Magazine Saumon 86

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LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Saumons VOLUME 33, NUMÉRO 1 • HIVER 2010

illimités 86

À LA DÉCOUVERTE DE LA CASCAPÉDIA

AVALON

700$ / 5 €

Convention Poste-publications 40063917

Comme un roi dans les Jardins de la Reine



Sommaire

Numéro 86 Photo couverture : Marc Antoine-Jean Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca www.saumon-fqsa.qc.ca Éditeur : FQSA Coordonnateur : Marc-Antoine Jean, majean@saumon-fqsa.qc.ca Collaborateurs : Gérard Bilodeau, Pierre Manseau, Richard Sirois, Michel Jean, Gilles Shooner, Bernard Beaudin. Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 10 $) Abonnement au magazine Saumons illimités 25 $ (hors Canada ajouter 10 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.

4 Mot du président

8 Les statistiques du MRNF . pour 2009

25 Comme un roi dans les Jardins de la Reine

ECHOS DES RÉGIONS 10 La rivière Cascapedia

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FQSA Président : Yvon Côté Secrétaire : André Baril Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : Claude Hamel, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : Yannick Chuit, François Chapados, Marc Dancose • Québec et Saguenay : David St-Laurent, Michel Ouellet Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie Picard Vice-présidence à la gestion des rivières : Pierre-Paul Turcotte, président de la Société de gestion de la rivière Matane • Rive sud : Marco Bellavance et Paul Morris Leboutiller, administrateurs à l’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski • Rive nord : Georges Gagnon, directeur général de la Société d’aménagement de Baie-Trinité poste Denis Lavigne, directeur général de l’Association protection rivière Aux Rochers Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean-Claude Villeneuve Représentant de la FPQ : Dominic Dugré

ÉCOLE DE PÊCHE 32 La chasse au saumon 14 Le musée de la Cascapédia 38

Représentants gestionnaires (2) : Ronald Desbiens, Saumon de la rivière Malbaie, vacant Délégués externes : • CIRSA : Gilles L. Duhaime • FSA : Charles Cusson • CIFQ : Vacant • Relations extérieures : Pierre Tremblay Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina

Index des publicités

APRM.............................................................................................37 Avalon............................................................................................ 29 Camp Bonaventure....................................................................... 7 Camp de la Haute Madeleine................................................... 45 Encan Faune FFQ........................................................................ 43 FQSA............................................................................................. 54 Fondation de la faune du Québec............................................... 7 GTH Sport..................................................................................... 28 Guideline........................................................................................ 13 Hydro-Québec............................................................................. 53 La Capitale.......................................................................................2 L’Atelier du moucheur................................................................ 23 Latulippe..........................................................................................2 Pavillon de la rivière Saint-Jean................................................. 49 Pourvoirie Etamamiou................................................................ 23 Pourvoirie des Lacs Robidoux.................................................. 23 Salon Expert chasse et pêche.................................................. 56 Salmon Lodge............................................................................... 17 Saumon Québec............................................................................6 Sexton & Sexton.......................................................................... 13 Société Cascapédia inc.............................................................. 13 Temple Fork Outfitters................................................................ 49 UNI....................................................................................................6

LE CONSEIL DES GOUVERNEURS 2008-2009 MEMBRES CORPORATIFS Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Fondation Blairmore MEMBRE INDIVIDUEL M. John E. Houghton

ÉCHOS DE FRANCE

16 Salmon Lodge 44 La relève familiale 18 Anecdotes dans les branches 45 Hommage à Lucien Rolland

JE MORDS À LA MOUCHE 20 Pour une meilleure gestion de la truite de mer

48 Babillard 51 Mouche au logis

CUISINONS 36 Saumon fumé à câpres croustillantes


Mot du président

La pêche,

J

plus qu’une piqûre, un mode de vie

e tourne la dernière page du plus récent livre de Mario Viboux, intitulé « Le Bonheur au bout de la ligne » et je suis encore sous le coup de l’adrénaline. À cette période-ci de l’année, au beau milieu de l’hiver, la parution du bouquin de Mario tombe comme un cadeau du ciel. Mario nous fait partager ses pérégrinations de par le monde à la recherche de défis de pêche, de sensations nouvelles, de rencontres impromptues, de situations de pêche cocasses, le tout sur le ton de l’humour et dans un style trépidant qui nous transmet si bien la passion qui l’anime.

Je ne peux m’empêcher de me remémorer le livre écrit, il y a quelques années, par Karine Caine « Rivers of passion ». Voilà deux bouquins, l’un par une femme, l’autre par un homme - comme de quoi la pêche n’est pas l’apanage des mâles - qui témoignent de l’expérience de vie de deux personnes pour qui la pêche a été la motivation centrale de toute une vie, dans le cas de M. Viboux, et qui a été à la source d’une quête incessante jusqu’à l’atteinte de l’objectif, dans le cas de K. Caine. La pêche est devenue leur mode de pensée, leur mode de vie. Le pêcheur, au sens générique, est un Homo sapiens différent, une manière de sous-espèce qui se comporte comme tel et qui voit le monde différemment. Tel Foridian, le guide de Mario à Cuba qui, chemin faisant en route vers le « spot » de pêche selon l’expression de Mario, fait un arrêt sur un pont, question de vérifier le niveau d’eau et détecter la présence éventuelle de poissons. On a tous fait ce geste si simple, instinctif je dirais, qui témoigne ce besoin de savoir, ce sens de l’observation que développe tout pêcheur s’il veut avoir du succès à la pêche. Mais attraper du poisson, même si on le souhaite tous, n’est pas le but unique de la pêche car, un jour ou l’autre, « la bredouille », comme le dit si bien Mario, nous guette tous. Dans le cas de la pêche du saumon, je dirais même 4 Saumons illimités

plus souvent qu’autrement pour la majorité d’entre nous. Malgré tout le pêcheur, le vrai, persiste. La patience, la persévérance voilà deux autres qualités essentielles que les anecdotes de Mario mettent en évidence. Et combien d’autres qualités, de comportements distinctifs du pêcheur et de personnages pouvons-nous découvrir au fil des pages de ce bouquin ! Comme par hasard, mais certainement dans la même veine que Mario, SAUMONS ILLIMITÉS a voulu profiter de la livraison d’hiver DU magazine des saumoniers pour leur réinjecter une dose de rappel du virus de la saumonite, pour réactiver leur passion, si tant est qu’ils en avaient besoin. Le lecteur y découvrira la Cascapédia, la mère des rivières dirait Marc Gauthier, le directeur général de la Société Cascapédia. David Saint-Laurent nous révèle la naissance de sa passion transmise par son père et l’ensemble du clan Saint-Laurent. André Baril nous relate son expédition de pêche avec le doyen des pêcheurs québécois, Lucien G. Rolland, globetrotterpêcheur, qui à 92 ans emboîte le pas de son guide dans les rocailles de la rivière Madeleine pour taquiner le saumon avec des mouches 16. Il a encore bon pied, bon œil notre doyen. La passion du pêcheur ne connaît pas de limites géographiques ou d’espèces comme en témoigne l’article de Thibault Millet sur la truite de mer et celui de Pierre Manseau sur la pêche à Cuba, en période hivernale. André Paradis, photographe professionnel, saumonier aguerri, à l’instar de Mario pour Jeff l’Albertain rencontré à Cuba, partage avec ses collègues saumoniers les secrets qui lui ont valu du succès. Le vrai pêcheur a le sens de la communauté. Bonne lecture.

Yvon Côté, président


Angling, more than just being hooked, a way of life

I

I just turned the last page of the most recent book by Mario Viboux entitled « Happiness at the End of the Line » and I’m still feeling the effects of an adrenaline rush. At this time of the year, in the midst of winter, the release of Marios’ new novel is truly a gift from above. Mario shares with us his adventurous travels through people in search of new fishing challenges, new sensations, impromptu personal encounters, and amusing fishing situations, and all done with a touch of humour and in a vibrant style that transpires the very passion that drives him. I can’t help recalling another book « Rivers of Passion » written a couple of years ago by Karine Caine. Here are two books, one by a man, the other by a woman (clearly debunking the notion that fishing is the exclusive domain of men) that describes the lifetime experiences of two people for whom fishing, as in the case of Mr. Viboux has been a core motivation throughout his life, and in the case of Ms. Caine, the source of an incessant quest towards attaining her objectives. For them angling became a way of thinking, their way of life. An angler, in the generic sense, is a different sort of Homo sapiens, some kind of subspecies I would imagine, that behaves as such and sees the world in a different light. Take for example Foridian, Marios’ Cuban guide who, on the way to the fishing «spot» as Mario describes it, stops on a bridge to checkout the water level and maybe the presence of some fish. We’ve all done this simple gesture. It’s almost instinctive I would say, and shows our need to know, this special sense of observation that all anglers develop if they ever hope to become successful at fishing. But catching fish, even if we all hope for it, is not the only goal of fishing, since one day or later, going home «empty handed» as Mario put it so well, eventually happens to all of us. And which, I would add in the case of salmon fishing, is a reality that occurs more often than not for the vast majority of us. In spite of it all, anglers, the true ones,

persist. Patience and perseverance are two other essential qualities that Marios’ anecdotes continually bring into the spotlight. And how many more other qualities, distinctive angler behaviours and personalities can we discover while reading the pages of this fascinating book. As by chance, but certainly in the same vein as Mario, SAUMONS ILLIMITÉS also wanted to take advantage of the winter edition of our salmon anglers’ magazine to inject our readers with a booster shot of the «salmonite» virus in order to reactivate their passion, if they so need one. In this issue, readers will discover the majestic Cascapédia, the mother of all rivers would say Marc Gauthier, Director-general of the Cascapédia River Corporation. David Saint-Laurent will also reveal the beginnings of his passion transmitted to him by his father, as well as by the entire Saint-Laurent Clan. André Baril describes his fishing expedition with the dean of Quebec anglers, Lucien G. Rolland, a globetrotting angler, who at the age of 92 has no trouble keeping in step with his younger guide amongst the rocks on the Madeleine River, in order to entice salmon with number #16 flies. He still has a steady foot and a very keen eye, our Dean. Angler passion is not limited by geography, or to a single fish species, as we learn in the articles by Thibault Millet on sea trout and the one by Pierre Manseau, on fishing in Cuba during the winter season. André Paradis, professional photographer, and experienced salmon angler, who like Mario for Jeff the Albertain he met in Cuba, shares with his angler colleagues the secrets of his fishing success. A true angler has a close community spirit. Enjoy Reading. Bonne lecture.

Yvon Côté, president Saumons illimités 5


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STATISTIQUES DE PÊCHE SPORTIVE AU S Données fournies par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune Nom de la rivière Mad. Bonaventure Cascapédia Causapscal Kedgwick Matapédia Nouvelle Patapédia Petite rivière Cascapédia Total Q1

Réd. 328 20 1 10 542 10 46 34 991

0 83 88 18 656 0 28 0 873

328 103 89 28 1 198 10 74 34 1 864

5 082 3 866 306 237 7 376 451 813 1 029 19 160

0,06 0,03 0,29 0,12 0,16 0,02 0,09 0,03 0,10

Dartmouth De l’Anse à la Barbe* Du Grand Pabos Du Grand Pabos Ouest Du Petit Pabos Grande Rivière Malbaie Petite rivière Port-Daniel* Port-Daniel du Milieu* Port-Daniel Nord Saint-Jean York Total Q2

63

35

98

952

0,10

11 27 6 86 0

0 0 0 31 0

11 27 6 117 0

162 117 133 727 24

14 96 195 498

0 3 349 418

14 99 544 916

35

0

43 218 155 11 79 81 _ 622

Cap-Chat De Mont-Louis* Madeleine Matane Mitis Ouelle Rimouski Sainte-Anne Sud-Ouest* Total Q3 Du Gouffre Jacques-Cartier* Malbaie (Charlevoix) Total Q5 À Mars Petit Saguenay Sainte-Marguerite Sainte-Marguerite Nord-Est Saint-Jean Total Q6 Aux Anglais* Aux Rochers Betsiamites* De la Trinité Des Escoumins Du Calumet* Franquelin* Godbout Laval Mistassini* Pentecôte Petite rivière de la Trinité* Total Q7 Aguanus Au Bouleau De la Corneille Jupitagon Magpie Matamec* Mingan Moisie Nabisipi Natashquan Petite rivière Watshishou Piashti Pigou Romaine Saint-Jean (Moy. Côte-Nord) Sheldrake* Watshishou Total Q8

8 Saumons illimités

Captures rapportées Total jours-pêche

Effort (cap./j-p)

Succès à l’eau

Remises Ajusté 1

Succès

816 1 061 18 1 284 13 26 154 2 373

0,23 0,30 0,35 0,12 0,20 0,05 0,12 0,18 0,22

0,07 0,23 0,05 0,16 0,00

13 17 13 35 0

0,15 0,38 0,14 0,21 0,00

67 1 695 4 477 8 354

0,21 0,06 0,12 0,11

3 409 142 632

0,25 0,30 0,15 0,19

35

633

0,06

66

0,16

30 304 85 68 0 19

73 522 240 79 79 100

759 6 021 1 691 397 821 1 839

0,10 0,09 0,14 0,20 0,10 0,05

48 30 86 0 31 252

0,16 0,09 0,19 0,20 0,13 0,19

506

1 128

12 161

0,09

513

0,13

68

0

68

1 871

0,04

100

0,09

43 111

0 0

43 111

614 2 485

0,07 0,04

55 155

0,16 0,11

6 10 14 53 12 95

0 0 0 0 0 0

6 10 14 53 12 95

791 424 1 847 532 744 4 338

0,01 0,02 0,01 0,10 0,02 0,02

53 29 88 125 43 338

0,07 0,09 0,06 0,33 0,07 0,10

30

40

70

1 003

0,07

102

0,17

23 20

0 0

23 20

627 458

0,04 0,04

20 46

0,07 0,14

41 0

0 1

41 1

675 77

0,06 0,01

162

0,30

11

10

21

420

0,05

125

51

176

3 260

0,05

330

0,16

0 0 12 10 0

9 0 10 3 0

9 0 22 13 0

116

0,08

1

0,09

131 200

0,17 0,07

18 1

0,31 0,07

4 6 11 58 15 7 0 4 22

48 303 42 529 2 0 0 7 108

52 309 53 587 17 7 0 11 130

136 3 062 88 1 163 67 32

0,38 0,10 0,60 0,50 0,25 0,22

508 15 0 31 0

0,27 0,77 0,50 0,72 0,22

52 850

0,21 0,15

67

0,23

4 153

14 1 075

18 1 228

135 6 032

0,13 0,20

136 777

1,14 0,33


U SAUMON PAR RIVIÈRE EN 2009 Nom de la rivière Mad. Brador Est Chécatica Coacoachou Coxipi Du Gros Mécatina Du Petit Mécatina Du ruisseau au Saumon Du ruisseau des Belles Du Vieux Fort Étamamiou Kécarpoui Kégaska Musquanousse Musquaro Napetipi Nétagamiou Olomane Saint-Augustin Saint-Augustin Nord-Ouest Saint-Paul Véco Washicoutai Total Q9

Réd.

Captures rapportées Total jours-pêche 1 0

15 0

0 77

0 3

3 1 40 225 10 12 8 28 2

Succès à l’eau

Remises Ajusté 1

Succès

40

0,38

0 80

111

0,72

36

1,05

0 0 3 53 0 5 5 2 0

3 1 43 278 10 17 13 30 2

8 3 170 331 72 69 35 94 95

0,38 0,33 0,25 0,84 0,14 0,25 0,37 0,32 0,02

269 56 84 8 2 5 324

1,84 1,01 1,31 0,36 0,43 0,37 3,43

0 61 21 29 531

0 25 1 5 103

0 86 22 34 634

591 58 82 1 759

0,15 0,38 0,41 0,36

953

1,76

0 1 737

0,41 1,35

7

0

7

98

0,07

1

0,08

43

1

44

197

0,22

29

0,37

23

2

25

143

0,17

15

0,28

2

0

2

47

0,04

0

0,04

140

2

142

552

0,26

98

0,43

215

5

220

1 037

0,21

143

0,35

À la Baleine Autres rivières Aux Feuilles George Koksoak Total Q11

9 10 40 59

39 30 145 214

48 40 185 273

2 44 218 264

Total Québec

3 400

3 245

6 645

58 586

0,11

7 262

0,24

À la Loutre À la Patate* À l’Huile* Aux Cailloux* Aux Plats* Aux Saumons Bec-Scie* Bell* Chicotte* Dauphiné* De la Chaloupe Du Pavillon* Du Renard* Du ruisseau Box* Du ruisseau Martin* Ferrée Galiote* Jupiter Maccan* MacDonald* Petite rivière de la Chaloupe* Petite rivière de la Loutre* Sainte-Marie* Vauréal* Total Q10

14 0

Effort (cap./j-p)

* : Rivière fermée à la pêche au saumon. 1 : Le succès de pêche ajusté représente le nombre de poissons capturés auquel on ajoute ceux remis à l’eau vivants. Les rivières du Brick (Q10), depuis 1993, et au Tonnerre (Q8), depuis 1999, n’ont plus le statut de rivière à saumon, de même que les rivières Port-Daniel du Milieu et de l’Anse à la Barbe. Étant donné que la remise à l’eau ne fait pas l’objet d’une déclaration obligatoire, les statistiques rapportées à cet effet demeurent un minimum et constituent donc une estimation. Depuis 2002, tous les saumons de 63 cm et plus (rédibermarin) doivent être remis à l’eau dans la zone Q10 (Île d’Anticosti). Toutefois, en se basant sur des lectures d’âge des années antérieures, on considère que les saumons de plus de 58 cm sont des rédibermarins dans cette zone, ce qui explique leur présence dans les captures sportives. Les gestionnaires de la rivière à la Baleine (Q11) n’ont fournis aucune donnée à ce jour pour l’ année 2009.

