LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE
Saumons VOLUME 34, NUMÉRO 2 • ÉTÉ 2011
illimités 90
La graciation : un geste fatal ?
700$ / 5 €
Convention Poste-publications 40063917
Les crues majeures
2011.04.20 - SAUMONS ILLIMITÉS_Layout 1 16/05/11 2:37 PM Page 1
Sommaire
Numéro 90 Photo couverture : QVO/Le Camp Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca www.saumon-fqsa.qc.ca Rédacteur en chef : Marc-Antoine Jean, majean@saumon-fqsa.qc.ca Éditeur : Ghyslain Provençal Collaborateurs : Gérard Bilodeau, Pierre Manseau, Richard Sirois, Michel Jean, Gilles Shooner, Bernard Beaudin. Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 10 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes. LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FQSA
4 Mot du président
13
6 From the president 9 Mot de l’éditeur 10 Congrès FQSA 13 Graciation du saumon
Président : Yvon Côté Secrétaire : André Baril Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : Claude Hamel, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Lyne Trudeau, Berchmans Rauzon • Québec et Saguenay : David Saint-Laurent, Sylvie Tremblay Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie Picard Vice-présidence à la gestion des rivières : Michel Ouellet, V.P. • Rive sud : Marco Bellavance et Paul M. Leboutiller, administrateurs à l’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski • Rive nord : Georges Gagnon, directeur général de la Société d’aménagement de Baie-Trinité Jacques Laroche, administrateur CGRSE Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean-Claude Villeneuve Représentant de la FPQ : Dominic Dugré Gestionnaires : 2 postes vacants Délégués externes : • CIRSA : Gilles L. Duhaime • FSA : Charles Cusson • Maryse Saint-Amant • Améllie Thériault
19 Graciation : aspects techniques 22 Les parcs d’engraissement à Fundy 29 Les crues majeures 33 Découvrir la pêche à la mouche 38 Améliorez vos photos de pêche
Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina
Index des publicités Air Medic.............................................................................. 51
42 La rivière Port-Daniel 48 Les « tube flies »
L’Atelier du moucheur...................................................... 53 Boutique FQSA.................................................................. 49
53 Babillard
Camp Bonaventure........................................................... 21 Chez Pierre Bahamas........................................................37 Le Coin du Moucheur........................................................ 51 Fondation de la faune du Québec.....................................8 Fondation du saumon atlantique.................................... 56 Hydro Québec................................................................... 54 Latulippe................................................................................2 Pourvoirie des Lacs Robidoux........................................ 53 Rivière Nouvelle................................................................. 28 Salmon Lodge.................................................................... 28 Saumon Québec..................................................................8 Temple Fork Outfitters....................................................... 21 Torrent..................................................................................37
LE CONSEIL DES GOUVERNEURS 2010 MEMBRES CORPORATIFS Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Fondation Blairmore MEMBRE INDIVIDUEL M. John E. Houghton
38
42
Photo : Patrick Beaumont
Mot du président
en vrac
Quelques idées SCIENCE, TECHNOLOGIE ET ÉTHIQUE DE LA PÊCHE
LE PLAN NORD Le premier ministre du Québec, M. Jean Charest vient de
Tel était le thème du dernier congrès des membres de
faire l’annonce du Plan Nord. Les promoteurs de projets de
la FQSA. Le développement du savoir scientifique et
développement économique y voient une occasion unique,
des technologies amène continuellement de nouveaux
pour les populations nordiques, de participer à l’économie
équipements de pêche sur le marché afin de réponde à
moderne. Par contre, plusieurs groupes d’écologistes
une diversité de situations et de besoins des pêcheurs.
demeurent perplexes devant l’ouverture possible de ce
Pensons tout simplement aux soies plongeantes ou encore
vaste territoire qui recèle les derniers grands espaces
aux mouches tubes. Les avancées technologiques donnent
sauvages du Québec. Les communautés autochtones
constamment aux pêcheurs des engins de plus en plus
qui ont habité ce territoire pendant des millénaires sont
performants qui leur permettent d’affronter davantage
ambivalentes. Les unes attirées par le progrès économique
de situations de pêche pour leur plus grand plaisir. En
pour le mieux-être de leurs sociétés et les autres, inquiètes,
contrepartie, ces engins, dans les mains de pêcheurs aux
par l’inconnu ou par crainte de voir se répéter les erreurs
intentions douteuses, peuvent aussi devenir destructeurs
commises dans le développement du sud du Québec.
de la ressource halieutique. Les pêcheurs doivent donc, volontairement, se comporter de façon éthique
Fort heureusement, le premier ministre Charest a
et s’autodiscipliner au risque de se voir imposer des
placé le développement du Nord sous l’emblème du
règlementations de plus en plus restrictives, de plus en plus
Développement durable. C’est une bonne piste. Mais
tatillonnes. Voici un exemple de comportement éthique
jusqu’ici la dualité de cette expression a bien des fois
dont il a été fait état à notre dernier congrès. Le pêcheur
mieux desservi l’aspect développement que l’aspect
qui a choisi de gracier ses prises de saumons devrait-il
durabilité de ce concept. Si on en vient au saumon, il est
spontanément faire usage d’hameçons à pointe unique et
évident que l’annonce de la possibilité du développement
émoussée avant même que le Gouvernement n’impose,
de 3 500 MW à même les rivières du Nord a de
dans ce cas, une telle règlementation ?
quoi inquiéter les saumoniers. Il est possible que le
4 Saumons illimités
développement de potentiel provienne, au moins en partie,
sur l’habitat dus saumon en rivière, les pronostics pour
de l’harnachement de rivières à saumon. Les rivières à
les remontées de 2011 s’annoncent bons. En effet, les
saumon du Nord sont les dernières rivières sauvages du
scientifiques ont noté une bonne abondance des stocks
Québec. Elles possèdent des populations de saumons
de saumons, présents à la fin de l’été 2010 le long des
aux caractéristiques singulières, adaptées aux conditions
côtes du Groenland. En outre, le poids moyens de
nordiques. A l’échelle des temps géologiques ce sont de
saumons y était élevé, signe de leur état de santé.
jeunes populations de saumons, en pleine évolution, qui
Or ce sont ces stocks de saumons qui contribueront
ont suivi la déglaciation du continent nord-américain.
aux remontées de saumons dans les rivières du continent
Incidemment, le cycle vital des populations de saumons
nord-américain en 2011.
nordiques possèdent une biodiversité plus grande que celle des populations du sud du Québec et que l’on ne retrouve
Bon été, bonne pêche, en tout respect de cette belle
que dans les rivières du nord de la Russie, soumises à des
ressource qu’est le saumon.
conditions similaires au milieu nordique québécois. Une telle variété de comportement est nécessaire à la survie du saumon dans ces contrées au climat rigoureux. Voilà donc une situation où le principe de la précaution devra s’appliquer au risque de perdre ces populations de saumons.
SAISON 2011 Pour terminer ce remue-méninge, finissons en beauté. La saison de pêche 2011 est à nos portes. Que nous réserve-t-elle ? Si d’une part les crues exceptionnelles de l’automne 2010 dans plusieurs rivières, notamment celles de la Gaspésie, peuvent entraîner des impacts négatifs
Yvon Côté, président
Saumons illimités 5
Photo : Patrick Beaumont
From the president
Some random
thoughts
SCIENCE, TECHNOLOGY AND FISHING ETHICS
THE PLAN NORD
That was the theme of the recent FQSA members’
The Premier of Quebec, Mr. Jean Charest, has just
congress. The development of scientific knowledge and
announced the Plan Nord. Promoters of economic
technology continually leads to new fishing gear appearing
development projects obviously see in this plan a unique
on the market in answer to the many different situations
opportunity for northern communities to participate in the
and needs of anglers. Just think of sinking lines and
modern economy.
even tubular flies. Advances in technology give anglers increasingly efficient fishing gears that allow them to
In contrast, many conservation groups are quite hesitant
confront ever more challenging, and apparently ever more
about the opening up this vast territory which holds the
rewarding, fishing situations.
last great wilderness areas of Quebec. The First Nation communities that have occupied this territory for thousands
However these same fishing gears, in the hands of some
of years are undecided. Some are attracted to the potential
anglers, let’s say simply those with dubious intentions, may
economic progress for the benefit of their communities,
instead well become the bane of fishing resources. Anglers
while others, worried by the unknown and afraid that many
should voluntarily behave ethically and discipline themselves
of the errors committed in the development of southern
all of the time or run the risk of seeing stricter and ever more
Quebec will simply be repeated.
niggling regulations being imposed upon them. Fortunately though, Premier Charest has placed the Here’s a typical example of a question on ethical behaviour
development of the North under the emblem of
that was discussed at the last congress. Shouldn’t anglers
«Sustainable Development». It’s a good start. However,
who have already decided to practice live release of
up to now the duality of this expression has served the
salmon, use only single, barbless or pinched hooks all the
development aspects much more than the sustainable part
time, instead of waiting for the government to impose such
of the concept. To get back to salmon though, it is evident
a regulation?
that the announcement of the possible development
6 Saumons illimités
of 3,500 MW of electricity on northern rivers is something
run-off in many rivers, especially those in the Gaspe, may
that salmon anglers definitely should be concerned about.
have had some negative impact on salmon river habitat,
It is quite possible that this development potential, at least
the predictions for the 2011 salmon run are basically
in part, will be derived from harnessing salmon rivers.
favourable. In fact, science specialists noted an abundance
Northern salmon rivers are the last wild rivers in Quebec.
of salmon stocks at the end of last summer along the coast
These rivers harbour salmon populations with very unique
of Greenland. Moreover, the average weight of salmon, an
characteristics, adapted to the northern environment.
indication of their state of health, was high. These are the
On the geological time scale, these are young salmon
salmon stocks that will make up part of the salmon runs of
populations, in full evolution, which followed the receding
rivers on the North American continent in 2011.
continental ice sheets. Incidentally, the life history of these northern salmon populations show greater biodiversity
So have a great summer, enjoy your fishing, and take care
than those in southern Quebec, similar only to the salmon
to respect this wonderful resource.
populations in rivers in northern Russia, that are subjected to the same harsh conditions as in northern Quebec. Such behavioural variety is necessary for the survival of salmon in these extremely harsh climates. Here then is a situation where the principal of cautionary approach should definitely be applied or we run the risk of losing these salmon populations.
THE 2011 FISHING SEASON To close this hodge podge of ideas, let’s finish in style. The 2011 fishing season is about to start. What’s in store for us? Although on one hand, the exceptional spring
Yvon Côté, president
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Mot de l’éditeur
La graciation! La graciation est un sujet qui soulève beaucoup de passion, de discussions et parfois même de tensions. Il s’agit soit d’un geste que nous sommes tenus de faire, règlementation oblige, ou encore tout simplement d’un choix personnel. Dans ce dernier cas, nous avons tous et chacun nos motivations pour décider de gracier ou non un saumon. Nous sommes libres d’agir comme nous l’entendons et c’est très bien ainsi. D’ailleurs la position de la FQSA est très claire à ce sujet. Elle encourage la graciation tout en respectant ceux et celles qui ne la pratiquent pas. Personnellement, je conserve un saumon ou deux pour en apprécier la chair si délectable, mais je pratique également la graciation pour deux raisons. Premièrement, je souhaite favoriser la reproduction de ce fantastique poisson et deuxièmement, je tiens à éviter le gaspillage. J’éprouve un malaise profond lorsque j’apprends que des saumons se sont retrouvés au site d’enfouissement le printemps suivant. Quoiqu’il en soit, lorsque nous abordons une fosse en vue de capturer un magnifique saumon, posons-nous la question avant de commencer à pêcher : « Le saumon qui sera éventuellement au bout de ma ligne, vais-je le gracier ou non? » Si notre décision est de le gracier, la façon d’agir est très importante car il en va de la survie du saumon. Cet important sujet a été abordé au congrès de la FQSA en avril dernier lors de l’atelier sur les comportements éthiques en regard de la pêche au saumon. Le présent numéro traite également de ce sujet. Je vous invite à lire, aux pages 13 à 19, un article de monsieur Gilles Shooner qui nous explique comment les mécanismes de respiration du saumon affectent grandement ses chances de survie lors de la graciation. De plus monsieur Gérard Bilodeau nous présente à la page 20, la technique efficace pour gracier avec succès un saumon en tenant compte notamment de sa façon de respirer. Bonne saison de pêche! Ghyslain Provençal
Saumons illimités 9
Le
Congrès annuel de la FQSA Les 9 et 10 avril derniers, se tenait le Congrès annuel des saumoniers de la FQSA. L’événement, sous le thème « Science, technologie et éthique de la pêche au saumon » se déroulait à l’hôtel Clarion à Québec.
LES ATELIERS ET CONFÉRENCES La journée de samedi a été ponctuée de plusieurs ateliers et conférences en relation avec le thème du Congrès. En avant-midi, les congressistes ont pu bénéficier d’excellentes présentations de plusieurs biologistes et spécialistes du ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Plusieurs sujets très intéressants, à caractère scientifiques, concernant la ressource saumon ont su captiver les saumoniers. On y a discuté de : - la problématique des embâcles de bois sur la rivière SaintJean (Gaspésie) et leur impact sur la migration du saumon ; - des caractéristiques biologiques du saumon sur la BasseCôte-Nord ;
ont pu connaître les mécanismes de respiration des saumons et l’impact de ceux-ci, lors de la graciation du saumon.
LA RECONNAISSANCE La journée s’est terminée par un cocktail et un banquet sous la présidence d’honneur de monsieur Serge Simard, ministre délégué aux Ressources naturelles et à la Faune. Au cours du banquet, le ministre a réitéré l’importance majeure de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique comme partenaire du gouvernement du Québec. De plus, il est important de noter la forte participation des Premières Nations lors du banquet, notamment monsieur Jean-Charles Piétacho, grand chef d’Ekuanishit (Mingan).
- l’évolution de l’algue Dydimo ; - l’impact de la présence de la truite arc-en-ciel dans les rivières à saumon ; - l’état des stocks de saumons au Québec. En après-midi, des ateliers tout aussi enrichissants ont été présentés aux membres. Les conférenciers ont abordé, de brillante façon, des thèmes variés qui ont suscité un vif intérêt des participants. D’abord, l’idée de mettre en place un projet pilote de «Sentinelles de nos rivières», comme en Colombie-Britannique, a été lancée et bien accueillie par les congressistes. Ensuite l’éthique de la pêche au saumon a été élaborée sous divers angles, tout en mettant l’emphase sur la question de la remise à l’eau des saumons. Les saumoniers 10 Saumons illimités
Au cours de la soirée, plusieurs distinctions ont été remises à différents intervenants du monde du saumon. Pour la FQSA, il s’agit d’un moment privilégié pour reconnaitre concrètement les personnes ou organismes qui se sont distingués par leur travail et leur implication pour la cause du saumon atlantique. La médaille François-de-Beaulieu-Gourdeau/Uitshitun représente le plus haut mérite décerné par la FQSA à une personne qui s’est illustrée de façon exemplaire pour la défense du saumon au Québec. Cette haute distinction a été remise à monsieur Georges Gagnon de la rivière Trinité, pour souligner ses 25 années d’implication dans le monde du saumon atlantique.
conférences
Les trophées Salar sont décernés aux personnes ou organismes qui se sont démarqués par leur engagement envers la ressource saumon. Voici les récipiendaires pour chaque catégorie : - Salar Jean-Paul Dubé, catégorie éducation/information, remis à monsieur Julien Cabana, journaliste au Journal de Québec.;
VALÉRIE BUJOLD LORS DE SA PRÉSENTATION SUR LES EMBÂCLES DE BOIS DE LA RIVIÈRE SAINT-JEAN (GASPÉSIE)
- Salar Pierre Tremblay, catégorie promotion, attribué à madame Louise Laparé, comédienne ;
CAROLE-ANN GILLIS PENDANT SA CONFÉRENCE SUR L’ALGUE DYDIMO FRANÇOIS BARNARD LORS DE SON ALLOCUTION SUR LES CARACTÉRISTIQUES DES SAUMONS DE LA BASSE-CÔTE-NORD
- Salar Jean-Paul Duguay, catégorie conservation, donné à monsieur David Bazile, directeur général de la pourvoirie de la Rivière Mingan et du Lac Allard; - Salar Napoléon-A Comeau, catégorie prix de l’exécutif, décerné à monsieur JeanPierre Lebel, biologiste retraité du MRNF.
