Magazine Saumon 82

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LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Saumons Volume 31, numéro 3 • AUTOMNE 2008

illimités 82

700$ / 5 €

Convention Poste-publications 40063917

Des histoires d’automne Salar et les changements climatiques



Sommaire Numéro 82 Photo couverture : Françoise Martel Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca www.saumon-fqsa.qc.ca Éditeur : FQSA Coordonnateur : Marc-Antoine Jean, majean@saumon-fqsa.qc.ca Collaborateurs : Gérard Bilodeau, Pierre Manseau, Richard Sirois, Michel Jean, Gilles Shooner, Bernard Beaudin. Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 10 $) Abonnement au magazine Saumons illimités 25 $ (hors Canada ajouter 10 $)

4 Mot du président

10 Vente de permis de pêche depuis 1955

12 Faire germer des projets

• La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes. Le conseil d’administration de la FQSA Président : Yvon Côté Secrétaire : André Baril Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : Claude Hamel, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : Yannick Chuit, François Chapados, Marc Dancose • Québec et Saguenay : Marc Sélesse, Michel Ouellet

17 60e anniversaire de la FSA

Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie Picard Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean-Claude Villeneuve Représentant de la FPQ : Dominic Dugré Représentants gestionnaires (2) : Ronald Desbiens, Saumon de la rivière Malbaie, vacant Délégués externes : • CIRSA : Gilles L. Duhaime • FSA : Charles Cusson • CIFQ : Vacant • Relations extérieures : Pierre Tremblay Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina Vice-présidence à la gestion des rivières : Pierre-Paul Turcotte, président de la Société de gestion de la rivière Matane • Rive sud : Eric L’Italien, directeur général de la société de gestion de la rivière madeleine Marco Bellavance, administrateur à l’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski • Rive nord : Georges Gagnon, directeur général de la Société d’aménagement de Baie-Trinité poste Denis Lavigne, Association de protection de la rivière aux Rochers

Index des publicités

Camp Bonaventure....................................................... 9

Fondation de la faune du Québec................................7

Fondation Hydro-Québec pour l’environnement..................................................48

FQSA.............................................................................. 47

La Capitale assurances générales.............................. 9

Motel Restigouche.......................................................35

Produits UNI..................................................................43

Québec Pêche............................................................... 2

Salmon Lodge.................................................................7

Saumon Québec............................................................ 8

Sexton & Sexton..........................................................42

Sport-Action vidéo.......................................................35

16 Anisakis simplex 18 Échos des rivières La rivière Malbaie Hommage à Lee Foran 20

Les secrets de Salmo Saumon atlantique et changements climatiques

25 Art de vivre L’appel des sens 27 Échos de France Plan de sauvegarde pour le saumon de la Loire 40

Histoires de pêche Né pour être aimé Une matinée exceptionnelle

43 Babillard 44 Hommage à Romain Boivin

Le conseil des Gouverneurs 2006-2007 Membres corporatifs Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Fondation Blairmore Membre individuel M. John E. Houghton

32 Le Saumon de la Sagesse

36 École de pêche Améliorez vos photos de pêche...


Mot du président

Enfin

une belle saison de pêche A

vec raison, les saumoniers se réjouissent de la saison de pêche qui vient de se terminer. De nombreux facteurs ont contribué à maintenir à un niveau aussi élevé que possible les stocks de reproducteurs, notamment la gestion serrée des stocks faite par les autorités gouvernementales, l’application stricte du plan annuel de pêche par les gestionnaires délégués, l’adhésion des pêcheurs sportifs à la réglementation provinciale et leur sens éthique en matière de conservation. Ainsi, année après année, de fortes cohortes de saumoneaux migrent vers les pâturages marins de l’océan Atlantique. Par exemple, la forte cohorte de saumoneaux de 2007, associée à des conditions océaniques favorables, explique le bond surprenant de la cohorte de madeleineaux de 2008, laquelle a atteint un niveau d’abondance comparable à ceux d’il y a dix ou quinze ans. À l’été 2008, les madeleineaux étaient nombreux à peu près partout, ce qui laisse présager de bonnes remontées de saumons dibermarins l’an prochain, puisqu’ils appartiennent à la base à la même cohorte de saumoneaux que les madeleineaux de cette année. Est-ce le début d’une période d’abondance ? Impossible d’avoir des certitudes à cet égard. En biologie des pêches, il est souvent plus facile d’expliquer après coup que d’oser des prévisions ! Alors, va pour l’optimisme, mais faisons preuve de modération. Cela m’amène à réitérer les principes de gestion de la ressource saumon énoncés par la FQSA dans son Mémoire sur la gestion du saumon au Québec. Tout d’abord, la FQSA adhère au principe de gestion de l’exploitation « rivière par rivière », lequel vise le respect d’un seuil de conservation propre à chaque rivière et la foule de mesures de gestion pouvant y être associées. Parmi ces mesures figurent l’obligation de remettre à l’eau les prises de grands saumons lorsque les seuils de conservation ne sont pas atteints et, corrélativement, l’autorisation de la rétention des captures lorsque le potentiel biologique le permet. Dans ce dernier cas, les limites quotidiennes présentement en vigueur apparaissent parfaitement justifiées. Toutefois, en ce qui concerne la limite annuelle de sept prises gardées indistinctement de la taille du saumon, la FQSA 4 Saumons illimités

réitère aux autorités gouvernementales sa recommandation de considérer un rajustement qui tient compte de réalités actuelles entourant la gestion de la ressource au plan international, national, et québécois.

En effet, précisions d’abord que la ressource saumon, où qu’elle se trouve dans l’Atlantique Nord, n’est pas encore rétablie à des niveaux d’abondance historique. Il faudra donc maintenir les restrictions sur la pêche au Groenland à la fois par la voie de la négociation politique (OCSAN) et par des arrangements financiers avec les pêcheurs de cette région. Ajoutons que deux organismes privés, la Fédération du saumon atlantique (depuis 2001) et le North Atlantic Salmon Trust (depuis 2007), accordent d’importantes sommes d’argent chaque année au Syndicat des pêcheurs groenlandais pour soutenir un programme de création et de reconversion d’emplois en faveur des pêcheurs touchés par la réduction des quotas de pêche. Cette initiative est l’un des éléments-clés favorisant l’adhésion du Groenland à un quota de prises à un niveau vraiment minimal. Par la réduction du quota au Groenland, le but est de ramener plus de saumons vers les rivières d’origine d’Europe et d’Amérique (et donc du Québec), pour ainsi contribuer à la conservation de la ressource. Mentionnons enfin que dans toutes les juridictions canadiennes et américaines à l’exception du Labrador et du Québec, la capture des grands saumons est strictement interdite. Ainsi, pour des raisons stratégiques quant aux objectifs de conservation poursuivis par les programmes d’aide financière aux pêcheurs du Groenland, et par solidarité avec les saumoniers des autres régions canadiennes et américaines (où la capture de grands saumons est interdite), les saumoniers du Québec ne devraient-ils pas accepter une limite du nombre de prises de grands saumons inférieure à sept ? Ils montreraient par le fait même qu’ils sont individuellement prêts à contribuer dans une certaine mesure à l’effort général de conservation. Par ailleurs, dans un contexte où, selon le Fonds mondial pour la nature, on ignore faute de données adéquates l’état


des stocks de saumons dans 66 % des rivières à saumon du Québec, où dans 14 % des cas l’état de la ressource est qualifié de critique à vulnérable et où seulement 20 % des stocks sont considérés en santé, ne relève-t-il pas de la responsabilité de chaque saumonier de diminuer autant que possible la pression qu’il exerce sur les contingents de grands saumons, qui sont les reproducteurs les plus importants ? Rappelons que seulement 34 % des rivières à saumon du Québec font l’objet d’un plan de pêche établi selon les principes de gestion rivière par rivière. Dans tous les autres cas, à moins qu’une rivière ne soit carrément fermée à la pêche sans que personne ne s’en préoccupe, c’est la réglementation générale qui s’applique et qui constitue la principale police d’assurance contre la surexploitation ! Ne serait-il pas plus prudent que la limite des prises de grands saumons pour les pêcheurs qui fréquentent ces rivières moins connues soit inférieure à sept ? En considérant ces arguments et d’autres, la FQSA a proposé en février 2005 aux membres de la Table sur le saumon de limiter le nombre de grands saumons à quatre, à l’intérieur du quota annuel de sept saumons qui lui demeurerait inchangé. En avril et mai 2005, cette proposition a obtenu l’adhésion du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, de même que l’aval de la Fédération des gestionnaires de rivières à saumon du Québec (FGRSQ). Puis en février 2006, le consensus semble-t-il n’y était plus. Et après, plus rien. Dans le contexte actuel de la ressource, le conseil d’administration de la FQSA estime que la possibilité légale de retenir sept grands saumons est obsolète et anachronique. Le conseil d’administration de la FQSA

recommande à ses membres de ne pas attendre que cessent les tergiversations à ce sujet et les invite dès maintenant à agir d’eux-mêmes, en limitant volontairement leurs captures de grands saumons à trois ou quatre. Prêchons par l’exemple. Bien sûr, la FQSA reconnaît que la limite annuelle de prises de grands saumons n’est pas le principal outil de gestion dans l’arsenal des biologistes gestionnaires de la pêche du saumon. Mais ce serait là un excellent signal à donner à toute la communauté internationale, à nos collègues saumoniers canadiens, et à nos voisins saumoniers du sud : au Québec, nous savons gérer la ressource sur une base institutionnelle, alors que les pêcheurs, sur une base individuelle, veulent aussi apporter leur contribution, aussi minime soit-elle, pour la conserver. Ce serait également un bon exemple à donner aux jeunes saumoniers de la relève, puisque le comportement de leurs ainés aura été plus que respectueux à l’égard de la ressource. Enfin, la FQSA encourage les saumoniers à inclure dans leur propre philosophie de pêche la notion de « graciation ». Remettre à l’eau une prise de saumon est une obligation légale dans les cas où la conservation l’exige. Gracier un saumon est un geste volontaire de conservation. Il s’agit toutefois d’un comportement personnel qui n’a pas à être réglementé et sur lequel on ne doit poser aucun jugement de valeur, ni dans un sens, ni dans l’autre.

Yvon Côté, président

Finally

a good fishing season

W

ith good reason, salmon anglers are amply satisfied with the fishing season that has just ended. Tight management of stocks by government authorities, the strict application of annual fishing plans by the delegated river managers, the adhesion of sport anglers to provincial regulations as well as to their ethical convictions towards conservation, all contributed in maintaining salmon reproductive stocks at their highest levels possible. As such, year after year, strong smolt cohorts continued to migrate out to their marine feeding grounds in the Atlantic Ocean. Lately for example the strong smolt cohort of 2007, together with undoubtedly favourable ocean conditions, resulted in the surprising rebound of the grilse cohort in 2008, to a level similar to that seen 10 to 15 years ago.

In the summer of 2008, grilse were abundant almost everywhere, which in turn should lead to good runs of 2 sea-year old salmon next year since they belong to the same smolt cohort as the grilse of this year. Is this the beginning of a period of abundance? Right now it’s impossible to know for sure. In fisheries biology it’s often easier to explain after the fact than to predict beforehand! So an optimistic «yes» answer to that question, but with a good dose of caution. This leads me to reiterate on the salmon resource management principles that were outlined by the FQSA in its Brief on Salmon Management in Québec. First of all, the FQSA adheres to the «river-by-river» exploitation management principle, which involves the respect of an Saumons illimités 5


established conservation threshold limit specific to each river, as well as a battery of various management measures that can be associated with it. These measures may include the mandatory live release of adult salmon when conservation thresholds are not reached and conversely, the possibility to retain captures when the biological potential allows for it. In the latter case, the daily limit now permitted seems entirely justified. However, concerning the annual limit of seven retained captures, regardless of salmon size, the FQSA has long recommended to government authorities to consider adjustments that would take into account present day realities affecting resource management internationally, nationally and in Québec. In fact, we must first of all keep in mind that the salmon resource in the North Atlantic has not yet returned to its historical levels of abundance. Therefore the restrictions on the Greenland fishery, attained through both political negotiations (NASCO) and financial arrangements with local fishermen, should be maintained. And, secondly, that two private organisations, the Atlantic Salmon Federation, since 2001, and the North Atlantic Salmon Trust, since 2007, have contributed important sums of money to the Greenland Fishermen’s Union to support a program to create new jobs and retrain fishermen affected by fishing quota reductions. This initiative is one of the key elements ensuring Greenland’s willingness to abide to a truly minimal capture quota. The aim targeted by the Greenland quota reduction program is ultimately to allow more salmon to return to their natal rivers, in Europe, in America and notably in Quebec, and thereby contribute overall to resource conservation. Thirdly we must also recall that in all Canadian and American jurisdictions, with the exception of Québec and Labrador, the capture of large salmon is prohibited. Therefore for obvious strategical reasons involving negotiations with Greenland, for coherence with regards to the aim underlining the financial aid program to Greenland fishermen, and for simply solidarity with salmon anglers in the other regions of Canada and the United States, where the retention of large salmon is prohibited, shouldn’t Québec salmon anglers be willing to accept a capture limit of large salmon less than seven. Such a gesture would show that they are also ready, each individually, to contribute to the overall conservation effort. Moreover, in a context where, due to the lack of adequate data, the state of salmon stocks of two-thirds of Québec salmon rivers is simply unknown, where 14% of rivers where information is available, are classified as vulnerable to critical, and only 20% are considered to have healthy stocks, is it not up to each and everyone to try to reduce, whenever possible, the pressure on large salmon, being the most important contingent of spawners?

