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FLACONS of

CHAMPAGNE

Vitalie Taittinger

Nymphe des vignes

L’A BUS D’A LCOOL EST DA NGER EU X POU R L A SA N T É , À CONSOM M ER AV EC MODÉR AT ION


FLACONS of

CHAMPAGNE

Directeur de la publication, directeur de la rédaction :

ÉDITO

Roberto Alvarez Journalistes : Essi Avellan, Alice Mahlberg, Christophe D’Antonio, Alain Vincenot Photographes : Maud Bernos, Michael Boudot, Jean-Baptiste Delerue, Thomas Muselet, Eric Martin (Figarophoto) Directrice artistique : Anne Duhem Secrétariat de rédaction : Corinne Soulard Photogravure : Olivier Certain Comité éditorial : Janik Baré, Patrick Poivre d’Arvor, Antoine Roland-Billecart, Paul Lefèvre, Paul Wermus, Jack Russel, Nji Modeste Chouaïbou Mfenjou Rédaction et administration : FLACONS PRESSE 29, rue des Poissonniers 51100 Reims E-mail :

d’effervescences facebook.com/VilleReims

Dépôt légal en cours Rendez-vous : Ville de Reims - Direction de la communication - Photos : J. Driol

ville

flacons.presse@gmail.com

Cercle d’Or 20, rue Thiers 51100 Reims

Photo Couverture : © Thomas Muselet Studio Jean-Baptiste Delerue Maquillage : Kelly Pascanet

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LA CHAMPAGNE EST CONDAMNÉE À L’ÉLÉGANCE

L

’élégance, c’est la beauté qui commet un excès de vitesse. Ce n’est ni le bling-bling ni le m’as-tu-vu, c’est autre chose, c’est impalpable, éthéré, et pourtant on ne voit qu’elle quand elle se donne à nous. C’est par à cette élégance que, depuis l’inscription des Roberto Alvarez « Coteaux, caves et maisons de Champagne » au patrimoine mondial de l’Unesco, en juillet 2015, que l’on doit au regretté Pierre Cheval, la Champagne est condamnée (pour paraphraser le mot d’Henri Geoffroy, qui fut co-président du CIVC) à perpétuité et sans remise de peine. Et, l’élégance, ce n’est pas qu’une idée matérielle des choses, absconse, c’est aussi un franc sourire, un cordial bonjour, un simple au revoir... J’ai été interloqué par une scène qui s’est déroulée à la terrasse d’un restaurant rémois. Il n’était pas 15h. Cinq Japonais, qui venaient de faire de généreuses emplettes, s’attablaient pour déjeuner. « Impossible de vous servir », leur répondit pourtant le garçon de café. Ne sommes-nous pas capables de faire une omelette, deux œufs sur le plat, que sais-je ? Peut-être faudrait-il imaginer une animation pour accueillir ces touristes dans nos gares aux heures de pointe touristiques des TGV. Un accueil symbolique sur la thématique du champagne. Un guide, une carte... Un premier contact visuel agréable, autre qu’un hall de gare. Dans l’intimité des Maisons, dans l’immensité du vignoble, dans les paroles de ceux qui tutoient la terre, il y a les germes d’une « renaissance » éclatante à travers cette inscription de l’Unesco, la conscience qu’il faut changer ses habitudes. Un sentiment de bougeotte enveloppe la Champagne. Même s’il n’est que susurré. Comme le rappelait Le Monde, « il y a des dizaines de façon de faire de l’œnotourisme, emprunter une route des vins, toquer à la porte du vigneron, goûter et discuter. Bien manger, à la propriété ou à côté. Séjourner dans des chambres d’hôte ouvertes par un vigneron et partir à la découverte des terroirs et paysages. Participer aux vendanges (...). Découvrir un chai d’exception (...) Visiter le matin un beau musée d’art ancien, puis un vignoble l’après-midi. Participer à l’un des nombreux festivals d’été qui mêlent culture et vin ». L’œunotourisme, en définitive, c’est l’affaire de tous. z

twitter.com/VilledeReims FLACONS

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BUBBLES

MOËT Ice Impérial rosé Après la cuvée Ice Impérial, Moët & Chandon propose le premier champagne rosé spécialement élaboré pour être dégusté sur glace. A consommer façon « piscine », dans un grand verre à cabernet. La maison Taittinger a lancé la 14e édition de la « Taittinger Collection », en collaboration avec le célèbre photographe brésilien Sebastião Salgado. Un Brut Millésimé 2008 pour une cuvée élégante qui ne sort que les très grandes années.

Grrrr

News

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Soirée Blanche à Epernay

e 14 juillet, c’est désormais une tradition, la fête nationale se célèbre en blanc sur la célèbre avenue de Champagne à Epernay. Elle accueillera familles et amis en tenues immaculées pour assister à un concert, à un feu d’artifice tiré des depuis les vignes Mercier, pique-niquer, etc. www.epernay.fr

Les vasques à champagne Total Recoï peuvent accueillir jusqu’à 100 bouteilles. www.total-recoi.com

Saint Vincent LE POCHON BOIZEL Pour célébrer l’été, Evelyne Roques-Boizel, PDG de la Maison, a imaginé une invitation au voyage. Elle a donné le départ du Boizel Transat sans escale : une collection joyeuse et colorée. Un pochon en toile transat déclinée dans quatre couleurs vives mariées au blanc : le bleu de la mer, le jaune du soleil, le vert du gazon, le rouge du temps des cerises. http://boutique.boizel. com/duo-boizel-transat.html

En janvier, le photographe italien Paolo Verzone a immortalisé la célébration de la Saint-Vincent, réunissant maisons de Champagne et vignerons. Ses œuvres sont visibles dans l’exposition « Confraternités » jusqu’au 19 février 2017, successivement à Reims, Colombey-les-DeuxEglises, Château-Thierry, Epernay et Troyes. Renseignements : www.champagne.fr

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BUBBLES

TRISTAN H. Une cuvée Blanc de noirs. www. tristanh.fr

DE l’AUCHE Cuvée du Chapitre. www. champagne-delauche.com

J.LASSALLE Cuvée Angéline 2009. www. champagnejlassalle.com

LOUIS DE SACY Cuvée XII. www.champagnelouisdesacy. com

MANDOIS Cuvée Clos Mandois 2004. www. champagnemandois.fr

Jean-Pierre

Mareigner

Vignerons solaires Quand 10 vignerons indépendants, soucieux de défendre terroir et authenticité se réunissent, ça donne l’association Champagne Terroirs etC… Ils déclineront chaque année un thème en C … 2016 se verra porter les valeurs de « et Complicité ». A quand « et Chef » ou «et Chocolat»… ? www.champagneterroirsetc.com

La Maison Perrier-Jouët a dévoilé le dernier millésime de sa cuvée de prestige, Belle Epoque Rosé 2006.

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Cette figure du vignoble champenois officiait comme chef de cave pour la maison Gosset depuis trente-trois ans. Natif d’Ay, à quelques encablures de la maison mère, Jean-Pierre Mareigner a été chef de cuverie chez Lanson pendant deux ans avant de s’investir dans l’enseignement. C’est en 1983 qu’il avait rejoint Gosset, où son père avait dirigé le vignoble pendant plus d’une décennie. Dès lors, il n’a eu de cesse de perpétuer le style inimitable de la Maison. Jean-Pierre Mareigner est décédé à 60 ans des suites d’une longue maladie.

CATTIER Brut Rosé Premier Cru. www. cattier.com

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Une envie de croisière...

’est indéniablement une idée originale pour admirer les paysages au fil de la Marne. A bord du Bullet, une vedette historique de 1927, voguez de Bisseuil à Aÿ en passant par le château Montebello ou le clos des Goisses. www.bullet1927.com

Une escapade en amoureux à Epernay A 1h30 de Paris, Epernay est une destination privilégiée pour un week-end à deux...

Les recettes d’Emilie La Rémoise Emilie Jeangeorges donne ses idées pour un moment sucré-salé en 7 recettes. « Le Champagne » est tiré de sa collection de petits livres « Belles et bonnes choses ». Librairies et www.fnac.com

AVEC MODÉRATION.

News

Un hôtel d’exception ? La Villa Eugène, hôtel 5 étoiles sur l’avenue de Champagne, Une chambre d’hôtes de charme ? Parva Domus, une adresse authentique sur l’avenue de Champagne Une bonne table ? - Le Théâtre, cuisine traditionnelle - Le Cook’In, cuisine franco thaï créative - La Banque, au décor original de l’ancienne Banque de France Une coupe ? Bar à Champagne «C Comme» Une soirée lounge ? Bar à Champagne « Chez Georges », entre bulles et gourmandises Et bien sûr, découverte des coteaux et visites de caves. www.ot-epernay.fr


PEOPLE

News

Piper-Heidsieck : Le fruit du hasard Philippe Baijot et l’équipe Lanson à l’occasion de la soirée White Label sur le rooftop de l’hôtel Raphael à Paris. Les petits plats dans les grands Villa Collet à Aÿ. Olivier Charriaud, directeur de la Cogevi et le chef Fabrice Prochasson étaient aux commandes.

Dignitaires dans l’Ordre des Coteaux de Champagne : Jean-Marie Barillère (UMC) et Vincent Perrin (CIVC).

Malgré un temps maussade, grand succès pour la Soirée Blanche du domaine des Crayères à Reims.

L’ambassadrice des Etats-Unis reçue chez Mumm, au moulin de Verzenay.