Saumons illimités 9


Échos des régions

La Cascapédia Par Marc Gauthier, Société Cascapedia inc.

Petite histoire d’une grande rivière revue et corrigée Quand Marc-Antoine Jean m’a appelé pour me dire qu’il y aurait un numéro spécial sur la Cascapédia et qu’il me commandait deux articles, un sur le musée et un sur la rivière, j’ai dit oui, non sans me gratter la tête. Il m’annonçait du même coup que Gérard Bilodeau y aurait aussi un papier, grosse pointure quand même. J’ai donc pris ma plume à deux mains et décidé de me commettre. Disons pour la petite histoire que je suis un pur produit de la confrérie ATOS ayant grandi comme apprenti pêcheur, au rythme des salons et des activités qu’ils ont organisés. Je suis fier de dire que j’ai une formation collégiale que j’ai acquise à Baie-Comeau en aménagement de la faune (les bons vieux TACH). Coté saumon et oui, je suis un bien nanti, mon père est né avant moi (et ma mère aussi) et m’a transmis la Salmonite aiguë. J’ai donc sillonné depuis l’adolescence plusieurs rivières à saumon. Après un passage sur des rivières en restauration sur la Côte-Nord, cinq années à la rivière Bonaventure et 16 ans à la barre de la Réserve faunique de la rivière Cascapédia, j’ai maintenant presque 25 ans de métier. Trêve de bavardage, revenons à nos moutons ou plutôt à nos saumons! Ah! La rivière Cascapédia, que dire, je n’oublierai jamais une chose qu’avait dite Gaétane Bujold alors présidente de la zec de la rivière Petite-Cascapédia : la Cascapédia, c’est une rivière à grande joie et à grande déception. Faisant allusion aux aléas des conditions de pêche, des montaisons, des attentes énormes des pêcheurs : ils rêvent tous du saumon de leur vie. Effectivement coté statistique, on y récolte les plus gros saumons en Amérique du Nord. On y retrouve aussi un faible 10 Saumons illimités

pourcentage de madeleineau (7 %). En 2009, nous avons eu un confortable taux de succès de 30 % avec près de 1200 saumons capturés d’un poids moyen de 20 lbs ! Ils ont été remis à l’eau à un taux de près de 90 %, ce qui nous a permis de constater presque 2000 géniteurs sur les frayères, le rêve d’un gestionnaire de rivière à saumon quoi! La rivière est organisé en cinq secteurs : A, B, C sur le tronçon principal, D et E respectivement sur les branches du Lac et aux Saumons. Ils comportent une multitude de sous-secteurs avec deux zones de pêche sans guide à prix abordable. Les clients de la Société Cascapédia y pêchent en rotation partagée avec six camps privés, un camp de pêche micmac et même un camp sans droit exclusif soit le Salmon Lodge. Cette gestion complexe permet de créer 135 emplois, oui vous avez bien lu, plus de 70 guides de pêche, 20 gardiens et tout le personnel de soutien. C’est un exploit pour une seule et même rivière. C’est un modèle cité maintes fois pour sa cogestion avec la Nation Micmac. On accède à la rivière par le tirage au sort informatisé du premier novembre, par la journée de revente du troisième lundi de janvier, du tirage quotidien de 72 heures à l’avance pour la pêche à gué et aussi sur une base de premier arrivé premier servi car nous avons souvent des perches de libre et offrons un forfait avec hébergement en août et septembre. Quand doit-on y pêcher ? La question piège pour un directeur! Bien sûr on voudrait tous pêcher du 20 juin au 31 juillet. Le mois d’août peut comporter des conditions d’eau basse et des températures d’air et d’eau élevées mais plus de 85 % des saumons attendus sont présents en rivière, on ne pêche donc pas sur les pierres. Septembre nous ramène des conditions plus froide doublées d’un changement de comportement des saumons à l’approche de la fraie. La Cascapédia connaît des


Photo : Société Cascapedia inc. Photo : Gérard Bilodeau

montaisons relativement hâtives et après le 7 juin on peut dire que la chasse aux gros géniteurs est ouverte car ils sont les premiers à entrer en rivière. La Cascapédia c’est un produit haut de gamme comme il y en a plusieurs au Québec. Pour la section du tronçon principal avec guide, nos prix sont comparables au secteur Glen Emma de la rivière Matapédia que les lecteurs de Saumons Illimités connaissent peut-être mieux. Les prix sur les secteurs sans guide sont de 65 $ pour le D2 et de 125 $ pour le E2. C’est pour qui? Seulement des Américains et des bien nantis! Non, la clientèle de la Société Cascapédia est à plus de 60 % québécoise, et oui il y a des gens aisés au Québec aussi. La Cascapédia est une mine d’or encore peu exploitée quant à la richesse de son patrimoine historique. Qui dit pêcheurs célèbres dit documents d’archive de qualité. Le Musée de la rivière Cascapédia possède une collection d’artefacts incroyable grâce en partie au travail titanesque de Hoagy Carmichael dont la renommée du célèbre père, pianiste et compositeur pour les plus grands dans les années 1940 – 1950, a ouvert bien des portes. On s’enorgueillit d’avoir deux films d’époque, un de 1924 et un de 1927. Vous pouvez en voir un extrait sur notre site Internet. De plus, une femme remarquable y a érigé son camp d’été à la fin des années 1800. Elle est notre icône. Elle était femme de Gouverneur général du Canada, princesse, artiste accomplie et surtout pêcheuse de saumon. Je parle ici de Louise Caroline Alberta, Duchesse D’Argyll, fille de la reine Victoria. Une grande dame associée au mouvement féministe de l’époque et qui a supporté de multiples causes. Elle a laissé son nom à bien des endroits au Canada, le Lac Louise dans les Rocheuses entre autres. Elle a dit préférer ses séjours sur la rivière Cascapédia au tumulte de la vie à Ottawa.

LA CASCAPEDIA ET SES GÉANTS

La Cascapédia a aussi son emblème, en terme de mouche : la Lady Amherst inventée par le propriétaire du Camp de pêche Horse Island, M. Bonbright en 1927. Un autre propriétaire de camp, francophone celui-là, nous a laissé la Ruelland, très efficace encore de nos jours. Un arrêt à Cascapédia ? Plusieurs le font même en chemin pour Gaspé ou partent de la Restigouche pour une balade. Un arrêt s’impose au Fumoir Cascapédia, où l’on y prépare un excellent saumon fumé et d’autres produits. Les connaisseurs arrêtent chez Sexton & Sexton pour les dernières nouvelles sur la pêche dans le coin, acheter des mouches dernier cri ou tout simplement s’équiper de la tête au pied. Pourquoi pêcher la Cascapédia? Parce qu’une entente est intervenue en 2009 entre le Gouvernement du Québec et la communauté Micmac de Gesgapegiag et qu’il n’y a plus de pêche de subsistance pour quatre ans. C’est sans contredit la meilleure nouvelle des quatre dernières décennies pour la population de saumon et les pêcheurs sportifs. Nous sommes à l’affût des problèmes de gestion et pour la saison 2010, la remise à l’eau sera obligatoire en juin et juillet, ce qui à mon avis devrait s’appliquer partout pour la simple et bonne raison que l’on doit laisser les « stocks » arriver sur les tablettes avant de piger dans l’inventaire. Aussi pour 2010, et je m’adresse à nos habitués, nous abandonnons la notion de perche partagée. Ainsi, les pêcheurs n’auront plus à pêcher en rotation avec leur partenaire, ils peuvent s’exécuter en même temps. Soit dit en passant, une autre particularité de la Cascapédia est l’assurance de ne pêcher qu’avec votre partenaire. Pourquoi pêcher la Cascapédia outre le fait qu’on pêche au pays des géants ? Vous encouragerez un organisme à but non lucratif comme c’est le cas sur la très grande majorité des rivières à saumon vouées à la conservation. Nous avons écrit une page importante sur l’amélioration des pratiques forestières dans les bassins versants. Dans ce dossier, nous avons été le banc d’essais pour la réalisation du Guide des saines pratiques Saumons illimités 11


Échos des régions

Photo : Gérard Bilodeau

en voirie forestière que plusieurs gestionnaires auraient intérêt à connaître. Notre bassin versant a été subdivisé en plus petites unités et un quota de perturbation (incluant les feux de forêt, les épidémies d’insectes et les coupes) a été fixé a 50 %. Ce qui a nos yeux n’est pas un objectif à atteindre mais bien un maximum, et au plus fort de notre implication, nous avons pu maintenir ce pourcentage à 35 %. Ce qui était notre objectif lors d’une des rares conciliations à être intervenue au Québec entre un groupe d’intérêt (La Société Cascapédia et la Coalition pur la gestion intégrée du bassin versant de la Cascapédia) et un industriel forestier. Nous possédons notre propre pisciculture artisanale et nous nous impliquons dans l’éducation avec des aquariums dans trois écoles. Nous procédons à des aménagements de cours d’eau (recouvrement d’un kilomètre d’habitat en 2009 avec l’aide de la Fondation de la Faune du Québec). Nous avons collaboré avec le Centre interuniversitaire pour la recherche sur le saumon atlantique pendant plusieurs années et sommes toujours disposés à le faire. Nous collaborons avec la FSA sur le programme de suivi par télémétrie des saumoneaux

Photo : Gérard Bilodeau

UNE PRISE EST RAMENÉE À LA PUISE

communautés riveraines (Gesgapegiag et Cascapédia-St-Jules) pourront se côtoyer, pique-niquer et pêcher ensemble l’omble de fontaine. Au fil des années, un parcours de pêche sera aménagé, avec entre autres la participation des enfants. L’invitation est lancée! Venez pêcher la Cascapédia en août etseptembre à des prix concurrentiels et profitez de l’occasion de venir admirer l’œuvre de Peter Corbin, peintre émérite et grand ambassadeur de notre rivière, c’est une occasion unique. N’hésitez donc pas à contacter votre humble serviteur, guide de pêche à ses heures, avec plus de 30 années d’expérience à la pêche au saumon, je saurai donc vous donner l’heure juste de la pêche sur la magnifique rivière Cascapédia.

et 50 de ceux-ci sont étiquetés chaque année. C’est de loin la recherche la plus excitante dans le monde du saumon depuis longtemps: si jamais on pouvait déterminer avec précision où les mortalités de saumoneau sont les plus importantes… Peutêtre que des mesures de protection en mer pourraient influer sur le maigre 1 % de taux de retour entre les stades de saumoneau à adulte. Sur la Cascapédia, une hausse d’un demi-point pourrait représenter 1000 saumons. Nous avons collaboré a la construction d’en étang de pêche en territoire autochtone à Gesgapegiag pour que les enfants puissent pêcher près de chez eux. Nos interventions nous amèneront aussi à créer un intéressant précédent au Québec : réserver une portion de petits cours d’eau en territoire public pour les moins de 18 ans pour une partie de la saison de pêche (15 juillet au 6 septembre). Une journée spéciale y sera tenue et où les enfants des deux 12 Saumons illimités

Photo : Société Cascapedia Inc.

UN PÊCHEUR SOUS LE REGARD ATTENTIF DE SON GUIDE. FEU LEE FORAN FUT L’UN DES GUIDES LES PLUS EXPÉRIMENTÉS DE LA RIVIÈRE.

FIERS, LES PÊCHEURS DE LA CASCAPEDIA NE PEUVENT S’EMPÊCHER DE POSER AVEC « LEUR » GÉANT, AVANT LE REMETTRE À L’EAU.


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CASCAPEDIA RIVER GUIDES, ŒUVRE DE PETER CORBIN

Le cours du temps de la Cascapedia : une rivière et son histoire à raconter Par Mary Robertson

L

a Grande Cascapedia est une rivière fabuleuse connue de la majorité des pêcheurs pour sa grande population de saumons atlantiques, que certains appellent Géants de la Cascapedia. C’est là une rivière où des histoires de pêche se forment et où le rêve de prendre un saumon atlantique devient réalité lorsqu’on a enfin la chance de lancer sa ligne dans ses eaux étincelantes. Son histoire est celle d’une destination choisie par des gens fortunés qui sont venus à la rivière pour pratiquer la pêche sportive au saumon. À la fin du XIXe siècle, le lieu était le domaine du Gouverneur général du Canada et la retraite d’été de la princesse Louise, fille de la reine Victoria. D’ailleurs, son temps passé ici nous a laissé une foule d’informations, d’histoires et de légendes portant sur ses aventures en rivière. Aussi, plusieurs grandes familles américaines se sont adonnées à la pêche sur la rivière, et elles ont légué une part de leur héritage sur les murs des camps. De nombreuses célébrités, notamment des présidents, des premiers ministres, des acteurs et des artistes, y sont revenues année après année pour profiter de la beauté et des ressources du lieu. Le destin a amené ces pêcheurs sur la Cascapedia et leur influence a changé le cours de son histoire, de sa communauté et de ses gens. L’histoire de la Cascapedia en est une riche en tradition, et le besoin de préserver cet héritage a entraîné la fondation d’un musée communautaire qui a ouvert ses portes officiellement en juillet 2000. Partout dans ce musée, une histoire unique prend vie. La collection d’artefacts et de souvenirs de pêche fait l’envie de plusieurs collectionneurs, mais c’est encore davantage les histoires sur son passé fascinant qui intéressent le plus les 14 Saumons illimités

visiteurs. Aussi, les nombreux services offerts au musée permettent aux visiteurs de faire un saut dans le passé et de revivre une époque où la prise du saumon atlantique était réservée aux gens riches et célèbres. Découvrir l’histoire que ce musée renferme, c’est ajouter à l’expérience de pêche sur la Grande Cascapédia. Visiter le musée, c’est ressentir l’essence de cette rivière. Une visite guidée amène le visiteur en aventure à travers l’illustre vie d’une rivière ayant marqué l’imagination d’hommes et de femmes de tous les horizons. Pendant plus de 160 ans, les pêcheurs se sont aventurés sur la Cascapedia et ont partagé une passion pour la pêche au saumon atlantique. Pour ces pêcheurs, savoir qui a pêché dans les célèbres fosses de la rivière permet une meilleure compréhension du mythique cours d’eau. S’imaginer une princesse pêchant en ces eaux il y a plus de 125 ans, et capturant un saumon de 40, voire de 52 livres, c’est s’immerger dans son folklore. Remonter la rivière pour une journée de pêche, sachant qu’on emprunte les mêmes berges que certaines des personnes qui ont changé le cours de l’histoire, c’est ajouter un plaisir supplémentaire au voyage de pêche. Le mandat de ce musée est de préserver l’histoire de la rivière et de jouer le rôle de mémoire pour les futurs gardiens qui la protégeront. L’accent est également mis sur la conservation du saumon atlantique, pour que cette précieuse ressource puisse être préservée et pour que les générations futures puissent en profiter. La rivière Cascapedia a également servi d’inspiration créatrice à de nombreux écrivains et artistes. Sa nature a été un terrain de jeu fertile qui aura permis de créer une culture


RENCONTRE FAMILIALE DEVANT LORNE COTTAGE

DUN’S SALMON, 54LBS, 1886

artistique, musicale et littéraire riche. Et au fil de son histoire, nous sommes devenus les témoins privilégiés de ces nombreuses manifestations artistiques. Par leurs yeux, nous avons pu voir la quintessence de cette source silencieuse qui traverse le village de Cascapedia-Saint-Jules. Grâce à la précieuse collection d’œuvres et avec les nombreuses pages de la bibliothèque du musée, nous sommes en mesure de mieux apprécier cette rivière qui nous habite. Pour la saison de pêche 2010, le musée de la rivière Cascapedia exposera l’un de ces artistes : Peter Corbin, artiste renommé originaire de New York et visiteur régulier de la Cascapedia depuis plus de 30 ans. Ce féru de pêche au saumon a allié sa passion pour ce sport à son besoin irrépressible de dessiner et peindre des paysages et des scènes aquatiques, lui qui désire exprimer toute l’émotion que procure la capture d’un saumon atlantique. La carrière artistique de Corbin l’a mené à visiter de nombreux paysages du genre, et il a pu saisir par son art les merveilles de la nature et le drame de ces scènes. Ses tableaux aux couleurs éclatantes témoignent d’un sens du lieu, de l’impression et de l’atmosphère, par des reflets de lumière sur les eaux et par ces rayons du soleil perçants les nuages ou les arbres. Sa réputation le place parmi les meilleurs, ce qui lui a permis de se forger un public d’adeptes et de recevoir des commandes de clients amoureux de la nature, passionnés du sport et de ces lieux qu’ils chérissent. Cette nouvelle exposition mettra en vedette trois des rivières à saumon québécoises les plus renommées : Grande Cascapedia, Restigouche, et Moisie. Corbin a pêché sur ces rivières et les a utilisées comme sujet de tableaux, ce qui lui a permis de réaliser 48 œuvres au cours des 38 dernières années. Il travaille actuellement à une nouvelle série de tableaux inspirés de ces rivières pour une exposition future intitulée : Trois rivières, un artiste et sa vision. L’exposition comprendra de 12 à 15 nouvelles œuvres, quelque 25 dessins, ainsi que des photos. À travers ces œuvres, il prévoit explorer le caractère de chaque rivière et il exprimera les impressions de plus de quatre décennies et de milliers de photos prises au fil du temps. Cette exposition sera présentée au musée du 7 juin au 24 septembre

PÊCHE À LA MOUCHE SUR LA CASCAPEDIA

et sera le point fort de la programmation d’été. Un événement officiel de lancement aura lieu le 25 juin, alors que l’artiste accueillera les visiteurs sur place. La Grande Cascapedia partage son héritage avec plusieurs personnes qui ont influencé son orientation et sa gestion. Des gens comme la princesse Louise, les Gouverneurs généraux du Canada, et les familles Dun, Davis, Mershon the Bonbrights et Phipps ont tous joué un rôle dans la préservation de la Grande Cascapedia. De nos jours, des hommes comme Hoagy B. Carmichael (avec son livre The Grand Cascapedia - A History) et Ron Swanson (et son livre The Cascapedia Giants), de même que Peter Corbin et ses tableaux (A Cascapedia Morning) rendent tous hommage à cette rivière. Eux, et bien d’autres, continueront à se rendre annuellement sur la rivière dans l’espoir non seulement de faire une grosse prise, mais aussi afin de partager une expérience unique sur l’une des meilleures rivières à saumon du monde. L’amour et l’attention qu’ils portent à la Cascapedia permettront aux générations de pêcheurs à venir de profiter du privilège de lancer leur ligne dans les eaux magnifiques de la Grande. Ils entreront à leur tour dans le flot historique de cette rivière, comme plusieurs avant eux. Et le musée continuera à préserver leurs souvenirs dans les pages d’histoire qui restent à écrire de cette fabuleuse rivière.

