FLACONS of
CHAMPAGNE
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION
L’ICONIQUE CHEF DE CAVES TIRE SA RÉVÉRENCE
LE FABULEUX DESTIN DE RICHARD GEOFFROY
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CHAMPAGNE
Directeur de la publication,
ÉDITO
directeur de la rédaction : Roberto Alvarez
Journalistes : Aymone Vigière d’Anval, Florence Hernandez, Philippe Bidalon, Jean-Michel Brouard, Christophe D’Antonio, Léon Mazzella,
Photographes : Maud Bernos, Rameen Eggspulher, Michaël Boudot, Jean-Baptiste Delerue, Thomas Muselet, Laurent Rodriguez
Directrice artistique : Anne Duhem
Photogravure : Olivier Certain
Rédaction et administration : FLACONS PRESSE 29, rue des Poissonniers 51100 Reims
E-mail : acons.presse@gmail.com Dépôt légal en cours
Photo Couverture : © Michaël Boudot
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UNE VIE
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MILLÉSIMÉE
ui d’autre pourrait quali er une cuvée de « millésime séminal » ? Richard Geoffroy, Chef de Caves de Dom Pérignon, verbalise, avec une virtuosité toute poétique et baroque, le monde du champagne. Il parle d’un goût « tactile ». Il a mis à l’amende le langage classique et imaginé son alphabet effervescent. C’est un moine et un rocker. Un chef d’orchestre et un philosophe. Il quitte la scène après 30 années grandioses à la tête de la Maison d’Hautvillers. Jeune homme, il s’est construit un exil pour soigner ses bleus à l’âme. Pour fuir le tiède et dévorer le monde. Le mythe de l’artiste damné est séduisant, mais Richard Geoffroy est avant tout un homme lucide. Un homme d’esprit. Il aime l’intensité, la précision, l’harmonie… Comme le miroir de ses vins. Il est déroutant. On l’attend sur un millésime convenu et lui déploie ses bras comme les ailes d’un albatros pour vous parler du 2003. Une année plombée par les accidents climatiques (gelées, canicule, grêle, orages, un vignoble ravagé). Et pourtant, les vignes de Pinot noir ont donné des vins riches et amples. Le Dom Pérignon 2003 est par Roberto Alvarez un champagne vineux et puissant. Un des vins de sa vie… Bonne route à Vincent Chaperon qui lui succède. n
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NOTRE SÉLECTION
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LES FLACONS DE L’ÉTÉ 1 ■ Champagne Clos du Château de Bligny 2 ■ Champagne Louis Roederer - Cristal 2008 3 ■ Champagne Laurent-Perrier - Grand Siècle 4 ■ Champagne Yves Couvreur - Expression Brut 5 ■ Champagne Apollonis - Monodie 2008 6 ■ Champagne Clos des Bergeronneau 7 ■ Champagne CL. de la Chapelle
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8 ■ Champagne Charles Heidsieck 9 ■ Champagne Henriot 2008 10 ■ Champagne Taittinger 11 ■ Champagne Angélique Lacroix 12 ■ Champagne Bruno Paillard 13 ■ Champagne Lucien Collard 14 ■ Champagne Boizel 15 ■ Champagne Mercier 16 ■ Champagne Moët & Chandon
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Jean Imbert, le Chef du restaurant L’Acajou à Paris, a imaginé le déjeuner.
LANSON SE MET AU VERT Lanson s’engage toujours davantage pour une viticulture respectueuse de l’environnement.
Hervé Dantan, le Chef de Caves du champagne Lanson, a rappelé cette volonté de « mettre en place un projet ambitieux qui vise à produire un Champagne élaboré à partir d’une viticulture 100 % écologique ». Tout comme le clos Lanson à Reims, un vignoble de 16 hectares appartenant à Lanson, situé à Verneuil dans la vallée de la Marne, est conduit en viticulture biologique. C’est là qu’est née la nouvelle cuvée « Green Label », un assemblage de 50 % de pinot noir, 30 % de meunier et 20 % de chardonnay. Pour l’occasion, la croix Lanson, emblème de la maison, apparaît en vert sur la coiffe et l’étiquette, en papier recyclé.
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Philippe Baijot, Pdg du champagne Lanson, et Hervé Dantan, Chef de Caves.
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Un pique-nique élaboré par le chef doublement étoilé Philippe Mille et ses équipes.
WHITE IS WHITE
LANSON
Plus de 3 500 personnes ont participé à la Soirée Blanche au Domaine Les Crayères à Reims en partenariat avec le Champagne Lanson. Un pique-nique ultra-chic.
PHOTOS JEAN-BAPTISTE DELERUE
Un feu d’arti ce a clôturé la soirée. Ci-dessous, le chanteur américain Cris Cab.
Une marée blanche a envahi le Domaine. Hervé Dantan, Chef de Caves, et Philippe Baijot, Pdg du Champagne Lanson.
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DOM PÉRIGNON
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JE PEUX LE DIRE MAINTENANT: J’AI TOUJOURS VOULU TRAVAILLER CHEZ MOËT & CHANDON. C’ÉTAIT MA RÉVOLUTION À MOI!
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RICHARD GEOFFROY
L’ARTISTE QUITTE LA SCÈNE
Durant plus d’un quart de siècle, l’iconique chef de caves a initié une esthétique du vin, appliquée au euron du vignoble champenois du groupe LVMH.
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PAR PHILIPPE BIDALON z PHOTO MAUD BERNOS
isons-le tout net et sans agornerie, rencontrer Richard Geoffroy est un privilège. Surtout à quelques semaines de la transmission de la clef de la cave de Dom Pérignon à son légataire, Vincent Chaperon, qui trace son chemin, à son côté, depuis treize ans. En attendant, cet humaniste de l’assemblage nous livre une dernière fois celle de la compréhension de ce champagne hors norme. Dans la longue salle du cloître de l’abbaye de Hautvillers, le « créateur de millésimes » trône devant l’imposante table en chêne. Comme toujours, la dégustation devient célébration, convent bachique, avec dans le rôle du grand maître,
notre chef de caves, jongleur de mots et de lots. « Chaque année, je goûte successivement une centaine de lots pour n’en retenir qu’un bon tiers. Plus encore que la qualité intrinsèque des éléments, c’est la vision et la quête d’harmonie qui comptent. Cette projection dessine une trajectoire, une capacité à maintenir la note avec deux instruments, le pinot noir et le chardonnay, dont on joue à l’équilibre parfait. Deux cépages, tels le ying et le yang, et non trois, dont l’assemblage formerait un trépied, source de stabilité, or je recherche un équilibre instable et, au-delà, le sens d’une complétude. » Plus de précisions ? « Nous travaillons sur 20 villages, dont 16 des 17 grands crus et 4 des 42 premiers crus », lâche-t-il avec l’air d’en avoir déjà trop dit. Dom Pérignon doit conserver ses mystères. Au l du propos, derrière la rhétorique huilée de Geoffroy, l’orfèvre en bulles, l’homme Richard perce. Il se livre – un peu – évoquant notamment sa jeunesse et ce qui l’a mené vers la Grande maison. « A 18 ans, je voulais m’échapper. Voir du pays. Dans les années 1970, les jeunes gens se rebellaient en lant dans le Larzac ou à Katmandou. Moi, j’ai choisi de faire médecine… » raconte benoîtement Richard. Mais le voyage qu’il entreprend chez les carabins reste un peu trop intérieur. « Mon ambition n’était pas de reprendre l’exploi-
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tation familiale, poursuit l’héritier d’une lignée de vignerons. Mon père, Henri Geoffroy, avait fondé la coopérative de Vertus, dans les années 1950, et présidait le Syndicat général des Vignerons. A ce titre, il était en rivalité avec Robert-Jean de Voguë, le patron du voisin Moët & Chandon et le créateur de la cuvée… Dom Pérignon, en 1936. Il avait, lui, cofondé l’Union des maisons de champagne. Ces deux organisations se partagent le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC). » Tels deux crocodiles dans un même marigot, les deux fortes personnalités s’affrontaient sur le contrôle des décisions du CIVC. Cette histoire se confond avec celle de la Champagne vitivinicole contemporaine. « Je suis le ls d’une épopée champenoise ! conclut, goguenard, Richard. Avant de con er : « Je peux le dire maintenant : j’ai toujours voulu travailler chez Moët & Chandon. C’était ma révolution à moi ! Et, surtout, je savais que chez eux, je trouverais une ouverture sur le monde. » Bien vu. Avec les Domaines Chandon, où il débute sa carrière, Richard en a vu des Vintage 2008, un millésime qui immortalise le passage de témoin entre Richard Geoffroy et Vincent Chaperon.
