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SOMMAIRE

CONGOPANORAMA

SOMMAIRE

ISSN: 2295-3434 Belgique

Editorial Il ne fait que pardonner

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Economie technologie, défense et sécurité ont rythmé la coopération en 2013

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Nelson Mandela, L’icône du 20ème siècle s’est éteinte

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Aperçu biographique de Nelson Mandela

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Egypte: le printemps arabe dans l’impasse

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RCA-SUD SOUDAN, une ménace aux portes de la RDC

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Les personnalités et organisations qui ont marqué 2013

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Fin de la guerre de l’Est, le bon sens de la communauté internationale

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De Kabila à Kabila: l’achèvement d’un combat 26 2013, l’année de la cohésion retrouvée

30

2013, la RDC envahit l’agenda diplomatique international

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A la Une: Joseph Kabila à l’école de Nelson Mandela Paix et sécurité en Afrique Kabila apporte l’expérience de la RDC

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Sous le parrainage d’Olive Lembe Kabila 742 couples de militaires s’unissent ...

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Un robot modernise la regulation de la circula- 98 tion routière à Kinshasa Relance agricole: la RDC met les bouchées doubles

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IPME: cap sur l’émergence d’une classe moyenne d’opérateurs économiques

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Romain FELBER: «Nous espérons faire honneur à notre clientèle...»

122

Bancarisation de la paie: les agents et fonctionnaires de l’Etat à l’ère de la modernité

127

Le FPI renforce son ancrage aux Kivu

128

Interview: Fulgence Bamaros revisite le FONER

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Carton plein pour l’INPP en 2013

136

OEBK installe des caméras de suvéillance sur 150 le pont Maréchal 152

Académie des Beaux-Arts: 70 ans au service 156 du beau

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OPÉRATION POMME-ORANGE COMMENT LE M23 À ETE DEFAIT Pg 46

KISANGANI, GOMA, BUKAVU, MBUJI-MAYI KABILA DANS LE CONGO PROFOND Pg 54

LES DOULEUREUX ADIEUX DES FARDC À MAMADOU NDALA Pg 80

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Quand les FARDC ont évité le pire

Tabu Ley : le roi de la Rumba s’en est allé

Sommaire

CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

LANCEMENT DU PROJET SACIM AU KASAÏ- ORIENTAL Pg 92

OGEFREM, CES ACQUISITIONS QUI CHANGENT LA DONNE Pg 108

CITÉ DU FLEUVE QUE DES CONSTRUCTIONS EN CASCADE! Pg 116

DOSSIER ITPR: FRIDOLIN KASWESHI SUR TOUS LES FRONTS Pg 140

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Editorial

Il ne fait que pardonner

L

e 26 janvier 2014 : une date très importante dans l’histoire de la RDC. L’opinion se souviendra encore de ce vide juridique au sommet de l’Etat ; du courage d’un jeune homme qui, alors âgé de 29 ans, sans expérience politique, acceptait de conduire un bateau chavirant. C’est une date de la transformation de l’histoire de toute une Nation. Hier, un Etat malade, en banqueroute, sacrifié par de longues années de règne sans partage, aujourd’hui, une RDC plus ou moins souriante. Un pays qui apprend à marcher après cette fracture de ses membres, qui l’a cloué au sol. Pour en arriver là, il a fallu un homme épris du sens de sacrifice. C’est bien lui : Joseph Kabila. Il a sacrifié sa jeunesse pour accomplir à une mission noble. Un pari risqué d’autant plus que son père venait de rendre l’âme pour la même cause. Quel courage que d’accepter cet impérium que lui confèrent les proches de son père ! En tout bon enfant, l’occasion était de prendre la poudre d’escampette. La charge était grande. Mais c’était sans compter avec l’esprit révolutionnaire du jeune président. Cet esprit était acquis dans le maquis pour emboîter le pas à feu son père. Aux rênes de la Nation, le Raïs fera face à une éternelle hostilité. C’est une hostilité du laboratoire. « Comme il est jeune, faisons tout pour l’avoir sous notre pouvoir afin de bien contrôler ce vaste et riche pays », se disent apparemment ses détracteurs. Voilà pourquoi la pression peut être interne et externe. A l’externe, ce sont les guerres d’agression multiformes que mènent les rebelles fabriqués pour la cause. Ce sont les rapports des ONG sur les droits de l’homme, le respect de la démocratie, la bonne gouvernance… L’interne s’agite parce qu’il faut diviser pour mieux régner. La stratégie est telle que si on laisse les Congolais s’entendre, toutes les brèches seront fermées. C’est ainsi que l’externe s’appuie sur des Congolais en qui il

suscite des envies du pouvoir. Le décor est ainsi planté pour faire échec à tout développement. Que rien ne marche, que le statu quo s’éternise pour en profiter davantage. Mais le punching-ball de tout cela n’avait pas de recette magique si ce n’est le pardon. C’est cela le gage de la paix, le déclic majeur pour que le pays se métamorphose.

Le pardon à la commande N’eût été le pardon, le Congo avait encore de bonnes journées à passer dans l’enfer. Clairvoyant, Kabila puisera dans sa grandeur d’âme. C’est ainsi que ses efforts pour le développement du pays ont été concentrés sur la paix. Sans elle, rien n’est possible. Mais avec qui faire la paix ? Avec ceux qui, pour des intérêts mesquins ou par la manipulation extérieure (occidentale), se sont faits ennemis de sa personne et du Congo. Pour ce faire, il a été injurié, traité de tous les maux. On lui a refusé sa vraie identité en lui en attribuant plusieurs – tantôt il est rwandais, tantôt il est tanzanien. Il n’est pas le fils de M’zee Kabila. Des qualificatifs qui pouvaient pousser au découragement. Mais sa détermination pour parachever le combat qu’avait entrepris son père ne se diluera pas. Il a fallu qu’il pardonne. Même les extrémistes, ceux qui ont mijoté depuis tout ce temps des plans macabres de sabotage de ses actions. Ainsi, au nom de la paix, il acceptera de se mettre avec tout le monde autour d’une table. A Sun City, en Afrique du Sud, il partage le verre avec tous ses adversaires. Il a accepté même le partage du pouvoir. Ce qui donna lieu, pour une fois dans l’histoire du monde, au schéma 1+4 : un Président et quatre Vice-présidents. Ce pardon et ce sens de réconciliation permettront au pays d’organiser ses premières élections démocratiques. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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I Yvon RAMAZAN

Cependant, le combat de la paix n’aura pas de fin. Kabila militera toujours pour que celle-ci soit effective. La paix, encore la paix. Le maître mot de tous les discours de Joseph Kabila. Il le prononce plus de sept fois dans toutes ses allocutions. Nombreuses sont les initiatives pour la pacification de la RDC. Les accords, les sommets, les forums, les dialogues, concertations nationales…, le vocabulaire politique congolais ne faisait que s’enrichir des concepts. Mais toutes ces assises politiques ne sont qu’une matérialisation de la volonté de changer la donne. Le pardon est la grande caractéristique de la vie de Joseph Kabila. Le Congo n’a-t-il pas connu des moments où quand quelqu’un élevait sa voix contre le « tout puissant », la réprimande était publique et exemplaire ? Qu’a fait Joseph Kabila de tous ceux qui l’insultent dans les médias, les réseaux sociaux ? Il est quelqu’un qui sait toujours allumer le calumet de la paix. Voilà pourquoi il est aussi toujours mis au large. L’occasion pour son Congo de se réjouir, tant soit peu, à la vue de ses ennemis. Il a ainsi frayé le chemin pour que ce pays parvienne, un jour, à tailler en pièces tous ceux qui se dressent contre lui. Les effets sont invisibles aujourd’hui, mais nos descendants les vivront. Kabila : un homme entouré des détracteurs comme des abeilles. Mais ils s’éteignent, par la force de son pardon, comme un feu. N’est-il pas la pierre rejetée par les bâtisseurs mais devenue la principale d’angle ? Pourquoi donc ne pas reconnaitre qu’il est, comme Mandela, un homme à la grandeur d’âme ?

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Coopération

Economie, technologie, défense et sécurité ont rythmé coopération en 2013 La République Démocratique du Congo regorge tout ce qu’il faut à un Etat pour être grand, fort et prospère. Mais, de toute évidence, les potentialités congolaises nécessitent d’être exploitées et redistribuées de manière à répondre aux besoins socioéconomiques de base ainsi qu’au développement de tout son peuple. C’est ainsi qu’il s’est avéré pertinent d’établir des partenariats en vue de parvenir à cet ordre de prospérité.

D

ans cette optique, certaines puissances aussi bien régionales, continentales que mondiales avaient déjà crues en la capacité de la RDC à relever les défis de la sécurité et de la relance économique à travers ses institutions. Alors que la situation sécuritaire était encore peu rassurante surtout à l’est du pays, ces pays et ces institutions ont fait confiance à la RDC grâce surtout à l’offensive diplomatique du Président Joseph Kabila Kabange. Comme qui dirait : « On reconnaît des bons amis dans le malheur ». Certains Etats ont accepté de conclure des accords de partenariat économique et/ou militaire avec la RDC, malgré les nombreux problèmes auxquels elle était confrontée. L’inventaire des d’accords de coopération qui ont pris corps au courant de l’année 2013 mérite bien qu’on s’y attarde.

Pour un partenariat de coopération économique, financière et technique… Nous épinglons notamment le cas de la République française dont la Ministre

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Coopération

déléguée auprès du ministère des Affaires Etrangères chargée de la Francophonie a séjourné à Kinshasa fin novembre 2013. Venue dans le cadre de la préparation du deuxième Forum mondial des femmes francophones qui se tiendra à Kinshasa en mars 2014, Yamina Benguigui a saisi l’opportunité pour signer, le vendredi 29 novembre au nom de la France, deux accords de coopération avec le Gouvernement de la RDC. Le premier est un accord sur le transport aérien qui porte sur l’exploitation de différentes lignes aériennes entre les deux pays. Jusque-là, les relations avec la

France en la matière étaient régies par un accord datant de 1964. Le deuxième a été signé avec le ministre congolais de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel. Il porte sur l’amélioration de la formation des enseignants en français et la mise à disposition d’outils numériques pour les enseignants et leurs élèves dans cinq écoles pilotes ciblées à Kinshasa. Dans le cadre de l’amélioration des conditions de circulation des personnes et des biens, le Gouvernement a signé, le samedi 23 novembre, un protocole d’accord avec Central Motors, représent-

ant du constructeur de Hyundai. Au terme de ce contrat, Central Motors s’engage à implanter une usine de montage des bus Hyundai à Kinshasa. Avec un investissement initial de 30 millions Usd, il permettra non seulement d’accroître le nombre des bus en circulation, mais aussi de créer des emplois et faire de la RDC un pole d’exportation de cette marque. Le même jour, le Gouvernement a signé un autre contrat avec l’Association des propriétaires des véhicules affectés au transport en commun (Apveco). Cette organisation des transporteurs privés devra bénéficier de deux cent cinquante

minibus neufs livrés par Hyundai pour renforcer le transport. Les bénéficiaires rembourseront à tempérament. Dans le cadre de la coopération financière et technique, la RDC a conclu trois accords avec la République Fédérale d’Allemagne. Signés le mercredi 13 novembre par le Vice-ministre des Affaires Etrangères, Célestin Tunda ya Kasende, et l’Ambassadeur de la RFA en RDC, Wolfang Manig, ces protocoles s’articulent en trois phases : deux sont relatifs aux coopérations financières antérieures, respectivement pour 2012 pour une enveloppe de 69 millions d’euros, et 2010 CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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pour 40 millions d’euros. Le troisième protocole d’accord porte sur la coopération technique pour un montant de 36,3 millions d’euros pour l’année 2012. Selon les termes de ces accords, Berlin accepte d’apporter son soutien à la RDC dans les pôles prioritaires dont ceux de l’eau et assainissement, de la protection et de la gestion durable des ressources naturelles, ainsi que de la micro-finance pour montant global de 104 millions d’euros. Le développement du projet hydroélectrique Grand Inga sur le site d’Inga, dans le Bas-Congo, a, pour sa part, fait l’objet de la signature d’un traité de coopéra-

tion entre la RDC et la République Sudafricaine. Joseph Kabila et son homologue Jacob Zuma ont présidé la cérémonie de la signature dudit traité le mardi 29 octobre au Palais de la Nation à Kinshasa. Ce contrat a fait suite au protocole d’accord conclu entre les deux parties le 12 novembre 2011 à Lubumbashi. Concernant le projet Inga 3 qui constitue la phase 1 du projet Grand Inga, ce traité confirme, entre autres, l’engagement de la RSA à acheter 2500 MW sur les 4800 MW qui seront produits. Ce qui rend le projet Inga 3, en cours de préparation, bancable et crédible. Avec la signature de

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Coopération

ce traité, le projet Inga 3 est bien sur les rails pour la réalisation des travaux dont l’achèvement est prévu à l’horizon 2020. Ce projet, tout comme les questions relatives aux ports de Lobito en Angola et de Durban en Afrique du Sud, avaient figuré au nombre des points prévus au volet économique lors de la « Tripartite RDC, Angola et RSA », qui a eu lieu à Luanda le 23 août 2013. Toujours dans le cadre de son option développementaliste, la RDC a conclu avec la République populaire de Chine un accord de coopération économique et technique d’un montant de 9 millions Usd. Le Ministre congolais des Affaires Etrangères, Coopération internationale et Francophonie, Raymond Tshibanda Ntungamulongo, a signé cet accord, mercredi 20 février 2013, avec M. Wang Yingwu, ambassadeur de Chine à Kinshasa. Ce montant a été accordé à titre de don, au regard de l’excellence des relations de coopération entre les deux pays. En sus des questions de développement économique et technique, les questions relatives à l’épanouissement des Congolais à travers le monde ont aussi préoccupé le gouvernement au courant de l’année 2013. L’on notera ainsi la signature d’un protocole d’accord sur la coopération en matière des migrations entre la Suisse et la RDC. L’accord a été signé, le lundi 4 février à Kinshasa, par la Conseillère fédérale et Chef du Département fédéral de justice et police suisse, Simonetta Sommaruga, et le Ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej Mangez Mans. Cet accord prévoit, de la part des suisses, d’encourager et d’assister le retour volontaire des Congolais dans leur pays. La RDC, pour sa part, s’engage à accueillir sur son territoire, ses ressortissants qui

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n’ont pas ou plus le droit de séjourner en Suisse. Ce protocole tient compte des intérêts des deux États, dans un esprit de partenariat et de collaboration.

Quid du secteur sécuritaire ? Le déploiement diplomatique engagé par le Président Kabila n’a pas laissé en reste le volet relatif à la coopération militaire et sécuritaire. C’est dans ce cadre que la RDC et le Royaume de Belgique ont mis en place le Programme de Partenariat militaire (PPM) belgo-congolais. Mis en place depuis la période de transition dite « 1+4 » dans le cadre de la réforme du secteur de sécurité en RDC, ce programme est à sa troisième phase. Le lancement de cette phase a donné lieu à la présentation, le jeudi 28 novembre à Kindu, de 677 commandos du 323ème bataillon de l’Unité de Réaction Rapide de l’armée congolaise formés pendant

sept mois par des instructeurs belges et congolais. Le Conseil des ministres de la Belgique avait décidé, le vendredi 26 avril, d’envoyer une centaine d’instructeurs belges qui ont travaillé depuis le mois de mai 2013 en RDC en vue de former un troisième bataillon commando de l’armée congolaise durant six mois. Le coût estimé de cette mission s’élève à 8,26 millions d’euros en brut et à 3,95 millions en net, à imputer sur le budget 2013 de la Défense nationale. Cette troisième phase envisage également la formation de l’Etat-Major de brigade qui chapeautera cette unité. Les commandos formés feront partie d’une brigade basée dans la ville de Kindu. Dans la même perspective, les Etats-Unis d’Amérique et la RDC on conclu un protocole au terme duquel Washington va organiser une formation à l’intention des forces armées de la RDC. Appelée « Lion Rouge », cette formation sera organisée

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Coopération

à Kitona, dans la province du Bas-Congo. Elle sera centrée sur le renforcement des capacités dans le secteur de la santé. Dans la continuité de cette coopération, les représentants d’Africom et des FARDC s’étaient rencontrés à Kinshasa les 26 et 27 février 2013 pour une conférence de planification organisée par l’Office Américain de la Coopération et sécurité(OSC). L’objectif était de permettre une meilleure compréhension de la coopération et des efforts sécuritaires des Etats-Unis en RDC, mais aussi d’accroitre les relations entre le ministère de la Défense, l’Etat-Major général et l’OSC dans le but de subvenir aux besoins de la formation des militaires congolais. Au niveau continental et régional, les questions de criminalité transfrontalière ont été abordées par les représentants du Comité des chefs de police de

l’Afrique centrale (CCPAC) qui se sont réunis du 7 au 11 octobre à Kinshasa. Objectif : harmoniser la coopération en matière de sécurité. Les représentants des huit pays concernés ont misé sur un « plan plus souple » que la traditionnelle procédure d’extradition des délinquants, jugée « trop lourde et trop lente ». Les travaux ont abouti à la résolution permettant désormais de contourner la voie judiciaire et de privilégier la remise « de

police à police » des criminels en cavale à l’étranger. D’ores et déjà, la RDC peut se féliciter de la collaboration dont font montre certains pays voisins en appui à l’opération lancée contre les criminels nommés « kuluna » qui écumaient particulièrement la capitale Kinshasa. L’exemple le plus palpable vient du Congo-Brazzaville qui renvoie à Kinshasa les malfaiteurs en cavale sur son territoire. La situation sécuritaire dans l’est de la RDC et la stabilité en Afrique australe avait aussi fait l’objet de la signature d’un mémorandum d’entente tripartite sur l’établissement du dialogue et de la coopération entre les gouvernements respectifs de la Rdc, de l’Angola et de la Rsa. C’était à l’issue d’un sommet qui avait rassemblé, dans la capitale angolaise, les Présidents José Eduardo dos Santos et

ses homologues Joseph Kabila Kabange et Jacob Zuma. L’accord de coopération militaire et économique résultant de cette rencontre avait pour but de vérifier le niveau de la mise en œuvre de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région des Grands-Lacs, en vue de décider des mesures pertinentes pour accélérer la résolution des conflits dans CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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la sous-région. La tripartite avait tablé sur deux volets majeurs : l’un militaire et sécuritaire et l’autre, économique. En premier lieu, elle avait privilégié la coopération entre les parties dans le domaine de la formation des forces armées et de la police de la RDC. Sur le plan économique, il s’agissait, notamment, de plancher sur l’exploitation commune des ports de Lobito en Angola, et de Durban en Afrique du Sud, ainsi que la réalisation du barrage hydro-électrique d’Inga en RDC. La Rdc a aussi signé un accord de coopération régionale avec le Soudan du Sud, dans le cadre de la sécurité sous-régionale. Ce protocole a été signé le samedi 22 juin à Kisangani entre le Gouverneur de la Province Orientale, Jean Bamanisa, du côté congolais, et par les Gouverneurs des Provinces Central et West Equatorial du côté sud-soudanais. Ce processus régional se tient dans le souci d’harmoniser la communication, les relations et

d’améliorer certains besoins vitaux notamment le commerce, l’économie, la culture, l’élevage, la pêche, l’agriculture et la mise en valeur de certains espaces vides et des infrastructures routières. Les représentants de ces trois provinces ont convenu de renforcer l’unité interrégionale, le développement rural ainsi que la lutte contre la discrimination. Jean-Luc MUSHI-MPAKU

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NELSON MANDELA, L’ICONE DU 20ème SIECLE S’EST ETEINTE «Notre bien aimé Nelson Mandela, le fondateur de notre nation démocratique, est parti». Tels sont les propos de Jacob Zuma, Président sud-africain, qui annonçait, le jeudi 5 décembre, le décès de celui qui a fini par devenir l’icône du 20ème siècle. Tout le monde le savait malade et même mourant depuis plusieurs semaines. Les différents pronostics de ses médecins étaient sans cesse alarmants, autant que la fragilité de sa santé à 95 ans. Mais cette annonce a bouleversé toute la planète, entraînant une vague de consternation. L’humanité perdait, en effet, l’incarnation même de la paix et de la solidarité entre les peuples. Son histoire et sa vie demeureront à jamais une interpellation pour les survivants, tant elles constituent une exception dans cette humanité.

C’est donc tout à fait normal que Nelson Mandela ait reçu des hommages tout aussi planétaires, à la dimension de sa grandeur. Le Président Jacob Zuma avait, en effet, annoncé des funérailles nationales pour le symbole de la lutte contre l’apartheid. «Notre fils bien-aimé aura des funérailles d’Etat. J’ai donné l’ordre que tous les drapeaux de la République d’Afrique du Sud soient mis en berne demain 6 décembre et le reste jusqu’aux funérailles», avait-il annoncé. En attendant, une avalanche de propos de reconnaissance a fusé de toutes parts à travers le monde. «Au cours de 24 années (depuis sa libération), Madiba nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun», déclarait l’archevêque Desmond Tutu, cet autre héros de la lutte anti-apartheid qui, à 82 ans, est considéré comme la conscience morale de son pays. «Une grande lumi-

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Nelson Mandela, Ex Président de l’Afrique du Sud et icône de la liberté et de la paix dans le monde ère s’est éteinte», a réagi, pour sa part, le Premier ministre britannique David Cameron. Barack Obama n’était pas en reste. Il a rendu un hommage appuyé à Mandela en qui il a reconnu un homme «courageux, profondément bon». «Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté iné-

branlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l’Afrique du Sud et nous a tous émus», a déclaré Obama depuis la Maison Blanche, avant d’ordonner de mettre les drapeaux en berne aux Etats-Unis. Pour sa part, le Président français, François Hollande, a reconnu en Nelson Man-

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« Du sang africain coule dans nos veines », a-t-il rappelé. « Cuba a eu le privilège de combattre et d’être un bâtisseur aux côtés des nations africaines », a-t-il poursuivi, évoquant ainsi les milliers de combattants cubains envoyés en Angola pour combattre la puissante armée sudafricaine, vaincue en 1988. Ce fut là un des éléments déclencheurs de la fin de l’apartheid.

dela «l’incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l’Afrique». Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a, de son côté, salué en lui “une source d’inspiration” pour le monde entier. En RDC, le Gouvernement avait décrété un deuil national de 3 jours et la mise des drapeaux en berne. Dix jours après l’annonce du décès de Mandela, la planète s’est donné rendezvous en Afrique du Sud.Venant des quatre coins du monde, plus de 90 Chefs d’Etat et de Gouvernements ont convergé vers l’Afrique du Sud pour rendre un dernier hommage à Nelson Mandela, dont les valeurs et le combat sont salués quasiment d’une seule voix aux quatre coins de la planète. La cérémonie d’hommage a été organisée mardi 10 décembre au stade Soccer City, d’une capacité de 94.000 places, dans le township de Soweto. Le choix de cet endroit n’était pas fortuit. C’est de cette banlieue noire, non loin de Johannesburg, qu’avaient débuté les émeutes anti-apartheid en 1976. Bravant une pluie battante, des dizaines de milliers de personnes ont assisté à la cérémonie dans cet immense stade. Outre les dirigeants africains et le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, qui se sont exprimés à la tribune, quatre

chefs d’Etat ont particulièrement salué le combat, la personnalité, le courage et le sacrifice du héros de la lutte contre l’apartheid. Il s’agit de l’Américain Barack Obama, de la Brésilienne Dilma Rousseff, du Vice-président chinois Li Yuanchao et du Président indien Pranab Mukherjee. Barack Obama a critiqué ouvertement ceux qui ne font rien en faveur de leur propre population. « Trop de dirigeants se disent solidaires du combat de Madiba pour la liberté, mais ne tolèrent pas la même chose pour leur propre peuple », a-t-il déclaré, déclenchant des ovations dans le stade. Pour Barack Obama, Mandela était un exemple, à qui il attribue partiellement sa vocation politique. A 19 ans, alors qu’il était encore étudiant, Obama avait, un jour, eu un contact avec l’ANC et embrassé la lutte contre le pouvoir raciste blanc. C’est à cette occasion qu’il avait prononcé le premier discours politique de sa vie. « Cela a remué quelque chose en moi, cela m’a fait prendre conscience des responsabilités que j’avais, envers moi-même et envers les autres », a-t-il témoigné. A son tour, le Cubain Raul Castro a trouvé en Nelson Mandela un exemple d’intégrité et de persévérance impossible à dépasser pour toute l’Amérique latine. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Le Président indien Pranab Mukherjee a, pour sa part, mis en exergue l’influence du mahatma Gandhi, et de Nehru sur le libérateur sud-africain Mandela. Gandhi, at-il rappelé, avait commencé son combat contre la ségrégation et les inégalités en Afrique du Sud, avant de la poursuivre sur le sol indien. Le Chinois Li Yuanchao a, dans son intervention, salué le rôle de l’Afrique du Sud comme puissance émergente, avec une phrase finale et significative sur Nelson Mandela : « Son esprit est vivant pour toujours. » Enfin, la présidente brésilienne Dilma Rousseff, ancienne guérillera emprisonnée et torturée sous la dictature, a salué en Madiba la plus grande personnalité du XXe siècle. C’est dans une ambiance quasi festive, ponctuée de chants et de danses, que s’est déroulée cette cérémonie pendant plus de deux heures. Les trois jours suivants, la dépouille de Nelson Mandela était exposée à Union Buildings, siège de la présidence sud-africaine, à Pretoria. Les dignitaires et le public en général se sont recueillis tour à tour. A la fin, un avion militaire a transporté le corps vers Mthatha d’où un cortège funèbre s’est ébranlé vers Qunu, le village natal de Nelson Mandela où il a été inhumé dans la plus stricte intimité. Jonas Eugène KOTA

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Aperçu biographique de Nelson Mandela

La lutte pacifique contre l’oppression Né le 16 juillet 1918 au sein d’une famille bantoue cultivée et influente, Nelson Mandela entreprend des études de droit et devient avocat. Conscient très vite de la ségrégation raciale à l’encontre des noirs en Afrique du Sud et influencé par

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Nelson Mandela dans sa cellule de prison où il y avait passé 27 ans de son existance.

