Magazine saumon 96

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LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Saumons Volume 36, numéro 2 • ÉTÉ 2013

illimités 96

LANCER SPEY Le Spey simple en images

RIVIÈRE ESCOUMINS Un évènement historique

700$ / 5 €

Convention Poste-publications 40063917

NOUVEAU PRÉSIDENT À LA FQSA

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Numéro 96 Photo couverture : Gérard Bilodeau

4 Mot du président

Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca | www.fqsa.ca

5 From the president

Éditeur et rédacteur en chef: Ghyslain Provençal Comité de rédaction : André A Bellemare, Bernard Beaudin, Gérard Bilodeau, Jean Boudreault, Yvon Côté, Pierre Manseau, Gilles Shooner et Richard Sirois. Publicité : Ghyslain Provençal Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 15 $)

7 Congrès 2013

• La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes. Le conseil d’administration de la FQSA Président : Jean Boudreault Secrétaire : David Veilleux Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : David Saint-Laurent, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Lyne Trudeau, Berchmans Rauzon • Québec et Saguenay : Gilles L. Duhaime, Sylvie Tremblay Vice-président aux affaires autochtones : Vacant Vice-présidence à la gestion des rivières : Michel Ouellet, V.P. • Rive sud : Paul M. Leboutiller • Rive nord : Georges Gagnon et David Basile Représentant de la FPQ : Dominic Dugré Gestionnaires : 2 postes vacants Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Vacant Délégués externes : • FSA : Charles Cusson • Maryse Saint-Amant • Étienne Saint-Laurent • Améllie Thériault

Sommaire

6 Mot de l’éditeur

10 Portrait du nouveau président de la FQSA 12 De fil en aiguille… 14 Le lancer Spey simple en images 20 À tout seigneur tout honneur ! 22 De la guerre à la pêche 24 À la découverte de la rivière Madeleine 27 Hommage à Alain Beaulieu

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28 La mouche fétiche de Geneviève Fournier 30 Les hameçons au banc d’essai 35 Portrait d’un guide : Yvon-Marie Gauthier 37 Le démantèlement du barrage de la rivière Escoumins

Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Yvon Côté, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina

Index des publicités

AECOM.................................................................................. 19 Air Médic................................................................................ 21 Auberge de la Matapédia.......................................................... 9 Avalon.................................................................................... 45 Camp Bonaventure................................................................. 19 Camp haute Madeleine........................................................... 11 Chalets du bout du monde..................................................... 51 Fondation de la Faune du Québec.......................................... 18 FQSA- Souper bénéfices........................................................ 60 FQSA-Remise à l’eau.............................................................. 59 Fumoirs Mouski...................................................................... 39 Groupe Uniprix........................................................................ 51 Hydro Québec........................................................................ 57 L’Atelier du moucheur............................................................. 31 La Capitale Assurances générales.......................................... 39 Magasin Latulippe..................................................................... 2 Pierre Bahamas...................................................................... 27 Pourvoirie Falls Gully............................................................... 27 Produits UNI........................................................................... 29 Rivière Mitis............................................................................ 58 Rivières du grand Gaspé......................................................... 41 Salmo nature............................................................................ 9 Salmon Lodge........................................................................ 18 Torrent.................................................................................... 31

42 De quoi être fiers ! 44 Succès reproducteur des saumons ensemencés  48 Un mot du vice-président à la pêche sportive 50 Les saumons rouges d’Alaska 55 Gastronomie

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58 Babillard

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Le conseil des Gouverneurs 2011 Membres corporatifs Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Membre individuel M. John E. Houghton

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Mot du président

Photo : Marcographie

Un gros, mais stimulant défi ! C’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai accepté dernièrement d’occuper le rôle de président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA). Je reconnais que cela représente tout un défi de succéder à Yvon Côté qui a dirigé les rennes de notre Fédération au cours des treize dernières années. Il s’est investi corps et âme, pendant toute cette période, pour la cause du saumon atlantique. Je tiens à le remercier énormément pour toute l’énergie consacrée à notre mission ainsi que pour ses belles réalisations. Agir comme président pour une organisation d’importance comme la FQSA constitue certes un mandat important, mais combien stimulant. Le saumon atlantique est une source économique et sociale majeure au Québec et, de ce fait, soyez assurés que je vais mettre le maximum d’énergie pour protéger non seulement cette ressource extraordinaire, mais également les intérêts de tous les pêcheurs sportifs, gestionnaires et acteurs touchant le saumon atlantique. Pour mener à bien mon mandat, je suis fier de pouvoir compter sur une équipe extraordinaire, tant au sein du Conseil d’administration que des employés et des bénévoles de la Fédération. Par ailleurs, je vais m’assurer que la FQSA continue d’afficher son dynamisme et son leadership au niveau de la faune au Québec, tout en accordant mon entière collaboration à tous les intervenants concernés. Je crois profondément qu’en unissant nos connaissances, nos talents et notre détermination, nous obtiendrons des résultats significatifs quant à la sauvegarde du roi des rivières. Bonne saison de pêche et au plaisir de vous rencontrer !

Jean Boudreault, président

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From the President

An immense, but stimulating challenge ! It is with great enthusiasm that I recently accepted to assume the role of president of the Quebec Atlantic Salmon Federation (FQSA). I realise that it is a quite a challenge to succeed Yvon Côté who held the reins of our Federation for the past thirteen years. He invested body and soul towards the cause of the Atlantic salmon throughout this period. I would like to thank him sincerely for all the energy he devoted to our mission, as well as for his great achievements. Being the president of a prominent organisation such as the FQSA is indeed an important mandate, but oh how stimulating. The Atlantic salmon is a major social and economic element in Quebec and so, you can be well assured, I will invest all the energy necessary to protect not only this exceptional resource, but also the interests of anglers, river managers and the different players involved with salmon. To carry out my mandate, I am proud to be able to count on an outstanding team, comprised of Board of directors’ members, our permanent staff and the Federations volunteer workers. Furthermore, I will make sure that the FQSA continues to demonstrate its dynamism and leadership in issues related to wildlife in Quebec, while giving my full support to all concerned stakeholders. I strongly believe that by combining our knowledge, our talents and our determination we will achieve significant results to ensure the safeguard of this majestic river king. Have a great fishing season and looking forward to meeting with you !

Jean Boudreault, president Saumons illimités 5

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Mot de l’éditeur

Photo : Louise Poulin

Ici et maintenant !

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a vie nous réserve souvent des surprises. Dernièrement, j’ai appris avec stupéfaction qu’un ami était atteint d’une maladie grave; des personnes innocentes ont été tuées ou blessées dans l’attentat du marathon de Boston. À l’opposé, j’ai eu des nouvelles plus réjouissantes comme la naissance d’un nouvel enfant dans ma famille ou la promotion d’un ami à son travail. Face à ces surprises, heureuses ou malheureuses, il est important de prendre conscience, ici et maintenant, que la vie est belle et qu’elle mérite d’être vécue pleinement.

conclusions sur la résistance des hameçons, ensuite le réputé Claude Hamel nous présente la technique efficace du lancer « Spey simple » et la seule et unique Geneviève Fournier de Gaspé nous dévoile SA mouche fétiche.

Pendant la prochaine saison de pêche qui débutera sous peu, profitons de chaque instant où nous aurons le privilège de vivre en pleine nature et de pêcher. Cet été, lors de mes sorties de pêche, j’aurai des pensées pour cet ami qui n’aura peut-être plus ce privilège.

Par ailleurs, un reportage sur le dernier congrès de la FQSA vous présente, entre autres, ceux et celles qui ont été reconnus pour leur implication exceptionnelle en 2012.

Parlant de pêche, Saumons illimités vous présente, entre autres dans ce numéro-ci des articles qui vous permettront, du moins je l’espère, d’augmenter votre succès de pêche. D’abord notre « testeur » officiel, Pierre Dion nous livre ses

Ghyslain Provençal

Vous pourrez également connaître un peu plus le nouveau président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, M. Jean Boudreault de qui j’ai pu recueillir sa vision et ses intentions face aux nombreux enjeux touchant le saumon atlantique.

Bonne lecture et bonne saison de pêche !

Vos commentaires ou suggestions sont les bienvenus à l’adresse courriel suivante : ghyspro@videotron.ca.

Photos recherchées ! Vous avez pris une ou des photos dignes d’une page couverture pour Saumons illimités ? Faites-nous là parvenir à l’adresse suivante : ghyspro@videotron.ca Nous ne pouvons garantir qu’elle sera publiée, mais si tel est le cas, il nous fera plaisir de vous en accorder le crédit en mentionnant votre nom ainsi qu’une brève description de l’endroit où a été prise la photo. N. B. Pour la page couverture du magazine, nous favorisons les photos prises à la verticale. 6 Saumons illimités

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Le Congrès annuel de la FQSA Texte par Ghyslain Provençal et photos de Marc-Antoine Jean

Les 20 et 21 avril derniers se tenait le Congrès annuel des membres de la FQSA. L’événement, sous le thème « La relève », se déroulait à l’hôtel Clarion à Québec.

Les conférences

Les trophées Salar

La journée du samedi était consacrée à la présentation de plusieurs conférences reliées au thème du Congrès. En avant-midi, les exposés ont porté sur l’état des stocks du saumon, le bar rayé et un sujet d’actualité qui suscite beaucoup d’inquiétude, soit la possibilité que le saumon soit déclaré « espèce en péril ou en voie d’extinction ».

Les trophées Salar sont décernés aux personnes ou organismes qui se sont démarqués par leur engagement envers la ressource saumon. Voici les lauréats pour chaque catégorie :

En après-midi, le thème du Congrès a d’abord été traité par une conférence sur l’impact très positif du programme Mentorat de la FQSA sur la relève. Par la suite, des jeunes qui représentent la relève se sont exprimés sur le sujet. En effet, des représentants de la Maison des jeunes Point de Mire de Verdun et de l’entreprise Hooké ont exprimé leurs idées pour développer la relève. Leur présentation et leur dynamisme ont été très appréciés par les congressistes.

Salar Jean-Paul Dubé, catégorie éducation/ information : Louis-Gilles Francoeur, du journal Le Devoir, pour son engagement journalistique en matière de conservation et d’environnement.

La reconnaissance En fin de journée, les participants étaient invités à un cocktail suivi d’un banquet. Au cours de la soirée, plusieurs distinctions ont été remises à différents intervenants du monde du saumon. Pour la FQSA, il s’agit d’un moment privilégié permettant de reconnaître concrètement les personnes ou organismes qui se sont distingués par leur travail et leur implication pour la cause du saumon atlantique.

Le Salar Jean-PaulDubé, catégorie éducation/information a été remis à Louis-Gilles Francoeur par le sous-ministre du MDDEFP, monsieur Clément D’Astous.

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Salar Pierre Tremblay, catégorie promotion : Le Forum de pêche à la mouche Québec-Maritimes, pour ses actions en matière de promotion de la pêche à la mouche.

Mathieu Côté, président de la Société de gestion des rivières de Gaspé recevant le Makhila d’honneur. Il est entouré à gauche du président de la FQSA Yvon Côté et à droite de Michel Ouellet, représentant de la Corporation de gestion de la rivière Saint-Jean-Saguenay.

Le Salar Pierre Tremblay, catégorie promotion a été remis à Gérald Lefebvre, ex-président du Forum de pêche à la mouche Québec-Maritimes par Yvon Côté, président de la FQSA.

Salar Napoléon-A Comeau, catégorie prix de l’exécutif de la FQSA : François Juliano, pour sa très grande implication comme bénévole dans notre Fédération.

La médaille Françoisde-Beaulieu-Gourdeau/ Uitshitun La médaille François de Beaulieu-Gourdeau-Uhitshitun représente le plus haut mérite décerné par la FQSA à une personne s’étant illustrée de façon remarquable pour la conservation et la mise en valeur du saumon. Cette haute distinction a été remise à Monsieur Claude Hamel. Cette reconnaissance souligne la feuille de route exceptionnelle de Claude pour la défense du saumon atlantique et pour le développement de la relève. Parmi ses réalisations, il a promu l’accessibilité de la pêche au saumon. Il a participé à la rédaction de nombreux ouvrages et mémoires pour la FQSA. Enfin, comme mentor, il a initié des dizaines de novices à la pêche au saumon.

François Juliano, lauréat du Salar Napoléon-A Comeau catégorie prix de l’exécutif. Il reçoit son trophée de Yvon Côté, président de la FQSA

Le Makhila d’honneur Le Makhila d’honneur est une canne honorifique remise à un organisme de gestion d’une rivière ayant accompli un travail remarquable dans son milieu. La canne a été remise à la Société de gestion des rivières de Gaspé, pour l’ensemble de leurs réalisations depuis leur création en 1976.

Claude Hamel recevant la médaille François-de-Beaulieu Gourdeau/Uitshitun du président de la FQSA, Monsieur Yvon Côté.

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Jean Boudreault, un passionné de la pêche à la mouche. On le voit avec un tarpon capturé à l’Ile de la Jeunesse le 8 avril dernier. Photo : Pierre Manseau

Jean Boudreault  6e président de la FQSA Texte de Ghyslain Provençal Lors de l’assemblée générale annuelle des membres, tenue le 21 avril dernier, Jean Boudreault a été nommé président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA). Il succède donc à Yvon Côté qui s’est investi sans compter pour la FQSA pendant les 13 dernières années.

Qui est Jean Boudreault ? J’ai eu le plaisir de l’interviewer, question de vous le faire connaître davantage. Q : Quelles étaient vos motivations lorsque vous avez intégré le Conseil d’administration de   la FQSA en 2011 ?

Jean Boudreault, le nouveau   président de la FQSA Photo : Marcographie

R : Je suis d’abord et avant tout un grand adepte du plein air. Je pratique avec passion la chasse à plusieurs gibiers et je pêche à la mouche depuis l’âge de 5 ans, autant la truite que le saumon. De plus, j’ai toujours été sensible à l’environnement auquel j’ai d’ailleurs consacré une bonne partie de ma carrière. Maintenant retraité, j’avais le goût de donner de mon temps, de mon expérience et de mon énergie à la Fédération qui rejoint parfaitement bien mes intérêts.

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Q : Pourriez-vous nous parler un peu plus de votre expérience professionnelle ? R : Mon expérience se situe à deux niveaux. D’abord, ma formation universitaire en géographie m’a amené, au début de ma carrière à faire de nombreux projets sur les rivières à saumon du Québec et à travailler avec plusieurs spécialistes du poisson. J’ai consacré près de 20 ans de ma carrière à l’environnement, particulièrement sur les habitats du saumon atlantique et sur les études portant sur l’évaluation de projets d’infrastructure. Ensuite, comme vice-président, j’ai surtout œuvré au développement des services environnementaux d’une firme de services professionnels au Québec. J’aime l’environnement et j’ai beaucoup d’intérêt pour construire, développer et faire émerger de nouveaux projets. Q : Parlant de projets, pourriez-vous nous faire part, selon vous, des principaux enjeux qui touchent le saumon et les projets que vous comptez mettre en place pour leur faire face ? R : Je mentionnerais d’abord que mon objectif principal, comme président de la FQSA, est d’assurer la pérennité de la pêche au saumon au Québec, pour le bénéfice tant des pêcheurs, des gestionnaires de rivières à saumon et autres acteurs. J’ai l’intention d’y consacrer toute mon énergie. • Les enjeux sont nombreux de même que les défis qui y sont associés. J’ai l’intention de mettre en place différents chantiers pour, entre autres : • Sauvegarder le saumon atlantique et ses habitats; • Développer activement la relève; • Optimiser les relations avec les différents intervenants du milieu; • Donner une plus grande visibilité à la FQSA; • Être proactif face aux menaces qui guettent le saumon; • Défendre vigoureusement nos intérêts concernant la possible mention du saumon dans la liste des « espèces en péril » ou « en voie d’extinction »; • Décentraliser les activités de la FQSA afin d’accroître le service aux membres et de mieux cerner les enjeux régionaux. Q : Face à tous ses enjeux avez-vous un message à adresser aux membres de la FQSA ainsi qu’à tous les intervenants touchés par le saumon ? R : Je suis conscient, bien entendu, qu’il y a énormément de travail à accomplir, d’obstacles à franchir et de défis à surmonter. Je crois profondément que le travail d’équipe constitue l’unique façon d’atteindre le succès et la réussite. Comme président de la FQSA,

je vais faire le maximum pour rassembler tous les acteurs, autant du secteur public que privé, pour que le saumon atlantique soit à l’avant-scène de la faune au Québec. Travaillons ensemble et nous réussirons ! Bonne chance et bon succès Jean !

De la pêche au saumon à son meilleur !

Le Camp de la Haute-Madeleine est une destination spécialisée dans la pêche au saumon. La rivière Madeleine peut se vanter d’être, depuis 5 ans, la 7e plus importante rivière en terme de montaison de saumons.

