour retrouver les objets perdus.

Il meurt d’épuisement et de maladie à 36 ans. En reconnaissance de son enseignement, il a été nommé docteur de l’Église, un titre réservé aux saints dont les écrits sont d’une grande importance pour l’Église catholique. Il est canonisé moins d’un an après sa mort.

La scène

L’Enfant-Jésus est assis sur un livre ouvert (il s’agit de la Bible). Trois doigts sont levés en signe de bénédiction, chaque doigt représente une personne de la Sainte Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit).

Saint Antoine le retient délicatement d’une main, se penchant vers lui, en un geste de protection et de tendresse. Dans son autre main, il tient un lys blanc, symbole de la pureté. Antoine porte un vêtement religieux, une bure franciscaine avec un capuchon d’un brun sombre qui se détache à peine du fond noir. Les pieds nus représentent un idéal de pauvreté. Dans le ciel, quatre angelots, jouant sur les nuages, contemplent la scène.

Cette scène fait référence à un épisode miraculeux de la vie de saint Antoine, qui l’a profondément marqué.

L’art du peintre

Le peintre nous montre un saint Antoine plein de tendresse pour l’Enfant-Jésus.

La palette est très resserrée, utilisant uniquement des nuances de blancs, de bruns et de noirs.

Les deux personnages principaux se dégagent sur un fond sombre. Grâce au jeu de clair-obscur installé par l’artiste, ils sont mis en pleine lumière.

Autres représentations et attributs

Les œuvres d’art en l’honneur de saint Antoine sont fréquentes, car il est très populaire. De nombreuses églises disposent d’une statue du saint.

Les statues le figurant avec l’EnfantJésus sont les plus nombreuses, mais on trouve aussi des images de ses miracles, comme la résurrection d’un enfant, son prêche aux poissons, ou la guérison de la jambe qu’un homme s’était coupée en signe de pénitence.

Saint Augustin

Né en 354, mort en 430 Fêté le 28 août

Qui était-ce ?

Un évêque et théologien.

Région ou ville associée : Hippone (Annaba, dans l’actuelle Algérie).

Saint patron des théologiens, des typographes et des imprimeurs.

Invoqué pour lutter contre la paresse.

La scène

Saint Augustin est assis à son bureau. C’est un homme déjà âgé, aux rides prononcées et à la barbe poivre et sel.

La vérité (veritas en latin) est inscrite comme dans un soleil, et il se retourne vers elle. D’une main, il tient un cœur enflammé, qui peut être le sien ou le Cœur Sacré de Jésus. De l’autre, il tient une plume tout juste sortie de son encrier, symbole de son travail intellectuel.

Les livres renversés sont ceux de philosophes avec lesquels il n’est pas d’accord, dont il réfute les idées.

Derrière lui, le livre ouvert sur un lutrin est une Bible.

L’art du peintre

L’artiste trouve le moyen de nous montrer, par sa peinture, ce qui est pourtant difficile de représenter : des idées, des notions abstraites. En effet, la tête d’Augustin est située au milieu d’une diagonale de feu, qui part de la lumière de la vérité vers un cœur embrasé d’amour. C’est ainsi que le peintre nous montre que Dieu fait connaître à Augustin la vérité grâce à son intelligence et grâce à la prière. Quant à l’amour, il s’agit de l’amour d’Augustin pour Dieu, de Dieu pour lui.

Autres

représentations et attributs

Saint Augustin est le plus souvent représenté en évêque, portant la mitre et la crosse. On le trouve aussi accompagné de sa mère, Monique. Il peut être accompagné d’un enfant portant une cuillère ou un coquillage, qui rappellent un épisode de sa vie ou une légende qui lui est attachée : un jour, il se promène sur une plage, pour méditer sur la Trinité (le mystère chrétien d’un seul Dieu en trois personnes). Il voit un enfant verser de l’eau avec un coquillage dans un trou qu’il a creusé. L’enfant veut y faire entrer toute la mer. Augustin lui dit qu’il n’y arrivera jamais. Et l’enfant répond : « J’aurai pourtant mis toute l’eau de la mer dans mon trou avant que vous n’ayez compris le mystère de la Sainte Trinité. » Et l’enfant, qui devait être un ange, disparaît.

Son histoire

Augustin est né à Thagaste, une ville située au nord de l’Afrique, au bord de la Méditerranée, d’un père incroyant et d’une mère chrétienne, Monique. Elle priera beaucoup pour son fils, qui est un jeune homme turbulent, et sera, elle aussi, reconnue sainte.

Même si Augustin n’est pas un fils modèle, c’est un élève brillant. Ses parents cherchent donc à lui donner une excellente éducation. C’est pourquoi il va étudier à Rome, la capitale de l’Empire. Il enseignera ensuite à Milan, au nord de l’Italie.

Sa conversion à la foi chrétienne commence lors d’une promenade dans un jardin. Il entend une voix qui lui dit : « Prends ! Lis ! » Il comprend qu’il s’agit de lire et méditer la Bible. Saisi par le message du Christ, il se convertit et se fait baptiser par saint Ambroise, l’évêque de Milan. Il est ordonné prêtre dans sa ville d’origine, puis évêque dans le même lieu (c’est pourquoi on l’appelle aussi Augustin d’Hippone).

Tu sais comme il est important de chercher toujours à connaître la vérité. Cette recherche marque toute la vie d’Augustin, qui réfléchit et écrit beaucoup. Même s’ils ont plus de 1 500 ans, ses textes continuent d’être étudiés, même par ceux qui ne sont pas chrétiens. Ses Confessions et La Cité de Dieu sont considérés comme des chefs-d’œuvre.