Le livre de Kaaren Palmer « Champagne, A Tasting Journey» est disponible à cette adresse : didier.andre1407@orange.fr

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C’est en découvrant la cuvée Rosé Sauvage de Piper-Heidsieck que Joseph Biolatto, barman des plus doués de sa génération, eut l’idée de proposer à Régis Camus, Chef de Caves de la Maison de champagne d’en élaborer un cocktail. Le premier de la Maison. Chef de caves le plus médaillé du siècle, il est le maître-assembleur de la Maison depuis plus de 20 ans. En homme de parti-pris, il met la nature au centre de ses créations. En 2003, Régis Camus a pris la décision d’offrir une perspective nouvelle à un grand classique. À l’assemblage de l’emblématique cuvée Brut, il a décidé d’adjoindre une plus grande proportion que la moyenne champenoise de Pinots noirs vinifiés en rouge (25%). Cet ajout lui procure sa robe particulièrement foncée, à l’origine du nom de Rosé Sauvage, et relève son légendaire fruit frais et sa texture pulpeuse de fringantes notes de petits fruits rouges. Un grand champagne... pas si classique, structuré, ample, qui a du fruit, élaboré à partir d’une majorité de Pinots noirs, réunissant plus de 100 crus de Champagne et des Meuniers de la Grande et Petite Montagne de Reims. Animé par la volonté de révéler le champagne tout en gardant intacte sa saveur, Joseph Biolatto a mis sa créativité au service de l’innovation du goût. Composer avec des ingrédients les plus naturels, en respecter la grandeur et la structure, préserver l’excellence des arômes ont été ses partis-pris qui ont définitivement séduit Régis Camus. Joseph Biolatto a su trouver l’accord inattendu pour révéler la complexité et l’intensité du Rosé Sauvage.


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L’écume d’un flacon dans l’azur d’Aÿ par Caroline Latrive, chef de cave d’Ayala, qui n’a pas froid aux yeux.

AYALA

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison Bollinger, elle renoue avec le développement.

LE RENOUVEAU D’UNE GRANDE MAISON

PAR ALAIN VINCENOT z PHOTO ERIC MARTIN/FIGAROPHOTO

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée, en 2005, sous le giron de la maison Bollinger, elle renoue avec le développement.

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’est l’une des rares chefs de cave de Champagne. Caroline Latrive qui veille sur les opérations d’assemblage de la maison Ayala. « Il ne s’agit pas d’une simple addition, souligne-t-elle. Il faut que le résultat soit bien supérieur à la somme des éléments. » Travaillant en véritable binôme avec le directeur général d’Ayala, Hadrien Mouflard, elle a un rôle essentiel dans la renaissance de l’auguste maison fondée, en 1860, à Aÿ, près d’Epernay. Tout avait débuté, en 1855, par le séjour, chez le

vicomte de Mareuil, d’Edmond de Ayala, fils d’un diplomate colombien, qui désirait s’initier à vinification du vin. Il y rencontra la nièce de son hôte, Gabrielle d’Albrecht, qu’il épousa en 1858. Dans la dot de la jeune mariée : le château d’Aÿ et ses vignes. Fruit de cette union : la maison Ayala était créée en 1860 et le tribunal de commerce de Reims enregistrait la marque le 5 novembre 1875. Installé à Londres, le frère cadet d’Edmond, Fernand de Ayala, se liait d’amitié avec le prince de Galles. Amateur de champagne, celui-ci lui reprochait, néanmoins, sa trop grande teneur en sucre. Divisant par trois les dosages, les faisant passer de 66 grammes par litre à 22 grammes, Ayala ne tardait pas à devenir le fournisseur attitré de la couronne d’Angleterre. Dans les années 1920, sa prospérité se confirmait, avec un million de bouteilles par an et une clientèle prestigieuse. Mais les années ont passé… A la fin du XXème siècle, le déclin semble inexorable. Jusqu’à ce qu’en janvier 2005, le champagne Bollinger rachète Ayala et, qu’en octobre 2012, il en confie les rênes à Hadrien Mouflard. Secrétaire général de Bollinger depuis 2008, il avait oeuvré sur la stratégie et le marché français. Sa mission ? « Relancer la marque, répond-t-il, et la remettre sur le devant de la scène, tant en France qu’à l’étranger. » Autour du jeune-homme, de tout juste 35 ans, une équipe entièrement remodelée : Caroline Latrive n’a pas 40 ans. Le service commercial est composé de trentenaires. « Nous avons rationalisé la gamme, explique Hadrien Mouflard. Des vins faiblement dosés, avec au maximum sept grammes de sucre par litre et au minimum 40% de Chardonnay. En outre, on n’effectue pas la vinification sous bois, mais dans de petites cuves inox de 25 à 50 litres. Ce qui apporte plus de fraîcheur, d’élégance et de pureté. Nous obtenons des vins faciles à boire, même s’ils ne sont pas faciles à faire. » Ce « vent de renouveau autour d’une image plus moderne », s’appuie, également, sur un plan destiné à développer la notoriété de la maison. « Plutôt que de lancer de grandes campagnes de publicité, nous préférons participer à des évènements qui nous placent au plus près de la clientèle. » Deux chiffres illustrent les résultats : 400 000 bouteilles en 2005. Le double en 2016. z FLACONS

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COLLET

QUAND UN

MUSÉE

CÉLÈBRE LES

MÉTIERS DU CHAMPAGNE

PAR ALAIN VINCENOT z PHOTO MICHAEL BOUDOT

Un lieu digne de l’inscription des «Coteaux, Maisons et Caves de Champagne» au Patrimoine mondial de l’Unesco. Une scénographie lumineuse et bluffante. à visiter.

La vigne dévale comme une cascade végétale sur la baie vitrée du musée.

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A

Aÿ, en bordure de vignes, vibrent l’âme du Champagne, le savoir-faire de tous ceux qui participent à l’élaboration du nectar. Dans un vaste bâtiment, le visiteur peut découvrir les outils de ces magiciens qui transforment le raisin en fines bulles. Le lieu est digne de l’inscription, le 4 juillet 2015, des « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » au Patrimoine mondial de l’Unesco. Inauguré quatre mois après cette reconnaissance à l’échelle mondiale, le musée des métiers de la Vigne, est situé, à Aÿ, dans l’enceinte de la cité du Champagne Collet-COGEVI, qui abrite déjà le pôle historique de la « maison COGEVI » et le pôle culturel de la « villa Collet ». Il apparaît comme un hommage à tous ceux qui rendent le champagne aussi précieux. L’ancienne maison Gallois avait été incendiée lors des émeutes des vignerons en 1911. Reprise, dans les années 70, par la COGEVI (COopérative GEnérale de VIgnerons de la Champagne délimitée), qui allait l’utiliser comme entrepôt, la voilà transformée en écrin des métiers du Champagne. « Ici, confie Olivier Charriaud, directeur général de Collet-COGEVI, on promeut le travail des petites mains. Comme tout produit de luxe, le champagne est le fruit d’un artisanat, d’un savoirfaire. Notre dimension de coopérative prolonge le travail individuel de nos vignerons-adhérents. Ils sont près de huit cents, totalisant huit cents hectares répartis sur toute la Champagne. Chacun d’eux se sent un peu propriétaire de l’ensemble de la maison. Et se montre soucieux de la qualité. » Olivier Charriaud poursuit : «On ne mélange pas pêle-mêle les mouts au fur et à mesure qu’on les reçoit. Ils sont tous identifiés, examinés par des œnologues. Nous disposons de deux cents centres de pressurage. » Sur deux niveaux, mille mètres carrés au total, le musée des métiers du champagne accueille la multitude d’outils accumulés par la coopérative depuis sa création en 1921. Des motoculteurs, des pompes, des charrues, des

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houes, des serpes… Le visiteur découvre, par exemple, ce qu’est une museleteuse. Elle permet de fixer sur les bouchons les muselets en métal. Autant de « pièces » qui ne sont pas seulement alignées, mais présentées selon une scénographie qui les met en valeur. Des vitrines descendent du plafond. Deux tracteurs sont accrochés à un mur. « L’ensemble, souligne Olivier Charriaud », est conçu comme un spectacle, une montée progressive vers une grande baie vitrée ouverte sur une vigne, où, d’ailleurs, il est possible de suivre un parcours. » Le visiteur peut, également, découvrir les caves creusées au XIXème siècle. Le Champagne Collet-COGEVI a financé 85% du coût, sept millions d’euros, de cet aménagement exceptionnel. Le reste a été couvert par la Région, le Département, la communauté des communes de la grande vallée de la Marne et la commune d’Aÿ (un peu plus de 4 000 habitants). Le résultat, stupéfiant, érige en art les métiers du champagne. z INFORMATIONS PRATIQUES : Cité du Champagne Collet-Cogevi 32 bis rue Jeanson 51 160 Aÿ-Champagne. Tel : 03 26 55 98 88 www.citeduchampagnecolletcogevi.com Comment y aller : z En train : TGV depuis Paris-gare de l’Est. Arrivée en gare d’Epernay ou de Reims. z En voiture : Par la D1 depuis Reims. Horaires : z De mi-mai à fin juillet : les lundis, mercredis et jeudis, les visites débutent à 10 heures et à 15 heures ; les vendredis, à 10 heures ; les samedis, à 10 heures et à 14 heures. Les dimanches, sur rendez-vous. z De septembre à la mi-décembre : les lundis et mercredis, à 10 heures et à 15 heures ; les vendredis, à 10 heures, et les samedis, à 14 heures.