It is important to note that only 34% of salmon rivers in Québec have fishing plans based on the river-by-river management principle. In all other cases, except for rivers that are completely closed to fishing, it is simply, due to lack of scientific information, the general fishing regulations that apply and constitute the only assurance policy in place to prevent overexploitation! Wouldn’t it be more prudent if the capture limit of large salmon for anglers on these little known rivers be less than seven? In consequence of these and other considerations the FQSA, in February 2005, proposed to the other members of the Salmon Table to limit the number of large salmon retained to 4, within an unchanged annual quota of seven salmon. In Aril and May 2005 this proposition was accepted by the Department of Natural Resources and Wildlife (MRNF) as well as by the Quebec Federation of Salmon River Managers (GRSQ). And then in February 2006, the consensus at the Salmon Table did not exist anymore. In the present context of the salmon resource, the Board of directors of FQSA is of the opinion that, nowadays, an annual catch limit that allows for the retention of seven large salmon is simply obsolete and anachronistic. Therefore the Board is recommending the FQSA members not to wait anymore for a consensus on that issue and to adopt by themselves, on a voluntary basis, an annual catch limit of no more than 3 or 4 large salmon. Let’s set ourselves as an example. For sure, we recognise that the annual limit of large salmon is definitely not a principal tool in the MRNF biologists’ management arsenal. We can understand that. However it would nevertheless be an excellent signal, to the international community and to our neighbouring angler colleagues in other jurisdictions, to demonstrate that in Québec we know how to manage our resource on an institutional basis and that anglers, at the individual level are also ready to do their part at conservation. This would also be a good signal to the younger anglers that will follow us that their elders were concerned and took necessary measures to ensure the conservation of this precious resource. Finally, apart from any regulation, I can only encourage salmon anglers to define their own personal fishing philosophy, adopting self imposed restrictions and voluntarily practicing more and more « live release». Releasing a large salmon is in some cases legally mandatory, voluntarily live release is a noble act of conservation. But it’s a personal choice, that doesn’t necessarily have to be always regulated and on which we should not pass judgement either way.

Yvon Côté, President

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Vente des permis de pêche au saumon de 1955 à 2007 Par Michel Jean Le tableau ci-contre vous présente le nombre de permis de pêche au saumon vendu annuellement depuis 1955 jusqu’à 2007. On remarque dans ce tableau que de 1955 à 1975 il n’y a aucune donnée du nombre de permis de pêche détenus par les résidents pour pêcher le saumon. Au cours de cette période les résidents n’avaient pas besoin d’un permis spécifique pour pêcher le saumon. Ils pouvaient pêcher cette espèce avec leur permis général de pêche. De ce fait, il est impossible de connaître le nombre de résidents qui s’adonnaient à cette activité. Au cours de cette même période, seul les non-résidents devaient se procurer un permis spécifique pour pêcher le saumon. Ils pouvaient opter pour le permis annuel ou le permis de trois jours. Ce n’est qu’à partir de 1976 que les résidents doivent se procurer un permis spécifique pour pêcher le saumon. C’est aussi à partir de cette même année que le permis non-résident de trois jours est aboli. Pour la période comprise entre 1976 et 1996, seul le permis annuel sera disponible, autant pour les résidents que les non-résidents. Il est à noter que pour les années 1978 et 1981 les données ne sont pas disponibles. C’est en 1997 que la structure de permis que nous connaissons actuellement est mise sur pied.

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ANNÉES

RÉSIDENTS Annuel

1 jour

RAL

N0NRÉSIDENTS Annuel

1jour

RAL

3 jours

TOTAL

1955

529

369

898

1956

519

452

971

1957

542

580

1122

1958

553

522

1075

1959

564

512

1076

1960

490

564

1054

1961

617

619

1236

1962

576

757

1333

1963

688

722

1410

1964

818

826

1644

1965

865

806

1671

1966

863

877

1740

1967

1199

1257

2456

1968

1176

911

2087

1969

1151

1181

2332

1970

1269

1059

2328

1971

1083

841

1924

1972

1034

1023

2057

1973

1143

1213

2356

1974

1271

1497

2768

1362

1374

1975

2736

1976

9669

2185

11854

1977

11681

2485

14166

1978

N.D.

N.D.

1979

10374

2398

12772

1980

14743

2413

17156

1981

N.D.

N.D.

1982

18300

3000

21300

1983

16300

2500

18800

1984

10100

2400

12500

1985

10885

2471

13356

1986

12385

2768

15153

1987

11935

2950

14885

1988

12343

3413

15756

1989

12477

2848

15325

1990

12607

2684

15291

1991

11897

2554

14451

1992

12105

2480

14585

1993

12265

2437

14702

1994

12047

2451

14498

1995

10790

2416

13206

1996

11034

1997

9754

2422 870

244

2109

13456 280

422

13679

1998

9272

947

345

1804

259

794

13421

1999

9022

1234

443

1707

264

924

13594

2000

9085

1497

455

1550

272

1283

14142

2001

9114

1507

518

1535

285

1389

14348

2002

8313

1405

733

1354

190

1690

13685

2003

8306

1398

720

1203

182

1898

13707

2004

8499

1359

1074

1020

195

2043

14190

2005

8411

1147

1122

1018

186

2183

14067

2006

8396

1364

1265

901

191

2159

14276

2007

8404

1411

1490

852

152

2075

14384

Tableau 1 : Vente des permis de pêche au saumon de 1955 à 2007 Source : Ministère des Ressources naturelles et de la Faune Saumons illimités 11


Faire germer

des projets Par : Martine Bussière, FHQE Photos : FHQE

Photo : Anne Marie Prud’homme

Amendement du sol en bordure de la rivière à Mars. Les autorités ont stabilisé les berges qui présentaient un aspect « lunaire » en l’absence de végétation.

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Connaissez-vous la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement (FHQE) ?

de bonnes pratiques de pêche, vient à la rescousse d’une espèce de poisson prisée par les pêcheurs sportifs.

Depuis 2001, elle appuie des organismes à but non lucratif qui se vouent à la protection, à la restauration et à la mise en valeur de milieux naturels au Québec.

Redonner un souffle aux étangs d’une rivière bousculée

La Fondation soutient les collectivités québécoises qui prennent concrètement en charge leurs milieux naturels. Elle appuie les initiatives de groupes de personnes (associations, organismes, municipalités) prêts à relever des défis environnementaux les touchant directement. La Fondation finance des projets de protection, de restauration et de mise en valeur de milieux naturels. Des projets d’éducation ou de sensibilisation peuvent aussi bénéficier d’une aide de la Fondation, s’ils s’adressent à des publics ciblés, concernant des problématiques environnementales locales. Mais qu’il s’agisse de projets de conservation ou à caractère éducatif, l’un ne va pas sans l’autre. En effet, une action de protection ou de réhabilitation d’un site restera sans lendemain si les gens qui le fréquentent ne se sentent pas concernés par les enjeux environnementaux du projet. Inversement, une activité de sensibilisation ou d’éducation demeurera sans grand effet si elle ne donne pas aux personnes touchées les moyens d’agir directement sur leur milieu.

Portrait des réalisations de la FHQE Depuis le début de ses activités en 2001, la Fondation a contribué à protéger plus de cinq mille hectares de milieux terrestres et forestiers. Elle a soutenu des projets liés à 115 lacs et cours d’eau. Près de six mille hectares de milieux humides (tourbières, marais, forêts humides et zones littorales) ont été protégés, restaurés ou mis en valeur. En matière d’éducation et de sensibilisation, la FHQE a appuyé une vingtaine de projets depuis ses débuts. C’est plus de 6,5 millions de dollars que la Fondation a ainsi consacrés, depuis sa mise sur pied, pour soutenir 107 projets servant les intérêts des collectivités où ils ont été réalisés. La valeur globale de ces projets est estimée à 23 millions de dollars. À titre d’exemples, voici deux projets réalisés en milieux aquatiques ayant bénéficié de l’appui de la FHQE. L’un représentait un défi de taille en matière de restauration d’un milieu perturbé et l’autre, par la sensibilisation du public à

La Fondation a participé, en 2006, 2007 et 2008, au financement d’un ambitieux projet de revitalisation des étangs de la rivière à Mars, au Saguenay, une initiative du Comité de la Zone d’Intervention Prioritaire (ZIP) – Saguenay. Lors du déluge qui a frappé la région, en 1996, la vallée de la rivière à Mars a vu son sol complètement lessivé, empêchant la végétation de se régénérer. À la suite de cette catastrophe naturelle, les autorités ont alors réaménagé le tracé de la rivière et stabilisé ses berges. Ces travaux ont toutefois laissé, sur quatre kilomètres de part et d’autre du nouveau lit principal de la rivière, une chaîne de quatorze étangs, correspondant aux méandres de l’ancien parcours, liés entre eux et recevant des apports en eau de la rivière. Cependant, tout ce secteur présentait un aspect « lunaire » vu l’absence de végétation, et les conditions des étangs n’étaient pas propices au développement et au maintien de la faune aquatique. C’est donc dans le but d’augmenter la biodiversité du site et de favoriser l’établissement d’une zone écotone naturelle en bordure des étangs que ce projet d’envergure a vu le jour. Le projet global comportait deux volets d’intervention : la plantation de végétaux et la réalisation d’aménagements fauniques. Le premier, celui financé par la Fondation, consistait à créer une bande riveraine sur le pourtour des étangs par l’amendement du sol et la plantation d’arbres et d’arbustes indigènes. Cette végétalisation des berges permettra le rétablissement progressif d’une faune et d’une flore absentes de ce milieu depuis plus d’une décennie. Des membres de la communauté de tous horizons et de tous âges ont participé aux journées de plantation, au terme desquelles plus de 3 650 arbres et arbustes auront été plantés, couvrant environ 5 000 mètres carrés. La Fondation, pour sa part, aura contribué à ce projet pour près de 234 000 $. Quant au volet « aménagements fauniques », financé par une quinzaine d’autres partenaires et collaborateurs du Comité ZIP - Saguenay, il visait à favoriser le retour de la truite de mer (l’omble de fontaine anadrome) dans le réseau des étangs de la rivière à Mars. Maintenant, des ouvrages de contrôle permettent de répartir les niveaux d’eau dans les étangs et d’y maintenir une température adéquate. Des frayères, des seuils et des abris ont été aménagés dans des Saumons illimités 13


Photo : AnneMarie Prud’homme

Journée populaire de plantation en 2006, la végétalisation des berges permettra le rétablissement progressif d’une faune et d’une flore.

secteurs clés du secteur et ils assurent la libre circulation de la truite de mer dans les étangs. Quand on ajoute la restauration des rives, on obtient les conditions optimales pour la réussite du programme de réimplantation de la truite de mer, initié par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec et les gestionnaires de la rivière à Mars. Et le projet porte fruit : selon les données de l’Association des pêcheurs sportifs de la Rivière-à-Mars, le nombre de retours enregistrés à la passe migratoire est passé de 60 en 2004 à 252 en 2007. Le secret d’un tel succès ? L’esprit de concertation dans lequel s’est construit et se réalise ce projet, qui mobilise un ensemble impressionnant de représentants des milieux municipal, environnemental et récréotouristique.

Tout sur… le doré jaune ! En 2005, la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement, par un octroi de 39 000 $, a permis la conception et la réalisation d’une exposition permanente visant à populariser les bonnes pratiques en matière de protection du doré jaune et de son habitat. Ce projet est une initiative de 14 Saumons illimités

Pêche sportive du réservoir Baskatong inc., gestionnaire de l’aire faunique communautaire du réservoir Baskatong qui fête ses dix ans cette année. Destination prisée des amateurs de pêche, ce plan d’eau aux multiples accès est aussi de plus en plus populaire auprès des villégiateurs et des campeurs, d’où une pression croissante sur le milieu naturel. Le besoin de faire mieux connaître la ressource afin de mieux la protéger a ainsi donné naissance au projet du Centre d’interprétation du doré jaune. Le centre, contigu à une pisciculture à dorés déjà aménagée en bordure de l’eau, permet aux visiteurs non seulement de découvrir le cycle de vie du doré, mais aussi d’apprendre pourquoi et comment protéger les habitats de cette espèce et de comprendre les bénéfices de la remise à l’eau des prises trop petites. La première section de l’exposition aborde le milieu naturel et la biologie du doré. Elle inclut également un incubateur géant pour les œufs de doré, dans lequel le public peut circuler. La seconde section traite de différents aspects


Photo : Comité ZIP-Saguenay

Photo : Anne-Marie Prud’homme

Le centre d’interprétation du doré jaune permet d’apprendre au visiteurs comment, et pourquoi protéger les habitats.

Participants à l’une des journées populaires de plantation en 2006.

techniques de l’élevage en bassin et elle offre une vue de la pisciculture à dorés adjacente et du travail des techniciens. Finalement, la dernière partie présente l’histoire du réservoir Baskatong et les raisons d’être de l’aire faunique. C’est par des explications simples et un style graphique dynamique faisant appel à des personnages de bandes dessinées que les visiteurs entrent dans le monde du doré jaune. La clientèle est constituée principalement de touristes, de pêcheurs, ainsi que d’élèves des commissions scolaires de l’Outaouais et des Hautes-Laurentides. Ce projet s’inscrit parfaitement dans l’un des objectifs poursuivis par la Fondation, soit de sensibiliser et éduquer des publics ciblés à l’égard d’enjeux environnementaux locaux reconnus. Ainsi, les visiteurs peuvent comprendre l’importance des différents règlements régissant la pêche sportive et la nécessité d’adopter un comportement responsable envers la faune et son milieu naturel.

Vous avez un projet qui pourrait se qualifier pour un financement de la part de la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement ? Pour tout savoir sur l’admissibilité, la marche à suivre et le fonctionnement, visitez le site hydroquebec.com/ fondation-environnement, particulièrement sa toute nouvelle Foire aux questions qui permet, en un clic ou deux, de répondre aux questions les plus fréquemment posées. Les dates de tombée pour la présentation des demandes de financement sont le 1er février et le 15 septembre de chaque année.

Saumons illimités 15


Présence possible du ver parasite Anisakis simplex chez le saumon atlantique sauvage Par Francis Bouchard, MRNF Photos : Fisheries Research Services Marine Laboratory, Aberdeen

Une situation préoccupante pour le saumon ? Au cours de l’été 2008, des saumons atlantiques présentant des symptômes analogues au « Red Vent Syndrome » ont été observés sur certaines rivières du Québec. Cette maladie que l’on pourrait traduire librement par « syndrome de l’anus rouge » est en augmentation chez plusieurs populations européennes de saumon. Ce syndrome se reconnaît à l’inflammation de la région entourant l’orifice anal du poisson. Cette maladie est occasionnée par un ver parasite nommé Anisakis simplex présent chez plus de 200 espèces de poissons marins et anadromes. Ce parasite se retrouve fréquemment chez les poissons marins du golfe du Saint-Laurent comme la morue, le capelan ou le hareng. Il suffit pour le saumon de manger un seul poisson parasité par Anisakis pour l’être à son tour. Il n’est donc guère surprenant de retrouver ce parasite chez le saumon atlantique québécois. Ce qui semble récent, c’est la détection de signes cliniques chez certains saumons. Or, l’intensité de ces signes cliniques serait vraisemblablement proportionnelle à la quantité de parasites retrouvés dans le saumon. Les raisons précises de l’augmentation de la prévalence et de l’abondance d’Anisakis chez le saumon demeurent inconnues. Fort heureusement, à la lumière des connaissances scientifiques actuelles, rien n’indique que cette inflammation entraîne une baisse du taux de survie ou du succès reproducteur du saumon.