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Mario Dussault et son épouse Marie. Photo : Jean-Marie Babin

De fil en aiguille… Par Mario Dussault Quoi de plus satisfaisant que de prendre un saumon avec une mouche qu’on a confectionnée soi-même… en créer une nouvelle... et prendre un autre saumon. Ça peut paraître bizarre à dire, mais ce n’est pas si compliqué à réaliser. Il suffit de se fier à son intuition, à son vécu de pêche, à sa dextérité, à ses envies et surtout au plaisir de se retrouver au bord de sa rivière préférée. Vous verrez alors que les couleurs, les formes, les proportions et l’allure de la mouche viendront naturellement à votre esprit.

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resque tous les saumoniers ont des visions plus ou moins exactes de ce qu’ils voudraient trouver dans la mouche « miracle ». Je pense vraiment qu’elle n’existe pas. Il en existe des excellentes, des incontournables (vous pouvez ajouter ici tous les qualificatifs inimaginables), mais en définitive, c’est le saumon qui décide et il ne le fait pas uniquement selon la mouche présentée. Heureusement, sinon il ne resterait peut-être plus de saumons dans nos rivières. Quoi qu’il en soit, on continuera à créer de nouveaux patrons de mouches, avec tous les espoirs qui viennent avec.

À ce propos, j’aimerais partager avec vous le cheminement de la création d’une mouche. Hiver 2007, à mon chalet, en face de la fosse « Red pine » sur la Bonaventure, Jean-Marie Babin et moi dégustions un bon « Glenmorangie » en révisant notre saison 2006. Nous avions eu du succès cet été-là avec des mouches dont la toilette arborait du bleu. Jean-Marie avait noté que peu de mouches sèches étaient confectionnées avec du bleu. Nous avons donc élaboré une mouche à prédominance foncée avec du bleu, de façon qu’elle soit contrastée et visible. Après quelques tentatives (et un autre scotch), nous avions quelque chose d’intéressant. Il faillait maintenant la nommer et ceux qui font des nouveaux modèles de mouche savent que ce n’est pas toujours évident de nommer une nouvelle mouche. Ceux qui connaissent JeanMarie Babin (guide très connu à Bonaventure) vont sourire,

car son humour et ses tournures de phrases nous donnent souvent mal au ventre, à force de rire. Comme je demeure à St-Hyacinthe et que l’hôpital régional avait fait les manchettes à cause d’une sévère infection de Clostridium Difficile, il a suggéré que le nom de cette mouche reflète un peu cette situation. Imaginez tout ce qui nous venu à l’idée. Et rajoutez-en encore. Cependant, il n’était pas question de banaliser la situation ou de choquer qui que ce soit. Après réflexion, je me suis dit que la pêche au saumon C’EST DIFFICILE; l’idée m’est alors apparue dans toute sa simplicité, elle s’appellerait une « C Difficile ». Quoi demander de plus évocateur, pour le vétérinaire que je suis ! La mouche était née et baptisée (certains devront excuser la référence à un symbole religieux, mais ça, c’est une autre affaire…). Vous trouverez la photo et la toilette de la mouche un peu plus loin. L’hiver tirait à sa fin et une idée bizarre me trottait en tête; pourquoi s’arrêter à une seule mouche ? Je voyais un concept plus large, corps foncé, cassure blanche pour attirer l’attention, côtes bleues, aile bleue, collerette bleue et blanche, du mouvement (lire ici un peu de type spey), etc. J’ai donc persévéré et conçu trois autres mouches (voir description et toilette plus loin). La « T Difficile » (pour tu es difficile), version mouillée de notre sèche; la « CHU Difficile » (je suis difficile), c’est ici qu’on retrouve le type spey) et finalement, la « Yé Difficile » (il est difficile), version d’automne où on respecte le patron, mais où on

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remplace certaines fibres par des plumes de couleur rougeâtre (ça semble donner certains résultats en fin de saison). En écrivant cet article, j’entends depuis mon ordinateur une question fondamentale, « Ça pogne-tu ? » Nous avons éprouvé ces différentes mouches et toutes ont pris du saumon dans diverses conditions. Là encore, je n’ai pas la prétention de dire que ce sont d’excellentes mouches, mais elles ont fait leurs preuves et salmo a eu lui aussi le plaisir de s’amuser avec elles.

son poste de ministre de la Santé du Québec. J’étais en vacances au chalet et nous avons eu le plaisir de pêcher ensemble. La tentation était trop forte; je lui ai offert la série des Difficiles… Il a froncé les sourcils, souri et s’est exclamé : « C les vacances ! ». On s’est bien bidonnés. Somme toute, j’ai eu beaucoup de plaisir à élaborer cette série de mouches et j’en ai encore à les utiliser à la pêche, seul ou avec d’autres. En terminant, je me permets de vous souhaiter une saison de pur bonheur, au bord d’une de nos merveilleuses rivières à saumon.

Petite anecdote en passant… Au mois d’août 2008, JeanMarie guidait le Dr Philippe Couillard, qui venait de quitter

PARURE DE LA « CHU DIFFICILE » Hameçon : Partridge, CS 10/1, grosseur 2 à 10 Fil : Uni noir 8/0 Queue : Selle de poule grise Côte : Uni stretch bleu Corps : Laine mohair noire et blanche, posée de façon à insérer une petite section blanche qui sépare le corps noir Aile : Écureuil teint bleu Collerette : 2 tours de Croupion de faisan gris et 2 tours de cou de poule bleu Tête : Fil UNI 8/0 noir; laque claire sur la tête J’aime pêcher avec des mouches de type spey…

PARURE DE LA « YÉ DIFFICILE » Hameçon : Partridge, CS 10/1, grosseur 2 à 10 Fil : Uni noir 8/0 Queue : Croupion de faisan rouge Côte : Tinsel rond, UNI-SoftWire de couleur cuivre, petit Corps : Laine mohair noire et blanche posée de façon à insérer une petite section blanche qui sépare le corps noir Aile : Écureuil teint bleu Collerette : 2 tours de Croupion de faisan rouge et 2 tours de cou de poule bleu Tête : Fil UNI 8/0 noir; laque claire sur la tête

Cette mouche de la série des Difficiles devrait en principe être meilleure à l’automne… On verra….

PARURE DE LA « C DIFFICILE » Hameçon : CS 42, grosseur 2 à 6 Fil : Uni noir 6/0 Queue : Queue de veau blanc Hackle : Bleu royal Corps : Chevreuil noir et blanc Ailes : Queue de veau blanche en deux ailes Collerette : Bleu royal Tête : Fil noir 6/0

PARURE DE LA « T DIFFICILE » Hameçon : Partridge, CS 10/1, grosseur 2 à 10 Fil : Uni noir 8/0 Queue : Cou de poule blanc Côte : Uni Stretch bleu Corps : Laine mohair noire et blanche posée de façon à insérer une petite section blanche qui sépare le corps noir Aile : Écureuil teint bleu Collerette : 2 tours de cou de poule blanc et 2 tours de cou de poule bleu Tête : Fil UNI 8/0 noir; laque claire sur la tête

Version mouillée de la C DIFFICILE sèche, elle respecte l’allure générale de la sèche. Saumons illimités 13

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Le lancer

Spey simple en images

Texte par Claude Hamel et photos de Gérard Bilodeau

Nous sommes le 1er juin 2012 et j’ai le bonheur de me retrouver en la compagnie de Gérard Bilodeau, sur les berges de la rivière Dartmouth à Gaspé. Nous sommes dans le secteur des Falls et il n’y a personne d’autre que nous en ce début d’après-midi ensoleillé. Je pêche la fosse Ladder en Spey, avec ma canne de 13 pieds, pendant que Gérard prend une série de photos avec sa Nikon D-300. Pédagogue dans l’âme, il se demande si la fonction continue haute vitesse (6 images/seconde) de sa caméra permettrait de bien illustrer les étapes des différents lancers Spey que j’exécute. Claude Hamel Photo : David Quenneville

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e retour à la maison, Gérard est surpris par la qualité des images croquées dans le décor enchanteur de Ladder sur la Dartmouth. Les photos permettent de percevoir des détails difficiles à saisir dans des vidéos, à cause du mouvement continu. De plus on inclut rarement autant de photos dans les livres techniques, par souci d’espace. Gérard propose donc que nous nous rencontrions plus tard au cours de l’été, dans l’optique de refaire l’exercice avec le soin voulu et de publier une série d’articles portant sur les principaux lancers Spey, dans la revue Saumons illimités. Comme d’autres, il déplore le fait qu’il existe peu ou pas de références en langue française sur cette approche de lancer, pourtant de plus en plus populaire parmi les

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saumoniers du Québec. Cette rencontre n’aura pas eu lieu pour des raisons d’horaire. En conséquence, nous choisissons aujourd’hui de présenter une première séquence de photos portant sur le lancer Spey simple (single Spey), en espérant que cela serve aux saumoniers unilingues français qui éprouvent de la difficulté dans l’apprentissage de ce lancer. En outre, advenant un intérêt de la part des lecteurs de la revue, on pourrait poursuivre la série en faisant appel, cette fois, à de véritables experts locaux du lancer Spey, tels que David Bishop, Raynald Ménard, Neil Houlding ou d’autres de ce calibre qu’on a vus s’exhiber avec brio lors des récentes éditions du Forum Spey de Sherbrooke.

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Pourquoi débuter avec le lancer Spey simple ?

partie finale du lancer. C’est dire qu’il ne peut être exécuté efficacement et sécuritairement que lorsqu’il ne vente pas ou lorsque le vent remonte la rivière (vient de la gauche).

Nous avons choisi de débuter ce qui pourrait devenir une série par une présentation sur le lancer Spey simple et cela, pour deux raisons principales. Premièrement, c’est le lancer qui semble donner le plus de fil à retordre aux saumoniers qui font l’apprentissage du Spey. Pour cette raison, plusieurs se restreignent à utiliser des lancers plus faciles à apprendre comme le Snap T, mais qui ont des côtés dérangeants à la pêche (c’est un lancer qui brasse l’eau plus que le Spey simple). Comparativement, le Spey simple s’avère plus puissant et efficace, en plus d’être plus économe en mouvements. Et, honnêtement, il y a une seconde raison au choix du Spey simple pour ce premier article : les autres types de lancers que j’ai exécutés en juin 2012, et photographiés par Gérard, furent disons... encore plus perfectibles que la séquence relative au Spey simple présentée ci-dessous !

Quand le vent change de bord ou qu’on change de rive (toujours avec un vent remontant la rivière), il faut changer de main ou lancer du revers (on dit souvent cack-handed). Quand le vent descend le cours d’eau, on doit plutôt avoir recours à d’autres lancers, tels le Spey double ou le Snake Roll.

Photo n° 1 Le Spey simple commence normalement avec la soie traînant à nos pieds, tendue dans le courant. Ce n’est pas ce qu’on voit tout à fait dans la première photo, car la session de photos s’est déroulée alors que j’amorçais souvent mon prochain lancer avant que la soie ne se soit totalement arrêtée. Mais l’illustration est satisfaisante pour les besoins de cet article.

Définition du Spey simple

Avant d’amorcer le lancer, il convient comme nous le prescrit Simon Gawesworth*, un des grands experts mondiaux du Spey, de tracer une flèche imaginaire en ligne directe avec la cible du lancer. Pour qu’un lancer soit efficace, il faudra lors du repositionnement de la soie de l’aval vers l’amont que l’ancrage de la soie sur l’eau et la boucle en D formée par le mouvement arrière de la canne (backcast) se retrouvent en ligne directe avec la cible (règle du 180 degrés). À défaut de cela, le lancer sera fichu ou inefficace.

Le Spey simple est essentiellement un Switch Cast avec un changement de direction. Le lancer swicth est généralement le premier lancer que l’on exécute à nos débuts en Spey. Certains auteurs le nomment forward Spey, alors que d’autres réservent le terme Spey pour les lancers avec changement de direction. Il consiste essentiellement à lancer une mouche qui traîne au bout de nos pieds (on the dangle), pour la retourner au même endroit. Il se compose des éléments essentiels à tout lancer Spey, notamment la soie qui passe sous le bout de la canne lors du lancer arrière, l’ancrage sur l’eau et la boucle en forme de D (D loop).

Le corps du pêcheur doit lui aussi être enligné correctement. C’est pourquoi, comme on peut le voir dans l’image, le pêcheur a pris soin au préalable de pointer ses pieds en direction de sa cible de lancer. Son pied droit est un peu en avant du gauche. Il s’est ensuite retourné vers le point de suspension de la mouche (dangle) qui a terminé sa parade à la suite du lancer précédent. Quand il fera une rotation pour effectuer le changement de direction, non seulement se retrouvera-t-il enligné avec la cible en accord avec ladite règle de 180 degrés, mais le relâchement de l’énergie engendrée par la torsion du corps contre le bassin sera transférée avantageusement à la

Explications et illustrations de la technique du Spey simple Le présent article illustre la technique du Spey simple exécutée par un pêcheur droitier, sur la rive gauche de la rivière. Il consiste, dans ce cas, à prendre la soie qui traîne devant nous comme dans le cas d’un lancer Switch pour la replacer à notre droite en direction de la cible, avant d’exécuter la

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propulsion de la soie. Le lancer avant sera efficace si l’ancrage et la boucle en D du lancer arrière sont parallèles, à l’intérieur et près de la ligne imaginaire qu’on aura tracée au préalable (Gawesworth parle de railroad tracks).

Photos 1 à 5 Ces premières photos nous montrent l’amorce du lancer par le soulèvement de la canne (lift). On commence avec le bout de la canne près de l’eau, afin d’éviter du mou dans la ligne, et on soulève la canne verticalement, directement devant soi, de manière à libérer en partie la soie de l’emprise de l’eau. Ce mouvement se fait lentement, sans à-coups (smoothly) et se termine en pointant le bout de la canne vers 10 h ou 11 h selon le style de lancer et la longueur de soie sur l’eau. Les recommandations des experts varient sur ce dernier point, mais tous s’entendent sur l’importance du lift pour la suite du lancer. La mise en tension de la soie lors du lift ne doit pas se perdre tout au long du lancer. Notons qu’il peut être avantageux de commencer le lift plus vers la berge (à gauche ici) lorsqu’on utilise des soies à long fuseau qu’on ne récupère pas entre les lancers ou pour faire des changements de direction plus importants que 60 degrés.

Photos 5 à 8 On voit ici l’étape du changement de direction propre au Spey simple. Le lift est terminé et le pêcheur amorce maintenant la rotation qui servira à replacer la soie de l’aval vers l’amont, en préparation pour le lancer avant final. Il s’agit d’une étape difficile pour les nouveaux. À la fin du lift donc, sans marquer de pause, le bout de la canne change de direction en se déplaçant maintenant sur un plan horizontal. Ce déplacement horizontal continue de façon souple (smooth) jusqu’à ce que le corps

se retrouve en ligne avec la cible, de même que le combiné canne/soie. La mouche sortira de l’eau durant ce déplacement (raison pour laquelle le Spey simple est classé dans la catégorie des airborne anchors) permettant, à l’étape suivante, d’ancrer le bas de ligne et de former la boucle en D du lancer arrière (backcast), en ligne directe avec la cible. Les photos no 5 à 8 révèlent la pleine valeur de la fonction continue de la caméra de Gérard et montrent bien le mouvement de repositionnement de la soie, par voie de balayage sur un plan horizontal de la canne jusqu’en position pour le lancer avant. Ce balayage horizontal est primordial, car c’est lui qui permet de placer l’ancrage à une distance optimale du pêcheur, soit une longueur de canne à ses côtés et plus ou moins en avant de lui (selon le style de lancer – traditionnel, scandinave ou Skagit – et la longueur des têtes de soie et bas de ligne utilisés)**. Il faut souligner l’importance de ne pas baisser (dip) le bout de la canne durant le balayage, sinon on produira ce que Gawesworth appelle un bloody L très nuisible au lancer.

Photos 8 à 11 À la fin du balayage illustré à la photo 8, le déplacement latéral est terminé et la canne se retrouve en direction opposée à la cible (presque à angle droit), de même que le corps du pêcheur. Le bout de la canne change de nouveau sa direction en accélérant progressivement vers l’arrière et vers le haut jusqu’à sa position finale (autour de 13 h sur l’horloge, de dire Gawesworth). Rendue là, la canne fait un arrêt net et attend pendant un très bref moment que le bas de ligne (et un peu de soie, selon le cas) touche à l’eau. Le mouvement imparti forme aussi la boucle en D à l’arrière, le tout idéalement en ligne directe avec la cible.