ISABEL THIBAULT LORS DE SA CONFÉRENCE SUR LA TRUITE ARC-EN-CIEL BRIAN SKINNER PENDANT SON EXPOSÉ SUR L’ÉTAT DES STOCKS DE SAUMON AU QUÉBEC
Le Makhila d’honneur est une canne honorifique remise à un organisme de gestion d’une rivière ayant accompli un travail remarquable dans son milieu. La canne a été remise à la Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia. Finalement, une plaque honorifique a été remise à la Société de gestion de la rivière Matane, en reconnaissance pour sa contribution au développement de l’éthique de la pêche au saumon.
GILLES OUELLET PRÉSENTANT SON IDÉE DE « SENTINELLES DE NOS RIVIÈRES »
GILLES SHOONER LORS DE SA CONFÉRENCE SUR LES MÉCANISMES DE RESPIRATION DU SAUMON
LAVAL RIOUX PRÉSENTANT LE CODE D’ÉTHIQUE DU PÊCHEUR DE LA RIVIÈRE MATANE ANDRÉ VÉZINA PARTAGEANT AVEC LES CONGRESSISTES SA VISION DE L’ÉTHIQUE DE PÊCHE AU SAUMON
assemblée générale
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE Le Congrès annuel est aussi le moment où la FQSA tient son assemblée générale annuelle. À cette occasion, le président, monsieur Yvon Côté a présenté, à la satisfaction des membres présents, un rapport étoffé sur les nombreuses réalisations de l’organisme durant la dernière année ainsi que les principales orientations pour 2011. De plus tous les administrateurs dont les postes étaient en élection ont été réélus dans leurs fonctions.
DE GAUCHE À DROITE : MONSIEUR MICHEL JEAN DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FQSA, MONSIEUR JACQUES BÉRUBÉ PRÉSIDENT D’ASSEMBLÉE ET MONSIEUR YVON CÔTÉ PRÉSIDENT DE LA FQSA LORS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
Saumons illimités 11
Le
Congrès annuel de la FQSA
reconnaissance
AU CENTRE MONSIEUR GEORGES GAGNON DE LA RIVIÈRE TRINITÉ RÉCIPIENDAIRE DE LA MÉDAILLE FRANÇOIS-DE-BEAULIEU GOURDEAU/ UITSHITUN. IL EST ENTOURÉ À GAUCHE DU PRÉSIDENT DE LA FQSA, MONSIEUR YVON CÔTÉ ET À DROITE DE MONSIEUR JEAN-CHARLES PIÉTACHO, CHEF DE EKUANITSHIT ET DE MONSIEUR SERGE SIMARD, MINISTRE DÉLÉGUÉ AUX RESSOURCES NATURELLES ET À LA FAUNE
MONSIEUR JULIEN CABANA RÉCIPIENDAIRE DU SALAR JEAN-PAUL DUBÉ, CATÉGORIE ÉDUCATION/INFORMATION. IL EST ACCOMPAGNÉ DE MONSIEUR YVON CÔTÉ, PRÉSIDENT DE LA FQSA.
MONSIEUR DAVID BAZILE RÉCIPIENDAIRE DU SALAR JEANPAUL DUGUAY CATÉGORIE CONSERVATION. IL REÇOIT SON TROPHÉE DE MONSIEUR XXXX
MADAME LOUISE LAPARÉ, RÉCIPIENDAIRE DU SALAR PIERRE TREMBLAY, CATÉGORIE PROMOTION. ELLE REÇOIT SON TROPHÉE DE MADAME JACQUELINE TREMBLAY
MONSIEUR ANDRÉ TANGUAY REPRÉSENTANT LA CORPORATION DE GESTION DES RIVIÈRES MATAPÉDIA ET PATAPÉDIA RECEVANT LE MAKHILA D’HONNEUR DES MAINS DE MONSIEUR SERGE SIMARD, MINISTRE DÉLÉGUÉ AUX RESSOURCES NATURELLES ET À LA FAUNE.
MONSIEUR SERGE SIMARD, MINISTRE DÉLÉGUÉ AUX RESSOURCES NATURELLES ET À LA FAUNE ET PRÉSIDENT D’HONNEUR DU BANQUET RECEVANT UNE LITHOGRAPHIE DE MONSIEUR YVON CÔTÉ, PRÉSIDENT DE LA FQSA.
MONSIEUR JEAN-PAUL LEBEL RÉCIPIENDAIRE DU SALAR NAPOLÉON-A COMEAU CATÉGORIE PRIX DE L’EXÉCUTIF. IL REÇOIT SON TROPHÉE DE MONSIEUR MARIO COMEAU
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MESSIEURS RÉAL SOUCY ET CHRISTIAN BÉLANGER DE LA SOCIÉTÉ DE GESTION DE LA RIVIÈRE MATANE RECEVANT UNE PLAQUE HONORIFIQUE DES MAINS DE MONSIEUR YVON CÔTÉ, PRÉSIDENT DE LA FQSA
saumon LA GRACIATION DU
faire ou ne pas faire... là n’est pas la question! Par Gilles Shooner
La graciation est soit une condition imposée pour pratiquer la pêche du saumon, soit une décision personnelle, pleinement volontaire. Dans les deux cas, la survie du poisson est en cause et les risques associés aux moyens déployés pour accomplir cette action doivent être minimisés. Sinon, le geste perd tout son sens. Certains diront même qu’il s’agit là, pour un pêcheur de saumon responsable et soucieux du respect de la ressource, d’une question éthique engageante. Pourquoi? Pour une raison évidente : en dehors de l’eau, le poisson ne vivra pas bien longtemps. Pas plus que nous d’ailleurs, si on nous maintenait la tête dans l’eau! D’entrée de jeu, le moyen le plus sûr est de respecter la nature exclusivement aquatique de cet animal. Afin de saisir le sens profond de cette réalité, une meilleure connaissance de la mécanique respiratoire du poisson s’impose. Après la leçon d’anatomie et de physiologie qui suit, le lecteur sera amené à évaluer si la méthode de graciation qu’il pratique est compatible avec le but ultime d’assurer que le poisson relâché soit en mesure de boucler le cycle de sa reproduction.
LA RESPIRATION DES VERTÉBRÉS Le schéma suivant synthétise l’essentiel du phénomène des échanges gazeux qui conditionnent, de façon générale, la vie chez les animaux vertébrés, terrestres ou aquatiques. Pour
vivre, l’oxygène (O2) provenant du milieu extérieur doit nécessairement atteindre les cellules des organes de leur milieu intérieur, et le bioxyde carbone (CO2) doit en être évacué.
Les échanges gazeux chez les vertébrés Milieu extérieur terrestre | aquatique
O2
gazeux | dissous
CO2
Milieu intérieur organes | cellules Surfaces de diffusion spécialisées
poumons branchies
INTRODUCTION
O2 CO2
La taille des symboles chimiques témoigne du rapport entre les quantités de gaz en présence et la mécanique physique des échanges qui s’y effectuent. Grâce au phénomène de diffusion, l’oxygène plus abondant dans le milieu extérieur aura tendance à combler le déficit de ce gaz que les cellules des organes du milieu intérieur utilisent en continu pour alimenter les mécanismes complexes de leurs productions énergétiques. À l’inverse, afin d’éviter que le déchet du métabolisme (le CO2) ne s’accumule dans un espace restreint et asphyxie le milieu interne, il doit être évacué; la très faible présence naturelle de ce gaz dans le milieu extérieur favorisera cette évacuation. Saumons illimités 13
Le système circulatoire sanguin, qui atteint les moindres recoins d’un organisme, fait office de véhicule pour convoyer ces gaz entre les deux milieux, par le biais d’une affinité chimique entre l’hémoglobine et les globules rouges (dans le cas de l’O2) et par une dissolution dans son plasma (pour le CO2). Au cours de ce processus dynamique, les structures spécialisées des poumons ou des branchies constituent les portes d’entrée et de sortie de l’organisme obligatoirement franchies par les gaz respiratoires. Dès lors, c’est en ces lieux que commence l’action chez les vertébrés. À ce sujet, voyons voir ce qui se passe chez les poissons osseux (les téléostéens), plus particulièrement chez les salmonidés, en retenant que la protection des branchies par les opercules, contrairement à celle plus étanche de la cage thoracique pour les poumons, ne constitue pas une garantie à toute épreuve contre les doigts aventureux et dévastateurs du pêcheur.
LES MOUVEMENTS RESPIRATOIRES DU POISSON Qui n’a pas déjà tenté d’imiter un poisson qui parle en pinçant précieusement sa bouche, puis en l’ouvrant et en la fermant? Le poisson, s’il pouvait parler, dirait qu’il agit ainsi pour respirer. Il respire effectivement dans l’eau, sans pour autant faire de bulles!
bouche laisse entrer l’eau qui est par la suite forcée à se diriger vers les branchies, puis vers la sortie créée par les opercules en expansion. Le chemin ne s’effectue pas en sens inverse. Ce type de processus mécanique, qui fait successivement intervenir les pompes buccale et branchiale, est efficace lorsque le poisson est au repos ou en légère activité. En filtrant l’eau par ses branchies, il pourra en extraire entre 70 % et 90 % de l’oxygène dissous. C’est une action éminemment énergivore : il y consacre trente pour cent de son énergie totale ! Par contre, lorsqu’il doit dépenser beaucoup d’énergie pour franchir par exemple des rapides tumultueux, il adopte une autre stratégie pour augmenter son apport en oxygène. Il concentre ses efforts dans les muscles de nage en gardant la bouche grande ouverte contre le courant; l’eau s’y engouffre et, par compression, force l’ouverture des opercules pour laisser passer l’eau plus rapidement (paradoxalement, on parle ici de respiration passive!). Cette façon de respirer n’est pas uniquement une activité intense associée à des déplacements migratoires. Beaucoup de pêcheurs ont remarqué le même comportement chez des saumons qui tournent rapidement en rond dans des fosses profondes sans être confrontés à des courants rapides. Cela s’observe particulièrement en période de canicule alors que l’eau plus chaude s’appauvrit en oxygène dissous, le poisson devant donc augmenter la circulation de l’eau vers ses branchies.
ANATOMOPHYSIOLOGIE DU SYSTÈME Les trois schémas suivants (extraits de documents publiés sur RESPIRATOIRE D’UN POISSON HEUREUX internet) expliquent grossièrement le processus impliquant des DANS L’EAU… mouvements complexes des muscles de la bouche, du plancher de la bouche et de la région operculaire, qui rappelle un peu le mécanisme d’une pompe aspirante et foulante. L’important est de noter le sens unidirectionnel de la circulation de l’eau. La
La photo suivante montre la disposition générale de la première des quatre branchies latérales d’une truite, une fois l’opercule protecteur enlevé. Les multiples lames branchiales
Mécanique respiratoire Les différentes étapes de la circulation de l’eau 1. La cavité buccale se dilate et se remplit par l’abaissement de son plancher. 2. La bouche se ferme et le relèvement du plancher de la bouche chasse l’eau vers les fente branchiales. 3. L’eau pénètre dans la cavité branchiale qui se contracte et l’opercule se soulève d’où sortie de l’eau.
14 Saumons illimités
œsophage
1
cavité branchiale
2
opercule
3
Pour bien comprendre l’importance capitale de conserver l’intégrité de ces structures lors des gestes qu’il pose pour relâcher sa capture, le pêcheur doit avoir saisi l’organisation complexe de ces arcs branchiaux et la mécanique circulatoire des fluides aquatiques et sanguins qui les traversent. Ce sont là les vrais enjeux d’une graciation réussie.
de tolérance des salmonidés, une situation qui influencera sa capacité de nage et sa résistance. Si le poisson peut, jusqu’à un certain point, s’accommoder de ces variations parfois transitoires, le pêcheur, quant à lui, ne doit pas oublier cette contingence lorsqu’il pratique son sport de façon responsable et éthique en pleine canicule.
Graphique de la solubilité de l’oxygène dans l’eau douce en fonction de la température (courbe de Winkler) Quantité de dioxygène dissous en mg/L
filamenteuses disposées en arc sur le support cartilagineux blanc sont orientées en éventail vers l’arrière de la bouche du poisson. Leur couleur rouge reflète l’abondance de sang qui y circule à quelques fractions de millimètre de la source d’oxygène se trouvant dans l’eau dans laquelle elles baignent.
14 12 10 8 6 4 2 0 5
10
15
20
25
30
Température de l’eau en °C
Branchie de saumon atlantique observée au microscope électronique
In The respiratory developpement of Atlantic Salmon, P. R. Wells, A.W. Pinder, The journal of Expérimental Biology 199, 2725-2736 (1996)
Les échanges gazeux dont il est question ici requièrent de très grandes surfaces pour être efficaces. C’est là une constante anatomophysiologique généralisée chez tous les êtres vivants qui implique des structures dont la perméabilité augmente en raison de leur minceur. Par ailleurs, les superficies varient en fonction des besoins énergétiques des individus et la disponibilité des substances gazeuses dans les milieux influencera les échanges. Un animal à sang chaud, en maintenant sa température interne constante, dépensera au total plus d’énergie, donc plus d’oxygène, qu’un animal à sang froid dont la température corporelle varie avec celle du milieu ambiant. Ainsi, un humain a besoin de respirer 25 litres d’air atmosphérique contenant environ 20 % d’O2 pour obtenir 1 litre d’oxygène pur. Pour arriver au même résultat, un poisson devra filtrer environ 400 litres d’eau. À des fins de comparaison, le graphique suivant permet de montrer la solubilité de l’oxygène dans l’eau en fonction de la température. Avoisinant 13 mg/l pour une température ambiante de 5oC, ce taux chute en bas de 7,5 mg/l lorsque l’eau se réchauffe à 30oC. On arrive ici à la limite inférieure
La photo suivante illustre la microstructure de l’arc branchial d’un saumon juvénile (tacon). Les lamelles primaires implantées sur le pourtour d’une pièce de cartilage laissent clairement entrevoir les excroissances (les lamelles secondaires) qui leur donnent l’aspect d’une plume et qui contribuent à augmenter de façon phénoménale les surfaces de contact pour les échanges gazeux.
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La structure des branchies d’un poisson et du système circulatoire qui y est intimement associé répond à cette exigence structurale des grandes surfaces minces et très perméables aux échanges. À leur extrémité, les vaisseaux sanguins sont réduits en tubes si petits que les globules rouges y circulent un par un. À ce niveau, les lamelles branchiales secondaires, dans lesquelles les minuscules vaisseaux cheminent en faisceaux réticulés, présentent des surfaces composées d’une seule couche d’épaisseur de cellules de taille inférieure au micron (0,001 mm). C’est vraiment petit! Et par ailleurs très fragile; il est donc important de veiller à ne pas les toucher! Rien de mieux cependant pour favoriser les échanges d’O2 et de CO2. Ces structures ultrafines et délicates qui se comparent à celles des alvéoles de nos poumons sont le siège des échanges gazeux. *** Les figures suivantes (extraites du fascicule 6 de la série Élevage des salmonidés, rédigée par les vétérinaires F.C. Uhland et R. Péloquin et publiée en 1997 par le MAPAQ) traduisent schématiquement l’organisation complexe des éléments du système circulatoire. Au départ, on note la disposition en double des lamelles primaires, ce qui favorise l’augmentation des surfaces de contact avec l’eau. Les branchiospines illustrées sont des expansions des arcs vers le fond de la bouche du poisson; elles captent notamment les particules et les débris entraînés avec l’eau siphonnée et les empêchent d’aller obstruer les branchies.
Les détails de la partie inscrite dans le carré pointillé font l’objet de la figure suivante. Les replis sur les lamelles primaires, appelés lamelles secondaires, comportent des surfaces adaptées spécifiquement aux échanges gazeux. Leur nombre s’élèverait à plus de 30 000 et elles offriraient une superficie équivalente à 0,2 m2/kg de poisson (par comparaison, nos 300 millions d’alvéoles pulmonaires présentent une surface d’échanges de 70 m2). Remarquez ici le sens de l’écoulement de l’eau et le fait que les vaisseaux sanguins circulant le long du corps de l’arc branchial présentent des ramifications qui irradient dans les lames primaires. Comme on le voit dans les schémas suivants, les lamelles secondaires bénéficient ultimement de cette fine vascularisation essentielle pour la performance des échanges gazeux.
