Fisheye n°14

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N° 14 septembre-octobre N° 13 juillet-août 2015

le magazine lifestyle de la PHOTOGRAPHIE

Focus

Enquête

CAPA, LA LÉGENDE MISE À NU

Événement

MOIS DE LA PHOTO À MONTRÉAL

BEL.: 5,20 € I www.fisheyemagazine.fr

LA PHOTOGRAPHIE BIENVENUE EN SUISSE

Saga

DE HARA-KIRI À CHARLIE HEBDO

Art vidéo

JEUX VIDÉO, UN ART NOUVEAU ?

Portfolio

LES PHOTAUMNALES & LES PROCÉDÉS ANCIENS

DOSSIER LES PHOTOGRAPHES SE LA JOUENT

L 19203 - 14 - F: 4,90 € - RD

N° 14 septembre-octobre 2015

COLLECTIF

INTERNET RETOUR VERS LE PASSÉ AVEC PETER MENZEL # fisheyelemag



instantanés

P. 8 LES DESSOUS DE L A COUV

Karine Laval

P. 10 T E N DA N C E

Ça bouge dans les images… P. 11 T E N DA N C E

Histoires retrouvées

P. 13 I M AG E S S O C I A L E S

André Gunthert Faut-il interdire les photos de vacances ? P. 15 VO I X O F F

Jean-Christophe Béchet Arles ou les « nouvelles rencontres » P. 16 MÉTIER

Le marteau de la photo Frédéric Chambre, commissaire-priseur P. 18 P O RT R A I T

© Found Polaroids. © Julien Taylor. © Jérôme BonneT / modds.

Marion Hislen À bras-le-corps P. 2 2

— DOSSIER

Jouer collectif QUAND LES PHOTOGRAPHES INVENTENT DE NOUVELLES MANIÈRES DE TRAVAILLER


P. 70

agrandissement

SOCIÉTÉ

sensibilité

Internet, retour vers le passé P. 4 5

P. 97

EXPOSITIONS

A RT V I D É O

Vu d’ailleurs

Jeux vidéo : un art nouveau ?

P. 4 8 FOCUS

P. 10 0

La photographie bienvenue en Suisse

P O RT F O L I O D É C O U V E RT E

Zhang Xiao

P. 10 8 E N A PA RT É

La Galerie de photographies du Centre Pompidou P. 110 ÉDITION

P. 76

Quand le Net fait impression

ENQUÊTE

Capa : la légende du photojournalisme mise à nu P. 78 É D U C AT I O N

Une frenchie à l’ICP Stéphanie de Rougé P. 8 0 F O N DAT I O N

labo P. 112 P. 5 4 ÉVÉNEMENT

Le Mois de la photo à Montréal et la condition postphotographique

LIVRES

mise au point

P. 8 3

Photothèque P. 114

CAMÉR A TEST

P. 59

Pierre Test à la ferme

S AG A

P. 8 6

De Hara-Kiri à Charlie Hebdo

AT E L I E R P H OTO

Les Photaumnales

Expositions de rentrée P. 117 FLASH

Le lumen print P. 6 4

P O RT F O L I O

AG E N DA

P. 8 8

Une photo, une expo P. 12 0

PRISE EN MAIN

Leica Q

COMMUNIT Y

P. 9 0 S H O P P I N G A P PA R E I L S

P. 12 2 C H RO N I Q U E

Matos

P. 9 2 S H O P P I N G AC C E S S O I R E S

Vintage

P. 95 P H OTO M O B I L E

Tumblr

Applis collaboratives

© anaïs Boileau / ecal. © PeTer menzel / cosmos. © israel ariño / TerriToires d’exPériences. © reBecca Fanuele / Jean BoîTe édiTions.

Fondation Manuel Rivera-Ortiz



Contributeurs

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Xavier Lambours

Arnaud Baumann

Après avoir fait ses armes à HaraKiri, Xavier Lambours couvre son premier Festival de Cannes en 1983 pour Libération et travaille, entre autres, pour Le Monde, Télérama, GEO, VSD… La MEP lui consacre une rétrospective en 2011. Lauréat du prix Kodak en 1989, de la Villa Kujoyama de Kyoto en 1992 et du prix Niépce en 1994, auteur de nombreux ouvrages (Cinémonde, Japon Gaijin Story, Vélolavie, Cinéma…) et membre de la maison de photographes Signatures, il cosigne avec Arnaud Baumann la saga De Hara-Kiri à Charlie Hebdo.

Formé aux Beaux-Arts de Paris, Arnaud Baumann est un portraitiste et réalisateur d’images. Sa rencontre avec Hara-Kiri en 1974 lui offre sa première parution. Boursier de la Fondation nationale de la photographie en 1979, il aborde le numérique en 1992 avec ses Vidéocaptures lors du Festival de Cannes, qu’il couvre pour Libération. Diffusé par Sipa Press, son travail est publié et exposé en galerie ou lors de festivals. Auteur de plusieurs livres (Carnet d’adresses, L’Âge du siècle, Projections privées, Eau secours…), il cosigne avec Xavier Lambours la saga De Hara-Kiri à Charlie Hebdo.

Peter Menzel

Zhang Xiao

Peter Menzel s’est fait connaître pour sa couverture des événements internationaux concernant la science et l’environnement, avant de produire des livres avec son épouse et coauteure Faith D’Aluisio, dès 1994. Ses photos ont été publiées dans de nombreux magazines, notamment National Geographic. Il a été plusieurs fois lauréat du World Press, et nombre de ses ouvrages ont été récompensés. Peter Menzel plonge dans ses archives au moment de l’apparition d’Internet, il y a vingt ans, et nous propose une séquence nostalgie 2.0.

Né en 1981 dans la province du Shandong, en Chine, où il a suivi des études d’architecture et de design, Zhang Xiao a été photographe pour le quotidien Chongqing Morning Post de 2005 à 2009. Il vit et travaille aujourd’hui à Chengdu, dans la province du Sichuan. Son reportage sur la façade maritime chinoise qui s’étend sur 14 500 km, Coastline, sera exposé lors du festival Photoquai et fait l’objet de notre portfolio découverte.

Rédacteur en chef Éric Karsenty eric@becontents.com Directeur artistique Matthieu David matthieu@becontents.com assisté de Alissa Genevois alissa@becontents.com Secrétaire générale de la rédaction Gaëlle Lennon gaelle@becontents.com

Rédactrices Marie Abeille marie@becontents.com Marie Moglia moglia@becontents.com assistées de Hélène Rocco Ont collaboré à ce numéro Jean-Christophe Béchet, Carole Coen, Julien Damoiseau (Pix Populi), Maxime Delcourt, Gwénaëlle Fliti, André Gunthert, Rémy Lapleige (Dans ta cuve !), Camille Moulonguet Régie externe Alexandra Rançon Objectif Média alexandra.objectifmedia@gmail.com 00 32 484 685 115 www.objectif-media.com

Directeur commercial, du développement et de la publicité Tom Benainous tom@becontents.com 06 86 61 87 76 Chef de publicité Joseph Bridge joseph@becontents.com Directeur administratif et financier Christine Jourdan christine@becontents.com Comptabilité Antoine Bauvineau compta@becontents.com

Marketing de ventes au numéro Otto Borscha de BO Conseil Analyse Média Étude oborscha@boconseilame.fr 09 67 32 09 34 Impression Léonce Deprez ZI « Le Moulin », 62620 Ruitz www.leonce-deprez.fr Photogravure Fotimprim 33, rue du Faubourg-SaintAntoine, 75011 Paris

Service diffusion, abonnements et opérations spéciales Joseph Bridge joseph@becontents.com

Fisheye Magazine est composé en Centennial et en Gill Sans et est imprimé sur du Condat mat 115 g Fisheye Magazine est édité par Be Contents SAS au capital de 10 000 €. Président : Benoît Baume. 8-10, passage Beslay, 75011 Paris. Tél. : 01 48 03 73 90 www.becontents.com contact@becontents.com

Dépôt légal : à parution. ISSN : 2267-8417. CPPAP : 0718 K 91912. Tarifs France métropolitaine : 1 numéro, 4,90 € ; 1 an (6 numéros), 25 € ; 2 ans (12 numéros), 45 € Tarifs Belgique : 5,20 € (1 numéro). Abonnement hors France métropolitaine : 40 € (6 numéros). Bulletin d’abonnement en p. 118. Tous droits de reproduction réservés. La reproduction, même partielle, de tout article ou image publiés dans Fisheye Magazine est interdite.

