Fugues Novembre 2024

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Photographe : Laura STEVENS pour la production du film BABY de Marcel Caetano présenté à image+nation

Modèles : João Pedro MARIANO (à l'avant plan) et Ricardo TEODORO

Montage graphique : Éric PERRIER

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Ainsi que Chantal CYR, Logan CARTIER, Nicolas VANDAL,Olivier DE MAISONNEUVE, Serge FISETTE et Ruby PRATKA

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DÉPÔT LÉGAL ISSN 0831-1625

Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque nationale du Québec et Archives gaies du Québec.

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DÉCEMBRE 2024 ÉDITION DOUBLE JANVIER 2025

TOMBÉES

Tombée rédactionnelle : 12 nov. 2024

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Sortie : 27 nov. 2024

FÉVRIER 2025

TOMBÉES

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ALEX FRANCOEUR ET LA RÉVOLUTION DE DÉCEMBRE

PAGE 24

« Le projet qui a tout changé pour moi, c’est de signer les chorégraphies d’En direct de l’univers. Quand je suis sorti de Révolution... »

Sommaire

novembre 2024 | no 484

CHRONIQUES

08 Au-delà du cliché / Samuel Larochelle

10 Où sont les lesbiennes / Julie Vaillancourt

12 Par ici ma sortie / Denis-Daniel Boullé

14 Porte Voix / Nicolas Vandal

16 Sonny Issues / Frédéric Tremblay

18 Place au Village / André C. Passiour

50 Newsmakers / Richard Burnett

120 Horoscope / Robert Gareau

ENTREVUES / ACTUALITÉS

20 Le GRIS Montréal lance sa nouvelle campagne de financement

22 Entrevue avec Solange Musanganya et Carlos Idibouo

24 Entrevue avec Alex Francoeur

26 Entrevue avec Jean-Baptiste Phou

SOLANGE MUSANGANYA ET CARLOS IDIBOUO,

PAGE 22

« Plusieurs les connaissent à Montréal, car ils ont été d’Arc-en-ciel d’Afrique et de Massimadi... »

28 Entrevue avec Marianne Chbat

30 Entrevue avec David Moreau

32 Entrevue avec Jérémie Boisier

34 Inauguration des murales Héros de chez NOUS

FESTIVAL IMAGE+NATION

36 Programmation / High Tide

38 Fawzia Mierza

41 Mascarpone : The Rainbow Cake

42 Baby

44 Y'a une étoile

45 Duino / Light Light Light

46 Sweet Angel Baby / Fanatical - The Catfishing of Tegan & Sara / La Dernière confession

47 Sebastian

48 Young Hearts

49 What A Feeling / Lesvia / Miséricordes

50 Flashbacks

51 Les reines de rêve

52 Nanekawâsin / The Writer / Drive Back Home

54 Mother Apart / Perfect Endings

BIEN VIVRE / CONSOMMATION

64 Avancer ensemble vers des organisations plus inclusives

66 Samsara Hatha Yoga

68 Maison du Père

70 Priape cinquante ans d’évolution

72 Bernard Rousseau

74 Boutique Évolution

76 Alcools

78 Au volant

COMMUNAUTAIRE

56 HISTOIRE | Novembre en 40 ans de Fugues

57 La Maison Plein Cœur compte sur la générosité du public

58 Liste des groupes LGBTQ+

60 Équipe MontréaL,retour du gala annuel

62 Les AGQ : lancement de la campagne de financement

QUOI FAIRE

86 FESTIVAL| Cinémania

90 SÉRIES | Agatha All Along

91 SÉRIES | Brilliant Minds

92 SÉRIES | Monsters

93 SÉRIES | Heartstopper, saison 3

94 LIVRES | Nouveautés

98 Full Musique d’ici

98 Shéhérazade au pays de Wagner : simplement pour le plaisir

100 Iphigénie au Théâtre Denise-Pelletier

102 Le festival Mundial Montréal

104 Topical Dance de Sebastian Kann

105 Le Fou Fou, nouvelle destination culinaire

106 L’Étrange Noël de monsieur Jack

108 Nova Express d’Alejandro Sajgalik

110 Jinkx & DeLa Holiday Show

110 Drag Queen Christmas

112 Lieux LGBTQ+ de rencontres

PETITES ANNONCES

80 Immobilier

81 Annonces classées

PHOTOS

116-118 Fugues y était

DEPUIS 1984

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impliquant des animaux pour le divertissement des humains. Mais j’ai envie de réfléchir à autre chose : pourquoi n’y suis-je pas allé avant ?

Même si j’ai grandi en Abitibi, je ne suis pas familier avec le monde rural, la course de barils, la monte du taureau/cheval, l’échange de cavaliers, la prise du veau au lasso, le terrassement du bouvillon et la course de sauvetage. Mes connaissances en danse en ligne se limitent au Achy Breaky Dance. Et mes affinités avec le country n’ont jamais dépassé Shania Twain, Faith Hill, Taylor Swift et la trame sonore de Nashville. Néanmoins, chaque année je voyais plusieurs proches revenir de Saint-Tite avec la joie étampée dans face. Qu’est-ce qui m’empêchait de les accompagner ? Est-ce que je m’excluais du festival ou est-ce plutôt le festival qui ne faisait rien pour que je m’y projette ?

Je ne prétends pas que tous les événements doivent tenter de séduire toutes les clientèles. Mais comme les queers représentent au moins 10 % de la population, peut-on vraiment les oublier ? On pourrait croire qu’un festival qui attire plus de 700 000 personnes par année n’a plus besoin de faire d’efforts pour rejoindre son monde, mais l’organisation fait encore de la promotion et pose des gestes pour élargir son public.

l’homosexualité de Mathieu Grégoire ne soit connue de l’agresseur. »

N’ayant pas été témoin, je ne peux confirmer si l’agresseur a choisi sans raison de s’en prendre à quelqu’un qui s’adonne à être gai ou s’il l’a ciblé de manière homophobe. Mais je dois écrire l’évidence : la communauté queer s’en souvient. On aura beau dire qu’il existe des attaques semblables ailleurs, cette altercation confirme la peur qui nous habite dès qu’on met les pieds dans les espaces associés à un mode de vie plus traditionnel.

Un peu comme l’écrit Gabriel Cholette dans son roman Le Straight Park, en évoquant sa crainte de déranger les skateux hétéros, les personnes LGBTQ+ craignent que leur présence dans des espaces à majorité hétérocisgenre suscite des réactions négatives. Elles ont souvent le réflexe de taire leur queerness pour éviter les problèmes. Elles développent une capacité d’analyse des lieux pour identifier les sources de danger. Et elles savent que les espaces célébrant une culture d’autrefois attirent davantage de personnes aux valeurs sociales conservatrices qui risquent de leur vouloir du trouble.

Le 14 septembre 2024, je suis allé au Festival western de Saint-Tite pour la première fois. Après 12 heures d’émotions vives, je me suis demandé pourquoi je m’étais privé de l’événement aussi longtemps ! Puis, je me suis rappelé l’agression survenue là-bas en 2015 et j’ai pensé que l’événement faisait probablement partie des espaces que plusieurs personnes LGBTQ+ évitent pour survivre, à tort ou à raison.

Ma journée sur place était carrément exaltante. Je pourrais parler des rues bondées de festivalier.e.s qui irradiaient de joie et envisager d’écrire des romans sur le magnétisme de certains cowboys, dont les bottes, les jeans semi-ajustés, la boucle de ceinture, la chemise din pantalons et le chapeau m’ont fait frétiller les rotules. Je pourrais parler des danses en ligne au milieu de la rue et des spectacles qui s’enchaînent tout au long de la journée. Je pourrais résumer mes réactions à mon premier rodéo : debout sur ma chaise, la mâchoire au plancher, les yeux en orbite et la bouche qui échappe quelques couinements de peur, pendant que ma conscience remet en question ces épreuves

En 2023, lorsque le festival a annoncé que Rita Baga animerait le bingo, il y a eu polémique. On peut y voir une forme de résistance du public, mais on peut aussi se dire que l’activité a battu un record d’achalandage et que la célèbre drag queen est revenue en 2024. On observe donc un mélange d’ouverture et de fermeture. Comme dans le reste de la société, dans toutes les régions, y compris à Montréal, diront plusieurs.

Oui, mais non. En 2015, un jeune homosexuel a été victime d’une attaque au festival. Il a raconté que son agresseur avait un comportement déplacé envers sa sœur, qu’il avait voulu le faire fuir en lui disant qu’il était « chaud » (attirant) et que ce dernier l’aurait traité de « fif » avant de le frapper, jusqu’à lui faire perdre conscience. Deux mois plus tard, l’agresseur a écopé de huit mois de prison. Selon le Nouvelliste, « le juge a souligné que la preuve n’avait jamais été faite que l’orientation sexuelle de la victime était en cause dans cet événement et qu’il ne pouvait donc la retenir comme facteur aggravant. […] Il considère que la bataille était déjà engagée […] avant même que

Plusieurs adeptes de ces événements répondront que nous sommes les bienvenu.e.s et nous accueilleront à bras ouverts. Malheureusement, il reste un doute qui ne s’efface pas. Un doute entretenu par des décennies de violence qui laisse des traces. Un doute qui a poussé les queers à créer des safe spaces pour ÊTRE sans retenue : des bars, des clubs, des pubs et des tavernes qui sont en perte de popularité, parce que les personnes LGBTQ+ ne veulent plus être ghettoïsées. Elles préfèrent agir librement un peu partout.

Mais le peuvent-elles vraiment ? Avons-nous réellement atteint un point où les queers peuvent aller n’importe où en s’habillant comme iels veulent, en bougeant sans s’autocensurer et en exprimant leur affection sans gêne comme le font les hétéros ? Ou avons-nous encore le réflexe d’éteindre nos lumières pour ne pas attirer l’attention, les insultes et les coups, sans trop savoir si nous agissons ainsi en raison de la honte internalisée que la société nous renvoie ou par réflexe de protection aussi actuel que nécessaire ? 6

QUARTIER DES SPECTACLES

1588, BOUL. SAINT-LAURENT

Chronique où sont les lesbiennes

Des inégalités vous dites?

J’en ai marre de me faire dire que discuter des inégalités hommes-femmes est d’un autre temps. Parce qu’à force de jouer à l’autruche sur le sujet, les dites inégalités persistent, sous notre nez. Les sentez-vous?

Certains font la sourde oreille. Pourtant, c’est évident, comme le nez au milieu du visage. Il y a même une certaine Taylor Swift qui le chante à s’époumoner sur sa chanson The Man. (Je vous suggère son excellent clip, qu’elle a d’ailleurs réalisé et dans lequel elle joue un homme, sous ses prothèses faciales et ses habits). Espérons que la jeune génération qui assiste à ses concerts The Eras Tours ne fera pas la sourde oreille. Cette chanson de Swift se retrouve d’ailleurs au générique du documentaire Girls State (2024, réalisé par Amanda McBaine et Jesse Moss), où l’on y découvre un programme politique donné aux jeunes filles dans le Missouri aux États-Unis. Ces jeunes femmes leaders et branchées issues de différents milieux plongent avec ferveur dans cette expérience immersive de construire un gouvernement. On veut les préparer à s’intéresser à la politique; les entendre parler de l’avortement, de Roe v. Wade et autres sujets qui les concernent, est fascinant. Puis, on apprend rapidement que le Boys State (qui a aussi fait l’objet d’un documentaire quatre ans auparavant) est quant à lui beaucoup mieux financé et respecté, car ce sont les (réels) leaders de demain. Ce qui agace le plus ces adolescentes? Les injustices! On dit aux jeunes filles du G irls State quoi porter et qu’elles doivent se promener en binôme pour leur propre sécurité, alors que du côté du Boys State c’est la liberté. Belle démocratie.

Parlant de deux poids, deux mesures, prenez la série documentaire America's Sweethearts : Dallas Cowboys Cheerleaders (2024). À travers 7 épisodes, on suit le parcours de jeunes femmes qui rêvent de devenir cheerleaders pour le prestigieux club de la NFL le Dallas Cowboys au Texas. Depuis les auditions, jusqu'au camp d'entraînement et la saison régulière de la NFL, on suit les jeunes femmes qui tentent d’obtenir (et de garder) une place convoitée dans l'équipe. Sous le couvert d’une (fausse) solidarité, on invite ces jeunes femmes à créer une équipe. Dans sa recherche de l’excellente, l'équipe de sélection se justifie en écartant certaines filles en fonction de leur apparence physique. Qui plus est, une fois qu’elles ont suivi la formation et lorsqu’elles essaient l’uniforme, elles peuvent être rapidement remerciées, selon la taille de leurs seins, leurs fesses, leur poids, etc.

Cette critique physique, au sein d’un sport basé sur l’apparence surprend peu. En revanche, ce qui surprend c’est que ces athlètes (au-delà leur maquillage et leur costume), doivent faire preuve d’un dévouement sans vergogne, alors qu’elles sont loin d’être rémunérées selon leurs efforts, leur temps de pratique, ou encore selon les risques physiques qu’elles assument (plusieurs se retrouvent en chirurgie – hanche, genoux, etc.- alors qu’elles n’ont même pas 30 ans). Les femmes de la série sont infirmières, avocates, étudiantes, etc. Puis, le soir, elles s’entrainent pour participer au championnat. Tout cela en étant peu rémunéré parce que « c’est prestigieux d’être cheerleader pour le boys club… » Selon les sources, on paye les jeunes filles de 12$ à 20$ de l’heure pour les pratiques et 400$ à 500$ pour les parties (et c’est la ligue de la NFL qui paie la mieux…) Pendant ce temps, les joueurs de la NFL sont payés des millions de dollars. En 2024, Dak Prescott signe une extension à son contrat au coût de 240 millions de dollars jusqu’en 2028. Au top, une c heerleader est payée 70 000$ et doit retenter le coup chaque année, en plus de travailler de 9 à 5. Belle équipe égalitaire!

Bien sûr, lorsqu’on regarde au niveau mondial, les petites histoires américaines d’égalité entre les sexes semblent bien dérisoires en comparaison avec d’autres pays. Prenons les nouvelles lois concernant les femmes afghanes. Désormais privées de leur droit à l’éducation, les femmes doivent se couvrir complètement le corps en public, y compris leur visage. Qui plus est, on ne doit pas entendre parler ou chanter les femmes en public.

Bref, si vous vous promenez à Kaboul, vous verrez dans les rues des hommes et des fantômes…

Devenant l’ombre d’elles-mêmes, les femmes y sont condamnées. Le gouvernement taliban, sous le couvert du ministère de la Propagation de la vertu et de la prévention du vice, prive la moitié de la population de ses droits humains fondamentaux. Les femmes sont assimilées à des animaux, des esclaves des temps modernes (quoique leurs lois barbares n’ont rien de moderne)! Recluses à la sphère domestique, elles doivent tout faire pour l’homme et sont prisonnières (esclaves domestiques et sexuelles) d’un régime qui vénère l’homme et considère les femmes comme des objets. Ironique si l’on considère que ce sont ces femmes qui « portent » les progénitures des hommes.

Avoir si peu de respect pour le droit des femmes, c’est finalement avoir peu de respect pour soi-même. Et ce, au nom de la « foi »… « Un oiseau peut chanter à Kaboul, mais une jeune fille, une femme, ne peut le faire en public », comme le soulignait tristement Meryl Streep. Si le sujet vous intéresse, le journaliste et romancier français Kamel Daoud, vient de publier le livre Houris, finaliste au prix Goncourt. Dans cet ouvrage, qui relate l’histoire d’une jeune femme muette dans la vingtaine, Daoud condamne notamment « la complaisance envers la misogynie des islamistes, qui fait des ravages dans la société algérienne » (1).

Cela dit, l’occident n’est guère mieux. Prenez ce fait divers (et incroyablement tragique) où un homme aujourd’hui septuagénaire a drogué sa femme durant son sommeil, puis a invité des dizaines d'hommes à la violer, et ce, pendant près d'une décennie. Aujourd’hui l’agresseur et les cinquante autres plaident coupables devant un tribunal français. (2) Ceci est l’histoire horrible de Gisèle Pelicot, mais combien d’autres histoires de la sorte demeurent sous le silence? 6

1 - CASSIVI, Marc. La Presse « Pour éviter que l’histoire se répète », 21 septembre 2024. https://www.lapresse.ca/arts/chroniques/2024-09-21/houris-de-kamel-daoud/ pour-eviter-que-l-histoire-se-repete.php

2 - GOZZI, Laura. BBC News “'I am a rapist', admits husband in French mass rape trial” 17 septembre 2024. https://www.bbc.com/news/articles/cx2kdd3n7yqo

Chronique par ici ma sortie

Retrouver la folle en soi ?

Sortons un peu des discours ambiants, propres sur eux, bien pensés, mais qui, à longue, sont lassants. Dès les débuts des mouvements LGBTQ, de ceux qui sont apparus sur la place publique, se dessinait une fissure qui deviendrait à la longue une fracture. Mais que cherchait-on à la fin ?

Il fallait bien se débarrasser des lois discriminatoires, accéder à une égalité de droits comme le mariage, et être reconnus à part entière dans l’espace social. Certain.e.s espéraient qu’un jour leur différence et leurs amoures longtemps condamnées se fondent dans le reste de la société et s'accordent aux normes hétérosexuelles et bien sûr patriarcales. D’autres se voulaient des réformateurs sociaux qui redéfinissent les rôles, et qui enterreraient définitivement toutes les conventions sociales existantes responsables de nos malheurs.

Je ne prendrai pas la parole à la place des lesbiennes, des trans et autres, je ne toucherai (sans mauvais jeu de mots) qu’aux gais.

Trop longtemps considérés comme des folles, des sous-hommes, relégués au rang de fausses femmes et pour ses raisons détestées par les mâles hétérosexuels qui ne se privaient pas et ne se privent toujours pas de tabasser les gais, une tendance est née dans les annéessoixante-dix et qui perdurent aujourd’hui, de se prouver qu’on était de vrais hommes comme les autres. On a multiplié les signes extérieurs de masculinité, un abonnement dans un centre de gym, la barbe et/ou la moustache, virilité que l’on soulignait par des vêtements choisis. Ainsi on mettait en valeur une virilité reconquise en mettant en valeur ses cuisses de taureau, des pectoraux saillants, s’efforçant d’entrer dans des jeans ultra serrés, que l’on appelait aussi des moule-couilles tant il magnifiait le sexe masculin. Le fantasme du corps viril, n’était plus qu’à une portée d’haltères.

Mais c’était aussi une quête de respectabilité, puisqu’ainsi transformé nous ne nous faisions plus remarquer par le commun des mortels. On a tous entendu un jour un ou une collègue s'exclamer : «Tu es gai ? Comment ça ? Mais ça ne se voit pas !» Le bon côté de la chose, c’est que nous pouvions marcher dans la rue la nuit sans recevoir un lot de moqueries dans le meilleur des cas ou se faire tabasser dans le pire des cas. Un retour à l’invisibilité, un premier pas vers l’effacement. Le bouchon a été poussé plus loin car aujourd’hui, beaucoup de gais demandent que leur partenaire d’une nuit (ou de quelques minutes) ou d’une vie corresponde à ce modèle. Pour éviter toute confusion, certains précisent dans leurs profils : folle s’abstenir. Bonjour la discrimination et peut-être, j’ose l’écrire, l’homophobie intériorisée ou pour employer l’expression usuelle aujourd’hui l’homophobie internalisée.

J’exagère, je sais. La plupart des gais arborant une virilité exacerbée ne sont évidemment pas homophobes. Mais pas au point de se mettre en couple avec un gai qui aurait des allures « féminines ». Moins présentable aux soupers de familles, lors de pots entre collègues, ou encore avec ses copains de sa ligue de hockey amateur?

Aujourd’hui, les mâles hétéros ont beaucoup moins de difficultés à avoir des amis gais, parce que ceux-ci n’en ont plus l’air, ils ne risquent plus de leur foutre la honte. Ils ont des muscles, ils se remontent les couilles toutes les cinq minutes, savent se moucher dans leurs doigts, et conduire un 10 roues, comme de vrais mecs. (Je grossis le trait avec humour, oui… ne partez pas en vrille). Comme les mâles hétéros, ils peuvent fonder une famille, s’intégrer dans un conseil d’administration en portant les mêmes costumes et les mêmes cravates que les autres membres. En résumé, ils font partie de la gang.

Après des siècles de persécution, de rejets, de violences, etc., on peut comprendre que ces gars ont enfin la sensation de pouvoir vivre enfin en toute sécurité, de ne plus craindre d’être remarqués ou réduit à leur simple orientation sexuelle. Les concessions qu’ils font ne sont pas si graves, puisque l’image qu’il renvoie colle totalement avec leurs fantasmes sexuels. Bref, du deux pour un.

Le problème est bien encore une fois la question du modèle présenté et auquel on s’évertue à ressembler. Fait-on maintenant partie de cette gang de mâles virils hétérosexuels, qui aujourd’hui nous font la bise et qui hier nous mettait le poing sur la gueule ? Les hommes hétéros dont certains se disent gay-friendly ont-ils changé tant que cela ? Certes, nous avons tous dans

notre entourage des hommes hétéros qui ont fait un grand bout de chemin dans leur tête et qui se sont rendu compte à quel point les sociétés, les religions, la science leur avait conféré des pouvoirs et des privilèges immenses du simple fait qu’ils avaient un petit bout qui dépassait à la naissance.

Les «nouveaux mâles»,ont-ils aussi nombreux qu’on le pense. Demandez aux femmes et vous aurez la réponse. Regardez l’état du monde dont les principaux dirigeants sont des hommes. Lisez les textes de nombreux chroniqueurs qui ne cessent de rappeler à quel point l’Homme, le vrai, serait en voie de disparition. Même si ce fameux homme reste encore à plus de 90 % responsables des féminicides, même s’il continue à casser du fif ou pédé, du trans, à violer tout ce qui bouge, ici et ailleurs. Bien qu’un changement s'opère, il progresse à pas de tortue.

Nous nous sommes travestis au nom de l’acceptation (…mais peut-être le travestissement est-il dans nos gênes). Nous avons revêtu les habits et parfois les us et coutumes de nos anciens oppresseurs pour en retirer les mêmes avantages et privilèges sans même penser que nous pouvions en devenir des agents reproducteurs du système hétéropatriarcal. Je sais, c’est une stratégie pour se faire accepter socialement, un peu comme un ver dans le fruit qui petit à petit change les choses.

Mais à ce jeu, qui gagne à la fin ? D’une part, le système hétéropatriarcal est capable de faire des petites concessions pour ne pas être bousculé ou déboulonné. D’autre part, les conservateurs, religieux, traditionalistes, dénoncent cette stratégie, en rappelant que nous avons infiltré par ce choix toutes les sphères de la société et d’en appeler à une lutte contre ce qu’ils appellent le wokisme.

Se conformer, est-elle la meilleure, sinon l’unique solution, pour se faire accepter?  Devons-nous nous effacer et taire nos différences, avec comme seule respiration, la journée du défilé pour afficher nos couleurs? Pour se reconnecter avec la folle qui est en nous et que l’on est parfois prêt à sacrifier? En fait, quand on s’habille avec un costume pour faire comme tous les vrais hommes, on risque de se pendre avec la cravate que l’on revêt.  6

Chronique porte-voix

Partir pour exister : l’exil LGBTQ+

L’exil LGBTQ+ est souvent perçu comme une échappatoire, une fuite nécessaire face à l’oppression. Qu’implique réellement ce saut dans l’inconnu? Plus qu’un changement de décor, c’est une confrontation avec soi-même, une quête identitaire jalonnée d'obstacles, de renoncements et de découvertes. Derrière chaque départ se cache un désir viscéral de vivre sans compromis, dans un contexte où la discrimination demeure omniprésente. Le véritable défi commence cependant une fois le rivage atteint.

J’ai moi-même vécu cette réalité à la vingtaine, alors que je me tenais à un carrefour crucial de mon existence. Je me souviens de cette soirée où, d'une simple phrase cinglante, mon père m’a fait comprendre que ma place n’était plus à ses côtés. Derrière la tradition familiale et les croyances religieuses, il y avait un rejet implacable de qui j’étais.

Ce n’était pas la première fois que mon orientation était source de tension, mais cette fois, c'était la goutte de trop. Le climat oppressant, le poids injuste d'une faute que je n'avais jamais commise étaient devenus insupportables. À cet instant, j’ai compris que, ma différence,

je devais la protéger, la cultiver, et surtout, la vivre pleinement. Et pour ce faire, il me fallait m’éloigner. Ce phénomène, partagé par des millions de personnes LGBTQ+, illustre les failles d’un monde où les lois et les mentalités n’évoluent pas au même rythme que les droits humains. Les violences familiales, les lois répressives ou les normes sociales archaïques obligent bon nombre d'entre nous à partir pour préserver notre dignité.

C'est dans ce contexte que Montréal, avec son histoire de tolérance et de diversité, s'est imposée comme une terre d’accueil. En posant mes valises ici, j’avais la sensation de suivre un chemin tracé par tant d’autres avant moi, de m’inscrire dans cette lignée de personnes qui, elles aussi, avaient fui pour survivre. Les rues vibrantes de la ville, riches d'une diversité culturelle et identitaire, semblaient promettre une liberté tangible que je n’avais jusqu’alors qu’effleurée. L’énergie collective était à la fois réconfortante et stimulante.

Cette nouvelle liberté m'a d'abord enivré. Je pensais qu'en quittant ce qui m'avait oppressé, je trouverais un soulagement immédiat. Or, la solitude en exil n’a rien à voir avec celle que l’on quitte. Elle est plus subtile, plus insidieuse. Ce n’est pas l’absence des autres qui pèse le plus, mais cette confrontation inévitable avec soi-même. Les blessures et les attentes, que l’on croyait avoir laissés derrière, ressurgissent soudainement. Dans ce nouveau cadre, tout est à reconstruire.

Je me revois assis sur le trottoir du Village, observant des groupes d'amis partageant cette intimité que je n’avais pas encore trouvée. Chaque jour apportait son lot de questionnements, et je me demandais combien de temps il me faudrait pour enfin me sentir chez moi. En fuyant l’oppression, je m’étais heurté à une nouvelle barrière : celle de me redéfinir et m’intégrer.

L'intégration n’a rien de facile. Il faut déconstruire des années de marginalisation, redéfinir les contours d’une existence longtemps perçue à travers le prisme du rejet. Les amitiés ne se créent pas d’un claquement de doigts. C’est un processus qui exige patience et résilience, mais il est nécessaire pour enfin pouvoir renaître, en étant affranchi des attentes des autres.

Avec le temps, j'ai progressivement trouvé mes repères. En m’engageant dans des associations, en participant

à des événements communautaires et en poursuivant mes études, j’ai peu à peu tissé des liens. Ces expériences m'ont ouvert à des facettes de mon identité que je n'avais jamais osé explorer auparavant. J'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui partagent mes luttes et mes rêves, ce qui a profondément renforcé mon sentiment d'appartenance.

Cependant, il est crucial de rappeler que cette opportunité de reconstruire n’est pas donnée à tous. Beaucoup trop de personnes LGBTQ+ demeurent isolées, dépourvues de réseaux de soutien. L’isolement, lorsqu’il s’ajoute au traumatisme du rejet, peut s’avérer dévastateur. C’est pourquoi il est indispensable de créer des espaces sécurisés, des lieux où chacun peut se sentir accueilli et compris.

Aujourd'hui, dix ans plus tard, Montréal est devenu mon foyer. Ici, j’ai trouvé un environnement inclusif pour panser mes plaies, grandir malgré les cicatrices. Les blessures ne disparaissent jamais totalement, néanmoins cette ville m'a offert la possibilité de les transcender, de me reconstruire en tant que personne entière et digne. Mon exil s'est transformé en un acte de résistance, une affirmation de ma dignité face à un monde qui, trop souvent, refuse d'accepter la pluralité des identités.

Partir, c’est choisir de ne plus se soumettre, d’affirmer sa propre valeur en dépit des normes, des lois et des regards. C'est refuser la compromission, et dans cette affirmation, il y a une forme de victoire.

Ce combat n'est jamais individuel. Chaque histoire d'exil est un appel à l'action, une invitation à tendre la main à celles et ceux qui, encore de nos jours, affrontent ces mêmes épreuves. En prêtant attention à ces récits, nous avons l’opportunité de bâtir des ponts, d’encourager des conversations nécessaires et de mettre en lumière des expériences souvent invisibles. Ensemble, nous pouvons construire une société où chacun trouve sa place, sans compromis. 6

Fiction sonny issues

Dénaissances

C’est le jour du mois que Yan passe à procéder à des avortements plutôt qu’à des accouchements. Lui qui travaille habituellement en milieu hospitalier, il s’est rendu ce matin-là au CLSC Sainte-Catherine au cœur de Ville-Marie – l’endroit où l’on se livre aux avortements les plus tardifs de tout le Québec, c’est-à-dire près de la trentième semaine. (Après ce moment et jusqu’aux semaines habituelles pour un accouchement, on envoie plutôt les patientes se faire opérer aux États-Unis.)

Il a pris cette habitude pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il est sensible à la cause féministe et qu’il tient à mettre son expertise à profit pour laisser aux femmes toute la liberté qu’elles méritent. Ensuite, parce que ces opérations, comme les suivis se terminant par des fausses couches ou les accouchements menant à des bébés mort-nés, lui rappellent les dommages collatéraux de ce magnifique processus qu’est celui de la procréation. Enfin, parce que s’il n’avait pas l’occasion de rencontrer les mères qui demandent de tels avortements et de connecter avec elles de toute son empathie, il les détesterait du fond du cœur.

Parce que l’avortement en cette période avancée de la grossesse consiste en rien de moins qu’à faire entrer les outils médicaux jusque dans l’utérus des mères pour y broyer le ou les enfants et les en retirer pièce par pièce. Comment alors ne pas se demander activement ce qui a pu faire que ces mères attendent aussi longtemps pour agir? Comment ne pas regretter de devoir briser des formes de vie si proches d’arriver au monde? Bien entendu, au sens de la loi canadienne, ces êtres ne sont pas vivants avant d’être sortis du corps de leur mère – de telle sorte que ceux-ci ne le deviennent jamais, puisqu’on les prive de la possibilité de ce faire en les disloquant ainsi. Mais la loi ne change pas le système nerveux humain, et Yan, en avortant ainsi, ne peut s’empêcher de penser à la complexité de la sensibilité déjà atteinte par ces vies potentielles.

Comme chaque fois qu’il sort de la clinique, il se gâte en allant faire le tour des librairies, où il s’achète tous les livres qui le tentent. Il sait bien que la très forte majorité iront rejoindre sa liste de lectures et ne seront dans les faits jamais lus, mais le simple fait de se les procurer compense partiellement la tristesse accumulée durant la journée. Il est particulièrement porté à choisir des biographies. Gens célèbres, gens inconnus tentant d’atteindre la célébrité, peu importe : il fait ainsi le plein de récits de vie, et donc d’une certaine manière de vies en soi. C’est sa manière de conjurer la mort, dont il se sent couvert après de telles journées – de se rappeler que la vie l’emporte toujours.

En revenant chez lui ce soir-là, il vide tous ses nouveaux livres sur la table basse du salon et s’affale de tout son long sur le sofa. Richard, quand il revient à leur domicile – car ils ont récemment déménagé ensemble, après un temps raisonnable de relation –, le trouve en train de se gaver de chocolat et de bonbons, plongé dans sa lecture. «Oh oh. Je suppose que tu as avorté aujourd’hui?» Il commence à bien connaitre son copain et à savoir que de telles journées lui rentrent toujours particulièrement dans le corps – et dans l’esprit. «Ça parait tant que ça?» «Habituellement, je t’aurais plutôt trouvé sur le vélo stationnaire ou en train de te préparer une salade. Il n’y a que quand tu t’en veux d’avoir tué des enfants au lieu d’en avoir fait vivre que ton énergie se retourne contre toi-même et que tu t’attaques comme ça à grands coups de malbouffe.» «Ouin. Peut-être que je devrais arrêter de m’infliger ça. De toute évidence, ça ne me réussit pas.»

«Tes raisons de le faire sont très valables», lui dit Richard en s’asseyant à côté de lui et en faisant de l’espace sur la table basse pour y placer les emballages de chocolat et de bonbons que Yan avait autrement laissés sur le sofa, et parmi lesquels il baignait. «Et ta compensation n’est pas si terrible, considérant qu’elle n’arrive pas trop souvent. Mais je te comprends. C’est à peu près comme si moi, qui ai toujours tenu mordicus à devenir procureur de la Couronne, je devais un jour par moi me convertir en avocat de la défense et plaider pour des clients dont je serais certain qu’ils sont coupables. Je le prendrais encore moins bien que toi, je crois : je m’en ferais sans doute vomir moi-même.»

«Je pense que c’est d’autant plus difficile pour moi vu ma relation avec la parentalité. On se souviendra que j’envisageais d’aller jusqu’à me faire greffer un utérus pour pouvoir porter ma propre progéniture. Et de savoir que des femmes, qui ont la chance d’être nées avec un utérus, l’utilisent pour porter un enfant presque jusqu’au terme, et décident à un certain moment de lui couper l’herbe sous le pied et, littéralement, de lui couper les organes dans leur ventre… Ça me scie les deux jambes. Leurs histoires sont rarement faciles et j’en viens à les prendre en pitié, mais je voudrais quand même leur sortir l’utérus à la fin de l’avortement, soit pour le jeter aux poubelles, soit pour me le transférer. Je résiste toujours à la tentation – d’ailleurs, ça reste une clinique plutôt qu’un hôpital, et on n’aurait pas vraiment le matériel pour faire une ablation utérine… Mais tu comprends l’idée. Bref.» «Oui, je comprends. Ces dénaissances ne peuvent faire autrement que de frapper un gynécologue-obstétricien. Allez, chéri. Tu es dû pour une petite renaissance. Ça te dirait qu’on essaie de faire des enfants?»

Yan tire la langue, mais finit par se laisser convaincre assez facilement par l’idée. Il s’extirpe éventuellement de la chape de mauvaise humeur qui le couvre depuis la fin de l’après-midi, ainsi que des souvenirs de biographies dont il s’est rempli le cerveau, pour suivre Richard à leur chambre, où il se branche pleinement au moment présent.6

Chronique place au village

Simon Déry et Gabrielle Rondy

SDC du Village et Caisse Desjardins du Quartier-Latin : Dynamiser le Village grâce à la coopération

Depuis trois ans maintenant, un partenariat s’est constitué entre la Société de développement commercial (SDC) du Village et la Caisse Desjardins du Quartier-Latin de Montréal. .

Présente dans le milieu par le biais de différents partenariats (Archives gaies du Québec, Espace LGBTQ+, Mtl en arts, etc.), voilà trois ans que cette institution, sise sur la rue Berri, s’associe pleinement avec la SDC du Village et l’accompagne dans ses divers projets via son Fonds d’aide au développement du milieu (FADM).

« Nous croyons aux projets de la SDC qui sont structurants pour notre milieu, explique Simon Déry, le directeur général de la Caisse Desjardins du Quartier-Latin. Notre FADM nous permet de contribuer à la communauté en soutenant des projets qui répondent concrètement aux besoins du milieu. Avec la SDC, nous partageons les mêmes aspirations pour le Village et pour la communauté 2SLGBTQIA+.» « Notre nature coopérative, c’est ce qui nous distingue d’autres institutions financières. Chaque Caisse peut être présente dans son milieu et soutenir les projets locaux, comme ceux de la SDC. Nous avons d’ailleurs annoncé un soutien financier pour le projet de rénovation de l’édifice d’Espace LGBTQ+, qui est un projet structurant et important pour la communauté 2SLGBTQIA+ et pour le Village. C’est un bel exemple de projets que nous appuyons », poursuit-il.

En plus de ce partenariat, la Caisse Desjardins du Quartier-Latin siège sur le conseil d’administration de la SDC, représentée, de manière bénévole, par Mme Geneviève Duguay, gestionnaire à la Caisse du Quartier-Latin. « Cela nous permet d’être encore plus connectés aux enjeux de notre milieu et de mieux y répondre », dira Simon Déry. « À chaque fois que j’ai fait face à un enjeu, elle [Geneviève Duguay] est prête à collaborer, à m’épauler et me donner de très judicieux conseils », souligne Gabrielle Rondy. «En 2021, lorsque le directeur général de la SDC du Village a quitté ses fonctions, l’organisation a traversé une tempête importante. La SDC était en crise, alors on s’est mis à réfléchir avec la Caisse sur les actions

à entreprendre, sur comment on pouvait sortir de cette crise. En discutant ensemble, nous nous sommes rendu compte que nous avions des valeurs et une vision commune, notamment pour améliorer le Village et pour nos projets. Tout concordait pour qu’il y ait un partenariat entre la SDC et la Caisse », souligne pour sa part Gabrielle Rondy, la directrice générale de la SDC du Village

Concrètement, cela veut dire quoi pour le commun des mortels ce partenariat ? « L’an dernier, nous avons eu ici, dans notre local, un bel événement commun avec la Caisse et la Chambre de commerce LGBT du Québec, dit Gabrielle Rondy. C’était très intéressant de réunir tous ces gens-là, c’était incroyable ! Tout le monde croit à cette vision du développement du Village, de coopérer, de créer des projets ensemble, etc. C’est sur cette base-là que nous fondons notre partenariat et cette activité-là en était un bel exemple !»

Notre projet d’habillage des locaux à louer comporte un code QR qui nous renvoie aux informations sur le local disponible, mais aussi sur les partenaires, « comme la Caisse Desjardins qui est notre partenaire principal. C’est un autre exemple de coopération, on réfère ainsi les futurs commerçants à la Caisse s’ils veulent obtenir de l’accompagnement financier », indique Gabrielle Rondy.

Il faut savoir que la Caisse Desjardins du Quartier-Latin est la plus importante institution financière dans le secteur avec plus d’une quarantaine d’employé·e·s.

« Avec notre Fonds d’aide au développement du milieu (FADM), c’est plus de 200 000 $ par année qui sont investis le milieu, de poursuivre Simon Déry, également président du comité LGBTQ+ du Mouvement Desjardins. On annonçait en septembre que l’on soutiendrait de manière concrète, avec ce fonds, le développement et la rénovation de l’édifice d’Espace LGBTQ+. Le 8 octobre dernier, l’Usine C, qui est aussi partenaire de la Caisse, les recevait pour le «Cocktail Reconnaissance 2024», un événement annuel qui regroupe les employé·e·s de

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PHOTO : ANDRÉA ROBERT LEZARK

cette institution, ainsi que les administrateur·rice·s et organismes partenaires. «C’est une soirée qui s’inscrit dans nos traditions, pendant la semaine de la coopération, qui nous permet de prendre un temps pour dire merci à tous ceux et celles qui contribuent à faire vivre notre nature coopérative», dit Simon Déry

«Nous voulons toustes que le quartier s’améliore, qu’il soit redynamisé autant pour les commerçant·e·s, les résident·e·s, les visiteur·euse·s, etc., indique Gabrielle Rondy. Ce sont justement ces valeurs communes qui animent notre partenariat avec la Caisse qui est désireuse, elle aussi, de s’impliquer afin de voir le Village se développer encore plus et qu’il soit plus attractif.» La Caisse investit également, via le Fonds du Grand Mouvement, dans l’agrandissement de la Maison Plein Cœur, une somme d’un demi-million de dollars pour la nouvelle aile. «Cela contribue au Village aussi de voir ce projet-là se réaliser avec des logements dont on a tellement besoin pour de telles personnes [vivant avec le VIH-sida]», dit le directeur général de cette caisse qui a pris ses fonctions en 2020.

On le sait, des travaux d’aqueducs de grande envergure de la Ville arrivent à grands pas dans le quartier, dès 2025 selon les dernières planifications municipales. Ce sera peut-être l’occasion pour des marchands de procéder eux aussi à «relooker» leur commerce, à les rendre plus attrayants, plus au goût du jour ? Le programme « Réno-assistance par Desjardins », est conçu pour soutenir les entrepreneurs dans ces travaux. Que ce soit de petits projets ou des travaux plus majeurs, nous pouvons leur donner accès à des fournisseurs qualifiés et fiables pour réaliser ces travaux d’amélioration.»

Dans la veine d’aider encore plus les commerces, la SDC du Village aimerait leur remettre, éventuellement, des prix lors d’un événement «Reconnaissance». «On aimerait ça pouvoir mettre en valeur les entreprises qui se démarquent, explique Gabrielle Rondy. Ce serait quelque chose qui rassemblerait les commerçant·e·s dans une belle ambiance et nous aimerions associer Desjardins à un tel événement, mais qui soit à long terme.» De plus, la Brigade du Village qui, comme on l’a appris dans la dernière chronique, sera reconduite en mode hivernal jusqu’au printemps 2025. Ce sera une opportunité de plus pour s’impliquer avec la SDC du Village. «C’est un projet structurant pour lequel nous discuterons avec la Caisse», ajoute la directrice générale de cette SDC.

Le 31 décembre 2024 conclut la période triennale d’entente entre la SDC et la Caisse Desjardins du Quartier Latin. Des échanges ont actuellement lieu à savoir si cette entente sera reconduite, notamment sur les projets qui pourront être soutenus par le biais de ce partenariat.

Pour terminer, Simon Déry mentionne que la Caisse est toujours à l’écoute des besoins des membres : les guichets automatiques de la Caisse, qui étaient situés près de Papineau, seront déménagés au Dépanneur du Village à la fin novembre, donc près de la station Beaudry. « Le conseil d’administration a opté pour une relocalisation des guichets à proximité, et ce, avec une accessibilité prolongée. Le nouvel emplacement (Dépanneur du Village) est accessible 24 heures sur 24 et offrira un environnement propre et sécuritaire aux membres souhaitant utiliser un guichet automatique, note Simon Déry. Ce sera également plus central, au cœur du Village.».  6

Le GRIS Montréal lance sa nouvelle campagne de financement

Comme on l’a dit dans des articles précédents, le GRIS Montréal célèbre cette année ses 30 ans d’existence et d’implication dans le milieu scolaire. Ses bénévoles intervenants parcourent les diverses institutions scolaires pour témoigner de leur vécu LGBTQ+ et ainsi sensibiliser les élèves aux réalités de ces communautés. Dans un monde où le discours haineux est de plus en plus présent, ces interventions – plus de 1 000 par année d’ailleurs et plus de 20 000 jeunes rencontrés – sont plus essentielles que jamais. Mais voilà toute chose à un prix, le GRIS lance donc sa campagne de levées de fonds 2024-2025 qui se présente sous la thématique «Se raconter, inspirer, rallier».

La campagne 2023-2024 avait récolté la coquette somme de 378 402$, soit un peu plus de 3 000$ de l’objectif prévu qui était de 375 000$. «Nous gardons le même cap cette année, on aimerait atteindre le même chiffre que l’an passé, soit les 375 000$», de dire Andrei Pascu, qui est avocat et associé pour le groupe Litige et règlement des différends au cabinet McMillan LLP et le président du GRIS Montréal. L’an dernier, le thème était tout aussi d’actualité «Désamorcer l’intolérance, semer l’espoir» !

Avec la montée d’une certaine homophobie et transphobie au Québec, ce thème «Se raconter, inspirer, rallier» tombe à pic. «Se raconter, réfère ici aux témoignages que nous faisons dans les écoles, c’est une manière aussi de bâtir l’empathie, explique pour sa part Gautier Péchadre, le coprésident de la campagne et CPA, Associé, chez Raymond Chabot Grant Thornton (département Redressement et insolvabilité). Inspirer, c’est pour inspirer les jeunes LGBTQ+ du milieu scolaire, mais inspirer aussi à plus d’ouverture les jeunes hétéros.

Se rallier prend ici plusieurs connotations : évidemment, le but est le vivre ensemble pour tout le monde ; il y a aussi le niveau allier dans rallier, de rallier des gens, la communauté a besoin d’appuis forts comme le fait ici Annabelle [Cadieux] , la coprésidente de la campagne, qui est une alliée et qui croit à ce que fait le GRIS.»

«En tant qu’alliée, je m’implique dans la cause du GRIS car je suis convaincue que la création d’une société plus inclusive passera, en grande partie, par l’implication des allié.e.s. Les allié.e.s ont un rôle crucial à jouer pour déconstruire les idées préconçues, amplifier les voix déjà présentes et permettre une meilleure compréhension de la réalité des communautés LGBTQ+. À mon avis, on ne peut rêver à un monde plus juste et inclusif si on ne s’implique que dans des causes qui nous ressemble. S’impliquer dans cette cause reflète pour moi une responsabilité sociale et morale. Je ne peux rester les bras croisés et voir une telle montée des discours haineux. Je compte sensibiliser les autres et lutter contre les comportements discriminatoires. Je le fais en m’impliquant dans la campagne du GRIS, en allant cogner aux portes des organisations et des individus, en tenant à ma manière de briser les barrières de l’intolérance et de promouvoir une société où chacun est libre d’exprimer son identité sans peur ni honte», de souligner Annabelle Cadieux, directrice général et vice-présidente , Secteur d’affaires – Transformation des organisations chez Novaconcept.

«Le thème change à chaque année parce qu’on essaie d’être connecté le plus que possible à ce qui se passe dans la société, rajoute Andrei Pascu. Dans ce cas-ci, on désire plus que jamais contrer les discours de haine et de violence contre les personnes LGBTQ+.»

«La mission éducationnelle du GRIS est aussi un aspect important de mon implication. Étant consultante en développement organisationnelle depuis bientôt 20 ans, la mission du GRIS

rejoint la mienne à différents niveaux, de noter Annabelle Cadieux. Le GRIS agit majoritairement dans les milieux éducationnels, moi dans les entreprises. Ma mission professionnelle est de rendre les milieux de travail plus sains via, entre autres, le développement d’une gestion plus saine et inclusive. Je suis convaincue que le vecteur de l’éducation, par l’ouverture des prises de conscience et des dialogues, est une voix de choix pour réduire la discrimination/marginalisation, pour combattre la violence et le harcèlement, pour encourager une société plus respectueuse des droits humains.»

«Se rallier est aussi dans le sens de rallier les entreprises, les organisations, le milieu des entreprises, les impliquer dans cette démarche, que ce ne soit pas que du ‘’pink washing’’, mais qu’elles prennent des mesures sérieuses, même à l’interne, pour faciliter le EDI (équité, diversité et inclusion) pour les personnes LGBTQ+, que ce ne soit pas que des paroles […] Qu’elles se rallient au GRIS», affirme avec force Gautier Péchadre qui croit que les interventions du GRIS, même si elles ne sont pas immédiates, vont faire réfléchir les jeunes, vont les faire tranquillement évoluer dans leur vie.