En même temps qu’il écrit ses livres, il annonce l’Évangile dans toute la région. Il termine sa longue vie au temps troublé des invasions barbares, alors que les Vandales, des tribus

Sainte barbe

III e -IV e siècle Fêtée le 4 décembre

Son histoire

Sainte Barbe est aussi connue sous le nom de Barbara. Les récits de la vie de cette jeune martyre sont surtout faits de légendes. Il est difficile de déterminer ce qui correspond à la réalité.

Comme elle est d’une grande beauté mais refuse de se marier, son père, Dioscore, roi de Nicomédie, dans l’actuelle Turquie, l’aurait enfermée dans une tour à deux fenêtres. Elle y fait percer une troisième pour évoquer la Sainte Trinité (un mystère de la foi chrétienne, Dieu étant Père, Fils et Saint-Esprit), ce qui rend fou de rage son père.

Qui était-ce ?

Une jeune fille, morte martyre.

Sainte patronne des jeunes filles, des architectes, des maçons, des pompiers et des travailleurs exposés aux dangers liés au feu, tels que les démineurs, mineurs, armuriers, artilleurs et artificiers.

Invoquée pour la protection contre la foudre, les incendies et la mort subite.

En effet, elle serait devenue chrétienne après une visite du Christ dans sa prison. Un prêtre aurait trompé la vigilance des gardiens pour la baptiser. Découvrant la conversion de sa fille, le roi devient furieux et la livre aux autorités romaines. Barbe subit alors de terribles tortures pour la contraindre à renoncer à sa foi. Malgré les souffrances infligées, elle refuse de renier Dieu. Furieux, son père l’aurait condamnée à mort et l’aurait lui-même décapitée, mais serait mort foudroyé aussitôt après.

Le sais-tu ?

La palme du martyre

La présence d’une feuille de palmier dans la main d’un personnage donne une information sûre : il s’agit d’un martyr. Un martyr est un chrétien mort pour sa foi ; il a eu le courage de préférer mourir plutôt que de renier le Christ.

La palme, en effet, est le symbole de la victoire sur la mort, par la foi en Jésus, mais aussi de la gloire. Lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem, au jour des Rameaux, la foule a brandi des palmes devant Jésus.

La statue

Cette petite statue de plâtre est polychrome (c’est-à-dire peinte avec plusieurs couleurs). Le sculpteur nous donne à voir une simple mais élégante sainte Barbe. La robe rouge brodée, aux tons fanés, est couverte d’un manteau bleu, simplement posé sur le bras.

Dans la main droite, la sainte porte une tour sur laquelle deux fenêtres sont visibles ; de la gauche, elle tient la palme du martyre.

L’art du sculpteur

La statue semble esquisser un pas, en un léger déhanché, nous donnant l’impression du mouvement.

Le regard, tourné vers le sol, laisse une impression de douceur et d’humilité.

Avec peu de détails, l’artiste nous amène à comprendre l’essentiel du message délivré par la vie de Barbe : le courage et la persévérance dans la foi, avec une grande réserve dans l’expression de ses sentiments.

Autres représentations et attributs

Barbe est souvent revêtue d’une tenue soignée avec sa tête ceinte d’une couronne, puisqu’elle est fille de roi.

Elle est aussi caractérisée par l’instrument de son martyre, le glaive, ou par le ciboire avec une hostie.

Dans certains tableaux, elle peut aussi être représentée en train de fouler du pied son père, pour marquer la victoire de sa foi sur la mort qu’il lui a infligée.

Sainte Cécile

III e siècle Fêtée le 22 novembre

Son histoire

Cécile est une jeune fille de la noblesse romaine. Dès son enfance, elle souhaite se consacrer à Dieu et fait vœu de virginité. Une fois en âge de se marier, ses parents lui choisissent pour époux Valérien, un païen. Cécile ne peut pas s’opposer à cette union, mais obtient de Valérien qu’il respecte son vœu de chasteté et se convertisse. Il est baptisé, ainsi que son frère, Tiburce.

À l’époque, les persécutions font rage. Malgré les risques, Cécile et son mari évangélisent et s’engagent dans des œuvres de charité. Ils s’occupent des chrétiens persécutés et donnent des sépultures aux martyrs. Comme ils refusent d’adorer les dieux romains, ils sont condamnés à mort.

Les bourreaux de Cécile procèdent à sa décapitation. Malgré trois coups de hache, elle ne meurt pas. La loi romaine interdisant de porter plus de trois coups, on la laisse donc agoniser pendant trois jours.

Pourquoi est-elle la patronne des musiciens ? D’après la Tradition, la musique est présente à plusieurs moments de sa vie. Ainsi, durant son mariage, elle chante une hymne à la gloire de Dieu. On raconte aussi qu’elle entend une musique céleste pendant son martyre, et qu’elle chante au moment de son exécution.

La basilique de Rome qui lui est consacrée remonte au IXe siècle.

Sa construction est ordonnée par le pape Pascal Ier à la suite d’un rêve : Cécile lui apparaît en songe, lui indiquant le lieu de sa sépulture dans les catacombes de Saint-Calixte, à Rome. Une fois son corps retrouvé, il est transféré dans le quartier où est ensuite construite la basilique. Lors de fouilles réalisées en 1599, son corps est retrouvé presque intact.