Fisheye Magazine n°19

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N° 19 juillet-août 2016

le magazine lifestyle de la photographie

Actu

SOUS LES PAVÉS, L’IMAGE

Sport

L’ÉQUIPE JOUE LA PHOTO

Musique

LE JAZZ DANS TOUS SES MÉDIAS

Art vidéo IN THE EYES OF THE ANIMAL

Société

REGARDS DE FEMMES SUR LE HARCÈLEMENT

Portfolio LE NORD DE JÉRÉMIE LENOIR

BEL. : 5,20 €

www.fisheyemagazine.fr

SPÉCIAL RENCONTRES D’ARLES

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N° 19 juillet-août 2016

MONDE L’AMÉRIQUE EN CAMPAGNE PAR NATE GOWDY RÉALITÉ VIRTUELLE PREMIER FESTIVAL DÉDIÉ AUX AUTEURS

#fisheyelemag


DAS: 1,43 W/kg**. Le DAS (débit d’absorption spécifique) des téléphones mobiles quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. - La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2 W/kg. Pour réduire l’exposition de la tête aux ondes électromagnétiques; il est recommandé d’utiliser un kit oreillette. Kit oreillette inclus. - Les couleurs, l’interface et les fonctions du produit sont présentées pour référence seulement, le produit actuel peut varier. - *Rendre possible l’impossible - Huawei Technologies France SASU est enregistré au R.C.S. de Nanterre sous le numéro 451. 063 739

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DAS= 1,43 W/Kg**


Édito LE PETIT A DÉJÀ 3 ANS BENOÎT BAUME, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

Nous y voilà. Notre petit Fisheye va fêter ses 3 ans. Il est si mignon. Bon au début, il ne faisait pas ses nuits et nous étions obligés de subir des bouclages de la mort qui se terminaient à 6 heures du matin. Et puis, vu qu’il a des origines variées, des connaissances le regardaient de travers en disant qu’on ne comprenait rien à ce qu’il racontait. Mais, il s’est vite fait plein d’amis, fidèles, brillants et créatifs. Ils l’ont encouragé, soutenu, accompagné afin qu’il gagne en autonomie. Parfois, il est un peu hyperactif et cela nous cause du souci. Il a inventé plus de 2 000 pages déjà, il publie plusieurs fois par jour sur Internet et il passe son temps sur les réseaux sociaux. Mais encore, s’il ne faisait que ça. Là, il vient de se mettre en tête d’ouvrir une galerie et il lance un festival de réalité virtuelle de films créatifs. Son rapport à la photo devient presque maladif. Il parle constamment à des photographes en nous assurant qu’il faut défendre les auteurs. Nous pensons consulter afin de voir si cela semble normal. D’un autre côté, il semble si heureux que l’on se dit que cela ne doit pas tant le perturber. Cet été, du coup, nous partons en vacances en Arles. Ça va lui faire tellement plaisir à notre petit Fisheye. Je crois qu’il se doute de quelque chose, il a préparé un gros dossier avec les meilleures expositions des Rencontres sur lesquelles il a jeté son regard particulier. Maintenant, il nous parle aussi de faire une couverture en live du festival sur son site Internet. On ne comprend pas tout, mais ça semble intéressant. Alors évidemment, il dérive pas mal vers la colère, et souvent, il n’en fait qu’à sa tête. On a lu les bouquins de Françoise Dolto, il paraît que c’est normal, « son cortex n’est pas encore mature ». Son professeur nous a dit qu’il était très créatif et n’avait pas le sens du convenu comme beaucoup de ses camarades, qui semblent très ennuyeux. Au moins, avec Fisheye, on rigole bien, et ces trois années ont été remplies de moments festifs, créatifs, étonnants et heureux. On a hâte qu’il grandisse encore et que ses milliers de lectrices et lecteurs – ses marraines et parrains – continuent de prendre des nouvelles de lui aussi régulièrement. On vous a mis ses dernières créations dans les pages qui suivent. Il était assez en forme le petit ces dernières semaines. Bon, j’arrête de t’embêter avec nos histoires de famille. Gros bisous et à très vite. P.S. : On se croise à Arles du 4 au 9 juillet, le petit sera en plein dans son VR Arles Festival au couvent Saint-Césaire, et jusqu’au 15 septembre, il continue les vacances au Magasin de jouets avec une belle exposition sur le thème de la route. Passe nous voir.


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instantanés

T E N DA N C E

Insta Black

P. 14 I M AG E S S O C I A L E S

Paul Rousteau

P. 11

Stéphanie Solinas Le plaisir de l’idée

André Gunthert Derrière l’image

P. 8 LES DESSOUS DE L A COUV

P. 2 0 P O RT R A I T

P. 16 VO I X O F F

Jean-Christophe Béchet Compétitions photographiques

T E N DA N C E

Rétro type

P. 18 MÉTIER

Mission conservation Philippe Ayrault

P. 2 2 — D O S S I E R

ARLES,

© Lawrence Lyons / PhyLicia sadsarin (instagram @askProy / arizona, États-Unis). © JÉrôme Bonnet / modds. © maUrizio catteLan & PierPaoLo Ferrari © damiani 2015.

DES RENCONTRES PARTICULIÈRES


agrandissement

P. 76

labo

P O RT F O L I O

Le territoire prend de la hauteur

P. 55

P. 95

EXPOSITIONS

CAMÉR A TEST

Vu d’ailleurs

Mario Heavy test

P. 59

P. 118 JEUX

Les jeux de l’été

FOCUS

P. 9 9

Une campagne en hors-champ

AT E L I E R P H OTO

P. 12 2 MUSIQUE

Le développement au café

Le jazz dans tous ses médias Fred Blanc

P. 10 0 P. 124

PRISE EN MAIN

L’I-1 : le retour de l’argentique (presque) instantané P. 8 2 ÉCONOMIE

P. 6 4 P O RT F O L I O

L’Ukraine droit dans les yeux

Victoire et scandale au marché de l’identité

Jungleye : cartes postales sans frontières

P. 10 2 S H O P P I N G A P PA R E I L S

P. 126 S P O RT

MATOS

P. 8 5 S P O RT

ÉDITION

P. 10 4

L’Équipe, machine à rêves P. 13 0

S H O P P I N G AC C E S S O I R E S

À vos drones… Prêts ? Partez !

In the navy

LIVRES

P. 10 6

Photothèque P. 132

P H OTO M O B I L E

Bonnes Rencontres

AG E N DA

Panorama

sensibilité

P. 135 FLASH

Une photo, une expo P. 10 9 A RT V I D É O

Marshmallow Laser Feast : l’instinct animal P. 8 8

© nate gowdy. © wiktoria woJciechowska. © JÉrÉmie Lenoir. © dr. © axeL morin.

mise au point

TRIBUNE

Malaise sur la Toile : l’affaire Keler P. 9 0

P. 71 SOCIÉTÉ

Images de femmes sur le harcèlement

É D U C AT I O N

L’Atelier des photographes : l’école libre du regard

P. 74 AC T U

Sous les pavés, l’image

P. 9 2 F O N DAT I O N

La Fondation Cartier à la découverte de nouveaux talents

P. 112 P O RT F O L I O D É C O U V E RT E

Axel Morin Once Upon a Time in America

P. 13 6 COMMUNIT Y

Tumblr

P. 13 8 C H RO N I Q U E


© Maurizio Cattelan & PierPaolo Ferrari © DaMiani 2015.


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INE GA Z M A AR I . ER PAP FERR L ET TOI PAOLO AR R E S P E T PI E . AG T R E E T I M EL A N S TI T SAN CEPT CAT N CO RIZIO U MA :

Les Rencontres d’Arles sont chaque année un rendez-vous privilégié pour observer les tendances de la photographie. Sam Stourdzé, leur directeur, a composé pour cette nouvelle édition un programme éclectique qui vous entraîne dans une quarantaine d’expositions sérieuses, rafraîchissantes, colorées, déroutantes ou mystérieuses. Vous pourrez vous plonger dans l’univers des monstres et des extraterrestres, faire un détour par une Afrique pop, vous balader dans l’histoire et les images de la street photography, vous payer une séance de western camarguais, vous interroger sur les nouvelles approches documentaires, succomber au charme des photos vernaculaires, ou découvrir des photographes émergents. Arles est aussi (d’abord ?) un rendez-vous festif, avec ses projections, ses animations et ses rencontres, évidemment… On ne vous dira pas tout, on n’a pas la place. On vous donne juste les coups de cœur de la rédaction, en attendant votre visite à la Fisheye Gallery qui prend ses quartiers d’été dans la cité arlésienne. www.rencontres-arles.com


AG RAN DISSEMENT

FOCUS

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C’est l’outsider de la horde des photographes accrédités pour la campagne électorale américaine. À 32 ans, Nate Gowdy rembourse encore le crédit qu’il a contracté pour acheter son Canon 5D. La veille des rassemblements, il dort dans sa voiture, faute de budget. Mais début juin, une photo de Bernie Sanders de dos, triomphant, fait la couverture du Time. Une photo prise par Nate. TexTe : Sofia fiScher – PhoToS : NaTe Gowdy