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pays : Australie, Argentine, Brésil, Etats-Unis… Et plus encore depuis qu’il s’est glissé, en 1990, dans les habits de celui qui, le premier, maîtrisa le « saute bouchon ». Richard est entré chez Dom Pérignon comme en religion. Un moine soldat. Sa croisade, il la mène pour assurer la singularité du « plus grand vin du monde » et son intensité qui, dit-il, « jaillit de l’harmonie et de la précision ». Celle du terroir, qui façonne les raisins, et celle de l’homme, qui fait le vin. « Rien à voir, insiste Richard, avec la puissance, véritable annihilateur de l‘émotion. » Or, plaide-t-il, sa principale mission consiste justement à transmettre cette dernière dans la bouteille pour marquer la mémoire. Et la Plénitude, concept qu’il a développé à l’orée du millénaire ? « Lorsque le vin est sur lattes, la levure le nourrit, le rend encore plus harmonieux, complet, complexe et intense. Cette perception du vivant, cette faculté de sentir et de ressentir, c’est ce qui demeure en moi du médecin, con e Richard. La maturation n’est pas linéaire, mais se déroule par paliers. Autant de fenêtres d’expression qu’on a décidé d’appeler Plénitudes. Des moments privilégiés où le vin parle plus haut, plus fort et mérite d’être présenté à la lumière. Pas moins de huit à neuf ans sont nécessaires pour atteindre la première plénitude : Dom Pérignon Vintage, quand tous les attributs de la cuvée d’exception sont en place. La deuxième (P2) intervient après quinze ans, lors d’un pic d’énergie. La personnalité enjouée, minérale, iodée, épicée du vin résonne avec plus d’intensité et de clarté que jamais. Avec P3, en n (de 25 à 40 ans), l’architecture du vin s’est progressivement épurée autant qu’elle s’est enrichie. Dom Pérignon, c’est le fondu enchaîné du champagne, mais en aucun cas un arrêt sur image. » Voilà vingt-huit ans que Richard Geoffroy crève l’écran dans la superproduction du groupe LVMH. Le héros n’est pas fatigué, la passion qu’il manifeste à l’égard de sa charge est aussi forte qu’au premier jour. Néanmoins, il est temps de quitter la scène, de passer la main à Vincent Chaperon. Et lui, à autre chose. Coincer la bulle dans un hamac ? Non, la retraite serait prématurée. Sur le ton de la con dence, il annonce avoir des projets, mais ni dans le vin ni en France. On n’en saura pas plus. Sa valise est prête, Richard a toujours une âme de globe-trotter.
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Une photo symbolique avec Vincent Chaperon qui lui succède. Avec son complice, le chef Alain Ducasse. Des images pêle-mêle d’une vie de chef de caves à Hautvillers.
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ANS ET TOUJOURS
PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO z PHOTOS LAURENT RODRIGUEZ
Marie, JeanJacques, Agathe et Alexandre, chics et rock.
La maison familiale établie à Chigny-les-Roses, au cœur de la Montagne de Reims, fête son centenaire cette année. Retour sur l’histoire de cette maison, où l’on sait conjuguer recherche de l’excellence, respect du terroir et audace.
PÉTILLANTE
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our marquer l’événement, la Maison Cattier a rafraîchi son logo. L’arabesque sous la marque est toujours là et l’étoile qui figurait sur les étiquettes de l’entredeux-guerres fait son retour. Cattier sort également deux beaux flacons : une Cuvée 100 ans Clos du Moulin (19991998-1996) et un Magnum Clos du Moulin (2002-20001999). Deux flacons bien dans la tradition de cette maison, qui est l’une des rares de Champagne à proposer une gamme complète 100 % premier cru, avec un style très caractéristique : complexité aromatique et arômes intenses de fruits. Depuis 1918, elle est restée une entreprise familiale, aujourd’hui dirigée par Alexandre Cattier, arrière-petit fils du fondateur, assisté de ses deux cousines, Agathe Charles et Marie Cattier. Retour en arrière. Pendant la Première guerre mondiale, Jean Cattier est blessé au front. Lorsqu’il rentre à Chigny-les-Roses, où sa famille cultive la vigne depuis le 17e siècle, il ne trouve pas d’acheteur pour sa récolte. Reims est assiégé par l’armée allemande et les négociants en champagne ont toutes les peines du monde à maintenir un semblant d’activité. Jean Cattier décide alors de vinifier ses raisins. En 1918, à la fin de la guerre, il sort ses premières bouteilles. La maison Cattier est née. En 1936, son fils lui succède. Jean Cattier fils et son épouse Nelly se partagent les rôles : à lui le vignoble, à elle la gestion administrative et commerciale. Le tandem fonctionne à merveille et la maison prospère. En 1951, Jean Cattier fait l’acquisition d’une parcelle
de 2,2 hectares, le Clos du Moulin. Dès sa première récolte, il réalise une vinification séparée et élabore sa première cuvée Clos du Moulin. Jean Cattier fait œuvre de pionnier : il est le premier créateur d’une cuvée de clos historique en champagne. Cuvée d’exception de la maison Cattier, les bouteilles de Clos du Moulin sont commercialisées dans un élégant flacon métallisé noir, après 8 ans de vieillissement en cave. En 1967, Cattier est le premier récoltant manipulant de la Champagne à atteindre la cape des 100 000 bouteilles vendues dans l’année. Dans les années soixantedix, Jean-Louis, le fils aîné de Jean et Nelly Cattier, reprend les rênes de l’entreprise familiale. Il est rejoint par son frère Jean-Jacques, qui lui succédera. La Maison Cattier exploite 33 hectares de vignes, dont 29 hectares classés premier cru, principalement situés sur les terroirs de la Montagne de Reims. Ses caves se trouvent à Rilly-la-Montagne, avec une capacité de stockage de 2 millions de bouteilles. Situées à 27 mètres de profondeur (119 marches), elles comptent parmi les plus profondes de Champagne. Pionnière avec la création du Clos du Moulin, la Maison Cattier l’a aussi été en obtenant la certification « Haute Valeur Environnementale » (HVE), en 2015, et, plus récemment, la certification « Viticulture durable de Champagne ». Sur environ 20 000 exploitations viticoles en Champagne, seules 127 bénéficient de cette dernière certification. Novatrice, la Maison Cattier l’a encore été par son audace commerciale. En lançant d’abord, il y a 20 ans, la cuvée Brut Saphir. Un flacon bleu nuit, il fallait oser. Puis, JeanJacques Cattier frappe un grand coup, en 2006, en lançant la marque Armand de Brignac. Un assemblage de trois années de vendanges de grands et premiers crus contenu dans une bouteille métallisée or frappée d’un as de pique. « Un ovni dans le monde assez traditionnel du champagne, souligne Agathe Charles. Il a permis à la maison de percer dans le très haut de gamme ». Armand de Brignac séduit le marché américain, où s’écoule une bonne partie de la production de 150 000 bouteilles. Et bénéficie, en prime, d’un joli coup de pub quand le rappeur Jay-Z, conquis, rachète les droits de vente de la marque. Du coup, c’est tout le showbiz américain qui l’adopte. « Ce coup d’audace nous a aussi permis de toucher une clientèle plus jeune, plus ouverte à la nouveauté. Depuis, on nous a beaucoup copiés », ajoute Agathe Charles. Être copié, c’est bon signe : ça prouve qu’on est dans le vrai.
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GOSSET
« JE GÈRE DES En trente-quatre ans, Jean-Pierre Cointreau a constitué un petit groupe de vins et spiritueux ancré dans les terroirs de France. Pour lui, l’avenir de la plus ancienne maison de vins de la Champagne passe par des cuvées de plus en plus sélectives.
Un jardin tranquille au sein de la Maison Gosset à Epernay.