Walter Sisulu, il intègre l’African National Congress (ANC). Très vite, il devient l’un de ses principaux leaders, notamment avec la création de la Ligue de la jeunesse. Fondateur du premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud, il mène

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Nelson Mandela, ici prix Nobel de la paix.

Nelson Mandela, ici encore jeune militant des campagnes non-violentes jusqu’au massacre de Sharpeville, en 1960. Lors de cette journée du 21 mars 1960, des manifestations sont organisées pour protester contre le port obligatoire du passeport. Le drame se produit lorsque la police ouvre le feu. On dénombre plus de 60 morts.

Une radicalisation des idées Le gouvernement ayant interdit l’ANC à la suite du drame, Mandela décide de poursuivre la lutte clandestinement et de prendre les armes. Il met en place des actions de sabotages et de grève générale, afin d’entretenir la guérilla. Mais dès 1962, il est arrêté puis condamné à la prison à vie en 1964. Ses 27 ans d’incarcération à Robben Island, puis à Pollsmoor, n’ont jamais entaché sa popularité.

La fin de l’apartheid en Afrique du Sud À sa libération, il devient président de l’ANC puis négocie avec Frederik De Klerk sur le sort du pays. Afin d’honorer les efforts de Nelson Mandela et de De Klerk pour mettre fin à l’apartheid, les deux hommes reçoivent le prix Nobel de la Paix en 1993. Puis, ils s’accordent sur un gouvernement multiracial et les premières élections présidentielles donnent le pouvoir à Mandela. Il devient le premier président noir de l’Afrique du Sud le 27 avril 1994. Il met alors en œuvre une politique de réconciliation difficile avant de laisser la place à Thabo Mbeki, en 1999. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 13

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Egypte : le printemps arabe dans l’impasse Le « printemps arabe » est cet ensemble de contestations populaires qui se sont produites dans plusieurs pays du monde arabe depuis 2010. Il consiste essentiellement en l’exigence de plus de démocratie, de l’amélioration des conditions de vie par un meilleur partage des richesses, et de plus de dignité (« karama » en arabe) pour les citoyens. L’Egypte est parmi les premiers pays qui avaient été envahis par cette vague de contestations et d’exigences. Celles-ci avaient abouti au départ de Hosni Moubarak et à l’instauration d’une transition démocratique.

Aux pieds de ces pyramides, les Egyptiens troublent la quiétude les pharaons

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ependant, contrairement à d’autres pays du monde arabe, et même si presqu’aucun d’entre eux n’a encore connu une meilleur stabilité qu’avant, le printemps arabe est en train de connaître une nouvelle saison en Egypte, tandis que le pays tarde à retrouver la paix sociale. La longue transition débutée depuis bientôt trois ans, et la situation économique désastreuse jettent à nouveaux les protestataires dans la rue, tandis que les politiques et les militaires s’arrachent le pouvoir sans une issue pro-

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La place tharir en ébullition metteuse. En 2012 déjà, le Président élu, Mohamed Morsi, jette de l’huile sur le feu en tentant de s’accorder plus de pouvoir avec le soutien des frères musulmans qui, eux, glissent dangereusement vers la radicalisation. La tension qui monte à la mi-2013 avec la pression populaire et la mainmise de l’armée finissent par emporter Morsi, envoyant du coup les frères musulmans aux extrêmes. Cela n’arrange toujours pas les choses, car le pays sombre de plus en plus dans la confusion. Coup d’Etat ou nouvelle révolution populaire ? 2013 s’est terminée et l’on en est encore à chercher le socle sur lequel reposerait le fameux slogan « l’armée et le peuple marchent d’une seule main ». Mais il semble que la stabilité en Egypte dépasse le cadre des seules revendications populaires, d’une part, et de l’enjeu du pouvoir par rapport à la suprématie des hauts galonnés d’autre part pour embrasser tellement d’enjeux géopolitiques et stratégiques que les observateurs ne voient pas les choses s’arranger dans les meilleurs délais.

Pourquoi la démocratie ne marche pas en Egypte D’abord le dualisme entre l’armée et les islamistes. Avant la « révolution », l’armée dirigeait d’une main de fer tous les régimes qui se sont succédés jusqu’à Moubarak. Pendant ce temps, les islamistes, qui voulaient avoir voie au chapitre, faisaient CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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l’objet de répressions à répétition. La puissance politique de l’armée vient, avant tout, de sa suprématie militaire. Celle-ci est partie de 1979 lorsque Washington débloqua une bagatelle de USD 68 milliards pour financer, année après année, cette armée dans une région troublée par le conflit israélo-palestinien qui tendait à jeter le monde arabe du côté de la Palestine au détriment d’Israël. La paix ainsi trouvée avec l’Egypte donnait au pays de l’Uncle Sam des coudées franches dans la

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islamistes se sont mis à prendre des mesures beaucoup plus extrémistes que celles qu’ils avaient promises pendant la campagne électorale. Le renversement de Morsi le 3 juillet 2013 va de nouveau mettre le feu aux poudres. Criant à l’injustice suite au renversement de Morsi pourtant démocratiquement élu, les frères musulmans vont relancer une vague de contestations qui débouchent sur des affrontements mortels, causant des centaines de morts. En face, le nouveau pouvoir instauré par l’armée opte pour la voie de la fermeté : arrestation de Morsi, vague d’interpellations, ultimatum à l’endroit des manifestants, etc., l’Egypte devient tout simplement invivable. Cela va aller jusqu’au déclenchement région, surtout l’occasion d’avoir le contrôle du canal de Suez, point de passage obligé dans la région. Mais cela n’évite toujours pas à ce pays les tiraillements internes qui continuent de manière latente. Après les troubles de la révolution, les islamistes – frères musulmans - parviennent à inverser la tendance et à prendre le pouvoir en remportant les élections. Le soutien social apporté par les islamistes à la population pendant les années d’ostracisme aura été d’un grand apport dans le rapprochement entre révolutionnaires populaires et frères musulmans. Les islamistes palliaient ainsi les lacunes de l’Etat et, longtemps écartés de la gestion de la chose publique, bénéficiaient de leur virginité en la matière aux yeux des électeurs. Pour autant, le nouvel ordre démocratique ne signifie pas la stabilisation définitive de l’Egypte. Pour la simple raison qu’il ne règle pas la question de la suprématie du militaire sur le politique. Mohamed Morsi a, certes, tenté de renforcer ses pouvoirs pour se mettre hors de portée de l’armée, mais il a mal évalué la réac-

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tion populaire qui ne s’est pas faite attendre. L’autre élément catalyseur d’une telle réaction venait de la situation économique catastrophique du pays depuis le départ de Moubarak. Les islamistes au pouvoir n’ont pas su imprimer une nouvelle dynamique nationale et internationale pour inverser la tendance. Pire, une fois au pouvoir, les

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d’une opération conjointe armée – police qui va aboutir à de sanglants affrontements. Au bout du compte, l’Egypte se trouve paralysée avec deux factions qui se regardent en chiens de faïence : d’un côté les islamistes – interdits et labellisés « organisation terroriste » par le pouvoir transitoire - sont décidés à descendre dans la rue tous les jours, et de l’autre, le pouvoir militaire autorise la police à tirer à balles réelles sur la foule. Le Caire, Suez, Alexandrie, etc., le pays est totalement exsangue, la violence se propage dans tout le pays et l’état d’urgence et le couvre-feu nocturne n’y font rien.

La passivité stratégique de l’Occident Pendant ce temps, côté Occident, on assiste à une sorte de passivité active qui met au centre des préoccupations les in-

térêts des uns et des autres, dans lesquels le sort de l’Egypte n’apparaît nulle part. Washington a, certes, tapé du poing sur la table, mais n’a pas, pour autant, fermé ses robinets qui alimentent l’armée financièrement. L’Union européenne, pour sa part, peine à dégager une position commune pour envisager des actions de pacification du pays. Et dans la région, il s’observe une chaîne de solidarité en faveur des frères musulmans. Des manifestations de soutien ont, en effet, été organisées en Tunisie, au Maroc, en Iran, en Turquie, au Pakistan, etc., comme pour donner le ton à une régionalisation de cette crise sur fond d’antagonisme entre militaires et islamistes. Au sommet de ces pays, cependant, les dirigeants ont soutenu tacitement le renversement des frères musulmans en qui ils perçoivent une menace contre leurs pouvoirs. Seul le Qatar, parrain des frères musulmans, et la Tunisie, dirigée par la même mouvance, ont vivement condamCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Les manifestants de la place tharir au Caire né le bain de sang. Dans cet imbroglio, on ne voit pas trop de place pour l’instauration d’une démocratie classique qui donne le pouvoir au peuple. Celui-ci est moralement subjugué par l’assistance sociale des frères musulmans qui, en retour, ne lui retournent pas ses droits de citoyens à cause d’une forte tendance à l’islamisation de la gestion du pouvoir. Quant à l’armée, elle a longtemps perdu la confiance du peuple, mais semble être trop puissante pour diriger envers et contre tous. En clair, il faudrait, manifestement, inventer une démocratie spécifique à ce pays, mais aussi à l’ensemble du monde arabe. Jacques SIMA KRULIKIEMUN

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RCA – SUD SOUDAN

UNE MENACE AUX PORTES DE LA RDC Les militaires congolais envoyés à Bangui pour contribuer au rétablissement de la paix. Ça tire à Bangui, ça brûle à Djouba, ça craint à Kinshasa. « On ne fait pas la fête lorsque ça brûle chez le voisin ». Les deux voisins de la RDC s’enlisent chacun dans une guerre fratricide qui ne dit pas son nom. En RCA, c’est la chasse aux anti-balaka ; une milice islamiste qui se livrerait à de nombreuses exactions sur les populations de religion chrétienne. Au Sud-Soudan, le tout dernier pays africain idépendant, c’est le chaos. L’armée, qui a fait allégeance au président Salva Kiir, se bat contre les rebelles de l’ancien vice-président du pays Riek Machar. Deux situations inquiétantes pour l’intégrité du territoire congolais directement voisine de ces deux pays.

L

a RDC sait mesurer la portée des conséquences des conflits qui consument ces deux pays voisins. Partageant ses frontières avec, au total, neuf pays, la RDC a toujours offert son hospitalité à leurs réfugiés pour des raisons humanitaires. Cependant, son bon cœur lui coute cher depuis plus d’une décennie. En effet, en 1994, lorsque se déroule au Rwanda le très médiatisé génocide, la RDC accepte, à la demande de la France (opération turquoise) d’offrir son hospitalité aux réfugiés hutus rwandais. L’Est congolais accueillait ainsi plus d’un million et demi de réfugiés rwandais sur demande de la communauté internationale. Mal lui en prit. Les réfugiés d’hier

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se sont transformés en conquérants des terres et, pour cela, ils n’hésitent pas à massacrer les populations congolaises. D’autres se sont constitués en rébellion pour chercher à reconquérir le pouvoir perdu, provoquant ainsi des tensions dans les Grands Lacs. Nombreux sont les crimes, les exactions de tous genres commis sur les populations locales. A cela s’ajoute les nombreuses invasions du territoire congolais par l’armée rwandaise au motif de traquer les rebelles hutus qui, selon Kigali, se prépareraient en RDC pour un nouveau génocide au Rwanda. Depuis près

de 20 ans, la RDC connaît plus qu’un génocide. Il est sans nom (lire à cet effet, l’article RDC, génocide anonyme, publié au n°….du magazine Congo Panorama). Ni la communauté internationale qui avait sollicité l’hospitalité de la RDC, ni les réfugiés eux-mêmes n’ont eu bonne conscience pour plutôt payer le Congo en monnaie de singe. Les pires massacres et autres atrocités perpétrés en RDC ont même fait passer la guerre de cette région comme la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité après la deuxième guerre mondiale.

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Cela devrait attirer l’attention de la communauté internationale qui devra compter un énième conflit religieux africain après celui qui sévit en Somalie. Malheureusement, on a l’impression que cette communauté internationale traîne les pieds et qu’elle se contente de multiplier des déclarations et des appels à la cessation des hostilités. Il faut noter que la situation du Soudan du Sud donne une leçon au monde entier. Pour ceux qui bombent le torse pour avoir favorisé la balkanisation du Grand Soudan, modèle que l’on propose à la RDC comme solution à la crise récurrente dans l’Est, cette insécurité contredit la thèse de la pacification par la balkanisaAujourd’hui, la RDC subit déjà les effets nocifs du pourrissement de la situation en Centrafrique et au Soudan du Sud. Les réfugiés centrafricains affluent à Zongo dans la province de l’Equateur. Ici, les organisations de défense des droits de l’homme redoutent une crise humanitaire. Mais les Congolais, eux, craignent une « kivutisation » de cette province. La Province Orientale connaît la même situation suite aux combats qui font rage au Soudan du Sud voisin. C’est ainsi que le gouvernement congolais, engagé dans la guerre contre plusieurs groupes armés dans l’Est du pays, a pris le risque d’envoyer 850 soldats et policiers pour renforcer la Mission de la Stabilisation de la Centre-Afrique (MISCA). A la frontière avec le Soudan du Sud, l’armée congolaise est en alerte pour prévenir tout déferlement des protagonistes soudanais sur le territoire congolais. Les guerres dans ces deux pays risquent de transposer à la province de l’Equateur et à la Province Orientale le drame du siècle vécu à l’Est. Un autre danger : c’est l’islamisation du conflit, surtout en ce qui concerne la RCA, mais aussi en ce qui

concerna la frange de Rick Machar au Soudan du Sud. Pourtant, la RDC est un pays à 90% chrétien. Cela insinue que les anti-balaka, dont la présence a été déjà signalé à Gbadolite et à Zongo, et les rebelles sud-soudanais ne ménageront pas les chrétiens de ces deux provinces congolaises. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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tion. Après la séparation en deux blocs, les « Soudans » descendent aux enfers. Voilà une leçon fort éloquente pour les chantres de l’atomisation de la RDC. Ricky KAPIAMBA

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ACTUALITES

LES PERSONNALITES ET ORGANISATIONS QUI ONT MARQUE 2013 Des personnalités congolaises et étrangères, et des organisations ont, dans leurs domaines respectifs et par leurs compétences respectives, marqué, d’une manière ou d’une autre, l’année 2013. « Congo Panorama » en donne un aperçu, non exhaustif sur base essentiellement du critère d’actualité et de l’intérêt positif qu’elles ont suscité au sein de la communauté tant nationale qu’internationale. A titre illustratif, nous pouvons relever, au plan national, les actions ci-après.

Sondage CongoPanorama

Les femmes ingénieurs de l’ISTA Blaise Wamba Yetshi

Me Liyolo Limbe

Coordonateur national de la recherche spatiale et technologique en RDC, Blaise Wamba Yetshi a mis au point un satellite encore en chantier. Le ministère de l’Industrie et PME lui a décerné un diplôme pour reconnaître ses mérites scientifiques et protéger son œuvre.

2013 a été l’année de la célébration du jubilé d’or de la carrière de ce sculpteur hors pair. Toute une semaine culturelle lui a été réservée pour reconnaître et célébrer sa grandeur qui a franchi les frontières nationales.

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Regroupées au sein de l’association Women’s Technology (Wotech), des femmes ingénieurs issues de l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (ISTA) ont mis au point un prototype de robot qui assure la régulation de la circulation routière, communément appelé à Kinshasa le « robot roulage ». Le ministère de l’Industrie et PME leur a décerné un brevet pour protéger leur invention.

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ACTUALITES

Denis Mukwege Egalement appelé « réparateur des femmes » violées, le Dr Denis Mukwege a frôlé le prix Nobel en 2013 grâce à son œuvre d’encadrement des femmes violées à l’hôpital de Panzi (Sud-Kivu) et à son plaidoyer pour une plus grande implication à la résolution du conflit à l’Est qui en est la cause. Il a, tout de même, décroché de nombreux titres dont celui de la Fondation Chirac, le Nobel alternatif, le Right Livehood de la Suède, etc.

Olive Lembe Kabila

Maurice Tshikuya Kayembe Directeur Général de l’INPP, Maurice Tshikuya a décroché deux trophées internationaux de reconnaissance managériale pour la contribution de l’institut qu’il dirige à la formation professionnelle en RDC. Dans un pays postconflit et en reconstruction, Tshikuya est l’un des modèles de gestionnaires sur lesquels la R.D.C peut compter.

La Première Dame de la RDC s’est distinguée par ses œuvres sociales et humanitaires que l’on ne compte plus. On l’a vue dans le secteur de l’éducation nationale inaugurant des écoles qu’elle a fait construire à travers le pays. On l’a vue dans l’agriculture participant à des récoltes. On l’a également vue dans l’immobilier distribuant gratuitement des maisons à des familles défavorisées, mais aussi dans le domaine matrimonial ou elle a parrainé le mariage de plusieurs centaines de couples de militaires et de policiers.

Richard Muyej Mangez Mans Ministre de l’Intérieur et Sécurité, Richard a su mener à bien l’ « opération Likofi » qui a permis d’éradiquer le phénomène « kuluna » (banditisme urbain) à Kinshasa. Ses interventions ont également permis de lutter contre la criminalité à l’intérieur du pays. De même, a-t-il su piloter le programme de réorganisation de la Police Nationale Congolaise qui est montée en puissance.

Didier Etumba

Anatole Kikwa

Chef de l’Etat-Major Général des FARDC, le Général Etumba est l’un des piliers sur qui s’était appuyé le Président de la République, Commandant Suprême des FARDC, pour mettre les rebelles du M23 hors d’état de nuire. Homme de confiance pour sa hiérarchie, il est aussi un grand homme de discipline de par sa fermeté, tout en se montrant père de famille quand il le faut.

L’ADG de l’Ogefrem a imprimé à cette entreprise une nouvelle dynamique qui l’a propulsée dans le carré des meilleures entreprises du portefeuille de l’Etat. La nouvelle visibilité de l’Ogefrem acquise avec son bâtiment pimpant neuf ainsi que plusieurs autres sièges à travers les provinces en sont le témoignage

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ACTUALITES

Agnès Mwad Nawej Administrateur Directeur Général de l’INSS, Agnès Mwad Nawej est reconnue pour son dynamisme, son sens de l’innovation et pour son engagement à assurer la modernisation de la sécurité sociale en RDC. Sa particularité est de très bien connaître l’INSS où elle a gravi tous les échelons dans sa carrière professionnelle. Une carte de sécurité sociale pour travailleur, le paiement des prestations sociales à termes échus, le relèvement des minima des prestations sociales, la constitution des réserves financières et la bancarisation de la paie des prestations sociales sont à son actif.

Constantin Mbengele Administrateur Directeur Général du Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI) a su faire de cette entreprise un véritable catalyseur de l’économie congolaise, comme l’indique son slogan. A la faveur de l’assainissement progressif du climat des affaires, sa vision managériale a permis de hisser le FPI au diapason des besoins en industrialisation de la RDC. Il ne s’en grise pas car, modeste, il sait qu’il reste encore du travail et il est paré pour l’avenir.

Moïse Katumbi le Gouverneur du Katanga s’est distingué par son grand sens managérial qui s’est révélé dans tout ce qu’il touche. Comme Gouverneur, il a donné une autre image au Katanga. Comme promoteur sportif, il a porté le TP Mazembe au firmament du football congolais et africain. Et comme entrepreneur, il prospère malgré ses occupations politiques et sportives.

Les Généraux Oleko et Kanyama Ce duo s’est distingué par une collaboration harmonieuse qui a permis de lutter contre la criminalité dans la ville de Kinshasa. Leur élévation en grades n’est que la récompense de leur professionnalisme et de leur efficacité.

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ACTUALITES

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POLITIQUE ET DIPLOMATIE

Fin de la guerre à l’Est

LE BON SENS DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE Enfin, le sourire revient sur les visages de la population de l’Est de la RDC. L’année 2013 s’est clôturée sur une note de satisfaction et de joie pour tous les Congolais. En effet, la contre-offensive menée conjointement par les FARDC et la brigade d’intervention de l’ONU a porté le résultat tant attendu : la paix. Il y a des raisons de justifier l’euphorie et les différentes marches de soutien aux vaillants soldats de l’armée congolaise. C’était la mise en déroute d’une force rebelle qui, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda comme l’ont affirmé différents rapports de l’ONU, a commis plusieurs crimes sur les populations civiles.

Enfin, le sourire revient sur les visages de la population de l’Est de la RDC. L’année 2013 s’est clôturée sur une note de satisfaction et de joie pour tous les Congolais. En effet, la contreoffensive menée conjointement par les FARDC et la brigade d’intervention de l’ONU a porté le résultat tant attendu : la paix. Il y a des raisons de justifier l’euphorie et les différentes marches de soutien aux vaillants soldats de l’armée congolaise. C’était la mise en déroute d’une force rebelle qui, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda comme l’ont affirmé différents rapports de l’ONU, a commis plusieurs crimes sur les populations civiles.

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La Monusco en patrouille à l’Est de la RDC après la guerre

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i la réponse à la guerre qu’ont menée le M23 et ses parrains n’était que la guerre, les initiatives diplomatiques ont été pour beaucoup dans le retour de la paix dans cette partie du territoire congolais. Le gouvernement congolais s’est beaucoup dépensé afin de faire attendre les cris de ces milliers de Congolais éplorés injustement. C’est depuis 1996 que l’Est congolais est déchiré par des guerres récurrentes. Des torrents de sang y ont coulé. La population a vécu avec la peur au ventre. L’Est de la RDC s’était inscrit dans l’actualité sous la signe de l’horreur, de l’inimaginable. Assassinats, crimes contre l’humanité, génocide oublié, violations des droits de l’homme, les maux sont légion. La population civile est livrée

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POLITIQUE ET DIPLOMATIE

à la merci des bourreaux. Dans leur souffrance, ces victimes innocentes ne cessaient de crier, en vain, à la communauté internationale de venir à son secours. La crédibilité de l’ONU était remise en cause, autant que son attentisme étaient de plus en plus interprété comme des signes de complicité. Les Congolais n’arrivaient pas à comprendre pourquoi et comment cette communauté internationale, présente dans leur pays à travers la Mission Onusienne pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) qui a succédé à l’ancienne Mission Onusienne pour le Congo (MONUC), en possession de tous les moyens nécessaires, n’arrivait pas à stopper les massacres. Les analystes ont décortiqué le sujet pour déceler la complicité ou, tout au moins, l’inertie coupable de l’ONU dans les événements tragiques de l’Est de la RDC. Ils ont dénoncé le fait que Susan Rice, ambassadrice américaine à l’ONU, se soit interposée contre toute accusation du Rwanda comme agresseur de la RDC. Par la même occasion, la sympathie de la communauté internationale envers le Rwanda, via les aides au développement, était vue de mauvais œil. C’est ainsi que certains pays occidentaux avaient par la suite suspendu leurs aides après la publication des rapports des experts de l’ONU sur les Grands-Lacs.