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La vitesse de l’accélération détermine la profondeur de la boucle en D. Plus celle-ci est profonde, plus il est facile de lancer avec puissance, efficacité et avec moins d’effort. On ne peut malheureusement pas voir la boucle en D dans les photos nos 10 et 11 (ce qu’on projetait de corriger dans la reprise projetée de l’exercice).

Photos 10 et 11 Le passage de la photo no 10 à la photo no 11 illustre bien l’importance du timing dans l’exécution du Spey simple. En effet, on peut observer que le bas de ligne touche à peine l’eau (splash-and-go) alors que le pêcheur doit amorcer la phase finale du lancer vers l’avant (forward cast). C’est une des opérations difficiles à réaliser, au début, dans l’apprentissage du lancer Spey et que seule la pratique permet de bien exécuter sur une base régulière. Pour s’aider, il est important de garder les yeux sur l’ancrage et même obliquement sur la boucle en D à l’arrière. Comme on l’explique dans les vidéos et les livres sur le Spey, si on n’attend pas assez, on risque de perdre l’ancrage en faisant le lancer avant, alors que si on attend trop, la boucle en D s’affaisse et s’ancre à l’arrière, entravant sérieusement l’efficacité de la procédure. La photo n° 10 montre également un ancrage à plat (flat anchor), qui est un avantage à rechercher pour faire de beaux lancers avant.

Photos 12 à 15 Dans ces photos, la partie avant du lancer a été exécutée. Avec la technique scandinave ou en main basse (underhand) utilisée dans les photos, la main droite sert principalement (uniquement, diront les puristes) de pivot alors que la main gauche applique la puissance. On ne peut le voir dans les photos, vu que le pêcheur tourne le dos à la caméra. Si la technique est exécutée correctement, la soie se déploie en produisant une boucle (loop) étroite, dynamique et efficace. Une fois le lancer avant complété (après un arrêt net), la canne reste haute; dans le cas contraire, on ouvre la boucle et le lancer perd de son impulsion. C’est seulement après qu’il y a suffisamment de soie de sortie en route vers la cible qu’on l’accompagne pour un dépôt en douceur de la mouche.

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Tel qu’indiqué auparavant, le lancer avant doit projeter la soie à l’intérieur et parallèlement à la ligne fictive qu’on s’est tracée au départ. Si par mégarde, on n’a pas réussi à bien enligner l’ancrage et la boucle en D avant le lancer avant, il suffit alors de modifier notre plan initial et de lancer parallèlement et à l’intérieur de la ligne que trace la soie à cet instant (ancrée à côté et en D à l’arrière). Dans le cas contraire, on risque de faire une boucle croisée (tailing loop) ou de rater le lancer complètement. D’où l’importance de garder un oeil sur l’ancrage et si possible la boucle en D durant tout le processus. Neil Houlding dit qu’il le fait encore après 30 ans et on n’a qu’à constater l’excellence du résultat !

Conclusion et regard vers l’avenir Le but du présent article était de présenter aux lecteurs de Saumons illimités une explication illustrée du lancer Spey simple. Il va sans dire qu’il y aurait lieu de présenter des photos plus précises d’un lancer encore mieux exécuté, de discuter plus exhaustivement des principaux écueils à éviter lors de son apprentissage, ainsi que la façon de les corriger. Nous n’en espérons pas moins que les lecteurs du magazine y trouveront quelque utilité et que quelqu’un d’autre de plus compétent encore y trouvera motivation à donner suite au projet au bénéfice des lecteurs francophones de la revue. L’article aura au moins montré l’utilité d’utiliser une caméra ou un appareil vidéo pour se donner du feedback en pratiquant les lancers. C’est ce travail en autodidacte qu’a accompli Raynald Ménard depuis ses débuts dans le Spey, lui qui est devenu à notre humble avis un des instructeurs de lancer Spey les plus élégants sur la scène canadienne. Rappelons-nous en terminant ces paroles de feu Mike Maxwell (un pionnier du Spey en Amérique du Nord) : « On ne peut pas s’attendre à faire des lancers Spey parfaits à tout coup ! »

* Voir, entre autres, son extraordinaire Single-Handed Speycasting. Solutions to Casts, Obstructions, Tight Spots and Other Casting Challenges of Real-Life Fishing. Stackpole Books, 2010. ** Sur les différentes écoles de lancer, voir l’excellent article de David Bishop publié dans Saumons Illimités 91 (vol. 34, numéro 3, automne 2011).

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À tout seigneur

tout honneur ! Texte de François Chapados et photos de Selma Aïssiou

L

e mercredi 20 février dernier, à la Maison des jeunes Point de Mire de Verdun, se tenait un évènement digne de la plus haute mention. Ce jour-là, Mario Viboux, l’âme dirigeante de cette maison, se voyait décerner la médaille frappée à l’occasion du Jubilé de diamant de la Reine Elizabeth II. La remise de cette médaille fut alors effectuée par M. Tyrone Benskin, député fédéral de la circonscription Jeanne LeBer, sous l’étiquette NPD.

Remise par M. Tyrone Benskin, député du Nouveau Parti démocratique dans la circonscription de Jeanne-Le Ber, de la médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II et d’un certificat signé par le lieutenant-gouverneur du Canada, M. David Johnston.

Rarement une médaille fut-elle autant méritée  !. Celle-ci atteste en effet du labeur, du dévouement et de la persévérance démontrés par Mario, lesquels ont fait de la Maison Point de mire l’un des fleurons de l’action communautaire au Québec. Assistaient à cet évènement tous les jeunes, bénévoles et supporteurs de la Maison Point de mire ainsi que le père et la mère du récipiendaire. Le Musée de pêche à la mouche de Montréal y était représenté par Mme Louise Bérubé. Quant au président

Dans l’ordre habituel : Joannie De Lasablonnière, l’actuelle collègue et bras droit de Mario qui est à la Maison des jeunes depuis plus de 8 ans, Julie De Lafrenière qui a travaillé à la Maison des jeunes 5 ans, M. Tyrone Benskin, député du Nouveau parti démocratique dans Jeanne-Le Ber, Abdou Lat Fam, fidèle collaborateur qui a travaillé à Point de Mire 8 ans, Mario Viboux, Selma Aïssiou, conjointe de Mario qui a travaillé à la Maison des jeunes 4 ans et enfin, Sabrina Barnes et PierreLuc Verret Witzig qui vont travailler à Point de Mire l’été prochain pour une deuxième année d’affilée.

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de la FQSA, M. Yvon Coté, il était représenté par le président du Chapitre de Montréal de la FQSA, François Chapados. Le président Côté adressait un courriel à Mario Viboux en février dernier, soulignant à juste titre qu’il avait brillamment mérité cet honneur par son sens de l’innovation, par sa compréhension

Il y avait beaucoup de monde pour assister à la cérémonie de reconnaissance.

des jeunes et par son effort à les soutenir dans leur cheminement de vie; et ce, à une époque souvent difficile de transition entre l’enfance et l’âge adulte. Qui pouvait dire mieux ? Décidément, Mario, mille fois BRAVO ! Tu as bien mérité d’être reconnu par la patrie.

Dans l’ordre habituel : Gilles Beaumont, président du Forum de pêche à la mouche Québec-Maritimes de Granby, Louise Bérubé du Musée de la pêche à la mouche de Montréal et François Chapados de la FQSA étaient de la partie.

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Dans le numéro d’automne 2012 de Saumons illimités, le directeur provincial du projet « Les eaux curatives par la pêche à la mouche du Canada », M. Gervais Jeffrey, nous expliquait que ce projet a pour but de faciliter la réadaptation des militaires qui furent blessés, physiquement ou psychologiquement, lors des différents déploiements auxquels le Canada a participé. Le fait de leur enseigner la pêche à la mouche et l’art du montage de mouches les aide à reprendre confiance en eux et à créer ou recréer des liens avec la nature. Voici le témoignage d’un soldat.

De la guerre à la pêche Par Martial Boisvert, caporal-chef, Forces armées canadiennes

Je dois vous dire que lorsqu’on m’a approché pour rédiger ce texte, je n’étais pas certain d’accepter. Je ne connaissais pas le magazine Saumons illimités et, surtout, je ne connais rien à la pêche au saumon. Après une discussion avec M. Ghyslain Provençal, éditeur et rédacteur en chef du magazine Saumons Illimités, sur le but de l’article, j’ai compris que la pêche au saumon n’avait pas tant d’importance dans ce texte. J’ai donc accepté avec plaisir de vous raconter ce que j’ai vécu. Le Cplc Martial Boisvert est assis sur un véhicule blindé de type Coyote en Afghanistan en 2009; membre du 12e Régiment Blindé du Canada à Trois-Rivières, il s’est déployé avec la Force Opérationnelle 1-09.

La guerre J’ai été blessé en avril 2009 en Afghanistan. Notre véhicule blindé, de type Coyote, a roulé sur un engin explosif improvisé. C’est comme si une couverture m’était tombée sur la tête lors de l’explosion. Je me suis réveillé après un certain temps; je ne peux pas vous dire le nombre exact de minutes après l’explosion, mais je me suis réveillé. J’étais couché au sol sur le dos, je me demandais ce qui m’était arrivé et j’entendais mes compagnons d’armes me dire : « Êtes-vous correct ? ». J’ai été capable de lever mon bras afin qu’ils puissent me voir. Mes amis m’ont dit : « Ne bouge pas, on arrive ». J’étais incapable de me relever à cause de la douleur. Je crachais du sang. Je me demandais ce que j’avais. Je pensais

que j’avais perdu mes jambes et mon premier réflexe a été de les regarder. Elles semblaient correctes et je ne voyais pas de sang. J’ai ensuite essayé de les bouger et elles ont répondu. Je me suis alors dit : « Je ne suis pas paralysé ». J’ai été évacué par hélicoptère jusqu’à l’hôpital de Kandahar Airfield. J’ai subi plusieurs blessures sérieuses, soit de multiples fractures au bassin, une fracture au grand trochanter, des fractures des apophyses transverses, un traumatisme crânien et plusieurs blessures internes. Une fois stabilisé, après plusieurs opérations, j’ai été transféré en Allemagne et par la suite à Québec. Deux grandes inquiétudes me hantaient constamment. Serais-je en mesure de marcher normalement et de courir à nouveau ? Serais-je en mesure de conserver mon emploi dans les Forces Armées

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Canadiennes ? Après une lente et longue période de réadaptation de 28 mois, mes efforts ont porté fruit. Je suis redevenu apte au travail et j’ai recommencé à travailler à temps plein sans aucune restriction.

La pêche à la mouche En mars 2012, le projet « Les Eaux curatives... », financé par le programme « Sans limites* », m’a été offert. Je me suis donc inscrit à ce programme de pêche à la mouche. Je dois dire que j’aimais beaucoup la pêche avant mon incident. Toutefois, je connaissais très peu la pêche à la mouche, car je n’ai jamais eu l’aide d’un instructeur. Du côté du montage de mouches, je n’avais aucune connaissance. Nous avons d’abord eu droit à des cours de montage de mouches, ce que j’ai trouvé le plus difficile. Cela a exercé davantage ma patience que la pêche en tant que tel. Pour l’instant, je n’aime pas vraiment le montage de mouches. Il me manque encore beaucoup de dextérité et de pratique afin que mes mouches soient belles. Néanmoins, les séances d’entraînement de lancer à la mouche ont été pour moi d’une grande utilité pour acquérir une bonne technique et gagner en précision. Les moniteurs donnaient de très bons conseils lors de leurs cours. Ils nous ont enseigné les différents types de lancers, les nœuds et tout ce qu’il fallait pour bien commencer. Nous avons reçu plusieurs cadeaux, de telle sorte que nous avons été équipés de A à Z pour la pêche à la mouche. Nous avons eu droit à deux sorties de pêche sur la garnison Valcartier, soit sur le lac Ortona et le lac Hayes. Nous sommes alors passés de la théorie à la pratique. Nous avons capturé plusieurs belles truites mouchetées dans ces lacs. Ensuite, nous avons effectué un voyage de quatre jours à la forêt Montmorency dans la réserve des Laurentides. Nous avons été très bien accueillis. Ces quatre jours nous ont permis d’échanger entre soldats blessés et avec les moniteurs. Plusieurs personnes ont fait des témoignages lors des soirées autour du feu de foyer dans la salle commune de notre aile. Ces échanges avec d’autres soldats qui ont vécu eux aussi des moments éprouvants ont été d’un grand bénéfice pour moi. Nous avons eu la visite de M. Benoit Bayard du webzine QuébecPêche. Celui-ci est arrivé dans la journée pour pouvoir taquiner la truite avec nous. Il a prononcé une petite conférence dans la soirée et a discuté avec chacun de nous. Il est parti très tard de la pourvoirie.

À la suite de sa participation au projet « Les eaux curatives par la pêche à la mouche du Canada », le Cplc Martial Boisvert a testé avec succès ses techniques nouvellement acquises de pêche à la mouche avec des amis au lac Sorin de la pourvoirie Domaine Bazinet. On le voit ici tenant fièrement sa plus belle prise, une truite mouchetée de 3.1 livres.

En plus d’apprendre les rudiments de la pêche à la mouche, ce programme m’a permis de faire de belles rencontres avec des personnes qui sont devenues de bons amis. J’ai aussi eu la chance de pêcher avec des moniteurs aguerris tels que Georges Tanguay, Gervais Jeffrey, Alain Pagé, Benoit Renaud et Pierre Gosselin et d’apprendre avec eux une multitude de techniques lors de nos sorties de pêche. Je peux vous dire que le groupe était accompagné de vrais passionnés. C’était très agréable de discuter avec eux et de se raconter des histoires de pêche. Je voudrais remercier les programmes « Les Eaux Curatives » et « Sans limites* » pour cette activité qui fut un très grand succès. Cette activité a été très bénéfique pour moi. En plus d’avoir retiré beaucoup de bienfait au niveau social, j’ai profité d’un véritable retour aux sources en retrouvant le calme et le bien-être procurés par la pêche en pleine nature. Je souhaite le même succès pour l’édition 2013 qui a lieu en ce moment. *Le programme « Sans limites » soutient les militaires des Forces Armées Canadiennes qui sont malades ou blessés, ainsi que leur famille. Pour plus de détails visiter le site : https://www.sans-limites.ca Saumons illimités 23

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Vue aérienne, grand sault, rivière Madeleine Photo : ZEC de la rivière Madeleine

À la découverte de la rivière

Madeleine Texte et photos de Fernand Grenier

Samedi matin vers six heures, c’est le départ d’un voyage de rêve. Nous finissons d’embarquer notre équipement et de vérifier les attaches de la remorque ainsi que du véhicule tout terrain. De Trois-Rivières, dix heures de route nous attendent mes compagnons et moi afin de nous rendre à notre chalet situé au Lac au Diable. Comme chaque année, depuis maintenant douze années, nous arrêtons à Matane afin de déguster une bonne « délicieuse » (club sandwich au homard). Après être allés voir Katie au phare et nous être enregistrés, nous prenons la route du chalet. Nous sommes prêts à passer une belle semaine de pêche, en compagnie de nos amis et connaissances au Lac au Diable. L’auteur Fernand Grenier, membre de la société mauricienne des pêcheurs à la mouche

La rivière La rivière Madeleine prend sa source dans le grand lac Madeleine au cœur des montagnes Chic-Chocs. Tout au long de sa descente de 150 kilomètres vers la mer, elle est alimentée par d’innombrables sources et ruisseaux, ce qui a pour effet de maintenir son eau très fraîche toute la saison. Lorsque vous aborderez la Madeleine pour la première fois, vous verrez une rivière aux eaux limpides et de teinte légèrement verdâtre. Comme la rivière est enchâssée dans les montagnes, son fond est principalement fait de gravier et de roche. Toutes les fosses en amont du secteur 1 se pêchent facilement à gué.

L’accès à la rivière L’accès aux fosses de la rivière Madeleine se fait en voiture par trois différentes routes d’accès selon les secteurs pêchés. La

route principale entre L’Anse-Pleureuse et Murdochville vous permettra d’avoir accès au secteur 5. La route du Lac au Diable vous conduira quant à elle vers les secteurs 2, 3 et 4. Si vous passez par la forêt pour accéder au secteur 5 via le Lac au Diable, je vous recommande l’utilisation d’un véhicule utilitaire sport (VUS). Pour pêcher le secteur 1, vous devrez vous rendre à Grande-Vallée et suivre les différentes indications. Toutes les fosses sont clairement indiquées par de belles affiches le long des chemins d’accès. Cependant, certaines fosses sont plus difficiles d’accès à pied. Comme la rivière est très encavée dans les montagnes, vous devrez marcher sur des distances plus ou moins longues et descendre de longues sections d’escalier afin d’accéder à ces dernières. Pour les personnes n’ayant pas les capacités pour faire ces marches, plusieurs fosses du secteur 3, telles que Bébé,

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Fosse carrière

Fosse Diable

Loup, Rochelière et Léon sont très accessibles. Elles seront toutefois beaucoup plus achalandées.

