CHAMPAGNE
NOËL en Champagne des flocons et des flacons
HORS-SERIE S U P P L É M E N T O F F E R T AV E C L A PA R I S I E N N E . S A M E D I 5 D É C E M B R E 2 0 1 5 . N E P E U T Ê T R E V E N D U S É PA R É M E N T.
FLacons of
CHAMPAGNE
Directeur de la publication, directeur de la rédaction : Roberto Alvarez Journalistes : Essi Avellan, Anne Lefèvre, Hélène Piot, Christophe D’Antonio, Jean-Pierre Prault, Alain Vincenot
s m i r i e n Rité d’ave 0 à4
min
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Directrice artistique : Anne Duhem, Merci à Fabrice Levannier, Richard Alvarez, Corinne Soulard Photogravure : Noureddine Gourri Comité éditorial : Patrick Poivre d’Arvor, Antoine Roland-Billecart, Paul Lefèvre, Paul Wermus, Jack Russel, Nji Modeste Chouaïbou Mfenjou
is r a P
Remerciements : Alain et Corinne Perot, Anne et Emmanuel Bride, Patrick Panaïotis, Elie Aoun, Anne Harbulot, les deux Félix et Isabel Alvarez, Jacky, Annie et Philippe Leclère, Isabelle et Louise. Rédaction et administration : FLACONS PRESSE , rue des Poissonniers Reims E-mail : flacons.presse@gmail.com Dépôt légal en cours
Ville de Reims - Direction de la Communication - © J. Driol
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Photographes : Fred Laurès, Michael Boudot, Matias Indjic (Madame Figaro), Franck Prignet (Figarophoto)
Rendez-vous : Cercle d’Or , rue Thiers Reims Régie publicitaire : Présidente Marianne Siproudhis DGA : Christèle Campillo Martine Berla Responsable technique : Christine Denis-Couriol AMAURY MEDIAS rue Yves Kermen Boulogne-Billancourt Tel : Photo Couverture : © Henry Clarke / Galliera / Roger-Viollet et ADAGP, Paris
z La rédaction de Sport&Style n’a pas pris part à la réalisation de ce hors-série
édito
MADE IN CHAMPAGNE J’ai conçu ce magazine comme une gourmandise effervescente. Avec la méticulosité d’un chef de caves et le vertige du funambule au-dessus de l’abîme. Qui ne s’angoisserait pas à la naissance de sa première cuvée ? Même si, en l’occurrence, la mienne est en papier. Je voulais par aussi que ce «bébé» voie le jour à Reims, pour être roberto alvarez au plus près du vignoble. N’y voyez aucune maladresse de ma part si je m’explique auprès des acteurs du champagne. Le propos peut évidemment intéresser tous les lecteurs. L’idée qui m’a guidée est d’éditer des photos qui étincellent et des textes qui aient du sens, de mettre en valeur un terroir, ses hommes et ses femmes, de façon inédite et pétillante. Quelque chose d’onirique, à l’image de ce ciel diaphane qui enveloppe parfois la Champagne. C’est une galerie de portraits, traitée dans un style en phase avec son époque, qui ouvre le bal. Nous ne serons pas les arbitres féroces, parfois rances, de la dégustation verticale et horizontale. Il y a pléthore de sachants en la matière. Mais les témoins des élégances, des fulgurances, de ce qui se cogite pour faire bouger les lignes. Nous ne sommes que des passeurs d’histoires. En apportant une touche contemporaine, parce que le monde bouge et que les concurrents de la divine bulle affûtent leurs stratégies. Même si l’on ne peut pas copier ce qui est inimitable, il convient de revenir (peut-être) aux fondamentaux, à la nature originelle de ce vin d’exception. On ne doit pas négocier le prestige à la baisse. Il faut être vigilants et construire les ponts entre le monde d’hier, celui d’aujourd’hui, tout en anticipant les tendances de demain. Telle est l’équation. Avec Le pLaisir la toute la sagesse et l’expertise dues à son rang, des sens Antoine Roland-Billecart, Commandeur de l’Ordre des Coteaux de Champagne, estime que L’essence « La concurrence internationale est de plus en du pLaisir plus rude. Le prosecco italien a fait une percée. Il faut être vigilant et se remettre en question, ce que nous Français ne savons pas toujours faire ». « Fédérer toutes les grandes familles champenoises pour promouvoir notre sous-sol quasi unique au monde avec sa craie, c’est une mission qui me paraît importante », ajoute-t-il. Et, laisser ainsi le soin à nos Marco Polo, à nos Alexandra David-Néel du vignoble d’ouvrir de nouvelles « routes de la soie ». Et, si la candidature UNESCO des « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » était demain validée, ce serait alors la cerise sur le gâteau, comme majuscule finale ! z FLacons
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News
Par alice MahlberG
ordre des coteauX
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ofďŹ cier & gentleman
couP d'Ĺ’il
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La Robe bien couPĂŠe
On connaissait le service traditionnel au plateau. Mais ça, c’Êtait avant ! Car il y a dÊsormais une alternative plus glamour, la robe cocktail – robe champagne. ArborÊe par les hôtesses, cette tenue à Êclairage led multicolore fait office de buffet ambulant, l’originalitÊ en plus. Plus de problème pour atteindre le buffet, la robe champagne vient à vous, avec ses 94 verres, verrines, douceurs‌ 1,45 m d’envergure tout de même, pour un FGGFU HBSBOUJ t www.agence-butterfly.com
Š Michel Jolyot
Patrick Poivre d’Arvor a reçu l’insigne confrÊrique d’officier d’honneur de l’Ordre des Coteaux de Champagne des mains de son commandeur, Antoine Roland-Billecart, lors du Chapitre des vendanges qui s’est tenu au château de la Marquetterie, à Pierry. PrÊsentateur du journal de 20 heures de TF1 pendant près de 21 ans, Patrick Poivre d’Arvor anime dÊsormais la tranche d’informations qui s’Êtend entre 19h et 20h sur Radio Classique. Il est, par ailleurs, un membre attentif de notre comitÊ Êditorial. Ce RÊmois pur jus ne manque jamais une occasion de revenir sur cette terre qui l’a vu grandir.
utile & beau
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carafe fraĂŽcheur
Si la rÊputation de la porcelaine de Limoges n’est plus à faire auprès des esthètes en matière d’art de la table, ses propriÊtÊs isolantes sont moins connues. Pour crÊer sa  Chambre des Frissons , une cloche à bouteille, le designer Delphine Vanneuville Vernier s’est inspirÊ des puits de lumière des crayères champenoises. Cette cave de table permet de dÊguster vin et champagne à tempÊrature idÊale. Ainsi protÊgÊe par la cÊramique, la bouteille ne subit aucune variation de tempÊratures ou exposition à la &/'#Î, 85 /5+/ ( 5& 5 -#!(5 &&# 5&]/.#& 85R www.ecoartdevivre.com
rÉseauX sociauX
on peut surfer
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sans se mouiller
ŠVictor Podgorski
LE MARKETING ET LES RÉSEAUX SOCIAUX, C'EST SON PAIN QUOTIDIEN DEPUIS PRĂˆS DE 20 ANS. CHRISTOPHE LEVY INTERVIENT NOTAMMENT DANS LE MONDE DU LUXE (CHAMPAGNE, RELAIS & CHĂ‚TEAUX). IL ANIME AUSSI DE NOMBREUX BLOGS COMME "TU SAIS QUE TU AS HABITÉ". SA VISION DES MÉDIAS-SOCIAUX CONTRIBUE AU RAYONNEMENT DE LA CHAMPAGNE, GRĂ‚CE Ă€ LA CRÉATION DE COMMUNAUTÉS TELLE LIFE & BUBBLES. IL DIRIGE AUJOURD'HUI MEDIABIS, SPÉCIALISÉE DANS LE CONSEIL SUR LES MÉDIAS SOCIAUX, LA FORMATION ET LE COMMUNITY MANAGEMENT.