Fisheye est membre de Photo de couverture Karine Laval, série The Pool.

Mention contractuelle : « Patrick Martin et Denis cuisy, associés fonDateurs »

Ours Directeur de la rédaction et de la publication Benoît Baume benoit@becontents.com


Édito L’ENFER, C’EST LES AUTRES

© ShutterStock / eStherpoon.

BENOÎT BAUME, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

La notion même « d’œuvre collective » questionne depuis toujours dans la conception juridique du droit d’auteur. En France, nous sommes encore assez avancés dans la mesure où l’article L. 113-2 alinéa 3 du Code de la propriété intellectuelle la définit comme celle « créée sur l’initiative d’une personne physique ou morale qui l’édite, la publie et la divulgue sous sa direction et son nom, et dans laquelle la contribution personnelle des divers auteurs participant à son élaboration se fond dans l’ensemble en vue duquel elle est conçue, sans qu’il soit possible d’attribuer à chacun d’eux un droit distinct sur l’ensemble réalisé ». Mais attribuer une œuvre à plus d’une personne semble toujours poser problème. Pour ce numéro de rentrée, nous nous sommes interrogés sur le travail collaboratif dans la photo. Face au mythe du photographe en loup solitaire, il fallait mettre en lumière les initiatives de plus en plus nombreuses qui voient les œuvres s’élaborer au sein d’une réflexion mutuelle où chacun s’enrichit plus qu’il ne se vampirise. Au sein de Fisheye, nous nous battons pour raconter des histoires dont la base provient des auteurs. Notre dossier montre la richesse de la multitude des points de vue et la capacité à faire passer les ego derrière la réalisation commune. Une tâche pas toujours facile tant la gratification intellectuelle est importante dans une profession en voie de paupérisation. Cela permet aussi de briser le face-à-face entre le spectateur et l’artiste, en créant un rapport plus complexe et plus riche. Peut-être que les photographes ont trop couvert d’horreurs et misent désormais sur la solidarité, une valeur montante et à l’avenir assuré dans le métier. Après ce riche été, nous préparons aussi de beaux rendez-vous sur notre site avec une surprise à venir fin septembre. Nous serons également de plus en plus présents dans des manifestations comme au festival de Mérignac, au Salon de la Photo, à Paris Photo ou au Satis. À chaque fois, cela nous donne une bonne occasion de vous rencontrer et de vous rappeler que Fisheye est une œuvre collective qui vous appartient complètement, comme le montrent notre courrier des lecteurs et tous les concours où vous êtes de plus en plus nombreux à participer. Donc n’hésitez pas à venir nous voir, nous interroger, nous challenger, nous sommes là pour continuer ce travail collaboratif avec vous. Histoire de montrer que Sartre n’avait pas que raison.


8

I N S TA N TA N É S

LES

DESSOUS

DE

LA

COUV

En couverture de notre magazine, une image de Karine Laval. La photographe revisite notre monde sensible en lui donnant une dimension onirique et surréaliste. Ses photos nous entraînent dans un voyage à travers le temps et la mémoire qui évoque l’enfance. TexTe : Éric KarsenTy – PhoTos : Karine LavaL

Karine Laval

Née en 1971 à Meudon-la-Forêt (92), Karine Laval suit des études de communication et de journalisme à La Sorbonne, à Paris, avant de poursuivre sa formation en photographie et design à la Cooper Union puis à la School of Visual Arts de New York. Chez cette artiste qui pratique la photographie et la vidéo, les images établissent une passerelle entre la perception du monde dans lequel nous vivons, et une dimension plus onirique, voire surréaliste. Karine Laval

a été publiée dans de nombreux magazines (The New York Times, Dazed & Confused, The New Yorker, Eyemazing, Le Figaro Magazine…), présentée dans plusieurs festivals (PhotoEspaña, les Rencontres d’Arles, The Palm Springs Photo Festival…) et exposée par plusieurs institutions (le Palais de Tokyo, le Los Angeles Center for Digital Art, le Lodz Fotofestiwal et, en 2016, à la galerie Grimaldi Gavin à Londres et à la Benrubi Gallery à New York…). Dans la série The Pool présentée ici,

les photos évoquent la période de l’enfance avec l’utilisation d’une palette de couleurs saturées qui rappellent les films amateurs et renforcent la relation ambiguë entre réalité et fiction. Au-delà de la mémoire personnelle, c’est une mémoire collective que Karine révèle dans ses images où les scènes cadrées au scalpel semblent composées par un chorégraphe silencieux. www.karinelaval.com




I N S TA N TA N É S

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PORTRAIT

Fondatrice et cheville ouvrière du festival Circulation(s) et de l’association Fetart, Marion Hislen marque par sa voix chantante et son énergie qui semble inépuisable. Derrière la façade, on trouve un personnage travailleur et optimiste bien au-delà de la moyenne. Rencontre avec une fille qui fait bouger les lignes. TexTe : BenoîT Baume – PhoTo : Jérôme BonneT / modds

Marion Hislen À bras-le-corps

Au départ, le cadre pourrait sembler assez standard. Une naissance en 1972 à Bourg-la-Reine (92) d’un papa architecte et d’une maman professeure de piano. Mais pour Marion, on est presque au début du conte. Trois demi-sœurs, un papa absent et une maman exigeante qui veut que sa fille réussisse par ses qualités artistiques. « Elle était très à cheval sur le fait que le travail offrait la liberté aux femmes. Elle est assez militante de ce point de vue-là. » Pour Marion, ce sera la danse. La danse classique. « J’ai commencé le sport-étude dès le début du collège. J’y passais mes mercredis, mes samedis et mes vacances scolaires. Très jeune, j’ai appris que le labeur était une évidence. Si les trajectoires de la vie étaient linéaires, j’aurais été danseuse. » Évidemment, le destin va en décider autrement. « J’ai eu un problème de santé à 18 ans, je me suis mise à travailler en attendant et je n’ai jamais arrêté. » Malgré son bac littéraire manqué avec un 0,5/20 en maths, elle signe vite un CDI dans un centre d’appels où elle monte rapidement en responsabilités. Elle arrête la danse du jour au lendemain, et commence une carrière dans le secteur privé. « Je suis passée dans une société de téléachat, puis dans des boîtes de l’Internet. On était au début des années 2000, il y avait beaucoup d’argent pour les start-up, les rares personnes qui avaient une expérience, comme moi, pouvaient alors bien gagner leur vie. » Mais très vite, les domaines de la culture et de l’art lui manquent. Elle réussit à se faire licencier à