PETER CORBIN DANS SON ATELIER EN JUIN 2009

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LA CASCAPÉDIA DÉVOILE AUX VISITEURS DE SALMON LODGE SA SPLENDEUR BUCOLIQUE.

Par Georges-E. Tanguay

Une destination à découvrir

le Salmon Lodge sur la grande Cascapédia

S

i vous êtes à la recherche d’un endroit tout-à-fait exceptionnel pour la pêche à la mouche du saumon atlantique, le Salmon Lodge comblera certainement vos désirs les plus chers. Cette pourvoirie située en plein cœur de la Gaspésie, est installée sur un escarpement de plus de soixante-quinze pieds surplombant la mythique rivière Cascapedia. L’emplacement est calme et enchanteur et ce qui vous frappera le plus à votre arrivée, mis à part la chaleureuse réception de la direction, c’est la vue spectaculaire qu’on l’on peut y constater sur sa magnifique terrasse. Les forfaits incluent l’hébergement, repas et collations, la pêche, les guides et enfin le transport sur les lieux de pêche. L’endroit, plus que centenaire, a été entretenu et rénové dans le cours des ans, il peut vous offrir des chambres confortables, décorées avec soin. Le superbe salon et sa salle à manger créent une atmosphère vraiment chaleureuse. Les menus préparés par leur chef sont différents à chaque jour et comprennent homards frais, fruits de mer, steaks sur le gril, vin, etc. Ces repas sont dignes des plus grands restaurants et vous laisseront parfois pantois qu’ils soient servis au pavillon ou encore sur la rivière. Les cinq guides amicaux et dévoués ; de véritables professionnels, sont bilingues tout comme le personnel et connaissent à fond leur territoire. Ce sont eux-mêmes des saumoniers 16 Saumons illimités

chevronnés et n’hésitent pas à aider les débutants et à faire des suggestions aux des pêcheurs les plus expérimentés. La pêche se déroule à gué ou à partir de canots de rivière traditionnels d’une longueur de 25 pieds. Dans cette région, les conditions de pêche demeurent presque toujours constantes à cause des ruisseaux et rivières alimentant la Grande Cascapédia et provenant des Monts Chics Chocs tout près. Ce cours d’eau est mondialement reconnu pour la taille de ses saumons, plusieurs atteignant et même surpassant les quarante livres. Lors de mon séjour à cet endroit, et après avoir goûté à cette fameuse hospitalité gaspésienne, je peux vous assurer qu’un voyage à Salmon Lodget marquera votre carrière de saumonier. Je me souviens encore très bien d’une remarque de mon guide mentionnant sans doute à la blague, que les grilses à cet endroit avaient ordinairement quinze livres ou plus. Mais c’est loin d’être tout. La pourvoirie peut s’enorgueillir de toute une gamme de caractéristiques qui lui sont propres et que je qualifierais de valeurs ajoutées. Premièrement, vous aurez accès selon votre désir, à deux autres rivières situées à proximité. La Petite Cascapédia où vous aurez l’opportunité de pêcher en canot sur de grandes sections de rivière abondant de saumons et de truites de mer, un lieu champêtre par excellence, et sur la superbe Bonnaventure, sûrement l’un des cours d’eau


les plus clairs et limpides du Québec, excellent en particulier pour la pêche du saumon à vue et ce, à la mouche sèche. Vos guides vous accompagneront bien entendu sur ces deux autres rivières. Parmi les autres avantages du Salmon Lodge, il faut bien entendu souligner sa boutique d’équipement de pêche à la mouche et vêtements, soit pour vente et location sans oublier son assortiment des mouches les plus prolifiques de ces rivières. On a de plus aménagé une salle spéciale pour entreposer et faire sécher votre équipement à votre retour de la pêche. L’accès à Internet sans fil à haute vitesse est disponible et un ordinateur est évidemment mis à la disposition des invités. Je ne peux passer sous silence que votre séjour sera immortalisé en images. En effet, tous les guides sont pourvus d’appareils photos numériques, ce qui vous permettra de visionner vos exploits sur écran une fois revenu au lodge à l’heure du souper. À votre retour chez vous, quelle surprise vous aurez en recevant par courrier, un CD avec toutes ces photos et plus, gracieuseté du Salmon Lodge. Tout au long de la morte saison, vous pourrez avec parents et amis visionner les faits saillants de votre périple, tout en rêvant à votre prochaine saison.

LA CASCAPÉDIA EST RÉPUTÉE POUR LA TAILLE EXCEPTIONNELLE DES GÉNITEURS QUI S’Y TROUVENT

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Informations : Salmon Lodge C.P. 1002, Paspébiac (Québec) Canada G0C 2K0 info@lesalmonlodge.ca Téléphone : 418 392-4575 / sans frais : 1 800 737-2740 Télécopieur : 418 392-7179 Site Internet : www.salmonlodge.com

Salmon Lodge – une réputation centenaire parmi les meilleurs pavillons de pêche au saumon du Québec. Nous avons comme spécialité la pêche à vue au saumon atlantique sur les rivières sauvages que sont la Cascapédia, la Petite Cascapédia et la Bonaventure. Un hébergement et une cuisine exceptionnels, des guides professionnels et un service impeccable sont le label de qualité d’un séjour au Salmon Lodge.

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Échos des régions

Anecdotes sur une branche de la Cascapédia Par Gérard Bilodeau

LA PÊCHE SE FIT À HOME POOL CETTE JOURNÉE LÀ EN RAISON DE L’EAU TRÈS BASSE.

À

la pêche comme à la chasse, j’aime partir à la découverte de nouveaux lieux pour pratiquer mes activités favorites. Je recherche plus particulièrement des endroits peu fréquentés par la « masse ». Même s’ils sont difficilement accessibles ils offrent bien souvent de belles occasions de rencontrer le gibier convoité ou de déposer la mouche dans de belles fosses regorgeant de saumons ou de truites n’ayant subi qu’une faible pression de pêche. Le cours principal de la Grande-Cascapédia débute au confluent de la branche du lac et de la branche aux saumons. Ces deux cours d’eau de taille moyenne sont exploités par la Société Cascapédia et forment les secteurs D et E. Ils offrent des opportunités intéressantes de pêche du saumon en raison de la faible pression de pêche. Laissez-moi vous présenter quelques anecdotes mémorables vécues sur quelques fosses du secteur E.

Des saumons têtus Dès 5 :00, Lucien et moi quittons Saint-Jules de Cascapédia en route vers notre rendez-vous. Destination : le Relais de la Cache située le long de la route 299 où nous avons avons rendez-vous avec nos guides. Comme l’eau est très basse, en ce 15 juillet 2006, nous pêcherons le Home Pool. Dans de telles conditions, les saumons se concentrent dans les fosses majeures et attendent que le niveau de l’eau s’élève pour poursuivre leur migration. Après plusieurs minutes de marche le long de la rivière, nous arrivons à la tête de la fosse où déjà les saumons se manifestent par des sauts spectaculaires hors de l’eau ou des marsouinages en surface. Nous pêchons à tour de rôle en se faisant le plus discret possible. Longs lancers pour éviter de pénétrer trop loin dans la fosse afin de ne pas effrayer les saumons, utilisation 18 Saumons illimités


de petites mouches sèches ou noyées bref malgré plusieurs heures d’efforts soutenus les saumons boudent nos offrandes. On fait face à des saumons têtus, ce qui est souvent le cas quand les saumons sont « homés » depuis plusieurs jours. Comme l’eau de la queue de la fosse est lisse et que le courant est régulier, je fais un demi-nœud sur le côté la hampe de l’hameçon directement sur la tête de la mouche. Ceci fera patiner ma petite mouche noyée en surface. Cette technique, appelée riffling hitch m’avait été montrée quelques années auparavant par le regretté Lee Foran, guide réputé de la Grande-Cascapédia. Lee Wulff l’a présenté pour la première fois en 1958 dans son livre The Atlantic Salmon. Elle comporte un aspect spectaculaire, tout comme la sèche, parce que le saumon doit briser la surface de l’eau pour prendre la mouche. Mais ma motivation première à utiliser cette technique est de présenter d’une manière différente une mouche noyée aux dizaines de saumons présents dans cette partie de la fosse. Je suis donc très attentivement chaque dérive de la mouche décrivant un V en surface. Soudain, un saumon apparaît, brise la surface et suit la mouche pendant une ou deux secondes, ouvre la gueule, saisit la mouche et s’enfonce sous l’eau. Ma soie se tend et je n’ai qu’à lever ma canne pour le ferrer. Immédiatement la soie se raidit. Le saumon se débat violemment pour se défaire de la mouche. J’applique une pression constante et ferme afin d’écourter le plus possible le combat. Après quelques minutes, je gracie un saumon mâle d’une quinzaine de livres qui rejoint rapidement les profondeurs de la fosse. Cette prise m’a démontré une fois de plus que face à des saumons têtus, une modification de la technique de présentation de la mouche peut être gagnante.

LA JOURNÉE DE PÊCHE A ÉTÉ, SOMME TOUTE, RICHE EN ACTION, EN ÉMOTION ET EN APPRENTISSAGE

L’importance de la concentration Deux ans plus tard, toujours accompagné de Lucien et du guide Jason, j’ai à nouveau l’occasion de pêcher le secteur E. Jason nous propose de se déplacer à pied le long de la rivière et d’explorer les fosses et les « pots » qu’on croisera sur notre parcours. On est au début de juillet et le niveau de l’eau permet aux saumons de se déplacer facilement en rivière en raison des averses de pluies qui nous tombent régulièrement dessus. On peut donc le retrouver partout en rivière où les conditions sont favorables. Arrivés à la première fosse, Lucien débute en pêchant la tête avec une noyée. Après quelques lancers, il capture un beau saumon qu’il gracie au bout de quelques minutes. Rendu à mon tour, je choisis de pêcher à la sèche la section aval de la fosse. Comme un léger brouillard subsiste près de la surface de l’eau, j’ai de la difficulté à localiser les saumons dans la fosse même si l’eau est relativement lisse. Je pêche donc à l’aveuglette en lançant ma mouche audessus des endroits prometteurs. Comme un fantôme, un saumon apparaît sous ma mouche et créé un énorme remous en surface sans la saisir. Ce même saumon répètera le même manège cinq autres fois sans jamais prendre la mouche dans sa gueule. À chaque fois que je change de mouche (grosseur

LANDRY REMETTANT SA PRISE À LA RIVIÈRE.

et couleur), le saumon manifeste son intérêt au premier passage puis après plus rien. Au bout d’une heure j’abandonne la partie. Le saumon a gagné. Nous décidons de changer de fosse. Plus loin en amont il y a une table à pique-nique où nous pourrons luncher. Chemin faisant, nous croisons un « pot » où la profondeur et la vitesse de l’eau peuvent retenir des saumons. Tout en observant ma mouche dérivée dans le courant, je parle avec mes compagnons. Ce qui devait arriver arriva. Un saumon, énorme celui-là, monte en surface avec la ferme intention de prendre la mouche. Comme je ne suis pas concentré, je tente de le ferrer dès que la mouche disparaît. Résultat : je sens une légère résistance et la mouche me revient aussitôt. Comme le saumon a senti la piqûre de l’hameçon il est clair qu’il ne reviendra pas. Jason et Lucien ont tout vu. « Ce saumon était immense » de me dire Jason, avec à fois un brin de reproche et de regret dans la voix. La journée de pêche se termine ainsi. Elle a été, somme toute, riche en action, en émotion et en apprentissage. En définitive, c’est ça qui fait le charme de la pêche du saumon.

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Je mords à la mouche

L’urgence d’une meilleure gestion

de la truite de mer Texte et photos par Thibaut Millet

L’

omble de fontaine anadrome, communément appelé truite de mer, est un poisson indigène bien connu au Québec, fréquentant de nombreuses rivières à saumon. Aujourd’hui, le constat est assez désolant sur plusieurs rivières : les populations de grosses truites de mer ne sont plus que l’ombre de ce qu’elles étaient. Les causes de ce déclin sont souvent faciles à trouver. En tête de liste, on montre du doigt la surpêche non seulement en rivière, mais surtout en estuaire. Pourtant, certaines solutions mises en œuvre par quelques gestionnaires de rivières éclairés commencent à porter fruit. Il est temps d’agir partout au Québec pour préserver les truites de mer.

Un enjeu facile à régler en rivière Les truites de mer, comme on les appelle, ont ceci de particulier qu’elles naissent en rivière, y demeurent un ou deux ans et quittent pour la mer. Les géniteurs parvenus à maturité qui remontent les rivières peuvent atteindre 2 à 5 livres – les spécimens de 6 ou 7 livres constituant de véritables trophées se font de plus en plus rares. On en trouve dans plusieurs rivières de Gaspésie (telles que les rivières Nouvelle, Petite Cascapédia, Bonaventure, Cascapédia, Sainte-Anne et Cap-Chat), du Saguenay (les rivières Sainte-Marguerite et Saint-Jean entre autres), et de nombreuses rivières de la Côte-Nord. Leur abondance connaît certes des cycles naturels, mais la tendance de fond de leur déclin ne fait pas de doute en plusieurs endroits. Entre autres, la situation est critique en Gaspésie, notamment pour plusieurs rivières de la Baie des Chaleurs qui soutiennent historiquement des populations importantes. Ces magnifiques poissons y représentent pour les gestionnaires de ces rivières un produit complémentaire fort prisé des pêcheurs sportifs. Premier problème auquel font face les truites de mer : le prélèvement en rivière. Jusqu’à récemment en effet, les limites de captures quotidiennes étaient parfois démesurées : jusqu’à 20 Saumons illimités

quinze truites par jour par pêcheur dans certaines rivières! Aujourd’hui, de telles limites apparaissent complètement anachroniques : aucune destination de pêche sportive au monde digne de ce nom ne permet plus ce niveau de prélèvement. Fort heureusement, les limites de prises se sont vues réduites graduellement en plusieurs endroits à cinq truites par pêcheur et par jour. C’est nettement mieux, et il convient de saluer le travail de nombreux gestionnaires en ce sens. Malgré tout, cela représente encore une pression de pêche trop élevée sur les gros géniteurs. La truite de mer a beau être méfiante de nature, elle n’en est pas moins vulnérable. Une limite quotidienne d’un géniteur de truite de mer par pêcheur serait une mesure bien plus appropriée, un peu à l’image de la limite de prise d’un grand saumon par jour (là où elle est autorisée). C’est exactement ce que les gestionnaires de la fameuse rivière Sainte-Marguerite, au Saguenay, viennent de décider en. Nicole Gauthier, responsable de l’Association de gestion de la rivière Sainte-Marguerite, a pu nous confirmer que cette année, les pêcheurs sportifs en rivière auront droit de garder cinq truites maximum, dont une seule de plus de 35 cm. Par ailleurs, il semblerait aussi que tous les gestionnaires des rivières à saumon du Saguenay aient aussi adopté cette mesure de limite de taille. Une telle mesure ne nécessite aucun investissement particulier autre que le gros bon sens. Espérons que l’ensemble des gestionnaires des autres rivières s’inspire de l’exemple des rivières du Saguenay avant qu’il ne soit trop tard.

Une problématique évidente en estuaire C’est qu’une autre menace bien plus difficile à contrôler pèse sur les populations de truites de mer : le problème de la pêche en estuaire (et en mer). Dans la zone 21, qui englobe grossomodo l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, de la Baie des Chaleurs au sud de la Gaspésie jusqu’à la Côte Nord, incluant les zones littorales au niveau du Saguenay, la réglementation générale est


très permissive : la limite de prise est de quinze ombles par jour, et la pêche est ouverte toute l’année (sauf exceptions). Cette zone inclut notamment les estuaires des rivières de la Baie des Chaleurs situés en aval de la route 132. Hélas, l’abondance de juvéniles et les concentrations de géniteurs de bonne taille au printemps dans ces estuaires représentent une ressource prisée par plusieurs pêcheurs beaucoup trop même. Les pêcheurs utilisent toutes sortes de techniques meurtrières en estuaire, telle que la traîne ou les lignes dormantes. Lors des dernières années, on a observé en effet un accroissement important de cette activité, et une hausse importante des prélèvements. Les inquiétudes bien fondées de la part de plusieurs gestionnaires de rivières et comités de bassin ont été corroborées par une diminution notable des dénombrements de truites de mer en rivière. En d’autres termes, les congélateurs se remplissent et les rivières se vident.