Flacons
tendance
shopping nouveautÉ
Trio de demies
ÂŤ Trio de Prestige Âť : William Deutz, quintessence de l’assemblage des plus beaux Pinots et Chardonnays, Amour de Deutz, expression subliminale des ÂŤ Grands Blancs Âť et RosĂŠ d’Amour de Deutz Ă 55 % de Pinot Noir Ă chair ďŹ ne et goĂťteuse. Le reet de l’expertise, du savoirfaire et de la passion de la Maison Deutz pour ĂŠlaborer des vins ďŹ nement ciselĂŠs. • 3 PORTE-DRAPEAUX DE LA MAISON www.champagne-deutz.com
crÉation
Gosset Christoe Pour les fêtes de fin d’annÊe, la Maison Gosset est heureuse de prÊsenter, dans un nouvel Êcrin haute couture, sa prestigieuse CuvÊe Celebris Vintage 2002 extra-brut assortie d’un bouchon conservateur exclusif crÊÊ et dÊveloppÊ par la Maison Christofle, ainsi que deux verres à dÊgustation du sommelier "#&#** 5 ' -- 85R www.champagne-gosset.com
San Francisco by lanson
MultiMillesiMe
MCIII-MoÍt&Chandon La cuvÊe de prestige MCIII est un champagne multimillÊsime nÊ de l’assemblage de vins provenant de trois modes d’Êlevage : Le mÊtal : vins tranquilles ÊlevÊs dans des cuves en acier inoxydable ; Le bois : vins tranquilles ÊlevÊs dans des foudres de chêne ; Le verre : champagnes millÊsimÊs ÊlevÊs sur lies dans des bouteilles en verre.• www.moet.com Flacons
Cet ÊlÊgant et audacieux coffret fait pÊtiller trois prestigieuses cuvÊes de la Maison Lanson. Le Black Label, champagne de lÊgende habillÊ de son nouvel Êcrin enchanteur. Le Rose Label, Êtincelant dans son nouvel habit rose. Et le Gold Label 2005, marquant les annÊes d’or de Lanson depuis le premier MillÊsime, pour la Maison, le 1904. www.champagne-lanson.com
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News
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banque & images
Design
BY MICHAEL BOUDOT
ŠDR
Depuis 2007, Michael Boudot, photographe et amoureux des vins, sillonne ses terres natales pour capturer les plus belles images de la Champagne. Convaincu que ses clichÊs n’ont de valeur que s’ils sont partagÊs, ce passionnÊ a crÊÊ ilovechampagne.fr, une banque virtuelle composÊe de plus de 5 000 photos artistiques, classÊes en une dizaine de thÊmatiques. Pour les professionnels mais aussi tous les passionnÊs de la vigne, curieux de dÊcouvrir la Champagne et ses personnalitÊs sous un angle authentique. Certainement la plus belle banque d’images de chamQBHOF FO MJHOF t XXX JMPWFDIBNQBHOF GS
secrète
ŠFranck Courtès
La vie
des bulles
ÂŤ Je suis un grand contemplatif Âť confie GĂŠrard Liger-Belair. Dans son dernier ouvrage, le physicien a rassemblĂŠ ses clichĂŠs immortalisant le voyage des bulles, du moment de leur formation Ă leur ascension pleine de grâce et enfin leur ĂŠclatement. Avec le regard du philosophe Michel Onfray et Dominique Demarville, chef de caves de Veuve Clicquot. CHAMPAGNE LA VIE SECRĂˆTE DES BULLES ²%*5*0/4 $)&3$)& .*%* t ĂĽ
Flacons
CAROLINE BRUN
Toiles effervescentes Caroline Brun est un pur produit de l’assemblage Champenois ! Viticultrice Ă Ay, elle est ĂŠgalement une communicante et une dĂŠgustatrice hors pair. Elle travaille d’ailleurs pour des maisons prestigieuses et intervient en tant qu’ambassadrice au concours International Wine Challenge (IWC). Expliquer, faire comprendre et aimer le vin : voilĂ son credo. C’est par la peinture et les jeux de texture qu’elle choisit de transmettre la diversitĂŠ champenoise, l’art de la vinification et les subtilitĂŠs de la noble bulle. Son exposition Effervescence aura lieu Ă Paris en dĂŠcembre ainsi que (-5/(5 "â. /5!, ( 5 ,/5 & --ĂŻ5 ), & #-5 (5 ĂŻ0,# ,5hfgl85˜5-/#0, V5R
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A rt Ruinart selon
C’est Ă l’Orfèvrerie d’Anjou que la Maison Ruinart et le designer Ron Arad, père de l’iconique fauteuil "Rover", ont dĂŠcidĂŠ de confier la rĂŠalisation de cette vasque contemporaine, ĂŠpurĂŠe. L’Êtain massif a ĂŠtĂŠ choisi pour ses facultĂŠs Ă se modeler facilement, son cĂ´tĂŠ inoxydable et son rendu extrĂŞmement brillant. Chaque pièce, numĂŠrotĂŠe et signĂŠe, est unique, tout en restant fonctionnelle. 6O PCKFU DPMMFDUPS GPSDĂŒNFOU TVCMJNF t Champagne Ruinart 4 Rue des Crayères- 51000 Reims TĂŠl. : 03 26 77 51 16 www.ruinart.com
Flacons
Flacons
une Maison
Un champagne rosé, fruité et élégant, dominé par le Pinot noir. Bouteille 75 cl. Prix conseillé : 30,00 € CHAMPAGNE JANISSON & FILS - VERZENAY WWW.JANISSON.COM
PASSION
Les demi-bouteilles de Brut Tradition. Un mini format pour un maxi plaisir. Prix conseillé : 15, 00,00 €
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Flacons
© Franck Kauff
Magnum de champagne Brut Tradition. Une forme originale. Un caractère généreux et raffiné, 70 % de Pinot noir et 30 % de chardonnay. Prix conseillé : 60 €
MillÉsiMe
Par jean-Pierre Prault z Photo Maud bernos
aurore casanova
UN CYGNE dans Les vignes Faire quelques arabesques dans ses vignes, quoi de plus naturel et gracieux pour aurore, viticultrice. après une carrière dans les corps des ballets des opéras européens.
Elle est arrivée sur la pointe des pieds. Il faisait un froid de canard dans les vignes. Au loin, le soleil se couchait. Maud Bernos, la photographe, a commencé à shooter. Et, Aurore a déployé ses ailes. Un instant de poésie.
Flacons
Sur l’une des pages du site internet de son champagne (éponyme), Aurore Casanova apparaît tout sourire, en grâce et en blondeur, avec un panier à récolte sous le bras. Un côté Belle des Vignes assumé. « On me parle souvent du Lac des Cygnes et du Lac des Vignes », confirme l’ancienne danseuse professionnelle passée par l’Opéra de Rome, le Royal Danish Ballet de Copenhague et l’Opernhaus de Zurich. D’ailleurs, le rosé de la Belle Aurore, l’appellation que l’on a l’habitude de donner au fleuron de sa production, sonne comme un ballet. Entre entrechats et entre chais, la danse reste un fil conducteur. Aurore déguste son vin comme une ballerine : avec son corps. Un champagne « tendu, droit » l’a fait se tenir droite. Un autre « plus ample, plus rond » l’incite à se déployer. Même perception devant la vigne qu’elle veut « bien taillée, bien espacée, régulière » « plus belle, plus esthétique », une discipline qui est celle « du corps devant la glace ». Jusqu’au détail : « La terre sous les sarments était désherbée, sèche, j’ai voulu la rendre plus souple sous le pied avec de l’herbe ». Sa vigne que lui a transmise sa mère, à Puisieulx, est regardée par Aurore Casanova à la manière d’une « Belle aux Bois dormant » – de Tchaïkovski, comme le Lac des Cygnes – emportée dans un ballet des quatre saisons : les fées, le réveil de l’héroïne… Aurore : « Le baiser, c’est Dame nature, la grande souveraine, qui le donne ». Le final, la dégustation, reste « une émotion insaisissable, indéfinissable, propre à chacun. Le champagne, c’est comme un ballet, aucun spectateur ne le perçoit de la même manière ». z
histoire d'un
flacon
MATHUSALEM de collection Champagne by Deutz
aMour de deutZ brut MillÉsiMÉ 2002 l’ÉMotion et la sÉduction L’ÉMOTION
Le Millésime 2002 est un millésime de charme. De tous les charmes : dans la robe du vin, dans l’expression aromatique gracieuse et quasi envoûtante, dans les saveurs qui se croisent et se complètent sans jamais s’entrechoquer. D’emblée, le regard se laisse littéralement captiver par une robe pure, d'un bel or clair étincelant aux subtils reflets de bronze. Tout ceci, c’est l’apanage du chardonnay ; ce cépage de noble origine signant en exclusivité la composition de l'Amour de Deutz. À la surface, des myriades de bulles éclosent avec grâce pour former un cordon persistant et appétissant. De la robe au bouquet, les sens chavirent. C’est l’invitation à un voyage onirique dans un monde mystérieux où, dans le secret des alcôves nichées au plus profond du sous-sol crayeux de la Champagne, l’alchimie des éléments donnera naissance à « l’Harmonie », syntonie de l’Amour.