l’amiable et obtient une dérogation à l’université d’Évry pour débuter un DESS, sans bac. « Mon sujet de mémoire portait sur l’art contemporain chinois. J’avais 30 ans et j’ai eu la chance de pouvoir organiser une grande exposition sur ce thème à partir de la collection Guy Ullens à l’espace Pierre Cardin. » Elle semble enfin avoir le pied à l’étrier. Le père de ses deux filles, âgées de 3 et 6 ans, en décide autrement en partant. Elle se retrouve seule et au chômage, et n’a d’autre choix que de retourner travailler dans le monde du Net. « J’ai eu l’impression qu’on me volait un truc, et assez vite j’ai voulu me replonger dans l’image. L’idée de créer l’association Fetart m’est alors apparue comme une évidence. » On est en 2005, et Marion et les bénévoles de l’association montent une première exposition, 20 photographes d’aujourd’hui, à Cachan, qui rencontre un vif succès. « Grâce à Epson, nous ne payions pas les tirages, et tout cela se faisait avec très peu de moyens et dans la bonne humeur. » Une formule qui marche, car la découverte d’un nouveau lieu et de jeunes talents attire le public. Plus de trente expositions voient ainsi le jour, et des auteurs émergent, comme Lucie & Simon, Zir, Frédéric Delangle, Davide Monteleone ou Malik Nejmi. Peu à peu, la vie professionnelle de Marion se rapproche de sa riche vie associative. Elle collabore avec la société Hahnemühle, connue pour ses papiers d’art, puis entre à l’action culturelle photo de la Fnac, jusqu’à décembre 2014, où elle succède à des gens bien connus, comme François Hébel ou Laura Serani.

Entre-temps, elle lance en 2011 Circulation(s), le festival de la jeune photographie européenne. D’abord à Bagatelle, dans l’ouest parisien, avec une reconnaissance médiatique immédiate, la manifestation se fait vite sa place. « À la première édition, nous avions 15 000 euros de budget, dont 10 000 euros de tirages et 3 000 euros d’attachée de presse. Les photographes nous aidaient à monter et démonter les expos, tout le monde mettait la main à la pâte. » En 2013, le festival déménage au Centquatre, dans le 19e arrondissement de Paris, où le succès s’amplifie avec, en 2015, 47 000 visiteurs, 45 artistes présentés, 490 retombées presse, dont une pleine page dans le New York Times. « Plus nous avançons, plus l’attente est forte, et plus le risque de décevoir aussi. Nous devons désormais payer des salaires pour progresser et sortir du 100 % bénévole, dont l’exercice montre ses limites. » Avec un budget 2016, non encore bouclé, de 150 000 euros, Marion se bat comme une lionne et sait qu’elle va trouver, car le projet répond à une attente et le coût est assez modique (environ 2,5 % du budget des Rencontres d’Arles pour une durée équivalente). Avec ses quatre filles désormais, à aucun moment on ne doute du succès de cette belle rêveuse à l’énergie sans pareille qui habite dans un bar réhabilité du 20e arrondissement, siège de l’association. « On prend le pari que l’on peut faire changer les choses. » Rarement nous avons eu autant envie de donner raison à un interlocuteur. Go, Marion, go !


AGRANDISSEMENT


AG RAN DISSEMENT

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EXPOSITIONS

De la photographie de mode au questionnement sur l’identité en passant par la photographie industrielle ou encore le selfie, notre tour d’horizon des expositions à l’étranger est aussi géographique que thématique. tExtE : MariE Moglia

VU D’AILLEURS HORST P. HORST

ROTTERDAM

© Condé nast, Horst EstatE. © JuErgEn tEllEr.

HORST P. HORST, MURIEL MAXWELL, AMERICAN VOGUE, 1939.

C’est une figure majeure de la photographie de mode du XXe siècle, et le Nederlands Fotomuseum de Rotterdam lui consacre une importante rétrospective : Horst P. Horst (19061999). Auteur de portraits iconiques, courtisan de la haute couture, il magnifiait la beauté de ses modèles avec un sens du style et un savoir-faire remarquables. Retenue et rigueur font la force de son travail qui ne manque pas d’une originalité sans doute inspirée par le savant mélange des cultures et des pays où il a vécu. Horst P. Horst a grandi en Allemagne où il a étudié les arts appliqués, avant de rejoindre Du 26 septembre 2015 Paris pour un stage auprès de Le Corau 10 janvier 2016. busier. Il y tombe amoureux de celui qui l’introduira dans le milieu de la www. mode, George Hoyningen-Huene, nederlandsfotomuseum.nl à la tête de la photographie du Vogue France. Plus tard, Coco Chanel le présente au cinéaste Luchino Visconti, dont il s’éprend, et qui comptera comme une de ses influences majeures. Durant la guerre, il se réfugie aux États-Unis, pays qui lui donnera le nom que la postérité retiendra quand il obtiendra la nationalité américaine en 1943. L’exposition Horst P. Horst : Photographer of Style retrace l’œuvre du photographe dans ce contexte historique et culturel. Elle présente notamment des croquis et certains tirages encore jamais exposés.

Qu’est-ce que le mot « identité » signifie FACES en Europe ? C’est la question que soulève l’exposition itinérante FACES. European Portrait Photography Since 1990. Installée à Bruxelles THESSALONIQUE puis Rotterdam, elle achèvera son parcours en Grèce pour six mois. Anton Corbijn, Boris Mikhailov, Thomas Ruff, Juergen Teller, Stephan Vanfleteren… Les œuvres de 32 photographes y sont présentées. Si certains d’entre eux sont moins connus, tous sont considérés comme des portraitistes majeurs de la photographie européenne. L’exposition se propose d’observer les évolutions du portrait photographique en Europe depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, mettant en lumière une tendance centrée sur l’identité sociale et culturelle des individus, célèbres ou anonymes. Une évolution artistique qui a pris place dans un contexte de changements intenses provoqués par les migrations, la mondialisation, l’émergence d’Internet et la politique économique commune. Du 11 septembre 2015 FACES interroge l’histoire et la au 28 février 2016. culture européennes, ainsi que les liens entre sujets, photographes et spectateurs, puisqu’au final, tous se regardent.

www.thmphoto.gr

JUERGEN TELLER.


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AG RAN DIS S EMENT

EXPOSITIONS

BIENNALE FOTO/INDUSTRIA 2015

BOLOGNE

SELFIE

Lady Gaga, Kim Kardashian, Buzz Aldrin, Franck Landon… Tous, nous avons un point commun : le selfie. Car qui ne s’est jamais pris en photo au moins une fois ? L’exposition Selfie : From Self Portrait to Staging the Self est conçue comme une rétrospective autour de cette pratique qui ne date pas d’aujourd’hui, Jusqu’au analysée à travers le prisme de 25 octobre 2015. l’histoire. Surtout, elle pose une brandts.dk question essentielle : quelle est l’intention qui couve derrières ces autoportraits ? Pourquoi les individus en viennent à tourner l’objectif vers eux-mêmes ? Alors qu’auparavant l’autoportrait nécessitait des moyens techniques plus ou moins contraignants (le miroir ou le retardateur), désormais, avec le smartphone, la technologie a amplifié les moyens d’expression BUZZ ALDRIN FIRST SPACE SELFIE, 1966. de l’ego, redéfinissant notre rapport à l’image et par conséquent, à nous-mêmes. Selfie interroge ces notions, tissant des parallèles entre des figures connues de l’autoreprésentation, tels que Andy Warhol ou Cindy Sherman, et des anonymes. Installée dans le vaste complexe artistique de Brandts, à Odense, l’exposition explore les méandres de l’identité à travers les nouvelles pratiques visuelles.