S’il y a bien un mot qui revient souvent dans la conversation, c’est bien le mot «rallier» qui est le dernier dans la phrase mais qui, en définitif, est ici le plus capital semble-t-il pour ces intervenants. «C’est un appel à l’action, au dynamisme, de mobilisation de nos communautés, d’aller chercher les alliés pour contrer les discours haineux qu’en entend en ce moment», dit Andrei Pascu.

«Je voudrais remercier l’ensemble des anciens et nouveaux membres du cabinet de campagne, d’ajouter le président du GRIS. Nous sommes très heureux de pouvoir rallier de nouveaux membres ici, cela prouve l’importance du GRIS à leurs yeux. Je voudrais remercier aussi Claude Marchand pour ses trois années à la tête du comité de campagne, nous sommes vraiment choyés de l’avoir avec nous. Je remercie aussi l’implication de Gautier, cela fait quatre ans maintenant qu’il est avec nous et aussi Annabelle qui est là depuis un an. Le GRIS a beaucoup de gratitude envers toutes ces personnes-là qui se dédient pour le GRIS et qui, justement, rallient les gens à la cause.»

Le comité actuel de levée de fonds comprend donc 15 personnes y compris les présidents d’honneur : Claude Marchand, président du Groupe LCI Éducation (Collège LaSalle, entre autres) et François Leclair, vice-président – développement au Groupe Leclair, qui avait précédé M. Marchand en tant que président du cabinet de campagne, et qui seront là pour épauler cette équipe plus qu’enthousiaste qui ira cogner aux portes des entreprises, institutions et individus afin d’amasser les 375 000$ recherchés.  6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | https://www.gris.ca/donnez

Solange Musanganya et Carlos Idibouo, des inspirations

et des modèles

Récipiendaires du prix Engagement lors du Gala de la Fondation Émergence le 17 octobre dernier, Solange Musanganya et Carlos ne cessent, depuis 25 ans, d’arpenter différents pays d’Afrique pour porter les voix 2SLGBTQ, tout comme ils ont contribué à l’intégration des personnes LGBTQ venant d’Afrique et des Caraïbes dans nos communautés à Toronto et à Montréal.

Plusieurs les connaissent à Montréal, car ils ont été d’Arc-en-ciel d’Afrique et de Massimadi, avant que l’organisme concentre ses activités sur le festival de cinéma du même nom aujourd’hui.

CeprixEngagementestunhommageà25ansd’engagement,depersévérance, d’épreuves,maisaussidejoie,d’humour,àlarecherched’unsouriresurlevisage detoustes…Non?

CARLOS IDIBOUO : Je suis d’origine ivoirienne et de nationalité canadienne. J’ai vécu 16 ans entre Montréal et Toronto et aujourd’hui je suis basé à Abidjan, on peut dire à temps plein maintenant, mais je reviens souvent à Montréal. Du point de vue du travail, je touche à un peu de tout, mais la protection des droits des personnes LGBT reste au centre de mon activité et tout ce je que fais gravite dans le même sens, avec des conférences et des formations sur la santé sexuelle, sur les droits des personnes LGBTQ, sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion. J’essaie aussi de développer des

partenariats Nord-Sud, même si je n’aime pas beaucoup le mot, et je voyage beaucoup pour faire avancer ces partenariats.

SOLANGE MUSANGANYA : Mon rêve, ce serait de devenir femme au foyer ! (Rires.) Ma façon aujourd’hui d’être engagée est d’écrire des livres, je me définis comme autrice. J’ai écrit huit livres dont deux ont été publiés par une maison d’édition généraliste. Je continue à me définir comme une activiste, une militante, c’est la façon qui est différente. Avec les livres, c’est pour moi aller chercher d’autres personnes qui ne sont pas encore sorties du placard, qui veulent comprendre, qui veulent lire sur le sujet, qui veulent se connaître aussi. Malheureusement, en Afrique, il n’y a pas d’écrits sur l’homosexualité ou très peu. Je pense qu’il est important de lire des histoires qui nous ressemblent, qui se passent chez nous, et d’aider certains et certaines à faire le premier pas vers l’acceptation. Je pense aussi toucher des personnes qui ne se déplaceraient jamais pour entendre une conférence sur l’homosexualité ou la transidentité, il faut être déjà sorti du placard, ne plus être gêné de se montrer. L’un des derniers romans publiés aborde clairement l’érotisme transgenre et c’est comme une victoire pour moi qu’il ait été publié. Le livre, on peut se cacher dans sa chambre pour le lire et peut-être avoir des réponses à ses questionnements. Je mets l’accent sur l’érotisme parce que c’est universel, [peu importe] notre genre, notre orientation sexuelle, tout le monde peut s’y reconnaître, même si on est hétérosexuel ! (Rires.) Et cela me permet aussi de glisser d’autres messages comme sur la santé,

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PHOTO : ANDRÉA ROBERT LEZARK
Solange Musanganya et Carlos Idibouo

la sécurité, le travail du sexe, l’acceptation par la famille, etc. Et l’érotisme n’est qu’un moyen de capter l’attention. Mais aussi parce que les organismes de défense des droits ou qui font la promotion de la diversité vont parler de tout sauf de sexe. Sans compter que les mêmes organismes peuvent perdre les gens en avançant des concepts tentant de définir par exemple le transgenrisme, la transidentité, ce qu’est être queer, qui peuvent être différents en Afrique. Cependant, c’est bien à cause de notre sexualité que nous avons été discriminé.e.s, criminalisé.e.s et que nous le sommes encore. Pour moi, la sexualité reste un sujet central.

Tout a commencé à Montréal et à Toronto pour votre militantisme… De quoi vous souvenez-vousdevospremierspascommemilitant.e.setdecequecelareprésenteencore pourvouscesannées-là?

SOLANGE MUSANGANYA : Je me souviens — comme si c’était hier — de la première fois où trois personnes noires ont marché lors du défilé de la Fierté en 2005. L’événement avait lieu en même temps que Caribana (festival annuel célébrant la culture et les traditions des Caraïbes) à Toronto, et beaucoup étaient partis à Toronto et surtout ne voulaient pas s’associer à un défilé à Montréal. On s’est alors dit qu’il fallait que l’on marque l’histoire, et trois personnes noires se sont mises sous la banderole Arc-en-ciel d’Afrique. Une grande première. Et lors du dernier défilé en 2024, j’y étais, et il y avait tellement de Noir.e.s qui marchaient, intégré.e.s dans différents groupes qui défilaient ou sur les chars allégoriques, que je pouvais voir le chemin accompli par  Arc-en-ciel d’Afrique et Massimadi. Je me suis dit alors en les regardant que je pourrais prendre ma retraite, j’étais tellement heureuse et fière.

CARLOS IDIBOUO : Pour moi, ce qui m’impressionne le plus quand je reviens à Montréal, c’est de voir les sourires s’afficher sur ceux et celles qui s’affichent aujourd’hui, qui s’acceptent et qui se reconnaissent dans une communauté. Ce n’est pas évident de s’accepter dans leur pays d’origine, mais à Montréal comme dans d’autres villes, il y a d’autres défis, les différences culturelles et toute la question de l’adaptation, alors c’est important que ces personnes puissent rencontrer des personnes comme elles, parler de ce qu’elles sont sans faux-fuyant, sans crainte et le plus beau des cadeaux, c’est quand cela se termine par des sourires, de véritables sourires, c’est encore la plus belle récompense pour nous. En arrivant hier, à l’aéroport, je repensais à tous ces sourires.

Avez-vousdel’inquiétudefaceauxdiscoursanti-LGBTQquisefontentendredeplusen plus,passeulementenAfrique,maisenOccident? SOLANGE MUSANGANYA : Il y a un pessimisme qui se dessine. Depuis Stonewall, on a vu de très grandes avancées, de grands changements, comme une graine d’une révolution mondiale. Il y avait comme une progression. L’arrivée du VIH-sida a un peu freiné cet élan. Il y avait des opposants, des homophobes, des transphobes, et l’on sentait qu’on perdait des batailles. Cependant, depuis quelques années, il y a un retour de l’extrême droite, des fondamentalistes, avec en Afrique un discours sur les valeurs africaines, comme si l’homosexualité ou encore l’hétérosexualité étaient des valeurs. Je les appelle « woubiphobes » (woubi, est un terme ivoirien désignant l’homosexualité). C’est inquiétant de voir ces discours tenus aussi en Europe et en Amérique du Nord. Comme je dis toujours, on doit casser des œufs pour faire une omelette, mais là on casse des œufs et l’omelette ne prend absolument pas.

Silemot«retraite»revientsouvent,elleestloind’avoirsonnépourlesdeuxactivistes. CARLOS IDIBOUO : Pas une retraite, peut-être une reconversion parce qu’au bout de 25 ans nous sommes un peu épuisé.e.s. Nous avons fait beaucoup de choses, mais dans des conditions difficiles. Nous avons été souvent confronté.e.s à des situations difficiles émotionnellement et nous sommes allé.e.s chercher au plus profond de nous-mêmes pour rebondir, impliquant des années de sacrifice, sacrifice de nos familles, parfois dans le silence, sacrifier aussi une partie de nos vies privées. Mais on est content parce qu’il y a une relève avec beaucoup de jeunes qui s’impliquent en Afrique. La situation nous rend triste, bien sûr, mais peut-être qu’à tout malheur quelque chose est bon. Bien sûr, comme le dit Solange, il y a le anti-woubi, mais je pense que la population évolue, change. Nombreux aujourd’hui se questionnent et on l’a vu lors de la dernière crise en Côte d’Ivoire, les gens se rendent

compte que de parler d’homosexualité ne doit pas masquer d’autres enjeux sociaux. Ils finissent par s’en rendre compte. Et pourtant la Côte d’Ivoire était considérée comme une oasis en Afrique pour les LGBTQ, mais on peut aujourd’hui y mettre un point d’interrogation.

Queressentez-vousenrecevantceprixdelaFondationÉmergence?

SOLANGE MUSANGANYA : Une très agréable surprise, d’autant plus qu’il est remis à nous deux. Carlos et moi avons le même âge et nous avons commencé en même temps. Carlos, c’est bien sûr un collaborateur, mais c’est bien plus, c’est un ami, c’est un frère, c’est un mari, alors que nous soyons tous deux récompensé.e.s ensemble pour un travail commun, c’est une grande joie.

CARLOS IDIBOUO : Pour moi, beaucoup plus qu’une simple surprise. Beaucoup d’émotions sont remontées. Cela me rappelait comment Solange et moi, nous nous étions rencontré.e.s. Je me suis souvenu de mes premières années d’implication comme militant en Côte d’Ivoire, alors que je ne savais pas du tout m’y retrouver dans ce monde de fous qu’était le militantisme. Et de me retrouver comme personne engagée aussi longtemps pour la promotion des droits LGBTQ, en Afrique, ici, et maintenant à travers le monde. Solange a déjà reçu des prix, mais moi je les ai toujours refusés, non pas par snobisme, mais par peur d’être corrompu dans le sens où ça peut gonfler la tête. Nous acceptons humblement ce prix, c’est une marque de reconnaissance importante, pas seulement pour nous, mais pour tous ceux qui ont été nos mentors, qui nous ont inspiré.e.s, et qui malheureusement ne sont plus là. L’annonce de ce prix est venue nous chercher au plus profond de nous.  6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Pour d'autres photos du Gala Émergence, voir en page 93, visitez la section PHOTOS de fugues.com, ainsi que la section Fugues TV ou notre page Youtube pour une vidéo des discours des récipiendaires des prix.

LE PRIX ENGAEMENT REMIS LORS DU GALA ÉMERGENCE ÉTAIT PRÉSENTÉ PAR

Solange Musanganya, Éric Lauzon et Carlos Idibouo

Alex Francoeur et la révolution de Décembre signé Québec Issime

Grosse année pour Alex Francoeur ! En plus de participer à la saison des étoiles de Révolution avec son partenaire Alex Carlos, il a reçu le mandat de renouveler les chorégraphies du spectacle Décembre de Québec Issime. Ah oui, il a également convaincu Jeremy Hudson, le chorégraphe de Taylor Swift, de participer à DJAM, la convention qu’il organise en novembre à Saint-Constant.

AlexetAlexsontderetouràRévolution.Pourquoiavez-vousacceptécetteinvitation?

ALEX FRANCOEUR : On s’est beaucoup questionné avant d’accepter. Ce genre de contexte arrive rarement au Québec. Cinq ans après notre saison régulière, on se sentait ailleurs. On a pris une belle maturité de partenariat. On a sauté dans l’aventure en se disant : advienne que pourra. On n’est pas là pour gagner à tout prix ni pour laisser une nouvelle marque dans l’émission. C’est un cadeau qu’on s’offrait.

Enquoiavez-vousévolué?

ALEX FRANCOEUR : Quand on a fait la saison 2, notre partenariat était nouveau. On avait une belle complicité, mais on s’ajustait constamment jusqu’à ce que les choses fonctionnent. Aujourd’hui, il y a une écoute inégalée entre nous. Je peux faire une routine complète les yeux fermés, parce que j’ai une confiance aveugle envers lui. Ça nous a permis d’aller plus loin dans la complexité de nos chorégraphies, les lifts et le partenariat, car on ne se questionne plus sur les réactions de l’autre.

Enquoiest-cedifférentdecompétitionnerseulementcontredesétoiles?

ALEX FRANCOEUR : Cette saison-ci, je sentais dans la salle des danseurs que tout le monde avait quelque chose à perdre. Ce sentiment apporte du positif et du négatif. L’ego des artistes embarque : sachant qu’on est déjà rendu à un certain niveau dans nos carrières, on ne veut pas perdre, mais en même temps, ça nous a poussés à aller plus loin, car les étoiles à nos côtés vont aussi plus loin. Et comme on se connaît tous, on connaît les forces des autres. Il y a eu beaucoup de blessures durant la saison, car on était tous en mode olympique.

Décris-moiledéfidedanseravecuncorpsquin’estplusunep’titejeunesse.

ALEX FRANCOEUR : J’avais arrêté de performer à ce niveau-là, car je travaillais davantage en tant que chorégraphe. J’ai donc dû faire une remise en forme extrêmement grande pour retrouver ce niveau. Pendant neuf mois, il n’y avait plus d’alcool ni de sorties. Je me concentrais sur l’entraînement pour retrouver mon mode de vie d’athlète. C’était très difficile, car ça ne revient pas aussi vite dans la trentaine. Les bobos restent plus longtemps. Au final, je suis sorti de la 1re étape de la saison en réalisant que j’étais encore capable et que je pourrais continuer la danse encore longtemps, si je prenais soin de mon corps.

Quels ont été tes projets les plus marquants depuis ta sortie de ta saison de Révolution ?

ALEX FRANCOEUR : Le projet qui a tout changé pour moi, c’est de signer les chorégraphies d’En direct de l’univers. Quand je suis sorti de Révolution, l’équipe m’a offert un poste de chorégraphe, alors que je n’avais presque jamais fait ça de ma vie. À travers le temps, j’ai rencontré beaucoup d’artistes et j’ai développé ma signature chorégraphique.

Dernièrement, j’ai chorégraphié la grosse série américaine Ghost, qui était tournée à Montréal. Ça m’a fait comprendre que je pouvais accomplir ce que je voulais. J’ai aussi adoré travailler sur la comédie musicale Lili St-Cyr, une création 100 % québécoise.

Alex Francoeur

J’ai également dansé sur des Bye bye. J’ai chorégraphié les deux fêtes nationales sur les Plaines et à Montréal. J’ai travaillé avec Laurence Nerbonne, Sarahmée, FouKi. J’ai collaboré aux trois dernières années de Juste pour rire. Et je m’occupe de Mammouth depuis quatre ans à Télé-Québec.

Tu signes les chorégraphies de la prochaine édition de Décembre. Qu’est-ce que ça représente?

ALEX FRANCOEUR : J’ai les étoiles dans les yeux quand on m’en parle. C’est un des premiers spectacles que j’ai vus. Une danseuse m’avait amené en coulisses quand j’étais p’tit gars. Je voyais ça si gros. Vingt ans plus tard, on me donne carte blanche pour remonter toutes les chorégraphies des danseurs. C’est une charge de travail qui m’empêche de dormir la nuit. Je sens une grande pression d’accomplir quelque chose sur une tradition québécoise bien ancrée dans notre culture. Beaucoup de gens vont voir mon travail. Je ne veux pas manquer ma shot. Cela dit, mon travail doit s’inscrire dans la mise en scène qui existe déjà.

ÀquelpointletempsdesFêtesest-ilunepériodequit’inspire?

ALEX FRANCOEUR : Ça m’égaye beaucoup en ce moment ! On fait cette entrevue le 8 octobre et les chansons de Noël jouent déjà dans mon salon. Ce qui est l’fun avec Décembre, c’est que les danseurs sont des personnages. Ils sont des lutins, des fées et des villageois, alors les chorégraphies doivent nourrir l’objectif des personnages à travers le mouvement. En ce moment, je baigne dans l’imaginaire du temps des Fêtes.

Depuis des années, tu organises DJAM la convention, qui offre des formations et des ateliers pour les danseurs. Parle-moi de ça.

ALEX FRANCOEUR : C’est ma façon de redonner à la communauté et de faire quelque chose de plus grand que de simplement réaliser mes rêves. J’avais envie qu’on enlève l’aspect compétitif de l’art. Alors, j’ai créé un lieu de rassemblement pour échanger sur la danse et pour élever la prochaine génération, afin qu’elle ait les outils pour faire de la danse un métier, un mode de vie ou une passion.

Avec les années, j’ai vécu à Toronto, New York et Los Angeles. Ça m’a permis d’avoir beaucoup de contacts dans le milieu. J’aime les réunir pour triper avec eux au Québec. On a une convention sur la Rive-Sud de Montréal, une sur la Rive-Sud de Québec et on en développe une troisième. Cette année, on fait venir Jeremy Hudson, le chorégraphe associé de Taylor Swift. C’est plus grand que nature ! Je lui ai écrit pour présenter notre mission et dès mon premier courriel, il a accepté. Il va participer au DJAM les 23 et 24 novembre 2024.6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | DÉCEMBRE, un spectacle signé Québec Issime à partir du 12 décembre à l’Espace St-Denis à Montréal, les 6 et 7 décembre au Théâtre du Palais Municipal à Saguenay https://quebecissime.com

À VOIR ÉGALEMENT par Québec Issime : PARTY SURVOLTÉ du 21 novembre au 31 décembre au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis à Montréal du 15 novembre au 31 décembre au Cabaret du complexe Québec Issime à Saguenay

Explorer les préjugés envers les hommes gais asiatiques

Àmi-chemin entre l’essai et le récit personnel, Lapeauhorsduplacard (Éditions Seuil) est un ouvrage éclairant, percutant, nécessaire et franchement bien écrit sur la réalité des hommes gais asiatiques et les préjugés qui leur collent à la peau. Fugues en a discuté avec son auteur Jean-Baptiste Phou.

À10ans,tamèreaditquetuallaismarierunefemmechinoisequandtuseraisadulte. Presqueaumêmemoment,tuascomprisquetuétaisattiréparlesgarçons.Comment as-tuvécucettesituation?

JEAN-BAPTISTE PHOU : Comme une imposition sur ce que devait être ma vie, d’un point de vue familial et amoureux. Ça allait en contradiction avec ce que je ressentais à l’intérieur. En plus, à cette époque-là, je n’avais pas de mots pour décrire ce que je commençais à ressentir. Je n’avais aucune représentation dans les médias ou à l’extérieur de chez moi : rien ne me montrait qu’il y avait une autre voie que celle que mes parents voulaient m’imposer. Je pensais que j’étais anormal et que ma vie serait forcément un drame.

Turêvaisd’uncomingoutcommetuenvoyaisàlatélévisionaméricainedanslesfamilles blanches,maisçanes’estpaspasséainsi.Aprèstasortieduplacard,tonpèrenet’aplus parlépendantdesmoisettamèreaproposéd’allervoirundocteur.Quellestracestout celaa-t-illaissées?

JEAN-BAPTISTE PHOU : Puisque je ne pouvais pas les satisfaire, j’ai décidé d’habiter cette déception et de me permettre de chercher qui je suis vraiment, sans tenter de correspondre à leurs attentes. Ça ne m’a pas écrasé à ce moment-là. C’était presque une porte de sortie. Certains diront que ça m’a fortifié, mais je n’en sais rien. Je crois plutôt que ça m’a fragilisé, car ça m’a poussé dans des situations précaires : j’ai fugué à 17 ans et je me suis retrouvé avec des hommes qui ont abusé de moi, en profitant de cette situation.

QuandtuascommencéàsortiràParis,tuétaisconstammentréduitàtonétatd’homme asiatique.Quelssontlesclichésauxquelstufaisaisfacedanslemilieuqueer?

JEAN-BAPTISTE PHOU : Dans le livre, j’évoque ce que j’ai vécu dans le Marais dans les années 1990-2000, mais encore aujourd’hui, on est conditionné par cet imaginaire. Selon plusieurs personnes du milieu queer, l’homme asiatique serait uniquement passif, peu membré et imberbe. Apparemment, on aurait tous les mêmes caractéristiques physiques. Et culturellement, on serait des personnes soumises, discrètes et effacées, ce qui se transposerait au lit. Ils imaginent des petites choses frêles avec qui on fait ce qu’on veut.

Queréponds-tuàceuxquisecontententdedirequ’ilsontdespréférencesquin’incluent paslesAsiatiques?

JEAN-BAPTISTE PHOU : C’est vrai qu’on a envie de se dire qu’on peut être libre d’aimer ou d’être attiré par qui ont veut. On n’a pas envie que quelqu’un fasse la police en disant que ce qu’ils expriment est raciste. Je crois qu’on a tous des goûts. Ce serait hypocrite de dire qu’on aime tout le monde de la même façon. Mais ce que j’essaie d’approfondir dans le livre, c’est que certaines de ces « préférences » sont des constructions sociales. On a hiérarchisé des groupes et imposé des stéréotypes : les Noirs aux grosses bites, les Arabes dominants,

les Asiatiques passifs-soumis. On les a essentialisés. C’est pour ça qu’on ne parle plus tellement de « préférences », mais de conditionnements racistes. Malheureusement, beaucoup de personnes ne poussent pas la réflexion jusqu’au bout.

Pourquoileshommesasiatiquesont-ilsétécatégoriséscomme«peudésirables»? JEAN-BAPTISTE PHOU : Ça vient en partie de l’époque coloniale. Les Européens de l’époque ont notamment justifié leurs conquêtes par des théories prétendant qu’ils avaient droit de conquérir ces peuples, car ils étaient moins évolués qu’eux. Il y avait donc une déshumanisation des populations : ils se donnaient le droit de les exploiter, de les violer, de prendre leurs terres et d’accaparer leurs richesses. Sur le plan sexuel, c’était une façon de les décrédibiliser auprès de leurs femmes autochtones, qu’ils voulaient aussi accaparer, et des Blanches qui allaient ensuite coloniser ces pays-là. L’image accolée aux hommes asiatiques, il y a plusieurs siècles, était désexualisée. Ils étaient juste des petites mains capables de produire des choses. On leur enlevait leurs « attributs virils ». Dans la communauté gaie, encore aujourd’hui, on vénère l’homme alpha, le mâle musclé qui a le torse velu et une grosse bite. Puisque l’homme asiatique ne correspond pas à ça dans l’imaginaire, il se retrouve au bas de l’échelle.

Àl’inverse,ilyaaussiceuxquineprêchentqueparlesgaisasiatiques.

JEAN-BAPTISTE PHOU : Certaines personnes sont attirées par l’imaginaire des petites choses imberbes, soumises, avec qui on peut tout faire. C’est ce que j’appelle les Asiaphiles ou les rice queens : ils sont fascinés par l’imaginaire du corps glabre, imberbe et un peu androgyne. Très jeune, je ressentais un malaise face aux personnes qui nous rejetaient de façon essentialisante et celles qui nous convoitaient aussi de façon essentialisante. Donc, à 15-16 ans, j’ai décidé de ne pas rentrer dans cette dynamique. Je ne cherchais pas à sortir ou à coucher avec des Blancs, parce que j’entrevoyais que ce groupe m’enfermait dans un autre groupe, et que dans la hiérarchie mise en place, seuls les Blancs avaient le droit d’avoir des préférences et une personnalité. Ils pouvaient se définir comme ils voulaient, alors que nous étions réduits à une case. Je suis donc allé chercher ailleurs. Mais avec le temps, j’ai compris que je reproduisais la même intolérance que je subissais et que ce n’était pas une solution de se catégoriser et de se rejeter les uns les autres. 6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | La peau hors du placard de Jean-Baptiste Phou, Éditeur Seuil, 2024

Le livre qui célèbre les familles queers du Québec

Marianne Chbat vient de publier Familles queers (Éditions du Remue-ménage), un livre débordant de témoignages plus variés les uns que les autres sur la parentalité LGBT+, l’évolution historique de nos familles, la reconnaissance sociale, le soutien de la communauté, les enjeux de la procréation, la créativité de nouvelles cellules familiales, l’impact majeur de la Coalition des familles LGBT du Québec dans leur vie et bien plus encore.

Quelestlelienentrelelivre,l’expositionetlebaladoconçusenlienavecles25ansdela Coalition?

MARIANNE CHBAT : L’année dernière, la Coalition a souligné son anniversaire en organisant plusieurs activités, dont un vernissage dans lequel une trentaine de familles queers avaient été prises en photos à travers la province. J’en faisais partie. Quand on était photographié, il y avait aussi une entrevue qui allait servir à un podcast nommé Pour moi, la famille. Par la suite, Mona Greenbaum, la codirectrice de la Coalition, m’a proposé d’aller plus loin dans l’analyse et d’écrire un livre avec tout le contenu accumulé, pour faire briller encore plus les familles. Ce sont des projets différents. On ne redit pas les mêmes choses.

LaCoalitionaététémoindeschangementsnonseulementdanslafaçondecréerdes enfants,maisaussidanslesstructuresfamiliales.

MARIANNE CHBAT : On peut commencer en parlant de la recomposition familiale. Les parents LGBTQ+ ne font pas exception aux familles hétéroparentales : environ le tiers des parents queers se séparent, avec la possibilité de créer des recompositions familiales. Il y a aussi des familles pluriparentales dont le projet initial incluait déjà plus que deux parents. Au Québec, on ne peut pas faire reconnaître plus de deux parents sur un certificat de naissance, contrairement à d’autres provinces canadiennes comme l’Ontario et la Colombie-Britannique, mais la pluriparentalité se retrouve parmi nos familles.

Certaines d’entre elles sont aussi polyparentales ou polyamoureuses, avec des relations amoureuses et romantiques entre certain.e.s partenaires. Il y a aussi les donneurs qui deviennent parrains ou les femmes qui portent l’enfant ou donnent des ovules qui deviennent marraines. Ainsi que les ami.e.s qui deviennent parents sans être dans une structure amoureuse ou sexuelle. Et d’autres.

Lelivretémoignedediversesréalités,sansnécessairementlescomparer.

MARIANNE CHBAT : On n’est pas tous égaux dans l’acronyme LGBTQ+. On a des défis généraux qui sont de l’ordre du système hétéronormatif. Ensuite, chaque personne vit des enjeux spécifiques selon ses réalités, surtout si elles sont minorisées sous d’autres axes. C’est important de reconnaître qu’il n’y a pas une homogénéité des défis rencontrés dans nos communautés.

Peux-tuidentifierunmomentcharnièredansl’histoiredelaparentalitéqueer?

MARIANNE CHBAT : L’année 2002 a été une étape cruciale dans la reconnaissance des droits des familles LGBTQ+ au Québec. À partir de ce moment, on pouvait retrouver deux parents de même genre sur un certificat de naissance. C’est un moment historique. Le Québec est un des premiers États dans le monde où cette possibilité n’était pas tributaire du mariage. Ça a placé le Québec comme un État idéal pour les personnes LGBTQ+, ce qui peut jouer en notre défaveur. Comme on a obtenu cette reconnaissance depuis bientôt 25 ans, tout semble acquis et certaines personnes peuvent se demander de quoi se plaignent encore les parents LGBTQ+.

Letravailestpourtantloind’êtreterminé…

MARIANNE CHBAT : La reconnaissance légale est insuffisante pour parler de pleine reconnaissance ou d’égalité. Il y a encore plein de défis de représentation et d’acceptation sociale. Je commence le livre avec un exemple : quand ma fille a commencé à l’école, on lui a posé les questions classiques, dont « Comment s’appellent ton papa et ta maman ? » Elle a répondu qu’elle n’avait pas de papa. La professeur n’a pas pensé à demander si elle avait une autre maman. Ça indique qu’on intériorise encore fortement le modèle hétéronormatif comme étant le seul.

Onditsouventqueçaprendunvillagepouréleverunenfant,maisçaimpliqueaussique desparentsdoiventcomposeraveclesvisionsdesamis,del’école,delagarderieetde leurparentésurleurschoix.Serais-tud’accordpourdirequec’estsouventcommeavancer avecunventdeface?

MARIANNE CHBAT : Effectivement. Cela dit, le livre montre qu’il y a beaucoup de fierté et de résilience dans plusieurs familles, et que le réseau est super important. Plusieurs personnes sont en appui à nos familles. Plusieurs d’entre elles nous ont parlé de la présence des grandsparents, des ami.e.s, de la fratrie. Ce sont des réseaux essentiels à la survie, au maintien et au bien-être de la famille. 6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | Familles queers de Maranne Chbat, Les éditions du Remue-Ménage, 2024

David Moreau

Marque l’histoire du Festival western de Saint-Tite

Fidèle à ses habitudes, le Festival western de Saint-Tite a attiré des centaines de milliers de personnes en septembre dernier. Il y avait toutefois une différence de taille lors de la 56e édition : pour la première fois, l’événement avait un président homosexuel, David Moreau. Si vous

lisez ce texte en croyant que cette information est inutile, vous n’avez probablement pas compris l’importance de la représentation et des modèles comme lui dans la suite du monde.

David Moreau

Pourquoivoulais-tut’impliqueraufestival?

DAVID MOREAU : Je suis originaire de Saint-Tite. Dès mon jeune âge, chaque année, j’attendais que les chevaux arrivent derrière chez nous avec les campeurs. C’était un moment de fébrilité pour moi, même si je n’étais pas encore dans le milieu des chevaux ni impliqué au festival. Avec les années, je suis devenu fanatique du monde western et j’ai été approché en 2015 pour intégrer le comité organisateur. Peu à peu, j’ai gravi les échelons. J’avais comme objectif de devenir président du festival pour organiser une édition à ma couleur et laisser ma trace dans l’histoire de l’événement.

Le festival est infiniment populaire depuis des décennies. Quelle est sa force ?

DAVID MOREAU : L’ambiance ! Que tu sois dans un spectacle de musique, dans un chapiteau de danse, dans les bars, au rodéo ou sur la rue, l’ambiance est présente partout. C’est ce qui fait que les gens ont la piqûre et qu’ils reviennent année après année. Nos activités touchent une clientèle assez large en ce qui concerne les âges. C’est rare que les gens ne sont pas heureux au festival.

Commentas-tudéveloppétapassionpourleschevaux?

DAVID MOREAU : Au secondaire, j’ai commencé à en avoir. Je faisais surtout de la randonnée et j’aimais m’en occuper. C’est vite devenu une grande passion. À mes débuts dans l’organisation du festival, j’ai rencontré mon conjoint, Kévin Rivard, qui était dans le monde de la compétition depuis longtemps. Je faisais de l’élevage de chevaux et je rêvais de voir un cheval que j’ai élevé dans le ring en compétition, alors que Kévin achetait un poulain et l’entraînait pour faire la compétition. On s’est complété. Aujourd’hui, je fais un peu de compétitions, mais pas au niveau avancé. Je ne demande pas plus que ça. Je préfère l’élevage.

Àtortouàraison,lesactivitésdumonderuralsontassociéesàcertainesvaleursplus conservatrices.Commentc’estd’êtrehomosexueldanscemilieu?

DAVID MOREAU : J’ai toujours eu la mentalité de rester moi-même. Si tu parlais à mes proches et à ceux de Kévin, ils te diraient qu’on est restés les mêmes avant et après nos coming out. On a été très bien acceptés partout. Je n’ai jamais eu de problème à ce sujet au village, dans mon domaine professionnel ou dans le monde des chevaux. Certaines personnes croient que c’est un milieu typiquement masculin et un peu conservateur, mais loin de là. Dans nos disciplines, il y a plusieurs personnes homosexuelles et ça se passe super bien.

Quellessontlesréactionsdesadeptesdufestivalàvotrecouple?

DAVID MOREAU : On ne met pas nécessairement notre couple de l’avant. Le 5 décembre 2023, quand le festival a annoncé que je devenais président, on n’a pas précisé que j’étais homosexuel. C’est juste normal. En entrevues, je parle de mon conjoint. Pendant la finale du rodéo, devant 7500 personnes, je suis allé faire un discours, j’ai reçu un trophée et un dossard de la 56e édition en souvenir. Tout ça remis par des personnes importantes pour le président. L’annonceur a mentionné au micro que ce serait remis par mon conjoint et ma famille. Il n’y a eu aucune réaction négative dans les estrades. L’annonceur est également homosexuel et, quand on s’est reparlé en soirée, il m’a demandé si je réalisais que je venais de passer à l’histoire. Je ne m’en rendais pas compte.

Ilyaplusieurscompétiteurshomosexuelsdanslemondedurodéo,maisilsn’enparlent pas.Pourquoi?

DAVID MOREAU : Je pense que ces individus agiraient de la même façon dans un autre domaine. Je ne crois pas qu’ils restent discrets à cause du monde des cowboys, mais parce qu’ils ne sont pas prêts à en parler. Moi-même, étant policier à la SQ, j’évolue dans un domaine professionnel très masculin, qui vient avec son lot de préjugés. J’ai eu des difficultés à m’adapter à mes débuts, mais parce que je passais d’un petit village à une plus grosse ville. La même année, j’ai rencontré mon chum. Quand j’ai fait mon coming out, ça a été la plus belle journée de ma vie ! Au poste, tout le monde voyait à quel point j’avais l’air mieux. Dans le monde des chevaux, c’est similaire. Les gens ont besoin de se sentir prêts pour en parler. Ils ne m’en parlent même pas à moi, même si je suis très ouvert sur le sujet.

J’aiadorémonexpérienceaufestival,maisj’aiaussirepenséàl’attaquehomophobequi aeulieusurplaceen2015.Crois-tuqueçaalaissédestracesdanslatêtedespersonnes queersquivoudraientvivrelefestival?

DAVID MOREAU : Je ne pense pas. Les situations comme ça arrivent partout. Depuis 2015, la sécurité s’est immensément améliorée au festival. Notre priorité est que tout le monde se sente en sécurité, même si on a une foule gigantesque. Oui, ce crime a été commis envers une personne de la communauté LGBTQ+. Ça a été très médiatisé. Mais la même année, il y a eu une autre attaque sans lien avec la communauté et c’est passé plus sous silence. Une décennie plus tard, je ne crois pas que ça affecte les gens. Notre organisation a beaucoup évolué.

Cela dit, quand j’ai reçu ta demande d’entrevue, j’ai pensé que les gens qui ne font pas partie de notre milieu peuvent imaginer que c’est un monde typiquement masculin et que les personnes LGBTQ+ n’ont pas leur place dans le monde western-country. Pourtant, quand on fait un tour au Festival western de Saint-Tite, on réalise qu’il y en a plusieurs. 6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | Festival western de Saint-Tite https://www.festivalwestern.com

Jérémie Boisier

Le nouveau nom de la queerpop québécoise

Jérémie Boisier

Si vous aimez l’électro pop qui fait vibrer les clubs et que vous avez un faible pour les artistes osant aborder ce genre musical en français, tendez l’oreille vers un nouveau nom de la scène musicale québécoise : Jérémie Boisier, qui sortira le 8 novembre son tout premier album, Spectrum, fortement influencé par Marie-Mai, Émily Bégin et, son idole, Britney Spears.

Avantdeparlermusique,jeveuxdécouvrirtonpasséd’athlète.Quelleplaceoccupaitle patinageartistiquedanstavie?

JÉRÉMIE BOISIER : J’ai commencé le patin à 4 ans. J’ai toujours fait de l’entraînement intensif, à raison de 30 heures d’entraînement par semaine : patin, ballet, conditionnement physique, etc. Ma vie n’était dédiée qu’à ça. Je ne pensais qu’au patin. Lorsque j’ai arrêté de faire de la compétition, je prévoyais ne plus patiner du tout. De 19 à 20 ans, je suis allé travailler en restauration et j’ai étudié à l’université en communications.

Etpuis,uneoffredeDisneyonIceestarrivée.

JÉRÉMIE BOISIER : Exactement. Je suis parti en tournée avec le spectacle Frozen and Friends : j’y ai joué Buzz lightyear, plusieurs princes, des villageois et quelques autres. J’étais déjà moins amoureux du patin, mais j’adorais la performance et la possibilité de voyager. Pendant quatre ans, j’ai visité plusieurs pays d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Europe, sans oublier le Japon. C’était une belle expérience dans la mesure où je voyageais beaucoup, mais je n’avais plus de vie personnelle et les heures de travail étaient beaucoup trop exigeantes. Après quatre ans, j’avais déjà dépassé mes limites.

Quelboulotfais-tuaujourd’hui?

JÉRÉMIE BOISIER : Je suis directeur adjoint à l’École nationale de cirque. Je m’occupe des secteurs jeunesse comme le récréatif, le programme secondaire et le programme Cirque à l’école. C’est un travail de coordination que j’adore. Je trouve beaucoup plus ma place en cirque, parce qu’il n’y a pas l’aspect compétitif. Ce qui prime, c’est l’aspect créatif, le développement moteur et le développement des compétences sociales. J’ai trouvé ma vocation ici.

Avantdedevenircréateurdemusique,tuasétéungrandcollectionneur.Décris-moita collection.

JÉRÉMIE BOISIER : Je suis expert en musique des grandes divas des années 1960 à maintenant. Grâce à ma vie de tournée, je pouvais partir à la recherche des albums de certaines artistes dans chaque pays : on y retrouve des chansons différentes, des pochettes différentes ou des paroles modifiées en fonction du public. Ça me fascine. Mon activité favorite dans un pays étranger, c’était de marcher toute la journée pour faire le tour des disquaires ou de prendre le bullet train au Japon pour me rendre dans une autre ville et aller dans un magasin spécifique. Avec le temps, j’ai accumulé près de 6000 CD, DVD, vinyles et cassettes, incluant environ 1000 items de Britney Spears. C’est ma préférée. Je pense que ça s’entend sur mon projet musical.

Enparallèle,dequellefaçonlapratiquemusicalefaisait-ellepartiedetavie?

JÉRÉMIE BOISIER : Je n’avais jamais composé, écrit, ni suivi de cours de chant. J’étais pétrifié à l’idée de chanter. Je vivais ma passion pour la musique par procuration en écoutant les autres artistes. Puis, il y a deux ans et demi, j’ai eu envie de relever un défi personnel en créant une chanson. J’ai contacté le réalisateur Maxime Proulx, je lui ai envoyé une note vocale et on a commencé à composer ensemble. Heureusement, je pense avoir une bonne oreille musicale, j’ai le sens du rythme grâce au patin.

Qu’est-cequit’apousséàrendreletoutpublic?

JÉRÉMIE BOISIER : Comme je suis très intéressé par ce qui entoure la distribution, ça faisait partie du projet de le mener à terme et de le rendre public. Cela dit, je fais très peu de

promotion. Des fois, j’oublie que des gens l’écoutent un peu partout. Je suis fier de ce que j’ai fait, mais je ne m’intéresse pas plus qu’il faut à l’opinion extérieure. Ceux qui voudront écouter ma musique le pourront.

Quisonttesinfluences?

JÉRÉMIE BOISIER : Au-delà des divas internationales de la pop que j’adore (Madonna, Britney, Allie X, Charli XCX), il y a beaucoup d’artistes québécoises comme Marie-Mai, Amay Laoni, Émily Bégin et Jacynthe à qui je voue encore un culte. Et l’une des grandes motivations de mon projet musical, c’est la langue française : en voyageant ailleurs dans le monde, je trouvais ça aberrant de voir à quel point la culture américaine prenait autant de place partout. Une de nos forces au Québec est d’avoir notre langue, notre culture et notre identité. J’avais le goût de contribuer à ça à travers de la musique de club qu’on a très peu en français. Mon projet est 100 % francophone, même si je parle très bien l’anglais et que je travaille souvent en anglais.

Dansquellesportionsdelacréationt’es-tuimpliqué?

JÉRÉMIE BOISIER : Je voulais vivre toutes les étapes. Heureusement, j’ai eu le soutien de mon ami Mathieu Caron, qui a un niveau de connaissances très élevé dans ce domaine. Je lançais les idées, je travaillais sur les paroles et les mélodies, je choisissais mes voix durant l’enregistrement et je m’occupe de la distribution, de l’accès aux plateformes et de l’aspect visuel, qui est carrément à la base du projet. Le 8 novembre, ma musique sera sur toutes les plateformes, mais je vais aussi sortir un CD, un vinyle et une affiche. La veille, j’organise un lancement 5 à 7 au bar Le Cocktail avec des performances drag, une exposition de mes pochettes et de mon costume, en plus de la vente de l’album.

Quelles sont tes attentes ?

JÉRÉMIE BOISIER : Dans mon cœur, l’objectif est déjà accompli, car j’ai maintenant un album. Tout le reste, c’est du bonbon. Je vais continuer de créer de la musique. Je ne désire pas faire de performance. Si on m’invite dans un show pour chanter, je vais refuser. J’ai tellement fait de performances durant ma carrière de patin, en compétition et avec les 1488 représentations de Disney on Ice, que ça ne m’intéresse pas pour le moment. 6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | https://www.instagram.com/boisiermtl https://linktr.ee/boisiermtl

L'album SPECTRUM sera lancé le 8 novembre au bar le Cocktail, dans le Village.

Inauguration des murales Héros de chez NOUS

Pour célébrer le talent d’ici partout au pays, NOUS | MADE a érigé une série de murales à l’effigie de trois icônes culturelles : Jean-Marc Vallée, le regretté cinéaste qui a conquis Hollywood avec son œil visionnaire ; Priyanka, la célèbre  dragqueen qui a remporté la première saison de Canada'sDragRace et Paul Sun-Hyung, l’acteur primé qui a amusé le public dans la série Kim’sConvenience.

Créées par différents artistes muralistes dans le cadre de l’initiative pancanadienne  Héros de chez NOUS, les fresques figuratives se trouvent dans les villes qui ont vu grandir ou évoluer ces trois créateurs au parcours héroïque.

À Montréal, les passant·es longeant le boulevard De Maisonneuve Est peuvent admirer la murale représentant Jean-Marc Vallée. Réalisée par l’artiste muraliste Zek, l’œuvre orne la façade du bâtiment occupé par Real by Fake (1455 Rue Saint-Timothée), la société montréalaise d’effets visuels et de postproduction ayant travaillé sur les films C.R.A.Z.Y., Dallas Buyers Club et Wild, entre autres.

Considéré comme l’un des pionniers de la scène graffiti à Montréal, Zek peint les murs de la ville depuis 1993. Son dévouement, son talent et son amour pour cette forme d’art lui ont valu le respect de tous. Son style se reconnaît par la précision de ses traits, son attention aux détails et ses combinaisons de couleurs vives. Il est également reconnu pour le réalisme de ses œuvres figuratives et ses productions à grande échelle. Ambassadeur du graffiti

montréalais, il a voyagé dans plusieurs pays et a collaboré avec des graffeurs parmi les plus reconnus sur la scène mondiale. Il est membre du collectif de renommée internationale 156 et travaille au sein du collectif ASHOP depuis de nombreuses années.

À Toronto, le portrait de Priyanka fait vibrer le cœur du Village, à l’angle des rues Church et Wellesley. À Calgary, la fresque à l’effigie de Paul Sun-Hyung enjolive le supermarché asiatique The Blue Store (1344 9 Ave SE), apportant ainsi une énergie nouvelle au quartier Inglewood.

Les trois œuvres rappellent à quel point Jean-Marc Vallée, Priyanka et Paul Sun-Hyung ont façonné la culture de chez nous et ouvert un monde de possibilités, ici comme à l’étranger.

« Nous sommes uni·es par deux fiertés : nos origines et notre talent à raconter des histoires comme personne d’autre. Ces murales nous rappellent que les idées grandioses peuvent naître dans n'importe quelle ville, et que la relève artistique s’active déjà dans nos diverses communautés », explique Mathieu Chantelois, premier vice-président, marketing et affaires publiques au Fonds des médias du Canada (FMC) et responsable de la marque NOUS | MADE. « Avec cette initiative, nous voulons applaudir les créateur·trices de chez nous, mais aussi les héro·ïnes de l’ombre qui travaillent pour le bien-être de nos communautés. Chapeau à celleux qui créent l’extraordinaire d’un océan à l’autre à l’autre! »

Selon les deux fils de Jean-Marc Vallée, Alex et Émile, la murale immortalise avec humanité la passion de leur père pour le septième art. « Notre père a toujours cru que le narratif d’un

Jean-Marc Vallée

film pouvait transcender les frontières et toucher tous les auditoires. Son portrait mural rend hommage à son esprit créatif et à son engagement indéfectible envers son art. Il fait aussi parfaitement écho à ses racines montréalaises et à son attachement pour cette ville où il a fait ses débuts fulgurants dans le milieu du cinéma. Nous croyons que Jean-Marc serait profondément touché par ce geste et nous espérons qu'il inspirera les générations futures d'artistes à suivre leur passion. »

Priyanka souhaite, pour sa part, que l’initiative incitera d'autres personnes à embrasser leur singularité et à comprendre que tout est possible quand nous restons nous-mêmes. « Quand j'étais enfant, j’étais si impatient de déménager à Toronto afin de devenir une grande vedette, se souvient Priyanka. Ma vie a changé lorsque je suis arrivé au Village, car j’y ai trouvé ma voix et ma passion. Ça me paraît donc surréaliste d’y voir mon portrait en grand format. Pour moi, ce portrait célèbre non seulement mon parcours professionnel, mais aussi la communauté LGBTQ+ qui m’a soutenu au fil des ans. »

Quant à  Paul Sun Hyung-Lee, il croit que les fresques démontreront au public qu’aucun objectif n'est trop ambitieux et qu’aucun parcours n'est trop modeste pour marquer les esprits. « En grandissant à Calgary, je n'ai jamais imaginé être la vedette d’une telle initiative. Ça me touche de voir que mon histoire est racontée par le biais de l’art mural dans ma ville natale. Selon moi, la force de notre pays réside dans notre diversité et nos histoires. »

Un soutien à des organismes de bienfaisance

Dans la foulée de la campagne, NOUS | MADE versera 5 000 $ à des organismes de

bienfaisance, choisis par les créateurs ou leur famille. Les proches de Jean-Marc Vallée ont voulu soutenir le Fonds commémoratif Jean-Marc Vallée, qui finance notamment une bourse annuelle destinée aux élèves de l’École de cinéma Mel-Hoppenheim de l’Université Concordia. Priyanka a, de son côté, voulu répartir le don entre l’Alliance for South Asian AIDS Prevention et 2-Spirited People of the 1st Nations, alors que Paul Sun-Hyung Lee a choisi la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales.