L’heure de vérité avait sonné Pour renier ces rapports et dénigrer le

travail des experts de l’ONU, le Rwanda, aidé par un cabinet d’avocats américains Akin Gump, s’était employé à attaquer les membres de la délégation d’experts onusiens en les accusant de partiaux. Mais c’était sans compter avec la puissance de la vérité. Car au finish, la part active du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC a fini par apparaître au grand jour.

L’opinion internationale pouvait alors comprendre pourquoi la guerre ne pouvait cesser à l’Est de la RDC. La guerre était d’abord d’ordre économique, puis d’ordre hégémonique, le Rwanda voulant faire croire au monde son leadership dans la région. Un leadership bâti dans le sang des Congolais. Il fallait tuer pour s’emparer des richesses congolaises.

La communauté internationale qui, longtemps, s’est montrée sympathique envers le Rwanda du fait du génocide de 1994, devenait de plus en plus convaincue de l’agression de la RDC par le Rwanda. Mais il a fallu une diplomatie congolaise active pour percer les entrailles des différents lobbyings rwandais au niveau international et battre en brèche le mensonge qu’ils avaient fait croire à la communauté internationale.

La mise à nu des agresseurs

Le premier prétexte exploité par Kigali était que la RDC constituerait un réservoir de bourreaux qui pourraient opérer un nouveau génocide au Rwanda. Cette thèse a servi de fonds de commerce au Rwanda pour justifier ses incursions répétées en territoire congolais au motif de traquer les rebelles rwandais. En deuxième lieu, le Rwanda a fait croire qu’il était le partenaire idéal pour contrôler les Grands-Lacs. Le peuple tutsi au pouvoir s’est considéré, à cette guise, comme les juifs d’Afrique. Par lui, les partenaires pouvaient obtenir tout ce qu’ils voulaient dans les Grands-Lacs. Une sale campagne d’identité qui a fini par révéler l’instinct prédateur de ce peuple. Il n’avait rien à perdre mais plutôt beaucoup à gagner en se présentant comme la voie idéale par laquelle l’on pouvait accéder aisément aux immenses richesses qui sommeillent dans le soussol congolais. C’est ainsi que la plupart de multinationales américaines, britanniques, canadiennes…ont installé leurs sièges au Rwanda comme si le pays était porteur des minerais qu’elles poursuivent. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Il a fallu beaucoup de temps pour que la RDC puisse triompher de l’ennemi, mais sans pour autant oublier que le plan de balkanisation du pays n’est pas abandonné par ses instigateurs. Pour en arriver à la situation d’aujourd’hui, le pays a connu un long parcours jonché de négociations et de tactiques militaires. L’armée congolaise devait mesurer l’enjeu et répondre en conséquence. En définitive, il s’est avéré que la guerre avait pour solution la guerre. Toutefois, le changement de vision de la communauté internationale est pour beaucoup dans le renversement de la donne. Les Congolais peuvent dire légitimement merci aux différentes nations partenaires qui les ont aidés à bouter dehors les agresseurs. Au nombre de ces pays figurent, notamment, ceux qui ont fourni des troupes pour composer la force onusienne d’intervention. A une question stratégique, une réponse stratégique. Mieux vaut tard que jamais : la stratégie adoptée par la communauté internationale a fini par battre en brèche la malice ougando-rwandaise.

Ricky KAPIAMBA

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POLITIQUE ET DIPLOMATIE

Paix et sécurité dans l’Est de la RDC

DE KABILA À KABILA : L’ACHÈVEMENT D’UN COMBAT DE PÈRE EN FILS La République Démocratique du Congo est l’un des pays du monde dont la survie a été menacée depuis son existence en tant qu’Etat. C’est ce qui explique la dégradation de la situation sécuritaire qui est restée longtemps préoccupante dans sa partie Est. Depuis près de deux décennies, ce géant au cœur de l’Afrique fait face à un vaste complot visant sa balkanisation. Complot ourdi par ceux qui nourrissent la thèse-fiction de « l’ingouvernabilité » du Congo-Kinshasa, du fait de la grandeur de son espace géographique. Cette thèse serait, au vu des ténors de la théorie du complot, l’œuvre d’une certaine nébuleuse qu’ils qualifient de « Coalition internationale pour la déstabilisation du Congo (Cidc) ».

Poignée de main entre Laurent Désiré Kabila et son Fils Joseph Kabila Kabange

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elon eux, ce conglomérat regroupe en son sein des Etats, des Organisations inter et non-gouvernementales, des multinationales, des personnalités de notoriété internationale, voire des sociétés secrètes voyous, opportunistes et aventurières. Ceux-ci auraient mis en place des officines entières dont la mission principale serait d’examiner, à travers un plan minutieux, les voies et moyens de rendre effective

le projet de balkanisation du territoire congolais. C’est à travers la situation d’insécurité qui a sévi dans la région des Grands Lacs et dans l’Est de la RDC que le mécanisme d’exécution de ce plan aurait été enclenché. La stratégie pour laquelle les ennemis de la RDC ont opté se résume en une trilogie : « Violence-Pouvoir-Prédation ». Le mode opératoire consistait, d’abord,

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POLITIQUE ET DIPLOMATIE

à provoquer la violence pour arriver à créer une zone de « non-Etat » dans la région de l’Afrique centrale, à travers des guerres récurrentes. Ensuite, il était prévu l’installation d’un leadership faible qui serait acquis à leur cause. Enfin, devait intervenir la phase de balkanisation de la RDC avec comme objectif, la prédation de ses ressources naturelles.

L’élan révolutionnaire mené avec l’entrée en jeu de M’zee Laurent-Désiré Kabila a été brisé avec l’assassinat de ce soldat du peuple. Ce dernier n’avait pas manqué l’occasion de prendre le contrôle du gouvernail dont l’onde de choc avait provoqué la fin brutale du régime dictatorial du défunt maréchal Mobutu le 17 mai 1997. La coalition multinationale, avec des ramifications lointaines, qui avait vu le jour pour faire partir l’ »Aigle de Kawele », considéré comme l’incarnation du mal dans la sous-région, avait été confié à celui qui ne rêvait que de cela. A la tête de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL), LDK va accéder à la magistrature suprême du Zaïre, qu’il ne va pas tarder à débaptiser au profit de la République Démocratique du Congo.

La démarche avait été enclenchée avec l’assassinat du président Habyarimana, suivi de la survenance du génocide et du déplacement massif des populations rwandaises sur le territoire congolais dans les années 1994. Il s’ensuivra une succession d’événements tragiques dans lesquels la RDC se trouvera victime de sa propre hospitalité. Ce qui fait dire au

Chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila Kabange, que son pays a été soumis à ce cycle infernal pour avoir posé un acte humanitaire par excellence.

Privés de la paix, droit élémentaire de tout être humain Le Président Kabila a tenu à rappeler cette triste réalité historique, souvent méconnue ou occultée, lors de sa récente

intervention à la tribune de la 68ème session ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations-Unies. « […] c’est pour avoir posé un acte de solidarité en accueillant sur son territoire des refugiés originaires du Rwanda, que les populations congolaises de l’Est de mon pays sont privées de la paix, droit élémentaire de tout être humain et qu’elles n’arrêtent de compter les morts », a-t-il souligné. De là, est partie le cycle de violences qui, depuis lors, ne cesse de mobiliser les efforts des Congolais qui tiennent à sauvegarder l’intégrité et la souveraineté de leur territoire. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Ce nationaliste convaincu n’avait pas tardé à heurter les susceptibilités de ceux qui le croyaient manipulable pour accomplir leur besogne de balkanisation du pays. Mais, son comportement va déjouer tous les pronostics. Il se fonde une base populaire et se défait de tous ceux qui étaient au service de l’ennemi de la Nation. C’est alors qu’une machine de diabolisation est déclenchée à son encontre. Des programmes de coopération sont interrompus et des rébellions suscitées de partout. Sans oublier la multiplicité de tentatives d’atteinte à son intégrité physique, jusqu’à

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Au sommet de Runyonyi, les rebelles avaient une vue stratégique sur les FARDC. Joseph Kabila y a mis pied.

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ce que M’zee soit victime d’un odieux assassinat le 16 janvier 2001.

De Kabila à Kabila: l’achèvement d’un combat mené de père à fils… Le père mort, le fils lui succède au pouvoir. Joseph Kabila Kabange accède à la magistrature suprême dans des conditions insoupçonnées. Il trouve un pays en proie à une multitude de mouvements rebelles et d’innombrables milices d’autodéfense, tous fomentés et entretenus par des pays voisins. Joseph Kabila va alors s’assigner comme objectif de mettre fin à la guerre et réunifier le pays. Il tend la main aux rebelles et autres belligérants en vue de partager le pouvoir. Il met en place une transition qui va déboucher sur les élections générales en 2006. Le Président Kabila n’a jamais cessé de se battre pour le retour effectif de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national. Mais chaque fois, des esprits malveillants ont toujours tenté de saboter ses initiatives de pacification du CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 29

pays. Des rébellions se faisaient et se défaisaient au gré de l’agenda des acteurs du jeu international qui ont, à maintes reprises, plombé le processus de paix engagé grâce aux efforts du Président de la République. Joseph Kabila aura tout fait pour arriver à mettre un terme à cette cohorte de rébellions dont la connexion à certains milieux extérieurs n’était pas facile à rompre. Usitée en bonne intelligence et avec doigtée, la solution trilogique « militaire, politique et diplomatique » adoptée par le Raïs a fini par produire des résultats avec la déconfiture du M23. Sous le leadership du Chef de l’Etat, la délégation congolaise aux pourparlers de Kampala était déterminée à couper définitivement le cordon ombilical avec cette prolongation du « conglomérat d’opportunistes et d’aventuriers » qui n’a cessé de se muer d’une rébellion à une autre, comptable de plus de 6 millions de morts ainsi que de nombreuses exactions et sur les populations congolaises pendant près de deux décennies. Jean-Luc MUSHI-MPAKU

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2013, l’année de la cohésion retrouvée sont alors annoncés. Ces projets seront consignés dans le programme du nouveau Gouvernement confié à Matata Ponyo. De nouvelles perspectives se dessinent donc pour la région troublée de l’Est qui se trouve en droit de conjuguer le verbe « espérer ». C’est, cependant, sans compter avec les forces du mal qui semblent déterminées à maintenir la RDC sous le joug de l’instabilité dans le dessein de réaliser le projet de sa balkanisation.

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orsqu’en 2012 éclate une nouvelle guerre à l’Est de la République démocratique du Congo, au moment où l’on s’y attend le moins, c’est la nation tout entière qui se voit ébranlée dans ses espoirs pour un avenir meilleur après plusieurs années de conflits. Depuis presque trois années, en effet, avec l’accord du 23 mars 2009, les habitants des montagnes du Kivu vivaient

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dans une stabilité relative à laquelle chacun concourrait à sa manière, mais aussi à laquelle le Gouvernement prêtait une attention particulière. En 2011, lors de la campagne électorale, et fort des améliorations constatées, Joseph Kabila ajustera son programme des Cinq chantiers par rapport à la nouvelle configuration sécuritaire de cette région. Plusieurs projets de reconstruction et de développement

L’année 2012 s’ouvre donc avec des bruits de bottes sous le prétexte fallacieux de l’amélioration des conditions de vie des militaires à la lumière de l’accord du 23 mars 2009. Mais personne n’est dupe en ce moment, lorsqu’on sait surtout que ces remous coïncident avec l’annonce des mutations des militaires sur toute l’étendue de la République. Les militaires ex-CNDP s’opposent à une telle perspective et, très vite, finissent par prendre les atours d’une milice tribale. Derrière cette posture se profile avec plus de précision la trame d’un complot international instrumentalisant des rancœurs latentes entre les communautés locales.

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L Les Prémonitions Joseph Kabila

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Garant de la Nation, Joseph Kabila perçoit vite le danger d’implosion et effectue personnellement le déplacement de Goma qui, déjà alors, bouillonne de menaces d’implosion. Kabila, qui comprend ce qui est en train de se tramer, adresse aux populations un message prémonitoire pour la suite : il ne sera jamais question de céder le moindre centimètre du territoire (prévention contre les velléités de balkanisation) ; il ne sera jamais question d’une armée au sein d’une armée (nécessité d’une discipline et d’une organisation de l’armée pour plus d’efficacité) ; toute personne reconnue responsable d’initiative de déstabilisation de la région devra en répondre, au besoin devant la justice congolaise. Sur ce dernier point, il est plus précis en évoquant le cas de Bosco Ntaganda qu’il considère comme étant devenu un facteur, non plus de la paix, mais d’instabilité de la région, et qui devra donc en répondre.

’avertissement est clair, mais les forces coalisées passent outre pour déclencher les hostilités. Ce qui pouvait passer pour une opération de police, en ce qui concerne la puissance publique, s’avère vite être une véritable guerre d’agression. Manifestement, le plan était monté de longue date et la machine pour l’exécuter bien huilée et encadrée à partir des collines du Rwanda et de l’Ouganda voisins. Vite donc, le dispositif défensif congolais semble débordé à cause d’un dysfonctionnement dû à la trahison et à l’infiltration de l’armée jusqu’au niveau de ses commandements. La chute de Goma, fin 2012 n’a pas d’autre justification. Alors qu’un tel drame est censé amener les Congolais à se serrer les coudes, quelles que soient leurs tendances, l’on assiste plutôt à une période de profonde crise. Le Chef de l’Etat est même pris à partie par une frange de l’opinion. La période a, cependant, le mérite de voir tomber les masques et de mettre en évidence les complicités aussi bien dans les institutions qu’en dehors, mais bien à l’intérieur de la RDC. Ici, en effet, les discours résonnent comme un écho à ceux en provenance des montagnes d’outre-lac à l’Est. Bref, jamais une nation n’aura été face à ce qui, de toute évidence, n’est autre qu’une agression.

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Concertations Nationales:

passage obligé pour la cohésion nationale

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oujours conscient de sa responsabilité de garant de la Nation, le Président de la République comprend vite que le renouvellement de la force de la RDC passe nécessairement par le rassemblement de ses fils et ses filles derrière une même cause. Il faut donc reconstituer la cohésion nationale pour faire face à l’ennemi. Au peuple donc de se prendre en charge. S’ouvre alors une série de consultations en interne. Un comité consultatif national est mis en place pour des échanges permanents sur la situation du pays. Pendant ce temps, Joseph Kabila maintient le fil de la diplomatie, tandis que, toujours dans la discrétion, l’armée nationale panse ses plaies avec un nouveau commandement mis en place par le Chef de l’Etat. Avec le temps, la nervosité ambiante s’estompe et laisse place à un peu plus de sérénité. La RDC demeure, cependant, aux fronts diplomatiques et, à terme, parvient à renverser la lecture de la situation dans la région. Grâce à une conjonction avec les différents rapports aussi bien sur des implications extérieures que sur la grave situation humanitaire du moment, le discours change sur la place diplomatique internationale, tandis que Kabila parvient à remobiliser les amis du Congo. Joseph Kabila a donc su profiter du temps pour réorganiser tous les fronts : politique, diplomatique et militaire. Il a su surfer sur la

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mer tumultueuse d’une certaine opinion intérieure plus que jamais hostile à toutes les initiatives de paix. Il en est de même de la perspective de la cohésion nationale que Kabila va annoncer au terme d’un large tour d’écoute des différentes composantes de la société : les concertations pour la cohésion nationale. Il s’agit-là d’un des volets des engagements internationaux que la RDC a pris au terme des multiples consultations qui culminent avec le sommet CIRGL-UA à laquelle participe tout un bataillon d’envoyés spéciaux pour la région des Grands Lacs. L’accord-cadre d’Addis-Abeba qui en est issu, et la résolution 2098 du Conseil de sécurité qui s’ensuit deviennent le bréviaire des Congolais face à leur engagement pour la paix.

Petit à petit donc, de nouvelles perspectives se dessinent lorsque des pressions changent de camp pour aller peser du côté de Kigali et contre les rebelles du M23. Un certain éclaircis se dessine alors dans l’opinion intérieur qui sent le vent tourner et considère qu’il est temps de reprendre les rênes du patriotisme que propose Kabila. S’ensuit alors une vraie effervescence autour des Concertations Nationales dont les travaux sont ouverts le 7 septembre 2013. Ce forum a pour but, indique Joseph Kabila à l’ouverture des travaux, de refaire la cohésion nationale pour « assurer la victoire sur toutes les forces d’agression», mettre fin « au cycle infernal de violences à répétition, prin-

cipalement dans le Nord et le Sud-Kivu et en Ituri », et renforcer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ». En les convoquant, le Président de la République s’était dit « conscient de la gravité de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu et de la menace existentielle qui en découle pour l’ensemble de la nation ». Il se faisait fort de ses « prérogatives de chef de l’Etat et garant du bon fonctionnement des institutions » pour « décider d’organiser les présentes concertations ». A la clôture des travaux le 5 octobre, Joseph Kabila a droit à un rapport contenant plus de 760 recommandations qui, dans le fond, dessinent un Congo nouveau dans tous ses compartiments. Sans broncher, Joseph Kabila fait sien ce rapport et anticipe la matérialisation de certaines recommandations en vue de décrisper la situation politique de l’heure. Il est vrai qu’en ce moment, un front du refus se manifeste régulièrement depuis avant et pendant les travaux. Mais la dynamique qui s’observe est au resserrement des rangs et à l’esquisse de nouvelles perspectives. La cohésion nationale tant souhaitée prend corps. Et à Kampala, la délégation gouvernementale aux pourparlers avec le M23 durcit le ton face à cette rébellion qui poursuit des opérations de provocation sur terrain, tandis que, diplomatiquement, ses soutiens extérieurs sont au plus mal.

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Victoire des FARDC Le coup de pouce décisif

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uelques temps après les travaux des Concertations Nationales, les hostilités reprennent sur le terrain des opérations. Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo font montre d’une puissance de feu inattendue. Les premiers revers du M23 redonnent du baume au cœur des Congolais. A l’Est, on assiste à une explosion de joie, à tel point que la population, déjà martyrisée par la rébellion, se cotise pour offrir quelques présents aux vaillants soldats qui conquièrent territoire après territoire.

reçoit des félicitations de toutes parts, alors que certains, de par le monde, n’arrivent pas encore à réaliser ce qui vient de se produire. C’est, en effet, une armée défaite, désorganisée et sans âme qui fuyait Goma une année plus tôt qui vient de réaliser ces exploits. Personne ne s’attendait à ce qu’en une année, elle se refasse au point de mettre en déroute un ennemi qui avait aussi pris le temps de se renforcer en équipements, mais aussi dans ses positions et tactiques. Le courage des soldats

L’onde de choc atteint très vite Kinshasa et l’ensemble du pays, voire même la diaspora congolaise qui le manifeste à travers les réseaux sociaux. Alors que les Concertations Nationales attendent de produire des effets à travers la réalisation de ses recommandations, le succès des FARDC, qui réussissent l’exploit d’anéantir l’ennemi en l’espace de 15 jours, relance la ferveur patriotique. Joseph Kabila

Ce succès sans précédent dans l’histoire militaire de la RDC depuis son indépendance est le témoignage indéniable des vertus d’un peuple uni et regardant dans la même direction. Débutée sous un mauvais jour, 2013 aura été l’année de la résurrection de la RDC en tant que Nation. Son peuple, longtemps ballotté entre différentes vagues aux ambitions bien peu patriotiques, aura compris le rôle qui lui revient en tant que souverain primaire. Sous les orientations du premier d’entre eux, les Congolais ont ainsi réussi à retrouver le chemin de la cohésion pour parler un même langage et agir pour une même cause, celle de la République Démocratique du Congo. Jonas Eugène KOTA

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de l’armée régulière ne peut trouver de justification que dans cette ferveur populaire qui, sous une stratégie rondement menée par le commandant suprême, va les porter de victoire à victoire.

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2013, la RDC envahit l’agenda diplomatique international 34 Congo panorama 9-impression.indd 34

2013 aura été une année diplomatique décisive pour la RDC. Le rush qui s’est observé dans la région des Grands Lacs et dans plusieurs capitales africaines et occidentales témoigne de la maturité de la machine diplomatique congolaise qui aura réussi à mobiliser l’attention de la communauté internationale sur l’un des drames les plus odieux qui interpellent l’humanité. Pendant longtemps, en effet, le cas RDC se limitait dans les bureaux capitonnés en occident d’où n’émanaient généralement que des communiqués et déclarations laconiques, ou encore des rapports d’enquête aussi émouvants qu’éloquents, mais qui finissaient toujours au fond des tiroirs. De temps en temps, des événements donnaient aux médias internationaux une destination pour une brève virée dans les Grands Lacs avant que le sujet RDC ne quitte les devants de l’actualité, généralement juste le temps d’un sommet, et rien ne changeait sur terrain.

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Joseph Kabila et son Homologue Sud-africain Jacob Zuma à Kinshasa

Le Président Joseph Kabila et le Sécretaire Général des Nations Unies Ban Kimoon à New-York

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n 2013, le développement des événements aura eu le mérite de secouer la conscience internationale et susciter un autre regard. Après de longues années de commisérations, le discours international a presque radicalement changé pour charger ouvertement Kigali sur sa responsabilité dans la déstabilisation de l’Est de la RDC. Quelques sanctions ont frappé le Rwanda, quoique sans effets dissuasifs particuliers. Des fonctionnaires américains de haut niveau, le Premier ministre britannique et même Barack Obama en personne ont aussi eu à interpeller Paul Kagamé.