IS IN THE NOW

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*Moët & Chandon, depuis 1743 et encore aujourd’hui

AVEC 3 GLAÇONS O ù t r o u v e r M o ë t I c e I m p é r i a l ? R e n d e z - v o u s s u r m o e t. c o m

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VEUVE CLICQUOT

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VINTAGE 2008 : « UN

PAR ALICE MAHLBERG PHOTO JEAN-BAPTISTE DELERUE

orsque l’on demande à Dominique Demarville de parler du Vintage 2008, petit dernier des millésimés de la Maison, il évoque purement et simplement « un formidable cadeau de la nature ». Et une belle surprise aussi, car 2008 ne démarrait pas sous les meilleurs auspices, avec le froid et la pluie cette année-là. Mais l’été indien a rattrapé les caprices de dame météo et un chaud soleil de septembre a opéré : « Le Vintage 2008 est bien né, la vendange a été superbe. Les raisins étaient très sains, avec un bel équilibre entre sucre et acide ». Ce millésime, Dominique Demarville s’en souvient bien. Et pour cause, c’est quelques mois après les vendanges qu’il se verra transmettre les clés des caves de Veuve Clicquot par Jacques Peters -entre autre inventeur de la prestigieuse cuvée hommage La Grande Dame- avec qui il a collaboré trois ans durant. Si 2008 est le troisième millésime de la décennie (après 2002 et 2004) et le 65ème de la Maison, c’est bel et bien le premier entièrement mené par l’œnologue originaire des Ardennes. Une cuvée à laquelle il apportera une particularité : « c’est nouveau dans ce millésime, une partie des vins ont été vinifiés et élevés en foudres de chênes pendant un an. Ils apportent encore plus de densité et de richesse aromatique grâce à la micro-oxygénation au travers du bois ». L’assemblage dominé par le pinot noir, complété de chardonnay et d’une touche de pinot meunier prend ainsi des arômes légèrement vanillés et grillés. Un côté créatif cher à Dominique Demarville, qu’il applique tel un couturier dans chacune de ses cuvées : « Chef de Caves est un métier de gardien. Gardien du style Maison, gardien du

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FORMIDABLE CADEAU DE LA NATURE »

Rien ne prédestinait ce natif de Sedan au monde du vin. dominique demarville, chef de caves, a su imposer son style élégant tel un couturier inspiré. Après tout, n’est-il pas un créateur d’assemblages ?

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temps. C’est aussi un métier de créateur car chaque année, il faut créer les assemblages tout en restant fidèle à l’esprit Maison. Il faut innover, inventer de nouveaux vins comme le Rich chez Veuve Clicquot, ou encore quand l’année le permet, un nouveau Vintage ou une nouvelle Grande Dame. » A l’entendre, on le croirait né dans une barrique. Pourtant, de son propre aveu, « rien ne prédestinait » ce natif

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de Sedan au monde du Vin. C’est par un heureux hasard, lorsque son ami vigneron Jean-Marc Charpentier l’invite aux vendanges à Charly-sur-Marne, qu’en septembre 1985 sa vie prend une nouvelle trajectoire. « C’est un véritable déclic et la naissance d’une passion. Je décide de faire mes études dans la viticulture et l’œnologie ». Dominique Demarville sillonne alors l’Alsace, la Bourgogne, le Bordelais.

Puis la Champagne, où il travaille pour plusieurs maisons avant de devenir, en 94, œnologue chez G.H. Mumm et enfin Directeur Vins et vignes pour G.H. Mumm et Perrier-Jouët en 2003. Il rejoindra Veuve Clicquot trois ans plus tard pour épouser la devise de la Maison qu’il cite volontiers : « une seule qualité, la toute première ». De quoi faire rosir de plaisir Madame Clicquot. z

Sur le toit de l’hôtel Holiday Inn à Reims. Un étage audessus du bar terrasse.

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MAILLY GRAND CRU « Une communauté qui sait d’où elle vient »

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison Bollinger, elle renoue avec le développement.

UNE TERRE, DES HOMMES, UNE HISTOIRE

Le directeur, Jean-François Préau, et le président, Xavier Muller, incarnent les valeurs de Mailly Grand Cru. Ici, tout le monde se retrousse les manches.

PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO z PHOTO THOMAS MUSELET

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’est une histoire unique que celle de Mailly Grand Cru. « Une belle aventure humaine qui dure depuis plusieurs générations », confie Jean-François Préau, qui dirige la société depuis 20 ans. L’aventure commence en 1929, lorsque les vignerons de Mailly Champagne, un petit village du versant nord de la montagne de Reims, se libèrent des maisons de négoce et déclarent leur indépendance en pressant eux-mêmes leur raisin. Ils connaissent la valeur exceptionnelle de ce raisin : le vignoble de Mailly est classé grand cru depuis 1920. Ces pionniers commencent par s’équiper de cuves pour fabriquer le vin clair et, face au boycott des maisons de négoce, finissent par produire et commercialiser eux-mêmes leur champagne. « Chaque hiver, deux générations de vignerons ont creusé de leurs mains des galeries à 20 mètres de profondeur pour entreposer leurs bouteilles », raconte Xavier Muller, le président. Des travaux qui ne s’achèveront qu’au milieu des années 60. Leur détermination est récompensée. La maison, qui a la particularité unique en Champagne de produire exclusivement des grands crus, séduit cavistes et grands restaurants. Et fait du nom de Mailly Grand Cru une référence. « Nous sommes les seuls en Champagne à utiliser le nom d’un village comme marque commerciale », souligne Jean-François Préau. Aujourd’hui, Mailly Grand Cru produit 500 000 bouteilles par an, dont plus de la moitié sont destinées à l’exportation, en exploitant 70 hectares de vignes cultivés par les descendants des fondateurs. Cette société de producteurs regroupe ainsi 80 adhérents représentant 25 familles. Une petite communauté unie « qui sait d’où elle vient et veut préserver son indépendance », ajoute Jean-François Préau. Une communauté fondée, aussi, sur le respect d’un terroir unique – le vignoble de Mailly Champagne bénéficie de coteaux présentant une grande diversité d’expositions qui lui garantissent une grande richesse dans la qualité des raisins– qu’elle cultive depuis longtemps selon des méthodes raisonnées. Plus de 54% de la surface est déjà classée HVE (Haute valeur environnementale) ». Cette communauté sait aussi qu’il faut de l’audace pour faire fructifier l’héritage reçu. « Nous avons conservé l’esprit de challengers des pionniers », affirme Jean-François Préau. Pour preuve, le siège de la maison dominant les vignes. Une réalisation ambitieuse confiée à l’architecte Giovanni Pace. « Un projet novateur en Champagne, à l’époque. Depuis, beaucoup s’en sont inspirés », observe Jean-François Préau. Ce siège de sept étages, dont cinq en sous-sol, est un atout pour les projets liés à l’oenotourisme, sur lequel Mailly Grand Cru mise aussi pour son développement. z

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Antoine Roland-Billecart, Patrick Poivre d’Arvor, Fabrice Rosset Conversation à trois voix autour du champagne

L’ENTRÉE DES ARTISTES PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO z PHOTO MAUD BERNOS

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Quelques minutes avant le lever de rideau, les trois compères posent sur la scène de la Gaîté Montparnasse. FLACONS

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uelques minutes avant son entrée en scène, il est à la terrasse d’un café, entouré d’une nuée d’admirateurs. Patrick Poivre d’Arvor ne connaît pas le trac. Ou alors, il le cache vraiment bien. Fabrice Rosset et Antoine Roland-Billecart échangent un regard, bluffés par sa décontraction. Le Pdg de Deutz et le directeur général adjoint des champagnes Billecart-Salmon, de vieilles connaissances de PPDA, sont venus le voir au Théâtre de la Gaîté Montparnasse dans la pièce « Garde alternée ». C’est la première fois que l’ancien présentateur du JT de TF1 endosse l’habit de comédien. Dans cette pièce écrite pour lui, il tient le rôle d’un pédopsychiatre aux prises avec un couple qui se déchire pour la garde d’un adolescent. « On m’avait proposé d’autres rôles avant, mais je n’avais pas donné suite. Cette fois, le sujet m’a intéressé : le mal-être des adolescents, c’est un thème qui me touche », explique-t-il à ses deux amis rémois. Alors que l’heure du lever de rideau approche, PPDA confie en aparté qu’il est tout de même heureux d’arriver au bout des 90 représentations. L’expérience lui a plu, mais il a envie de passer à autre chose. Après la représentation, PPDA retrouve Fabrice Rosset et Antoine Roland-Billecart à la table du restaurant Aux îles Marquises, à deux pas du théâtre. Pour se mettre en bouche, salade de foie gras et écrevisses arrosée d’un flacon d’Amour de Deutz. Né à Reims, où il a fait une partie de sa scolarité au lycée Clémenceau et revient toujours « avec un pincement au cœur », PPDA prend des nouvelles des maisons Deutz et Billecart-Salmon, dont il note « le parcours assez similaire » dans leur développement récent et leurs ambitions. Quand le bar aux morilles est servi, accompagné d’un Billecart-Salmon cuvée Nicolas François Billecart, la conversation glisse sur l’avenir du monde du champagne. « Joker ! » Antoine Roland-Billecart botte en touche. « Bonne question », s’amuse Fabrice Rosset. PPDA relance : et la concurrence du prosecco italien, qui a aujourd’hui dépassé le champagne en nombre de bouteilles vendues ? Fabrice Rosset se lance : « ça en chatouille certains, mais pas des maisons comme les nôtres », dit-il. Et le Pdg de Deutz de souligner qu’en valeur, le champagne est encore loin devant, avec un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros, contre 680

millions d’euros pour le prosecco. « Mais il ne faut pas sous-estimer les Italiens, poursuit Fabrice Rosset. Le marketing, ils connaissent : ils sont capables de créer une désirabilité de leurs produits. Et je pense que c’est une bonne chose qu’il y ait quelqu’un pour nous botter le derrière » . « Au fond, plus la base de consommateurs de vins mousseux s’élargit dans le monde, mieux c’est pour nous. Si on sait maintenir la qualité et le supplément d’âme, nous conserverons notre côté « aspirationnel » au sommet de la pyramide », conclut le Pdg de Deutz, en rappelant que le marché du vin mousseux dans le monde, c’est aujourd’hui 3 milliards de bouteilles et celui du champagne, un peu plus de 300 millions. L’avenir, c’est aussi le classement des Coteaux, caves et maisons de Champagne au patrimoine mondial de l’Unesco depuis juillet 2015. Un événement qui ravive chez les dîneurs le souvenir ému de Pierre Cheval, l’homme qui a porté pendant des années la candidature de la Champagne. Il est décédé brutalement en janvier dernier. « Aujourd’hui, tout le monde vole au secours de la victoire, mais il était un peu seul dans son combat », rappelle Fabrice Rosset. « A Reims, on