Disposition des vaisseaux sanguins et des lamelles secondaires dans les lamelles primaires Cartilage
Vaisseaux sanguins
Lamelle secondaire
Lamelle primaire
Structure anatomique d’un arc branchial (4 par côté)
Doubles séries de lamelles primaires
Branchiospines Arc branchial Courant d’eau
MAPAQ (1997)
LES ÉCHANGES À CONTRE-COURANT, LA CLÉ DE L’EFFICACITÉ DU SYSTÈME RESPIRATOIRE DU POISSON
Courant d’eau
Le mécanisme dont il est ici question relève d’un mécanisme physique d’échange d’éléments entre des milieux différents qui optimisent les rendements. Il n’a évidemment rien à voir avec ce mouvement de va-et-vient rapide dans l’eau, auquel
*** La question se pose alors à savoir pourquoi on ne peut respirer dans l’eau comme un poisson? Ce serait si pratique! En fait, théoriquement nos poumons pourraient extraire l’oxygène de l’eau, mais pas assez rapidement pour satisfaire nos besoins énergétiques immenses comparativement aux poissons. Si l’on considère que nous respirons normalement 14 fois par minute pour réussir à aspirer au total près de 5 litres d’air, vous pouvez imaginer le scénario du système de pompe dont il faudrait disposer! Moi, j’abandonne! 16 Saumons illimités
MAPAQ (1997)
Arc branchial
Branchiospines
Le schéma suivant résume simplement l’ensemble du phénomène. On reconnaît une portion de lamelle primaire, surmontée de lamelles secondaires alimentées par un réseau de capillaires sanguins provenant de la ramification des vaisseaux, qui eux longent la lamelle selon un sens précis de circulation. À l’examen, on imagine facilement que le sang bleu, faiblement chargé en O2, devient du sang rouge une fois que l’eau qui y circule en sens inverse se sera délestée de son oxygène. Quand l’eau fraîche entre en contact avec les lamelles secondaires, elle est chargée au maximum d’oxygène dissous; en sens inverse, le sang bleu arrive sur les lieux chargé d’une quantité moindre d’oxygène, s’en étant majoritairement délesté pour irriguer au passage les organes du poisson. Or, il faut se rappeler que ce sont justement ces différences de concentration de substances entre deux milieux qui favorisent leur migration d’un côté comme de l’autre.
Échanges à contre-courant — Circulation du sang et de l’eau dans les lamelles branchiales Artère efférente (sang non oxygéné)
MAPAQ (1997)
Artère efférente (sang oxygéné)
Lamelle primaire
Lamelle secondaire
Courant d’eau Circulation du sang
L’illustration suivante traduit l’efficacité des échanges d’O2 dans un système à contre-courant comparativement à ce qui se produit dans un système à courant parallèle. Plus ces différences sont grandes, plus les échanges se font rapidement. Si le sang circulait dans le même sens que l’eau, on en viendrait rapidement à une égalité des concentrations des gaz dissous de part et d’autre des milieux. Il en résulterait une réduction de l’efficacité des échanges gazeux. Le CO2 provenant des organes suit la même logique : il passe du milieu sanguin où il abonde vers le milieu aqueux qui en contient beaucoup moins.
Système à courant parallèle
Système à contre-courant
Sang
Eau
Sang
20 %
100 %
20 %
30 %
90 %
30 %
40 %
40 %
80 %
40 %
50 %
50 %
70 %
50 %
60 %
60 %
60 %
60 %
70 %
70 %
80 %
80 %
90 %
Le gradient de concentration en O2 est très fort au départ mais s’équilibre rapidement. Cette situation ne permet pas un échange maximal de l’O2 de l’eau vers le sang.
100 % Eau Le gradient de concentration se maintient de part et d’autre de la paroi séparant les deux milieux, ce qui assure un échange plus de l’O2 efficace de l’eau vers le sang.
Tant que les lamelles secondaires baignent dans l’eau, elles conservent leur intégrité. Comme l’air berce la plume de duvet, l’eau empêche ces structures ultrafines de s’amalgamer. Elle les soutient comme elle le fait avec l’élégante physalie (une sorte de méduse, être invertébré) qui semble quasi aérienne lors de ses déplacements. Rejetée sur la plage, lors d’une tempête par exemple, la physalie s’effondre instantanément de façon irréversible par manque de soutien. Inutile de la remettre à l’eau dans l’espoir de lui redonner sa forme originale. La plume de duvet mouillée n’aurait pas meilleure allure! Il en est ainsi des lamelles secondaires des branchies du poisson exposé trop longtemps à l’air. Faute du soutien naturel apporté par l’eau,
Circulation de l’eau à travers des lamelles branchiales normales et des lamelles affectées Branchies normales Lamelle secondaire mince
Branchies affectées
Lamelle primaire Diminution du courant d’eau Lamelle secondaire épaissie MAPAQ (1997)
on soumet souvent le poisson à relâcher, dans l’espoir de le faire récupérer le plus rapidement possible en forçant l’eau à rentrer par la bouche ou, même par les opercules, à contrecourant du chemin normal.
Lamelle primaire
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elles risquent fort bien de subir une sorte de collapsus favorisant de dangereux rapprochements avec leurs surfaces voisines et des agglutinations de leurs parois qui compromettront leurs rapports avec l’eau porteuse d’oxygène. Le schéma suivant illustre ce phénomène. On réalise ainsi le danger mortel de sortir le poisson de l’eau, comme c’est souvent le cas du pêcheur qui, dans la fébrilité du moment et fier comme Artaban, veut se faire photographier avec sa capture avant de procéder généreusement à sa remise à l’eau! D’ailleurs, des expériences menées par deux chercheurs du département de biologie de l’Université Queen’s de Kingston (Ontario), les professeurs Ferguson et Tufts, au début des années 1990, sur des truites arc-en-ciel soumises à des exercices, ont démontré qu’une exposition de seulement 60 secondes hors de l’eau cause un stress supplémentaire majeur qui peut avoir une incidence capitale sur la survie des poissons relâchés. Dans ce cas, seulement 28 % des truites ont survécu 12 heures après l’exposition. Après 30 secondes d’exposition, ils ont enregistré un taux de survie s’élevant à 62 %. Cela porte à réfléchir sur les conséquences d’une photographie à l’air libre du poisson.
CONCLUSION Cet exposé portant sur la mécanique respiratoire des poissons visait à sensibiliser les pêcheurs de saumon quant à la nécessité d’une graciation responsable. Pour ce faire, nous avons abordé le fonctionnement physique des fluides qui entourent l’animal ainsi que celui des structures anatomiques qui y baignent. Nous avons également confirmé qu’il n’y avait qu’une façon de diminuer les risques de mortalité chez le saumon : le saumon doit demeurer dans l’élément liquide qui l’entoure! L’analyse même rapide du système respiratoire du poisson révèle en effet des structures anatomiques efficaces, mais d’une délicatesse infinie. De plus, on observe que la mécanique circulatoire suit un chemin très précis, d’une part lorsque l’eau traverse les branchies, mais aussi lorsque le sang purificateur circule en sens inverse. Par ailleurs, des expériences crédibles laissent entendre que les taux de mortalité de salmonidés maintenus hors de l’eau augmentent dramatiquement en fonction du temps d’exposition à l’air. Sur la seule base de ces constats, les conclusions sur les manipulations à privilégier pour réussir la graciation s’imposent d’elles-mêmes.
18 Saumons illimités
À la suite de ce bref tour d’horizon du système respiratoire du poisson, et conséquemment de la réflexion qu’il devrait provoquer chez le pêcheur quant à la meilleure méthode de graciation à adopter, voici rappel des règles élémentaires à respecter. Au-delà des prescriptions classiques reliées aux engins de pêche à privilégier (hameçon simple, absence d’ardillon, etc.), l’essentiel des points se résume ainsi : Éviter de sortir le poisson hors de l’eau. Maintenir patiemment la tête du poisson dans la direction du courant, sans lui imposer des mouvements rapides vers l’avant, suivis de retours brusques vers l’arrière dans l’espoir de forcer l’entrée de l’eau par les opercules (ce que nous désignons caricaturalement comme du pompage) ou par la bouche, puisque l’ouverture et la fermeture de la bouche est un mouvement volontaire du poisson qu’on ne peut forcer. Soutenir le poisson par le ventre, sur toute sa longueur en position naturelle, en laissant les opercules libres et sans toucher aux branchies. Prendre le temps qu’il faut pour le laisser récupérer : quand il sera prêt à recouvrer sa liberté, le poisson devrait le signifier par des réactions vigoureuses de son corps. Éviter de pêcher en période de canicule et d’eaux basses. Agir promptement en évitant d’épuiser indûment le poisson. Opérer le plus possible en eaux vives, loin des rives boueuses.
Ne jamais oublier qu’un poisson heureux vit dans l’eau! Alors, la vraie question n’est pas de « faire ou ne pas faire la graciation », mais plutôt « comment la réussir? ». Un peu de science pour prendre conscience... c’est parfois nécessaire!
Graciation:
ASPECTS TECHNIQUES Par Jocelin Leblanc, propos recueillis par Gérard Bilodeau
L
e texte de Gilles Shooner sur la mécanique respiratoire du saumon démontre l’importance indéniable des bonnes pratiques à adopter absolument par le saumonier pour assurer la survie du saumon gracié. Dans le cadre de ce numéro portant sur la graciation, nous allons maintenant aborder les éléments que le saumonier doit connaître et surtout pratiquer. À ce sujet, j’ai eu un long entretien avec Jocelin Leblanc, de Baie des Homards sur la Côte-Nord, dont je rapporte les propos dans les lignes qui suivent.
grandi », me raconte Jocelin avec enthousiasme. Il poursuit : « Tout ce qui comptait pour moi semblait se situer dans l’Est, là où j’ai passé toute mon enfance. À la fin de mon adolescence, j’étais à Terre-Neuve. Après y avoir été guide pendant deux étés, j’ai décidé de voir ce qu’il y avait de l’autre côté du détroit de Belle-Isle. Je me suis donc retrouvé sur la Côte-Nord au Québec. Depuis 1998, ma femme Sonie et moi organisons des voyages de pêche à la mouche sur la Côte-Nord et montrons à nos amis des coins de pêche merveilleux ».
ASPECTS TECHNIQUES QUI EST JOCELIN LEBLANC? Jocelin est une figure bien connue au sein de la communauté des pêcheurs à la mouche de l’est du Canada et du Québec. Il travaille comme guide de pêche depuis 1992, mais a choisi d’exercer ce métier à temps plein à compter de 1998. Il fréquente surtout des rivières situées sur la Côte-Nord : aux Outardes, Trinité, Pentecôte et aux Rochers sont ses favorites. Il y passe plus de 100 jours par saison à convoiter les espèces suivantes avec ses mouches artificielles : saumon atlantique, brochet du nord, truite grise (touladi), truite mouchetée anadrome et d’eau douce, et corégone. Il monte des mouches depuis son adolescence et le fait sur une base professionnelle depuis plusieurs années. Enfin, il est aussi instructeur de pêche à la mouche. « J’ai grandi à une époque où chaque petit garçon qui allait pêcher l’omble de fontaine dans les petits ruisseaux du coin avait un fusil à air comprimé et voulait être un coureur des bois. Merci mon Dieu, une grande partie de moi n’a jamais
Jocelin pratique la graciation du saumon depuis plusieurs années. En tant que guide, il a été le témoin privilégié de nombreuses captures dans diverses conditions. Ses observations et ses lectures sur le sujet lui ont permis de se forger une idée assez précise de l’équipement à utiliser et du comportement à adopter afin d’assurer la survie des saumons graciés. Voici des incontournables en matière d’équipement selon Jocelin : • Quand un saumon est ferré, le saumonier doit agir de manière à le maîtriser le plus vite possible. Pour ce faire, Jocelin conseille une canne pouvant propulser au minimum une soie # 7. Un équipement trop léger limite la pression que l’on doit exercer constamment sur le saumon en situation de combat. Jocelin encourage ses clients à exercer une pression de côté avec la canne, forçant ainsi le saumon à faire des efforts additionnels pour nager. Saumons illimités 19
SAUMONIER RETIRANT LA MOUCHE. TEL QUE DÉMONTRÉ, LORS DE LA MANIPULATION DU SAUMON IL EST PRIMORDIAL DE TOUJOURS LAISSER LA TÊTE AU COMPLET DANS L’EAU.
• Le moulinet doit comporter un très bon frein afin d’augmenter la pression que le saumonier fait subir au saumon dans ses déplacements. • Seul l’hameçon simple doit être utilisé et son ardillon doit être écrasé pour faciliter le retrait rapide de la mouche de la gueule du saumon. Une fois le saumon ferré, il faut adopter les comportements suivants : • Dès les premiers instants du combat, le saumon utilisera toute sa force et son énergie pour se libérer. La pression exercée sur le saumon par la canne et le frein du moulinet doit être ferme sans être excessive. Au fur et à mesure que la lutte progresse, il faut augmenter graduellement cette pression. Un truc : il ne faut jamais accorder de répit au saumon. Dès qu’il ralentit ou arrête de nager, il faut rembobiner la ligne, le forçant ainsi à se déplacer. • Au début du combat, le saumonier doit se positionner de façon à pouvoir ensuite entraîner le saumon en eau calme, et de l’y maintenir le plus longtemps possible. Ce faisant, le saumon fera des efforts additionnels pour s’y déplacer, réduisant ainsi la durée du combat. • Le saumonier doit se placer dans l’eau, environ à la hauteur des genoux, afin de complètement submerger le saumon et d’éviter qu’il ne se blesse sur des roches. Pour les mêmes raisons, il ne faut jamais ramener un saumon sur la grève quand on a l’intention de le remettre à l’eau, comme on le voit malheureusement sur des vidéos tournées récemment sur des rivières de la Gaspésie. • Après quelques tentatives, le saumon va finalement se laisser entraîner près du pêcheur. Il ne faut jamais le 20 Saumons illimités
sortir de l’eau. Le saumonier doit s’empresser de saisir la mouche le plus vite possible, avec la main ou une paire de pinces, et la retirer rapidement sans la tordre dans tous les sens au risque de causer des blessures. Si cette opération est difficile, voire impossible à réaliser dans un court délai, il faut couper l’avançon et libérer le saumon. • Il est légitime de vouloir conserver un souvenir de sa capture, mais jamais au détriment de sa survie. Au moment clé, le confrère photographe doit donc être prêt pour réaliser ses clichés rapidement. Même là, le saumon doit avoir la tête dans l’eau. • La réanimation du saumon se fait en le tenant contre le courant. Comme Gilles Shooner l’indique dans son texte, il ne faut jamais exécuter des mouvements de va-et-vient avec le saumon sous peine de l’affaiblir irrémédiablement. Si l’eau est sale ou boueuse, le saumon doit être entraîné dans un secteur de la rivière où la circulation de l’eau assure sa limpidité. • L’expérience a enseigné à Jocelin que lorsque la température de l’eau atteint ou dépasse 18 degrés Celsius, la graciation du saumon ne devrait pas être pratiquée. Dans ce cas, il est préférable de pêcher très tôt le matin jusqu’au milieu de l’avant-midi, période au cours de laquelle l’eau est généralement plus fraîche. • Il croit qu’il ne faut jamais utiliser une épuisette, même celles dont le filet est en caoutchouc. Il privilégie la manipulation du saumon avec les mains. Pour les gros saumons, l’outil idéal est, selon lui, un fish cradle ou cradle net, sorte de civière utilisée parfois par les biologistes. Lorsqu’un poisson s’y retrouve, il cesse immédiatement de bouger, rendant ainsi sa manipulation plus facile.
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Les parcs d’engraissement de
Fundy
Photo : Joe Hunt
LES ÉLEVAGES DE SAUMON DE LA BAIE DE FUNDY RENDENT UN SERVICE PRÉCIEUX À L’INDUSTRIE DE L’AQUACULTURE UNE ÉTUDE DE CAS SUR LA MARCHE À NE PAS SUIVRE.
