N° 20 septembre-octobre 2016
le magazine lifestyle de la photographie
Focus
PANORAMA EN BELGIQUE
Projet web LIVE WILD COLLECTIVE
Musique
PARIS, CAPITALE UNDERGROUND
Histoire
RELECTURE DE LA RÉVOLUTION CULTURELLE
Portfolio
JULIEN MAUVE, L’INDIFFÉRENCE DES ÉTOILES
Monde
NOUVELLE GÉNÉRATION HONGKONGAISE
PHOTOGRAPHIE DOCUMENTAIRE EN AVANT LES HISTOIRES
FISHEYE GALLERY
COLLECTIONNEURS, AUTEURS ET BIEN PLUS
N° 20 septembre-octobre 2016
BEL. : 5,20 €
www.fisheyemagazine.fr
DOSSIER
POLITIQUE ALEXANDRE LE GRAND : LE MYTHE VIVANT #fisheyelemag
#fisheyelemag
Édito PHOTO DOCUMENTAIRE OU LE PHOTOGRAPHE OMNISCIENT BENOÎT BAUME, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
© ANNA FILIPOVA.
Réaliser un dossier sur la photographie documentaire dans Fisheye est presque un pléonasme. Montrer des images d’auteurs qui ont construit un ensemble esthétique qui fait sens et nous emportent dans un récit personnel où se mélangent réel et fiction fait partie de notre ADN. Pourtant, il nous semblait important de mettre en lumière ce genre qui est venu s’intercaler entre photojournalisme et arts plastiques sur fond de crise de la presse et de refus des conventions. Car, aujourd’hui, la question qui se pose à un photographe à l’aube de débuter une nouvelle série est autant celle de la forme que celle du fond, mais aussi celle de la manière dont il va dévoiler son travail et celle du sens qu’il construit autour de cet ensemble. La photographie documentaire nécessite des acteurs engagés posant un regard singulier sur notre monde sans qu’un censeur ne vienne interférer. Quand la presse payait à prix d’or les images et produisait les reportages, le photographe pouvait accepter des contraintes fortes sur son propos. En perdant l’argent des publications, il s’est paupérisé, mais il a gagné en liberté. Un sujet peut désormais être traité au long cours, sans contrainte d’angle ou de nécessité d’illustration. Le photographe se doit de comprendre et de s’approprier son sujet, car c’est son regard qui importe autant que ce qu’il documente. Ce vingtième numéro de Fisheye vous plonge ainsi dans un monde des possibles où les légendes comptent autant que les images. Une aventure menée par des hommes engagés. Cette fin d’été sera marquée aussi par l’ouverture à Paris de la Fisheye Gallery. Un espace dédié aux auteurs contemporains porteurs d’un univers personnel fort. Le très bon accueil que vous nous avez réservé à Arles cet été, avec des milliers de visiteurs et plusieurs dizaines de tirages vendus, nous pousse à continuer cette expérimentation qui vient compléter notre magazine. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre sur les réseaux sociaux, sur notre site, en kiosque ou par abonnement, et nous espérons que cet engouement se matérialisera aussi à la Fisheye Gallery de Paris qui ouvrira ses portes le 29 septembre. Avec des tirages limités à cinq exemplaires et en un seul format, et dont le prix démarre à 500 euros, nous nous adressons à tous ceux qui veulent collectionner. Mais même si vous ne comptez pas acheter une œuvre, nous serons heureux de vous y croiser. Ce sera l’occasion de vous faire découvrir le dernier Fisheye et de passer un bon moment en votre compagnie. À très vite donc.
instantanés
P. 8 LES DESSOUS DE L A COUV
P. 14 I M AG E S S O C I A L E S
Liberté sur commande
André Gunthert Photographie, la fin du mythe ? P. 12
T E N DA N C E
Poketography : photographiez-les tous !
P. 2 0 P O RT R A I T
Philippe Grollier L’Irlande au cœur
P. 16 VO I X O F F
Jean-Christophe Béchet Festivals photo, canoë-kayak & Bruce Springsteen P. 18 MÉTIER
Promoteur de talents Olivier Ripoll, agent de photographes
P. 2 2
— DOSSIER
QU’EST-CE QUE LA PHOTOGRAPHIE DOCUMENTAIRE ?
© Kevin Faingnaert. © Jérôme Bonnet / modds. © Julien goldstein.
Kevin Faingnaert
P. 11 T E N DA N C E
agrandissement
mise au point
P. 43 EXPOSITIONS
sensibilité
P. 6 5
P. 97
POLITIQUE
A RT V I D É O
Alexandre le Grand toujours vivant
Vu d’ailleurs
Musiques électroniques : les vertiges de l’amour !
P. 4 6 P O RT F O L I O
Hong Kong nouvelle génération
P. 10 0 P O RT F O L I O D É C O U V E RT E
Julien Mauve
P. 10 6 E N A PA RT É
Une galerie pour la jeune photographie P. 10 8 C O M M U N I C AT I O N
La Parlement européen mise sur le photojournalisme
P. 53
P. 110
FOCUS
Panorama belge
P RO J E T W E B
P. 70 ÉCONOMIE
Entrepreneurs dans les quartiers
P. 78
© eason tsang Ka Wai. © vincent delBroucK, courtesy galerie stieglitz 19. © solange Brand. © michal siareK. © marie aBeille. © Jean-claude lagrèze.