Une situation préoccupante pour le pêcheur ? Il importe toutefois de noter que l’ingestion de larves vivantes d’Anisakis simplex par l’humain peut entraîner de graves problèmes de santé. Les symptômes peuvent se traduire entre autres par des douleurs gastro-intestinales, des nausées, des vomissements ou des troubles allergiques de gravité variable (de l’urticaire au choc anaphylactique). Comme pour la grande majorité des poissons sauvages, la prudence est donc de mise pour les pêcheurs qui souhaitent consommer leur capture. Les larves d’Anisakis se retrouvent principalement dans les viscères des poissons hôtes, mais elles peuvent également être présentes dans la chair. D’ailleurs, lorsque le poisson est capturé et meurt, les parasites délaissent les viscères pour s’enfoncer dans la musculature qui entoure l’abdomen, dans une tentative de quitter l’hôte. Ainsi, une 16 Saumons illimités

L’Anisakis simplex est un minuscule ver qui se loge dans le spécimen.

Inflammation de la région de l’orifice anal d’un saumon lourdement infecté.

éviscération rapide du poisson ou une conservation au froid permettra de limiter la migration du parasite dans la chair. Pour éviter toute contamination, il suffit de respecter les règles suivantes : • éviter de consommer les poissons fortement infestés; • retirer manuellement toutes les larves visibles lors de la préparation du poisson (avant la cuisson); • faire cuire le poisson adéquatement avant la consommation (la température interne du poisson doit atteindre au moins 63 °C pendant une minute). Pour ceux qui souhaiteraient consommer leur saumon cru sans risque, ils devraient au préalable avoir congelé leur poisson à une température de -20 °C pendant au moins sept jours, ce qui ne peut toutefois être fait dans un congélateur domestique. Il est à noter que le fumage du poisson n’est valable que si la température interne du poisson atteint 63 °C pendant au moins une minute.

Quelles sont les prochaines étapes ? Il va sans dire que cette nouvelle situation soulève bien des questions, autant pour les pêcheurs sportifs que pour les principaux gestionnaires des rivières à saumon du Québec. Ainsi, avec l’aide des informations transmises par les pêcheurs au cours de l’été, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune dressera un portrait de la situation au Québec et tentera de mieux comprendre les raisons de cette augmentation d’Anisakis ainsi que ses impacts potentiels sur les populations de saumons.


Il y a un temps pour tout... Six décennies fructueuses et d’autres suivront. Par Bil Taylor, Président Fédération du saumon atlantique

« L’arrivée du printemps 2008 nous donne une multitude de raisons de nous réjouir, la moindre n’étant pas le retour des gros saumons atlantiques dans nos rivières après leur long périple en mer. Dans quelques semaines à peine, nous retournerons à nos rivières favorites, lançant nos mouches dans nos fosses préférées avec grand optimisme, attendant patiemment la lente tension sur notre soie indiquant que le poisson a mordu. » Tel fut l’un des les sujets de conversation précédant les banquets printaniers de la FSA à Freeport, Halifax, Fredericton, Charlottetown, Montréal, Toronto, Boston et St. Andrews, à l’aube du 60e anniversaire de la Fédération du saumon atlantique. Les banquets de la FSA fournissent à nos membres d’excellentes occasions de reprendre contact avec d’anciens amis de s’en faire de nouveaux, de parler pêche et peut être d’entendre parler d’une nouvelle rivière ou d’un camp à découvrir tout en appuyant la FSA et en l’aidant à recueillir les fonds dont elle a besoin pour renforcer et élargir ses efforts dans le domaine de la conservation.

la conservation de l’Atlantique Nord (OCSAN); l’adoption de la U.S. Clean Air Bill; la présentation de notre programme éducatif Nos amis les poissons à plus de 20 000 élèves dans 600 écoles chaque année, l’exécution des nos programmes de recherche de pointe qui étudient les répercussions de l’aquaculture, la survie des saumoneaux en mer et la meilleure façon d’optimiser la production naturelle du saumon dans nos rivières; notre magazine primée Atlantic Salmon Journal et surtout, la constitution d’une voix puissante, respectée et percutante pour la saumon atlantique sauvage.

En célébrant 60 ans de leadership dans le domaine de la conservation, nos banquets constituent le cadre parfait pour réfléchir à nos nombreuses réalisations, dont la liste est longue et impressionnante. Nous avons travaillé de près avec nos conseils régionaux et nos partenaires du domaine, comme la FQSA, pour remporter certaines importantes victoires pour le compte du saumon atlantique : la fermeture permanente de la pêche commerciale au saumon atlantique au Québec et au Canada atlantique; l’établissement de l’Organisation pour

La FSA a bien des raisons de célébrer et rien de tout cela n’aurait été possible sans le généreux soutient et les efforts inlassables de nos bénévoles dévoués et de notre personnel exceptionnel. Lorsque vous avez retrouvez vos rivières préférées cet été, j’espère que vous avez pu prendre quelques minutes pour réfléchir à tout ce que la FSA et ses conseils régionaux ont accompli au cours des six dernières décennies pour veiller à ce que la saumon atlantique occupe et continue d’occuper une place importante dans notre monde. Saumons illimités 17


Échos des régions

Rivière Malbaie dans Charlevoix Par Ronald Desbiens

L’étonnante cohabitation d’une rivière à saumon et d’une papetière

I

l faut souvent le répéter deux fois plutôt qu’une : une rivière à saumon coule le long d’une papetière. Les deux arrivent à vivre sans se nuire, mais plus encore, ils ont développé des relations faisant de cette cohabitation un fait unique. AbitibiBowater et Saumon Rivière-Malbaie sont en voie de prouver en effet la possible coexistence des deux activités, cela après la dépollution de la rivière dans les années 1980, une opération ayant coûté près de 40 millions $.

La papetière soutient l’organisme en fournissant par exemple un véhicule, de l’équipement et 20 000 $ par année pour s’assurer de la montaison des salmonidés au barrage de la papetière. Au total, ce sont plus de 700 000 $ qui ont été injectés, notamment pour construire une passe migratoire essentielle au cycle saisonnier du saumon. D’ailleurs, la réintroduction du saumon apparaît comme une réussite avec plus de 330 montaisons en 2007, et ce, pour la grande joie des sportifs. Le saumon a été officiellement réintroduit en 1992 et la pêche ouverte en 1998. Il y a dix ans, on n’imaginait pas que la rivière pourrait enregistrer près de 400 jours/pêche avec plus d’une trentaine de captures, sans compter les remises à l’eau obligatoires. Il faut néanmoins mentionner que cette rivière a fait les délices des pêcheurs dès les années 1700, une activité qui contribuera d’ailleurs à la forte réputation de la région auprès des riches villégiateurs étrangers. Les gens suivaient les guides aguerris de la place et arrivaient sans peine à capturer de beaux saumons décorant avec orgueil la tablée du soir. Puis, la révolution industrielle est venue perturber cet habitat. 18 Saumons illimités

L’usine d’AbitibiBowater en bordure de la rivière.

L’exploitation forestière a causé la disparition de la ressource. En investissant dans le volet environnemental, AbitibiBowater est venu réparer les torts de l’époque, un geste noble et méritoire dans les circonstances. Le partenariat entre les deux utilisateurs de la rivière va encore plus loin. AbitibiBowater soutient les projets de développement de Saumon Rivière Malbaie. L’entreprise lui a cédé un terrain de 55 hectares sur lequel l’organisme rêve d’un projet de 1,4 million $ qui comprend notamment un bâtiment d’accueil, des chalets et un camping. Rappelons que le territoire destiné à la pêche s’étend sur huit kilomètres carrés, une portion de la rivière qui commence au barrage de l’usine et qui coule jusqu’en plein cœur de la vallée habitée, proposant ainsi un total de seize fosses. Pour obtenir de l’information, composez le 418 439-0672.


Hommage

Lee et Lucien Landry à la pêche au saumon sur la Cascapédia.

à Lee Foran Par Gérard Bilodeau

E

n février dernier, Lee Foran, célèbre guide de pêche au saumon sur la Grande Cascapédia, nous a quittés. Un cancer l’a emporté prématurément alors qu’il n’avait que 56 ans. Pendant plus d’un quart de siècle, il a côtoyé des centaines de saumoniers et les a aidés à devenir de meilleurs pêcheurs en leur donnant trucs et conseils. J’ai eu la chance de pêcher en sa compagnie au cours des quatre dernières années. Lee possédait une capacité hors du commun à sortir des sentiers battus. Tel un fin psychologue, il avait le don de cerner rapidement son client pour lui proposer une stratégie de pêche adaptée à ses préférences et à ses capacités. Travailleur infatigable, amoureux de la pêche et observateur attentif, Lee avait accumulé une somme considérable de connaissances et d’expérience qu’il partageait avec générosité. Donald Pelletier de Charny et Lucien Landry de Sainte-Foy m’ont souvent parlé de Lee avec une intensité et une admiration qui n’avaient d’égal que la solide amitié qui les liait depuis plus de dix ans. D’ailleurs, les liens qui les unissaient se prolongeaient au-delà de la pêche du saumon puisque l’automne venu, ils chassaient ensemble le chevreuil dans les rudes montagnes de la Gaspésie. En novembre prochain, en hommage à Lee et afin de respecter ses dernières volontés, Donald et Lucien vont déposer une partie de ses cendres sur le terrain près de son chalet, là où il avait l’habitude de nourrir les chevreuils. Repose-toi bien, Lee. Saumons illimités 19


Secrets de Salmo

Importance historique et disponibilité future du saumon atlantique (Salmo salar L.) pour les populations de la côte du Labrador dans un contexte de changements climatiques Lawrence F. Felt Professeur de sociologie Memorial University

Le saumon atlantique (Salmo salar L.) constitue une importante ressource économique, culturelle (spirituelle) et alimentaire pour nombre de générations habitant la côte du Labrador, et ce, depuis plusieurs milliers d’années. Bien que les renseignements détaillés datant d’avant le XIIIe siècle de notre ère soient peu nombreux, la tradition orale et certaines preuves archéologiques particulières suggèrent fortement que le saumon atlantique, comme la morue et l’omble chevalier, ait joué un rôle majeur dans la survie des autochtones. En fait, en compagnie des mammifères marins et du caribou, ces trois espèces de poisson ont constitué la principale source de protéines pour de nombreuses générations d’autochtones, et ce, depuis peut-être même jusqu’à il y a 9 000 ans1.

P

lus récemment, la valeur économique du saumon a rapidement été reconnue, alors que des nations européennes, notamment l’Espagne, le Portugal, la France, et en particulier la Grande-Bretagne, ont acquis la capacité d’exploiter les ressources marines dans l’est de l’Amérique du Nord. Dès les XVe et XVIe siècles, le saumon atlantique était récolté, saumuré puis envoyé en Europe dans des barils pesant entre 190 et 205 kilos, appelés « tierces »2.

Certaines indications quant à l’étendue de ce commerce sont suggérées par le graphique réalisé à partir de la reconstitution des niveaux de récoltes du saumon atlantique au XVIIIe siècle réalisée par Taylor. Bien que les données soient inégales, des récoltes atteignant les 447 tonnes métriques ont été enregistrées durant le XIXe siècle, et jusqu’à sa fermeture en 1998, les prises dépassaient généralement les 500 tonnes, pour même atteindre les 828 tonnes en 19813.

Estimation des prises, de 1763 à 1909 500,0

447,8

400,0

377,7 337,8

300,0 230,9

217,1 185,3

200,0 100,0

149,7 113,3

98,0

99,5

94,9 43,1

0,0

20 Saumons illimités

1763

1775

1804

1812

1831

1863

1875

1880

1889

1895

1904

1909


Depuis 1998, le saumon atlantique au Labrador est principalement associé à la pêche récréative dite « sportive » et aux attributions faites aux trois communautés autochtones du Labrador (inuite, innue et métisse), selon les privilèges accordés à des fins alimentaires, sociales et rituelles (ASR), conformément à la reconnaissance de leurs droits de pêche ancestraux4. Les niveaux de pêche actuels sont résumés dans le graphique ci-dessous.

60

Capacité du saumon atlantique à s’adapter aux changements climatiques

Récoltes ASR et récréatives

La clé pour comprendre la capacité du saumon atlantique à s’adapter aux changements climatiques réside dans son cycle biologique complexe et adaptatif. Ce cycle vital le rend à la fois itéropare, anadrome et amphihalin5. Cela signifie que le saumon peut survivre à plusieurs reproductions, atteindre sa maturité en eaux salées tout en retournant en eaux douces pour se reproduire, et passer une partie de son cycle biologique en eaux douces et salées respectivement.

55 50

Tonnes métriques

45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

En résumé, le saumon atlantique continue à jouer un rôle majeur dans la culture et la vie des autochtones de la côte du Labrador, et occupe également une place de choix chez les pêcheurs, lesquels viennent généralement de l’extérieur de la région pour défier celui qu’on appelle le « roi des poissons ». Les baisses des récoltes sont davantage dues à un déclin général des populations, lequel est encore mal compris, plutôt qu’à un déclin de l’intérêt des gens demeurant à proximité des bassins versants vers lesquels le saumon retourne chaque année.