Les résultats immédiats se sont fait attendre, mais en diplomatie, Kigali, malgré ses gesticulations, en a été secoué au point d’afficher des attitudes de doute. Pour la première fois, le Rwanda courait après les événements dans les médias pour s’expliquer. Les temps ont bien changé, peut-on dire. Mais en RDC, les Congolais attendaient mieux que cela, au regard de la gravité de la situation qu’ils vivaient à l’Est. La diplomatie congolaise également ne s’est pas grisée par ce réveil de l’Occident, essentiellement. Kinshasa, sous la houlette du Président de la République aura, à son tour, su mener une démarche diplomatique graduelle en mobilisant d’abord les amis du Congo en Afrique et en Occident. La SADC et la CIRGL sont mises à contribution, en dehors de rencontres bilatérales à Luanda, Johannesburg, Brazzaville, Dar Es-Salaam, etc., ou encore à Paris, Bruxelles et New York auprès des diplomates des pays membres du Conseil de sécurité. Petit à petit donc, la RDC a tissé sa toile diplomatique pour culminer à un émoi international sur la vraie réalité de la situCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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ation. Résultat : au finish on connaîtra au moins trois envoyés et représentants spéciaux : d’abord celui, permanent, du Secrétaire Général de l’ONU et patron de la Monusco, Martin Kobler. Ensuite une autre envoyée spéciale, toujours du Secrétaire général, mais pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson. Il y a eu aussi un envoyé spécial des Etats-Unis d’Amérique pour les Grands Lacs, Russ Feingold. Bien entendu, le ménage avec ce trio spécial n’aura pas été de tout repos quant à la vision sur la solution politique avec le cas M23. Les divergences se sont faites plus profondes lorsque la rébellion prorwandaise a été défaite et a déclaré la cessation de la lutte armée. Kinshasa considérait que les temps ont bien changé et qu’il n’était plus question, ni de réintégration ou d’amnistie de ces rebelles, moins encore d’un accord politique, mais plutôt d’une simple déclaration de reddition, sans conditions particulières. La RDC aura tenu bon, jusqu’à convaincre ses partenaires de cette évidence. Le Président ougandais, Yoweri Museveni, aura pris la mesure de la détermination

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Le Président Joseph Kabila avec le Vice-Président des Etats-Unis John Kerry

de Kinshasa dans sa nouvelle logique. En effet, alors que le Président pougandais tentait de circonvenir la délégation congolaise pour l’amener à signer, coûte que coûte, un « accord » concocté par « sa » facilitation, Raymond Tshibanda, patron de cette délégation, et ses collaborateurs ne se sont pas laissé intimider. Pourtant Museveni avait bien préparé le coup en convoquant la cérémonie de signature en sa propre résidence d’Entebbe. Kinshasa aura donc tenu bon jusqu’au bout là où les autres partenaires au processus de paix ont fini pratiquement dans l’anonymat médiatique, et pointé absents aux carnets diplomatiques. En d’autres temps, la RDC était souvent reprochée de signer sous contrainte des accords qui s’avéraient sans avantage particulier pour elle. Les temps ont donc changé, et profondément. Ils ont tellement changé qu’à l’occasion d’un sommet des Grands Lacs, Jakaya Kikwete, Président de la Tanzanie, a tapé dans la termitière en appelant à des négociations politiques entre Kigali et Kampala, et leurs rébellions respectives. La logique était simple. En effet, on ne pouvait pas, à travers l’accord-cadre d’Addis Abeba sur la paix et le développement dans la région des Grands Lacs, évoquer cette paix sans faire allusion aux causes de l’instabilité. La brève polémique qui s’en est suivi n’aura pas permis d’éclipser le mérite de Kikwete, malgré le front du refus ressenti particulièrement du côté de Washington. Le même blocage s’observera encore de la part de Washington au Conseil de Sécurité lorsqu’une résolution condamnant ouvertement le Rwanda sera édulcorée par les soins de Susan Rice. La France,

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qui était soigneusement sensibilisée par la RDC, avait pourtant poussé très fort, s’appuyant sur les preuves contenues dans les rapports d’enquêtes du même Conseil de sécurité, Kigali réussira tout de même à se tirer d’affaire. Qu’à cela ne tienne, la sensibilisation menée au niveau de l’Onu a eu le bénéfice de réveiller le monde et, particulièrement, le Secrétaire Général Ban Ki-Moon qui organisera des réunions de haut niveau sur la question de la RDC avant de se désigner une envoyée spéciale pour la région des Grands Lacs en plus de son représentant spécial en RDC. Le forcing diplomatique débouchera

également sur un important ballet diplomatique et de coopération, notamment celui des belges Didier Reynders et Jean Pascal Labille. Le duo est parvenu à renforcer l’attention sur la question de l’Est en s’intéressant particulièrement aux pourparlers de Kampala. Pour Bruxelles, comme pour Kinshasa, il ne devait pas être question de réintégrer l’impunité dans l’armée en y ramenant des rebelles aussi criminels que récidivistes. En dehors de ces initiatives ouvertes, la RDC a eu à bénéficier de la sollicitude de certains amis tels que l’Angola où le Président Kabila s’est rendu très régulièrement. Il en est de même des rela-

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Le Président Joseph Kabila au 32ème sommet Extraordinaire de la SADC

tions avec l’Afrique du Sud, relations qui ont conduit à l’échange des visites des deux Chefs d’Etat. A Kinshasa, Jacob Zuma, dont le pays fournit hommes, armes et équipements à la brigade onusienne d’intervention, a eu à lancer un avertissement significatif à tous les pyromanes de la région en affirmant : « trop c’est trop. L’heure est venue de faire la paix ». Il est vrai que la recherche de la paix dans la région des Grands lacs bute toujours à une imbrication d’intérêts. Cette situation, ici comme ailleurs, met toujours à mal les meilleures volontés qui puissent exister, si, seulement, elle ne constitue pas, parfois, un frein à ce rétablissement de la paix.

Le Président Joseph Kabila avec ses homologues sud-africain Jacob Zuma et angolais Edouardo Dos-Santos

Joseph Kabila et le Gouvernement l’ont certainement compris et ont trouvé autrement la solution pour la paix : la guerre. La moisson diplomatique de 2013 n’aura peut-être pas été celle que les Congolais attendait à travers, notamment, de lourdes sanctions contre les agresseurs au-delà des rebelles, mais une chose est sûre : plus personne ne regardera la RDC comme avant. Samy BOSONGO

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Joseph Kabila à l’école de Nelson Mandela

La mort a arraché à l’humanité une grande personnalité. Le 05 décembre 2013, Nelson Mandela, ce grand monument sud-africain, a rendu l’âme après une longue maladie. Il a plongé ainsi le monde entier dans le choc. Joseph Kabila, accompagné de son épouse, Marie-Olive Lembe, s’est rendu, mardi 10 décembre, à Johannesbourg où il a pris part à l’émouvante cérémonie d’hommage à cette icône mondiale.

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ucune comparaison n’est possible entre Kabila et Mandela. Entre les deux, c’est l’histoire d’un élève en face de son maître. En observant les parcours de ces deux personnalités, on constate que Kabila est de l’école de Mandela. En effet, le jeune Président congolais a vite appris à partager le pouvoir avec ses adversaires, même ceux qui n’ont jamais cessé de le blâmer. En 2002, la classe politique se retrouve au dialogue inter-congolais en Afrique du Sud. Au sortir de ces assises, Kabila concède plusieurs de ses prérogatives pour

garantir la paix à la Nation. Il siégera avec des anciens opposants rebelles dont Jean-Pierre Bemba, Azarias Ruberwa et Z’Ahidi Ngoma. Comme Mandela, Kabila a ainsi appris à composer avec ses opposants extrêmes. Qualité que Mandela lui-même a exhibée au monde lors de son élection en tant que premier Président noir de la République Sud-Africaine. Le Président congolais a su puiser dans le comportement de Mandela les vertus du pardon. Au nom de la paix, il a même pardonné les pays voisins qui ont agressé la RDC à maintes reprises, soit

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Joseph Kabila avec Jean-Pierre Bemba, lors du gouvernement 1+4, pendant la transition directement, soit par le truchement des rébellions écrans. L’on se souviendra, par ailleurs, qu’en octobre 2012, Kabila était le punchingball de toutes les invectives verbales de François Hollande à l’occasion du sommet de la Francophonie tenu à Kinshasa. Il a fallu une année pour que le Président congolais démontre sa grandeur d’âme. En saluant le Président français qui venait l’accueillir à l’Elysée lors du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique, le premier citoyen congolais avait administré une grande leçon : celle de faire table rase sur ce passé humiliant.

Dialoguer pour la paix, ouverture à tous, calme olympien devant les situations bouillonnantes, partager avec les ennemis, supporter les supplices moraux de ses détracteurs, ce sont là autant de qualités qui rapproche Kabila et Mandela. Autant dire que la mort a arraché de l’affection mondiale, un homme mais pas une idéologie. Mandela restera toujours une source d’inspiration pour le monde entier. Le chemin politique de Kabila a déjà pris la trajectoire d’une belle et glorieuse carrière. « Kabila a la chance de devenir le premier président congolais à passer le flambeau à un successeur, de rester une CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 39

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référence politique dans l’histoire du pays, d’être le vrai père de la démocratie en enseignant le respect des principes républicains », commente un Kinois qui suit la cérémonie d’hommage à Mandela. L’histoire attend le fils de Mzee au tournant. Une page glorieuse est en train d’être écrite à la Mandela. Le chemin parcouru est déjà long. Toutes les embûches qui l‘ont parsemé ont permis à Kabila de se forger une véritable maturité politique. A 42 ans, il a encore beaucoup à donner à la nation et au monde.

Sous les lambris du Palais de la Nation, Kabila s’est métamorphosé Y a-t-il une différence entre Kabila d’aujourd’hui et celui de 2002 ? Sûrement ! De Kabila jeune militaire, apprentis politique à celui qui, il y a quelques temps, participait au sommet des Chefs d’Etat en France, les choses ne sont pas restées statiques. Au fil des années, le jeune Président a réussi à se construire une personnalité d’homme d’Etat. Les années ont passé et son image a évolué. Fin 2013, l’histoire a enregistré une belle note pour Kabila. Grâce à sa stratégie triangulaire diplomatie-politique-guerre, le Président congolais venait de permettre à son pays de connaitre une première grande victoire militaire depuis l’accession du pays à l’indépendance. Le monde entier a reconnu la fin de la longue rébellion qui a sévit dans l’Est de la RDC. C’était un tournant décisif dans l’avenir de la Nation. Cette victoire arrivait quelques jours après la tenue des Concertations Nationales, un forum qui a regroupé plusieurs Congolais en vue du renforcement de la cohésion nationale. La réussite de l’organisation de ces assises et la victoire des Forces

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Le Président Joseph Kabila avec Tabo Mbeki, Ex-Président de l’Afrique du Sud, au Palais de la Nation à Kinshasa. Souvenirs du Dialogue intercongolais

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armées congolaises appuyées par la brigade de l’Onu, ont obligé François Hollande d’appeler, le premier, Joseph Kabila pour le féliciter. Pourtant, depuis la tenue en octobre 2012, du XIVe sommet de la Francophonie, les relations entre les deux hommes étaient plutôt timides, très timides. A la suite du Président français, les EtatsUnis et bien d’autres pays à travers le monde n’ont pas manqué de saluer cette victoire. Celle-ci a ainsi ouvert une brèche pour permettre la traque de toutes les forces négatives qui opèrent dans l’Est congolais. Kabila s’est rendu lui-même dans les parties jadis occupées par les rebelles du M23. Dans ses différents meetings, il n’a pas manqué de mettre en garde les pays voisins qui se hasarderaient encore à soutenir une énième rébellion sur le territoire congolais.

L’efficacité sous un calme olympien Cela fait 12 ans qu’il tient les rênes du pouvoir. Joseph Kabila, qui n’avait que 29 ans, accédait à la tête du pays à la suite de la mort de son père en 2001. Kabila fils, alors Chef d’Etat-Major de la force terrestre des Forces armées congolaises (FAC), transcende la profonde douleur et accepte l’impérium que lui confie l’entourage de son défunt père. Dès lors, le plus jeune Président d’Afrique devient l’acteur principal devant consolider les acquis de la « libération du 17 mai ». Les ambitions, tant à l’interne qu’à l’extérieur, mûrissent pour lui mettre les bâtons dans les roues. Déjouer les calculs des uns et des autres, tenir tête haute le plus longtemps possible, ce n’est pas de la mince affaire. Kabila doit avoir un gros secret.

Moins expérimenté, il ne parle pas lors de grandes messes internationales, un étranger qui a occupé le pays, un pion sauvegardant les intérêts des autres pays en RDC, beaucoup de qualificatifs ont été forgés pour caricaturer l’image du Président de la RDC. Depuis qu’il est au pouvoir, le nombre de ses détracteurs est allé crescendo. Plusieurs officines et laboratoires ont été implantés dans l’objectif de nuire à sa personne. Joseph Kabila n’a jamais répondu à toutes les injures lui infligées. Le silence est parfois la meilleure réponse aux langues malveillantes. Même quand il s’est agi de tentatives de coups d’Etat, le fils de Mzee est resté toujours dans son habituelle retenue. « Un calme qui dérange tout le monde. Les opposants, les diplomates et les médias internationaux bondissent souvent sur les moindres détails. Kabila, on ne le prend pas au mot. C’est ça même la CONGOPANORAMA - Edition n°008 Octobre-Novembre 2013

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complexité de son caractère et de sa vie, qui fait ainsi sa force », déclare un membre de la famille biologique du Président. « C’est un Président qui écoute beaucoup, mais parle peu ». Ainsi le décrivait Jacques Chirac. Un silence qui a fini par devenir un mythe. Kabila a su maintenir son caractère, ce grand caractère, en dépit des réalités du milieu ambiant. Ce qui est à l’opposé de son père, du maréchal Mobutu et même de Patrice Lumumba qui, tous, n’avaient jamais leur langue en poche. Pourtant, sous son calme olympien, Kabila est entrain d’administrer au monde qu’il n’est pas l’enfant fragile que certains voulaient présenter comme tel. A plus d’une occasion, il a su prouver sa maturité et son expérience. Comme qui dirait, aux âmes bien nées, la gloire n’attend point le nombre d’années. Ricky KAPIAMBA

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Paix et sécurité en Afrique KABILA APPORTE L’EXPERIENCE DE LA RDC Alors qu’il était en pleine tournée à l’Est de la RDC pour réconforter les populations et les remettre au travail après la mise en déroute du M23, le Président de la République, Joseph Kabila Kabange a interrompu cette mission pour se rendre au sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique, sommet qui s’est tenu du 6 au 7 décembre 2013. Ce déplacement avait surpris certains esprits, mais qui ont vite compris sur ce sommet était important pour la RDC, non seulement à cause de sa position géostratégique au cœur de l’Afrique et des Grands Lacs en proie à une insécurité chronique, mais aussi en raison de ces conflits qui ont longtemps endeuillé ses populations. Après des années d’efforts, la RDC, sous la houlette de Joseph Kabila connaît le prix de la paix et jouit d’une expérience remarquable en matière de pacification. Et au regard des multiples conflits qui déchiraient plusieurs pays au moment de ce sommet, la RDC, à travers son Chef de l’Etat, aura ainsi fait œuvre utile en y partageant son expérience sur la paix et la sécurité.

L

e Président Joseph Kabila, qui séjourne à Paris, en France, depuis jeudi dans la soirée, a assisté vendredi, au Palais de l’Elysée, à la cérémonie d’ouverture du « Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique », présidée par François Hollande, Président de la République française. Dans son discours d’ouverture de ce sommet qui a connu la participation d’une quarantaine de Chefs d’Etat et de gouvernements, le Président Hollande justifie son idée de choisir le thème de la paix et la sécurité par le fait que, pour la France, l’Afrique est un continent d’avenir, le principal moteur de la croissance mondiale. Il a ajouté que l’Afrique vit une transformation rapide de ses structures économiques et sociales et elle est pleinement engagée dans son développement. Pour ce faire, il est devenu impérieux d’offrir à ce continent les conditions nécessaires à son épanouissement économique et social en luttant contre les foyers d’insécurité et en y instaurant une paix durable. « Les temps ont changé, les rapports ne

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doivent plus être ceux qu’ils avaient pu être dans le passé », a souligné le Président Hollande pour qui une période nouvelle s’ouvrait et l’Afrique devait maîtriser pleinement son destin et, pour y, parvenir assurer par elle-même sa sécurité. Faisant allusion aux conflits qui déchirent le continent, il a déclaré que l’Afrique a été capable de démontrer qu’elle pouvait maintenir la paix en RDC comme au Mali et, aujourd’hui, en République Centrafricaine, où une force africaine a reçu mandat des Nations Unies. Cependant, le continent accuse encore « des insuffisances, des manquements et de la fragilité » qui rappellent la nécessité « que nous devons nous regarder en face en vue de préparer des forces africaines à pouvoir répondre à toutes les menaces et à pouvoir se doter, dans les organisations régionales, ou au niveau de l’Union Africaine, des moyens indispensables pour assurer la sécurité des Africains. En attendant, François Hollande a fait état de l’engagement de son pays à soutenir les efforts des pays africains en matière

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Photo souvenir sur le perron de l’Elysée

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avait, d’ailleurs, déjà anticipé sur plusieurs de ces recommandations, notamment en engageant un dialogue politique interne. Sur le volet militaire, le Président de la République aura fait montre de ses capacités d’organisateur et de stratège. Alors que personne n’attendait plus rien des FARDC, c’est pourtant sur ceuxci que Kabila a travaillé pour redorer l’image de l’armée nationale et réhabiliter la RDC dans sa dignité en défaisant le M23. L’œuvre de pacification totale du pays doit se poursuivre en luttant contre le reste de groupes armés nationaux et étrangers. C’est, ailleurs, pour cela que, de retour de Paris, il a rejoint le Congo profond pour poursuivre sa tournée.

de sécurité. De même, la France est prête à constituer une structure commune pour coordonner les actions, notamment constitution d’une force d’intervention rapide sous l’égide de l’Union africaine. Il a annoncé, à cet effet, que la France est disposée à apporter tout son concours à cette force en disponibilisant des cadres militaires et en assurant la formation des unités et officiers africains. La France peut entraîner chaque année, si les Africains décident, 20 mille soldats africains, a-t-il indiqué. Peu après la cérémonie d’ouverture du sommet de l’Elysée, les Chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que tous les autres délégués se sont rendus au centre des conférences ministérielles du Quai d’Orsay pour des travaux à huis clos.

L’expérience congolaise sur la paix et la sécurité Ce sommet et le thème qui a été choisi tombait à point nommé pour la RDC qui expérimentait une remarquable ex-

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périence de recherche de la paix tant au niveau national qu’international. C’est, en effet, presqu’au lendemain de la défaite de la rébellion-agression du M23 qu’était initié le sommet de l’Elysée. Après des années de guerres à répétition, Joseph Kabila, qui aura été de tous les rendez-vous diplomatiques, a eu le temps d’arrêter une stratégie pour mettre fin à l’insécurité. Le triptyque politique – diplomatie – guerre aura ainsi montré ses vertus dans la lutte contre l’insécurité. Joseph Kabila avait réalisé la nécessité de rassembler les Congolais autour de la cause de la RDC. Il a, alors entrepris des consultations avant de convoquer les Concertations Nationales qui ont recréé la cohésion. Sur le plan diplomatique, Joseph Kabila a été de toutes les batailles pour finir par réussir à imposer un regard différent de la crise en RDC et dans les Grands Lacs. L’engagement de la communauté internationale dans la recherche de la paix à l’Est et dans cette région en est la démonstration. Et, toujours sur ce volet diplomatique, Kabila ont largement montré son sens d’ouverture en accédant à toutes les recommandations en vue de pacifier son pays et la région des Grands Lacs. Il

Un séjour parisien également marqué par des rencontres diplomatiques

Commentant le séjour parisien du Chef de l’Etat au moment de l’ouverture du sommet de l’Elysée, Henri Mova Sakanyi, Ambassadeur de la RDC en Belgique, a relevé qu’« il était important que le Président Kabila fasse le déplacement de Paris non seulement à cause de la position géostratégique importante dont jouit notre pays pour la sécurité africaine mais aussi parce que le conflit dans no-

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tre pays qui tend à son terme a été le plus meurtrier. L’expérience congolaise de réussite de sortie de crise que nous vivons actuellement en RDC tant en interne avec la réussite des Concertations Nationales qui ont permis une cohésion nationale retrouvée, socle de la victoire militaire des FARDC, qu’ en externe avec l’implémentation stricte de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, pourrait aider l’Afrique et faire cas d’école ». Pour Henri Mova Sakanyi, le Président Kabila, « artisan de la fin du conflit en RDC » , pourra ainsi faire bénéficier de son « expertise avérée en gestion de conflits » aux différents participants au Sommet afin que l’exemple de résolution du con-

flit congolais serve de trame à suivre pour les autres zones instables du continent.

Rencontres avec Ban Ki-Moon et Abdou Diouf En marge du sommet de l’Elysée, le

Président Joseph Kabila a eu des entretiens tour à tour avec Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations Unies, et Abdou Diouf, le Secrétaire Sénéral de la Francophonie. Rien n’a filtré de ces deux rencontres, mais on croit savoir qu’il était question d’évaluer les efforts pour la pacification de la RDC. Par la suite, le Président de la République s’est rendu au siège de l’OIF dont la RDC assure actuellement la présidence jusqu’à novembre 2014. Il a effectué une CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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visite guidée des installations sous la conduite du Secrétaire Général Abdou Diouf. Ensuite est intervenue une réunion d’évaluation des activités de l’OFI depuis le sommet de la francophonie qui s’est tenu à Kinshasa. En fin de compte, c’est à Joseph Kabila satisfait moralement qui a rejoint le Congo profond après avoir partagé l’expérience congolaise sur la paix et la sécurité. Jonas Eugène KOTA et Yvon RAMAZANI

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« Opération pomme-orange »

Comment Kabila avait défait le M23 Les observateurs n’ont pas encore fini de s’étonner de la fulgurance de la mise en déroute de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) par les troupes de l’armée régulière congolaise, les FARDC. L’étonnement est d’autant plus grand que personne ne s’attendait à une telle performance de la part d’une armée qui avait perdu jusqsu’à cette appellation : dysfonctionnements de la chaîne de commandement, du reste truffée de taupes de l’ennemi, affairisme des généraux, découragement et démoralisation des soldats mal payés et mal ravitaillés au front, etc. ; autant de maux qui rongeait la grande muette congolaise jusqu’à la rendre inopérante.

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Le Chef de l’Etat au pied du mont Tshanzu après la fuite du M23

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ersonne ne pouvait, en effet, s’attendre à un relèvement aussi rapide après la mise en déroute des FARDC en novembre 2012 lorsque les rebelles prenaient le contrôle de Goma, capitale de la province troublée du Nord-Kivu. Dans leur fuite, les soldats de l’armée régulière s’en prendront à la population et certains se rendront coupables d’odieux actes de viols dont ils répondent aujourd’hui dans un procès qui se tient à Goma.

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Le CEMG Didier Etumba restitue les offensives des FARDC à l’intention du Chef de l’Etat

Réfléchir dans la douleur Et Joseph Kabila ? C’est aussi de lui qu’on attendait le moins un nouveau souffle pour sortir son pays de l’abîme. Le Président de la République est sérieusement pris à partie par son opinion intérieure qui le tient, sinon pour responsable, en tous cas pour complice des rebelles et leurs soutiens étrangers dans la débâ-

cle de l’armée. Une ambiance de fin de règne s’observe à Kinshasa, jusque dans les rangs de la majorité où plus aucun acteur politique n’ose se pointer sur un plateau de télévision pour commenter les graves événements consécutifs à la chute de Goma. Pourtant, c’est ce même Kabila qui positive sa solitude et son isolement pour y trouver de nouvelles ressources afin de pouvoir rebondir. Au bout de quelque CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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cinq mois de réflexion, il met au point l’« opération pomme - orange », cette stratégie inédite qui va conduire à la désillusion, puis la mise en déroute du M23 pourtant lourdement soutenu en armes, en munitions comme en hommes et en conseils tactiques par le Rwanda et l’Ouganda. Joseph Kabila a su trouver la faille dans l’arrogance des rebelles et la détermination de la communauté internationale pour une issue politique à l’affaire, comme trois années plus tôt avec le CNDP de Bosco Ntaganda, mais sans réels succès pour la paix et l’intégrité des frontières Est de la RDC. Il choisit alors de surgir là où on l’attend le moins : le front militaire. Joseph Kabila commence par nettoyer le commandement militaire. Il rappelle à Kinshasa tout le personnel ad hoc qui va être logé dans des palaces et autres villas de la capitale sans être intéressé à quoi que ce soit. Certains de ces officiers sont même promus en grade dans les mises en place qui interviennent alors. Pendant ce temps, le Chef de l’Etat endosse plus

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que jamais ses prérogatives de commandant suprême des FARDC et entame la réorganisation de ces dernières. Il appelle à ses côtés son Chef d’Etat-Major Général, le Général Didier Etumba. Il positionne sur terrain un nouveau commandant de la force terrestre, le Général Olenga, et un commandant de la 8ème région militaire chargé des opérations, le Général Jean-Lucien Bauma. Détail particulier, ces trois officiers généraux sont tous de l’Ouest du pays et n’ont pas d’attaches particulières à l’Est. Dans tous les cas, la consigne de travail est stricte : discrétion totale. Les informations sont ainsi fournies par fragments, tandis que Kabila lui-même opère par cloisonnement. Pour avoir manifesté une certaine passivité dans l’enjeu de ce qui se concocte, le général Olenga va être isolé, et Kabila va poursuivre son plan avec le concours de Etumba et Bauma. Après le succès des FARDC, Olenga va se répandre en déclarations de presse pour s’inscrire dans l’histoire, mais les hommes

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Le Commandant suprême des FARDC observe un lance missile à plusieurs canons abandonné par le M23 à Tshanzu

de troupes ne se souviennent pas l’avoir vu au Nord-Kivu. Olenga s’était, en effet, limité au Sud-Kivu, à Minova, où il avait réorganisé les troupes après leur mise en déroute à Goma, tandis que d’autres unités étaient préparées à Kisangani, Province orientale, ou à Kamina dans le Katanga. Plus tard, le Général Olenga a été vu en Allemagne où il affirmait séjourner pour raison de santé après avoir subi des chocs sur terrain. « faux! », s’indigne un Général à Kinshasa

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Inspection d’une des armes lourdes à longue portée abandonnées par le M23 à Tshanzu

Le Président Joseph Kabila sort d’un fusillier abandonné par le M23 à Tshanzu

qui rappelle que « les officiers de son rang ne sont pas engagés directement dans les combats pour ainsi subir des chocs ».