P. 112
É D U C AT I O N
La guerre en hors-champ
P. 74 SOCIÉTÉ
Live Wild Collective : photo 2.0, mon amour ! MUSIQUE
Paris underground P. 8 0
F O N DAT I O N
Porntoshop, serial colleuses P. 76
La Fondation des Treilles : rencontres et création
EXPOSITION
Anna Malagrida Maison de verre, maison de rêves P. 5 8 H I S TO I R E
Pour une relecture de la Révolution culturelle
P. 8 7
labo
AT E L I E R P H OTO
Récupérer le négatif d'un instantané FP-100 de Fuji P. 8 3
CAMÉR A TEST
Cristelle Make-up test
P. 8 8 PRISE EN MAIN
P. 114 LIVRES
Pentax K-1 : un beau 4x4 pour la photographie
Photothèque P. 116 P. 9 0
S H O P P I N G A P PA R E I L S
AG E N DA
Panorama
Matos
P. 119 FLASH
P. 9 2
Une photo, une expo
S H O P P I N G AC C E S S O I R E S
American dream
P. 12 0 COMMUNIT Y
P. 9 4
Tumblr des lecteurs
P H OTO M O B I L E
Les applications de la rentrée
P. 12 2 C H RO N I Q U E
Contributeurs
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Julien Mauve
Jean-Marc Bodson
Artiste visuel parisien, Julien Mauve crée des séries photographiques à l’ambiance cinématographique qui ont pour thème l’obscurité, la solitude et l’émergence des nouvelles technologies. Son travail a été récompensé par plusieurs prix, dont le SFR Jeunes Talents en 2013, et le Sony World Photography Award en 2016. Son premier livre, L’Indifférence des étoiles, vient d’être publié aux éditions Poursuite. C’est notre portfolio découverte.
Après des études d’anthropologie, JeanMarc Bodson est devenu photographe professionnel. D’abord pour des magazines de voyage, puis dans le domaine du théâtre et de la danse. Actuellement, il partage son temps entre des commandes institutionnelles, sa charge d’enseignant à l’ESA Le 75 ainsi qu’à l’université de Louvain, le commissariat d’expositions et son travail de critique. Pour la rubrique Focus, Jean-Marc Bodson nous brosse un panorama de la photographie en Belgique.
Solange Brand
Sébastien Deslandes
Solange Brand a tout juste 19 ans quand elle part occuper un poste de secrétaire à l’ambassade de France à Pékin, en 1965. Elle y fait ses premières photos couleur avec un appareil et des pellicules achetées à Hong Kong. En 1969, elle entre au journal Le Monde, et rejoint l’équipe du Monde diplomatique comme directrice artistique durant vingt-cinq ans. Ses images de la Révolution culturelle font l’objet d’une relecture décapante par François Cheval, le directeur du musée Nicéphore-Niépce.
Né en 1983 et vivant à Paris, Sébastien Deslandes est devenu journaliste en 2010 après des études d’histoire, de sciences politiques et de journalisme. Il travaille pour la presse magazine sur des sujets de société au Maghreb, au Proche-Orient, et dans les quartiers populaires en France. Récompensé du prix Anacej en 2012 aux Assises du journalisme, il signe le texte qui accompagne les images de son complice Hervé Lequeux sur les jeunes entrepreneurs en banlieue parisienne dans notre rubrique Économie.
François Cheval
Hervé Lequeux
Formé à l’histoire et à l’ethnologie, François Cheval est conservateur de musée depuis 1982, successivement dans le Jura puis à La Réunion. Depuis 1996, il dirige le musée Nicéphore-Niépce à Chalon-sur-Saône. Directeur artistique de plusieurs prix, commissaire d’expositions indépendant et auteur, François Cheval remet en perspective les photos de Solange Brand réalisées en Chine en 1966, au début de la Révolution culturelle.
Hervé Lequeux collabore régulièrement avec la presse magazine et la presse quotidienne. Né à Sète en 1972, ce photographe a couvert les révolutions tunisiennes, égyptiennes et libyennes, est l’auteur de plusieurs livres et a présenté ses images dans de nombreux festivals. Il a également entrepris un travail documentaire sur les banlieues dont il nous livre, dans la rubrique Économie, un extrait consacré aux jeunes entrepreneurs des quartiers populaires de la région parisienne.
RÉDACTION
Rédacteurs
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Directeur de la rédaction et de la publication Benoît Baume benoit@becontents.com
Marie Abeille marie@becontents.com Marie Moglia moglia@becontents.com Hélène Rocco helene@becontents.com Daniel Pascual daniel@becontents.com
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Community manager Lucie Sordoillet lucie@becontents.com Ont collaboré à ce numéro Jean-Christophe Béchet, Anaïs Carvalho (Dans ta cuve !), Carole Coen, Amaury da Cunha, Julien Damoiseau, Maxime Delcourt, Jacques Denis, Sofia Fisher, Gwénaëlle Fliti, André Gunthert, Sylvain Morvan, Mathieu Oui
Chef de publicité Joseph Bridge joseph@becontents.com 06 64 79 26 13 Directeur conseil et brand content Rémi Villard remi@becontents.com SERVICES GÉNÉRAUX Directeur administratif et financier Christine Jourdan christine@becontents.com Comptabilité Christine Dhouiri compta@becontents.com
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Fisheye Gallery Jessica Lamacque jessica@becontents.com
Fisheye Magazine est composé en Centennial et en Gill Sans et est imprimé sur du Condat mat 115 g
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Fisheye Magazine est édité par Be Contents SAS au capital de 10 000 €. Président : Benoît Baume. 8-10, passage Beslay, 75011 Paris. Tél. : 01 77 15 26 40 www.becontents.com contact@becontents.com
Dépôt légal : à parution. ISSN : 2267-8417. CPPAP : 0718 K 91912. Tarifs France métropolitaine : 1 numéro, 4,90 € ; 1 an (6 numéros), 25 € ; 2 ans (12 numéros), 45 € Tarifs Belgique : 5,20 € (1 numéro). Abonnement hors France métropolitaine : 40 € (6 numéros). Bulletin d’abonnement en p. 118. Tous droits de reproduction réservés. La reproduction, même partielle, de tout article ou image publiés dans Fisheye Magazine est interdite.