La rivière est divisée en cinq secteurs de pêche différents. Les secteurs contingentés sont les 1, 2, 4b et 5. Les secteurs 2, 4b et 5 sont disponibles par les tirages au sort effectués au mois de novembre et les tirages 48 heures en saison de pêche. Pour avoir accès au secteur 1, vous devrez communiquer avec la Pourvoirie « Camps de la Haute Madeleine », gestionnaire sous bail de ce secteur, ou participer au tirage au sort, car certaines journées sont aussi disponibles au public. Les secteurs libres sont les 3 et 4A et, pour l’année prochaine certaines fosses du secteur 5 deviendront à nouveau libres. Personnellement, ceci est une bonne nouvelle pour tous les pêcheurs, car en plus du secteur 2, ce secteur est selon moi l’un des plus beaux et ayant le plus de potentiel.

La pêche à proprement parler La Madeleine enregistre des remontées de plus de 1000 saumons et cela depuis plusieurs années. À partir du 1er août, il est possible de garder les grands saumons si le nombre minimum de géniteurs est atteint. La rivière possède un très bon potentiel de grands saumons, il n’est pas rare de voir des saumons de plus de 20 livres nager dans les différentes fosses. Les résultats de pêche sont variables selon les personnes et leurs manières d’aborder les fosses. Comme la rivière est claire, plusieurs personnes croient, à tort, que s’ils ne voient pas de saumon dans les fosses, cela ne

vaut pas la peine de pêcher. Sur la norme de 1 saumon/jour, notre groupe possède une moyenne d’efficacité d’environ 20 % et cela pour les douze dernières années. Nous pêchons toutes les fosses avec minutie que nous apercevions des saumons ou non. La Madeleine se prête bien à la mouche sèche. Comme il est possible de voir le saumon, il est toujours fascinant et excitant de voir monter un beau saumon sur sa mouche.

L’hébergement et le service de guide Près de la rivière, il est difficile de trouver un hébergement convenable. La Zec possède deux chalets qu’elle loue aux pêcheurs. Le premier est situé directement sur le bord de la rivière, passé le Lac au Diable; le deuxième est situé dans le secteur 5, près de la fosse Chic-Chocs. Afin de réserver ces places, contactez directement la Zec Madeleine. Près de la rivière, il y a aussi la Pourvoirie « Camps de la Haute Madeleine » qui peut vous offrir ces services en plan américain ou européen ainsi que le service de guide. Dans le village de Madeleine Centre, il est possible de louer une cabine avec service de cuisinette. Pour avoir logé à cet endroit durant des années, le Saumons illimités 25

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Le 25 janvier dernier, Alain Beaulieu, de Rivière-Madeleine en Haute-Gaspésie, est décédé. Il a joué un rôle important quant au développement de la pêche sportive du saumon dans la rivière Madeleine. Voici un hommage rendu par son ami :

Hommage à Alain Beaulieu Par Jean Poitras

Fosse Pointe de Pierre à l’aube

Ici, à Rivière-Madeleine, ça prenait un homme comme Alain ! Toujours prêt à aider et à dépanner tout le monde du village. Une chance qu’Alain était là pour prêter un bateau, un banc de scie ou une canne à mouche, ces articles qu’il avait dans son magasin général qu’il a tenu une grande partie de sa vie.

Jean Poitras à gauche et son bon ami Alain Beaulieu

service est très bon et le prix vraiment abordable. Le seul inconvénient est le déplacement entre le village et la rivière.

Depuis les débuts de la Zec de la rivière Madeleine, Alain a toujours travaillé avec acharnement et donné du temps précieux pour améliorer celle-ci, de même que pour bien d’autres organismes, tels que l’Association Touristique, au site du phare et de la Marina.

Vous avez besoin d’un service de guide ? Un nom me vient immédiatement à l’esprit ; M. Jean Poitras, il connaît la rivière comme le fond de sa poche et Jean partage ses connaissances et conseils avec générosité. Cette personne peut faire une grande différence lors de votre futur voyage de pêche.

C’est lui qui m’a initié et donné cette passion pour la pêche au saumon lorsque la rivière Madeleine a été ouverte au public pour la pêche. Je lui en serai toujours reconnaissant, car aujourd’hui je suis guide sur cette rivière que j’adore.

Activités touristiques Outre la pêche au saumon, à Sainte-Madeleine vous pourrez voir les anciennes maisons des gardiens du phare, le café, la boutique et les bureaux de la Zec. Dans la rivière Madeleine, allez observer les saumons qui empruntent une passe migratoire de 72 mètres leur permettant de poursuivre leur chemin. Prenez également le temps de marcher le long du barachois au sable fin, d’admirer les couchers de soleil sur les crans et d’observer les baleines et les fous de Bassan. Assistez aussi les pêcheurs de crabes, de bourgots et de homards si le plaisir vous en dit. En espérant vous rencontrer sur le bord de la rivière en 2013 !

Tous les jours, le long de cette rivière, je me rappellerai plusieurs anecdotes colorées sur les moments qu’on a vécus ensemble à la pêche. Ces histoires qu’Alain saurait vous raconter mieux que moi, car tout le monde sait que ses histoires, il les racontait comme personne, car elles étaient bien souvent un brin améliorées. Chasseur hors pair, c’est l’automne passé qu’il a abattu son dernier orignal à l’arbalète, à notre camp de chasse du Lac Castor, que l’on a construit ensemble en hiver 1986. Je peux vous dire que j’étais très heureux pour lui, sachant que c’était probablement sa dernière chasse. J’espère Alain, comme tu disais que : « Tu t’es trouvé de beaux trous de chasse et de belles fosses à saumons là-haut », comme la fosse Bébé où on a eu tellement de plaisir ensemble !

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La mouche fétiche de Geneviève Fournier

Geneviève Fournier avec un saumon capturé à l’aide d’une « Corps noir, hackle brun et ailes jaunes ».

La « Corps noir, hackle brun et ailes jaunes » Texte de Geneviève Fournier et photos de Dave Adams

I

l me fait grandement plaisir de partager avec vous une artificielle dont je ne saurais me passer lors de mes journées de pêche sur les rivières de Gaspé. Résidant à proximité de celles-ci, j’ai la chance d’arpenter, jour après jour, les sublimes sentiers de la York, de la Saint-Jean et de la magnifique petite Dartmouth. Ces rivières aux eaux claires sont un vrai paradis pour la pêche à la mouche sèche. C’est pourquoi, lorsqu’on m’a demandé de partager avec vous ma mouche fétiche, je ne me suis vu d’autre choix que de vous faire découvrir mon beau gros Bomber...

fosse de la York où je me trouve, je vous garantis que cette sèche est la première à se retrouver sur mon bas de ligne. Elle a aussi fait ses preuves à maintes reprises sur d’autres rivières, telles que la Sainte-Anne et la Madeleine. Toutefois, l’un de mes meilleurs souvenirs de pêche avec cette mouche est sans aucun doute cette journée sur la Pabos Nord où les papillons tigrés étaient devenus complètement fous et tournoyaient autour de nous pendant que les saumons attaquaient la « Bombardière » d’une férocité jamais vue. Une journée inoubliable !

« Corps noir, hackle brun et ailes jaunes », c’est le nom qu’elle porte pour l’instant. Un nom peut-être un peu long, mais qui permet de s’en faire une bonne image. Peu importe la

Selon moi, la possibilité de voir les saumons dans la fosse donne à l’utilisation de la sèche tout son sens. Rien ne vaut cette incroyable sensation du parfait lancer où la sèche se

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PARURE DE LA « CORPS NOIR, HACKLE BRUN ET AILES JAUNES » Ailes et queue : Queue de veau jaune Corps : Chevreuil noir Hackle : Brun

dépose tout en douceur sur le nez d’un saumon de 25 livres qui se déplace jusqu’à la surface pour jeter un coup d’œil à l’offrande. Vraiment, combien de fois ai-je pu les observer s’approcher lentement de côté afin d’observer d’un œil curieux la mouche en dérive ! Ces moments d’émotions fortes et honnêtes sont précieux pour moi et ils sont rendus possibles grâce à l’extrême

limpidité de nos eaux. Que vous soyez à Sainte-Anne-desMonts, Gaspé, Pabos, Grande Rivière ou Madeleine, cet été, même si les saumons sont entêtés et difficiles, faites-vous plaisir en pêchant à la sèche en commençant avec la « Corps noir, hackle brun et ailes jaunes ». (Surtout pas de Muddler blanc ! ! ! ! !) Bonne pêche !

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LES HAMEÇONS AU BANC D’ESSAI Texte de Pierre Dion

À la pêche à la mouche, particulièrement au saumon, il semble bien qu’on n’en finira jamais d’apprendre sur une infinité d’aspects : techniques de pêche, lancers, équipement, montage… Dernièrement, mon intérêt touchait les performances des nouveaux matériaux d’avançon, puis c’était au tour des avancements techniques concernant les nœuds (voir les articles parus dans les dernières éditions de Saumons illimités). Ce fut passionnant, j’en ai retiré beaucoup de connaissances et de satisfaction. Cette fois-ci, je m’intéresse à la résistance des hameçons. C’est comme une suite logique. Pierre Dion Photo : Ghyslain Provençal

A

près les excuses de saumon manqué à cause d’un avançon ou d’un nœud cassé, il reste la possibilité que ce soit l’hameçon qui s’ouvre ? Ça ne m’est pas arrivé souvent, mais je suis curieux de vérifier leur résistance. Pour une bonne présentation, à la sèche ou à la noyée, on recommande que le format de la mouche soit assorti à la résistance de l’avançon (voir le tableau Orvis par exemple : http://www.orvis.com...px ?subject=2202). Pour un hameçon no 6, on recommande un avançon de 11 lb de résistance, du 8 lb avec un hameçon no 8, et du 6 lb pour un no 12. Alors je me pose la question suivante : la résistance de l’hameçon est-elle au moins équivalente à celle de l’avançon ? Je vous suggère d’en faire l’essai : planter la pointe d’un hameçon no 6, 8 ou 12 sur le bord d’une planche pour simuler une mouche piquée sur le bord de la gueule d’un saumon, attacher l’hameçon avec un avançon de résistance suffisante, puis simuler la traction d’un saumon en tirant de toutes vos forces avec votre canne. D’après vous, l’avançon cassera-t-il en premier ? Ou à quelle force votre hameçon va-t-il s’ouvrir et décrocher ? J’ai été étonné des résultats en faisant ces simulations, la canne semble se plier à tout rompre même avec du fil de 6 lb, et certains hameçons no 6 peuvent s’ouvrir avant que le fil de 6 lb ne casse ! Je ne crois pas qu’il soit nécessaire que l’hameçon s’ouvre de 180° pour qu’un saumon s’échappe. Il suffirait d’une ouverture

de 90° et il pourrait alors rouler en dehors de la blessure. Ce risque dépendrait de la façon dont la pointe est plantée. À ce sujet, un mentor bien connu m’apprenait récemment que le risque qu’un hameçon puisse s’ouvrir ne se présente pas lorsque la pénétration de la pointe est profonde, mais lorsque la pointe est insérée dans une partie plus ferme de la gueule d’un saumon. Avec une pénétration moins franche, on se retrouve avec un effet de levier plus important qu’une pénétration plus profonde dans une partie de la gueule plus massive. Et c’est cet effet de levier qui génère les ouvertures. Il ajoutait que cela peut arriver même avec les hameçons les plus solides. On s’en doute, il y a des différences de fabrication et de qualité parmi les types d’hameçon à saumon (sèche, noyé, streamer, spey). Alors, avec l’aide offerte par des amis de Québec Pêche qui ont gracieusement fourni plusieurs hameçons, je me suis lancé dans l’aventure pour les caractériser et les tester. Encore cette fois-ci, j’ai utilisé des instruments de laboratoire pour mesurer les caractéristiques qui m’intéressaient et pour vérifier la force d’ouverture des hameçons. En passant, l’idée de vérifier ces choses n’est pas nouvelle; il y a Dick Stewart qui a publié un petit recueil en 1985 sur le sujet (The Hook Book : A reference guide for fly tyers). J’ai trouvé qu’il valait la peine de reprendre tout le travail, car ce livre a pris un peu d’âge déjà, certains hameçons ont disparu du marché, et d’autres sont apparus. Et j’espère pouvoir vous faire profiter de cette petite mise à jour.

30 Saumons illimités

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Types d’hameçons testés

Hameçon à mouche Spey (aussi Low Water)

Hameçon à mouche sèche

Hameçon à streamer

Hameçon à mouche noyée (sèche aussi)

Hameçon à mouche tube

J’ai compilé tous les résultats sous forme de tableau afin de permettre de comparer les différents points qui nous intéressent : les catégories d’hameçon, leur taille, leur prix unitaire, le diamètre de fil, l’ouverture (gape), le poids et la force d’ouverture (déformation de 90°). J’ajoute aussi la résistance calculée en lb/po2, elle est proportionnelle à la Force x Ouverture ÷ Diamètre3. Cette résistance donne une meilleure idée de la qualité de l’acier, de la forge et du traitement thermique. Puis, je fais un commentaire, et je donne une cote personnelle. Au bas du tableau, une légende explique le code des couleurs utilisées et j’ajoute une note sur la variance de la résistance. MARQUE

MODÈLE

TAILLE

PRIX UNITAIRE

DIAMÈTRE (PO)

POIDS (MG)

OUVERTURE (PO)

FORCE (LB)

RÉSISTANCE (LB/PO2)

REMARQUE

COTE

Daiichi Alec Jackson

2062 Heavy Wire

1.5

1.09 $

0.0530

803

0.52

20

285 322

Fort

2

Daiichi Alec Jackson

2050 Spey

1.5

82 ¢

0.0445

523

0.52

12

215 319

Un peu faible pour sa taille

4

Daiichi Alec Jackson

2061 Heavy Wire

3

82 ¢

0.0475

520

0.46

20

302 433

Fort, bonne ouverture

1

Daiichi Alec Jackson

2051 Spey

3

60 ¢

0.0380

318

0.46

9

257 199

Correct

2

Gamakatsu

T10-6H noyée

1/0

36 ¢

0.0465

560

0.48

16.9

300 319

Fort

1

Owner

AKI (eau salée)

3/0

1.15 $

0.0620

890

0.60

30

311 117

(tarpon)

1

Mustad

SL53UBL

2

25 ¢

0.0385

309

0.41

8

234 286

Faible

4

Mustad

36890 noyée

2

17 ¢

0.0430

382

0.40

13.6

245 453

Fort et lourd

2

Partridge

Low water N

2

45 ¢

0.0380

324

0.40

10.3

288 344

Bon low water

2

Partridge Bartleet

Supreme CS10/2

2

56 ¢

0.0450

420

0.47

12.9

258 577

Bonne ouverture, lourd

3 (note)

Talon

(noyée)

2

16 ¢ ebay

0.0445

400

0.47

15.3

364 449

Bonne ouverture, lourd, très fort

1

Gamakatsu

S11-4L2H streamer

2

26 ¢

0.0380

360

0.45

11.6

374 405

Léger, résistant

1

Mustad

79580 streamer

2

16 ¢

0.0390

383

0.40

9.7

260 073

Moyen

3

Gamakatsu

T10/3H

2

22 ¢

0.0345

320

0.41

10.3

354 487

Léger, résistant

1

Mustad

94840 sèche

2

(rare)

0.0358

230

0.41

8.7

295 920

Très léger et résistant

2

Mustad

9671 sèche

2

16 ¢

0.0390

329

0.40

11.1

322 253

Résistant

1

Partridge

CS42 bomber

2

45 ¢

0.0400

354

0.47

10.5

337 110

Assez fort pour son ouverture

1

Kamasan

B982 (tube)

2

20 ¢

0.0390

242

0.39

13

316 273

Fort, petite ouverture

2

Daiichi

2546 (eau salée)

2

35 ¢

0.0395

240

0.45

13

368 481

(bonefish)

1

Gamakatsu

SL11/3H (eau salée)

2

50 ¢

0.0505

510

0.40

24.2

301 176

(tarpon)

1

Gamakatsu

T10-6H noyée

4

36 ¢

0.0395

298

0.39

13

319 350

Très fort

1

Mustad

SL53UBL

4

25 ¢

0.0346

215

0.36

6.3

196 330

Léger et faible

4

Mustad

36890 noyée

4

17 ¢

0.0390

270

0.36

11

230 065

Correct

3

Mustad

90240 low water

4

(rare)