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Année ASR

Prises récréatives conservées et relâchées

Comme on peut le voir, depuis 1999, les récoltes ont oscillé entre 22 et 54 tonnes métriques. Il serait toutefois erroné de conclure simplement que les récoltes plus faibles des dernières années représenteraient un quelconque déclin d’importance sociale, culturelle ou même économique. La majorité de ces baisses est due à un déclin de la ressource, de même qu’à des réductions correspondantes des récoltes découlant de diverses gestions restrictives. Il ne fait aucun doute que le saumon atlantique demeure un élément fondamental des cultures inuite, innue et métisse, et représente une activité récréative importante générant des retombées de deux à trois millions de dollars en activités économiques et créant six cents emplois annuellement. De plus, si les stocks venaient à se rétablir, les récoltes connaîtraient assurément une expansion et des demandes pour le renouvellement des récoltes commerciales seraient faites. Alors que des autoroutes pénètrent les étendues sauvages du Labrador, une expansion des activités liées à la pêche récréative semble inévitable, vu le rôle de choix occupé par le saumon atlantique dans de telles activités.

À l’intérieur de ce cycle biologique complexe, l’espèce montre également un niveau élevé de plasticité et de souplesse dans son adaptation à un large spectre d’environnements tempérés, en eaux douces comme en eaux salées6. Par exemple, en eaux douces, les juvéniles montrent des rythmes de migration en eaux salées très fluctuants, même lorsqu’ils proviennent de la même rivière. Ainsi, bien que le temps passé en eaux douces par les juvéniles se situe entre deux et sept ans, voire davantage selon la latitude et la température, il existe dans chaque bassin versant une fluctuation importante de l’âge de migration « typique ». Quelques individus parviennent même à atteindre leur maturité sexuelle exclusivement en eaux douces, en tant que « tacons précoces », et sont aptes à fertiliser les œufs pondus par un saumon femelle mature, malgré le fait qu’ils ne mesureront pas plus de 20 centimètres.

6% 8 000 œufs Alevins

24 %

Adultes

Tacons

8%

Smolts

42 %

Taux de survie et e cycle de vie du saumon atlantique

Saumons illimités 21


Des variations semblables se produisent en environnement marin. D’une même cohorte de saumoneaux, certains poissons demeureront en mer pendant une seule année, pour ensuite faire l’ascension de leur rivière d’origine en tant que madeleineaux, alors que d’autres individus resteront en mer de deux à trois ans, revenant en rivière en tant qu’adultes rédibermarins. S’ils survivent à la première fraie et reviennent en mer, certains madeleineaux reviendront en eau douce l’année suivante, tandis que d’autres demeureront en mer pour deux ans avant de revenir se reproduire à nouveau. Les saumons ayant passé deux ou trois années en mer avant leur première reproduction adoptent les mêmes stratégies reproductives que les madeleineaux7. Le temps passé en mer influencera également beaucoup le saumon dans son utilisation spatiale de l’Atlantique NordOuest. Les madeleineaux ne migrent généralement pas au-delà de la mer du Labrador, alors que les dibermarins peuvent migrer sur de plus grandes distances, atteignant à la fin de l’été la partie sud-ouest du Groenland.

DÉTROIT DE DAVIS

ÎLE DE BAFFIN

GROENLAND

BANC DE BAFFIN

DÉTROIT D’HUDSON

BANC DE SAGLEK

DÉBUT- MI L’ÉTÉ FIN D’ÉTÉ / AUTOMNE SECTEUR D’HIVERNATION

BANC DE NAIN

BANC DE HAMILTON LABRADOR QUÉBEC

T.-N. NOUVEAUBRUNSWICK BANC DE SSE Y -ÉCO D SAINT-PIERRE E L N L U E DE F NOUV BAIE PLATEAU NÉO-ÉCOSSAIS

CAP FLEMISH GRAND BANC

La variabilité se poursuit lors du retour en eaux douces, alors que débute un autre cycle vital. Bien que le saumon atlantique soit reconnu pour son apparente capacité à retrouver sa rivière natale et la remonter jusqu’à un lieu très proche de celui qui l’a vu naître, au moins 10 % des individus perdraient leur chemin et iraient coloniser des bassins-versants avoisinants8. Cette variation, associée à une tolérance de température considérable allant de 0 à 24 degrés Celsius, rend le poisson très robuste et lui confère d’excellentes capacités d’adaptation9. En fait, des récits historiques indiquent que les premières récoltes impliquaient souvent le barrage complet de rivières dans lesquelles une classe d’âge annuelle de poissons presque entière était récoltée, à l’exception des individus se tenant dans les courants d’eau douce (ces courants rendant le débit de l’eau peu propice à la pêche). Plusieurs années consécutives de ces pratiques étaient nécessaires pour réduire de manière importante les populations d’un bassin versant. Laissées en repos durant quelques années, certaines rivières même exploitées intensivement ont pu s’en remettre. Il est très ironique de voir des espèces telles que le saumon atlantique posséder un aussi grand niveau de flexibilité. D’un côté, son cycle biologique complexe, comportant de nombreux éléments variables, en fait une espèce pouvant s’adapter aisément, en particulier lorsque la fréquence et l’amplitude des changements sont modestes ou modérées. D’un autre côté, les populations naturelles de saumon tendent à être très changeantes, même en ne tenant pas compte de l’exploitation par l’homme.

Effets généraux des changements climatiques sur le saumon atlantique Le facteur le plus important de toutes les analyses et de tous les modèles est la température. Puisque le saumon atlantique est un animal à sang froid, la température environnante est sans doute l’élément le plus important à considérer dans l’évaluation de sa capacité d’adaptation aux changements climatiques10. La température peut affecter le saumon directement et indirectement, et ce, à toutes les étapes de son développement11. Lors de toutes les étapes du cycle biologique, les adaptations telles que nous les connaissons aujourd’hui ont évolué pendant plusieurs milliers d’années afin de permettre au saumon de supporter des écarts de température variant entre 0 et 24 degrés Celsius. Certaines étapes du cycle biologique ont par ailleurs évolué pour cibler certaines portions particulières à l’intérieur de cet écart général. Par exemple, la croissance optimale en eaux douces se produit à des températures se situant entre 8 et 18 degrés Celsius. Les mortalités liées à la température se produisent à partir de 22 degrés, avec une limite maximale mortelle se situant entre 24 et 26 degrés, selon la durée de l’exposition. La migration en mer (pour entreprendre les étapes de développement en eaux salées) est également reliée à la température et à des facteurs phototropes, du moins en partie. En environnement marin, la température affecte le taux de croissance et l’adaptation. Certaines preuves démontrent que le saumon atlantique préfère un niveau de température de

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l’eau se situant entre 6 et 16 degrés, ce qui lui permet de s’adapter à l’environnement marin de manière optimale et d’entamer une poussée de croissance visant à augmenter ses chances de survies en mer. Dans ses comportements migratoires, la température de l’eau de mer – entre autres dans les dix mètres supérieurs – influence les tracés12. En environnements d’eaux douces comme d’eaux salées, la température pourrait également perturber indirectement le saumon atlantique, et ce, dans toutes les étapes de son cycle vital. La température a un effet sur les précipitations, ce qui a un effet sur l’hydrologie de l’eau douce, particulièrement en ce qui a trait au débit de l’eau et ses changements temporels. Un niveau extrêmement bas des eaux retarde le retour à la rivière d’origine. Des niveaux d’eau extrêmement hauts ou extrêmement bas peuvent transformer des obstacles franchissables en d’insurmontables barrières lors de la migration en eaux douces. Les changements saisonniers de volume peuvent déloger les œufs des frayères, et les changements provoqués par la température, tels que la quantité, l’emplacement et la densité des glaces, peuvent creuser le lit des rivières détruisant d’importantes portions d’une classe d’âge annuelle donnée et rendant les sites de fraie inutilisables. En environnement marin comme en environnement terrestre, la température influence la pression barométrique et cette interaction affecte les fronts de hautes et de basses pressions. Les effets climatiques affectent successivement de grands systèmes marins, tels que l’Oscillation nord-atlantique (ONA), ce qui affecte alternativement les courants marins, la stratification thermique des couches d’eau, la production de glace, ainsi qu’une foule d’autres facteurs environnementaux qui peuvent, individuellement ou collectivement, affecter une ou plusieurs des composantes de l’historique de vie du saumon atlantique. De plus, certains autres effets de populations pourraient être reliés à des changements aux structures trophiques. En d’autres termes, les changements climatiques peuvent affecter ce que mange le saumon et ce qui mange le saumon lors des diverses étapes de leur cycle vital respectif. Même si le saumon peut paraître opportuniste quant à ce qu’il mange, des changements importants aux espèces de poissons pélagiques ou aux crustacés peuvent perturber le conditionnement, qui à son tour peut directement ou indirectement affecter la survie. Des effets similaires peuvent se produire chez les mammifères, les oiseaux et les poissons qui se nourrissent du saumon. En tenant compte des effets plus directs de la température, des interactions aussi complexes rendent les prévisions détaillées des effets sur le saumon atlantique difficiles à réaliser13. L’absence d’une série unique de paramètres permettant de quantifier les effets exacts des changements climatiques complique encore davantage le problème. Heureusement, de nombreux modèles climatiques développés au cours des dix dernières années s’entendent sur les minimums et maximums des régimes de température14. Pour ce qui est de la hausse de température – le facteur le plus important du « réchauffement de la planète » –, l’écart entre les minimums

et les maximums se situe approximativement entre 3 et 8 degrés, échelonné sur les cinquante ou soixante-quinze années à venir. Ces estimations sont les données supérieures et inférieures qui guident de nombreux efforts récents visant à évaluer les effets sur le saumon atlantique. Par contre, aucune de ces estimations ne s’est penchée spécifiquement sur les stocks de la côte du Labrador. Ce faisant, nos propres estimations sont moins précises qu’elles pourraient l’être si un tel travail avait été effectué. Des informations existent cependant en quantité suffisante pour permettre une analyse générale des effets probables, selon les paramètres établis par les modèles climatiques généralement acceptés.

Les effets du climat sur le saumon atlantique en général, et pour la côte du Labrador en particulier De toutes les espèces étudiées par rapport aux effets des changements climatiques, le saumon atlantique a été identifié comme étant parmi les espèces qui seront probablement affectées de façon importante15. Les effets prévus varient considérablement, particulièrement selon la latitude. En fait, les meilleures « approximations » (et c’est à peine plus que cela, vu la rareté des informations concernant les stocks de saumon atlantique au Labrador) suggèrent qu’il y aurait vraisemblablement un léger changement d’écart vers le nord du Labrador, sans pourtant qu’il y ait de perte pour les latitudes les plus basses de la région. Le niveau général des populations ne sera pas affecté globalement, bien qu’il existe la possibilité d’une variation annuelle plus importante touchant l’abondance des populations selon la classe d’âge, les périodes de retour des adultes et l’âge à la saumonification. Exception faite des stocks de la Baie d’Ungava dans le Nord québécois, le Labrador constitue la limite nordique du saumon atlantique, une espèce tempérée. Les effets directs et indirects de la hausse de température seront alors plus susceptibles de n’occasionner aucun un déclin important des espèces, ou encore un déplacement dans la région. Cela dit, il est probable que certains changements surviennent à des étapes précises du cycle vital, ce qui pourrait entrainer une saumonification précoce (alors que les saumons juvéniles entament leur migration vers les eaux salées), des différences de période de retour en rivière, et certains changements possibles aux routes migratoires. Le temps passé en eaux douces déclinera vraisemblablement de cinq à six ans en moyenne pour atteindre de quatre à cinq ans. Cette estimation se base sur des données d’hydrologie et de température de nombreuses rivières du Labrador et sur des estimations de changements directs et indirects de température pour les régions dans lesquels ils se trouvent16. La période de retour des adultes est déjà influencée par le niveau des eaux, la température, la salinité, le trajet des glaces, et les photopériodes. Des changements probables à la température marine de l’Atlantique Nord-Ouest associés à la fonte des glaciers et à leur température pourraient avoir un effet sur l’Oscillation nord-atlantique, ce qui pourrait alors influencer les trajets migratoires. Toutefois, à l’heure actuelle, les perturbations fondamentales de l’environnement marin du saumon sont Saumons illimités 23


improbables, compte tenu de la magnitude des changements de température et des modèles des changements climatiques.

Références

Le portrait n’est pas aussi optimiste pour la portion méridionale17. Des études européennes et nord-américaines suggèreraient que les populations de saumon atlantique se trouvant entre la partie sud du golfe du Saint-Laurent et le golfe du Maine pourraient souffrir d’importants effets – les populations se trouvant dans les plus basses latitudes étant affectées le plus. Assailli par les dommages à son habitat, l’empiètement urbain et certaines causes inconnues, le saumon atlantique, avant même quelque effet potentiel dû aux changements climatiques, est déjà considéré comme une espèce préoccupante dans la majorité de cette région. Dernièrement, les stocks quasi complets de l’intérieur de la Baie de Fundy (au Nouveau-Brunswick) se sont effondrés, et les stocks dans la région voisine de l’extérieur de la Baie ont montré une dépopulation importante. Selon le modèle climatique emprunté et les régimes de températures associés, les effets en Amérique du Nord pourraient s’étendre jusqu’à la partie inférieure du golfe du Saint-Laurent, alors que la majorité de l’Europe du Nord souffrirait du déclin18.

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Conclusion

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Bien que les prévisions générales du saumon atlantique pour le Labrador semblent moins alarmantes que pour les populations de plus basses latitudes, il devrait être gardé à l’esprit qu’une incertitude importante existe quant à la précision exacte des modèles climatiques, de même qu’avec notre connaissance des stocks du Labrador et de leurs bassins-versants respectifs. De plus, il existe une incertitude considérable quant aux interactions spécifiques entre les changements provenant du climat et l’environnement marin, particulièrement en ce qui a trait aux processus marins tels que l’Oscillation nordatlantique, ce qui rend difficile la quantification des effets prévus et des intervalles de confiance associés. Une autre mise en garde touche l’incertitude concernant la fréquence et la linéarité des changements. Les ajustements et accommodats de l’espèce ne sont pas improbables, compte tenu de la capacité d’adaptation du saumon. Ces changements possèdent des caractères d’additivité et de progressivité, dans la mesure où les paramètres fondamentaux (tels que la température) demeurent généralement à l’intérieur des limites auxquelles l’espèce s’est adaptée. Pour toute estimation, il y a dès lors des exigences élevées pour ce que les économistes appellent le ceteris paribus, ou « toutes choses étant égales par ailleurs », concernant toutes les conclusions avancées précédemment. Cependant, des preuves existantes suggèrent que le saumon atlantique du Labrador pourrait bien éviter les effets les plus dramatiques du changement climatique, les populations plus au sud étant les plus susceptibles d’être affectées.