Douze lieux emblématiques du centreville de Bologne seront investis pour cette EDWARD BURTYNSKY, MINERA APERTO DI SUPER PIT deuxième édition de la biennale, promue par AN.CIELO 1, KALGOORLIE, AUSTRALIA la fondation MAST, institution culturelle dédiée OCCIDENTALE, 2007. à l’art, la culture et l’innovation. Le thème, cette année, décline le mot « production », de la conception au recyclage, en 14 expositions. La particularité des photographes exposés réside dans la pluralité des noms qui composent la sélection. Portraitistes, reportages, photographes d’entreprises, jeunes professionnels ou amateurs qui cherchent à documenter et valoriser leur métier. Le sujet peut paraître inattendu, voire un peu austère, mais il explore le territoire du travail et de la production sur lequel Du 3 octobre reposent notre société, notre au 1er novembre 2015. quotidien et notre humanité. Tous les tirages exposés sont des www.fotoindustria.it œuvres originales créées pour la biennale. La direction artistique est entre les mains de François Hébel, ancien gourou des Rencontres d’Arles. Les visiteurs pourront suivre à pied l’itinéraire prévu pour l’événement, et se perdre dans le dédale des rues bolognaises.

PIERRE GONNORD, VENGADOR, 2014.

© Edward Burtynsky, CourtEsy niCHolas MEtiviEr gallEry, toronto / Howard grEEnBErg gallEry. © PiErrE gonnord / CourtEsy of tHE artist and of tHE gallEry Juana dE aizPuru.

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AG RANDIS S EMENT

FOCUS

La photographie suisse est particulièrement active et dynamique, à l’image d’une nouvelle génération de responsables qui dépoussièrent les institutions et les écoles. On vous embarque dans les montagnes voisines, pour un voyage à travers ce petit pays qui souffle un air frais de régénération. TexTe : Éric KarsenTy

Première étape de notre périple à Winterthur, en Suisse alémanique, où l’on plonge aux sources de la photographie suisse en visitant ses archives hébergées par la Fotostiftung Schweiz. Première institution du pays consacrée au huitième art, cette Fondation suisse pour la photographie, créée en 1971 à Zurich, a pour tâche de conserver des archives alors qualifiées d’« orphelines ». « Ce qui paraît aujourd’hui couler de source était alors un projet inédit », précise Peter Pfrunder, son directeur, dans un français parfait. La conscience de faire quelque chose pour la photo est appuyée par la Confédération qui continue d’être le principal financeur de l’institution avec une participation de 65 % de l’Office fédéral de la culture, à laquelle s’ajoutent celles de la ville de Winterthur et du canton de Zurich, les entrées et les ventes en librairie, et le concours d’autres fondations. Consacrée aux photographes suisses résidant au pays ou ailleurs, aussi bien qu’aux photographes étrangers qui s’intéressent à la Suisse, la Fondation rassemble 50 000 tirages, et sa bibliothèque, plus de 20 000 ouvrages. Son budget d’acquisition demeure modeste, mais le partenariat qu’elle propose aux artistes en activité lui permet de recevoir d’importantes donations, que l’institution valorise par la production d’expositions et l’édition de livres, comme on le découvre avec La Vie – un sport, de Jules Decrauzat, pionnier

du photoreportage et spécialiste de la photo de sport, exposé jusqu’au 11 octobre 2015. La découverte récente d’un fonds de 1 200 négatifs sur verre réalisés entre 1910 et 1925 pour le magazine La Suisse sportive a permis de faire revivre une époque où l’amour de la vitesse nous fait penser aux fameux clichés de Jacques Henri Lartigue. Mais la Suisse n’a rien à envier aux Français. Avec Robert Frank, Werner Bischof, László Moholy-Nagy, Roman Vishniac et bien d’autres, son histoire photographique est riche de noms illustres. UN ENSEMBLE DYNAMIQUE

En traversant la piste cyclable très fréquentée ce jour-là, à deux pas de la station de tramway baptisée Fotomuseum, on trouve justement le Fotomuseum, fondé en

1993 et tourné résolument vers la photographie contemporaine. L’ancien bâtiment industriel qui abrite le musée a été rénové en 2003, et la Fondation suisse pour la photographie – un peu à l’étroit dans ses locaux de Zurich – l’a alors rejoint pour constituer un ensemble dynamique. En effet, si les deux institutions gardent leur fonctionnement et leur financement propres, elles partagent des espaces communs (café, chambres froides pour les archives, bibliothèque). Le musée et la fondation mutualisent leurs moyens pour faire coïncider les dates de leurs trois expositions annuelles, et organisent de temps à autre des synergies en mettant en commun leurs images. Comme pour la grande exposition Robert Frank de l’an dernier, uniquement composée de leurs deux fonds. Les deux entités offrent au total une surface de 1 300 m2 dévolue à la photographie. Ce centre à deux têtes – tournées vers la Suisse et son histoire, d’un côté, et vers la photographie contemporaine internationale, de l’autre – s’organise comme un laboratoire qui tente des expériences. Plus richement doté, le Fotomuseum se focalise sur l’achat de jeunes photographes et vient d’ouvrir un nouvel espace en avril 2015. Dans ces deux salles, bénéficiant d’un programme de médiation mensuel, le musée présente des photos, textes et installations autour d’une thématique que les créations interrogent. Relations

© Jules DecrauzaT / PhoToPress-archive / KeysTone. © KaTJa noviTsKova / KrauPa-TusKany zeiDler, Berlin.

La photographie bienvenue en Suisse


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humaines, surveillance… la rotation des sujets est rapide pour garder le plus de réactivité possible, et l’exposition demeure visible sur le site du Fotomuseum. La programmation est éclectique et alterne grandes rétrospectives et expositions thématiques, comme celle sur les animaux intitulée Beastly/ Tierisch, qui se tient jusqu’au 4 octobre 2015. Ici, 35 photographes et vidéastes explorent les relations entre les hommes et les animaux en ayant recours à différentes écritures. Film d’animation et caméra embarquée sur la tête d’un tatou pour en livrer sa « vision subjective » côtoient les travaux de Nobuyoshi Araki, Sammy Baloji, Pieter Hugo ou Erik Kessels, tout en incluant un ensemble de photographies populaires. Le résultat est particulièrement stimulant, à l’image du catalogue dont la maquette distribue les photos de façon novatrice. Les collaborations avec les autres institutions internationales sont fréquentes, et les expositions circulent un peu partout dans le monde, y compris à Paris, au BAL, au Jeu de Paume ou au Centre Pompidou. ESPRIT DE CONFÉDÉRATION

LA PHOTO DE SPORT A ÉTÉ LA GRANDE PASSION DE JULES DECRAUZAT, QUI A TRAVAILLÉ DE 1910 À 1925 COMME JOURNALISTE ET PHOTOGRAPHE POUR LE MAGAZINE LA SUISSE SPORTIVE, PÉRIODE DURANT LAQUELLE IL A RÉALISÉ 1 250 NÉGATIFS SUR VERRE !

KATJA NOVITSKOVA, APPROXIMATION III, 2013. LES RELATIONS ENTRE LES ANIMAUX ET LES HOMMES SONT AU CŒUR DE L’EXPOSITION BEASTLY/TIERISCH, AU FOTOMUSEUM DE WINTERTHUR, OÙ 35 ARTISTES LIVRENT LEUR VISION PARTICULIÈRE.