0.0315

192

0.38

5.8

296 875

Léger, mais un peu faible

3

Partridge

Single Salmon M

4

45 ¢

0.0330

197

0.41

6.6

254 096

Léger, mais un peu faible

3

Partridge Bartleet

Supreme CS10/2

4

56 ¢

0.0410

320

0.43

11.5

304 191

Bon

2 (note)

Mustad

79580 streamer

4

16 ¢

0.0375

270

0.36

11

319 355

Résistant

2 (note)

Mustad

SL87-3665A streamer

4

16 ¢

0.0360

293

0.34

10

299 824

Moyen

2

Mustad

R74-9672 streamer

4

16 ¢

0.0380

279

0.37

9.4

259 552

Moyen

3

Mustad

9049 sèche

4

12 ¢

0.0395

302

0.36

12

267 002

Bon

2

Mustad

94840 sèche

4

12 ¢

0.0320

166

0.35

8.5

347 090

Très léger et résistant

1

Partridge

CS42 bomber

4

45 ¢

0.0385

297

0.44

10.7

346 176

Fort pour son ouverture

1

Tiemco

7989 sèche

4

53 ¢

0.0350

251

0.39

7.8

298 060

Léger, un peu faible

2

Daiichi

2546 (eau salée)

4

35 ¢

0.0375

230

0.37

14

380 882

(bonefish)

1

32 Saumons illimités

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MARQUE

MODÈLE

TAILLE

PRIX UNITAIRE

DIAMÈTRE (PO)

POIDS (MG)

OUVERTURE (PO)

FORCE (LB)

RÉSISTANCE (LB/PO2)

REMARQUE

COTE

Gamakatsu

Octopus(tube)

4

35 ¢

0.0345

190

0.36

12

405 653

Forte trempe

1

Gamakatsu

SL11/3H (eau salée)

4

45 ¢

0.0390

280

0.39

11

309 810

(bonefish)

1

Daiichi Alec Jackson

2061

6

44 ¢

0.0370

195

0.30

14

306 816

Fort, et lourd

2

Gamakatsu

T10-6H noyée

6

36 ¢

0.0375

252

0.35

13.2

329 007

Fort, et lourd

1

Mustad

SL53UBL

6

25 ¢

0.0315

153

0.31

7.5

239 198

Faible, mais léger

3

Mustad

36890 noyée

6

25 ¢

0.0347

187

0.32

10.5

316 690

40 % plus fort que le SL53UBL

2

Partridge

Single Salmon M

6

45 ¢

0.0362

197

0.32

9.5

255 183

Correct

3

Partridge Bartleet

Traditional CS10/1

6

60 ¢

0.0330

207

0.39

7.9

299 033

Moyen

2

Partridge Bartleet

Supreme CS10/2

6

56 ¢

0.0370

240

0.42

9

277 941

Fort pour son ouverture

2 (note)

Mustad

SL87-3665A streamer

6

16 ¢

0.0365

263

0.33

9.8

281 525

Moyen

2

Mustad

79580 streamer

6

16 ¢

0.0330

209

0.32

9

328 089

Léger et résistant

1 (note)

Mustad

C53S sèche

6

15 ¢

0.0310

156

0.33

7

308 540

Léger

2

Mustad

94840 sèche

6

10 ¢

0.0310

130

0.31

8.4

337 504

Très léger et résistant

1

Mustad

9049 sèche

6

12 ¢

0.0315

193

0.38

8.6

349 870

Léger et résistant

1

Partridge

CS42 bomber

6

45 ¢

0.0330

200

0.40

8

284 111

Fort pour son ouverture

2

Tiemco

7989 sèche

6

53 ¢

0.0280

137

0.35

5.8

334 156

Très léger, mais un peu faible

3

Tiemco

8089 bass bug

6

30 ¢

0.0380

332

0.54

8.8

297 000

Gros fil, bonne ouverture

2

Gamakatsu

T10-6H

8

36 ¢

0.0350

240

0.32

11.4

337 012

Fort, et lourd

2

Mustad

SL53UBL

8

25 ¢

0.0275

101

0.28

6

273 438

Léger et faible

4

Mustad

36890 noyée

8

25 ¢

0.0320

180

0.29

8.8

297 255

Un peu + fort et + lourd que SL53UBL 3 (note)

Mustad

90240 low water

8

16 ¢

0.0250

82

0.26

4.3

275 641

Léger, mais faible

3

Partridge

Single Salmon M

8

45 ¢

0.0317

129

0.29

7.7

278 739

Moyen

3

Partridge Bartleet

Traditional CS10/1

8

60 ¢

0.0296

145

0.37

6

336 014

Léger et résistant

2

Partridge Bartleet

Supreme CS10/2

8

56 ¢

0.0360

200

0.36

8.5

278 408

Lourd, force moyenne

3 (note)

Partridge

Wilson

8

45 ¢

0.0285

125

0.32

4.9

270 939

Léger, mais faible

3

Tiemco

7999 noyée

8

48 ¢

0.0350

189

0.30

9.8

283 565

Fort

2

Mustad

79580 streamer

8

16 ¢

0.0306

153

0.27

8.8

325 658

Léger et résistant

2

Mustad

9672 Viking

8

16 ¢

0.0300

159

0.38

6.1

260 157

Léger, mais faible

4

Mustad

94840 sèche

8

10 ¢

0.0271

88

0.29

7

375 926

Léger et très résistant

1

Tiemco

7989 sèche

8

53 ¢

0.0280

132

0.30

6.5

312 175

Léger, résistant

2

Partridge Bartleet

Supreme CS10/2

10

56 ¢

0.0275

97

0.33

6

382 380

Très résistant

1

Partridge

Wilson

12

45 ¢

0.0250

80

0.30

4.1

311 380

Petit, mais assez fort

2

Partridge

Wilson

14

45 ¢

0.0210

40

0.22

3.7

267 587

Assez fort pour sa taille

3

Légende :

Très positif

Positif

Négatif

Très négatif

Note : Pour ces 3 catégories d’hameçon (Partridge CS10/2, Mustad 36890 et Mustad 79580), j’ai noté une variance significative de résistance pouvant aller à ±20 % entre les hameçons de différents lots, alors que la variance n’est en moyenne que de ±5 % dans un même lot. Comme j’ai pu l’observer, l’explication semble provenir de la différence de diamètre de fil utilisé, ou encore d’une distance d’ouverture différente, je suppose que les manufacturiers font parfois des ajustements à leur fabrication ( ? ? ?).

Remarques sur les tests Lors des essais, l’hameçon était enfoncé jusqu’à l’ardillon dans un caoutchouc synthétique très solide (polyuréthane 90 Duro) et la traction était exercée sur l’hameçon afin de produire un dépliage de 90° au moment où l’hameçon s’échappait. Après ouverture, il restait une déformation résiduelle d’environ 30° à 45°. J’ai redressé quelques hameçons à deux ou trois reprises, puis je les ai testés à nouveau.

Surprise ! J’étais content de constater que la force était sensiblement la même. J’ai même répété l’exercice dix fois sur certains hameçons, avec les mêmes résultats (répétabilité ±5 %). Ça démontre qu’on peut redresser nos mouches lorsqu’elles ont été pliées par accident ! Mais il y a une limite; les hameçons très durs (>360 000 lb/po2) seront difficiles à redresser et ils vont casser à une ouverture de moins de 90°. Ceux-là vont aussi se casser au moindre choc sur un caillou, avis aux débutants ! ! ! Saumons illimités 33

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Remarques sur les résultats

Conclusion

On peut remarquer les différences suivantes entre les types d’hameçon :

Je trouve que la très grande majorité des hameçons testés sont suffisamment solides. Ce qui me rassure, c’est que la résistance à l’ouverture reliée à une certaine taille d’hameçon correspond généralement bien à la résistance de l’avançon recommandé. Voici des exemples : • Taille 2, les tests donnent 9 à 15 lb, l’avançon recommandé est 13-15 lb; • Taille 4, les tests donnent 8 à 13 lb, l’avançon recommandé est 11-13 lb; • Taille 6, les tests donnent 6 à 12 lb, l’avançon recommandé est 9-13 lb; • Taille 8, les tests donnent 5 à 11 lb, l’avançon recommandé est 8-11 lb.

Les hameçons Spey, les hameçons à mouche noyée et les hameçons à mouche tube sont faits d’un fil plus gros, ils sont donc plus lourds et plus forts que les hameçons à streamer ou à mouche sèche. Les hameçons de type Low Water (une sous-classe des hameçons de type ‘Noyé’) sont les plus faibles de tous, leur ouverture est relativement grande et le diamètre du fil est relativement faible. Ils sont conçus pour les conditions d’eau basse. Dans plusieurs cas, ils ne font que 50 % de la résistance des autres hameçons de même taille.

Matière à réflexion Par curiosité, j’ai testé des hameçons d’eau salée. Ils sont robustes, car ils sont bâtis avec un fil plus gros et la trempe est plus élevée (on n’a pas à craindre de les casser car là où ils sont généralement utilisés il n’y a pas de cailloux). Le prix est très variable; les meilleurs sont très coûteux, mais il y a de bons produits à très bon prix aussi.

L’outil à gauche est un dynamomètre et celui à droite est un micromètre.

En situation d’étiage ou de remise à l’eau obligatoire, j’aimerais bien que l’hameçon soit le maillon le plus faible entre moi et le saumon. J’utiliserais un hameçon sans ardillon de type Low Water (ils ne font que 50 % de la résistance des autres hameçons) et je n’aurais qu’à forcer le saumon à la moitié de la résistance de l’avançon pour le laisser s’échapper avant qu’il ne soit épuisé inutilement , ce qu’on pourrait appeler « Graciation à distance ». • Avouons qu’il y a des avantages au concept : • On peut récupérer plus facilement nos mouches accrochées involontairement où il ne faut pas (roche, branche, partie de saumon), puis on n’a qu’à les redresser; • On peut abréger le combat avec un grand saumon quand on le désire, mais la résistance est suffisante pour récupérer rapidement un petit saumon; • On évite de laisser des mouches inutilement dans leur gueule du fait qu’elles sont faciles à ouvrir et à retirer; • Le saumon a plus de chance de gagner.

Photo : Pierre Dion

LES MEILLEURS HAMEÇONS (parmi ceux testés) Spey Daiichi A.J. 2061HW Daiichi A.J. 2062HW

Daiichi A.J. 2051

Noyé Talon Gamakatsu T10-6H Partridge CS10/2 Mustad 36890 Tiemco 7999

Streamer Gamakatsu S11-4L2H Mustad 9049 Mustad 79580 Mustad 3665A

Sèche Gamakatsu T10-3H Mustad 94840 Mustad 9671 Partridge CS42 Mustad C53S Tiemco 7989

Low Water

Tube

Partridge N

Gamakatsu Octopus

Partridge M Partridge Wilson Mustad CS10/1

Kamasan B982

Mustad 90240

Tiemco 8089

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Portrait d’un guide

Yvon-Marie Gauthier, le « Richard Adams » de la Sainte-Marguerite Texte de Ghyslain Provençal Yvon-Marie Gauthier, 1999 Photo : Nathalie Mongeau

C

omparer un guide à Richard Adams, ce n’est pas peu dire, n’est-ce pas ? Ce dernier a fait sa marque et construit sa réputation sur la rivière Matapédia. Mais, Yvon-Marie Gauthier en a fait tout autant sur la SainteMarguerite. Il patauge dans cette rivière depuis plus de 50 ans. Tout le monde connaît Yvon-Marie au Saguenay. Sa réputation comme guide n’est plus à faire.

Yvon avec M. Frieman Eggers, 1967

C’est en 1962, à l’âge de 20 ans, que ce coloré personnage d’origine amérindienne fait ses débuts sur la Sainte-Marguerite. Il fut embauché comme gardien-guide sur le Club Junior de l’Alcan. À cette époque, la limite de prises était de quatre saumons par jour.

Des clients d’envergure Son expérience de guide a débuté de façon plutôt spectaculaire. Son premier client était le président du Club junior de l’Alcan, Monsieur C.A. Look, un gaillard de 6’ 3’’ âgé de 84 ans. La journée avait bien commencé, car ce dernier avait déjà trois saumons bien alignés dans le fond du canot lorsqu’il se « connecta » avec son quatrième de la matinée. Juste à ce moment-là, le canot chavira, tout le monde se retrouva à l’eau par-dessus la tête et les trois saumons déjà capturés partirent dans le courant. « Quelle catastrophe ! », se dit intérieurement Yvon-Marie. Incrédule, il remarqua toutefois que M. Look tenait encore à bout de bras son quatrième saumon qu’il finit même par « sauver ».

Ils s’en retournèrent au camp pour s’assécher et se remettre de leurs émotions. Chemin faisant, Yvon-Marie avait la mine basse, se doutant bien que sa carrière de guide se terminerait la journée même. Arrivés sur place, M. Look regarda YvonMarie droit dans les yeux, afficha un grand sourire et lui dit : « You are a good guide ». Il sortit sa bouteille de scotch et ils

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prirent une couple de bons verres en se remémorant leur périple. Ce fut le début d’une belle et longue carrière pour lui, dont plus de 20 ans comme chef gardien et chef guide. Parmi ses clients réputés, il guida Lee Wulf, Gaston Lepage et son épouse Louise Laparé, Patrice L’Écuyer, Jean L’Italien, Kevin Parent et Tex Lecor. Il a aussi été marqué dans sa carrière par un capitaine de la US Navy, M. Frieman Eggers. Ce saumonier a été le premier à utiliser une mouche sèche sur la Sainte-Marguerite. Il avait capturé 28 saumons en sept jours, grâce à ce nouveau type de mouche. De plus, non seulement ce pêcheur avait révolutionné la pêche au saumon avec l’utilisation d’une « sèche », mais tous les saumons capturés sauf un, en guise de cadeau pour Yvon-Marie, ont été remis à l’eau. À cette époque, remettre un poisson à l’eau était inconcevable. La graciation n’était aucunement dans les mœurs. « Dans ce temps-là, tu gardais ce que tu pognais. » Comme le dit Yvon-Marie.

Yvon en compagnie d’un client satisfait, M. Ulysse Dufour, 1970

Son avis concernant les mouches Ses mouches préférées sont la Black dose en noyée et la White Wulf en sèche. Si ça ne fonctionne pas avec ces mouches, il en utilise d’autres et après quelque temps, il remet une Black dose et c’est souvent là que l’action survient. Toutefois, pour lui, le plus important pour avoir du succès est de bien lire la rivière et de bien étudier les fosses. « On n’envoie pas nos mouches n’importe où et n’importe comment. », comme il dit.

Être « gentleman » Lors de mon entrevue avec lui, il revenait souvent avec le fait d’être « gentleman ». Mais qu’en est-il exactement ? Pour lui, être « gentleman » se manifeste de différentes façons. C’est d’abord quelqu’un qui respecte l’environnement en ayant la délicatesse de ramasser ses déchets, c’est quelqu’un qui respecte les autres saumoniers en ayant soin de faire la rotation comme il se doit et finalement, c’est quelqu’un qui respecte le saumon en le graciant de la bonne façon, tout en évitant de le faire de façon exagérée. Selon lui, gracier un saumon par jour est suffisant. On comprend que le « respect » est une valeur très importante pour lui.

En conclusion Bien sûr, Richard Adams est un personnage légendaire et unique, mais on peut dire qu’Yvon-Marie Gauthier partage la même passion que lui, la pêche du saumon. Reconnu bien au-delà de sa région, il a reçu en 1992 un trophée SALAR de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique pour sa grande implication dans la cause du saumon atlantique. Yvon-Marie est à la retraite depuis 2008, mais il lui arrive encore d’accompagner des amis sur la rivière Sainte-Marguerite. Cette rivière, c’est sa vie ! Si vous désirez rencontrer cet homme rempli d’histoires, vous pouvez communiquer avec lui au 418 236-9296. NDLR : Nous tenons à remercier l’Association de la rivière Sainte-marguerite, particulièrement Madame Nicole Gauthier, pour les photos d’archives présentées dans cet article. www.rivieresainte-marguerite.com

La pêche à la mouche, que ce soit pour le saumon ou la truite, représente à ses yeux une activité extraordinaire. C’est l’occasion d’être en contact avec la nature et de vivre en plein air. Étant très sociable de nature, ce travail de guide lui a permis, au fil des ans, de connaître une multitude de gens du Québec, mais également de diverses nationalités.