Une campagne en hors-champ

Jusqu’ici, Nate Gowdy était plutôt habitué aux portraits de drag-queens illuminées par les lampadaires de la ville. Au flash, en noir et blanc, et les plus crus possible. Il y a cinq ans, alors qu’il vient de démissionner de son poste d’assistant en maternelle, sa famille lui offre son premier appareil photo. Il se présente à la rédaction du Seattle Gay News, un hebdomadaire LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) bien implanté dans la ville. « Je me suis pointé et je leur ai dit : je veux devenir photographe. » Après un premier essai catastrophique, le jeune homme

se fait la main en photographiant légaliser le mariage gay et que tous les événements LGBT du coin la scène LGBT de Seattle prend SILHOUETTE EN CARTON D’HILLARY CLINTON ET pour une centaine de dollars en une tournure politique, le jeune VOLONTAIRES EN CAMPAGNE tickets alimentaires par semaine. En photographe se retrouve au centre À TACOMA (WASHINGTON), LE 26 MAI 2015. traînant dans les bars gays le soir, il de l’effervescence. « Tout à coup, je développe un style brut, légèrement me suis mis à connaître tous les culotté, teinté d’humour et d’ironie. À travers politiques du coin, et j’étais devenu le photoses images irrévérencieuses, son objectif est de graphe officiel pour tous les mariages gays », trouver naturellement la grande histoire dans le raconte Nate. C’est un de ces hommes politiques mondain, et les petites histoires silencieuses et qui le recommandera auprès du Comité national personnelles dans les moments épiques. démocrate pour photographier Barack Obama C’est ainsi que l’année suivante, alors que l’État lors d’un événement privé. Le président donnait de Washington se lance en campagne pour une heure de son temps lors d’un dîner


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AG RANDIS S EMENT

à 16 000 dollars l’entrée pour collecter des fonds pour les élections de mi-mandat. « Jusque-là, dans mon portfolio, je n’avais que des photos de drag-queens et de mariages homosexuels. Et tout à coup, je me suis retrouvé dans la même pièce qu’Obama. C’était la première fois que je mettais un costume-cravate. » Avec ses airs d’adolescent mal dégrossi, Nate ne se sent pas à sa place. Et il adore ça. « La scène politique était un monde complètement différent du mien. C’était comme pour les communautés LGBT : j’étais l’intrus, la minorité dans la pièce. Je ne suis jamais sorti des États-Unis, c’est mon exotisme à moi. » BAGOUT ET DÉBROUILLARDISE

Petit à petit, il apporte son appareil aux meetings d’Hillary Clinton, suit les militants faisant du porte-à-porte pour inciter les gens à s’inscrire sur les listes électorales. Sans accréditation, il suffisait d’un peu de bagout et de débrouillardise. En août dernier, alors que Bernie Sanders débarque à Seattle pour une journée express, le jeune photographe pédale toute la journée sur son vélo sous une chaleur écrasante pour suivre le candidat démocrate et sa horde de communicants. Il finit par payer 200 dollars un ticket pour une collecte de fonds, juste pour être dans la même pièce que Sanders. « Je n’avais pas un rond, mais je me suis dit que 200 dollars, ça valait le coup pour photographier un candidat à l’élection présidentielle. » Cette journée sera le déclic. Plus de raison de s’en tenir aux visites à Seattle, Nate veut voir les choses en grand. Il cherche compulsivement des photos de la campagne sur les réseaux sociaux, jalousant les images produites par les photographes en Iowa et dans le New Hampshire (deux États clés qui se prononcent les premiers sur les primaires), et achète deux billets dans la foulée. « Je me suis retrouvé en plein milieu de l’Iowa, dans des champs de maïs, sans réseau, à dormir dans ma voiture de location… et j’ai compris que c’était ce que je voulais faire à partir de maintenant. » Le photographe explique : « Je crois que ce qui me plaît le plus, c’est le côté complètement exagéré et ridicule. Tout est très théâtral et artificiel, mais ça génère des émotions très authentiques en même temps. » Il raMANIFESTANT PROTESTANT D’UN MEETING conte que la capacité DEÀ L’EXTÉRIEUR DONALD TRUMP À EUGENE de Donald Trump à (OREGON), LE 6 MAI 2016.

FOCUS

« C’EST COMME S’IL Y AVAIT UNE CHECK-LIST DES IMAGES À AVOIR, ET QUE PERSONNE NE CHERCHAIT À SORTIR DE CETTE CONTRAINTE. SI JE VOIS PLEIN D’APPAREILS BRAQUÉS DANS UN SENS, POUR MOI, C’EST UN SIGNE QU’IL FAUT QUE JE POINTE LE MIEN EN SENS INVERSE. »

DES SUPPORTERS DE BERNIE SANDERS EN MEETING À SEATTLE, LE 29 JUILLET 2015.

MANIFESTANTS PROTESTANT À L’EXTÉRIEUR D’UN MEETING DE DONALD TRUMP À EUGENE (OREGON), LE 6 MAI 2016.

galvaniser les foules les plus calmes par la seule force de ses discours est fascinante. Le chaos, la manie, l’incitation à la haine, l’irruption de pensées incomplètes et saccadées : « Il y a quelque chose de terriblement captivant là-dedans », assure-t-il. Le contrôle absolu d’Hillary Clinton sur sa propre image l’est tout autant. « J’ai remarqué qu’à chaque fois qu’elle prend un selfie avec un électeur, c’est elle qui tient le téléphone dans les mains. Elle ne supporte pas de perdre une once de contrôle. » Et c’est peut-être là que réside tout l’intérêt du travail de Nate : à 32 ans, les jeux de la campagne et ses maniérismes l’interpellent encore.


MISE AU POINT


M IS E AU

POINT

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SOCIÉTÉ

Tortures psychologiques, agressions et intrusions visuelles via les réseaux sociaux… Des crimes et délits tantôt banalisés, tantôt médiatisés. Une poignée de photographes et d’artistes féminines ont pris le parti de documenter ce sujet, si dur et intime soit-il. TexTe : GwénAëlle FliTi

Images de femmes sur le harcèlement Le harcèlement est un acte qui a longtemps été banalisé et qu’il était temps d’encadrer puisque, selon les données du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), « une femme sur cinq [en] a [déjà] été victime au cours de sa vie professionnelle », mais seuls « 5 % des cas ont été portés devant la justice ». En effet, si le Code pénal définit clairement le viol et le punit de « quinze ans de réclusion », un flou juridique autour du harcèlement sexuel a longtemps persisté. Jusqu’à la loi du 6 août 2012 qui a redéfini ce délit comme « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». Un état de fait qui interpelle Axelle de Russé. Entre 2014 et 2015, la photographe s’est penchée sur les conséquences du harcèlement sexuel chez les militaires françaises. Elle est partie d’un constat : l’armée de France est la plus féminisée d’Europe, avec 15 % de femmes dans ses rangs. Mais au sein de celle-ci, une victime sur dix seulement porte plainte en cas de harcèlement, d’agression ou de viol. Axelle a

© Axelle de Russé.

AXELLE DE RUSSÉ, INSIDE WAR. « ÉLODIE, 28 ANS, EX-MILITAIRE DU RANG DANS L’ARMÉE DE TERRE, A AFFIRMÉ AVOIR ÉTÉ HARCELÉE PENDANT DE LONGS MOIS PAR SON SUPÉRIEUR. JUSQU’AU VIOL. N’OSANT EN RÉFÉRER À SA HIÉRARCHIE, ELLE GARDERA LE SILENCE. ELLE SE MET À BOIRE ET SOMBRE DANS UNE PROFONDE DÉPRESSION. ELLE QUITTE L’ARMÉE EN JANVIER 2013. AUJOURD’HUI SANS EMPLOI, SANS DOMICILE FIXE, ELLE ENCHAÎNE LES SÉJOURS EN FOYERS OU HÔPITAUX. »

entamé son travail à la sortie du livre-enquête La Guerre invisible : révélations sur les violences sexuelles dans l’armée française, porté par les journalistes Leila Miñano et Julia Pascual. « Ce bouquin a libéré la parole des femmes », se réjouit Axelle. Au point qu’après la publication, beaucoup se sont manifestées en écrivant à l’éditeur Les Arènes. C’est d’ailleurs par ce biais et en suivant quelques procès que la photographe est entrée en contact avec les sujets de son reportage. Pour réaliser sa série Inside War, elle s’est immergée dans le quotidien d’une dizaine de femmes. À l’instar d’Élodie, militaire harcelée et violée en 2010 par son commandant, ou de Julia, lieutenant volontaire de gendarmerie, harcelée sexuellement pendant un an par son supérieur. Des actes ignobles aux lourdes conséquences : perte d’emploi et de logement, isolement, alcoolisme, dépressions, tentatives de suicide, etc. « J’ai vu des femmes brisées, en grande détresse psychologique ! Montrer ce type de souffrance n’a pas été simple, se rappelle Axelle. Par exemple, celles qui n’avaient pas quitté l’armée ont eu du mal avec l’idée de s’exposer. Il a fallu composer. » La série reflète avec justesse « l’après ». Période de reconstruction durant laquelle beaucoup tentent d’obtenir de leur hiérarchie le statut officiel de victime. Et ce, au même titre que les soldats souffrant de syndrome post-traumatique. En vain. Au lieu de cela, la plupart sont mises au placard (réformées ou mutées de force). « Il y a un tel corporatisme dans l’armée, regrette Axelle. C’est dur de se faire entendre ! » Selon

la photojournaliste, l’omerta règne au sein de l’armée comme dans tous « les milieux majoritairement masculins et de pouvoir ». À l’image de la politique, ce qu’illustrent parfaitement les affaires DSK et Georges Tron en 2011, ou Denis Baupin très récemment. DE LA RUE…

Et cette banalisation voit sa forme la plus répandue sur la voie publique. Hannah Price, jeune photographe américaine, en a fait l’expérience. Dans la rue, « le harcèlement était continu, je me faisais siffler jusqu’à cinq fois par jour », se souvient-elle. D’après une enquête Elabe pour BFMTV diffusée en mai dernier, 78 % des Français sondés considèrent le harcèlement sexuel comme un phénomène « très » ou « assez » répandu. Et pour cause ! Il s’est immiscé sournoisement dans l’espace public, venant entacher la liberté de circuler. Une enquête du HCE, commandée en 2015 par la ministre de la Santé Marisol Touraine, révèle d’ailleurs que « 100 % des femmes qui