LA SÉDUCTION
Treize ans se sont écoulés depuis la vendange 2002, lorsque les derniers rayons de soleil ont parachevé le travail de l’homme amoureux de sa terre. Mais, durant tout ce temps, le génie endormi dans le flacon gracile a gardé sa facétie. La jeunesse aromatique de ce vin ne cesse pas de nous étonner. Les fleurs jonchent les abords du verre. La symphonie aromatique est délicate, subtile et interpelle les sens.
Chaque note est prête à danser sur les p a p i l l e s . L’ H y m n e à l’Amour est déjà là, étourdissant, enivrant, préparant le triomphe des saveurs. L’attaque en bouche est un ballet viril et gracieux. Le soleil de 2002 se lève à nouveau. Il caresse ce vin de son intime chaleur. L’ampleur et la force qui est en train de naître trouvent une résonance complice dans la suavité du vin. Prologue d'un millésime à la fois adolescent et prometteur. Car il n’en est qu’au printemps de sa vie ! Comme à témoin, ces notes de cerises bigarreaux rassasiées de soleil. Les saveurs se succèdent dans une belle harmonie, franche et persistante, insinuant une finale qui est à ce vin ce que le bouquet est au feu d’artifice : la culmination de la finesse et de la volupté, expression subliminale des attributs des chardonnays des Grands Crus de la Champagne historique. L’expression de l’équilibre architectural n’est pas sans rappeler les dentelles de pierres des édifices gothiques de la cathédrale de la Champagne. Quête de soleil et de lumière, équilibre des forces, gracilité, féminité, harmonie, précision, les liens sont multiples. Ils inspirent le même silence religieux. Le vin, tout en étant un apéritif d’exception, se prêtera avec une complaisance non dissimulée aux mariages vertueux dans l'univers de la gastronomie. Il se fera le complice de mets variés, purs et délicats : sushi, sashimi, carpaccio de thon ou filet de bœuf de Kobé… sans oublier les incontournables homard et caviar qui rehausseront la volupté de ce grand champagne.
Flacons
son rêve de gosse était de construire une tour. À bientôt 50 ans, Giovanni Pace ne l’a pas encore érigée. Pas par oubli de sa promesse d’enfant, non. Mais parce que les affaires l’ont jusqu’à présent appelé sur d’autres chantiers.
« passionné, humain, infatigable, persévérant, ambitieux et effervescent aussi. »
Giovanni Pace
bâtisseuR de Rêves Par alice MahlberG z Photos Fred laurÈs
© Fabrice Dehoche
Giovanni Pace semble indiquer la direction à suivre. Dans l’esprit du siège de la maison Janisson & Fils àVerzenay, de Mailly Champagne Grand Cru à Mailly-Champagne ou du restaurant Le Millénaire, dont il a imaginé les architectures.
Flacons
Giovanni Pace compte aujourd’hui parmi ses clients Mailly Champagne Grand Cru, Moët & Chandon, Leclerc Briand, Philipponnat, Boizel. Comme dans toute histoire qui se respecte, l’homme a construit sa réputation pierre par pierre. En 1991, il obtient son diplôme de l’école d’architecture de Nancy. Depuis 1996, année de création de sa propre agence, l’homme bâtit encore et toujours. Aujourd’hui, Pace Architecte est la plus importante agence de Reims avec plus de vingt salariés, ses meilleurs ambassadeurs, à qui Giovanni préfère confier l’exercice périlleux de parler de lui. D’eux, on apprendra qu’il est un autodidacte « passionné, hyperactif, infatigable, persévérant et ambitieux », doublé d’un patron « humain, compréhensif et humble ». Et « effervescent » aussi. Une ébullition créatrice sans doute. Mais l’effervescence évoquée n’est pas sans rappeler son élection à la présidence de la Maison de l’Architecture de Champagne Ardenne il y a cinq ans. Ni d’ailleurs
la récompense reçue en 2014, le Prix National ArchiContemporaine. Une symbolique haute pour l’architecte déjà reconnu par ses pairs, car c’est le seul prix décerné par le grand public. L’objet de la récompense ? La construction du Centre de Vinification de Oiry pour le compte de Moët & Chandon. Une nef translucide qui flotte en plein cœur du vignoble, toute cuverie apparente. « Nous n’avons pas posé une boîte en tôle dans le paysage mais un édifice qui dialogue avec le site grâce à la transparence de ses façades, commente-t-il. C’est la réponse la plus pure et la plus minimaliste que nous pouvions faire. Pas la plus facile mais celle qui correspond à la maison. » Non décidément Giovanni Pace ne prend pas ses aises dans la facilité. Il serait même plutôt du genre à « donner le maximum avec un projet minimaliste » si l’on en croit un de ses collaborateurs. Ne dit-il pas lui même que sa « spécialité c’est le challenge » ! Illustration avec la réorganisation de son cabinet en 2010, alors que les commandes publiques s’amenuisent, crise oblige, il se tourne vers des maîtres d’ouvrage privés. Instinctif et à l’écoute de ses clients, il investit le secteur des maisons de champagne et de l’hôtellerie-restauration. La reconstruction du Royal Champagne, l’auvent de l’Assiette Champenoise et la rénovation du Millénaire, c’est lui. Le siège de la maison Janisson & Fils à Verzenay, la recréation de la Brasserie Boulingrin, encore lui. L’inscription des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne au patrimoine mondial de l’Unesco ne devrait pas entraver ses projets, bien au contraire. L’arrivée de son fils Hugo, fraîchement diplômé lui aussi de l’école d’architecture de Nancy, ouvre la voie vers de nouvelles perspectives, une façon sereine de laisser la trace « Pace ». z Flacons
nous avons soumis Frédéric rouzaud, directeur général des champagnes roederer, à un questionnaire où Proust et Pivot s’invitent. dans cette confession sémantique, il dévoile ses goûts et ses aspirations, toujours avec esprit.
roederer
QuiRêtes-vous M ROUZAUD ?
Votre mot préféré ? magique
Mon rêve de bonheur. c’est chaque jour
Le mot que vous détestez ? impossible
Quel serait mon plus grand malheur ? perdre un enfant
Votre drogue favorite ? le sport
Ce que je voudrais être. un artiste/un chanteur
Le son, le bruit que vous aimez ? le silence de la nature
Le pays où je désirerais vivre. la France
Le son, le bruit que vous détestez ? klaxon
Mes auteurs favoris. Houellebecq, Zweig
Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? Quelle connerie !
Mes héros dans la fiction. Keanu Reeves dans Matrix
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ? informaticien
Mes héroïnes favorites dans la fiction. Super Jaimie
La plante, l’arbre ou l’animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ? dauphin
Mes compositeurs ou chanteurs préférés. Mick Jagger, The Aveners
Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ? en progrès…
Par roberto alvareZ
Le principal trait de mon caractère. l’indépendance La qualité que je préfère chez un homme. l’humour La qualité que je préfère chez une femme. le côté entier Ce que j’apprécie le plus chez mes amis. leur franchise Avec son père JeanClaude Rouzaud à qui il a succédé. En compagnie de Sophie, sa femme.
« Starck en a rêvé, Roederer l’a fait ». C’est comme ça que le célébrissime désigner Philippe Starck a présenté aux côtés de Frédéric Rouzaud, le DG de la maison, la nouvelle cuvée Louis Roederer, un brut non dosé 2006. Flacons
Mon principal défaut. imprévisible Mon occupation préférée. mes enfants
Mes peintres favoris. Chagall, Martial Raysse, Soulages Mes héros dans la vie réelle. Usain Bolt, Winston Churchill Mes héroïnes dans l’histoire. Jeanne d’Arc, Charlotte Corday Ce que je déteste par-dessus tout. les faux-culs et prévoir trop à l’avance dans ma vie personnelle Le don de la nature que je voudrais avoir. savoir dessiner État présent de mon esprit. good mood Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence. la dépendance Ma devise. l’exception, c’est aujourd’hui Votre dernier repas. Quel menu, quels vins, quels champagnes. Au restaurant, chez Pierre Sang (Paris, Xème). Menu imposé, Cristal 2002, Chinon P. Alliet 2009, Pichon Comtesse 1996 Flacons
Pendant la pause, nous avons discuté de cinéma, de Simone Signoret, Michel Simon et Lino Ventura. Et, de films mémorables.
lanson
PhiLiPPe baijot
La vie est un Long
fLeuve tRanQuiLLe… Par christoPhe d’antonio z Photo Fred laurÈs
Flacons
Flacons
Président du champagne lanson depuis 2006, Philippe baijot a ranimé la flamme d’une grande maison qu’on croyait éteinte. Portrait d’un entrepreneur qui a construit sa vie sur l’amour sans modération du champagne.