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Par Ted Williams, traduit de l’anglais par Éric Chevrette Atlantic Salmon Journal, printemps 2011
I
l y a 40 ans, l’avènement de l’élevage du saumon a suscité l’admiration chez ses défenseurs. L’industrie est née en Norvège, puis s’est rapidement implantée au Canada, dans l’État du Maine, en Irlande, en Écosse, au Chili, aux îles Féroé, en Australie et en Nouvelle-Zélande. On nous l’offrait lors des repas de la Fédération du saumon atlantique : quoiqu’un peu gras, le produit avait assez bon goût. Comme nous l’avions prédit, la prolifération du poisson domestique a réduit la quantité de poissons sauvages capturés, mais nous étions loin d’imaginer que l’une des raisons de cette diminution serait que les uns soient responsables de la mort des autres. Dans les parcs d’engraissement de bovins et de porcs, les aliments intacts et les excréments sont traités, ou du moins, contrôlés, alors que dans le cas du saumon, ils ne font que tomber des parcs en filet, polluant ainsi l’eau, détruisant les écosystèmes benthiques, multipliant les agents pathogènes et les parasites. De plus, les saumons domestiques attirent eux-mêmes les parasites. Chercher des poux n’est pas un comportement humain inhabituel; les pêcheurs à la ligne sont toutefois les seules personnes sur la planète qui se réjouissent lorsqu’ils en trouvent, puisque les poux de poisson, en quantité raisonnable, indiquent la présence de beaux poissons frais dans la mer. Par contre, une quantité astronomique dans les eaux côtières révèlent la présence de poissons en péril et entassés dans des enclos. L’élevage de saumon, explique la docteure Alexandra Morton, directrice de la Salmon Coast Field Station à Simoom Sound en Colombie-Britannique, « enfreint une loi de la nature » en exposant les juvéniles à l’emprise fatale des poux de poisson. Dans un environnement naturel, les poux demeurent au large des côtes et se nourrissent de saumons plus matures, ce qui est peu nuisible. Les parasites tels les poux de poissons n’évoluent jamais au point de tuer leur hôte; or, en quantité anormale autour et à l’intérieur des parcs en filet, ces nuées de poux ont justement cet effet-là — directement dans le cas des juvéniles ou, dans le cas des adultes, en s’attaquant au système immunitaire ou en transmettant des maladies. Cette infestation créée par l’homme est à son plus dangereux à l’intérieur de la baie de Fundy, où des saumons se nourrissent plutôt que de migrer au Groenland. Plus il y a de poissons, plus il y a de poux : près de cent élevages salmonicoles dont les deux tiers sont actifs chaque année font de cette baie un des bassins les plus denses d’aquaculture au monde. L’une des maladies les plus dangereuses causées par la multiplication des poux de poissons est l’anémie salmonicole infectieuse qui, avant qu’elle n’apparaisse au Nouveau-Brunswick en 1996, n’existait seulement qu’en Europe – ou du moins était-ce ce que l’on croyait. L’industrie, elle, détruisait les poissons affectés qu’elle ne pouvait vendre, mais les éleveurs de saumons ont tardé à dépeupler leurs parcs et la maladie a sévi. Finalement, la province ordonna l’élimination de 1,27 million de saumons et la mise en jachère prolongée des sites, puis octroya une aide financière de 10 millions de dollars aux éleveurs. Les poissons sauvages sont accablés de poux et de fléaux. Et pire encore, les évadés domestiques font la guerre aux poissons indigènes pour leurs frayères, leurs aires d’alevinage et l’océan, et dans certaines rivières s’accouplent avec eux, Saumons illimités 23
Photo : Christine Callaghan Photo : Tom Moffatt
Photo : Tom Moffatt
DE L’EXTÉRIEUR, UN ÉLEVAGE DE SAUMONS PEUT PARAÎTRE TOUT À FAIT INOFFENSIF, MAIS LA SURFACE CACHE UNE INDUSTRIE TRÈS LENTE À PRENDRE DES MESURES DURABLES. DES AMÉLIORATIONS RÉCENTES APPORTENT TOUTEFOIS UN PEU D’ESPOIR.
LA LUTTE CONTRE LES POUX DE POISSON (CI-HAUT) A ENTRAINÉ L’AUGMENTATION DE L’UTILISATION DE PESTICIDES CHIMIQUES EN ENCLOS (CI-DESSUS). DES ÉVASIONS NON SIGNALÉES DE CAGES EXPOSÉES AUX TEMPÊTES, COMME CELLES SURVENUES DANS LA BAIE ST. MARY’S EN NOUVELLE-ÉCOSSE, ONT RENDU L’ATTÉNUATION DES IMPACTS PLUS DIFFICILE À ACCOMPLIR.
Les évasions ne sont pas toutes signalées. En 2010, presque deux mois avant qu’on rapporte les plus importantes évasions, des évadés sont apparus au barrage Mactaquac sur la rivière Saint John. Jonathan Carr, directeur de la recherche et de l’environnement de la FSA, soulève la grande probabilité que d’autres poissons aient intégré d’autres réseaux fluviaux du bas Saint John, entre autres la Keswick, l’Oromocto, la Canaan, la Nerepis, la Salmon, la Hammond et la Kennebecasis, tous essentiels à la survie des poissons sauvages de la Saint John— le plus grand espoir de la baie de Fundy. Avant la fin d’octobre, la FSA a dénombré vingt-sept évadés de plus à sa station de surveillance sur la rivière Magaguadavic. 24 Saumons illimités
Photo : Greig Cranna
remplaçant ainsi les alevins en santé par des espèces hybrides faibles à la génétique limitée. En novembre 2010, les élevages au large des îles Grand Manan et Deer ont respectivement déversé 13 000, puis 33 000 saumons. Le mois suivant, un autre élevage au large de Grand Manan en a rajouté 138 000. L’industrie attribue les évasions à la température orageuse. Mais des variations de température se produisent et se produiront toujours...
Pour tenter d’enrayer les poux de poisson, l’industrie plonge le saumon dans des cocktails de pesticides contre les crustacés (dont font partie ces parasites). Des années durant, les salmoniculteurs faisaient confiance à un traitement plus ou moins inoffensif, SliceMD, qu’ils ajoutaient à l’alimentation des saumons; mais les poux ont développé une immunité. Les salmoniculteurs passent aujourd’hui leurs poissons dans des solutions toxiques sur des bateaux à vivier dont le contenu est déversé dans la mer. Malheureusement, les pesticides sont mortels pour d’autres crustacés, tels les homards, les crabes et d’autres organismes importants de l’écosystème marin. En novembre 2009, des centaines de homards mourants et morts infectés du poison illégal contre les poux Cypermethrin ont commencé à apparaître dans les casiers au large de Pocologan, au Nouveau-Brunswick et près des îles de Deer et Manan. Cela a précipité l’obtention d’un mandat de perquisition et la coordination d’une rafle par vingt-sept agents d’Environnement Canada dans huit établissements appartenant à Cooke Aquaculture. Au moment où nous écrivons ces lignes, quatre enquêtes sont en cours.
Photo : Christine Callaghan
tous les stocks de saumons soient déclarés menacés en vertu de la Loi sur les espèces en péril.
DEPUIS QUE JONATHAN CARR DE LA FSA A CONTRIBUÉ À SONNER L’ALARME À MACTAQUAC, LE SIGNALEMENT DES ÉVASIONS S’EST GRANDEMENT AMÉLIORÉ. SELON LUI, DES TECHNIQUES PLUS EFFICACES SONT MAINTENANT EXIGÉES POUR EMPÊCHER LES POISSONS ÉLEVÉS DANS DES CAGES ENDOMMAGÉES D’ENTRER EN RIVIÈRE.
L’utilisation commune de Cypermethrin est illégale au Canada pour contrôler la quantité de poux; or certains produits apparentés, tout aussi dangereux et non sélectifs, n’ont pas une utilisation restreinte. « Le public doit comprendre cette réalité, a dit Matthew Abbot, coordonnateur du Conseil de conservation du projet Fundy Baykeeper au Nouveau-Brunswick. Ce n’est pas parce que Santé Canada a approuvé l’usage de ces pesticides qu’ils sont forcément moins dangereux. » Abbot souligne que la Loi sur les pêches du Canada condamne le déversement dans l’eau de substances délétères telles que les pesticides, et proscrit la mise à mort de poissons et de crustacés par des moyens autres que la pêche. Le Conseil soutient donc que l’élevage de saumon, tel qu’il est pratiqué au Canada, enfreint la loi fédérale. Mais le ministère des Pêches et des Océans est en conflit : en plus de réglementer l’aquaculture, il en fait la promotion. Abbot croit que l’organisme cherche à retirer ce produit nocif des produits autorisés par Santé Canada de la Loi sur les pêches. « C’est une grande préoccupation pour nous, a-t-il déclaré. Le législateur voit une industrie violer la loi, et plutôt que de l’appliquer, il la change. Environnement Canada serait alors écarté de la question, et il s’agit du seul organisme qui semble agir dans le dossier du homard. » Il va sans dire que les élevages de saumon ont joué un rôle prépondérant dans l’extirpation presque totale du saumon atlantique de la baie de Fundy. Par le passé, quelque 100 000 poissons sauvages seraient retournés dans environ cinquante rivières. Aujourd’hui, on parle de moins de 5 000, et sans compter la Saint John, à peine 1 000. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada recommande que
Le déclin effarant semble être empiré par la résistance exacerbante aux pesticides des poux de poissons. Si la baie de Fundy soutenait un nombre naturel de saumons, des milliers de poux non exposés arriveraient et transmettraient leur non-immunité à ceux qui infestent les élevages de saumon. « Ce processus est peut-être en cours dans les régions où les poux affichent moins de résistance et où l’on trouve un plus grand nombre de saumons sauvages, a remarqué le docteur Fred Whoriskey, autrefois membre de la FSA et présentement directeur du Ocean Tracking Network à l’Université Dalhousie de Halifax. Les rivières comme la Magaguadavic, en plein cœur de l’industrie de l’élevage du saumon, ont vu le nombre de poissons s’effondrer, passant de 1 000 par année à aussi peu que deux. L’industrie est prise dans un cercle vicieux – ce qui mène tout droit à une plus forte résistance. » Il y a 15 ans, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’élevage de saumon, je me suis concentré sur l’État du Maine où une industrie tombée dans l’oubli, appuyée par les politiciens étatiques et les bureaucrates, s’entêtait à commettre toutes les erreurs classiques possibles. Le directeur de la production d’Atlantic Salmon of Maine, Alf Aarskog, a répondu aux plaintes à propos des évadés obèses aux nageoires déformées remplissant les rivières Downeast dans le Bangor Daily News : « Et alors? Génétiquement parlant, toutes les rivières du Maine devraient se réjouir de perdre un million de poissons. On préviendrait la consanguinité. » L’industrie et ses partisans se sont liés contre l’inclusion des saumons sauvages dans la loi sur les animaux en péril (Endangered Species Act). « Cette loi va mettre l’industrie à mort, M-O-R-T, mort », a proclamé le gouverneur de l’État, Angus King. Pourtant cette loi n’est pas responsable de la déroute des salmoniculteurs indépendants; ce sont plutôt l’égoïsme et la stupidité. Par exemple, la jachère est une pratique inhérente à tout type d’élevage, cela relève du gros bon sens. Or les salmoniculteurs du Maine, eux, refusaient de l’appliquer et par conséquent, perdaient une grande partie de leurs stocks à l’anémie salmonicole infectieuse. La pandémie de 2002 a exigé la destruction de tous les poissons de la baie de Cobscook, à savoir 1,5 million d’adultes. Heritage Salmon, là où la pandémie s’est apparemment déclarée, a été condamnée à une amende de 15 000 $ à défaut d’avoir produit des résultats de tests positifs. Ce n’était là que la première flambée de la maladie. Saumons illimités 25
Photo : Greig Cranna
Photo : Courtoisie de Agrimarine
EN JANVIER, UNE CAGE DE CONFINEMENT FERMÉE (CI-HAUT) A ÉTÉ PLACÉE SUR LA RIVIÈRE CAMPBELL, EN COLOMBIEBRITANNIQUE. RESTE À ESPÉRER QUE CE SYSTÈME OUVRE LA PORTE À L’INSTAURATION DE NOUVELLES TECHNOLOGIES ALTERNATIVES DURABLES DANS L’INDUSTRIE DU SAUMON D’ÉLEVAGE…
Le refus de pratiquer la jachère a été porté devant les tribunaux par des groupes environnementalistes et de fortes amendes ont été collées à Heritage Salmon et Atlantic Salmon of Maine pour avoir violé la loi sur la qualité de l’eau (Clean Water Act). Malgré les appels des biologistes et des protecteurs du saumon, l’industrie a carrément refusé de substituer les stocks européens par des nord-américains. Les poissons européens grandissaient plus rapidement, mais puisqu’ils évoluaient dans des conditions complètement différentes, on a jugé qu’ils représentaient un danger plus menaçant pour les poissons indigènes que pour la production d’élevage nord-américaine. Le tribunal a classé les gènes européens comme étant de la pollution en vertu de la loi sur la qualité de l’eau, ordonnant ainsi leur dépeuplement immédiat. Heritage Salmon et Stolt Sea Farm— basés au Canada, où les stocks européens sont légalement prescrits depuis longtemps — détenaient du poisson nord-américain et ont donc pu convertir leurs élevages dans le Maine. Atlantic Salmon of Maine, elle, a fait faillite et a été achetée par Cooke Aquaculture. Au lieu de mettre l’industrie à « mort, M-O-R-T, mort », la loi sur les animaux en péril l’a sauvée. L’imminence de cette loi a forcé les compagnies à accepter d’agir conjointement pour rencontrer la Fédération du saumon atlantique (ASF), Trout Unlimited et la Conservation Law Foundation. Ensemble, ils ont élaboré un système de confinement normalisé utilisant le meilleur matériel sur le marché, appliquant les pratiques idéales et étant assujetti 26 Saumons illimités
à des audits indépendants. Grâce à ce système et à une jachère méticuleuse, aucune évasion ni utilisation d’antibiotiques n’a été enregistrée depuis sept ans. Les poux représentaient un problème en 2010 à cause de la clémence de l’hiver précédent, mais presque un tiers des sites dans le Maine n’ont jamais eu besoin de traitement. Entre les années 2000 (lorsque le saumon sauvage des rivières Downeast a été désigné comme étant en péril) et 2009, la production annuelle de saumon d’élevage est passée d’un peu moins de 37 millions à 13,3 millions de livres; et une compagnie, Cooke Aquaculture, s’est emparée de tout le pouvoir. L’éclaircissage a néanmoins amélioré le produit et les activités du Maine semblent stables. Pourquoi le Canada n’a-t-il pas adopté le modèle du Maine? D’abord, les protagonistes sont plus nombreux. Mais surtout, il n’y a aucune loi qui possède la force de la Loi sur les espèces en péril (ESA). Selon le président de la Fédération du saumon atlantique, Bill Taylor, l’engorgement de la baie de Fundy par les parcs en filet est un « désordre épouvantable ». La solution? Une des propositions — une aquaculture terrestre totalement confinée — est une abomination aux yeux de l’industrie. Sebastian Belle, directeur de la Maine Aquaculture Association, m’a dit la chose suivante : « Tout système de confinement terrestre nous obligerait à élever
Photo : Gilbert Van Ryckevorsel
« Je ne sais pas comment on peut éliminer tous les élevages de la mer pour l’instant, a dit Taylor. Il s’agit peut-être d’un processus lent où l’on ne délivre des permis pour les nouveaux sites que s’ils sont confinés ou terrestres. C’est l’unique solution sensée pour l’industrie. Environ 80 % de la production de la baie de Fundy est pour les États-Unis. Lorsque le dollar canadien valait 65 ¢, les salmoniculteurs avaient d’immenses marges de profit. Toute l’industrie était fondée non pas sur de bonnes pratiques, mais sur le profit généré grâce aux taux de change. Comme les dollars américain et canadien sont aujourd’hui presque à parité, il n’y a que peu de ces activités qui sont encore rentables. AVEC LES AMÉLIORATIONS TECHNOLOGIQUES, UNE MEILLEURE TRANSPARENCE ET UNE PLUS GRANDE RESPONSABILISATION, L’ÉLEVAGE DE SAUMONS ET LE POISSON SAUVAGE PEUVENT COEXISTER.
les poissons dans une densité dix fois plus grande que présentement, et c’est une question de bien-être des animaux que nous prenons vraiment à cœur. En termes de taille, on parle de l’équivalent d’une raffinerie de pétrole moyenne — une immense empreinte sur la côte. De plus, il faudrait une quantité énorme d’électricité pour pomper l’eau. » Belle a raison par rapport aux grands élevages terrestres et d’ailleurs, aucune compagnie n’aurait intérêt à le devenir puisqu’elle ne pourrait plus survivre dans le marché. Pourtant, ces élevages n’auraient pas besoin d’être gros ni de tous apparaître en même temps. Il en existe déjà un dans l’état de Washington appartenant à AquaSeed Corporation, dont les affaires marchent bien grâce au marché des produits biologiques. Les poissons de la compagnie, qui a sa propre alimentation en eau douce, ne contiennent ni PCB ni contaminants réduisant la qualité marchande du produit. Et comme AquaSeed ne met pas le public en danger et ne pollue pas le Pacifique d’excréments, de parasites, de virus, de bactéries et de gènes mutants, ses produits ont reçu la mention « Super verte » de la part de l’honorable Seafood Watch de l’aquarium de Monterey Bay. Pour la production massive, une pratique alternative, bien plus sécuritaire que les élevages traditionnels, pourrait être le même genre de parc de recyclage complètement confiné de 3 000 mètres cubes dont Agrimarine Industries et ses partenaires de la rivière Campbell en Colombie-Britannique viennent de faire le lancement. Il serait même possible de réduire la pollution à un minimum dans les parcs en filet traditionnels en y cultivant parallèlement des produits tels le varech et les moules qui utilisent les déchets. L’industrie, l’Université du Nouveau-Brunswick et des organismes provinciaux et fédéraux collaborent sur un projet dont les résultats sont prometteurs.