« Une bonne chose que quelqu’un nous botte le derrière » pense qu’on est assis sur un tas d’or. On ne peut pas dire que la région et les groupes institutionnels se sont battus pour cette candidature. C’était le fait d’un groupuscule », approuve PPDA. Reste que ce classement au patrimoine représente désormais « une chance pour la région en termes de fréquentation touristique et pour l’oenotourisme », reprend Antoine Roland-Billecart. Intronisé en 2015 Commandeur de l’Ordre des Coteaux de Champagne (succédant ainsi à Fabrice Rosset), son rôle d’ambassadeur lui tient à cœur. « Ce sera un élément déclencheur si nous faisons un effort pour améliorer notre capacité hôtelière et la création d’établissements de qualité », dit Antoine Roland-Billecart. Lui-même songe à ouvrir une chambre d’hôtes au sein du Clos Saint-Hilaire, une parcelle dont est issu le cru le plus fameux de la maison Billecart-Salmon. « Il y a une maison inoccupée à l’intérieur du clos. Elle nous sert de réfectoire pendant les vendanges », explique-til. « L’oenotourisme, ça fait partie de notre métier. Il faut faire rêver les gens ! On ne peut plus se contenter de faire du bon champagne », conclut-il. Il est l’heure de se séparer. PPDA rentre chez lui écrire. Il a un nouveau livre sur Antoine de Saint-Exupéry à livrer dans trois jours. z

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION 22 FLACONS

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


LANSON Hervé dantan, chef de cave de lanson, nous ouvre les portes de ce clos urbain dont le terrain crayeux donne naissance à un chardonnay expressif et voluptueux.

DANS L’INTIMITÉ DU CLOS PAR ESSI AVELLAN z PHOTO MICHAEL BOUDOT

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Un moment de plénitude quand le chef de cave rencontre sa cuvée.

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a caméra suit Hervé Dantan tandis qu’il déambule entre les rangs de vignes du Clos Lanson, l’ancien vignoble d’un hectare entouré de murs et situé dans Reims intra-muros. Je remarque la gêne de Dantan. Il devra s’habituer à poser pour des photos, à présent qu’il a fait ses débuts dans la cour des grands en tant que nouveau chef de cave de Lanson. Je lui présente mes excuses de lui avoir imposé ce tournage gênant. Alors que nous retournons à la cave pour la présentation inaugurale du tout nouveau champagne produit sur le vignoble unique du Clos Lanson, Dantan, personnage discret, pensif et calme, regagne une confiance totale lorsqu’il s’agit de vins. Il ne possède aucune mimique de rock star et se contente de transmettre un caractère plein de sincérité, marqué par la modestie. Alors que j’essaie de découvrir ses forces en tant que maître de chai, il minimise son propre rôle : « Je fais partie d’une excellente équipe ici. Pour moi, le principal avantage à être maître de chai est le caractère complet du métier, la manière dont il me permet d’influencer la marque tout au long du chemin, du vignoble au consommateur ». Dantan refuse de se jeter des fleurs. Ses racines témoignent d’un fort lien avec la Champagne, puisque c’est à proximité du pays du Chardonnay, à Vitry-le-François, que sa famille vigneronne trouve ses origines. « Pendant mon enfance, j’avais l’habitude d’aider au vignoble, le monde du vin m’était donc familier, même si le vin n’était pas un choix de carrière évident. J’étais un enfant curieux intéressé par la science et la recherche. Mais rapidement, ma fascination pour la géologie a été doublée par l’intérêt de l’impact de celle-ci sur le vin, et je me suis retrouvé à étudier l’œnologie à Reims, » explique Dantan. Ses stages et postes en œnologie l’ont mené dans de nombreuses régions de France et même aux États-Unis avant qu’il ne s’établisse à Mailly Grand Cru, la célèbre coopérative de la Montagne de Reims. Ses 22 ans au domaine plus discret de Mailly Grand Cru ainsi que ses bonnes relations avec la gestion de la viticulture ont permis à Dantan d’adopter une vision très complète de la production du champagne. Même si l’appel de Lanson était une excellente oppor-

tunité pour Dantan, accepter le poste de futur chef de cave n’était pas une décision facile. Doté d’une histoire remontant à 1760 et d’une production annuelle de cinq millions de bouteilles, Lanson est l’une des plus grandes maisons de champagne. « Nous nous sommes énormément entretenus avec le président Philippe Baijot, car je voulais vérifier tous les points importants tant pour moi que pour Lanson. Je devais connaître toute l’étendue des possibilités. À la fin, j’ai été convaincu par la vision des nouveaux propriétaires et j’ai su valoriser la relation de confiance que nous avions établie, » affirme Dantan. Une fois que la décision fut prise en 2013, tout s’est passé très vite pour Hervé Dantan à Lanson. Il a eu l’opportunité de travailler aux côtés de son prédécesseur de longue date, Jean-Paul Gandon, avant que celui-ci ne remette définitivement les clés de la cave à Dantan en 2015. L’étendue et la rapidité des changements ont tout simplement été phénoménales, avec la construction d’une cuverie entièrement neuve. Mais Dantan a également décidé d’ajouter des fûts et des cuves en chêne à sa flotte de récipients de production de vin. Il a également relevé le défi de modifier les autres principes de production de vin de longue date chers à Lanson afin d’apporter un supplément de complexité et d’harmonie à la célèbre cuvée Black Label. Et ces nouvelles procédures et visions se retrouvent parfaitement dans la nouvelle cuvée de Clos Lanson. Fruit de l’imagination de Philippe Baijot, sa création remonte à 2006, l’année même où BBC a fait l’acquisition de Lanson. Le vignoble adjacent à la propriété occupe une place de choix dans le cœur des employés de Lanson depuis le 18e siècle, et aujourd’hui encore, sa récolte est entièrement effectuée par le personnel. Le terrain en lui-même est remarquable avec les 30 mètres de craie sèche et hautement friable qu’il surplombe, recouverts d’une fine épaisseur de couche arable. Les murs d’enceinte et l’emplacement de la ville augmentent la température du terrain et permettent ainsi la production d’un généreux Chardonnay. La vinification dans des fûts de chêne renforce son caractère gastronomique. « Pour bien comprendre le terrain, il vaut mieux goûter les crus côte-à-côte », souligne Hervé. Alors que nous sommes plongés dans la dégustation des dix crus qui vieillissent dans les caves de Lanson, l’essence du Clos Lanson se révèle progressivement. Un Chardonnay hautement expressif et voluptueux. « Avez-vous remarqué le retour de la craie sur la fin, qui vient renforcer sa finesse ? » Hervé signale ce lien qui unit le vin et son lieu de culture crayeux. Un vin de terroir par excellence. le Clos Lanson ouvre là un magnifique nouveau chapitre de l’histoire de Lanson : ceci sera ma conclusion. z FLACONS

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A. GRATIEN

Être à la hauteur de ce que les anciens ont laissé dans la vinothèque », tel est le mantra de Nicolas Jaeger, 44 printemps et gardien du temple champenois Alfred Gratien. Comprendre : exercer en digne héritier de Gaston, Charles et Jean-Pierre, même sang, même fonction de chef de cave à travers les âges. Un double legs pour le quatrième de la lignée familiale à voir son destin intimement lié à celui de la Maison fondée à Epernay en 1864. « On a toujours été comme chez nous ici, relate Nicolas Jaeger. Je me souviens que quand mon père partait le week-end pour voir ses levures ou suivre ses fermentations, je l’accompagnais. J’ai toujours entendu parler d’Alfred Gratien à la maison, vu les clés du domaine sur la table ou dans la poche de mon père. Et tout ça me semblait assez évident. » Une évidence qui le conduit à rejoindre la Maison à l’aube de ses 17 ans pour travailler aux côtés de l’exigent paternel. Observer, reproduire les gestes qu’il pratique encore aujourd’hui... « Avec lui, j’ai appris le métier et la dégustation. Mais aussi, et c’est le plus important, le respect du vin. En prendre soin, avoir une attention particulière pour lui, c’est ce qui permet de faire de belles choses ». Une école de patience et d’humilité. Après dix-sept années de binôme, Nicolas Jaeger prend naturellement la suite pour devenir à son tour, en 2007, Chef de Caves du Champagne Alfred Gratien. Et même si le témoin est bel est bien passé depuis, Jean-Pierre Jaeger n’est jamais bien loin. « Mon père participe encore. Je lui amène des cuvées, lui demande son avis sur un assemblage. A la vendange, il fait le tour avec nous… Il est en retraite, mais s’intéresse toujours à la maison ». Il faut dire que c’est toute une vie ! Nicolas Jaeger, pur Champenois élevé entre les terroirs paternels de Reuil et les terres du Mesnil-sur-Oger où sa mère possède quelques vignes, n’avait d’ailleurs jamais envisagé un autre destin. Celui qui a reçu son premier sécateur à 13 ans dit être « tombé dedans ». Et il est aujourd’hui le garant de la signature Maison. Nous ne saurons pas tout des secrets transmis de père en fils, mais Nicolas Jaeger se livre volontiers sur ce qu’il considère immuable. « Nous ne toucherons jamais à la vinification sous-bois, et nous ne ferons jamais de malo (NDLR : fermentation malo-lactique). C’est cela qui apporte de la longueur aux vins, une certaine rondeur, de la gourmandise. Pour moi c’est vraiment l’identité de la marque. » La tradition héréditaire perdurera-t-elle avec son fils de neuf ans ? « Je croise les doigts, mais je ne le lui imposerai pas » raisonne-t-il. Il n’est décidément de richesse que d’Hommes. C’est dire les trésors que possède Alfred Gratien… z