Fisheye est membre de
Mention contractuelle : « Patrick Martin et Denis cuisy, associés fonDateurs »
Ours
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I N S TA N TA N É S
T EN DAN CE
Lancé en juillet 2016, Pokémon Go a immédiatement connu un succès planétaire. En plus de pousser les joueurs à passer du temps en plein air, le jeu les invite à s’initier à la street photography. TexTe : Hélène Rocco
Impossible d’être passé à côté du phénomène Pokémon Go, le jeu développé par Niantic qui se sert du GPS des smartphones et de la réalité augmentée pour capturer des Pokémon dans la rue et les espaces publics. Jamais une application n’a autant déplacé les foules. En marchant jusqu’aux PokéStop pour faire le plein de PokéBalls, ou aux arènes pour affronter d’autres dresseurs, les joueurs découvrent leur ville et se mettent à la photographier. Car pour capturer une créature, il faut utiliser l’appareil photo de son téléphone. Le site communautaire américain Reddit s’est emparé de cette tendance appelée Poketography en ouvrant le channel Pokémon Go Snap, sur lequel les dresseurs postent leurs meilleurs clichés, parfois bizarres,
souvent hilarants. Evoli, Goupix et compagnie débarquent régulièrement dans les lieux les plus insolites. Sur le forum, on découvre ainsi qu’un Magicarpe est apparu au bout d’une canne à pêche, et qu’un Bulbizarre a manqué d’être cuit à la poêle avec des choux de Bruxelles. Si les photos sont loin d’être toutes réussies, la pratique permet néanmoins de réfléchir aux compositions et à l’endroit où doit apparaître le Pokémon. Comme en street photography, il faut être rapide, faute de quoi la bête pourrait s’envoler avant d’être attrapée. À défaut de faire de vous le meilleur dresseur, l’entraînement pourrait peut-être vous rendre meilleur photographe.
www.reddit.com/r/pokemongosnap
© D.R. © ReDDiT / ToxicSHulk / HeRTzog87.
Poketography : photographiez-les tous !
20th EDITION
10.13 NOV 2016 GRAND PALAIS
#parisphotofair parisphoto.com
DOSSIER 22
© Julien Goldstein.
Photo issue de la série Latium, le legs du Duce, de Julien Goldstein, l’un des cinq finalistes du prix FIDAL de la photographie documentaire, en juin dernier.
Qu’est-ce que la photographie documentaire ? L’appellation « photographie documentaire » est aujourd’hui très présente. Plusieurs festivals s’en revendiquent, des galeries la mettent à l’affiche, d’anciens photojournalistes la rejoignent, les réseaux sociaux la partagent, tandis que certaines institutions, comme le BAL, la récusent. Qu’en est-il de cette notion qui désigne aussi tout un pan de la production d’images animées ? « L’extension du terme [documentaire] s’explique d’autant mieux que sa définition est floue », rappelle Olivier Lugon dans Le Style documentaire, d’August Sander à Walker Evans, 1920-1945 (éd. Macula), un livre essentiel sur l’histoire de cette écriture. Un flou que Fisheye s’est décidé à explorer pour mieux l’éclairer.
Propos recueillis par Éric Karsenty
En haut : Diane Dufour, directrice du BAL. En bas : Daido Moriyama, Sans titre, de la série Accident, 1969. Dans le cadre de l’exposition Provoke : entre contestation et performance, la photographie au Japon 1960-1975, présentée au BAL.
PHOTOGRAPHIE DOCUMENTAIRE OU IMAGEDOCUMENT ? DIANE DUFOUR, DIRECTRICE DU BAL ET ANCIENNE DIRECTRICE DE MAGNUM PHOTOS, DÉCRYPTE POUR NOUS LES ENJEUX DERRIÈRE CES APPELLATIONS. EXPOSITIONS, COLLOQUES, PUBLICATIONS, POLITIQUE DE FORMATION, ELLE DÉTAILLE LES ACTIONS DU BAL POUR RÉFLÉCHIR À CE QUE PEUT L’IMAGE AUJOURD’HUI.
Fisheye Pourquoi le BAL, que vous avez créé avec Raymond Depardon et que vous dirigez depuis 2010, est-il consacré à « l’image-document » et non à « la photographie documentaire » ? Diane Dufour Juxtaposés et énoncés ensemble, « photographie » et « documentaire » sont deux mots qui convoquent immédiatement chez le spectateur un ensemble de pratiques, de conventions, d’intentions qui conditionne son regard a priori. Cette appréhension est très influencée par le documentaire filmé, un genre de l’image animée qui enquête, décrit, analyse, mais dont la part d’innovation formelle d’emblée pour le public semble assez limitée. Le BAL a voulu « déminer » cet a priori en utilisant un terme plus ouvert sur une multitude de pratiques de l’image (photographie, vidéo, cinéma…) et sur l’invention de nouvelles formes du document visuel. Les nouvelles formes de l’image-document : pouvez-vous préciser de quoi il s’agit ? Avec l’image-document, j’ai voulu faire un pas de côté afin que le public se pose au même moment la question du sujet, le fond, et du langage, la forme. Je me suis intéressée à des grandes figures comme Lewis Baltz, qui avec The Tract Houses invente une écriture visuelle pour dénoncer la standardisation et l’urbanisation massive du paysage américain dans les années 1960 sur la côte ouest des États-Unis, où il est né et a grandi. J’ai exposé le travail d’un artiste oublié par l’histoire, Mark Cohen, un « sculpteur en photographie », qui a photographié à quelques centimètres les corps des passants, des nuques, des mollets, des dos, en arpentant toute sa vie les trottoirs de sa ville natale en Pennsylvanie, Wilkes-Barre. Il trouve une distance qui montre la torsion des corps, la tension, la solitude. Des corps à l’étroit, contraints dans la composition de l’image comme dans la vie. L’histoire de la photographie documentaire est jalonnée de pratiques singulières du document qui ont donné lieu à des appellations spécifiques : des « documents pour
© Patrick tourneboeuf / tendance floue. © daido MoriyaMa / collection de la shadai Gallery, tokyo Polytechnic university.