La plupart des élevages de saumon qui défigurent actuellement la baie survivent encore pour la seule raison qu’ils sont lourdement subventionnés; et sans éclaircissage radical ou réforme à la manière du Maine, ils sont presque inévitablement voués à l’échec. Le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick énumère cinq tests pour déterminer la viabilité de l’industrie : −− Elle ne doit pas dégrader l’environnement dont elle dépend; −− Elle doit être en harmonie avec les autres activités économiques, culturelles et sociales qui utilisent les mêmes ressources naturelles; −− Elle doit s’investir dans les communautés locales, ce qui inclut la prise de décision; −− Elle doit produire un revenu net raisonnable et relativement stable pour les producteurs et la société à l’aide des ressources naturelles, à long terme et de façon renouvelable; −− Elle ne doit pas réduire la capacité des générations futures à utiliser les mêmes ressources. Mais l’élevage de saumon dans la baie de Fundy — et en l’occurrence, partout au Canada — échoue chacun des cinq tests. Personne n’apprend de ses erreurs. On propose d’établir de nouveaux élevages en Nouvelle-Écosse, non loin de ceux qui ont été endommagés durant les orages de l’automne dernier. La rétention des stocks, le confinement de gènes étrangers, et la réduction de parasites et de pathogénies sont autant d’éléments tout aussi bons pour le saumon sauvage que pour le saumon d’élevage. Si l’industrie se rendait à cette évidence, elle aurait peut-être la chance de s’assurer un futur prometteur et viable. Ted Williams est un rédacteur conservasionniste pour le magazine Fly Rod & Reel et un envoyé spécial d’Audubon.
Cet article a été publié dans Atlantic Salmon Journal, volume 60, no.1, printemps 2011. Saumons illimités 27
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ZEC RIVIÈRE NOUVELLE
de la
Opinion d’un hydro-géomorphologue sur les effets potentiels des crues automnales sur la reproduction du saumon atlantique Par Michel Lapointe, Ph. D. Professeur à l’Université McGill et chercheur affilié au Centre interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique
I
l est bien connu que le réchauffement climatique, dont les gaz à effet de serre sont certes l’une des causes, entraîne des conditions météorologiques plus sévères que celles auxquelles la nature nous a habitués. Les
crues exceptionnelles de l’automne dernier en Gaspésie seraient donc annonciatrices de conditions climatiques extrêmes qui surviendront plus fréquemment au cours des prochaines décennies. Bien que personne ne puisse prédire avec certitude si de telles crues réapparaîtront et à quelle fréquence elles pourraient revenir, la prudence veut que Photo : Jean-Guy Béliveau
l’on soit à l’affût des effets qu’un changement significatif du régime des crues pourrait avoir sur nos populations de saumon. En théorie, il est possible que des crues automnales exceptionnelles puissent avoir un effet plus important sur
LE DÉPANNEUR DE SUNNY BANK DANS L’ESTUAIRE DE LA RIVIÈRE YORK SUBMERGÉ PAR LES CRUES AUTOMNALES EXCEPTIONNELLES.
les populations de saumon que des crues printanières de même ampleur. En effet, par le mécanisme de la sélection
Dans un premier temps, si de fortes crues automnales prolongées
naturelle, au fil des millénaires, les populations de saumon
coïncident avec la période d’accouplement et de fraye, elles
se sont adaptées aux conditions du climat actuel. Voyons
pourraient d’une part contribuer à épuiser physiquement encore
donc comment l’apparition de conditions extrêmes pourrait
d’avantage les saumons reproducteurs, et de l’autre, les inciter
affecter cette espèce, notamment en ce qui a trait à sa
à aller se reproduire dans des zones de moindres vélocité et
reproduction.
qualité. La survie des œufs en serait alors menacée. Saumons illimités 29
Par ailleurs, si ces crues extrêmes surviennent au cours des semaines suivant la fraye automnale, elles risquent de modifier la profondeur du substrat des bancs de fraye et
CELA ÉTANT DIT, QUE POUVONS-NOUS FAIRE À L’ÉGARD DU PHÉNOMÈNE DES CRUES AUTOMNALES EXCEPTIONNELLES?
causer une forte mortalité chez les œufs enfouis dans les frayères. Ce phénomène risque d’être particulièrement
D’abord, en surveiller l’ampleur et en étudier les effets. Les
marqué dans les zones de reproduction situées là où le
données recueillies par le MRNF sur les rivières témoins,
lit de la rivière est confiné par une vallée étroite, ce qui
comme la Saint-Jean en Gaspésie, sont très précieuses. On
empêche la crue de dissiper son énergie sur une large plaine
y collecte chaque année des données sur l’ampleur de la
d’inondation.
dévalaison printanière de saumoneaux et la densité des populations de saumons juvéniles en période estivale. Lors
On peut bien sûr argumenter que les crues associées à la
d’une crue exceptionnelle sur une rivière témoin, comme le
fonte printanière des neiges peuvent, elles aussi, éroder
cas à l’automne 2010 de la rivière Saint-Jean, on peut observer
les nids de fraye. Cependant, elles ont généralement lieu
s’il s’ensuit une réduction de la densité de population des
à un moment de l’année où les œufs du saumon sont déjà
saumons juvéniles au stade de l’alevin l’été suivant, ou encore
éclos, après une période d’incubation de plusieurs mois.
au stade de la dévalaison des saumoneaux quelques années
Les alevins, fraichement éclos, ont alors la capacité et la
plus tard. Il importe donc d’assurer un suivi des effets des
propension naturelle à s’enfouir un peu plus profondément
facteurs de l’environnement sur les populations de saumon.
dans le gravier du lit, évitant ainsi d’être broyés par le
Ensuite au plan de l’aménagement du territoire, on doit
mouvement des cailloux au dessus d’eux. Par contre, les
limiter l’imperméabilisation croissante des surfaces terriennes
crues automnales arrivent au moment où les frayères abritent
des bassins versants des cours d’eau, conséquence de la
des œufs en incubation, donc non éclos et immobiles. Ceux-
construction de routes et de l’expansion de nouveaux
ci, enfouis à une vingtaine de centimètres sous la surface du
secteurs résidentiels et industriels. Les surfaces indurées
lit, ne peuvent éviter d’être broyés si la couche de cailloux
ont pour effet de drainer plus rapidement les précipitations
mobilisée par la crue exceptionnelle atteint la profondeur où
vers les cours d’eau et ainsi d’accentuer l’intensité et la
ils se situent.
force des crues. Il faut donc favoriser l’adoption et la mise en application de bonnes pratiques de gestion des sols
Finalement, selon la nature des dépôts à la surface de certaines
forestiers ou agricoles et des chantiers de construction en
vallées de rivière ou selon le type d’utilisation des sols, les
milieu urbanisé pour limiter l’apport des sédiments fins lors
crues automnales peuvent être plus problématiques pour
des grandes pluies automnales.
le saumon que celles du printemps. En effet, dans certains cas, les automnales risquent de provoquer un apport encore
Sur un plan plus individuel, les citoyens devraient encourager
plus considérable de sédiments fins sur les frayères que les
les efforts encore trop craintifs de nos gouvernements pour
printanières de même intensité. Par exemple, de fortes pluies
limiter la production des gaz à effet de serre. Les citoyens
d’automne, surtout si elles sont soutenues, peuvent causer et
devraient aussi s’informer sur ce qu’ils peuvent faire pour
amplifier le ravinement de champs labourés ou celui des
contribuer personnellement à la réduction de ces gaz nocifs,
fortes pentes déboisées, ou encore, en milieu urbain, lessiver
en modifiant certaines de leurs habitudes de vie.
des chantiers de construction (routiers et résidentiels) dont le sol a été mis à nu. Or, on sait que l’apport de sédiments
Finalement, si au fil des ans on constate une recrudescence
fins dans les zones de reproduction diminue les chances de
des crues automnales extrêmes et par conséquent, un effet
survie des œufs de saumon. Les crues printanières, quant
sur les populations de saumon, on devra discuter de la
à elles, se produisent habituellement au fil de la fonte des
nécessité, des avantages et inconvénients de même que
neiges, alors que les sols sont encore plus ou moins gelés.
les coûts de travaux de génie éventuels pour atténuer ce
L’érosion qui en résulte est généralement beaucoup moins
phénomène. Mais il s’agit là d’un sujet qui dépasse très
prononcée.
largement le cadre des opinions émises dans cet article.
30 Saumons illimités
Quelques notions
d’hydrologie Par Yvon Côté
L
e lit d’un cours d’eau correspond normalement à la partie la plus profonde de la vallée dans laquelle s’écoule gravitairement un courant d’eau. En hydrologie, on distingue le lit mineur, où l’eau s’écoule avant débordement, du lit majeur occupé temporairement par les eaux d’inondation, aussi appelé plaine d’inondation. Le lit mineur est délimité par les berges naturelles de la rivière tandis que l’espace occupé par la vallée de la rivière ou, selon le cas, par la plus grande crue historique enregistrée, définit le lit majeur de la rivière (voir schéma #1). Certains cours d’eau possèdent aussi un lit moyen, intermédiaire entre le lit mineur et le lit majeur, c’est-à-dire l’espace occupé par le cours d’eau lors de crues courantes, telles que les crues saisonnières. SCHÉMA #1
LES DIFFÉRENTS ÉLÉMENTS CONSTITUTIF D’UNE VALLÉE DE RIVIÈRE. L’ESPACE DE LIBERTÉ D’UN COURS EST L’ESPACE QUE L’ON DOIT LAISSER AU COURS D’EAU POUR LUI PERMETTRE D’ÉVOLUER ET DE S’AJUSTER AUX CONDITIONS HYDROLODYNAMIQUES NOUVELLES.
Le débit d’une rivière est le volume d’eau qui transite sur le lit de la rivière par unité de temps. Dans le système métrique, on l’exprime habituellement en m3 par seconde ou par jour. Mais ce pourrait être selon toute autre unité de temps choisie pour une fin particulière : par semaine, par mois, par année. Les hydrologues ont attribué différents noms aux débits des rivières. Le débit de la plaine inondable comprend la gamme des débits qui inondent en partie ou en totalité la plaine inondable, le lit majeur. Il correspond à des débordements de grande ampleur qui se produisent tous les 25 à 100 ans. On dit de ces débits qu’ils possèdent un intervalle de récurrence d’une fois en 25 ans ou en 100 ans selon le cas. Le débit riverain correspond aux crues qui se déversent assez régulièrement sur une partie de la plaine inondable, par exemple à tous les trois ou quatre ans selon la rivière voire le secteur de rivière. Le débit de plein bord est le débit qui assure le plein remplissage du lit mineur. C’est le débit qui façonne le lit d’une rivière et préside à la formation et à la dynamique des faciès d’écoulement, c’est-à-dire les fosses, les rapides, les seuils. Il est considéré comme le débit morphogène d’un cours d’eau. L’intervalle de récurrence de ce débit est habituellement d’une fois à tous les deux à trois ans. Statistiquement parlant on parle alors d’un débit de récurrence 2,5 ans (autrement dit deux fois en cinq ans). Toutefois cette règle comporte des exceptions selon les caractéristiques d’un territoire donné.
Saumons illimités 31
Le débit de base est le débit le plus faible de l’année. Il se produit selon les régions, en été (étiage estival) ou en hiver (étiage hivernal). Au Québec, le débit de base des cours d’eau est normalement enregistré en hiver, entre février et avril, alors que les sols sont gelés et que les précipitations s’effectuent sous forme de neige. Dans ces conditions, l’eau la nappe phréatique soutient le débit des cours d’eau.
SCHÉMA #2
A l’automne de 2010, le débit d’un grand nombre de rivière de la Gaspésie a débordé dans la plaine d’inondation des vallées de ces rivières. Grâce à l’installation de jauges à débit, il est possible d’évaluer le débit des rivières à un moment donné et de calculer l’intervalle de récurrence de ce débit. Par exemple, à l’automne 2010 le débit de la rivière Bonaventure, voisine de la rivière Petite Cascapédia, a atteint 750 m3 par seconde le 16 décembre. Un tel débit possède une récurrence d’une fois en 35 ans, d’après la période d’enregistrement disponible pour cette rivière. Le débit de la rivière York, voisine de la rivière Saint-Jean qui a été particulièrement affectée par les événements hydrologiques de l’automne dernier, a quant à lui atteint 263 m3 par seconde le 15 décembre 2010, équivalent à une récurrence d’une fois en 25 ans. Tout aussi sévères qu’aient été ces débits, ils ne sont pas nécessairement d’une exceptionnalité extrême. De mémoire d’homme les débits de l’automne 2010 ont déjà été observés par les résidents de ces régions. Toutefois ce qui est inquiétant, c’est que ces débits majeurs semblent vouloir se répéter plus fréquemment que par le passé, c’est-à-dire que leur intervalle de récurrence semble diminuer. De tels débits ne sont pas sans causer de dommages aux routes, résidences et autres constructions faites par l’homme dans les limites de la plaine d’inondation des rivières (voir schéma #2). Il y a donc des leçons à tirer de ces événements à l’égard du respect des impératifs de la nature. Par ailleurs, il est aussi connu que des débits de cet ordre de grandeur peuvent entraîner des impacts majeurs sur la morphologie des cours d’eau et sur l’écosystème aquatique.
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LES TROIS LITS D’UNE RIVIÈRE. EN PÉRIODE D’EAU NORMALE TOUTE L’EAU DE LA RIVIÈRE EST CONTENUE DANS SON LIT MINEUR. EN PÉRIODE DE CRUES EXCEPTIONNELLE, PAR EXEMPLE LES CRUES CENTENNAIRE TOUT LE LIT MAJEUR PEUT ÊTRE OCCUPÉ ET ALORS CAUSER DES PROBLÈMES DE SÉCURIÉT CIVILE.
Découvrir la nature et la
pêche à la mouche Par Martin Fleury
Ce projet, en collaboration avec le centre d’Assistance d’enfants en difficulté (A.E.D.), vise à initier des jeunes du quartier Hochelaga-Maisonneuve à la pêche à la mouche et à la découverte de la nature.
LE DÉBUT DE CETTE AVENTURE
POURQUOI CE PROJET?
Bien entendu, nous ne sommes pas les premiers à avoir eu cette idée. Quelques personnes dans la communauté des moucheurs avaient déjà fait les premiers pas, mais l’idée germait en nous doucement. Il ne restait qu’à trouver le « comment » et « avec qui »…
Grâce à une courte carrière obligée à titre d’aide-entraîneur au hockey, j’ai découvert un univers que je ne connaissais pas, celui du contact avec les jeunes et de la joie de les voir évoluer et grandir. Un peu déçu de voir mon fils prendre sa retraite du hockey, je me suis rapidement ennuyé des jeunes et de leur fougue.