C’est ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées. Philippe Baijot en rêvait depuis 25 ans. À 65 ans, il l’a fait. En 2015, il a obtenu son brevet de pilote d’avion. Quand il a quelque chose en tête… C’est ainsi que le président de Lanson a fait carrière dans le champagne, un monde dont il n’est pas issu. « Je suis entré par la petite porte, se souvient-il. J’ai accepté un salaire qui ne me suffisait pas pour vivre. J’ai dû emprunter de l’argent à mon père pour m’en sortir ». Aujourd’hui, Philippe Baijot est l’un des trois actionnaires, avec Bruno Paillard et la famille Roques-Boizel, du deuxième groupe de champagne, Lanson-BCC, derrière le géant LVMH. Philippe Baijot a grandi dans l’Aisne. Son père, originaire des Ardennes, dirige une fonderie. « Un univers bruyant, dangereux, sale » qui ne l’attire pas. Étudiant à l’École supérieure de commerce de Reims, il découvre un autre monde. Un « produit magique qui fait pétiller les yeux des femmes » auquel il est initié par ses amis étudiants qui appartiennent à des familles de négociants. L’un d’eux s’appelle… Lanson, un autre est le fils du chef de cave de Mumm. Philippe Baijot rencontre aussi une jeune rémoise qui deviendra son épouse. En 1973, à la fin de ses études, il envoie son CV à une douzaine de maisons de champagne. C’est la guerre au Proche-Orient, le secteur traverse une mauvaise passe : « zéro réponse ». Deux ans plus tard, Philippe Baijot revient à la charge. Le patron de la maison Abel Lepitre lui propose un poste d’inspecteur des ventes… pour un salaire inférieur aux deux-tiers de ce qu’il perçoit dans la tannerie angevine où il travaille. Il accepte. En 1978, la chance lui sourit lorsqu’il est engagé par le patron de Marne et Champagne, Gaston Burtin. « Un homme extraordinaire qui m’a appris mon métier », dit-il. Il reste douze ans à ses côtés. Quand le fondateur passe la main à l’une de ses nièces, en 1990, Philippe Baijot comprend que l’entreprise est mal partie. Il décide de voler de ses propres ailes. « J’avais envie d’avoir quelque chose à moi », explique-t-il. Il s’associe avec son ami Bruno Paillard, qui possède déjà une petite affaire de courtage. Les deux hommes, liés par « une belle complicité qui ne s’est jamais démentie », rachètent la marque Chanoine Frères, puis s’associent avec la maison Boizel. Flacons
En 1996, ils entrent au second marché pour lever des fonds. S’ensuivent les rachats de Philipponnat, une belle marque qui possède le fameux Clos des Goisses, de De Venoge et de la maison Alexandre Bonnet, qui leur apporte ses 43 hectares de vignes. L’aventure est déjà belle lorsqu’en 2006, leur groupe rachète Marne et Champagne. L’entreprise, mal gérée par les successeurs de Gaston Burtin, comme Philippe Baijot l’avait pressenti, « est à feu et à sang, un immense gâchis ». En particulier, la pépite du groupe, la maison Lanson, va mal. Elle perd beaucoup d’argent. Philippe Baijot et son associé sont conscients des difficultés – Maison et Champagne pèsent trois fois plus lourd que leur propre groupe – mais ils sont convaincus de pouvoir relancer Lanson, qui possède une renommée internationale et des vins de grande qualité. « Une grande maison ne meurt pas si facilement. Il y a toujours des braises sur lesquelles souffler », explique Philippe Baijot. Mission : restructurer et redonner confiance aux équipes. Le plus important. « Il fallait montrer l’exemple pour que tout le monde se remette à tirer dans le même sens », poursuit-il.
il pense à acquérir une petite propriété viticole quand la retraite sonnera. Tout est à revoir : le marketing, la communication, la distribution. Et aussi l’habillage des bouteilles, qui n’était « pas beau ». « À quoi sert de posséder le meilleur vin du monde si on ne le vend pas ? », résume Philippe Baijot. « Il reste encore du travail, mais la maison Lanson est redevenue une très belle marque qui vend 85 % de sa production à l’export », se félicite-t-il. Désormais, cet épicurien qui ne passe pas une journée sans ouvrir un flacon de champagne, pense à sa succession. Il prépare une nouvelle génération - ses deux fils et les enfants de ses associés, mais aussi certains jeunes collaborateurs qui ont fait leurs preuves - à prendre la relève. Philippe Baijot a fixé la date. Dans cinq ans, il aura 70 ans. « Je n’ai pas l’intention de me cramponner, même si ce sera douloureux », ditil. D’ailleurs, il pense déjà à rebondir. L’avion ou le cheval, son autre passion, ne suffiront pas à meubler sa vie, il le sait. Philippe Baijot pense à acquérir une petite propriété viticole, peut-être en Provence. « La passion du vin est en moi. Elle ne me quittera jamais », dit-il. z
Développer des offres attractives et privilégier des choses « à vivre » plutôt que des choses « à voir ».
ARNAUD
Robinet MAIRE DE REIMS interview alain vincenot Photo jean-baPtiste delerue
Une respiration au pied du musée-hôtel le Vergeur, place du Forum à Reims, où sont notamment exposées des gravures d’Albrecht Dürer.
Flacons
Flacons
Pour le député-maire de reims, le champagne apporte à sa ville une renommée inégalée qui dépasse largement les frontières. un atout supplémentaire dans son souci de développer le tourisme.
Reims a son nom associé au champagne. C’est également une ville touristique. Quelle place occupe le champagne dans le tourisme? Arnaud Robinet : Le tourisme représente 5 à 6 % de notre produit intérieur brut (PIB). Soit, environ, 3,5 millions de visiteurs par an. Le monument le plus visité est la cathédrale avec 800 000 visiteurs annuels. En 2014, les caves ouvertes au public ont, pour leur part, enregistré 280 000 entrées. La ville de Reims et Reims Métropole misent fortement sur le tourisme qui est générateur d’économie à part entière. L’inauguration, le 13 novembre, d’un nouvel office de tourisme, rue Rockefeller, témoigne de notre volonté de soutenir cette activité. Sur une superficie totale de 1 500 mètres carrés, 250 mètres carrés sont dédiés à l’accueil, qui est doté d’une boutique et d’un espace numérique. L’acquisition du lieu représente un investissement de 2,5 millions d’euros, tandis que le coût des travaux d’aménagement s’est élevé à 1,5 million d’euros. Le tourisme étranger est-il en augmentation ? Oui, on observe une hausse importante. Il s’agit d’un tourisme à forte contribution, mais d’un tourisme de passage. On distingue trois catégories. Ce sont soit des étrangers, excursionnistes ou individuels, en provenance de Paris et qui font l’aller-retour dans la journée. N’oubliez pas que nous ne sommes qu’à quarante-cinq minutes de Paris en TGV. Soit des étrangers que l’on capte dans le cadre des migrations Nord/Sud et qui font une halte-étape à Reims. Individuels belges ou anglo-saxons, ils ont représenté, en 2014, 32 % des nuitées dans l’agglomération de Reims. Soit des groupes. Dans cette catégorie, notons une forte progression des clientèles asiatiques, notamment chinoises. Au total, le tourisme, selon les observations de l’OTAR (Office de Tourisme de l’Agglomération Rémoise), compte 60 % d’étrangers et 40 % de Français. Il nous faut inciter les touristes à allonger la durée de leur séjour. Par exemple, développer des offres attractives privilégiant des choses « à vivre » plutôt que des choses « à voir », ce qui les pousserait à rester au moins une nuit. Avec des tarifs compétitifs, car la concurrence est rude dans ce domaine. Internet permet, aujourd’hui, de trouver des séjours ou des week-ends à des prix très intéressants, notamment à l’étranger.