« L’IMAGEDOCUMENT N’EST PAS UN SIMPLE PRÉLÈVEMENT, C’EST UNE EXPÉRIENCE DU MONDE TRADUITE PAR L’INVENTION D’UNE FORME »
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En haut : Takuma Nakahira, photographie extraite du livre For a Language to Come, 1970. Dans le cadre de l’exposition Provoke : entre contestation et performance, la photographie au Japon 1960-1975, présentée au BAL.
En bas : Contestation autour de la construction de l’aéroport de Narita, c. 1969 (collection Art Institute of Chicago). Dans le cadre de l’exposition Provoke : entre contestation et performance, la photographie au Japon 19601975, présentée au BAL.
artistes » d’Eugène Atget au « presque documentaire » de Jeff Wall en passant par le « style documentaire » de Walker Evans, « l’anthropologie visuelle » de Gilles Peress ou le « réalisme critique » d’Allan Sekula, pour ne citer que quelques exemples. Différentes hypothèses sur le monde, différentes postures, différentes constructions d’une expérience du monde. L’expression « photographie documentaire » est très à la mode. On la retrouve utilisée par des photographes de reportage, par des festivals ou par des galeries… Comment analysez-vous cette tendance ? Je m’intéresse à des individus qui créent un langage pour dire quelque chose du monde dans lequel on vit. « De qui et de quoi sommes-nous les contemporains ? », comme le dit si bien le philosophe Giorgio Agamben. Je ne m’intéresse pas beaucoup à des catégories de la photographie qui sont apposées comme des étiquettes toutes faites sur telle ou telle pratique sans en analyser la singularité et la pertinence. La photographie est toujours un « document », mais de quoi exactement ? La subjectivité de l’image documentaire est inscrite à chaque étape de sa fabrication : choix du sujet, cadrage, distance, noir et blanc/couleur, choix de l’optique, point de vue… et de sa monstration : format, série, séquence, etc. Je m’intéresse à des écritures qui mêlent, à des degrés divers, enquête, expérience, enregistrement, analyse, description et invention formelle. Comme celles de Walker Evans, Chancey Hare, Dirk Braeckman, Paul Graham, Antoine d’Agata, Mikhael Subotzky, Walid Raad… ou en vidéo, Harun Farocki, Sharon Lockhart, Standish Lawder, Till Roeskens, John Smith, pour ne citer que quelques exemples. L’image-document n’est pas un simple prélèvement, c’est une expérience subjective du monde qui se traduit, à son meilleur, par l’invention d’une forme. Les gens qui pensent que « documentaire » équivaut à « vérité », c’est un problème. Les gens qui pensent que « documentaire » s’oppose à « plastique », c’est un autre problème.
© takuMa nakahira / collection Privée. © d.r.
« Les gens qui pensent que “documentaire” équivaut à “vérité”, c’est un problème. » Vous avez aussi une action en direction des jeunes publics avec les ateliers de La Fabrique du regard… À la création du BAL, on a lancé La Fabrique du regard en s’adressant à des jeunes entre 8 et 18 ans, pour lesquels l’image peut représenter deux types d’écueils. Le premier est que l’image dit tout : on vit dans un régime d’images, on ne croit que les images, on croit tout ce qui est induit par l’image. On se définit par les images, on comprend le monde en images. Donc l’image peut tout. L’autre écueil est son miroir inversé : l’image ne dit rien. L’image occulte, ment, manipule… l’image-complot. Nous tentons de leur faire prendre conscience que l’image est toujours une construction et qu’en comprendre les rouages, c’est pouvoir y résister ! Il y a quatre ans, nous avons amené des jeunes de 16 ans au desk news photo de l’agence Reuters. Ces jeunes de lycée en ZEP n’avaient aucune idée de ce qu’était une agence filaire, et ils ont été passionnés de voir comment le responsable du bureau vérifiait que les images envoyées par les correspondants en temps réel n’étaient pas « bidonnées ».
AGRANDISSEMENT
AG RAN DISSEMENT
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EXPOSITIONS
Voici un Vu d’ailleurs spécial festival Images Vevey qui, tous les deux ans, multiplie les scénographies originales dans des lieux insolites pour présenter les travaux des photographes. Rendez-vous sur les façades de la ville, sur le lac Léman, dans la nef d’une église et dans une chambre d’hôtel pour un extrait de cette édition consacrée au thème de l’immersion. texte : ÉriC Karsenty
Vu d’ailleurs
© Chema madoz, Courtesy Galerie esther Woerdehoff. © aleC soth.
Festival Images Vevey, du 10 septembre au 2 octobre 2016. www.images.ch
L’installation Détournement poétique présente une sélection d’œuvres de Chema Madoz, l’artiste de renommée internationale né à Madrid en 1958, qui s’est initié à la photographie au début des années 1980, dans l’effervescence créative de la Movida. Souvent teintées d’humour ou d’ironie, ses photos nous font rêver, sourire, penser… et nous questionnent avec finesse et humour sur notre manière de regarder et de prendre pour argent comptant des clichés que l’auteur nous propose comme autant de pièges visuels. « J’aimerais que l’image invite à la réflexion, qu’elle ne soit pas un CHEMA simple jeu. La seule chose qui me MADOZ semble importante, c’est comment DÉTOURNEMENT POÉTIQUE altérer le sens de la réalité par de simples manipulations », précise Chema Madoz. L’installation est présentée sur la façade d’Holdigaz, une société spécialisée dans la distribution de gaz naturel qui rappelle le caractère insaisissable des compositions de l’artiste. CHEMA MADOZ, UNTITLED, 1998, DE LA SÉRIE DÉTOURNEMENT POÉTIQUE.