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MARQUES SOUVENT CENTENAIRES »
PAR PHILIPPE BIDALON z PHOTO LAURENT RODRIGUEZ
J’ai passé ma vie à essayer de faire renaître des marques historiques », lâche JeanPierre Cointreau. Avec succès. Ce lointain descendant de Rabelais, par sa mère, nourrit une belle appétence pour les entreprises patrimoniales dans le secteur des vins et spiritueux. A l’image de celle où il a grandi, le cognac Frapin, 240 hectares d’un seul tenant au cœur de la Grande Champagne et où les anges trinquent depuis 1270. Autour de laquelle, aussi, sa famille et lui ont constitué le groupe Renaud-Cointreau. Acte fondateur, en 1984, lorsqu’il annonce la reprise de la maison Pagès, en Auvergne, qui produit notamment la Verveine de Velay, son père af che une mine dubitative. On peut le comprendre. Le marché des liqueurs, durant les années 1980, n’est pas très orissant. Mais Jean-Pierre Cointreau réussit à remonter la marque et enrichit bientôt son portefeuille avec la Gentiane Salers, le Noyau de Poissy, la fraise des bois Dol , les crèmes de fruits et les sirops de la maison bourguignonne Védrenne… En 1994, les Cointreau investissent dans le vin des sacres : Gosset, une pépite fondée à Ay, en 1584. Ce qui en fait la plus ancienne maison de vins de la Champagne, alors tranquilles et rouges. Les bulles se sont formées bien plus tard, au XVIIIe siècle. « Ces acquisitions de liqueurs sont cohérentes avec le cognac, commente le dirigeant. Leurs cycles de production et de commercialisation sont courts. La trésorerie que cela génère aide au nancement du vieillissement de nos eaux-de-vie charentaises. Nous répartissons les risques », explique l’avisé gestionnaire. Et Gosset ? « Nous avions envie d’acheter une maison de champagne depuis toujours. Des synergies existent aussi avec les deux autres pôles. La moitié de nos ventes de champagnes se réalise à l’exportation, marché quasi exclusif du cognac. » A son côté, pour écrire la légende de Gosset, il a longtemps pu compter sur Jean-Pierre Mareigner, qui détenait
la clef de la cave depuis 1983. L’affable œnologue, décédé en 2016, passait des journées entières dans le chai, seul, à déguster et à déguster encore les trésors qui sommeillent à l’obscurité des galeries creusées dans la craie. Ravi d’accompagner la montée en gamme voulue par les nouveaux propriétaires, dès 1995, il sort de ses caves un 1988 extra brut, très pur et plein de fraîcheur : Celebris Vintage est né. Ce vin de gastronomie donne l’idée au patron gourmand de sceller les liens étroits entre son champagne et l’univers des grandes tables à travers un concours, au nom de sa cuvée de prestige. La compétition récompense des démarches culinaires exemplaires. En vingt-trois ans, le Trophée Gosset Celebris a rassemblé quelque 500 candidats, cuisiniers, sommeliers qui ont contribué à faire progresser la cause de l’alliance de la cuisine française et du « vin des sacres ». Sous l’impulsion de son président, innovation et tradition se conjuguent à merveille chez Gosset. Comme l’illustre le fameux « 15 ans » : « L’idée était de proposer de vieux vins pour changer l’image du champagne en montrant qu’il peut vieillir, explique Odilon de Varine, le nouveau Chef de Caves. On a ainsi laissé un brut sans année quinze années en cave avant son dégorgement. ». « Un tel succès qu’on aurait pu en vendre le double ! », ajoute le boss. Dans la même veine, le tout récent 100 % Meunier (5 000 exemplaires), le Blanc de Noirs, l’année dernière, et précédemment le Blanc de blancs ont aussi conquis les amateurs. Cette dernière cuvée, démontre que le conservateur Jean-Pierre Cointreau — « Que voulez-vous, je suis classique, je gère des marques souvent centenaires » -, amoureux des alambics vintage et des fabriques artisanales enracinées profondément dans leur terroir sait faire preuve d’audace. Car il en faut pour revendiquer un 100 % chardonnay dans une maison dont la renommée s’est écrite avec l’encre vineuse des pinots noirs. « Le chardonnay est désormais majoritaire dans toutes nos cuvées, plaide-t-il. Cela correspond au goût de la clientèle. » Ses décisions se sont révélées plus que judicieuses. De 400 000, en 1994, la plus petite des grandes maisons de champagne vend aujourd’hui un million de bouteilles. « La taille n’est pas un enjeu. Nous sommes attachés à une croissance raisonnée qui préserve la qualité », conclut l’adepte de la force tranquille.
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COLLET
La Bastide surplombe Gordes, l’un des plus beaux villages de France.
SI VOUS PASSEZ PAR LA BASTIDE
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Forte de son nouveau positionnement haut de gamme, la maison Collet dont la philosophie est de concevoir des vins spécialement pour la grande gastronomie brille désormais sur les cartes des restaurants étoilés et depuis peu sur celle d’un palace. Bienvenue dans l’art de vivre de son univers très… pétillant !
PAR FLORENCE HERNANDEZ PHOTO RAMEEN EGGSPULHER
écouvrir le Blanc de Blancs Premier Cru de la maison Collet au soleil couchant et bord de la piscine XXL de la Bastide de Gordes, un palace 5 étoiles perché au cœur du Lubéron est un plaisir inoubliable! Autour d’un service à la mise en scène parfaite, on savoure ce vin lumineux comme de l’or liquide. Paré d’une robe d’un jaune dorée limpide, d’une effervescence subtile et d’un nez très léger de pamplemousse et de fleurs blanches qui évoque l’aubépine et l’acacia, en bouche, il apparaît tout en finesse en s’offrant sur un bel équilibre et sur une finale aromatique remarquable. Gourmande est très marquée par le chardonnay, cette cuvée essentiellement issue des terroirs de la célèbre « Côte des Blancs » qui a vieilli cinq ans dans le silence des caves taillées dans la craie, séduit par le charme qu’opère la magie de pouvoir déguster ce champagne à parfaite maturité. On comprend dès lors le Directeur Général, Olivier Charriaud, lorsqu’il affirme que « pour nous, le marketing est dans le verre ». Une des grandes spécificités du champagne officiel des Miss France depuis 30 ans et que chaque cuvée a été pensée et créée afin de correspondre à une étape précise d’un repas. Egalement très aboutie, l’inspiration visuelle Art Déco de chaque étiquette y participe aussi par son chic en mettant en valeur celui d’une belle table. Idéal dès l’apéritif, si le Blanc de Blancs dont les fines bulles et les arômes minéraux se marient parfaitement avec les fruits de mer, il trouve admirablement sa place sur un homard ou un assortiment de sushis ou de sashimis. Certains chefs inspirés par cette cuvée n’hésitent pas à l’associer à une asperge blanche préparée comme une Suzette ou avec une pomme de terre « Mitraille » servie avec un bouillon de combava
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et une lotte au romarin à la manière du chef doublement étoilé Jean-Luc Rabanel. Étroitement liée à l’histoire de la Champagne, la maison Collet, qui inspire les grandes tables depuis 1921, est solidement implantée dans le grand cru d’Aÿ. Pour preuve, elle s’approvisionne sur quelque 730 hectares et sur une vingtaine de communes essentiellement en Premiers et Grands Crus pour n’avoir à assembler que de la qualité optimale! « C’est d’ailleurs grâce à la diversité de nos approvisionnements que nous avons cette mentalité d’artisans » souligne Olivier Charriaud, porte-parole de ce collectif regroupant huit cents familles de vignerons réparties sur 160 communes de la région champenoise. Précisant qu’il n’y a pas de luxe sans artisanat, ce dernier évoque le savoir-faire de la maison comme faisant partie de son ADN, la coopérative étant par là même le prolongement de l’exploitation. En clair, on peut être la plus ancienne cave sans oublier d’en être dynamique! Riche de treize cuvées exclusives, cette pétillante coopérative est aussi à l’origine de nombreuses initiatives. À l’image de son prix oeno-littéraire, le Prix Champagne Collet du Livre de Chef récompense l’ouvrage d’un cuisinier. Crée en 2013, ce prix prestigieux a été dernièrement attribué à Grégory Marchand du célèbre restaurant Frenchie à Paris. Autre initiative inédite et tout aussi festive, tous les jeudis et vendredis soir, de 18h à 21h, les amateurs d’after-work peuvent profiter du cadre exceptionnel des jardins de la Villa Collet, une élégante demeure d’inspiration Art Déco dans le village d’Aÿ, au cœur même de la Cité du Champagne, pour venir écouter des formations musicales. Collet au cœur de l’été…
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DE GORDES…
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2018 ODYSSÉE
DE L’ESPACE 32
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Photo clin d’œil de Didier Mariotti, le Chef de Caves de Mumm.
PAR AYMONE VIGIÈRE D’ANVAL PHOTO THOMAS MUSELET
La Maison a toujours placé l’innovation au cœur de son développement. C’est à présent un nouveau rituel de dégustation qui se dessine, cette fois-ci dans l’espace, avec la cuvée mumm grand cordon stellar. On en a tous rêvé, Mumm l’a fait…
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e mouvoir en apesanteur ? L’idée fait rêver, d’autant plus depuis que l’astronaute Thomas Pesquet a eu la brillante idée de partager ses images d’une poésie rare de notre planète bleue. S’alimenter, se déplacer.. Hergé avait déjà imaginé le Capitaine Haddock et son whisky ! Et pourquoi pas déguster du champagne ? Dé très audacieux relevé par la Maison qui dévoile cet exploit technologique, au travers de la Cuvée Mumm Grand Cordon Stellar. La passion de l’espace ne date pas d’hier chez Mumm puisqu’en 1981, l’ancien directeur de communication, Gérard de Ayala remettait un coffret de la Maison au premier pilote de la navette Columbia, Robert Grippen ainsi qu’à son commandant John Watt Young, lors d’un salon au Bourget. Mumm a donc poursuivi ce lien avec l’espace, en s’associant avec Spade, l’une des rares agences de design en Europe à concevoir des objets spatiaux. Cette dernière est dirigée par le jeune designer Octave de Gaulle, l’un des arrières petits-neveux du Général, qui avait déjà créé un prototype de service à vin dans le cadre de son master à l’ENSCI (Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle), en travaillant sur ce design de l’espace où il convient de ré échir différemment, les paramètres de l’apesanteur annulant tout ce que l’on savait jusqu’alors. Un besoin de réinventer ces nouveaux objets, un réel dé créatif qui l’a naturellement amené à collaborer avec la Maison Mumm, pour faire naître cette bouteille inédite. Une bouteille de vin en forme d’anneau ou torique avait déjà vu le jour, en collaboration avec le Château Haut-Bailly mais de champagne, jamais. L’innovation est donc bien réelle. Des bulles en apesanteur pour une nouvelle et incroyable dimension sensorielle.