État des connaissances scientifiques Malheureusement, peu de données scientifiques sont disponibles pour quantifier l’étendue du problème posé par la pêche en estuaire dans le secteur de la Baie-des-Chaleurs. C’est pourquoi la Fédération des Gestionnaires de Rivières à Saumons du Québec, en partenariat avec les acteurs locaux et les gestionnaires des rivières concernées, avait proposé en 2003 de dresser un état de la situation. Le projet visait à effectuer une caractérisation de l’activité de pêche sportive de la truite de mer dans l’estuaire des rivières à saumon de la Baie. Faute de financement, ce projet n’a pas été réalisé. Pourtant, les récents travaux du Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Saumon Atlantique (CIRSA) sur l’exploitation de la truite de mer, réalisés surtout au Saguenay, démontrent clairement que l’exploitation par la pêche sportive des géniteurs peut avoir des impacts significatifs sur les niveaux des stocks. On avait démontré que la pêche pourrait alors y être responsable d’environ 25 % à 35 % des pertes (1).

Observations sur le terrain Lors de différents séjours en Gaspésie, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs pêcheurs et guides de renom qui ont une connaissance intime de leurs rivières et de leurs poissons. Le premier d’entre eux, Marc Le Blanc, est guide de pêche notoire sur la Petite Cascapédia. Il pêche et guide sur ce bijou de rivière depuis toujours, ou presque, à tel point qu’aujourd’hui il incarne une partie de la mémoire collective de l’histoire de la pêche sportive sur cette rivière. Lorsque je l’ai rencontré en juillet 2008,Marc m’a confié les propos suivants ; « On ne voit plus qu’une fraction des gros ombles que l’on voyait il y a peine vingt ans, lorsque je guidais fréquemment mes clients dans les branches amont ».

Claude Bernard est guide de pêche en Gaspésie depuis 1986, sur les rivières Petite-Cascapédia et Bonaventure. Il est aussi l’une des personnalités les plus respectées du monde de la pêche à la mouche au Québec. Selon Claude, le déclin des truites de mer sur la Petite-Cascapédia est une certitude : « on en voit en moyenne aujourd’hui à peu près le tiers de ce que l’on connaissait ». Selon lui, pas non plus besoin de chercher midi à quatorze heures, l’une des causes principales du déclin est la pêche en estuaire ; « Il y a beaucoup de pêcheurs qui utilisent toutes les techniques imaginables en estuaire et qui ne sont à peu près jamais contrôlés quand au nombre de poissons en leur possession. » Claude poursuit ; « On ne peut pas empêcher les gens de pêcher, au contraire, mais il faudrait instaurer une limite journalière et une limite annuelle de prises». J’ai aussi eu la chance de pêcher les branches Est et Ouest de la Petite Cascapédia en compagnie de Steve Bujold, talentueux guide de pêche officiant sur la rivière. Ses propos sonnaient comme une évidence ; « au Québec, on est à peu près les seuls inconscients qui autorisent encore un prélèvement complètement déraisonné de gros géniteurs. Lorsqu’on en aura plus, ce sera simple, il n’y aura plus de pêche. Je pars régulièrement pêcher à l’étranger pendant l’hiver. Par exemple, en Argentine, ils ont compris la valeur touristique des poissons sportifs : toutes les rivières de qualité qui attirent les pêcheurs touristes sont gérées en remise à l’eau obligatoire ! » Bien que plus difficiles à évaluer, les populations de truites de mer des rivières de la Côte-Nord n’échappent pas à cette menace en estuaire. C’est pour cette raison que les gestionnaires de la rivière des Escoumins ont réglementé la pêche dans la baie, exactement comme c’est le cas en rivière ! Dans l’estuaire, seule la pêche à la mouche est autorisée et les limites de prises en rivière s’appliquent intégralement. Amélie Dussault, responsable de la Corporation de Gestion de la Rivière à Saumons des Escoumins, explique que cette mesure de conservation a été facilitée par la configuration physique relativement fermée de la baie. Cet exemple indique toutefois qu’il est possible d’adopter des réglementations spécifiques aux estuaires pour protéger les truites et surtout les géniteurs dans ces zones sensibles. C’est également ce que les gestionnaires de la rivière Saint-Jean Saguenay sont en train de faire. Un problème de surpêche des géniteurs s’est aussi présenté dans l’estuaire de la Sainte-Marguerite, ainsi que dans le moyen Saguenay au niveau des zones de concentrations hivernales des truites. Des mesures salutaires pour les truites ont ainsi été prises. D’abord, la limite quotidienne a été ramenée à cinq captures dans l’estuaire de la rivière Sainte-Marguerite (baie Sainte-Marguerite, dans la zone 21). Il n’y a aucune raison que cette simple mesure ne soit pas faisable ailleurs! Et surtout, l’interdiction de pêche a été instaurée en hiver dans cette baie et dans les principaux endroits au Saguenay où les ombles se réfugient en hiver. Nicole Gauthier de la rivière Sainte-Marguerite explique ainsi que l’instauration de ces mesures à partir de 2005 a résolu une grande partie du problème. Les deux saisons suivantes, en 2006 et 2007, on avait assisté à d’excellentes remontées de grosses truites dans la Sainte-Marguerite. Pas compliqué, non? Saumons illimités 21


SUR LA SAINTE-MARGUERITE LES PÊCHEURS SPORTIFS EN RIVIÈRE AURONT DROIT DE GARDER CINQ TRUITES MAXIMUM, DONT UNE SEULE DE PLUS DE 35 CM

Des propositions simples pour une meilleure gestion La truite de mer fait souvent figure de parent pauvre dans la gestion de la pêche des espèces anadromes. Dans de nombreuses rivières, les efforts ont été concentrés sur le suivi de l’exploitation du saumon atlantique, alors que celui de la truite a été bien plus sommaire. De plus, la gestion de l’exploitation de la truite de mer a souvent été effectuée sur une base ponctuelle et locale, sans intégrer tous les déplacements de l’espèce en estuaire et en mer au cours de son cycle vital. Il est donc indispensable et urgent d’agir de façon proactive pour protéger cette espèce d’intérêt sportif, partout au Québec. Personnellement, mon choix est simple : je remets à l’eau toutes mes prises de géniteurs de truites de mer, et ce, quelle que soit la réglementation. La graciation est un geste noble qui a sa place dans la préservation des espèces de poissons sportifs. Elle a aussi le mérite d’être très gratifiante et de plus en plus populaire auprès des pêcheurs sportifs soucieux de la santé des populations de poissons. Malheureusement, il faut reconnaître que la responsabilisation de tous les pêcheurs passe nécessairement par la réglementation. De ce fait, qu’attendons-nous pour agir sur la réglementation partout ailleurs au Québec ? Voici quelques propositions simples qui permettraient sûrement de protéger les truites de mer là où ce n’est pas encore le cas: 1. Pour les gestionnaires de rivières, réduire la pression de pêche sur les géniteurs en rivière, par exemple : • En adoptant une limite de prise quotidienne de cinq truites (ou moins), assortie d’une limite d’un seul géniteur (taille limite à définir, par exemple de plus de 35 cm); • En instaurant une limite annuelle de géniteurs pris et gardés, par exemple de sept (comme pour le saumon); • En continuant d’encourager la remise à l’eau sur une base volontaire, voire de l’instaurer de façon obligatoire lorsque les stocks ne sont pas suffisants. De plus, on pourrait envisager également de mettre en place un système d’étiquetage et d’enregistrement obligatoire des géniteurs de truites de mer capturées, à l’image de ce qui se fait déjà pour le saumon. Puisque l’infrastructure existe déjà sur toutes les rivières à saumon, pourquoi ne pas tester l’idée à l’aide d’un projet pilote? 2. Pour les gestionnaires de rivières et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune : s’entendre pour réglementer la pêche dans les estuaires de rivières à truites de mer. • On l’a vu dans les quelques exemples précédents, l’extension de la réglementation en vigueur en rivière jusqu’à la zone de l’estuaire (incluse) représente une solution idéale, là où elle

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est faisable. En effet, cette mesure a le mérite de réglementer d’un seul coup les techniques de pêche, la saison de pêche, ainsi que les limites de prises. À défaut, il est indispensable d’instaurer au minimum des limites de prises en estuaire comparables à celles en vigueur en rivière, par exemple : • une limite quotidienne de prise de cinq truites (ou moins), assortie d’une limite d’un seul géniteur (taille limite à définir, par exemple de plus de 35 cm); • une limite annuelle de géniteurs pris et gardés, par exemple de sept (toujours à l’image du saumon). Au cas par cas, on pourra également se poser la question de réglementer les techniques de pêche autorisées dans les zones estuaires particulièrement sensibles, compte tenu de leur impact parfois dévastateur sur les populations d’ombles anadromes. 3. Pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune : réglementer à la baisse la pression de pêche partout dans la zone 21 en instaurant une limite de prise de cinq truites, par défaut. 4. Dégager les moyens de surveiller l’application de ces mesures réglementaires, par exemple, en assignant des agents de la faune sur le terrain; 5. Poursuivre l’acquisition de données scientifiques (et donc, dégager les financements requis), afin de caractériser l’activité de pêche, d’en comprendre les impacts, et surtout, de réaliser le suivi des stocks de truites de mer et de géniteurs. De telles mesures ont le mérite d’exiger relativement peu d’investissement par rapport à une amélioration potentielle importante de la qualité du produit touristique. La Fédération des Gestionnaires de Rivières à Saumons du Québec travaille en ce sens avec ses membres. La Fédération Québécoise pour le Saumon Atlantique, contactée à ce sujet, donne son accord de principe à l’idée d’une gestion plus scientifique et mieux réglementée de la pêche à la truite de mer. Quelles que soient les solutions retenues, un tel projet de révision réglementaire représente une opportunité simple et efficace pour mettre en valeur une activité touristique respectueuse de l’environnement et porteuse de développement économique durable en région. Bien plus en tous cas que quelques congélateurs remplis de magnifiques truites de mer… mortes. (1) PLAN DE MISE EN VALEUR DE L’OMBLE DE FONTAINE ANADROME AU SAGUENAY (Direction de l’aménagement de la faune du Saguenay-Lac-Saint-Jean), 2004


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P

endant que Boris est bien installé sur le devant du skiff, la canne prête à propulser une artificielle de type Puglisi imitant une sardine, Coki, debout sur sa plate-forme surélevée à l’arrière de l’embarcation, scrute attentivement la bordure des palétuviers. Soudain, il s’écrie avec son accent espagnol: « One o’clock, twenty meters my friend, cast, cast it now ! » Après un essai, il lance de nouveau : « Cast again ! Three o’clock now, ok. Strip it, strip it, cast again, back of the boat, ok, strip it ». En un éclair, une des formes mobiles s’élance et gobe violemment la mouche à la surface de l’eau. Après un ferrage ferme et vigoureux, la bête s’élance et saute dans les airs puis la soie retombe mollement à la surface de l’eau. Le tarpon s’est défait de l’emprise du pêcheur. Bienvenue dans Les Jardins de la Reine !

Les Jardins de la Reine L’archipel des Jardins de la Reine est situé dans le littoral côtier des Caraïbes de Cuba, à près de 100 km des côtes. D’une longueur de près de 125 km, le chapelet d’îles et d’îlots constitue une immense réserve marine dans laquelle aucune exploitation de pêche commerciale autre que la pêche à la langouste n’est autorisée. On y accède via la petite bourgade de Jucaro. Le gouvernement cubain y a confié l’opération de la pêche sportive et de la plongée sous-marine en exclusivité à Avalon. Le site est réputé mondialement pour son caractère exceptionnel pour les deux types d’activités. Le pourvoyeur opère aussi en exclusivité des activités de pêche sportive dans le secteur d’Ana Maria, de Cayo Largo, de l’île de la Jeunesse et à compter de 2010, à la pointe de la péninsule de Zapata. Dans le secteur des Jardins de la Reine, les pêcheurs et plongeurs peuvent être reçus, soit dans un des trois yachts déployés dans le secteur : le Halcon, le Caballones ou le luxueux Avalon Fleet One, soit sur La Tortuga, un véritable hôtel flottant arrimé en permanence dans une lagune localisée en plein coeur de l’archipel. On parle ici d’un nombre de pêcheurs n’excédant jamais la quarantaine qui se partagent un territoire d’une superficie semblable à la totalité des Keys en Floride ! Lors de notre visite dans ce véritable paradis, c’est sur La Tortuga que nous avons été reçus, côtoyant pendant une semaine un groupe de plongeurs européens. Notre guide, Coki, nous a fait visiter une bonne partie des nombreux îles et îlots, flats, canaux et lagunes, à la poursuite des principales espèces sportives recherchées dans ce secteur, que ce soit le bonefish, le permit, le tarpon, la carangue (connue sous le nom de Jack Crevale) et, dans une moindre mesure, le snook. Pour ma part, je pêche sporadiquement les espèces d’eau salée, principalement le bonefish, depuis une dizaine d’année. Mes expériences ont davantage été des sorties de courte durée jumelées à des voyages hivernaux dans le sud, dans le secteur de Cayo Largo, de Cayo Coco, puis l’année dernière à La Salina dans la péninsule de Zapata à Cuba et sur les îles de

COKI DEBOUT À L’ARRIÈRE DU SKIFF

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BORIS TENANT FIÈREMENT UNE CARANGUE

PIERRE EN ACTION

Marie Galante et de la Désirade en Guadeloupe. Les Jardins de la Reine ont, depuis mes premiers pas dans cette activité halieutique, représenté le rêve, la destination ultime. Voilà que ce rêve se réalisait. Dans le cas de Boris, il s’agissait d’un baptême sous les tropiques. Dès notre arrivée, c’est vers l’espèce ayant la réputation d’être la plus difficile à leurrer que nous avons été guidés, le permit. Il s’agit d’une pêche à vue faisant appel à 26 Saumons illimités

des habiletés qui ne sont pas communes pour les saumoniers et pêcheurs de truite à la mouche, soit propulser une mouche lourdement lestée à une distance atteignant parfois les 25 mètres, sur une cible mobile difficile à localiser, en étant nous même mobiles, et avec une assiette de présentation efficace ne faisant pas un diamètre d’un mètre, le tout dans un délai de quelques secondes seulement. Tout un défi ! À sa première tentative, Boris est venu bien prêt de réaliser l’impossible, soit d’en capturer un dès son premier lancer. Le réflexe naturel du pêcheur de truite provoqua malheureusement un ferrage hâtif, trop hâtif. Durant notre séjour, nous avons vu pas moins d’une quarantaine de permits, et eu des chances de lancer sur ceux-ci au moins à une quinzaine de reprises. N’eut été de quelques maladresses de pêcheur, au grand dam de notre guide, nous aurions eu un minimum de trois ou quatre captures de cette espèce à notre actif, ce qui est excellent pour ce type de pêche. Pas de capture, mais quel apprentissage ! Dans les faits les Jardins de la Reine sont réputés pour être un des meilleurs endroits au monde pour cette espèce, généralement celle manquante pour accomplir un grand chelem, soit la capture d’un bonefish, d’un permit et d’un tarpon dans une même journée. Nous avons aussi pourchassé l’espèce la plus connue des pêcheurs des mers du sud, le bonefish. Encore là ce secteur


PIERRE AVEC UN BEAU SPÉCIMEN DE BONEFISH

est reconnu comme un excellent endroit, sinon le meilleur au monde. Et contrairement à la croyance populaire, il n’y a pas là que de petits bonefish. Selon les secteurs, on y a capturé des poissons d’un poids moyen variant de 4 à 5 lbs, atteignant parfois de 6 à 7 lbs. Nous avons aussi eu quelques opportunités sur des monstres de près de 10 lbs. Dans d’autres zones, nous avons vécu l’extraordinaire expérience du mudding. Le phénomène se produit lorsqu’un imposant banc de poissons qui, en se nourrissant, déplacent les sédiments du fond marin provoquant l’effet d’un nuage blanc lorsque vu hors de l’eau. Une fois une telle activité localisée, il suffit de lancer une mouche lestée dans « l’eau blanche », la laisser prendre une profondeur d’environ un mètre (ou plus selon l’emplacement) et presqu’à coup sûr, la soie se tend avec un bonefish sur la ligne. De manière générale, les plus gros sujets se déplacent en petit groupe, voire en solitaire, alors que lorsque les écoles de poissons sont plus considérables (on en a vu impliquant plusieurs centaines d’individus), ceux-ci sont habituellement de plus petite taille, dans les 2 à 3 lbs. Bien que n’étant pas dans la meilleure période pour cette espèce, nous avons aussi eu la chance de nous mesurer au tarpon, espèce acrobatique sortie directement de la préhistoire. Nous avons ainsi pu en ferrer quelques uns, dont un qui y est allé d’un saut le conduisant directement dans un bouquet de palétuvier devant le skiff. Enfin, la mal-aimée des pêcheurs du sud : la carangue. Difficile de croire qu’une espèce aussi combative puisse être ainsi ignorée. Sans doute parce qu’une fois localisées, les carangues se ruent littéralement sur tout ce qui bouge, telle une meute de chiens enragés, avec une rapidité déconcertante. Point de vue défi, c’est davantage dans le combat qu’il réside, bien qu’avec leur rapidité de déplacement, ce ne soit pas

BONEFISH SOUS L’EAU

LA TORTUGA AVEC QUELQUES EMBARCATIONS QUI Y SONT AMARRÉES

FESTIN À BORD DE LA TORTUGA

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toujours une mince affaire que de leur placer une mouche au bon endroit au bon moment. Nous en avons capturé quelquesunes, on peut sans l’ombre d’un doute affirmer que sur une canne pour soie #8, une carangue de 4-5 kg livre une bataille qui laissera pantois n’importe quel saumonier ! On retrouve également des snooks à quelques endroits dans l’archipel, mais l’espèce y est relativement rare.