Controffensive totale et foudroyante D’avril jusqu’à fin août 2013, soit quelques semaines avant le déclenchement de l’offensive, personne n’est capable de dire avec exactitude où Kabila veut en venir. Tout le monde observe, cependant, comment il s’emploie à requinquer l’armée, mais personne ne perçoit les préparatifs d’une offensive qui va être déclenchée à partir du 25 octobre 2013. Kabila s’était donné 30 jours pour en finir avec le M23, mais en fin de compte, il n’aura mis que 15 jours. Une performance due à la minutie avec laquelle il a organisé son plan et arrêté ses stratégies. D’abord, il constitue une task-force spécifique avec des éléments d’élite de sa propre garde qui sont placés sous le commandement également issu de sa garde. Ensuite, Kabila, qui mise beau-

coup sur les attaques aériennes, prépare soigneusement les appuis feux aériens qui devront partir de Bukavu où sont basés des hélicoptères. Ces moyens aériens vont être positionnés à Goma trois semaines avant le déclenchement des opérations. Avant cela, le 2 septembre, les hélico Sukoy quittent Kinshasa pour être positionnés à KisangaCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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ni, puis à Goma une semaine après ceux en provenance de Bukavu. Dans le même temps, Kabila organise minutieusement l’approvisionnement en mettant en place des bases et des dépôts logistiques avancés. Il est question d’éviter toute rupture de ravitaillement ou de le retarder.

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Les hauteurs de Runyonyi d’où le M23 pilonait les positions des FARDC

Mi-août 2013, après évaluation des préparatifs, Joseph Kabila décide d’une phase préliminaire test : prendre le contrôle de Kibati pour, à la fois, mettre Goma à l’abri et roder le dispositif. Le test est un succès éclatant. Et le 25 octobre, les FARDC déclenchent leur marche victorieuse. Kabila avait prévu trois fronts essentiels qui devaient être abordés en trois phases. Le front sud sur l’axe Goma – Kibati – Kibumba – Rumangabo. Le front nord sur deux axes : Rwindi – Kahunga – Kiwanja – Rutshuru, et Nyamilima – Nyongera – Kiwanja. Le front centre devait faire la boucle Tongo – Kalengera – Ntamugenga. Il faut noter

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de Rugari, Rumangabo, Ntamugenga, Kiwanja et Rutshuru. Quant à la troisième phase, elle va être la plus délicate, car il s’agit de déloger les rebelles de leurs derniers retranchements dans le triangle frontalier entre la RDC, l’Ouganda et le Rwanda. L’armée régulière a toujours échoué à franchir ce cap lors des batailles antérieures.

La population en liesse accompagne Kabila dans sa visite

Au plan tactique, le M23 est plutôt bien loti avec des positions de rêve comme Gasizi dans Kibumba d’où la rébellion parvient à gagner le mont Hehu. Idem pour la position de Mbuzi qui sera l’un des tout derniers bastions rebelles à tomber sous le contrôle de l’armée régulière. Connaissant bien le terrain, Joseph Kabila déploie personnellement, à titre de parade, un bataillon commando conséquemment équipé. La manœuvre produit l’effet escompté : impressionner l’ennemi et le distraire. En sept jours, les FARDC parviennent à finaliser la troisième phase de “l’opération pomme - orange” en reprenant les positions cultes telles que Rugari, Rumangabo, Ntamugenga, Kiwanja et Rutshuru. Et au 5 novembre

que ce plan opérationnel avait été arrêté à la mi-avril, pendant la période des conciliabules politiques et diplomatiques où Kinshasa était vu en position de faiblesse. Dès le 25 octobre, les FARDC s’engagent dans la première phase et, en deux jours, soit du 25 au 27 octobre, elles parviennent à reprendre Kibumba, Gasizi, Kalengera, Rubare, Kahunga et Nyongera. La deuxième phase est la plus fulgurante et la plus courte. En une journée de combats, les rebelles décrochent successivement CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 51

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Le Président Joseph Kabila observant des roquettes abandonnées par le M23

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détermination à en finir avec les autres groupes armés nationaux comme étrangers, à qui il demande par ailleurs, de déposer les armes avant de subir le même sort que le M23. Pour mener à bien cette opération, Joseph Kabila avait donné des consignes précises qui auront été respectés scrupuleusement. Au respect strict de la chaîne de commandement devait répondre un secret total des préparatifs afin de réussir l’effet de surprise. De même, les troupes et leur commandement étaient appelés à observer la discipline, protéger la population et surtout respecter strictement les droits de l’homme, le droit humanitaire international et les droits de la guerre.

Des tonnes des minutions abandonnées par le M23 dans un bunker à Tshanzu

Le Président Joseph Kabila visite un terrain miné par le M23 avant sa défaite

2013, le drapeau congolais flotte à nouveau sur tous ces territoires de l’Est après plus de 20 mois d’occupation par les rebelles lourdement soutenus par le Rwanda et l’Ouganda. Au soir de cette victoire, le Commandant suprême des FARDC en fait personnellement la communication, mais se garde de tout triomphalisme. Prudent, il invite les Congolais à garder une pensée pieuse pour ceux qui ont été fauchés dans cette guerre injuste. Il réaffirme également sa CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Au final donc, c’est une armée nationale disciplinée qui a fait montre d’un professionnalisme inattendu. Pour sa part, Joseph Kabila s’est révélé au public sous un jour qui lui était jusque-là insoupçonné. On avait, en effet, oublié qu’il est un ancien militaire ayant fait l’école de guerre en Chine. Aujourd’hui, un vent nouveau souffle dans les collines du Kivu, et les Congolais peuvent à nouveau conjuguer légitimement le verbe « espérer ». Yvon RAMAZANI

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De Kisangani à Goma

Paix, infrastructures et développement au menu du voyage Les Boyomais ont réservé un triomphe au Président de la République, Joseph Kabila Kabange, qui est arrivé à Kisangani le mercredi 20 novembre 2013 en début de soirée. Aux autorités politico-administratives et autres notabilités s’était jointe une foule imposante qui a accompagné le Chef de l’Etat le long de son trajet jusqu’à sa résidence de Likono sur la route de Simi-Simi. Cette marrée humaine venue accueillir spontanément le Chef de l’Etat, alors que le protocole n’avait pas prévu à ce stade un contact direct avec la population, traduisait déjà la communion qui s’est consolidée entre le leader et son peuple. Une ferveur qui se justifie par la victoire éclatante des FARDC, deux semaines plus tôt au Nord-Kivu.

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très avancé. Plus de 600 camions y sont bloqués, asphyxiant ainsi les marchés de Kisangani. Joseph Kabila a tenu à s’en rendre personnellement compte. Il a alors pris le volant de sa jeep 4 x 4 pour parcourir plus de 900 Km jusqu’à Goma.

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ais loin de se griser, Joseph Kabila ne s’est pas départi de sa mission qui visait à réconforter la population et la remobiliser et l’engager dans la réalisation du programme de la révolution de la modernité. La Province Orientale mérite bien une telle visite au regard de l’insécurité qui bat son plein dans le grand nord avec, notamment, la présence des Mbororo et des rebelles de l’ADF/Nalu.

la République a présidée le lendemain au Gouvernorat de la province. Cette réunion s’est également penchée sur la situation des infrastructures locales. Kabila a donné des instructions pour que les travaux soient accélérés. Et Kabila avait bien dans son programme la situation préoccupante de la Route Nationale N° 4 qui part de Kisangani jusqu’à Goma, sans oublier l’axe de Bunia.

Cette question a été largement traitée lors de la réunion que le Président de

Sur son tronçon entre le chef-lieu de la Province Orientale et Komanda, la route se trouve dans un état de délabrement CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Des populations curieuses s’amassaient sur son passage pour l’ovationner, alors qu’il était en plein travail. Personne n’en revenait de voir un Chef de l’Etat s’embourber au volant, descendre dans la boue et attendre la sortie des mauvaises passes. Très régulièrement, profitant de ces embourbements, il faisait le point avec le Gouverneur et les Ministres qui se trouvaient dans sa suite, entre autres Fridolin Kasweshi des ITPR. Le Directeur Général adjoint de l’Office des Routes était aussi de la partie pour donner des explications.

Mises en garde à Bunia Le rythme trépidant de ce voyage va durer deux jours. Le 24 novembre, Kabila arrive à Bunia où il est accueilli par une population en liesse. Le temps de s’installer, il s’entretient avec les autorités locales pour plus d’informations surtout sur la situation sécuritaire. Bunia est, en effet, en proie à une insécurité causée par

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la présence de certains groupes armés dont celui de Cobra Matata. Lorsqu’il rencontre la population au cours de ses déplacements, le Chef de l’Etat, qui a eu le temps de visiter les travaux de modernisation du boulevard de Libération qui ont démarré depuis une semaine, les réconforte mais leur demande de transmettre un message clair aux groupes armés, particulièrement à Cobra Matata : ils n’ont plus d’autre alternative que de déposer

les armes. Le 25 novembre, il s’est rendu dans la localité de Lagabo, à une trentaine de kilomètres au Sud de Bunia, où il a rencontré des déplacés qui ont fui les exactions de Cobra Matata dans la chefferie de Walendu Bindi. « Je suis venu compatir à vos souffrances », leur a-t-il dit avant de demander à la population locale d’aider l’armée à mettre fin à l’activisme de la milice de la FRPI dirigée par Cobra Matata. Joseph Kabila a demandé aux habitants ayant des parents dans les groupes armés de les persuader de les quitter. «Aller dire aux jeunes, celui qui a un frère qui est dans ces groupes armés, il n’a qu’à quitter sinon nous allons con-

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tinuer à le traquer et nous allons gagner. Cobra Matata ne peut pas défier le Congo», a prévenu le chef de l’Etat. En retour, la population a sollicité des mesures d’encadrement pour accueillir les miliciens qui voudront déposer les armes. Notre souhait est que le gouvernement puisse les accueillir en tant que fils congolais. Qu’ils regagnent la vie civile ou militaire au sein de l’armée congolaise », a plaidé Jean Floribert Alez, représentant

des déplacés de Lagabo. Le message a été reçu cinq sur cinq, car le Chef de l’Etat a donné des instructions quant à ce, avant que son cortège ne s’ébranle à nouveau, cette fois-ci vers le Nord Kivu. Au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue le mardi 26 novembre avant de clôturer sa visite en Province Orientale, Joseph Kabila a annoncé le rétablissement de l’autorité de l’Etat. « Maintenant, nous devons rétablir l’autorité de l’Etat par la force. Après le M23, les forces armées dans la Province Orientale seront renforcées en vue de combattre ces hors-la-loi qui n’ont plus d’autre solution que de déposer les armes », a-t-il fait savoir.

Il a aussi évoqué l’état des 700 Km de route qu’il a parcourus de Kisangani à Bunia ainsi que d’autres projets. Kabila a assuré qu’« il existe déjà des projets financés ». « Des solutions durables et à long terme pour cette route restent l’asphaltage des routes de la province Orientale, y compris le tronçon Kisangani-Bunia », a-t-il ajouté, expliquant, par ailleurs, que « c’est pour cette raison que

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l’asphaltage a déjà commencé par Beni, dans la province du Nord-Kivu, et doit se poursuivre jusqu’en province Orientale ». Concernant la question du développement de Bunia et de la Province Orientale en général, le Président de la République est revenu sur l’ouverture de la RDC aux investisseurs étrangers. « Le gouvernement accepte la présence des investisseurs au Congo. Ils doivent travail-

ler dans la légalité », faisant ainsi allusion au cas de certains sujets étrangers qui exploitent illégalement l’or en Ituri. Revenant sur le dossier des infrastructures locales, particulièrement l’asphaltage des routes de Bunia et la réhabilitation de la Route nationale n° 4 reliant Bunia à Kisangani, il a rassuré la population qu’« on n’asphaltera pas seulement 1 km, CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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l’asphaltage de la voirie de Bunia se fera progressivement ». Et d’ajouter : « Par exemple, lorsque vous quittez Kisangani pour arriver à Bunia, les travaux de réhabilitation de cet axe se font déjà. Des travaux se feront de Komanda en allant vers Kisangani pour faire jonction avec la première équipe à Niania ».

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Nouvelle liesse à Beni-Butembo Mardi 26 novembre 2013 à 17h00, Joseph Kabila arrive à Butembo. Il est accueilli à Eringeti, en territoire de Beni, par le Gouverneur Julien Paluku qui remplace son collègue Jean Bamanisa resté sur son territoire à Luna. Dans la délégation qui accompagne le Gouverneur figure le Général Jean Lucien Bauma qui a joué un rôle très important dans la mise en déroute du M23. C’est une foule en liesse qui se masse sur le parcours du Chef de l’Etat pour lui réserver des ovations bien nourrie. Il passe par la cité d’Oicha et la ville de Beni où il a été accueilli avec la même ferveur populaire. La population le remercie pour la victoire sur les rebelles et lui demande d’en faire de même pour le reste des groupes armés afin que soient poursuivis les projets de développement dont les routes, l’eau et l’électricité. C’est dans la ville de Butembo que Joseph Kabila va s’adresser pour la toute première fois à la population du NordKivu quelque 20 jours après la mise en déroute du M23. S’exprimant en swahili devant près de 2.000 personnes dont des notables et autres leaders locaux réunis dans la salle de la procure du diocèse de Beni-Butembo, le Chef de l’Etat commence par réconforter la population éplorée par tant d’années de guerre, particulièrement les 20 derniers mois avec les le M23. Il évoque également la remise de l’ordre au sein de l’appareil judiciaire ainsi que la relance des projets de développement dans la province du Nord-Kivu. Plus concrètement, il promet que dès décembre 2013-janvier 2014, tous les projets de développement ayant été suspendus à la suite de la guerre du M23 vont être relancés. « La guerre d’agression ayant pris fin à Rutshuru et Nyiragongo, l’heure est à la poursuite des projets de

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La population court à la rencontre de son libérateur reconstruction et de l’émergence du pays », a indiqué le Chef de l’Etat qui annonce également un conseil des Ministres extraordinaire qui va se tenir à Goma pour décider du financement desdits projets, particulièrement ceux du Nord-Kivu. En outre, le Président de la République a annoncé la poursuite des opérations militaires, cette fois-ci pour éradiquer les

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Parlant du processus électoral, le Président de la République a réitéré son engagement à faire respecter le processus de démocratisation du pays avec la poursuite du cycle électoral lancé en 2011. Et quant à la situation sécuritaire, il a dénoncé le complot ourdi contre la RDC à partir de certains pays voisins. C’est pourquoi il a lancé un appel à la vigilance, car ces pays continuent à recruter des jeunes afin de créer une nouvelle rébellion. C’est un Joseph Kabila serein, mais ferme et déterminé qui s’est ainsi adressé à la population. Ses propos ont résonné, non pas seulement comme un réconfort, mais aussi comme un réarmement moral pour un nouvel engagement des forces vives à la reconstruction de la province.

A Rutshuru et Kiwanja, Kabila appelle à la modération

autres groupes armés comme les FDLR et l’ADF-NALU. A cet effet, Joseph Kabila a demandé à la population de rester vigilante. De même il a exhorté les notables à sensibiliser les brebis égarées qui militent au sein des groupes armées pour qu’ils reviennent à la raison et quittent les rangs de ces groupes. « Nous n’accepterons plus jamais les actes inciviques et de sabotage dans notre pays. La RDC vaincra tous ceux qui se livreront

à ce genre d’aventures », a-t-il prévenu. Le Chef de l’Etat a également abordé l’épineuse question des tracasseries policières, militaires et judiciaires. Il a relevé, entre autres causes, la longévité de certains responsables aux mêmes postes. Pour cela, il a annoncé d’importants changements à tous les niveaux avant fin 2013. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Poursuivant son périple, Joseph Kabila est arrivé vendredi 29 novembre dans l’après-midi à Rutshuru, un des anciens bastions du M23. Naturellement, la population locale, qui a souffert directement des affres de cette guerre, ne pouvait que lui réserver un accueil délirant. Normal aussi que le Président de la République lui rende un hommage mérité tout en la réconfortant avant de réitérer son engagement à consolider la paix et relancer le développement. “Beaucoup de sang a été versé depuis près de 20 ans maintenant. La guerre que nous venons de terminer, que ce soit la dernière guerre (. . .). Il faut que les habitants de Rutshuru soient vigilants, qu’ils ouvrent l’œil », a déclaré Kabila devant une foule réunie dans le petit stade de la contrée. “Je vous souhaite une paix durable”, a-til ajouté avant d’appeler à la modération. “Ne soyons pas ivres de cette victoire (. . . ) Je ne veux pas de règlements de

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comptes, je ne veux pas de brutalités à Rutshuru, au Nord-Kivu, comme dans tout le Congo », a insisté Kabila qui a aussi stigmatisé le tribalisme avant d’évoquer les différents problèmes auxquels il faut s’attaquer d’ores et déjà. “Il y a beaucoup de problèmes: la sécurité, la réinsertion des groupes armés, le retour et l’encadrement des déplacés, le chômage accru, les enfants qui ne sont pas scolarisés parce que leurs parents n’ont pas pu cultiver les champs à cause de la guerre », a détaillé Jean-Claude Bambanze, membre de la société civile de Rutshuru. A tous ces problèmes, Kabila a promis d’y apporter des réponses adéquates.

Kiwanja, des hélicoptères et des avions de chasse survolaient le ciel à l’arrivée du Président de la République.

En attendant, il a invité la population à reprendre le travail, et les déplacés à rentrer chez eux, avant d’exhorter à nouveau les groupes armés à sortir de la brousse, les menaçant d’un recours à la force au cas contraire. Quant aux pays voisins, il les a invités à respecter le Congo et les Congolais.

Joseph Kabila a réaffirmé sa promesse faite à Butembo de poursuivre tous les projets de développement suspendus à cause de la guerre. Il a également annoncé la réouverture du poste frontalier de Bunagana ; ce qui a été fait après des contacts avec les autorités ougandaises.

Après Rutshuru, le Président de la République s’est rendu à Kiwanja pour livrer le même message. C’est dans une ambiance particulière chauffée par plusieurs dizaines de milliers de personnes en liesse que Kabila est arrivé à cet autre ancien bastion de la rébellion. Fait particulier à

Joseph Kabila s’est dirigé, accompagné par la foule, vers le stade Mwami Ndeze Rugabo II où il s’est adressé à la population. Il a commencé par lui exprimer sa compassion avant de la rassurer que la guerre appartient désormais au passé et que la guerre du M23 sera la dernière. Occasion, une fois de plus, d’appeler les groupes armés qui résistent encore à déposer les armes, et les déplacés de guerre à retourner dans leurs villages, assurant que la paix retrouvée sera durable.

Le Chef de l’Etat a fait deux autres escales à Kibumba et Kanyabayonga où il a livré le même message d’espoir et de développement. Samedi 30 novembre, le chef de l’Etat s’est rendu à Bunagana, ville frontalière de l’Ouganda et ancien siège politique du

M23, avant d’effectuer une courte visite à Chanzu où s’était déroulée la toute dernière bataille contre la rébellion. Il a ensuite mené une visite d’inspection au camp militaire de Rumangabo avant l’ultime étape de Goma.

Goma comme Jérusalem… Ultime étape de sa tournée dans le NordKivu, Goma était en ébullition lorsque Joseph Kabila y est arrivé le 30 novembre, toujours au volant de sa Jeep 4x4 à bord de laquelle il a roulé depuis Kisangani. Dès l’entrée de la ville, il est littéralement cueilli par une centaine de milliers de personnes qui l’attendaient depuis le matin. Le cortège disparaît sous une nuée de drapeaux et de calicots sur lesquels la population remercie Kabila pour sa clairvoyance qui a permis de mettre fin à l’aventure du M23. La ville mérite bien d’être en fête après le traumatisme causé par ce mouvement rebelle qui l’avait occupée une année plus tôt avant de se retirer en volant, pillant et violant les femmes. Mais à Goma, il n’y a pas trop de place

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pour la fête, car le programme de travail est chargé. Réunion de sécurité, conseil des ministres, audiences diverses, entretien avec les notables, etc., le protocole est effectivement chargé. Néanmoins, le Président de la République va l’honorer jusqu’au bout. Au deuxième jour de sa visite dans le chef-lieu du Nord-Kivu, Joseph Kabila s’est adressé aux gomatriciens le dimanche 1er décembre pendant près d’une heure dans une salle de 1 500 hommes politiques, représentants de la société civile et notables de Goma. Cinquante minutes de discours pour parler de son action politique, mais surtout justifier ses choix. Un point d’orgue pour son séjour, qui a fait qu’il interrompe le Conseil des Ministres. « Nous avons des routes à construire, mais nous avions de l’argent pour acheter, soit des chars de combat soit un bulldozer pour réparer les routes de Goma. Et jusque-là, je ne regrette rien du choix que j’ai fait et j’assume », a-t-il lancé, justifiant donc ce choix de la guerre qui devenait une solution à la guerre.

Cette guerre étant à présent terminée, le Président de la République a promis de mettre des moyens financiers, jusque là destinés à la guerre, à la disposition de l’administration pour relancer la construction et la réhabilitation des infrastructures. « Hier, quand je passais, j’ai vu des gens me dire : “Président, tu as fait des promesses. Tu as dit les routes, tu as dit l’eau, l’électricité.” Au fond de mon cœur, je me suis dit :“Ils ont oublié la plus grande promesse que j’ai faite au Nord-Kivu.” La plus grande promesse que j’ai faite, c’est celle de la paix », a rappelé le Président de la République. Il a insisté en soulignant que sans la paix, aucun développement n’aurait été possible. « Si quelqu’un a 5.000 francs congolais dans sa poche, qu’il se sent malade et qu’il n’a pas de souli-

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ers pour se chausser, il a le choix soit d’acheter des souliers, soit d’acheter un remède contre sa maladie. Moi, c’est ce dernier choix que j’ai fait ». A l’occasion, Joseph Kabila est revenu sur son message délivré tout au long de son trajet qui l’a conduit jusqu’à Goma : la guerre est finie, mais vigilance toujours ; ceux des Congolais qui militent encore dans les groupes armés doivent les quitter et ces groupes armés doivent cesser leurs activités ; les FARDC vont les traquer jusqu’au dernier ; la paix étant revenue, les Congolais sont appelés à se remettre au travail. Giscard HAVRIL

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Un programme minimum d’urgence pour les territoires libérés 62 Congo panorama 9-impression.indd 62

Le Conseil des Ministres extraordinaire qui s’est tenu à Goma sous la présidence du Chef de l’Etat a constaté le retour à la paix à l’Est ainsi que des redditions continues des miliciens du reste des groupes armés. L’appel lancé par le Chef de l’Etat a donc trouvé un écho favorable au sein de ces derniers.

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Conseil des ministres à Goma

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ompte tenu de l’urgence et du caractère particulièrement sinistré des territoires libérés, un programme minimum d’extrême urgence a été adopté par ce Conseil des Ministres pour soulager lesdites entités. Ce programme couvre des secteurs divers tels que les questions humanitaires et l’accompagnement des femmes et des enfants victimes directs de la guerre ; l’organisation du retour des déplacés de guerre vers leurs milieux d’origine, la distribution des kits de retour ; la reconstruction et/ou la réhabilitation des écoles endommagées par la guerre et la distribution des tôles à toutes les autres écoles qui en sont dépourvues. Le Conseil a également décidé, au plan de la santé, de réhabiliter les infrastructures délabrées ou pillées et leur dotation en équipements de base et en médicaments essentiels et autres intrants spécifiques.