« l’apesanteur nous lançait un dé aussi simple que redoutable : faire jaillir le champagne de la bouteille »
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Comme le résume Octave de Gaulle, « l’apesanteur nous lançait un dé aussi simple que redoutable : faire jaillir le champagne de la bouteille ». Celle-ci, délivrée de la gravité, a été créée en verre transparent, siglée du célèbre cordon rouge et en utilisant le gaz du champagne pour expulser le champagne dans un anneau, où il se concentre en amas de bulles. Les bulles ottant dans l’air sont recueillies dans un verre spécial, à la tige fuselée et surmontée d’une corolle concave de cinq centimètres de diamètre, où la mousse en suspension peut adhérer a n de pouvoir être dégustée. Dif cile à imaginer ne serait-ce que visuellement puisqu’il faut savoir qu’une goutte de champagne fait la taille d’une balle ping-pong en apesanteur ! Didier Mariotti, le Chef de Caves de Mumm, parle de nouvelles sensations et cela, dès que le champagne sort de la bouteille, sous forme d’écume mousseuse, avant de se reformer en liquide en bouche. « L’effet est très surprenant, témoigne-t-il. Avec l’apesanteur, le vin recouvre instantanément l’ensemble du palais et exhausse les sensations gustatives. L’effervescence s’efface au pro t de la rondeur et de la générosité, et laisse alors le champagne s’exprimer pleinement ». En termes d’olfaction, l’apesanteur démultiplie également les sensations et ressentis, les arômes enveloppant tout l’espace de l’habitacle. Une nouvelle façon de penser la convivialité dans l’espace, réservée bien évidemment à quelques privilégiés mais qui pourrait concerner dans pas si longtemps que cela un plus grand nombre, si l’on en croit le développement des vols commerciaux dans l’espace ainsi que les vols paraboliques dans le cadre des futures missions spatiales. Le savoir-faire maîtrisé de la Maison Mumm s’illustre une fois encore dans l’innovation et la créativité avec cette cuvée Grand Cordon Stellar. Une belle aventure qui amène des étoiles aux yeux…
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RUINART
L’ESSENTIEL EST INVISIBLE POUR LES YEUX…
Chaque année, Ruinart donne carte blanche à un artiste contemporain pour réaliser une œuvre qui s’inspire de son histoire et de ses valeurs. Cette année, le photographe chinois Liu Bolin a créé trois images saisissantes qui rendent hommage aux collaborateurs de la maison.
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PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO
Liu Bolin et Frédéric Panaiotis, le Chef de Caves, camou és dans les vignes.
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iu Bolin s’est fait connaître, en 2005, avec une série de photos sur lesquelles, le visage et les vêtements entièrement peints, il se dissimulait dans un décor de ville promis à la démolition. Pékin rasait sans pitié tous ses quartiers populaires pour faire place aux Jeux Olympiques de 2008 et Liu Bolin voulait témoigner de son impuissance et de son désarroi face à ce triste spectacle. La série, baptisée « Hiding in the City » (Caché dans la ville), a valu à Liu Bolin d’être exposé dans le monde entier. Chaque photo de Liu Bolin est une performance, qu’il disparaisse devant un mur couvert de slogans du Parti communiste chinois, un étalage de magazines ou un rayon de boîtes de conserve dans un supermarché. Chacune de ces images demande des jours de préparation minutieuse pour faire disparaître — mais pas complètement – le modèle dans son décor. Liu Bolin est né en 1973 à Binzhou, dans la province du Shandong, au sud-est de Pékin. Il a étudié la sculpture à l’Académie centrale des Beaux-Arts de Pékin, où il s’est mêlé au milieu artistique du Beijing East Village. Il y a découvert l’art de la performance au sein d’une génération d’artistes qui ont mûri dans une Chine en pleine mutation. Et c’est là qu’il a créé une « forme artistique singulière, d’une ef cacité rare, parfaitement en phase avec l’époque », écrit le critique d’art Philippe Dagen dans la préface de la monographie Liu Bolin parue aux éditions La Martinière. C’est cet artiste original que Ruinart, dèle à sa longue tradition de mécène des arts, a invité pour une résidence, en 2017. Dans les vignes et les crayères, Liu Bolin s’est imprégné de la longue histoire de la plus ancienne maison de champagne, fondée à Reims en 1729. « Quatre aspects essentiels pour moi étaient réunis : l’histoire, la culture, le savoir-faire et la dimension humaine », dit-il. L’artiste chinois a réalisé quatre images saisissantes. « Caché dans les vignes », le montre lui et le Chef de Caves Frédéric Panaiotis, camou és dans les vignes. « Caché dans les gyropalettes avec Pablo », le représente avec un remueur de la maison Ruinart. « Des vignes aux crayères, les collaborateurs de Ruinart tirent parti de la nature sans la dévoyer. C’est leur travail que j’ai voulu mettre en avant », explique l’artiste. Dans le prolongement de cet étonnant travail, Liu Bolin a également conçu une série limitée de 10 coffrets contenant un jéroboam de Blanc de Blancs, pour lesquels il a utilisé les vestes peintes utilisées pour ses photos.
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CASTELNAU 26
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DES ÉPURES Hier encore une belle endormie, en deux ans Castelnau a révolutionné son image a n de séduire de nouveaux publics. Entre audace et excellence, la marque CRVC a su moderniser et épurer ses packagings, relooker sa signature, imaginer de nouvelles cuvées pour se positionner avec succès en véritable épicurienne. PAR FLORENCE HERNANDEZ PHOTO LAURENT RODRIGUEZ ET FRANÇOIS DO Ballet de bulles et de homards autour de la cuvée Hors Catégorie.
GOURMANDES
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arement un champagne aura vécu autant de transformations en si peu de temps ! En deux ans, a n de s’adresser à une clientèle plus jeune, plus internationale et plus haut de gamme, cette Maison rémoise a non seulement repensé l’esprit de sa marque, pénétré de nouveaux marchés, rajeunit ses codes graphiques tout en gardant ses valeurs traditionnelles de sobriété, d’élégance, de savoir faire, d’artisanat et de dynamisme. Laissant désormais libre cours à la créativité et à ses challenges, Castelnau s’offre ainsi d’audacieuses échappées belles à la fois au travers du monde de la voile, du vélo et de la gastronomie. C’est avec pour seule ambition de créer de grands vins, qu’il y a 100 ans des négociants entrepreneurs d’Epernay lançaient Castelnau comme une nouvelle marque de champagne. A la tête aujourd’hui d’un vignoble de 900 hectares, ce collectif de vignerons dirigé par un breton, Pascal Prudhomme, défend à la fois les terroirs champenois et les artisans viticulteurs qui apportent à cette cave la connaissance de la terre et la passion de la vigne. Mais « c’est autour d’une même qualité parfaitement maîtrisée que s’effectuent ces changements » précise sa Chef de Caves, Elisabeth Sarcelet. Fière de ses vins dont elle parle avec tendresse en les quali ant « d’équilibrés, de longuement mûris, d’amples mais avec toujours une fraîcheur légère », elle met un soin extrême à assembler le Brut Réserve, cette signature de la maison qui symbolise la générosité des vins que l’on recherche dans le vieillissement sur lie. Pour elle, si le Brut Réserve s’avère être le compagnon idéal de l’apéritif, il peut très bien accompagner tout un repas. De par son vieillissement exceptionnel de 5 à 7 ans, celui qu’elle dé nit comme « une âme de millésime dans un corps de brut » sublimera non seulement
une volaille simplement grillée ou accompagnée d’une sauce aux morilles mais également une caille rôtie ou un gibier ! Les amateurs découvriront aussi les subtilités de ce Brut dès lors qu’il sera associé à des asperges vertes croquantes. Aérien, n et tout en élégance, c’est sur l’assemblage brut du millésime 2006 que, pour elle, la meilleure association possible est avec un plat rehaussant les aigredoux de la cuisine chinoise. Là où on verrait bien une tarte feuilletée à la mirabelle, en puriste Elisabeth Sarcelet est formelle : « un champagne millésimé se passe de dessert » ! Champagne lumineux à la fraîcheur subtile, la pureté des chardonnays règne en maître dans le Blanc de Blancs de la maison. Le 2005, dont la sortie est prévue en septembre, traduit le style de Castelnau grâce à sa générosité qui s’exprime à la fois sur une texture crémeuse toute en légèreté et sur des notes de citron con t. Sublimant un tartare de Saint-Pierre ou une truite saumonée grâce à sa vivacité et à ses notes d’agrumes, il attire les compliments sur un navarin de veau. Mais Elisabeth Sarcelet est tout à fait partante pour se laisser séduire par un plateau de fromage sur lequel parmesan et vieille mimolette serviraient d’écho à ce Blanc de Blancs atypique car loin du pro l de ce type de cuvée qui s’exprime généralement sur la tension et la minéralité. Pour élaborer un vin comme le Hors Catégorie « il faut aller au- delà de ses vérités » c’est ainsi que cette chef d’orchestre du goût quali e ses interventions sur cette pépite haut de gamme. Editée a seulement 3 500 exemplaires, « Hors Catégorie » est une cuvée rare. Fruit d’une sélection de millésimes choisis parmi les crus les plus emblématiques de la Champagne, le « HC » fait partie des vins iconiques à personnalité. Avec sa bulle extra- ne signe de la particularité dans son élaboration, ce vin de pierre aux notes épicées et tranchantes surprend par ses accents exotiques qui appellent la nesse et le croquant de l’huître. Un inédit à goûter absolument ! Magni é sur sa vivacité par des fruits de mer, un bar ou un tartare de poisson, il joue sur sa texture auprès d’un foie gras parsemé de sésame. En n de repas, il donnera parfaitement la réplique à un vieux parmesan et à un sorbet au café. En attendant la sortie de l’Ultra Brut en septembre, la grande nouveauté de la maison, on aura tous compris que la meilleure association possible avec la gamme des champagnes Castelnau c’est de les boire… sur l’air du temps !