AXELLE DE RUSSÉ, INSIDE WAR. « EN 2003, VALÉRIE, 21 ANS, RÉALISE SON RÊVE, PORTER L’UNIFORME, MÊME SI ELLE AURAIT PRÉFÉRÉ ÊTRE MÉCANO QUE COMMIS D’OFFICE EN CUISINE. LE RÊVE TOURNE RAPIDEMENT AU CAUCHEMAR : VALÉRIE RACONTE AVOIR ÉTÉ VIOLÉE À DEUX REPRISES. MALGRÉ LES PRESSIONS DE SON SUPÉRIEUR, ELLE PORTERA PLAINTE… MAIS RESTE INTERDITE APRÈS AVOIR ENTENDU CETTE PHRASE DANS LA BOUCHE DES GENDARMES : “QUE VOULEZ-VOUS DE PLUS ? ILS ONT DÉJÀ ÉTÉ PUNIS. ILS ONT FAIT DE LA GARDE À VUE.” VIE BRISÉE. TENTATIVES DE SUICIDE. RÉFORMÉE POUR INFIRMITÉ. PLAINTE CLASSÉE SANS SUITE EN 2011. AUJOURD’HUI, LOIN DE L’ARMÉE, VALÉRIE TENTE DE SE RECONSTRUIRE. ELLE A DEUX ENFANTS. »


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M I S E AU

POIN T

PORTFOLIO

Très loin des images flatteuses d’une Terre vue du ciel, le travail de Jérémie Lenoir sur le Nord compose une véritable « anthropologie des paysages contemporains ». Une bascule du regard qui nous interroge sur la destruction de notre environnement, et avec laquelle le photographe cherche à faire face, littéralement, à l’absence de perspective ou d’horizon. Un engagement aussi plastique que politique. TexTe : Raphaële BeRTho – phoTos : JéRémie lenoiR

Le territoire prend de la hauteur

Couleurs, formes, matières : le livre Nord semble nous emmener aux confins de la représentation du territoire contemporain, quand le paysage perd littéralement tout relief pour laisser affleurer ses structures primaires, entre terre, fer et béton. On est loin de l’emphase des clichés de Yann Arthus-Bertrand, de la célébration universelle de l’harmonie des éléments naturels. Ici, les images relèvent plutôt de l’ascèse visuelle et se focalisent sur les artefacts de monde moderne dans une picturalité fascinante. Le pays a disparu, le point de vue s’efface. À la délicate composition pittoresque se substitue la brutalité des matériaux, fusionnés dans des coulures organiques ou structurés dans un ordonnancement arithmétique. À travers ce dispositif maîtrisé et une apparente économie d’effets, Jérémie Lenoir témoigne en réalité d’un engagement tout aussi plastique que politique. Il dénonce la mise en œuvre à grande échelle d’une opération de destruction de notre environnement. Impossible d’identifier les sites, tous situés entre le Nord, le Pas-deCalais et les Flandres : toute échelle de mesure se dilue dans ces aplats colorés où le temps et l’espace ne semblent plus des données valides, dans un univers uniformément manufacturé. Le Nord s’entend presque comme un terme générique désignant non plus une région, mais bien un hémisphère aux ressources méthodiquement exploitées. Pour obtenir ces images singulières, Jérémie Lenoir suit un protocole très strict. Il survole les espaces sélectionnés à plusieurs reprises, gardant toujours une altitude identique de

1 500 pieds (450 m) et une optique fixe aux alentours de midi. Chacun des éléments participe à une écriture visuelle patiemment élaborée au fil des années. Distance et lumière jouent dans un subtil équilibre, entre déréalisation et reconnaissance, à la source d’une inquiétante étrangeté qui interpelle. Ces fragments visuels aux découpes franches évoquent immédiatement la filiation de la peinture abstraite. Jérémie Lenoir opère ainsi un premier décalage, installant le médium photographique dans la lignée des travaux de Malevitch, Soulages ou Mondrian. La rigueur des lignes, la répétition des formes pour certaines de ses images, des textures ou des tonalités pour les autres, témoignent sans conteste de sa maîtrise et de l’attention portée au rendu. Cependant, il apparaît bien vite que le propos ne se limite pas à une prouesse optique. Le photographe vole deux années durant, en 2014 et 2015, le long d’un axe Arras-Anvers afin de réaliser une « anthropologie des paysages contemporains ». Il revient plusieurs fois sur le même site, observe avec minutie les changements, détails et aspérités afin de choisir son moment et son cadre. L’apparent minimalisme de la surface contraste avec l’épaisseur d’une réflexion qui s’installe dans le temps long de l’expérience. Devant l’étonnement suscité par ses images, le photographe insiste sur le fait que rien n’est « truqué, retouché, effacé ou ajouté ». La revendication de cette non-intervention ne semble pas devoir être comprise comme une posture photographique, mais plutôt politique. C’est une


AG RAN DISSEMENT

FOCUS

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M IS E AU

POINT

F O N DAT I O N

La Fondation Cartier produit, expose et collectionne depuis plus de trente ans de nombreux artistes et photographes, souvent méconnus en France. Rencontre avec son directeur général, Hervé Chandès, qui nous en révèle les coulisses. TexTe : Éric KarsenTy

La Fondation Cartier à la découverte de nouveaux talents de s’appuyer sur une professionnelle comme Marie-Claude Beaud, ex-conservatrice et directrice de la fondation de 1984 à 1994. Dès le début, la politique de mécénat d’entreprise s’est ouverte aux arts visuels et aux disciplines peu reconnues à l’époque, comme le design. « Une façon de regarder le monde sans hiérarchie », précise l’ancienne directrice. La fondation a ainsi été l’une des premières à montrer les créations

de Philippe Starck, ou d’Élisabeth Garouste et Mattia Bonetti, avec l’idée de s’adresser à un cercle plus large que les seuls initiés. UNE EXPOSITION, C’EST UN DÉBUT

La découverte d’artistes étrangers peu connus en France est l’une des lignes directrices de la fondation, et on en trouve

© PhoTo Luc boegLy.

La Fondation Cartier pour l’art contemporain organise, depuis 1984, des expositions, des résidences d’artistes, et passe des commandes à des plasticiens et chercheurs en tout genre, constituant ainsi au fil du temps une importante collection. Créé par Alain-Dominique Perrin, qui dirigeait déjà la célèbre enseigne de luxe du même nom, l’établissement s’est développé sur quelques idées simples. La première a été


M IS E AU

beaucoup parmi les photographes. C’est le cas en MANABU MIYAZAKI, GEAIS À NAGANO, particulier pour les Africains AU JAPON, 2015. Seydou Keïta, Malick Sidibé et Ojeikere, les Japonais Nobuyoshi Araki, Daido Moriyama et Rinko Kawauchi, ou encore l’Américain William Eggleston, qui signa sa première expo personnelle en France à la fondation. En plus des présentations monographiques, l’institution produit des expositions thématiques associant plusieurs artistes, connus ou pas. Comme pour Vivre en couleur, La Vitesse, By Night, America Latina, ou encore Beauté Congo l’an dernier. « Les expositions collectives et thématiques comptent beaucoup pour moi. C’est là que l’on rencontre les artistes. Une exposition, c’est toujours un début. Après, on fait des choses avec eux, on apprend à se connaître », explique Hervé Chandès, directeur général de la Fondation Cartier. La relation personnelle qui s’établit avec les artistes grâce aux résidences (jusqu’en 1994), aux achats d’œuvres et aux commandes est une des clés de voûte de la politique du mécène. C’est cette relation privilégiée qui permet de produire des événements inédits. Les œuvres acquises pour la collection – souvent exposées, parfois commandées – sont prêtées à des musées étrangers, se retrouvent accrochées dans les bureaux de la fondation, ou circulent avec l’exposition itinérante, comme pour Mathématiques : un dépaysement soudain, qui sera présentée au musée des sciences de Moscou au printemps prochain. Cette collection compte à ce jour plus de 1 400 œuvres signées par plus de 300 artistes, et on y trouve pas mal de photographes : Georges Rousse, Valérie Belin, Raymond Depardon, Patrick Tosani, Jeff Wall, Robert Adams, Thomas Ruff, Xavier Lambours, Daniel Boudinet…

© Manabu MiyazaKi.

LA CURIOSITÉ POUR RADAR

« La curiosité, c’est notre radar », déclare Hervé Chandès. C’est grâce à elle qu’il découvre des artistes encore méconnus en France. Lors d’un voyage à New York, le directeur général de la Fondation Cartier a un choc en tombant sur

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F O N DAT I O N

Le Grand Orchestre des animaux, du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014 Paris.

« NOUS AVONS UNE GRANDE SOUPLESSE POUR CHANGER UNE DATE OU PROLONGER UNE EXPOSITION. CETTE RAPIDITÉ EST UNE DE NOS FORCES. » un livre de Francesca Woodman. Il rencontre la famille la semaine suivante, découvre le travail de la photographe et organise sa première exposition en France. Ce sont parfois des amis qui lui signalent l’émergence d’un nouvel artiste. « On ne découvre rien, il y a toujours un passeur, un livre, une expo… On n’invente pas un artiste », précise Hervé Chandès. Comment les artistes sont-ils choisis ? « C’est un comité exécutif, avec le président de la fondation, quelques collaborateurs et moi-même, qui prend les décisions. Le processus est simple et rapide. Nous avons une grande souplesse pour changer une date ou prolonger une exposition. Cette rapidité est une de nos forces », détaille Hervé Chandès. Et il n’y a aucun rapport entre les artistes exposés et l’activité marchande de Cartier. « Les artistes ne sont jamais sollicités pour faire

des produits à vocation commerciale, jamais ! C’est dans notre ADN, on y est très attachés. C’est ce qui a permis à la fondation d’inventer son chemin, c’est majeur », poursuit-il. Plusieurs projets photographiques, dont une exposition collective et thématique, sont à l’étude. Mais cet été, c’est Le Grand Orchestre des animaux qui vous accueillera dans les 1 200 m2 des salles d’exposition du bâtiment conçu par Jean Nouvel. « J’avais déjà réalisé des expos sur les animaux et la nature, mais là je voulais faire autre chose. C’est l’œuvre d’un musicien et bioacousticien américain, Bernie Krause, qui m’en a donné l’idée. Ce chercheur s’est intéressé aux sons produits par les animaux et les a enregistrés ensemble au lieu de le faire isolément. Il a ainsi étudié d’une manière orchestrale comment les animaux s’entendent et communiquent », détaille Hervé Chandès, commissaire de l’exposition. Un événement pour l’œil et l’oreille, où l’on pourra entre autres découvrir les photographies du Japonais Manabu Miyazaki réalisées avec des pièges photographiques, des dioramas d’animaux en noir et blanc par Hiroshi Sugimoto, ou encore Plancton, aux origines du vivant, une installation réalisée à partir des photos de Christian Sardet selon un dispositif imaginé par un vidéaste et un compositeur japonais. Une œuvre présentée lors de la dernière édition du festival Kyotographie, dont la fondation sera partenaire l’an prochain. www.fondation.cartier.com