NICOLAS JAEGER

LA PASSION EN HÉRITAGE

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison BolPAR ALICE MAHLBERG linger, elle renoue avec le développement.C’est le gardien du temple du champagne Alfred Gratien. Il est le quatrième de la lignée familiale à occuper ce poste. Autant dire qu’il connaît la maison.

z PHOTO MAUD BERNOS

Nicolas Jaeger ajuste sa veste avant de remonter à la surface.

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HENRIOT

LAURENT

FRESNET

FILS DE LA VIGNE

Meilleur chef de cave de l’année et meilleur vinificateur en vins effervescents à l’occasion de l’International Wine Challenge.

PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO z PHOTO THOMAS MUSELET

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C’est l’histoire d’un homme zen qui a une appétence pour le savoir. Il vendangeait cinq fois par an au gré de ses voyages. Le chef de cave des champagnes Henriot récolte aujourd’hui le fruit de son labeur. A 49 ans, Laurent Fresnet tutoie les sommets de sa profession. L’année 2015 a été celle de la consécration pour le chef de cave des champagnes Henriot. Consécration nationale et internationale. Elu « meilleur chef de cave de l’année » par le monde champenois, il a aussi été récompensé du titre de « meilleur vinificateur en vins effervescents » à l’occasion de l’International Wine Challenge, les Oscars du vin. Une distinction pour laquelle il est de nouveau « shortlisté » en 2016 et, selon les derniers échos qui lui sont parvenus de Londres, susceptible de remporter une nouvelle fois. . « C’est très flatteur et cela compte énormément pour l’image de marque internationale des champagnes Henriot », commente Laurent Fresnet, en soulignant que les six vins présentés en compétition ont tous reçu la médaille d’or, « C’est la preuve qu’on ne s’est pas trompés et qu’on est sur la bonne voie ». « Je suis un enfant de la Montagne de Reims, je suis né dans la vigne. Mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents étaient tous récoltantsmanipulants », dit Laurent Fresnet. Enfant, il goûtait le vin avec son père et son grand-père et s’essayait déjà à la vinification. « Vendanges, tirage... je touchais à tout. Je me souviens encore de mon grandpère me lançant gentiment : « Touche pas à ça, petit con ! » », poursuit-il. Son père l’encourage dans sa vocation : il cultive des herbes aromatiques dans leur jardin pour l’aider à développer son odorat Laurent Fresnet obtient son brevet de technicien agricole au lycée viticole d’Avize. Mais le garçon est ambitieux : il ne s’arrête pas là. Il passe un bac D et s’inscrit à la Faculté des sciences de Reims. « J’avais une appétence pour le savoir », dit-il. Après un DESS en oenologie des vins de Champagne, il choisit d’aller travailler en Nouvelle-Zélande. Pour apprendre l’anglais. « Pendant mes études, j’ai compris que la maîtrise de l’anglais était indispensable pour aller loin dans ma profession », dit-il. Pendant quelques années, Laurent Fresnet multiplie les expériences. En Provence, au Portugal et jusqu’en Afrique du Sud. Méthode champenoise, vin rouge, vin blanc, vin rosé : il touche à tout, passe d’un pays à l’autre. « Je faisais cinq vendanges par an, précise-

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t-il. Je voulais connaître d’autres cépages, d’autres arômes, d’autres méthodes de vinification ». Autant d’expériences qui lui ont appris à s’adapter à toutes les situations. « On peut me mettre partout, je me débrouille. Je n’éprouve pas de stress dans mon travail. Pour moi, il n’y a pas de problèmes, que des solutions », dit-il. L’Afrique du Sud, en particulier, lui a permis de se confronter à une autre culture, un autre monde. « On sortait à peine de l’apartheid. Mandela n’était pas encore président. C’était une période de troubles, la violence était quotidienne, raconte-t-il. Là-bas, j’ai côtoyé des gens qui ne travaillaient pas pour s’acheter une télé ou une voiture, mais tout simplement pour nourrir leurs enfants », dit-il. « J’y ai beaucoup appris sur les hommes et compris une vertu essentielle, la tolérance », ajoute-t-il. De retour en Champagne, Laurent Fresnet travaille pendant sept ans comme responsable production du domaine Cazals, sur la Côte des Blancs. Puis cinq ans comme directeur et chef de cave de la coopérative La Vigneronne, à Vertus. C’est alors qu’en 2006,

« Il y avait 18 vendanges dans la cuvée 2009 » il apprend que les champagnes Henriot cherchent un chef de cave. « Un job de rêve, un aboutissement pour moi qui avais toujours eu l’ambition de travailler pour un emblème de la Champagne », dit-il. Garant du style Henriot, c’est lui qui « donne le la » depuis maintenant dix ans. Ses seuls moments de doute, il avoue les avoir éprouvés avant le lancement sur le marché des mille premiers magnums de la fameuse cuve n°38. « Il y avait 18 vendanges dans la cuvée 2009. C’était sans précédent. On avait peur de se faire allumer par les journalistes, qu’ils l’appréhendent comme une bouteille bling-bling. En fin de compte, on a été encensés », raconte-t-il. Accaparé par ses responsabilités chez Henriot, il a peu de temps à consacrer à l’exploitation familiale, 2,5 hectares de vignes à Sillery. Il a créé sa propre marque et peut miser sur un potentiel de 20 000 bouteilles par an. En bon fils de la vigne, ce projet lui tient à coeur. « Mais, depuis un an, il est à l’arrêt », reconnaît-il. Nul doute cependant que ce n’est qu’une question de temps : le champagne Laurent Fresnet verra le jour, tôt ou tard. z


P VITALIE TAITTINGER

LA MAÎTRESSE DE MAISON

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison BolElle a une âme d’artiste etlinger, un coeur comme ellegros renoue avecça. C’est auprès des siens qu’elle recharge ses batteries. le développement. Portrait d’une jeune femme à l’aise dans son époque.

PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO z PHOTO THOMAS MUSELET

« Je ne me laisse pas griser par les apparences »

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ierre-Emmanuel Taittinger ne s’est pas trompé lorsqu’il a choisi sa fille pour être l’égérie de la maison de champagne familiale. Vitalie Taittinger attire la lumière. Et pas seulement quand elle arpente les tapis rouges en robe de soirée. Même si de la célébrité, elle ne tire aucune vanité. « Je ne me laisse pas griser par les apparences. Je ne suis pas non plus une séductrice. Pour moi, ce qui compte, c’est d’être à ma place », dit-elle.

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Et sa place, elle est aux côtés de son père et de son frère Clovis, pour former le trio qui préside aux destinées de la maison de champagne familiale. Cela, Vitalie Taittinger l’a compris en voyant son père, en 2006, se battre avec la foi d’un premier chrétien pour racheter la maison fondée par son grand-père à un fonds de pension américain après l’éclatement de l’empire Taittinger. « Quand il a réussi, cela a été pour moi une leçon

de vie », dit-elle. « Je me suis dit que ça n’aurait pas de sens si je ne m’y mettais pas moi aussi », ajoute-t-elle. C’est alors qu’elle convainc son père, d’abord hésitant, de la prendre à bord comme consultante freelance pour redonner un coup de fraîcheur à la marque. Diplômée de l’école d’art Emile Cohl de Lyon, Vitalie Taittinger ne connaît que de loin le monde du champagne. Elle se destinait à une carrière artistique. La peinture était sa

