Syndicats #5 - 2020

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N° 5 • Mai 2020

Bienvenue dans la nébuleuse du traçage de contact

Ça y est, à l’heure où nous écrivons ces lignes, la Belgique est entrée dans le déconfinement. Par phases successives, pour ne pas risquer une deuxième vague épidémique et un nouvel engorgement des hôpitaux. La prudence est donc de mise et la population est priée de suivre les « recommandations » sous peine d’un possible re-confinement. Pour éviter cela, le gouvernement a opté pour une stratégie alliant des tests massifs et un « traçage de contact ». Ce dernier est source de nombreux questionnements tant sur sa mise en place par les autorités que sur les risques pour nos libertés individuelles.

P

our endiguer au maximum la propagation du Covid-19 et permettre un « retour à la normale », la stratégie du gouvernement est double : tester massivement (via le médecin généraliste ou un centre de tri) les personnes présentant des symptômes « Corona » et, sur base des résultats, assurer un suivi de celles et ceux qui ont été en contact étroit avec une personne diagnostiquée positive. Pour ce volet, la Belgique a opté pour un traçage dit « manuel ». Pour le moment donc, pas d’application permettant de vous « pister » à travers la géolocalisation de votre GSM mais un contact téléphonique, via un centre d’appels, au cours duquel vous serez questionné sur les personnes avec qui vous avez été en contact. Elles seront à leur tour contactées et, si nécessaire, mises en quarantaine. La méthode n’est pas neuve : le système existe déjà pour d’autres maladies comme, par exemple, la tuberculose.

Traçage en temps de Coronavirus Le traçage pour le Covid-19 se fait sous la coordination du Fédéral. Mais ce sont les Régions, compétentes en matière de prévention de la santé, qui sont chargées de sa mise en place pratique. En Wallonie, c’est l’AViQ (Agence wallonne pour une vie de qualité), au travers de la Cellule de surveillance des maladies infectieuses, qui est habituellement en charge

du traçage des malades. Mais vu l’ampleur de la mission (on évoque 450 personnes par jour à contacter), il a été décidé de lancer un marché public fin avril. Face à l’urgence de la situation — lancer le traçage de contact dès le 11 mai —, le gouvernement wallon, doté des pouvoirs spéciaux, a validé un cahier des charges et l’AViQ a lancé une procédure de marché public dite « négociée ». En d’autres mots : l’Agence n’a pas lancé un appel d’offres ouvert mais a contacté directement des prestataires en leur proposant de faire une offre. Trois candidats potentiels ont été approchés : un consortium constitué des différentes mutualités, mais aussi Captel, entreprise liégeoise spécialisée dans les centres d’appel à orientation médicale, et Randstad, société d’intérim. La Wallonie, tout comme les autres Régions d’ailleurs, a retenu l’offre du consortium des mutualités qui s’est adjoint les services d’autres partenaires issus du privé (une entreprise de travail adapté, une société d’intérim et deux sociétés spécialisées dans les centres d’appel).

Une procédure floue… La crise sanitaire actuelle et les enjeux du déconfinement justifient évidemment l’urgence de la situation… Mais de nombreuses interrogations demeurent sur l’attribution du marché par la Wallonie.


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