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Sur le volet de l’agriculture, il est question de désenclaver les territoires libérés par la réhabilitation des routes de desserte agricole, mais aussi plusieurs autres axes routiers dont la RN4. Il est aussi question de sécuriser la desserte en eau potable, mais aussi de rouvrir la frontière de Bunagana pour relancer l’activité économique. Le Conseil des Ministres a, par ailleurs, décidé de mener une campagne pour la réconciliation pacifique des communautés à travers une structure dénommée Comité Paix, Vérité et Réconciliation. Dans le même ordre d’idées, il a été décidé l’installation rapide des cours et tribunaux et le règlement des conflits de pouvoirs coutumiers pour prévenir la résurgence des conflits intercommunautaires. Patience FURAHA

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Epilogue et apothéose à Bukavu Le poids de la route qu’il a prise depuis plus de deux semaines à partir de Kisangani n’a pas émoussé le rythme de la mini-tournée du Président de la République à l’Est du pays. Après l’étape de Goma et un crochet diplomatique à Entebbe, il a attaqué le Sud Kivu à partir de Minova où il a effectué un stopover, notamment pour réconforter les déplacés de guerre. Pendant ce temps, Bukavu était en ébullition pour lui réserver des ovations sans précédent.

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es partis politiques affichaient déjà des banderoles lui souhaitant la bienvenue. A la place de l’indépendance par où il doit passer, l’ambiance est déjà électrique. La ville a mis les petits plats dans les grands pour que le séjour du Chef de l’Etat soit mémorable. Toutes les voies de communication ont été utilisées pour mobiliser la population, tandis que la sécurité a été renforcée à tous les points stratégiques de la ville, et que la voirie a connu un coup de pouce. C’est au coucher du soleil que Kabila fait son entrée dans Bukavu. Une foule compacte, mobilisée depuis le matin, l’attendait Place du 24 Novembre.Vu l’heure tardive, le Président de la République ne s’est pas adressé à la population. Il a, par contre, effectué une marche à pieds de la Place du 24 Novembre dans la commune de Kadutu jusqu’au rond-point Feu rouge, dans la commune d’Ibanda.

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Le Chef de l’Etat visitant quelques infrastructures à Bukavu

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Le lendemain, le Chef de l’Etat a réuni autorités politico-administratives, notables et autres leaders locaux dans la salle des spectacles de la paroisse catholique Mater Dei de la commune d’Ibanda pour une adresse comme il en a fait durant son périple à l’Est du pays. Le message tournait naturellement autour de la pacification du pays. Sans paix ni sécurité, aucun développement durable n’est possible, at-il répété. « Bien que l’on ait remporté la victoire sur le M23, la grande lutte qui nous reste est celle à mener contre la pauvreté », a poursuivi le Chef de l’Etat, ajoutant qu’il est à présent question de consolider la

paix et engager la bataille du développement. Dans cette perspective, il est revenu sur la nécessité de relancer les projets de développement. Pour autant, il a de nouveau lancé un appel à la vigilance face aux velléités de nouvelles attaques. « Retenez qu’il y a des poches d’insécurité à travers la province. Notre objectif est d’y mettre fin. Et pour y parvenir, il faut la collaboration de la population. Sans cette collaboration, l’on ne parviendra pas à avoir une sécurité to-

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tale en province », a-t-il prévenu. Même rappel pour le reste des groupes armés encore en activité. « Nous n’avons aucune envie de verser du sang. Que ces groupes déposent les armes et nous, en tant que gouvernement, nous saurons comment les utiliser », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’est « plus question d’enrôler ou d’intégrer les éléments de ces groupes armés dans les FARDC comme en 2003 et 2009 ».

Joseph Kabila a, par ailleurs, rappelé qu’en dehors des étrangers, des fils de la province se trouvent dans les rangs des groupes armés ennemis, et que la province du Sud-Kivu en compte 19. « Il faut mettre un terme à toutes les activités de ces groupes armés », a insisté le Chef de l’Etat qui, ici aussi, a invité les notables, les députés provinciaux et nationaux à sensibiliser et conscientiser la population afin de nettoyer ces poches d’insécurité. « Sans ce processus, il sera difficile de parer à la situation actuelle », a-t-il dit.

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Après son message, Joseph Kabila a visité les travaux de réhabilitation de certaines artères de la ville de Bukavu. Il a poursuivi son périple vers Uvira et Fizi, deux territoires qui ont aussi connu les affres des groupes armés et qui comptent un nombre important de déplacés de guerre. Yvon RAMAZANI

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Joseph Kabila à Mbuji-Mayi

INAUGURATION, LANCEMENT DES TRAVAUX ET VISITE DES INFRASTRUCTURES Le Président de la République Démocratique du Congo a séjourné à Mbuji-Mayi du vendredi 13 au dimanche 15 décembre 2013. Joseph Kabila Kabange a atterri au chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental en provenance de Nairobi, au Kenya, où il venait d’assister, la veille, à la signature des documents qui ont mis officiellement un terme au laborieux processus des pourparlers de Kampala. Cérémonie qui s’est déroulée entre la pseudo-rébellion déchue du M23 et la délégation du gouvernement de Kinshasa. Témoins de l’événement : la médiation ougandaise ainsi que les présidents en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (Cirgl) et de la (Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc).

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lutôt que de rentrer directement sur Kinshasa, le Raïs a préféré aller se rendre compter de l’état d’avancement de certains travaux de modernisation des infrastructures dans la capitale diamantifère. C’est dans cette optique qu’il a fait d’une pierre trois coups. Sur place, Joseph Kabila a inauguré, lancé des travaux et visité des infrastructures. Ensuite, il est allé palper du doigt la concrétisation d’une nouvelle entreprise d’extraction du diamant et des projets d’érection d’une centrale hydro-électrique ainsi que d’un aérodrome qui devront la desservir. Enfin, il s’est entretenu avec les forces vives du Kasaï-Oriental.

la province sont venues de partout pour rencontrer l’homme qui fait que le KasaïOriental vibre au rythme de la révolution de la modernité.

Le Raïs ne déroge pas à sa règle d’or…

place sur le tarmac de l’aéroport où a atterri l’avion du Chef de l’Etat.

Dès sa descente d’avion, le Président de la République a eu droit à un accueil digne de son rang. A l’intérieur comme à l’extérieur, l’enceinte de l’aéroport national de Bipemba était bondée de monde. Personne ne pouvait se permettre de manquer ce moment qui arrive depuis la période de la campagne électorale de 2011. Les dispositifs sécuritaire et protocolaire étaient bien en place. Des têtes couronnées ainsi que des notabilités de CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 69

Le gouverneur de province, Alphonse Ngoyi Kasanji, le commissaire provincial de la Police nationale congolaise (Pnc), Patience Mushid Yav et le commandant de la 5ème région militaire des Fardc (Forces armées de la Rdc), le Général Vainqueur Mayala, sans oublier leurs équipes respectives, sont bien rangés pour faire les honneurs au Raïs. Les responsables provinciaux de tous les services et entreprises publics ne pouvaient manquer de

C’est sous un soleil de plomb, en pleine journée du vendredi13 décembre, que Joseph Kabila Kabange a foulé le sol de Bakwanga (population autochtone de Mbuji-Mayi). Au pied de l’avion, il a droit à quelques poignées de mains de la part des autorités provinciales, suivies des honneurs militaires. Au sortir de l’enceinte de l’aéroport, le Raïs ne déroge pas à sa règle d’or. Il décide de parcourir à pieds le tronçon de route qui va jusqu’à sa résidence officielle située en pleine Ville-Miba.

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Question de communier avec ses compatriotes qui s’étaient massés à l’aéroport et tout le long de l’avenue que devait emprunter le cortège présidentiel. A sa résidence, le Chef de l’Etat a eu juste un peu de temps pour prendre langue avec certains de ses proches collaborateurs, y compris le Gouverneur Ngoyi Kasanji. Loin des projecteurs de la presse, ces mini-séances de travail ont eu l’air d’une fixation ou encore d’un aménagement technique de l’agenda du Chef. La suite des événements en dépend. Il en ressort que le pigeon blanc va faire trois bonnes choses avant le couché du soleil. Le Raïs va d’abord procéder à l’inauguration du nouveau bâtiment du gouvernorat de la province avant d’aller lancer les travaux d’aménagement de la voirie urbaine pour finir par la visite de la route nationale numéro 1. De sa résidence officielle, Joseph Kabila se rend directement dans la commune de Diulu, plus précisément, au niveau du rond point de la Mairie. C’est là qu’est érigé l’imposant bâtiment qui va désormais abriter les services du gouvernorat de province. Bâtisse qui n’attendait que l’initiateur du concept de la révolution de la modernité pour son inauguration.

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Inauguration, lancement des travaux et visite des infrastructures… « À tout seigneur, tout honneur », diton. C’est au Président de la République que revient l’honneur de couper le ruban symbolique, avant de verser, comme à

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l’accoutumée, quelques goutes de vin sur le sol. Il respecte la culture africaine qui veut qu’en pareille circonstance, un hommage soit rendu, par ce geste, aux ancêtres. Ce qui, selon la tradition, donnerait droit à quiconque d’accéder au nouvel ouvrage et d’y travailler sous leur protection. C’est ainsi que le premier d’entre les citoyens de la République a effectué une visite guidée dans les différents locaux de cette nouvelle bâtisse.

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Ce moment a permis à Joseph Kabila Kabange de découvrir les deux niveaux et le rez-de-chaussée qu’ils surplombent sur une superficie d’environ 1370 m2. L’œuvre est de la cellule technique de la province. Celle-ci a bénéficié de l’appui du ministère provincial des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction (Itpr). Sa fiche technique indiqu que les travaux de construction de cet ouvrage ont été lancés en 2004 et ont coûté environ 1,8 million de dollars américains à la province. De là, le cortège présidentiel s’est rendu

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sur le Boulevard Laurent-Désiré Kabila. Arrivé sur place, Joseph Kabila a procédé au lancement des travaux d’asphaltage de la voirie urbaine de Mbuji-Mayi. La cérémonie a été organisée à partir du prolongement de la route qui porte le nom de feu son père. Elle s’est déroulée sous les chants, slogans et cris de joie des filles et des fils de la ville diamantifère. Pour ne pas faire œuvre inachevée, le Chef de l’Etat a, ensuite, visité l’usine de concassage et de préparation des intrants qui devront servir aux travaux d’asphaltage. Ce sont les ingénieurs chinois de la société CDGC qui l’ont guidé aux installa-

tions situées à une dizaine de kilomètres de la ville. Pour clore son programme du premier jour, le Président de la République a, enfin, effectué une visite d’inspection sur la Nationale n°1. Cette route qui part de Kasumbalesa dans le Katanga jusqu’à Boma, dans le Bas-Congo, en traversant les deux Kasaï, le Bandundu et Kinshasa, est menacée de coupure à plusieurs endroits par des têtes d’érosion. La journée suivante, celle du samedi 14 décembre, était exclusivement consacrée

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aux visites, selon l’agenda du Chef de l’Etat. Il s’est donc rendu sur les sites de Tshibwe et Senga-Senga dans le territoire de Miabi, à environ 45 Km à l’Ouest de la ville de Mbuji-Mayi. Là, il a palpé du doigt les réalités de l’installation d’une nouvelle usine d’extraction du diamant. Guidé par le Directeur Général de la Société Anhui Congo d’Investissement Minier (Sacim), le Chef de t’Etat s’est rendu compte personnellement du fonctionnement de cette entreprise qui emploie une main d’œuvre locale dans le cadre du chantier emploi. Après l’usine en pleine installation, Joseph Kabila a également visité la chute de Movo-Nkatshi, sur la rivière Lubi, où sera construite une mini-centrale hydro-électrique qui devra desservir l’industrie en énergie. Dans le même secteur, il a parcouru le site où sera construit un aérodrome qui devra accueillir les appareils de la société et le nouveau camp des travailleurs de la Sacim. Ce site, anciennement occupé par l’ex-Sengamines, est actuellement exploité par la Sacim, sous un investissement chinois.

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Calme et sensible aux problèmes de ses compatriotes… Dans la ville diamantifère, le Raïs n’a fait aucune déclaration publique. Il s’en est réservé pour donner des réponses appropriées aux problèmes qui ont été posés par ses différents visiteurs de circonstance. C’est pour cela qu’il a aménagé son temps pour s’entretenir successivement avec le Gouverneur de province, le comité de gestion de la Miba, la délégation de la société civile, les membres de la Fec (Fédération des entreprises du Congo), etc. Pour finir, il est allé à la rencontre de toutes les forces vives du Kasaï-Oriental, rencontre qui s’est déroulée dans l’enceinte du Gouvernorat. Tous les hôtes du Chef de l’Etat commençaient par exprimer leur satisfaction et féliciter le Président de la République pour le retour de la paix dans l’Est du pays. Ensuite, ses interlocuteurs n’avaient qu’un seul credo qui se focalisait sur les problèmes relatifs aux attentes de la population est-kasaïenne. Il s’agit des besoins sociaux de base ainsi que de l’amélioration de leurs conditions de vie. Outre l’emploi,

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ils ont réclamé l’amélioration de la desserte en eau et en électricité. La réhabilitation des infrastructures, notamment routières pour désenclaver la province, la facilitation de la desserte agricole et l’amélioration de la voirie urbaine étaient aussi parmi leurs préoccupations majeures.

pour promettre d’engager son administration dans la recherche des solutions échelonnées à chacun des problèmes posés. Aussi, le Chef de l’Etat est rentré à Kinshasa avec une seule idée en tête : « trouver, dans la mesure du possible, des solutions aux problèmes majeurs de la province du Kasaï-Oriental».

L’épineuse question de la relance de la Minière de Bakwanga (Miba) et de la réhabilitation sociale et professionnelle de ses agents étaient sur toutes les lèvres. D’où, il a été ainsi sollicité auprès du Président de la République, la relance effective de la Miba ainsi que la reprise de l’envoi mensuel des subsides pour cette entreprise.

Le cas du redressement de la Miba et de

la prise en charge de ses salariés est celui qui a le plus retenu son attention. Ainsi a-t-il promis de remettre cette société mixte sur les rails. Aussitôt rentré dans la capitale, le Président de la République a instruit le Gouvernement de s’occuper du cas de la Miba, surtout d’apporter une réponse urgente à la situation de ses travailleurs comme il l’avait promis. Cela a fait qu’une somme de 1,5 million

Face à tous ces besoins, Joseph Kabila Kabange a « tout entendu et tout compris ». Sensible à toutes les demandes, il a gardé son calme et sa sérénité, juste le temps d’achever sa mission. Ce qui ne l’a pas empêché d’user des mots clairs et concis

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de dollars américains a été vite débloquée pour payer trois mois d’arriérés de salaire des agents de cette société minière. Deux membres du gouvernement, à savoir la ministre du Portefeuille, Louise Munga, et son collègue des Mines, Martin Kabwelulu ont été dépêchés sur place pour s’assurer de l’effectivité de la paie.

La délégation gouvernementale est arrivée à Mbuji-Mayi le jeudi 19 décembre. Le jour suivant, elle s’est mise au travail. Au bout de trois séances de travail tenues, respectivement avec la délégation syndicale, les membres du conseil d’administration et ceux de la direction générale de la Miba, la situation actuelle de l’entreprise a été décortiquée et bien comprise. Une commission mixte, constituée des représentants des travailleurs, du gouvernement provincial et de la Miba, a été mise sur pied pour assurer le déroulement de l’opération de manière rationnelle. La paie des agents s’est bien déroulée, à la grande satisfaction des bénéficiaires. Jean-Luc MUSHI-MPAKU et Yvon RAMAZANI CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 77

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Kinshasa, Lubumbashi, Kindu

QUAND LES FARDC ONT EVITE LE PIRE Sous une pluie battante, les Kinois, qui se sont bien réveillés ce lundi 30 décembre, ont été surpris par des coups de feu. Nous sommes sur l’arrêt Mopulu non loin du rond-point Ngaba. Il est 08h45 lorsque des masses populaires se mettent en débandade sur cette avenue de l’Université qui mène vers l’Université de Kinshasa. La population, non informée ou mal informée, court dans tous les sens. Les magasins, boutiques et les nombreux étalages qui bordent la route ferment spontanément. Le transport en commun est paralysé. Dans la bousculade, une fille sera tamponnée. Mais elle s’en sort avec une fracture de la jambe gauche. Tout est à l’arrêt. L’atmosphère crispée de ce coin donne un aperçu de ce que vit toute la ville de Kinshasa en ce moment.

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artout, les spéculations vont bon train : « les rebelles ont attaqué la ville », « l’aéroport de N’djili est déjà occupé », « les soldats réclament leurs primes », « les policiers et les soldats échangent des coups de feu », « Les Mura (garde rapprochée du Président de la République) ont attaqué les FARDC », etc. Ainsi courent les rumeurs. Les oreilles entendent mais le cerveau a plus du boulot de sélection. Le téléphone n’arrête pas de sonner. Chacun cherche à savoir ce qui se passe. Ils sont nombreux, ceux des Kinois qui ont cédé à la panique. Au bout d’une trentaine de minutes, la circulation recommence progressivement et chacun reprend son souffle normal. La peur monte à Ngaba. Pourtant, les

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points d’attraction se trouvent ailleurs. En effet, la ville a subi trois attaques concomitantes. Des sites stratégiques ont été la cible de certains éléments qualifiés de « terroristes » par Lambert Mende, Porteparole du Gouvernement. Il s’agit de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), de l’Etat Major Général (EMG) des FARDC et de l’aéroport international de N’djili.

Kinshasa en questionnement Il est 08 heures 30, lorsque des jeunes gens investissent le studio télé de la RTNC. Ils prennent en otage, les deux animateurs de l’émission « Le Panier ». Ils les obligent de répéter la phrase : « Mukungubila c’est le roi de ce pays, Géo

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siste quelques temps après l’évacuation de ces forces négatives dans les trois sites de Kinshasa. Au niveau de la RTNC, des foules nombreuses ont investi l’avenue de la Libération, ex 24 novembre. Elles chantent la victoire de leurs forces armées sur les forces qu’elles qualifient du mal. Ici, il est question de féliciter les unités des FARDC qui ont stoppé la progression d’un danger qui allait gâcher la fête. Même scène au niveau de l’Etat-Major Général. La population a tenu à saluer la bravoure des FARDC. Là, il faut constater que l’armée sympathisait avec la population. Une sorte de signature de rupture entre le présumé divorce entre les deux parties. Mukungubila notre libérateur ». Quelques secondes après, le signal de la chaîne nationale est coupé. Les forces de l’ordre – les éléments de la Police Militaire (PM) du camp Kokolo, base logistique des FARDC située en face de la RTNC, quadrilleront ce site pour y déloger ces assaillants. Une telle opération ne pouvait, bien sûr, que faire des victimes. Au même moment, l’EMG et l’aéroport de N’djili sont pris d’assaut par des groupes se rapprochant à ceux de la RTNC. Cependant, il n’y a pas que Kinshasa qui est concernée. Des attaques similaires sont signalées dans les villes de Lubumbashi, Kolwezi dans la province du Katanga (Sud-Est de la RDC) et Kindu dans le Maniema (Est du pays). En ce matin du lundi 30 décembre, les Congolais avaient la peur au ventre surtout qu’ils s’apprêtaient à fêter la fin de l’année 2013. En fin de matinée, au cours du journal télévisé de la RTNC, Lambert Mende rassurera la population que les forces de sécurité congolaises avaient le contrôle de la situation. Le lendemain, le bilan de ces événements tragiques ont fait état de 113 morts, dont 94 assaillants. « A l’Etat –Major Général des FARDC à Ngaliema (Kinshasa), seize terroristes ont été tués, deux capturés. Un officier supérieur des FARDC a été tué. A la RTNC,

quatorze terroristes ont été tués et dixsept capturés, parmi lesquels deux grièvement blessés. Deux éléments des FARDC ont été tués et huit journalistes blessés. A l’aéroport international de N’djili, vingtet-un terroristes ont été tués et cinq capturés. Deux civils, passagers d’aéronefs en attente de décollage, ont été blessés. », avait annoncé Lambert Mende au cours de la conférence de presse du mardi 31 décembre. Le ministre de communication et médias a indiqué également qu’à Lubumbashi, quarante terroristes ont été tués et soixante-seize capturés, en compagnie de deux enfants. Cinq éléments des FARDC ont été tués. A Kolwezi, un terroriste a été tué et soixante-dix autres ont été capturés. A Kindu au Maniema, deux assaillants ont été tués et deux autres capturés. Toutefois, une enquête a été ouverte pour identifier ces éléments et leurs commanditaires. Dans l’entretemps, des patrouilles mixtes, FARDC – Police Nationale Congolaise (PNC) ont été mises en place pour sécuriser le pays durant la période des festivités.

Eloges aux FARDC

Ce qui leur a valu plusieurs ovations à travers le pays. Toutes les villes étaient en ébullition pour applaudir leur armée. Quelques mois après, la même scène se répète. Cette fois-ci, pour saluer la bravoure de ces éléments qui se sont interposés contre les assaillants. Dans l’ombre des FARDC, la police, un autre maillon de la sécurité, a récolté des éloges à la suite de son triomphe sur le phénomène « Kuluna » (gangs) à Kinshasa. L’armée et la police, qui sont souvent jugées antipeuple, du fait de la répression des manifestations populaires, ont dévoilé une autre facette, celle des forces de l’ordre proches du peuple. Ricky KAPIAMBA

C’est à une scène d’euphorie que l’on asCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Toutefois, il est clair que les FARDC passent actuellement pour l’institution de la république la plus plébiscitée par la population. Il y a longtemps que cette armée a fait bonne presse, à l’unanimité, au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale. Les forces de sécurité de la RDC ont refait bonne figure depuis leur victoire sur les rebelles du M23. Cette victoire, qualifiée de la plus grande depuis l’indépendance du pays, a remonté le moral de l’armée.

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LES DOULOUREUX ADIEUX DES FARDC A MAMADOU NDALA Difficile de retenir les larmes. La douleur est profonde, l’émotion est vive. Mamadou Ndala et ses neuf autres compagnons de l’armée ont reçu, le lundi 06 janvier, les derniers hommages des FARDC avant d’être mis en terre. La levée des corps de la morgue de la clinique Ngaliema, pour Mamadou Ndala, Baudouin Bolekoka et deux autres soldats tués à Beni dans la même embuscade, est intervenue le dimanche 05 janvier 2014. Tout le monde est inconsolable. Les membres des familles des victimes ne savent à quel saint se vouer. Le petit garçon de 3 ans, dernier né de Mamadou joue innocemment et ne comprend rien à ce qui se passe.

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’assistance, impuissante, ne peut retenir ce cercueil qui, couvert du drapeau congolais, descend lentement dans la tombe. Nous sommes au cimetière islamique de Kintambo. C’est ici que Mamadou Ndala, élevé au rang de Général de Brigade à titre posthume, reposera pour l’éternité. Il est exactement 16 heures, ce lundi 06 janvier. La scène est tellement chargée d’émotion que l’un des frères biologiques de Ndala tombe à terre. Qu’il s’agisse de ses compagnons d’armes, de sa famille, des amis et autres sympathisants, c’est

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l’affliction qui frappe tout le monde, et personne ne peut contenir les larmes qui coulent à flots à ce moment où le temps semble s’être arrêté. Pleurer, et pleurer encore aura été le dernier hommage rendu à ce vaillant défenseur de la patrie. L’enterrement se passera de manière ordonnée, surtout qu’il a été interdit aux femmes (souvent très émotionnées) d’y prendre part, selon les rites musulmans. Ici s’arrête le parcours de Ndala sur la terre des hommes. C’est à croire que la vie n’est qu’une scène où chacun joue sa part laisse aux autres de poursuivre.

La population, elle, entonne le « yo nani oboya Mamadou » (qui es-tu pour ne pas rendre hommage à Mamadou ?). Un chant devenu célèbre à travers Kinshasa pour rendre hommage à l’illustre disparu. Les gens pleurent, certes. Mais il y a aussi la colère. Du camp Kokolo jusqu’au cimetière, on entend des paroles de malédiction à l’endroit des tueurs. « Nzambe azo mona. Nionso efutamaka awa na se » (Dieu voit, tout se paie ici bas), lance un soldat épuisé par cette vingtaine de kilomètres à pieds. Jeunes et vieux, femmes et hommes ont bravé ce soleil de plomb pour accompagner dans sa dernière de-

meure le désormais Général. Que des témoignages entendus auprès de ceux avec qui il était au front. « Ah, Mamadou » s’exclame Kalao, un commando ami de Mamadou, en regardant le diplôme décerné à titre posthume au défunt pour sa bravoure, quelques heures plutôt. Visiblement, ce jeune officier manque des mots pour exprimer ce qu’il ressent. Ce n’est pas ce diplôme d’honneur qui le réconfortera.