Mais la Suisse est un pays multiple, par la géographie, les langues et les institutions photographiques qui la composent. Et ces dernières, esprit de confédération oblige, se réunissent tous les trois mois au sein de l’Association suisse des institutions pour la photographie, une structure d’échange pour discuter des acquisitions et des projets de chacun, afin d’éviter doublons et chevauchements de programmation. Rejoignons maintenant le musée de l’Élysée à Lausanne, sur les rives du lac Léman, en Suisse romande, qui vient de célébrer son 30e anniversaire en accueillant une nouvelle directrice, Tatyana Franck, au printemps. Là encore, l’équipe n’a pas peur de prendre des risques et bouscule les habitudes. Le musée dépoussière la maquette


MISE AU POINT


M IS E AU

POINT

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SAGA

Les photographes Arnaud Baumann et Xavier Lambours ont plongé dans leurs archives pour nous faire partager l’aventure de « Hara-Kiri » et de « Charlie Hebdo ». En résultent une exposition et un livre qui nous aident à mieux comprendre cette aventure éditoriale qui a marqué toute une génération. TexTe : Éric KarsenTy – PhoTos : arnaud Baumann / xavier LamBours / signaTures

De Hara-Kiri à Charlie Hebdo

« Le sentimentalisme, c’est de la merde ! » déclare sans retenue Arnaud Baumann, quand on lui demande comment il a vécu le fait de se replonger dans ses archives pour mener à bien ce projet de livre initié au lendemain de la tuerie d’une partie de sa bande de copains. « Je refuse la nostalgie ou les regrets. Ce qui compte, c’est d’être dans le présent. Quand je retrouve une photo faite il y a quarante ans, ce qui m’intéresse, c’est ce que je vais pouvoir en faire aujourd’hui, dans quel projet je vais la situer. Le livre s’est construit de manière sereine,

hors de tout pathos », poursuit-il. Une attitude qui tranche avec celle de Xavier Lambours, son inséparable complice : « Ça a été épouvantable de me replonger dans ce passé, de faire un voyage dans le temps. Même si au final je suis content de ce qu’on a réussi à en faire. » CONCISION ET ÉLÉGANCE

Revenons un peu en arrière, en 1974, quand Arnaud et Xavier, inscrits au même labo photo, frappent à la porte de Hara-Kiri pour

proposer leurs services. Les deux lecteurs assidus de l’hebdomadaire se reconnaissent dans cette bande de doux dingues, qui les prendra très vite sous son aile et participera à leur « éducation sur le plan humain », pour reprendre la formule d’Arnaud. L’histoire de leur septennat commun (de 1974 à 1982) dans cette rédaction est assez rocambolesque, et la plume de Delfeil de Ton le raconte bien en ouverture de l’ouvrage. REISER EN TRAIN Les portraits que dresse DE DESSINER ÉTAIT Pacôme Thiellement MAGIQUE. 1978.


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POINT

PORTFOLIO

La 12e édition des Photaumnales fait un détour par le passé pour mieux regarder le présent. En se référant à Hippolyte Bayard, pionnier de la photographie au XIXe siècle et natif de la région, la manifestation picarde propose « En écho », un ensemble de travaux d’artistes contemporains qui s’emparent des procédés anciens pour en révéler la modernité. TexTe : Éric KarsenTy

Les Photaumnales revisitent les procédés anciens


DELPHINE DAUPHY, MÈRE ET FILS, LAC DE TRÉMELIN.

© DELPHINE DAUPHY / TERRITOIRES D’EXPÉRIENCES.

DELPHINE DAUPHY, JOSEPH DESCLOS, AGRICULTEUR À CHARTRES-DE-BRETAGNE.

À GAUCHE : DELPHINE DAUPHY, RÉSERVE DE PAILLE, EXPLOITATION DE J. DESCLOS. À DROITE : DELPHINE DAUPHY, CHEVAL BLANC, CHARTRES-DE-BRETAGNE.


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M IS E AU

POINT

SOCIÉTÉ

Durant plus de vingt ans, le photographe américain Peter Menzel a travaillé pour tous les grands magazines internationaux comme « National Geographic », « Life », « Stern », « Geo » ou « Paris Match ». Celui qui a raconté en photos l’avènement des nouvelles technologies plonge pour nous dans ses archives. TEXTE : PETER MENZEL – PHOTOS : PETER MENZEL / COSMOS

Internet, retour vers le passé

PROJECTION FUTURISTE DE LA RÉALITÉ VIRTUELLE DANS LE CONTRÔLE DU TRAFIC AÉRIEN. PHOTO RÉALISÉE AVEC LE CONCOURS DE L’AÉROPORT DE SEATTLE. 1990.


M IS E AU

POINT

SOCIÉTÉ

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CONFÉRENCE DU MATIN À LA PACIFIC DATA IMAGES (PDI), SOCIÉTÉ D’ANIMATION INFORMATIQUE ET D’EFFETS NUMÉRIQUES COMME LE MORPHING. CALIFORNIE. 1992.

KAI KRAUSE, CONCEPTEUR DE LOGICIELS, DEVANT SA PISCINE À MONTECITO, CALIFORNIE. 1997.

STEVE JOBS, P.-D.G. DE NEXT ET FONDATEUR D’APPLE. 1989.


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LABO


LABO

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C AMÉRA TEST

Fisheye est parti à Montréal faire tester des appareils à Pierre, un fromager passionné qui manie l’art du selfie-chèvre comme personne. Cheese ! TexTe eT phoTo : Marie abeille

Pierre Test à la ferme

Pierre, 33 ans — Originaire de Nantes, Pierre est étudiant en psychologie quand il découvre le maraîchage biologique en 2001. Lorsqu’il évoque l’idée de suivre une formation dans le domaine agricole parallèlement à ses études, son directeur lui répond qu’il devra « choisir entre les chèvres et la psycho ». Il n’en fallait pas plus pour convaincre le futur fromager de tout plaquer pour un BTS en volaille, suivi d’une licence en élevage caprin et transformation fromagère. À 25 ans, il s’envole pour le Québec pour un stage d’un an à la ferme du Ruban bleu, une fromagerie située au sud de Montréal. À 26 ans, Pierre est de retour en France où il lance sa propre ferme avec un associé. Six ans plus tard, le fromager a pris de la bouteille. Il quitte son exploitation et ses 80 brebis laitières pour Paris, où il devient responsable des ventes de la maison Androuet. Fort de cette nouvelle expérience, Pierre commence à développer l’idée d’une fromagerie urbaine. Il lance le blog La Laiterie de Paris, sur lequel il partage son savoir-faire et son tour de France des fromageries qu’il a initié l’année dernière et qui s’est rapidement transformé en tour du monde. De retour à la ferme du Ruban bleu pour un mois, c’est entouré de ses chèvres chéries qu’il a passé l’été.

lalaiteriedeparis. blogspot.com


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PRISE

EN

MAIN

LEICA Q Le pari d’être classique et moderne Entre les mythiques M à viseur télémétrique et les compacts développés avec Panasonic, Leica se devait de proposer un modèle intermédiaire de haute tenue. Cet appareil devait respecter la tradition propre à la marque allemande et bénéficier d’un fonctionnement numérique moderne. Ainsi est né le Leica Q. TexTe eT phoTos : Jean-ChrisTophe BéCheT

Décrire ce nouveau Q (que l’on prononcera à l’anglaise, « kiou », pour éviter les jeux de mots graveleux) est assez facile : il s’agit d’un appareil élégant, de taille moyenne (proche d’un Leica M argentique en termes d’encombrement), doté d’un viseur électronique riche en pixels et d’une focale fixe inamovible, un grand-angulaire 28 mm ultralumineux puisqu’il ouvre à f/1,7. À l’intérieur, un capteur 24 x 36 mm, un CMOS de 24,2 millions de pixels, délivre d’emblée des images de 4 000 x 6 000 pixels, c’est-à-dire du 50,8 x 33,87 cm à 300 dpi. Sony avait ouvert la voie (avec succès) aux compacts à gros capteur full frame avec le RX1. Leica lui emboîte ici le pas en conservant ce qui fait le propre de la marque allemande : une grande sobriété dans l’ergonomie et une indéniable classe au niveau du design. Et un prix conséquent, ajouteront aussitôt certains, car ce Q se négociera autour de 4 000 euros. Ce qui est plutôt économique dans l’échelle habituelle des prix Leica, mais reste plutôt élevé en regard des concurrents asiatiques. De toute façon, dès que l’on parle d’un Leica, les mêmes dissensions apparaissent entre les aficionados de la marque, qui lui pardonnent beaucoup, eu égard à son histoire, sa qualité optique et sa qualité de fabrication, et ceux qui ne voient dans cela qu’un snobisme récurrent. Le Leica Q n’échappera pas à ces jugements contradictoires et subjectifs. Oublions-les pour partir en prise de vue avec ce bien bel objet.