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Le démantèlement du barrage de la rivière Escoumins Un événement historique sur la Haute-Côte-Nord du Québec

Pour la toute première fois au Canada, une rivière à saumon retrouve enfin son lit d’origine. En février dernier, la municipalité des Escoumins entreprenait, sur la rivière du même nom, les travaux de démantèlement du barrage et de la passe migratoire attenante. Devenue inutile et moins sécuritaire, cette structure a effectivement été démolie au début de l’année 2013. Afin de mieux comprendre la situation, nous ferons d’abord un retour sur l’histoire de la région et sur le contexte entourant la construction de ce barrage. Ensuite, nous survolerons brièvement les différentes phases ayant mené à l’arasement de ladite structure. Enfin, nous tenterons d’élaborer des hypothèses concernant le comportement du saumon face à ce récent changement. Par Sylvain Gagnon

Rappel de l’histoire du barrage et de la région L’occupation du site et de la baie des Escoumins remonte à plusieurs milliers d’années, soit à la suite de la fonte et du retrait des derniers glaciers. Des preuves archéologiques montrent deux phases d’occupation : la phase archaïque, il y a environ 6000 ans, et l’autre dite sylvicole, il y a environ 3000 ans (Frenette, 1996). En 1603, Samuel de Champlain a décrit la Baie des Escoumins en mentionnant que les Basques y capturaient des mammifères marins. Sur la rivière Escoumins, les autochtones pêchaient de nombreux saumons, comme sur d’autres rivières du Québec (Giguère, 1973).

Les premiers écrits des pionniers (1830) de cette région font mention de pêches fabuleuses. Joseph Moreau, alors commis à la Compagnie de la Baie d’Hudson, relate empiéger, à l’aide de filets maillants, plusieurs dizaines de saumons par marée (Bélanger, 1972). Dans son livre (Salmon fishing in Canada, by a resident, 1860), le colonel Sir James Edward Alexander fait mention de pêche au saumon hors du commun sur la rivière Escoumins. Vers le début des années 1840, le général Sir John Macdonald aurait capturé sportivement 400 saumons en une semaine. Avant 1845, Sir Alexander considérait la rivière Escoumins comme l’une des meilleures de l’est du Canada, avec ses importantes populations de saumons et d’ombles de fontaine anadromes.

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En 1846, la société Têtu et Boucher fondait une exploitation de bois en y construisant une scierie et des écluses sur la rivière. Après 1850, le flottage du bois et les divers obstacles nuisaient déjà à la montaison des saumons. À son retour dans la région, le colonel Alexander constatait, avec une grande déception, la dégradation rapide de la qualité de pêche avec seulement quelques captures de saumons confinés au pied du barrage (Alexander, 1860).

Le dernier moulin vers 1916. Source : Albertus Dion, Comité du patrimoine des Escoumins.

À partir de 1901, la Saguenay Lumber Company fit construire un nouveau moulin à scie et utilisa l’imposant barrage. Les eaux de la rivière faisaient fonctionner les scies et fournissaient l’électricité à l’usine et aux habitations environnantes. Complètement ravagé par un incendie, le moulin fut reconstruit en 1916 et les activités de sciage (madriers) se poursuivirent jusqu’en 1920. Par la suite, d’autres compagnies ont repris les droits de coupe pour exploiter la ressource forestière, servant principalement à la fabrication de papier journal et de carton d’emballage. Pendant des décennies, la rivière a été aménagée à des fins de flottage des billes de bois. Les chantiers installés dans les forêts environnantes fournissaient la matière première, qui était ensuite dirigée vers l’usine par la voie des eaux de la rivière. Ces billots de bois étaient acheminés sur les quais au moyen d’une dalle remplie d’eau (arboriduc) qui s’étendait sur près d’un kilomètre de longueur (Frenette, 1996).

obstacle naturel (Grand-Sault). Pendant plusieurs années, les autorités compétentes procédèrent à l’ensemencement de dizaines de milliers d’alevins et de tacons. La population de saumons était, à toute fin pratique, entièrement anéantie faute d’un accès aux aires de reproduction. Les géniteurs utilisés provenaient de différentes rivières, comme la Moisie et la St-Jean (en Gaspésie), et de captures par la pisciculture de Tadoussac (Yves Demers, communication personnelle). Malgré ces efforts, le flottage du bois constituait un problème majeur pour la population de saumons et la survie des juvéniles. À la suite de l’abandon définitif du flottage du bois en 1977, le ministère de l’époque (MLCP) entreprit à nouveau un important programme d’ensemencement, avec l’appui du comité d’action pour l’aménagement de la rivière des Escoumins (CAARSE). La passe migratoire, annexée au défunt barrage, fut reconstruite en 1980. Les premières statistiques concernant les montaisons remontent à 1984, mais deviennent intéressantes seulement au début des années 1990. Entre 1990 et 2012, la rivière reçoit en moyenne 440 saumons annuellement. Ce n’est qu’en 1992 que la rivière obtient le statut de zone d’exploitation contrôlée (ZEC). La gestion de la rivière est alors confiée à la Corporation de gestion de la rivière à saumon des Escoumins (CGRSE). Le conseil d’administration est composé de représentants du conseil de bande des Innus d’Essipit, de la municipalité des Escoumins et des pêcheurs.

Démantèlement du barrage municipal À la suite de l’incendie du mois de septembre 2012, qui a ravagé une partie du barrage et de la passe migratoire, la municipalité des Escoumins a entrepris de démanteler ce barrage devenu inutile. Le coût total des travaux s’élève à

Une association locale, fondée en 1957, fit de nombreuses représentations auprès du gouvernement et de la Consolidated Paper Corporation pour restaurer cette magnifique rivière. Devant les pressions exercées en ce sens, une première passe migratoire fut aménagée au cours des années 1966-67. En mai 1968, une section de la passe migratoire fut emportée par la crue printanière des eaux (Journal La Côte-Nord, 1968). La reconstruction de l’échelle à poissons et du dernier barrage fut, quant à elle, complétée au cours de l’année 1969. La même année, le ministère de la Chasse et de la Pêche fit construire une seconde passe migratoire pour franchir un

Portion du barrage et de la passe migratoire à la suite de l’incendie de septembre 2012. Photo : Sylvain Gagnon

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Sainte-Annedes-Monts

CHAQUE SAUMON APPORTÉ POUR FUMAGE DONNE DROIT À UNE CHANCE DE GAGNER DEUX JOURS DE PÊCHE POUR 2 PERSONNES INCLUANT L'HÉBERGEMENT (2 NUITÉES) SUR LA RIVIÈRE SAINTE-ANNE (FOSSE PRIVÉE)

L E S G AG N A N T S P O U R 2 0 1 2 S O N T : P I E R R E M I LOT E T D E N I S CO L B E R T D E YA M AC H I C H E. F É L I C I T A T I O N S !

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près de 900 000 $. Plus de la moitié du financement provient du programme de mise en valeur des habitats du saumon atlantique de la Côte-Nord. La municipalité des Escoumins a injecté dans le projet près de 100 000 $. Les principaux travaux d’arasement du barrage municipal se sont échelonnés sur près de deux mois, soit du 11 février au 5 avril 2013. La première étape consistait à réaliser une brèche dans la structure, afin d’abaisser progressivement le niveau d’eau en amont du barrage. L’ensemble de la structure, d’une longueur de 47 mètres, a été démoli par le retrait de chacune des pièces de bois ainsi que des matériaux de remblai. L’étape suivante consistait à casser le seuil de béton formant l’assise du barrage. Une digue provisoire (batardeau) a été mise en place pour dériver le cours de la rivière, permettant ainsi à la machinerie de travailler au sec. Les matériaux (bois, béton, acier, sédiments, meubles) ont été triés, transportés et disposés sur un terrain adjacent, appartenant à la municipalité. Les berges ont été aménagées et stabilisées par enrochement, puis seront en partie recouvertes de végétation.

Objectifs spécifiques Certes, il peut être hasardeux d’élaborer des hypothèses concernant le comportement des saumons à la suite du démantèlement d’une telle structure. Nous tenterons néanmoins d’évaluer quels seront les gains réels de cette intervention majeure. D’abord, les expériences passées ont montré que le barrage, même avec une passe migratoire annexée, était un obstacle majeur à la libre circulation des saumons. D’ailleurs, un suivi génétique indique que certains saumons pouvaient prendre

plusieurs semaines (minimum 5 jours, maximum 64 jours, moyenne : 25 jours) avant d’arriver à franchir cet obstacle (Antoine Richard, communication personnelle). Or, les objectifs visés par les travaux de démantèlement sont la remise à l’état initial et le rétablissement de la voie migratoire naturelle. Cela permettra de consolider et probablement d’augmenter la population de ce magnifique salmonidé, en assurant la montaison de la totalité des saumons. Il y a fort à parier que l’omble de fontaine anadrome, communément appelé truite de mer, puisse aussi y remonter en plus grand nombre. En période de dévalaison, les poissons pourront redescendre de façon sécuritaire avant d’amorcer leur long périple en mer. Par ailleurs, la remise à l’état naturel de la rivière offrira un nouveau secteur de pêche, directement en amont du seuil rocheux (ancien site du barrage). En effet, plusieurs fosses intéressantes se dessinent dans la zone anciennement inondée. Plus encore, il est fort probable que les saumons accèderont plus rapidement aux sections supérieures de la rivière. On peut penser que le secteur 1B (en aval du GrandSault) sera très intéressant dès le milieu du mois de juin. Les saumons devraient aussi atteindre le secteur amont plus tôt en saison (probablement début juillet), améliorant ainsi l’offre globale de pêche dans cette zone non contingentée. Notons enfin que, dans le cadre d’un autre projet, la passe migratoire du Grand-Sault sera restaurée et on compte y installer une cage de capture, permettant de dénombrer les saumons en montaison. De fait, le suivi fréquent de ce passage nécessaire permettra d’acquérir de précieuses connaissances sur les habitudes migratrices des saumons.

Une grande partie des poutres de bois enlevées par la machinerie. Photo : Sylvain Gagnon

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Le cours de la rivière est dérivé par une digue provisoire. Photo : Sylvain Gagnon

La rivière Escoumins qui s’écoule dans son lit d’origine (point le plus bas du seuil rocheux). Photo : Sylvain Gagnon

Conclusion Après plus d’un siècle et demi de domestication, la rivière Escoumins s’écoule à nouveau librement et les saumons pourront enfin remonter ce cours d’eau pour se reproduire, comme ils l’ont fait pendant des milliers d’années. Afin d’inaugurer cette nouvelle rivière, vous êtes cordialement invités à venir y pêcher ou, simplement, à venir la contempler, désormais délivrée des vestiges de l’époque de l’industrialisation.

Références - Giguère, G.-E. (1973) Oeuvres de Champlain, Éditions du jour, Montréal, 119 pages. - Frenette, Pierre (1996) Histoire des Escoumins, Société historique de la Côte-Nord, Sites et villages nord-côtiers, no 7, 88 pages. - Bélanger, René (1972) Histoire de la Côte-Nord, Plein Jour, 11 octobre 1972, p. 6. - Col. Alexander Sir J. E. (1860) Salmon fishing in Canada, by a resident, London, Green Longman and Robert, 350 pages. Saumons illimités 41

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Les cinq CCI de la Maison des jeunes Point de Mire sautent de joie. Dans l’ordre Sabrina, April, Pierre-Luc, Joanie et Selma.

De quoi être fiers ! Texte de Mario Viboux | Photos de Mario Viboux et Selma Aïssiou

Laissez-moi vous présenter trois filles et un garçon qui ont réalisé tout un exploit et dont nous sommes très fiers à la Maison des jeunes de Verdun. Il s’agit de la femme de ma vie, Selma Aïssiou, de ma collègue et bras droit, Joannie De Lasablonnière, de ma fille spirituelle, Sabrina Barnes, et de mon fils spirituel, Pierre-Luc Verret Witzig. Au printemps 2012, lors du Forum Spey de Sherbrooke, Selma, Joannie et Sabrina sont devenues les premières Québécoises à être accréditées instructrices de lancer Certified Casting Instructor (CCI) par la prestigieuse Federation of Fly Fishiers (FFF), un organisme international dédié à la promotion de la pêche à la mouche. L’automne suivant, Pierre-Luc a suivi et est devenu, à 17 ans, le plus jeune Québécois à recevoir cette distinction. L’auteur, Mario Viboux Photo : Joannie De Lasablonnière

La préparation Cette belle réussite ne s’est pas réalisée en criant ciseau. D’abord, nous avons eu l’aide précieuse de notre bon ami Pascal Moreau, lui-même instructeur certifié et bénévole à la Maison des jeunes depuis belle lurette. C’est lui qui nous a proposé ce projet ambitieux que nous avons accepté sans hésiter. Pascal a d’abord bâti un cursus, il a également traduit plusieurs textes, il a communiqué avec les autorités de la FFF pour organiser les examens et il a même préparé mes protégés à raison de deux heures de pratique en gymnase toutes les deux semaines. Entre ces sessions, je voyais personnellement à ce que mes étudiants pratiquent au moins deux fois par semaine, le plus sérieusement du monde, et j’étais d’une sévérité impitoyable. Parallèlement, ils ont lu plusieurs excellents ouvrages sur le lancer dont Le lancer de la mouche, ses différentes techniques de Joan Wulff, ainsi que La pêche à la mouche, le style scandinave d’Henrik Mortensen. De plus, ils ont consulté une bonne trentaine d’articles tirés du fameux Master instructor test study

guide de la FFF, des articles de Macauley Lord, Bruce Richards, Mel Kreieger, Al Kyte, Alan Rohrer et bien d’autres. Sans compter la tonne de vidéos qu’ils visionnaient soir après soir. Après ce marathon de lectures et de visionnements, ils étaient fins prêts pour leur examen écrit auquel ils ont été presque parfaits. Ce test compte 36 questions et ils devaient avoir au moins 30 bonnes réponses pour réussir. Je dis « presque » parfait et vous allez comprendre pourquoi… Après le test écrit, ce fut au tour du test pratique. Les maîtres Rick Whorwood et Marty Tannahill étaient les examinateurs et Pascal faisait office de traducteur. L’examen pratique comporte des épreuves de distance, de précision, de contrôle de boucles, de lancers de présentation, de lancers roulés, et ce, autant en lancer régulier qu’en revers (par-dessus l’épaule opposée). L’élève doit expliquer clairement comment faire des boucles ouvertes, des boucles moyennes ou encore des boucles serrées, autant en lancer « over head » que roulé. L’élève doit aussi démontrer quelles sont les causes des fameux « tailing loop », expliquer les différents « casting stroke » en lien avec

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Selma, Sabrina, Alain Laprade et Joanie, tous très fiers d’avoir réussi leur examen au Forum Spey de Sherbrooke au printemps 2012.

Session de pratique en gymnase. De gauche à droite Selma, Sabrina, Pascal Moreau, Joanie et Pierre-Luc

la distance, expliquer la double et la simple traction, faire un lancer de distance d’au moins 75 pieds et j’en passe.

de CCI. Il le raconte avec tellement d’humour que la tension tombe et nos deux examinateurs lui offrent de repasser le test à l’automne. Il n’en fallait pas plus pour que Pierre-Luc retrouve le sourire et nous avons passé le reste de l’été à pratiquer et à étudier deux fois plus fort.

Les résultats Après cet examen, ils sont tous venus me voir, complètement paniqués avec la certitude qu’ils avaient échoué ! Comme je les avais entraînés moi-même, je me doutais bien que ce n’était pas le cas. Cela dit, les résultats n’étaient dévoilés que le lendemain matin et les pauvres n’ont pas beaucoup dormi cette nuit-là. À l’heure dite, Marty et Rick arrivent pour rencontrer tout le monde individuellement et donner les résultats, mais nous faisons d’abord une rencontre entre nous (Marty, Rick, Pascal et moi) pendant laquelle ils m’apprennent que Pierre-Luc a échoué. Catastrophe ! C’est moi qui dois lui traduire la mauvaise nouvelle et comme je le craignais, il s’effondre littéralement. Marty est travailleur social dans la « vraie » vie et tente de le consoler, mais le pauvre est comme une barre d’acier et n’a qu’une idée, fuir au bout du monde. D’ailleurs, aussitôt qu’il quitte la salle, il se sauve dans les bois pour pleurer toutes les larmes de son corps. C’était tellement triste, que je suis resté muet comme une carpe, incapable de dire le moindre mot. Quand les filles ont vu Pierre-Luc sortir dans cet état, elles se sont mises à paniquer ! Une par une, elles sont entrées à reculons dans la grande salle, mais comme les nouvelles étaient bonnes dans leur cas, elles se sont calmées et l’angoisse a fait place à l’euphorie. En fait, elles sautaient de joie ! Cela m’a « recrinqué » et je suis parti à la recherche de Pierre-Luc dans les bois. Quand je l’ai enfin localisé, j’ai trouvé les bons mots pour l’apaiser. De retour auprès des autres, Joannie m’annonce que Rick et Marty veulent absolument me voir avec PierreLuc. Aussitôt là, Marty me demande de traduire à Pierre-Luc comment il s’était lui-même planté lors de son premier test

Pour femmes seulement Entre temps, Rick m’écrit pour me proposer une formation privée « pour femmes seulement » avec la célébrissime April Vokey, elle-même CCI. Je vois là une belle occasion pour mes instructrices certifiées recrues de prendre des trucs d’une autre instructrice certifiée beaucoup plus expérimentée. Le plan est simple : pendant que Selma, Sabrina, Joannie, mais aussi mes jeunes Lydia, Valentina, Anne et Alexandra assistent à cette formation « for girls only », Marty et Rick repassent Pierre-Luc en examen et je suis le traducteur désigné. À la bonne heure ! Au mois d’octobre, nous débarquons donc chez Rick et le tout se déroule à merveille. Non seulement Pierre-Luc réussit son examen, mais il fait même un sans-faute. Quel soulagement ! De leur côté, les filles découvrent toute une passionnée en April Vokey et le lendemain, pour fêter ça, nous allons pêcher au pied des chutes du Niagara. Vers la fin de la journée, pour couronner ce super week-end, je capture mon premier saumon chinook sous l’œil attentif des jeunes qui « capotent » littéralement (tout comme moi d’ailleurs !) Pour terminer, je vous annonce que nous retournons chez Rick l’automne prochain pour une autre formation « pour femmes seulement ». Cette fois-ci, il s’agit d’une clinique Spey animée par une autre CCI de renom, Adrienne Comeau. Pendant ce temps, un autre de mes protégés, Charles Lévesque, va tenter d’obtenir son accréditation et s’il continue d’étudier et de pratiquer comme il le fait actuellement, il devrait réussir haut la main. Je vous tiendrai au courant bien entendu ! Saumons illimités 43

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Succès reproducteur des saumons ensemencés :

Le cas de la rivière Malbaie Par Charles Perrier et Louis Bernatchez, Centre Interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique (CIRSA), Département de Biologie, Université Laval Charles Perrier

Un questionnement autour des pratiques d’ensemencement

menacer l’avenir des populations sauvages et réduire le bilan positif de l’ensemencement.