Les services offerts Avalon offre un service cinq étoiles sur toute la ligne. Le forfait habituel inclut un accueil personnalisé à l’aéroport de La Havane, deux nuitées dans un hôtel de qualité supérieure à La Havane, soit à l‘arrivée et au retour, le transfert vers Jucaro dans un autocar moderne et confortable, la traversée de Jucaro vers La Tortuga (ou vers le site de pêche dans le cas des yachts), tous les repas, les services d’un guide qualifié pour cinq journées complètes et deux demi-journées. Le guide est disponible de 7 h 30 le matin jusqu’à la tombée du jour, Vous naviguerez dans un skiff moderne et équipé pour deux pêcheurs, disponible en simple moyennant un supplément, Il n’y a aucune limite de carburant pour les embarcations. Enfin, le forfait inclut tous les breuvages et les repas. Durant notre séjour, ceux-ci ont toujours été frugaux, composés surtout de poissons fraîchement pêchés du jour, de langoustes, de fruits frais et savoureux. Le banquet du nouvel an était quant à lui exceptionnel à tous points de vue ! Durant une journée typique sur La Tortuga, un employé vient vous réveiller à 6 h 50, avec un café ou un jus de fruit. Le petit déjeuner est prêt dès 7 h 00, et le guide paré à quitter pour la pêche dès 7 h 30. Pour ceux qui optent pour une journée complète sur l’eau il est possible de faire préparer un repas pour le midi (pas de sandwich), ou encore de simplement revenir dîner et prendre une pause en mi-journée. Au retour de la pêche en fin de journée on vous attend avec un mohito, ou autre boisson si tel est le souhait du pêcheur. Des pizzas sont alors disponibles pour aider à patienter jusqu’à l’heure du souper, généralement servi entre 19 h 30 et 20 h 00. Les cabines

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sont suffisamment spacieuses pour y loger deux pêcheurs et leurs bagages, chaque cabine étant dotée de sa salle de bain avec douche.

L’équipement Pour la pêche au bonefish, une canne de 9 pieds pour soie #8, dotée d’un minimum de 100 verges de ligne de réserve et d’une soie flottante adaptée aux conditions de pêche tropicales en eau salée sera l’outil approprié. Pour les fins de journées sans vent, une canne plus légère, une 9 pieds pour soie #7 fera vivre des sensations inoubliables sur les nombreux tailings qui sont rencontrés. Les avançons devraient être de 9 ou 12 pieds, 12 lbs test. Durant notre visite, les mouches les plus efficaces furent les Cuban Shrimp, Borski Bonefish Slidder et les Kwan, dans des tailles 4 et 6, de poids variables, selon les conditions rencontrées. Ainsi, dans des situations de mudding, on doit opter pour des mouches plus lourdes, la profondeur pouvant excéder un mètre, alors que dans le cas de tailers, on devra posséder des mouches très légères, voire sans lest, la profondeur étant souvent inférieure à 15 cm. Pour la pêche au permit, une canne de 9 pieds pour soie #9 ou #10 sera idéale. On devra prévoir un moulinet au frein robuste et un minimum de 150 verges de lignes de réserve de 30 lbs test, 200 verges n’étant pas superflues, ainsi qu’une soie flottante, toujours conçue pour la pêche tropicale en eau salée. Un avançon de 9 ou 12 pieds d’une résistance de 16 lbs test fera l’affaire. On pourra aussi y ajouter une pointe de fluorocarbon de 15 lbs test si désiré. Les mouches sont généralement plutôt lourdement lestées, représentant des crabes ou des crevettes, de taille généralement #2 et # 4. Pour le tarpon, autrement que durant la période allant de la fin mars au mois de juillet, une canne pour soie #10 pourra être utilisée. Un moulinet au frein robuste avec un minimum de 150 verges de ligne de réserve de 30 lbs test. Une soie intermédiaire pour la pêche sous les tropiques est idéale. L’avançon devra être doté d’un schock tippett d’un minimum de 60 lbs test en fluorocarbon. Durant la période allant de la fin mars à la fin


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LE SKIFF À LA TOMBÉE DU JOUR

juillet, on doit modifier substantiellement l’équipement, compte tenu de la présence d’un grand nombre de tarpons de format excédant parfois les 40 kg. Une canne pour soie #11 et même #12 est recommandée, un minimum de 250 verges de ligne de réserve, et l’avançon devra être doté d’un schock tippett en fluorocarbon de 80 ou même 100 lbs test. L’assemblage des avançons requiert l’utilisation de noeuds particuliers, tels que Slim Beauty Knot et Bimini Twist. Les mouches les plus utilisées sont la série de coackroach dans les teintes de grizzly, orange, pourpres et noires. Les Tarpon Toad popularisées par le champion Andy Mill dans le DVD Chasing Silver sont aussi appréciés, de même que les nouveaux styles de montages d’Enrico Puglisi, tels que la Peanut Butter pourpre et noire ainsi que celle imitant une sardine, dans une taille de 3/0. Il importe de s’assurer que les hameçons utilisés pour le montage soient de qualité supérieure. Les plus réputés sur le marché sont actuellement les Owner AKI et les Gamakatsu SC17. À moins de faire la demande pour ne se concentrer que sur une seule espèce, il peut y avoir des opportunités de captures pour chacune des espèces à chaque jour. Il importe donc d’avoir au moins une canne de chaque type prête à être rapidement utilisée.

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La pêche hivernale dans les topiques; un complément agréable à la saison des saumoniers La pêche sous les tropiques gagne de plus en plus en popularité auprès des saumoniers québécois, et si plusieurs optent pour des sorties autonomes sans guide (DIY) à même des forfaits tout inclut dans les stations balnéaires populaires, le pêcheur désirant apprendre rapidement ce type de pêche et y connaître des sensations fortes et intenses aura tout intérêt à opter pour un encadrement adéquat dans un site de grande qualité en employant des équipements performants. J’ai personnellement perdu suffisamment de temps à essayer de tout combiner dans un même voyage pour finalement ne retirer que peu dans chaque activité visée, et constater une évolution quasi nulle après plusieurs années. On ne va pas dans le sud à toutes les fin de semaines. Ce n’est pas en obtenant une demi-douzaine de chances de captures durant une semaine qu’on apprend une telle pêche, et à cet effet, Les Jardins de la Reine constitue certainement une destination à placer au sommet de la liste des options à considérer pour quiconque vise passer des moments agréables en se mesurant aux espèces les plus sportives qu’un pêcheur à la mouche puisse rencontrer.


COKI : VICTOR JOSE MORALES GONZALEZ, DIT COKI, LE ROI DU PERMIT.

Photo : Coki

Coki,

le roi du

permit

D

ans le monde de la pêche, chaque rivière ou région a son guide légendaire. Dans les Caraïbes cubaines, ce dernier se nomme Victor Jose Morales Gonzalez, dit Coki. Malgré son jeune âge, 39 ans, il guide depuis plus de 25 ans. Il est d’ailleurs le chef guide d’Avalon, c’est à lui que revient la tâche de former de nouveaux guides, non seulement dans les Jardins de la Reine, mais aussi pour les autres destinations offertes par l’opérateur. Il a personnellement capturé environ 70 permits, mais en a fait prendre plus de 600 à ses clients, ce qui en fait probablement un des guides les plus prolifiques au monde pour cette espèce. Il a deux enfants, son fils ainé est également guide de pêche à Jucaro, Cuba. Coki considère que les meilleurs endroits pour la pêche au permit sont l’archipel des Jardins de la Reine et Cayo Largo à Cuba. Ses mouches préférées pour cette espèce sont la Mauro Shrimp et les crabes tels que les EP Crab de couleur tan pâles. Pour le tarpon, son endroit de prédilection est sans contredit le secteur de Boca Grande dans la

partie ouest des Jardins de la Reine, mais il a aussi un faible pour le secteur de l’Île de la Jeunesse, surtout pour ses tarpons format géants. Il passera d’ailleurs les prochains mois dans cette région. À son avis, le summum de la pêche au permit dans les Jardins de la Reine se situe entre les mois d’avril à juillet. Mais la pêche demeure tout de même excellente en tout temps. La pêche au bonefish est également excellente toute l’année. Pour le tarpon, on pourra capturer des pièces de petite et moyenne taille en tout temps, mais les gros tarpons sont en grand nombre en avril, mai, juin et juillet. Coki est sans contredit un guide habité par la passion qui caractérise ceux de cette profession qui se distinguent des autres, ceux pour qui guider n’est pas un boulot mais plutôt une vocation. Chaque journée passée en sa compagnie constitue inévitablement un apprentissage extraordinaire pour celui ou celle qui désire apprendre à déjouer ce poisson si capricieux et difficile à déjouer qu’est le permit. Saumons illimités 31


École de pêche

La chasse au saumon Techniques pour la traque active du saumon atlantique Propos et photos d’André Paradis, texte adapté par Thibaut Millet

T

rop souvent, pêche au saumon rime avec répétition et absence d’innovation. Nous avons tous été témoins – ou acteurs – de cette scène typique : le pêcheur répète machinalement ses lancers et reproduit les dérives de sa mouche à l’identique toute la journée sur une fosse peut-être partagée par d’autres pêcheurs s’appliquant à la même routine. Pourtant, il existe des approches bien plus actives pour repérer, tenter et faire décider le saumon. Une approche active de la pêche a le mérite non seulement de réveiller l’instinct de traqueur qui sommeille en tout 32 Saumons illimités

pêcheur, mais encore d’être particulièrement productive. Dans cet article, nous partagerons l’expérience acquise avec Jean Poitras, guide en chef de la ZEC rivière Madeleine, sur trois techniques qui nous semblent essentielles à la traque active du saumon atlantique dans nos rivières de Gaspésie : • L’approche de la fosse; • L’action de pêche; • La modération dans vos tentatives de présentations. Ces trois techniques nous ont permis de défier des conditions souvent extrêmes, et de prendre du saumon en présence

d’eau très basse, très claire et d’un débit très lent (conditions malheureusement fréquentes sur nos rivières de Gaspésie de la fin juillet au mois d’août).

L’approche : Le premier point essentiel est la façon d’approcher une fosse et d’en faire une bonne lecture, avant même de se positionner pour la pêche. Trop de pêcheurs rentrent dans l’eau machinalement sans prendre le temps d’analyser la configuration de la fosse et les tenues possibles du saumon. Il convient au contraire de commencer la lecture de la fosse, en


« APRÈS UNE BONNE DEMI-HEURE D’OBSERVATION, JE REPÈRE DEUX SAUMONS DANS LE BAS DE LA FOSSE QUI N’ONT PAS ÉTÉ REPÉRÉS »

partant du bas, tout en remontant lentement vers le haut pour rester le plus discret possible, si possible invisible au saumon. Au travers de mon expérience, j’ai pu constater à plusieurs reprises des pêcheurs trop anxieux qui se précipitent dans la rivière pour se rendre compte que le saumon se trouve à leurs pieds et qu’il les a repérés depuis longtemps. L’effet de surprise est anéanti.

Permettez-moi d’illustrer cette approche à l’aide d’une anecdote. Mi-septembre, Jean Poitras et moi nous retrouvons sur la fosse « bébé » de la rivière Madeleine. L’avant-midi nous a servi à faire une descente en canot au travers

du secteur 4 et une bonne partie du secteur 3. Pendant l’avant-midi, nous avons mouché seulement 25 minutes au total, n’ayant pas repéré beaucoup d’occasions propices. Une fois arrivés à la fosse « bébé », nous y trouvons quatre autres pêcheurs qui opèrent depuis l’aube. Ils se concentrent sur la cinquantaine de saumons qui se trouvent dans une portion de la fosse. Ils pêchent en rotation sans répit depuis le matin sans aucune touche ou manifestation d’action. Mon premier réflexe est d’observer la fosse dans son ensemble, et non de me limiter où le saumon est le plus visible (et surpêché). Après une bonne demi-heure d’observation, je repère deux saumons dans le bas de la fosse qui n’ont pas été repérés, et donc non sollicités. L’un des deux me semble plus actif : ma proie est repérée. Mon choix de mouche s’arrête sur une Green Machine # 8, qui semble adaptée en présence d’eau claire, très basse, d’un débit très lent et d’un ciel couvert.

Nous avons aussi la grande chance d’avoir des rivières cristallines : profitez-en ! Au cours de cette observation, repérez donc les poissons et observez le comportement des saumons que vous voyez : y’en a-t-il un en particulier de plus nerveux que les autres, parce qu’il se déplace plus vivement, ou parce qu’il semble suspendu à mi-eau ? Très souvent le saumon le plus actif sera le plus preneur. Au cours d’une journée de pêche intelligente, vous aurez ainsi l’occasion de repérer du saumon dans différentes fosses, et de le pêcher de façon ciblée sans vous brûler à surpêcher à l’aveuglette. Surpêcher veut dire mal pêcher, car le moment propice venu, les réflexes du pêcheur sont déjà émoussés par la répétitivité des lancers à l’identique. Les chances d’action à la pêche du saumon atlantique sont plutôt rares, et croyez-moi qu’une bonne dose d’observation et de pêche ciblée vous offrira plus d’action que de moucher toute la journée sans stratégie, et sans une bonne lecture des fosses.

« JE M’APPLIQUE À POSITIONNER MON LANCER À 85 DEGRÉS PAR RAPPORT AU COURANT, POUR QUE LA MOUCHE TOUCHE L’EAU JUSTE DEVANT LE NEZ DU POISSON »

Saumons illimités 33


LORSQUE VOTRE MOUCHE TOUCHE LA SURFACE DE L’EAU, IL EST DÉJÀ TEMPS DE « STRIPPER », C’EST-À-DIRE DE RÉCUPÉRER VOTRE LIGNE PAR SACCADES À L’AIDE DE LA MAIN LIBRE

Je me positionne, sort la longueur de ligne qui convient (70 pieds environ), et m’applique à positionner mon lancer à 85 degrés par rapport au courant, pour que la mouche touche l’eau juste devant le nez du poisson, seulement six à dix pouces en amont du saumon. J’active ma mouche en « strippant » dès que la mouche pénètre dans l’eau (nous reviendrons sur ce point). Dès le troisième lancer, quatre « strips » plus tard, un superbe saumon entre 13 et 14 lbs est accroché au bout de ma ligne. Un beau combat et une remise à l’eau s’ensuivent. Conclusion : en observant bien la fosse, j’ai pu repérer deux saumons qui n’avaient pas vu de mouche, contrairement aux 50 autres qui ont été pêchés sans arrêt pendant des heures sans résultat. En moyenne, j’ai pêché environ 30 minutes pour environ quatre heures d’approche et d’observation. Jean et moi estimons qu’en moyenne le ratio d’observation des fosses et de repérage des poissons représente environ 40 % à 60 % du temps. Une approche ciblée, plutôt qu’à l’aveuglette, vous permettra d’identifier les endroits les plus propices de la fosse, de repérer le saumon, et de bien définir la stratégie à déployer pour maximiser vos chances de capture sur les poissons actifs.

L’action de pêche Depuis toujours, je suis un adepte de la pêche à la sèche en raison du côté visuel de cette pêche. J’ai vraiment commencé à animer les mouches noyées 34 Saumons illimités


il y a quelque années après avoir bien observé et écouté les conseils de Jean Poitras, véritable œil de lynx qui pêche à vue en noyée comme en sèche. Cette technique active est particulièrement utile en présence d’eau basse et claire. Il convient d’abord de se positionner compte tenu de la force et la vitesse du courant et d’adapter l’angle de lancer en conséquence. En présence d’un courant lent, un angle de lancer presque perpendiculaire à la rivière, disons à 85 degrés par rapport au courant est tout indiqué. Par contre, lorsque le débit est plus rapide, un lancer à 45 degrés par rapport au courant est meilleur. Ensuite, l’idée est de lancer quasiment sur le saumon, c’est-à-dire de positionner délicatement la mouche six à dix pouces juste en amont du nez du saumon. L’effet de surprise est garanti, surtout si le saumon ne vous a pas vu venir. Les capacités de précision et de délicatesse du lancer (faisant souvent défaut au pêcheur peu expérimenté) sont importantes pour ne pas effrayer le poisson. C’est la mouche qui doit surprendre le saumon, et non pas un posé brutal. Lorsque votre mouche touche la surface de l’eau, il est déjà temps de « stripper », c’est-à-dire de récupérer votre ligne par saccades à l’aide de la main libre. La longueur et la cadence des « strips » dépendent des conditions. Il n’y a évidemment pas qu’une seule façon de stripper, mais comme point de départ, on peut retenir qu’avec un débit lent, des récupérations constantes et plutôt lentes de quatre à six pouces apparaissent plus naturelles. Dans un courant plus fort, des récupérations constantes mais rapides de 12 à 24 pouces sont adaptées. Ceci représente bien entendu une base de départ, car par la suite vous adapterez cette technique aux conditions de pêche rencontrées. Un dernier point important : il convient de présenter sa mouche sur une ligne bien tendue avant de « stripper » (récupérer une soie détendue ne produit aucun mouvement sur la mouche). Les mouches utilisées sont souvent des streamers, Magog Smelt, Beaulieu Spécial, Muddler. On peut aussi essayer des noyées classiques, telles que Blue Charm, Blackbear Green But, Green Machine, Stone Fly. Je n’hésite pas à

tailler les mouches noyées pour les alléger, presqu’à nu, pour leur donner une allure de streamer. Ce qui est le plus fascinant, c’est de voir le saumon démarrer et même casser la surface de l’eau comme s’il attaquait une mouche sèche, ou de voir son aileron dorsal bien visible en surface lorsqu’il attaque la mouche. Plus on explore cette technique, plus on la maîtrise pour s’ajuster aux fosses et aux conditions qui diffèrent. Après quelques réussites, vous oserez naturellement ajuster l’angle de présentation (de 45 à 85 degrés), la longueur et la vitesse de la récupération selon les conditions, le débit de l’eau et l’agressivité du saumon repéré.