SOBRIÉTÉ EXTÉRIEURE

Dès le premier contact, on voit que l’appareil est conçu pour les photographes. Chaque bouton et molette tombe bien sous les doigts, et le pilotage de l’appareil montre une grande cohérence : on règle les diaphragmes

sur l’objectif, et les vitesses sur le boîtier ; et les deux crantages « A » permettent de passer instantanément en mode « Tout auto ». Un petit bossage sur le châssis arrière est intelligemment pensé pour reposer le pouce, et le viseur EVF déporté à gauche se révèle confortable. Bien sûr, sa nature électronique rappelle que nous ne sommes pas dans le luxe optique de la gamme M. Mais la richesse en pixels de cet EVF (1 280 x 960 x 3 couleurs, soit 3 680 millions de pixels) séduira ceux qui se sont habitués à ces nouvelles façons de cadrer et de viser. En tout cas, voilà enfin un appareil que l’on peut quasiment utiliser sans mode d’emploi, ce qui ne l’empêche pas d’embarquer les dernières fonctionnalités communes à l’ère numérique : écran tactile, WLAN, NFC, réglage de saturation et de netteté, espaces couleur sRGB, Adobe RGB et ECI-RGB,

vidéo Full HD, prise son AAC, et même zoom numérique pour ceux qui veulent recadrer le 28 mm d’origine en 35 mm ou en 50 mm, quitte à perdre en définition. Pour notre part, nous avons calibré le boîtier de façon traditionnelle en choisissant un mode d’enregistrement en RAW DNG + JPEG qualité maximale, un autofocus focalisé sur le capteur central, un mode d’exposition en mesure centrale pondérée (que je préfère toujours à la multizone), une sensibilité ISO sur 400 (hommage à la Kodak Tri-X !), et une balance des blancs auto. Et c’est parti ! Pour moi, l’important est de pouvoir facilement personnaliser son appareil et ensuite de ne plus s’occuper des menus déroulants. Trop souvent, les compacts actuels, gorgés de fonctionnalités diverses, se dérèglent dès que l’on effleure une de leurs multiples molettes.


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PRISE

EN

MAIN

Ce n’est heureusement pas le cas avec ce Q. On peut facilement négliger la plupart des modes cachés qui compliquent inutilement sa fiche technique, et que l’on découvre en décortiquant le mode d’emploi.

TRÈS BONNE QUALITÉ D’IMAGE JUSQU’À 3 200 ISO

Toutefois, le Leica Q n’est pas un appareil pour puriste ou intégriste. Si sa parenté esthétique avec la gamme M est évidente, il s’en éloigne vite quand on déclenche sur le terrain. Outre la visée électronique, la différence la plus radicale réside dans l’autofocus. Sur le Q, je l’ai trouvé réactif et précis. En outre, il est facilement débrayable grâce un ergot – encore un peu trop petit – sur l’objectif. Autres bons points, l’exposition (que l’on peut peaufiner avec une roue crantée), le mode rafale (jusqu’à 10 images/ seconde), l’échelle de profondeur de champ présente sur le fût, et un mode macro astucieux où l’objectif escamote les anciennes indications de distance pour proposer une nouvelle gradation destinée aux très courtes distances. Sur ce critère-là, le Q surpasse largement les M ! Quant à la qualité d’image, rien à redire, les 24 millions de pixels sont d’un excellent niveau, avec ce « croustillant » propre aux grands capteurs. Le bruit reste naturel et agréable jusqu’à 3 200 (pas trop de lissage, bien vu !), et on retrouve même en haute sensibilité une sensation de grain… argentique ! On pourra faire confiance au JPEG pour les conditions normales de prise de vue et basculer en DNG quand les conditions de luminosité ou de contraste sont extrêmes.

OUVERTURE F/2,8, 1/50 S À 3 200 ISO : PARFAITE GESTION DE L’EXPOSITION, DE L’AUTOFOCUS (SUR LES YEUX) ET EXCELLENTE QUALITÉ D’IMAGE. RIEN À REDIRE !

BILAN

Superbement construit, le Q est donc une belle réussite, autant sur le plan esthétique que pratique ou technique. Il sera, au choix, un premier boîtier ou un bloc-notes de luxe pour certains leicaïstes M qui cherchent un deuxième boîtier. Reste à débattre du choix de la focale : pour moi, l’option du 28 mm est excellente, car on peut facilement passer en cadrage 35 mm et conserver une définition de 16 millions de pixels. En revanche, je ne suis pas convaincu par l’extrême luminosité de cet objectif fixe. Pourquoi avoir opté pour une ouverture de f/1,7 qui accroît le prix et l’encombrement de l’objet ? A-t-on souvent besoin de déclencher à f/1,7, surtout au 28 mm, quand on peut tranquillement monter à 3 200 ISO ? Un 28 mm f/2 (type Summicron) ou même f/2,8 (type Elmarit) aurait été suffisant. Le boîtier aurait été plus léger, moins cher et moins encombrant, sans rien sacrifier à la qualité d’image. C’est la seule critique de positionnement que je ferai à cet appareil qui réussit à combiner tradition et innovation.

MÊME OUVERTURE DE F/4 AVEC UNE MISE AU POINT MANUELLE, TANTÔT RÉALISÉE SUR LA LAVANDE AU PREMIER PLAN OU SUR L’IMMEUBLE EN ARRIÈRE-PLAN. PAS DE DOUTE, LE GROS CAPTEUR DU LEICA Q PERMET DE DOSER À SA MAIN LA PROFONDEUR DE CHAMP. UN VRAI APPAREIL PHOTO !

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LABO

SHOPPING

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SENSIBILITÉ


S ENSIBILITÉ

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ART VIDÉO

Programmée à partir du 25 septembre 2015 au musée Art Ludique de Paris, l’exposition « L’Art dans le jeu vidéo » télescope deux univers trop longtemps considérés comme distincts, et consacre enfin le jeu vidéo en tant qu’art total. TEXTE : MAXIME DELCOURT

© Ubisoft.

Jeux vidéo : un art nouveau ? Lorsque le MoMA de New York décide en 2012 de présenter le jeu vidéo comme un objet d’art à part entière, le débat fait rage entre, d’un côté, ceux qui se mobilisent pour la reconnaissance artistique de Zelda ou Donkey Kong, et, de l’autre, ceux qui s’offusquent de voir exposer Pac-Man ou Tetris à côté d’un Picasso et d’un Van Gogh. Trois ans plus tard, les échanges entre militants et opposants n’ont toujours pas cessé. Ça tombe bien : les projets visant à consacrer les jeux vidéo non plus. Pensons à The Art of Video Games au Smithsonian American Art Museum de Washington et à Parizone@Dream à la Gaîté Lyrique en 2013, à Jeu vidéo : l’expo à la Cité des Sciences en 2014. Et aujourd’hui à L’Art dans le jeu vidéo qui, du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, investit les locaux du musée Art Ludique de Paris, réunissant 700 œuvres et installations issues de différents styles (esquisses, aquarelles, peintures et sculptures traditionnelles et numériques, ou tableaux animés). « Une première mondiale », se réjouit Jean-Jacques Launier, commissaire de l’exposition et directeur du musée, qui en profite pour remettre ce projet dans son contexte : « Il y a une vraie

continuité entre nos précédentes expositions sur Pixar, Marvel ou le Studio Ghibli et celle sur les jeux vidéo. C’est une façon de prouver que l’ordinateur n’est bien souvent qu’un outil au sein de ces médiums, mais c’est surtout une volonté de démontrer la puissance créative de ces entités, qui s’inspirent ouvertement de toute notre mythologie pour façonner les images les plus marquantes de notre époque. » UN OBJET DE CULTURE