première passion. « Mais je me suis sentie immédiatement dans mon élément », explique-t-elle. Son premier travail : recréer le design des bouteilles. Cela commence par le choix de couleurs plus claires et plus vives sur les étiquettes. « A travers tous ces petits détails, notre but était de créer le sentiment de quelque chose qui vient de naître, comme un printemps », explique-t-elle. « Quand mon père a repris l’entreprise, tout était bien construit, le nom établi dans le monde entier. Mais la marque était trop installée. Le travail que nous avons accompli depuis dix ans lui a donné plus de vie, plus de pétillance », poursuit-elle. Mission réussie, donc. Et, Vitalie Taittinger cumule aujourd’hui les fonctions de directrice artistique, marketing et communication de la maison. Bien plus qu’une égérie... ! « Je vois mon rôle comme celui d’une maîtresse de maison qui fait en sorte que cette maison soit toujours plus belle et plus accueillante », explique-t-elle. A titre personnel, Vitalie Taittinger s’est affirmée. Elle a changé. « J’avais un caractère conciliant, j’étais le genre de personne qui veut faire plaisir à tout le monde, dit-elle. Avec le temps, je suis devenue têtue. Je n’ai plus ou plutôt j’ai davantage de limites : faut pas m’embêter » Cette force de caractère, elle en a fait preuve, la première fois, à 22 ans, lorsqu’elle a choisi de se faire retirer un kyste sur le nerf facial, malgré le risque de paralysie. « Toute mon enfance, j’ai été handicapée par un problème de glandes parotides. J’étais très souvent malade. Tout le monde était contre l’opération, même les médecins. Personne ne voulait prendre le risque. Mais j’ai tenu bon et cette opération m’a libérée », raconte-t-elle. Un autre de ces « moments fondateurs où on dit non » a été son divorce, quelques années plus tard. « Une vraie prise de position », dit-elle sobrement. De ce premier mariage, elle a eu deux enfants. Puis un troisième avec son nouveau compagnon, qui avait lui-même déjà une fille qu’elle élève également. Ses enfants, c’est la priorité de Vitalie Taittinger. Pour être plus souvent auprès d’eux, elle essaie de limiter ses voyages à l’étranger. « Jamais plus d’une semaine, même pour les grands voyages », dit-elle. « Mon plus grand plaisir, c’est de regarder mes enfants jouer et de les voir heureux. J’aime écouter les histoires qu’ils se racontent, je suis toujours curieuse de ce qu’ils créent quand ils sont dans leur monde ». Son bonheur, c’est aussi de s’évader à la campagne, près de Troyes, dans la maison où elle réside une semaine sur deux, en alternance avec son domicile de Reims. « J’ai une vie agitée, toujours entre deux rendezvous. A la campagne, je regarde la nature, je cuisine. J’apprécie cette vie routinière et reposante ». A 36 ans, Vitalie Taittinger se voit avant tout comme « quelqu’un d’aimant ». « Quand j’aime, j’aime vraiment, dit-elle. Et tout ce qu’on peut souhaiter à quelqu’un, c’est de vivre entouré de gens qu’il aime. C’est pour ça que j’estime avoir beaucoup de chance ». z FLACONS

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BESSERAT DE BELLEFON

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison Bollinger, elle renoue avec le développement.

GODEFROY BAIJOT

VOYAGEUR DANS L’ÂME PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO z PHOTO JEAN-BAPTISTE DELERUE

Entouré par les équipes très féminines de Besserat de Bellefon et de Lanson. FLACONS

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« Un esprit sain dans un corps sain », telle pourrait être la devise de cet homme attachant qui a des projets plein la tête.

odefroy Baijot a toujours su ce qu’il ferait de sa vie. Son ambition : diriger, un jour, une maison de champagne. « J’ai orienté ma vie par rapport à ça », dit-il. Tout commence avec son père, Philippe Baijot, président de Lanson. « Quand il a démarré sa première affaire de négoce, je l’accompagnais dans ses tournées. Mes premiers jobs d’été, c’était toujours avec lui : à la chaîne, livreur, commercial... », raconte-t-il. Après un cursus à l’Ecole supérieure de commerce de Reims, Godefroy Baijot enchaîne avec un Master en Commerce international de vins et spiritueux, à Dijon. Ensuite, direction l’Irlande où il travaille pendant deux ans chez un importateur de vins de Dublin. De retour en France, il prend la route du Sud. En charge du développement à l’export « pour des négociants de vins du Languedoc de moyenne à haute gamme », il voyage beaucoup, écume les salons, anime des dégustations et accomplit ses premières « Master Class ». « J’ai commencé à constituer mon réseau. Puis, j’ai ressenti le besoin d’avoir ma propre affaire », dit-il. En 2008, il crée GB Wines. Godefroy Baijot sillonne la France. Il visite les producteurs pour se constituer un portefeuille de vins. Au bout de quatre ans, d’abord installé à Marseille, puis à Aix-en-Provence, il finit par représenter une trentaine de vignerons et vend leur production à l’étranger. Arrive l’heure du choix. Marié, bientôt père d’un deuxième enfant, il songe à se rapprocher de sa famille. « J’ai toujours gardé la Champagne en tête. Mais avant, par fierté, je voulais percer dans le vin », reconnaît-il. Et Godefroy Baijot a une idée très précise de ce qu’il veut faire à son retour. « Je voulais absolument travailler pour Besserat de Bellefon. En bon épicurien, je suis amoureux de cette maison qui produit un vrai champagne de gastronomie », explique-t-il. Pour lui, Besserat de Bellefon est alors « une belle endormie ». Son vin onctueux aux bulles 30% plus fines qu’un champagne traditionnel a été conçu pour accompagner le repas. « En France, c’est une référence chez les connaisseurs. La marque était déjà présente dans une centaine de tables étoilées. Mais, à l’étranger, c’était le néant. Tota-

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lement inconnue », poursuit Godefroy Baijot. Ce sera sa mission. Son père, dont le groupe Lanson-BCC est propriétaire de Besserat de Bellefon, lui donne carte blanche pour créer un département export. « Une grande partie de mon travail consiste à éduquer le public que je rencontre lors des dîners-dégustation : les gens ne savent pas comment on fabrique le champagne, ils ignorent que le raisin de champagne est le plus cher du monde ». « Mon autre mission consiste à cibler les plus belles tables dans chaque ville. Pour nous, en termes d’image, c’est la meilleure publicité possible », ajoute-t-il. Ce travail de fond porte ses fruits. « Aujourd’hui, nous sommes présents dans 70 pays et les exportations représentent 35% de notre chiffre d’affaires », se félicite Godefroy Baijot. Pour cela, il a fallu en parcourir des kilomètres. « Je voyage plus de six mois par an », précise-t-il. Sur tous les continents : Asie, Afrique, Amérique, Australie... « Il me reste encore à découvrir l’Amérique latine », ajoute-t-il. Vivre éloigné de sa famille plus de la moitié de l’année pourrait lui peser. Ce n’est pas le cas. Au contraire, même. « J’ai besoin de ces moments où je me retrouve seul. Seul dans un avion, seul dans un hôtel. En voyage, je me ressource. Je crois que j’aurai toujours besoin de partir », explique Godefroy Baijot. De ses voyages, il rentre avec des expériences nouvelles, des images, des souvenirs. Le plus beau ? Cuba. La Havane. « Merveilleux. Les couleurs, la musique dans la rue et ces gens qui n’ont pas grand chose mais ont l’air heureux », dit-il. Il se rappelle, amusé, ce jour où il a découvert, avec un ami qui s’installait à La Havane, qu’il était impossible de trouver un couteau de table dans toute la ville. « Des fourchettes oui, mais pas un seul couteau ! » Les voyages, c’est bien connu, ça ouvre les yeux. « En Champagne, on vit dans une petite bulle. On vend un produit de luxe. Il m’arrive de ressentir le besoin de revenir à des choses simples, comme de rendre service aux gens. Quand mes enfants auront fini leurs études, je me verrais bien partir pendant un an en mission humanitaire. Au lycée, je faisais partie d’une association. Nous allions repeindre des appartements ou poser du papier peint dans les quartiers défavorisés de Reims. J’adorais ça. Quand je rentrais chez moi, je me sentais toujours un peu mieux », se souvient-il. Toute une vie à écrire. z


L DE SAINT GALL

PAR ALICE MAHLBERG z PHOTO MAUD BERNOS

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison Bollinger, elle renoue avec le développement.

Le champagne de saint gall lancera en septembre une cuvée millésimée 2008, « So Dark ».

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Une pause dans le chai pour Dominique Fauvet, à la tête de l’Union Champagne.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

LE JUBILÉ D’UNION CHAMPAGNE : UN DEMI-SIÈCLE D’EXCELLENCE es grandes histoires démarrent souvent par la seule volonté de quelques uns. Le 1er juillet 1966 à Avize, village de la Côte des Blancs, quatre coopératives s’unissaient pour le meilleur : c’est la création de l’Union Champagne. 50 ans plus tard, le groupement rassemble 2000 vignerons à travers 13 coopératives. Elles sont toutes situées dans les plus prestigieux villages de la Champagne, sur une superficie de 1260 hectares plantés à plus de 90% dans les Grands Crus et Premiers Crus. Ce groupement de coopératives

diffuse sa propre marque, De Saint Gall, dont la cuvée prestige millésimée Orpale, un blanc de blancs, a déjà été maintes fois saluée. Une image d’excellence à laquelle Dominique Fauvet, à la tête de l’Union depuis février 2013, tient par dessus tout. Son credo : « l’image du champagne, sa valeur et sa qualité. » Car l’Union Champagne fournit les Maisons les plus prestigieuses en vins tranquilles, c’est à dire non-effervescents, qui entreront dans l’assemblage d’illustres cuvées. Un gage de qualité souhaité par Dominique Fauvet : « C’est notre rôle d’alimenter les plus belles marques et de participer à l’élaboration de leurs plus belles cuvées ». Les dix millions de bouteilles produites par l’Union sont réparties entre les adhérents qui revendent les bouteilles sous leur propre marque (2 millions) et De Saint Gall pour environ 1,4 millions. Le reste des quantités part au négoce. Et parmi les valeurs de la maison, Dominique Fauvet insiste justement sur « l’esprit collectif » : « Nous impliquons nos partenaires dans l’élaboration de nos champagnes. Une vingtaine de nos adhérents donnent ainsi leur avis lors de la dégustation des vins clairs et des assemblages. C’est important pour nous d’avoir une gestion collective et humaine ». Que souhaiter à l’Union Champagne pour ses 50 ans ? « Notre projet est de développer une marque forte sur des fondations solides en France et à l’étranger, pour accroître nos volumes de ventes, mais surtout de valoriser nos grands et premiers crus » explique Dominique Fauvet. Il semblerait que l’opération soit en partie réussie : l’année dernière, le résultat a atteint 874.000 euros, soit une augmentation de 53% par rapport à 2014. Dans cet objectif d’excellence, De Saint Gall lancera en septembre une cuvée millésimée 2008, « So Dark ». Un assemblage de 75% de pinot noir et de 25% de chardonnay issus des grands crus Ambonnay, Ay et Bouzy. Soit mille bouteilles destinées à quelques tables et caves de prestige. Vous avez dit ‘valoriser’ ... ? z FLACONS

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L’écume d’un flacon dans l’azur d’Aÿ par Caroline Latrive, chef de cave d’Ayala, qui n’a pas froid aux yeux.