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C AMÉRA TEST

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Mario Duplantier, batteur du groupe de metal Gojira, nous livre ses impressions sur notre sélection de boîtiers. TexTe eT phoTo : Marie abeille

Mario Heavy test

Mario, 35 ans — Originaire du sud-ouest de la France, Mario a grandi entre un père dessinateur, ancien photographe à l’armée, et une mère prof de yoga, très portée sur les arts. Encouragé à développer sa créativité dès son plus jeune âge, Mario s’est dirigé vers la musique et s’est mis à la batterie à l’âge de 11 ans. En 1996, il a fondé, avec son frère Joe Duplantier, le groupe de metal

Godzilla, qui deviendra Gojira en 2001 et qui connaît aujourd’hui un succès international. Touche-à-tout, Mario s’exprime également dans la peinture, le dessin et la photographie, et réalise avec son frère, mais aussi sa sœur Gabrielle Duplantier, photographe, et sa femme Anne Deguehegny, vidéaste, toute l’imagerie autour du groupe : visuels live, pochettes d’albums et

photographies des membres. À l’occasion de la sortie de leur dernier album, Magma, Mario a embarqué les boîtiers du Caméra Test de Fisheye sur les premières dates de la tournée européenne du groupe. Instagram : @marioduplantier Facebook : @GojiraMusic


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Fisheye D’où te vient le goût pour la photographie ? Mario Mon père était photographe à l’armée et il n’a jamais arrêté de faire de la photo, on avait même une chambre noire à la maison. Ma mère était assez excentrique et créative, elle nous poussait à dessiner, à peindre, à faire du théâtre. Puis ma sœur Gabrielle est tombée amoureuse de la photo. Je la regardais travailler, développer dans la chambre noire, ça a eu un impact sur moi : le mystère de ses tirages, la beauté de ses noir et blanc, l’aspect mystique autour de ses images m’ont beaucoup inspiré. Tes premiers pas dans la photo ? Je devais avoir 24-25 ans, on avait notre première tournée américaine avec Gojira et je me suis acheté un petit compact numérique pas cher pour capter le voyage, faire une sorte de carnet de route. Ça ne faisait pas cinq minutes que j’avais l’appareil que je m’amusais déjà avec les effets, je soufflais sur l’objectif pour faire de la buée. Je me suis mis tout de suite à travailler mes images comme des peintures sur ordinateur, à désaturer ou à renforcer les jaunes, etc. Que recherches-tu dans un appareil ? De 25 à 30 ans, je n’ai pas arrêté d’expérimenter. J’ai échangé mon boîtier avec un compact Lumix un peu plus évolué, qui m’a lâché, donc je suis passé au reflex Canon 50D. J’ai regretté le Lumix parce que le côté moins performant mais plus créatif du compact me plaisait. Le Canon était trop précis et trop « belle photo », il n’y avait pas de place pour l’aléatoire – et moi, ce sont les accidents qui m’ont toujours plu. Je me suis mis à faire du stop motion et, dans la continuité de cette démarche photographique, à faire un peu de

C AMÉRA TEST

vidéo, notamment parce que ma femme est vidéaste et qu’elle m’a beaucoup inspiré. J’ai cassé mon 50D en faisant trop de stop motion, j’utilisais la rafale comme un dingue. Donc, maintenant, j’ai un Canon 6D que j’utilise surtout pour la vidéo, mais je ne m’éclate pas des masses avec. Il est peut-être trop performant pour moi, là où un compact me donne plus rapidement ce dont j’ai besoin. Tu as eu le Fujifilm X-Pro2 et le Panasonic Lumix TZ100 en main. Qu’en as-tu pensé au premier abord ? Je les ai reçus avant de partir en tournée. Dès qu’on est entrés dans le bus pour l’Allemagne, j’ai sorti le TZ100 pour faire un stop motion. Je fonctionne pas mal à l’œil, il faut que l’appareil me donne l’impression d’être simple et accessible, et que le résultat me plaise tout de suite à l’écran. Au niveau des couleurs et des contrastes, il faut que ça me charme d’emblée. Je suis assez allergique à la technique, on peut dire que j’ai presque entretenu ma méconnaissance du matériel. Du coup, j’ai été davantage attiré par le Lumix que le Fuji, qui faisait un peu trop pro. Qu’est-ce qui ressort du TZ100 ? La palette créative hyper accessible m’a plu direct. En temps normal, je retravaille pas mal mes photos, j’essaie de les vieillir et de les salir, je déteste ce qui est trop propre, trop lisse. Avec le Lumix, je n’ai pas eu besoin de retouche, c’est instantané. Et le résultat est tape-à-l’œil, explosif, ça fait ressortir les ciels, ça amène le regard vers ce que les gens ne voient pas. Il traduit bien le regard que je veux porter sur les choses. Je suis très axé réseaux sociaux pour communiquer sur le groupe. Au niveau de la taille, du poids et de

la simplicité du boîtier, le TZ100 correspond parfaitement à cet aspect-là. J’ai pu filmer de petites vidéos avec des effets et les poster directement, sans changer la taille et sans retouche préalable. Et en ce qui concerne le X-Pro2 ? J’ai trouvé l’image plus cinématographique, plus chaleureuse. Il fait moins gadget. J’ai fait un stop motion toute une soirée en extérieur en Pologne, il faisait plutôt sombre et il y a pas mal de grain sur les photos, ce que je trouve intéressant – il donne à l’image un côté plus réel. Le fait de pouvoir changer les optiques est un plus aussi, même s’il faut être un peu moins flemmard qu’avec un compact. Toi qui aimes les effets, que penses-tu de la simulation de films sur le X-Pro2 ? C’est le genre de chose qui rend ma sœur folle. Elle travaille tout en labo et cherche un truc authentique, quelque chose qui se révèle par le liquide sur le papier. Elle est très puriste, et moi, je suis un embrouilleur, j’aime jouer avec les gadgets de type Hipstamatic sur mon iPhone. Ça la rend malade parce que, parfois, le résultat est hallucinant. On se prend pas mal la tête avec ça et on en rigole. Donc moi je ne suis pas un puriste, ni un photographe professionnel, je n’hésite pas à jouer avec ces outils, ça me correspond bien. Et donc, tu garderais lequel ? Je garderais le Lumix sans hésitation. Il m’a beaucoup inspiré. J’ai fait deux teasers pour la sortie de notre album, mais aussi des photos de la foule pendant les concerts. J’ai un peu délaissé la photo ces derniers temps pour me concentrer sur la peinture. Ce test m’a permis de renouer avec la photographie, ça m’a fait du bien.

LE BATTLE

Panasonic Lumix TZ100

Retrouvez les photographies de ce test sur fisheyemagazine.fr

Fujifilm X-Pro2 + Fujinon XF 27 mm f/2,8


Les seuls zooms au monde à ouverture F1.8 à toutes les focales. Pour reflex APS-C. En photo et en vidéo

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Pour en savoir plus :

France : www.sigma-photo.fr - Belgique : www.sigmabenelux.com - Suisse : www.owy.ch - Canada : www.gentec-intl.com


LA PHOTOGRAPHIE INSTANTANEE REINVENTEE Le premier appareil photo créé par Impossible pour le format instantané original. Facile d’utilisation en mode automatique, il propose également une maitrise photographique totale grâce à sa connexion Bluetooth qui permet notamment d’expérimenter les techniques de light painting et de double exposition. Son ringflash offre une lumière douce et diffuse, et son système autofocus en fait l’outil parfait pour le portrait. C’est un appareil argentique conçu pour l’ère numérique.


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AT E L I E R

PHOTO

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L'une des pratiques alternatives dans la photographie argentique est le développement au café… ou Caffenol ! Cette pratique est de plus en plus répandue car elle a l'avantage de proposer un développement de la pellicule sans avoir recours à un révélateur chimique. TexTe eT phoTo : Rémy LapLeige

Le développement au café

Temps de réalisation : 1 h 30 Niveau de difficulté : Moyen

MATÉRIEL • 40 g de café en poudre • 30 g de cristaux de soude (lessive Phénix par exemple) • 2 cachets de vitamine C • Du vinaigre blanc • De l’eau • fi a e r ici du Ilford Rapid Fixer • Une pellicule déjà e s e i i ne a Tri-X exposée à 400 ISO

Dans ta cuve ! est né de la rencontre de passionnés de photographie argentique. Tels les trois mousquetaires de l’émulsion photosensible, Anaïs, Lise et Rémy constituent la base de l’association. Leur but : promouvoir la photographie argentique en réunissant professionnels et simples curieux de pellicules, sténopés et procédés anciens. Ils partagent leur passion autour de rencontres mensuelles à Paris (les fameux #TAAG), d’ateliers de découverte autour de différentes techniques et d’un site Internet collaboratif regroupant une multitude de tests, de conseils ou d’interviews. www.danstacuve.org

Étape 1 Préparation du révélateur ans n r i ien m anger e homogène. Vous pouvez ensuite af a i amine ras e en passer la solution à travers un poudre et les cristaux de soude. fi re af e i a ra r effe Rajouter de l’eau et touiller jusqu’à d’éliminer les dépôts restant dans ce que le mélange soit totalement le récipient.