Comment ne pas considérer Mario, The Sims ou encore Tomb Raider comme des objets ayant façonné l’imaginaire collectif ? Comment ne pas voir dans ces jeux, qui réunissent interactivité, émotions et l’ensemble des arts traditionnels (musique, littérature, sculpture, peinture et tradition orale), des œuvres d’art total ? Il existe bien des opposants, comme Jonathan Jones, journaliste au Guardian et fervent défenseur de l’art comme fruit de l’imagination personnelle qui, dans un article en 2011, prétendait que « les univers créés par les jeux électroniques ressemblent davantage

à des terrains de jeu où l’expérience naît de l’interaction entre un joueur et un programme ». Mais il y a aussi, et heureusement, de fervents défenseurs, comme Michel Koch du studio Dontnod. S’il comprend que le statut artistique du jeu vidéo est controversé, du fait qu’il s’agit d’un « média moderne », il se réjouit malgré tout qu’une « nouvelle génération ayant grandi avec ce médium et les BD en fasse un objet de culture ». Et de poursuivre : « Il y a une vraie recherche esthétique et visuelle dans le jeu vidéo depuis de nombreuses années. Il y a même une tendance à l’hyperréalisme ou à des blockbusters très référencés comme GTA ou Uncharted. Sur ce dernier, le parti pris de l’histoire est assez classique, c’est presque Indiana Jones, mais les producteurs en profitent pour multiplier les références au monde contemporain, à l’art et à tout ce qui permet d’en faire un jeu vidéo ludique. » « Le jeu vidéo est le médium qui rassemble le plus de données, renchérit de son côté JeanJacques Launier. On y retrouve du son, ASSASSIN’S CREED UNITY, des effets visuels, 2014, UBISOFT.


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S EN S IB I LIT É

AGENDA

Expositions de rentrée TexTe eT sélecTion : éric KarsenTy

TENDANCE FLOUE : TWENTY FIVE ? HEY, GIVE ME FIVE !

VIVIANE SASSEN : UMBRA

C’est une nouvelle série autour des jeux d’ombres que Viviane Sassen présente cet automne à l’Atelier néerlandais. Née à Amsterdam en 1972, l’artiste est connue comme photographe de mode travaillant avec des titres comme Dazed & Confused ou Purple, et des marques comme Lanvin, Carven ou Adidas. Elle est aussi reconnue par le milieu artistique puisqu’elle a représenté les Pays-Bas à la Biennale de Venise en 2013, et a été distinguée par le prix Infinity de l’International Center of Photography de New York. Ses photos à la limite de l’abstraction nous amènent à réfléchir à la notion de réalisme, qui prend souvent un aspect poétique et spectaculaire. Invitée par Viviane Sassen, Maria Barnas a composé des poèmes qui accompagnent l’exposition et qui seront repris dans une publication éditée à cette occasion.

Pour sa 7e édition, le festival MAP Toulouse a décidé de mettre le portrait à l’honneur avec une série d’expositions signées par des professionnels, mais aussi par des amateurs. Parmi les nombreux accrochages présentés gratuitement dans les rues de Toulouse, on pourra, entre autres, y voir une sélection de photos prises pour la dernière page de Libération, une rubrique de portraits désormais célèbre, mais aussi une série plus intime du génial Richard Dumas où seront rassemblés planches-contacts et carnets de notes du photographe. Un auteur qui « constitue au fil du temps un album de portraits rares, respectueux mais sans emphase, traitant avec la même sincérité et la même exigence un anonyme ou une star du septième art », comme le précise Christian Caujolle dans le Photo Poche consacré à l’agence VU’. Jusqu’au 30 septembre 2015, au festival MAP Toulouse (31). www.map-photo.fr

Du 11 septembre au 1er novembre 2015, à l’Atelier néerlandais, à Paris (75). www.atelierneerlandais.com

VIVIANE SASSEN, WINDOW (LARVAE-UMBRA SERIES), 2014.

RICHARD DUMAS, KEITH RICHARDS, 2010.

La bande des treize photographes de Tendance Floue donne le coup d’envoi des manifestations autour de son 25e anniversaire. Ce collectif est « une affaire de confrérie qui a évolué en quasi-fratrie », pour citer Christine Ollier, l’une des trois commissaires avec Mat Jacob, cofondateur de la structure, et Fany Dupêchez. Né en 1991 et à l’origine de nombreux projets collectifs où l’individu s’efface au profit d’un travail commun et où l’engagement sociopolitique est constamment réaffirmé, ce groupe se définit comme un laboratoire destiné à « ouvrir de nouvelles perspectives et diversifier les modes de représentation de la photographie contemporaine ». Par ailleurs, les individualités artistiques continuent de s’affirmer (voir le témoignage d’Olivier Culmann dans notre dossier) – ce que démontre l’exposition dans laquelle une fresque présentant les images iconiques de leurs aventures communes sera entourée d’espaces dédiés à chaque auteur.

MÉRIGNAC PHOTOGRAPHIC FESTIVAL

Première édition pour ce nouveau festival consacré à la photographie dans cette jolie ville de Gironde, surtout connue comme capitale de l’aéronautique. À l’aéroport justement, on pourra voir le très beau travail de Thierry Cohen sur ses Villes éteintes, tandis qu’à la Vieille Église Saint-Vincent, on retrouvera une vingtaine de photos de Bettina Rheims, ainsi qu’une sélection d’images issues des collections de la MEP. L’institution parisienne, qui avait déjà travaillé avec la ville en organisant plusieurs expositions depuis 2012, est partenaire de la manifestation, et Jean-Luc Monterosso, son directeur, en assure la direction artistique. D’autres expositions (Vincent Pérez, JR, la photographie africaine…), des workshops, des rencontres et des lectures de portfolios se tiendront au cours de cette première biennale.

Jusqu’au 17 octobre 2015, à l’espace Topographie de l’art, à Paris (75). www.topographiedelart.fr

Du 8 au 11 octobre 2015, à Mérignac (33). www.merignac-photo.com

MEYER, L’ABYME ET LE VENT. ARÈNES DE NÎMES, 16 MAI 2013.

BETTINA RHEIMS, YANN, FÉVRIER 1990, DE LA SÉRIE MODERN LOVERS.

© ViViane sassen. © richard dumas / agence Vu’. © meyer / Tendance Floue. © BeTTina rheims / collecTion maison européenne de la phoTographie, paris.

RICHARD DUMAS : SUITES


Des nouvelles du photoreportage TexTe : éric KarsenTy Malgré la crise de la presse et du photojournalisme, dont le festival Visa pour l’image tient la chronique annuelle, on ne peut que constater qu’il y a encore pas mal de « nouveaux talents et de nouvelles énergies » pour raconter le monde comme il

va. On le verra entre autres avec les travaux de Bülent Kiliç, Viviane Dalles ou d’Andres Kudacki exposés à Perpignan. On trouve aussi, au festival Photoreporter en Baie de Saint-Brieuc, des témoignages bien vivants de cette manière d’aborder la photographie,

avec notamment les images de Ruth McDowall. Et on peut même considérer qu’avec la série réalisée par Marion Poussier sur les premières amours adolescentes et présentée au festival Planche(s) Contact à Deauville, le portrait est aussi de la partie.