Rappelons que depuis 2019, NOUS | MADE souligne le travail des créateur·trices de chez nous dans le domaine du cinéma, de la télévision, des jeux vidéo et du divertissement numérique, ici comme ailleurs. NOUS | MADE braque les projecteurs sur les réussites et les accomplissements des gens d’ici qui donnent vie à des histoires, tout en encourageant le public à découvrir et à célébrer ces réussites. NOUS | MADE est le fruit de la collaboration entre des acteurs importants du milieu du divertissement, dont le Fonds des médias du Canada (FMC) et Téléfilm Canada, ainsi que 30 autres partenaires – jusqu’à maintenant – de l’industrie.  6

FABIEN PHILIPPE redaction@fugues.com

INFOS | https://celebronsnous.ca

Prianka
Paul Sun Hyung-Lee

festival image+nation

Une 37e édition d’image+nation qui promet

Le plus ancien festival de films LGBT2SQ+ au Canada est de retour, du 20 au 30 novembre, avec une programmation avant-gardiste de mise en récit queer. Une fois de plus, nous aurons droit à une édition en formule hybride dans plusieurs salles de la métropole, en plus de certains contenus disponibles en ligne au Québec. Cette 37e édition propose une programmation variée, avec des films à saveur LGBTQ+ d’ici et d’ailleurs. Voici les suggestions de l’équipe de Fugues…

HIGH TIDE : UNE VAGUE D'ÉMOTIONS

Pour son premier long métrage, le dramaturge italien de renommée mondiale Marco Calvani place le brésilien Marco Pigossi au cœur de High Tide, l'histoire sexy et émouvante d'un immigrant qui passe un été dans la mecque gaie de la Nouvelle-Angleterre, Provincetown.

Dès l’ouverture de High Tide, Calvani attire l’attention à travers le contraste des douces vagues caressant le rivage et l’image de Lourenço (Marco Pigossi) se déshabillant avant de se jeter dans l’océan dans un moment de crise émotionnelle. Une scène semblable revient plus tard dans le film, renforcée par un contexte plus narratif, mais présentée ainsi au spectateur, elle évoque des images de migrants sans papiers se dirigeant désespérément vers l'eau à la recherche d'un refuge.

Mais Lourenço n’est pas vraiment un réfugié, ni un « sans-papiers » au sens littéral du terme (bien que le terme soit utilisé à quelques reprises dans le film pour le décrire). Mais son visa de touriste est sur le point d’expirer et le chemin pour rester légalement aux États-Unis est sinueux et semé d’obstacles, malgré un diplôme en comptabilité. Ainsi, en attendant le retour de son amoureux Joe – dont on apprendra que ce dernier l’a quitté –, il se lance dans des petits boulots où il est payé en dessous de la table, nettoyant et repeignant les résidences d'été des riches résidents, tout en vivant chez un ami de Joe, Scott (Bill Irwin), un homme gai mature, gentil mais un peu bavard, qui devient un point d'ancrage temporaire pour Lourenço. Bien qu’attendant Joe, Lourenço rencontre Maurice (James Bland), un séduisant infirmier noir qui fait une pause à P-Town avant d’entamer une résidence en Angola. Bien qu’il s’agisse d’un autre élément éphémère dans la vie de Lourenço, Maurice avec qui il connecte avec authenticité, lui fournit l’étincelle brève mais suffisamment forte pour commencer à reconsidérer sa situation apparemment désastreuse et de commencer à la voir sous un nouveau jour. 6 YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | Le film HIGH TIDE sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise.

The Queen of My Dreams : un premier long-métrage pour la reine du court festival image+nation

Née à London, en Ontario, Fawzia Mirza grandit à Sydney, en NouvelleÉcosse, dans une famille pakistanaise de confession musulmane, avant de déménager à Chicago, où elle y obtient un diplôme de droit. Ayant également étudié l’anglais et les sciences politiques à l’Indiana University à Bloomington, elle pratiquera le droit pendant 2 ans, avant de se tourner vers une carrière d’actrice. Elle entreprend ainsi divers projets, surtout à teneur LGBT, tant devant que derrière la caméra, dont les Web-séries Kam Kardashian et BrownGirlProblems, le scénario du film SignatureMove, le court documentaire TwoLesbiansinSearchofAllah et aujourd’hui elle signe son premier long-métrage, TheQueenofMyDreams, à titre de réalisatrice. Fawzia avoue qu’elle n’aurait jamais pensé faire des films lorsqu’elle était à l’école de droit. Elle se demandait plutôt comment elle « allait graduer », explique celle qui préfère maintenant réaliser des films et s’engager un avocat, au besoin.

TheQueenofMyDreamsestbasésurvotrecourtmétragedumêmenom,quevousavez réaliséetcoécriten2012.Comments'estpassélepassaged’unfilmdetroisminutesàune heureetdemie?Est-ceunebénédictionouunemalédiction?

FAWZIA MIRZA : Quand j’ai fait le court-métrage, j’étais davantage devant la caméra en tant qu’actrice et j’écrivais, mais je n’avais pas l’ambition de réaliser à l’époque. Un ami à moi Ryan Logan m’a offert de m’aider à en faire un court-métrage. Donc l’aventure du long-métrage fut fortuite, j’ai fait beaucoup de projets d’écriture et en tant qu’actrice, et même un « one person show » inspiré du court-métrage. Et par la suite, j’ai voulu l’adapter en long-métrage et ça a été plutôt organique comme processus. J’ai cherché pendant deux ans une personne pour le réaliser et j’ai finalement décidé de le faire moi-même. Je ne savais pas si c’était une bénédiction ou un fardeau, jusqu’à maintenant… là, je peux dire que c’est une bénédiction ! Avant de tourner The Queen of My Dream, j’ai réalisé en amont six autres courts-métrages, donc ça m’a vraiment ouvert la voie et permis d’apprendre et de grandir.

Audébutdufilm,Azraditqu'elle«adoresamèreetqu’elleaessayéd'êtrecommesa mère,maiscen'estpaslecas». Pendanttoutlefilm,onsentquec’estunephrasesincère. Est-celiéd’unemanièreoud’uneautreàtaproprevie?

FAWZIA MIRZA : C’est un peu de l’autofiction, je suis d’origine pakistanaise et j’ai grandi en Nouvelle-Écosse. Je me suis toujours inspiré des expériences de vie, mais en tant qu’écrivaine, j’ai vraiment trouvé ma voie lorsque j’ai permis au film d’entrer dans la fiction. Par exemple, toute la section dédiée aux années 60 est une fantaisie. Il y a deux personnages inspirés par mes parents, mais également une mémoire et une histoire collectives. Certaines histoires sont tirées des actualités, par exemple lorsque les Beatles sont venus au Pakistan pour leur tournée et que Paul McCartney a dû aller aux toilettes au terminal et qu’une foule s’y est amassée. Je voulais que ce film procure un sentiment de réalité. Même si les faits sur ma famille ne sont pas tous vrais, il y a des vérités à propos de notre histoire.

Danslefilm,ladirectionartistiqueestparticulièrementprenanteetilyabeaucoup de travail puisque le film s'étend sur plusieurs pays et décennies (années 60, 80 et aujourd'hui).C’étaitunbeaudéfi?

FAWZIA MIRZA : Ce fut un défi, oui, car nous avions un petit budget et parfois nous faisions deux décennies dans la même journée, les années 60 le matin, et les années 80 le soir ! Beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de communication et de collaboration de la part de tous les départements, des costumes aux décors, en passant par le maquillage ! Pour la direction artistique et l’esthétique visuelle, plus globalement, je voulais être capable de voir les choses à travers plusieurs époques, pour évoquer le souvenir et en créer à travers le film, car c’est aussi un film-mémoire.

Justement,lacinématographieestinventive,commecesimagespanoramique360degrés avecces«scènesdecartespostales»etcestransitionsentredeslieux(deKarachi/Pakistan àSydney/Nouvelle-Écosse).Était-ceunefaçondemontrercesvillestellesquevousles avezvécues?

FAWZIA MIRZA : L’esthétique et l’œil de notre directeur photo Matt Erwin est incroyable et je crois qu’il n’a pas assez de crédit pour son travail. Lorsque nous tournions le film, ces moments cartes postales, comme tu les nommes, évoquent la mémoire, à la manière de photographies. Parfois, lorsqu’on voyage, on ne se rappelle que d’un moment, d’une image et je voulais capturer ça. Pour élever le film, j’ai décidé d’y aller avec cette esthétique « du moment », dans la forme du slide show. Il y a le sentiment de nostalgie et je voulais que les gens le ressentent.

Danslefilm,onvoitAzraavoirunerelationavecsapetiteamieRachel.Etaprès,onlavoit tenterd'embrasseruneautrefilleà12ans.Outrecesreprésentationsdulesbianisme,le filmestpluséloquentsurlarelationentreAzraetsamère.Thématiquement,lelesbianisme devientpratiquementunetoiledefonddestraditions.Commentavez-vousabordéla représentationdel’homosexualité?

FAWZIA MIRZA : Le premier film que j’ai écrit, Signature Move, avait des thèmes similaires : une avocate d’origine pakistanaise secrètement en couple avec une femme et une relation complexe avec sa mère. C’était plus une histoire de coming out. Je ne voulais pas reproduire la même histoire, mais je voulais montrer que ce que nous sommes a un impact sur tout. D’ailleurs, je voulais montrer que lorsque Azra et sa mère étaient plus jeunes, elles ont probablement entamé leur parcours divergent sur la même note. Ensuite, il y a des écarts, des non-dits, comme dans toute relation, et on peut même combler le vide avec notre propre histoire. Ceci rend possible l’identification étant donné le caractère universel de l’histoire. Je voulais créer une histoire mère-fille à saveur queer.

Êtrelesbienneetmusulmanesontdeuxidentitésauxantipodes,carlareligionmusulmane condamnel’homosexualité.VousêtesnéeetavezgrandiauCanada,maisdansunefamille musulmane.Comments'estpasséevotreenfanceenNouvelle-Écosse,cesdeuxidentités étaient-ellesenconflit,commedanslefilm?

FAWZIA MIRZA : Personnellement, j’ai fait mon coming out plus tard dans ma vie, donc je n’ai pas eu l’expérience que la jeune Azra a dans le film. Et par la suite, je suis partie du Canada pour vivre à Chicago. Cela dit, je dirais que vivre en tant que personne de l’Asie du Sud dans le très blanc Canada était un défi. Ceci a façonné ma façon de grandir et j’ai nécessairement infusé beaucoup de ma personnalité franche, de mes identités et du fait d’être queer et pakistanaise dans mon travail et dans mes films. Et cela ne pose pas de conflit.

Entantqueréalisatricequeermusulmane,avez-vousdumalàvousfaireuneplacedans lemondemasculindelaréalisationdefilms?Ressentez-vousdeschangements?

FAWZIA MIRZA : En tant que réalisatrice, je sens que j’émerge encore dans cet espace, mais en tant que femme d’un groupe sous représenté, il y a définitivement plus d’opportunités maintenant. Membre de la Directors Guild of Canada et America, je suis très excitée d’amener mon point de vue sur le plateau de divers films, séries télé, etc. Je veux faire partie d’un

continuum de changement. Je ne sais pas ce qui se passe au top, mais je crois que nous avons une opportunité, particulièrement en tant que réalisateurs, sur une base quotidienne lorsque nous sommes sur les plateaux, [de nous préoccuper] de la façon dont on traite les gens; c’est primordial. « That matters! » Toujours traiter les gens avec la gentillesse et le respect qu’ils méritent, de façon juste et égale. C’est mon genre de leadership et c’est de cette façon que j’espère pouvoir faire partie du changement.

LefilmestnotammentproduitparAndriaWilsonMirza,égalementvotrepartenairedevie. Commentsepasselaconciliationtravail-famille?

FAWZIA MIRZA : Honnêtement, ma femme productrice et moi-même avons un grand bagage d’amour et de respect mutuel. Nos collaborations commencent et se terminent par l’amour, ce qui nous mène à donner le meilleur de nous-mêmes. Tu sais que tu es dans une relation qui fonctionne quand tu veux le meilleur pour l’autre personne, espérant qu’elle te rende meilleure au passage. Andria me rend meilleure. Donc ce film fut une excellente collaboration et rien de tout ça n’aurait pu arriver sans elle. Laissez-moi vous dire que tout le monde a besoin d’une Andria dans sa vie !

Desprojetsàvenir(avecAndria)?

FAWZIA MIRZA : Nous avons notre compagnie basée à Toronto et à Los Angeles, qui se nomme Baby Daal Productions. Nous produisons mon prochain long-métrage, une comédie présentement en développement, et avons plusieurs autres projets en cours, notamment nous sommes producteurs exécutifs sur quatre courts-métrages, car notre but est aussi d’aider les autres à faire avancer leurs projets et missions artistiques. Cet automne, il y aura la sortie d’un documentaire que nous produisons, Survivor Made qui suit un groupe de survivants de violences basées sur le genre, alors qu'ils défient tous les pronostics et créent leur propre entreprise à Los Angeles. Je suis excitée pour tout ce qui s’en vient. Comme je disais, trouvez votre Andria Wilson Mirza !... 6

JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

INFOS | Le film The Queen of my Dreams sera présenté en salle durant le festival image+nation, en version originale anglaise et urdu, avec sous-titres anglais.

Queer, un manifeste entre la biographie et la fiction

Film d’ouverture de la 37e édition d’image+nation, Queer révèle l'admiration de Luca Guadagnino (CallMebyYourName)pour la vision de l'écrivain culte William S. Burroughs, le désir d'expérimentation, de fusion des corps et enfin de trouver une façon de se connecter aux autres de manière profonde. Authentiquement bizarre, le film est respectueux de l’esprit du livre tout en lui ajoutant une 3 e partie que ne renierait sûrement pas Burroughs lui-même.

Car le héros de Queer s'appelle Lee, comme le personnage de Junkie (le premier roman de Burroughs, qu'il avait à l'origine précisément utilisé le pseudonyme de William Lee). Le caractère autobiographique du réçit est donc ancré dans le réel, d'autant plus qu’on sait que Burroughs a passé la fin des années 40 à Mexico, comme son héros. Mais chez Burroughs, comme dans ce film la fantaisie prend parfois le dessus sur la réalité. Pas surprenant, comme Queer est le récit halluciné d'une errance, d'un mal de vivre qui a pour toile de fond un Mexique avec son soleil obsédant, ses étendues de tôles ondulées et toute une faune pittoresque.

Au moment où l’histoire débute, Lee erre de bar en bar, noyant son désespoir dans l'alcool, dans la drague, à la fois avide et indifférent, tel un spectre sur qui on sent en permanence peser la menace d'une dissolution. Son seul repère est Allerton, un très beau jeune homme, indolent et jaloux de son indépendance, mais aussi secrètement flatté d'être l'objet de la convoitise de Lee. À force de séduction, de prévenance et de ténacité, Lee parvient à ses fins et accompagne son compagnon dans une étrange expédition à travers l'Amérique du Sud à la recherche d'une mystérieuse drogue, connue pour ses pouvoirs télépathiques.

Queer est à mi-chemin entre la biographie et la fiction, entre ce monde-ci et un monde lointain. C'est une invitation à ne pas avoir peur de prendre un aphrodisiaque puissant, en l'occurrence le cinéma, et de se laisser submerger par ses effets.

Le réalisateur Luca Guadagnino a répondu à quelques-unes de nos questions par rapport à Queer…

Est-ilvraiquevotreparcoursavecQueeracommencélorsquevousavezlulelivreà l’adolescence?

LUCA GUADAGNINO : Oui, je ne suis pas particulièrement original. J’ai découvert le très inspirant William S. Burroughs, comme bien d’autres adolescents. Ce qui est plus intéressant pour moi, c’est qu’une fois que j’ai lu le livre, j’ai découvert le nom et j’ai trouvé dans ce nom une sorte d’iconicité qui m’a conduit à creuser profondément l’univers de Burroughs. Au fil des ans, je me suis rendu compte que j’ai pensé à William Burroughs, que j’ai cherché William Burroughs et que j’ai paraphrasé William Burroughs toute ma vie. Il est l’une de mes plus grandes inspirations, l’un de mes véritables supports d’imagerie sur lesquels je peux essayer de grimper le mur très abrupt de la créativité.

Le livre Queer n’est pas terminé selon son propre auteur. Pouvez-vous nous décrire commentvousenêtesvenuàenvisagerletroisièmeactedufilm?

LUCA GUADAGNINO : Le scénariste Justin Kuritzkes et moi-même voulions trouver un moyen de créer un troisième acte dans l’esprit de Burroughs, qui soit profondément fidèle au livre. Dans le livre, les personnages principaux, Lee et Allerton, rencontrent le docteur Cotter, et ils ne reçoivent pas l’ayahuasca qu’ils recherchent. Nous nous sommes demandés : « Et s’ils parvenaient enfin à l’obtenir, où cela les mènerait-il ? »

Plus important encore, nous avons parlé du fait que le film n’était pas une histoire d’amour non partagé de Lee pour Allerton, mais une histoire d’amour. Je ne voulais pas raconter une histoire d’amour non partagé. C’est une histoire universelle sur l’amour, et sur la façon dont les gens peuvent rendre l’amour ou sur la tragédie de ne pas être au même endroit au même moment, mais néanmoins d’être tous les deux amoureux. Lee aime Allerton, Allerton aime Lee, et ils parviendront à se rencontrer malgré tous les faux pas et les peurs qui agissent sur eux deux dans leur voyage picaresque à travers l’Amérique du Sud tel que projeté par l’esprit de Burroughs. ENTREVUE AVEC LUCA GUADAGNINO

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Queltonvouliez-vousdonneraufilm?

LUCA GUADAGNINO : Ce que je sais maintenant de Burroughs, c’est qu’il était très timide et que Queer n’a pas été publié pendant plus de 35 ans après sa rédaction, en partie parce que le livre était trop proche de lui, montrant qu’il était une âme fragile en quête d’amour, ce que nous n’associons pas à son image littéraire. C’est pourquoi Justin, Daniel, Drew et moi-même avons pensé que ce livre devait être interprété comme une histoire d’amour. Il aurait été trop facile de rendre le ton sec, ironique, sarcastique et détaché. L’histoire c’est donc transformé, mais dans le même esprit.

Qu’est-ce qui a fait de Daniel Craig votre choix pour incarner le personnage de WilliamLee?

LUCA GUADAGNINO : Je sais que Daniel est l’un des grands acteurs de sa génération. Et quand je l’ai rencontré, j’ai découvert un homme très chaleureux. J’aime le fait que Daniel et moi ayons noué et développé une grande amitié. J’ai su dès le début que l’engagement de Daniel était complet et total, et qu’il comprenait aussi la profondeur de ce qui devait être mis en valeur à l’écran pour le personnage de Lee. Je pense que ce qu’il a fait de la vulnérabilité et de la candeur du personnage de William Lee est étonnant.

DrewStarkeyinterpèteEugeneAllerton.Commentl'avez-vousdécouvert?DanielCraig a-t-ilégalementeusonmotàdiresurlecastingd'Allerton?

LUCA GUADAGNINO : Une fois que j’ai trouvé mon partenaire pour le film pour incarner Lee, en la personne de Daniel, il était évident pour moi que le processus de recherche d’Allerton devait impliquer Daniel. On m’a donné un enregistrement de Drew Starkey pour un autre projet, et j’ai vu quelque chose d’étonnamment engagé et beau. Je l’ai immédiatement montré à Daniel, qui était d’accord avec moi. Nous avons ensuite visionné des centaines d’autres cassettes d’acteurs, puis, vers trois cents ans, nous nous sommes dit : « Il n’y a vraiment pas besoin de chercher plus loin, car c’est Drew. »   6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | QUEER de Luca Guadagnino, en version originale anglaise, États-Unis et Italie, 2024 Le film sera présenté en première québécoise dans le cadre du l’ouverture du Festival image+nation, le jeudi 20 novembre prochain, en version originale anglaise.

MASCARPONE : THE RAINBOW CAKE

Il y a 4 ans, le film Mascarpone dressait le portrait d'un trentenaire largué qui reconstruisait sa vie. Loin de tant d'autres films à thématique gaie, excentriques ou déconnectés du quotidien, cette jolie chronique de la vie gaie contemporaine à Rome, avait trouvé la recette pour conquérir le cœur de milliers de cinéphiles LGBTQ à travers le globe. Par sa crédibilité, sa crudité parfois, son bel élan de vitalité et ses portraits d'ambitieux créatifs, ce film était une belle surprise. Suite au succès du film, et convaincu que les personnages avaient encore des choses à dire, le réalisateur Alessandro Guida (qui sera à Montréal pour présenter son film) propose cette fois Mascarpone : The Rainbow Cake qui se déroule trois ans plus tard, alors qu’Antonio et Luca se revoient pour la première fois après la mort de Denis. Antonio est devenu un célèbre pâtissier avec des problèmes sentimentaux, Luca a trouvé du réconfort auprès de Tancredi, dont il est amoureux. Une relation fusionnelle c’est développé, mais Antonio doute des sentiments de Luca pour son nouveau compagnon. Antonio tente de saboter la relation de Luca... bien que Cristina, son amie de longue date, l’aie mis en garde. Maîtriser les secrets pour réussir une crème de mascarpone parfaite ouvre la porte à une multitude de délice. Hâte d’y goûter? 6 RUBY PRATKA redaction@fugues.com

INFOS | Le film MASCARPONE : THE RAINBOW CAKE sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale italienne, avec sous-titres anglais.

Luca Guadagnino

festival image+nation

ENTREVUE AVEC JULIEN CADIEUX

Y’a une étoile, un voyage musical dans l’Acadie queer

Dans le documentaire musical Y’auneétoile, le réalisateur Julien Cadieux suit un jeune homme trans, Samuel LeBlanc, et va à la rencontre d’autres personnes trans, queers, non binaires, bispirituelles dans les différentes régions qui forment son Acadie natale. Elles sont sorties du placard, mais ont décidé de rester dans leurs petites communautés, revendiquant une double appartenance : celle d’être queers et celle d’être acadiennes.

Après des études en production cinématographique à l’Université Concordia, Julien Cadieux s’est dévoué à la réalisation. Depuis plus de 10 ans, il cumule divers projets en tant que réalisateur de séries documentaires, de moyens et longs métrages documentaires ou de courts métrages. Dans ses œuvres se manifeste son intérêt pour les arts, l’identité queer, l’Acadie et pour les rencontres humaines qu’il fait tout au long de son parcours.

Inspiré par l’œuvre de la chanteuse Angèle Arsenault, le réalisateur Julien Cadieux voulait depuis longtemps tourner un film musical sur la communauté queer de l’Acadie. Pour Julien Cadieux, la chanteuse acadienne symbolise bien cette double appartenance : « Il y a dans les chansons d’Angèle Arsenault une revendication féministe, une volonté de se soustraire aux normes oppressives, et quand on est différent comme le sont les personnes qui témoignent, on se reconnaît dans ses chansons. Et puis elle revendiquait son appartenance à l’Acadie, en fait tout à voir avec l’intersectionnalité ». L’étincelle s’est finalement produite lorsque le cinéaste a découvert les membres du groupe Écarlate, soit Samuel LeBlanc, Clémence Langlois et Daphnée McIntyre.

Le film va au-delà de la simple compilation de témoignages sur la diversité, mais démontre un véritable attachement aux origines et à cette identité géographique et linguistique qu’est l’Acadie. Et pour y arriver, le réalisateur a choisi une proposition forte : « Je voulais représenter toutes les parties de l’Acadie, avec sa langue propre. Comme il n’y a aucune concession aux normes oppressantes pour tout ce qui touche au genre et à l’expression de soi, il n’y a pas de concession linguistique, explique Julien Cadieux. Les personnes en entrevue parlent le chiac, un français dans lequel se mêle l’anglais ». Ce qui fait dire à une des personnes en entrevue dans le documentaire que le chiac, c’est comme une poésie de la non-binarité, se fondant sur le fait que l’anglais est plus inclusif que le français.

Dans des villages, des petits ports, on fait la connaissance avec des drags, des trans, des lesbiennes et des gais, des jeunes comme des moins jeunes, qui ont tous et toutes fait le choix de rester auprès des leurs et surtout de se faire reconnaître dans leur propre expression. Les fêtes devenant des moments privilégiés pour célébrer et exposer leur différence, mais aussi pour rappeler leur appartenance à la même grande famille acadienne. « Je souhaitais montrer des visages différents, pas uniquement des trans ou des drags », continue Julien Cadieux. « Et aussi parler, comme avec Jack, ce vieil homme qui a vécu ouvertement comme gai dans son village, [du fait] que ces différences ne dataient pas d’aujourd’hui. Il parle de ce danseur étoile au début du siècle dernier, Adolphe Robicheau, qui a triomphé sur les scènes européennes et américaines et qui a créé en 1958, avec son conjoint Arthur Vaillancourt, un premier musée acadien, à Meteghan en Nouvelle-Écosse. Je voulais qu’il y ait aussi un lien avec l’histoire. » Le musée acadien, abandonné depuis des années, est actuellement en rénovation.

Entrecoupé par les chansons d’Angèle Arsenault interprétées par des drags ou par les ami.e.s de Samuel LeBlanc, ou encore par des parades de la Fierté, Y’a une étoile se présente comme une découverte d’histoires et d’une autre histoire, plus grande, celle de l’Acadie, avec des personnages attachants, des témoignages touchants, sous le signe du partage, des solidarités et surtout de l’importance de devenir ce que l’on est vraiment. Suivre l’étoile, qui est peut-être là pour nous et qu’il suffit de reconnaître en soi.   6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Le film Y'A UNE ÉTOILE sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale française.

BABY, leçon de survie

Wellington (João Pedro Mariano) sort à ses 18 d’un centre de détention pour jeunes. Sa famille a quitté la ville sans laisser d’adresse. Il se retrouve seul dans São Paulo à déambuler. Ses pas l’amènent dans un cinéma porno où il rencontre Ronaldo (Ricardo Teodoro), un prostitué d’une quarantaine d’années. Une rencontre de nécessité pour l’un comme pour l’autre mais qui dérive très vite par une prise de conscience de chacun vis-à-vis des sentiments parfois contradictoires qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.

Une histoire qui pourrait être banale et qu'on a déjà vu au cinéma. Mais curieusement, malgré la dureté de survivre dans une ville où la population qui vit dans la rue à augmenter en quelques années à 400 %, le réalisateur Marcel Caetano a souhaité montrer que l’espoir, la joie, la tendresse pouvait aussi s’exprimer malgré la dureté du quotidien et de sa violence. « Je souhaitais m’inscrire un peu en faux avec toute une filmographie latino-américaine qui représente l’Amérique latine de façon sordide, voire morbide, pour attirer la condescendance et la pitié, précise Marcelo Caetano en entrevue, comme si on ne pouvait faire autre chose que des films sociologiques, le film Baby est une forme de réponse à ce cinéma latino-américain trop misérabiliste. Je refuse de mettre mes personnages dans la catégorie de victimes et Baby est une forme de réponse à ce cinéma-là qui peut devenir à la longue une présence ». Ne croyez pas que le réalisateur occulte la réalité, bien au contraire, mais il la transfigure dans la vie de ses personnages, qui sont bien plus à ce que les clichés pourraient nous amener à les réduire. « En fait, je perçois mes personnages comme des ouvriers qui participent, certes, à une économie illégale, mais dans une ville où la moitié de la population n’a pas de travail fixe ou régulier, continue Marcelo Caetano, donc on survit avec des petits boulots, et les gens travaillent beaucoup, souvent pour peu, mais sans aucune stabilité. La prostitution est montrée dans le film comme un espace de travail, c’est juste un travail pour Ronaldo, dans lequel il entraîne Wellington ». Ronaldo et Wellington — Baby pour les clients —, vont se découvrir petit à petit au cours de leur association au début purement professionnelle. Une histoire d’amour pour les cinéphiles romantiques ? Pas si sûr même si tous les ingrédients sont réunis, en tout cas, le réalisateur s’en défend : « On pourrait penser à une relation amoureuse compliquée, puisqu’elle est asymétrique, un jeune de 18 ans avec un homme de 40 ans qui n’a jamais éprouvé de sentiments pour un autre homme. Il y a de l’amour, de l’excitation, du désir mais en même temps c’est avant tout une relation professionnelle où ils sont collègues, colocs. Ronaldo est celui qui change le plus puisqu’il découvre des sentiments qu’il n’avait jamais ressentis auparavant, quant à Baby, il découvre un monde dans lequel il doit faire sa place, mais cette relation va les marquer définitivement, les faire évoluer ».

Mais les histoires d’amour ne sont-elles pas toujours compliquées ? Se confiant, le réalisateur dit qu’il faut manger beaucoup de sel avant de pouvoir dire je t’aime. « J’aime les films où la relation est tellement forte entre deux personnes qu’il est impossible que celle-ci dure, mais l’intensité a été telle que chacune des deux sera marquée à vie ». La ville de São Paulo est en soi un des personnages du film, grouillante, toujours en mouvement, aussi bien dans les ruelles, les parcs et les avenues. Comme le dit Ronaldo dans une réplique Si tu ne bouges pas tu meurs. Et en contrepoint, des scènes plus intimistes avec les proches, la famille, des moments de partage, de chaleur et de tendresse. « J’essaie d’avoir toujours des scènes de vie collective, et pas seulement centrées sur l’aspect queer des personnages, on le voit quand Ronaldo est avec sa famille », ajoute Marcelo Caetano . Une des scènes les plus touchantes et émouvantes du film est en fait un accident. Ni les comédiens ne savaient qu’ils étaient filmés, ni le réalisateur qui n’était pas présent au moment de la captation, aux spectateurs spectatrices de la deviner. Cette scène résume parfaitement l’esprit de ce film, ces moments de petits bonheurs et de joie, éphémères certes, mais qui font le sel de la vie. Quand le sel a meilleur goût d’un seul coup.   6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Le film BABY sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale portuguaise, avec sous-titres anglais.

POUR VOUS PROCURER

ENTREVUE AVEC JUAN PABLO DI PACE

Souvenirs romantiques

Chanteur, danseur, acteur et désormais scénariste/réalisateur, l’Argentin Juan Pablo Di Pace a eu une longue carrière sur scène et à l’écran, se produisant en Europe dans plusieurs comédies musicales (dont Chicago et Saturday Night Fever). Il est également apparu dans plusieurs films dont Mamma Mia ! et la comédie dramatique queer The Mattachine Family, ainsi qu’à la télé dans Dallas et Fuller House . Avec Duino (qu’il a réalisé avec Andrés Pepe Estrada), il signe un premier long métrage semi-autobiographique. Di Pace s’est entretenu avec Fugues.

Ce drame sensible et captivant dépeint l’amitié intime qui se développe entre deux adolescents — le timide Argentin Matias (Santiago Madrussan ) et le Suédois extraverti Alexander (Oscar Morgan) — qui se rencontrent au collège à Duino, en Italie, durant les années 1990. Des décennies plus tard, devenu adulte, Matias (Di Pace) a du mal à monter un film qu’il a réalisé sur ses expériences inachevées avec Alexander, lorsqu’il a l’opportunité de retrouver l’homme qui s’était enfui.

Commentenêtes-vousvenuàréaliserDuino?

JUAN PABLO DI PACE : Duino est un film de fiction, mais basé sur quelque chose qui s’est passé dans ma vie. Ce n’était pas que je voulais absolument faire un film autobiographique, mais il était important pour moi de parler de personnes et de situations que je connaissais très bien pour ce premier film, dont j’ai écrit le scénario. Je l’ai co-réalisé avec Andrés Pepe Estrada, mon meilleur ami depuis mon adolescence et qui a été le monteur d’Argentina 1985, nominé pour un Oscar. J’ai beau avoir une carrière comme acteur, Duino a littéralement été un cours de maîtrise en réalisation cinématographique. Je ne connaissais pas grandchose aux angles de caméra et aux règles du cinéma de l’autre côté de la caméra. J’ai tout appris et Andrés a été mon guide et mon garde-fou. Ce fut une belle collaboration. Je danse depuis toujours et quand on est danseur, on voit le monde différemment, je crois, un monde où tout tourne autour du rythme dans une certaine forme de chorégraphie. Ma principale

inspiration en tant que réalisateur, c’est Bob Fosse. Avec Duino, le directeur photo a tourné souvent « à l’épaule » pour plus d’agilité et mieux incarner les souvenirs.

OnpourraitdirequelepersonnagedeMatiasréfléchittropetilestpeut-êtretropproche dufilmqu’ilfaitsursavie.Avez-voustropréfléchiauxchosesencréantDuino?

JUAN PABLO DI PACE : Je suis sans doute incroyablement mélancolique, mais je vois la vie comme une série de scènes. J’ai tendance à voir les expériences, qu’elles soient négatives ou positives, comme les séquences d’un film. Quelque chose de puissant et d’inachevé est arrivé à Matias durant son adolescence, il y a 40 ans, et il a gardé cela enfoui dans sa mémoire. Et quand il décide de revisiter ce moment de sa vie dans une création artistique, il travaille avec quelque chose qui s’est déjà produit. Il ne veut pas altérer le souvenir qu’il a de ce moment, car il est puissant, précieux et parfait. Il craint que ce souvenir change s’il revoit cette personne. C’est toujours un risque. Pour lui, il s’agit de profiter de la mémoire de cet instant tel qu’il s’en souvient. Avec Duino, je m’intéresse [davantage] à ce que les personnages ressentent et pensent plutôt qu’à ce qu’ils disent. En ce sens, je crois avoir réalisé un film très sensoriel.6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | Le film DUINO sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise et espagnole, avec sous-titres français.

LIGHT LIGHT LIGHT

Les premières images de Light Light Light évoquent le passage à l’âge adulte à travers la vision sensible de Mariia, uUn film de Inari Niemi, Finlande, ne adolescente qui commente la catastrophe de Tchernobyl. Elle se souvient des répercussions sur son village de Finlande : un nuage de pluie tombé d’un ciel aux teintes rosées/violettes. Lorsqu’elle croise le regard de sa collègue de classe, Miranda, une question survient : le grand amour est-il aussi fort qu’une explosion nucléaire ? Miranda est une jeune femme mystérieuse avec une relation familiale alambiquée. Lorsque cette dernière lui demande de prétendre qu’elle est son amie, puis de lui enseigner le suédois, une réelle amitié se développe entre les deux jeunes femmes, malgré leurs milieux socioéconomiques différents. Lentement, malgré les aléas de la vie, elles explorent leurs sentiments amoureux. À l’aide d’habiles ellipses favorisant les sauts dans le temps, la réalisatrice Inari Niemi raconte cet amour de jeunesse dans la Finlande des années 90, avec mystère et tendresse, sur fond de tragédie, alors que Mariia se rappelle, 20 ans plus tard, ses souvenirs. Dans sa thématique de l’amour de jeunesse d’un été, Light Light Light évoque parfois My Summer of Love (2004, Pawel Pawlikowski) ou encore Cocon (2020, Leonie Krippendorff). Nommé dans quelques festivals de films, Light Light Light vaut également pour la beauté de ses images et de sa direction photo estivale qui évoque la nostalgie d’une époque, d’une idylle, révolue. 6 JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

INFOS | Le film LIGHT LIGHT LIGHT sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale finlandaise et suédoise, avec sous-titres français.

festival image+nation

FANATICAL – THE CATFISHING OF TEGAN AND SARA

SWEET ANGEL BABY

Sweet Angel Baby est le long métrage émouvant de la cinéaste originaire des Maritimes Melanie Oates. Eliza (Michaela Kurimsky, Firecrackers) est la chérie locale d’un petit village de pêcheurs en bord de mer, mais sa communauté ignore l'autre côté d'elle qu'elle partage sur Internet. Lorsque ce secret est révélé, Eliza doit faire face à cette trahison tout en luttant avec la façon dont elle est perçue par sa communauté, comment elle est vue en ligne et comment elle se voit. Avec des performances très justes d'Elle-Máijá Tailfeathers (The Body Remembers When the World Broke Open) et de Peter Mooney (Rookie Blue), Sweet Angel Baby est une modernisation indispensable des réalités rurales, qui prend en compte les interactions sociales dans un monde de plus en plus connecté.6 CAROLINE LAVIGNE redaction@fugues.com

INFOS | Le film Sweet Angel Bay de Melanie Gates sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise.

LA DERNIÈRE COMMUNION

Dans le cadre de la série FMC / I+N37, il sera possible de rencontrer à l’Espace ONF quelques-uns des artisans de la nouvelle websérie de Eli Jean Tahchi et de visionner le premier épisode qui sera officiellement disponible sur video. telequebec.tv à partir du 6 décembre 2024. Co-scénarisée avec Myriam Farsaoui, elle met en vedette Jean-Pierre Bergeron, Guy Jodoin, Fayolle Jean, dans les 3 rôles principaux, ainsi que Karina Aktouf, Ahmad Hamdan, Claire Jacques, Iani Bédard et Louise Portal. Trois frères — Pierre, Paul et Jean — décident de se détacher de l'Église et de réinventer leur vie au troisième âge après la vente de leur monastère. Sans économies ni projets d'avenir, ils trouvent refuge chez Aïcha, l'amie de Paul, où ils tentent tant bien que mal de naviguer dans le monde moderne avec plus ou moins de tac. L’un d’eux fera même son coming out à l’ère des faux miracles des réseaux sociaux et de Grindr.  Au gré des mésaventures d’un chemin de croix annoncé, ce qui semblait être l’apocalypse pour ces trois ex-religieux, s’avère incarner une rédemption inespérée. 6

Particulièrement populaire au sein des communautés LGBTQ+ (mais pas uniquement), le duo Tegan and Sara, du nom des deux sœurs jumelles canadiennes, fait l’objet d’un bien étrange documentaire, présenté à image+nation où il est question de célébrité, de relations entre des vedettes et leurs admirateurs… Et d’une personne se faisant passer pour l’une des chanteuses sur internet et qui, dans plusieurs cas, a correspondu pendant des semaines, voire des mois, ou même des années, avec des admiratrices du groupe (et de la chanteuse). Le fait d’adopter l’identité d’une vedette que l’on admire particulièrement n’est pas quelque chose de nouveau, malheureusement, mais ce qui est particulier, dans le cas dévoilé par la réalisatrice Erin Lee Carr, c’est que cette imposteure (ou imposteur) n’a jamais semblé vouloir de l’argent, ou encore tenter de frauder ses victimes. En fait, selon les témoignages reçus, il s’agissait plutôt d’établir un contact, puis une relation plus ou moins importante.

Dans au moins un cas, d’ailleurs, la « relation » s’est développée à un point tel que des sentiments amoureux, ou à tout le moins une attirance sexuelle, ont vu le jour. Il est donc facile de comprendre que pour les victimes, pour ces jeunes femmes menées en bateau, le retour à la réalité soit particulièrement brutal. Pour l’une des personnes touchées, d’ailleurs, cela a même poussé à accuser le gérant du groupe, qui avait affirmé que tout cela découlait d’une fraude, de mentir pour protéger la chanteuse et ainsi éviter que ses « comportements toxiques » ne soient révélés au grand jour.

Non seulement la réalisatrice, en compagnie de la principale intéressée, mène-t-elle l’enquête pour tenter, plus d’une dizaine d’années après les faits, de véritablement identifier le ou la coupable, mais c’est aussi l’occasion de retourner à une époque où les réseaux sociaux étaient moins structurés qu’aujourd’hui.

Fanatical – The Catfishing of Tegan and Sara est un regard franchement intéressant sur la face cachée de la célébrité, y compris dans un contexte où deux sœurs lesbiennes ont longtemps représenté, pour des adolescentes et de jeunes femmes queer, une première communauté à laquelle s’identifier, afin d’affirmer leur propre identité. À voir. 6

CAROLINE LAVIGNE redaction@fugues.com

INFOS | Le film The Fanatical - The Catfishing of Tegan and Sara sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise

ENTREVUE AVEC MIKKO MÄKELÄ
Sebastian, s’inspirer de sa vie ou pas

Le metteur en scène finno-britannique Mikko Mäkelä présentera son nouveau film, Sebastian, à Image + Nation. Le film à la fois sensuel et raffiné propose le parcours à travers le Londres d’aujourd’hui d’un jeune écrivain qui se livre au travail du sexe pour nourrir ses écrits. Nous avons interrogé le réalisateur sur l’approche de son sujet, le lumineux héros de son film et les choix artistiques qu’il a faits.

Dansquellemesureavez-vouspuisédansvotrevieàvouspourcomposercettehistoire? MIKKO MÄKELÄ : Une des principales questions que je cherche à poser à travers ce film est : dans quelle mesure doit-on connaître un sujet personnellement pour l’aborder dans une œuvre ? A-t-on le droit de n’user que d’empathie et d’imagination pour raconter une histoire ? Je trouve aussi intéressant de demander au public si son appréciation d’un travail est fonction du caractère autobiographique ou pas. En même temps, on ne peut pas écrire sans mettre quelque chose de sa vie et de sa perspective dans ce qu’on crée. Donc bien sûr, c’est un film qui a un ancrage personnel (il parle d’un jeune artiste qui cherche à comprendre ce qu’il veut dire au monde et doit opérer dans le cadre d’un système commercial), mais naturellement, ce personnage est aussi très fictionnel et imaginaire.

Queltypederecherchesavez-vousfaitespourpréparerlefilm?Avecqueldegréde précisionvouliez-vousapprendreàconnaîtrecemilieu?

MIKKO MÄKELÄ :  Je voulais que le film fasse authentique, mais en même temps je ne cherchais pas à réaliser un portrait documentaire sur le travail du sexe. J’ai tout de même parlé à beaucoup de gens pour essayer d’être juste sur les détails de cet univers et j’ai passé énormément de temps sur les sites utilisés pour se connecter avec des clients. J’ai essayé de comprendre la manière dont les gens se présentent et le lexique qu’ils utilisent autour de cette activité. Je voulais aussi que le projet soit bien ancré dans le Londres d’aujourd’hui et qu’il soit précis aussi à ce niveau-là.

Commentavez-voustrouvéRuaridh,l’acteurprincipal?

MIKKO MÄKELÄ : Nous avons travaillé avec un merveilleux directeur de casting, avec qui nous avons fait de vastes recherches pour trouver quelqu’un qui n’aurait pas trop le bagage de rôles précédents. Je voulais que le public puisse se lancer dans un parcours parallèle de

découverte envers l’acteur et son personnage, tandis que Max se découvre lui-même. C’est grâce à une self tape que j’ai découvert Ruaridh Mollica. En le voyant, j’ai su d’emblée qu’il y avait quelque chose de vraiment spécial chez lui : il a une intensité, une audace et une énergie brute incroyables, mais aussi quelque chose de vulnérable, et il est incroyablement précis dans son jeu. J’ai eu le sentiment que c’était la personne parfaite, capable de rendre pleinement la vie intérieure assez complexe de Max.

Qu’est-cequiaprimé,dansvotreapprocheesthétique?

MIKKO MÄKELÄ :  Je voulais obtenir un style qui soit à la fois celui d’une étude de caractère très intime (à travers une grammaire fondée sur les gros plans) et d’un film d’observation légèrement plus distant. Je voulais transmettre l’idée qu’on est avec lui, mais ensuite, qu’un effet de distanciation ironique intervienne d’un coup, comme si on le regardait de l’extérieur.

Le film s’articule principalement autour de la distinction entre les sphères publique et privée : c’est pour cela qu’on met l’accent sur les intérieurs. Cela aide à mieux appréhender et comprendre le personnage central, qui mène une double vie. Il était aussi important de faire la distinction entre les mondes diurne et nocturne. Au niveau des décors, des intérieurs en particulier, nous voulions que les domiciles des clients rendent compte du caractère de leurs propriétaires.

La musique était importante en tant que manière d’accéder à l’esprit de Max. Nous avons cherché à l’utiliser de manière psychologique, pour indiquer les glissements psychologiques. Je voulais une musique électronique qui incorpore également des éléments naturels. Je ne suis pas un grand fan des musiques orchestrales traditionnelles. J’aime travailler avec des sons électroniques très simples, plus atmosphériques. Ça a été un travail très intéressant d’incorporer des instruments acoustiques dans la bande originale.6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | INFOS | Le film SEBASTIAN sera présenté uniquement en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise, avec sous-titres français.

ENTREVUE AVEC ANTHONY SCHATTEMAN

Young Hearts : entre amité et amour festival image+nation

Qu’est-cequivousainspiréàréaliserYoungHearts?

ANTHONY SCHATTEMAN : Je voulais vraiment faire un film pour une version plus jeune de moi-même. Quand j’étais jeune, j’avais des problèmes avec mon identité et ma sexualité et je me posais beaucoup de questions. Mais je n’arrivais pas vraiment à trouver de réponses, ni à la maison, ni avec mes amis, ni à l’école, ni dans les livres, ni dans les films, ni dans la culture. Mon objectif était de faire un film où l’on se concentre uniquement sur le point de vue romantique, afin que ce film d’apprentissage puisse également être montré à un très jeune public.

Commentavez-vousdéveloppélespersonnagesetlescénariodufilm?

ANTHONY SCHATTEMAN : Bien que l’histoire n’est pas autobiographique, la famille est basée sur ma propre famille et l’enfant sur qui j’étais quand j’étais jeune. C’était important pour moi de fictionner les personnages et l’histoire, mais je pouvais toujours faire référence à l’émotion que je ressentais à cet âge. C’était un retour en arrière dans ma jeunesse, mais j’avais très envie de faire le film que j’aurais vécu avec plaisir. Plusieurs scènes, bien sûr, ne se sont pas produites dans la vraie vie, mais c’étaient les scènes que j’aurais souhaité qu’elles se produisent.