Étape 2 Préparation du bain d’arrêt ans ne ei e ea m anger (avec un ratio 1 + 4) le vinaigre blanc et l’eau. Fermer et remuer la bouteille.

Étape 3 Préparation du fixateur a e assi e s r si s es habitué à faire du développement. r ne e e m e ra i 1 + 4 correspond à 100 ml de fi a e r m ea . Étape 4 Mettre la pellicule en spire dans le noir complet.

Étape 6 Au bout de ces 30 min es r er a m me re rnemen en an min e. aisser reposer pendant 29 minutes. Étape 7 i er e fi a e r. em ir a e a e e ain arr . a retourner pendant 1 minute.

Étape 5 Mettre la spire dans la cuve. Verser le révélateur fraîchement préparé dans la cuve. Durant min e r er sie rs re rnemen s. ne fa as re trop énergique. Ce n’est pas un sha er aisser re ser ran 29 minutes.

chaque minute

x3 RÉSEAUX

Vous pouvez partager avec nous vos essais en les envoyant à contact@danstacuve.org

Étape 8 Vider le bain d’arr et remplir la e a e e fi a e r. e e a e re en ir n 5 minutes. Agiter la cuve durant la première min e. ha e min e res an e i fa ra procéder à trois retournements. Étape 9 Rincer la pellicule à l’eau claire plusieurs fois. Faire sécher la pellicule. Étape 10 anner ns agrammer.

LE RÉSULTAT


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Ce n’est pas tous les jours que l’on a dans les mains un nouvel appareil argentique ! Nommé I-1, ce modèle étrange au look pyramidal et aux caractéristiques techniques uniques s’inscrit dans la lignée des Polaroid 600. Autant de bonnes raisons de s’intéresser à son pedigree et à ses performances. TexTe eT phoTos : Jean-ChrisTophe BéCheT

L’I-1 : le retour de l’argentique (presque) instantané D’abord la prononciation : l’I-1 est un « I-One » et il est conçu par la marque Impossible qui, étant d’origine néerlandaise, se prononce à l’anglaise, c’est-à-dire « Impossibeulle ». Rappel historique : dans les années 1940, Jennifer, fille de l’ingénieur Edwin Land (l’inventeur du verre polarisé), ne comprend pas qu’elle doive attendre plusieurs jours avant de voir les photos qu’elle vient de prendre. Piqué au vif, son père se lance alors dans la recherche de la photo instantanée. En 1948, il dévoile le premier Instant Camera capable de produire une épreuve positive en moins de 60 secondes. Succès technique et triomphe commercial : durant soixante ans, Polaroid va dominer le marché mondial de la photo instantanée. À la fin des années 1970, son rival Kodak tente de briser ce juteux monopole en commercialisant ses propres modèles. Trop tôt ! Les brevets sont encore protégés et la firme de Rochester connaîtra là l’un de ses plus cuisants échecs. Plus malin, Fujifilm attendra quelques années et développera sa propre technologie. Et quand Polaroid États-Unis met la clé sous la porte, en 2008, Fujifilm devient le leader du marché avec des films instantanés amateurs (les Instax) et des packs professionnels (les FP). Mais des nostalgiques du Polaroid veulent continuer l’aventure de la photo

instantanée : ils rachètent l’usine d’Enschede aux Pays-Bas et réembauchent certains salariés. Cependant, il se révèle impossible de relancer la production à l’identique : de nombreux sous-traitants n’existent plus, certains secrets de fabrication restent introuvables, et les nouvelles normes écologiques sont incompatibles avec la chimie historique. Ils doivent donc repartir de zéro ou

presque, et en 2009 naît la société The Impossible Project sous le regard goguenard de ceux qui ne jurent plus que par le numérique. Les débuts seront chaotiques mais, en 2010, sortent les premiers films et les premiers reconditionnements d’anciens appareils Polaroid. Petit à petit, le nom Impossible se fait connaître. Trois gammes de films sont développées, dont le très populaire 600 et le mythique SX-70. ARTISANAT, BIDOUILLE ET MAGIE

Le numérique s’étant banalisé, la photo argentique instantanée revient à la mode ! Bien sûr, elle est chère, capricieuse, aléatoire, peu fiable, fragile, et parfois même « peu instantanée » puisqu’il faut attendre 30 minutes l’apparition de l’image couleur. Mais comme le vinyle pour les audiophiles, cette pratique conserve un parfum unique d’artisanat, de bidouille et de magie. Avec le film instantané, la photo, c’est du tangible, de l’accidentel, de la matière. Pas besoin d’être un grand technicien : c’est simple, direct, facile. De plus, on peut montrer (et offrir !) à son interlocuteur cette petite photo carrée si sympathique. Résultat, en 2015, Impossible vend plus d’un million de films et lance un drôle d’outil hybride : l’Instant Lab 1.0, qui transforme une photo prise à l’iPhone en petit Pola traditionnel. Le pari est gagné, la nouvelle photo argentique


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instantanée trouve sa place dans l’ombre du pixel dominant. C’est dans ce contexte qu’au printemps 2016, Impossible passe à la vitesse supérieure en proposant son premier appareil maison : l’I-1. Jusque-là, la société se contentait de reconditionner des anciens modèles. Vendu 299 euros dans une somptueuse boîte au design irréprochable, cet appareil affiche une esthétique novatrice. Les détracteurs de ces appareils vintage trouveront là du grain à moudre car, à l’évidence, le I-1 est un bel objet, séduisant et intrigant, et un appareil pratique, ergonomique et efficace. Le premier contact avec cet étrange modèle au look pyramidal est déconcertant : jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais eu besoin d’un mode d’emploi pour utiliser un Polaroid. Cette fois, impossible de faire l’impasse sur le manuel papier, trilingue et bien conçu. En effet, l’I-1 nous réserve plusieurs surprises. Il y a d’abord son étrange viseur qui nous oblige à une gymnastique visuelle complexe pour maîtriser les cadrages. Heureusement, il s’enlève facilement, simplement maintenu par un aimant. On peut donc penser que d’autres viseurs optionnels seront proposés afin de rendre l’I-1 plus performant. On est également déconcerté par le déclencheur qui fait aussi office de bouton marche-arrêt. Situé sur le flanc droit, ce gros bouton n’offre pas une grande stabilité, ni un grand confort de travail. PILOTAGE EN BLUETOOTH

Autour de l’objectif, le flash annulaire doté de douze diodes (huit LED focalisées, une rouge et sept blanches, plus quatre LED diffuses) concentre l’essentiel des fonctionnalités : il sert d’abord d’éclairage d’appoint, ou même d’éclairage principal tant son emploi est recommandé dès que l’on n’a pas le soleil dans le dos. Mais ce flash indique aussi, dès la mise en route de l’appareil, le nombre de vues restantes et l’état de la batterie. Plutôt bien pensé ! La présence de cette batterie est une grande nouveauté qui évite d’insérer une pile dans chaque pack de films comme c’était le cas avec les packs traditionnels. L’ancienne technologie était plus simple d’usage, mais représentait un vrai cauchemar écologique. Revers de la médaille, il faut recharger la bête fréquemment, car l’appareil consomme beaucoup d’énergie et la batterie se décharge vite, même à l’arrêt. Il faut donc prévoir une bonne heure de charge (voire quatre avec un ordinateur) avant chaque séance de prises de vue. Grande nouveauté, l’appareil peut aussi être piloté à distance en Bluetooth avec un iPhone via l’application I-1. On a ainsi accès à certains réglages manuels, vitesse d’obturation et ouverture de

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diaphragme à partir de f/8, et aux poses lentes – utiles en light painting. Ce dialogue numérique-argentique est un sympathique gadget mais, sur le plan pratique, cela nécessite de visser l’I-1 sur un trépied. L’appareil dispose également d’un système autofocus, ce qui n’empêche pas les images floues… L’exposition est elle aussi assez aléatoire, et le correcteur d’exposition assez anecdotique avec son amplitude restreinte de plus ou moins un demi-diaph. Il faudra éviter les contre-jours violents car le flash n’est pas très puissant. En revanche, il procure un joli modelé pour les portraits serrés, certainement le terrain de prédilection de cet appareil. Deux films sont disponibles pour l’I-1 : l’un en couleur, et l’autre en noir et blanc (notre préféré). Tous deux font environ 600 ISO. On peut aussi utiliser les anciens films 600, mais avec quelques aléas difficilement maîtrisables. De toute façon, photographier avec des films ou un appareil Impossible, c’est accepter d’être surpris, déconcerté, étonné, agacé ou subjugué par des rendus inattendus. La chimie reprend ici ses droits et chacun doit s’adapter à un caractère aléatoire qui fait partie du charme de l’objet. Bien sûr, le coût unitaire de l’image est assez élevé, et il est conseillé de la scanner après sa pleine apparition – 2 à 3 minutes pour le noir et blanc, 20 minutes pour la couleur. On devrait d’ailleurs parler de photo en léger différé, car c’est aujourd’hui le numérique qui offre l’instantanéité de l’image, mais pas du tirage : c’est toute la différence ! Il suffit de regarder les yeux émerveillés de ceux qui voient pour la première fois un tel appareil éjecter dans l’instant son petit tirage carré pour comprendre que la magie du Pola est intemporelle et universelle. Et qu’il est important qu’elle demeure vivante ! L’I-1 est une nouvelle étape de cette fabuleuse saga commencée en 1948. Cet appareil n’est pas un outil conçu pour les utilisateurs exigeants, mais il est parfaitement en accord avec ce retour de l’instantané papier, et ce besoin vital de connaître d’autres plaisirs et d’autres expériences visuelles que celles du pixel et de sa froide binarité.