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Avez-vous mesuré l’attrait exercé par le champagne auprès des touristes ? Français ? Étrangers ? Ici, le champagne est omniprésent. Qu’ils soient Français ou étrangers, les touristes ne manquent pas de boire une petite coupe. Un rituel qui fait partie du décor. Tout rappelle le champagne, qu’on est en Champagne. Il y a les noms des grandes maisons, les bars à champagne en centre-ville, particulièrement à proximité de la gare et dans le quartier de Boulingrin. Quant aux itinéraires des visites, ils incluent la découverte des caves et des vignobles et se terminent inévitablement par la dégustation d’une coupe. Enfin, il y a le tourisme d’affaires, les meetings, les congrès… Il bénéficie de la notoriété, inégalée, du champagne, qui dépasse les frontières. Vous disiez que le TGV place Reims à quarante-cinq minutes de Paris. Un sérieux atout pour la ville… Effectivement. Pendant les dernières vacances de la Toussaint, la ville de Reims a lancé, dans le réseau métro et autobus de la RATP à Paris, une campagne de publicité destinée à sensibiliser les Franciliens au fait qu’il est vraiment facile de venir se relaxer à Reims le temps d’un week-end. Depuis 1991, trois sites rémois, la cathédrale, le Palais du Tau et l’Ancienne Abbaye, sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. En juillet 2015, ce sont les « Coteaux, maisons et caves de Champagne » qui ont bénéficié, à leur tour, d’une inscription. Qu’espérez-vous de ce nouveau classement ? Il a donné un coup de projecteur considérable sur le territoire. Depuis, l’été, certains hôteliers ont relevé un vrai boom. Des caves ont fait le plein de leurs circuits de visites. Des itinéraires ont vu leur fréquentation doubler. Maintenant, l’effet ne doit pas s’affaiblir. Nous devons l’ancrer dans la durée. On attend, notamment, un impact sur les clientèles asiatiques et nord-américaines. Ne craignez-vous pas que le nom envisagé pour désigner la nouvelle Région ne brouille l’identité de la Champagne et celle de Reims ? Au sein de cette nouvelle entité administrative, la Champagne demeurera un territoire marqué par une forte identité. z
environ 3,5 millions de visiteurs par an dont 800 000 pour la cathédrale.
collet
Voyage au cœur de la cité du champagne à aÿ. la villa collet qui offre une balade romanesque au cœur des années 20 et des arts déco et se veut l’évocation d’une époque, d’un état d’esprit. le Musée des métiers du champagne rend hommage au terroir, aux hommes et à leur savoirfaire, une culture d’excellence désormais labélisée par l’unesco.
L’aRt DE vivRe
Par jerôMe eynard z Photos Fred laurÈs
DES années foLLes
© Agence Roger Viollet
Si vous aimez Mistinguett, Josephine Baker, le jazz, les Années folles, le jazz, cette periode festive, la Villa Collet vous comblera.
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La plus ancienne coopérative de Champagne, la Coopérative Générale des Vignerons de la Champagne Délimitée, née en 1921, est la créatrice du Champagne Collet. Cette coopérative est née de la révolte des vignerons se rebellant dix ans plus tôt contre l’injustice du détournement de l’Appellation par des fraudeurs. « Cette révolte est plus que jamais d’actualité aujourd’hui puisque nous défendons et protégeons chaque jour notre Champagne, terroir d’exception, » explique Olivier Charriaud, le directeur général. « De ce point de départ historique, peu connu hors des frontières de la Champagne, s’appuie l’ADN de la Cogevi rassemblant 800 vignerons réunis dans près de 150 villages de la Champagne. Notre champagne est de grande qualité ; c’est une gamme exceptionnelle et à forte valeur. Il a une histoire. Mais cette histoire, il faut savoir la raconter. Il faut être suffisamment attractifs et originaux pour que cette histoire trouve son audience. », poursuit-il. Ce pôle oenotouristique unique en Champagne, au pied des coteaux tout récemment inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, propose trois parcours qui s’orientent autour de l’histoire, des métiers et de l’art. La Cité du Champagne met en avant des collections uniques d’objets, tous originaux, de documents incroyables, d’outils composant une collection exceptionnelle, de caves creusées en 1882, des films, des archives. C’est grâce à cette scénographie que se réveille toute l’âme de la Coopérative. Ailleurs, on parle de lignées familiales illustrées par des portraits de personnages énigmatiques. Ici on découvre les visages des vignerons coopérateurs. Les murs nous parlent. Ces vignes, ces villages, ces artisans élaborateurs sont ‘propriétaires’ de la marque Collet, « et lorsqu’on croise leurs reFlacons
6 000 visiteurs ont fait le voyage a travers l’histoire, la culture et l’art.
gards sur les murs de la Maison Cogevi, on y lit la fierté. Ils ne portent pas le même patronyme, mais constituent une vraie famille » précise Olivier Charriaud. Tout est dit ? Loin de là… « De cette fierté de porter haut et fort la marque Collet est née la nécessité de stabilité. Cette stabilité se retrouve dans la qualité des vins, mais pas seulement. Depuis 1921, seulement quelques Présidents et six Directeurs Généraux se sont succédés », précise-t-il. Olivier Charriaud est le 6e. Le voyage se poursuit vers le Musée des Métiers du Champagne : lorsque nous y pénétrons, le silence se fait. « On découvre le courage des vignerons dans leur travail difficile à travers un parcours scénographique spectaculaire. Un cheminement exceptionnel nous emmène de surprises en surprises : dans des caves centenaires, où reposent 30 000 flacons des meilleurs millésimes, à travers les vignes. Et, de ces vignes, un panorama magnifique arrive encore à nous surprendre », confie le directeur général. Cette offre oenotouristique est réellement unique. Nous pénétrons maintenant dans l’Histoire de la Maison en poussant la porte de la Maison Cogevi : documents d’archives, court-métrage (‘les racines de la Cogevi’, primé en 2014 au Festival International Oenovidéo), photographies… on visite même la salle du Conseil d’Administration de 1946. Olivier Charriaud nous fait remarquer les affiches apposées aux murs des foires et expositions : « les vignerons sont allés vendre leur champagne à Bruxelles, Liège, Milan, Rome, Francfort, à une époque où il fallait une bonne journée pour se déplacer d’un village à la ville voisine ! ». Ici on découvre que le champagne de la coopérative a traversé les frontières depuis les années 20 et que sa qualité a été reconnue par de nombreuses médailles et récompenses. De l’Histoire à l’Art… Déco ! On entre maintenant dans la magnifique Villa Collet, dédiée à la culture et à l’art en général. On se surprend à voyager encore et toujours : ici place aux salons de réception dans lesquelles on imagine la fête, le champagne qui coule à flots, l’insouciance de ces années 20 dédiées aux nuits animées, aux rires et à la danse ! place également Flacons
Une somptueuse salle d’expositions temporaires en rez-de-jardin de la Villa Collet.
L’Atelier des grands couturiers, lien intime entre l’univers du Champagne et la haute couture.
Olivier Charriaud, le directeur général.
dans aux expositions thématiques sur la gastronomie (Cabinet des Chefs qui met à l’honneur le Chef qui reçoit le prix du Livre du Chef), à l’art contemporain, à l’ambiance cabaret, et à la Haute Couture avec une pièce mettant en avant l’incroyable travail des ‘petites mains’ dans l’élaboration de la Cuvée haut de gamme de la Maison : l’Esprit Couture. De l’Art à la transmission : une salle d’exposition temporaire en rezde-jardin de la Villa. Nous sommes partis rejoindre Colin et Matisse. Toutes les expositions sont renouvelées régulièrement. Ce voyage à travers l’histoire, la culture, l’art, ce sont près de 6000 personnes qui l’ont fait depuis mars 2015. Et puis pour les 100 ans de la Maison en 2021, ce seront sans doute 1 million de bouteilles de Collet expédiées, et 45 000 visiteurs par an. Ambitieux mais pas prétentieux. Ici on parle d’exigence, de sincérité, de qualité et de transmission. Comme l’écrivait Paul Morand : « Puisse le voyage nous avoir rappelé notre bonheur ! » z
Un lieu absolument extraordinaire. Avec une vue panoramique sur les vignes.
PPDA, un visiteur attentif aux moindres détails du musée.
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isabeLLe teLLieR chef de cave de tsaRine
L’aRt
des Petites touches
Par alain vincenot z Photo Fred laurÈs
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Un instant de détente « Au Conti », un restaurant de la place d’Erlon à Reims. Flacons
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elle compare son métier à celui d’un créateur de parfums. des assemblages par petites touches permettent de parvenir, selon elle, à l’équilibre parfait dans un flacon pétillant, synonyme de fête et de partage.