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BOIZEL
Le splendide cellier à foudres, au cœur de l’Atelier 1834.
La famille Boizel partage sa passion du Champagne.
Depuis le mois d’avril, la maison de champagne d’Epernay propose des visites guidées de ses caves, ainsi que des dégustations de ses grandes cuvées.
LA MAISON S’OFFRE UN LIFTING « Il y a longtemps qu’on pensait à ouvrir nos portes au public. Avant, il a fallu réaliser quelques travaux », explique Evelyne Roques-Boizel, Pdg de la maison familiale fondée en 1834. Deux ans de travaux, précisément, pour restaurer le cellier bois, garantir l’accessibilité des caves et aménager un salon de dégustation. « Pour une petite maison comme la nôtre, ce n’est pas rien », ajoute Evelyne Roques-Boizel. Installée depuis 30 ans sur la prestigieuse avenue de Champagne d’Epernay, la maison Boizel propose désormais trois visites par jour, pour des groupes de 8 à 12 personnes. Ainsi que des ateliers privés, avec des prestations sur-mesure. « Nous tenons à rester une petite struc-
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ture assez souple », dit Evelyne Roques-Boizel. Les visiteurs peuvent découvrir les magni ques bâtiments construits en 1858, le cellier à foudres, les cuveries, avant de descendre à 11 mètres sous terre pour parcourir les caveaux. Tout au long du parcours, chaque étape de l’élaboration du champagne leur est expliquée. La visite s’achève avec le « caveau des Millésimes », où sont conservées les plus belles années, de 1950 à aujourd’hui, et le Trésor Boizel, les « archives liquides de la famille ». Il abrite quelques bouteilles de l’année de fondation, 1834, et les plus grands millésimes de la n du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle. Au terme de cette visite est proposée une dégustation des grandes cuvées Boizel. Plusieurs formules sont proposées et des dégustations sur-mesure possibles. « Un groupe de Japonais a demandé à déguster toute notre gamme », con e Evelyne Roques-Boizel.
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champagne tsarine, partenaire du Rallye Aïcha des Gazelles. Une épreuve unique au monde.
Céline Voide et Gaëlle Dumausé, une équipe de choc.
LES TSARINES JOUENT LES GAZELLES Ce rallye féminin se déroule hors-piste dans les paysages grandioses du sud marocain. Plus de 300 femmes (de 17 nationalités) se sont élancées par équipage de 2, munies de leurs seules boussoles et cartes. Partenaire depuis 2015, le champagne Tsarine a été représenté par Céline Voide, sa responsable communication, et Gaëlle Dumausé, sa copilote, médecin de son état. Céline en est encore émue : « C’était une expérience unique, intense. Des mois de préparation. Il a fallu faire preuve de courage, d’audace, tout en restant concentrées. »
L’art de franchir un mur de sable sans sourciller.
DEUTZ
DEUTZ CÉLÈBRE L’ESPRIT DU MUSÉE
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Partenaire de longue date du prestigieux musée parisien, la maison Deutz a honoré Angela Lindvall, mannequin et actrice américaine. Nouvelle venue dans la galerie de personnages plus vrais que nature qui attirent chaque année plus de 700 000 visiteurs. PAR JEAN-MICHEL BROUARD z PHOTOS LAURENT RODRIGUEZ
Le musée Grévin célèbre la réussite dans toute sa diversité. Les personnages représentés viennent d’horizons très variés, notamment politiques et artistiques, sont de nationalité et d’âge différents. Mais leur succès rappelle systématiquement la fête et le champagne ». Fabrice Rosset, Président de Deutz, est enthousiaste lorsqu’il évoque la collaboration entre sa Maison et l’institution parisienne. Une relation étroite née d’une rencontre, il y a près de 20 ans, avec Béatrice de Reyniès, la Présidente du musée. Compréhension et con ance mutuelles ont conduit à initier un partenariat entre ces deux phares du patrimoine français. Fondées au XIXème siècle (1838 pour la maison Deutz et 1882 pour le musée Grévin), ces deux maisons sont devenues au l des décennies des symboles de la culture française. Célébrée par tous les amateurs, la maison Deutz produit des champagnes devenus des références au l des ans. Le musée Grévin, pour sa part, cache en son sein quelques trésors. Le théâtre construit en 1900 est ainsi classé pour son exceptionnel décor signé Jules Chéret et Antoine Bourdelle, deux des plus grands artistes de l’époque. Dans ce contexte, les visiteurs ne seront pas surpris d’apercevoir des bouteilles de la cuvée Deutz Classic dans la brasserie reconstituée sur le parcours, étonnant café littéraire où se côtoient, Serge Gainsbourg, Ernest Hemingway, Jean d’Ormesson ou bien encore Amélie Nothomb, grande amatrice de nes bulles champenoises ! Depuis 2001, la maison Deutz est donc présente aux côtés du musée Grévin, notamment lors des nouvelles intronisations décidées par le
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comité Grévin présidé par Stéphane Bern. Après Alexandra Lamy, Catherine Frot, Maître Gims et Killian Mbappé, les derniers entrants, c’est au tour de l’ancien mannequin Angela Lindvall d’inaugurer son double de cire. Comme pour chaque personnalité, ce ne sont pas moins de 6 mois de travail qui auront été nécessaires pour immortaliser les traits de cette femme engagée notamment dans la protection de l’environnement auprès des plus jeunes. « Une femme célébrant la beauté et l’élégance » comme le rappelle Fabrice Rosset. Un parallèle évident avec les cuvées de la Maison Deutz « qui célèbrent la grâce et l’harmonie ». Et plus particulièrement avec la plus célèbre d’entre elles, la cuvée Amour, créée en 1999. « Un blanc de blancs dont le chardonnay est un éloge des terroirs les plus nobles de la Côte des Blancs ». C’est donc tout naturellement qu’Angela Lindvall se verra offrir lors de sa cérémonie d’entrée dans le musée un magni que jéroboam d’Amour de Deutz. Un privilège que les visiteurs du musée peuvent également expérimenter en prolongeant la magie de leur visite avec une coupe de Deutz Brut Classic au café Grévin adjacent. C’est aussi le cas dans les autres succursales ouvertes à Montréal en 2013 et à Séoul en 2015. Mais aussi dans le Chaplin’s World ouvert à Vevey en Suisse il y a 2 ans. Un lieu unique retraçant la vie de Charlie Chaplin dans sa demeure du bord du Léman, évidemment au moyen de statues de cire. La maison Deutz accompagne donc son partenaire à l’international et sera présent à la dégustation dans ces différents lieux. Une relation forte, de long terme marqué du sceau du dynamisme. Après Angela Lindvall, le musée présentera d’ici la n de l’année les statues de Marc Antoine, le magicien, de Pierre Richard qui signera son grand retour après une première apparition au musée dans les années 1980, ainsi que Carla Bruni.
Chloé Verrat, directrice de la communication du champagne Deutz, et Angela Lindvall, mannequin et actrice américaine.
GRÉVIN
Un Aznavour de cire... Yves Delhommeau, Directeur général du Musée, et Chloé Verrat.
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La maison fondée en 1868 par Victor Canard et Léonie Duchêne a changé de propriétaire en 2003. Depuis, elle a refait ses gammes et retrouvé ses valeurs. Laurent Fédou, son chef de caves, explique comment ces années de travail ont permis de « remettre la maison sur ses rails ».
LE PHÉNIX RENAÎT DE SES CENDRES PAR CHRISTOPHE D’ANTONIO
PHOTO THOMAS MUSELET
Laurent Fédou, Chef de Caves du Champagne Canard-Duchêne.