Lefilmabordelesthèmesdujugementsocialetdel’identité.Pourquoicesthèmesetquelle significationont-ilspourvous?

ANTHONY SCHATTEMAN : J’ai grandi dans une société très hétéronormative. Je ne connaissais pas de garçons qui tombaient amoureux de garçons. Mon entourage me démontrait que l’homosexualité était quelque chose de mauvais. Et c’était vraiment difficile. Il y avait un professeur gai dans mon école et tout le monde parlait en mal de lui. Donc, je ne pouvais dire à personne que j’étais comme ça. Je voulais montrer un monde dans lequel tout le monde est d’accord et me concentrer uniquement sur la lutte interne. Avec ce film, je voulais créer quelque chose de différent et montrer aux enfants qu’ils ont le droit de suivre leur cœur et que s’ils sont bien entourés — d’une famille aimante — ils peuvent être qui ils veulent et réaliser tout ce qu’ils veulent.

Commentavez-vousabordéleprocessusdecastingdufilm,notammentdanslasélection desacteurspourlesrôlesd’EliasetAlexander?

ANTHONY SCHATTEMAN : Le plus important était de trouver des acteurs du bon âge. Nous avons interviewé pas mal de garçons entre 11 et 18 ans. Ils ne devaient pas être trop enfantins ni trop matures. Alors quand nous avons trouvé Marius [ Marius de Saeger ], qui joue Alexander, je savais que c’était le meilleur choix que nous puissions trouver. Il était important pour moi que les adolescents que nous allions trouver soient crédibles, qu’on y croie. Et c’est quelque chose que j’ai trouvé en Marius. Et heureusement, on a rencontré Lou [Goossens]

pour [le personnage de] Elias quelques jours plus tard, et quand nous avons fait les tests, le match entre ces deux garçons était tellement beau que je savais que ces garçons allaient incarner parfaitement les deux personnages principaux.

Commentavez-voustravailléaveclesacteurspourcapturerlesrelationscomplexesetles sentimentsexprimésdansYoungHearts?

ANTHONY SCHATTEMAN : Un de mes bons amis, Oliver Roels, un thérapeute pour enfants et psychologue professionnel, m’a aidé dans tout le processus de casting, m’a aidé à trouver la bonne manière pour parler d’émotions avec les jeunes acteurs. Au lieu de travailler sur des dialogues écrits, nous avons beaucoup parlé d’émotions. Je savais que si les garçons pouvaient, lors de nos discussions, exprimer les émotions que je voulais représenter dans les scènes, qu’ils pourraient plus vraisemblablement jouer ces scènes. Nous n’avons pas parlé du fait que je voulais qu’ils jouent un enfant homosexuel, car il ne s’agit pas de sexualité encore, mais nous nous sommes juste assurés qu’ils comprenaient ce que je voulais dire dans les scènes et ce que nous attendions d’eux. Lorsque nous parlions d’émotions comme l’amour, l’amitié, la tristesse, l’attirance et la colère, nous sentions que nous avions parfois des points de vue différents sur ces émotions. Mais au final, c’était pareil. Ils étaient juste très attentifs, très compréhensifs. Ils ont eux-mêmes proposé certaines choses et ont vraiment compris ce que je voulais créer. Je crois que c’est la raison pour laquelle ces scènes fonctionnent si bien. Nous nous faisions mutuellement confiance et avons vraiment montré nos émotions avant le tournage. C’était vraiment cool.

Larelationd’Eliasavecsonpèreetsongrand-pèrejoueunrôleimportantdanslefilm. Qu’est-cequivousainspiréàexplorercesdynamiquesfamilialesetqu’espérez-vousque lepublicenretienne?

ANTHONY SCHATTEMAN : Quand j’étais jeune, j’ai toujours pensé que j’étais seul avec mes questions, que je grandissais et que je me sentais comme un étranger. En discutant avec mes parents et mes grands-parents quand j’étais un peu plus âgé, j’ai remarqué que chacun d’entre eux avait vécu des moments de solitude émotionnelle. C’était vraiment important pour moi de me concentrer sur différentes générations, car les grands-parents attendent moins d’un petit-enfant que les parents de leurs enfants. Pour moi, c’était vraiment important de montrer ces différentes générations. Mon père et moi n’avons jamais vraiment parlé de nos émotions avant ce film. Mais créer ce film et raconter cette histoire nous a vraiment rapprochés. 6 YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | Le film YOUNG HEARTS de Anthony SCHATTEMAN sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale finlandaire, sous-titrée en anglais.

WHAT A FEELING

Deux femmes quinquagénaires. L’une, mariée à un homme depuis 20 ans, l’autre, lesbienne et célibataire qui enchaîne les conquêtes sans lendemains. Ces deux femmes, que tout oppose au premier coup d’œil, se rencontrent par hasard dans un bar… lesbien ! Alors que Marie Theres, médecin et mère d’une ado rebelle pro écologiste, se fait dire par son mari « qu’il a besoin d’un break », et que par la suite il se fait suspendre au travail, cette dernière se retrouve dans un bar lesbien de Vienne, au bord de la crise de nerfs. Elle y rencontre Fa, une femme qui dirige sa propre entreprise de menuiserie, que l’on pourrait décrire comme la « Shane » iranienne de Vienne. Et pour cause, son esprit libre, son assurance et son indépendance font tourner les têtes ; elle enchaîne les conquêtes (surtout de femmes hétéros). Rapidement, la relation qui se développe entre Marie Theres et Fa semble emprunter une voie plus élaborée que la simple relation d’un soir. Cependant, tout n’est pas simple, Marie Theres découvre son attirance pour les femmes, pendant que Fa, bien dans sa peau, n’a toujours pas fait son coming out officiel à sa mère. Toutes deux devront surmonter leurs peurs, afin de vivre librement leur amour. La réalisatrice Kat Rohrer signe ici son troisième long-métrage, une comédie romantique de type feel good movie, qui se déroule à Vienne, en Autriche, son pays d’origine. What a Feeling vaut d’abord son pesant d’or pour la mise en images de femmes matures au grand écran dans une relation lesbienne, chose encore trop rare. Sans conteste, un tel film peut en aider certaines à s’épanouir et même à s’assumer. Sans être des plus originales, la trame narrative est portée au grand écran par la relation touchante et vraisemblable qui s’établit entre les deux femmes. Si le début du film nous présente des « femmes au bord de la crise de nerfs », le côté drôle et touchant est ce qui demeure en bouche en fin de film. 6 JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

INFOS | Le film WHAT A FEELING sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale allemande et farsi, sous-titrée en anglais

Miséricorde

Le plus récent film d’Alain Guiraudie (Miséricorde) met en scène dans un village de montagne un drame tissé de désirs passés, qui fait resurgir les non-dits et les tensions. Alors que Jérémie (Félix Kysyl), séduisant jeune homme, revient dans son village natal pour l’enterrement de son ancien patron boulanger, son séjour prend rapidement une tournure inattendue au contact d’une galerie insolite. On y croise Martine, une veuve très hospitalière ( Catherine Frot , géniale), son fils hyper jaloux (Jean-Baptiste Durand), un curé aussi étrange que lubrique ( Jacques Develay, hilarant), un gendarme hyper intrusif (Sébastien Faglain), ou encore Walter ( David Ayala ), un voisin « ours » pas dénué de sex appeal… À la fois polydésirant et objet de toutes les convoitises, Jérémie se retrouve peu à peu prisonnier de ce village. Miséricorde est aussi une comédie noire où la spiritualité chrétienne vient réveiller ardeur et pulsions sexuelles. Le prêtre au

LESVIA

La poète grecque Sappho, connue pour sa poésie homoérotique, a vécu sur l’île de Lesvos, dans la mer d’Égée, il y a plus de 2500 ans. Dès le 19e siècle, apprend-on dans ce film de Tzeli Hadjidimitriou, des lesbiennes européennes bien nanties en font un lieu de pèlerinage. Au début des années 1980, quand notre histoire commence, des lesbiennes d’un peu partout dans le monde tentent de créer une utopie féministe à Eressos, le village reculé où Sappho a vécu. Inévitablement, leur arrivée crée des tensions dans le village encore très conservateur et peu touché par le tourisme — certains villageois sont intrigués, d’autres révoltés, alors que d’autres y voient un potentiel économique.

Le film retrace l’évolution de cette colonie de vacances lesbienne unique au monde, à travers des entrevues avec des villageois et des lesbiennes expatriées ayant passé du temps sur l’île. Initialement, les femmes se créent une sorte d’utopie féministe sur la plage, qui survit pendant plusieurs années malgré les tensions internes et avec des membres de la communauté locale. Puis l’idylle sur la plage s’éteint, mais l’utopie renaît sous d’autres formes. En parallèle, le film retrace la vie de la narratrice elle-même, Hadjidimitriou, une « lesbienne de Lesvos » qui essaie tant bien que mal de faire le pont entre ses voisins et sa communauté lesbienne, tout en restant fidèle à elle-même. 6

RUBY PRATKA redaction@fugues.com

INFOS | Le film LESVIA sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise et grecque, sous-titrée en français.

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centre du récit n’est cependant le garant d’aucune morale fabriquée. Tout en mettant en scène un état de tension et de suspicion, Guiraudie s’attache à entretenir une complexité chez les personnages et dans leurs rapports. Fidèle à son goût malicieux pour la déstabilisation, il joue avec les clichés du « folklore rural », les accentuant parfois, les contredisant à d’autres moments, pour mieux aller contre les certitudes que pourrait avoir le spectateur ou la spectatrice. Comme l’indique son titre, le film met en réalité au centre de son récit la question de l’empathie, de l’élan vers l’autre, de la compréhension d’autrui, au-delà même de toute morale. Cela se retrouve aussi dans le regard, tout en tendresse et en proximité, que Guiraudie porte sur ses personnages. 6 CHANTAL CYR redaction@fugues.com

INFOS | Le film MISÉRICORDE sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale française.

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ARTS & ICONES

Flashback film chronicles the Studio 54 of the Prairies

Matthew and Peter Hays have made their dream come true: the brothers have filmed their award-winning documentary Flashback about Edmonton’s legendary Flashback disco, dubbed the “Studio 54 of the Prairies.” Located in a conservative Canadian city often hostile to queer folks, Flashback would be, its owner John Reid vowed, a safe space for “gay people and their friends.” Created by Matthew Hays and directed by Peter, the documentary tells the story of a defiant disco dance culture of sweat, sex, drugs and fashion.

Peter was a successful print reporter and TV news producer before becoming a filmmaker. A renowned queer journalist and author, Matthew teaches journalism and film studies at Concordia University in Montreal. I recently sat down with Matthew for a candid Q&A about the film and iconic dance club that changed the lives of both brothers.

WhatwasFlashbacklike?

MATTHEW HAYS: It actually depended on which night you went. It was fascinating during the tumultuous decade of the 1980s – when I graduated from high school, came out of the closet and started university – to go to this gay club which had very much been designed around hip gay clubs in San Francisco, L.A. and New York. So it had a superior sound system, incredible lighting system and great music. There were several bars wrapped around the dance floor. They would stop the dancing for drag shows, then the music would start again and people would dance. Playwright Brad Fraser has a wonderful line about Flashback: “It was like The Wizard of Oz. When you were in Edmonton, everything was in black and white, but when you went into Flashback, it was suddenly in colour.”

You and Peter both frequented Flashback.

MATTHEW HAYS: Paul’s straight but not narrow. That’s where he met his girlfriend who is also in the film. So Flashback was a place where straight people went. But with gay clubs people complain when there are too many straight people. So they combatted that by having a women’s night, and also had a men’s-only night on Thursdays for cruising. I first went when I was in high school. I lied about my age, which was ridiculous because I looked way younger than I was, a scrawny little thing!

Musicplaysabigroleinthisfilm.TheopeningtrackisacoverofMiquelBrown’s1983classic SoManyMen,SoLittleTime.

MATTHEW HAYS: That was my suggestion. It has a double meaning because it was about sleeping with so many men and then losing so many men to the AIDS crisis. The music at Flashback was great, they played different kinds of music, such as Divine, Tears for Fears, Eurythmics, Cyndi Lauper, David Bowie.

Youcameupwiththeideaforthisdocumentary.Whydidyouwanttomakethisfilm?

MATTHEW HAYS: I think there’s an important universal story to be told about gay clubs and bars and the queer club scene. There have been a number of different books that have come out recently about this; Lucas Hilderbrand wrote really a brilliant one called The Bars Are Ours. Mainstream culture and journalism often erased who we were. Mainstream culture was often censoring and rendering us invisible. So the history of these clubs is often the history of an emerging gay culture and a resilient resistance to the mainstream.

Howinvolvedwereyouinthemakingofthefilm?

MATTHEW HAYS: I did some voiceover work and pre-interviews with a number of people. But my brother is the filmmaker. He directed the film and did the bulk of the writing. I was really more of a consultant and I appear in the film talking about Flashback.

Whatwasitliketomakethisdocumentarywithyourbrother?

MATTHEW HAYS: It was really a fun experience. When we had a screening at a theatre in Edmonton for the cast and crew, I hadn’t yet seen it on the big screen, so I flew back for that. It was really surreal because many of the people who are in the film, and many people I knew from the club, were at the screening. It was great!

PatrickMonaghanwasaclubtechnicianwhofilmeddragshowsatFlashback.Thisarchival footageappearsinyourdoc,andalsohelpedrecreateFlashbackinscenesfilmedatqueer nightclubEvolutionWonderloungeinEdmonton.

MATTHEW HAYS: The owner of Evolution Wonderlounge, Rob Browatzke, was really generous and allowed us to film there. We made Evolution look as much like Flashback as we could, then hired some club kids and dressed them up like they were in the ’80s!

HowdoesqueerlifeinEdmontontodaycomparetowhenyouweregrowingup?

MATTHEW HAYS: I think the suburbs have become much more accepting of gay people.

The culture has changed, a lot of cruising has migrated to apps like Grindr, so that means it isn’t as crucial to have a village or gay clubs like it used to be.

Inourdigitalage,doyouthinkwehavelosttheartofcruising?

MATTHEW HAYS: Oh yeah, there was a lot more to cruising. But back in the day in Edmonton, if you looked at somebody twice, you were afraid you would get punched in the face. Cruising was something that didn’t happen as much in a place like Edmonton. When I arrived in Montreal, I really felt like, “Wow, this is the place to be a ho!”

But I want to stress that it’s important we not utopianize gay clubs. Because gay clubs were also the reason why a lot of gay men abused substances. They were getting drunk. And if your only place to cruise is a bar, that’s not really ideal. So while there was an upside, there was a downside too.

And gay clubs were often quite exclusionary. I heard many racist comments made at bars. There was transphobia and femme phobia, racism and misogyny. A lot of people had internalized homophobia, so I found gay men were often not very nice to other gay men. I used to say, “You can check your coat at the door, but you can’t check your homophobia.”

The people who ran Flashback did their best to make their club inclusive, but the negative aspects of queer culture – how exclusionary and ageist it can be, and the body fascism –that they couldn’t stop. That was still part of what happened inside the club.

YouleftAlbertaforNewYorkbeforecomingtoMontreal.

MATTHEW HAYS: I went to New York to study at the School of Visual Arts. But it was very expensive living in New York, so I applied to film school at Concordia.

Beforeyoubecameafilmandjournalismteacher,youwereawriterandeditorattheMontrealMirrorwhenthealt-weekliesprofoundlyshapedqueercultureinMontreal.Whatwas thateralikeforyou?

MATTHEW HAYS: It was very exciting. The alternative newsweekly’s Mirror, ICI, VOIR and Hour played a really crucial role in shaping the cultural life of the city and, I would argue, the political life as well. We worked really hard, all of us and we didn’t do it for a lot of money. But I was very lucky to have had access to a lot of people. I interviewed everyone from Quentin Crisp to Gore Vidal.

YouandIhadatorridaffairduringthelate90swhenourpapers–MirrorandHour–were engagedinaclassicnewspaperwar.

MATTHEW HAYS: It was a sometimes nasty but healthy rivalry. We always tried to cover things in a way that The Gazette or La Presse would not. That was the point of an alternative paper, and we got to ask a lot of uncomfortable questions. Whenever a newspaper dies, the city loses something. I was devastated to see each of those weeklies go because all of those papers, all of those people, did crucial work for the city.

FlashbackwillscreenatMontreal’sImage+Nation,theoldestqueerfilmfestivalinCanada.

MATTHEW HAYS: I’m excited to watch our film in a dark cinema at Image + Nation before it becomes available on a streaming service. My brother really deserves all the credit. Peter worked really hard on it. Flashback was a nightclub ahead of its time. It was a place that welcomed everybody. There was a sign up in the foyer that said, “Flashback is a club for gay people and their friends.” Flashback is about finding a place where you can explore your identity and be who you really are. 6

RICHARD BURNETT richard@bugsburnett.com

INFOS | Flashback screens at the 37th edition of the image+nation queer film festival which runs from November 20 to 30.

Visit www.image-nation.org and www.flashbackdocumentary.ca.

Les reines du drame

Dans ce film musical franco-belge, qui se situe en 2055, un youtubeur hyper botoxé, Steevyshady (Bilal Hassani), raconte la vie de son ancienne amoureuse et idole, Mimi Madamour, qui s’est amourachée, en 2005, de Billie Kohler, une icône punk. Billie Kohler (Gio) chante du Heavy Metal et se définit comme butch radicale dans cette histoire d’amour racontée, mais aussi chantée. Elle rage contre le patriarcat, refuse les compromissions et voit les portes des maisons de production se refermer. Quant à Mimi Madamour ( Louiza Aura ), elle rêve d’avoir une carrière semblable à son idole, une certaine Magalie Charmer (Asia Argento). Elle est prête à tout pour réussir, jusqu’à taire son lesbianisme et à s’éloigner de Billie Kohler qu’elle trouve trop contrôlante et culpabilisante.  Alexis Langlois dit de son film que c’est une comédie musicale, mais nous sommes plus proches du drame chanté. Dans cet univers de punks et de drags, complètement queer et trash, la caméra porte l’excès, aussi bien dans le choix des images, des maquillages et des transformations des visages, que dans les scènes de violence et les scènes d’amour. Amours malheureuses, espoirs déçus, impostures découvertes, le prix à payer d’une gloire éphémère sur fond de solitude, de désespoir, de renoncement. Alexis Langlois frappe fort et ne fait pas dans la dentelle, puisque tout se passe sur scène, sous les flashs, lors d’entrevues outrancières reprises et commentées sur les réseaux sociaux. Le public est un personnage omniprésent, même si silencieux, mais qui préoccupe tous les gestes, tous les actes des protagonistes qui rêvent de succès, de reconnaissance, sans se soucier de la chute à venir. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Le film Les reines du drame sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale française.

festival image+nation

Nanekawâsis

Ce film lumineux raconte la vie et le parcours artistique de l’artiste cri bispirituel George Nanekawâsis Littlechild. La mère de l’artiste, Rachel Smith, une survivante des pensionnats, est décédée à Edmonton à l’âge de 37 ans, « une personne heureuse, rieuse, écrasée » par la vie urbaine, l’alcool et le désespoir. « À un moment donné, l’espérance de vie pour un Autochtone au Canada était de 37 ans, et c’est à cet âge-là qu’elle est morte », raconte l’artiste. Le petit George a ensuite été envoyé dans une succession de familles d’accueil nonautochtones, un enfant parmi des milliers arrachés de leurs communautés pendant le « rafle des années 60 ». Dans certains de ces foyers, il a subi des abus, mais dans sa dernière famille d’accueil il trouve la sécurité et une mère qui encourage sa passion pour le dessin. « J’ai été chanceux », reconnaît l’artiste. « J’ai vu les côtés sombres de la vie, je les connais, j’essaie d’apporter autant de joie que je peux, mais je ne suis pas naïf. » On suit l’émergence de l’artiste, sa relation avec la nature et sa quête pour renouer avec ses origines, pour trouver sa place dans le monde en tant qu’artiste autochtone bispirituel et pour se servir de son art afin d’honorer ses ancêtres, les victimes de pensionnats, les vies trans et bispirituelles et tous ceux et celles qui essaient toujours de se relever des impacts du colonialisme. Les poèmes de l’écrivaine ojibwée Maria Buffalo enrichissent la narration. 6

RUBY PRATKA redaction@fugues.com

Inspiré d’une histoire vraie, celle du grand-père du réalisateur, Michael Clowater, Drive Back Home entre dans la catégorie des road movies. Le temps d’un long voyage dans un pickup entre Toronto et le Nouveau-Brunswick, deux frères dans la quarantaine — Waldon (Charlie Creed-Miles) et Perley (Alan Cumming) — se retrouvent et tentent de renouer des liens. Weldon, ouvrier plombier, récupère Perley à la sortie d’un pénitencier de Toronto, où il a purgé une peine pour avoir eu des relations sexuelles avec un autre homme dans un parc public. Nous sommes en 1970. Au fil des kilomètres, entre les chambres minables de motels, les pannes du pickup en plein hiver, les longs silences au début entre les deux hommes qui ne savent pas comment se parler, les langues se délient et les frères reparlent de leur enfance, de la violence du père quand il a découvert Perley adolescent dans les bras d’un autre jeune dans une grange. Son père a failli le tuer et il garde la cicatrice visible de cette tentative de meurtre. Se dévoile aussi Waldon, un taiseux, qui n’a jamais osé parler de ce drame dont il a été témoin. Enfermé par les conventions sociales du village qu’il n’a jamais quitté, on devine qu’il ne comprend pas que l’on puisse rejeter quelqu’un en raison de son

THE WRITER

Deux hommes gais sexagénaires, qui se sont rencontrés pendant leur service militaire dans l’armée soviétique dans les années 1980, se retrouvent 30 ans plus tard. Les rues de New York, un air de jazz langoureux, un rayon de soleil qui illumine un salon rempli de livres et d’œuvres d’art : les premières images de  The Writer semblent former le décor d’une comédie romantique sophistiquée et charmante, mais gare aux fausses pistes. D’une sobriété égale à celle de son titre, ce long métrage lituanien tourné en langue anglaise est un huis clos intelligent où il est question d’engagement politique, d’exil et de l’ex-Union soviétique. De l’aveu du cinéaste Romas Zabarauskas, cette introduction est en réalité un clin d’œil à sa source d’inspiration principale : My Dinner With André de Louis Malle. Dans ce long métrage de 1981, le cinéaste imaginait la discussion entre deux anciens amis à propos du théâtre contemporain. Le dialogue unissant les deux uniques personnages de The Writer ne traite pas du même sujet, mais le film de Zabarauskas est également un huis clos nocturne basé exclusivement sur un échange verbal. Auteur à succès ayant fui sa Lituanie natale, Kostas accueille dans son appartement Dima, qu’il n’a pas revu depuis 30 ans. Le scénario prend son temps pour éclaircir la relation exacte entre ces deux personnages avides d’affronter leurs expériences d’oppression sous le régime soviétique. On finit par comprendre que Kostas l’intello et Dima le pragmatique étaient en réalité amants lors de leur service militaire, et que c’est la fuite à l’étranger de Kostas qui a mis un terme à leur histoire. Malgré l’opposition des points de vue politiques exprimés par ces deux personnages, les acteurs se tirent plutôt élégamment de cette montagne de dialogues. The Writer ne craint pas d’avoir l’air bavard et possède néanmoins un double mérite. D’abord, celui de dépeindre des personnages gais du troisième âge, le tout sans maladresse ni condescendance, puis de proposer un cinéma gai ou queer qui aborde sans superficialité le sujet de l’héritage politique. La question posée par le film reste entièrement contemporaine : quand on est doublement opprimé (en tant que citoyen et en tant que personne queer) par un régime autoritaire, le salut se trouve-t-il dans l’exil ou dans l’adaptation ? 6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

homosexualité. Les dialogues témoignent de l’éloignement entre les deux hommes et mettent en scène deux vies différentes enfermées dans une camionnette, avec le long ruban de la route qui symbolise la distance entre eux, mais aussi la possibilité de bricoler des passerelles et de se retrouver au-delà des différences. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

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A Mother Apart

Quand Staceyann Chin et son frère sont tout petits, leur mère abandonne la famille en Jamaïque, en quête d’une nouvelle vie au Canada. Frère et sœur sont confiés à une grandmère dépassée et à une succession de parents qui les laissent à la merci de cousins abusifs.

Les mamans de tous les autres enfants d’expatriés leur envoient des tonnes de cadeaux. Celle de Staceyann n’envoie rien, n’écrit pas, n’appelle pas. Elle réapparaît pendant deux semaines quand Staceyann a neuf ans, avant de disparaître à nouveau, comme si elle voulait oublier ses enfants. Staceyann, par contre, « n’a jamais oublié ni la robe [de sa mère] ni son numéro de téléphone ». On lui dit de ne pas en parler ; elle a l’impression que c’est de sa faute, une impression que sa famille ne fait pas grand-chose pour corriger. Jeune lesbienne, entourée de misogynie et d’homophobie, elle se sent de plus en plus seule.

Elle quitte la campagne pour étudier et se fait agresser par un groupe de jeunes. Excédée, elle part refaire sa vie à New York. « Quand j’ai atterri en Amérique, je me suis dit que je ne serai plus jamais silencieuse », raconte-t-elle. Dans la grande ville, elle devient dramaturge, poète et artiste de spoken word. La colère et le traumatisme laissés par le départ de sa mère la poussent à créer.

Des années plus tard, elle donne naissance à une fille, qu’elle est déterminée à élever dans l’amour et l’indépendance, comme « un être humain complet, peu importe à quel point celles qui l’ont précédée ont été brisées ». Le contraste entre l’enfance de Zuri, entourée d’amour et de validation, et celle de Staceyann est on ne peut plus frappant. Staceyann repart à la recherche de sa mère, suivant ses traces à Montréal et jusqu’en Allemagne, découvrant l’ampleur des dégâts que cette femme charismatique, parfois cruelle et elle-même profondément brisée, a laissé sur son chemin. 6

RUBY PRATKA redaction@fugues.com

INFOS | Le film A MOTHER APART sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale anglaise.

PERFECT ENDINGS

Il y a dix ans Daniel Ribeiro nous proposait The Way He Looks, un premier long-métrage très abouti couronné d’un Teddy Award à Berlin. Avec une belle sensibilité, le cinéaste offrait une chronique légère, presque volatile, qui nous montrait l’émancipation et le premier amour d’un jeune ado aveugle. Cette fois, il nous revient avec Perfect Endings qui met en scène un cinéaste gai, qui après la fin d’une relation amoureuse qui aura duré dix ans, plonge dans le monde des applications de rencontres et découvre une source de revenus en réalisant des films érotiques amateurs.

Le film intègre les réflexions personnelles du réalisateur Daniel Ribeiro, qui s'inspire de ses propres expériences amoureuses pour construire le récit. « Je crois qu'écrire un scénario et faire un film sur mes expériences est un moyen de mieux comprendre mes sentiments, et dans ce film cela a été transféré au personnage de João, qui commence également à écrire un scénario où il peut transformer le des parties de la réalité qui lui déplaisent, revivent des scènes du passé comme il aurait aimé vivre et réécrivent les fins pour être plus heureux» croit Daniel Ribeiro.

«De nombreuses personnes apprécient l’expérience de regarder un film de fiction comme le miroir de leur propre vie et, par conséquent, comprennent mieux leurs propres sentiments et les partagent secrètement et intimement avec les personnages des films. Perfect Endings, d'une certaine manière, répond à cette idée de chercher un guide dans des histoires de fiction, mais il nous rappelle aussi qu'à un moment donné, nous devons faire face à la réalité», poursuit Daniel. Outre les thèmes de l'amour et de la séparation, le film aborde également le rôle omniprésent des réseaux sociaux dans les interactions modernes, en essayant de présenter des conversations médiatisées par technologie de manière créative.

Tourné en 2023, Perfect Endings capture une période d’optimisme renouvelé pour la communauté LGBT+ au Brésil, représentant une aspiration collective à un avenir où la diversité est non seulement acceptée, mais adoptée. « Nous vivons actuellement au Brésil une période où les personnes LGBT+ commencent à pousser un soupir de soulagement après une sombre période de tension et d’incertitude quant à l’avenir. Je pense que le film apporte ce sentiment d'espoir, d'un pays dans lequel la diversité est possible, où chacun peut vivre sans peur d'être ce qu'il est », explique Daniel Ribeiro 6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | Le film PERFECT ENDINGS sera présenté en salle durant le festival image+nation en version originale portuguaise, sous-titrée en anglais.

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NOVEMBRE

EN 40 ANS DE FUGUES

Il va y avoir du sport !

En novembre 1997, un article de Fugues annonce que c’est « L’heure du vote : les jeux gais de 2002 ». Il faut savoir que Montréal attendait avec fébrilité les résultats de sa mise en candidature à titre de ville hôte des jeux. Ce même numéro comptait d’ailleurs cinq autres articles couvrant le sujet, c’est donc dire l’importance de l’événement. Mais quelle est l’histoire des jeux gais et même, de la couverture sportive dans les publications LGBTQ ?

Petite histoire des jeux gais

On pourrait croire que le concept des jeux gais est une création récente, alors qu’il remonte plutôt au début des années 80. En effet, dès 1982, une première compétition se déroule à San Francisco sous l’égide de Tom Waddell, un médecin et décathlonien qui souhaite déconstruire les clichés associés aux personnes queers et offrir un espace de compétition où chacun peut exprimer ouvertement son identité. La règle cardinale étant de miser, avant toute chose, sur le respect de l’autre.

L’événement se déroule du 28 août au 5 septembre 1982 et s’ouvre sur une performance de Tina Turner. Il réunit 1 350 athlètes, représentant 170 villes, autour de 16 disciplines : basket-ball, billard, quilles, cyclisme, plongée, golf, marathon, culturisme, haltérophilie, football, softball, natation, tennis, athlétisme, volley-ball et lutte (ce nombre s’élève maintenant à plus de 30). Comme aux Olympiques, une grande vasque y est embrasée, mais cette fois-ci à l’aide d’une torche qui a traversé tout le territoire des États-Unis à partir de New York, lieu emblématique des émeutes de Stonewall.

Trois semaines avant la tenue des jeux, l’événement doit cependant changer de nom puisque l’expression « Gay Olympics » (Olympiques gais), jusqu’alors utilisée, est contestée par le Comité international olympique (CIO) qui intente une poursuite, arguant un droit exclusif d’utilisation. La Fédération des Gay Games (FGG) n’a alors pas d’autre choix que de mettre au rebut une grande partie de son matériel publicitaire, notamment les affiches qui devaient placarder la ville. À noter que jusqu’alors, le terme « olympique » était utilisé à toutes les sauces, des « California Police Olympics » jusqu’aux compétitions de rats ou de cafards. Bien que fondée en droit, l’indignation soudaine du CIO était sans doute alimentée par une association non souhaitée avec les communautés LGBTQ qui, semble-t-il, est plus agaçante qu’avec des policiers, des rats ou des cafards.

Les Gay Games soulèvent un intérêt immédiat dans les publications LGBTQ québécoises et, entre 1982 et 2004, on retrouve d’ailleurs 90 articles abordant le sujet. Dès 1982, la revue Sortie y consacre deux titres : « Les jeux gais » (octobre) et « Bienvenue aux Gay Games » (novembre). Le Canada récolte quelques récompenses dont deux au Québec avec Gilles Desgagnés qui remporte une médaille d’or au plongeon dans la catégorie 1 m et une seconde pour le 3 m. Il faut par ailleurs noter qu’il n’est pas rare que des records du monde y soient établis, comme ce fut le cas en 1990, lorsque le nageur étatsunien Michael Mealiffe y a battu le record du monde au 100 m papillon.

Les Gay Games se déroulant tous les quatre ans, la fréquence des publications suit celle des compétitions : « Gay Games et l’Afrique du Sud » ( Sortie, juin 1986) ; « Célébration 90 : troisièmes Jeux gais et festival culturel » (Treize, avril 1990) ; « Nos athlètes à New York… » (juin 1994) ; « Félicitations à nos médaillés ! » (août 1994) ; « Les Québécois reviennent d’Amsterdam avec 18 médailles » (octobre 1998) ; « Gay Games à Hong-kong : un témoignage de la diversité » (novembre 2023) et ainsi de suite.

À noter que le sujet est absent de la presse grand public québécoise jusqu’au 3 février 1984, où une première mention apparaît dans le Montreal Gazette : « Gay Games can’t be called ’olympics’ ». Du côté de la presse francophone, cet honneur semble revenir au Devoir, le 30 novembre 1992, dans un reportage sur le culturiste James Michael Lavigne, où est évoquée la médaille d’argent remportée dans la catégorie poids moyen de la troisième édition des jeux : « James et le sida ».

Gay Games versus Outgames Dès 1995, le nom de Montréal est évoqué à titre de ville hôte pour 2002 : « Les jeux gais à Montréal en 2002 ! » (novembre 1995). Grande déception puisqu’une autre ville est sélectionnée : « Les jeux de 2002 : frénésie ! excitation ! déception… les jeux gais de 2002 auront lieu à Sydney, Australie » (décembre 1997). Il faut cependant noter que le Canada (Vancouver) avait déjà accueilli les jeux en 1990 et que la FGG cherchait à arborer des couleurs plus internationales, à l’instar de la ville d’Amsterdam qui avait été choisie en 1998. Ce n’est cependant que partie remise puisque Montréal vise dorénavant les jeux de 2006 : « La candidature de Montréal pour les Jeux gais de 2006 : les jeux sont faits » (novembre 2001).

Montréal est finalement sélectionnée, mais un vigoureux bras de fer se met en place au regard de la taille des jeux et du contrôle que souhaite exercer la FGG sur le budget qui, rappelons-le, était financé en partie par des fonds publics. En novembre 2003, Montréal signifie son intention de tenir l’événement même sans l’assentiment du FGG, qui lui retire immédiatement sa sanction et tourne son choix vers Chicago : « Les jeux de 2006 : chronique d’une rupture annoncée » (décembre 2003).

Montréal se retourne en un clin d’œil et annonce la tenue des premiers World Outgames qui se dérouleront littéralement au même moment que les Gay Games, soit en juillet 2006 : « Les Jeux de Montréal 2006 deviennent les premiers Outgames mondiaux » (avril 2006). Cette première édition des Outgames accueille 10 250 athlètes issu.e.s de 111 pays et se révèle le plus grand événement sportif international organisé à Montréal depuis les Jeux olympiques de 1976. De son côté, les Gay Games attirent 11 500 athlètes en provenance de 70 pays. Malgré ce considérable succès, bien que déficitaire, la survivance de deux événements de facture quasi identique crée de nombreuses polémiques et divise les athlètes. On ne compte que deux autres occurrences des Outgames avant leur dissolution en 2017.

Naissance des groupes sportifs et d’un gala

En septembre 1981, Le Berdache souligne l’intérêt de nos communautés pour le sport : 8« Le gai : un animal ludique ? ». Le thème de l’homophobie dans le sport professionnel est également très tôt abordé : « L’homosexualité dans le baseball » (Sortie, novembre 1982) ; « L’homosexualité dans le milieu sportif » (Sortie, janvier 1983).

Des groupes organisés font progressivement leur apparition au fil des disciplines sportives : « B allon-volant : destination New York ! » (Sortie, mars 1983) ; « Le tournoi de quilles Québec-Montréal » (Sortie, décembre 1983) ; « Volley-ball Lambda » (mai 1991) ; « Lesbo… rtives s’organisent : un groupe de plein air à Montréal » (Treize, juillet 1994) ; « Des premières en nage synchronisée » (octobre 1995) ; « Bonheur maximum : une soirée de baseball gai » (août 1996). Dans la même veine, les activités et le gala sportif d’Équipe Montréal font rapidement les manchettes : « Le gala de la fierté sportive » (juillet 1995) ; « Le bonheur est dans le gymnase (la piscine, l’aréna, le court, etc.) ; « La famille sportive continue de grandir : Équipe Montréal accueille quatre nouveaux groupes » (mai 2001).

Ailleurs dans l’actualité

Le 24 novembre 1956, Ici Montréal pose une question existentielle — « La lutte entre femmes est-elle disgracieuse ? Oui, mais pas plus que la lutte entre hommes » — dans un article qui évoque l’homosexualité des hommes et des femmes qui pratiquent ce sport. En juillet 1976, la revue Ovo Photo présente des photographies de Pierre Gaudard, consacrées à la sexualité des prisonniers et à leurs activités, incluant le sport : « St-Vincent de Paul, prison de Laval (sécurité super maximum) ». À noter que le Ici Montréal du 6 novembre 1954 titre, au sujet de Saint-Vincent-de-Paul : « L’homosexualité, un problème moins grave dans les prisons ».

En 1924, un nouveau journal jaune fait son apparition — Police gazette — dans lequel l’homosexualité est évoquée. Le 9 novembre, on a droit à des ragots (« Échos de Fifiville et de Tapette village ») et à un article sur les descentes de police dans des bars interdits (« Les clubs où la police… »), alors que le 16 on publie un poème qui ridiculise l’amour entre hommes (« L’amour pantonique d’une tapette »).

À nouveau le 6 novembre 1954, Ici Montréal fait une mise en garde indiquant que : « On vient d’ouvrir rue St-Denis un nouveau club de lesbiennes sous l’apparence d’un salon de coiffure ». Finalement, le journal se scandalise le 2 novembre 1957 : « Elles travaillent encore là : deux lesbiennes surprises sur un pupitre, enlacées, bouche à bouche, à Radio-Canada ». Le 17 novembre 1961, la page frontispice du Nouveau journal titre que : « La police brise un réseau de photos pornographiques : raid dans un studio culturiste de la rue NotreDame ». Nul doute que les photos saisies au Studio Caruso Physical Culture se limitaient sans doute à des hommes légèrement vêtus.

Le Berdache est disponible sur le site des Archives gaies du Québec (https://agq.qc.ca/le-berdache/).6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

Note : Lorsqu’une référence ne précise pas le titre du périodique associé à un article, c’est qu’il s’agit de Fugues et lorsque le mois n’est pas mentionné, c’est qu’il s’agit de novembre.

Pour plus de détails sur l’histoire des jeux gais : Gay Games : https://www.gaygames.org/ Outgames : https://en.wikipedia.org/wiki/World_Outgames et https://montreal2006.info/

LA MAISON PLEIN CŒUR COMPTE SUR LA GÉNÉROSITÉ DU PUBLIC

Dès 17 h le 1er novembre prochain, au bar Le Cocktail, la Maison Plein Cœur fera le lancement de sa campagne annuelle de financement qui se déroulera à partir de cette date et jusqu’au 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida. Cette soirée spéciale sera animée par Denis-Martin Chabot. Julie Curly et Sebz chanteront pour le plus grand plaisir des gens rassemblés dans ce bar de la rue Sainte-Catherine Est pour cette occasion !

En 2024 et comme les années précédentes, le thème de la campagne sera « Une histoire de cœur et de VIH ». Elle sera axée sur le rôle que joue la Maison Plein Cœur (MPC) auprès des personnes vivant avec le VIH-sida. Et les services sont nombreux pour une petite équipe : activités récréatives et culturelles, logements, aide aux pairs, distribution alimentaire, transport pour des rendez-vous médicaux ne sont que quelques-uns des nombreux services offerts par la Maison Plein Cœur (MPC), fondée en 1991. Mais voilà, les choses sont loin d’être roses pour un organisme communautaire tel que la Maison Plein Cœur : « Nos frais d’exploitation ont considérablement augmenté depuis trois ans : masse salariale, nourriture, entretien, etc. Or, notre unique subvention à la mission n’a été majorée que de 3,2 % en 2023 et de 2,7 % en 2024 — bien en deçà des taux d’inflation », ceci est tiré de l’infolettre de la MPC. On l’aura ainsi bien compris, le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec est inadéquat si l’on désire offrir de nombreux services aux quelques centaines d’usagers. Un seul exemple ici, la distribution alimentaire : 1er avril 2023 au 31 mars 2024, ce sont 1226 paniers qui ont été distribués au cours de 24 livraisons. Il s’agit donc de 406 paniers de plus comparativement à l’année financière précédente. Cette aide alimentaire représente une valeur de 136 791,84 $ pour un total de 17 628 kg de nourriture ! D’où l’objectif de cette année de 65 000 $ pour mieux financer les 14 programmes et services. « Nous avons vraiment besoin de ces 65 000 $ pour poursuivre et faire fonctionner nos services et nos divers programmes de la Maison Plein Cœur », de souligner Nancy Labonté, la directrice générale de l’organisme. Bon an mal an, la Maison Plein Cœur devrait bénéficier d’un budget total d’environ 1 M$, mais il lui manque toujours à peu près 15 % qu’il reste à combler par d’autres sources de financement, comme cette campagne de levée de fonds qui fait appel à la générosité des donateurs et donatrices.

Une soirée amusante

Le 1er novembre, on aura droit au dévoilement de la vidéo de campagne mettant en vedette Barbada, Julie Curly et Sebz, les porte-paroles de cette campagne, ainsi que Rosie (Roseleine Delva), la coordonnatrice et intervenante — services psychosociaux, femmes et familles. Le tout de manière très drôle. On nous promet d’ailleurs que cette vidéo sera tout en humour et en rire. Avec le titre de « Indétectable », c’est tout de même un clin d’œil aux personnes séropositives « indétectables », tout en se voulant un pastiche de la série judiciaire Indéfendable présentée sur les ondes de TVA en ce moment.

« Le cœur a sa maison »

Oui, c’est le slogan du nouveau projet d’agrandissement et de rénovation de la Maison Plein Cœur. On vous a déjà parlé de cet édifice qui viendra en annexe à la bâtisse actuelle située sur la rue Dorion. Ce projet est estimé à plus de 11 M$. « Nous avons sécurisé plus de 4 500 000 $. Nous attendons la confirmation pour d’autres sommes qui nous emmèneraient à 7 000 000 $. Nous prévoyons un emprunt hypothécaire de 1 500 000 $. Et nous comptons sur une campagne de financement publique pour amasser les 3 000 000 $ qui restent », peut-on lire sur le site de MPC. Il y aura une campagne de financement séparée qui s’étendra sur une période de trois ans. On devrait en avoir des nouvelles en 2025. 6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | T. 514-597-0554 ou www.maisonpleincoeur.org Rappel de la soirée : 1er novembre dès 17 h, au bar Le Cocktail

Veuillez communiquer avec le groupe LGBTQ+ qui vous intéresse pour connaître leur horaire d’activités. POUR TOUTES MODIFICATIONS: INFO@FUGUES.COM

AFFAIRES

MONTRÉAL

CHAMBRE DE COMMERCE

LGBT DU QUÉBEC

T. 514-522-1885 clgbtq.org

SDC DU VILLAGE

T. 514-529-1168 villagemontreal.ca

AINÉS

MONTRÉAL

ARCG

T. 514-730-8870 arcgai.org Activités, soutien, entraide GAY AND GREY MONTREAL

T. 514-487-6760 gayandgreymontreal.com

QUÉBEC

VIEUX AMIS Facebook.com

AÎNÉS GAIS DE LA CAPITALE Brunch mensuel / facebook.com nebadon07@gmail.com

CENTRES COMMUNAUTAIRES

MONTRÉAL

CENTRE ALEXANDRE-DE-SÈVE DES LOISIRS SACRÉ-COEUR

T. 514-872-2928

2040, rue Alexandre-de-Sève

CENTRE COMMUNAUTAIRE LGBTQ+

T. 514-528-8424, 2075 Plessis, # 110 cclgbtqplus.org

COMITÉ SOCIAL CENTRE-SUD

T. 514-596-7092 1710, rue Beaudry 211 GRAND MONTRÉAL Ressources communautaires T. 211 ou clavardez via 211qc.ca

OUTAOUAIS / OTTAWA

CENTRE DE SANTÉ

COMMUNAUTAIRE DU CENTRE-VILLE

T. 613-233-4443 info@centretownchc.org

CULTURE

MONTRÉAL

ARCHIVES GAIES DU QUÉBEC

T. 514 287 9987

ARCHIVES LESBIENNES DU QUÉBEC 2075, rue Plessis, local 110 archiveslesbiennesduquebec.ca

BIBLIO. À LIVRES OUVERTS LGBTQ+

T. 514-528-8424 biblio.cclgbtqplus.org

FIERTÉ MONTRÉAL

T. 514-903-6193 fiertemontrealpride.com

FESTIVAL IMAGE+NATION image-nation.org

MTL EN ARTS mtlenarts.com

QUÉBEC

FIERTÉ DE QUÉBEC

T. 418-809-3383 fiertedequebec.ca

OUTAOUAIS / OTTAWA

FIERTÉ DANS LA CAPITALE

T. 613-252-7174, Ottawa

LANAUDIÈRE

CAFÉ COOP DU BAL MASKI 401 rue Maskinongé, Saint-Gabriel balmaski.com

DISCUSSIONS / SOUTIEN MONTRÉAL

AL-ANON

T. 514-866-9803 Groupe pour familles des alcooliques LGBTQ+

ALCOOLIQUES ANONYMES

T. 514-376-9230 aa-quebec.org

ANGLOPHONE LESBIANS sistersunited2014@outlook.com Social activity group.

AQAPMM-SANTÉ MENTALE

T. 514-524-7131

CENTRE DES FEMMES VERDUN

T. 514-767-0384. Pour lesbiennes

CENTRE D’ORIENTATION

SEXUELLE DE L’UNIVERSITÉ MCGILL

T. 514-934-1934 #43585

CREACC-DIVERSITÉS info.creacc@gmail.com

CENTRE SOLIDARITÉ LESBIENNE

T. 514-526-2452

COCAÏNOMANES ANONYMES caquebec.org

LGBTQ+ et ami.e.s, jeudis 19h30

COLLECTIF CARRÉ ROSE

T. 514-831-3150 ou Facebook

CRYSTAL METH ANONYMES cmamtl.org

DÉPENDANCE AFFECTIVE

SEXUELLE ANONYME DASA

T. 514-983-0671

L’ÉCHO DES FEMMES

T. 514-277-7445

FONDATION ÉMERGENCE

T. 514-866-6788

GROUPE INTERVENTION VIOLENCE

CONJUGALE LESBIENNE

T. 514-526-2452

GRIS – MONTRÉAL

T. 514-590-0016 gris.ca

NARCOTIQUES ANONYMES LGBTQ+ 2075, rue Plessis, dimanche à 14h.