Les ensemencements de poissons sont très répandus et sont généralement effectués afin de maintenir la pérennité de certaines populations piscicoles en déclin. Bien que ces pratiques de gestion permettent de maintenir ou d’augmenter à court terme le nombre d’individus dans les populations naturelles ciblées, elles peuvent également présenter certains inconvénients. En effet, les ensemencements peuvent affecter à plus ou moins long terme la biologie des populations et l’écologie des écosystèmes. Par conséquent, il est nécessaire d’étudier l’efficacité des ensemencements ainsi que d’évaluer leurs potentiels effets négatifs sur les populations et leur environnement, afin d’améliorer les techniques de gestion et de conservation des populations.

Mesure des effets des ensemencements sur la rivière Malbaie

Bien que les ensemencements de saumons atlantique ont tendance à diminuer au Québec, ils demeurent un outil de gestion préconisé compte tenu de l’importance sociale et économique de ce poisson, roi de la pêche à la mouche, mais également très vulnérable. De nombreux bénéfices ont été obtenus suite à ces ensemencements, dont le rétablissement de certaines populations. Cependant, les recherches scientifiques menées afin d’améliorer ces techniques suggèrent qu’il existe des changements dans le comportement, la morphologie et le patrimoine génétique des saumons ensemencés. Notamment, les poissons captifs semblent plus agressifs et leur migration en mer ainsi que leur fertilité pourraient être réduites. En ce sens, ces modifications peuvent

En collaboration avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), le Centre interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique (CIRSA) a mené une vaste étude de l’efficacité des ensemencements réalisés sur la population de saumons atlantique de la rivière Malbaie dans Charlevoix. Les premiers résultats de cette étude, publiés en 2008 par Simon Blanchet, David J. Paez, Louis Bernatchez et Julian J. Dodson, mettent en évidence d’importantes modifications comportementales, notamment une plus grande agressivité chez les poissons ensemencés sur cette rivière. Ces poissons nés en captivité présentaient également certaines différences morphologiques. Les analyses suggéraient enfin une plus faible variabilité génétique parmi les individus issus d’élevage, probablement due à un nombre de géniteurs réduit par rapport à la population sauvage. Étant donné l’ensemble des modifications mises en évidence chez ces poissons nés en captivité, la question de leur capacité à se reproduire efficacement en nature était posée. Emanuel Milot et Charles Perrier, post-doctorants supervisés par Louis Bernatchez, ont mesuré, en collaboration avec Julian J. Dodson et Lucie Papillon, le succès reproducteur de ces saumons ensemencés sur la rivière Malbaie. Pour ce

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Voyage de pêche à Cuba S'inscrire au gym Ranger le Garage Arrêter de fumer Isla de la juventud - Jardines de la Reina Cayo Largo - South Ana Maria CAYO ROMANO CAYO CRUZ Saumons illimités 45

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d’élevage (Figure 1), ce qui est relativement faible compte tenu du nombre de poissons ensemencés, mais suffisamment important pour que l’on s’intéresse de près à la destinée de ces poissons.

Tacons destinés à l’ensemencement Photo : Yanick Soulard

faire, les géniteurs utilisés à la pisciculture pour produire les tacons et saumoneaux déversés et les 876 adultes remontant la rivière Malbaie en 2002, 2003 et 2004 ont été échantillonnés lors de leur passage au barrage. Plus de 1700 juvéniles, issus de la reproduction des adultes qui ont monté la rivière ces trois années-là ont également été collectés sur la rivière aux étés suivants en 2003, 2004 et 2005. Le patrimoine génétique de l’ensemble des adultes et juvéniles a été caractérisé à huit marqueurs génétiques. Les familles ont ensuite été reconstituées par analyse des relations parentales entre les individus. Ces reconstitutions des familles ont permis de déterminer l’origine des adultes : sauvage ou élevage. La lecture des écailles des adultes a également permis de déterminer si les poissons avaient été ensemencés saumoneaux ou non. Ensuite, le nombre de rejetons assigné à chaque adulte a été estimé afin de déterminer le succès reproducteur des deux groupes, ceux provenant de l’élevage et ceux issus de populations naturelles. Les âges de mer (madeleinaux vs grand saumon) ont également été comparés entre les adultes sauvages et d’élevage afin de mettre en évidence d’éventuelles modifications de la stratégie migratoire des poissons ensemencés. Ultimement, cette étude a permis d’établir le lien entre l’origine des adultes (nés en nature, ensemencés tacons ou saumoneaux), leur stratégie migratoire (madeleinaux vs grand saumon) et leur succès reproducteur.

En comparant l’âge de mer des saumons, il a pu être montré que les poissons ensemencés au stade saumoneau revenaient davantage en madeleinaux (88%) que les saumons nés en rivière (64%) ou ceux ensemencés au stade tacons (54%) (Figure 2). Par conséquent, l’élevage prolongé jusqu’au stade saumoneau pourrait induire des modifications importantes dans la stratégie migratoire des individus et notamment une réduction de leur temps de séjour en mer. D’autre part, cette étude suggère qu’un court temps de séjour en pisciculture suivi d’un ensemencement au stade tacon entrainerait certainement peu ou pas de modification du temps de séjour en mer des saumons. Donc, cette stratégie d’ensemencement au stade tacon serait possiblement optimale comparativement à l’ensemencement au stade saumoneau.

Un succès à la reproduction diminué Les individus nés en pisciculture et ensemencés tacons avaient un succès reproducteur environ 1,4 fois inférieur à celui des poissons nés dans la rivière. Plus impressionnant encore, les poissons relâchés au stade saumoneau avaient un succès reproducteur environ 2,4 fois inférieur à celui des poissons sauvages (Figure 3). Ainsi, cette étude met en évidence d’une part qu’une seule génération en captivité pourrait réduire significativement le succès reproducteur des poissons ensemencés. En outre, un plus long temps d’élevage en pisciculture est plus préjudiciable au succès reproducteur futur des individus. Ceci s’explique notamment par un retour plus précoce, au stade madeleinaux, donc à une taille et avec un succès reproducteur inférieur à ceux des grands saumons. Aussi, même si le succès reproducteur moyen des poissons ensemencés tacons est affecté, il l’est moins que celui des poissons ensemencés saumoneaux. Ce résultat suggère donc également qu’un court temps de séjour en pisciculture grâce à un ensemencement au stade tacon est moins préjudiciable au succès reproducteur des adultes qu’un ensemencement au stade saumoneau.

Recommandations Une faible contribution de la pisciculture et une grande proportion de madeleinaux Les résultats obtenus ont démontré qu’environ 33% des saumons adultes remontant la rivière Malbaie étaient d’origine

De nombreuses études ont déjà démontré que les procédés d’élevage en pisciculture produisent des individus moins performants, comparés aux poissons sauvages, lorsqu’ils sont relâchés en nature. De fait, certaines de ces études préconisent un raccourcissement de la durée d’élevage afin de

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Figure 1. Pourcentage de poissons nés en nature, relâchés tacons et relâchés saumoneaux dans la rivière Malbaie lors de l’ensemble des remontées 2002 à 2004.

Figure 3. Succès reproducteur des saumons ensemencés tacons (en rouge) et saumoneaux (en bleu) relativement aux saumons nés en nature (pointillés verts) pour l’ensemble des 3 années de reproductions étudiées (2002 à 2004).

18 % Ensemencés saumonaux

15 % Ensemencés tacons 67 % Nés en rivières

Figure 2. Pourcentage moyen de grands saumons parmi les poissons nés en nature, relâchés tacons et relâchés saumoneaux dans la rivière Malbaie lors des remontées 2002 à 2004. Les barres noires représentent les écarts à la moyenne.

Pourcentage de grands saumons

60 %

50 % 46 % 40 %

30 %

36 %

20 %

10 %

12 %

0 % Nés en rivières

Ensemencés tacons

Ensemencés saumonaux

1.00

Succès reproducteur des saumons ensemencés

0.80 0.71

0.60 0.42 0.40

appuient donc le choix de relâcher les individus à des stades relativement précoces afin de maximiser les bénéfices des ensemencements sur le long terme, décision déjà prise par le comité gestionnaire de la rivière Malbaie. Par ailleurs et étant donné que cette étude indique que le succès reproducteur des poissons ensemencés tacons est également diminué, d’autres efforts de gestion seraient également à entreprendre, par exemple rendre les conditions d’élevage plus naturelles.

0.20

Remerciements 0.00 Ensemencés tacons

Ensemencés saumonaux

réduire les phénomènes de domestication en pisciculture et d’améliorer les performances des individus une fois relâchés en nature. En accord avec ces études, les résultats exposés ici confirment qu’un temps d’élevage plus important est préjudiciable à la stratégie migratoire des individus et conséquemment à leur futur succès reproducteur. Ces résultats

Nous remercions sincèrement E.Auclair, S. Blanchet, P.A. Paradis, P. Duchesne, CIRSA, Québec-Océan, G.L. Duhaime (Corporation de soutien aux Initiatives de Recherche sur le Saumon Atlantique), R. Desbiens (Saumon Rivière Malbaie Inc.), R. Lesage, and R. Parent (MDDEFP) pour leur collaboration. Merci également aux financeurs CRSNG stratégique et Réseau Aquaculture Québec. Références Les résultats détaillés de cette étude sont disponibles dans un article détaillé dans la revue Evolutionary Applications : Milot E., Perrier C., Papillon L., Dodson J., Bernatchez L. 2013. Reduced fitness of Atlantic salmon released in the wild after one generation of captive-breeding. Evolutionary Applications. doi: 10.1111/eva.12028. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/eva.12028/full Saumons illimités 47

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Un mot du vice-président à la pêche sportive Opération « Nouveaux membres » Texte de David Saint-Laurent

Pour faire suite à mon article paru dans le dernier numéro qui faisait état de l’importance de s’impliquer, en voici un autre sur un sujet qui me tient à cœur : le membership. David Saint-Laurent Photo : Jean-René Parenteau

A

u fait, c’est quoi un membre  ? On peut le définir comme une personne ou une corporation qui décide de joindre une association, une communauté, une fédération, dans notre cas pour s’unir et former une grande famille avec des intérêts communs.

Pourquoi devenir membre de la FQSA ? Selon moi, la principale motivation est de donner son appui à un organisme expérimenté et très crédible pour protéger le saumon et aussi nos intérêts comme pêcheurs sportifs. Les enjeux sont nombreux et les défis sont grands. Il est très important que nous soyons représentés adéquatement auprès de toutes les instances gouvernementales et de tous les intervenants associés à la faune. En devenant membre, on est dorénavant partie prenante de l’effort collectif et des décisions de la Fédération. De plus, cela permet d’élargir nos connaissances sur tout ce qui touche le saumon, tout en développant notre réseau de contacts à travers les différentes activités de la Fédération. Relevez le défi ! Le cap des 1000 membres est presque atteint. Bien que le membership est en croissance depuis deux ans, nous observons un plafonnement au cours des derniers mois. Pour cette

raison, je fais appel à vous tous pour relever le défi de recruter un nouveau membre pendant la prochaine saison de pêche. Comment trouver cette personne ? Je suis sûr que parmi votre cercle d’amis pêcheurs, il y a des gens qui ne savent pas que vous êtes membre. Soyez fier de le dire et de les informer sur les mérites de votre Fédération et sur ce qu’elle a accompli sur le terrain, ex. les programmes « Mentorat », « Histoires de saumon », « Soutien à la promotion et à la relève »,etc. Mentionnez-leur également que le magazine Saumons illimités constitue à lui seul un bénéfice très apprécié des membres. En passant, au moment d’écrire ces lignes, nous travaillons à vous offrir une assurance-vie lors de votre renouvellement annuel. Une autre façon de rehausser le membership est de devenir « membre familial ». Ajoutez votre conjoint(e) pour aussi peu que 10 $ et c’est réglé, votre nouveau membre est trouvé. Même vos enfants peuvent y adhérer de cette façon. Il se vend entre 10 000 et 12 000 permis de pêche au saumon pour les résidants du Québec. Parmi eux, Il y en a à peine 10 % qui sont membres de la FQSA. Dans le tableau 1, on peut voir que seulement 15% du membership provient des trois régions où pourtant la pratique de la pêche au saumon est forte (Saguenay, Bas St-Laurent et Gaspésie). Il y a sûrement place à amélioration. Dans le tableau 2, on peut observer une donnée inquiétante, soit que la relève représente seulement un maigre 1% du membership. Là aussi, il y a place à développement, d’autant plus que ça coûte seulement

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DISTRIBUTION DES 945 MEMBRES EN DATE DU 2 AVRIL 2013 250

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0

2

CatégorieS de membreS en date du 2 avril 2013 Junior 1 %

10 $ aux jeunes pour devenir membre. En résumé, aidez-nous à aller chercher de nouveaux membres. Lorsque je vous parlais de s’impliquer dans le dernier numéro de Saumons illimités, c’est ici que ça prend tout son sens. Dans le prochain numéro de décembre, je vous dévoilerai les résultats de cet effort collectif de recrutement.

Associé 4 %

Associé et conjoint 0,5 %

Conjoint 23 %

Individuel 49 %

Relevons ce défi, ensemble, pour agrandir de façon significative la grande famille de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique.

ASF 0,5 %

Familial 15 %

Merci à vous tous pour ce geste d’IMPLICATION ! Familial et conjoint 7 %

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Descendre et pêcher la Russian River

Les saumons rouges d’Alaska…

toujours fidèles à la Kenai river Texte et photos de Gilles Ouellette, biologiste

Juillet 2012, nous sommes en route pour le Yukon et l’Alaska, son voisin de frontières. Au terme d’un parcours de 10 000 km vers l’Ouest canadien depuis la Gaspésie, nous arrivons à la ville nordique d’Anchorage. Gilles Ouellette

R

avitaillement, plein de carburant, et nous quittons l’Alaska Highway pour la très panoramique route Stirling. Elle nous amènera au cœur de la péninsule de Kenai où chaque été une partie des 1,2 million de saumons rouge écarlate entrent d’abord dans la rivière Kenai et ensuite dans sa légendaire Russian river. Ils y termineront leur voyage depuis les riches pâturages marins pour frayer.

Étrange constat de réaliser à travers cet échange cordial que les biologistes et gestionnaires des stocks de saumon de la région centrale sud de l’Alaska (voir carte ci-bas) craignent les effets néfastes de l’invasion par les saumons atlantiques provenant des fermes d’élevage de Colombie-Britannique sur les stocks des cinq espèces de saumon indigènes de l’Alaska.

Intéressé à connaître la gestion du saumon en Alaska, je suis donc allé au bout de ma curiosité scientifique et aux sources de l’information, en arrêtant « jaser saumon » avec Robert N. Begich à Soldotna. Au sein de l’Alaska Fish and Game Department, Robert est reconnu comme « Monsieur Saumon » de la très populaire Kenai river et de ses tributaires.