LE COLOR INSTANT FILM PROCURE DES TEINTES DOUCES ET ESTOMPÉES QUI S’ACCORDENT PARFAITEMENT AVEC DES IMAGES IMPRESSIONNISTES ET ROMANTIQUES.

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SENSIBILITÉ


S ENSIBILITÉ

ART VIDÉO

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Basés en Angleterre et officiant au sein du collectif Marshmallow Laser Feast, Ersin Han Ersin et Barney Steel ont mis au point In the Eyes of the Animal, une installation en réalité virtuelle qui ambitionne de nous transporter en pleine forêt, dans le corps de différents animaux, afin de comprendre leur perception du monde. TexTe : MaxiMe DeLcourT

Marshmallow Laser Feast : l’instinct animal

Difficile ces derniers mois de trouver des articles qui parlent en mal de la réalité virtuelle, tant l’effervescence autour des nouveaux développements liés à cette technologie est palpable. Certains magazines réputés lui consacrent de longs dossiers (c’est le cas de Wired ou de Fortune), le festival du film de Sundance a lancé, depuis 2007, une section visant à récompenser les projets qui transcendent le plus intelligemment notre rapport à la vidéo, et on ne compte plus le nombre d’artistes qui s’amusent à bouleverser notre perception du monde à l’aide de technologies novatrices. Bien sûr, tout n’est pas parfait au sein de la virtual reality (VR) – certains chercheurs songent à évaluer l’état mental des personnes utilisant des systèmes de VR pour s’assurer qu’aucun trouble n’apparaît –, mais force est de constater que les projets fascinants se multiplient depuis quelque temps.

© Luca MarziaLe.

ENTRE ART ET SCIENCE

À Londres, par exemple, Ersin Han Ersin et Barney Steel, membres du collectif Marshmallow Laser Feast, spécialisé dans la réalité amplifiée, tissent des liens entre art et science depuis cinq ans. Ils ont ainsi réalisé

technologie, détaille Ersin Han Ersin. En se plongeant dans la vision des animaux grâce à la réalité virtuelle, on a la chance de pouvoir faire éprouver à une personne des sensations qu’elle n’aurait jamais eu l’occasion de comprendre ou de ressentir auparavant. Cela crée de l’empathie, puisque ça nous permet de voir le monde de manière complètement différente. » Né d’une commande du festival Abandon Normal Devices de Manchester en 2015, In the Eyes of the Animal se veut forcément moins précis et théorique qu’un livre sur le sujet, mais a l’avantage de se révéler plus immersif que n’importe quelle explication de spécialiste. Casque des publicités pour des marques sur la tête, c’est l’occasion pour de voitures comme McClaren, chacun d’explorer plusieurs fois IMMERSION EN FORÊT AVEC L'INSTALLATION DE RÉALITÉ des expositions dans plusieurs un même décor, une même forêt, VIRTUELLE IN THE EYES OF THE musées à travers le monde, des sans jamais déceler les mêmes ANIMAL. collaborations avec des artistes sensations ou les mêmes repères. comme U2… Mais il y a surtout In the Eyes of « C’est incroyable le nombre de couleurs the Animal, une installation en réalité virtuelle différentes que l’on peut détecter, s’enthouqui propose aux spectateurs de se connecter siasme Ersin, au look de parfait hipster avec au règne animal afin de comprendre ce que sa barbe touffue et son bonnet. C’est aussi ressentent et perçoivent chauves-souris, libel- une autre façon d’aborder la grandeur de lules, hiboux ou moustiques en pleine forêt. notre environnement, selon que l’on est une « Avec Barney, on a toujours souhaité se jouer chauve-souris ou une mouche. Grâce à ça, des sens de l’être humain en mêlant art et on dépasse complètement les lois de la



AXEL MORIN


1/ L’immeuble le plus haut a pris quelques étages. 2/ Le premier parasol rouge à gauche est devenu bleu. 3/ Marilyn Manson se siffle un cocktail discretos. 4/ « Le petit Kevin est attendu par ses parents au poste de secours. » (Avec le tee-shirt rouge, dans le premier tiers de l’image du haut.) 5/ « Hiiiiii ! Un requin ! » (On a retrouvé le petit Kevin, cela dit.) 6/ Il faut se protéger du soleil. Et hop, un sombrero pour l’imprudent monsieur en train de s’asseoir au premier plan. 7/ Oui, une montagne s’est rajoutée au centre. Il fallait bien un truc facile, non ?

LES 7 DIFFÉRENCES 1. Rihanna 2. Matthieu Delormeau 3. Gisele Bündchen 4. Chelsea Handler 5. Audrey Lamy 6. Amy Schumer 7. Dwayne Johnson 8. Jared Leto 9. Taylor Swift 10. Marine Lorphelin 11. Læticia Hallyday 12. Olivia Wilde 13. Will Smith

14. Zac Efron 15. Norman Thavaud 16. Kourtney Kardashian 17. Marion Cotillard 18. Cara Delevingne 19. Justin Bieber 20. Kit Harington 21. Florent Manaudou 22. Paul Pogba 23. Selena Gomez 24. Hugh Jackman

INSTA-QUIZ LES RENCONTRES D'ARLES

À DEVINER EN 8 LETTRES : L’ACTUEL T O U RD’ARLES D Z E DIRECTEUR DES RENCONTRES S À deviner en 8 lettres L'actuel directeur des Rencontres d'Arles

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Vive allure

Cité suisse

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Événement des Rencontres L'un des trois fondateurs des Rencontres

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Fit la programmation en 2008 Prix découverte en 2015

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8 Le strontium pour le chimiste

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Il va s'exposer en 2016 Adorât

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Pour un oubli

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L'un des trois fondateurs des Rencontres

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LES SOLUTIONS Deux photos a priori identiques, et pourtant… Sept différences s’y sont glissées, à vous de les trouver.

LES 7 DIFFÉRENCES 120

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L’ÉTÉ


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JEUX

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COLORIAGE Exprimez votre créativité en faisant prendre des couleurs à cet autoportrait noir et blanc de Vivian Maier !

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Le quotidien sportif, qui fête cette année ses 70 printemps, fait toujours la part belle à la photographie. Chaque mois, le journal produit plus de 30 000 clichés, parmi lesquels de nombreuses pépites. Reportage. TexTe : Sylvain Morvan

L’Équipe, machine à rêves C’est un bel immeuble aux allures de paquebot lové au creux d’un méandre de la Seine, dans un quartier chic de BoulogneBillancourt. Au quatrième étage, on y arpente l’histoire. On tombe d’abord sur un grand mur blanc habillé de signatures de champions. On reconnaît les griffes de Rafael Nadal, Alain Bernard, Tony Estanguet, Laure Manaudou,

Julien Absalon. Puis on croise la première une de L’Équipe, datée du 28 février 1946, et celle du 13 juillet 1998, lendemain du sacre de l’équipe de France de football en Coupe du monde, affichées dans les couloirs. Sur cette dernière, Zinédine Zidane célèbre son but, à genoux, avec Youri Djorkaeff et Emmanuel Petit. Ce cliché mythique d’Alain de Martignac est surmonté

d’un titre que n’ont pas oublié les amoureux du ballon rond, « Pour l’éternité ». « En réalité, ce n’est pas cette image que nous voulions MARCEL CERDAN AFFRONTE L’ITALIEN GIOVANNI MANCA publier, révèle Jacques LORS DES CHAMPIONNATS Deydier, directeur du D’EUROPE DES POIDS MOYENS, À PARIS, LE 26 JANVIER 1948. département photo de L’Équipe. Nous avions


S ENSIBILITÉ

© L'ÉQUIPE. © PaTrick BouTroux / L’ÉQUIPE.

FRANCE-BRÉSIL, COUPE DU MONDE DE FOOTBALL, 12 JUILLET 1998, AU STADE DE FRANCE : FABIEN BARTHEZ EN ACTION.

Chaque pan de mur est orné de figures mythiques. La photographie est omniprésente dans les locaux du journal, comme elle l’est dans les pages du quotidien depuis sa création.

SPORT

prévu de montrer le capitaine Didier Deschamps soulevant la coupe. Mais en raison de la liesse qui régnait au Stade de France ce soir-là, nous avons reçu la photo une minute trop tard, et nous avons dû nous résoudre à diffuser cette une de rechange. » Cela n’a pas empêché le numéro de se vendre à 1 642 501 exemplaires, soit le record de diffusion du quotidien sportif. BOXE ET VÉLO, LES SPORTS ROIS

La promenade émerveillée se poursuit dans les couloirs du quatrième. On aperçoit Georges Carpentier, boxeur légendaire, champion du monde en 1920, donnant à manger à ses poules, et on retrouve Zinédine Zidane – encore lui – sous le maillot du Real Madrid, en pleine reprise de volée, lors de la finale de la Ligue des champions 2002. Chaque pan de mur est orné de figures mythiques. La photographie est omniprésente dans les locaux du journal, comme elle l’est dans les pages du quotidien depuis sa création. « L’Équipe a une culture du texte, mais l’image y a toujours eu sa place, assure Jacques Deydier. Ainsi, dès le premier Tour de France d’après-guerre, en 1947, le journal envoyait des photographes à moto pour suivre l’événement.