PRINCIPES COGNITIFS

T. 514-485-2194 (10h-17h)

RÉZO

T. 514-521-7778 #226 rezosante.org info@rezosante.org

SILK silk@caeoquebec.org

QUÉBEC

ALLIANCE ARC-EN-CIEL DE QC

T. 418-809-3383 arcencielquebec.ca

PRISME

T. 418-649-1232 prisme.org

BAS-ST-LAURENT

GAI-CÔTE-SUD

T. 418-856-3566, M. Dionne.

CHICOUTIMI

FÉMIN’ELLES

T. 418-550-2259.

GASPÉSIE

LGBT+ BAIE-DES-CHALEURS lgbt-bdc.net

LGBT HAUTE-GASPÉSIE facebook.com

LAVAL/LAURENTIDES

L'ARC-EN-CIEL DISCUSSIONS

T. 450-625-5453, Lesbienne

MAURICIE

LGBT MAURICIE

T. 819-531-0770, Louis facebook.com

TANDEM MAURICIE

T. 819-374-5740, Kayla Palin

MONTÉRÉGIE

CAFÉ-CAUSERIE POUR FEMMES

LESBIENNES ET BISEXUELLES

T. 450-651-9229 #26

DÉPENDANTS AFFECTIFS

T. 450-780-2813

ÉMISS-ÈRE

T. 450-651-9229 #24 emiss-ere.ca

JAG — ORGANISME LGBT+ T:. 450 774-1349/1 800 774-1349 lejag.org

OUTAOUAIS / OTTAWA

PROJET ENTRE HOMMES

T. 819-776-2727 ou 1 877 376-2727 lebras.qc.ca

MAX OTTAWA

T. 613-701-6555 maxottawa.ca

RIMOUSKI

FLIQR facebook.com/FliQr

Groupe queer féministe

UNIPHARE

T. 418-722-7432 uniphare.com

SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN

DIVERSITÉ 02

T: 581-447-2211 diversite02.ca

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU

GROUPE GLBT-LGBT

T. 514-464-9555, Ian Ouellet ou T. 438-274-4986, Christian White

SHERBROOKE

ENTRE-ELLES SHERBROOKE

T. 819-580-7460, Sophie entre.elles.sherbrooke@gmail.com

GROUPE DE DISCUSSIONS POUR HOMMES GAIS

T. 819-823-6704.

IRIS ESTRIE

T. 819-823-6704 irisestrie.org

PARTOUT AU CANADA

COORDINATION LGBT D’AMNISTIE INTERNATIONALE

CANADA FRANCOPHONEE

T. 514-766-9766 ou 1-800-565-9766 Facebook.com

EGALE CANADA

T. 1-888-204-7777

PARTOUT AU QUÉBEC

FIERTÉ AGRICOLE

T. 450-768-6995 fierteagricole.org

RÉSEAU DES LESBIENNES DU QUÉBEC

T. 438-929-6928 rlq-qln.ca

ÉCOUTE

PARTOUT AU QUÉBEC

INTERLIGNE

1-888-505-1010 interligne.com Écoute téléphonique et clavardage SUICIDE suicide.ca

NARCOTIQUES ANONYMES 514-249-0555 naquebec.org Écoute 24h/24

CAEO QUEBEC caeoquebec.org Écoute / ressources en anglais.

GROUPE ETHNIQUE / IMMIGRATION

MONTRÉAL

AGIR MONTRÉAL agirmontreal.org

GA’AVA info@gaava.org

HELEM-GROUPE LGBT LIBANAIS T. 514-806-5428 montrealhelem.org

LEGIT-QUÉBEC 514-907-5366 Aide pour les conjoints de même sexe et l’immigration.

AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL

T. 514-527-4417 Lutte contre l’homophobie au sein des communautés immigrantes.

JHALAK MONTRÉAL Communautés sud-asiatiques facebook.com/jhalakmontreal

ITALO QUEER MONTRÉAL Communautés italienne facebook.com

MONTRÉAL AUTOCHTONE Communauté autochtone nativemontreal.com

AFRO PRIDE Communauté afro/BIPOC/Caribbean Facebook.com

JEUNES / FAMILLE

MONTRÉAL

ALTER HÉROS alterheros.com

L’ALTERNATIVE lalternative.ca

Ass. LGBTQ+ UDM PÈRES GAIS DE MONTRÉAL (APGM)

T. 1 855-237—2746 apgmqc.wordpress.com

L’ASTÉRISK

T. 514-523-0977 coalitionjeunesse.org

COALITION DES FAMILLES LGBT

T. 514-878-7600 familleslgbt.org

COMITÉ FAMILLE ET QUALITÉ DE VIE DES GAIS ET LESBIENNES

T. 514-521-4993 847, rue Cherrier, #201

CONCORDIA QUEER COLLECTIVE

T. 514-848-7414

FONDATION ÉDUCATION ÉMOTIONNELLE LOVE (FEEL) T. 438-992-8542 feelvie.blogspot.ca

GRIS – MONTRÉAL

T. 514-590-0016 www.gris.ca

JEUNESSE, J’ÉCOUTE 1-800-668-6868 Aide et écoute 24/7, les 5 à 20 ans. jeunessejecoute.ca

JEUNESSE LAMBDA

T. 514-528-7535 25 ans etjeunesselambda.com

LGBTQ YOUTH CENTER WEST ISLAND

T. 514-695-0600 lgbtq2centre.com

PARENTS D’ENFANTS GAIS

T. 514-282-1087

PROJET 10

T. 514-989-4585 p10.qc.ca

QUEER MCGILL

T. 514-398-2106 queermcgill.org

RÉPITSS-UQAM

T. 514-987-3000, #4041 320, rue Ste-Catherine Est, local DS-3125

QUÉBEC

ARCO IRIS

T. 418-658-5389

Asso étudiante du Cégep Ste-Foy.

COALITION DES FAMILLES LGBT T. 418-523-5572

L’ACCÈS

T. 418-523-4808 Pour 14-25 ans. GROUPE GAI UNIVERSITÉ LAVAL T. 418- 656-2131 ggul.org

GRIS – QUÉBEC

T. 418-523-5572 grisquebec.org

PÈRES GAIS DE QUÉBEC

T. 418-572-7273, Marc

CHAUDIÈRE-APPALACHES

GRIS CHAUDIÈRE-APPALACHES

T. 581-225-8440

GRANBY

DIVERS-GENS

T. 579-488-8004 170, St-Antoine Nord, local 107, Granby divers-gens@hotmail.com

SHERBROOKE

GRIS ESTRIE

T. 819-434-6413 grisestrie.org

ASSOCIATION LGBTQ DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE glebus@usherbrooke.ca

LANAUDIÈRE

LE NÉO

T. 450-964-1860 ou 1 800 964-1860 le-neo.com

LONGUEUIL

AMALGAME

T. 450-651-9229 #24, 1-888-227-7432 462, Boul. Sainte-Foy

MAURICIE

GRIS-MAURICIE/CENTRE-DU-QC T.819-840-6615 ou 1 877 745-0007 grismcdq.org

L’ACCÈS

T. 819-376-1721 #2529, Trois-Rivières OUTAOUAIS / OTTAWA

JEUNESSE IDEM

T. 819-776-1445 ou 1-877-776-1445

SANTÉ

MONTRÉAL

CENTRE D’AIDE AUX PERSONNES ATTEINTES DE L’HÉPATITE C

T. 514-521-0444 ou 1-866-522-0444

CENTRE DE PRÉVENTION DU SUICIDE

T. 514-683-4588

CENTRE DE RESSOURCES ET D’INTERVENTION EN SANTÉ ET SEXUALITÉ

T. 514-855-8991

PROJET TRAVAILLEURS DU SEXE

T. 514-521-7778 # 224

T. 514-529-7777

RÉZO

T. 514-521-7778 #226 rezosante.org info@rezosante.org

STELLA (TRAVAIL DU SEXE)

T. 514-285-8889

SUICIDE-ACTION MONTRÉAL

T. 514-723-4000 ou 1-800-Appelle

SPIRITUALITÉ MONTRÉAL

BELIEVE

sju_believe@gmail.com facebook.com

COMMUNAUTÉ CHRÉTIENNE

SAINT-PIERRE-APÔTRE

T. 514-524-3791 1201, Visitation

FOI ET FIERTÉ

T. 514-866-0641

110, rue Ste-Catherine E.

QUÉBEC

GROUPE CHRÉTIEN GAI

T. 418-656-2189

SPIRITUALITÉ ENTRE NOUS

T. 418-623-4086, Ginette Lauzon

TRANS

PARTOUT AU QUÉBEC

AIDE AUX TRANS DU QUÉBEC

T. 1-855-909-9038 #2 atq1980.org Écoute téléphonique 24h/24

OUTAOUAIS / OTTAWA

TRANS OUTAOUAIS

T. 343-202-5006 transoutaouais.com

ESTRIE

TRANSESTRIE

T. 873-989-1289 transestrie.org

SPIRITUALITÉ ENTRE NOUS T. 579-488-8004 diversgens.org

VIH/SIDA

MONTRÉAL

ACCM

T. 514-527-0928 accmontreal.org

COCQ-SIDA

T. 514-844-2477 cocqsida.com

FONDATION L’ACTUEL

T. 514-270-4900 lactuel.org

FONDATION QUÉBÉCOISE DU SIDA

T. 514-315-8839 fqsida.org

MAISON D’HÉRELLE

T. 514-844-4874 maisondherelle.org

MAISON DU PARC

T. 514-523-7420 maisonduparc.org

MAISON PLEIN CŒUR

T. 514-597-0554 maisonpleincoeur.org

PORTAIL VIH/SIDA DU QC

T. 514-523-4636 ou 1-877-Portail 3330, rue Jarry Est

GAP-VIES

T. 514-722-5655 gapvies.ca

RÉZO

T. 514-521-7778 #226 rezosante.org info@rezosante.org

RÉSEAU DE LA SANTÉ SEXUELLE DES SOURDS DU QUÉBEC

T. 438-476-7260 rsssq.org

QUÉBEC

MIELS

T. 418-649-1720 miels.org

BEAUCE

ASSOCIATION BEAUCERONNE D’INTERVENTION SUR LE SIDA

T. 418-227-6662

CÔTE-NORD

ACTIONS SIDA CÔTE-NORD

T. 418-962-6211 ou 1 888 611-7432 macommunaute.ca

ESTRIE

LA RÉPLIQUE ESTRIE

T. 819-348-2670 archedelestrie.org

LAVAL / LAURENTIDES CENTRE SIDA AMITIÉ

T. 450-431-7432

SIDA-VIE LAVAL

T. 450-669-3099

MONTÉRÉGIE

ÉMISS-ÈRE

T. 450-651-9229 ou 1 888 227-7432 462, boul. Sainte-Foy, Longueuil

CLINIQUE SIDEP MONTÉRÉGIE

Exclusive aux hommes gay RDV : 450-466-5000 #4352 santemc.quebec/sidepplus

OUTAOUAIS / OTTAWA

B.R.A.S.

T. 819-776-2727 1-877-376-2727 lebras.qc.ca

RIMOUSKI

MAINS

T. 722-SIDA 1-888-844-7432 trocbsl.org

SAGUENAY

MIENS (À CHICOUTIMI)

T. 819-693-8983 lemiens.com

VICTORIAVILLE

BLITSS

T. 819-758-2662 blitss.ca

MAURICIE

MAISON RE-NÉ maisonrene.com

FÉTICHE

MONTRÉAL

PHOENIX DE MONTRÉAL

Club cuir et latex phoenixmtl.com

BLUF MONTRÉAL

Club cuir et uniformes bluf.com/local/montreal

MONTRÉAL JACKS

Club de J/O montrealjacks.com

ÉROTISME AU MAXCULIN

Ateliers erotismeaumaxculin.com

SPORTS ET LOISIRS

MONTRÉAL

NON MEMBRES D’ÉQUIPE MONTRÉAL BALLE LENTE LES PHÉNIX

T. 514-451-9114, Alex. ballephenix.com

LES BOLIDES (QUILLES)

T. 514-214-6763, Benoît Nault lesbolides.org

CHŒUR QUÉBÉCOIS

T. 514-253-4479, Jean-François. Chœur mixte LGBTQ+ et hétéros.

CURLING – LES PHÉNIX

T. 514-250-7155 lesphenix.wordpress.com

HOCKEY LES DRAGONS montrealdragons.org

QUILLES LES FAUVES

T. 514-527-7187, Yves Fontaine

QUILLES LES GAILLARDS

T. 514-231-9249, Pascal

QUILLES LAMBDA

T. 514-706-1849

QUILLES DES RENOUVEAUX

T. 514-771-6721, Richard Bégin

LOISIRS DIVERSIONS

algi.qc.ca/asso/loisirsdiversions Pour femmes de 40 ans+

LES LUDOVORES

T. 514-528-8424, Christian Facebook.com/Les-Soir-Ludovores

QUEER TANGO MONTRÉAL

Facebook.com

SOCCER FÉMININ

T. 514-622-3025, Sonia Latreille

STUDIO DANSE ARC-EN-CIEL

T. 514-438-764-5737

QUÉBEC

GALOPINS QUÉBEC

Groupe de marche/course LGBTQ+ galopins.quebec@yahoo.com

HORS-SENTIERS – QUÉBEC

T.418-440-3885 randonnée et plein air.

LIGUE QUILLES VOLTE-FACE 418-802-4901, Guy Carrier VOLLEY-BALL QUÉBEC

T. 418-204-9669 volleyquebec@yahoo.ca

OUTAOUAIS / OTTAWA

GROUPE DES GAIS FRANCOPHONES DE L’OUTAOUAIS Facebook.com

OTTAWA KNIGHTS

T. 613-237-9872 #2038

RAWDON

LIGUE VENDREDIS GAIS BOWLING T. 450-834-2700

RIVE-SUD MONTRÉAL

LIGUE DE QUILLES MIXTES T. 450-928-0981, Alain

SAINT-JEAN SUR-RICHELIEU

LOISIRS POUR FEMMES GAIES ST-JEAN-SUR-RICHELIEU T. 514-927-7190

SAGUENAY LAC-SAINT-JEAN DIVERSITÉ 02 T: 581-447-2211 diversite02.ca

JOLIETTE

LIGUE DE QUILLES LGBTQ ET AMI.E.S T. 450-756-7012, Joliette

equipe-montreal.org info@equipe-montreal.org facebook.com/equipemontrealLGBT.

AÉROBIE À PIEDS LEVÉS apiedsleves.wordpress.com Facebook-instagram : À Pieds Levés

BADMINTON G-BLEUS gbleus.com Facebook.com/Gbleus officiel

BALLE-MOLLE MAXIMA info@maximamontreal.com

CHŒUR GAI DE MONTRÉAL T. 514-933-2942 Chœur hommes Facebook.com/ choeurgaidemontreal

CHORALE TRANSMASC/ MOC CHOIR OF MONTREAL QC facebook.com/Chorale Transmasc choraletransmasc@ equipe-montrreal.org

CURLING - LES FOUS DU ROI T. 514-629-7184, Denis Roy roy.denis@hotmail.com

DANSE COUNTRY-CLUB BOLO

T. 514-849-4777 clubbolo.com

DODGEBALL LGBT DE MONTRÉAL LES RATONS CHASSEURS facebook.com/lesratonschasseurs

LES DRAVEURS, BATEAU-DRAGON info.draveurs@gmail.com.

ENSEMBLE - COLLECTIF THÉÂTRAL LGBTQIA+ T. 438-835-6282 jeff3478@hotmail.ca

ENSEMBLE VOCAL DIVERTISSON divertisson.com

ENSEMBLE VOCAL EXTRAVAGANZA Chœur mixte info@extravaganzavocal.org

ENSEMBLE VOCAL GANYMÈDE T. 514-525-8527 Chœur hommes evganymede.com

ENSEMBLE VOCAL LES NANAS T. 514-481-2545 Chœur femmes

FOOTBALL FÉMININ BLITZ DE MONTRÉAL montrealblitz.ca facebook.com/montrealblitz

GALOPINS COURSE MARCHE T. 514-503-6905 info@galopins.ca facebook.com/galopinsmontreal

GROUPE SOCIAL FÉMININ LES CHOUETTES leschouettes.ca

JUKE FC Instagram.com/juke.collective soccerforqueers@gmail.com

LIGUE DE FOOTBALL AUSTRALIEN DU QUÉBEC cuellar.chris@gmail.com facebook.com/AFL.Quebec

NATATION & WATER-POLO À CONTRE-COURANT info@acontrecourant.qc.ca Entraînement pour tous les niveaux de performance.

MONTRÉAL GAYMERS

T. 514-700-6332, facebook.com/MTLGaymers info@mtlgaymers.com

OUTSQUASH outsquash.com

PLEIN AIR HORS SENTIERS

T. 450-433-7508 ou 418-440-3885 horssentiers.ca

RUGBY ARMADA MTL RFC armadamontreal.com facebook.com/armadamontreal

LES SHAMROCKS DE MONTRÉAL montrealshamrocks.com

SOCCER LGBT+ MONTRÉAL soccer-lgbt-montreal.ca

TENNIS LAMBDA tennislambda.org

CLUB DE TENNIS DE L’ÎLE-DES-SŒURS. tennislambda@gmail.com

VOLLEYBALL BORÉAL

T. 514-813-5737, Allan 514-880-6525, Manuel) volley-boreal.net facebook.com/Volley Boreal

YOGA GAI ZONE MTL yogagaizonemtl.wixsite.com/yogi

Retour du gala annuel

Équipe Montréal a tenu son Gala à grand déploiement le 5 octobre dernier à l’Union Française, sous la thématique de la Reconnexion.

Reconnexion avec ses équipes membres en leur donnant une plateforme pour honorer leurs athlètes, bénévoles et personnalités de l’année. Équipe Montréal a également donner la chance à quatre de ses équipes membres de performer sur scène: l’Ensemble vocal Ganymède, la Danse country Club Bolo, l’aérobie À pieds levés et Montréal Roller Derby.

Malgré 4 ans d’absence, les équipes membres ont répondues à l'appel! Ils et elles ont été nombreux-euses à venir assister au gala et l’ambiance était conviviale et participative.

Yves Lafontaine, éditeur et rédacteur en chef du magazine Fugues, était président d’honneur de cette 29e édition de ce gala. Du côté de l’animation, c’est Jessie Bordeleau et Sally-D qui ont rendu cette soirée mémorable en faisant participer le public à plusieurs reprises dans la soirée. Du côté d’Équipe Montréal, le conseil d’administration a été impressionné par le nombre de candidatures pour les cinq grands prix. Le comité de sélection a eu du fil à retordre pour décerner les cinq grands prix qui sont allés aux personnes et événements suivants :

Prix Claude Mailhot : Victor Junior Roberge

Prix Personnalité de l’année : Benjamin Allain-Vaillant Prix Guy Marin : Carole Leduc et Mattéo Estevès Prix Athlète de l’année : Jean Gilbert et Rugby Armada Montréal Prix Événement de l’année : Coupe de la Reine 2024 et Tournoi de Waterpolo – Poolo Party

Rappelons qu’Équipe Montréal a accueilli dans ses rangs 11 nouvelles groupes, au cours des récentes années : Blitz Football Féminin, Montreal Roller Derby, Crystal Queers Ultimate Frisbee, Les Cupidons Combat d’archer, le Curling Les Phénix, le Collectif Juke Soccer, BMQS Balle Molle Queer Softball, la Balle Molle Les Phénix, Yoga Gai Zone, LezBoat Bateau Dragon collectif queer et Planche collective Skateboard

La prochaine rencontre de réseautage d’Équipe Montréal se tiendra le vendredi 17 janvier. Plus de détails via Facebook et Instagram! 6

SÉBASTIEN THIBERT redaction@fugues.com

INFOS | https://equipe-montreal.org

CRÉDIT : PRIX ATHLÈTE DE L’ANNÉE : JEAN GILBERT ET RUGBY ARMADA MONTRÉAL

LA COUPE DE LA REINE COURONNÉE ÉVÉNEMENT

SPORTIF DE L’ANNÉE 2024 PAR ÉQUIPE MONTRÉAL

La 30 e édition de la Coupe de la Reine qui se déroulait du 30 août au 2 septembre au Club de tennis Ile des Sœurs a été couronnée « Événement de l’année 2024 » par Équipe Montréal, lors du gala qui se tenait le samedi 5 octobre dernier. Grâce à la généreuse contribution des commanditaires et des participants, le tournoi de tennis a permis d’amasser la somme record de 10 333 $ pour l’organisme Interligne.

Organisé par Montréal Tennis Lambda et sanctionné par l’organisation internationale GLTA (Gay and Lesbian Tennis Alliance), ce tournoi réunissait quelque 140 joueurs et des joueuses de tous les niveaux (Open, A, B, C et D) en provenance du Québec, du reste du Canada, des États-Unis et d’Europe. La délégation montréalaise s’est particulièrement illustrée cette année puisque pas moins de 25 joueurs ont atteint une demi-finale et/ou une finale dans toutes les catégories. L’événement a débuté vendredi soir au bar Le Stud dans le Village avec le cocktail de bienvenue. Au total, plus de 200 matchs de simple et de double ont été disputés du samedi matin 8 heures au lundi après-midi 16 h. L’un des points forts du week-end fut le traditionnel banquet du dimanche soir au Lion d’Or marqué, encore cette année, par des performances éclatantes et originales de 3 drags queens qui avaient troqué les souliers de tennis pour des talons hauts.

La 30e édition de la Coupe de la Reine a été rendue possible notamment grâce à ses précieux commanditaires : Hitachi Energy Canada, Air Canada, Babolat, Le Stud, Tennis Giant, Pharmaprix du Village, Raymond Chabot Grant Thornton, Allard Allard & Associés, Amore Pacific, Alt Hôtel, McDonald’s, Agropur, Vegpro, SDC du Village, Chris Lau photographe, Metro Dorion et Première Moisson. La 31e édition de la Coupe de la Reine se tiendra du 29 août au 1er septembre 2025.

Pour voir les photos du tournoi ou la vidéo d’ouverture du banquet, consultez la page Facebook de la Coupe de la Reine : https://www.facebook.com/tennislambda 6

ÉTIENNE DUTIL redaction@fugues.com

CLUB BOLO

Les 23 et 30 novembre 2024, quelques danseurs et danseuses du Club Bolo participeront à un événement corporatif à Valleyfield. Des cours de niveau débutant, intermédiaire et avancé sont offerts les vendredis à compter de 19 h. Gratuité des trois premiers cours pour les nouveaux. N’hésitez pas à participer à nos activités et à consulter notre site Web pour tous les détails ou la page Facebook du Club Bolo. Venez expérimenter le plaisir de la danse country au Centre Yvon Deschamps (ASCCS). 6

INFOS | 514-849-4777  https: //www.clubbolo.com

Les AGQ  : lancement de la campagne de financement 2024-2025

Les Archives gaies du Québec (AGQ) viennent de lancer leur nouvelle campagne de levée de fonds avec, comme d’habitude, le tirage d’une œuvre. Comme par les années passées, pour chaque don de 75$, les gens reçoivent un billet pour le tirage et un reçu pour fins d’impôts. C’est simple et cela contribue à faire grandir cet organisme qui a célébré ses 40 ans d’existence en 2023.

Pour ceux et celles qui ne connaissez pas les Archives dommage pour vous parce que vous avez raté, entre autres, la belle exposition Les dessous de Fugues (du 27 juillet au 14 septembre), pour célébrer les 40 ans de notre revue. Auparavant, FAG QC : Fonds des Archives gaies du Québec, du 10 décembre 2023 au 6 avril 2024, venait souligner les 40 ans des AGQ. L’Activisme esthétique d’Act Up Montréal : une histoire en photos et en affiches, du 17 juin au 8 octobre 2023, présentait une partie du fonds de Michael Hendricks et René LeBoeuf, des militants d’Act Up ayant lutté pour la cause du sida. Enfin, Dessins de Michel Daigneault et de Stephen Schofield sur des textes d’Yves Navarre occupaient les murs des AGQ du 18 mars au 14 mai 2023. Le tout se tenait dans l’Espace Caisse Desjardins du Quartier latin, dans les locaux des Archives. «Les trois dernières expositions ont généré la présence de plus de 1000 personnes ce qui est absolument très bon puisque nous ne sommes pas un centre d’expositions», affirme Pierre Pilotte, le coordonnateur des Archives. L’exposition sur le thème de l’écrivain Yves Navarre, sous le commissariat de Claude Gosselin, avait attiré également plusieurs centaines de personnes.

Si l’an dernier c’est une œuvre de Stephen Schofield qui avait été offerte pour la campagne de financement, et bien pour cette année c’est son confrère Michel Daigneault , ancien professeur de peinture et d’art contemporain à l’Université York de Toronto, qui a gracieusement fourni une création réalisée lors de l’exposition de 2023. Les gens auront la chance de remporter le tableau très coloré «Suzy chaussure dans sa boîte .02», d’une grandeur de 23 x 29 cm, une œuvre encadrée et d’une valeur marchande de 1800$. Rien de moins ! À qui la chance ? Le tirage sera effectué en janvier 2025.

«L’an dernier, nous avons récolté un peu plus de 50 000$. Notre objectif cette année est d’atteindre, également, les 50 000$. Cette somme nous aide à présenter nos expositions, à organiser nos activités et à recevoir les chercheuses et les chercheurs désirant consulter nos abondantes archives puisque nous ne recevons pas de subventions pour ces types d’activités-là», indique-t-il.

«Les seules subventions publiques que nous recevons sont liées à des projets spécifiques et temporaires, mais aucunement pour le fonctionnement, de poursuivre Pierre Pilotte. C’est pourquoi, encore une fois, depuis maintenant 41 ans, ce sont les dons que nous recevons de

nos fidèles donatrices et donateurs qui nous permettent d’assurer notre présence auprès des communautés LGBTQ2S+ et du grand public.»

Un exemple de cette présence auprès des communautés LGBTQ2S+ est certainement les projections réalisées l’été dernier, en collaboration avec Fierté Montréa l et le collectif de projection Le Sémaphore, au parc de l’Espoir. Trois soirées de projections de textes, d’images, d’affiches, etc., tournant principalement autour du VIH-sida et du combat mené par les militants de la première heure et une prochaine projection le 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida. Pour cet événement-là, les AGQ tiennent à remercier particulièrement Roger LeClerc, René LeBoeuf et André Querry pour avoir prêté leurs voix et leurs regards sur les vidéos. Simone Beaudry-Pilotte, archiviste, ainsi que Mark Andrew Hamilton (en tant que commissaire invité), ont également participé à ce projet mené au parc de l’Espoir au mois d’aout dernier principalement.

«Rappelons que les Archives gaies du Québec sont les plus importantes archives LGBTQ2S+ francophones au monde, c’est pourquoi nous désirons continuer de préserver ces archives-là et de les pérenniser et organiser des activités ou expositions les mettant en valeur», de conclure le coordonnateur des AGQ, Pierre Pilotte qui remercie chaleureusement la Caisse Desjardins du Quartier latin pour son appui. Le tirage du mois de janvier 2025 clôturera ainsi la campagne de financement de cet organisme-là.  6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | https://www.agq.qc.ca ou 514-287-9987

C.P. 843

Succursale Place Desjardins

Montréal (QC) H5B 1B9

JEAN LOGAN MIS À L’HONNEUR !

Début octobre, Jean Logan, graphiste bénévole des Archives gaies du Québec s’est vu remettre la bourse Yves Pelletier par la Caisse Desjardins du Quartier latin de Montréal. Créée cette année pour souligner la contribution de M. Yves Pelletier, administrateur à la Caisse Desjardins du Quartier latin de Montréal de 1994 à 2023, cette bourse a pour but d’honorer une personne qui s’est distinguée par son engagement et son implication dans son milieu. Depuis une vingtaine d’années, parallèlement à son travail professionnel comme graphiste œuvrant principalement sous le nom de compagnie Folio et Garetti dans le milieu culturel au Québec, Jean Logan conçoit bénévolement le matériel publicitaire et de communication des AGQ. C'est lui, notamment qui a conçu les logos des AGQ et qui s'occupe chaque année de la mise en page du bulletin annuel L'Archigai. La bourse comportait une somme de 1000 $ offerte au récipiendaire, en plus d’un montant de 2000 $ destiné à un organisme de son choix. Or, M. Logan a choisi de reversé l'entièreté de sa bourse aux AGQ. 6

1-866-544-6322

Avancer ensemble vers des organisations plus inclusives

Les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion sont au cœur des activités de Desjardins. Car une coopérative appartient d’abord à ses membres, sans exception, tels qu’ils, qu’elles ou qu’iels sont. Voici quelques bonnes pratiques que vous pouvez encourager votre environnement professionnel à adopter.

Offrir un régime d’assurances collectives adapté aux différentes réalités

La valeur de chaque membre de votre équipe est précieuse. La stabilité et la paix d’esprit que procure un régime d’assurance collective sont des critères qui pourraient être considérés en recherche d’emploi, après un salaire concurrentiel et la flexibilité d’horaire.

La couverture proposée doit prendre en considération que les besoins individuels en soins de santé varient en fonction d’une foule de facteurs, dont l’âge, le statut familial, le niveau d’activité physique – de même que l’identité de genre et l’orientation sexuelle.

Voici deux exemples d’offres adaptées à des défis courants au sein de la communauté LGBTQ+ :

Focus famille

Un couple de même sexe, des personnes transgenres et un parent célibataire doivent aussi avoir la possibilité de fonder ou d’agrandir leur famille. Desjardins Assurances répond à ce besoin avec son programme Focus famille qui offre la couverture complète et inclusive de certains frais lors des démarches de fertilité. Les futurs parents peuvent également bénéficier d’un accompagnement sur mesure tout au long de leur projet de vie.

Affirmation de genre

Une personne qui éprouve une détresse importante car son identité de genre ressentie ne correspond pas au sexe assigné à la naissance pourrait vouloir se tourner vers des interventions médicales pour se sentir bien dans sa peau. Cette démarche est propre à chaque individu. L’offre Affirmation de genre par Desjardins Assurances, qui est complémentaire à la couverture des régimes publics, prévoit le remboursement de divers frais admissibles, tels que la chirurgie de la pomme d’Adam et l’épilation au laser.

Soutenir les membres de votre équipe lors de leur démarche d’affirmation de genre Il faut souvent des mois, voire des années, pour réaliser tous les changements souhaités et les procédures médicales d’une démarche d’affirmation de genre pour les personnes trans qui iront de l’avant avec des changements ou procédures médicales. Lorsque quelqu’un au sein de votre équipe entreprend ce long parcours, allégez son quotidien en collaborant sur un plan de transition en milieu de travail.

Ce document sera appelé à évoluer en cours de route, mais devrait prévoir tous les changements de nom ou de pronom à effectuer (ex. : adresse courriel, service de paie, porte-nom, etc.) et une date à partir de laquelle la personne se présentera sous son identité affirmée. Suivez le rythme de la personne, sans brusquer les choses ou lui imposer un échéancier. Celle-ci doit demeurer seule maîtresse de la vitesse à laquelle elle souhaite effectuer (ou non) des changements.

«Mettez de l’avant un autocollant ou un drapeau arc-en-ciel

pour exprimer votre soutien à la communauté LGBTQ+. Accompagnez

ce symbole d’actions concrètes...»

Porter une attention particulière aux pronoms

Dire « monsieur » au lieu de « madame » à quelqu’un qui s’identifie en tant que femme s’avère blessant, même si c’est non intentionnel. En cas de doute sur l’identité de genre d’une personne, amorcez vos interactions en utilisant un langage neutre ou demandez-lui simplement comment vous adresser à elle.

Encouragez vos collègues à indiquer leur choix de pronom dans leur signature courriel, sur leur carte de visite et sur leur badge d’identification. L’adoption généralisée de cette pratique – qui est courante chez Desjardins – aide à éviter l'isolement des personnes trans et renforce un climat de respect.

Afficher vos couleurs

Mettez de l’avant un autocollant ou un drapeau arc-en-ciel pour exprimer votre soutien à la communauté LGBTQ+. Accompagnez ce symbole d’actions concrètes, comme le soutien à des événements majeurs tels que la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Il est aussi possible de mettre sur pied un comité équité diversité et inclusion (EDI), organiser des événements de sensibilisation et du mentorat inclusif. Vous pouvez aussi offrir des formations sur la diversité et l’inclusion, comme le fait Desjardins avec les partenaires tels que la Fondation Émergence et Fierté au Travail Canada. Diffusez vos offres d’emploi dans des réseaux professionnels spécialisés, comme QueerTech, en précisant que votre organisation valorise la diversité et l’inclusion.

Être à l’écoute

Le mot le dit : la diversité est diversifiée. Encouragez la curiosité et l’envie d’en apprendre davantage sur les moindres nuances de la communauté LGBTQ+ au sein de votre organisation. Mais acceptez aussi qu’il est impossible de tout savoir, que chaque individu est unique et que sa réalité l’est tout autant. Cultivez l’humilité et l’ouverture d’esprit en vous renseignant auprès de la personne elle-même. Comment souhaite-t-elle être appelée ? Quels sujets préfère-t-elle ne pas aborder ? D’humain à humain, il y a toujours moyen de se parler et de faire preuve de bienveillance. 6

Découvrez comment Desjardins célèbre l’équité, la diversité et l’inclusion https://www.desjardins.com/qc/fr/a-propos/communaute/equite-diversite-inclusion.html

Samsara Hatha Yoga, dédié au Yoga et à la transformation intérieure

Après des années de préparation et de développement personnel, Sébastien Deschênes et Patrick Desrochers ont inauguré leur nouveau centre, Samsara Hatha Yoga, situé au 501 rue Duluth, sur l'une des rues piétonnes les plus emblématiques du Plateau de Montréal. Cet événement a eu lieu le 6 octobre dernier et marquait une étape clé dans la concrétisation d'un rêve profondément ancré.

Les personnes présentes ont eu droit à une présentation du centre, une démonstration d’Isha Hatha Yoga, ainsi qu'une rencontre avec les enseignants. L’espace design et épuré s’adresse à toutes les personnes en quête d’équilibre, de paix et de connexion profonde avec elles-mêmes.

Un voyage de transformation

En 2003, Sébastien Deschênes entreprend un voyage initiatique en Inde qui changera le cours de sa vie. À son retour en 2004, il se trouve face à un dilemme : rester en Inde pour se consacrer pleinement au yoga ou revenir au Québec pour poursuivre son rêve entrepreneurial. Sébastien choisit de se concentrer sur l'entrepreneuriat, tout en sachant qu'il reviendrait un jour à son engagement pour le yoga. Vingt ans plus tard, avec l’ouverture de Samsara Hatha Yoga, ce rêve se réalise pleinement. Ce centre unique dépasse la simple pratique physique du yoga pour offrir un véritable cheminement vers la transformation intérieure. Patrick et Sébastien ont suivi, en 2017 et 2018, une formation professorale intensive de cinq mois au Isha Yoga Center à Coimbatore, en Inde, où ils ont appris et vécu comme des yogis. Ensemble, ils ont ensuite fondé Samsara Hatha Yoga, d’abord à Longueuil, puis sur le Plateau Mont-Royal. Aujourd’hui, avec ce nouvel emplacement au cœur de Montréal, ils offrent un lieu dédié à la pratique approfondie du yoga.

Une approche unique du Yoga « Le yoga, ce n'est pas seulement une série de postures, c'est une manière d'être », explique Sébastien Deschênes. Accompagné de son conjoint Patrick Desrochers, ils enseignent ensemble dans tous leurs cours de groupe, apportant une dimension rare d’accompagnement et d’équilibre. Cette dynamique à deux permet une immersion totale dans la pratique du yoga, où chaque détail compte pour une transformation complète.

« Notre objectif est d’enseigner des pratiques en profondeur afin que les participants puissent les reproduire chez eux et en tirer les bienfaits dans leur quotidien », précise Patrick.

Le cœur de l’enseignement à Samsara Hatha Yoga est l’Isha Hatha Yoga, une pratique traditionnelle axée sur l’équilibre des énergies internes. Le mot "Hatha" représente l’équilibre entre le soleil (ha) et la lune (ta). Cet équilibre ouvre la porte à une exploration plus profonde de soi, permettant une élévation spirituelle et une connexion authentique entre le corps et l’esprit. Sébastien et Patrick ont conçu ce centre avec soin, en utilisant leurs compétences en design et en construction pour créer un espace apaisant et propice à l’introspection.

Une transmission authentique et une communauté engagée Chaque cours à Samsara Hatha Yoga est conçu pour offrir aux participants une expérience

directe et immersive. L’objectif est d’aider chacun à intégrer la pratique dans leur vie quotidienne, afin de maintenir un équilibre durable entre le corps et l’esprit. Les participants repartent avec des outils concrets pour vivre le yoga au-delà des cours. Mais Samsara Hatha Yoga est plus qu'un simple lieu de pratique : c'est une communauté vibrante et enrichissante. Des classes de pratique guidée sont offertes pour ceux qui ont déjà appris les postures, ainsi que des classes de révision et des activités sociales pour approfondir les liens entre les membres. Des des retraites locales à Québec, à Val-Morin et au Lac-Brome sont également organisées ainsi que des retraites internationales en groupe en Inde, au Pérou près de Machu Picchu, et prochainement au Tibet et dans la région du mont Kailash. 6

ÉTIENNE DUTIL redaction@fugues.com

INFOS | Samsara Hatha Yoga 501, avenue Duluth Est, Montréal, Québec, H2L 1A8 T 514 424-7871 patrick@samsarahathayoga.com https://www.samsarahathayoga.com

LE SALON DE L’IMMIGRATION ET DE L’INTÉGRATION AU QUÉBEC

La richesse de la diversité québécoise et l’apport des personnes immigrantes contribuent à favoriser le dynamisme et la prospérité du Québec ainsi que la vitalité de son territoire. Inscrivez-vous dès maintenant à l’édition automne 2024 du Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec, qui se tiendra les 18 et 19 novembre au Palais des congrès de Montréal !

Organisé par Immigrant Québec, cet événement gratuit constitue le plus grand rassemblement du genre au Canada, offrant une plateforme d’échange entre les personnes immigrantes (quel que soit leur statut) et les acteurs clés de l’immigration, les entreprises et la société civile.

Des exposants montréalais et de toutes les régions du Québec Plus de 200 kiosques seront présents autour de plusieurs zones thématiques : accueil et aide à l’emploi (TCRI), emploi et recrutement, études et formations, gouvernement du Québec, installation et opportunités en région.

Une programmation offrant conférences, ateliers et activités gratuites

• Plus de 40 conférences et ateliers seront proposés pendant ces 2 jours ;

• Un espace CV vous permettra de faire vérifier votre CV par des professionnels (une activité qui permet une consultation gratuite pour optimiser l’efficacité de votre CV, un outil indispensable et stratégique dans le cadre de toute recherche d’emploi) ;

• Des séances de recrutement express de 7 minutes vous permettront de rencontrer des employeurs et peut-être de décrocher une deuxième entrevue plus longue ;

• Un photobooth vous permettra de prendre la photo parfaite pour votre profil LinkedIn, réseau professionnel incontournable au Canada ;

• Un espace LinkedIn  vous permettra d’obtenir les grandes pistes d’amélioration pour retravailler votre profil professionnel LinkedIn, devenu un outil indispensable et stratégique dans le cadre d’une recherche d’emploi et de réseautage. 6

CHANTAL CYR redaction@fugues.com

INFOS | Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec

Le 18 novembre, de 12 h à 20 h et le 19 novembre, de 10 h à 18 h au Palais des congrès de Montréal, 1001, place Jean-Paul-Riopelle, salle 210 — Métro Place-d’Armes ; Pour participer au salon, obtenez votre billet gratuit sur https://qrco.de/3siiq2024

Visitez le site Internet : https://salonimmigration.com/

PÈRE

Depuis quelques mois, les personnes en situation d’itinérance ont très mauvaise presse : agressions, comportements obscènes, dangerosité en raison de leur consommation… La Maison du Père, a accueilli au cours de la dernière année 1780 hommes différents, et ce n’est pas le profil que l’équipe de la Maison du Père a observé. La réalité est que nous sommes de plus en plus en présence de personnes qui se retrouvent à la rue, pour une première fois, à un âge avancé.

Plusieurs d’entre eux ne bénéficient pas d’un fonds de pension de leur employeur. Ils frappent un mur financier à la retraite, car leur revenu ne suit pas la hausse du coût de la vie. D’autres sont confrontés à la maladie, une perte d’emploi, une séparation et voient fondre leur économie de toute une vie.

Il faut donc éviter de voir les personnes itinérantes comme un bloc homogène. Le visage de l’itinérance a énormément changé au cours des dernières années. La population vieillit, celle de l’itinérance aussi. Les toxicomanes sont plus voyants, plus dérangeants, mais ne représentent qu’une minorité.

La Maison Wolfe et le Pavillon Robert Lemaire de la Maison du Père sont de beaux exemples qu’un vivre ensemble est possible. Ces immeubles sont occupés par 111 hommes de 50 ans et plus, ayant vécu une situation d’itinérance, et qui se sont intégrées dans leur quartier, en parfaite harmonie avec la communauté du Village.

Le continuum de services de la Maison du Père compte également une Résidence pour aînés (RPA) adaptée aux besoins particuliers des 87 aînés qui y résident de façon permanente. La liste d’attente de ce service ne cesse de s’allonger.

La majorité de ces personnes n’auraient jamais cru se retrouver un jour à la rue. Personne n’est à l’abri. Merci d’avoir un regard bienveillant envers eux lorsque vous les croiserez… 6

LOGAN CARTIER cartierlogan@gmail.com

INFOS | POUR AIDER OU FAIRE UN DON : https://www.maisondupere.org/agir Fondation / Maison du Père, 550, boulevard René-Lévesque Est, Mtl, Québec H2L 2L3. Grand Montréal 514 845-0168. Extérieur du Grand Montréal1 844 969-0168

Visitez la Maison du Père : https://www.youtube.com/watch?v=B-WDidlkKvI

MAISON

Priape cinquante ans d’évolution

En 2024, Priape ou Chez Priape maintenant célèbre ses 50 ans. Cela en fait une monument, une véritable institution dans le quartier avant même que l’on puisse appeler ce secteur «Le Village». On ne reviendra pas sur l’historique, il faut voir notre longue entrevue avec Bernard Rousseau. Contre les différents aléas de la vie et du commerce, y compris la pandémie, Priape est encore là. Mais on a eu très peur. Presque acculé à la faillite, en octobre 2013, c’est le producteur de Saint At large, qui organise le célébrissime Black Party à New York (entre autres), Stephen Pevner, qui rachète le magasin et cela devient Chez Priape ! C’est presque providentiel, mais Priape a été sauvé in extremis.

Ce sexshop et magasin de vêtements, d’items érotiques et de fétichisme, de bouquins, de calendriers sexy et d’accessoires possède son propre atelier de cuir où l’on confectionne des dizaines d’items allant des harnais aux chemises, en passant par des jock straps … La «marque» Priape a fait sa renommée et continue, encore de nos jours où l’internet est roi, à faire son petit bout de chemin à l’international.

«On célèbre les 50 ans de Priape, dèjà. Ouf ! Cinquante ans, ce n’est pas n’importe quel anniversaire, c’est véritablement un “monument” ici dans le Village. Même aux États-Unis, à New York ou ailleurs, c’est très rare de trouver des commerces de la communauté gaie ou LGBTQ+ qui ont résisté au temps, aux développements, aux augmentations de loyer, aux démolitions, etc.», de déclarer Steven Pevner, l’actuel propriétaire de la boutique.

On le sait, ce n’est pas un mystère, plusieurs commerces ont mis la clé sous la porte lors de la pandémie de COVID-19. Malgré la tourmente et l’attente après les confinements, Priape a survécu. Il a survécu grâce aux commandes en ligne. Qu’est-ce que les gens faisaient pendant la pandémie ? Certains, en plus de s’acheter de la bouffe, se sont fait plaisir, littéralement, en ce commandant des vêtements sexy et des jouets sexuels… «Pour notre part, on voyait qu’ils achetaient des dildos et d’autres jouets sexuels, comme les Flesh Light (des masturbateurs), dit en rigolant Steven Pevner ! Qui aurait dit que les Flesh Light auraient eu autant de succès un jour ? Mais c’est le cas. Donc, nos ventes en ligne, de jouets sexuels principalement, ont sauvé Priape de la catastrophe durant cette période-là. Heureusement d’ailleurs.» «Maintenant, les ventes en ligne représentent presque 40% du nombre total des ventes. On expédie en moyenne 19 colis par jour par an et la technologie a évoluée complètement», explique  Sylvain Lapolice, webmaster et chef du département web qui a commencé à y travailler en 2000.

« Mais je rends hommage ici aux propriétaires précédents, comme Bernard Rousseau, entre autres, pour avoir fait circuler le nom de Priape à travers le Canada, pour avoir maintenu la promotion et continué de faire connaître Priape et ses produits, souligne Steven Pevner. C’est ça aussi qui a fait la différence. Les ventes en ligne affluaient parce que les gens étaient fidèles à Priape. Ils auraient pu commander d’ailleurs et il y en a plein sur Internet, mais c’était chez nous qu’ils commandaient. Pour ça, il faut remercier les propriétaires précédents qui ont eu à cœur la marque de Priape, et ce, bien avant moi. »

«Ce qui fait la particularité de Priape, c’est le lien de confiance qui s’établit avec les clients, on discute de choses intimes, souvent de ce qui ne se parle pas dans la société et qui est tabou, et cela se fait dans l’ouverture et le respect, rajoute Ricardo Olivares, agent des ventes au département des jouets sexuels depuis 2000. C’est pourquoi il y a des clients fidèles et des nouveaux qui savent qu’il y a cette réputation de Priape et qu’on peut nous faire confiance pour les guider dans leurs choix, les conseiller, les rassurer pour éviter des accidents et des malaises dans l’utilisation de certains objets ou lors de certaines pratiques.»

«Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir pour Priape, mais je crois qu’il faudra accompagner les jeunes surtout qui manquent d’éducation sexuelle, ils sont habitués à la technologie, au contact virtuel, ils ne sont pas habiles avec les relations interpersonnelles lorsqu’il s’agit de relations sexuelles avec un ou plusieurs partenaires. Il y a comme un manque du côté social et humain. Parfois, je déconseille à quelqu’un d’acheter tel ou tel item parce que, en discutant avec cette personne, je vois bien qu’elle n’est pas prête pour ce genre de chose. Nous avons de plus en plus aussi de personnes trans, et c’est très bien que l’on s’ouvre à cette réalité, encore là il faut écouter la personne, voir quels sont ses besoins propres, ce qu’elle désire atteindre socialement, sexuellement, etc. Je suis heureux dans ce que je fais, c’est très gratifiant de voir que les gens apprécient notre approche», explique Ricardo Olivares.