ALEC SOTH VIEW FROM MY HOTEL WINDOW, TOKYO
Issue d’une commande du New York Times, la série View From My Hotel Window, Tokyo questionne avec humour le genre de la photographie documentaire à l’ère d’Internet. Alec Soth prend ici le contre-pied de l’habituel reportage de voyage en descendant cinq nuits au Park Hyatt tokyoïte, où a été tourné Lost in Translation. Le photographe américain, né en 1969 à Minneapolis (Minnesota), loue différents services via Internet – groupe de chanteuses ganguro, maître de cérémonie du thé ou expert en séduction – et découvre ainsi la ville sans bouger de sa chambre. Cette série est présentée dans l’atmosphère feutrée d’une suite de l’hôtel des Trois Couronnes, un clin d’œil au reportage. Pendant toute la durée du festival, les visiteurs ont la possibilité de louer cette chambre pour dormir au milieu des photographies exposées.
ALEC SOTH, YASUDA, DE LA SÉRIE VIEW FROM MY HOTEL WINDOW, TOKYO.
ALEC SOTH, A SELF-PORTRAIT OF ALEC SOTH IN HIS ROOM AT THE PARK HYATT TOKYO, DE LA SÉRIE VIEW FROM MY HOTEL WINDOW, TOKYO.
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AGR A N DIS S EMENT
P O RT FOL IO
Placée sous le signe des invitations et des échanges, la 13e édition des Photaumnales nous entraîne à la découverte de la photographie hongkongaise, de 1950 à nos jours. Les travaux de Lau Wai, Dan Leung et Eason Tsang Ka Wai sont emblématiques de ces jeunes artistes connectés aux problématiques de la photographie contemporaine.
HONG KONG NOUVELLE GÉNÉRATION
TexTe : Éric KarsenTy
AVEC LES IMAGES DE LA SÉRIE BLITZ, DAN LEUNG INTERROGE LA PLACE DE L’HOMME PAR RAPPORT À L’ARCHITECTURE MODERNE EN SE METTANT EN SCÈNE, SUR UN FOND BLANC (AU CENTRE EN BAS DE L'IMAGE), FIGÉ PAR L’ÉCLAIR D’UN FLASH.
© Dan Leung.
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AG RANDIS S EMENT
HISTOIRE
Il y a tout juste cinquante ans, la Chine entamait sa Révolution culturelle. Une période que revisite François Cheval, conservateur du musée Nicéphore-Niépce, grâce aux photos de Solange Brand prises à Pékin en 1966. Cette secrétaire de l’ambassade de France, alors âgée de 20 ans, a en effet réalisé un reportage couleur qui donne, derrière un regard « candide », une nouvelle vision de l’histoire. TexTe : François Cheval – PhoTos : solange Brand
Pour une relecture de la Révolution culturelle
La Révolution culturelle a eu lieu, des désaccords et des brouilles. c’est certain. Et les images de Pour la jeunesse intellectuelle 1ER OCTOBRE 1966. MANIFESTATION Solange Brand l’attestent. Mais de française des années 1970, son À L’OCCASION DE LA FÊTE quoi témoignent-elles ? Cet obscur interprétation était déjà cause de NATIONALE SUR L’AVENUE CHANG’AN. objet devrait relever normalement division. Connue par procuration, la de la catégorie de « l’événement ». Révolution culturelle fonctionnait tel Or, ce qui déjà à la fin des années 1960 fait un imaginaire de masse. L’empathie de certains problème l’est encore cinquante ans après. Les reposait sur une virtualité, la théâtralisation faits eux-mêmes restent confus. Mouvement de d’une révolution authentique et accomplie. « Feu masse antibureaucratique, manipulation géniale sur le quartier général », « On a raison de se d’un vieillard autocrate, révolte jeuniste, les rebeller », « Oubli de soi, service d’autrui », les commentaires divergent. Le manque de sources, slogans au volontarisme moralisateur illumien particulier visuelles, n’est pas la seule raison naient un romantisme révolutionnaire. Certains
ne demandaient qu’à croire au pouvoir sans limites de l’homme, considéré comme supérieur à tout ! Les praticiens de la dialectique et du matérialisme historique, formés rue d’Ulm [à l’École normale supérieure, ndlr], créaient un non-moment, pire, une non-histoire. UN HORIZON FANTASMÉ EN S’INVENTANT DES IMAGES
Pour les opposants au maoïsme, l’épisode n’était qu’une nouvelle variante des crimes commis par le communisme. La rééducation dans les campagnes n’était que la formule
asiatique du goulag stalinien. Paradis ou enfer, dieu ou diable, « l’événement » était un monde configuré par des partisans ou des opposants. Il fallait être digne de l’histoire en marche. Comprendre n’était pas le sujet du débat. Cette génération pouvait, cependant, arguer d’une excuse de taille : elle ne disposait d’aucun matériau fiable ! Cet horizon impensable, elle l’a donc fantasmé en s’inventant des images. Il s’est constitué dans la pensée occidentale une récusation de ce que l’on supposait connaître antérieurement, « la faillite bureaucratique de la Révolution ». Quoi qu’il en soit, la Révolution culturelle reste un mystère structurel. Cinquante ans après, elle ne trouve pas sa logique dans l’histoire. Elle demeure cet épisode sans transcendance, pourrait-on dire, se trouvant dépourvue de toute autorité historique et extérieure au savoir. La Chine a changé, et nous aussi. Nous pouvons regarder ces scènes de la vie pékinoise, saisies par Solange Brand en 1966, pour ce qu’elles sont : une découpe rare dans le temps et dans l’espace originel du phénomène. Loin de l’emphase colorée de la photographie chinoise de propagande (cf. Weng Naiqiang ou Zhu Xianmin), ces images d’amateur se saisissent des individus dans les premiers temps d’un épisode aux contours flous. Dans des photographies sans agenda particulier, les faits présentés au jour le jour ne deviendront notables, pertinents et nécessaires seulement a posteriori. S’il y a surprise aujourd’hui, c’est dans le caractère « normal » de ce que l’on voit. Autrement dit, quelque chose s’est passé, mais rien qui ne justifie l’appellation historique de « Révolution culturelle » avec son enchaînement de violence déchaînée. Cette chose était là, assurée, mais ce à quoi nous assistons doit se lire comme un ensemble de possibles. INNOCENCE RÉCIPROQUE
La puissance des photographies repose sur cette « innocence réciproque » entre la jeune expatriée et des « croyants » qui lui offrent l’image de leur foi. Imaginons Solange Brand, une jeune Française de 20 ans, traversant la capitale sur son VéloSoleX avec son Pentax SV. Double étonnement du Pékinois et du garde rouge, fraîchement débarqué de
NOVEMBRE 1966. MANIFESTATION. BEAUCOUP DE PARTICIPANTS VIENNENT DES PROVINCES. LES GARDES ROUGES SE RECONNAISSENT À LEURS BRASSARDS.