FESTIVAL PHOTOREPORTER

FESTIVAL VISA POUR L’IMAGE

à Perpignan (66). Jusqu’au 13 septembre 2015.

en Baie de Saint-Brieuc (22). Du 3 octobre au 1er novembre 2015.

www.visapourlimage.com

© RUTH MCDOWALL. © MARION POUSSIER. © BÜLENT KILIÇ / AFP. © VIVIANE DALLES, LAURÉATE 2014 DU PRIX CANON DE LA FEMME PHOTOJOURNALISTE SOUTENU PAR LE MAGAZINE EllE. © ANDRES KUDACKI / AP.

www.festivalphotoreporter.fr

RUTH MCDOWALL, MALAIKU, LES ANGES. REPORTAGE SUR LES JEUNES FILLES DU NORD DU NIGERIA QUI ONT SURVÉCU AUX ENLÈVEMENTS DU GROUPE ISLAMISTE BOKO HARAM DEPUIS 2009. [A]

FESTIVAL PLANCHE(S) CONTACT

à Deauville (14). Du 17 octobre au 29 novembre 2015. www. deauville-photo.fr [B]

[C]

MARION POUSSIER, LOVE

[A] BÜLENT KILIÇ. UNE FEMME KURDE ET SA FILLE ATTENDENT, APRÈS LEUR PASSAGE DE SYRIE EN TURQUIE, SOUS LES TIRS DE MORTIER VENANT DES DEUX CÔTÉS. TURQUIE, 2 OCTOBRE 2014.

[B] VIVIANE DALLES, DEVENIR MÈRE ADO, REPORTAGE RÉALISÉ DANS LE NORD DE LA FRANCE, EN 2015.

[C] ANDRES KUDACKI. REPORTAGE SUR LA CRISE NATIONALE DU LOGEMENT ET LES EXPULSIONS EN ESPAGNE. LAURÉAT DU PRIX ANI PIXPALACE 2015.


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UNE PHOTO

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FLASH

S ENSIBILITÉ

photojournalistes à collaborer avec le Daily Graphic, quotidien publié au Ghana, et travaille également pour Drum, revue d’actualités et de mode. C’est aussi un des pionniers en matière d’utilisation de la couleur, qu’il découvre à Londres en 1959, à l’époque du Swinging London.

MARIE HALLOWI, MODÈLE POSANT POUR LA COUVERTURE DE DRUM #1, À ROCHESTER DANS LE KENT, EN ANGLETERRE, 1966.

Galerie Clémentine de la Féronnière Créées en 2011, la galerie et la maison d’édition Clémentine de la Féronnière offrent la particularité d’accompagner chaque artiste dans la production d’une exposition et d’un livre. Ce qui est de nouveau le cas avec James Barnor, qui signe ici sa première expo personnelle dans l’Hexagone. La programmation de la galerie est éclectique, seule la « consistance du projet des photographes » constitue son fil rouge. Organisé en partenariat avec Photoquai, cet

UNE EXPO

© James Barnor, courtesy autograph aBp.

texte : Éric Karsenty

James Barnor Ever Young, c’est le titre de l’exposition de James Barnor, photographe ghanéen né en 1929, ainsi que le nom du studio qu’il créa au début des années 1950, à Accra, la capitale du Ghana. Le photographe y immortalise une clientèle diverse – étudiants, fonctionnaires, jeunes mariés… – qu’il met à l’aise avec son bagout et à l’aide de musiques populaires qu’il utilise en fond sonore. Il est aussi l’un des premiers

accrochage présente les portraits de studio et de rue réalisés entre les années 1950 et 1970. Exposition Ever Young de James Barnor, du 8 octobre au 21 novembre 2015. Galerie Clémentine de la Féronnière, 51, rue Saint-Louis-en-l’Île, 75004 Paris. www.galerieclementinedelaferonniere.fr


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DU 8 AU 11 OCTOBRE 2015 C l o s e u p o f K a r o l i n a K u r k o va , D é c e m b r e 2 0 0 1

P h o t o G R A P H I E d e Betti n a R h ei m s

Tout le programme sur merignac-photo.com

Conception : imprimerie municipale Ville de Mérignac. Close up of Karolina Kurkova, Décembre 2001, Paris © Bettina Rheims

Expositions Rencontres Workshops


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S EN S IB I LITÉ

COMMUNITY

Tumblr des lecteurs

Cont nous inuez à e vos p nvoyer Fishey hotos, e ado faire re de décou nouvelles ver te s: m becon oglia@ tents .com

MARGAUX AVRIL

I NOTES VISUELLES

Adolescente, Margaux récupère l’objectif de son père, désirant à son tour révéler sa « sensibilité impulsive ». Le procédé lui apparaît « comme la possibilité d’une expression nouvelle ». Elle s’oriente ensuite vers une vision plus solitaire. Une recherche pleine de sincérité sur l’harmonie de lieux, d’ambiances et d’atmosphères. La jeune femme considérant que « créer et capturer, c’est conserver l’empreinte du tout ». margauxavril.tumblr.com

AMICALEMENT VÔTRE Laure a d’abord été fascinée par la photographie, avant d’en faire sa passion. C’est une histoire qui remonte à l’enfance. Depuis, elle vagabonde avec son Nikon en quête de poésie, chaque jour à la recherche « d’une nouvelle romance à vivre avec lui ». l-or-b.tumblr.com

COBALTCOBALT

« Mon attention se porte avant tout sur les atmosphères que peuvent me communiquer les paysages que je parcours, et sur leur caractère narratif, fugace et fictionnel. Au-delà des lignes, j’essaye de partager une impression, un sentiment, une histoire. Les formes et les couleurs s’agencent naturellement. La composition prend ensuite toute sa force, peut-être influencée par la rigueur nécessaire à mon métier d’architecte. » cobaltcobalt.tumblr.com


S ENSIBILITÉ

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COMMUNITY

AXELLE BRIGE

Axelle fait preuve d’une grande sobriété dans la composition de ses images. Une sorte de tempérance qui pourrait passer pour de la retenue ou de la timidité. Comme si elle n’osait pas poser son regard et déclencher. C’est cette fragilité qui fait pourtant tout le charme de ses images. axellebrige.tumblr.com

MOUNIR TAIEB

Mounir est un photographe algérien qui vit à Paris. Publicitaire de formation, il a choisi de se consacrer entièrement à la photo en capturant des moments intimes avec des artistes du cinéma, du rap et du pop art. Il passe aussi son temps à flâner dans les rues de la capitale afin de croiser les inconnus qui pourraient se prêter au jeu de ses images intimes et spontanées.

WILDFOXDIARY

Des photos spontanées, quotidiennes, parfois intimes. De la musique, de la tendresse, de l’amour. Le Tumblr d’Antoine recèle une délicatesse à fleur de peau, une nostalgie exacerbée par le grain de ses images prises à l’argentique. wildfoxdiary.tumblr.com

mounirtaieb.tumblr.com

SIDI-OMAR ALAMI

Sans nul doute, Théo Gosselin a beaucoup inspiré Sidi. Celui-ci est également féru de voyages, d’errances vers l’inconnu et de routes qui s’étendent sur des milliers de kilomètres. Mais il a un style et une sensibilité qui n’appartiennent qu’à lui. Sidi parvient à figer le mouvement, à capturer l’intensité de ces moments où les corps s’ébattent avec insouciance.

sidiomaralami. tumblr.com

JONATHAN DELTOUR

Par ses photos singulières et obsédantes, Jonathan Deltour élabore une imagerie à la poésie étrange. Sa fascination pour l’Amérique, l’architecture incongrue, les objets magnifiés jusque dans leur déchéance et les personnages hors norme sont quelques-uns des sujets récurrents de son travail. jonathandeltour.tumblr.com


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