« Le Priape est un véritable modèle de résilience, d’innovation et de transformation. Entre les déménagements et les incendies, les mutations du commerce de détail et l’arrivée du commerce en ligne, mais aussi l’évolution des besoins des clientèles, ce pionnier du Village a toujours su être à l’avant-garde pour demeurer pertinent. Au fil des ans, le personnel a su créer une véritable relation de confiance avec sa clientèle et c’est ce qui fait son succès des 50 dernières années », de commenter pour sa part Gabrielle Rondy, la directrice générale de la Société de développement commercial (SDC) du Village.

«Il y a une perception persistante qui veut que Priape soit administrée depuis New York. Ce n’est pas vraie du tout. Je réside et travaille à Montréal plus de six mois par an. Je dois jongler avec le fait de prendre soin de ma mère très âgée [et malade], et qui habite à Baltimore, avec mon entreprise de party à New York. De plus, je travaille en ce moment sur un projet, il s’agit d’une fondation voulant documenter le night life LGBTQ+ post-Stonewall, à New York. J’ai déjà collectionné plus de 75 pièces qui seront présentées lors de l’exposition Disco à Paris prochainement. (Pour ceux qui sont intéressés, voici le lien : https://philharmoniedeparis.fr/en/activite/27966). Mais je le redis, et c’est important pour moi, que Priape n’est pas géré depuis New York, je suis ici à Montréal le plus souvent que possible», d’expliquer Steven Pevner. 6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | 1311, rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H2L 2H4   (514) 521-8451  https://www.priape.com v

Bernard Rousseau

Derrière l’histoire des 50 ans de Priape dans le Village

La boutique Priape est indissociable de l’histoire du Village. Elle en a été le fer de lance. Ainsi, il s’agit du seul sexshop à Montréal qui s’est construit pour la communauté gaie et qui, tout au long de ses 50 ans d’existence, est devenu une référence dans l’histoire collective des hommes gais, tout en accompagnant et en aidant ceux et celles qui se battaient pour l’obtention de l’égalité juridique pour les 2SLGBTQ+ ou encore dans la lutte contre le sida. Bien qu’il ne soit plus associé à Priape depuis qu’il a pris sa retraite en 2007, Bernard Rousseau demeure l’homme sans qui rien ne serait arrivé. Avec lui, on fait un retour sur les débuts de cette aventure qui se poursuit (maintenant sans lui) depuis 50 ans.

Autour d’un café dans le Village, Bernard Rousseau précise qu’à l’origine, il n’était pas seul dans cette aventure qui a commencé dans un petit local sur De Maisonneuve. « Robert Duchaine  avec qui j’ai été en relation quelques mois et avec qui je suis resté très lié jusqu’à son décès en 1997, avait l’idée d’ouvrir une boutique de jeans pour hommes. C’était en 1974. Mais on est tombé dans une période où il y avait une pénurie de denim », se souvient Bernard Rousseau. « Alors on a décidé d’ouvrir un sexshop gai. C’est Claude Leblanc qui a trouvé le nom de Priape, le dieu grec. Nos familles nous ont donné un coup de main pour l’aménagement du local. Et pour [nous] faire connaître, nous mettions des cartes d’affaires partout, même dans les toilettes […] publiques ou encore dans celles des restaurants et des bars. On s’amusait bien, mais il faut se rappeler que c’était encore une époque de grande homophobie, il fallait se battre aussi sur ce front-là. De plus, il y avait de nombreux règlements et des interdictions de la diffusion d’images érotiques gaies. Lorsqu’on recevait des revues [comme Honcho, Adonis, Blue ou encore Drummer), on collait sur la couverture de chaque magazine des pastilles pour cacher le sexe des hommes (Rires !). À l’époque, simplement vivre son homosexualité ouvertement, c’était prendre des risques à tous les niveaux. Je ne sais pas si les jeunes d’aujourd’hui ont une idée de ce que c’était à cette époque-là. »

Chassé de l’ouest en raison de réglementations qui obligent certains bars gais à fermer les portes, c’est tout naturellement que le glissement s’opère vers cette partie de la ville et qui sera rapidement connue sous le nom de Village. Voulant avoir plus de visibilité, Priape déménage et s’installe alors sur Sainte-Catherine, là où est situé l’actuel parc de l’Espoir, en 1975. « La boutique a connu rapidement du succès, car on s’annonçait comme le seul sexshop gai. Les gais devaient fréquenter avant les sexshops hétéros, continue Bernard Rousseau. Puis, on a eu un incendie, nous avons toujours supposé que c’était criminel, mais on n’a jamais su qui étaient les responsables, peut-être la compétition ? On n’a jamais su vraiment. »

Qu’à cela ne tienne, Priape renaît de ses cendres, mais sur le trottoir opposé de la rue SainteCatherine, et rouvre ses portes au 1311 (c’était en 1987), puis continue son essor puisque des succursales ont été ouvertes à Toronto, Vancouver et Calgary, avec même l’idée, dans les planches à dessin, d’aller à Chicago. « Nous avions toujours un kiosque à Chicago durant le week-end IML (International Mr. Leather – Monsieur Cuir International), un rassemblement qui accueillait des centaines de personnes, se souvient Bernard Rousseau. Et les Américains aimaient beaucoup nos produits de cuir que nous fabriquions nous-mêmes, mais aussi des vêtements : notre marque This Ain’t Kansas était très populaire. Notre liste d’adresses augmentait toujours puisque nous vendions aussi beaucoup par la poste au Canada et aux États-Unis. Nous avons même atteint un chiffre de 100 000 adresses dans notre base de données ! C’était extraordinaire ! »

Mais durant ces deux décennies, Bernard Rousseau et ses associés lancent d’autres projets comme le Cinéma du Village, en 1984, qui se voulait un cinéma de répertoire de films à thématique gaie. « Au début, cela a très bien marché en projetant des films de Pasolini, Fellini, Visconti, etc., mais la production de ce type de films était encore très rare, et nous

Bernard Rousseau

avons épuisé rapidement le stock. Nous avons donc décidé d’en faire un cinéma érotique, avance Bernard Rousseau. Il existait un cinéma érotique hétéro, sur la rue Saint-Laurent, et beaucoup de gais y allaient. Autant qu’ils viennent voir des films érotiques gais, et nous avons eu beaucoup de succès, puisque le classique The Diary (1982) de Toby Ross, mettant en vedette la star porno du moment, Jake Stryker, a tenu l’affiche durant quelques mois. »

Autre projet mené à bien par les trois complices : l’achat d’un édifice sur Sainte-Catherine et l’ouverture du Bloc, en 1986, un petit centre commercial avec un fleuriste, une tabagie, une librairie, une friperie, un service de photocopies et un café. Rien de moins ! L’aventure du Bloc dure 6 ans, jusqu’en 1992. Pour la petite histoire, l’édifice a brûlé quelques années plus tard et une nouvelle bâtisse l’a remplacé et est occupée aujourd’hui par le restaurant Fantasy.

On trouvait chez Priape, outre des accessoires sexuels, du cuir confectionné sur place, des sous-vêtements et des jock straps (de la marque Priape Wear), des revues érotiques, mais aussi des films, passant du Beta au VHS, puis enfin au DVD. « Lorsque le streaming est arrivé, nous avons dû solder tous les DVD, cela a été un gros coup, commente Bernard Rousseau, car ils représentaient 30 à 35 % du chiffre d’affaires de Priape. » Mais tout est une question d’adaptation, et Priape s’est toujours tenu au courant de la technologie et développe, dès 1998, un site transactionnel. « Ce site Web transactionnel fonctionnait en parallèle avec des commandes postales au début et on a misé sur la visibilité en se déplaçant dans les grands événements et les salons, comme ceux de Las Vegas [Consumer Electronics Show et aussi le salon de la porno, le Adult Entertainment Expo, appelé aussi AVN].

Pour son 25 e  anniversaire, en 2009, Priape organise une méga fête dans la tour du Stade olympique, rien de moins ! Députés, personnalités artistiques, clients, responsables d’associations communautaires, tout le gratin « gai » de l’époque y assiste. Bouchées, boissons, performances artistiques, discours, tout y est et on en jasera encore longtemps après cet événement des plus festifs, qui rassemblera des centaines de personnes.

Puis, il y a eu la fin des DVD, mais une autre tuile tombe sur la tête de Priape : l’interdiction par Santé Canada de vendre des poppers, autre grand vendeur du magasin. « Même si les succursales fonctionnaient bien — à Vancouver, le chiffre d’affaires annuel dépassait le million de dollars par exemple, à l’époque — la fin des DVD et l’interdiction de la vente de poppers nous ont obligés à nous départir des trois boutiques. Une décision difficile de devoir déclarer faillite pour se débarrasser des baux commerciaux de ces locaux-là qui nous coûtaient très cher. C’était la tempête parfaite », précise Bernard Rousseau.

Évoquer l’histoire de Priape et de ceux qui ont tenu les rênes pendant autant d’années, c’est aussi parler de l’implication de cet emblème dans la vie communautaire. « Nous avons soutenu la création de la Chambre de commerce LGBT, puis celle de l’Association des commerçants professionnels du Village (ACPV), l’ancêtre de la SDC du Village que nous avons aussi soutenue à sa création en 2005, pour stimuler le développement commercial du Village », évoque Bernard Rousseau.

Ce soutien s’est étendu aussi aux premiers organismes de défense des droits, comme l’ADGQ [Association pour les droits des gais du Québec], et bien sûr aux organismes voués au sida. Les yeux de Bernard Rousseau s’embuent quand il évoque la tragédie du sida. « Nous avons tellement perdu d’amis, se souvient Bernard Rousseau. Beaucoup décédaient dans la solitude, coupés de leur famille qui ne savait pas qu’ils étaient gais ou qui les avait rejetés. Nous avons donné beaucoup d’argent aux organismes comme la Maison Plein Cœur qui accueillent des gars en fin de vie. Et puis on a participé à la longue lutte pour que les conjoints de fait soient reconnus, pour qu’ils puissent toucher la pension de conjoint de survivant. Ç’a été un long combat. » Ce combat pour une meilleure acceptation sociale n’a pas disparu pour autant pour Bernard Rousseau, qui considère qu’il reste beaucoup de travail à faire.

« On a encore besoin aujourd’hui de groupes comme le GRIS, ou encore Fierté Montréal, avec le défilé, pour faire de la sensibilisation, pour une plus grande acceptation sociale, et ce n’est pas encore gagné, il faut encore se battre. »

Et puis comment ne pas parler du lien fort que Priape va tisser avec le BBCM, pour les grands partys comme le Black & Blue et le Wild & Wet. La vitrine du magasin affichait les couleurs de ces événements pour les nombreux visiteurs et visiteuses de l’extérieur du Québec et du Canada qui convergeaient vers Montréal pour la longue fin de semaine festive et qui, bien évidemment, faisaient un tour chez Priape pour un accessoire, un t-shirt, ou tout autre article nécessaire à leur plaisir.

En 2007, Bernard Rousseau se départit de son magasin dont il est devenu au fil du temps l’unique propriétaire. Un moment difficile qui se double d’une crise cardiaque avec quatre pontages à la clef. « Je pense que je n’en pouvais plus, le stress que je vivais, la pression que je ressentais sur les épaules ont sûrement été la cause de la crise cardiaque », conclut-il.

En 2013, Priape fait à nouveau faillite. On pense que c’est la fin, mais Stephen Pevner achète ce qui reste de l’entreprise. Depuis, ce New-Yorkais, qui connaît bien et adore Montréal et qui est propriétaire du Saint at Large, une compagnie de production de New York qui produit le légendaire Black Party, passe la moitié de son temps à Montréal.

« J’ai toujours été un fan de l’approche progressive de Priape à l’égard de ses vêtements et de sa position unique : un endroit où les hommes peuvent exprimer librement tous les aspects de leur sexualité », confiait à Fugues Stephen Pevner, en 2013. « Nous pourrons redéfinir ce que sont les vêtements fétiches, le tout demeurant un projet motivant et passionnant comme l’est le Black Party de New York, qui n’a jamais cessé d’évoluer. »

La boutique Priape — et ceux qui ont contribué à son essor — ne peut être dissociée, d’une part, de l’histoire du Village et, d’autre part, de son implication communautaire et militante. Plus de 1 million de dollars ont d’ailleurs été offerts en commandites de toutes sortes et en appui à la communauté. Parler avec Bernard Rousseau de l’histoire de Priape, c’est ouvrir un livre sur les 50 dernières années des grands changements qui ont marqué nos communautés, avec les bons et les mauvais moments. Et puis, comme quoi les idées les plus folles — comme ouvrir un sexshop gai parce qu’il y a une pénurie de denim — peuvent être le début d’une grande aventure.6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

BOUTIQUE ÉVOLUTION

Une nouvelle administration sous le signe de la continuité

Il y a eu d’abord, pour ceux et celles qui s’en souviendront, la boutique Joe Blo, ensuite Stéphane Wilford, son fondateur, l’a déménagée sur SainteCatherine est c’est devenu Évolution par Joe Blo. Cette boutique de vêtements pour hommes offre une gamme unique, avec un style européen et beaucoup d’importations d’Italie. Stéphane Wilford a travaillé d’arrachepied pour fidéliser sa clientèle et habiller même des gens de la colonie artistique. Après 32 ans à la barre du commerce et après la tempête de la pandémie, Stéphane Wilford vend son établissement à un client de longue date en la personne de Dax Giunta qui veillera à faire progresser Évolution.

Des chemises aux souliers, des manteaux aux ceintures et quelques accessoires et bijoux masculins, Évolution peut habiller un homme de la tête aux pieds. Cela a toujours été le cas de vouloir présenter à la clientèle des vêtements originaux et très stylés et colorés.

«Oui, ça fait déjà 32 ans que je tiens la boutique, malheureusement, je me suis retrouvé sans relève. Finalement, j’en parle par ci et par là et Dax [Giunta] a entendu l’appel. Évolution est une institution dans le Village. L’alternative aurait été de fermer la boutique. Cela aurait été vraiment dommage car elle est bien établie, elle a une belle clientèle fidèle. Les clients avaient de la peine lorsque je leur disais qu’il faudrait peut-être mettre la clé sous la porte. Heureusement ici, Dax croit en Évolution, il croit en ce que j’ai voulu faire ici. Je suis bien tombé avec lui, j’ai confiance parce que c’est un client de longue date et qui connaît bien la boutique», explique Stéphane Wilford.

«J’ai vu croitre cette boutique dans le Village, c’est un commerce bien établi depuis plus de trente ans, je veux donc garder le même look, le même design, souligne Dax Giunta . Je désire qu’Évolution continue d’avoir du succès. J’ai un certain réseau de clients moi aussi que je peux amener à la boutique. J’aimerais développer de nouvelles choses ici, de tester des choses, etc.»

Dax Giunta n’est pas un nouveau venu dans le milieu du vêtement. Sa famille possédait l’entreprise Tony Tailleur où l’on faisait de tout, des uniformes d’Air Canada et Via Rail en passant par des costumes. «À l’époque, c’était la mode du costume sur mesure pour des avocats, des comptables, des entrepreneurs, etc. J’ai baigné là-dedans durant plusieurs années. La famille gérait plusieurs magasins. Puis, cela a été plus difficile, les productions s’en allaient en Asie, tout changeait dans le milieu, etc., donc mon père a fermé», continue le nouveau propriétaire d’Évolution. Puis, il s’est retrouvé à œuvrer dans le commerce de détail comme Holt Renfrew et d’autres encore. «Puis, je suis allé vers le marché de l’immobilier en tant que courtier, je vendais des condos, j’ai fait ça durant plus d’une douzaine d’années. C’était bien. Puis, la pandémie a frappé et les ventes ont chuté du jour au lendemain dans cette crise-là de l’immobilier. Je me suis dit que c’était peut-être temps de revenir à la mode masculine et c’est là que j’ai entendu que Stéphane cherchait à vendre. Nous avons parlé ensemble et cela s’est très bien passé», poursuit Dax Giunta.

Le tout a été officialisé le 3 septembre dernier. «Ici, nous avons une niche 80% LGBTQ+, c’est un style unique. Beaucoup de touristes viennent dans le Village et découvrent Évolution. Ils nous disent : on aime votre style, pourquoi vous n’ouvrez pas une boutique à New York, à Toronto, à LA (Los Angeles), etc.? C’est déjà assez difficile d’opérer une seule boutique,

PHOTO : ANDREA ROBERT LEZAK
Stéphane Wilford et Dax Giunta

alors imaginez si on en ouvrirait plusieurs, ce n’est pas possible. J’ai failli fermer en raison du manque de personnel et de relève. Mais tant mieux que les gens nous disent ça, cela veut dire qu’ils apprécient réellement ce que nous avons ici», affirme Stéphane Wilford.

Mais alors pourquoi ne pas créer un site transationnel et vendre en ligne comme plusieurs? Autant l’un que l’autre ne pensent pas que cela serait possible, d’une part, il y a le fait que ce sont des coupes européennes, que c’est mieux de les essayer sur place, «et si cela ne fait pas à la personne, elle doit retourner l’item commandé ?», se questionne Stéphane Wilford pour qui la vente sur internet n’est pas une si bonne option que ça au final. «C’est tout un autre type de gestion la vente en ligne, poursuit Dax Giunta. Souvent, on ne tient que quelques exemplaires d’un chandail, une fois que c’est vendu, il n’y en a plus d’autres. Donc, si quelqu’un achète en ligne et en veut un plus grand, c’est fini, il n’y en a pas. C’est pour cela que la vente en ligne est moins facile lorsqu’on tient des pièces uniques et originales.» C’est une évidence qu’Évolution n’est pas Amazon, on ne tiendra pas plusieurs centaines, sinon des milliers d’items…

Stéphane Wilford ne quitte pas immédiatement, il sera présent pour accueillir la clientèle jusqu’à la période des Fêtes. Il y a déjà deux voyages planifiés en Europe pour présenter à Dax les fournisseurs d’Évolution. «Je veux développer encore plus la marque d’Évolution, la faire grandir et que le style de design puisse continuer», rajoute Dax Giunta.

Alors Stéphane Wilford prendra sa retraite. Que fera-t-il ? «Je ne sais pas encore vraiment, je vais faire du Sodoku, je me suis acheté un chevalet, j’aime la peinture, mais je n’avais jamais le temps d’en faire, je pourrai en profiter. J’aime lire aussi. C’est sûr que je ferai des voyages, même si j’ai assez voyagé pour la boutique. Par contre, je serai toujours disponible pour Dax s’il a besoin de moi. Je suis là pour l’accompagner, je suis heureux, j’ai trouvé la bonne personne», insiste-t-il. «C’est très important de maintenir le lien de confiance avec la clientèle est c’est ce que je vais faire pour Évolution et je suis content que Stéphane soit disponible», de conclure Dax Giunta avec un très large sourire.  6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | 1381, rue Sainte-Catherine Est, Montréal. T. 514-597-2310 https://www.evolutionhomme.com

Au revoir, liquide aux dernières couleurs de l’automne

Je profite de ce festif moment de l’année pour célébrer avec vous, avec reconnaissance et surtout une grande fierté, les 15 ans de ma chronique dans le Fugues. Merci beaucoup de me suivre, et au plaisir de continuer à partager ensemble mes trouvailles mensuelles.

OLIVIER DE MAISONNEUVE

SOMMELIER CONSEIL

Animation de dégustation de vins à votre domicile ou en entreprise

438 881-7276 • www.vinsconseil.com

LA BAIE ORIENTALE

LIONEL OSMIN, IGP COMTÉ TOLOSAN (FRANCE) 2023

CODE SAQ: 14784547

1640$

Lionel Osmin partage maintenant son temps entre Montréal et le sud-ouest de la France ! Curieux et passionné, il nous propose une belle bouteille de blanc, à l’assemblage aussi complexe qu’inusité. On y retrouve le gewurztraminer, le riesling, le muscat et le viognier. Déjà, au nez, la séduction opère avec des notes très florales, d’épices douces, de chocolat blanc, voire de caramel salé. La bouche est aussi agréable. On pourrait s’attendre à une explosion aromatique, mais non. C’est un régal harmonieux, entre un côté fruité et un côté très minéral, avec une touche d’amertume et une fugace impression de beurre salé. Bien sec, ce vin ira à merveille avec les fromages goûteux, entre autres.

CABERNET FRANC

ZUCCARDI, VALE DE UCO (MENDOZA, ARGENTINE) 2022

CODE SAQ : 15310204  2895$

Quand c’est bien fait, qu’est-ce qu’on se régale avec un rouge à base de cabernet franc ! C’est amplement le cas ici, avec ce vin issu des plus belles parcelles que possède Zuccardi dans la vallée d’Uco. Le Q était utilisé dans le vignoble pour marquer les vignes qualitatives qui exigeaient une attention particulière des vendangeurs. Laissez votre nez s’extasier face aux parfums de terreau et de fruits noirs. Pas de notes de poivron vert, ici. La bouche est persistante, harmonieuse et équilibrée, avec de riches notes fruitées, et des tannins et un boisé super intégrés. À ce prix-là, c’est une incroyable offre alliant grand plaisir et grande qualité. Wow. Just

CHÂTEAU RAMAFORT

CGR, AOP MÉDOC (FRANCE) 2016

CODE SAQ : 608596 2375$

Pouvoir découvrir un cru bourgeois, sans avoir à attendre des années qu’il vieillisse dans le cellier, c’est le cadeau que nous fait le réputé, et souvent médaillé, Château Ramafort. Encore fringant, je vous suggère de le carafer une petite heure pour qu’il exprime encore plus sa complexité aromatique. Évidemment, si vous préférez les explosions fruitées des vins plus jeunes, ce ne sera pas nécessairement votre style. Ici, on pénètre plutôt en forêt, avec une menace d’orage dans l’air. Il y a un certain parfum de fleurs et de terreau, puis soudain, un fantôme surgit et s’enfuit d’un coffre en cèdre, oublié dans le grenier d’un manoir en ruine. Bref, une belle expérience vous attend avec ce vin corsé et élégant.

CABERNET SAUVIGNON RESERVA VINA TARAPACA

VINA SAN PEDRO, DO CHILI  CODE SAQ : 15264199 1505$

anniversaire, Vina Tarapaca ! On a beau dire que le Chili fait partie du Nouveau Monde viticole, il commence à démontrer toute une expérience et une tradition dans le domaine. Ce cabernet sauvignon bio constitue une entrée de gamme au style plutôt charmeur. Il a un côté rond et agréablement boisé, qui soutient le côté de fruits noirs bien mûrs. Ce n’est pas un timide, mais il n’est pas du tout agressif non plus. Le domaine fabrique aussi des vins plus classiques et prestigieux, mais celui-ci est un bon gaillard pour faire la fête avec les repas de milieu de semaine, genre le spaghetti bolognaise, ou un savoureux burger. Il faut aussi souligner les nombreuses initiatives du domaine pour adoucir son empreinte sur l’environnement.

JAUNE ORANGE

VIGNOBLE LE

CHAT BOTTÉ,

IGP VIN DU QUÉBEC (HEMMINGFORD) 202318

CODE SAQ : 15085094 30$

Encore un grand sourire en dégustant un produit de qualité et en regardant l’étiquette avec son dessin de chat. Normand et Isabelle forment vraiment un super tandem pour nous offrir autant de belles bouteilles. Et pourtant, je me suis fait tirer un peu l’oreille avant d’essayer ce vin, car ça casse plus souvent que ça passe, entre moi et le vin orange. Mais finalement ça passe très bien avec ce frontenac blanc non filtré, qui est tout pimpant et joliment parfumé d’orange et de fruits exotiques. En bouche, il a aussi un peu d’amertume, mais pas âcre du tout. La finale est vraiment réussie. On est à des lieues des relents de ferme de Pâques du Carrefour Angrignon, en fin de journée, associés à certains des vins de cette catégorie. Celui-ci est une délicieuse petite folie à s’offrir, qui est bien polyvalente à table, en prime.

CHENIN BLANC

L’ÉCOLE 41, AVA YAKIMA VALLEY (ÉTAT DE WASHINGTON) 2022

CODE SAQ : 15100426 3425$

Un autre vin blanc au nez des plus séduisants. Ça butine, tel un papillon, entre des parfums de fleurs blanches et une touche de muscade. La bouche poursuit sa conquête. C’est ample, frais, soyeux et plein de finesse, avec une finale qui alterne entre la tendre amertume et une sensation marquée de minéralité. Issu de vieilles vignes, c’est un vin qui se rapproche du style de la Loire, plutôt que du Nouveau Monde. On se fera plaisir en le dégustant avec du fromage de chèvre frais, des sushis et du poulet grillé. Beau potentiel de garde.

MORGON LES CHARMES

SANDRINE HENRIOT, AOP MORGON (BEAUJOLAIS, FRANCE) 2021

CODE SAQ : 15156227 2955$

Je ne pouvais pas faire une chronique en novembre sans vous suggérer un vin de cette bien jolie région, même si on ne vit plus avec la même frénésie l’arrivée du beaujolais nouveau. Dégusté récemment, ce vin bio porte très bien le nom de son lieu-dit : Les Charmes. Il fait plaisir à nos narines, avec ses parfums de fleurs sauvages et de fruits noirs (cerises noires ?). En bouche, j’ai vraiment aimé la promenade sur un fil de fer, à laquelle nous convient les tannins et les fruits noirs. Et quelle persistance remarquable. Bref, un coup de cœur pour ce rouge à base de gamay vendangé à la main, à la personnalité bien marquée.

PAS SAGES ORANGE NON FILTRÉ

ARTERRA CANADA (ONTARIO-QUÉBEC) 2022

CODE SAQ : 15012418 1985$

En déni face à l’automne qui s’achève, je me suis offert un vin à la robe évoquant la splendeur de cette belle saison. En plus, l’étiquette, avec la création inspirée de Jennifer Miville Tremblay, est empreinte de poésie nostalgique, parfaite pour novembre. Le vin est un assemblage minutieux et fort réussi de vidal et de chardonnay. Ce dernier lui apporte une touche un peu inhabituelle de poire qui m'a semblé lui donner une fraîcheur particulière. On y retrouve aussi des notes de thé orange pekoe et d’abricots, souvent associées à ce type de vin, et une amertume finale qui laisse sur une touche d’amande, toute en harmonie. Bien sec, il est agréable en apéro, mais il me semble qu’il serait pas mal bon avec une guédille de crevettes ou un tartare de saumon.

Tout ce que voulez savoir sur les véhicules

électriques sans jamais avoir osé le demander

En charge bien humblement de la chronique auto, il arrive souvent que l’on me demande si c’est une bonne idée d’acheter un véhicule électrique. Véritable désir ou simple curiosité ? Et très vite les questions pleuvent sur les doutes qui planent encore, aussi bien sur la fiabilité des véhicules, les économies à long terme de rouler à l’énergie bleue, mais aussi à propos de l’impact réel ou fantasmé sur l’environnement. En cause, les batteries, leur construction et leur récupération ou non en fin de vie. Des questions qui sont louables et que je me pose souvent quand je lis des articles qui peignent en rose les véhicules électriques et ceux qui les peignent en noir. Comment s’y retrouver ?

Les fameuses batteries souvent décriées seront-elles plus « vertes » dans les années à venir ? Allons-nous épuiser les réserves de lithium de la planète ? Daniel Breton fait le tour de la question. Le lithium ? Il y en a encore assez sur la planète pour encore de nombreuses années, d’autant plus que si l’on pense à son extraction, on oublie que l’on peut en trouver simplement en pompant l’eau salée souterraine et à la surface, puis en la laissant reposer pendant des mois dans de grands bassins. Actuellement, 40 % du lithium que l’on retrouve dans les batteries provient de ces bassins, dont le taux de lithium récupéré est de 90 % contre seulement 50 % quand il est extrait de la roche. Et puis on compte beaucoup sur une nouvelle génération à venir de batteries au sodium, qui contribuerait à diminuer significativement la consommation de lithium. Un mythe vient de tomber.

En fait, le livre est un guide. On ne le lit pas comme un roman, mais quand une question surgit, on peut s’y référer sans problème.

Daniel Breton s’en tient uniquement à renverser une perception négative que l’on aurait de la voiture électrique. Il évoque cependant les conditions d’extraction du cobalt nécessaires, là aussi, aux batteries, soulignant qu’il s’agit d’un problème humanitaire, comme c’est le cas en République démocratique du Congo où l’on retrouve des enfants travaillant dans les mines de cobalt pour des salaires de misère. Une situation dénoncée par Amnistie internationale depuis longtemps. On peut se demander si ce n’est pas aussi une bonne occasion pour les constructeurs de se procurer du cobalt à bas prix.

Il n’en reste pas moins que les véhicules électriques représentent un enjeu économique important pour la survie des constructeurs européens et nord-américains. Ceux-ci ont pris du retard face à la Chine, qui est aujourd’hui sans grande concurrence le plus grand exportateur de batteries que l’on retrouve dans les véhicules de marque européenne et nord-américaine. La Chine est également le pays qui construit le plus de véhicules électriques au monde, dont des petits véhicules abordables qui inondent le continent asiatique.

Elle tente aujourd’hui de conquérir les pays occidentaux, d’où l’augmentation des droits de douane que veulent imposer la Commu nauté européenne, les États-Unis et le Canada aux véhicules chinois, et peut-être même sur les équipements et les batteries.

Les constructeurs américains ont jeté l’éponge en ce qui a trait à la construction de petits véhicules électriques. Les marques japonaises, coréennes et européennes, qui en ont toujours dans leur catalogue, ont quant à elles renoncé à les exporter par chez nous. La tendance actuelle est aux VUS, compacts ou grands, voire très grands. Des chercheurs s’en prennent à ces imposants véhicules et ont réclamé au moment du Mondial de l’auto à Paris de lutter contre la « SUVisation du parc automobile ». Nous sommes en France et l’on utilise le sigle anglais SUV pour Sport utility vehicle, il semblerait donc trop difficile d’adopter la dénomination utilisée ici, VUS pour véhicule utilitaire sportif. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | 50 mythes et demi-vérités sur les véhicules électriques

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Quoi faire festival

FESTIVAL DU 6 AU 17 NOVEMBRE

Une 30 e édition exceptionnelle de Cinemania pour le cinéma francophone

À l’occasion de son édition 30e anniversaire, Cinemania présentera du 6 au 17 novembre 120 films, parmi lesquels de nombreux titres en primeur internationale, nord-américaine, canadienne ou québécoise, sélectionnés parmi le meilleur du cinéma francophone de l’année. Durant 12 jours, le 7e art francophone, court, moyen et long, sera célébré dans 6 cinémas de la ville.

C’est Berger, le 6e long-métrage de la cinéaste québécoise Sophie Deraspe, qui ouvrira le festival le 6 novembre. La réalisatrice y aborde avec délicatesse et intelligence la dure réalité du monde pastoral, en suivant le personnage de Mathyas, jeune publicitaire troquant sa vie montréalaise pour partir en Provence pour devenir berger.

« Bergers est pour nous une magnifique occasion de retrouver Sophie Deraspe, qui avait présenté ANTIGONE en 2019 en pré-ouverture de Cinemania. Son nouveau film aborde les désillusions du monde agricole, les beautés de la transhumance, ses traditions ainsi que les hommes et les femmes qui la font. La France étant le pays à l'honneur de cette 30e édition, cette coopération transatlantique entre une cinéaste et une équipe québécoise en coproduction avec une équipe française reflète l'essence et la raison d'être de Cinemania» déclare Guilhem Caillard, Directeur général et artistique du festival.

Onze jours plus tard, le 16 novembre, Le roman de Jim des réalisateurs français Jean-Marie et Arnaud Larrieu, viendra clôturer le festival. Cette adaptation du roman éponyme de Pierric Bailly met en vedette Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau et Bertrand Belin dans une odyssée sur la paternité.

Avec la France comme pays à l’honneur pour fêter les 30 ans du festival, les amoureux du cinéma pourront retrouver des productions issues de la francophonie québécoise et internationale dans une sélection de longs et courts métrages riche en émotions.

Au fil des ans, le festival s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les spectateurs dans la découverte de primeurs présentées par des invités de renom. Cette année, le public aura rendez-vous avec une cohorte d’invités exceptionnels qui feront le déplacement à Montréal pour échanger avec eux. Ainsi, la réalisatrice Patricia Mazuy accompagnera son film La prisonnière de Bordeaux; Cyrielle Raingou présentera Le spectre de Boko Haram, Tigre d’or au Festival international de film de Rotterdam en 2023; Julie Delpy accompagnera son dernier opus, Les Barbares; Julie Gayet sera également présente pour la première internationale du film Olympe, une femme dans la révolution, tout comme Florent Bernard pour son premier film Nous, les Leroy mettant en vedette Charlotte Gainsbourg. Franck Dubosc présentera quant à lui son troisième film à titre de réalisateur, Un ours dans le Jura.

L’actrice et réalisatrice française Céline Sallette accompagnera son premier film, NIKI. Sur la vie de la célèbre peintre et plasticienne Niki de Saint Phalle dont l’art a toujours embrasser tous les humains, la nature et le cycle de la vie. L’artiste durant sa carrière a su utiliser la joie comme stratégie de résistance et contribuer à la justice sociale par différents engagements : la lutte pour les droits des femmes, le combat contre le racisme ou encore le soutien précoce donné aux malades atteints du sida. La réalisatrice du film, Céline Sallette sera accompagnée de la québécoise Charlotte Le Bon qui incarne avec brio Niki de Saint Phalle et de Damien Bonnard. Ce dernier est également de la distribution de La Pampa, une première œuvre queer, que le festival image+nation présentera à CINEMANIA en plus de 3 autres films pour souligner les 30 ans de Cinemania,

Des œuvres queer de qualité

La Pampa est la chronique de l’amitié entre Jojo et Willy, dans les campagnes du département du Maine-et-Loire. Jojo prépare, sous le joug d’un père autoritaire, un championnat de motocross, et Willy se prépare pur l’université, en essayant de surmonter une adolescence introvertie et le deuil de son père. Le réalisateur Antoine Chevrollier filme l’adolescence si justement qu’on pense parfois à un documentaire vérité, porté par une histoire qui évite les clichés et surprend, tant pour le tracé des personnages que pour l’essai sur l’amitié indéfectible qu’elle dépeint. Un petit bijou qui a séduit la dernière Semaine de la Critique de Cannes.

CRÉDIT
PHOTO : LES REINES DU DRAME

Dans Vivre, mourir renaître les corps et les destins, le bonheur et le malheur, de deux gars et une filles se mêle durant les années sida — nous sommes en 1990 — et c’est lumineux. Un photographe branché évoluant dans le milieu queer parisien (Victor Belmondo), qui enchaîne les aventures, tombe éperdument amoureux de son nouveau voisin (Théo Christine) en couple avec une femme. Gaël Morel réinvente le triangle amoureux à la François Truffaut, dans un essai sur le deuil qui fait écho à son Après lui avec Catherine Deneuve. Un devoir de mémoire cinématographique sur la génération SIDA d’avant la trithérapie et une ode à l’amour — tous les amours — sans que le droit de les vivre ne soit un enjeu.

Dans un univers futuriste à l’imagerie hautement queer, un vidéaste (Bilal Hassani) raconte l’ascension à la gloire et le déclin de Mimi Mamadour, une mégavedette qu’il continue d’aduler et de traquer avec sa caméra. Le cinéaste Alexis Langlois revisite dans Les reines du drame tous les moments pop culture et queer qui ont marqué sa génération ( Star Academy, Alizée, RuPaul’s Drag Race, Perez Hilton) dans un film à la signature visuelle très personnelle, porté par le magnétisme du duo Louiza Aura/Gio Ventura. Un film qui pourrait bien marquer la jeune génération queer par un style et un érotisme en synchro avec elle, et ravira les plus anciennes avec des dialogues référencés parfaitement amenés.

Le voyage linguistique scolaire de Fanny en Allemagne et la rencontre avec sa correspondante locale vont se transformer en une histoire d’amour fusionnelle et toxique. Avec Langue étrangère, Claire Burger utilise l’universalisme du premier voyage seul à l’étranger à l’adolescence pour disserter sur la fragilité de la personnalité, et ce qu’elle peut avoir de mouvance dangereuse quand elle est influencée, ou contrôlée. Mais en seconde lecture, la cinéaste filme aussi la force d’engagement d’une génération, de la radicalité de ses actions, et du manque de réflexion approfondie dont elles résultent. Chiara Mastroianni et Nina Hoss offrent des figures adultes très appréciées en miroir avec l’immaturité de leurs filles de cinéma.

On le voit, cette année encore, le festival célèbrera des œuvres queer en invitant le public à explorer et à apprécier la richesse des réalisations issues de la communauté LGBTQ+.

Quoi faire festival

« Dans le cadre de son engagement à faire croître l’équité et l’inclusion au sein de l’industrie, le Fonds des médias du Canada (FMC) a noué des partenariats avec de nombreux festivals de film et des organismes qui donnent une voix aux groupes sous-représentés dans le milieu», explique Mathieu Chantelois, premier vice-président, Marketing et Affaires publiques au FMC. «Nous sommes heureux de soutenir à la fois le festival image+nation et Cinémania et de voir ces deux festivals collaborer pour faire découvrir, acclamer et adorer les nombreuses histoires que nous offrent les membres de la communauté LGBTQ2S+. C'est formidable de voir ces deux grands festivals travailler ensemble.»

Autre film qui devrait attirer l’attention des lecteurs de Fugues : La mer au loin de Saïd Hamich Benlarbi, nous fait entrer dans la vie de Nour, un immigré clandestin à Marseille, qui va changer radicalement de vision du monde grâce à deux rencontres fortes. Le cinéaste franco-marocain poursuit avec ce second film l’essai politique abordé sur Retour à Bollène, se permettant un retour historique sur la génération issue de l’immigration maghrébine des années 90, âge d’or du raï et de l’entremêlement des cultures, dans une France post-manifestation des revendications de 1983. Sublime, Ayoub Gretaa porte le film, secondé par Grégoire Colin et Anna Mouglalis.

Des courts métrages

Le court métrage sera aussi à l’honneur, puisque deux soirées lui seront consacrées, celle du court québécois et celle du court international. Parmi le cours métrages, notons Les invincibles qui nous montre Clément, 16 ans, qui ment sur son âge sur une application de rencontres pour une première date en personne... À la Soirée Kino, les kinoïtes seront invités à relever le défi mensuel sous la thématique Avoir 30 ans.

Côté documentaires

Une jeunesse française, de Jérémie Battaglia, sera le film d’ouverture de la compétition des documentaires. Ont aussi été sélectionnés La peur au ventre, de Léa Clermont-Dion , et La Passion selon Béatrice, de Fabrice du Welz. En plus de ce documentaire où elle se rend sur les lieux de tournage de Pasolini, Béatrice Dalle accompagnera Maldoror, drame sur un fait divers ayant bouleversé la Belgique du même réalisateur. Le garçon coréalisé par Zabou Breitman et Florent Vassault invitera à voir une enquête familiale vertigineuse, où réalité et fiction se mêle. Le public pourra découvrir Averroès et Rosa Parks de Nicolas Philibert dans lequel le cinéaste, par le biais d’entretiens individuels et de réunions « soignantssoignés », tente de montrer une certaine psychiatrie. Le réalisateur gai Sébastien Litshitz présentera le quotidien de Madame Hofmann, responsable d’une unité de soins palliatifs à Marseille, dans des journées tonitruantes entre hôpital et foyer, équilibrant les fortes charges émotionnelles quotidiennes de sa profession. Comme à son habitude, le cinéaste se fait le porte-parole cinématographique de celles et ceux qu’on applaudit parfois, mais dont on oublie souvent l’héroïsme.

Par ailleurs, afin de célébrer son 30e anniversaire, le festival inaugurera le volet Cinemania VR, où seront présentées six œuvres immersives, dont Otto’s Planet. Produit par le Luxembourg, le Québec et la France, ce court métrage en réalité virtuelle et mixte de Gwenael François a obtenu le prix spécial du jury de la section Venice Immersive à la Mostra. 6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | https://festivalcinemania.com

Les billets sont en vente aux tarifs suivants : entre 8$ et 14,50$ selon la catégorie

CARNET ET PASSEPORTS

CARNET 6 FILMS - 75.00$

PASSEPORT ILLIMITÉ - 200.00$

PASSEPORT ILLIMITÉ 30 ANS ET MOINS - 120.00$

PASSEPORT ILLIMITÉ INDUSTRIE - 150.00$

Au Cinéma Cineplex Odeon Quartier latin, au Cinéma du Musée, au Cinéma du Parc, au Monument-National, à la Cinémathèque québécoise ainsi qu’au Cinéma Moderne.

Notez que les films Les reines du drame et Langue étrangère seront aussi présentés dans le cadre du festival image+nation.

Quoi faire écrans

Première véritable incursion d’un personnage gai dans l’univers Marvel

C’est en 2021 que la série WandaVision frappe de plein fouet le petit écran et génère les théories les plus folles. Depuis lors, une suite était attendue avec impatience puisque certaines questions demeuraient en suspens. La série AgathaAllAlong(Agathaàchaquefois) apporte plusieurs réponses, tout en exhumant des limbes (ou des Enfers ?) un personnage iconique !

L’action s’amorce alors que le cadavre d’une jeune femme est découvert. L’enquêtrice (Kathryn Hahn) flaire que quelque chose cloche, et pas seulement avec le meurtre, mais sans pouvoir en déterminer la nature. Il s’agit de l’intervention d’un mystérieux adolescent (fantastique Joe Locke de la série Heartstopper) qui ramène à la vie sa mémoire défaillante. Elle est une sorcière, Agatha Harkness, à qui on a volé ses pouvoirs et trois ans de son existence : l’univers dans lequel elle évoluait jusqu’alors n’était que fiction. Pour retrouver sa puissance et échapper à une horde sanguinaire, elle doit constituer un sabbat de sorcières et emprunter une route maléfique, semée d’épreuves, où les survivantes verront leurs souhaits exaucés. Elle réunit donc plusieurs sorcières déchues, formées par la crème des actrices (Debra Jo Rupp, Aubrey Plaza, Sasheer Zamata, Ali Ahn et Patti LuPone), ainsi que l’adolescent afin de pénétrer dans une dimension tissée à même les clichés des séries et des films associés à la magie noire ou aux femmes en position de pouvoir. On y retrouve notamment des références au giallo (un genre italien qui combine le policier, l’horreur et l’érotisme), au Magicien d’Oz et même à l’univers aseptisé de la série Real Housewives

La série résiste à la tentation de faire d’Agatha une « bonne sorcière » et maintient au contraire sa part d’ombre, tout en semant de nombreuses questions sur son passé. A-t-elle bien tué de sang-froid pour gagner ses pouvoirs ? Est-il vrai qu’elle a sacrifié son fils, Nicholas Scratch, pour mettre la main sur un livre de sortilèges ? Par ailleurs, qui se cache derrière l’ado ? Un sortilège empêche quiconque de découvrir sa véritable identité : qui a lancé un tel sort et que cherche-t-on à cacher ? Bien que la série ouvre plusieurs pistes, notamment une voulant que l’ado serait la réincarnation de Nicholas Scratch, tout semble indiquer qu’il s’agisse de Billy Maximov, le fils de Wanda et de Vision, qui a sombré dans le néant à la toute fin de Wanda Vision. Au-delà de son apparence, calquée sur celle de la BD, plusieurs

autres indices nous orientent dans cette direction : il est gai, la série mentionne le démon Méphisto (auquel il est normalement associé) et lorsqu’il réalise ses premières incantations, il répète les formules à trois reprises. Son arrivée sonne ainsi la venue de l’un des sorciers les plus puissants de l’univers Marvel, Wiccan, et annonce également la formation de l’équipe des Young Avengers, ainsi que l’avènement d’un personnage d’une importance cosmique, Teddy Altman, dit Hulkling, son futur petit ami. Considérant la frilosité habituelle de l’univers cinématique Marvel au regard de l’homosexualité, on ne peut qu’accueillir avec enthousiasme, mais également avec prudence, cette entrée fracassante. Une série qui ménage de nombreuses surprises et n’hésite pas à flirter avec l’horreur, tout en versant allègrement dans l’humour noir. Au fil des épisodes, le voile du mystère s’éclaircit et s’obscurcit d’un même souffle, alors même que vérités et mensonges s’entrelacent.

Décision étrange de Disney au regard du doublage français

Depuis la série Écho, Disney semble avoir cessé de produire un doublage québécois pour plusieurs de ses séries. Le doublage réalisé en France est généralement de bonne qualité, mais rend rarement compte de la réalité nord-américaine. À titre d’exemple, dans la série Écho des membres des Premières Nations utilisent le terme « amérindien » pour se désigner, alors que plus personne au Québec ou en Amérique n’emploie cette expression. Bien qu’on ne retrouve pas de tels faux pas dans le doublage de la présente série, on ne peut que regretter que Disney maintienne cette décision puisque le produit final est correct, mais pas aussi inspiré que celui de Wanda Vision qui était réalisé au Québec. À noter cependant l’excellente traduction de la chanson « La ballade de la Route des sorcières », qui sert de porte d’entrée vers la dimension maléfique. Les neuf épisodes de Agatha All Along (Agatha à chaque fois) sont disponibles, en anglais et en français, sur Disney+. 6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | https://www.youtube.com/watch?v=2BboKBmO8uI

Agatha à chaque fois (bande-annonce française)

https://www.youtube.com/watch?v=_PtDZLqqNgQ

« La ballade de la Route des sorcières »

AGATHA ALL ALONG

BRILLIANT MINDS

LES DÉDALES DE LA TÊTE ET DU CŒUR !

Les drames médicaux sont légion et BrilliantMinds pourrait donc se perdre dans la masse d’une multitude d’autres, si ce n’est que la série s’articule autour de problèmes neurologiques hors normes et que son protagoniste est gai. Bref, après les 21 saisons de Grey’sAnatomy, il est sans doute enfin temps de passer, le mauvais jeu de mots s’impose, à « Gay Anatomy ».