Dans le cadre d’un bac+2 en agro-alimentaire, Isabelle Tellier avait effectué un stage de huit mois au sein de la maison Veuve Clicquot, à Reims. Née dans une famille de céréaliers de l’Aisne, elle confie : « C’est là que le goût du champagne m’est venu ». D’où la voie où elle a engagé la suite de ses études. Un DNO (diplôme national d’œnologie) à la faculté de Reims a, d’ailleurs, conforté son intérêt qui s’est vite transformé en passion, au point d’y convertir son entourage. « Le champagne, explique-t-elle, est le résultat d’une création. Chaque année, les vendanges, différentes selon les variations climatiques, notamment l’ensoleillement, se caractérisent par plus ou moins de sucre, d’acide. Il faut ajuster les dosages. Mais, le champagne est également associé à la fête, à la joie, au partage. Boire une coupe revient à partager un moment de bonheur. » À la fin de ses études, en 1992, Isabelle Tellier entre chez Boizel, à Epernay. « La première année, j’ai travaillé au laboratoire. Et, rapidement, j’ai remplacé l’œnologue ». En 2001, elle rejoint Tsarine, chez « Chanoine frères », où elle devient l’une des rares femmes chefs de cave de Champagne, une fonction prestigieuse, occupée, jusque-là, essentiellement par des hommes. Les Chanoine sont une des plus vieilles familles d’Epernay. En 1730, en effet, sous le règne de Louis XV, deux frères, Jacques-Louis et Jean-Baptiste Chanoine, fondent la maison « Chanoine frères », spécialisée dans le commerce de vins de Champagne. Cette année-là, ils obtiennent également l’autorisation de creuser, à Epernay, la première cave à champagne de la cité. Très vite, ils se tournent vers l’exportation, sillonnant l’Europe à la recherche de nouveaux clients. À l’époque, en Russie, la haute société n’a d’yeux que pour la France, ses écrivains, sa langue, sa culture, les philosophes du Siècle des Lumières… Dans les salons des palais de Saint-Pétersbourg, les aristocrates parlent français, dont ils apprécient les sonorités plus subtiles, estiment-ils, que le russe. Introduit à la cour du tsar par l’impératrice Anna Ivanovna, qui, durant le rude hiver 1740, fait construire un gigantesque palais de blocs de glace, long de vingt-cinq mètres, haut de dix mètres et large de sept, le champagne coule à flots dans les banquets impériaux et sur les tables des Flacons
grands de l’empire. En hommage à ces fastes d’antan, la maison « Chanoine frères » a donc créé la cuvée Tsarine. « Le Pinot noir, dit Isabelle Tellier, construit notre assemblage, le Pinot Meunier l’arrondit en arômes fruités et le Chardonnay lui apporte finesse et élégance. L’équilibre parfait. » Une élégance, un équilibre qui se retrouvent dans les torsades élancées des flacons Tsarine, rappelant les courbes de l’architecture russe. Aujourd’hui, la production annuelle de Tsarine atteint 500 000 des 3,5 millions de bouteilles de « Chanoine frères », propriété, désormais, du groupe Lanson-BBC. Avec passion, Isabelle Tellier parle des six cuvées Tsarine. Tsarine Premium, « obtenue avec un tiers de Pinot noir, un tiers de Meunier et un tiers de Chardonnay ». Tsarine rosée, « même assemblage avec, néanmoins dix pour cent de Pinot noir vinifié en rouge ». Tsarine 1er cru, « principalement du Chardonnay et du Pinot noir ». Tsarine millésime, « combinaison des trois cépages dont le pourcentage varie d’un millésime à l’autre ». Tsarine blanc de blanc, « cent pour cent de Chardonnay ». Et Tsarine cuvée prestige, « moitié Chardonnay, moitié Pinot noir ». Isabelle Tellier ajoute : « Tsarine Premium provient d’une quarantaine de parcelles. La matière première étant différente chaque année, il s’agit d’obtenir un goût constant. De même que pour Tsarine rosée. » De la rentrée des vendages jusqu’à la bouteille,
elle aime cuisiner et pratique la course à pied pour se vider la tête : « Magique », dit-elle. la chef de cave suit chaque étape du cheminement des cuvées. « Mon métier ressemble un peu à la création d’un parfum. On avance dans la concentration, l’observation, les ajustements progressifs. » Ses loisirs : « Elle aime cuisiner et, pour se détendre, elle pratique la randonnée et, surtout, la course à pied. « On se vide la tête, c’est magique. Après, je me sens en super-forme. Récemment j’ai participé au Running Reims. Dix kilomètres. » Ses projets : « Améliorer notre outil de travail. Notamment grâce à l’installation d’une cuve d’assemblage de 3 000 hectolitres, qui remplacera celle de 750 hectolitres, dont nous disposons actuellement. Elle nous permettra de préparer de plus grandes quantités à la fois. ». L’agenda est chargé… z
avec dom Pérignon, le chef de cave Richard Geoffroy se montre ambitieux. cette cuvée de prestige constitue un héritage énorme. Mais, plutôt que de le protéger, il s’efforce de le réinventer sans cesse. l’idée de progression l’obsède. essi avellan, Master of wine, nous l’explique.
doM PÉriGnon
RichaRd geoffRoy
in vino veRitas Par essi avellan z Photo Michael boudot
Une rencontre inattendue entre le chef de cave et Dom Perignon, sous un soleil radieux, à Hautvillers.
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« Si vous vous contentez d’être sur la défensive, vous avez déjà perdu. Pour moi, en ce qui concerne le vin, le plus grand piège est la répétition. On y a souvent recours au nom de la cohérence », dit-il, alors que nous sommes installés l’un en face de l’autre dans une salle de dégustation de l’abbaye d’Hautvillers, où vécut Dom Pérignon. Nous discutons devant un ensemble de Dom Pérignon, et en l’entendant partager ses idées aussi pénétrantes que radicales, j’ai l’impression d’assister à un véritable feu d’artifice. « Le meilleur atout de Dom Pérignon, c’est la vision », déclare Richard Geoffroy. Et en effet : c’est précisément de vision dont il a fait preuve tout au long des 25 années qu’il a passé à la tête de la maison. Dom Pérignon a été l’un des plus grands moteurs du champagne, dont le prestige et la présence internationale bénéficient à la région toute entière. C’est sous sa direction de Geoffroy que la marque a été séparée de Moët & Chandon et que son image a progressivement rajeuni. De classique, elle est passée à contemporaine, et même avant-gardiste. Ces 10 dernières années, la communication de Dom Pérignon s’est significativement étoffée. Je fais remarquer à Geoffroy que la marque est devenue plus avenante. On peut d’ailleurs dire la même chose du vin lui-même, dont le caractère se fait de plus en plus chaleureux, doux et raffiné. Est-ce que tout cela était programmé ? « Dom Pérignon, c’est avant tout le plaisir, la joie, les émotions. Ce que je veux, c’est qu’il vous embrasse », confirme Geoffroy. « Nous attachons une très grande importance à la texture et à la fluidité du vin. J’aime bien l’appeler la glisse Dom Pérignon, ce terme évoque un surfeur sur une vague idéale. » Mais le mot qui incarne le mieux Richard Geoffroy est celui d’impulsion : sa plus grande crainte est en effet de se dessécher et de se flétrir. Il affirme notamment rechercher l’excitation que procurent les découvertes, et adorer les surprises. L’audace dont il fait preuve dans l’élaboration de Dom Pérignon a porté ses fruits, puisqu’un nombre toujours plus élevé de millésimes a été produit, y compris la série de cinq millésimes créés l’un à la suite de
l’autre entre 2002 et 2006, une première dans l’histoire de la Maison. Il ne craint pas d’élargir l’éventail d’expressions des millésimes : « J’ai le sentiment d’avoir pris plus de risques que mes prédécesseurs. Par exemple, il n’y a pas eu de 1989, mais j’ai fait la cuvée 2003, ce sont les vins dont je suis le plus fier. » Son parcours se révèle assez surprenant puisque, s’il est vrai qu’il a grandi au sein d’une famille de vignerons établie en Champagne, il ne se destinait pas à poursuivre la passion familiale. « J’adore concevoir, fabriquer et créer des choses. J’aurais pu être architecte. Au bout du compte, j’ai choisi de faire médecine, et j’ai passé mon doctorat en 1982 », se souvient-il. Mais peu de temps après avoir terminé ses études, Geoffroy a ressenti un attrait profond pour ses racines et la culture du vin : « Quand je suis allé étudier l’œnologie à Reims, j’avais déjà 31 ans. ». Sa carrière a été particulièrement brillante, et il a rapidement grimpé les échelons au sein de LVMH. « Dom Pérignon est le champagne millésimé dont l’assemblage est le plus complexe. Plus nous mélangeons de vins, plus le champagne devient robuste, précis et détaillé. Faire du champagne, c’est jouer à un jeu où il faut faire des choix », confirme-t-il. Richard Geoffroy a la chance d’avoir le travail le plus glamour de la Champagne. Il voyage très souvent afin de faire découvrir Dom Pérignon à la jet set du monde du vin et de la gastronomie, ainsi qu’à des célébrités que chacun rêverait de rencontrer. Dans un monde comme le sien, il ne serait pas difficile de perdre la mesure de la vie ordinaire, et à sa place, beaucoup seraient devenus arrogants, mais Geoffroy est solidement ancré dans la réalité. « J’ai la chance de pouvoir rencontrer un grand nombre de personnes fascinantes. Le dialogue et le partage sont les plus grands bienfaits. Si mon travail se résumait à la tech-
« l’harmonie est l’une des vertus cardinales du vin » nique, je serais parti depuis longtemps. » Et aussi, « Je ne fais pas ce travail pour satisfaire mon ego. Je crois sincèrement qu’il vaut la peine d’être généreux. Le vin, ce n’est rien d’autre que ça ». Si, comme il le dit, créer et parler de Dom Pérignon revient à communiquer la joie, alors Richard Geoffroy est probablement l’homme le plus heureux sur Terre. « L’harmonie est l’une des vertus cardinales de l’existence, mais aussi du vin. Peut-être que j’ai appris ces choses grâce à Dom Pérignon ? ». z Flacons
sceneo
vincent begny
Pour le diriGeant de sceneo, l’ÉclairaGe, Qu’il soit intÉrieur ou eXtÉrieur, cheZ des Particuliers, dans des entrePrises ou des ÉdiFices Publics, est devenu un ÉlÉMent incontournable de l’architecture. il conseille aussi de Grandes Maisons de chaMPaGne.