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Quand un designer industriel de renommée internationale rencontre une vénérable maison de champagne, cela se traduit par un flacon où le ruban rouge en verre s’incruste dans la bouteille.

Fondée en 1860, Ayala est une de ces grandes maisons qui avaient contribué à faire rayonner le champagne en France et à l’étranger. Puis, elle a décliné. Passée sous le giron, en 2005, de la maison Bollinger, elle renoue avec le développement.

ROSS LOVEGROVE :

UN FLACON CONÇU PAR LE PÈRE DE L’ iMAC PAR ALAIN VINCENOT

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omment une prestigieuse maison, telle que Mumm, célèbre-t-elle, cette année, le cent-quarantième anniversaire du Cordon Rouge qui a fait sa renommée ? En surprenant. Et de faire appel au designer britannique Ross Lovegrove, un adepte des techniques avant-gardistes et des formes naturelles qui, selon lui « touchent l’âme ». « Mumm souhaitait bousculer les codes de l’univers du champagne », confie-t-il. Or, il estime que « le design doit toujours repousser les conventions et remettre en question les traditions ». Conclusion : « J’ai voulu agiter cette icône du luxe français ». D’où la ligne épurée du nouveau flacon Grand Cordon, au col allongé. Et, exploit technique qui a nécessité deux ans de recherches et d’échanges avec le chef de caves Didier Mariotti, les responsables des vignobles, les cuvistes, les remueurs, les cavistes et les œnologues, ainsi que la conception de machines spécifiques : le ruban rouge, en verre, s’incruste dans le flacon. Il en souligne la fluidité. Par ailleurs, l’étiquette a disparu. Mais, gravés dans l’épaisseur de la matière, apparaissent la signature de la maison en lettres d’or et l’aigle, son emblème. Une fois de plus, Mumm apporte la preuve que la tradition ne s’interdit pas la modernité. En effet, l’histoire de Mumm, dont le vignoble s’étend actuellement, sur 28 hectares et dont les 25 kilomètres de caves, creusées dans le sous-sol de Reims, recèlent vingt-cinq millions de bouteilles, remonte à la fin du XVIIIème siècle. En 1761, un banquier de Cologne, Peter Arnold Mumm, se lance dans la production et le négoce de vins de Rhénanie. Son Riesling du Schloss Johannisberg rencontre rapidement un vif succès. Le 1er mars 1827, ses trois fils, Jacob, Gottlieb et Philipp, associés à deux hommes d’affaires allemands, G. Heuser et Friedrich Giesler, fondent la société P.A. (initiales du prénom de leur père) Mumm Giesler et C°, spécialisée dans le négoce du vin de Champagne. Leur adresse : 14, rue de la Grosse-Bouteille, devenue, depuis, rue du Champ-de-Mars. Dès la première année, ils expédient 36 000 bouteilles en Allemagne, 18 000 en Russie et en Pologne, 7 000 en Grande-Bretagne et 4 500 aux Pays-Bas tandis que, sur le marché intérieur français, ils n’en vendent que 771. En 1853, le fils de Gottlieb, Georges Hermann Mumm, prend la direction de la maison, à laquelle il donne son nom. Il agrandit les caves, achète de

nouvelles vignes. Le 16 novembre 1876, il fait enregistrer au tribunal de commerce de Reims, la dénomination et l’étiquette « Cordon Rouge ». Un ruban rouge, bientôt remplacé par une étiquette, enserre le goulot des bouteilles. Il évoque, à la fois, le ruban de l’ancien ordre royal militaire de Saint-Louis et le grand cordon de Légion d’Honneur remis aux Présidents de la République lors de leur entrée en fonction. En 1881, le Cordon Rouge est le premier champagne exporté aux Etats-Unis. A la fin du XIX ème siècle, le champagne Mumm est le fournisseur officiel des cours royales d’Angleterre, de Suède, du Danemark, de Norvège, des Pays-Bas, de Belgique, de Prusse, d’Autriche-Hongrie, d’Espagne… Avant qu’il n’en redessine le flacon Grand Cordon, Ross Lovegrove s’était déjà attaché, en 2013, à renouer, pour Mumm, avec une tradition : le sabrage des bouteilles qui remonterait aux hussards de la garde napoléonienne. Après une bataille, ils ouvraient, dit-on, les bouteilles d’un coup de sabre. L’empereur disait : « Le champagne est indispensable en cas de victoire, nécessaire en cas de défaite. » Le designer avait conçu une lame incurvée en acier inoxydable, matériau qui, précise-t-il, « a la même pérennité que le champagne ». Installé dans une ruelle du quartier de Notting Hill, à l’Ouest de Londres, ce Gallois de Cardiff a dessiné les baladeurs Walkman pour Sony et l’ordinateur iMac. Il a également donné forme à des enceintes acoustiques, à des bouteilles d’eau minérales, à des lavabos et a travaillé pour British Airways, Phillips, Olympia, Knoll International… Se désignant comme « biologiste évolutionnaire », il prône « l’essentialisme organique ». D’où son surnom de Captain Organic. Il estime qu’on ne peut pas séparer le matériau de la forme. « Prenez une bouteille de champagne, explique-t-il. Le verre est l’une des matières les plus anciennes au monde, il a d’abord été créé grâce à la foudre qui tombait dans le désert. On peut en voir des exemples dans quelques musées. Le verre, c’est l’une des découvertes qui changea le monde. » Ce qu’il aime dans « l’industrie du champagne » ? « L’éthique. 99% du verre utilisé pour les bouteilles de champagne est entièrement recyclé. Un produit premium, avec un produit dans un packaging entièrement recyclé, c’est génial. » z

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Près de Champillon, une vue imprenable sur la vallée. Au fond, Epernay.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN VINCENOT. z PHOTO JEAN-BAPTISTE DELERUE

aire d’Epernay depuis 2000, après avoir été, pendant cinq ans, adjoint de son prédécesseur, Bernard Stasi, qu’il avait secondé comme directeur de cabinet entre 1990 et 1995, Frank Leroy ne manque pas de projets pour sa ville.

Flacons : Comment gère-t-on la capitale du Champagne ? Franck Leroy : Pour vous répondre, je dois faire un retour en arrière. De 1995 à 2000, adjoint à l’urbanisme, je me suis attaché à convaincre les Sparnaciens, sceptiques, qu’ils avaient un patrimoine. Alors, j’ai fait réaliser un diagnostic qui a révélé un patrimoine de grande valeur, nous permettant d’envisager une véritable dynamique touristique et culturelle. Puis, nous avons créé une zone de protection et lancé des actions de réhabilitation et de ravalement. Résultat : lorsqu’en juillet 2015, l’Unesco a inscrit les « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » sur la liste du Patrimoine mondial, elle a fait figurer l’avenue de Champagne d’Epernay parmi les sites les plus représentatifs. La zone de protection concerne non seulement le patrimoine architectural et urbain, mais aussi le patrimoine paysager. La beauté d’Epernay tient à cet assemblage harmonieux entre la ville nichée à l’intersection de deux vallées et la vigne qui l’entoure.

FRANCK

LEROY

MAIRE D’EPERNAY :

Une ville au patrimoine indéniable. Des projets à l’horizon dont la réouverture, en 2019, du musée régional d’archéologie et du vin de champagne sur l’avenue éponyme. Visitée guidée par Franck Leroy.