La série nous fait suivre un neurologue au profil résolument atypique : le Dr Oliver Wolf (Zachary Quinto). Non content d’être un prodige de la médecine, il se distingue en prônant une approche plus humaine, bousculant des protocoles très rigides et une vision réductrice de la maladie. Ses manières ne sont pas sans causer de heurts, il est donc licencié de son poste dans un centre médical prestigieux et se voit obligé d’accepter une fonction dans un hôpital surpeuplé du Bronx. Il est également affecté d’une condition neurologique très particulière : la prosopagnosie, c’est-à-dire l’incapacité d’identifier les visages, y compris son propre reflet. Ce trouble très rare complexifie les relations avec ses collègues, dont les internes qu’il n’arrive tout d’abord pas à distinguer, mais également sa vie amoureuse. Dès son plus jeune âge, deux certitudes ont guidé sa trajectoire : il est gai et sera neurologue. Au fil des épisodes, des fl ashbacks partagent l’enfance de Wolf marquée par l’ostracisation, tant au regard de sa maladie que de son orientation sexuelle. Comme dans tout drame médical, un lot d’histoires passionnelles se profile et le docteur Wolf n’est évidemment pas indifférent aux charmes de ses confrères masculins. Au-delà de la voix et de la personnalité, la séduction et l’identification s’articulent cependant autour de la voix, de la démarche, de la coiffure ou d’une autre caractéristique physique dominante. La série est basée sur la carrière du neurologue britannique Oliver Sacks à qui l’on doit plusieurs ouvrages de vulgarisation des troubles neurologiques, dont L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, qui connut un grand succès au milieu des années 80. La matière première ne manque donc pas pour alimenter les différents épisodes de la série. Les deux premiers épisodes adoptent l’approche classique du cas de la semaine : une mère est convaincue que ses enfants sont des copies des originaux ; une femme qui a perdu tout contact avec son corps et une scène d’ouverture émouvante où un homme souffrant d’Alzheimer retrouve brièvement sa lucidité, le temps de jouer du piano au mariage de sa petite fille. C’est cependant dans l’épisode 3 que la série prend réellement son envol avec un récit bouleversant où un motard fait face au choix déchirant de perdre la vie ou sa capacité à pouvoir générer de nouveaux souvenirs. Au-delà du fascinant cas médical, l’intérêt se situe également dans les développements entourant la relation tendue entre le neurochirurgien Josh Nichols (Teddy Sears) et Wolf. Cette tension cache-t-elle plus qu’il ne semble ? Vexé de ne jamais être reconnu par son collègue, Nichols est décontenancé lorsque Wolf lui révèle qu’il arrive maintenant à le reconnaître en raison de ses mains gigantesques. Les portes du fantasme s’ouvrent ainsi bien grandes : reste cependant à savoir si la série osera s’y engager. Les plus curieux et curieuses seront par ailleurs intéressé.e.s d’apprendre que les deux acteurs ont déjà interprété un couple dans la première saison de American Horror Story. La série porte un regard fascinant sur les méandres de l’esprit humain et présente une gamme de personnages hauts en couleur, notamment du côté des internes qui ont tous une personnalité très marquée. La règle d’or des séries télévisées est qu’il faut savoir toucher la tête et le cœur et même s’il est encore trop tôt pour se prononcer, Oliver Wolf pourrait bien réussir ce doublé. Seul l’avenir nous dira si ce pari est remporté.6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | La série Brilliant Minds est disponible, en anglais, sur NBC. https://www.youtube.com/watch?v=YpkTyujYfkg

Fugues y était...

Soirée Désorientation GRIS-Montréal au Grand Quai | PHOTOS ANDRÉA

Le 20 septembre 2024, la Soirée Désorientation 2024, présentée par la Banque Nationale sous le thème L’Heure Bulle, soulignait les 30 ans du GRIS-Montréal. Aux platines, l’électrisante Sandy Duperval (alias BLK PRL) et Reid Bourgeois, ainsi que d’autres artistes talentueux (dont la drag Adriana) et des animations ont su garantir une nuit mémorable! Tous les profits seront reversés à GRIS-Montréal, qui œuvre pour la sensibilisation et l’inclusion des jeunes LGBTQ+.

ROBERT LEZAK

MONSTERS (MONSTRES)

Entre meurtres sanguinaires et amour fraternel (ou passionnel ?)

Après une excellente première saison articulée autour de Jeffrey Dahmer, Ryan Murphy pose la lentille de sa série d’anthologies Monstres sur un crime sordide qui a défrayé la chronique judiciaire au début des années 90 : le meurtre de José et Kitty Menendez par leurs enfants, Lyle et Erik. Meurtres sanguinaires ou légitime défense ?

Présentée sur Netflix, la série Monsters (Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez) fait preuve d’une construction ingénieuse, mais également profondément déconcertante puisqu’on ne sait jamais sur quel pied danser. Dans les deux premiers épisodes, le récit semble ne laisser que peu de place à interprétation : les deux jeunes hommes souhaitent se libérer d’une mère et d’un père trop contrôlants et optent pour un double meurtre. Il y a quelques scènes équivoques, mais ils sont bien responsables de la mort de leurs parents et comme ils sont d’un naturel arrogant et narcissique, il est difficile de leur accorder la moindre sympathie. Affaire classée : meurtres au premier degré !

À partir de l’épisode 3, un changement progressif s’opère alors même que les deux meurtriers partagent le récit des abus sexuels et psychologiques perpétrés par le père (magistral Javier Bardem), sous le regard d’une mère indifférente, et ce, depuis l’âge de six ans. L’enjeu du procès ne se situe pas autour d’un verdict ou non de culpabilité, mais bien plutôt du contexte des meurtres et de la peine conséquente : peine de mort ou prison à vie ?

Les épisodes 4 et 5 éteignent nos braises d’incertitudes alors même que les acteurs interprétant les deux frères, Nicholas Alexander Chavez (Lyle) et Cooper Koch (Erik), livrent des performances bouleversantes. L’épisode 5 constitue d’ailleurs une pièce d’anthologie constituée d’un plan fixe de 36 minutes accompagné d’un long traveling avant sur l’hypnotique confession d’Erik. La légitime défense semble alors indéniable… si ce n’est que l’épisode se termine sur un regard ambigu : avons-nous été manipulé.e.s ? L’épisode suivant culbute à nouveau nos certitudes alors que le journaliste Dominick Dunne (Nathan Lane) déconstruit,

un à un, les différents arguments présentés. Les certitudes s’envolent et nous en arrivons parfois au constat absurde d’accorder plus de crédit à un frère plutôt qu’à l’autre. Bien qu’il s’agisse de meurtres abominables, la série n’hésite pas à y disséminer des scènes amusantes ou malaisantes. C’est par exemple le cas lorsque les frères choisissent une chanson de Milli Vanilli comme musique mortuaire, lorsque Lyle panique à l’idée de perdre son postiche capillaire ou encore quand il recherche désespérément des pièces de dix sous pour utiliser le téléphone de la prison.De nombreuses scènes laissent également planer un doute quant à la relation entre les deux frères qui semblent parfois à un souffle d’une embrassade passionnée. Erik est par d’ailleurs terrorisé à l’idée qu’on puisse le qualifier d’homosexuel, tout en n’hésitant pas à se faire photographier dans des slips moulants et des poses homoérotiques ou à draguer un autre détenu dans les douches de la prison. L’élément le plus troublant à son sujet est cependant lorsque, dans ce qui apparaît comme un éclair de lucidité, il évoque avoir été à ce point molesté qu’il n’est plus certain de savoir ce qu’il est ou qui il désire. Une confidence bouleversante, mais est-elle véridique ou un tissu de mensonges ?

Brillant portrait d’une époque, d’un crime sordide et de deux hommes écorchés vifs, la série prend le pari audacieux de ne pas offrir de réponses définitives et place l’auditoire dans la position d’un jury dont l’opinion change au rythme des témoignages et des preuves présentées. En ce sens, elle est à l’image des remous et des déchirements que l’affaire génère toujours aux États-Unis. Les curieux et curieuses seront par ailleurs intéressé.e.s par le documentaire qu’offre également Netflix sur cette ténébreuse histoire : Les Frères Menendez. À noter que le sujet de la saison 3 de Monstres est déjà annoncé : Ed Gain, le tueur en série nécrophile du Wisconsin. Les neuf épisodes de Monsters (Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez) sont disponibles, en anglais et dans un très bon doublage français, sur Netflix. De même pour le documentaire Les Frères Menendez 6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | https://www.youtube.com/watch?v=by4Hz7FDAR8

Monstres : l’histoire de Lyle et Erik Menendez (bande-annonce française)

HEARTSTOPPER SAISON 3

La conclusion de la précédente saison annonçait déjà que les problèmes d’anorexie de Charlie seraient au cœur du prochain récit, mais il n’est pas seul à vivre de profondes remises en question. Étalé sur une année scolaire, ce troisième opus de Heartstopper plonge avec aplomb dans les plaisirs et les tourments de la fin de l’adolescence.

Adaptation du quatrième et du cinquième volume de la série de bandes dessinées d’Alice Oseman (Choses sérieuses et Premières fois), la saison 3 partage les incertitudes et les ardeurs bourgeonnantes du groupe d’ados, notamment celles en lien avec la sexualité. Certain.e.s diront qu’il était à peu près temps puisque jusqu’ici la série se cantonnait dans un rose bonbon plutôt sage. Qu’on ne se méprenne pas, la patine rosée s’est avérée irrésistiblement émouvante, mais le temps était venu de passer à autre chose alors qu’ils franchissent allègrement leurs 16 et 17 ans.

Cette année de questionnements et de découverte n’est cependant pas sans périls puisqu’elle implique de prendre des risques. Ainsi, alors même que Charlie (émouvant Joe Locke) traverse les affres entourant l’acceptation et le traitement de son anorexie, il fait face à sa plus grande crainte : déclarer son amour à Nick (excellent Kit Connor). Et si ce dernier n’éprouvait pas la même chose ? Et s’il était dégoûté par son corps amaigri ou lassé par ses problèmes de santé ? Les « et si, et si » tourbillonnent dans son esprit et le paralysent ! De son côté, Nick réalise qu’il s’est beaucoup plus appuyé sur la force tranquille de Charlie qu’il ne le croyait et est donc décontenancé lorsqu’il doit planifier son propre avenir. Ella (Yasmin Finney) explore à tâtons sa relation avec Tao (William Gao), tout en composant avec sa dysphorie corporelle et en faisant face à des « alliés » qui tentent d’instrumentaliser sa transidentité à leurs propres avantages. Tara (Corinna Brown) est épuisé par sa charge de travail alors que sa copine Darcy (Kizzy Edgell) explore sa non-binarité et qu’Isaac (Tobie Donovan) fait face à la solitude et l’incompréhension générées par son asexualité. Même Tori (Jenny Walser), l’irrésistible et impassible sœur de Charlie, a droit à un petit arc narratif et à une délicieuse surprise.

On pourrait penser qu’un menu aussi chargé peut être difficile à encaisser, mais ce n’est pas le cas puisque la production maintient un équilibre rarement égalé entre drame, romantisme et humour. À noter que, lorsqu’on propose à Charlie une soirée cinéma, celui-ci professe un désintérêt profond pour les films Marvel : un petit détail fort amusant, déjà amorcé dans la saison 2, puisque l’acteur Joe Locke interprète un rôle cathartique dans la série Agatha All Along (Agatha à chaque fois) de ce même univers cinématographique. Si on se réfère aux déclarations d’Alice Oseman, sa série de bandes dessinées se conclura dans un sixième tome qui n’est pas encore paru. La série télévisée suivra sans doute le même parcours et, on peut le présumer, se terminera dans une quatrième et dernière saison. Dans l’intervalle, on ne peut que plonger avec délice dans cet improbable petit bijou qu’est Heartstopper, le sourire aux lèvres et une boîte de mouchoirs à portée de main. Les huit épisodes de la saison 3 de Heartstopper sont disponibles, en anglais et dans un excellent doublage français, sur Netflix.6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | https://www.youtube.com/watch?v=pGsuaKGnS5c Heartatopper, saison 3 (bande-annonce française)

Fugues y était...

Retour sur le Gala Émergence : Tapis Rouge 2024 | PHOTOS ANDRÉA ROBERT LEZAK

Durant cette soirée Gala, tenue le 17 octobre, on a remis, entre autres, les prix suivant :

• Le Prix Laurent-McCutcheon à Yannick Nézet-Séguin pour son engagement en faveur de l’ouverture et de l’inclusion.

• Le Prix Janette-Bertrand au musée de la Civilisation de Québec pour son exposition Unique en son genre.

• Prix Coup de cœur à Judith Séguin et Eugénie Lépine-Blondeau qui ont mené le CHUM à revoir ses pratiques pour plus d’inclusion des couples homoparentaux;

• Prix Coup de cœur à Radio-Canada et Jocelyn Lebeau pour leBalado “Fais un homme de toi”.

• Le Prix Académique à la Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles.

• Il y a eu également la remise du Prix ÉDI+, à Revenu Québec qui visait à souligner une initiative d’équité, de diversité et d’inclusion. Plus de photos de la soirée sur Fugues.com

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

QUEUTARD LÉGENDAIRE

VS CUL D’ACIER (TOME 1 DE 4)

Deux têtes fortes dominent le lycée de Hachitne : Lori Mikagura et Minami Sena. Le premier porte fièrement le surnom de Queutard légendaire, puisqu’il embroche les conquêtes féminines à un rythme frénétique, alors que le second est affublé de celui de Cul d’acier, en raison du galbe de sa croupe, mais également parce qu’il est un véritable trou du cul. Le conflit entre les deux hommes est inévitable !

Le prétexte est à la limite de l’absurde, mais suit le principe ultra machiste voulant que « l’acte de pénétrer l’autre équivaut à la victoire ». Mikagura lance donc un défi à l’autre coq de cette basse-cour japonaise : les deux hommes vont baiser ensemble et le meilleur baiseur remportera la victoire. Le raisonnement étant que les deux hommes sont à armes égales : Queutard est doté d’une verge de destruction massive, alors que Cul d’acier est pourvu d’un bouclier impénétrable.

Tout d’abord décontenancé, Sena se range finalement aux arguments exposés, ne souhaitant pas se voir accusé d’être un pleutre. Une guerre aux proportions dantesques se met ainsi en place, avec pour armes de prédilection la fellation et la pénétration. Au fil des débordements passionnels, un rapprochement imprévu survient et les deux hommes s’embrassent. Se pourrait-il que leur animosité cache d’autres sentiments ?

On se doute bien qu’un conflit étalé sur quatre tomes ne se résout pas en deux coups de cuillère à pot. Au-delà d’un machisme qu’ils se refusent tout d’abord à remettre en question, les deux hommes sont également issus de milieux économiques opposés. C’est donc au cœur d’un étrange combat de baises effrénées et de rendez-vous doux que les deux hommes partent à la découverte de ce qu’ils sont et de ce qu’est l’autre.

Bien que graphiquement explicite, la lecture demeure avant tout amusante et on ne peut qu’être curieux de voir quelle direction la relation entre les deux hommes prendra dans les prochains tomes. Il faut souligner l’excellente traduction offerte par les éditions Taifu Comics.6

MASCULIN SINGULIER. DANS L’OMBRE DU POÈTE

Rencontre inespérée entre 80 textes homoérotiques du poète grec Constantin Cavafy, mort en 1933, et une mise en image soigneusement réalisée par le photographe Yves Paradis. La puissance de la photographie en noir et blanc argentique est ici mariée avec celle des textes de Constantin Cavafy, traduits en français par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras.

Photographe émérite, Yves Paradis a participé à de nombreuses publications, notamment Gai Pied en France et Babilonia en Italie. Les photographies déclinées dans cet ouvrage ont été prises sur une cinquantaine d’années et, à l’instar des textes de Cavafy, témoignent de leur caractère intemporel.

« Il doit avoir vingt-deux ans, pas plus. Et pourtant, je suis sûr de l’avoir déjà possédé il y a au moins autant d’années. / C’est plus qu’une simple illusion. Je viens de rentrer dans ce casino : je n’ai pas encore eu le temps de me griser. Oui, j’ai déjà joui de ce corps. /

C’EST AINSI QUE JE NE SUIS PERSONNE : POÉTIQUE DE L’INÊTRE

Titre on ne peut plus énigmatique, mais qui évoque cependant très bien le thème d’un identitaire en transition au cœur des fragments de mémoire réunis par l’artiste non binaire Zed Cézard dans un recueil de prose poétique.

Le thème de l’impermanence s’y décline au fil de réflexions fortes sur l’amour, la mort, l’amitié, la santé mentale, la perception du temps (celui qui est passé et l’autre, qui s’accroche encore au présent) et, au cœur de cette mécanique fluctuante, la clé de voûte que constitue le concept même d’identité.

Entre souvenirs et réflexions, l’auteur.trice se découvre à nue à travers des phrases chocs souvent d’une étonnante simplicité : « Un après-midi qui nous semblait suffocant, il m’a demandé de l’amener en balade dans un endroit où je passais souvent. En marchant vers mon lycée, il m’a dit que Dans la vie, il y a trois verbes essentiels : avoir, paraître et être. Et que ça faisait longtemps qu’il avait choisi le sien. »

« Transitionner ressemble à marcher à côté de tout, sauf de soi. »

« Je me sens dans les coulisses avant d’entrer en scène. Prêt à rencontrer une personne dont on m’a parlé toute ma vie sans que je puisse la voir, et qui apparaît soudainement telle une aquarelle qu’on dénoierait d’un trop plein d’eau. »

Un regard intérieur sur la transition où le formel et l’informel, le raisonné et l’émotif se combinent délicatement.6

INFOS | C’EST AINSI QUE JE NE SUIS PERSONNE : POÉTIQUE DE L’INÊTRE / ZED CÉZARD. MONTRÉAL : SOMME TOUTE, 2024, 117 P.

Où était-ce ? Je ne m’en souviens plus, mais c’est sans importance. / Maintenant qu’il est assis à la table voisine, je reconnais chacun de ses gestes. Sous les vêtements, je vois bien le corps aimé. »

Le tirage est limité à 600 exemplaires et il est possible de se procurer l’ouvrage sur le site de la librairie Les mots à la bouche : https://motsbouche.com/

Une entrevue avec Yves Paradis, une présentation du parcours de Constantin Cavafy, ainsi que la possibilité de feuilleter le livre sont offertes sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=lgK8ci49ebU .6

INFOS | MASCULIN SINGULIER. DANS L’OMBRE DU POÈTE : 80 POÈMES HOMOÉROTIQUES DE CONSTANTIN CAVAFY (1863-1933) ACCOMPAGNÉS DE 80 PHOTOS EN NOIR ET BLANC D’YVES PARADIS. [FRANCE] : ÉDITION À COMPTE D’AUTEUR, 2024, 176 P.

INFOS | QUEUTARD LÉGENDAIRE VS CUL D’ACIER / TOTOFUMI. PARIS : TAIFU COMICS, 2024, 184 P.

PATRICK FILLION’S BOOK OF SPELLS

L’arrivée des fêtes de l’Halloween est également annonciatrice d’une délicieuse tradition qui enchante les adeptes de fantastique et d’homoérotisme : la publication par les éditions Class Comics d’un nouveau titre qui célèbre avec éclats la puissance d’une nuit arrosée d’une bonne giclée d’horreur et de liqueur séminale ! Pour cette nouvelle célébration, Patrick Fillion nous présente son Book of Spells, un livre des sortilèges dans lequel se retrouvent plusieurs créatures de la nuit, ainsi que d’innocentes victimes issues du bestiaire de ses personnages les plus emblématiques. On y retrouve également une surprise puisque le bédéiste délaisse l’image, le temps de quelques pages, pour plonger dans la prose.

Dans « Ravenous Craving », Felix Himner (alias Naked Justice) recherche un déguisement qui le mettra en valeur, hésitant entre ange ou démon, pour finalement opter pour un costume d’Adam. Il ignore cependant que Jacko the Halloweener épie chacune de ses transformations et qu’une éjaculation explosive (ce n’est pas une métaphore) conclura leur rencontre.

C’est dans « Spine-Tingler » que le bédéiste présente un court récit, accompagné de quelques images, où Deimos fait face aux manigances de la sorcière Baba-Yaga qui recherche un ultime ingrédient pour élaborer un sortilège : la semence d’un ange déchu. Patrick Fillion démontre qu’il excelle dans la maîtrise de la plume écrite tout autant que graphique, alors qu’il relate les tortures infligées au héros par des gobelins voraces.

Dans « Fangs » (ou « Fags » selon le lettrage), Red Velvet visite Peter, un musculeux jeune homme qu’il transforme progressivement en son familier, avant de s’attaquer aux autres occupants de l’immeuble. Comme il le souligne si bien, « il est plutôt étrange d’avoir dû embrasser la mort pour enfin vivre pleinement » (traduction libre). Le bédéiste présente également de nombreuses planches d’animation image par image, où la progression des pages PDF recompose sous nos yeux l’abandon lascif des victimes de son imagination débridée : Ghostboy, Deimos, Isaiah, Marko Finn, Zahn et Diablo. À noter que les éditions Class Comics comptent de nombreuses autres publications érotico-horrifiques célébrant l’Halloween telles que Sons of Midnight, A Very Sunny Halloween (3 volumes), The Class Comics Halloween Special (3 volumes) et l’excellente série Jacko’s Horny Halloween Tales qui arbore la patine ancienne des BD des années 70. Les BD sont disponibles, en format numérique, sur le site de Class Comics : https://classcomics.com/site 6

INFOS | PATRICK FILLION’S BOOK OF SPELLS / PATRICK FILLION. VANCOUVER : CLASS COMICS, 2024, 96 P.

S’AIMER DANS LA GRANDE VILLE

La métropole ici évoquée est Séoul, en Corée du Sud, et les amours sont ceux de Young, un jeune étudiant et écrivain. Entre colocataire déjantée, amant honteux, mère autoritaire et maladie occultée, l’auteur partage le récit d’un homme qui tente de s’extirper du marasme d’une société à la fois moderne et corsetée. Salué par la critique, le roman fut nommé dans la sélection 2024 du Booker Prize et du prix Médicis étranger.

Présenté en quatre segments, S’aimer dans la grande ville e xplore l’amour à travers différents prismes — platonique, familial, passionnel et amour de soi — et des enjeux moraux surannés qui y sont toujours accrochés. À titre d’exemple, Jaehee, sa coloc, doit faire croire que Young est une femme afin d’éviter le scandale d’un appartement partagé avec un homme. On se croirait presque dans le scénario d’une comédie de situation des années 70 à la Three’s Company.

Nulle surprise donc que d’être confronté à une société marquée par des valeurs bien-pensantes où le déni de la réalité et une homophobie sournoise vont souvent de pair. Young se remémore ainsi l’institutionnalisation imposée par sa mère après l’avoir surpris à embrasser un garçon. Son conjoint, pourtant très instruit et plus âgé, ressent alors un sentiment de honte au regard de sa « condition homosexuelle ». La débridée Jaehee décide quant à elle de se ranger en épousant un homme qu’elle apprécie tout au plus, puisque c’est la chose à faire. Le diagnostic de séropositivité de Young est entouré du plus grand secret puisqu’on ne parle pas de ces choses-là et sa mère refuse d’accepter un diagnostic de cancer.

Comme l’auteur le souligne dans la postface, « Young, le narrateur des quatre textes […] est à la fois le même et quatre êtres différents. Il est à la fois moi qui écris ce texte ici et maintenant, quelqu’un de très éloigné de moi, quelqu’un que vous connaissez bien, ou même une part de vous-même trop pesante que vous cherchez à ignorer. »

Suivant le principe de l’autofiction, certains événements sont à peine évoqués dans l’un des récits pour ensuite être développés dans un autre, des années plus tard, alors que le narrateur est enfin prêt à s’y confronter. Le roman présente un portrait immersif de la société sud-coréenne et une réflexion troublante sur l’amour, tout en offrant au lectorat une fenêtre inédite sur la culture gaie.6

INFOS | S’AIMER DANS LA GRANDE VILLE / SANG YOUNG PARK. PARIS : LA CROISÉE, 2024, 237 P.

Quoi faire livres

TU NE MENTIRAS POINT

Le Collège Saint-Jacques forme l’élite québécoise et canadienne depuis plus de 100 ans et se targue d’une réputation sans tache. La preuve, ils ont un programme pour accueillir des clientèles défavorisées et ont même mis en place un processus d’admission basé sur des tests objectifs. On n’en franchit pas les portes parce qu’on est riche, mais bien parce qu’on est doué ! Du moins, est-ce le discours officiel… Lorsque Claire Lanriel accepte le poste de directrice des relations gouvernementales et des affaires publiques, elle n’a qu’une idée en tête : un jour, elle dirigera la vénérable institution, quitte à fomenter les pires stratagèmes ou à verser dans le chantage. Au fil de ses propres machinations, elle réalise cependant n’être qu’un pion au milieu d’un échiquier beaucoup plus complexe, mais entend bien tourner celui-ci à son avantage.

Du haut de ses 17 ans, Louis-Philippe intègre le collège sans avoir de réelles attentes, jusqu’à ce qu’il croise le regard de Laurent et qu’un coup de foudre implacable fasse basculer tous ses points de repère. Ce dernier a bien une copine, mais Louis-Philippe n’y voit qu’une amourette de passage avec laquelle Laurent semble plus être en pilotage automatique que dans une relation passionnelle. Malgré tous ses efforts, il ne parvient cependant pas à tisser de véritables liens avec son collègue, jusqu’à ce que les deux hommes découvrent que le processus d’admission paraît cacher de nombreux angles morts. Après tout, quoi de mieux qu’une enquête pour rapprocher l’esprit et la chair ! Sans doute inspiré des multiples scandales qui ont secoué les collèges étatsuniens au cours des dernières années, le romancier Jean-Philippe Bernié nous fait pénétrer dans les cabales administratives et les secrets d’alcôves qui se trament derrière le vernis de respectabilité des grandes institutions. Il prend également un malin plaisir à se moquer de certains discours de méritocratie et de bienveillance qui se révèlent souvent biaisés ou profondément toxiques.

Loin de sombrer dans les clichés mièvres des amours d’adolescence, le personnage de Louis-Philippe porte un regard lucide sur ses sentiments et sur les limites de ce qu’il peut attendre de son bien-aimé : Laurent peut-il échapper à la prison de son cercle familial ? De son côté, la sagacité de Claire peut-elle réellement prétendre l’emporter sur un complot comportant d’importantes ramifications politiques ? Le roman présente une intrigue prenante qui tient efficacement en haleine, alternant entre révélations des dédales administratifs et velléités des amours d’adolescence. Bien qu’on aurait sans doute souhaité que certaines intrigues soient un peu plus développées, il demeure impossible de bouder son plaisir. 6

INFOS | TU NE MENTIRAS POINT / JEAN-PHILIPPE BERNIÉ. MONTRÉAL : HUGO, 2024, 199 P.

THE COLLATERAL (LE NANTISSEMENT)

Josh Hunter s’est spécialisé dans un genre peu exploité : le roman-feuilleton BDSM. Après avoir exploré une vengeance à l’encontre du quart-arrière d’une école (Settling the Score) et une île où se pratique le trafic sexuel de jeunes hommes (Jocks for Sale), il plonge maintenant dans une Amérique dystopique où l’esclavage est légalisé.

The Collateral (Le nantissement) s’ouvre sur une rencontre entre Wesley et son père qui lui expose la situation très précaire de l’entreprise familiale. Selon lui, une seule solution est envisageable : que Wesley renonce à ses droits et devienne une propriété sur laquelle une banque pourra consentir un prêt. Dans quatre ans, le prêt sera remboursé, ses droits lui seront réattribués et tout redeviendra comme avant. Bref, une simple formalité puisque rien ne changera vraiment si ce n’est au niveau légal.

Une prémisse étrange qui se déroule dans un futur indéfini post-Trump où une loi permettant l’asservissement vient régler deux « problèmes » : le flot d’immigrants illégaux et les droits trop importants accordés aux mineurs. Bien que réticent, Wesley finit par plier puisque la survie de sa famille dépend d’un sacrifice avant tout théorique. Par ailleurs, à l’aube de ses 18 ans, il présente des caractéristiques hors normes qui élèvent sa valeur : il est blanc, blond aux yeux bleus, athlétique et très bien monté.

Bien que les romans de Josh Hunter s’inscrivent dans un érotisme BDSM, il porte toujours grand soin à développer la psychologie de ses personnages. Ce premier chapitre, sobrement intitulé It’s just a formality, porte avant tout sur la descente aux enfers progressive de Wesley, qui évoque clairement des pans de l’histoire des États-Unis : code à barres tatoué au corps, vêtements identifiant son statut, collier de propriété, salles de toilettes séparées, interdiction d’adresser la parole à un citoyen, obligation de marcher en retrait, appréhension policière arbitraire, etc.

Wesley n’est pas surpris de constater que son frère aîné jubile de le voir ainsi réduit à un statut de propriété, mais est choqué que son père ne voit progressivement en lui qu’un simple investissement. Au détour d’une phrase, l’auteur précise par ailleurs que Wesley est hétérosexuel et que son frère et son père sont résolument homophobes. Par ailleurs, n’oublions pas que le contrat de prêt comporte une clause stipulant que la banque peut reprendre possession de ses biens s’il y a non-respect du calendrier de remboursement. Nul doute que ces éléments referont surface au cours des prochains chapitres.

Bien évidemment, cette lecture n’est pas destinée aux âmes sensibles, mais a le mérite d’entrelacer des éléments peu présents dans la littérature BDSM : des personnages complexes et une critique sociale. Reste cependant à voir quelle direction l’auteur empruntera au cours des prochains chapitres. Une version française est disponible, mais comporte de nombreuses coquilles, notamment des accords erronés et des traductions littérales.6

INFOS | THE COLLATERAL / JOSH HUNTER. [ÉTATSUNIS] : JOSH HUNTER, 2024, CHAP. 1 : IT’S JUST A FORMALITY, 154 P.

LE NANTISSEMENT / JOSH HUNTER. [?] : JOSH HUNTER, 2024, CHAP. 1 : CE N’EST QU’UNE FORMALITÉ, 128 P..

RANDY SHILTS ET LA FAKE NEWS DU PATIENT ZÉRO

Un des grands mythes entourant l’épidémie du sida est celui du patient zéro, cet agent de bord québécois qui aurait introduit le virus en Amérique et serait à lui seul responsable de la plus grande catastrophe sanitaire du 20e siècle. Mais quelle est la source de cette histoire, qui l’a inventée et pour quelle raison ? La réponse nous est révélée dans une BD surprenante !

En 1981, Randy Shilts entre en fonction au San Francisco Chronicles, à titre de premier journaliste ouvertement gai dans un journal grand public, et se targue d’une éthique professionnelle à toute épreuve. À peine entré en fonction, il est contacté par un homme qui lui révèle qu’un cancer semble se propager dans la communauté homosexuelle et que lui-même est atteint du syndrome de Kaposi (que le journaliste confond tout d’abord avec un vilain de Superman). Le journaliste se rend à son chevet, mais le jeune homme est déjà mort et est confronté à des médecins qui font tout pour étouffer l’affaire.

De fil en aiguille, il apprend que les victimes auraient contracté la maladie au cours d’une relation sexuelle, mais toutes ses tentatives pour alerter l’opinion publique se heurtent à un refus catégorique, tant du côté de la presse générique, qui ne s’intéresse pas à une histoire de « pédés », que du côté des médias gais qui n’y voient qu’un énième mensonge visant à stigmatiser la communauté LGBT et ses lieux de rencontre.

Au cours de ses recherches, il fait la connaissance d’une scientifique qui partage avec lui le fruit de ses recherches. Il se méprend alors sur la signification de « patient o » croyant y lire un zéro alors qu’il s’agit de la lettre « o » pour « out of California ». L’expression désignait simplement la source d’un regroupement de cas, soit les amants d’un même homme. Les scientifiques avaient eu un coup de chance en tombant sur un agent de bord québécois, Gaétan Dugas, qui notait soigneusement chacune de ses baises dans un petit calepin, ce qui leur avait permis d’établir la nature sexuelle de la maladie. Ne rencontrant qu’indifférence, Randy réalise que l’Amérique est avant tout fascinée par les vilains et les tueurs en série et décide de créer une fausse nouvelle pour accrocher l’œil du public.

DÉSORIENTÉ

Philippe s’est installé dans une quarantaine bien tranquille où tout semble réglé comme sur du papier à musique : sa carrière est florissante, il compte de nombreux amis et, malgré des relations amoureuses en dents de scie, il est à l’aise. Pas l’ombre d’une perturbation à l’horizon, du moins jusqu’à ce qu’il croise Tristan.

Une telle prémisse oriente normalement le récit vers la découverte d’une homosexualité latente, mais ce n’est certainement pas le cas, bien au contraire. Philippe a fait sa sortie du placard dès la fin de l’adolescence et il partage d’ailleurs la petite histoire, assez désopilante, de son parcours et d’un inventaire détaillé de ses amants. L’auteur, Éric Monette, fait d’ailleurs montre d’un grand talent pour reconstituer les tourments et l’exaltation de l’adolescence, de même que certains des points d’ancrage des années 90 à Montréal, tels que le Lézard, le Kox, l’Entre-peau ou le restaurant Picolo Diavolo.

La confidence d’une collègue de travail qui décide d’explorer sa bisexualité l’amène cependant à remettre en question ses propres certitudes, mais malgré le souvenir de rares tâtonnements, il constate n’avoir jamais ressenti de réelles appétences pour les femmes.

C’est ainsi que naît le mythe d’un agent de bord qui baise à gauche et à droite, bien conscient qu’il est porteur d’une maladie mortelle qu’il aurait contractée lors d’une escale à Haïti : le patient zéro. Comme Haïti était alors associé au communisme, le vilain parfait est ainsi créé puisqu’il combine trois boucs émissaires de choix pour le lectorat américain : les Noirs, les homosexuels et les communistes. L’intention du journaliste était d’alerter l’opinion publique et le résultat dépasse ses espérances puisque le sida s’est rapidement imposé dans la conscience populaire. L’effet pervers est qu’il a cependant transformé un innocent agent de bord en un tueur aux intentions perverses, en plus de démoniser le sida dans l’imaginaire collectif en l’associant à la débauche, la malveillance et l’inhumanité.

La bande dessinée de Clément Xavier et d’Héloïse Chochoix dépeint avec éloquence une époque agitée par les luttes des communautés LGBTQ, parfois à l’intérieur de ses propres rangs, afin de sortir de l’ombre et de la stigmatisation. Elle inclut également quelques récits parallèles qui viennent nourrir le contexte historique, notamment pourquoi San Francisco abrite une communauté gaie si importante (surprise, c’est l’armée qui en est responsable) et comment les saunas modernes ont vu le jour. Elle combine par ailleurs avec habileté des éléments qui ne se marient pas toujours bien : enquête journalistique, contexte historique et récit personnel. Une sensibilité bien tangible émerge de nombreuses pages et on en termine la lecture avec la gorge nouée par l’émotion.6

INFOS | RANDY SHILTS ET LA FAKE NEWS DU PATIENT ZÉRO / CLÉMENT XAVIER ET CHOCHOIX. PARIS : GLÉNAT, 2024, 160 P.

Non, ce sont les hommes qui le branchent, que ce soit sur le plan amoureux ou sexuel ! La rencontre de Tristan puis de Gabriel, deux hommes trans, vient toutefois bousculer ses repères puisqu’il éprouve une attirance indéniable et inattendue pour ces derniers.

Il en arrive alors à formuler certaines réflexions sur la masculinité : « Le modèle gai perpétue aussi les standards pseudo-virils hétéronormatifs, avec un soupçon ou une barge de muscles, voire de masculinité toxique. Comme si les muscles gonflés et découpés ajoutaient de l’intelligence, du charme ou des habiletés sexuelles. […] Mais quelques petits chicots et grands maigrelets croisés durant ces années m’ont démontré que cela n’avait rien à voir. Les gars les plus masculins au lit ne sont pas toujours les plus musclés en apparence. »

C’est au rythme des rencontres avec Tristan et Gabriel que les certitudes de Philippe se voient bousculées alors même qu’il découvre la réalité trans, la nature de ses sentiments et qu’il amorce une réflexion sur ce qu’est réellement un homme. Le récit flirte parfois dans la pédagogie, mais un tel constat est sans doute inhérent au cheminement de son protagoniste. Au-delà de l’adresse avec laquelle Éric Monette aborde un sujet rarement touché en littérature, il faut également souligner l’habileté dont il fait preuve à donner vie à des personnages complexes et sensibles. 6

INFOS | DÉSORIENTÉ / ÉRIC MONETTE. LANORAIE : LES ÉDITIONS DE L’APOTHÉOSE, 2024, 183 P.

Quoi faire musique

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PRESSION DES POIRES NE LAISSERA PERSONNE INDIFFÉRENT

Passion Poire arrive en force avec son tout premier effort sur disque, un opus audacieux, assumé et fruité intitulé  Pression des poires qui voit le jour chez Rosemarie Records ! Entouré de  Gary Derussy à la réalisation, de Léa Jarry à la réalisation vocale, de San James à titre de co-autrice sur plusieurs morceaux et de Naomi en duo sur le titre Solo, Passion Poire signe la musique de toutes les pièces !

« Pour moi, Pression des poires, c’est le résumé de mes 24 dernières années sur Terre », explique Passion Poire. « C’est beaucoup de recherche et d’introspection, mais surtout d’acceptation. J’ai souvent souhaité changer le passé, mais cet album est la preuve que non seulement j’accepte celui-ci, mais [que] je l’accueille les bras ouverts pour m’ouvrir au futur. Cet album, c’est autant des hauts que des bas, une réflexion sur ma vie jusqu’ici, une capsule temporelle, un amalgame de tout ce que je suis et de tout ce que j’ai envie d’être et c’est beau. »

Shéhérazade au pays de Wagner : simplement pour le plaisir

Il y a des rendez-vous dans l’année culturelle à ne pas manquer. Celui que nous propose Alexandre Da Costa en compagnie de la soprano Measha Brueggergosman-Lee en est un. Depuis des années, Alexandre Da Costa se veut un passeur et ouvre le cœur du public à la musique classique, la rend accessible à tous et à toutes. Il ne peut se faire plaisir que s’il fait plaisir au public, aux musiciens ou, comme ici, à son amie, la soprano Measha Brueggergosman-Lee.

Pourquoi Shéhérazade au pays de Wagner ? Le lien est simple : les deux complices ont concocté un programme avec des pièces qui leur tenaient à cœur et dans lesquelles ils se retrouvaient. Alexandre Da Costa est intarissable au sujet de Maesha Brueggergosman-Lee qu’il connaît depuis 20 ans. « C’est une amie depuis longtemps et j’ai toujours aimé ce qu’elle faisait et surtout parce qu’elle n’est pas du genre à s’enfermer dans un genre. Je crois que, comme moi, elle a un petit côté excentrique. Elle peut effectivement se retrouver sur une grande scène en Europe, interprétant des pièces classiques grandioses, [aussi bien] que de s’essayer au jazz, tout ce qu’elle touche se révèle remarquable. »

Pour Alexandre Da Costa, pas question d’imposer un programme. il souhaite plutôt demander à son invitée ce qu’elle aimerait chanter. « Comme violoniste soliste, ou encore maintenant comme chef d’orchestre, trop souvent nous n’avons pas le choix, on nous demande d’interpréter les œuvres de tel ou tel compositeur, que nous ayons envie ou non de les jouer à ce moment-là, continue le chef d’orchestre. Alors j’essaie de choisir, comme avec Measha, les pièces que nous aimerions interpréter ». La Shéhérazade de Ravel, c’est elle, Wagner en

première partie, le choix de Da Costa, et enfin comme surprise, une carte blanche à la soprano qui permettra au public de se rendre compte de l’étendue de son talent.

Pour ceux et celles qui suivent le travail de Da Costa, on sait qu’il dirige l’orchestre philharmonique de Québec et qu’il met toutes ses énergies, par le choix de la programmation, pour toucher l’ensemble des publics, et qu’il n’hésite pas à aller à leur rencontre, tout en étant conscient que ce que l’on appelle la musique classique représente encore un univers intimidant pour plusieurs. « On oublie souvent que des compositeurs comme Mozart, Beethoven, ou encore Wagner bousculaient les conventions musicales de leur époque, continue Alexandre Da Costa, et qu’à certaines époques, toutes les classes sociales pouvaient assister à des concerts symphoniques. » D’où l’idée, pour le chef d’orchestre, de bien sûr faire découvrir la musique classique, mais aussi d’intégrer dans sa programmation des compositeurs qui, selon lui, seront aussi reconnus que les compositeurs précités. « Par exemple, le compositeur de musiques de film, John William, comme d’autres, peut entrer dans une programmation. On peut aussi faire des incursions dans le domaine du jazz, ou encore adapter pour orchestre des chansons actuelles, comme nous l’avons fait pendant la pandémie avec J’taime comme un fou de Robert Charlebois ou Hallelujah de Leonard Cohen », de conclure Alexandre Da Costa.

Avec Shéhérazade au pays de Wagner, ce sera aussi l’occasion d’entendre et pour certain.e.s de découvrir la soprano canadienne Measha Brueggergosman-Leel. Née à Fredericton en Nouvelle-Écosse, elle est descendante des Afro-Américains qui ont échappé à l’esclavage

Passion Poire
Sarahmée

Pression des poires est une collection de 11 tubes incendiaires tantôt pop, tantôt rap, tantôt R&B, qui enflammeront les planchers de danse à coup sûr. Ce métissage de genres représente les rencontres faites autant dans le parcours musical de l’artiste que dans son cheminement professionnel et reflète la pluralité de ses influences musicales, dont  Vitaa, Lizzo, Aya Nakamura et  Céline Dion. Sur cet album, Passion Poire aborde plusieurs thèmes qui lui tiennent fortement à cœur comme les réseaux sociaux, l’amour, le déni et iel-même ! https://passionpoire.bandcamp.com

DÉBUT D’UN NOUVEAU CYCLE MUSICAL POUR SARAHMÉE

L’album Pleure pas ma fille, sinon maman va pleurer marque le début d’un nouveau cycle musical pour  Sarahmée. Les pièces de ce nouvel opus réalisé par ses acolytes habituels, soit Tom Lapointe et Diego Montenegro, seront présentées pour la première fois sur scène lors de la rentrée montréalaise de l’artiste le 14 novembre prochain.

C’est une aventure chronologique que Sarahmée invite à vivre en écoutant l’album du début à la fin. Véritable réflexion personnelle, cette œuvre, qui souligne l’importance des liens familiaux et culturels, est le fruit d’une vision précise où chaque élément, des arrangements musicaux à l’esthétique visuelle, a été pensé avec soin. L’album s’ouvre sur un hommage familial et à son frère Karim, posant ainsi les fondations d’une trame narrative profondément émotionnelle.

Notons la chanson La vie d’avant avec Rymz, qui est une réflexion que Sarahmée porte sur sa relation à distance. Elle constate qu’elle ne regrette pas son passé amoureux, même s’il a été tumultueux. Quand elle a enfin trouvé la bonne personne, cette dernière était loin. Ce morceau exprime l’ennui de l’absence et le désir d’être ensemble. L’artiste chante « dama la nopp », qui signifie « je t’aime » en wolof, soulignant ce besoin simple d’être proches et complices malgré la distance qui nous sépare.

Inspirée de faits réels,  C’est pas toi, c’est moi explore les expériences amoureuses de  Sarahmée, marquées par des moments d’incertitude sur ce qu’elle voulait. « J’ai souvent blessé des femmes que j’aimais, pensant agir au mieux. En me regardant dans le miroir, j’ai fait un constat honnête sur mon rôle de partenaire. Le dernier couplet raconte une relation toxique qui m’a ouvert les yeux sur ce que je ne voulais plus », raconte  Sarahmée. « La chanson montre que la toxicité peut venir de différentes perspectives, et j’apprécie son côté brut et sincère. »

Rappelons que Sarahmée sera à l’animation du Premier Gala de l’ADISQ le 30 octobre prochain. http://www.sarahmee.com 6

pendant la Révolution américaine en se rendant aux Britanniques, qui ont ensuite emmené ces esclaves « libérés » de la Nouvelle-Angleterre en Nouvelle-Écosse. Une histoire trop souvent oubliée.

Le 1er décembre, à la Maison symphonique de Montréal, le concert sera placé sous le signe de la complicité entre le chef d’orchestre, la soprano, les musiciens et, bien sûr, le public, sous le signe du plaisir. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Shéhérazade au pays de Wagner, 1er décembre 2024 Place des Arts. Maison symphonique. Chef d’orchestre : Alexandre Da Costa Soprano : Measha Brueggergosman-Lee. Orchestre philharmonique de Québec https://philharmonique.quebec/concert/sheherazade-au-pays-de-wagner/

CRÉDIT PHOTO : MAXENCE MOUNIER
Alexandre Da Costa

Quoi faire danse

CRÉDIT PHOTO : EVA MAUDE

IPHIGÉNIE AU THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Peut-on échapper à son destin ?

Iphigénie? On pense immédiatement à la tragédie de Racine. Du lourd en somme. Sauf que, l’histoire d’Iphigénie est relue par Tiago Rodrigues qui en signe le texte, et  Isabelle Leblanc la mise en scène pour le Théâtre DenisePelletier. Bienvenue dans le monde des Atrides revu et corrigé par Tiago Rodrigues.

Petit rappel. On se trouve en pleine guerre de Troie. Ménélas en appelle à tous les rois grecs de l’époque, dont son frère Agamemnon, pour le venger de l’enlèvement, par Pâris, de son épouse Hélène. Mais les vents sont contraires et Agamemnon ne peut envoyer ses navires. Un devin, Calchas, après une vision fait part à Agamemnon que les Dieux demandent qu’il sacrifie Iphigénie pour que les vents se lèvent. Un choix douloureux pour le roi, respecter la promesse faite à son frère et perdre sa fille, ou sauver sa fille, et se sauver en étant rejeté par tous les Grecs. Ce résumé est celui de la pièce de Racine . Mais d’autres auteurs et dramaturges ont fait une lecture différente de cette histoire.

Pour  Étienne Pilon, qui incarne Agamemnon sur scène, le texte de Tiago Rodrigues fait écho à ce que nous vivons aujourd’hui. « Le dilemme d’Agamemnon est toujours d’actualité — ‘’est-on prêt à sacrifier ce que l’on a de plus cher au nom de promesses faites à une idéologie, à une religion, ou comme ici, à son frère?’’, commente le comédien en entrevue. «Et cela peut s’étendre à une population ou encore à des jeunes hommes que l’on envoie se faire tuer à la guerre ». Peut-on faire autrement en sachant que l’on sera peut-être déshonoré, répudié, voire tué pour tenter de protéger les siens aux dépens d’intérêts qui nous dépassent.