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Art de vivre

L’appel des

sens

Par Marc-Antoine Jean

Octobre est arrivé. Nous en voilà arrivé à un point où la belle saison à traquer Salar dans les fosses est terminée. Cependant toute la magie, la détente et le plaisir de la pêche au saumon ne se retrouvent pas uniquement sur les rivières! Nous devons au moins nous y convaincre pour pouvoir y consacrer un numéro en automne.

Parlons en de cet automne! La saison où l’on a enfin le temps de prendre le temps. Imaginez un peu la scène, très clichée j’en conviens, mais néanmoins très évocatrice. Cette scène où l’on se retrouve entre amis lors d’une froide soirée d’octobre justement, dans l’intimité feutrée d’un salon où crépite un feu qu’on croirait immortel, réchauffant dans une proximité si réduite qu’il force la réciprocité des esprits. Cela pourrait être l’instant même, le point culminant de l’intensité dramatique avant, finalement, de se mettre à table. Saumon au menu? Ne croyez-vous pas qu’il serait préférable de bien arroser ce moment (ici la bienséance exige la modération, vous en conviendrez)? Immédiatement vous aurez en tête l’image de l’homme dans la force de l’âge dégustant ainsi son scotch ou son whisky, telle la conception que l’on se fait des chasseurs et pêcheurs des contrées un peu plus au sud, comme on le voit dans certains films américains. Mais non! En tant que bon petit Québécois, il est bon de vous entretenir sur la bière. Continuons maintenant notre aventure sensorielle. Risqueriez-vous de brûler l’atmosphère en vous satisfaisant d’une bière somme toute d’une étiquette quand même générique, tellement « frette » qu’elle vous gèlerait le bout des lèvres? Gardez les pour vos soirées de parties de hockey. Ou plutôt risqueriez-vous de vous brûler les sens gustatifs par un produit trop coriace vous enlevant presque à jamais les sensations gustatives si nécessaires au souper qui s’en vient? Il ne faut pas être raciste, ce n’est pas là une question de couleurs. Il existe des bières de toutes les couleurs pour à peu près toutes les occasions. Et les brasseries québécoises nous offrent, maintenant depuis quelques années, une vaste gamme de produits à faire rougir même les vieux pays. En effet, si dans les années 1990 la part de marché des bières

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spécialisées (ou micro brasseries) québécoises n’était que de 0,5 %, dans les centres du Québec, cette part a aujourd’hui atteint les 20 %. C’est un marché en pleine expansion; juste pour l’année 2006 on a vu l’apparition de huit brasseries. Il serait donc difficile de croire qu’il est impossible de trouver une bonne sélection de produits à assortir avec le poisson. Bien entendu les bières de blé auront toujours la cote pour tout type de poisson, saumon y compris. Il faut cependant savoir choisir les blanches les plus relevées, rappelant d’avantage les saveurs du terroir, pour bien les jumeler avec la saveur fort caractéristiques du met, car certaines blanches ont davantage les qualités de bonnes bières estivales. Il y a les blanches de type belge, avec leurs arômes d’agrumes et la présence de coriandre dans leur recette. Ces produits seront très intéressants lorsque combinés à des recettes de saumon poché ou avec la bonne vieille recette citronnée au fromage de chèvre. Il ne faut pas non plus, dans ces bières de blé, oublier les Weizen allemandes qui peuvent parfois offrir des bières plus fortes ou plus foncées. Ces bières pourront se marier à merveille avec des recettes de saumon utilisant plus d’épices ou des pièces davantage cuites au BBQ ou plus rôties. Une bière rousse de style ale anglaise peut également être de mise lors de recette avec une bonne présence d’aneth, comme par exemple, avec une pizza au saumon gravlax (voir Saumons illimités, numéro 81). Il faut cependant faire bien attention de ne pas choisir un produit trop amer, car le goût du houblon a tendance à rappeler beaucoup celui de la terre, ce qui aura pour effet de créer une dissonance gustative avec le plat consommé. Avec des recettes encore 26 Saumons illimités

plus épicées avec du cumin et/ou sauces fortes (« Saumon pour personne seule », dans Saumons illimités, numéro79) il peut être très intéressant d’essayer une bière comme celles qui se font dans les Ardennes en Belgique. Les parfums des épices vont se révéler avec leurs levures très particulières. L’acidité de ces bières sera alors une valeur ajoutée à votre dégustation. Une bière ronde en bouche aura tendance à chercher à s’harmoniser avec les sauces parfois crémeuse accompagnant le poisson. Quoi demander de mieux? Une bière forte trop sucrée ou amère à l’extrême viendra, quant à elle, annihiler toute la subtilité et la délicatesse de la nourriture par sa puissance en bouche. Il faut également être en constante recherche d’équilibre, en pensant toujours au plat à accompagner. Nous avons la chance d’avoir plusieurs spécialistes maintenant au Québec. Mario D’Eer, entre autres, est très connu pour ses publications. Il s’agit un peu du Michel Phaneuf de la bière. Mais plus près de nous, pour les gens de la région de Québec (les autres pourront du moins le contacter via Internet) il y a Danny Chabot du Dépanneur de la Rive à Cap-Rouge qui en connaît un long chapitre sur le domaine, il a d’ailleurs fourni quelques données pour ces quelques lignes (et quelques bières également). D’ailleurs, faire un tour dans son établissement est en quelques sortes une expérience transcendantale. Passez le voir, il trouvera forcément La bière pour bien arroser votre saumon. Mais après tout, que serait la bière sans toutes ces histoires qu’on raconte tout autour d’elle? Alors quoi de mieux alors que des pêcheurs pour tenter l’expérience!


Échos de France

Saumon de Loire :

un plan de sauvegarde pour cinq ans à la hauteur des enjeux ! Par le CNSS, avec la participation du World Wildlife Fund (WWF-France)

Depuis plusieurs dizaines d’années, le saumon fait l’objet de programmes de restauration successifs sur le bassin de la Loire. En 1994, la sauvegarde de cette espèce emblématique a été inscrite au sein du Plan Loire grandeur Nature, premier plan de gestion durable d’un fleuve lancé en France, suite aux années de protestation contre les grands barrages alors prévus sur le fleuve Loire, « dernier fleuve sauvage d’Europe ». Ce plan était pilote à plus d’un titre : apprendre collectivement à gérer différemment le risque naturel de crues, apprendre à maîtriser les consommations pour l’irrigation agricole, lancer un programme ambitieux de conservation et de restauration de la biodiversité, orienté en particulier vers le saumon atlantique, alors en perdition, avec des retours annuels d’à peine une centaine de géniteurs. Le « Plan Loire » a ainsi lancé des actions fortes en faveur de la survie du saumon : fermeture de la pêche, effacement de plusieurs ouvrages constituant des obstacles importants pour les migrations, mise en place d’un réseau d’outils de suivi de l’espèce et construction du Conservatoire National du Saumon Sauvage à Chanteuges.

P

endant des années, chacun des acteurs de la restauration, et ils sont nombreux [(Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN), Conseil Supérieur de la Pêche, devenu l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA), en 2007, Direction Régionale de l’Environnement du bassin Loire-Bretagne (DIREN), aménageurs, collectivités, l’association Loire Grands Migrateurs (LOGRAMI), Fédérations de pêche, Salmoniculture du Haut-Allier à Chanteuges, devenue Conservatoire National du Saumon Sauvage (CNSS) en 2007, ONG de conservation, etc.)] a essayé de trouver sa place dans un programme à l’ambition affichée. Un programme innovant, inscrit dans un plan de gestion du fleuve cohérent, donnant un coup de fouet salutaire à l’effort entrepris depuis le premier Plan saumon de 1975, qui avait tout juste permis de réduire la vitesse de l’extinction. La première phase de travail, entre 1994 et aujourd’hui, s’est faite au milieu de beaucoup de difficultés, financières, politiques, techniques, organisationnelles, culturelles… Il a fallu notamment convaincre les uns et les autres que chaque acteur avait sa place, que le repeuplement n’était pas antinomique avec la restauration des habitats. Il a fallu former des équipes, apprendre à coopérer, laisser le temps de la mue aux divers organismes. Il a fallu convaincre les financeurs, dans des marathons épuisants, que leurs efforts n’étaient pas vains et gérer les inévitables conflits entre les acteurs anciens et les nouveaux, chacun étant naturellement convaincu de sa prééminence. Il a fallu ouvrir davantage vers l’international, et notamment l’OCSAN la question du saumon de Loire. Il a fallu gérer une absence préjudiciable

de communication. Enfin, il a fallu intégrer la question éminemment délicate de la présence du barrage EDF de Poutès au cœur des zones de fraie de l’Allier amont, avec la campagne des ONG pour le non renouvellement de sa concession. Donc, beaucoup de contraintes et de contradictions, pour tenter de sauver le grand saumon de Loire ! C’est dans ce contexte, alors que les remontées de saumons sont d’environ 500 poissons par an, succès modeste mais réel, qu’en 2007, la direction de l’eau du Ministère de l’Ecologie a demandé à la Direction Régionale de l’Environnement du bassin Loire-Bretagne, de piloter l’écriture et la mise en oeuvre d’un nouveau plan de gestion du saumon et de coordonner l’action des différents partenaires impliqués, dont les trois principaux opérateurs que sont l’ONEMA, LOGRAMI et le CNSS. Cela a été réalisé durant l’année 2008, grâce à un engagement fort d’une équipe motivée de personnes de la DIREN qui ont progressivement compris, en rencontrant tous les acteurs, que le problème était avant tout un problème de méthode, d’organisation, de synergies. Pour assister la DIREN dans l’écriture et la mise en oeuvre du plan, un groupe technique, nommé le « Comité des Experts Saumon » et réunissant l’ONEMA, LOGRAMI et le CNSS a été constitué. Le groupe s’est aussi appuyé sur le travail du Conseil Scientifique, composé principalement de neuf spécialistes français et internationaux, créé par le CNSS pour traiter des aspects d’élevage et de repeuplement, comité qui s’était réuni en février 2008 et avait émis des orientations sur l’écriture du plan. Forte de ces soutiens divers, l’équipe Saumons illimités 27


projet de la DIREN a élaboré un « Plan saumon », précis, riche de propositions et de promesses, et qui a été débattu récemment.

Quel est son contenu ? Mise en place d’une nouvelle gouvernance Le rôle de chacun des opérateurs est maintenant précisé. Le CNSS est dorénavant responsable de l’ensemble de la filière du repeuplement, ce qui inclut les captures de géniteurs, la production de juvéniles et leurs déversements pour l’ensemble du bassin de la Loire. De son côté, LOGRAMI est en charge des suivis en continu (tels que les stations de comptage) et plus généralement de la coordination du recueil des données biologiques. L’ONEMA, en plus de ses missions habituelles, met ses connaissances et les compétences techniques des personnes au service du diagnostic de l’état des eaux et des milieux.

exposées par la France dans son plan de mise en œuvre des recommandations de l’OCSAN en matière de protection, de gestion et de mise en valeur du saumon atlantique et de son habitat. En parallèle, il convient de rappeler qu’un nouveau Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), outil de planification déclinant à l’échelle du bassin Loire Bretagne la mise en oeuvre de la Directive Cadre sur l’Eau de l’Union Européenne, sera adopté en 2009. Le projet de SDAGE actuel contient déjà un certain nombre d’orientations et de dispositions qui touchent à la gestion des grands migrateurs, notamment tous les aspects relatifs à la qualité des eaux, à la gestion des milieux et au rétablissement de la continuité écologique. Ces éléments vont être amenés à évoluer, afin notamment de prendre en compte les exigences accrues de la DCE (aller vers le bon état écologique des masses d’eau) et les dispositions du projet de loi relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement, lancé par le Président de la République Française en juillet 2007. Un Grenelle qui est l’expression nouvelle et bienvenue de l’intérêt de notre pays à prendre enfin à bras le corps la question de la conservation de sa biodiversité, dont les poissons migrateurs.

Photo : CNSS

Vers le renouvellement naturel de la population

Un tacon sautant sur un des affluents de l’Allier

Pour appuyer les efforts et les recherches, le Conseil Scientifique a vocation à être élargi dans sa composition et requalifié dans ses attributions, afin de traiter l’ensemble des thématiques abordées par le plan de gestion.

Adoption d’un programme sur cinq ans Un premier plan de gestion des poissons migrateurs avait été défini pour la période 2003-2007. Il a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2008, le temps de procéder aux évolutions de méthode et de stratégies préconisées. Avant la fin de cette année, un nouveau plan sera adopté pour encadrer la gestion des espèces anadromes : saumons, aloses, lamproies, truites de mer pour la période 2009-2013. Le plan de gestion saumon constituera la partie relative au saumon du « Plan de Gestion des Poissons Migrateurs » du bassin de la Loire (Plagepomi). Ce plan de bassin décline et approfondit les différentes mesures 28 Saumons illimités

Il est difficile de rétablir ou de stabiliser la qualité des milieux aquatiques d’un bassin versant en un temps court : on ne répare pas deux siècles d’aménagements lourds, accompagnant la marche des société industrielles, avec simplement de la bonne volonté et de généreuses intentions. La restauration du saumon nécessite un effort dans la durée, l’échelle de temps raisonnable étant de plusieurs décennies. Compte tenu de la situation extrêmement préoccupante et des risques d’extinction dans le bassin de la Loire, l’objectif à long terme des plans de gestion du saumon du bassin de la Loire sera d’assurer la pérennité de l’espèce en permettant le renouvellement naturel de la population. Le Plan Loire a seulement 14 ans : beaucoup de choses ont été faites pour restaurer la continuité écologique, améliorer la qualité de l’eau, renaturaliser certaines annexes hydrauliques, « réparer » la Loire. Dans le même temps, l’accumulation de connaissances sur l’état morpho-dynamique du fleuve et de ses affluents montre l’étendue de l’effort collectif à engager pour retrouver les centaines d’hectares d’habitats naturels dont le saumon a besoin. Mais, 14 ans, c’est insuffisant pour reconstituer une population tombée aussi bas : rappelons que certaines estimations parlent de plusieurs dizaines de milliers de poissons sur le bassin de la Loire au XVIIIéme siècle, avant le déclin brutal. Pour la période 2009-2013, si l’objectif est bien de poursuivre l’effort de restauration des habitats, l’objectif prioritaire reste toujours d’enrayer l’extinction de l’espèce, en sauvegardant les individus encore présents sur le bassin et en conservant un noyau de population apte à survivre dans le milieu. Pour


dont la création d’une Réserve de Biosphère de l’Unesco (programme Man And Biosphere) sur les parties amont du bassin de la Loire, en apportant un label prestigieux, pourrait faciliter l’appropriation et la participation locales indispensables. Pas de sanctuaire sans humains, bien sûr !