La modération Tout le monde à déjà entendu le vieil adage qui énonce grosso-modo que plus on pêche, et plus la mouche est dans l’eau, alors plus on a de chance de prendre du poisson. Selon moi, ce principe est archi-faux! Il ne faut pas mitrailler le poisson, mais faire preuve de modération dans vos lancers et vos présentations. Après avoir bien présenté la mouche au bon endroit à cinq ou dix reprises, il convient de varier quelque chose dans la présentation (la mouche, ou l’action). Après cinq à dix nouvelles tentatives de présentation, si le saumon n’a pas réagi c’est qu’il n’est pas preneur. Il faut donc le laisser se reposer. Il est repéré, et vous pouvez revenir l’essayer ultérieurement dans la journée. Par ailleurs, lorsqu’un saumon a montré des signes d’activité en poursuivant la mouche hors de sa position initiale, il convient de le laisser se replacer dans sa position initiale, c’est-àdire sa zone de confort idéale. Permettez-moi d’utiliser une autre anecdote pour illustrer cette technique de modération. Septembre 2008, Jean et moi nous trouvons sur la fosse Gaudreau de la rivière Matane. L’eau est basse, le ciel est clair. Deux autres pêcheurs sont présents, encore une fois on constate qu’ils n’exploitent pas deux sections de la fosse, en raison d’un débit jugé trop lent : « la mouche ne travaille pas dans cette partie de la fosse ». Les circonstances nous semblent donc idéales pour attaquer ces

zones. Jean n’hésite pas une seconde et met un streamer Magog Smelt no.6. Dès le premier lancer, un saumon se pointe à la surface et suit la mouche que Jean active en « strippant ». Nous pouvons voir clairement le saumon qui frôle la surface de l’eau, gueule ouverte. Jean répète la même manœuvre à plusieurs reprises, mais à intervalle d’environ dix minutes, sans matraquer le poisson. Le plaisir est énorme car nous voyons ce saumon s’activer à chacune des tentatives! Après près de deux heures passées à s’amuser avec le saumon par intermittence, Jean décide d’ajuster sa récupération. Un bon lancer, la soie est bien tendue. Jean récupère la soie à la même cadence que les fois précédentes, à une différence près : lorsque le saumon se pointe le bout du nez, Jean arrête brusquement son mouvement une fraction de seconde avant de recommencer à « stripper ». Bang, le saumon est accroché au prochain strip , car la fraction de seconde lui a permis de bien prendre la mouche. Ce magnifique saumon de 15.5 lb est capturé. Cette même matinée, nous avons eu ainsi la chance de piquer deux saumons, chacun dans des sections de fosse boudées par les autres pêcheurs. Au cours de mes 25 ans d’expérience personnelle de pêche au saumon, observer et oser ont toujours été mes mots d’ordre. L’observation est essentielle à l’apprentissage, car elle nous permet de voir différentes façons ou techniques pratiquées par les autres pêcheurs. Cela nous permet aussi de voir et comprendre le comportement du saumon face aux différentes techniques et présentations utilisées, et donc de voir ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. Oser, essayer et sortir des sentiers battus permet de développer et raffiner sa propre pêche, de prendre plus de plaisir et sûrement plus de poissons. AP & TM

N’hésitez pas à contacter Jean ou moi pour plus de renseignements. Nous offrons aussi des formations en rivière. Pour plus de détails : André Paradis : Andre_paradis15@yahoo.com Jean Poitras, guide en chef Zec Rivière Madeleine : (418 393-2630) Saumons illimités 35


Cuisinons

Saumon fumé aux câpres croustillantes...

comme entrée ou comme plat principal Par Gilles Shooner | Photo : Catherine Côté

Voici une façon originale et surtout délicieuse de préparer une entrée de saumon fumé qui impressionnera vos invités. Les miens en furent ravis au point même d’oser en redemander. « Dommage » leur ai-je répondu, c’est une entrée.

Salade de grelots au bacon

Pour quatre personnes :

— 2 c. à soupe (30 ml) d’huile d’olive

— 1 filet de saumon d’environ 1 kg.

— 6 à 8 tranches de bacon cuites et grossièrement émiettées

— 10 pommes de terre grelots coupées en 2 ou 3 morceaux

— Huile d’olive

— 2 oignons verts émincés

— 4 c. à soup de capres — 1 tasse de crème 35 %

— 2 à 3 c. à soupe (30 à 45 ml) de crème sûre

— 1 c. à soupe de moutarde de Meaux

— 2 c. à soupe (30 ml) d’huile d’olive

— 1 c. à soupe de moutarde de Dijon

— 1 c. à soupe (15 ml) de moutarde de Meaux (ou à l’ancienne)

— 2 c. à soupe de sirop d’érable

— Au goût : aneth, ciboulette, sel et poivre du moulin

— 4 branches de fenouil — Sel et poivre

Détailler sur sa largeur le filet de saumon fumé en bandes d’environ un pouce. À l’aide d’un couteau bien aiguisé, enlever la bande de peau ainsi que la portion brune de la chair qui se trouve immédiatement dessous. La peau laissée en place lors de la cuisson fait recroqueviller la bande de saumon, quant à la chair brune…ce n’est tout simplement pas une partie appréciable ! Dans l’huile d’olive très chaude saisir pendant 5 à 8 secondes chaque coté sectionné des tranches. Réserver au chaud. Dans la même poêle, faire rôtir des câpres et réserver. Dans un cul de poule, mélanger la crème 35  %, la moutarde de Meaux et la moutarde de Dijon. Saler et poivrer. Dans une casserole, sur un feu moyen, faire réduire le mélange jusqu’à consistance onctueuse. Au goût, à la toute fin de la réduction, on ajoutera les quelques cuillères de sirop d’érable. On préparera avantageusement à

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l’avance cette sauce, qui se conserve bien au réfrigérateur dans un contenant fermé. Il suffira alors de réchauffer l’appareil juste avant de servir, sans faire bouillir. Étendre, à la cuillère, la sauce moutarde dans les assiettes préchauffées. Déposer les tranches de saumon sur la sauce puis les recouvrir des câpres. Décorer avec une branche de fenouil. Selon votre désir, vous pourriez même servir cette recette comme plat principal. Porter alors à quatre personnes le nombre de sections de saumon à griller. Dans ce cas, doubler la recette de sauce à la moutarde. Une salade tiède de grelots au bacon ferait alors un excellent accompagnement.

Dans un saladier, enrober les grelots d’huile d’olive avant de les faire rôtir dans une poêle à feu moyen pendant 15 à 20 minutes. Lorsque les grelots sont bien dorés et que la pointe d’un couteau transperce facilement la chair, stopper la cuisson et laisser refroidir un peu. Ajouter le reste des ingrédients et mélanger délicatement. Le choix du vin: le goût d’agrumes d’un Sauvignon Kim Crawford frais sera certes très apprécié. Bon appétit!

Note de l’éditeur : lors de la prise de photo pour l’article nous avons dégusté cette entrée avec un bière de type Ale anglaise, onctueuse, légèrement maltée et houblonne, elle se mariait à merveille avec la texture onctueuse et la saveur de la sauce à la moutarde.



Échos de France

Saumon

« précoce »

Saumon

« tardif » Par Patrick Martin et Jocelyn Rancon, Conservatoire National du Saumon Sauvage

Parmi les principaux facteurs pénalisants les populations de salmonidés abordés on retrouve le plus souvent la perte de l’habitat des juvéniles (Solomon, 1985) liée à la dégradation des zones de production ainsi que la non-accessibilité de ces zones suite à la présence d’obstacles. Dans le cas du saumon atlantique (Salmo salar L.) qui partage son existence entre la rivière où il est né et revient s’y reproduire et les aires de grossissement océaniques, la période et la durée de sa dévalaison vers la mer et de son retour vers les zones de frayères sont également des facteurs limitants.

Ainsi,

toute modification dans la période de dévalaison en eau douce et plus particulièrement une arrivée tardive peut entraîner des mortalités massives résultant, d’une part de la perte de la capacité d’adaptation à l’eau salée (« fenêtre physiologique ») et d’autre part, de l’arrivée en zone estuarienne dans des conditions environnementales (« fenêtre écologique ») défavorables (température, oxygène, polluants). Une arrivée et une migration tardives des adultes peuvent occasionner dans le cas de la Loire puis de l’Allier des mortalités liées aux conditions environnementales (température, oxygène) et peuvent également restreindre l’accès aux zones propices à la reproduction. Deux indicateurs sont disponibles et interprétables pour évaluer la précocité ou non de la migration des saumons et son évolution : les captures (professionnelles, de loisir ou à

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des fins scientifiques) et les recensements dans les stations de comptages. La pêche sportive du saumon a été interdite en 1994 sur l’ensemble de l’axe Loire-Allier par mesure de protection. Les pêcheurs sportifs faisaient alors état d’une arrivée des saumons de plus en plus tardive sur la partie amont du bassin. Si les données de capture sont difficiles à obtenir, quelques informations publiées dans la presse halieutique font état de captures très tôt en saison dans le département de la Haute-Loire (situé à 780 km de l’estuaire). • 1913 : 15 janvier : « de nombreux saumons « argentés » sont arrivés au barrage de la Bageasse (à Brioude, 788 km de l’estuaire). • 1914 : Brioude, « la saison du saumon tire sur sa fin, elle a été fructueuse de février à fin avril, environ 250 saumons ont été pris à la ligne, les plus gros 22 et 23 livres ».


1997 et 2009, fait également état d’un décalage moyen de 14 jours sur 10 ans avec une moyenne des passages du premier quart du contingent migrant le 2 avril. Enfin, depuis 2002, la salmoniculture du haut Allier (puis le Conservatoire National du Saumon Sauvage), marque par ablation de la nageoire adipeuse l’ensemble de ses smolts. Cette opération est réalisée grâce au soutien de nombreux bénévoles : Association Protectrice du Saumon, WWF, Fédération de Pêche ainsi que les associations de pêche locales (Langogne, Langeac…). L’analyse des retours des 6 dernières années montre que les saumons ablationnés (issus de la production du CNSS) et déversés au stade de smolts ont une date de passage à la station de Vichy plus tardive de 6 à 12 jours par rapport aux saumons non ablationnés. Ce décalage est toutefois variable selon les années et les cohortes. PARTIE DE PÊCHE À BRIOUDE (CHALIER)

75 ans plus tard, les captures des premiers saumons à la ligne en Haute-Loire déclarées par les membres de l’Association Protectrice du Saumon, entre 1982 et 1993, s’effectuaient en moyenne le 12 avril. Celles-ci sont de plus en plus tardives (environ 15 jours sur cette même période).

COMPARAISON DES PASSAGES CUMULÉS DE SAUMONS À VICHY DE 2003 À 2008, PAR COHORTE (2 ÉTÉS DE MER 2SW, 3 ÉTÉS DE MER 3SW). _ PRÉSENTANT NAGEOIRE ADIPEUSE, --- ABLATIS (SOURCE LOGRAMI)

DATE DE CAPTURE DU PREMIER SAUMON EN HAUTE-LOIRE, DE 1982 À 1993, PAR LES PÊCHEURS SPORTIFS (SOURCE APS) ET DATE DE PASSAGE DU PREMIER QUART DES SAUMONS À VICHY DE 1997 À 2009 (SOURCE LOGRAMI)

DIVERSITÉ ET CARACTÉRISTIQUES DE LA MIGRATION CHEZ LES SAUMONS DE L’AXE LOIRE ALLIER

La station de comptage de Vichy, mise en place depuis 1996, permet de comptabiliser tous les saumons, d’évaluer leur taille et donc leur âge de mer, et d’identifier ou non la présence de la nageoire adipeuse. L’enregistrement des passages des saumons à Vichy (650 km de l’estuaire), entre

SAUMON SANS ADIPEUSE DANS LA PASSE À POISSONS DE LANGEAC

Saumons illimités 39


Échos de France À LA MONTAISON Arrivée en estuaire (km 0) Une des particularités des saumons de l’Allier réside dans le fait que les saumons les plus précoces peuvent entrer en estuaire et entamer leur migration en octobre de l’année précédant leur reproduction, soit près de 14 mois avant la période de frai. En 1769, Duhamel du Monceau faisait état « d’un début de la pêche au saumon à l’entrée de la Loire en septembre ». Parmi les quelques données historiques disponibles, une étude réalisée en 1890-1891 fait état de 64 tonnes soit 8.982 saumons capturés sur une même saison entre Paimboeuf et Nantes (estuaire de la Loire). Les captures s’effectuaient toute l’année sauf d’août à mi-octobre. Sur la base des poids moyens des individus capturés, on peut ainsi estimer que la migration se décomposait avec l’arrivée successive de trois cohortes. • Les trois étés de mer de mi-octobre à fin mars. • À noter que cette migration a été entrecoupée par un arrêt de migration en période très froide (décembre-janvier). • Les deux étés de mer de début février à fin juin. • Les castillons (grisles) à partir de fin mai jusqu’à la fin du mois de juillet.

ESTIMATION DE LA RÉPARTITION DES DIFFÉRENTES COHORTES (---- 3SW ---- 2SW ---- 1SW ) À L’ESTUAIRE DE LA LOIRE (D’APRÈS LES CAPTURES JOURNALIÈRES ENTRE PAIMBOEUF ET NANTES EN 1890-1891).

L’écart estimé entre l’arrivée des saumons de 3 SW et de 2 SW était alors de 110 jours. De plus, la composition des populations selon le critère du poids moyen donnerait la répartition suivante : • 40 % de poissons de 3 étés de mer • 51 % de poissons de 2 étés de mer • 9 % de poissons de 1 été de mer

Les passages à Vichy (km 650) La station de comptage de Vichy mise en place depuis 1996, permet de comptabiliser tous les saumons et d’évaluer leur taille et donc leur âge de mer.

40 Saumons illimités

RÉPARTITION DES DIFFÉRENTES COHORTES (---- 3SW ---- 2SW ---- 1SW ) À LA STATION DE COMPTAGE DE VICHY, DE 1997 À 2008 (SOURCE LOGRAMI).

À Vichy, plus de 90% de la migration est observée entre le 1 mars et le 31 mai. Les températures observées à Vichy à partir du 1er juin sont en moyenne supérieures à 18°C. On constate que l’écart entre les passages des poissons de deux et trois ans (110 jours, en 1890, à Nantes) n’est plus que de 14 jours à Vichy sur la période 1997-2008. er

Les passages à Langeac (km 825) Sur la partie supérieure de l’axe à Langeac (825 km de l’estuaire), la migration est observée pendant deux périodes : du 15 avril au 15 juin, avec environ 1/3 des passages. À partir de cette date, la température moyenne journalière est supérieure à 18.5°C. Une deuxième vague se présente à l’automne entre le 15 septembre et le 15 décembre.

RÉPARTITION DES DIFFÉRENTES COHORTES (---- 3SW ---- 2SW ---- 1SW ) À LA STATION DE COMPTAGE DE LANGEAC, DE 2004 À 2008.

À Vichy et à Langeac, on observe une modification de la proportion des différentes cohortes par rapport aux données de 1890 à Nantes. La proportion des poissons de un et de trois étés de mer est inférieure. Si le faible retour des poissons de 1 été sur la partie supérieure du bassin peut être attribué à des températures trop élevées de la rivière ralentissant ou en stoppant leur migration (réchauffement de 2°C en 24 ans), celui des 3 étés de mer est plus général sur l’ensemble des rivières de l’Atlantique nord où l’on observe une diminution des grands saumons.


À LA DÉVALAISON

IMPACTS DU RETARD DE LA MIGRATION

Les passages en basse Loire (km 115)

À LA MONTAISON

Plusieurs références historiques (1888, 1891) font état des premières observations de smolts en estuaire en février, avec les passages les plus intenses de mars à mai. Afin de caractériser l’arrivée des smolts en basse Loire (115 km de l’estuaire), le CNSS a lancé des campagnes de captures. Cette pêche réalisée par un professionnel au guideau se pratique essentiellement de nuit à l’aide un filet en forme d’entonnoir de 22 m de long sur 9 m de large et 4.5 m de haut se terminant par une poche de 6 m.