Voici donc, en quelques lignes, l’essentiel de notre plan d’affaires original… Un plan à notre image, spontané et naturel, laissant place à l’inattendu et aux ajustements. Jean-Pierre Martin et moi connaissions déjà le centre d’Assistance d’enfants en difficulté (A.E.D.), l’organisme du docteur Gilles Julien. L’A.E.D. est un organisme qui donne accès aux services requis par les enfants en difficulté du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Son objectif est de mettre en place tout ce qu’il faut pour recentrer les enfants, diminuer les risques et augmenter les facteurs de résilience ainsi que de définir le service adéquat pour l’ensemble de leurs besoins. Son action est basée sur une approche globale en réseau dans le milieu communautaire. On dit souvent qu’il faut une tribu pour élever un enfant : par cette action, nous avons décidé de faire partie de cette tribu. Mais comment allait se dérouler notre projet? De quelles ressources aurions-nous besoin? Au lieu d’y accorder trop d’importance, on a plutôt décidé d’aller de l’avant et de voir pour le reste!
PRATIQUE DE LANCER AU PARC.
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PHOTOS DE NOTRE GROUPE LORS DE LA SORTIE DE PÊCHE AU PARC DÉCOUVERTE NATURE DE BALDWIN MILLS PRÈS DE COATICOOK.
C’est à ce moment que Jean-Pierre m’a proposé le projet. Voilà! J’avais trouvé : j’enseignerais le montage de mouche et la pêche aux enfants du docteur Julien.
12 ans et proviennent tous de milieux défavorisés. Ils sont choisis par des intervenants et des travailleurs sociaux pour ensuite être mis en contact avec nous.
POURQUOI LA PÊCHE?
Dès le début du projet, nous avons été jumelés avec une psychoéducatrice. Nous supposions que sa présence pendant l’atelier était requise pour discipliner les enfants dits turbulents. Elle connaissait chaque enfant qui nous avait été référé ainsi que leur situation familiale, et avait des craintes face aux réactions possibles de quelques-uns d’entre eux. Heureusement, ses appréhensions se sont avérées sans fondement : aucune mesure disciplinaire ou référence à des conséquences n’a été envisagée. Les jeunes sont intéressés et attentifs et en redemandent même. Ils sont avides de découvertes, de « pourquoi » et de « comment »... Finalement, la psychoéducatrice a dû se résoudre à monter des mouches avec nous!
Dans ma vie, j’ai eu le privilège d’être entouré de personnes importantes, d’oncles et de cousins avec lesquels je partageais une passion. Notre terrain de jeu était la rivière Outaouais. Hiver comme été, la pêche était toujours le point commun qui nous rassemblait. Voilà bientôt cinquante ans que mon père et mon oncle ont eu l’idée de construire sept chalets sur le bord de la rivière des Outaouais. Un projet pour la famille en vue de « donner de l’air dans la tête » comme mon père se plaisait à le dire. Je ne le réalisais pas à ce moment-là, mais j’étais comblé, j’avais ma tribu et une gigantesque machine à souvenirs.
NOS JEUNES L’A.E.D. n’est pas un centre de loisirs auquel n’importe qui peut s’inscrire. Les participants à notre activité ont entre 8 et 34 Saumons illimités
Sans le savoir, notre activité devenait partie intégrante d’un plan d’intervention globale de pédiatrie sociale. À ce moment-là, si vous me l’aviez demandé, je ne m’en rendais pas compte… à mes yeux, nous montions simplement des mouches!
LORS DE LA GUIGNOLÉE DU DR. JULIEN EN DÉCEMBRE DERNIER, LES JEUNES ONT PU FAIRE DU MONTAGE DE MOUCHES À LEUR GUISE. ON VOIT M. ALAIN PAGÉ DE PONT-ROUGE QUI EST VENU NOUS PRÊTER MAIN FORTE POUR CETTE JOURNÉE PORTE OUVERTE.
LES ATELIERS Nous rencontrons les jeunes une fois par semaine tous les lundis pour une période d’une heure. Le premier groupe était formé de deux filles et quatre garçons qui ont commencé les activités en février 2010. Quelle belle surprise d’avoir des filles parmi nous, mais à bien y penser, le montage de mouches relevant presque de l’artisanat, c’était logique qu’elles s’intéressent à cette activité. La preuve, déjà après quelques tours de bobine, une participante proposa que l’on puisse faire des boucles d’oreilles avec toutes ces plumes. Je n’y avais pas pensé, mais puisque l’intérêt y était, nous avons continué! Comme le lien entre les mouches et la pêche étant établi, les garçons se sont facilement intéressés à cette activité. Au dire d’Ariane, notre intervenante, les garçons cherchaient aussi dans cet atelier une présence masculine significative – un autre aspect du projet que nous n’avions pas envisagé. Souvenez-vous : tout cela, rien qu’en montant des mouches! Pour ce qui est du nombre de participants, nous ne visions pas la quantité, mais plutôt la qualité! Chacun d’eux étant spécial, six enfants suffiraient parfaitement pour commencer. Quant au montage de mouches, nous favorisions plutôt la quantité que la qualité. La rigueur du montage n’étant pas le but premier de l’exercice, nous laissions quelquefois libre cours à leur imagination.
Nous avons rapidement compris, non sans être quelque peu désillusionnés, que le but de toute cette aventure n’était pas de faire de ces jeunes des monteurs professionnels ou des lanceurs de distance. Le but était de leur « donner de l’air dans la tête », de leur donner le goût du montage, de la pêche et de la nature en général. Que cette activité permette à ces enfants d’avoir la tête ailleurs, loin de leurs problèmes et de leur quotidien comble amplement nos attentes. Nous espérons qu’avec le temps, ils développeront des attitudes saines face à la nature et à tout ce qui les entoure. Nous voulons leur donner les moyens et la motivation de continuer en ce sens grâce à la pêche et à la découverte de la nature. D’ailleurs, nous ne prenons pas les présences, mais chaque fois qu’un jeune est absent, il nous revient avec une explication et insiste pour nous en faire part. Et surtout, ils sont déçus d’avoir manqué le dernier montage! L’activité de montage de mouches est donc un véritable succès. Ces jeunes dits hyperactifs restent attentifs et acharnés malgré les difficultés propres à l’activité. Le seul fait que ces enfants participent semaine après semaine représente pour eux un défi constant de concentration et de persévérance : rester assis devant un étau durant quarante-cinq minutes est un véritable exploit. Pour eux, cette expérience est extraordinaire : s’appliquer dans une activité qui leur est totalement inconnue est en soi une grande réalisation personnelle. Il ne faut pas oublier que ces enfants vivent des situations particulières…
DÉROULEMENT DU PROJET Le projet s’est déroulé de février à la mi-juin, avec comme date butoir la Fête de la pêche. Chaque participant pouvait ainsi obtenir un permis de pêche délivré par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Pour la finale, nous avons organisé une sortie au Parc Découverte nature de Baldwin à Coaticook. Bien que le volet « pêche » a un peu été arrangé avec le gars des vues, la pêche en pisciculture a permis à chaque enfant de prendre ses deux truites avec les mouches qu’il avait confectionnées. Grands ou petits monteurs, nous savons tous ce que cela représente! Les rires et les sourires radieux vus et entendus lors de cette journée furent pour Jean-Pierre et moi un véritable sentiment d’accomplissement. Saumons illimités 35
ENTREPRENDRE UNE DEUXIÈME ANNÉE
LA GÉNÉROSITÉ DES GENS
Cette aventure devient de plus en plus intéressante pour Jean-Pierre et moi. Cette année, nous avons eu trois nouvelles inscriptions à l’atelier. Mais à ma grande surprise, quatre enfants du groupe initial se sont réinscrits (les deux autres ayant déménagé du quartier). Si on me demandait, parmi tous les événements vécus au cours de cette aventure, quel serait l’élément qui a le plus retenu mon attention, je répondrais sans hésitation : le retour de ces quatre enfants! Rien ne peut égaler cette sensation.
Lors de l’élaboration du projet, nous ne voulions pas qu’il devienne un fardeau pour l’A.E.D. Nous voulions absolument qu’il soit autofinancé. Mais comment? La commandite n’étant pas mon « sport national », nous ne savions par où débuter.
Les ateliers ont commencé au mois d’octobre pour se terminer aux vacances de Noël. De plus, nous avons participé à la guignolée du docteur Julien qui, cette année, se tenait le 18 décembre. Nous avons profité de cette occasion pour faire une journée de montage de mouches avec les enfants du groupe selon leurs disponibilités dans la journée. L’activité était ouverte à tous et nous avions mis en place huit étaux de montage permettant à tous ceux qui le voulaient, et plus particulièrement les enfants, de monter leur mouche avec l’aide d’un monteur invité. Pour l’occasion, Alain Pagé, venu directement de Québec, a passé la journée à prodiguer des conseils à ces jeunes. Alain est un fin pédagogue et il a su garder l’attention de tous les monteurs autour de la table… dont Jean-Pierre et moi! Encore une fois, à notre grande surprise, l’atelier a été un succès, nous laissant à peine le temps de manger. Quatre enfants inscrits à l’activité avaient invité des amis. Mais le plus intrigant fut d’observer trois jeunes filles, totalement inconnues, qui ont passé la journée à la table de montage se levant seulement pour aller chercher un repas et revenir manger parmi les plumes et poils! C’est un projet qui se voulait sans prétention, mais qui est devenu avec le temps de plus en plus fascinant grâce aux gens que l’on rencontre et surtout aux enfants que l’on voit grandir. Un enfant restera toujours un enfant et en lui donnant quelques outils pour s’accomplir, il peut entreprendre de grandes choses. Même si les signes sont quelquefois minuscules, il est clair que ce projet agit de façon positive sur lui et son entourage.
36 Saumons illimités
La FQSA fut le premier organisme à lever la main avec un don en argent nous permettant ainsi d’organiser la journée à Coaticook. De plus, un généreux donateur, qui désire rester anonyme, nous a offert huit ensembles de montage ainsi que quatre cannes à moucher complètes, le tout après une discussion téléphonique et l’envoi d’une télécopie lui expliquant le projet. Un prince, rien de moins! Ajoutons aussi que d’autres membres de la communauté des moucheurs se sont manifestés pour des dons substantiels d’équipement et de matériel de montage. Comment expliquer toute cette générosité? Pourquoi autant de matériel? Ils nous répondaient souvent qu’eux aussi dans leur jeunesse avaient été dans la même position que nos jeunes et qu’ils avaient été entourés de gens importants grâce auxquels ils purent surmonter les épreuves que la vie avait placées sur leur route. Tous ces gens furent très généreux et sans eux rien de cela n’aurait été possible. Je laisserai le mot de la fin à Alain Pagé qui, après sa journée de montage avec nous, a fait une remarque qui m’a beaucoup touché. Il m’a dit : « J’étais venu pour aider et c’est moi qui ai le plus appris. » Je lui ai simplement dit merci!
Fondation du docteur Gilles Julien http://www.fondationdrjulien.org/ Nous joindre et nous soutenir : http://www.jepechealamouche.com
Vacances reposantes dans l’isolement et l’intimité d’une station balnéaire. Cuisine aux grands délices avec différentes tables d’hôte quotidiennes. Pêche au bonefish en mode autonome (DIY) à quelques pas seulement de votre balcon.
Long Island, Bahamas
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38 Saumons illimitĂŠs
AMÉLIOREZ VOS PHOTOS À LA PÊCHE Par Marc-Antoine Jean
A
vec la pêche moderne du saumon atlantique, les plus beaux souvenirs qui nous restent sont bien souvent les images que nous aurons prises sur les rivières, puisque plus souvent qu’autrement les poissons seront remis à l’eau. Ceci fait donc des photos les plus beaux souvenirs que les pêcheurs garderont, d’autant plus qu’avec le développement
exponentiel des réseaux sociaux et de la présence active des saumoniers sur ceux-ci, les images voyagent à une vitesse folle et sont dorénavant consommées par plusieurs personnes.
IL EST IMPORTANT ALORS DE CAPTER DE BELLES IMAGES Depuis deux ans à participer aux différentes activités de la FQSA avec mon matériel photographique je ne compte plus les fois où j’ai entendu ; « Oui mais toi ce n’est pas pareil, tu es équipé en professionnel ». À cela je réponds toujours que c’est la personne derrière l’appareil qui fait l’image, le matériel n’est là que pour me faciliter la tâche. À vrai dire, plusieurs photos publiées dans des grands magazines sont souvent prises avec des petits appareils compacts ou bridges. Des prix prestigieux ont même dernièrement été attribués à des photos prises avec un iPhone. Plus près de nous, la couverture du numéro 80 de Saumons illimités, photo prise par Jean Simard, a été faite avec un petit appareil compact. Le meilleur appareil photo est toujours celui que l’on a en notre possession. Ceci dit, il est grand temps d’apprendre à composer nos images car ça, peu importe l’équipement, tout le monde peut le faire.
PLACER LES ÉLÉMENTS DANS LE CADRE On voit très souvent ces images classiques de pêche cadrées en paysage (c’est-à-dire à l’horizontale) avec le sujet trop bien placé au centre de l’image, avec la ligne d’horizon elle-même bien centrée. Il n’est pas question ici de dire que c’est mauvais, si elle est au focus, c’est déjà bon. Il y a par contre plus d’une façon de composer une image. Une des façons les plus élémentaires de composer est d’utiliser la règle des tiers. Les avantages d’une telle composition est qu’elle donne beaucoup plus de dynamisme à l’image et est beaucoup plus pratique pour des besoins éditoriaux, laissant de l’espace pour placer des titres et du texte dans l’image. Saumons illimités 39
POUR UNE COMPOSITION AU TIERS, IMAGINEZ VOTRE CADRE EN QUADRILLÉ UN PEU À LA MANIÈRE D’UN JEU DE TIC-TAC-TOE. C’EST SUR LES LIGNES DE CETTE GRILLE QUE L’ON PEUT PLACER LES ÉLÉMENTS CONSTITUANT NOTRE IMAGE. VOUS POUVEZ JOUER SUR PLUSIEURS LIGNES À LA FOIS.
Photo : Michel Jean
EN CADRANT AU TIERS, ON S’ASSURE UN MINIMUM DE RIGUEUR DANS LA COMPOSITION. DE PLUS, L’ESPACE LIBRE PERMET D’INCLURE TU TEXTE, SI LE BESOIN EST. ICI UNE IMAGE DE MICHEL JEAN SUR LA RIVIÈRE BONAVENTURE, L’IMAGE EST CADRÉE DE SORTE QUE SON REGARD SOIT ORIENTÉ VERS LES DEUX TIERS, DONC VERS L’INTÉRIEUR DE L’IMAGE.
ON PEUT AUSSI JOUER SUR LES LIGNES HORIZONTALES AFIN DE CRÉER D’AUTRES IMAGES. CETTE PHOTO, PRISE À BLUFF POOL SUR LA RIVIÈRE SAINT-JEAN EN GASPÉSIE SERAIT PARFAITE POUR UNE OUVERTURE D’ARTICLE À CAUSE DE SON ESPACE LAISSÉ DANS LE BAS. LE MOULINET SE SITUE À PEU PRÈS AU CROISEMENT DES LIGNES DE TIERS HORIZONTALE ET VERTICALE.
40 Saumons illimités
UNE BELLE PHOTO BIEN CENTRÉE D’UNE CAPTURE SUR GRANDE-RIVIÈRE, REGARDEZ COMMENT CELLE CADRÉE PLUS LARGE A MOINS DE MORDANT.
« AMÉLIE PÊCHE LE SAUMON À LA MOUCHE SUR LA RIVIÈRE BONAVENTURE, PAR UN MATIN ENSOLEILLÉ D’ÉTÉ. »
dans l’image. Sinon, le sujet va se perdre dans le décor, et ainsi perdre de l’intérêt. Dans le cas d’une photo éditoriale comme pour une page couverture par exemple, on peut laisser plus de place dans l’image afin de pouvoir inclure un titre et un minimum de texte. Le photographe de l’agence Magnum Robert Capa disait; « Si votre photo n’est pas assez bonne, c’est que vous n’êtes pas assez près de votre sujet ». Joe McNally, photographe entre autres pour The National Geographics, Sport Illustrated, People Magazine, lui, dit souvent ; « Quand tu crois être assez près de ton sujet, fais trois pas de plus ».