sa campagne, que cette petite Européenne sur connaissons pas d’autre en capacité d’aller sa drôle de machine. Elle les fixe sans arrière- au-delà des apparences dépaysantes et, surtout, pensée et leur communique son empathie. de créer une relation d’échange égalitaire. Leurs regards sont médusés, jamais agressifs. Il n’y a rien d’étrange ici, si ce n’est du nouIls lui tendent le Petit Livre rouge, ils dressent veau ! Les jeunes gens qui manifestent dans le poing pour exprimer leur croyance en la les rues de Pékin en 1966 ne peuvent être pensée de Mao Zedong. La liste est longue de comparés aux vingt mille soldats marchant au ceux qui, avant elle, avaient déjà montré une pas dans la capitale conquise en janvier 1949. Chine ouverte et complexe (Ergy Landau, Henri Pour ces derniers, héros ou rescapés de la Cartier-Bresson, Marc Riboud, Longue Marche, suivant le mot Fernand Gigon, Jean-Philippe d’ordre de leur hiérarchie, il n’est 1966. CAMIONS DE MILITAIRES Charbonnier, etc.). Mais un amapas question de défiler le sourire EN ROUTE POUR UNE teur, à cet instant précis, nous n’en MANIFESTATION. aux lèvres. Il faut regarder droit
MISE AU POINT
M IS E AU
POINT
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POLITIQUE
Le photographe Michal Siarek, 25 ans, s’est penché sur le sort de la Macédoine, jeune pays qui cherche à reconstruire son identité en renouant avec ses racines antiques et la figure mythique d’Alexandre le Grand, travail distingué par le premier FIDAL Youth Photography Award. TexTe : Sylvain Morvan – PhoToS : Michal Siarek
Alexandre le Grand toujours vivant
Ici, un jeune homme déguisé en fantassin roi, abandonné sur un vieux billard. Depuis 2010, de l’armée d’Alexandre le Grand attend Michal Siarek traque les réminiscences du mythe patiemment les touristes devant un bâtiment d’Alexandre le Grand en Macédoine. Les photos monumental en construction. Là, de sa série Alexander, où se mêlent un portrait du célèbre conquérant les légendes d’hier et la dure réalité LA STATUE LA PLUS est posé au sol, à côté de caisses de du pays d’aujourd’hui, ont tapé SYMBOLIQUE DE LA NOUVELLE bières et de Coca-Cola. Plus loin, dans l’œil du jury du FIDAL Youth IDENTITÉ MACÉDONIENNE, WARRIOR ON A HORSE, on croise une sculpture en bois de Photography Award. Ce nouveau INSTALLÉE SUR LA PLACE Bucéphale, le légendaire cheval du prix, du nom du cabinet d’avocats CENTRALE DE SKOPJE.
d’affaires qui en est le mécène, récompense les jeunes talents de la photo. Le Polonais de 25 ans s’est distingué parmi quelque 500 candidats. SITUATION POLITIQUE DES BALKANS
« Je me souviens d’une image qui a hanté ma jeunesse, raconte Michal Siarek. Pendant le conflit en Yougoslavie, j’ai vu un reportage sur
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C AMÉRA TEST
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Une maquilleuse pro qui jongle entre free-lance et réseaux sociaux a profité de notre sélection d’appareils pour un test glam et coloré. TexTe eT phoTo : Marie abeille
Cristelle Make-up test
Cristelle, 36 ans — Née à Clermont-Ferrand, Cristelle a très vite su vers quelle carrière elle souhaitait se tourner. Après le collège, elle est entrée en école d’esthétique afin d’acquérir les connaissances nécessaires en biologie de la peau et a filé à Paris en 1998 pour suivre un cursus dans une école de maquillage. Attirée par la culture SF, la jeune femme a alors profité d’une extension de formation pour apprendre
le maquillage d’effets spéciaux à New York. La France étant peu réputée dans les domaines du fantastique et du gore, Cristelle n’a pas poursuivi dans cette voie à son retour à Paris. Fraîchement diplômée, elle a intégré l’équipe du Printemps de la Beauté, puis a été débauchée par Shiseido chez qui elle est restée trois ans avant de passer chez Estée Lauder. Depuis, la maquilleuse s’est spécialisée dans le glamour
et travaille en free-lance pour des particuliers. Animée par une réelle volonté de transmettre son savoir, Cristelle a développé un style bien à elle qu’elle partage avec les internautes sur sa chaîne YouTube, et dispense des cours de maquillage pour des particuliers. Instagram : @frenchtouchofmakeup YouTube : Frenchtouchofmakeup
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APPAREILS
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MATOS TexTe eT sélecTion : Marie abeille
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CANON EOS 5D MARK IV
NIKON D3400
Vous l’attendiez avec impatience, le 5D quatrième du nom est arrivé. Capteur CMOS de 30,4 millions de pixels, sensibilité maximale de 32 000 ISO extensible à 102 400 ISO, écran tactile, wi-fi, GPS et vidéo 4K : l’auteur de ces lignes ne peut plus regarder son 5D Mark II en face.