Sur la survie des poissons Des données historiques font état d’une vitesse de montaison en partie estuarienne de 20 à 36 km par jour pour les premiers saumons lors des 100 premiers kilomètres (Bureau 1891). Ces données ont été complétées récemment par des études de radiopistage réalisées par LOGRAMI et font état de vitesses variables de 15 à 35 km/jour. Toutefois, la vitesse de migration est fortement dépendante des conditions de température et des conditions hydrauliques. On constate ainsi : • une migration réduite à des températures inférieures à 4 à 5°C ; • une migration fortement réduite puis stoppée lorsque la température est supérieure à 19-20°C.

CAPTURES DE SMOLTS AU GUIDEAU EN BASSE LOIRE (115 KM DE L’ESTUAIRE).

95 % des captures de smolts en estuaire se font dans une période située entre le 1er avril et le 15 mai. La fenêtre actuelle de passage des smolts se limite aux mois d’avril et mai avec respectivement 86 et 14 % du total des passages. Cette fenêtre s’est donc fortement réduite avec la disparition des poissons arrivant en février et mars.

Les passages à Langeac (km 825) Le contingent dévalant de saumoneaux sur l’Allier issus de la zone refuge (zone non alevinée) est estimé par l’intermédiaire d’un dispositif amovible de capture (piège rotatif ou tambour) situé en limite aval de cette zone depuis 2009.

TAMBOUR À L’AVAL DE LA ZONE REFUGE

À partir du mois de mai les captures sont beaucoup plus faibles sans toutefois s’interrompre totalement. On observe encore des poissons dévalants fin mai au moment des dernières observations en basse Loire.

PASSAGES CUMULÉS DE SAUMONS EN DIFFÉRENTS POINTS DE L’AXE LOIRE-ALLIER.

Ainsi, nous avons des individus qui, parce qu’ils sont entrés tardivement en estuaire de la Loire : • Sont stoppés dans leur migration par des températures élevées et ne parviennent jamais à Vichy ou sur les zones de reproduction. La comparaison des passages cumulés printaniers entre Vichy et Langeac (fig. 10) montre que quelle que soit sa position sur l’axe, la migration est stoppée à partir de début juin ; • Atteignent tardivement Vichy et stoppent leur migration entre Vichy et Langeac. Si les conditions environnementales estivales sont propices à leur survie, ils effectuent une deuxième migration à l’automne. S’il est évident que les poissons observés sur la partie amont du bassin sont entrés précocement en estuaire, les poissons arrivés les premiers à Vichy ne migrent pas tous au plus haut sur l’axe. Seulement 1/4 des poissons comptabilisés à Vichy arrivent à Langeac. Différentes causes sont avancées à ce jour (répartition des individus en fonction de leur origine géographique, état sanitaire dégradé, conditions estivales défavorables à la survie…) sans que l’on puisse quantifier exactement l’impact de chacune d’entre elles. Saumons illimités 41


Échos de France Sur l’accès aux meilleures zones de reproduction Historiquement, la zone de reproduction était décrite depuis Pont-du-Château jusqu’à Laveyrune en Ardèche soit sur une distance de près de 220 km.

En effet Jonhston & Saunders (1989) observent une diminution de la smoltification à partir de 16°C chez le saumon atlantique. De plus Duston & al. (1991), McCormick & al. (1996) ont montré que les fortes températures peuvent accélérer la perte des caractéristiques physiologiques acquises pendant la smoltification du jeune saumon.

COUPLE DE SAUMON SUR UNE FRAYÈRE (THIOULOUSE)

D’après les différents comptages effectués par le Conseil supérieur de la pêche, à partir de 1937, nous avons donc une zone de reproduction et de colonisation plus ou moins vaste et plus ou moins haut sur le bassin de l’Allier en fonction des années. Globalement, la plus forte colonisation et les plus grandes densités de frayères sont observées de l’amont de Brioude jusqu’à 20 km en amont de Langeac. Malgré l’ouverture de la partie amont (équipement de Poutès-Monistrol, en 1986) la colonisation sur ce secteur reste faible (environ 25 % des frayères). Depuis quelques années (voire quelques décennies), les secteurs situés à l’aval de Langeac sont considérés, en termes de survie de l’œuf à l’alevin, comme faibles et même médiocres à l’aval de Brioude. Les poissons « tardifs » ont donc une chance inférieure de parvenir sur les bonnes zones de reproduction, d’autant plus si les conditions climatiques évoluent vers un réchauffement qui stoppe de plus en plus tôt les migrations, d’autant que les crues automnales favorisant leur deuxième migration sont aléatoires.

À LA DÉVALAISON Sur la survie en zone estuarienne Malgré la mise en place des mécanismes pré-adaptatifs aux nouvelles conditions, la « fenêtre physiologique » durant laquelle le smolt pourra s’adapter serait une période limitée de quelques semaines dans sa vie (Berglum, 1992 - Boeuf 1993). Ainsi, toute modification dans la période de dévalaison en eau douce, et plus particulièrement une arrivée tardive, peut entraîner des mortalités massives résultant, d’une part de la perte de la capacité d’adaptation à l’eau salée (« fenêtre physiologique ») et, d’autre part, d’une l’arrivée en zone estuarienne dans des conditions environnementales (« fenêtre écologique ») défavorables (température, oxygène, polluants). La courbe des enregistrements de la Loire à 115 Km de l’estuaire démontre qu’à partir de mi-mai les températures peuvent être incompatibles avec le passage et la survie des poissons en zone estuarienne.

TEMPÉRATURE DE LA LOIRE À 115 KM DE L’ESTUAIRE.

D’après P. Martin et al. (2009), pour des smolts d’origine Allier, conservés en pisciculture, l’activité de dévalaison est optimale entre 7.5°C et 13.5°C. Pour des températures supérieures à 17°C, on observe une diminution régulière de l’activité qui représente alors moins de 25 % de l’activité de nage maximale et un arrêt total de migration au dessus de 20°C.

Sur la survie et la croissance en mer Les smolts qui quittent la zone de grossissement tardivement ont, eux aussi, une chance inférieure de parvenir à l’estuaire dans la période favorable mais également dans les zones marines de grossissement. Dans le cadre du programme de recherche européen SASEA MERGE, 434 post-smolts de 15-18 cm de longueur ont été capturés au cours de la campagne de pêche menée au nord des côtes irlandaises, écossaises et au sud des iles Féroé du 11 au 24 mai 2008. L’ensemble des poissons ont été capturés à la limite du plateau continental. Si les smolts originaires du bassin de Loire suivent le même axe de migration dans les mêmes délais, ceux-ci doivent être présents mi-mai au large de l’Irlande et avoir parcouru les 2.000 km depuis l’estuaire de la Loire.

Vers un programme de recherche international Le Comité Scientifique du bassin de Loire, composé de 11 experts de renommée c’est réuni les 1 et 2 février dernier au Ministère de l’Ecologie, l’Energie, du développement durable et de la Mer. Suite à la présentation par le CNSS de la note ci-dessus, celui a souhaité qu’une proposition de programme de recherche sur la précocité ou non des migrations des populations de saumon actuelles soit présentée à l’International Atlantic Salmon Research Board (IASRB) lors de la prochaine réunion du NASCO (Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord) en juin prochain à Québec. L’IASRB a pour objectif de promouvoir la collaboration et la coopération sur la recherche du saumon de l’Atlantique.

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23/02/10 10:57 AM


La relève

familiale

Photo : Geneviève Roy

Par David St-Laurent

Les années passent et se ressemblent, non! Pas nécessairement, car après trois décennies de pêche me voilà déjà rendu mentor de mes enfants. Dire qu’il n’y a pas si longtemps, mon père et ses amis me traînait sur leurs épaules pour traverser les rivières de la Gaspésie.

Que

dire de plus, le temps glisse entre mes doigts comme le sable du sablier qui coule. Je me rappelle ces matins de pêche alors que j’avais sept ou huit ans, j’accompagnais mon oncle et mon père à trois heures du matin pour être les premiers au Cap 16 sur la Matane, voilà ma première formation reçu, premier dans le pool, c’est important. Que faisait mes deux aînés, il sirotait leurs cafés « Prestone » (brandy ou cognac) selon leurs humeurs de la veille; pendant une heure ils se rappelaient de bons souvenirs, ce pêtait de la broue avec les autres qui se joignait à nous pour attendre l’heure fatidique de pêche tout en surveillant les moindre mouvements qui pouvait se passer dans le pied de la fosse. J’adore les matins de pêche, j’aime commencer tôt, car je crois à la première mouche du matin dans une bonne fosse 44 Saumons illimités

de rétention. Trop souvent, j’ai vu revenir ces deux gars là (Louis et Roch) avec le sourire du midi, lorsque mon oncle revenait le cigare à la bouche, sa voulait toujours dire succès; j’avais tu hâte d’ouvrir le cooler à poisson. C’est à partir de là que je ne voulais plus rater les matins de pêche, j’étais toujours prêt à voir de l’action et surtout le combat de ce Roi. J’ai été privilégié d’accompagner ces gars là, car c’est grâce à eux que je peux transmettre cette maladie à mes enfants, Miguel, treize ans, qui à vécu son premier combat avec un grisou, a bien aimé, va-t-il poursuivre? Je l’espère, mais il semble intriguer plus par le montage de mouches, car il a ce côté créateur et artistique très développé. Charles, huit ans, deux combats à sa fiche avec des grands saumons, lui pas beaucoup de patience encore, mais il suit à quatre heures du matin. Je peux l’appeler au radio


pour qui vienne sortir salmo, ha ha ! Il adore les bagarres, il devrait suivre les traces de son papa. Et finalement, ma petite Jade de six ans, qui a trempé ses petites bottes roses dans la coulée des sceaux (Matane) pour la première fois cette année, que de beauté de voir ce petit bout de femme « swinger » une canne de trois fois sa longueur à deux mains sur celle-ci. La cassette dans ma tête reculait sans cesse, que d’émotions de voir ma Jadoune nationale en action, elle en a du caractère, pauvre gendre que j’aurai. Tant qu’à reculer le ruban, parlons s’en un peu, qui n’a pas sa fosse fétiche ou spéciale qui vous rappelle de bons souvenirs ? Et bien, pour mes proches et moi, c’est la coulée des sceaux... Ma femme a capturé ses deux premiers grands saumons, Miguel a capturé son premier saumon, Charles a été conçu dans le chalet en arrière-plan, et lui aussi a sorti son premier grand saumon là, et Jade vous connaissez la suite... Les bases semblent solides pour le futur, mais les jeux vidéo sont encore forts eux aussi, pas grave, car à date, j’ai pu mixer les deux, comme on dit, les deux font la paire. Il faut savoir aller à leur rythme, tantôt la pêche, tantôt je leur fais chercher des mouches sur le bord de la grève, après sa, peut-être, de construire des petites digues pour en faire un bassin ou d’accélérer un petit rapide. Dans le fond, tout se que mon père me faisait faire avec mon frère mais sans technologie vidéo et sans oublier de faire de petits bonds sur l’eau avec des roches plates. Le plus dur, c’est la longue route. Cinq à sept heures pour atteindre la destination saumon, pas toujours évident, je les

attend dire; C’est encore loin grand schtroumf? Oui, c’est très très loin... Il faut essayer de les garder actifs en leur promettant qu’il y aura une bonne crème glacée à Trois Pistoles et de succulentes crevettes à Matane. Je me sens encore comme ce gamin illuminé par cette pêche si attractive et décevante qu’elle peut être, tantôt pour sa température ou par son niveau d’eau. Il y aura toujours quelque chose à redire, mais malgré tout, normalement, les saumons sont là, fidèles au rendez-vous, en petite ou grande quantité, tout dépend de la date ou rivière que l’on pratique. C’est bien vrai que cette maladie est incurable. Je ne connais qu’un seul remède pour en essayer de guérir, c’est d’y aller, année après année avec de nouvelles personnes petites qui deviendront grandes à leur tour. Cette boucle, sans fin, j’espère, dans ma famille, nous entamons la troisième et j’en suis bien fier. Je crois en cette nouvelle cuvée. Pour ceux qui sont rendu là, ne lâchez pas, car on n’en voit pas encore assez, pour les autres à le devenir, soyez patient, car ce n’est pas facile, même moi je « capote » par moment, heureusement, j’ai ma femme qui peut m’aider. Pas plus que deux à la fois. Cela peut-être le grand-père qui a échoué avec ses enfants et qui peut se reprendre avec ses petits-enfants car on connaît la moyenne d’âge des pêcheurs, c’est les baby-boomers en montant, donc profitez de ces belles années qui vous restent pour rebâtir ce blason familial.

Bonne saison 2010 !

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Hommage

Lucien Rolland Par André Baril

M

on épouse et moi avions déjà eu l’occasion de rencontrer ce gentleman lors de la conférence de la Fédération du Saumon Atlantique (FSA) en mai 2009 à Toronto. Un chic type auquel tous les participants à cette conférence internationale vouaient un très grand respect. L’homme nous avait été présenté comme le « parrain » de la FSA. Il ne parlait que très peu mais il était évident que les quelques mots qu’il exprimait étaient toujours songés et avaient une lourde portée au sein du Conseil. Ce n’est pas tant ses 92 ans que son implication personnelle continue depuis plusieurs décennies déjà au sein de la FSA qui sont remarquables. Il est à l’origine de la fusion de 1982 entre l’Association du Saumon Atlantique siégeant à Montréal et la Fédération Internationale du Saumon Atlantique siégeant aux Etats-Unis (IASF en anglais), fusion qui a donné naissance à la FSA telle que l’on la connaît aujourd’hui. Il fut le premier C’est aussi sous son leadership qu’a eu lieu le grand déménagement du siège social de l’actuelle FSA de Montréal à St. Andrews au Nouveau-Brunswick, déménagement dont la rationnelle de rapprochement près du monde marin aux fins d’études scientifiques s’est avéré plus que fondée. Son immense leadership et ses immenses apports à la cause du saumon ont aussi mené à son intronisation comme Président Emeritus de la FSA. Ayant eu le privilège de l’accompagner dans le cadre d’une série d’articles à paraître sur les personnalités du monde des saumoniers ayant laissé leur marque, nous nous étions donné rendez-vous au bureau de la ZEC Madeleine au milieu de ce bel après-midi du 16 août 2009. Ayant conduit seul le trajet Montréal-Madeleine, il arriva à l’heure exacte au volant de sa petite voiture sport, inquiet d’être en retard pour avoir été contraint par les forces de l’ordre de limiter sa vitesse : bon an mal an, il parcourt ainsi près de 10 000 kilomètres pour sa grande passion qu’est la pêche. Les retrouvailles se passèrent bien. J’étais cependant un peu inquiet qu’il ait prit sa petite voiture sport sur le chemin de bois pour se rendre au Camp de la Haute-Madeleine où nous avions à pêcher le secteur 2 dès le lendemain. Il me rétorqua sur le coup; « Avez-vous une voiture de vieux? Moi, non ! » Cela suffit à me clouer le bec et on prit la route vers le camp, ça m’apprendra à ne pas voir au-delà des apparences. L’arrivée au camp de la Haute-Madeleine et l’accueil furent remarquables. Nous prirent place dans nos quartiers et ensuite, nous nous dirigeons au chalet-restaurant pour un 46 Saumons illimités

ÉTÉ 2009, M. ROLLAND SUR LES ABORDS DE LA BONAVENTURE.

souper gastronomique. Au fil d’une bonne discussion, on apprend à le connaître davantage; ce père de huit enfants et ancien Président de la compagnie de papiers fins et d’impression Rolland devenue Cascades dans les années 1990, fut également récipiendaire de l’Ordre du Canada des mains même de Jeanne Sauvé. Ce charmeur naturel aux us et coutumes bien ancrées a rapidement conquis mon épouse en lui laissant savoir qu’à la table, elle était « la rose entre deux épines ». Il nous explique aussi qu’il avait fait des études en sciences appliquées (génie chimique), il souhaitait que la compagnie Rolland produise un jour sa propre pâte de papier. Malheureusement ou heureusement pour lui, cet objectif ne fut jamais atteint; en achetant alors la pâte de papier d’autres compagnies, il se faisait souvent inviter à la pêche dans leurs camps privés et c’est d’ailleurs de cette façon qu’il fut initié et qu’il est devenu accroc à la pêche au saumon. Faut croire que la passion a eu le dessus sur la raison. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple… surtout quand de superbes pêches dans de superbes camps n’attendaient que sa présence. Auriez-vous fait autrement ? Il raconta qu’à son premier voyage au saumon, il hésitait à s’y rendre parce que son travail l’occupait beaucoup et qu’il n’avait alors que 24 heures d disponibles. Il se laissera quand même convaincre et accepta l’invitation d’aller pêcher sur la Moisie. Il fit sa première pêche au printemps et à la traîne. Comme résultat, trois saumons frais et six saumons de dévalaison. Il n’aima pas beaucoup ce genre de pêche plutôt passif et s’orienta vers la pêche à la mouche. Je n’aurais


jamais pensé pêcher avec une personne dont la seule différence d’âge entre nous est supérieure au nombre total d’années que je pêche et j’ose espérer qu’avec mes 52 ans, je puisse encore disposer d’au moins 40 saisons additionnelles. Il n’y a pas beaucoup de rivières (Alaska, Chili, Russie…) et d’espèces sportives que cet homme n’a pas pêchées. Ses plus beaux souvenirs relatent une décennie de pêche avec son bon ami Lee Wulff. Il a cofondé avec ce dernier le Club des 16/20 où l’objectif est de prendre un saumon de 20 livres avec une mouche no. 16. Il fut la troisième personne à joindre les rangs de ce club restreint et selon le livre The Atlantic Salmon de Lee Wulff, édition 1983, M. Rolland aurait été trois fois accrédité dans ce Club dont il est encore l’actuel président et dont, les certificats d’authenticité peuvent être observés à la boutique Salmo Nature de Montréal. Avec un peu plus de 1 200 saumons à son actif, il ne pêche plus qu’à la sèche et qu’avec de petites mouches et croyez-moi, il ne se lasse pas et peut le faire toute une journée durant. En réponse à mes questions, il avoue que son plus gros saumon fut de 40 livres et que son premier tarpon pesait 118 livres. Malgré son âge vénérable, monsieur Rolland se sent encore tout jeune et clame son secret à qui veut bien l’entendre; « Le bon Dieu ne compte pas les journées passées à la pêche ». Il fut d’ailleurs surpris d’apprendre sa propre mort dans un livre publié sur l’ile d’Anticosti et dans l’encart ci-joint, je me permets de vous citer quelques passages de la lettre qu’il a écrite à son assassin littéraire d’où le titre de cet article. En compagnie du très expérimenté et dédié guide Mic-Mac Pascal Barnabé Huet, aussi directeur de la ZEC Madeleine, nous avons exploré et pêché de nombreuses fosses du secteur 2, nécessitant un parcours en Jeep Cherokee, expérience de terrain pour le moins chaotique sur cette piste réservée aux VTTs. Au terme de ce voyage, il est difficile de dire qui du guide ou de M. Rolland en a appris le plus lors de ce séjour, la sagesse, la gentillesse et l’expérience de notre invité ayant été au rendez-vous. Et comme on le dit si bien chez nous, seul M. Rolland a réussi à se connecter. Soyez avisés qu’il a toujours l’œil aguerri et moyennant que l’on ralentisse un peu le pas, il va partout où sa présence est requise, c’est-à-dire où il y a du saumon. Pascal et moi en avons été agréablement surpris. Ce fut un réel plaisir d’avoir pu accompagner ce grand personnage qui s’avère être un excellent partenaire de pêche et dont les prouesses pour son âge sont étonnantes. Le monde du saumon ne peut que s’enorgueillir d’avoir une personnalité comme lui qui fut sans cesse, et est encore pleinement dédié à la cause du saumon. Je remercie et salue donc le toujours actuel homme accompli, Président Emeritus de la FSA, Président du Club des 16/20, et ami compagnon de pêche. À notre Revenant, je lève mon chapeau et lui souhaite longue vie.