ET FINALEMENT, SAISISSEZ QUELQUE CHOSE D’INTÉRESSANT
VERBE-SUJET-COMPLÉMENT ; MARC COMBAT UN SAUMON SUR LA BONAVENTURE EN LE RAMENANT VERS UNE PARTIE MOINS CREUSE PLUS SUR LE BORD DE LA RIVIÈRE.
Imaginez votre cadre quadrillé à la manière d’un jeu de tictac-toe, chacune des lignes étant placée sur l’un des tiers, que ce soit sur la hauteur ou la largeur. Lors de la prise de vue on va chercher à placer les principaux éléments de l’image (le plus souvent le sujet) sur ces lignes virtuelles. Dans le cas d’une personne on va chercher à la placer sur l’un des tiers en largeur, pour être plus précis on peut même composer en plaçant la tête de la personne sur le croisement entre l’un des tiers en largeur, et le tiers supérieur en hauteur. Il faut s’assurer par contre que le regard du sujet soit davantage tourné vers l’intérieur de l’image de sorte qu’il regarde vers les deux autres tiers et non vers l’extérieur. Dans le cas d’un paysage, une façon bien simple de procéder est de placer la ligne d’horizon sur l’une ou l’autre des lignes en hauteur.
Il y a une chose qui me vient souvent en tête quand vient le temps de prendre une image. Avec la notion du « verbe-sujetcomplément » (et oui comme quand l’on apprend à écrire des phrases à l’école) j’arrive à créer des images d’intérêt, et plus il y a de compléments, plus il y a de matière à « lire » dans la photo, et plus elle risque d’avoir de l’impact, dans la mesure où elle est techniquement quand même bien réalisée (voir paragraphes plus haut). De sorte que si je dis ; « Amélie pêche » c’est beaucoup plus vague que de dire ; « Amélie pêche le saumon à la mouche sur la rivière Bonaventure par un matin ensoleillé d’été ». Mais il faut faire attention de réaliser ça tout en gardant en tête qu’il faut composer l’image tout en ne cadrant pas trop large. Le sujet principal de l’image reste Amélie. Les photos prises en action ont souvent beaucoup plus de punch que les images statiques puisqu’elles amènent beaucoup plus d’informations au spectateur. Sur le plan esthétique l’action, et c’est d’autant plus vrai à la pêche, amène tout un jeu de formes géométriques, de courbes et contre-courbes, de spirales qui servent à enrichir une image.
POUR FINIR, UN PETITE SUGGESTION
CADREZ PLUS SERRÉ !
Il y a un ouvrage de référence sur la photographie numérique que je suggère à quiconque commence à s’intéresser plus sérieusement à la photographie numérique. Il s’agit d’un livre écrit par Joe McNally publié il y a moins d’un an aux éditions Times, dont le titre est Guide To Digital Photography. C’est un ouvrage excessivement bien fait expliquant les notions de base de la technique et de la composition. Ces notions sont de plus agrémentées des notes personnelles de l’auteur, dont le parcours est très impressionnant. On peut facilement le commander chez la plupart des bons libraires ou tout simplement sur le web.
Mais il faudra faire attention de faire un cadrage assez serré. Le sujet photographié doit remplir le plus d’espace possible
Ne ratez pas alors les prochaines chroniques photos dans les numéros à venir.
Par contre, la composition aux tiers n’est pas l’unique façon de faire. Imaginez une belle scène d’un pêcheur avec son guide tenant une belle prise (encore dans l’eau quand même !) en souriant. Cette scène aura plus de mordant si elle est bien centrée.
Saumons illimités 41
une petite rivière i Texte et photos par André-A. Bellemare
L
a réserve faunique gouvernementale de Port-Daniel, dans le sud de la péninsule gaspésienne — à michemin entre New Carlisle et Chandler — est la plus petite des seize réserves gérées par la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ) par sa superficie de 57 km2… soit cent quarante fois plus petite que la réserve faunique des Laurentides! Mais elle renferme un bijou de rivière à saumon, la mignonne Port-Daniel aux eaux cristallines se jetant dans la baie des Chaleurs. 42 Saumons illimités
Fermée pendant quinze ans, entre 1982 et 1996, pour cause de braconnage éhonté pratiqué par des criminels de la faune de la région, la Port-Daniel a repris vie trop discrètement peutêtre : depuis sa réouverture, elle est restée presque méconnue. Pourtant, les pêcheurs à la mouche en rivière, surtout les saumoniers, auraient tellement d’avantages à la fréquenter! Les saumons montent tardivement dans cette rivière : les premiers n’y arrivent que vers la mi-juillet. La saison n’y dure donc
LE POSTE D’ACCUEIL N’EST SITUÉ QU’À 8 KM DU LA ROUTE 132.
LA RÉSERVE FAUNIQUE PORT-DANIEL RENFERME UN BIJOU DE RIVIÈRE À SAUMONS, LA MIGNONNE PORT-DANIEL AUX EAUX CRISTALLINES SE JETANT DANS LA BAIE DES CHALEURS.
RICHARD ROBERT INITIANT SA FILLE MARIE-ÈVE, 11 ANS, À LA PÊCHE À LA MOUCHE EN RIVIÈRE ET À LA PÊCHE DU SAUMON. ELLE POUVAIT JOINDRE LA RIVE OPPOSÉE MÊME EN FAISANT DES LANCERS COURTS.
e incontournable à découvrir que du 15 juillet au 30 septembre. Jusqu’en 2008, la saison de pêche au saumon y commençait le 1er août; mais depuis deux ans, à cause des conditions atmosphériques dans la région, on a constaté que les saumons arrivaient un tout petit plus tôt dans la Port-Daniel. Pour faire profiter les pêcheurs à la mouche de ces conditions agréables, les dirigeants de la SÉPAQ ont recommandé que la pêche du saumon y soit dorénavant permise à compter du 15 juillet.
situées à quelques dizaines de mètres seulement du poste d’accueil du territoire. Dans l’eau salée à l’embouchure de la rivière, environ deux fois plus de saumons attendaient que le niveau de l’eau douce augmente dans la Port-Daniel pour y pénétrer. Quelle belle fin de saison de pêche pour ceux qui ne s’intéressent pas à la chasse du mois de septembre!
Au début d’août 2010, Berthier Deschênes, directeur de la réserve pour la SÉPAQ, m’y a invité à pêcher le saumon. Une quarantaine de saumons étaient parqués dans deux fosses
On ne pêche qu’à pied dans la rivière Port-Daniel, tout près du poste d’accueil de la réserve faunique qui n’est située qu’à seulement 8 km de la route 132. Le poste d’accueil de la réserve
TOUTE MINUSCULE…
Saumons illimités 43
L’EAU EST D’UNE LIMPIDITÉ ÉTONNANTE.
et les meilleures fosses pour la pêche du saumon dans la PortDaniel sont à moins d’un quart de kilomètre de l’asphalte! Les saumoniers ne se marchent pas sur les pieds dans cette rivière, contrairement à bien d’autres rivières du Bas-SaintLaurent et de la Gaspésie : quatre pêcheurs seulement y sont admis chaque jour, au tarif de 41 $ (taxes incluses) en 2010.
Godbout, Undertaker… Il faut toutefois que ces mouches soient montées sur de petits hameçons, des nº 8 ou 10, voire 12. Mais ne vous croyez pas limités à l’utilisation des seuls modèles de mouches mentionnés ci-dessus : les mouches en lesquelles vous avez confiance et qui vous ont procuré du succès jusqu’à maintenant pourraient être également productives.
Sur ses 14 km de parcours à l’intérieur de la réserve, la rivière renferme quatorze fosses. Mais par souci de protection des poissons contre les braconniers, la SÉPAQ a posé une barrière d’arrêt pour les saumons en haut de la fosse nº 7 située à quelques dizaines de mètres du poste d’accueil du territoire. Les saumons s’agglutinent donc dans les fosses à la vue des employés de la société d’État.
L’eau étant d’une limpidité étonnante dans la Port-Daniel, ce cours d’eau constitue le nirvana des pêcheurs à la mouche sèche. Vous pouvez y déposer vos mouches sèches très facilement juste au-dessus des saumons que vous avez vus et choisis…
SAUMONS VISIBLES À L’ŒIL NU
Vous auriez dû voir l’émerveillement de trois autres pêcheurs qui ont fréquenté la Port-Daniel en même temps que moi. Richard Robert — un employé du ministère des Transports du Québec vivant dans le quartier Neufchâtel de Québec — accompagné de sa femme Lucie Pelletier — une spécialiste en informatique à l’emploi de la Régie de l’assurance maladie du Québec — initiait sa fille Marie-Ève, 11 ans, à la pêche à la mouche en rivière et à la pêche du saumon.
C’est fort réjouissant de voir si facilement les saumons dans une eau aussi limpide. Le pêcheur est assuré de ne pas laver ses mouches au-dessus des roches ni de leur apprendre à nager inutilement! Quelles mouches devriez-vous employer pour pêcher dans cette rivière? Les saumoniers qui ont fidèlement fréquenté ce petit cours d’eau durant la dernière décennie ont constaté que les mouches les plus productives étaient celles qui portaient simultanément des matériaux noirs et verts, par exemple les Black Bear Green Butt, Pompier, 44 Saumons illimités
POUR INITIER LES NOVICES
Marie-Ève pouvait joindre facilement la rive opposée des fosses accessibles de la Port-Daniel, même en faisant des lancers courts et en pêchant à pieds secs à partir de la grève. Si vous chaussez des cuissardes, vous pouvez lancer vos
mouches noyées dans la partie la plus active du courant, ou déposer vos mouches sèches avec plus de précision au-dessus des saumons repérés à l’œil nu. Le directeur Berthier Deschênes, un très sympathique bonhomme qui s’occupe activement de tous les clients de sa réserve faunique, a absolument raison d’affirmer que la rivière Port-Daniel constitue le cours d’eau idéal pour initier un moucheur à pêcher le saumon pour la première fois de sa vie. Tout y est tellement parfait et facile! Ce qui a surtout plu à Richard Robert et à Lucie Pelletier, c’est la possibilité de camper à environ 100 m des fosses à pêcher, auxquelles ils accédaient à pied en trois minutes… avec un vent de face! Tout cela, sans tirage au sort ni compétition ni rotation dans les fosses. Richard et Lucie, qui pêchent depuis une quinzaine d’années dans les fosses non contingentées de rivières à saumons gaspésiennes, sont habitués de se lever vers 2 h du matin pour arriver parmi les premiers saumoniers à pêcher dans des fosses très populaires de certaines rivières! Lucie m’a souligné qu’elle ne souhaitait plus vraiment marcher longtemps entre son véhicule et la fosse de rivière pour ensuite devoir rebrousser chemin lorsque celle-ci est occupée par trop de saumoniers… La Port-Daniel ne présente aucun de ces inconvénients-là. Au moins deux des quatre saumoniers pêchant dans la PortDaniel doivent séjourner dans la réserve faunique (en chalet ou en camping), et les deux autres peuvent y pratiquer la pêche du saumon à la journée (avec réservation à l’avance par téléphone, selon des modalités expliquées sur le site Web de la réserve). Puisque la Port-Daniel est en phase de restauration, la graciation des grands saumons mesurant plus de 63 cm de long y est obligatoire (il faut les remettre vivants à l’eau); mais, étant donné que la rivière est surtout habitée par des madeleineaux (grilses) mesurant généralement moins de 63 cm de long, vous avez le droit d’en récolter deux par jour. La Port-Daniel prenant sa source dans les monts Chic-Chocs, au cœur de la Gaspésie, son eau reste toujours plus froide que d’autres rivières; l’altitude des lacs et ruisseaux alimentant la Port-Daniel varie de 400 à 600 mètres, ce qui assure un apport en eau fraîche qui n’est pas à dédaigner.
POUR Y SÉJOURNER La réserve faunique de Port-Daniel offre aux pêcheurs et chasseurs huit chalets neufs ou récemment reconstruits, très bien équipés, ainsi que trente-huit emplacements de camping, dont
treize avec les trois services — aqueduc, égouts, électricité — près d’un bloc sanitaire impressionnant. Le tout est situé à côté du poste d’accueil de la réserve. Personnellement, en compagnie de ma conjointe, j’y ai séjourné dans un magnifique chalet pour deux, équipé de tous les électroménagers nécessaires pour la préparation et le service des repas personnels. La saison de pêche de la truite mouchetée dans les deux douzaines de lacs exploités par la réserve en 2010, allait du 4 juin au 6 septembre; la limite quotidienne des prises et la limite de possession étaient de quinze mouchetées. Entre le 1er et le 30 juin 2010, c’était le temps de la chasse de l’ours noir. On y a chassé l’orignal en septembre (du 7 au 30) avec un taux de succès de plus de 90 %, puis le chevreuil (du 1er au 5 octobre) et les petits gibiers (du 6 au 17 octobre). Il y a une chambre froide neuve à côté du poste d’accueil pour conserver les carcasses des gros gibiers récoltés, quelles que soient les conditions atmosphériques extérieures. Au poste d’accueil, vous pouvez louer canots, moteurs électriques et même cannes à pêche; et vous y trouverez eau, glace, bois, vers, leurres, mouches à pêche, vêtements et articles de plein air pour adultes et enfants. Pour en savoir plus sur la réserve faunique de Port-Daniel et son offre de pêche ou de chasse, écrivez au directeur Berthier qui vous fera parvenir la documentation : 8, Route 132, Case postale 38, Port-Daniel, Qc G0C 2N0; tél.: 1 418 396-2232; courriel : portdaniel@sepaq.com; Web : www.sepaq.com/rf/ pod/. Profitez des semaines de septembre pour y pêcher le saumon en toute tranquillité, d’autant plus que la montaison des poissons vers les frayères ne fait que commencer dans la PortDaniel. N’attendez pas que les secrets de la petite rivière aux eaux si claires soient connus de tous avant de la fréquenter!
UNE JUMELLE? Du côté ouest de la grande baie située entre les localités de Gascons et de Port-Daniel, il existe une autre petite rivière à saumons, la jumelle de celle que j’ai fréquentée. Celle-ci, fermée à la pêche depuis plusieurs années pour cause de braconnage, ne pourrait-elle pas être rouverte prochainement? Sa gestion pourrait être confiée aux dirigeants de la réserve faunique de la SÉPAQ pour doubler l’offre actuelle de pêche du saumon dans Gascons et Port-Daniel, ce qui augmenteraient assurément les revenus touristiques de l’économie locale. C’est un dossier à étudier! Saumons illimités 45
L’union fait la force En devenant membre de la FQSA vous recevrez gratuitement le magazine Saumons illimités, unique publication francophone sur le saumon atlantique. Vous recevrez également le Guide sur les réseau des rivières à saumon du Québec. Vous pourrez également bénéficier de nombreux avantages offerts par nos partenaires. En devenant membre de la FSA vous recevrez le magazine Atlantic Salmon Journal, publiée quatre fois par année. Vous Photo : Jean-Guy Béliveau
encouragerez aussi la cause saumon en soutenant un centre de recherche sur le saumon au Nouveau-Brunswick et un secrétariat permanent au service et à la défense du saumon sur les plans national et international.
Économisez 20 $ Saviez-vous que pour le coût minime de 60 $ par année vous pouvez adhérer au membership conjoint FQSA/FSA et bénéficier des avantages des deux fédérations ? La Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) et la Fédération du saumon atlantique (FSA) sont deux organismes voués à la conservation et la mise en valeur du saumon atlantique et de son habitat, ainsi que des rivières à saumon dans une perspective de développement durable.
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XXVI e SOUPER-BÉNÉFICE 21 octobre 2011 La Fédération québécoise pour le saumon atlantique tiendra, le vendredi 21 octobre 2011, son XXVIe souper-bénéfice annuel au Théâtre Capitole. Inscrivez cette date à votre agenda. En attendant, nous vous souhaitons une excellente saison de pêche ! Pour informations: Amélie Dussault | 418 847-9191, poste 6 ou secretariat@saumon-fqsa.qc.ca
Les engins de pêche
« tube flies »
sont-ils vraiment acceptables? Texte et photos : André Vézina
Selon les nouveaux règlements de pêche édictés en 2009 par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, les engins de pêche « Tube Fly » sont maintenant autorisés, qu’ils soient en laiton, cuivre, aluminium ou plastique.