Création d’une zone sanctuaire en amont de Langeac, en Haute-Loire

Poursuite d’un repeuplement diversifié

Sur le bassin de l’Allier, l’étude des potentialités du bassin met en évidence que la zone amont de l’Allier a un fort potentiel en terme d’habitats de reproduction. La préservation des qualités de cette zone apparaît donc comme indispensable à la sauvegarde de l’espèce.

Photo : CNSS

atteindre cet objectif, l’ensemble des mesures proposées devra conduire à limiter au maximum l’impact des différentes pressions qui s’exercent sur la population (braconnage, blessures, maladies ….) et sur ses zones de vie (obstacles aux migrations, qualité de l’eau et des habitats …)

Le Conservatoire national du saumon sauvage à Chanteuges

Le CNSS va poursuivre ses opérations de déversements sur les zones de grossissement à différents stades de développement des juvéniles. Des œufs embryonnés seront placés dans quatre incubateurs de terrain alimentés par des affluents de l’Allier et situés en aval de la zone sanctuaire. Les smolts seront déversés sur les bassins de l’Allier, de la Gartempe et de l’Arroux. Les alevins nourris, de 0.5 à 1 gramme, seront répartis sur ces bassins ainsi que sur leurs principaux affluents. Photo : Fondation Total

Le repeuplement en saumon sur le bassin de la Loire est réalisé à partir de géniteurs sauvages capturés dans l’Allier. Les captures de géniteurs seront étalées sur toute la période de migration afin de disposer d’un échantillon représentatif de la diversité du contingent migrant. En effet, la population du bassin Loire/Allier abrite trois composantes de saumon déterminées selon l’âge de mer : le castillon ou madeleineau qui séjourne un hiver en mer et se présente en zone estuarienne de mai à juillet ; le petit saumon de printemps qui séjourne deux hivers en mer et le grand saumon de printemps, qui séjourne trois hivers en mer et qui s’engage en rivière d’octobre à mai.

Le bassin de la Loire

Aussi, la zone à l’amont de Langeac sera considérée comme une zone sanctuaire, à préserver, réservée au saumon sauvage : • zone au sein de laquelle l’impact des pressions anthropiques doit être réduit au maximum (obstacles, qualité de l’eau …) • zone réservée à la population naturelle dans laquelle aucun repeuplement ne sera effectué • zone au sein de laquelle un suivi particulier sera réalisé sur les saumons adultes à la montaison, sur les nids de fraie et l’incubation des oeufs, sur les juvéniles en phase de croissance puis lors de leur dévalaison.

photo :Dominique Gonseau

Par ailleurs, l’ensemble des mesures mises en oeuvre à l’échelle du bassin doit favoriser l’accès d’un maximum de saumons à cette zone sanctuaire qui, naturellement, n’entraînera en aucun cas l’arrêt de la pêche ou des activités économiques diverses sur le Haut Allier. Un sanctuaire n’est pas une réserve, mais bien un espace où les diverses activités humaines prennent davantage en considération l’extraordinaire avantage que représente une nature encore préservée, riche d’habitats et d’espèces devenues rares ailleurs en Europe. Un certain nombre de projets en cours,

Le CNSS va également se donner les moyens d’assurer la traçabilité complète de sa production et de ses déversements.

La capture de géniteurs Saumons illimités 29


Celle-ci permettra de faire la part entre les poissons originaires du repeuplement et les poissons issus de la reproduction naturelle, grâce à des moyens de reconnaissance génétique et plus particulièrement la reconnaissance de la parenté. L’analyse préliminaire des gênes et du lien de parenté a été effectuée sur cinq individus issus de 18 familles différentes élevées au CNSS. Ce travail, réalisé en 2006 par l’équipe du Dr Eric Verspoor en Ecosse, à montré que l’attribution du lien de parenté est correcte, avec un taux de succès d’au moins 98.5 %. Ainsi, en analysant les géniteurs de retour, nous pourrons connaître leur origine, et pour ceux qui proviennent de la pisciculture, leur zone de déversement.

étendues. Cette opération et plus particulièrement la capture d’adultes pourra mobiliser les pêcheurs professionnels du bassin. Des opérations de marquage par transpondeur, avec détection automatique des poissons sur quelques points de l’axe, sont également envisagées. Dans ce domaine, il est également nécessaire d’avoir une idée des prises accessoires réalisées par les marins pêcheurs en aval de la limite de salure des eaux. Ceci implique une meilleure coordination des politiques du Ministère de l’Ecologie, de l’Environnement, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoires (MEEDDAT) et du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche ( MAPE), domaine dans lequel notre pays a encore de gros progrès à réaliser. Savoir combien de poissons sont pris avant l’entrée dans l’estuaire peut être un indicateur précieux pour envisager des limitations sur les prélèvements, en accord avec la profession. A cet égard, la culture de négociations qui commence à se développer en France entre tous les acteurs, également dans ce domaine, pour aller vers une pêche durable, est encourageante.

Concernant les sous-bassins de la Gartempe et de l’Arroux, le programme consiste à poursuivre la réintroduction du saumon en vue d’y stabiliser la présence d’une population de saumons.

Mise en place d’un tableau de bord

La station de comptage des saumons à Vichy

Le même type d’étude sera réalisé au moment de la dévalaison afin de déterminer annuellement la date de passage des poissons en fonction de leur secteur d’origine, quantitativement et qualitativement. Le contingent dévalant de saumoneaux sur l’Allier sera estimé par l’intermédiaire de plusieurs dispositifs amovibles de capture (type piège rotatif) pour la partie amont. En raison de la largeur de la Loire sur la partie aval, l’utilisation de tambours n’est pas appropriée à l’échantillonnage de smolts. La capture de smolts par un pêcheur professionnel au guideau est donc envisagée.

Crédit : CNSS

Photo : Logrami

Le tableau de bord est un dispositif d’acquisition régulière des caractéristiques de la fraction de population et du milieu. L’objectif est de se donner les moyens d’une gestion et d’un développement durables de l’espèce. Il fournit des indicateurs permettant de fixer des niveaux d’alerte et d’évaluer les impacts des mesures de gestion. Le tableau de bord utilise toutes les données disponibles sur le saumon et son habitat auprès des administrations, des scientifiques et des usagers sur l’ensemble des réseaux hydrographiques concernés et plus particulièrement les données concernant les stations de comptage, le recensement et la localisation des frayères, le suivi de la dévalaison des smolts, des pêches électriques de tacons automnaux et les pêches scientifiques réalisées par des pêcheurs professionnels, etc.

Pêche au guideau

Evaluation des pertes en ligne Un des objectifs du nouveau programme est de mettre en place de nouvelles études permettant d’estimer le nombre de saumons entrant dans le bassin de la Loire et d’évaluer leur état sanitaire. En effet, la première station de comptage est située à 650 km de l’océan et depuis plusieurs années, différents suivis ont mis en évidence que plus d’un saumon adulte sur deux présente des blessures relativement 30 Saumons illimités

Une belle dynamique pour un animal extraordinaire et la conservation de la biodiversité Après une dizaine d’années de mise en œuvre d’actions diverses, dont le premier mérite a été d’éviter l’extinction de la souche du saumon de la Loire mais aussi de permettre


Photo : CNSS

Après le contexte politique tendu du début des années 1990 où les différentes conceptions de l’aménagement du fleuve s’opposaient de façon radicale, ce plan était avant tout un pari sur l’avenir. Impulsé et fortement soutenu par Michel Barnier, alors ministre de l’Environnement, il a été conçu comme un cadre de travail permettant de dépasser les conflits afin d’engager des actions partenariales associant l’Etat, les collectivités et les associations de protection de l’environnement, permettant de remettre l’aménagement durable du fleuve et des ses vals inondables parmi les priorités politiques. 14 ans après son lancement, ce plan, qui en est à sa troisième phase reste un modèle de mise en œuvre de politiques publiques participatives pour la gestion durable d’un fleuve. Déversement des smolts

Photo : Logrami

Plan de gestion des poissons migrateurs

Le repérage des frayères par la voie des airs

un effort de restauration des habitats, de soutenir artificiellement les populations, de faire émerger de nouvelles compétences et d’accélérer la prise de conscience collective sur l’importance des moyens à déployer pour sauver le saumon, l’ensemble des acteurs se sont mis en ordre de marche. Sous la Direction régionale de l’environnement (DIREN) de bassin, chaque interprète va pouvoir jouer sa partition et l’accorder à celle des autres pour exécuter ce que l’on baptisera peut-être un jour la « Symphonie du saumon sauvage de Loire ».

La tâche à accomplir est immense, souvent ingrate. Elle est indispensable dans un pays qui, comme les autres pays de l’Union Européenne, s’est fixée pour objectif, dans le cadre de sa Stratégie Nationale de la Biodiversité, d’arrêter la perte de la biodiversité d’ici 2010. C’est un sérieux défi, tant la culture française a tenu pour partie négligeable, pendant des décennies, la conservation de la nature.

Un plan de gestion des poissons migrateurs détermine pour une période de cinq ans, par bassin, par cours d’eau ou par groupe de cours d’eau : • Les mesures utiles à la reproduction, au développement, à la conservation et à la circulation de ces poissons ; • Les modalités d’estimation des stocks et de la quantité de poissons qui peut être pêchée chaque année ; • Les plans d’alevinage et les programmes de soutien des effectifs ; • Les conditions dans lesquelles sont fixées les périodes d’ouverture de la pêche ; • Les modalités de la limitation éventuelle des pêches, qui peuvent être adaptées en fonction des caractéristiques propres à la pêche professionnelle et à la pêche de loisir ; • Les conditions dans lesquelles sont délivrés et tenus les carnets de pêche • Le plan de gestion des poissons migrateurs est arrêté par le préfet de région, président du comité de gestion compétent, sur proposition du comité de gestion ou, à défaut, au vu des éléments recueillis par ce comité. Il peut être révisé dans les mêmes formes. Ce plan est publié au recueil des actes administratifs de chacun des départements faisant partie de la circonscription du comité.

Plan de déversement prévisionnel pour Un beau défi aussi, que tous les acteurs du bassin de la les cinq prochaines années Loire sont prêts à relever, encouragés par le Grenelle de l’Environnement, sorte de séance de rattrapage hexagonal des retards accumulés pendant trop longtemps et qui accorde une bonne place à la restauration des rivières et des écosystèmes aquatiques d’eau courante, donc à la sauvegarde d’un capital unique : le saumon de la Loire.

Le Plan Loire grandeur nature

Cours d’eau Allier et affluents

Œufs en incubateur

Alevins (0.5 à 1g)

Smolts (1 et 2 ans)

200 000

530 000

220 000

Affluents de l’Arroux

70 000

10 000

Gartempe et affluents

200 000

20 000

800 000

250 000

TOTAL

200 000

Le Plan Loire grandeur nature a été arrêté lors du Comité Interministériel du 4 janvier 1994 pour une durée initiale de dix ans. Il visait à la mise en oeuvre d’un « plan global d’aménagement de la Loire afin de concilier la sécurité des personnes, la protection de l’environnement et le développement économique». Saumons illimités 31


Tranche d’histoire

32 Saumons illimitĂŠs


Le Saumon

de la Sagesse Par Marc-Antoine Jean

L

ors de la création du monde, les anciens dieux (les Tuatha De Danann) arrivèrent sur l’île d’Irlande et creusèrent un puits appelé le Puits de Nechtan (aussi nommé le Puits de Connla, ou tout simplement Puits de la Sagesse), d’après le dieu portant ce nom. Ce puits était entouré de neuf noisetiers. Dans les branches de ces arbres circulait toute la connaissance de l’univers, et ses glands pouvaient conférer à celui qui en mangerait les dons d’inspiration et de poésie. Aussi seuls Nechtan et ses serviteurs étaient autorisés à s’approcher du puits. Les feuilles et les fruits des neuf arbres mûrissaient simultanément et les glands tombaient dans le puits où résidait un saumon. La légende veut qu’au fil du temps, la créature acquît toute la connaissance du monde en se nourrissant des fruits ainsi perdus dans le puits. Et quiconque se nourrirait de la chair du poisson se nourrirait également de toute cette connaissance. Un jour, la déesse Boann, femme de Nechtan, décida de s’approcher du puits. Comme elle avait transgressé l’interdit, les eaux se rebellèrent et jaillirent de leur source, poursuivant la déesse à travers l’Irlande. Le cours d’eau ainsi créé devint la rivière Boyne, laquelle coule dans la province de Leinster, dans la partie est de l’Irlande. (La légende veut également que d’autres déesses aient tenté de s’approcher du puits, ce qui entraîna la création de plusieurs autres cours d’eau, dont les rivières Shannon et Barrow.) Et c’est à cette occasion que le Saumon de la Sagesse se serait faufilé dans la rivière… Quelques milliers d’années plus tard, un poète nommé Finnécas (ou Finn Eces) vint s’installer près de ladite rivière, croyant qu’il serait finalement en mesure de mettre la main sur ce poisson légendaire. Sa conviction venait d’une prophétie ayant prédit qu’un homme du nom de Finn parviendrait à attraper le Saumon de la Sagesse. Il passa donc sept années à tout tenter, avec ses filets et ses lignes. À cette même époque, le poète fit la rencontre de Demne, fils du guerrier Cumhail Mac Art, mort avant sa naissance. Le

jeune homme souhaitait devenir poète afin de se protéger des ennemis de son père, les poètes étant très reconnus dans l’Irlande légendaire. Finnécas accepta. Après quelques jours, le saumon se laissa enfin prendre. Tout excité, Finnécas ordonna à son nouveau disciple de faire cuire la bête et de lui préparer un grand festin. Cependant, lors de la cuisson, le jeune apprenti se brûla le pouce et n’eut d’autre réflexe que de le porter à sa bouche afin d’apaiser la douleur; c’est ainsi que Demne goûta au plat destiné à son maître. Quand ce dernier reçut le plat cuisiné, il remarqua une lueur nouvelle dans le regard du jeune homme. Il comprit alors que la prophétie était destinée à celui qui lui tendait le plat. Finnécas demanda à Demne s’il avait goûté au saumon en le préparant et celui-ci lui raconta ce qui s’était produit. Le maître décida donc de renommer son disciple Finn. Finn McCumhail utilisa le don de la connaissance à bon escient et devint un poète et personnage très célèbre de l’Irlande des légendes. Il devint d’ailleurs le chef ultime des Fianna, ce groupe de guerriers légendaires servant les rois d’Irlande. Bien que cette histoire comporte de nombreuses variantes, essentiellement du fait qu’elle fut d’abord de tradition orale, elle a circulé en Écosse, en Angleterre et au Pays de Galles. Ce mythe païen eut en outre beaucoup d’influence dans l’élaboration des mythes de nature un peu plus religieuse. D’ailleurs, l’histoire du Saumon de la Sagesse est, selon plusieurs, l’un des mythes fondateurs de la quête du Saint-Graal dans le cycle arthurien. Celle-ci, à l’instar de la recherche du saumon, apparaît comme une quête initiatique dont l’aboutissement est la découverte de l’essence divine par le don de la vie éternelle. On peut d’ailleurs relever une possible analogie dans sa première version littéraire, Perceval ou le Conte du Graal (de Chrétien de Troyes), alors que le chevalier de la Table ronde trouve l’artéfact dans le château du Roi pêcheur, gardien du secret et de la connaissance…