Quelle est la place du Champagne dans l’économie d’Epernay ? Elle est essentielle. La notoriété d’Epernay vient de ses grandes marques. De Castellane, Moët et Chandon, Don Pérignon, Perrier-Jouët, Pol Roger, Mercier… Et bien d’autres encore. Toutefois, la production et le négoce s’accompagnent d’une importante activité industrielle et de services. Il faut des bouteilles, des bouchons, des étiquettes, des cartons, de la communication, des logiciels de suivi de l’activité viticole… Epernay accueille deux salons sur les technologies liées à l’effervescence du vin. Ils

« LE DÉVELOPPEMENT DU TOURISME EST FONDAMENTAL » 42

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champagne-bdr.com

ont lieu, en alternance, en octobre, chaque année : le VITeff, avec ses 400 à 450 exposants, à vocation internationale, et Vitivini, avec environ 280 exposants, à vocation nationale et régionale. Bien que ne représentant que sept à huit pour cent du marché mondial du vin effervescent, le Champagne occupe le sommet de la pyramide, place qui nécessite, en permanence, un travail de recherche, d’innovation et d’excellence. Que représente le tourisme à Epernay ? Depuis la fin du XIXème siècle, on observe une magie du Champagne. Des gens comme Eugène Mercier, qui avait créé sa maison en 1858 à Epernay, ont su lui donner l’image de la fête. En 1900, lors de l’Exposition universelle de Paris, ce génie du marketing et de la publicité fit projeter, un film sur son Champagne, réalisé par les Frères Lumière. Il installa, également, au Champ de Mars, un ballon captif, à bord duquel il proposait des dégustations. Aujourd’hui, dans le monde entier, le mot Champagne signifie que le moment est venu de célébrer quelque chose. Grandes manifestations, évènements prestigieux… Alors, de très nombreux touristes viennent à Epernay. Ils veulent savoir d’où vient ce vin unique, pourquoi il est si agréable à boire. Quels sont les lieux les plus visités ? L’avenue de Champagne, évidemment, où se situe l’essentiel des caves. Parmi les maisons les plus fréquentées, il y a les caves Mercier, avec, environ 110 000 visites annuelles, les caves Moët et Chandon qui approchent les 100 000, les caves de Castellane, environ 90 000... Depuis le récent classement à l’Unesco, avezvous remarqué une hausse de la fréquentation touristique ? J’ai récemment rencontré des restaurateurs et des hôteliers. Certains notent une augmentation de plus de 30%. Un restaurateur m’a dit : « C’est du jamais vu ». Un autre : « Après un mois de janvier catastrophique, depuis le début février, ça repart. » La fréquentation des maisons de Champagne est également en hausse. Quelle est la part des étrangers dans les 400 000 à 500 000 visiteurs qu’Epernay accueille chaque année ? Environ 70%. En premier, les Belges, et parmi eux une majorité de néerlandophones. Ensuite, les Britanniques, puis les Américains et les Australiens, les

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Scandinaves, les Néerlandais, les Allemands… Quelle est la durée des séjours? En Champagne, elle est d’environ 2,9 nuits. A Epernay, on l’estime plutôt entre 2 et 2,5 nuits. Avec le développement des interactions entre Reims et sa cathédrale, Troyes et sa ville médiévale, Epernay et le Champagne, on peut espérer atteindre, prochainement dans notre ville, entre trois et quatre jours. Il s’agit de lier les parcours. Quelle est, aujourd’hui, la politique touristique de la ville ? Le Champagne était connu. La Champagne ne l’était pas. Il fallait donc que les touristes potentiels perçoivent que si le Champagne était une boisson à boire, la Champagne était une région à visiter. Grâce aux différents labels obtenus, nous avons acquis une crédibilité touristique. Nos efforts ont payé, puisque ce sont les paysages du Champagne, pas le Cham-

CHÂTEAU LAFITE ROTHSCHILD

CHÂTEAU MOUTON ROTHSCHILD

CHÂTEAU CLARKE EDMOND DE ROTHSCHILD

Le 14 juillet, Soirée Blanche sur la prestigieuse avenue de Champagne pagne, que l’Unesco a classés. Maintenant, tout commence. Nos actions doivent porter sur la découverte des paysages, avec, évidemment, un renforcement des capacités hôtelières et une diversification de l’offre touristique. Chaque année, le deuxième week-end de décembre, Epernay organise « Habits de Lumière », deux jours de spectacles et d’illuminations. Envisagez-vous d’autres manifestations de cette ampleur ? Très installé dans la ville, cet événement accueille entre 40 000 et 45 000 visiteurs. Maintenant, notre objectif est d’en développer d’autres sur la belle saison. Déjà, le 14 juillet, avec sa soirée blanche sur l’avenue de Champagne, connaît un gros succès. Par ailleurs, en 2019, nous comptons ré-ouvrir, à Epernay, le musée régional d’archéologie et du vin de Champagne, avenue de Champagne. Nous allons également diversifier les circuits de randonnées, associant visites du vignoble et visites des caves, des maisons de Champagne et du musée. z

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


RUINART

DANS L’ŒIL DES CRAYÈRES

Erwin Olaf a réalisé une série d’images plus sublimes les unes que les autres.

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ui de mieux pour célébrer l’inscription des crayères et des caves de la maison Ruinart au Patrimoine mondial de l’Unesco qu’un photographe ? Il fallait un témoignage instantané et artistique de ces puits de craie qui furent façonnés dès le moyen-âge par la main de l’homme. Le nom d’Erwin Olaf s’est imposé de lui-même. Artiste multidisciplinaire, il a commencé sa carrière en étant journaliste, plutôt doué pour l’écriture, mais il se laissait trop souvent submerger par la perfection. Lors de sa première visite à Reims, Erwin fut fasciné et impressionné par la profondeur et l’immensité des crayères et préféra donc s’intéresser plus particulièrement aux détails : ces traces laissées par l’homme et avant lui, la nature depuis la préhistoire. Le travail qu’il a réalisé pour la maison Ruinart est un travail inédit révélant un artiste majeur qui, ici, s’est intéressé à la nature et au temps qui passe. Il a raconté, via le spectre de son appareil, une histoire inédite de la vie des crayères de la maison Ruinart. Ce photographe multi-talents a réalisé, en plus des 26 images des crayères, une caisse-cave rendant hommage au premier travail artistique de la maison Ruinart en 1896 avec l’artiste tchèque Alphonse Mucha. Magique !

www.champagne-collet.com

Il fallait le regard expert d’un photographe pour saisir ces fascinants détails. Et célébrer ainsi l’inscription des crayères et des caves au patrimoine mondial de l’Unesco.

enchante les g randes t ables d epuis 1921

L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


RUINART CHAMPAGNE ROSÉ

BARONS DE ROTHSCHILD VINTAGE 2006

MUMM CUVÉE 6 ÉDITION LIMITÉE

LANSON GOLD LABEL VINTAGE 2008

HENRIOT LES MOËT&CHANDON ENCHANTELEURS GRAND VINTAGE 2000 ROSÉ 2008

À QUI LA COIFFE

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DOM PÉRIGNON VINTAGE 2006

AMOUR DE DEUTZ 2006

?

BILLECARTSALMON ELISABETH SALMON ROSÉ 2006

ALFRED GRATIEN MILLÉSIME 2004

TAITTINGER COMTES DE CHAMPAGNE BLANC DE BLANCS 2006

VEUVE CLICQUOT VINTAGE ROSÉ 2008

Quelques flacons au garde à vous. Saurez-vous reconnaître les maisons ? il suffit de suivre le fil pour découvrir les bouteilles. à consommer avec modération.

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LA CHAMPAGNE LANCE SA PREMIÈRE « MARCHE DES RÉCONCILIATIONS »

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Signe d’exception

Afin de célébrer le premier anniversaire de son classement à l’UNESCO, la Champagne organise, le dimanche 10 juillet, de vignes en villages, sa première « Marche des Réconciliations », destinée à porter les valeurs de paix et de fraternité.

résident de la mission « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne- Patrimoine mondial », PierreEmmanuel Taittinger estime qu’il s’agit d’un « évènement pour le monde entier. » Un anniversaire destiné à célébrer une date et une reconnaissance à l’échelle de la planète. Il y a un an, le 4 juillet 2015, l’UNESCO inscrivait les coteaux, maisons et caves de Champagne dans la liste du patrimoine mondial. La zone couvre des milliers d’hectares et pas moins de 320 villes et villages. « Des lieux, expliquait l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, où fut développée la méthode d’élaboration des vins effervescents, grâce à une seconde fermentation en bouteille, et ce depuis ses débuts au XVIIème siècle jusqu’à son industrialisation précoce au XIXème siècle. » Désormais, cette « marque de reconnaissance internationale », ainsi que François Hollande, Président de la République, qualifiait à l’époque le prestigieux classement, va donner lieu à un rendezvous annuel, le 1er ou le 2ème week-end de juillet. Ainsi, du vendredi 8 juillet au dimanche 10 juillet prochains, la mission « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne-Patrimoine mondial » propose un « grand événement d’accueil dans toute la Champagne » : le « Séjour des Réconciliations ». Précision : « A caractère universel », cette rencontre devrait s’enrichir au cours des prochaines années « d’animations culturelles, de spectacles, de concerts, de conférences et de moments conviviaux et gastronomiques autour du thème de la réconciliation. Durant ce « séjour », le comité scientifique de la mission décernera à des personnes s’étant investies dans une démarche de réconciliation des « Bulles des Réconciliations », sculptures de Mauro Corda, d’origine champenoise.

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C’est dans cet esprit que, le dimanche 10 juillet, va se dérouler « la 1ère Marche des Réconciliations ». N’est-ce pas en la cathédrale de Reims, au milieu d’une région hachurée par les guerres, que se tint, le 8 juillet 1962, la réconciliation franco-allemande, en présence de Charles de Gaulle, président de la République française et de Konrad Adenauer, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne ? Au programme de cette première marche : deux boucles de onze et vingt-et-un kilomètres, ponctuées d’animations diverses, de spectacles théâtraux dans les vignes. Ligne de départ : Hautvillers, dans la Marne. Lors des prochaines éditions, elle pourrait se trouver dans des communes de l’Aube, de Haute-Marne ou de l’Aisne. Car cette célébration des réconciliations s’inscrit déjà dans la pérennité. z

INFORMATIONS PRATIQUES : Au programme de ce 10 juillet. Départ à partir de 9h30 d’Hautvillers Dernier départ pour la boucle de 21 km : 11h. Dernier départ pour la boucle de 11 km : 13h 30.

Disponible exclusivement chez les cavistes et sur les meilleures tables. www.champagne-billecart.fr

PAR ALAIN VINCENOT z PHOTO MAUD BERNOS

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