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Cela reste à peu de chose près le même dispositif que l’on met en place encore aujourd’hui sur la Grande Boucle. » Les premières années, boxe et vélo sont les sports rois, portés par les exploits de Marcel Cerdan ou Jean Robic. Le service photo est créé en 1952. L’agence Presse Sports, qui vend tous les clichés produits par L’Équipe, voit le jour en 1955. La montée en puissance du football français a conforté la place de l’image dans le quotidien. En 1982, les Tricolores affrontent l’Allemagne de l’Ouest en demi-finale de la Coupe du monde à Séville. Alors que la photographie est jusqu’ici réduite à des petites vignettes, une grande image de Michel Platini s’étend en première page. Depuis, les fameuses « unes-affiches » de L’Équipe font le bonheur des collectionneurs, et constituent une sorte de Graal à atteindre pour les photojournalistes en quête de reconnaissance. En 1987, la création du Sport, quotidien concurrent monté par des anciens du journal, a poussé L’Équipe à s’affranchir du noir et blanc. Le 29 août de la même année, en ouverture des Mondiaux d’athlétisme, Carl Lewis a les honneurs de la première une en couleur. Les changements technologiques sont ensuite intimement liés à la réussite des sportifs français :


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LIVRES

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TexTe : Éric KarsenTy – PhoTos : Marie abeille

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A – Testament manouche

LOUIS DE GOUYON MATIGNON / BENJAMIN HOFFMAN Benjamin Hoffman, photojournaliste et réalisateur de documentaires, et Louis de Gouyon Matignon, auteur de plusieurs ouvrages sur la communauté manouche, composent ici un ouvrage loin de tout sentimentalisme nostalgique. En se sédentarisant, la nouvelle génération abandonne progressivement sa langue et se connecte aux modes de vie de la France d’aujourd’hui, ce dont témoigne avec justesse ce Testament manouche. Éd. de Juillet, 37 €, 160 pages.

B – Insert Coins

CHRISTIAN LUTZ Spiderman traverse une rue déserte, Daizy s’écroule sur un trottoir, tandis ue deux figurants recouverts de paillettes gisent endormis derrière une porte. Publiées dans une maquette sobre et dégagée de tout texte, les photographies de Christian Lutz nous entraînent dans un Las Vegas nocturne et désabusé, loin du rêve américain. « Insert Coins est un blues, un râle », confie l auteur ui a arpenté la ville ui ne s’éteint jamais entre 2011 et 2014. Éd. André Frère, 29,50 €, 96 pages.

C – Père et fils

GRÉGOIRE KORGANOW En réunissant sur un fond noir les corps à nu des p res et de leurs fils régoire Korganow nous donne à voir avec une grande simplicité les multiples variations des liens qui les unissent. Les peaux, les mains et les regards qui font contact sont autant de marqueurs d’une fragilité et d’une tendresse qui se déclinent au masculin. Éd. Neus, 36 €, 162 pages.

D – Possibilité de survie

en milieu hostile JÉRÔME BRYON Les photos de Jérôme Bryon s’apparentent à des haïkus visuels, des poésies silencieuses énigmatiques où le réel glisse vers l’abstraction. « J’essaie de révéler le beau dans le médiocre, le banal. La photographie, c’est cadrer la réalité, lui redonner un autre statut », explique le photographe.Accompagné des textes d’Hervé Le Goff, cet ouvrage offre une balade passionnante dans le travail du photographe. Éd. du Cercle d’art, 35 €, 112 pages.


S ENSIBILITÉ

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LIVRES

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E – Cartier-Bresson,

Allemagne 1945 JEAN-DAVID MORVAN ET SYLVAIN SAVOIA n n en finit pas de revisiter l uvre d’Henri Cartier-Bresson, et c’est aujourd’hui une bande dessinée de Sylvain Savoia, sur un scénario de Jean-David Morvan, qui s’y emploie dans la collection Aire libre, qui avait également publié un livre sur Robert Capa et le Débarquement il y a deux ans. Un portfolio et un dossier documentaire de 40 pages complètent les 90 pages de BD. Éd. Dupuis (Aire libre), 22 €, 144 pages.

F – Asmara Dream

MARCO BARBON Réalisé au Polaroid entre 2006 et 2008, et joliment imprimé pour sa seconde édition, Asmara Dream nous entraîne dans la capitale de l’Érythrée pour nous en livrer une vision onirique. Les photos de Marco Barbon évoquent le passé colonial de la cité, ses rêves d’indépendance et ses espoirs en souffrance. L’auteur semble percevoir la ville à travers un rêve. Un rêve qu’il décrit comme « une brèche ouverte dans le temps ». Coéd. Filigranes et Clémentine de La Féronnière, 30 €, 72 pages.

G – Sète #16 Chili

PAULA LÓPEZ, CRISTÓBAL OLIVARES,TOMÁS QUIROGA, NICOLAS WORMULL Quatre photographes chiliens lâchés dans la ville de Sète dans le cadre d’un échange entre ImageSingulières et le festival international de photographie de Valparaiso, c’est ce que restitue ce livrecatalogue qui se donne à voir comme un espace expérimental de création. Portraits, documents, paysages, en noir et blanc ou en couleurs, c’est la première fois ue cette résidence est confiée à un groupe de photographes. Stimulant ! Éd. Le bec en l’air, 25 €, 120 pages.

H – Mauvais Genre

SÉBASTIEN LIFSHITZ Les 200 photos anonymes rassemblées par Sébastien Lifshitz, auteur notamment du documentaire Les Invisibles (2012), explorent un siècle de travestissement. « J’ai toujours été intéressé par les discours de la marge, ceux qui s’écrivent sur les bords de l’Histoire, loin de tout pouvoir moral, politique ou social, loin de toute norme du regard. Mauvais Genre à sa façon est un livre politique. Il prend le parti des rebelles et des marginaux », précise l’auteur dans la préface. Éd. Textuel, 45 €, 248 pages.


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S EN S IB I LIT É

AGENDA

Panorama TexTe eT sélecTion : éric KarsenTy

LE MONDE À MA FENÊTRE JOSEF SUDEK

C’est la première grande exposition parisienne de celui qu’on a appelé « le poète de Prague » et qui, tout au long de sa vie, a photographié la capitale de Bohême, en République tchèque. Les 130 photos proposées par l’Institut canadien de la photographie du Musée des beauxarts du Canada, qui organise l’exposition, retracent la carrière de l’artiste de 1920 à 1976, en explorant sa relation au monde. Dans l’intimité de son atelier et de son jardin vu de sa fenêtre, lors des balades qui le conduisent dans les rues de sa ville, parfois la nuit, et dans la campagne alentour, c’est la lumière qui le fascine. De ses premières expérimentations techniques (tirages pigmentaires, tramés, entre deux vitres…) à l’utilisation de la chambre panoramique, son esthétique d’inspiration pictorialiste dépasse les limites du genre pour accéder à une grâce que restituent magnifiquement ses tirages. Jusqu’au 25 septembre 2016, Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, à Paris (75). www.jeudepaume.org

JOSEF SUDEK, SANS TITRE (NATURE MORTE SUR LE REBORD DE LA FENÊTRE), 1951. MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS, PRAGUE.

Cette nouvelle édition de l’Été photographique de Lectoure s’inscrit dans le prolongement d’une année marquée par une actualité dense. « Le festival interroge la façon dont les artistes réagissent face à la violence, à l’injustice ou au désarroi. Comment expriment-ils dans leurs œuvres les colères, les espoirs, voire les utopies de leurs contemporains ? », questionne Aline Pujo, qui signe le commissariat de la manifestation. De nombreux photographes et cinéastes de plusieurs pays sont rassemblés pour inciter « le spectateur à sortir de son mode habituel de consommation des images et à prendre le temps de la réflexion », poursuit-elle. De la poésie de Roger Ballen aux photographies des « invisibles » par Mathieu Pernot, en passant par la démarche intimiste et existentielle d’Alberto García-Alix ou l’échappée « poétique et fantasque » de la vidéo Médina de Jordi Colomer, pour les artistes réunis ici, l’art agit sur le monde. Du 16 juillet au 11 septembre 2016, Été photographique de Lectoure (32). www.centrephoto-lectoure.fr

MATHIEU PERNOT, CARAVANE (LE FEU), ARLES, 2013.

GERARD PETRUS FIERET

« Ce que je recherche en photographie, c’est l’anarchie : dans le contexte d’une société conservatrice, mes photographies sont agressives. Une vie intense, de passion – une passion saine pour la vie –, c’est cela dont elles parlent. » Première exposition monographique présentée hors des Pays-Bas, son pays natal, l’œuvre de Gerard Petrus Fieret est l’une des plus étranges et subversives produites dans les années 1960, en Europe. Sa pratique obsessionnelle l’amène à photographier des vitrines, des scènes de rue, des enfants et surtout des femmes, dont il fragmente souvent le corps en jambes, seins, fesses, nuque… Une manière d’affirmer sa présence au monde dans un noir et blanc aussi trouble que lumineux. D’autant qu’il malmène l’image et distord le réel à la recherche de « quelque chose de surnaturel, un sentiment d’éternel ». Les 200 tirages d’époque rassemblés par Wim Van Sinderen, Diane Dufour et Francesco Zanot, sont accompagnés d’un imposant coffret coédité par Le Bal et les éditions Xavier Barral. Jusqu’au 28 août 2016, Le Bal 6, impasse de La Défense, à Paris (75) www.le-bal.fr

GERARD PETRUS FIERET, SANS TITRE.

L’AUTRE ET LE MÊME COLLECTIF

C’est la seconde édition de la Biennale de la photographie de Mulhouse, festival transfrontalier de photographie contemporaine. Organisé autour d’un thème, cette année « L’autre et le même », ce rendez-vous rassemble artistes internationaux, jeunes talents, et résidences dans des expositions collectives et personnelles. On pourra entre autres naviguer dans les constellations photographiques de Franck Pourcel en Méditerranée (en extérieur à Chalampé), visiter l’univers poétique d’Alisa Resnik (à La Filature à Mulhouse), ou découvrir les images participatives imaginées par Marc Lathuillière qui hybrident des univers opposés (à Ottmarsheim). Portraits, paysages, documents d’archives revisités, des îles Sandwich en passant par le Brésil ou la Palestine, ces multiples expositions sont autant d’invitations à s’interroger sur notre rapport à l’autre. Jusqu’au 4 septembre 2016, Biennale de la photographie de Mulhouse (68), en Alsace et en Allemagne. www.biennalephoto-mulhouse.com

PASCAL AMOYEL, LEROY ET HADJER, MULHOUSE, 2015.