Saumons illimités 33


La dernière fosse Bruno Côté

Lithographie produite à partir d’une huile sur toile. « Cette architecture de roches nous est présentée comme un monument ou un temple à la gloire de l’eau, source de vie, qui semble jaillir de son cœur. Un peu à la manière des grands monuments des temps passés peints par les peintres romantiques allemands dès le début du XIXe siècle, cette source semble être à l’écart du temps, lui-même rythmé par l’écoulement de l’eau alors que les arbres n’y échappent pas. C’est aujourd’hui l’automne, hier c’était l’été et demain sera l’hiver. Des arbres tomberont et d’autres pousseront, alors que la source coulera inexorablement. » Contactez-nous pour plus d’informations à tirage limité de la FQSA.

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Dès le dimanche 12 octobre à 10 h 30 Sur les ondes de

Votre forfait vers une aventure unique! Piscine et terrasse • Bar Salon • Salle à diner • Salle de conférence Cuisine renommée • Pêche au saumon • Chasse à l’ours Sentier international des Appalaches 5, rue des saumons, route 132, Matapédia (Québec) G0J 1V0

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École de pêche

Photo 1 : Geneviève à Mississipi, sur la York secteur 3.

Améliorez

vos photos de pêche ! Par Jean-Guy Béliveau, Gaspé

En général, les voyages de pêche laissent d’agréables souvenirs dans la mémoire de ceux qui les vivent. Il est toutefois difficile de communiquer ces souvenirs à d’autres personnes sans l’aide de bonnes photos pour appuyer ses histoires de pêche.

Plus les photos seront réussies, plus elles pourront faire vivre des émotions à ceux qui les regardent.

Le filtre polarisant

en éliminant les reflets à la surface de l’eau. En photographie, toujours en filtrant la lumière polarisée, ce filtre permet de saturer les couleurs, le ciel bleu devient d’un bleu très foncé et les nuages blancs s’y détachent avec plus de contrastes (photo 1 et 2), le vert de la végétation devient également plus profond.

En ce qui me concerne, s’il existe une recette miracle en photographie, c’est bien le filtre polarisant. Presque tous les pêcheurs connaissent bien les vertus de ce filtre, ils en ont tous dans leurs lunettes. Il permet d’apercevoir les saumons

Évidemment, il vous faut un appareil réflexe ou un compact haut de gamme vous permettant de visser un filtre a l’avant de votre lentille. Ce filtre est construit avec une double monture pour vous permettre de l’orienter en le tournant pour

Prendre un peu plus de temps pour s’appliquer à bien prendre une photo est toujours payant.

36 Saumons illimités


maximiser les effets. Faites l’expérience avec vos lunettes polarisées ; le filtre est orienté pour que l’effet maximum soit en position horizontale parce que c’est dans cette position que l’on porte nos lunettes. Enlevez vos lunettes et tournezles de 90 degrés et vous verrez les reflets réapparaître à la surface de l’eau.

Photo 2 : Nathalie à Montagnard, sur la York secteur 9.

Ce filtre vous sera indispensable si vous désirez photographier des saumons dans les fosses.

Le flash Le flash est rarement utilisé a l’extérieur en plein soleil, c’est pourtant un outil très précieux car il permet de mettre un peu de lumière dans les ombres du visage qui sont parfois fortes à cause des chapeaux et casquettes en plein soleil. Il fait aussi des merveilles pour faire sortir les détails sur la peau des saumons et la rapidité de son éclair fige les gouttes d’eau qui ruissèlent. Pour les photos de pêcheurs avec leurs prises, demandez a votre sujet de laisser le saumon a l’eau et de le lever juste au moment de déclencher. De cette façon vous vous assurerez d’avoir beaucoup d’eau qui dégoulinera du poisson et ce sera du plus bel effet avec un petit coup de flash (photos 1 et 2). La séance photo sera aussi beaucoup plus facile à supporter si le saumon est remis a l’eau. La plupart des appareils compacts sont utilisés en mode automatique et le flash ne fonctionnera que si la lumière est insuffisante mais il est généralement possible de régler l’appareil pour forcer le flash à émettre un éclair. N’hésitez pas consulter le mode d’emploi de votre appareil dans la section flash, vous y trouverez sûrement des conseils intéressants pour utiliser le flash en plein jour.

Le paysage Les paysages à couper le souffle que nous offrent nos rivières a saumon valent la peine qu’on s’y attarde un peu pour en ramener des images mémorables. Une lentille grand-angle associée à un filtre polarisant est une bonne recette pour restituer la splendeur d’un paysage « rivièresque ». La lumière rasante du matin et du soir est toujours plus propice à la photographie de paysage. Si vous avez la chance de profiter d’une zone d’eau calme dans l’ombre pour servir de miroir qui réfléchira un arrièreplan éclairé par un soleil levant ou couchant, n’hésitez pas a déclencher. Vous profiterez au maximum de cet effet miroir en prenant votre photo au ras du sol (photo 3). L’utilisation d’un téléobjectif est aussi intéressante pour son effet de compression de la perspective. L’arrière-plan est rapproché et les montagnes semblent se découper et superposer sur elles-mêmes. Avec un pêcheur a l’avant-plan, la recette est gagnante (photo 4).

Il faut toutefois accorder une attention particulière à la mise au point. Celle-ci doit être faite sur votre sujet avec précision parce que les téléobjectifs ont une profondeur de champ (zone de netteté) beaucoup plus limitée que les grandsangles. L’utilisation d’une grande ouverture de diaphragme (f/ 2.8 ou f/ 4) produira un arrière-plan flou du plus bel effet.

L’action Enfin, un saumon au bout de la ligne de votre partenaire de pêche. Vite ! La camera en main, on en prend une ! Personnellement, j’utilise un très grand-angle (20 mm) avec un flash et, évidemment, un filtre polarisant. Un 24 ou 28 et même 35 mm pourrait faire l’affaire aussi mais plus l’angle de champ de votre objectif est fermé, plus il devient difficile d’incorporer et le pêcheur et le poisson dans l’image. Le 20 mm me permet d’être plus a l’aise en me plaçant près du pêcheur pour surveiller l’action et déclencher au moment du saut. La grande profondeur de champ de cette lentille fait en sorte que le pêcheur et le saumon seront nets sur l’image. Saumons illimités 37


Photo 3 : Rivière St-Jean Gaspé, secteur 2 en octobre.

Les photos d’action les plus intéressantes surviennent au moment de la remise à l’eau avec le saumon qui retourne dans sa fosse en éclaboussant le pêcheur ou la pêcheuse dans comme on le voit dans la photo 2. Essayer de vous placer de façon à ce que le saumon soit entre vous et le pêcheur et de vous approcher le plus possible du poisson, avec le soleil dans le dos si possible. Si vous possédez une camera numérique capable de mitrailler a 5 ou 6 images par seconde, enfoncez le déclencheur et prenez le plus d’images possible (ça ne coûte pas plus cher). Vous aurez ainsi le loisir de choisir la meilleure photo de la séquence. Quant a moi, qui travaille encore en argentique, je doit attendre le bon moment pour déclencher, sinon ça coûte cher en film.

Le cadrage La plupart des gens utilisent le cadrage conventionnel horizontal pour prendre leurs photos. 38 Saumons illimités

Ça convient très bien pour les photos de pêcheur avec leur prise, la encore, le grand-angle est tout indiqué. En s’avançant le plus possible du poisson pour emplir tout l’avant-plan avec la longueur du poisson tenu a bout de bras par le ou la chanceuse, tout le mordant de l’image viendra du saumon (photo 1). N’oublier pas, le poisson est maintenu dans l’eau jusqu’au moment de déclencher et avec un filtre polarisant et un petit coup de flash, l’affaire est dans le sac (ou dans la puise...). Par contre, les cadrages verticaux sont très intéressants (photo 2 et 4), surtout si vous désirez soumettre vos images à des magazines pour publication. Les pages couvertures sont presque toujours des cadrages verticaux. La règle est la même mais n’oubliez pas que si vous incliner votre appareil pour un cadrage vertical, vous devrez réorienter votre filtre polarisant pour un maximum d’effet en le tournant de 90 degré environ.


Photo 4 : Claude à Terry, sur la York secteur 9.

Question-piège En conclusion, je dirais que les petits conseils qui précèdent devraient vous être très utiles pour améliorer vos images de pêche. Par contre, voici un petit truc impeccable qui, a mon avis, est peut-être le meilleur conseil qu’on puisse donner pour améliorer ses images : posez-vous la question suivante en regardant dans le viseur, est-ce que je peut faire mieux ? Bonnes photos, mais avant tout, bonne pêche !

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Histoires de pêche

Né pour être aimé Par Faruk Ekich

Q

uelle belle saison de pêche au saumon que celle que nous avons connue cette année ! Le nombre de poissons dans les rivières a été particulièrement élevé, et le niveau de l’eau et les températures favorables ont rendu la pêche des plus agréable. Pour ma part, cette saison a été spéciale pour certaines raisons qui vont au-delà de la pêche elle-même.

auparavant, un ami de l’Ontario et moimême avions gracié un beau mâle de 94 cm. Je pouvais encore apercevoir cinq saumons à cet endroit. Le niveau de l’eau était alors trop haut pour traverser la rivière et pêcher sur le banc de gravier de la rive opposée. Je n’avais d’autre choix que de pêcher du côté où le courant principal est plus susceptible d’aider le poisson.

Durant mes 38 saisons précédentes à aller à la rencontre de Salar dans les tributaires du Saguenay, sur la Côte-Nord, dans l’Ungava et dans les provinces maritimes, j’ai eu la chance de piquer de plus gros spécimens que celui-là, mais jamais je n’en avais vu un aussi beau – tellement beau qu’il portait la marque de mes sentiments pour cette espèce…

En lançant ma ligne bien en amont de l’endroit où se tenaient la plupart des poissons, j’ai obtenu une levée, bien à côté des autres saumons. C’est lors du troisième lancé que je me suis accroché. Le poisson a alors descendu le courant à toute vitesse. Je l’ai suivi rapidement pour atteindre les eaux basses et tranquilles, favorables à une capture plus facile, ce que j’ai exécuté. J’en étais à vouloir décrocher l’hameçon quand j’ai remarqué une marque peu commune en forme de cœur sur sa joue. Je l’ai alors maintenu sur le côté dans le courant, juste assez longtemps pour permettre

Je possède une maison d’été sur la rive du Saguenay, à l’Anse-Pelletier, à seulement 25 minutes des fosses de la rivière Sainte-Marguerite. Le 11 juillet dernier, je suis allé à la fosse où, deux semaines 40 Saumons illimités

à un pêcheur présent de le prendre en photo. Au moment de le relâcher, il ne s’est pas trop fait prier et s’en est allé à toute vitesse. J’espère que la providence permettra à quelqu’un d’autre de faire la rencontre de cette beauté. Pour moi, il porte un message nous rappelant qu’il ne faut pas lésiner sur les efforts visant à favoriser sa conservation. Je garderai cette photo, symbole de l’amour et du respect que Salmo Salar mérite. Il y a aussi une seconde raison pour laquelle cette saison a été spéciale : mon petit fils de neuf ans, Adam Ekich DeCoste, a pris son premier saumon sur la rivière Petit-Saguenay – avec un peu d’aide, j’en conviens. La prise mesurait 100 cm et était estimée à 12,5 kg. Sur cette même fosse, trente ans plus tôt, j’ai sorti un saumon mesurant à peine quelques centimètres de plus, enregistré à 12,7 kg. Ce spécimen orne d’ailleurs encore le mur du bureau de la société de l’Association de la rivière PetitSaguenay…


Une matinée

exceptionnelle

Texte : Marc Dufault Photos : Marc-Antoine Jean

Bonaventure, le 8 juillet 2008 Le tirage au sort Par un beau dimanche après-midi, alors que je me reposais au « Bonaventure Hilton », mon ami Daniel Duval avec qui j’avais pêché quelques jours plus tôt arrive en disant : « Es-tu bien assis ? Tu t’en vas dans le B4 mardi ! » Surpris et excité, j’avais déjà hâte de partager la bonne nouvelle avec mon copain Mario. Plus tard dans l’après-midi, après avoir discuté avec celui-ci de la stratégie à adopter, voilà que la chance nous tombe dessus : Marc Sélesse s’offre de nous Saumons illimités 41


accompagner, lui qui avait pêché dans le secteur la semaine précédente. C’est gagné, je sais déjà que nous ferons une belle pêche ! C’est donc chez Marc, le mardi matin à 6 h 30, que nous nous rencontrons. Il en profite pour me prêter des bottes à clous, parce que le secteur B4 à gué, avec ses grosses roches et ses courants rapides, c’est sportif !