et La
LUMIÈRE Par alain vincenot z Photo Fred laurÈs
fut
Vincent Begny pose devant un très esthétique arbre de lumière.
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Goethe a écrit : « La clarté, c’est une juste répartition d’ombre et de lumière. » La phrase du poète rappelle ce proverbe latin médiéval : « La lumière montre l’ombre et la vérité le mystère. » Elle pourrait également orner la façade de Sceneo, à Reims. Un cube noir aux lignes épurées posé sur des parois de verre, entièrement dédié à l’éclairage, à la lumière et à la clarté. Couvrant plus de mille mètres carrés d’exposition, le bâtiment abrite l’un des plus grands show-room de France. Son rez-de-chaussée est voué aux luminaires décoratifs et son étage aux éclairages techniques et architecturaux, tandis que l’extérieur présente différents types d’éclairages urbains et résidentiels. Sur la page d’ouverture du site internet de Sceneo, ces mots résument la philosophie de la société : « La lumière est un langage, elle communique et exprime l’essence, la singularité d’une ambiance, d’une atmosphère ». Vincent Begny, le dirigeant de Sceneo, un Rémois, s’est tourné vers la distribution de matériel électrique. « Il y a une quinzaine d’années, explique-t-il, on s’est aperçu qu’une mutation majeure marquait l’éclairage, notamment dans le domaine des bâtiments publics et privés. On ne se contentait plus de plaquer des projecteurs écrasant les façades. On cherchait à épouser les reliefs, afin d’en dévoiler la richesse. » Son métier devenait un métier à part entière. « Nous ne vendions plus seulement des lampes. Nous devions répondre à une prise de conscience du rôle de l’éclairage qui ne consiste plus uniquement à éclairer, mais apparaît comme un complément incontournable de l’architecture. Nous avons donc développé un savoir-faire et étoffé une équipe technique. » Dans ce véritable salon du luminaire rémois, le visiteur peut évidemment trouver des objets éclairants divers, suspensions, appliques, lampes de tables, encastrés et techniques, créés par des designers. Par exemple, la collection Lederam, des ailes d’oiseau majestueux aux pattes d’or ou des coquillages stylisés, la collection Diamond £ Swirl et ses tourbillons
d’éclats de diamant rappelant les vagues s’écrasant sur les rochers, la collection Twiggy qui semble défier la pesanteur, la Formala, véritable sculpture lumineuse imprimant son mouvement sur un mur… « Nous représentons les plus grandes marques mondiales, confie Vincent Begny. Mais nous ne nous limitons pas à la vente de ces produits. Nous conseillons nos clients et les accompagnons, dans leur choix, en fonction de l’atmosphère qu’ils souhaitent obtenir et en tenant compte de la consommation énergétique. » Parallèlement aux besoins des particuliers, Sceneo éclaire également, à l’intérieur comme à l’extérieur, locaux industriels et édifices publics. Notamment de grandes maisons de champagne. « Dans ce cas, précise Vincent Begny, nous devons répondre à plusieurs impératifs. À l’extérieur, il s’agit d’allier le fonctionnel et la mise en valeur du bâtiment. À l’intérieur, la salle de dégustation nécessite un éclairage, qui, sans renier l’esthétique, doit permettre aux visiteurs de bien visualiser le champagne. Enfin, dans les caves, où sont stockées les bouteilles, il est important d’utiliser des luminaires qui n’émettent ni UV, ni bleu, facteurs qui endommagent le champagne pendant sa phase de conservation (nous avons d’ailleurs mis au point une nouvelle gamme complète de luminaires led spécifiques répondant à ces exigences) » À Reims, Sceneo a également réalisé l’éclairage du Crédit Agricole de Champagne-Ardenne, près de la cathédrale, le campus euro-américain de Sciences Politiques. Autres réalisations : dans la Marne, des églises, des monuments ; dans l’Aube, l’Hôtel du Département,
une troisième agence ouvrira bientôt ses portes. à Troyes le musée Camille Claudel, près de Romilly, le Centre International du Graphisme de Chaumont, le Mémorial de Verdun, le musée Rimbaud dans les Ardennes ; En région parisienne, un centre commercial haut de gamme, « One Nation », aux Clayes-sousBois. Sceneo a déjà implanté deux agences, en Bourgogne et en Lorraine. Une troisième ouvrira bientôt. Vincent Begny ne manque pas de projets. z Flacons
cattier
&agathe
MaRie
&CHOC
UN DUO
Une séance photo qui s’est déroulée sous une pluie de champagne.
CHIC
Par christoPhe d’antonio z Photos Maud bernos
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agathe charles et Marie cattier ne sont pas des héritières promises à la succession de leurs parents. elles se sont fondues dans l’entreprise familiale un peu par hasard. et avec beaucoup de bonheur.