© succession de Josef sudeK. © MaThieu PernoT. © Gerard P. fiereT, 1965-1975. GeMeenTeMuseuM den haaG, courTesy esTaTe of Gerard PeTrus fiereT. © Pascal aMoyel.

UTOPIES, ESPOIRS, COLÈRES COLLECTIF


© ESTATE OF ANTHONY G. SAMPATACACUS AND THE ESTATE OF JAN KEROUAC/JOHN SAMPAS, EXECUTOR, THE ESTATE OF JACK KEROUAC. © CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, BIBLIOTHÈQUE KANDINSKY, FONDS SOTTSASS/ADAGP, PARIS, 2016. © BERNARD PLOSSU. © JOHN COHEN/COURTESY L. PARKER STEPHENSON PHOTOGRAPHS, NEW YORK.

Beat Generation TexTe : éric KarsenTy

C’est une rétrospective protéiforme et inédite que propose le Centre Pompidou en associant les différentes pratiques artistiques d’un mouvement né dans les années 1940 aux États-Unis, et dont l’influence s’est propagée un peu partout dans le monde. Littérature, poésie, arts plastiques, jazz, cinéma, photographie… la Beat Generation décloisonne les médiums et remet en cause les codes de l’Amérique puritaine, préfigurant la libération culturelle et sexuelle des années 1960, de l’opposition à la guerre du Vietnam au concert de Woodstock. L’occasion de voir les photos de Robert Frank près des pages de Jack Kerouac, l’auteur de Sur la route qui préfaça aussi The Americans, un des livres majeurs du photographe. « Dans Beat, il faut aussi entendre béatitude », rappelait l’écrivain américain. Dans Beat, on remarque également le tempo du jazz bop, qui donna le rythme à sa prose et entraîna sur la route des générations de voyageurs, des hippies aux hipsters. Jusqu’au 3 octobre 2016, Centre Pompidou, à Paris (75). www.centrepompidou.fr

JACK KEROUAC, ON THE ROAD (TAPUSCRIT ORIGINAL), 1951, COLLECTION JAMES S. IRSAY.

ETTORE SOTTSASS, NEAL CASSADY, LOS GATOS, CALIFORNIE, 1962.

EN HAUT : BERNARD PLOSSU, MEXIQUE [LE VOYAGE MEXICAIN], 1966.

EN BAS : JOHN COHEN, ROBERT FRANK, ALFRED LESLIE, GREGORY CORSO, 1959.


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texte : Éric Karsenty

UNE PHOTO

Dolorès Marat, LE SAUT DU CHAT, Paris, 2010. © Dolorès Marat, courtesy galerie Françoise Besson.

olorès Marat King Kong est un drôle de chat bondissant, l’un des animaux qui ont accompagné le parcours de Dolorès Marat. Éléphant, vache, oie, ou femme araignée de la Foire du Trône, le thème des animaux tisse un fil rouge qui traverse l’ensemble d’une œuvre réalisée à l’instinct. À la demande de la galeriste, la photographe a rassemblé pour la première fois, en une trentaine de tirages Fresson, son arche colorée étonnante.

lair Galerie Passant du coq à l’âne et centrée sur les animaux, la galerie ouverte à Arles l’an dernier par Isabelle Wisniak ressemble à un cabinet de curiosités plus qu’à une galerie classique. Photographies, peintures, sculptures, céramiques, objets uniques et livres rares… c’est un bestiaire éclectique qui s’expose cinq fois par an dans cet espace convivial et ludique. Passant commande aux artistes ou opérant une sélection dans leurs œuvres, Isabelle compose ainsi, au fil du temps, une déclaration d’amour aux animaux, que Droopy, son chien fidèle, valide des deux pattes.

Exposition Zoom, photographies de Dolorès Marat, du 2 juillet au 27 août 2016. Flair Galerie, 11, rue de la Calade, 13200 Arles. www.flairgalerie.com

UNE EXPO


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S EN S IB I LITÉ

COMMUNITY

Tumblr des lecteurs

Cont nous inuez à e vos phnvoyer otos, Fish faire eye adore de décou nouvelles ver te s: m becon oglia@ tents .com

GUILLAUME SAVOYE.TUMBLR.COM De ses voyages, Guillaume ramène des images dans lesquelles se joue une symétrie imparfaite entre l’ombre et la lumière. Son regard souligne un équilibre instable entre la réalité et le fantasme. Il a aussi une belle lecture des teintes et des couleurs. Ce Tumblr est un agréable journal visuel à parcourir.

JORDANE-PRESTROT.TUMBLR.COM

Pour Jordane, la photographie semble être un jeu. Il s’amuse avec les cadrages, il extrait des détails, des hasards du quotidien. Ses images révèlent les convergences entre les lignes, les courbes, les motifs et les formes de son environnement visuel. En résumé, Jordane observe ce qu’il y a de plus positif dans la réalité.

TIFFANYROUBERT.TUMBLR.COM

C’est le Fisheye Tour qui nous a permis de faire la connaissance de cette photographe marseillaise. À 26 ans, Tiffany a déjà beaucoup bougé. Ses voyages sont pour elle une source d’inspiration permanente. Elle porte un regard bienveillant sur les sujets qu’elle photographie. Ses portraits, entre autres, sont pleins d’empathie et de sensibilité.


S ENSIBILITÉ

COMMUNITY

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LESCAMOTAGE.TUMBLR.COM

Glanées en Asie pour la plupart, les photos d’Audrey sont de beaux témoignages d’un ailleurs rêvé et fantasmé. Un ailleurs d’où elle tient ses racines, comme elle nous l’expliquait il y a un an dans une interview qu’elle nous accordait sur le site. Audrey nous avait beaucoup touchés par sa sincérité : « La photographie est pour moi une sorte d’exhausteur de vie, elle en relève le goût. C’est un élan vers les autres, vers le monde extérieur. Parfois, aussi, un refuge. »

VINCENT-MATHIEU.TUMBLR.COM

Du haut de ses 20 ans, Vincent a déjà acquis une belle maturité. Ses clichés respirent une jeunesse éprise de liberté. Son Tumblr, bercé par la musique de Tom Waits, revendique une certaine forme de jouissance naïve. C’est cette naïveté que l’on ressent encore un peu trop dans ses images, qui n’en demeurent pas moins de très beaux témoignages de jours heureux.

VANESSAKUZAY.TUMBLR.COM

Les photos de Vanessa sont un joli reflet de sa personnalité : humbles, discrètes, sensibles. Ce qu’elles ne montrent pas encore, c’est l’éclat chaleureux de son regard avide de rencontres et d’émotions. Vanessa, que nous avons rencontrée durant le Fisheye Tour à Marseille, est aussi touchante que passionnée. Un œil sur ses images suffit pour comprendre qu’elle y met beaucoup d’elle-même. Elle nous a accordé une interview, publiée récemment sur notre site au mois de juin, que l’on vous invite à lire !


Chronique PRÉSIDENTIELLE 2017 : QUELLE AMBITION POUR LA PHOTO ? Voici un thème que je défends depuis longtemps : la place particulière qu’occupe la photographie en France. La première question à se poser est de savoir en quoi cette place est particulière, alors qu’en matière d’art contemporain, notre capitale a perdu la bataille du prestige depuis longtemps face à New York, Londres, Bâle, Venise ou même Hong Kong. Et ce, malgré l’ouverture récente de la Fondation Louis Vuitton à Paris, et celle à venir de François Pinault au sein de la Bourse de commerce, en plein cœur des Halles. Il y a des éléments récurrents de réponse : la création du médium à Chalon-sur-Saône par Nicéphore Niépce, la présence de la plus grande foire photo au monde avec Paris Photo et ses satellites, des lieux reconnus comme le Jeu de Paume, le BAL ou la MEP, des festivals puissants et singuliers comme les Rencontres d’Arles, Visa pour l’Image à Perpignan, ImageSingulières à Sète, le festival de La Gacilly, les Photaumnales à Beauvais, et mille autres. Des lieux culturels en province très actifs – à l’image du Point du Jour à Cherbourg ou de La Chambre à Strasbourg –, des ventes aux enchères majeures, ou encore la qualité de nos commissaires. Ce faisceau de faits forme un terreau fertile qui génère une convoitise réelle de l’étranger. Ainsi, après Quentin Bajac qui est parti en 2013 rejoindre le MoMA à New York, le talentueux Clément Chéroux va rejoindre le MoMA de San Francisco (même si les deux musées portent le même nom, ils restent farouchement indépendants). Difficile de le blâmer, avec un nouveau bâtiment flambant neuf, dont un étage est consacré à la photo, et une collection de tirages prestigieux de 18 000 pièces. Enfin, et surtout, un budget qui permette une politique ambitieuse d’acquisitions et de production d’expositions. Et c’est sûrement sur cet état de fait que nous risquons de perdre la bataille. Car, et il faudrait peut-être un jour le dire, la photographie est la grande oubliée du ministère de la Culture en France. Aucun statut particulier, comme celui des intermittents pour les photographes. Aucun musée national digne de ce nom avec expositions, collections, enseignement et conservation. Pas de ligne directrice claire à long terme, et des moyens faméliques. Il est vrai que les deux derniers présidents en exercice n’ont pas brillé par leur implication culturelle, ni dans de grands projets muséaux, signes distinctifs de leurs prédécesseurs. Alors, à moins d’un an de la présidentielle, imaginons que, parmi les milliers de choses que celui ou celle qui remportera la timbale devra régler, il y ajoute une politique ambitieuse pour la photographie. Ils sont rares les domaines dans lesquels la France est leader mondial. Pourquoi, comparé à d’autres secteurs, ne garderions-nous pas à moindres frais notre avantage et des projets ambitieux ? Ce point de vue peut sembler intéressé et partisan, pourtant je pense que, tant sur le plan économique que culturel, cette décision serait à bien des égards historique. Benoît Baume


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