Deer Landing Dès notre arrivée, nous observons un magnifique chevreuil qui nous regarde avec panache et semble nous souhaiter la bienvenue dans son domaine. Le tirage au sort m’ayant favorisé, j’amorce la rotation. Marc me signale la présence de deux énormes saumons dans la tête de la fausse. J’avance donc prudemment, sans bruit, vers la zone dangereuse et, tout à coup, bang ! Le saumon m’arrache presque la canne des mains ! J’en ai le souffle coupé. Je regarde Marc qui me dit : « Tu en avais un gros sur la ligne ! » Je dois vous dire que depuis ce jour, le mot « cogné » prend tout son sens. J’en suis vraiment resté estomaqué pendant une bonne partie de l’avant-midi. Je ne comprends toujours pas comment le saumon a pu se libérer après une attaque aussi féroce... Après deux autres rotations et malgré une petite tirette, nous quittons la fausse pour la Janet qui se trouve en amont.

Janet À Mario de débuter. Arrivé au tiers de la fausse, il capture un beau madeleineau de deux kilos. À mon tour, je passe une Green Machine confectionnée par Marc et je perds un saumon. À ma deuxième passe, je garde la même mouche et paf ! Je prends un beau madeleineau. La joie se lit sur nos visages. Marc nous suggère alors d’aller à la fausse Slocum.

Slocum Puisque j’ai capturé le dernier saumon, c’est à mon copain de commencer. Mario est un pêcheur puissant, effectuant

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de beaux et longs lancers. C’est bien connu : lorsque Mario passe en premier, il fait souvent le ménage ! Il couvre très bien sa fausse et comme de fait, il récolte un deuxième beau grilse. Marc et moi le félicitons pour ce doublé ! À mon tour, j’attache une Charmante Bleue. Quelques lancers et voilà : j’ai un beau grilse qui saute dans tous les sens et... oups ! La soie se relâche et mon madeleineau remporte la bataille ! Le dangereux Mario ne pêchant plus, ayant atteint son quota, je laisse la fausse se reposer un peu. Puis, je recommence le manège, me déplaçant doucement sans faire de bruit. Paf ! La soie se tend. Eh oui, c’est un grand saumon ! Après un combat fulgurant, nous gracions avec plaisir ce beau dibermarin d’une douzaine des livres. Quelle journée exceptionnelle ! Incroyable !

Allen’s Rock Nous décidons donc d’aller manger un sandwich pour ensuite nous rendre à la fausse nommée Allen’s Rock. À notre arrivée, Dial Arseneault et deux pêcheurs se reposent sur la berge. Marc demande s’il est possible que je fasse une passe. Accordé ! Cette fois, j’attache une Ruelland maison. Incroyable, je suis encore attelé ! Après environ cinq minutes de combat, je suis prêt à l’amener dans le filet, quand, il réussit à prendre la fuite. Bravo petit saumon, et à la prochaine j’espère ! Quelle pêche ! En moins de quatre heures, Mario et moi avons piqué neuf saumons ! La matinée la plus fructueuse que j’ai connue ! D’un commun accord, nous décidons d’aller manger un morceau de gâteau pour l’anniversaire de notre ami et accompagnateur hors pair – merci Marc ! – pour ensuite retourner à Bonaventure... J’aimerais remercier tous mes amis de la rivière pour leur chaleur et leur fraternité, de même que Michel Jean pour l’opportunité qu’il m’a offerte de raconter cette matinée de pêche inoubliable. À l’année prochaine !


Babillard Fondation de la faune du Québec

Souper bénéfice

Du 18 février au 19 mars 2009 l’Encan faune et nature mis de l’avant par la Fondation de la faune du Québec et ses partenaires reviendra pour une sa troisième édition, (www. fondationdelafaune.qc.ca/encan), au bénéfice de la relève dans des activités de contact avec la nature et la faune.

Le souper bénéfice du Casting Club du Québec aura lieu le 25 octobre prochain à la salle Fernand-Dufour, située au 280, rue Chabot, à Québec. Il s’agit d’un Méchoui avec soirée dansante et ENCAN SILENCIEUX. Pour information : JEAN-CLAUDE BÉDARD TÉL. 418 664-1523 OU ANDRÉ DURAND TÉL. 418 655-8428 Par ailleurs tous nos cours habituels dont les populaires cours de lancer à la mouche (pratique et théorie) de même que celui de fabrication de mouches débuteront le mercredi 29 novembre. Information au 418 688 -9477 ou à WWW.CASTINGCLUBDUQUEBEC.COM.

L’Encan faune et nature sera présenté aux partenaires de la Fondation dans le cadre d’un cocktail dînatoire qui se tiendra à Québec le 18 février 2009. Les coordonnées exactes apparaîtront sur le site Internet de la Fondation dès que disponibles (www.fondationdelafaune.qc.ca).

Musée de la pêche à la mouche de Montréal L’exposition « Des mouches, des cannes à pêches et autres curiosités… » est toujours en cours. L’exposition se tient au 2901 boul. St-Joseph à Lachine. L’entrée est gratuite et les portes sont ouvertes le vendredi de 18h à 21h et les samedis et dimanches de 12h à 17h. La Fondation du Musée de pêche à la mouche de Montréal est officiellement créée. Toute personne désireuse faire un don en argent pourra recevoir une carte des Amis du Musée et un reçu pour fin d’impôt. Dans le but de préparer la prochaine exposition, nous sommes toujours à la recherche d’artéfacts qui se rapportent de près ou de loin à la pêche à la mouche. Un souper spaghetti se tiendra le vendredi 31 octobre 2008 à 19h dans l’édifice adjacent au musée, La Vieille Brasserie, située au 2801 boul. St-Joseph à Lachine. Le coût d’entrée est de 30$. Le vin est fournit et le stationnement est gratuit. Le nombre de place est limité. Pour réserver, communiqué avec le MPMMM. Pour réserver, communiquer avec le Musée de la pêche à la mouche de Montréal à info@mpmm-mffm.org

Le Saumon de la rivière Malbaie Le Saumon de la Rivière Malbaie tiendra son 7e souper bénéfice le samedi 28 mars 2009 à 18h00 au Fairmont le Manoir Richelieu. Pour informations : 418-439-0672.

Souper bénéfice En 2008, le souper annuel de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique adoptera un caractère historique exceptionnel à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec. Ce sera l’occasion de rappeler le rôle marquant et stratégique du saumon dans l’histoire de Québec et du Québec. Ainsi, le 24 octobre prochain, au Capitole de Québec, en présence de notre Président d’honneur, monsieur Pierre Moreau, président de l’Université du Québec, nous célébrerons la contribution remarquable du saumon atlantique au développement du Québec et de ses communautés. Réservez dès maintenant votre place ! secretariat@saumon-fqsa.qc.ca . 418 847-9191, poste 6

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Hommage

à Romain Boivin Par André A. Bellemare Chroniqueur de chasse et pêche, Le Soleil

La confrérie des saumoniers du Québec est en deuil depuis le décès de Romain Boivin, survenu le samedi 30 août 2008. Boivin, âgé de 81 ans, a été emporté par un cancer. Retraité d’Hydro-Québec depuis plusieurs années, il a habité pendant des décennies dans l’arrondissement de Charlesbourg de la Ville de Québec. C’est lui qui, en 1976, a eu l’idée de créer l’Association des pêcheurs sportifs de saumons du Québec (APSSQ), un groupement sans but lucratif dont il a été le premier président. L’APSSQ, dès sa première année, a réuni quelque 1500 saumoniers individuels du Québec, désireux de lutter pour l’accessibilité à tous des rivières à saumons de la province, et contre le braconnage éhonté qui était alors pratiqué dans plusieurs de ces rivières; l’association a aussi fermement travaillé à l’élimination progressive de la pêche commerciale au filet à l’embouchure des rivières du Québec. En 1984, l’APSSQ est devenue la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA). La pêche du saumon de l’Atlantique n’a plus jamais été pareille au Québec à cause de l’implication de Romain Boivin et des saumoniers qu’il avait réussi à regrouper. Boivin a été le premier chroniqueur régulier en chasse et pêche pour le Journal de Québec, lors de la création de ce quotidien, voilà près de 40 ans. Il a aussi été chroniqueur en chasse et pêche pour la station radiophonique CJLR, située à Sillery (ancêtre de la station CJRP du réseau Radio-Mutel). Par ailleurs, Romain Boivin était propriétaire-fondateur de la boutique Le Hobby du Pêcheur S.M. (sur la rue Powell de Duberger). Cette boutique spécialisée dans la vente exclusivement de matériel de montage de mouches et d’équipe44 Saumons illimités

ment pour la pêche à la mouche, était une rareté dans la province au début des années 1970. Boivin a aussi été longtemps pourvoyeur de pêche du saumon sur la Côte-Nord, à la Pourvoirie de la Haute-Moisie (nord-est de Sept-Îles); il était également pourvoyeur de pêche de l’omble de fontaine, ainsi que de chasse à l’orignal et à l’ours noir à la Pourvoirie du lac Fouquet, également située au nord-est de Sept-Îles. Mordu de pêche et de chasse, Boivin a aussi été propriétaire de quelques chalets privés de chasse et de pêche dans différentes régions du Québec, ce qui ne le retenait pas d’acheter des forfaits de pêche et de chasse dans les « parcs provinciaux » de l’époque. L’île d’Anticosti était l’une de ses destinations préférées. Pendant des années, Romain Boivin a œuvré pour la résurrection, la restauration et le réaménagement de rivières à

saumons : Jacques-Cartier, Escoumins, Etchemin, Ouelle, etc. Il était convaincu qu’il était possible de ramener le saumon de l’Atlantique dans ces rivières situées plus au centre du Québec, là où cette magnifique espèce de poissons proliférait jadis, pour le plus grand bénéfice des adeptes de la pêche à la ligne et de tous les citoyens des grandes agglomérations urbaines. Ce grand saumonier a reçu un nombre imposant de trophées, de prix et d’autres récompenses — dont le Prix Françoisde-Beaulieu-Gourdeau-Uitchitun — pour souligner ses efforts constants pour défendre la ressource saumon contre toute menace, surtout contre le braconnage et contre la pêche commerciale, et pour défendre aussi le droit des saumoniers du Québec d’accéder aux rivières coulant dans leur territoire national.


Souper annuel, le 24 octobre 2008 au Capitole de Québec

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En 2008,

le saumon remonte l’histoire...

En 2008, le souper annuel de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique adoptera un caractère historique exceptionnel à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec. Ce sera alors l’occasion de rappeler le rôle marquant et stratégique du saumon dans l’histoire de Québec et du Québec. Ainsi, le 24 octobre, au Capitole de Québec, en présence de notre Président d’honneur, M. Pierre Moreau, président de l’Université du Québec, nous célébrerons la contribution remarquable du saumon atlantique au développement du Québec et de ses communautés. Ce sera aussi l’occasion de lancer le livre commémoratif réalisé par la Fédération, Le saumon, 400 ans d’histoire et de passion au Québec. Réservez dès maintenant votre place ! secretrariat@saumon-fqsa.qc.ca

(418) 847-9191

L’ART DE FUMER LE POISSON ET LE GIBIER Compte plus de 65 recettes fumantes ! Chroniqueur de chasse et pêche au quotidien Montréal-Matin et Radio-Mutuel, Jean Pagé a visité plusieurs endroits au Québec et dans le Sud, où il s’est rendu compte que la plupart des pêcheurs possédaient des fumoirs leur permettant d’apprêter leur prises tout de suite après a prise. À bien des endroits au Québec, particulièrement sur le littoral de la Baie James et dans les Laurentides, il eut l’occasion de fumer les poissons capturés. Il n’existe pratiquement pas de documentation en français sur la fumaison, d’où l’idée de publier le présent ouvrage. Il vient combler un vide qu Québec et sera d’une grande utilité aux amateurs de chasse et de pêche. Jean Pagé nous fait partager ici son expérience qui s’étale sur plusieurs dizaines d’années. Il ne fait pas de doute que son livre rendra de grands services à tous les chasseurs et pêcheurs.

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Que Dieu me vienne en aide Tex Lecor

Lithographie à tirage limité produite à partir de l’œuvre originale. « Le trait est bien large et le traitement des formes rappelle même parfois un style figuratif, plus propre à l’illustration qu’à la peinture de paysage. L’ensemble est illuminé de couleurs qui jouent dans des teintes très variées. Ces lignes donnent beaucoup de dynamisme au mouvement déjà présent dans l’action de la scène. L’expérience de la nature ici passe inévitablement par l’expérience d’une pêche. Cela est parfaitement cohérent avec le passé d’illustrateur de Paul-Tex Lecor et avec son goût pour l’anecdote. » Contactez-nous pour plus d’informations à tirage limité de la FQSA.


L’union fait la force! Ensemble développons notre relève.

Au cours des dernières années, la FQSA a mis sur pied un programme de mentorat permettant de former une nouvelle relève de pêcheurs. Elle supporte également le programme éducatif Histoires de saumon dans plus de 40 écoles primaires du Québec. Pour maintenir ses actions auprès de la relève la FQSA a besoin de vous !

« Donnez-nous un soutien de poids, donnez-nous votre appui ! » En devenant membre vous recevrez gratuitement le magazine Saumons illimités, seule publication francophone sur le saumon atlantique. Vous recevrez également le Guide sur le réseau des rivières du Québec. Vous pourrez également bénéficier de nombreux avantages offerts par nos partenaires. $/33)%42/2!4 Pour plus d’informations : -%. www.saumon-fqsa.qc.ca CE À LA LA FRAN E SALAR D E D AR ou appelez-nous au SAUVEG 418 847-9191 NTIQ

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Photos (de gauche à droite) : Gérard Bilodeau, Éric Roy Charbonneau, Patrick Thibodeau, Geneviève Roy



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