J
e pense que ceux qui ont concocté la nouvelle mouture des règlements sur les engins de pêche n’ont pas analysé la question sous tous les angles avant d’en proposer l’adoption au Ministère. Pourquoi ne pas avoir autorisé les cuillères tournantes garnies de poils ou de plumes tant qu’à y être? En effet, il n’existe pas de véritable différence entre ces deux types d’engin en termes de poids et d’apparence à l’exception de la petite cuillère qui peut tourner autour d’un axe.
UN PEU D’HISTOIRE Depuis le début de la réglementation de la pêche sportive du saumon atlantique, les autorités ont été très prudentes pour n’autoriser que la pêche à la mouche en tant qu’engin de pêche et ce, dans une perspective de conservation et de protection de cette ressource salmonicole. Pendant plusieurs décennies, les pêcheurs sportifs de saumon atlantique se sont conformés à ces seuls engins de pêche : une mouche en plume ou en poil montée sur un hameçon simple, double ou triple. La taille des hameçons était réglementée selon le nombre de pointes. L’utilisation de cuillères ondulantes ou tournantes et des appâts naturels n’a jamais été autorisée, à quelques exceptions près, dans les rivières à saumon du Québec 48 Saumons illimités
puisqu’il ne fallait pas surexploiter les stocks de saumon. Ce n’était pas parce que ces engins, autorisés pour d’autres espèces, étaient meilleurs que la mouche mais bien parce que la combinaison de tous ces engins de pêche aurait pu contribuer à décimer les populations déjà très fragiles de saumon atlantique dans les rivières québécoises et que leur utilisation pouvait présenter des risques évidents de mauvaise utilisation. Il valait mieux être prudent et n’autoriser que la pêche à la mouche avec des lignes flottantes qu’il était interdit de lester pour les faire caler (les soies calantes ou intermédiaires n’existaient pas). Cela signifiait que la pêche devait se passer en surface ou près de celle-ci et que le saumon devait venir prendre la mouche. C’est ainsi que s’est développée et maintenue l’éthique de la pêche sportive du saumon au Québec : il faut que le saumon vienne cherche la mouche et non pas que la mouche aille chercher le saumon.
DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES PRATIQUES Les dernières décennies ont été profitables à certains pêcheurs de saumon pour développer de nouveaux stratagèmes de pêche et non pas des techniques de pêche pour augmenter leur succès de pêche. Il faut garder sa réputation
DANS LE HAUT DE LA PHOTOGRAPHIE, QUELQUES TUBES VENDUS DANS LE COMMERCE; À DROITE UN HAMEÇON SIMPLE DE TAILLE 5/0 ET EN DESSOUS UN HAMEÇON DOUBLE 1/0; À GAUCHE 3 BOUTS DE TUYAU EN CUIVRE PESANT RESPECTIVEMENT 12, 13 ET 14 GRAMMES.
de bon pêcheur et ne pas revenir bredouille d’une sortie de pêche ou encore il est important de rentabiliser sa journée en ramenant un poisson de belle taille. Ces nouveaux stratagèmes ont surtout consisté à utiliser des engins ou techniques utilisés pour la pêche d’autres espèces de poisson afin de se rapprocher davantage du saumon avec la mouche devant berner le saumon. C’est ainsi que, parfois, la mouche est tellement proche du saumon que celui-ci est accroché, accidentellement ou non. Dans cette catégorie d’engins nous retrouvons les soies calantes ou intermédiaires, les mouches montées sur des tiges « waddington » et les « mouches tube en métal ». Ces engins ont comme principale caractéristique de faire plonger le leurre profondément dans l’eau. La raison invoquée par ces pêcheurs pour que leur utilisation soit autorisée est toujours la même : pouvoir pêcher le saumon lorsque l’eau est haute en début de saison. Si cela était vrai, pourquoi ces engins sont-ils plus fréquemment utilisés en juillet, août et septembre pendant des périodes d’étiage parfois sévère?
ÉTHIQUE SPORTIVE DU PÊCHEUR DE SAUMON Quelle chance donnons-nous véritablement au saumon de frayer quand ces engins sont responsables d’accrochages accidentels ou souvent non accidentels, mais plutôt fortuits, des gros géniteurs qui doivent lutter ensuite pour leur survie même s’ils n’ont pas pris le leurre présenté? L’obligation de les remettre à l’eau permet de sauver quelques-uns d’entre eux mais combien vont mourir sans avoir pu frayer après avoir été blessés ou épuisés suite à un long combat dans des conditions difficiles? Poser ces questions, c’est aussi y répondre.
C’est pourquoi je persiste à croire que ces engins sont douteux non seulement au regard de l’éthique sportive mais aussi en termes de conservation de l’espèce salmonicole. Ils ne contribuent certainement pas à rehausser le niveau d’éthique de la pêche sportive du saumon atlantique mais suscitent beaucoup de suspicions et d’interrogations dans la communauté. Certains diront que ceux qui n’utilisent pas ces stratagèmes ou engins de pêche sont jaloux du succès de ceux qui les utilisent mais moi je réponds que je suis plus respectueux de la ressource salmonicole que ne le sont certaines personnes et surtout conscient des risques pour la pérennité de la ressource et, qu’à ce titre, je lui laisse le loisir de se déplacer pour prendre le leurre plutôt que d’aller le chercher au fond de la fosse. Les risques d’accrochage accidentel sont donc très limités en ce qui me concerne.
COMPARAISONS DE POIDS TUBE VS HAMEÇON Je me suis procuré récemment des tubes en laiton pour effectuer des mesures et comparaisons de poids avec des hameçons utilisés pour le saumon. Je produis un tableau où sont présentés les résultats de la pesée effectuée avec une balance électronique. Comme vous pourrez le constater, ces résultats parlent d’eux-mêmes. Item
Poids en gramme Poids en once
Tube en cuivre 1¾ pouce
1,9 gr
0,065 oz
Hameçon Partridge double Low Water 1/0
0,95 gr
0,0325oz
Donc, 1 tube = 2 hameçons double low water 1/0 Hameçon Partridge double Low Water # 2
0,8 gr
0,0275 oz
Hameçon Mustad simple (36890) 5/0
1,2 gr
0,0425 oz
Hameçons Partridge Simple Bartleet 3/0
0,85 gr
0,03 oz
Hameçon Mustad simple 2/0
0,50 gr
0,0175 oz
Hameçon Mustad double (3582F) # 6
0,18 gr
0,007 oz
Tube Super Slim Bottle 22 mm
0,70 gr
0,025 oz
Les résultats de ce tableau sont très éloquents et indiquent très clairement que les tubes sont beaucoup plus pesants que les gros hameçons et que leur principal attribut est de caler plus rapidement qu’un hameçon. Un tube seul fait 1½ fois le poids du plus gros hameçon autorisé (hameçon 5/0 simple pèse 1,2 gr versus 1,9 pour le tube). En y ajoutant Saumons illimités 49
un hameçon ainsi que la garniture nécessaire au déguisement du tube pour lui donner une apparence légale, le poids est encore plus important. À cet égard, en fonction de la réglementation actuelle, il est possible d’utiliser des bouts de tuyau en cuivre pour fabriquer des Tube fly dont le poids défie toute logique ainsi que la réglementation qui est muette quant à la taille de ces engins. Imaginez une mouche Tube faite avec un bout de tuyau d’environ 4 pouces et d’un diamètre de ¼ pouce dont le poids est de 13 grammes, soit le poids de plus de 15 hameçons simples Partridge Bartleet de taille 3/0. La réglementation actuelle n’interdit pas un tel engin mais elle les autorise spécifiquement. Même en réduisant la longueur à deux pouces le poids du tube est impressionnant. Imaginez ce que certaines personnes peuvent faire avec un tel engin.
RÉGLEMENTATION PLUS SOUCIEUSE DE L’ÉTHIQUE ET DE LA CONSERVATION Je trouve donc inadmissible que le Ministère ait autorisé de tels engins de pêche qui ont malheureusement commencé leurs ravages dans quelques rivières à saumon en période d’étiage très sévère. En effet, certains ont trouvé notamment ce truc pour contourner la réglementation des soies flottantes sur la rivière Matane. Il y a urgence d’agir parce que le mouvement est encore embryonnaire quoiqu’il se développera rapidement au détriment de la conservation de l’espèce et de l’éthique sportive. D’autres éléments de la réglementation devraient aussi être revus dans une perspective plus soucieuse d’éthique et de conservation. Pensons notamment à l’utilisation obligatoire d’hameçons simples ébarbés lorsque la remise à l’eau est obligatoire ou recherchée, à un maximum de deux remises à l’eau par jour, aux avançons calants ainsi qu’aux soies calantes ou intermédiaires. Ces derniers engins ont heureusement été bannis sur la rivière Matane et le climat sur la rivière s’est grandement améliorée. Toutefois, un nuage noir pointe au loin, issu de l’envie et de l’appât du gain facile de certaines personnes peu scrupuleuses quant aux moyens utilisés pour capturer de gros géniteurs : les mouches avec tube métallique. Un débat s’impose ainsi qu’un retour aux engins plus traditionnels de pêche à la mouche de telle sorte que la conservation du saumon atlantique soit mieux assurée et que l’éthique de la pêche sportive du saumon atlantique soit retrouvée. 50 Saumons illimités
MOUCHE TUBE ORANGÉE MONTÉE SUR UN BOUT DE TUYAU EN CUIVRE RECOUVERT DE TINSEL AVEC UN HAMEÇON DOUBLE 1/0; LONGUEUR TOTALE DE 5 POUCES ET POIDS DÉPASSANT 16 GRAMMES.
La première priorité devrait être d’interdire immédiatement l’utilisation des tubes en métal car leur usage est facilement pernicieux et permet d’accrocher aisément le saumon atlantique et plus particulièrement les gros géniteurs. Il vaut beaucoup mieux être proactif et empêcher l’accrochage volontaire et voire même accidentel des saumons plutôt que d’avoir une approche réactive exigeant la remise à l’eau des saumons lorsqu’ils sont accrochés. L’approche réactive devrait succéder à l’approche proactive plutôt que d’être la seule approche. Le risque de mortalité est trop grand et peuton se permettre de perdre un seul géniteur du fait de l’action des personnes peu scrupuleuses qui jouent à la marge de la légalité et même en toute illégalité parfois? Je termine en affirmant que le saumon atlantique mérite le respect de la part des véritables pêcheurs sportifs et que pour ce faire on ne doit tolérer aucun comportement disgracieux et douteux mais plutôt s’assurer que la pêche sportive du saumon soit davantage axée sur la finesse de leurrer le saumon et de l’amener à prendre la mouche dans une approche loyale et empreinte d’une grande éthique. Pour moi la pêche sportive du saumon atlantique et les actions de conservation, de protection et de mise en valeur sont des mots indissociables. Ils doivent constituer des valeurs fondamentales pour tous les véritables pêcheurs sportifs de saumon car ce n’est qu’à ce prix que nous saurons protéger la pêche sportive et le saumon atlantique pour le bénéfice des générations futures. J’attends donc que ma fédération, la FQSA, relève le défi et qu’elle entreprenne toutes les démarches pour redonner à la pêche sportive du saumon atlantique toutes ses lettres de noblesse qui la distingue, en raison de la ressource et de l’éthique sportive, de toutes les autres activités de pêche aux autres espèces de poisson. Ce sera alors la meilleure stratégie pour garantir la pérennité de la pêche sportive du saumon ainsi que celle de la ressource elle-même.
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Prix de conservation le plus prestigieux décerné à
Monsieur Saumon Par Muriel Ferguson, FSA Photo par Charles Cusson
Le mercredi 27 avril à Montréal, la Fédération du saumon atlantique (FSA) a présenté son prix de conservation le plus prestigieux, le prix Happy Fraser, à monsieur Yvon Côté, baptisé Monsieur Saumon, au Québec. Le prix a été décerné à la réunion du conseil de la FSA par les présidents des conseils canadien et américain afin d’honorer l’engagement de leur collègue envers la conservation du saumon atlantique sauvage et de son habitat. « Yvon Côté a dirigé la Fédération québécoise pour le saumon Atlantique (FQSA), conseil régional de la FSA au Québec, avec assurance et lucidité alors qu’elle traversait une période difficile, ce qui lui a valu des louanges de tous les secteurs du monde du saumon atlantique, de dire l’honorable Michael Meighen, président de la FSA (Canada). Yvon va bien au-delà de ce qu’impose le devoir pour résoudre les problèmes dans le respect et la coopération, tout en sollicitant la participation de toutes les parties prenantes. » Au Québec, il a ouvert la voie à la création d’un « Plan de développement économique du saumon atlantique » financé par les gouvernements fédéral et provincial qui accordait des fonds pour favoriser la conception et la réalisation de projets de conservation dans les rivières de la province.
MONSIEUR YVON CÔTÉ RECEVANT LE PRIX HAPPY FRASER DU PRÉSIDENT CANADIEN DE LA FSA, MICHAEL MEIGHEN (À DROITE) ET DE BILL TAYLOR, PRÉSIDENT DE LA FSA (À GAUCHE).
Sa connaissance des enjeux et de la biologie du saumon n’est plus à démontrer. Au cours des 20 dernières années, Yvon a occupé divers postes au ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Pendant ce temps, il a réalisé de nombreux projets de recherche et a été le biologiste en chef du saumon jusqu’à son départ à la retraite de la fonction publique en 1996. Le prix, présenté pour la première fois en 1975, est nommé à la mémoire de T.B. « Happy » Fraser de Montréal pour les nombreuses contributions faites au cours de sa vie pour protéger et conserver le saumon atlantique sauvage. Depuis lors, la FSA a honoré plus de 40 personnes comme M. Côté, qui ont fait une contribution notable pour assurer la survie de cette espèce emblématique.
Babillard Le brunch-bénéfice de la rivière Petit-Saguenay se déroulera le 5 juin prochain sous la présidence d’honneur de M.Hans McLelland, neuro-chirurgien à l’hopital de Chicoutimi et grand amateur de pêche au saumon. Au programme ; bonne nourriture, encan, tirages, et prix de présence. C’est un événement à ne pas manquer! Vous pouvez réserver vos billets au coût de 27 $ par personne en appelant au 418 272-1169. Les 11 et 12 juin de déroulera la Fête de la Pêche. Dans Charlevoix les festivités se dérouleront au Parcours des Berges à Clermont, situé au 35, rue de la Rivière. L’Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure inc. offre des cours s’adressant à toutes personnes, avec ou sans expérience, désirant apprendre les techniques de pêche à la mouche, ou désirant s’améliorer. Les cours auront lieux les 3-4-5 juin 2011 ainsi que les 26-27-28 août 2011. Pour informations 418 534-1818 ou apsb@globetrotter.net
Les Moucheurs du Montréal métropolitain tiendront une soirée porte ouverte vendredi le 16 septembre 2011. L’évènement aura lieu à 19 h 00 dans la grande salle du Centre St-Mathieu, au 7110, 8e Avenue à Montréal.C’est le coup d’envoi de la nouvelle saison. Les différentes activités, cours de montage et sorties à venir y son présentés. Pour toutes informations et inscriptions sur nos cours, ateliers et sorties, visitez notre site Internet: moucheurs-mtl-metro.org ou contactez-nous via le Mouch-O-Phone au 514 721-8695. La Fédération québécoise pour le saumon atlantique tiendra son souper bénéfice annuel le 21 octobre prochain. L’évènement se déroulera encore cette année au Théâtre Capitole à Québec.
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Nous pouvons vous faciliter la vie. La Fondation pour la conservation du saumon atlantique est un organisme de conservation bénévole et indépendant qui a été créé grâce à une subvention unique de 30 millions de dollars du gouvernement du Canada. Chaque année, entre le 1er avril et la mi-décembre, nous lançons un appel de propositions de financement pour des projets innovateurs et pratiques. Ces derniers sont réalisés par des groupes communautaires voués à la conservation des populations sauvages du saumon atlantique et de leurs habitats.
Visitez notre site Web afin d’obtenir plus d’information sur la marche à suivre pour demander du financement www.salmonconservation.ca • www.conservationdusaumon.ca
La Fondation pour la conservation du saumon atlantique
506 455 9900 480, rue Queen, bureau 200 Fredericton (N.-B.) E3B 1B6