Paradoxalement, au Québec, c’est le cas inverse pour nous et j’ai expliqué à Robert que les invasions de chinook, de steelhead ou de truite arc-en-ciel provenant des ensemencements ontariens et québécois préoccupent mes collègues biologistes. Les habitats du saumon atlantique et de l’omble de fontaine anadrome sont menacés par des espèces du Pacifique.

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Grizzly pêchant dans la Russian river

La Russian river…une méga frayère Depuis notre site de camping du bucolique Russian River State Forest Park, on entendait les cris rauques des hordes de goélands affamés qui se gavaient de la chair des abondantes carcasses rouges en décomposition qui dérivaient dans le courant. Dix minutes de descente par le sentier des pêcheurs qui mène à la rivière et nous voilà au beau milieu d’un incroyable spectacle « sons et couleurs ». Il faut savoir que la Russian river est une longue frayère de 12 km, un tributaire d’à peine 50 mètres de largeur où, en juillet et août, les pêcheurs passionnés scrutent les mouvances de saumons sockeye dans leurs parades d’accouplement. Dans souvent moins de 30 cm d’eau, les saumons partent dans toutes les directions, ils descendent, remontent, en frétillant vigoureusement, les eaux cristallines de la frayère et ils nous touchent parfois les bottes au passage. Dans leurs ébats, ils se soucient peu qu’ils seront la cible des puissants crocs de maman ours qui pêche pour ses apprentis pêcheurs, deux oursons d’à peine 20 kg. Pour les saumons de la Russian river, la survie de l’espèce prévaut à la survie de l’individu, comme le dicte bien souvent mère nature. Quand la grande ourse et sa ribambelle surgissent lentement et nonchalamment des grandes fougères qui bordent la rivière et s’approchent pour croquer un dos de sockeye, seuls les goélands demeurent avec eux et continuent de partager l’espace dans la frayère. (on dit l’Ours brun si on veut

parler de l’espèce et aussi Grizzly quand il s’agit du même animal qui vit loin de la zone côtière, dans les habitats de montagne). Les pêcheurs eux, sortent de la rivière et rejoignent les touristes qui épiaient la scène depuis le sentier en bois qui longe la Russian river, en gardant le silence. Devant le spectacle du festin des quadrupèdes affamés et des volatiles criards, les pêcheurs se transforment en paparazzis à qui mieux mieux. Dans la Russian river, après le passage des gros nounours bruns, le calme, la pêche et la sécurité reviennent.

Une manne venue de l’océan Pacifique… Ils sont venus nombreux pour profiter de cette manne saisonnière qui arrive directement de l’océan Pacifique. Certains sont venus simplement pour une balade en terre du sockeye et des ours, d’autres pour prendre leur quota de poissons et retourner au camping se faire de succulents BBQ. Mais depuis des siècles, cette manne profite aux ours et aux goélands. En juin, la richesse planctonique du PacifiqueNord entre dans la rivière. Elle enrichit le bassin de la Kenai, ses lacs avoisinants et ses tributaires. Longtemps ignorés par les résidents alaskains, les « Reds », comme ils les surnomment, étaient difficiles à capturer dès leur arrivée en estuaire, pendant la transformation drastique de leur apparence.

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En juin s’organise un festival annuel des activités à Soldotna Un organisme à but non lucratif, le Kenai Watershed Forum, concentre ses efforts à la compréhension et la conservation des ressources des bassins de la Péninsule de Kenai. Un festival de trois jours, à la mi-juin, permet aux visiteurs et pêcheurs de comprendre les enjeux à travers diverses activités d’animation, de randonnées et d’initiation à la pêche au saumon. Le festival présente même sa mascotte, un sockeye ambulant d’une longueur de 6 mètres. Nos amis alaskains ne manquent pas d’imagination.

Saumons sockeye par centaines

De couleur argentée et gavés de zooplancton ou autres espèces de fourrage comme le lançon et les petits encornets, les saumons ne sont pas tentés par les leurres et les mouches artificielles des pêcheurs les plus expérimentés. Une économie de la pêche et une expertise se développeront dans la péninsule de la Kenai. L’engouement pour le sockeye s’est vite développé et a fait de la région de Soldotna, la capitale de la pêche, toutes espèces confondues. Dans l’eau jusqu’à hauteur des genoux, les pêcheurs arpentent la frayère et observent des dizaines de courses frénétiques des activités de frai des sockeye. Plus d’un million d’adultes sockeye se dirigeaient vers l’amont du bassin de drainage de la Kenai river en 2010. Mère nature prévoit la mort en échange de la survie de l’espèce pour que le cycle de vie continue. Au mois d’août dans la Russian river, pour Oncorhynchus nerka, se joue la fin et le début d’un cycle vital qui va durer 6 ans.

En Alaska on gère la pêche avec des outils qui se complètent Le coffre d’outils des gestionnaires inclut notamment les détections par SONAR (Sound Navigation And Ranging) et des outils non SONAR comme les pêches au filet expérimental, la trappe Roue-à-Aube ainsi que les recensements et enquêtes auprès des pêcheurs. La gestion des stocks sur la Kenai se fait par des biologistes et leurs techniciens qui manipulent ces outils appropriés pour obtenir des informations sur les fluctuations des montaisons des espèces de saumon. Ce programme d’inventaire est démystifié et interprété auprès des pêcheurs par le gouvernement d’Alaska, à l’aide de diverses méthodes (radio, documentaires, publications). Des chiffres provenant de l’Alaska Fish and Game font démesure par rapport aux montaisons du saumon atlantique. De 1990 à 2012, la moyenne des estimations de montaison est d’environ 930 000 poissons. En 2012, la montaison estimée fut établie à plus de 1 500 000 saumons sockeye.

Les cadavres rouges des reproducteurs jonchent les berges de la Russian, faisant les délices des aigles et des goélands qui y font bonne chère. Toute la richesse des pâturages océaniques est entrée dans la vallée de la Kenai. Entre l’émergence du gravier de la frayère et la migration pour une vie océanique, deux ou trois années d’alevinage en lac précèdent la smoltification. Dans un milieu riche de zooplancton et de larves d’insectes, les alevins dévalent lentement vers l’aval pour grandir dans un lac d’alevinage. Ils s’y retrouvent tôt au printemps, dès que leur sac de réserve est résorbé et ils y demeureront deux ou trois ans. Saumons illimités 53

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Les résultats des pêches expérimentales au filet maillant dans l’entrée de la grande baie Cook Inlet, couplés aux dénombrements par SONAR établiront cette courbe de la montaison avec son pic le 15 juillet. Cette courbe animait les discussions dans toute la communauté des pêcheurs de Soldotna durant l’été 2012.

S’y rendre, y séjourner et vivre les paysages de la Kenai Peninsula Création de Daniel Sol. Daniel est un artiste-sculpteur dont les oeuvres sont uniques.

Hommage à Daniel Sol, sculpteur de poisson

Deux cartes fournies par (WWW.publishersdesign.com) montrant le contexte de la Russian river et la péninsule de la Kenai.

Daniel Sol fait partie de ces artistes autodidactes français qui sont passionnés de nature. Son approche est originale, en ce sens qu’il sculpte ses œuvres en processus inversé. Il forme et habille ses créations avec du matériel à recycler (polystyrène, tiges de métal de rebus et tabliers de table en plastique). Dans le cas du saumon sockeye de 80 cm illustré ci-dessus, Daniel a terminé son oeuvre en appliquant des coups de pinceau avec de la gouache et de l’acrylique. Daniel est aussi un passionné des aquariums publics.

Crédit : Publishers design

Des références incontournables Le guide 2013 de l’Alaska Kenai river city vous est disponible au lien WWW.visitsoldotna.com Le Angler’s Guide to Fishing in Alaska et publié par l’Alaska Department of Fish and Game aux visiteurs et pêcheurs il est disponible au lien WWW.sf.adfg.state.ak.us Le guide Alaska Fishing-/The ultimate Angler’s Guide. Ce guide de 450 pages compilé par les experts René Limeres et Gunnar Pedersen est publié par Publisher Design Group. On peut visiter leur site WWW.publishersdesign.com, il existe sous la référence ISBN 192917011-4

L’artiste en action. Il prépare la surface à peindre (gouache recouverte d’un vernis) d’une sculpture d’un poisson en devenir.

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Gastronomie Duo de tartares de saumon et de bœuf Par Gilles Shooner, photos de Alain Hébert Tartare... voilà qui me fait frissonner à la seule évocation du sens mythologique qui me vient instantanément à l’esprit lorsque j’entends ce mot. Mais en matière de gastronomie, on est loin de l’image du Lieu des Enfers et des Punitions auquel il réfère. Les frissons de l’imagination d’un plat de chair crue de poisson ou de bœuf, marinée et relevée à point, prennent rapidement, et heureusement, la relève. Gilles Shooner Photo : Louiselle Boisclair

Si on aime... pourquoi alors ne pas déguster un duo de tartares de saumon et de bœuf, soit comme entrée ou comme plat principal? Une belle aventure dans les goûts raffinés dont même les plus réticents à tâter de la chair délicate, quasi crue, se souviendront.

Tartare de saumon (4 personnes) 1 morceau de saumon atlantique de 500 g, très frais.

Préparation du saumon : • Peu de temps avant le repas, enlever la peau et toute partie brune de la chair sous-jacente, puis couper le morceau de saumon en deux portions égales en les débarrassant des parties grasses des flancs.

• Faire geler légèrement pour faciliter les manipulations subséquentes. • Amincir les pavés en escalopes de 1/2 cm d’épaisseur et tailler en lanières de 1/2 cm de largeur. • Détailler finalement en petits cubes de 1/2 cm. • Déposer dans un ramequin, couvrir et réserver au froid. Saumons illimités 55

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Préparation de la marinade : Dans un plat creux, mélanger : • • • • • • • • • • •

Présentation du mets en entrée

1 c. à soupe de mayonnaise 1 c. à soupe de moutarde ancienne 1 c. à soupe de moutarde de Dijon 1 c. à soupe de sauce soja Kikkoman 2 c. à soupe de vinaigre de riz 2 c. à soupe de mirin 1 c. à thé de sauce asiatique piquante Sriracha 2-3 c. à soupe d’huile de sésame 10 câpres finement hachées 1 c. à soupe de basilic frais finement émincé 1 c. à soupe de ciboulette finement ciselée

Juste avant de servir, ajouter à cette marinade, les dés de saumon et un avocat détaillé en petits cubes puis, le jus d’un demi-citron. Mélanger délicatement le tout à l’aide d’une cuillère de bois. Réserver au frigo.

Tartare de boeuf (4 personnes) Préparation du boeuf : • Au préalable, couper une vingtaine de tranches de 1/2 cm d’épaisseur dans une baguette de pain. Détailler en bandes de 1/2 cm puis en petits cubes. Accumuler dans un plat creux. • Ajouter de l’huile d’olive pour imbiber légèrement les dés de pain. • Ajouter une pincée de piments broyés puis saler et poivrer en mélangeant avec les mains. • Déposer sur une plaque à pâtisserie et faire griller au four à 450oF, pendant 3 à 4 minutes. Surveiller très attentivement pour éviter de carboniser ! Réserver. Choisir un morceau d’environ 600 g d’intérieur de ronde de bœuf. C’est le choix de viande le plus judicieux en termes de goût et de coût. • Peu de temps avant de servir, couper le bloc de viande en tranches de 1/2 cm puis en lanières de 1/2 cm. Détailler les lanières en petits cubes de 1/2 cm. • Garder au frais, pendant la préparation, dans un plat creux disposé devant vous et reposant sur de la glace. • Ajouter en mélangeant : • 3 c. à soupe d’échalote française finement hachée en petits cubes • 3 c. à soupe de persil plat frais finement émincé • 3 c. à soupe de ciboulette ou d’estragon frais finement ciselé

Préparation de la marinade : Dans un plat creux, déposer : 2 c. à soupe de moutarde de Dijon 1 c. à soupe de moutarde de Meaux 2 c. à soupe de jus de ciron frais 10 câpres hachées 4-6 gouttes de sauce piquante Tuong ot Sriracha (ou un peu de piment d’Espelette) • 1 jaune d’oeuf • Fouetter vigoureusement tout en ajoutant environ 1/3 de tasse d’huile d’olive. • Ajuster le goût de la marinade en dosant Sriracha, moutarde, sel et poivre.

• • • • •

Intégrer cette préparation aux cubes de boeuf en mélangeant bien avec une cuillère de bois. Couvrir et placer au frigo pendant une demi-heure.

Entrée ou plat principal Comme entrée, le duo peut être servi en d’alléchantes verrines individuelles, surmontées de petits cubes de pain grillé et d’une pincée d’amandes effilées grillées. Décorer avec des brindilles de ciboulette. Comme plat principal, le saumon prendra place dans une assiette à côté du bœuf, les deux portions dressées généreusement avec un cercle de métal et séparées par une petite avalanche de frites allumettes accompagnées d’une mayo-maison à l’estragon ! Le tout décoré négligemment de feuilles de verdure fines. Un rosé sera un bon compromis pour aborder le duo !

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Babillard MOUCHEURS DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN (MMM) La formation des moucheurs est maintenant terminée, place aux sorties !

Les MMM seront aussi présents au Salon de la pêche à la mouche de Trois-Rivières, les 16 et 17 novembre prochains. Plus de détails sont disponibles sur le site http://www. moucheurs-mtl-metro.org/web/

• Domaine Bazinet, Lanaudière : samedi 1er juin 2013 • Rivière Ausable (New York) : samedi 8 juin 2013

NYMPHEAS

• Rivière La Diable, Mont-Tremblant : samedi 15 juin 2013

Vous voulez contribuer au financement du groupe de jeunes de Nympheas ? Conservez vos soies usagées et expédiez-les à l’adresse ci-dessous. Elles seront récupérées pour la fabrication et la vente de petits bracelets.

• Zec Baie-Trinité, Côte-Nord (Saumon) : du 6 au 12 juillet 2013 • Rivière Matane, Gaspésie (Saumon) : du 2 au 7 septembre 2013 • Rivière Doncaster, Sainte-Adèle : samedi 7 septembre 2013 • Pourvoirie Baroux, Mont-Tremblant : samedi 28 septembre 2013 Du nouveau cette année : des mentors seront présents à toutes les sorties des MMM ! Les cours et activités reprendront à l’automne dont le nouveau Cours de cuisine ! Eh oui, attraper le poisson est un art, mais l’apprêter comme un chef est tout autre ! S’ajoutent aussi les cours Montage de mouches 1, Nymphes 2, les mouches des Adirondack ainsi que le cours de montage de cannes. Les cours et stages de lancer toujours aussi populaires sont inscrits au calendrier d’automne; c’est l’endroit idéal pour apprendre le lancer à la mouche ou le perfectionner sous la supervision d’instructeurs dévoués et certifiés.

NYMPHEAS a/s Martine Bouchard École Dominique-Savio 373, rue Sainte-Claire, Saint-Urbain-de-Charlevoix, QC G0A 4K0 FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE (FQSA) La FQSA tiendra son XXVIIIe souper-bénéfice annuel, le vendredi 18 octobre 2013, au Théâtre Capitole. Inscrivez cette date à votre agenda ! Pour toutes informations, visitez le site de la FQSA au www.fqsa.ca ou communiquez avec Geneviève Fontaine Séguin au : • 418 847-9191, poste 3 • genevieve@saumon-fqsa.qc.ca

La nouvelle formule très appréciée des vendredis de montage sera reprise dès le mois d’octobre en alternant les soirées thématiques (montage libre) et les démonstrations de nos membres experts. Bien entendu, nos « jeunes » retraités continueront de socialiser les jeudis dès 10 h tout en fabriquant leurs mouches pour le Swap d’automne ou pour le simple plaisir de démontrer leur talent. La programmation de l’automne 2013 sera dévoilée lors de la soirée « Portes ouvertes » du 13 septembre et dans la prochaine édition du journal L’Éclosion.

Rivière Mitis

Une rivière à découvrir! Information (418) 775 775--5151 www.rivieremitis.com

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Photo :Charles Cusson

LA REMISE À L’EAU Un nouveau vidéo sur la remise à l’eau est maintenant disponible au www.fqsa.ca !

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XXVIIIe SOUPER-BÉNÉFICE

18 octobre 2013 La Fédération québécoise pour le saumon atlantique tiendra le vendredi 18 octobre 2013, son XXVIIIe souper-bénéfice annuel au Théâtre Capitole. Une excellente occasion de faire l’acquisition de toiles d’artistes reconnus et de merveilleux voyages de pêche tout en soutenant la cause. Inscrivez cette date à votre agenda ! Pour informations : Geneviève Fontaine Séguin | 418 847-9191, poste 3 ou genevieve@saumon-fqsa.qc.ca www.fqsa.ca

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