L’une est gestionnaire, l’autre VRP. Elles sont cousines, toutes deux petites-filles de Jean et Nelly Cattier. Elles ont grandi ensemble et sont « comme deux sœurs ». « On s’appelle cinquante fois par jour », raconte Marie Cattier, 45 ans, qui sillonne les routes depuis dix ans à bord de son Volkswagen Tiguan pour vendre le champagne de la maison familiale. Agathe Charles, 49 ans, est la principale collaboratrice d’Alexandre Cattier, leur cousin à toutes les deux, qui a repris il y a quelques années la direction de l’entreprise familiale, succédant à son père JeanJacques Cattier. Ce qui réunit encore Agathe et Marie, c’est que ni l’une, ni l’autre n’avaient imaginé travailler pour la maison fondée par leurs aïeux, propriétaires de vignobles depuis 1763 et dont la première bouteille portant leur nom a été commercialisée pour fêter la victoire de 1918. Elles ont beau avoir baigné dans les parfums de raisin pressé du domaine familial, dans le village de Chigny-les-Roses, entre Reims et Epernay, chacune avait choisi une autre voie. Agathe Charles, après des études d’architecture intérieure et de design textile, a débuté sa carrière chez Kenzo. Pendant dix ans, elle y a dessiné les imprimés qui ornent les chemises, t-shirts et cravates de la marque. « Après la naissance de mon premier enfant, la vie parisienne a perdu de son attrait et mon mari et moi avons éprouvé le besoin de rentrer dans notre région natale », explique-t-elle. Ils s’installent dans une maison que Jean, le grand-père, met à leur disposition à Chigny-les-Roses. Retour aux sources. Son mari reprend l’exploitation agricole de ses parents. Agathe, « pour rendre service », donne un coup de main à la comptable de Cattier. Puis, c’est la responsable des achats qui part en congé maternité et qu’il faut remplacer au pied levé. « Elle n’est jamais revenue et je ne suis jamais repartie », raconte Agathe Charles. « Je me suis tout de suite sentie heureuse dans cette ambiance familiale », ajoute-t-elle. Jusqu’en 2015, elle cumule les fonctions de responsable des ventes France et de DRH de cette PME de quarante employés, avant de se recentrer, désormais, sur la gestion. Marie Cattier, elle, vendait des chaussures dans un Flacons
magasin de Reims avant de devenir mère au foyer pour élever ses trois enfants. Après son divorce, les enfants sont devenus grands et elle reprend la carte de VRP de son ex-mari. Naturellement, elle représente les champagnes Cattier qu’elle connaît par cœur. « La distribution, c’est un monde très masculin. Il faut avoir une grande bouche. Moi je suis plutôt cool, j’aime la convivialité, dit-elle. J’adore aller livrer dans les bars, les restaurants, chez les cavistes. Faite déguster, c’est un plaisir. La seule chose que je m’interdis, c’est le monde de la nuit. Je ne sors pas le soir comme d’autres représentants ». Marie Cattier observe que les femmes sont de plus en plus nom-
elles sont comme deux sœurs et s’appellent 50 fois par jour. breuses dans son métier. « C’est un monde qui se féminise peu à peu », dit-elle. Quant à la maison Cattier, elle est désormais entourée d’un parfum de glamour. Depuis le lancement de la marque Armand de Brignac, en 2006, précisément. « Un ovni dans le monde assez traditionnel du champagne », affirme Agathe Charles. Une bouteille métallisée or frappée d’un as de pique et renfermant un assemblage de trois années de vendanges de grands et premiers crus qui a permis à l’entreprise familiale « de percer dans des milieux où nous avions du mal à entrer », explique-t-elle. Comprendre le très haut de gamme, à 300 € le flacon. « L’idée de Jean-Jacques Cattier, à l’époque, était de faire encore mieux que notre Clos du Moulin, qui est depuis les années 50 notre cuvée d’exception », poursuit Agathe Charles. Le résultat : une percée sur le marché américain où s’écoule une bonne partie de la production de 150 000 bouteilles de la nouvelle marque. Avec, en prime, un coup de pub phénoménal quand le rappeur et homme d’affaires Jay-Z, conquis par le produit, a racheté, en 2014, les droits de vente de la marque Armand de Brignac pour le monde entier à la société Sovereign Brands. Du coup, c’est tout le showbiz américain qui l’a adoptée. « Ce coup d’audace nous a aussi permis de toucher une clientèle plus jeune, plus ouverte à la nouveauté, se félicite Agathe Charles. Depuis, on nous a beaucoup copiés ». Et cette designeuse de formation de laisser entendre que la maison Cattier pourrait encore surprendre dans ce domaine. z
Le château de Boursault, de style Renaissance, est situé dans la commune de Boursault, près d’Epernay.
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EN CHAMPAGNE Par jean-Pierre Prault z Photos Michael boudot
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Le château de Sept-Saulx de style classique.
la champagne, où il est plutôt question de clos, est aussi une terre de châteaux. une agréable balade sur les routes du vignoble même si, certains d’entre eux, ne se « visitent » que de l’extérieur.
La Maison Perrier-Jouët, avenue de Champagne à Epernay.
La grille du Champagne Louis Roederer.
Le Maison Bollinger à Ay.
Haie d’honneur chez Mumm à Reims.
la Marquetterie, niché au cœur du vignoble champenois, à Pierry.
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Au xixe siècle, à la fois belles demeures et, surtout, exploitations viticoles, les Châteaux – quelque trois mille en Gironde, ont donné leurs lettres de noblesse aux maisons de vin de Bordeaux. Ces bâtiments néo-Renaissance sont de véritables « outils » de marketing. Au point que l’on appelle château, des propriétés qui n’en possèdent pas ! En Champagne, où cette quête de noblesse s’est plutôt attachée aux particules, seules trois maisons portent l’appellation : les champagnes Boursault – souvent recensé comme unique à tort – Sébastien Pascal Château de Cuisles, et Château de Bligny (Aube). « Le champagne est un vin d’assemblage ; c’est donc incompatible avec la notion de château », rappelle David Chatillon, DG de l’Union des maisons de champagne. Le domaine de Boursault fut acheté par la Veuve Clicquot qui transforma en 1843 cette ancienne demeure des comtes d’Anglure puis des barons de Boursault en château néo-renaissance, inspiré de Chambord. Le site, qui appartient désormais à un homme d’affaires, Harald Fringhian, ne peut être visité ; en revanche, on peut s’y procurer le champagne du Château élaboré depuis 1927. C’est aussi un endroit apprécié des randonneurs en quête de points de vue sur la Vallée de la Marne. Du pont des Rocailles, on aperçoit la façade sud du château. Le château de Cuisles, très proche (8 km) de l’A4 sortie Dormans, possède lui aussi une longue histoire. Cet édifice qui appartenait au CIVC a été acheté en 2000 par la famille Pascal issue de « cinq générations de vignerons depuis 1870 ». L’édification de ce monument remonte à 1215. Fondé par les frères Gilles et Jacques de Cuisles, il servit de forteresse aux seigneurs de Cuisles et du Tardenois. « La vigne n’est pas dans le parc du château mais la vinification se fait entièrement sur place ; ce qui nous autorise à avoir l’appellation château. On parle moins de nous mais c’est la loi de la concurrence. Ce n’est pas déterminant mais ça reste malgré tout un plus d’avoir un château sur l’étiquette », explique Sébastien Pascal qui réside dans les dépendances et commercialise de la marque. « Cette belle bâtisse » a été réaménagée mais des éléments d’époque (du xiiie siècle) demeurent : les
caves et « la glacière » notamment. Ce château ne peut être visité non plus, sauf à louer les chambres d’hôtes proposées. Il y a château domaine viticole et château « d’agrément », en lien, malgré tout avec le champagne. À l’instar du magnifique château de la Marquetterie, situé au milieu des vignes, face à la Côte des Blancs, près de Pierry. Depuis 1932, il est la propriété du champagne Taittinger. Le château de Louvois – du nom du marquis de Louvois (François Michel Le Tellier), secrétaire d’état à la guerre de Louis XIV – est tout aussi incontournable avec sa grille d’entrée préservée, son bâtiment de l’orangerie…, ainsi que ses 50 ha de parc ayant la
au château de Pierry, visite guidée et séance de dégustation particularité d’être clos de murs. Il appartient au patrimoine du champagne Laurent Perrier. Depuis le 2 juillet dernier, à l’exception des bâtiments du XIXe, l’ensemble du parc et de ses aménagements sont protégés par les monuments historiques. Après Hautvillers, Pierry est « le 2e village berceau du champagne » et l’histoire de son château du xviiie siècle est, liée à celle de Jean Oudart, un moine bénédictin, émule de Dom Pérignon. La famille Gobillard est devenue propriétaire d’une partie des dépendances dès 1858 et Jean-Paul, de la 10e génération, veille à la transmission de ce patrimoine. Précurseur de l’oénotourisme « il y a 30 ans », il accorde une attention particulière « à la convivialité ». Un lieu et un esprit, donc, autour de visites guidées, des dégustations ou des expositions (évolution du machinisme manuel de 1750 à 1950). À Epernay, sur l’Avenue de Champagne, toute la partie logis du Château Perrier est classée monuments historiques. L’édifice doit accueillir (en 2019) le nouveau Musée régional d’archéologie et du vin de champagne après avoir eu, déjà, plusieurs vies : résidence des époux Perrier, quartier général des armées avant d’abriter la bibliothèque et le musée municipal. Classé lui aussi, le château de Sept-Saulx, avec sa toiture en terrasse et son jardin crée par l’urbanistepaysagiste Jean Claude Nicolas Forestier, est typique de l’Art déco. Des balades dans Epernay, Reims et même Châlons (Joseph Perrier) offrent au regard des « maisons » ou des façades plus urbaines mais qui témoignent une autre facette architecturale. z Flacons
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