Cher Monsieur, Je viens vous féliciter pour les deux livres exceptionnels que vous avez écrits sur Anticosti. Vous avez une âme de poète et vos textes nous font aimer davantage ce coin de paradis…. À un certain moment entre ces deux éditions, vous m’avez fait disparaître et j’apprécie votre homélie des pages XXX…Après ce double trépas prématuré, mon âme se promène encore sur la Jupiter. Quant à mon corps, le dieu égyptien Anubis ne semble pas s’être occupé de sa sépulture puisqu’il a été vu en Antarctique, dans les fjords du Chili, à Costa Rica, à Islamorada en Floride, sur les rivières Restigouche, Moisie, Étamamiou, Godbout, Trinité et Bonaventure. Heureusement qu’il ne s’est pas présenté sur la Jupiter… Cela aurait sans doute causé une commotion à une couple de vos fervents lecteurs… J’imagine qu’il ne vous arrive pas tous les jours de recevoir un mot d’appréciation d’un lecteur saumonier mort qui se fait revenant. Cordialement vôtre, Lucien G. Rolland En ce jour des morts, deuxième du mois de novembre, du second millénaire, à Montréal. Saumons illimités 47


Babillard L’Encan faune et nature Toyota Jusqu’au 18 mars 2010, procurez-vous des forfaits de pêche, de chasse, de villégiature, de l’équipement pour les sports en nature, à des prix imbattables, tout en soutenant une bonne cause ! Découvrez plus de 100 lots sur le site Internet www.fondationdelafaune.qc.ca/encan. Les profits de cet encan, organisé par la Fondation de la faune du Québec depuis 2007, sont investis dans des projets pour la relève. Visitez l’Encan faune et nature et faites de bonnes affaires ! Le congrès annuel des saumoniers de la FQSA se tiendra les 27 et 28 mars prochain à l’hôtel Clarion de Québec. L’événement se déroulera sous le thème La sauvegarde des rivières à saumon dans la perspective du développement hydro-électriques des rivières nordiques. Samedi le 27 mars aura lieu le colloque ainsi que le banquet. La journée du 28 mars sera réservée à l’Assemblée générale annuelle.

Le regroupement pour la restauration des 3 rivières Pabos tiendront l’événement Gastronomie golf à la gaspésienne. Le 28 mai 2010, à Saint-Jean Baptiste de Rouville sur la Rive-Sud de Montréal, une activité bénéfice hors du commun pour permettre la restauration et l’aménagement des rivières Pabos. Pour recevoir de l’information supplémentaire, envoyez-nous votre adresse courriel à rsvpsaumongolf@missionclient.com. L’Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure inc. tiendra du 4 au 6 juin 2010 et du 27 au 29 août 2010 un cours de pêche à la mouche. Ce cours s’adresse à toutes et à tous, avec ou sans expérience, désirant apprendre les techniques de pêche à la mouche, s’améliorer ou en connaître davantage sur ce merveilleux sport. Pour plus d’informations : 1 888 979-1818.

Hommage à un pionnier

L’Association des Moucheurs du Montréal Métropolitain Inc. est heureuse de s’associer aux détaillants d’articles de chasse et pêche de la grande région de Montréal pour l’évènement « Les mouches de l’espoir » au profit de la fondation du cancer du sein du Québec. Le 17 avril prochain, des membres des M.M.M. distribueront des mouches fabriquées en rose et solliciteront votre générosité afin d’amasser des fonds pour la fondation. Tous les profits iront à la Fondation du cancer du sein du Québec. La 13e édition du colloque annuel du Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Saumon Atlantique aura lieu les mardi 27 et mercredi 28 avril 2010, à l’auditorium Jean-Paul Tardif (local 1334) du pavillon La Laurentienne de l’Université Laval. L’horaire des présentations sera disponible sur le site www.bio.ulaval.ca/cirsa Soirée-bénéfice de la Fondation de la faune du Québec C’est le 20 mai 2010 que la Fondation tiendra son traditionnel souper de homard à la Taverne Magnan, à Montréal, sous la présidence d’honneur de M. Daniel Cotte, président des Eaux Naya. Homards, encan silencieux et encan à la criée vous sont proposés dans une ambiance décontractée et propice aux échanges. Coût de la carte : 200 $. Pour tout renseignement additionnel, contactez la Fondation de la faune au 418 644-7926 ou 1 877 639-0742.

EN ORDRE, RÉAL SOUCY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SOGERM, ALBERT BASTIEN ET PIERRE-PAUL TURCOTTE, VICE-PRÉSIDENT GESTION DES RIVIÈRES DE LA FQSA.

La Fédération québécoise pour le saumon atlantique et la Société de gestion de la rivière Matane ont souligné conjointement le 1er février dernier le travail de l’un des fondateurs de la SOGERM, monsieur Albert Bastien. Dès 1991, il s’est impliqué dans la SOGERM. Il a dirigé plusieurs dossiers pour cet organisme. Le plus éloquent est sans contredit le poste d’observation du saumon qui est situé au barrage Mathieu-D’Amour. Il a aussi été impliqué dans les dossiers de la restauration des berges de la rivière Matane ainsi que celui de la toponymie des fosses à saumon. Il a aussi agit à titre de secrétaire – trésorier de l’organisme pendant huit ans. Encore une fois félicitations à ce pionnier des premières heures de la rivière Matane.

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In memoriam

Le Québec perd un ami, la France un grand défenseur du saumon Par Yvon Côté

N

ous avons appris le décès de Jean-Pierre Tane, ingénieur-chef des Eaux et Forêts à la retraite, survenu le 3 octobre 2009 à Névache, dans ses Alpes natales. Jean-Pierre a été, en France, l’un des instigateurs du Plan quinquennal saumon (1975-1980). Ce plan fut suivi du Plan poisson migrateur et d’une kyrielle d’actions pour restaurer la qualité des habitats du saumon et des poissons migrateurs des rivières françaises. À l’occasion du Plan saumon, il avait procédé au recrutement de plusieurs jeunes biologistes et ingénieurs qui ont fait carrière dans les différentes délégations régionales du Conseil supérieur de la Pêche devenu il y a quelques années l’ONEMA, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques. Ces jeunes ont donné une impulsion nouvelle à la gestion de la pêche et des milieux aquatiques en France et lui sont certainement redevables de leur carrière. Jean-Pierre était également un grand ami du Québec. Il y venait pratiquement tous les ans. Toutes les raisons étaient bonnes pour faire une mission au Québec. A l’occasion d’une mission de longue durée chez nous, il avait pu parfaire sa connaissance des différentes régions du Québec. Il aimait vraiment le peuple québécois, sa mentalité, ses façons de faire. Avec lui, j’ai eu l’occasion d’organiser le Colloque franco-québécois sur la restauration des rivières à saumon tenu à Bergerac, en 1985. C’est aussi avec lui que nous avons lancé l’idée du jumelage de la rivière Jacques-Cartier avec la Dordogne. Deux puissants symboles du lien entre l’Homme et la Nature. En effet, c’est dans les grottes de la Vézère et de la Dordogne, qu’a vécu l’Homme de Cro-Magnon et où l’on retrouve la représentation picturale la plus ancienne d’un saumon, signe manifeste de l’importance de cette ressource pour la survie de l’homme préhistorique. Quant à la Jacques-Cartier, qui porte le nom du découvreur du Canada, la légende veut que le capitaine malouin l’ait fréquentée lors d’un de ses voyages. Ramener le saumon et restaurer ses habitats dans ces deux rivières d’où il avait presque disparu et qui symbolisent l’origine du peuplement français et du peuplement québécois, quel beau défi. Jean-Pierre était

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enthousiasmé par ce beau projet brillamment porté, ensuite, par Pierre Dulude et Guy Pustelnik, le premier au Québec le second en France. Jean-Pierre était connu pour son esprit débordant d’idées toutes aussi originales les unes que les autres et qu’il disséminait partout où il trouvait un auditoire à convaincre. C’était un amateur des technologies nouvelles de l’information. Il avait rêvé d’un projet de conception d’une passe migratoire à saumon où grâce à la magie des satellites, les ingénieurs français et québécois auraient pu travailler ensemble, en direct, à l’élaboration de plans et devis, et échanger sur les meilleurs moyens de résoudre un problème concret de migration du saumon. Ce rêve, il ne l’a jamais réalisé. Peutêtre un jour, quelqu’un reprendra-t-il le flambeau. Je lisais récemment à l’occasion du décès d’un autre grand saumonier, l’éloge que lui faisait l’un de ses amis. Cet éloge je le fais mien maintenant pour mon ami. Jean-Pierre, le monde se porte un peu mieux parce que tu as vécu. Adieu mon ami.


Mouche-au-logis

La Plaquée et la Perle Bleue Par Richard Sirois | Photos : Marc-Antoine Jean

Monsieur Gérard Sirois pêche le saumon depuis une trentaine d’années. Ses premières expériences ont eu lieu sur les rivières de la CôteNord et il a par la suite étendu ses activités sur plusieurs rivières québécoises et même de la Nouvelle-Écosse. Il a commencé à monter des mouches pour le plaisir très gratifiant de leurrer des saumons avec des mouches qu’il a lui-même montées ainsi qu’avec ses propres créations. Monsieur Sirois met présentement la touche finale dans ses coffres et dans ceux de ses proches qui peuvent se compter bien chanceux de pêcher avec des artificielles très bien montées et productives.

La Plaquée

La Perle Bleue

Cette mouche a été nommée en souvenir d’une pêche miraculeuse à la fosse du plaqué sur la rivière Musquanousse de la pourvoirie du même nom en 2007. 6 saumons y ont mordu en 1 heure et demie avec la même mouche # 8. Le même scénario s’est répété en 2008 avec 1 truite de mer de 3 livres et deux saumons en 2 heures. Elle a aussi été essayée avec succès à la rivière aux Rochers de Port-Cartier.

Cette mouche a été montée pour la rivière aux Rochers à Port-Cartier et s’est révélée efficace régulièrement au cours des années. Il est à parier qu’elle peut être productive sur plusieurs de nos belles rivières.

TOILETTE Ferret : Tinsel ovale, couleur argent Queue : Plume de crête de faisan doré Corps : soie floche noire Côtes : Tinsel plat argent Aile : Poil d’ours polaire Gorge : Hackle rouge vif Joues : Plumes de coq de Sonnerat Tête : Noire, laque transparente

TOILETTE Ferret : Tinsel ovale, couleur or Bout : Soie floche orange Queue : Plume de crête de faisan doré Corps : Moitié arrière soie floche bleue, moitié avant soie floche noire Voile : Bout de soie floche orange Hackle : Fibres de hackle noir Côtes : Tinsel ovale, couleur or Aile : Poils d’écureuil brun Joues : Plumes de coq de Sonnerat Tête : Noire, laque transparente

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« 1 % pour la planète » ça vous dit quelques choses ?

Permettez-moi de vous faire connaître ce plan et de vous faire connaître la personne et l’entreprise qui me l’on fait connaître. 1 % pour la planète est une idée originale de Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, une marque spécialisé dans le vêtement et l’équipement de plein air et de Craig Mathews, propriétaire de Blue Ribbon Flies. En 2001, s’inspirant de leur modèle de gestion, ces deux hommes d’affaires concoctèrent un plan pour inciter les entreprises à verser 1 % de leurs ventes à des organismes environnementaux. C’est Craig qui a amené la terminologie adoptée «1 % pour la planète». Le concept est simple, mais puissant. Pour bénéficier du logo de 1 % pour la planète il faut verser 1 % de ses revenus à des Organismes à but non-lucratifs approuvés. L’énoncé de mission à la base de ce plan est : Nous souhaitons susciter un changement environnemental positif en profitant des tendances du marché afin d’inspirer les entreprises à faire donner. Je vous invite à consulter l’adresse suivante pour obtenir toute l’information sur le plan : http://www.onepercentfortheplanet.org/fr/

1 % pour la planète-Améo-FQSA C’est Jevto Dedijer, passionné par la pêche à la mouche du saumon atlantique, qui m’a contacté au début janvier de cette année pour me faire savoir que son entreprise, Améo, avait adhéré au plan et que c’est avec fierté qu’elle versera 1 % de ses revenus à la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. Comme il est inscrit sur son site Web : Un petit geste certes, mais des petites rivières font de grands fleuves… Du point de vue professionnel, Jevto a 20 ans d’expérience en marketing stratégique et communications. Il a une 52 Saumons illimités

expérience internationale ayant travaillé en Suède, en France, aux USA et au Canada

Mais qu’est Améo ? Améo est une entreprise de Québec qui se définit comme étant une micro-multinationale spécialisée en stratégie de marque. Comme il est écrit :«Chez Améo, nous ne passons pas notre temps à faire de la philosophie stratégique, ni à rédiger des rapports épais comme un annuaire téléphonique. Nous intervenons en amont de toute initiative de communication (brochures, publicités, site Internet, etc.). Notre travail n’est pas de vous étourdir, mais de vous aider à bâtir une marque forte et à vous différencier de vos concurrents, ainsi qu’à augmenter vos revenus. Tout ce que nous faisons est donc dicté par une philosophie – pouvoir être appliqué dans la vrai vie.» Vous voulez bâtir une marque forte et distinctive? Communiquez avec Jevto Dedijer directement. AMÉO 1119, avenue Cartier, bureau 102, Québec (Québec) G1R 2S6 T : 418 529 8558 F : 866 823 3657 C : 418 563 7063 jevto@ameo.ca Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Le petit geste de Jevto, comme il le qualifie, est plutôt un grand geste pour notre Fédération et il est accueilli avec fierté. Merci !


Baie des Rochers Jacques Hébert

Œuvre originale de Jacques Hébert Aquarelle, 29’’ x 22’’ Pièce maîtresse de l’encan tenu lors du 23e souper bénéfice Lithographies à tirage limité disponibles à la FQSA


L’union fait la FORCE! Ensemble développons notre relève.

Au cours des dernières années, la FQSA a mis sur pied un programme de mentorat permettant de former une nouvelle relève de pêcheurs. Elle supporte également le programme éducatif Histoires de saumon dans plus de 40 écoles primaires du Québec. Pour maintenir ses actions auprès de la relève la FQSA a besoin de vous !

« DONNEZ-NOUS UN SOUTIEN DE POIDS, DONNEZ-NOUS VOTRE APPUI ! » En devenant membre vous recevrez gratuitement le magazine Saumons illimités, seule publication francophone sur le saumon atlantique. Vous recevrez également le Guide sur le réseau des rivières du Québec. Vous pourrez également bénéficier de nombreux avantages offerts par nos partenaires. Pour plus d’informations : DoSSIeTroraT men www.saumon-fqsa.qc.ca ce À La La Fran e saLar d e d ar ou appelez-nous au sauveg 418 847-9191 NTIQ

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Photos (de gauche à droite) : Gérard Bilodeau, Éric Roy Charbonneau, Patrick Thibodeau, Geneviève Roy




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