Peut-être alors entendre les femmes, souvent les premières sacrifiées au nom de lois et de règles instituées par les hommes. Iphigénie, prise entre le désir de vivre et l’acceptation de son sort pour ne pas déplaire à son père, ou Clytemnestre sa mère et qui exhorte Agamemnon à fuir. «  Tiago Rodrigues porte un regard féministe en redonnant une place plus importante et une parole différente que les personnages de Racine », continue Étienne Pilon. Les femmes peuvent-elles changer le cours de l’histoire et leur destin.

Autre point que soulève Étienne Pilon et qui est central, selon lui, dans la pièce de Tiago Rodrigues, c’est d’en finir avec la répétition. « Les personnages se demandent aussi comment se déprendre du destin – la volonté des Dieux à l’époque de la Guerre de Troie - qui ne leur donnent aucune chance.

Quoiqu’ils pensent, quoiqu’ils fassent, ils ne pourront en changer la fin. La tragédie se trouve dans cette incapacité à changer le cours de l’histoire ». Tiago Rodrigues choisit alors de laisser les personnages parler de leurs doutes, de leurs peurs, de leurs désirs. Et d’évoquer l’incapacité d’exercer leur libre-arbitre. Évidemment, cette répétition en boucle de l’Histoire fait écho à ce que nous vivons aujourd’hui, puisque les guerres dont nous sommes témoins, et pour beaucoup victimes, ne cessent depuis Les Atrides, de se reproduire sans que nous ayons un quelconque pouvoir, on le voit bien aujourd’hui, d’éviter qu’elles naissent, se produisent, et surtout de les arrêter.

Tiago Rodrigues a fait le choix de conserver des conventions de la tragédie, genre théâtral par excellence, comme l’unité de lieu et de temps mais aussi l’usage d’une langue soutenue comme pour souligner l’enfermement dans lequel se retrouvent les personnages et de leur incapacité à s’en échapper mais qui demande au public d’accepter une forme avec laquelle il est peut-être moins habitué. Pour Étienne Pilon, on peut se laisser facilement porter par cette langue : « En fait, nous nous sommes éloignés avec la metteure en scène Isabelle Leblanc de toute inflexion déclamatoire propre à une certaine façon de jouer les tragédies classiques, bien au contraire, de rendre le texte le plus clairement et le plus naturellement possible ».

Tiago Rodrigues propose une version plus radicale des Atrides mais nous en rappelant toute sa modernité. Les questions qui se posent sont encore et toujours les mêmes aujourd’hui. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | du 12 novembre au 7 décembre 2024, au Théâtre Denise-Pelletier. Texte : Tiago Rodrigues. Mise en scène : Isabelle Leblanc. https://www.denise-pelletier.qc.ca

Etienne Pilon

Quoi faire festival

LE FESTIVAL MUNDIAL MONTRÉAL

Là où effervescence et convivialité se rencontrent

Du 19 au 22 novembre prochain, le festival Mundial Montréal présentera sa 14e édition avec une programmation qui prendra place dans une dizaine de salles à travers la ville. Présentées en collaboration avec Stingray, 33 vitrines officielles mettront en lumière des artistes canadien·ne·s et internationaux·ales sélectionné·e·s parmi les meilleurs talents de la scène globale. En plus de satisfaire les plus avides de découvertes musicales, une programmation pro complète permettra à plus de 400 professionnel·le·s de l’industrie de tirer le maximum de l’événement-boutique.

En plus des présences déjà annoncées de JACE Carrillo, Jeremy Ledbetter Trio, Laura Low, Les Rats d’Swompe, Magdala, Misc, NUNNE, Rabie Houti Band, Ron Artis II et Soleil Launière, l’équipe de Mundial Montréal est fière de présenter les vitrines officielles d’Abdoulaye Nderguet et le Bex'tet, Aeralists, Aluminé Guerrero, ANNEGA, Bia Ferreira, Blue Moon Marquee, Briga, Burnstick, Duane Andrews, Empanadas Ilegales, Farah Siraj, Kelly Bado, La Sra. Tomasa, Les Passagers, Madame Vacile, MAUVEY, Mireya Ramos, Nimkii and the Niniis, Pallmer, Salin, Tina Leon, VÍÍK et Zale Seck.

Une vaste panoplie de styles musicaux, de cultures, de traditions et d’approches artistiques seront présentés. Avec 21 projets canadiens et 12 internationaux qui se réunissent à Montréal pour se produire devant un large éventail de diffuseurs, de promoteurs·rices, d’agent·e·s, de gérant·e·s et plus encore, l’événement poursuit sa mission de servir de tremplin pour les tournées au Canada et à l’international.

Durant quatre jours, les artistes qui se produiront en vitrine vous entraîneront dans des directions diamétralement opposées et exaltantes, permettant à tous·tes d’y trouver sa place. Les féru·e·s de pop, d’afropop, de rock, de folk, de néo-trad, de jazz, de soul, d’alternatif et d’électro seront servi·e·s

Montréal présentera également pour la première fois Rythmes Nocturnes, ses vitrines officielles de fin de soirée. Nées du désir de mettre en lumière l’intersectionnalité entre les sons mondiaux, la musique électronique et la pop, qui ont dominé les conversations culturelles ces dernières années, ces vitrines poursuivront la mission d'amplifier la diversité musicale et d'ouvrir de nouvelles opportunités pour les artistes au sein du marché des tournées.

Cette année également, avec la collaboration de la Place des Arts, des artistes se produiront deux fois plutôt qu'une lors des 5 à 7 musicaux présentés au Salon Urbain, événements qui seront gratuits et ouverts à tous·tes.

Dans le cadre de la Série Accents Autochtones, le Mundial Montréal présente quatre artistes autochtones aux univers contrastants. Le groupe de tambours traditionnels et de chant choral Nimkii and The Niniis, le duo folk moderne cinématique Burnstick, Blue Moon Marquee, et finalement Soleil Launière et sa soul-roots performative fouleront les planches de plusieurs salles mythiques tout au long de la semaine.

La programmation pro : dans les coulisses de l’industrie

En parallèle des vitrines officielles, ouvertes au public, une programmation complète d’activités pro permettra à des délégué·e·s locaux·ales et internationaux·ales d’élargir leur réseau de contacts, de découvrir de nouveaux talents et de développer leur marché afin de permettre aux artistes de se produire un peu partout dans le monde. Des activités de réseautage libre et personnalisées aux conférences et tables rondes inspirantes, leurs possibilités de se connecter et d'apprendre seront infinies. 6

CAROLINE LAVIGNE

INFOS | 14e édition du festival MUNDIAL MONTRÉAL, du 19 au 22 novembre https://www.mundialmontreal.com

Mundial

Quoi faire danse

Topical Dance de Sebastian Kann

Le performeur et dramaturge queer Sebastian Kann présentera sa nouvelle création TopicalDance du 27 au 30 novembre 2024 à La Chapelle Scènes Contemporaines. Accompagné en direct par la musicienne Simone Provencher, Sebastian y dansera dans un espace peuplé d'images, de sons et de mots, nous entraînant dans un voyage ressenti où notre appareil perceptif sera mis en éveil. Topical Dance s’inscrit dans le cadre de la programmation 24-25 de Danse-Cité. Voici une courte entrevue avec l’artiste.

TopicalDanceestàlafoisunconcertexpérimentaletunsoloconceptuel.Quelleestta relation artistique avec la musicienne Simone Provencher ? Quelle est la relation musique/dansedansl'œuvre?

SEBASTIAN : J’ai fait appel à Simone parce que j’ai entendu dans sa musique un sens de l’humour marié à une démarche sérieuse. C’est rare ! Notre collaboration se passe ainsi: j’amène les écrans, les rideaux et les idées chorégraphiques, elle amène son « gear » et ses instruments, puis c’est parti. J'envoie des mouvements comme des vagues sonores, elle joue des sons qui se dessinent dans l’espace. On se rejoint parfois, et parfois on dérive chacun·e de notre bord.

Tuesforméàl’originecommeacrobate.Tuasunepratiquechorégraphique.Quelle(s) trace(s)laissel’acrobatiedanstapratiquecorporelle?

SEBASTIAN : L’acrobatie s'apprend en petites unités : une roue, une roulade, un saut de main. On fait une séquence acrobatique comme on fait un collier de perles, une figure après l’autre. En danse c’est autre chose : la danse, c’est un flux. Dans Topical Dance, je m’intéresse à la comparaison entre la danse et le langage. J’essaie de briser le flux de la danse, d’en former des « mots » et des « phrases ». Il y a donc quelque chose de la démarche acrobatique dans mon approche à la chorégraphie cette fois-ci.

Commentmêles-tuphilosophieetart?

SEBASTIAN : Pour moi, les mots qu’on utilise pour discuter de la danse sont très importants. Par exemple, quand on dit que tel·le ou tel·le artiste aurait une belle « signature choré-

graphique » ou « voix chorégraphique », on fait la comparaison entre la danse et l’écriture, la danse et la parole. C’est une mini-théorie qui dit : « la danse = la parole de l’artiste ». Elle nous montre le chemin à prendre. Les théories sont déjà à l'œuvre dans notre quotidien. Théoriser la danse, c’est expliciter ce qu’on « sait tou·te·s déjà », pour pouvoir décider : estce que je suis vraiment d’accord ?

Quelleestl’importancedupublicpourTopicalDance?Quelpublicaimerais-tuavoirface àtoi?

SEBASTIAN : Je me place dans une lignée de la chorégraphie contemporaine qui travaille par partition : c’est-à-dire, on ne donne pas de séquences chorégraphiées au mouvement près, mais plutôt des tâches chorégraphiques à accomplir. Pour être bon là-dedans, il faut être vraiment concentré sur la tâche. La faiblesse de cela, c’est qu’on peut être tellement concentré sur notre tâche qu’on oublie le public ! Pour cette œuvre, je me suis donné le défi de ne jamais décrocher du fait que je suis à vue. C’est ce qui donne aux tâches chorégraphiques leur sauce spéciale.

Qu’aimerais-tuquelepublicviveetretiennedeTopicalDance?

SEBASTIAN : En novembre, c’est la première fois que je vais danser devant des inconnu·e·s. On ne sait pas exactement ce qui va arriver ! Mon souhait, c’est de rencontrer un public qui est ouvert à être témoin d’une tentative, d’un essai. Ce que j’espère qu’il retienne : c’est une danse qui prend forme entre corps et écriture, des interprètes qui s’écoutent et s’y lancent, une œuvre qui oscille à la limite de l’expression. 6

ÉTIENNE DUTIL redaction@fugues.com

INFOS | Topical Dance, de Sebastian Kann, du 27 au 30 novembre 2024 à 19h30 Présenté en partenariat au / avec La Chapelle Scènes Contemporaines BILLETS : https://danse-cite.org/saison/Sebastian-Kann-Topical-Dance Lien Bande annonce (Vimeo) : https://vimeo.com/1021820220

Sebastian Kann

Le Fou Fou, nouvelle destination culinaire

Le Fou Fou, le hall alimentaire situé en plein cœur du tout nouveau développement de Royalmount, invite les Montréalais à se rassembler pour une aventure épicurienne unique en son genre.

Avec deux restaurants à la carte, dix concepts culinaires originaux et trois bars à thèmes, Le Fou Fou est un lieu créé pour stimuler l'imagination et titiller les papilles. Vous hésitez entre plusieurs plats ? Pas de souci ! Grâce au système de commande sur mesure du Fou Fou, les convives peuvent commander des plats de différents kiosques, livrés directement à table et sur une seule addition. Redéfinissant le paysage culinaire de la ville, Le Fou Fou est un terrain de jeu gourmand et franchement décalé pour les amateurs de bonne bouffe. «Nous nous sommes concentrés sur la création d'un environnement raffiné dans un espace magnifique, où chaque invité peut connecter avec les autres tout en profitant d'une excitante variété de délices culinaires », affirme David Haas de MTB Collective, propriétaire du Fou Fou.

Le Fou Fou réussit à honorer la réputation de la ville comme capitale gastronomique, avec une touche de créativité. Les visiteurs peuvent accéder au Fou Fou, via la toute nouvelle passerelle piétonne intérieure qui le relie directement à la station de métro De la Savane, ou utiliser le vaste stationnement disponible.

Une programmation spéciale annuelle inclue des collaborations culinaires, des performances musicales live, des expositions artistiques, des projections d'événements culturels, et plus encore ! La série inaugurale « Punch Brunch », qui débutera les week-ends cet automne, propose des plats de brunch décadents de chaque restaurateur, servis avec des bols de punch inattendus à partager. Le 1er novembre, on y tient un bal masqué de vampires où l'on

peut être aussi fou et excentrique que l'on veut, avec beaucoup de musique, danse et mystère! 6 CHANTAL CYR redaction@fugues.com

INFOS | https://www.lefoufou.com et suivez @lefoufoumtl.

Quoi faire musique

L’ORCHESTRE FILMHARMONIQUE PRÉSENTE EN CONCERT LA PRODUCTION DISNEY DE TIM BURTON

L’Étrange Noël de monsieur Jack

Passé maître dans l’art de réaliser des films fantastiques et poétiques, Tim Burton a l’habitude de nous enchanter avec des œuvres extraordinaires.

Le trame musicale est toujours excellente dans les films de Burton et celle de NightmareBeforeChristmas — connu en français sous le titre L’Étrange NoëldemonsieurJack — est sans doute l’une des meilleures musiques de film qui soient. Bonheur, GFN Productions invite le public à égayer la fin novembre avec ce qui sera un événement culturel incontournable : la version en concert de la production Disney de Tim Burton : l’Étrange Noël de monsieurJack!

Ce classique des Fêtes sera projeté sur grand écran à la Place des Arts, accompagné de la musique magistrale du compositeur Danny Elfman, interprétée en direct par l’Orchestre FILMharmonique. Sous la direction du chef d’orchestre Erik Ochsner, les spectateurs et spectatrices pourront plonger dans cette expérience symphonique le 30 novembre à la Salle Wilfrid-Pelletier. Le film d’animation pour adultes (PG) sera présenté en version originale anglaise, avec des sous-titres en français.

Créé à partir d’un poème de Tim Burton et lancé pour la première fois en 1993 sous le titre The Nightmare Before Christmas, le film raconte les péripéties de Jack Skellington, le Roi Citrouille de la ville d’Halloween. Éprouvant un ennui mortel face à la routine d’Halloween, Jack décide de découvrir la magie de Noël. Malheureusement, ses bonnes intentions le poussent à kidnapper le père Noël avec l’aide de ses acolytes farceurs, Lock, Shock et Barrel. Mais son projet festif tourne rapidement au cauchemar pour les enfants sages du monde entier.

Le compositeur Danny Elfman, récipiendaire d’un Emmy, poursuit sa collaboration avec Tim Burton (pour qui il a signé la musique de presque tous les films) qui supervise cette œuvre d’animation dirigée par Henry Selick. Comme pour un opéra, ce film est le fruit de la collaboration entre l’auteur du livret, de l’univers et de ses personnages (Tim Burton), l’auteur des musiques et des paroles des chansons (Danny Elfman ), et le metteur en scène (ici l’animateur Henry Selick).

L’Orchestre FILMharmonique n’en est pas à son coup d’essai et a l’habitude de donner vie à des films emblématiques avec de la musique en direct. En tant que premier orchestre de

musique de film au Canada, le FILMharmonique a déjà conquis le public avec des cinéconcerts à guichets fermés, à la Place des Arts et à travers le pays, notamment pour Le Seigneur des anneaux et Star Wars. Avec son talent inégalé pour transformer des partitions cinématographiques en performances puissantes, le FILMharmonique promet une expérience inoubliable qui rehaussera le plaisir du cinéma pour toustes ! Rendez-vous le 30 novembre… 6

ÉTIENNE DUTIL redaction@fugues.com

INFOS | Disney Tim Burton : L’Étrange Noël de monsieur Jack en concert Licencié par Disney Concerts et présenté par GFN Productions.

Le samedi 30 novembre 2024 à 15 h et à 19 h 30, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts.

Pour les billets et plus d’informations, visitez https://gfnproductions.ca/productions/ disney-tim-burtons-the-nightmare-before-christmas-in-concert

Recréer nos printemps

Survivre à une implosion de notre monde et tenter de se sauver et de survivre sur un radeau construit avec des tuyaux d’orgue. S’en tenir à cette amorce serait bien réducteur compte tenu que l’artiste Alejandro Sajgalik ne cessera de surprendre dans sa nouvelle pièce NovaExpress, pour nous amener plus loin qu’une simple illustration d’un monde (notre monde ?) en déliquescence.

Alejandro Sajgalik, artiste, car tous ses chapeaux – chorégraphe, musicien, scénographe et plus – se superposent, s’imbriquent, se répondent pour former un tout qui soit au plus près de ce qui naît dans son imagination et qu’il veut partager. Pour sa première pièce de groupe – il n’a jusqu’à maintenant présenter que des solos – il a préféré que son dernier projet, Nova Express, soit porté par 6 danseurs et danseuses. « Après avoir laissé émaner une gestuelle qui venait de mon propre corps, je voulais voir comment l’imaginaire des danseurs et des danseuses pouvaient aussi émaner de leur gestuelle », confie Alejandro Sajgalik en entrevue. Il n’est pas question cependant d’improvisation, le créateur restant l’architecte en contrôle de sa création.

Pour mieux appréhender l’univers de ce créateur hors norme, il est impossible de ne pas revenir sur son parcours atypique. Ayant étudié et travaillé en architecture, avec une petite formation en musique au cours de l’adolescence, rien ne le prédestinait à se retrouver sur une scène et à s’affirmer comme danseur et chorégraphe. Le choix s’est imposé viscéralement pour lui à 25 ans. « Je vivais à l’époque à New York et à la suite de différents événements, dont une job dans une agence d'architecture à laquelle j'ai mis fin, j’ai décidé de tout changer, explique Alejandro Sajgalik. Et il y avait toujours eu en moi ce désir de m’exprimer avec le corps, ce que le corps pouvait me dire, alors je me suis lancé même si je n’avais aucune expérience, ni formation en danse ». Avec humour, il précise que Montréal s’est imposée naturellement. « De New York, c’était en ligne droite vers le Nord ». Un véritable changement de vie que le trentenaire explique par le fait qu’il se fait confiance, « cette confiance à l’enfance, à l’innocence dans laquelle on peut toujours se replonger quoiqu’il arrive, un peu comme dans mon cas, de monter sur scène pour la première fois à 28 ans, de croire que tout est possible », avoue-t-il.

En 2018, le nouveau venu sur la scène de la danse à Montréal participe au programme annuel Danses Buissonnières organisé par Tangente et est choisi pour faire partie de la cohorte des chorégraphes émergents. « Ça a fait boule de neige et depuis j’ai présenté trois solos : N’importe où hors du monde (2018), Cantos para los insaciables (2019) et Materia Prima (2022) », ajoute Alejandro Sajgalik. D’autant que l’artiste impose son univers singulier, qui ne s’inscrit pas dans la tradition de la danse contemporaine, comme il le résume ainsi : « Pour ma première pièce, je voulais avoir les rênes créatives. Je venais d’un parcours en architecture, je voulais me libérer de contraintes imposées par d’autres. Je voulais faire quelque chose à 100% avec l’exploration de mon univers artistique ». Et c’est ce qu’il poursuit dans son dernier opus, Nova Express.

Difficile aussi de cerner l’univers créatif d’Alejandro Sajgalik en deux lignes. D’une part, parce que ses champs d’intérêt, de réflexion, d’imagination sont multiples. D’autre part, parce que – comme tout créateur – il y a une quête, et donc tout est changement, mutation, exploration. Avec Nova Express, on peut sentir une touche de science-fiction à laquelle s’ajoute celle d’une fin du monde. Mais il est aussi question des ruines, de ce qui reste et de ce qu’on décide d’en faire, à l’image des tuyaux d’orgue récupérés dans une église des Cantons de l’Est, dont l’artiste se sert aussi comme instruments de musique. Enfin, comment survivre, rebâtir et se rebâtir quand le corps doit s’inventer de nouveaux repères en lien avec celui des autres. Mais Nova Express est aussi une ode à la renaissance. Au cours de l’entrevue, le mot printemps revient plusieurs fois dans les propos du créateur : « Il y a aujourd’hui une vision apocalyptique du monde pour plein de raisons, mais aussi le désir de l’émergence de quelque chose de nouveau, des intuitions printanières. Donc, une forme d’optimisme que j’essaie d’exprimer à travers la danse, qui est pour moi l'un des meilleurs médiums pour peut-être retourner vers l’innocence, vers une symbiose avec l’environnement ». Une chose est sûre, l’univers d’Alejandro Sajgalik, très personnel, est une invitation à un voyage intérieur. Et ces voyages-là, on les aime. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Nova Express / Chorégraphie, composition et scénographie : Alejandro Sajgalik Tangente / ÉDIFICE WILDER – Espace danse 7, 8, 9 et 10 novembre 2024 https://www.tangentedanse.ca

NOVA EXPRESS D’ALEJANDRO SAJGALIK

Quoi faire clubbing

THE JINKX & DELA HOLIDAY SHOW 2024

Le jeudi 28 novembre 2024 à 20h à L’Olympia de Montréal (portes à 19h).

C’est la période la plus merveilleuse de l’année… encore une fois ! Vous feriez mieux de faire attention, pour ne pas manquer, le passage en ville le 28 novembre, de deux icônes mondiales du drag et stars de RuPaul’s Drag Race. BenDeLaCreme et Jinkx Monsoon reviennent à Montréal avec le succès retentissant et de renommée internationale, le Jinkx & DeLa Holiday Show, qui est la plus importante tournée internationale à ce jour du duo. Les fans peuvent s’attendre à un spectacle fabuleux, de comédie intelligente (et d’humour cinglant), de toutes nouvelles chansons et de favoris. 6 CHANTAL CYR redaction@fugues.com

INFOS | ILes billets sont en vente dès maintenant sur le site web d’Evenko ; https://evenko.ca/fr/evenements/l-olympia/the-jinkx-dela-holiday-show Visitez le https://www.jinkxanddela.com/ pour les suppléments VIP et pour les autres dates et villes de la tournée.

A DRAG QUEEN CHRISTMAS 2024

le samedi 7 décembre 2024 à 20h à L’Olympia de Montréal (portes à 19h).

Pour la première fois au Canada, Murray & Peter présentent la tournée du 10e anniversaire de « A Drag Queen Christmas », animée par Brooke Lynn Hytes. Il s’agit de la plus célèbre tournée de drag-queens au monde. Préparez-vous à voir vos reines préférées se produire sur scène, notamment Plasma, Q, Shea Coulee’, Trinity The Tuck, Miz Cracker, Manila Luzon, Venus et Gisele Lullaby. 6 CHANTAL CYR redaction@fugues.com

INFOS | Les billets sont en vente dès maintenant sur Ticketmaster : https://www.ticketmaster.ca/event/310060BDB7F432D6?lang=fr-ca&brand=lolympia

Visitez le https://www.dragfans.com/tour/drag-queen-christmas-2024 pour les suppléments VIP pour les autres dates et villes de la tournée.

LIEUX LGBTQ+ DE RENCONTRES Quoi faire

BARS, CABARETS, CLUBS, TAVERNES ET PUBS

AIGLE NOIR

1315, rue Sainte-Catherine Est, Mtl.

T. 514-529-0040 / www.facebook.com/Bar.Aigle.Noir

Populaire bar pour hommes, ouvert à tous, où se côtoie une clientèle diversifiée de tous les genres et de tous les âges. C'est un lieu inclusif impliqué dans la communauté. Dans la Zone sport, on diffuse des événements sportifs. Table de billard.

Popularbarformen,opentoall,whereadiversifiedclienteleofallgenresandallagesmix.It'saninclusiveplace involvedinthecommunity.IntheSportZonegiantscreen majorsportingevents.Pooltable.

BISTRO PUB FRONTENAC

2532 rue Sainte-Catherine Est, Mtl.

T. 514 527-2532 / www.facebook.com/Pub-Frontenac

Bar de quartier à la porte du Village, idéal pour prendre un verre et se retrouver entre ami·e·s.

Neighborhood bar at the door of the Village, ideal for havingadrinkandmeetingupwithfriends.

BAR LE COCKTAIL

1669, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-597-0814 / www.barlecocktail.com

Le Cocktail est certainement l'un des plus chics endroits du village ! Il vous offre des performances de drag queens et des soirées de karaoké enflammées. Du jeudi au dimanche : spectacles et soirées à thème sous la direction artistique de Michel Dorion.

Stylishcabaretwithavariedclientelewhereyoucanlet go and relax with friends while enjoying a drag queen show or karaoke. Thursday through Sunday : shows andthemeeveningsundertheartisticdirectionofMichel Dorion.

COMPLEXE SKY

1474, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-529-6969 / www.complexesky.ca

Le Complexe Sky avec ses trois étages et sa terrasse sur le toit dotée d’un jacuzzi est le plus grand complexe gai de la ville.

Sky Complex is the largest gay complex in the city and offersthreelevelsincludingaterraceontheroofwitha jacuzzi.

CABARET MADO

1115, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-525-7566 / www.mado.qc.ca

Cabaret populaire, Mado présente des spectacles de drags ou des événements spéciaux tous les jours. Mado Lamotte «reçoit« les vendredis et samedis soirs…

Mado's popular Cabaret features drag shows or special eventseveryday.MadoLamotte"receives"onFridayand Saturdayevenings...

CAMPUS

1111, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-526-3616 / www.campusmtl.com

Populaire bar où les danseurs nus, pour la plupart assez musclés ou découpés exhibent leur anatomie... pour le plus grand plaisir de la clientèle. Ouvert tous les jours de 15h à 3h.

Popular bar where guys show their muscles, shizelled body...andtherest.Opendailyfrom3pmto3am.

DIAMANT ROUGE

1681, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-521-1242 / www.facebook.com/Diamant-Rouge

Diamant Rouge est un strip bar qui permet à sa clientèle d’apprécier visuellement l’esthétique des corps masculins.

DianmantRougeisastripclubthatallowsitscustomers toappreciatetheaestheticsofmalebodies.

DISTRICT VIDEO LOUNGE

1365, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 438-387-3622 / www.districtvideolounge.com

Bar concept à l’ambiance relaxe avec clientèle de jeunes professionnels LGBTQ+. Écrans géants avec diffusion de vidéoclips et beaucoup plus.

VideobarattheheartoftheGayVillage.Relaxedatmosphere with mainly LGBTQ+ young professionals. Large screenswithmusicclips.

MINÉRAL

1641, rue Atateken, Mtl. www.barmineral.ca

Lieu festif à l’atmosphère confidentielle, le Minéral est un bar à vin de jour et une boîte de nuit de soir.

This festive place with a confidential atmosphere, the Mineralisawinebarbydayandnightclubbynight.

MOTEL MOTEL

1276, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. www.motelmotel.ca

Motel Motel est une adresse fluide. C’est une buvette de quartier, mais en franchissant la porte dans les toilettes on accède à un bar à l’arrière qui s’inspire du concept de bar clandestin.

MotelMotelisafluidaddress.It'saneighborhoodbar,but throughthedoorinthetoiletsyoureachabarattheback whichisinspiredbytheconceptofaclandestinebar.

LE NORMANDIE

1295, rue Atateken, Mtl. T. 514-303-4013 / www.taverne-normandie.ca

Le Normandie est l’un des plus anciens établissements gais dans le Village. Vous y retrouverez une clientèle des plus sympathiques pour vos 5 à 7 avec une sélection de bières et de scotchs d’une grande variété. Tous les soirs de la semaine, c’est le karaoké.

The Normandie is one of the oldest gay establishments intheVillage.Redecoratedrecently,itgathersafriendly clientele. It offers a variety of beers and scotches. Every nightit’skaraokenight!

L’ORAGE ESPACE LIBERTIN CLUB PRIVÉ

7700 12e Avenue, Mtl. www.orage.club

Avec son bar lounge, sa discothèque et ses deux étages à aires ouvertes, L’Orage Espace libertin Club privé est un endroit unique pour les amoureux d’érotisme, de sexualité basée sur le voyeurisme et l’exhibitionnisme! Soirée Diversité tous les jeudis.

With its lounge bar, its nightclub and its two open-plan floors,L’OrageEspacelibertinClubPrivéisauniqueplace forloversoferoticismandsexualitybasedonvoyeurism andexhibitionism!DiversityeveningeveryThursday.

PIANO BAR LE DATE

1218, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-521-1242 / www.ledatekaraoke.com

Piano bar relax avec soirées karaoké tous les jours. Neighbourhoodpianobarwithkaraokeeverynight.

LE RENARD

1272, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. www.bar-renard.com

Petit bar de quartier, très charmant à la déco design face à la station Beaudry.

Small, trendy and design neighborhood bar in front of Beaudrymetrostation.

STUD MONTRÉAL

1812, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-598-8243 / www.lestudmontreal.com

Bar à la clientèle variée où les hommes aiment les hommes et où les Bears se rencontrent aussi. Nombreux partys et soirées à thème tout au long de la semaine. Piste de danse. Il faut visiter «L’Atrihom», une verrière de 30 pieds de haut avec mur végétal, que ce soit pour une date, manger ou simplement pour prendre un verre. Diversecrowd,ameetingplaceforBears.Popularbarwith dancefloor.Severalpartysandthemednightsmonthly. The ‘’Atrihom’’ is a 30 feet high green house where you canalsoeat.

ROCKY

1673, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-521-7865 / www.facebook.com/tavernerocky

Bar de quartier avec une clientèle mature où l’on propose régulièrement des spectacles de chanteurs. Neighbourhoodbarwithamaturecrowd.Guestsingers regularly.

STOCK BAR

1171, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-842-1336 / www.stockbar.com

Le Stock Bar est un club de danseurs nus qui offre un cadre festif, respectueux et sécuritaire. Le lieu compte aussi un speakeasy plus cosy pour les danses… et un bar-terrasse ouvert sur la rue.

Stud Bar is a nude dance club that offers a festive, respectful and safe environment. More cosy in the speakeasy space ideal for private dances and also a sectionopenonthestreet.

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GROUPE HOM

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858, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-658-2646 / www.stereobar.tickit.ca

Le bar du légendaire afterhour situé dans le Village est doté d’un excellent système de son. Clientèle mixte. DJs locaux et de renommée internationale de passage régulièrement.

ThebaroflegendaryafterhourintheVillagehasanexcellentsoundsystem.Mixedclientele.LocalandInternationallyrenownedDJs.

TABOO

1950, boul. de Maisonneuve Est, Mtl. T.514-504-6161 / www.facebook.com/BarleTaboo Sympathique bar de danseurs nus. Pleasantbarwithnudedancers.

UNITY CLUB

1171, rue Sainte-Catherine Est, 2e Mtl. T. 514-523-2777 / www.clubunity.com

Le club Unity est un grand club où on danse les jeudis, vendredis et samedis.

The Unity Club is a large dance club open on Thursday, FridayandSaturday.

RESTOS AVEC BAR

KEELA

1237, rue Atateken, Mtl. T. 514-528-7617 / www.restokeela.ca

Ce resto de quartier convivial offre des vins pour la plupart bios ou natures et de délicieux cocktails.

This friendly neighborhood restaurant offers mostly organicornaturalwinesanddeliciouscocktails.

SALOON

1333, rue Ste-Catherine Est, Mtl www.lesaloon.ca

Bistro-bar à l’atmosphère décontractée où l’on peut simplement prendre un verre avant un événement ou y passer la soirée entière.

Bistro-bar with a relaxed atmosphere where you can simplyhaveadrinkbeforeaneventorspendtheentire eveningthere.

BLOSSOM

1101, boul. de Maisonneuve est, Mtl. T. 514-379-3699 / www.leblossom.ca

Ce resto propose de la cuisine néo-japonaise, des suschis, mais aussi une importante sélection de saké et de whiskys japonais.

This restaurant offers neo-Japanese cuisine, sushi, but alsoalargeselectionofsakeandJapanesewhiskeys.

PALME

1487, Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 529-8480 / www.restopalme.ca

Resto qui propose des saveurs originales des caraïbes. Grande sélection de rhums et de cocktails de haute voltige.

Restaurant that offers original Caribbean flavors. Large selectionofrumsandhigh-flyingcocktails.

BARS EN RÉGION

CABARET CLUB LE DRAGUE

815, rue Saint-Augustin, Québec T. 418-649-7212 / www.ledrague.com

Complexe ouvert à tous et à toutes, comprenant: la verrière et le Cabaret. La discothèque sur deux niveaux est ouverte du jeudi au samedi..

Complex open to all, including: the glass roof and the Cabaret.Thetwo-levelnightclubisopenfromThursday toSaturday.

LE ST-MATTHEW’S

889, Côte Sainte-Geneviève, Québec, QC G1R 5M2 T. 418-524-5000 / www.facebook.com/bar.stmatthews

Bar gai principalement fréquenté par des hommes. On y trouve une table de billard, une terrasse et des appareils de loterie vidéo. Les moments forts sont les weekends, de même que les 5 à 7.

Thisgaybarmostlyfrequentedbymen.Thereisapool table, patio and video lottery machines. The highlights aretheweekends,aswellastheHappyHour.

SAUNAS DE MONTRÉAL

La présence des saunas pour hommes à Montréal date depuis très longtemps. D’ailleurs, le Bain Colonial, ouvert il y 109 ans, est toujours en activité, faisant de lui le plus vieux — ou l’un des plus vieux — saunas pour hommes toujours en activité en Amérique. Depuis le début des années ’70, d’autres établissements ont ouvert leurs portes pour servir les hommes GBTQ en tant qu’espaces de détente et de bien-être contribuant à la vie socio-culturelle de la région métropolitaine, en offrant un espace inclusif de rencontres pour la communauté.

SAUNA CENTRE-VILLE

1465, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 524-3486 / www.saunacentreville.com

Le Centre-Ville est fréquenté par une clientèle de tous âges et de toutes catégories professionnelles.

This sauna attracts a varied clientele from all ages and professionalbackgrounds.

BAIN COLONIAL

3963, ave Coloniale, Mtl. T. 514 285-0132 / www.baincolonial.com

Fréquenté par une clientèle majoritairement gaie. Sur trois étages, le Colonial vous permet la détente et, qui sait, de belles rencontres. Le Colonial vous offre 3 saunas, bain tourbillon, salle de vidéo-tv, salle d'exercices, service de massage, 2 terrasses ainsi qu’un stationnement.

Attractsacrowdofregulars,mostlygay.Genuinesteam system with natural rocks. The Colonial offers 3 saunas, whirlpoolbath,video-TVroom,exerciseroom,massage service,2terracesandparking.

SAUNA OASIS

1390, Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 521-0785 / www.saunaoasis.net

En plein cœur du Village. Plus d'une centaine de chambres et autant de casiers.

IntheheartoftheVillage.Overonehundredrooms.

SAUNA CARPEDIEM

3481, Montée Saint-Hubert, St-Hubert. T. 450 462-3481 / www.saunacarpediem.com

Seul sauna de la Rive-Sud à offrir un sauna vapeur en plus des services réguliers (sauna sec et tourbillon) ainsi qu’une salle vidéo de type «auditorium». On peut y faire l’achat de certains gadgets sexuels. Stationnement gratuit à l’arrière

TheonlySouthShoresaunawithasteamroomwithall regular services (hot tub & dry sauna) and an «Auditorium»stylevideoroom.Onecanalsobuyadiversityof sexualtoys.Freeparkingattheback.

G.I. JOE

1166, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 528-3326 / www.saunagijoe.com

Le lieu des amateurs de fétichisme qui retrouvent là un endroit pour réaliser leurs fantasmes.

The sauna of the fetish loving crowd. With slings, glory holesandabunker.

SAUNAS DE QUÉBEC

SAUNA BACKBOYS

264, Rue de la Couronne, Québec T. 418-521-6686 / www.saunabackboys.com

Situé dans le quartier St-Roch, ce sauna compte 45 chambres et casiers, glory holes, bain vapeur, labyrinthe, sauna sec et bain tourbillon.

LocatedintheSt-RochdistrictofQuebec,thissaunahas 45roomsandlockers,gloryholes,steambath,labyrinth, drysaunaandwhirlpool.

Gala du Cocktail 2024 | PHOTO ANDRÉ TARDIF
JEAN-PHILIPPE
MONSIEUR MICHEL, BIEN HEUREUX DE RETROUVER LE PUBLIC DU COCKTAIL L'INSTANT D'UNE SOIRÉE.
SASHA BAGA
L'ARTISTE ONE PINE EN PRESTATION AVEC DIX MEMBRES ET DIX CHANDELLES POUR LES 10 ANS DU CLUB
Monsieur Michel au Bar Le Cocktail | PHOTOS PASCAL FOREST
Le Bingo à Rainbow au Cabaret Mado | PHOTO PASCAL FOREST

LUNDI 21H (CONTRIBUTION VOLONTAIRE)

C’EST JUSTE LUNDI PLACE À LA RELÈVE!

AVEC SALLY-D

JEUDI 22H (ADMISSION 11$)

21 NOVEMBRE

BUTTERFLY DE NUIT : DERNIÈRE DE LA SAISON

28 NOVEMBRE

BONNE FÊTE UMA GAHD

VENDREDI 22H (ADMISSION 11$)

VENDREDI FOU ! AVEC MICHEL DORION ET INVITÉS

SAMEDI 22H (ADMISSION 15$)

DRÔLES DE DRAGS !

ANIMATION EN ALTERNANCE CIATHA NIGHT, EMMA DÉJÀVU, MISS BUTTERFLY, CRYSTAL STARZ ET LEURS INVITÉS

DIMANCHE 18H (ADMISSION 5$)

24 NOVEMBRE 15 ANS DE CARRIÈRE EMMA DÉJÀVU

19e anniversaire du Cocktail

MISS BUTTERFLY

DIMANCHE 17 NOVEMBRE DÈS 18H PLUSIEURS ARTISTES INVITÉS!

Soirée artistique «Drink & Draw’’

MERCREDIS 6 ET 20 OCTOBRE

LAISSEZ-VOUS GUIDER PAR VOTRE ESPRIT CRÉATIF!

KARAOKE SANS PANTALON

VENDREDI 15 NOVEMBRE – 22H

PRÉSENTÉ EN COLLABORATION AVEC ARMADA PAR THE MEN’S ROOM

Fugues y était...

Soirée sans pantalons octobre au Bar Le Cocktail | PHOTO ANDRÉ TARDIF
TONY LAKROIS ET LE BEAU NICO
BENOIT AVEC NORMAND ET MARK.
GISÈLE ET FABIEN L'AMOUR AU BAL DES VAMPIRES DES SOIRÉES FULL GISÈLE.
PÉTULA CLAQUE, EN ELFE MALÉFIQUE
FABIEN L'AMOUR, BAMBI DEXTROUS ET LES DANSEURS DANS LES LOGES DU CABARET MADO.
UN PARTY THÉMATIQUE NÉON POUR ILLUMINER LA NUIT DANS LE VILLAGE JUSQU'À 6 H DU MATIN !
Lancement du t-shirt CUIR de GEAR Montréal | PHOTO ANDRÉA ROBERT LEZAK
Lancement du livre Désorienté d’Éric Monette | PHOTO ANDRÉA ROBERT LEZAK

Chronique horoscope

Scorpion

22 octobre au 21 novembre 202

La nuit tombe vite, la température aussi. On arrive au mystérieux Scorpion, où tout change et se transforme dans la nature. Heureusement, on fête l’Halloween pour dédramatiser tout ça, avec les citrouilles et les fantômes de chez Dollarama. Le natif du Scorpion vivra une période printanière de changement, alors que Jupiter, Saturne et Neptune, des planètes poids lourd du zodiaque, changeront de signe. Ainsi, Jupiter arrivera en Cancer en juin 2025, annonçant pour le natif un agrandissement de ses horizons. Il lui donnera la chance de partir en voyage vers des destinations rêvées ou l’occasion de vivre des aventures au minimum transcendantes, tout en cavalant à côté de l’Alchimiste. Bien assis dans un Bronco. Le Scorpion croisera des sages, un peu déglingués, qui lui apprendront à rire de ce qui est accessoire. Et non essentiel. Il réalisera aussi qu’en étant moins sur la défensive, plus ouvert, les choses iront plus aisément. Et il réussira à démasquer plus facilement les vampires qui tenteront de l’envoûter. Mais avant ce changement, Jupiter l’aura guidé pour que ses finances soient mieux gérées. Il y verra moins de surprises. Il aura évolué aussi intimement, comme du côté sexuel, où il voudra s’assumer intégralement. Il fera des rêves révélateurs, à grands coups d’archétypes. En juin, Saturne et Neptune arriveront chez son cousin du Bélier. Il devrait vivre alors des événements en rapport avec le travail, où on verra la marque du destin. Qu’il se rende disponible, car il pourrait tourner à gauche ou à droite du jour au lendemain. De Québec à Los Angeles. Ou de Laval à Londres, facile. Il devra être plus adulte aussi du côté de la santé, car son MacDo et ses cigouilles vont passer moins facilement. Mais en même temps, il aura de bons résultats dès qu’il fera de l’exercice ou qu’il adoptera une diète plus frugale, comme la méditerranéenne. Il réussira aussi à s’éloigner des dérives de Neptune quand il était en Poissons, dans la mer des shooters, qui l’incitait trop souvent à fêter. Il vivra donc bien des défis, mais il aura le courage nécessaire pour y réussir. Alors bonne fête, le ténébreux chevalier, et joyeuse Halloween à tout le monde !!!

Sagittaire

C’est un passage obligé, les deux-trois semaines avant sa fête, où l’on est fatigué, irrité facilement. Ou pas mal blasé et désillusionné. Mais au moins apparaît clairement ce qui ne va plus, ce dont il faut se défaire pour continuer sa route. Vous trouverez alors la force de régler des problèmes stressants. Et l’inspiration nécessaire pour vous orienter vers du nouveau. Tout en vous collant à ceux qui vous aiment vraiment.

Capricorne

Vous vivrez des histoires qui vous rapprocheront de vos amis. Enfin, un ou deux d’entre eux. Vous pourriez ajouter tout de suite du nouveau à votre vie en collaborant à un projet avec l’un d’entre eux. Vous vous sentirez aussi plus intime avec ce copain qui semble flotter au-dessus de tout. Le sage de la montagne, mais qui dégage des phéromones troublantes. Vous aurez ensemble de longues, longues conversations.

Verseau

Vous réfléchirez à votre travail. Peut-être devrez-vous y faire un choix. Choisissez ce qui vous attire, le fric ira vous rejoindre ensuite. Les artistes attireront l’attention, car leur magnétisme sera au zénith. Ils auront du succès. Les événements vous amèneront à vous occuper de gens devenus vulnérables. Comme vos parents. Ou de vieux amis. Votre présence les rassurera. Et vous, ça vous élèvera comme un roi sage.

Poissons

Ce qui vous retenait de partir à l’aventure, de faire des folies, a beaucoup moins d’effet sur vous. Vous irez voir de l’autre côté de la clôture et vous ne reviendrez plus. Vous tenterez le diable et vous aimerez franchement ça. Vous pourriez aussi partir en voyage à un endroit inconnu. Ou vous irez rejoindre un NYC boy. Vous vous sentirez aussi plus libre en société, à cause du vent. De la neige.

Bélier

Vous vivrez quelques changements mineurs, ou plus sérieux. Dont un ou deux à cause de votre jeune âge. Ou du contraire. C’est dans l’air, soyez attentif, vous aurez probablement une bonne idée pour gérer votre fric. Et peut-être vivre avec plus d’aisance. On est en Scorpion, le signe du sexe. Écoutez vos intuitions, vos feelings, car votre corps va vous envoyer des messages feutrés. Un chemin secret à suivre.

Taureau

Quelqu’un va prendre de l’importance dans votre vie. Vous le trouverez plus intéressant. Ou plus attirant. Enfin, vous aurez de la difficulté à détacher vos yeux de son regard, de ses épaules, sa taille, son sexe. Ce pourrait être votre légitime. Ou un petit diable qui sortira direct des enfers. Quelqu’un pourrait aussi vous proposer un projet intéressant. Ou vous inviter dans une activité qui vous ressuscitera.

robertgareauastrologue@gmail.com

Gémeaux

Vous saurez qu’il est temps de poser un geste concret pour être en forme. En commençant tout de suite, pas juste y penser. En arrêtant de boucaner. En adoptant la diète crétoise. En marchant bien plus. Vous commencerez aussi un bon ménage, dans vos pensées et votre grenier. Une porte va s’ouvrir au travail, ayez la bonne idée d’y réfléchir. Des collègues vous y aiment bien d’ailleurs. Ils rêvent à vous.

Cancer

Vous allez aboutir souvent au bar ou au resto, sans trop y penser. Et vous y retrouverez des amis, qui y passaient au hasard. Fêtes improvisées, ça va vous déstresser. Vous commencerez aussi à jaser avec des gens relax. D’autant plus qu’il y en a bien un ou deux que vous aurez l’impression d’avoir toujours connu. Au moins depuis l’Empire. Une chance daignera vous toucher. Vous la mériterez bien.

Lion

Vous vivrez une histoire à la maison. Vous y inviterez des gens. Des amis. Et peut-être aussi quelqu’un que vous aimez bien. Vous l’inviteriez, après y avoir bien réfléchi, à cohabiter avec vous. Vous serez heureux aussi de passer des moments avec une personne plus âgée que vous. Sa sagesse vous éclairera, un temps. Et bonne nouvelle, certains parmi vous déménageront à un endroit plus confortable.

Vierge

Vous ferez une excursion à un endroit qui vous charmera, ce sera une découverte. Et peut-être le début d’un tournant dans votre vie. Vous rencontrerez aussi un voisin avec qui vous vous entendrez vraiment bien avec le temps. Vous pourriez aussi suivre des cours sur un sujet que vous venez de découvrir. Il y a quelqu’un à qui vous devriez écrire. Prenez le temps de bien vous expliquer. Ce sera bénéfique.

Balance

Vous vous sentirez plus solide, dans le réel. D’ailleurs, le temps est excellent pour investir dans du concret. Comme un terrain. Une maison. Vos revenus augmenteront après avoir pris une initiative. Ou parce que vous aurez gagné la confiance d’un chef. Mais ce qui vous rendra le plus heureux, c’est de voir à quel point vous êtes bien entouré. D’ailleurs, vous vous rapprocherez de quelqu’un qui a confiance en lui. Et en vous.  6

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