Bon, on ne va pas se voiler la face, le D3400 n’a rien de foufou, si ce n’est sa disposition au partage. Le boîtier amateur reprend la fiche technique de son grand frère D3300, à laquelle s’ajoute la technologie SnapBridge qui permet de connecter l’appareil à un périphérique extérieur via Bluetooth.
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FUJIFILM X-A3
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NIKON AF-P DX NIKKOR 70-300 MM F/4,5-6,3 G ED VR
Un 70-300 mm transportable sans se ruiner le dos ? Y a qu’à demander. L’AF-P DX Nikkor 70-300 mm f/4,5-6,3 G ED VR ne pèse que 415 g, correspond à un 105-450 mm au format 24 x 36 et profite de la stabilisation VR pour couronner le tout.
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PANASONIC LUMIX G LEICA DG SUMMILUX 12 MM F/1,4 ASPH
CANON EF 16-35 MM F/2,8 L III USM
Vous allez pouvoir vous vautrer dans le narcissisme le plus profond avec classe grâce au X-A3 et à son look rétro, son écran tactile inclinable à 180 °, son autofocus à détection du regard et son tout nouveau mode d’optimisation des portraits pour un meilleur rendu des tons chair.
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FUJIFILM X-T2
Fujifilm a balancé du lourd cet été avec le remplaçant du X-T1. Le X-T2 embarque un capteur APS-C X-Trans CMOS III de 24,3 millions de pixels, un écran orientable de folie puisqu’il s’oriente aussi bien verticalement qu’horizontalement, un AF de compét’ et l’enregistrement vidéo au format 4K. Et toujours la construction tropicalisée, bien sûr.
Il faudra attendre novembre pour se faire plaisir avec ce nouveau joujou de la série L de Canon. Pour patienter, on pense très fort à cette belle plage de focale, idéale pour le reportage, son ouverture constante f/2,8 et sa construction impeccable.
Pas avare en annonces, ces derniers temps, Panasonic poursuit sur sa lancée avec un joli caillou équivalent 24 mm. Doté d’une formule de 15 lentilles réparties en 12 groupes, il profite d’une belle ouverture f/1,4, d’une construction irréprochable et d’un système de mise au point à toute épreuve.
FUJIFILM XF 23 MM F/2 R WR
SONY PLANAR T* FE 50 MM F/1,4 ZA
En voilà un chouette copain pour parer le nouveau X-T2. Avec sa focale équivalente à 35 mm au format 24 x 36, son système de mise au point « pas à pas » hyper efficace et sa construction WR (Weather Resistant, fluent english style), il est prêt à affronter toutes les folies.
Liste non exhaustive de pourquoi on kiffe ce nouveau 50 mm : ouverture f/1,4, diaphragme circulaire à 11 lamelles, revêtement Zeiss T*, lentilles AA (asphériques avancées) et en verre ED à faible dispersion, sélecteur de crantage/ décrantage pour la vidéo ou encore motorisation SSM pour un AF rapide et précis.
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L’Indifférence des étoiles Julien Mauve
« Il faut faire confiance aux images. » Julien Mauve reprend à son fait un bout de chemin à ses côtés. Alternant des photos à l’instinct, nées compte le conseil de ceux qui l’ont aidé à concevoir son premier livre, d’une atmosphère ou d’un décor, avec d’autres plus construites, où il « plie L’Indifférence des étoiles, qu’il vient de publier aux éditions Poursuite. la réalité à sa volonté » dans des mises en scène qu’il réalise avec Pauline, Faire confiance aux photos, les laisser dialoguer entre elles et se passer sa compagne et sa complice, Julien adapte toujours l’esthétique de son des petites phrases qu’il avait prévues, jugées finalement redondantes. À travail à l’histoire qu’il choisit de raconter. Âgé de 32 ans, ce passionné travers ce parcours initiatique sur nos « questionnements fondamentaux », d’astronomie a déjà créé, depuis 2012, plusieurs séries remarquées tout en laissant à chacun sa liberté d’interprétation, Julien Mauve nous comme Greetings From Mars et After Lights Out, qu’on retrouvera immerge dans des nébuleuses d’étoiles avant de nous entraîner dans ses exposées, avec L’Indifférence des étoiles, lors de l’accrochage Les Mondes images magnétiques. Il nous laisse en fin de parcours silencieux, à la galerie Intervalle, du 17 septembre au sans réponse ni certitude, mais avec le sentiment d’avoir www.julienmauve.com 3 décembre 2016, à Paris. Éric Karsenty
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EN APARTÉ
L’équipe de Fisheye est heureuse de vous annoncer l’ouverture, le 29 septembre, de la Fisheye Gallery dans le 10e arrondissement de Paris. Un espace dédié aux nouveaux talents de la photographie et aux découvertes. Retrouvez dans ce nouveau lieu ce qui fait la force de Fisheye : un regard neuf à l’affût des nouvelles tendances et des talents d’aujourd’hui. TexTe : Jessica Lamacque
Une galerie pour la jeune photographie Fisheye vient de fêter ses trois ans. Ouvrir une galerie est un projet qui nous taraude depuis longtemps. Soutenir et accompagner des photographes de talent a toujours été une évidence. Encore fallait-il trouver un lieu. C’est chose faite ! La Fisheye Gallery ouvrira ses portes au croisement de la rue de l’Hôpital-Saint-Louis et de la rue de La-Grange-aux-Belles, à Paris. Un quartier du 10e arrondissement qui nous est cher, proche de la rédaction et à deux pas du canal Saint-Martin. La Fisheye Gallery présentera des expositions collectives. Ces expositions mettront en avant cinq jeunes talents autour d’une thématique. Chaque artiste présentera cinq photographies numérotées en cinq exemplaires, vendues à 500 euros. L’année sera également jalonnée d’expositions individuelles avec des prix plus élevés mais des formats plus surprenants aussi, et toujours cette ambition de représenter une nouvelle génération de photographes. Des artistes qui ne sont pas toujours habitués aux L’OUVERTURE DE LA FISHEYE cimaises, mais que nous souhaitons épauler GALLERY DURANT LES RENCONTRES D’ARLES A ÉTÉ dans cette aventure. Collectionner n’est pas un MARQUÉE PAR UN SUCCÈS geste anodin. Cela semble souvent inaccessible DE FRÉQUENTATION ET DES VENTES DE TIRAGES. à de nombreux amoureux de la photographie. La Fisheye Gallery imagine de nouvelles façons de collectionner la photo et souhaite encourager le dialogue entre artistes et collectionneurs. Et créer ainsi une galerie en adéquation avec son époque en variant les accrochages.