Mais nombreux sont ceux qui refusent d’accepter cette réalité. Ils veulent voir encore celui qu’ils appellent « le défenseur de Goma » à l’œuvre. Tout le long du trajet emprunté par le cortège funèbre, des foules des Kinois étaient massés pour saluer la dernière fois la mémoire de Mamadou. Dans le cortège funèbre, plusieurs gens ont abandonné leurs véhicules pour marcher à pieds. Au rythme des chants de souvenir entonnés par les militaires. « Nous sommes commandos, nous irons au ciel ». Probablement, ce sont des cantiques d’infanterie pour se rappeler de l’un de leurs qu’ils accompagnent. Cette animation fait pleurer d’autres soldats. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 81

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Cinquième à partir de la gauche, l’épouse du colonel Ndala est inconsolable

Les hommages officiels C’est sur le terrain de football du camp Kokolo qu’a eu lieu le cérémonial funéraire. Le corps du Général Mamadou Ndala, ceux de ses deux gardes du corps ainsi que les dépouilles des sept autres soldats tués à Kinshasa le 30 décembre ont été exposés pour le dernier hommage. Dans son mot de circonstance, Didier Etumba, chef d’Etat-major Général des FARDC a salué la bravoure et le courage de ces 16 soldats qui ont servi la cause du Congo jusqu’au sacrifice suprême. « Pour les honorer, les FARDC sont déterminées à dire davantage non à toutes

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formes d’échec, à toutes formes de division et de compromission. C’est à ce prix que les FARDC relèveront tous les défis que nous impose l’ennemi multiforme de notre pays. Les FARDC restent unies derrière le commandant suprême pour faire échec à toute aventure », a-t-il conclu.

Ce fils de Mamadou Ndala ne réalise pas ce qui arrive

Pour Alexandre Luba Ntambo, Vice-Premier Ministre et ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants, représentant spécial du chef de l’Etat à la cérémonie, les militaires tués avaient des qualités exceptionnelles. « La bravoure d’un soldat mort sur le champ d’honneur galvanise toujours le moral et la détermination des autres », a-t-il lancé comme pour aviser les assassins des victimes. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Il s’est dit persuadé que la nouvelle armée, née de la réforme en cours, est suffisamment outillée pour aller de victoire à victoire. Par la suite, Alexandre Luba procédera à la reconnaissance des grades des soldats tués en commençant par la lecture de l’ordonnance n°014/001/2014 du 06 janvier 2014. Les colonels Mamadou Ndala et Bolekoka Boyela ont été nommés, à titre posthume, Généraux de Brigade. Cette reconnaissance a été aussi élargie à tous les autres militaires tombés sur le champ d’honneur en même temps qu’eux. Outre les promotions en grades, il y avait aussi la décoration. Les nouveaux promus ont reçu de la part du chancelier des Ordres Nationaux la croix de la bravoure militaire avec étoile en bronze. Cette étape sera suivie du culte œcuménique. C’est à 14 heures 35’ que le cortège funèbre a quitté le camp Kokolo pour les cimetières. Mamadou Ndala sera inhumé au cimetière musulman de Kintambo et les autres solats au cimetière de Mbenseke Futi. Ricky KAPIAMBA et Laetitia KAPELA CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 85

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A gauche, la soeur de Ndala rongée par le chagrin

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Hommage d’un fils de militaire au Colonel Mamadou Ndala

Mon cœur est abattu ce jeudi 02 janvier 2014 lorsqu’elle éclate comme une bombe A mes Oreilles, la bouleversante nouvelle de l’assassinat du jeune Colonel de notre armée Mon jeune colonel bien-aimé qui a su redonner à mon cœur l’espoir d’un Kivu sans larmes ni sang Artisan de la glorieuse victoire sur les affreux du M23 comme le fût le Colonel Potopoto sur les Diabos et mercenaires de Bob Denard, de Jean Schramme à Bukavu en 1967. O Dieu, où est ta justice, toi qui sièges au milieu de la méchanceté des hommes sans cœur ? Un soldat de la paix qui paie par son sang le prix de son amour pour le Congo. Où es-tu Seigneur ? Non, non, non, ai-je hurlé trois fois de suite ! Pourquoi, pourquoi, pourquoi Mamadou Ndala ? Des cris de douleur qui ont obscurci mes pensées et mon cœur en a subi la douleur de l’écho ! A quoi bon ces hommages souvent de la Patrie à nos géniteurs tombés sous le drapeau Les discours prononcés, les parades militaires, les récitals d’oraisons funèbres déclamés et tout Autre clairon du rituel des armées pour les funérailles de nos papas arrachés à notre affection ? Honneur…que vaux-tu quand le soldat est mis en bierre et porté sous terre, lui qui a servi la Patrie ! Enfant de la Nation, le vaillant Colonel était devenu pour moi un père que je portais à cœur Rien ne pouvait me laisser indifférent devant Ses hauts faits d’armes qui ont réveillé en moi O Dieu, les souvenirs de cette autre génération d’hommes de bravoure qui ont payé pour le pays, Soldats de pointe à la tête de peloton, des compagnies, des bataillons, des brigades et des divisions, Noble serviteur de la Mère Patrie, tu avais juré par le serment « Makila na biso po na ekolo » A ne jamais trahir le Congo, ni reculer devant les menaces des ennemis du bonheur de notre peuple Tu as conquis le cœur de mes enfants et par toi remonte en eux le souvenir de leur grand-père Image et reflet parfaits pour eux d’une bravoure militaire de mon géniteur incarnée en toi Colonel O, cher Papa, laisse-moi ainsi t’appeler, il ne me reste qu’à te dire Merci, Merci, Merci Papa Colonel Non ! Ceux qui ont agi pour le compte du mal n’éteindront la flamme rallumée par toi, cher Papa Adieu enfant de la Nation, soldat de la Patrie, j’érige pour toi un monument dans mon cœur ! Le Congo ne t’oubliera jamais ; Adieu Papa, Adieu Mamadou Ndala! Joseph Potopoto Serviteur de Dieu et Ministre de Jésus-Christ CONGOPANORAMA - Edition n°009 Décembre Janvier 2013-Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 87

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SOCIETE

Sous le parrainage d’Olive Lembe Kabila

720 couples de militaires s’unissent devant l’Etat et devant Dieu

Le 27 septembre 2013, la Première Dame de la RDC, Marie-Olive Lembe Kabila, avait procédé à la remise de l’acte de mariage à 242 couples de policiers à la place du cinquantenaire de Kinshasa. Dans sa mission de « maman possible », elle a ciblé cette fois-ci l’armée congolaise. 720 couples d’Officiers et sous-officiers des Forces Armés de la République Démocratique du Congo, FARDC, ont dit oui devant Dieu et se sont unis solennellement devant l’Etat civil.

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adame Olive Lembe Kabila voit plus loin. Sa vision ne se limite plus seulement au niveau de l’officier de l’Etat civil. Elle s’est élargie jusqu’au niveau de l’Eglise. A cet effet, le Palais du Peuple a servi de cadre pour la bénédiction nuptiale de 720 couples de militaires, le 19 décembre 2013. Neuf jours plus tôt, soit le 10 décembre 2013 au Théâtre de Verdure du Mont Ngaliema, ces couples ont été présentés devant l’officier de l’Etat civil lors d’une cérémonie organisée par l’Association des Epouses des Militaires et des Policiers(AEMP), une initiative de Madame Olive Lembe Kabila.

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SOCIETE

Non à la mauvaise réputation et Vive le respect des valeurs familiales Universelles Désormais, les couples militaires et policiers doivent vivre dans le respect des valeurs familiales universelles. Bien des couples militaires et policiers vivent en concubinage, situation souvent aggravée par leurs mutations régulières. Or le concubinage est une forme de vie qui va à l’encontre du code de la famille. En tant qu’autorité directe des mariés, le Chef d’Etat-Major Général des FARDC, le général Didier Etumba, n’a pas manqué de saluer les actions de l’AEMP et de la Première Dame de la République. «L’organisation de cette association sans but lucratif s’affine de plus en plus. Les acIls ont été tous réunis devant leurs chefs spirituels. Tour à tour, ils sont passés l’anneau et ont dit oui pour le meilleur comme pour le pire. La ministre du Genre, Famille et Enfant Géneviève Inagosi, le Chef d’Etat-Major Général des FARDC, Didier Etumba, différentes personnalités de marque, députés et sénateurs ainsi que les autorités militaires et policières étaient de la cérémonie. Présente à cet événement, l’épouse du Chef de l’Etat, témoin prestigieux de cette célébration ; n’a pas manqué d’inspiration. Dans son adresse à l’assistance, MarieOlive Lembe a invité les couples fraichement unis au respect des valeurs familiales universelles.

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dentiel qui, selon lui, «sert de guide et de modèle de famille unie, heureuse et respectueuse des valeurs familiales universellement connues». Il a enfin invité l’association des femmes de militaires à s’impliquer aussi dans les actions d’assainissement et des contrôles administratifs que l’Etat-Major envisage d’organiser dans les camps militaires. A la fin de la cérémonie, l’épouse du Chef de l’Etat a remis à chaque couple son certificat de mariage, une bible ainsi qu’une enveloppe.

tions qu’elle pose se concrétisent chaque jour et leurs effets positifs sur les familles des militaires sont devenus très palpables. La cérémonie de ce jour en est une illustration éloquente, en ce qui concerne le social et la psychologie des militaires en temps de guerre comme en temps de paix», a-t-il affirmé.

Un geste plein d’émotions, pour lequel les couples bénéficiaires n’ont pas manqué de remercier l’initiatrice ainsi que les organisateurs. Selon eux, ce moment vient de soigner l’image de militaires et mettre fin au phénomène « yaka tovanda ». Le prochain tour est vivement attendu.

Exprimant sa gratitude et sa satisfaction, le général Didier Etumba a en outre assuré du «dévouement sans faille» des militaires et leurs familles au couple prési-

Sandra Bushiri CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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DEVELOPPEMENT

Lancement du projet SACIM au Kasaï Oriental

MIABI REMERCIE JOSEPH KABILA

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’est une population de Miabi très enthousiaste qui a réservé un accueil plus que chaleureux au Président de la République, Joseph Kabila Kabange, lors de sa visite dans ce territoire du Kasaï Oriental. Le Chef de l’Etat, touché par ce geste, n’a pas hésité à descendre de sa jeep 4 x 4 pour communier avec cette population, en se rendant à pieds au site où se développe le projet minier de la Société Anhui-Congo d’Investissement Minier (SACIM) qui doit exploiter les gisements de la Miba. A la reconnaissance des efforts fournis par le Président de la République pour le rétablissement de la paix à l’Est s’ajoutait, dans cette liesse de la population la perspective du développement de cette contrée grâce à ce projet que Joseph Kabila a facilité.

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Modernité à Miabi : il était temps d’intervenir En effet, Miabi n’avait pas eu le privilège de bénéficier des effets inducteurs d’un précédent projet sur ce site. Ce territoire de plus de 60.000 habitants demeure à ce jour presque sans constructions en matériaux durables. La zone du projet n’a pas d’eau courante et la population n’a presque pas d’accès à des latrines. Même carence en matière d’électricité. En effet, Miabi ne dispose pas de ligne de force, ni d’infrastructures électriques. Certains habitants exploitent des groupes électrogènes qui l’incommodent pourtant par la pollution sonore. Ceci est d’autant plus préoccupant que CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 93

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DEVELOPPEMENT

Miabi, particulièrement sa cité marchande de Boya, vit de nuit. Par ailleurs, Miabi connaît un sérieux problème d’accès en raison de l’état de dégradation de la plupart des axes routiers qui y mènent. Il fallait donc un coup de pouce pour sortir ce territoire d’une telle arriération. Le projet minier de la SACIM est donc une réponse aux longues attentes de la population de Miabi désabusée par un précédent projet. Le ouf de soulagement de sa population se justifie également par le fait que la Miba se trouve à l’arrêt. Située pourtant à Mbuji-Mayi à plus de 45 Km, la Miba était le poumon économique de la province. Le Chef de l’Etat a multiplié des stratégies pour la remettre sur les rails, mais il faut beaucoup plus de moyens pour y arriver. Le projet de la SACIM est donc un véritable soulagement pour la population.

en effet, appelé à veiller, d’une manière ou d’une autre, sur la qualité de la vie des populations vivant dans sa zone d’activité. Pour ce faire, la SACIM a mené et produit une étude d’impact environnemental et un plan de gestion environnemental du projet. L’étude a pris en compte les attentes de la population à travers des entretiens avec les autorités coutumières

Veiller sur la qualité de vie des populations Au-delà de son aspect premièrement économique, le projet de la SACIM est,

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DEVELOPPEMENT

L’impressionnante usine de traitement de diamant de la SACIM

spectives, apporté une réponse sociale aux différentes attentes exprimées par la population à travers ses notables. En premier lieu, le projet va créer un centre d’intérêt dans une zone enclavée avec comme effets d’entrainement la disponibilité d’une source de création des revenus. Le projet permettra aussi d’entretenir les ménages des travailleurs pour l’éducation, le logement, les soins médicaux, etc. La SACIM prévoit, en effet, la reconstruction et ou la réhabilitation des écoles supplémentaires pour réduire les distances, et des centres de santé. Par ailleurs, en dehors des travailleurs, les habitants de la zone du projet pourront bénéficier, grâce aux rejets des usines, de matériaux, tels que le gravier, pour des constructions durables. De même la circulation des biens et des personnes sera facilitée avec la réhabilitation des routes et le traçage des voies de communication reliant l’usine à la route principale. Pour l’heure, la SACIM finance des travaux de rechargement, de remblayage et d’entretien des tronçons routiers Miabi – Kamiji et Mbuji – Mayi-Tshibombo. Est aussi concerné le tronçon de la Route Nationale N° 1 Miabi – Boya.

et autres notables de la contrée. Tous les besoins de la zone de restriction du projet ont ainsi été pris en compte. Il a été examiné chaque perturbation, et des propositions ont été faites en termes de mesures d’atténuation à appliquer pendant l’exploitation. L’analyse a pris ainsi en compte chaque cible affectée pour définir l’ampleur possible des dégâts et les mécanismes à mettre en œuvre pour protéger la population de ces effets. Il s’agit, entre autres, du déboisement, de la poussière, de la fumée, des bruits, des vibrations, de la pollution de la rivière de Tshibwe où est installée l’usine, des érosions sur les voies de communication, etc. Le projet SACIM a, au-delà de ces perCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 95

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Coût estimatif de réalisation du programme de développement durable du projet en faveur des populations locales Programme

Objectifs pour 5 ans

Coût

R1 : Education

Amélioration de l’enseignement 351.430 $ et du système de bourses d’études, construction d’une nouvelle classe, soutiens à l’école sous diverses formes R2. Santé Améliorer la santé à travers 344.800 $ l’éducation, la sensibilisation et le soutien médical R3 : Agriculture Augmenter la productivité grâce 1.122.808 $ aux engrais, à l’éducation et la formation R4 : Approvisionnement Installer 2 pompes par an 165.769 $ en eau S/Total R 5 : Formation partenariat (ONGs)

1.984.807$ de Former les villageois à différentes activités : briquetiers, mécanicien, soudeur, constructeur des bâtiments, etc. apporter un soutien fonctionnel aux ONGs

Entrepreneur spécial

25.000$

292.500$

TOTAL

2.302.406$

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DEVELOPPEMENT

La SACIM dispose également d’une exploitation agricole pour l’auto-suffisance alimentaire

Effets sociaux positifs attendus D’une manière générale aussi, la SACIM contribuera à l’encadrement social de la population et participera au développement durable des communautés locales à travers des engagements du projet dans son plan environnemental et dans le respect de la loi minière en vigueur. Sa mise en application engendrera, par ailleurs, des emplois directs et indirects et permettra la création de nouveaux débouchés pour les commerçants. Des perspectives de modernisation du territoire de Miabi s’ouvrent également grâce à la construction en cours du barrage et de la centrale hydroélectrique sur la rivière Movo. Le projet représente un coût global de 7,5 millions USD. Le projet SACIM a prévu un budget et un plan de financement des mesures d’atténuation et de réhabilitation de l’environnement, mais aussi pour ses interventions socioéconomiques dans la zone du projet. Le financement du budget pour la gestion et la réhabilitation de l’environnement se fera sur fonds propres qui proviendront d’investissements dans une première phase sur une période de 15 ans. Par la suite, le financement se fera à partir des réalisations du projet. Le budget de réalisation du programme de développement durable du projet en faveur des populations locales est estimé à USD 2.302.406 sur une période de 5 ans. C’est donc à juste titre que la population de Miabi a remercié le Président de la République, garant de la Nation, qui a donné sa bénédiction pour la conclusion d’un contrat pour la réalisation du projet SACIM. Yvon RAMAZANI

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DEVELOPPEMENT

Grande première à Kinshasa,

UN ROBOT MODERNISE LA REGULATION DE LA CIRCULATION ROUTIERE Chemin parcouru

La RDC n’est pas qu’un grand réservoir de ressources naturelles. Ce pays est également un creuset d’intelligences dans tous les domaines. La dernière démonstration en la matière est, sans conteste, cette invention d’un robot qui régule la circulation routière, allant au-delà de la technologie des feux de signalisation. Bien plus, cette invention est le produit de jeunes femmes ingénieurs issues d’une école de formation congolaise, en l’occurrence l’Institut Supérieur des Sciences Appliquées (l’ISTA).

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ersonne ne l’attendait. Mais il est pourtant là. Le robot régulateur de la circulation routière est une réalité à Kinshasa. Mis au point avec l’appui financier de l’association Women Technologies, une association des femmes ingénieurs de la RDC, cette œuvre est une invention de femmes ingénieurs formées à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (ISTA). Automate de petite taille, il a été placé à titre expérimental au croisement de l’avenue des huileries et le Boulevard Triomphal par la Commission Nationale de Prévention Routière (CNPR). En plus de son rôle de régulateur de la circulation, ce robot intelligent, qui fonctionne à l’énergie solaire, est aussi équipé de caméras de surveillance en vue d’identifier les véhicules qui

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passent sur l’axe routier où il est placé. Il a une capacité d’enregistrement de six mois. Il peut, par ailleurs, assister les piétons qui ont du mal à comprendre le langage des feux de signalisation automatique traditionnelle. Valé Manga, Président de la CNPR, affirme que cet automate est infatigable. Cependant, il peut être éteint pour besoin d’entretien. Grâce à des rotations de son tronc, il autorise le passage des piétons et des véhicules d’un sens vers l’autre, suivant un temps bien déterminé, cela à la grande satisfaction des usagers de la route.

Le robot qu’on trouve au croisement du Boulevard Triomphal et les avenues Assosa et des Huileries à Kinshasa n’a pas toujours été ce qu’il est aujourd’hui. Le premier prototype avait été présenté aux autorités en juin 2013 et placé sur la 13ème rue à Limete, sur le Boulevard Lumumba. Il en avait été retiré pour des améliorations techniques, notamment l’augmentation de sa taille afin qu’il soit suffisamment visible par les automobilistes. Le nouveau robot a, par ailleurs, été revêtu d’une couleur rétro-réfléchissante afin qu’il soit visible par les conducteurs de loin ou de près, de nuit comme de jour. La fabrication d’un “robot roulage intelligent” coûte près de 20.000 $ US.Women technologies attend un financement du Gouvernement pour une production en série afin de servir les autres carrefours de la ville de Kinshasa et de l’intérieur du pays, et, pourquoi pas, d’unités à exporter. En attendant, le Gouvernement a salué l’œuvre de ces inventeurs à qui le Ministre de l’Industrie, Petites et Moyennes Entreprises a décerné un brevet d’innovation ainsi qu’un certificat d’encouragement pour garantir la protection intellectuelle de cette œuvre. Sandra BUSHIRI et Giscard HAVRIL

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Relance agricole : la RDC met les bouchées doubles La RDC est, sans doute, plus réputée pour la richesse de son sous-sol. Mais le pays n’a pas que le sous-sol comme source potentiel des richesses. Son étendue, son relief, son climat ainsi que la qualité de son sol lui confèrent aussi la possibilité de devenir une grande puissance agricole capable de combler les besoins alimentaires de son peuple à démographie galopante, et même d’exporter des produits agricoles. Ayant compris cela, le Gouvernement a définit une politique agricole conséquente et met les bouchées doubles pour assurer la sécurité alimentaire des Congolais. Le Premier-Ministre Matata Mponyo Mapon visitant le village agricole dans le Bandundu

L

a République Démocratique du Congo a pris un tournant décisif dans ses efforts de développement de l’agriculture avec la tenue à Kinshasa, début novembre 2013, d’un « Business Meeting » en vue de trouver des financements pour le plan national d’investissement agricole. Un tournant décisif puisque le Ministre de l’Agriculture et Développement Rural, Jean-Chrysostome Vahamwiti, y a fait un plaidoyer pour la constitution d’un fonds estimé à 5,730 milliards Usd, devant couvrir la période allant de 2013 à 2020. Ce forum avait permis au Gouvernement de soumettre aux partenaires nationaux et étrangers, les opportunités d’investissement dans le secteur agricole connu pour sa forte capacité à booster

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le développement d’un pays. Plusieurs facilités sont proposées aux candidats dans ce secteur, notamment sa défiscalisation progressive, l’exonération des intrants agricoles, la création d’un fonds de crédit agricole et, à terme, la création d’une banque agricole de crédit. Le plan agricole congolais s’inspire du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA), mis en place en juillet 2003 à Maputo (Mozambique). Le ministre JeanChrysostome Vahamwiti, a assuré que la RDC est disposée à offrir près de 2.000 opportunités d’investissements agricoles à ses partenaires.

LES AXES D’ACTION Le plan agricole congolais veut faire de l’agriculture le socle du développement économique de la RDC. Pour les huit prochaines années, le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) entend promouvoir plusieurs filières agricoles allant de l’agri-business à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de réserves, en passant par la recherche, la vulgarisation et l’enseignement agricole. Pour cela, le gouvernement et ses partenaires techniques avaient déjà constitué, avant la tenue de ce forum agricole, un fonds de 2,46.600 milliards USD représentants 35, 7% du montant global du financement attendus du plan agricole. Le fonds qui reste à pourvoir est de l’ordre de 3, 684milliards USD, soit environ 64,3% du budget total.

Une campagne agricole déjà en marche Avant le business-meeting de Kinshasa, le Gouvernement avait déjà réalisé la nécessité de soutenir en urgence le secteur agricole, non seulement pour lutter

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contre la faim, mais parce que ce secteur est un important levier de développement. C’est ainsi que dans le cadre de la campagne agricole 2012-2013 lancée le 27 juillet 2012 à Kinshasa par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, le Gouvernement congolais avait alloué à cette campagne une enveloppe 26 millions USD ainsi qu’un lot de 2.225 tracteurs pour la mécanisation et l’extension des espaces cultivés, la distribution des semences auprès des agri-multiplicateurs, les forages et l’entretien de 1.900 km de pistes rurales dans 48 des 145 territoires du pays. Chaque province a dressé la cartographie des territoires-phares pour la mécanisation des activités agricoles. La sélection a été faite sur base du caractère réellement actif de ces territoires dans les bassins de production agricole retenus.

des épices. Au Nord-Kivu, ce sont les tubercules qui l’ont emporté, notamment la patate douce, la pomme de terre, le tarot et le manioc. Il y a également le haricot, la banane plantain, le choux pommé, la carotte, l’oignon, la tomate, le concombre, l’aubergine, le piment, le blé, etc. En lançant cette campagne agricole de juillet 2013, le Gouvernement voulait, selon le Ministre de l’Agriculture, « donner un signal fort à la population congolaise, mais aussi aux partenaires qui interviennent dans le secteur agricole (…). Le succès de cette campagne doit être « fondamentalement lié à notre succès d’assurer une bonne distribution des semences auprès des paysans, où qu’ils se trouvent ; et à la disponibilité des ressources financières pour faire face aux besoins ».