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CANARD-DUCHÊNE
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l’occasion de ses 150 ans, Canard-Duchêne rajeunit sa communication autour d’une nouvelle plate-forme de marque. Le concept — « cultiver sa liberté » — s’inscrit dans l’esprit d’une consommation du champagne décomplexée et spontanée. La maison entend ainsi s’adresser à un public plus jeune, plus urbain et « s’éloigner de la solennité liée à la dégustation ». C’est ce que Canard-Duchêne a déjà fait, d’une certaine façon, en lançant sa cuvée Charles VII Smooth Rosé. Un vin dosé à 20g/L vendu dans des bouteilles blanches qu’on peut boire avec des glaçons. « Certains nous ont critiqués. Ils ont dit que ce n’était pas du champagne. Mais moi, j’assume très bien le Smooth », dit Laurent Fédou, le Chef de Caves. « En fait, c’est parti d’une rencontre avec des clients africains. Ils voulaient un champagne qu’ils puissent boire, en le rafraîchissant, pendant les veillées mortuaires, comme cela se fait en Afrique », raconte Laurent Fédou. « C’est ainsi qu’on a eu l’idée du Smooth. Finalement, on n’en vend pas tant que ça en Afrique… En revanche, celà marche très très bien en boîte de nuit avec une clientèle jeune », ajoute-t-il. Lorsque Laurent Fédou est devenu le Chef de Caves de Canard-Duchêne après le rachat de la maison par Alain Thiénot, il a commencé par procéder à un audit des vins et des styles. Le résultat l’a laissé perplexe. « Alain Thiénot m’a dit qu’on ne devait vendre que des vins dont on était ers », explique-t-il. « Alors, j’ai réuni les anciens de la maison, Chefs de Caves et autres. On a pris le temps de goûter des vieux acons et de partager leurs expériences. Et je leur ai demandé de m’aider à reconstruire CanardDuchêne », raconte Laurent Fédou. Première étape, le lancement des cuvées Léonie, ainsi baptisées en l’honneur de la cofondatrice de la maison, une lle de vignerons du village de Ludes, au cœur de
« Nous avons eu des articles dithyrambiques pour notre cuvée 2 008. Certains journalistes ont même écrit que c’était la meilleure de Champagne »
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la Montagne de Reims. Grâce aux cuvées Léonie, Canard-Duchêne refait une partie du terrain perdu auprès des cavistes et des restaurateurs. Puis, « pour tenir une promesse faite aux anciens qui y étaient très attachés », la maison crée une cuvée Blanc de Blancs, qui avait disparu de sa gamme. En 2009, Canard-Duchêne se lance dans le bio. C’est le P181 Extra Brut Bio. « Nous avons été le premier négociant à le faire. Jusqu’alors, c’était un territoire réservé aux vignerons », souligne Laurent Fédou. Ces années de travail sur la qualité des approvisionnements et des vins ont été amplement récompensées. « Il y a 15 ans, lorsqu’on proposait aux journalistes spécialisés de venir goûter nos vins, ils nous répondaient poliment « Non, merci » », se souvient Laurent Fédou. « Aujourd’hui, la presse a cessé de nous ignorer. Elle reconnaît qu’il y a un style et une personnalité Canard-Duchêne », dit-il. Un caractère intrinsèquement lié au pinot noir, le cépage qui domine la Montagne de Reims. « Nous avons eu des articles dithyrambiques pour notre cuvée 2008. Certains journalistes ont même écrit que c’était la meilleure de Champagne », se félicite le Chef de Caves. Canard-Duchêne marque également des points à l’export. En 2003, la maison exportait à peine 3 % de ses acons. « Aujourd’hui, c’est 25 % à 30 % », dit Laurent Fédou. Ses deux principaux marchés à l’exportation: le Japon et les Etats-Unis. Pour ses 150 ans, Canard-Duchêne va lancer une nouvelle cuvée, « Victor », dédiée à l’autre cofondateur de la maison. Cette délité revendiquée aux racines de Canard-Duchêne se retrouve également dans le nouveau packaging de ses acons, disponible depuis avril, avec ce blason, l’aigle à deux têtes couronné, présent sur toutes les étiquettes de la maison depuis la n du XIXe siècle. Un nouveau packaging et une nouvelle image de marque grâce auxquels CanardDuchêne espère mener à bien sa stratégie de reconquête. Laurent Fédou y croit: « Tous les Français connaissent CanardDuchêne. C’est un champagne qui fait partie de la culture populaire, au sens noble. Et ça, c’est un atout », conclut-il.
TAITTINGER
BONS BAISERS DE RUSSIE
Pour la deuxième fois, la Maison champenoise a été le fournisseur of ciel du plus grand événement sportif de la planète.
Pierre-Emmanuel Taittinger, Président du champagne Taittinger, et Clovis Taittinger.
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‘amour entre Taittinger et le football remonte à près de 60 ans ! En 1959, Jean Taittinger donnait le coup d’envoi de la coupe des clubs champions entre deux monstres sacrés, le Stade de Reims et le Real Madrid. De cette histoire familiale a naturellement germé l’envie d’un partenariat avec la FIFA. Un pari fou qui va pourtant devenir réalité, Taittinger obtenant le titre très convoité de champagne of ciel de la coupe du monde 2014 au Brésil. Une première collaboration fructueuse renouvelée pour l’actuelle édition de la compétition qui se tient en Russie ainsi que pour la coupe du monde féminine qui aura lieu en France, du 7 juin au 7 juillet 2019. Pour l’occasion, la cuvée brut réserve est habillée d’un packaging bleu très original, parée de planètes et comètes décrivant des ellipses. La conquête spatiale, dont la Russie fut la pionnière, est ainsi mise à l’honneur. Cette cuvée référence, à dominante de chardonnay, a été servie dans les salons VIP de tous les stades partenaires de l’événement. La cuvée sera également proposée en France au prix de 35 € chez les meilleurs cavistes. Le chiffre 3 avait porté bonheur à l’équipe de France lors de la nale victorieuse en 1998. Espérons que ce sera le cas aussi pour la Maison Taittinger qui pourrait prolonger l’aventure une troisième fois en 2022 au Qatar.
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VEUVE CLICQUOT
LA VIE
Pique-nique, ballons, manèges pour le 200ème anniversaire du champagne rosé d’assemblage.
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Il y a 200 ans, Veuve Clicquot réinventait le champagne rosé. L’année 2018 est à marquer d’une pierre blanche pour la Maison Veuve Clicquot. Elle est celle du bicentenaire de l’invention du champagne rosé d’assemblage. Une idée géniale et révolutionnaire de Madame Clicquot qui est plus que jamais d’actualité.
PAR JEAN-MICHEL BROUARD
EN ROSE
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armi toutes les célèbres veuves qui ont écrit la grande histoire de la Champagne viticole, Madame Clicquot tient une place à part. Véritable visionnaire, cette femme remarquable aura l’intuition de produire son champagne rosé de manière totalement différente de ce qui se faisait en ce début de XIXème siècle. Délaissant la méthode, alors traditionnelle, qui consistait à teinter les vins blancs avec une préparation à base de sureau, elle sera la première à les assembler avec du vin rouge. Et pas n’importe lequel. Son propre vin issu des vignes qu’elle possédait à Bouzy. Ce village, aujourd’hui classé en grand cru, a toujours été célèbre pour l’excellence de ses vins rouges tranquilles. En 1818, ils contribuèrent ainsi à apporter beaucoup de force et de caractère à ce premier rosé d’assemblage. La cuvée Veuve Clicquot rosé non millésimée était née. Un style unique que continuent de perpétuer, 200 ans plus tard, le Chef de Caves Dominique Demarville et son équipe. Avec toujours la même volonté de produire, année après année, une cuvée référence issue de très beaux terroirs de la Champagne. Les raisins proviennent ainsi de 50 à 60 crus différents et permettent de constituer dans un premier temps l’assemblage traditionnel de Veuve Clic-
quot Brut Carte Jaune. Le pinot noir y domine (50 à 55 %) et apporte toute sa complexité et sa vinosité à l’ensemble. Il est complété par du Chardonnay (28 à 33 %) et du Meunier (15 à 20 %). Cette base est ensuite assemblée avec 12 à 13 % de vin rouge tranquille qui lui confère sa personnalité. Celle-ci commence par une belle robe rosée aux notes cuivrées aisément reconnaissables. Le nez ne laisse pas de place au doute quant à sa typicité. C’est une ode aux fruits rouges, allant de la framboise à la fraise des bois. Le tout évolue ensuite vers des notes plus briochées qui rappellent qu’avant sa commercialisation, le vin passe trois ans en cave après sa mise en bouteille. En bouche, c’est l’élégance qui domine, portée par des notes très juteuses de fruits rouges oscillant entre fraises et cerises mûres. Pour célébrer dignement cet anniversaire, la maison Veuve Clicquot a imaginé un gâteau d’anniversaire unique, à la mesure de l’événement. La cuvée Brut Rosé non millésimé est donc proposée dans un coffret très original composé de deux seaux en métal évoquant des pots de peinture. Emboîté l’un dans l’autre, ils sont tous deux ourlés de coulures roses très gourmandes qui rappellent l’importance de la couleur dans l’art ô combien délicat de l’assemblage. Et pour que l’effet de surprise soit total, l’un des deux contenants dévoile une rosace de bougie sur son pourtour. Et quelle meilleure célébration de cette cuvée qu’un vin à parfaite température ? Là encore, tout a été pensé avec minutie puisque ces deux « pots de peinture » se transforment en parfait seau à champagne. L’effet est des plus réussis et apporte indéniablement une touche festive. Mais l’on ne fête pas tous les jours ses 200 ans. La bouteille de Rosé Brut non millésimée se devait donc d’arborer ses plus beaux atours pour l’occasion. Pour cette édition spéciale 2018, quoi de plus raffiné qu’une élégante coiffe noire pour habiller cette bouteille à l’étiquette rose emblématique ? Une nouveauté qui cache, là encore une surprise. En ôtant la coiffe, un message caché apparaît et rappelle l’incroyable aventure de Madame Clicquot et son invention depuis imitée par tous : le champagne rosé d’assemblage. Cuvée Brut Rosé non millésimé à partir de 41 €, coffret à partir de 50 €.