LE SITE INTERNET La Fisheye Gallery, c’est aussi un site Web pour permettre à tous d’avoir accès à notre choix de photographies. Retrouvez par exemple notre première exposition collective présentée à Arles cet été : La Route, avec les travaux de Julie Hascöet, Julien Lombardi, Julien Magre, Axel Morin et Brice Portolano. Plongez aussi dans la série Joe’s Road de Théo Gosselin et Maud Chalard, des photographes que nous suivons depuis les premiers numéros du magazine et que nous sommes fiers de représenter au sein de la galerie. Si vous craquez pour un de ces tirages, vous pouvez le commander en ligne et recevoir chez vous votre épreuve numérotée. Vous retrouvez sur le site toutes les actualités de la galerie.
© Virginie OVessian. © JuLien magre. © axeL mOrin. © Brice POrTOLanO. © anna FiLiPOVa. © ThéO gOsseLin & maud chaLard.
LE LIEU
JULIEN MAGRE, SANS TITRE 1. TROUBLES, EXTRAIT.
AXEL MORIN, QUARTIER DE GRENELLE, PARIS, FRANCE. PANAME, PANAME.
Fisheye Gallery 2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis, 75010 Paris.
www.fisheyegallery.fr Instagram : @fisheyegallery
BRICE PORTOLANO, GHOSTS OF THE DANUBE. A ROMANIAN TRAIN STORY.
ANNA FILIPOVA. À L’ARRIÈRE-PLAN, ON DISTINGUE LE KONGSFJORDEN (FJORD DU ROI), TANDIS QU’AU PREMIER PLAN ON PEUT VOIR LES VESTIGES DE L’EXPLOITATION DE CHARBON DATANT DES ANNÉES 1930. SÉRIE RESEARCH AT THE END OF THE WORLD.
THÉO GOSSELIN & MAUD CHALARD, ELISE IN THE LAKE. JOE’S ROAD.
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Tumblr des lecteurs
Cont nous inuez à e vos phnvoyer otos, Fish faire eye adore de décou nouvelles ver te s: m becon oglia@ tents .com
ICIETAUTREPART. TUMBLR.COM Les images d’Étienne Auguste sont le témoignage d’une errance. La sienne et celle des personnages qu’il a photographiés, sans s’embarrasser de pudeur. Ses portraits sont des apparitions presque brutales, dont il relève les imperfections pour mieux en révéler l’authenticité. Dans la démarche d’Étienne, il y a une sincérité féroce et touchante.
JULIEFNT.TUMBLR.COM
Étudiante en cinématographie depuis plusieurs années et fille de plasticien, Julie Fayant se passionne pour la photographie qu’elle pratique au quotidien. « Une lumière, un visage, une action, une intention… J’essaye comme je le peux de retranscrire la beauté par la composition d'images, de matières et de couleurs. À bas la notion de légitimité, et à nous le plaisir de capturer. » Photographe amateur, elle assume ses maladresses, convaincue à juste titre que l’intention prévaut avant tout sur la technique.
LEXERCICEAETEPROFITABLE.TUMBLR.COM
Il y a une belle unité dans la compilation d’images publiées par Théo Malirat sur son Tumblr. Une rigueur étonnante même, tant le nombre de paysages qu’il a capturés est important. Il y a aussi une lenteur, celle du photographe spectateur qui prend le temps de s’imprégner de l’âme des lieux qui l’inspirent.
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MANONCOUET.TUMBLR.COM
C’est après ses études de graphisme que Manon Couet s’est intéressée plus attentivement à la photographie. Elle nous confie : « C’est une discipline qui me permet d’être plus attentive à ce qui m’entoure, et d’apprécier chaque lumière et son incidence sur les sujets. » Son univers coloré, doux et bien affirmé est une jolie source d’inspiration.
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Des chaînes de montagnes aux cimes immaculées, des scènes de nature sauvage, des arbres endormis par l’automne… Voilà un Tumblr qui tranche avec l’azur et la chaleur de la fin de l’été. Les images presque lyriques de Delphine Lefebvre font l’éloge du temps qui passe et invitent à la nostalgie.
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Le travail de Matthieu Robinet ne vous est peut-être pas inconnu, puisque nous vous présentions son travail cet été sur le site de Fisheye, dans les « Coups de cœur du lundi ». Notre enthousiasme n’a pas diminué : l’extrême douceur émanant de ses clichés est toujours aussi séduisante. Matthieu a cette grande qualité de savoir déclencher à l’instant précis où une scène devient belle et touchante.