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RARE
RÉGIS CAMUS: UN HOMME
SAGE Prononcez son nom dans la profession et vous verrez aussitôt le mot respect éclairer les visages. Régis Camus l’inspire. Ce sage est le chef des caves de Piper-Heidsieck depuis 24 ans. Il signe la gamme de la marque avec son équipe œnologique comme un chef et sa brigade. Et notamment Rare, la cuvée prestige de la Maison rémoise.
PAR LÉON MAZZELLA PHOTO LAURENT RODRIGUEZ
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« Le métier de Chef de Caves aujourd’hui, c’est beaucoup de voyages et de communication. Comme un chef cuisinier qui n’est pas toujours au piano.» con e Régis Camus.
RARE
G
amin à Lugny dans l’Aisne, il se voyait enseigner les « sciences nat. », et ne connaissait rien à la Champagne lorsqu’il y est arrivé. Le coup de foudre dure encore : « je suis devenu un ambassadeur ». Après un diplôme d’œnologie, une porte s’ouvre à l’âge de 24 ans, en 1979, chez Jacquart où en moins de cinq ans il devient Chef de Caves. Il y reste jusqu’en janvier 1994. Et rejoint alors Piper-Heidsieck. « J’ai un profond respect pour ceux qui m’ont fait con ance, m’ont fait vivre et font vivre ma famille. Chef de caves, c‘est beaucoup de bonheur, c’est un travail d’équipe, très sérieux mais festif, où les mots intuition et audace comptent beaucoup. » Cécile Bonnefond dit de lui que c’est un « grand monsieur », ce à quoi cet homme de bon sens répond : « Oui, 1,82 m ». Daniel Thibault fut son mentor chez Piper, « et aussi un ami », précise Régis Camus. Il lui succéda lorsque celui-ci disparut en 2002. « Daniel disait qu’il faut 3 à 4 ans pour faire un œnologue et 6 à 7 ans pour faire un Chef de caves. C’est vrai. J’ai eu besoin de ce temps pour entrer dans le costume Piper-Heidsieck. » D’une sincère humilité, Régis Camus néglige de parler de ses huit titres (un record) de meilleur wine-maker de l’année attribué par le Wine Challenge de Londres. « Ce n’est pas important, d’ailleurs c’est Piper qui a remporté ces trophées, pas moi. » L’ESPRIT DE FAMILLE Lorsque, en 2011, la Maison est rachetée à Rémy Cointreau, maison familiale… cotée en Bourse par le groupe EPI, il est heureux car la maison demeure familiale, et elle est présidée par un passionné de vins, Christopher Descours. Camus se consacre alors à Piper. « Le métier de Chef de Caves aujourd’hui, c’est beaucoup de voyages et
« Rare 2002 n’a pas de rides, c’est tonique, on ne le sent pas vieillir. Il est au-delà du temps »
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de communication. Comme un chef cuisinier qui n’est pas toujours au piano, il a une équipe à demeure qui est une pépinière sûre. Il arrive que la cave me manque, mais les voyages sont nécessaires : nous devons faire le champagne que nos clients ont envie de boire, pas celui que nous voulons boire. » L’alchimie fait le reste, en produisant un vin qui convient aux pays clés du monde. Le goût du BSA (Brut sans année : 85 % de la production), « un vin puzzle, notre prêt-à-porter », se dé nit selon Camus par la nesse, le fruit, la fraîcheur, la minéralité, le croquant, la légèreté avec beaucoup de structure (grâce aux Pinots noirs de la Côte des Bars, les Chardonnays provenant de la Montagne de Reims), et l’ampleur, la longueur apportée par les vins de réserve. « Ainsi, y a-t-il du rappel, comme au théâtre ». Les 50 ha de vignes de la Maison ne fournissant que 5 % des raisins nécessaires à sa demande, Régis Camus est un grand acheteur qui n’aime rien comme être avec ses nombreux et dèles amis vignerons. « Comme un chef, on fait son marché ! » Rare, la cuvée de prestige, porte bien son nom : neuf millésimes en quarante-deux ans c’est chiche. « Ce sont des vins intemporels. Rare 2002 n’a pas de rides, c’est tonique, on ne le sent pas vieillir, il est au-delà du temps. Rare 1988 m’évoque les clubs irlandais, le cuir, les vieux livres, le feu de tourbe, le cigare, l’armagnac, c’est un vin d’ambiance. Et notre métier est aussi de faire rêver. Rare prend de la maturité en gardant sa jeunesse, à l’instar d’une actrice ne faisant pas son âge ». Les Rare, de très longue garde, naissent les années où la culture de la vigne est dif cile, voire indomptable comme 1976, 1979, 1985, mais donnent des vins d’exception, atypiques, superlatifs, qui parlent aux cinq sens. Il y a même eu un Rare rosé en 2007. L’intuition toujours. L’audace d’y croire. Anticiper avec simplicité. Travailler beaucoup. Et ne penser qu’à transmettre. Tout Régis Camus : 1,82 m.
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LAURENT-PERRIER
Bernard de Nonancourt avait créé le style Laurent-Perrier, faisant preuve d’audace et d’esprit visionnaire. Aujourd’hui, la Maison poursuit son œuvre et lui rend hommage au travers de la Cuvée Rosé qu’il avait fait naître. PAR AYMONE VIGIÈRE D’ANVAL
RENDEZ-VOUS CHIC
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n lançant en 1968 sa Cuvée Rosé, Laurent Perrier, incarné alors par Bernard de Nonancourt, se montre plutôt révolutionnaire ! Il y a cinquante ans, on imagine aisément que le champagne rosé n’en était qu’à ses balbutiements. La technique n’était pas maîtrisée comme aujourd’hui et le renouveau n’a vu le jour que bien plus tard. Innovante et audacieuse, la Maison de Tours-sur-Marne imagine alors un rosé de macération, empli de caractère qui met en valeur son véritable ADN. En effet à cette époque, Laurent-Perrier produit des coteaux champenois reconnus et réputés et maîtrise la vini cation de pinots noirs pour les vins tranquilles. Le Chef de Caves pouvait alors travailler à ce rosé d’exception, rare, si différent des rosés d’assemblage. La personnalité de Bernard de Nonancourt qui s’illustrait dans sa devise « Faire différent pour faire mieux », a fortement marqué Michel Fauconnet, le chef
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de la cave de la prestigieuse maison. Il y est entré en 1973 et a suivi toutes les étapes d’apprentissage, depuis celle d’ouvrier caviste jusqu’à la consécration : Chef de Caves en 2004. C’est entre ses mains que perdure aujourd’hui encore cette tradition d’exigence et de travail. La sélection des raisins, particulièrement sévère, s’effectue uniquement à partir des Pinots noirs des secteurs Sud et Nord de la Montagne de Reims, notamment les Crus d’Ambonnay, Bouzy ou encore Louvois. Les baies retenues sont triées, égrappées avant d’être mises en cuve où la macération sera d’une durée allant de 48 à 72 heures, selon les caractéristiques de la vendange. L’une des particularités réside également dans une durée de vieillissement de 5 ans minimum a n de donner vie à ce rosé, tout en élégance, vinosité et fraîcheur.
UNE CUVÉE ICONIQUE Unique par son histoire, la Cuvée Rosé l’est également par son acon, très moderne pour l’époque, dont les courbes rappellent celles des bouteilles de la période Henri IV, toutes en rondeur et à laquelle le sceau « LP » a été ajouté. A l’occasion de son anniversaire, la belle quinqua s’offre un habillage élégantissime. Une robe métallique or rosé, au maillage d’initiales monogrammées qui épouse parfaitement le dessin généreux de la bouteille emblématique et en qui sublime le service. Véritablement unique, ce champagne rosé se distingue également par ses caractères organoleptiques. Dès le nez, l’on ressent une explosion de fruits rouges, enveloppés d’une fraîcheur éclatante. La bouche quant à elle, poursuit cette impression de franchise et de netteté, en faisant la part belle aux fruits rouges frais, aux notes de sous-bois et à la rose. Une très belle structure, la richesse aromatique des beaux pinots et cette impressionnante fraîcheur, la Cuvée Rosé gure depuis cinquante ans parmi les grands rosés de Champagne.
En s’associant à Taste of Paris, Laurent-Perrier a fait partager sa vision épicurienne de l’art de vivre à la française aux visiteurs passionnés de cuisine.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION
MAXIME TOUBART: « L’ORDINAIRE A UN GOÛT
EXTRA! »
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PROPOS RECUEILLIS PAR LÉON MAZZELLA PHOTO LAURENT RODRIGUEZ
uelles sont les raisons qui ont provoqué la commande de cette campagne de communication du SGV, réalisée par M&C SAATCHI.GAD, et qui n’est pas sans laisser indifférent tant elle bouscule les codes ? Maxime Toubart: Je veux d’abord rappeler que les vignerons de Champagne ont toujours vendu leur vin. Aujourd’hui, un tiers d’entre eux le fait encore. Ceuxlà sont donc à la fois producteurs et commerçants. Le chiffre d’affaires du champagne en général se maintient mais les vignerons souffrent, car une bouteille sur deux seulement est vendue sur le marché français, où les vignerons sont surtout présents. Nous ne sommes pas en réaction: on ne fait pas de la pub parce que les ventes baissent. Nous sommes un syndicat de défense de 16 000 vignerons. Nous pourrions nous passer de cette communication, mais les vignerons l’attendent depuis 20 ans… Par ailleurs, des enquêtes montrent que les jeunes ont modi é leurs modes de consommation, préférant l’afterwork, l’apéro entre amis, grignoter debout, partager peu mais bon, aux réunions emphatiques. Nous avions une position trop élitiste. Notre ambition est de revenir sur le devant de la scène en disant: on
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Le président du Syndicat général des vignerons est er de la campagne de communication fondée sur le thème « Le champagne, réservé à toutes les occasions », et qui, à peine lancée, fait déjà grincer certaines dents. Son objectif est de rajeunir la clientèle hexagonale en désacralisant le champagne.
peut boire du champagne avec tout. Notre cible, ce sont les « Millennials », les 25-45 ans (N.D.L.R.: 47 ans pour l’âge moyen du consommateur de champagne). Ils sont zappeurs, ils ne veulent pas avoir mais veulent être, ils partagent (co-louent) tout: voiture, logement. Nous disons au grand public que le champagne doit être un moment de plaisir à partager à toute heure avec n’importe quoi mais pas avec n’importe qui. Cela doit rester un instant exceptionnel, mais pas exceptionnellement. « Désexceptionnaliser » la consommation d’un produit exceptionnel, « Réservé à toutes les occasions »… Cette campagne à caractère contradictoire n’est-elle pas paradoxale? M.T. : Je voyage, j’observe, aujourd’hui que l’on boit plus facilement qu’avant du vin au verre en grignotant, et longtemps on a eu tort de communiquer sur le champagne en le distinguant du vin, des vins. De plus, il existe une palette in nie d’accords mets et Champagne. L’axe stratégique de cette campagne, c’est : sublimer chaque instant avec de petits riens et du champagne. On a trop longtemps sacralisé le produit, d’où l’envie de le rendre moins exceptionnel. On nous dit : vous cassez un peu le mythe, vous rabaissez un produit réservé aux moments extraordinaires. Je réponds
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tous mangé un œuf dur avec du champagne. Ne pensez-vous pas que, malgré une campagne invitant à boire du champagne n’importe quand, cela demeure un frein au moment de l’achat ? M.T.: Quand on interroge un jeune, la question du prix importe peu. Les milléniums sont capables de se faire plaisir en y mettant le prix. Ils se font du bien, en partageant une bouteille entre copains. 20 € le acon, à plusieurs, c’est facile. Assistez-vous à un vent de fronde de la part des Maisons de Champagne, qui peuvent voir quelque chose de blasphématoire dans cette campagne ? M.T. : Ce n’est pas un vent de fronde. Elles observent. Attendent de voir. Nous avons pris un risque, bien sûr, en lançant une campagne… qui pourrait bien pro ter à toute la lière ! Et donc, avant tout aux vignerons. L’essentiel est qu’on parle d’eux positivement. En tout cas, nous sommes très ers de cette action.
que l’ordinaire à un goût extra ! Notre but n’est pas de vendre plus, mais de vendre mieux. Et, si par surcroît on vend plus, tant mieux ! Ne craignez-vous pas la banalisation d’un produit d’exception avec une campagne provocante qui propose d’associer le champagne à des sardines à l’huile, un œuf mayo ou un artichaut ? M.T. : Je ne pense pas que cette campagne dévalorise le champagne. Le parti pris est d’en parler sans jamais montrer la moindre bouteille, mais seulement une ûte, synonyme de Champagne. Et cela fait déjà débat. L’autre parti pris étant de surprendre, car une pub dont on ne parle pas est inef cace, nous avons déjà gagné sur ce point. Consommez le champagne sans complexe et quand ça vous chante, dit aussi cette campagne. Êtes-vous convaincu par le bien-fondé d’associer une coupe avec une pizza ? M.T. : Oui. Et c’est bon. La campagne se contente de montrer un artichaut, une boîte de sardines, elle ne dit pas que ce sont des alliances qui marchent. Elle sous-entend que le champagne va bien avec les tapas les plus simples, sur un coin de table. On a
Quel est le coût d’une telle campagne, comment sont ventilées les dépenses ? M.T. : Le budget annuel est de 4 millions d’euros. C’est voté pour trois ans. On reconduira ou pas. Le premier exercice ne touche que la France. Il y a une campagne d’af chage nationale (abribus) en juin et en septembre, et 80 insertions dans la presse (généraliste et spécialisée). Ces deux postes représentent 67 % des dépenses. Des actions de relations publiques et d’événementiel sont prévues (environ 10 %), un petit livre de recettes qui détonnent signées de chefs associant le champagne à des produits simples est paru (il fait partie des 10 % de la production de matériel divers), et il y aura une communication sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram). En n, 11 % du budget sont destinés à l’agence M&C SAATCHI.GAD. Comment se positionne le champagne par rapport aux autres sparkling wines avec une telle campagne ? M.T. : Notre ambition est d’être toujours les meilleurs en termes de qualité. Ceci dit, la concurrence, cela fait du bien, et c’est tant mieux ! Mais il faut travailler sans relâche pour rester les meilleurs : la qualité intrinsèque du produit (le raisin) sans même parler du terroir et du travail humain, nous hisse. De gros efforts ont été faits chez les concurrents. Cela nous oblige. La vraie question est de savoir s’il faut adapter le champagne aux goûts du consommateur. Au-delà du kir, en parlant cocktails, etc. Perdre son âme serait le prix, trop cher, à payer. Le champagne se boit seul, mais accompagné.
PERRIER-JOUËT
Hervé Deschamps, Chef de Caves de la Maison Perrier-Jouët.
UN BLANC DE BLANCS PLUS VIF QUE VIF La maison Perrier-Jouët lance sa nouvelle cuvée Blanc de Blancs, un assemblage exclusif des meilleurs Chardonnays de la Côte des Blancs. C’est la cuvée la plus vive de la maison Perrier-Jouët. Elle capture toute la pureté et la fraîcheur du Chardonnay. Finesse et légèreté caractérisent ce vin faiblement dosé (8 g/L) qui est resté trois ans au repos dans les caves de Perrier-Jouët avant sa mise sur le marché. Dernière création d’Hervé Deschamps, le chef de caves de la maison depuis 1993, la cuvée Blanc de Blancs non millésimée a été dévoilée l’année dernière à Tokyo. Avec cette création, Hervé Deschamps perpétue la tradition de Perrier-Jouët, qui a toujours su sublimer le Chardonnay, cépage emblématique du style oral et ciselé de la maison. Depuis sa fondation en 1811, la maison Perrier-Jouët a constitué un vignoble d’ex-
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ception : 65 hectares de vignes en propriété, classés à 99,2 % sur l’échelle des crus et incluant des parcelles parmi les meilleures de la Côte des Blancs, notamment à Cramant et Avize. À l’œil, la nouvelle cuvée Blanc de Blancs offre une robe couleur or, claire et lumineuse. Au nez, elle propose un bouquet oral avec des notes de sureau, d’acacia, de chèvrefeuille et d’agrumes. Au palais, elle donne une attaque fraîche et vive marquée d’une subtile minéralité. C’est la touche nale d’une cuvée qui dévoile une grande richesse. Idéalement servie entre 10 et 12°C, la cuvée Blanc de Blancs est particulièrement recommandée pour une dégustation à l’apéritif.
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Laurent-Perrier choisi par
Bijou.
Restaurant Italien 10 rue Dancourt, Paris
Photographe : Iris Velghe / Illustration : Pierre Le-Tan
CUVÉE ROSÉ C H O I S I E PA R L E S M E I L L E U R S
laurentperrierrose
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L’A B U S D ’A LCO O L E ST DA N G E R E UX P O U R L A S A N T É , À CO N S O M M E R AV EC M O D É RAT I O N .