Plusieurs bassins de production avaient préalablement été identifiés à travers le pays dans le cadre de la mécanisation de l’agriculture. Il s’agit, notamment, du plateau des Batéké à Kinshasa, du territoire de Ngandajika au Kasaï Oriental, de la plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu et de la périphérie de Bunia en Province Orientale.

Et les résultats récoltés ont été plutôt encourageants. Au Bandundu, par exemple, l’utilisation rationnelle des tracteurs a permis d’élargir rapidement les espaces cultivables. Le Katanga et le BasCongo ont réalisé des performances dans l’amélioration de l’environnement de travail des paysans. Les deux Kivu, quant à eux, ont été félicités pour avoir atteint le « niveau maximal » dans la distribution des semences, etc.

Le choix des cultures a également été opéré en fonction de la vocation des sites choisis et qui traduisent la particularité de ces provinces et collent aux habitudes alimentaires de leurs populations ainsi qu’aux facilités climatiques. Pour Kinshasa, les cultures retenues sont essentiellement

Face à des résultats aussi encourageants, le Gouvernement a débloqué un fonds supplémentaire de 30 millions USD pour renforcer la campagne agricole, portant ainsi l’enveloppe globale à 56 millions USD. Samy BOSONGO

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DEVELOPPEMENT

Sécurité alimentaire

LE DAIPN RENOVE MET SES PREMIERS POULETS SUR LE MARCHE

de la gestion calamiteuse. L’on retiendra par exemple qu’en 2009, 12 millions de dollars US avaient été rendus disponibles pour sa revitalisation par la Banque Africaine de Développement (BAD). Mais les résultats étaient loin d’être satisfaisants. Il faudra attendre le mois de mai 2013 pour que le groupe israélien LR Group fasse connaître une ère nouvelle au DAIPN. Ce groupe a signé un contrat de gestion et de réhabilitation du site de DAIPN pour une durée de cinq ans.

L

e Domaine Agroindustriel et Pastoral de la N’sele (DAIPN) a livré, le 6 décembre 2013, 25.000 poulets vifs sur le marché kinois. Cette livraison est le premier lot produit par ce domaine depuis sa revitalisation intervenue grâce à la signature, le jeudi 9 mai 2013, d’un contrat de réhabilitation et de gestion entre le groupe israélien LR Group Limited et le Gouvernement congolais. Pour cette première livraison, trois points de vente ont été retenus, à savoir : le pavillon du DAIPN au marché central, le Marché de la Liberté dans la commune de Masina et les installations

du DAIPN à N’sele. Aux dires du Ministre de l’Agriculture et Développement Rural, Chrysostome Vahamuiti, le poulet devait être vendu à 6.500 FC, soit 7 USD. Pour lui, ces premiers poulets de chair ont été vendus vifs pour que les Kinois apprennent à consommer national, et surtout, qu’ils soient conscients de poulets produit au DAIPN. Pour la petite histoire, depuis son pillage en 1991, le Domaine Agroindustriel et Présidentiel de la N’sele était resté à l’abandon depuis qu’il avait été pillé. Cette unité de production a connu maintes tentatives de relance qui sont toutes restées sans succès à cause principalement CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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L’opération convenue avec le Gouvernement porte sur deux phases. La première concerne la production de poulets de chair, soit 1.500 tonnes par an. Une production de 25.000 œufs l’an est prévue, de même que celle de fruits et légumes de l’ordre de 2.000 tonnes pour la même durée. Quant à la seconde phase, elle projette une production annuelle évaluée à 1.200 tonnes pour le seul élevage de porcs. La production piscicole est estimée à 300 tonnes contre 12.000 tonnes l’an de diverses cultures vivrières. Si l’on étendait le même projet ) toutes les provinces, l’on peut imaginer ce que sera la production pour tout le pays. Alors la révolution de la modernité a de beaux jours devant elle pour nourrir la nation congolaise. Samy BOSONGO et Patience FURAHA

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DEVELOPPEMENT

Industrie, Petites et Moyennes Entreprises CAP SUR L’ÉMERGENCE D’UNE CLASSE MOYENNE D’OPÉRATEURS ÉCONOMIQUES La stratégie du Gouvernement de la République Démocratique du Congo au courant de l’année 2013 a porté sur plusieurs axes essentiels pour l’émergence d’une classe moyenne d’opérateurs économiques nationaux. Cette stratégie a consisté en la mise en place d’une politique industrielle progressive, induite par la requalification du schéma directeur d’industrialisation. D’où, la Commission chargée de l’actualisation du Schéma d’industrialisation de la Rdc a été instituée au terme de l’arrêté ministériel n°015/CAB/MIN/IND&PME/2013 du 22 février 2013, suivi de celui portant nomination des membres de ladite commission. Celle-ci s’est évertuée à actualiser le document des politiques et stratégies industrielles (Dpsi).

D

ans ce document, les secteurs stratégiques qui transforment et valorisent les ressources naturelles locales ainsi que ceux qui soutiennent en amont la reconstruction des infrastructures économiques et sociales du pays sont ressortis dans chaque province. Un atelier sur la promotion des petites et moyennes entreprises industrielles a été organisé du 18 au 20 novembre 2013, en partenariat avec la Commission de l’Industrie et du Commerce de l’Union Africaine à Kinshasa.

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l’amélioration des conditions de vie de la population.

Emergence d’une classe moyenne d’opérateurs économiques …

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Toujours dans le même ordre d’idées, le Ministre Rémy Musungayi Bampale a lancé un appel et exhorté les opérateurs économiques à amener leurs capitaux au pays. Aussi, ses prérogatives l’ont obligé à orienter les investisseurs et à encourager la mise en place des partenariats public-privés crédibles dans les secteurs porteurs, notamment l’agro-industrie, l’agroforesterie, l’hydroélectricité, la construction, etc. Cette démarche a permis d’accélérer l’industrialisation de la RDC en favorisant l’émergence de cinq zones économiques spéciales à travers le pays. Elle a également favorisé la finalisation des études pour la relance des usines de construction et cimenteries non opérationnelles en provinces, ainsi que les possibilités d’installation d’agro-industries dans chacune des zones pilotes. Pour être plus pragmatique et complet, le ministère de tutelle a, au courant de l’année 2013, orienté les activités du Fonds de Promotion de l’Industrie (Fpi) vers le financement des investissements structurants et industrialisants, avec effets propagateurs sur l’agriculture. C’est ainsi que cette structure étatique de placement de l’initiative privée a contribué dans le fi-

nancement des infrastructures (écoles, dispensaires, microcentrales électriques, ponts, puits, aménagement des pistes rurales), dans les aires agricoles et les zones économiques spéciales. Elle a aussi offert son aide à l’harmonisation des méthodes et stratégies pour la consolidation des investissements en vue de contribuer à la réduction du taux de chômage et à CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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L’émergence d’une classe moyenne d’opérateurs économiques congolais et la protection de l’exercice du petit commerce dans la société est tributaire d’une législation qui facilite le travail des opérateurs économiques. C’est ainsi que la RDC a, à travers le ministère de l’industrie, Petites et Moyennes Entreprises, a mis à profit l’année 2013 pour se doter d’un arsenal juridique allant dans ce sens. Dans cette optique, le Ministère a organisé une série d’activités et de missions. Il s’agit, entre autres, d’un séminaireatelier axé sur le renforcement des capacités sur le système comptable OHADA à l’intention des cadres de l’Office de promotion des petites et moyennes entreprises (Pme) congolaises. De même, un voyage d’échange d’expérience à été effectué dans les pays émergents ayant réussi dans le secteur d’appui aux Pme/ Pmi. A cette occasion, le ministre s’était fait accompagner d’une équipe d’experts de son domaine, du 23 au 30 mars 2013, à Madrid et à Paris.son objectif était de faire une véritable promotion des opportunités qu’offre la Rdc dans différents secteurs. D’où, des études de faisabilité ont été effectuées avant la mise en place d’un projet de développement de ce méga marché selon le modèle espagnol. Le gouvernement de la République avait également chargé le ministère de l’IPME d’œuvrer de manière à faire passer la croissance de la part de l’industrie dans le produit national brut (Pnb) de 1 à 10%. Pour y parvenir, le Ministre a mis en place une stratégie axée sur la coopération industrielle, l’appui à la relance de

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optique que le patron de l’industrie congolaise avait mis en place une commission chargée de proposer les modalités d’appui à la relance de la production. Celle-ci devait étudier tous les paramètres y afférant et proposer les modalités de renforcement des capacités managériales des unités industrielles, de réhabilitation des routes d’appui à la production (de desserte agricole) et d’appui à l’octroi des crédits aux entreprises. C’est dans ce cadre que 10 millions de dollars ont été mis à disposition pour la production ainsi que sur l’expérience et l’échange industriel. C’est ainsi que la coopération entre la RDC et le Japon, avec l’appui technique de l’organe des Nations-Unies qui s’occupe du développement industriel des pays membres (Onudi) a conduit à la relance des activités de la première filière du Centre d’information et de vulgarisation agricole de Kimpese (Civak). Cette industrie agroalimentaire ayant une capacité de traitement des matières de 4 tonnes par jour, respectant les normes internationales, est consacrée à la transformation du manioc (farine, fufu, chikwange). Dans l’entretemps, la première pierre a été posée pour la construction de la 2ème filière du Civak qui consistera en la transformation des fruits. Dans le cadre de ses prérogatives le ministre de IPME a effectué des visites d’inspection des installations de plusieurs industries, notamment celle d’huilerie de Kasangulu au Bas-Congo, la ferme agropastorale de Luiza au Kasaï-Occidental et la Société Textile de Kisangani en Prov-

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ince orientale. A l’issue de ces visites, les constats ont été faits avant de décider, au nom du gouvernement, de relancer les activités de chacune de ces industries ainsi que celles d’au moins une industrie agro-alimentaire dans chacune des provinces du pays. Ce qui permettra de réactiver la production agro-alimentaire et favoriser l’autosuffisance alimentaire sur le territoire national. C’est dans cette

booster l’émergence de la classe moyenne et des études de faisabilité pour une mise en place des fonds de garantie. Dans le cadre de la poursuite du processus d’amélioration du climat des affaires, les investisseurs étrangers, intéressés par les filières de l’élevage, de l’agriculture, de l’installation de supermarchés, d’usines de construction, de l’énergie, de l’exploitation forestière et l’implantation

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d’usines de fabrication et du tabac ont été orientés vers l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) pour la gestion transversale des activités évoquées. En vue d’atteindre une mise en œuvre du projet de l’émergence de la classe moyenne, le projet de loi portant promotion des petites et moyennes entreprises en RDC a été élaborée et transmise à la commission ministérielle Écofire pour une adoption en urgence. Un autre projet a été également adopté et transmis à la même commission. Il s’agit du projet de loi sur le Centre d’Appui à la Technologie et à l’Innovation (CATI). Lors de sa séance du lundi 7 octobre 2013, la commission des lois du gouvernement avait adopté deux projets de loi. Il s’agit de celle portant sur la promotion de l’exercice du commerce des petites, moy-

iques spéciales a été votée au Parlement lors de la séance plénière du mardi 12 novembre 2013 et attend d’être transmise au Chef de l’Etat pour sa promulgation. Et celle sur les industries vitales en péril a été adoptée au Sénat et se trouve en deuxième lecture à la chambre basse du Parlement.

Assainissement de l’environnement et encouragement…

par la prise des mesures d’application à travers un travail de terrain. Ce travail a été exécuté en synergie avec les services de sensibilisateurs des, ceux de la police et de la justice. Ce, dans le cadre de la mise en œuvre des directives comprises dans la lettre prise par le premier ministre, le 27 février 2013, en rapport avec la lutte contre la fabrication et la commercialisation des emballages en matières non-dégradables. A cet effet, deux arrêtés ont été pris par le ministre en charge de l’Industrie, Petites et Moyennes Entreprises.

L’année 2013 était surtout axée sur l’assainissement. Autant le monde de l’industrie, de la petite et moyenne entreprise a été assaini, l’environnement social et sanitaire de la Rdc l’a été aussi. Cet acte avait tenu du cadre légal et réglementaire aux mesures administratives, en passant

L’un interdit les emballages non biodégradables et annonce la fin du moratoire mis en place à cet sujet. L’autre arrêté porte sur la mise en place des normes sur les emballages biodégradables. Les deux arrêtés ont été soumis à la commission ministérielle économique, financière

ennes entreprises et artisanat ainsi que sur la métrologie et la normalisation. Cette dernière loi permettra de renforcer l’engagement de la Rdc au mémorandum du réseau normalisation et francophonie, en vue d’assurer la compétitivité du pays sur le marché international par la fabrication de produits de qualité répondant aux normes internationales. Par ailleurs, la loi sur l’instauration des zones économCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 105

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et reconstruction (Écofire) pour amendements éventuels ainsi que le protocole de vérification des caractéristiques de dégradabilité. Dans leur exécution, ces décisions ont été suivies d’une phase de sensibilisation, de conscientisation et d’invitation au bon sens. Cette phase s’est déroulée à travers des spots publicitaires annonçant notamment la fin du moratoire. Avant de passer aux mesures administratives, ceux d’accompagnement ont été mis sur pied. Il s’agit notamment des séances de travail axées sur la démonstration de la nouvelle technologie sur les emballages oxo-biodégradable qui ont été organisées par les experts de la firme française « Alternative Plastique » à Kinshasa. La mise en œuvre des mesures administratives était précédée de quelques actes techniques et conformes. Sur le plan technique, il a été inauguré le laboratoire « Tobi », spécialisé dans la détection des matières non-biodégradables. Pour la mise en place d’une expertise avérée dans le secteur, des séminaires de renforcement de capacités en détection des emballages non-biodégradables ont été également organisés à l’intention des inspecteurs du secrétariat général à l’industrie et économie. Sans oublier des ateliers de formation sur la problématique des emballages non biodégradables. C’est ainsi qu’une note circulaire a été conjointement signée entre les ministères de l’IPME et celui de l’Economie pour annoncer l’intervention des mesures administratives. Laquelle note était suivie de l’obtention de la réquisition de la part du Procureur général de la République ainsi que par la tenue d’une séance de travail assortie avec le Commissaire général à l’intention des officiers supérieurs de la Police Nationale Congolaise (PNC). A l’occasion, il leur a été demandé d’encadrer et d’accompagner les experts en la matière en vue d’éviter tout dérapage. Une commission chargée du

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suivi et contrôle composée des experts du ministère et des officiers de police judiciaires (Opj) mis à disposition par l’inspection générale de la PNC a été mise en place. Elle a procédé à l’exécution de l’opération « traque » contre le phénomène emballages non-biodégradables dans les installations des unités de production disséminées à travers la capitale. C’est dans ce cadre que les entreprises fabriquant les emballages en plastique ont été identifiées dans un tableau synoptique, avant de procéder au retrait des titres de propriété industrielle à celles qui ne s’étaient pas conformées à la loi en vigueur, ainsi que la fermeture d’autres qui s’étaient caractérisées par des irrégular-

ités dans le fonctionnement hors normes industrielles. Sans oublier le fait que des plaintes contre les chefs d’entreprise recyclant des sachets soutirés des milieux non hygiéniques et non-biodégradables ont été soumises au ministre de la Justice et Droits Humains pour compétence et dispositions utiles. L’année 2013 s’est terminée sur une note positive pour le secteur de l’IPME. Une cérémonie solennelle a été organisée le mercredi 06 novembre 2013 dans la salle des conférences des ministères des Affaires Etrangères pour encourager les chercheurs et inventeurs congolais. C’est dans ce cadre qu’un brevet d’invention a

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été remis à Madame Thérèse Kirongozi, coordinatrice d’une équipe d’ingénieurs, à majorité femmes, qui ont terminé leurs études à l’Ista (Institut Supérieur des Techniques Appliquées), pour avoir inventé des robots-roulages-intelligents qui régulent la circulation sur les Boulevards Lumumba et Triomphal dans la ville de Kinshasa. Le professeur Blaise Wamba Yetshi, Coordonnateur du Programme national des recherches spatiales et technologie a, quant à lui, reçu un certificat d’encouragement pour avoir accéléré les études sur la mise sur orbite d’un satellite propre à la RDC. Jean-Luc MUSHI-MPAKU CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 107

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OGEFREM : CES ACQUISITIONS QUI CHANGENT LA DONNE Il a fallu trente trois ans pour que l’Office de la Gestion du Fret Multimodal (OGEFREM) se dote de son propre siège social. Nous sommes à Kinshasa, au croisement des avenues du Livre et TSF dans la commune de la Gombe. Un immeuble moderne s’impose de par sa taille et son architecture. C’est là où logent définitivement les bureaux administratifs de l’OGEFREM. Le Président de la République, Joseph Kabila, l’a inauguré personnellement mardi 19 novembre.

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la manifestation s’est tenue.

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’est une cérémonie riche en couleurs qu’a organisé la Direction Générale de l’OGEFREM. Plusieurs personnalités politiques et les membres du corps diplomatique accrédités à Kinshasa y ont pris part. Les agents et certains militants des partis politiques de la Majorité Présidentielle avaient envahi le lieu pour agrémenter la cérémonie. C’est au rythme des chants et des danses de certains groupes musicaux que

Dans son mot de circonstance, le numéro un de l’OGEFREM n’a pas manqué de manifester son satisfécit, non seulement pour l’aboutissement des travaux, mais aussi parce qu’au cours de leur déroulement, l’on n’a enregistré aucune perte en vie humaine, ni un accident grave. Il a profité de l’occasion pour remercier le Président de la République qui, a-t-il dit, fait montre d’impulsion aux mandataires publics afin de faire mieux. L’occasion était propice pour lui d’indiquer

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les réalisations et les projets qu’il a initiés depuis le début de l’année 2013. Il s’agit de la construction du siège social de l’entreprise, la réhabilitation des bureaux de l’OGEFREM Matadi, la construction des bureaux et de la résidence du chef d’agence de Boma, le lancement des avis d’appel à manifestation d’intérêt de l’hôtel Mbingu à Matadi dont les travaux seront lancés au début de l’année 2014, ainsi que la construction d’un port sec à Kasumbalesa dans la province du Katanga. Tous ces projets ont été retenus dans les prévisions budgétaires de l’exercice 2013. Un vaste programme lancé en vue de redynamiser l’OGEFREM et de moderniser ses infrastructures. Voilà pourquoi Anatole Kikwa, Directeur Général de cet Office, pouvait qualifier 2013 d’année « historique et mémorable ». Elle l’est du fait que cette entreprise publique, créée le 12 novembre 1980 par l’Ordonnance n°80-256, était jusque là locataire. « L’OGEFREM a longtemps été locataire, louant quelques fois des abris de fortune à travers la ville de Kinshasa. Cela avait comme conséquence, non seulement le déficit de l’efficacité des agents, mais aussi la perte du temps », a rappelé Justin

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Kalumba, ministre des Transports et des Voies de Communication, dans son allocution. Au cours de celle-ci, il n’a pas oublié de féliciter le DG Anatole Kikwa et tous les agents et cadres de cette entreprise pour s’être appropriés la révolution de la modernité, vision du Chef de l’Etat. Il invitera, par la suite, tous les agents de cette entreprise, bénéficiaires de ce bijou, selon ses termes, d’en faire bon usage. « Vous devez avoir toujours l’idée que deux défis vous attendent : l’entretien et la maintenance », a-t-il rappelé avant de clore son speech.

Bilan élogieux En plus de la construction du bâtiment de la Direction Générale, Anatole Kikwa a fait savoir que, depuis qu’il est aux commandes de l’entreprise, il a réalisé d’autres travaux

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et à l’étranger. A cela s’ajoute la réussite de l’organisation, sous le haut patronage du Chef de l’Etat et avec l’appui du ministère des Transports et Voies de communication, des assises de la 9eme Assemblée générale de l’Union des Conseils des Chargeurs Africains (UCCA). Ces assises ont eu lieu du 02 au 04 octobre 2013 à Kinshasa. A leur issue, Anatole Kikwa a été porté à la tête de cette organisation africaine. Cette fois-là, l’OGEFREM avait porté l’honneur du pays au-delà des frontières. à impact visible. Il s‘agit, entre autres, de la construction du bâtiment qui abrite les bureaux et la résidence du Chef d’agence de l’OGEFREM à Kasumbalesa au Katanga, de l’acquisition des engins modernes de manutention pour contribuer, tant soit peu, au désengorgement des ports maritimes en RDC, de la réhabilitation des locaux de l’Office situés dans l’immeuble Botour où est installé le Conseil d’administration, de l’acquisition des concessions pour les agents et cadres à Mitendi, et de l’amélioration des conditions d’octroi des soins de santé au pays

Soulignons ici que l’actuel bâtiment de l’OGEFREM est une œuvre de l’architecte congolais Michel Losangania. Il comprend un château d’eau, un groupe électrogène de grande capacité, un restaurant, une terrasse de 350 places, une salle informatique connectée à la fibre optique, un système de pointage électronique pour contrôler les mouvements des agents. Ce bâtiment est un chef-œuvre de sept niveaux que le Président de la République va visiter après la coupure du ruban symbolique. Visiter tous les compartiments de ce géant est un grand exercice. Mais CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Joseph Kabila s’y est prêté volontiers, car c’était l’une des réalisations qui ont honoré sa vision. Entre le dire et le faire, Anatole Kikwa a dénoté une volonté d’épanouir cette entreprise de l’Etat. Il a dû mettre en jeu un montant global de 7.545.893,09 USD pour doter son entreprise de ce qu’elle n’avait auparavant. Les travaux, qui ont duré 18 mois (lancés au mois d’avril 2012), ont été exécutés par l’entreprise de construction du droit congolais Zhengwei Technique Coopération (SZTC). La construction de ce bâtiment et la réalisation d’autres projets visent comme finalité faire de l’OGEFREM un géant dans le secteur du fret maritime et élargir l’assiette fiscale. Laetitia KAPELA

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Matadi,

KIKWA REALISE SA PROMESSE Dimanche 29 décembre, c’est en ce jour dominical qu’Anatole Kikwa, Directeur Général de l’OGEFREM, et les siens ont organisé la cérémonie d’inauguration du bâtiment réhabilité de cet Office dans la ville portuaire de Matadi. Sur l’avenue Vivi, à un kilomètre du port, s’élève un bâtiment à un niveau aux couleurs jaune et bleu. C’est là l’agence OGEFREM de Matadi.

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ur cette petite avenue sont installées des tentes au logo d’une société de télécommunication sous lesquelles des chaises sont rangées pour accueillir les invités. L’odeur de la peinture sur cette bâtisse dénote de la rénovation qu’il vient de connaître. Les drapeaux au logo de Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD), à l’effigie du président de la République flottent sans cesse. Le décor est planté pour exprimer la joie. Elle se lit sur les visages des uns et des autres. Pour les agents de l’OGEFREM (de Kinshasa et de Matadi), la joie se justifie par l’acquisition de ce nouveau cadre de travail. Du côté des officiels, tous se font chantres de la matérialisation de la vision du Président de la République sur la révolution de la modernité. Mais l’homme le plus heureux, c’est Anatole Kikwa qui a vu sa parole donnée depuis le début de l’année 2013 se concrétiser.

Après avoir également remercié le Président de la République dont les orientations politiques ont inspiré les actuels mandataires de l’OGEFREM, Monsieur Muanza a témoigné sa gratitude envers la direction générale de son entreprise pour ses prouesses managériales. « Malgré la conjoncA l’ouverture de la cérémonie, Aimé ture économique très difficile, ils ont Jacques Muanza, Président de la délé- relevé (Anatole Kikwa, DG et Pierre gation syndicale, remercie Dieu qui a Kibingwa, DG adjoint) le plus grand accompli son dessein en offrant un défi existentiel de l’OGEFREM depuis cadre de travail à l’agence de Matadi. sa création, à savoir la construction de

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l’immeuble abritant le siège de Kinshasa » a-t-il indiqué. Juste après lui, Anatole Kikwa sera invité à prononcer son discours. « C’est avec une joie immense que nous vous accueillons en ce jour dominical, en ce lieu où nous avons été le 29 avril de cette année, lors du lancement des travaux de réhabilitation du bâtiment qui abrite les bureaux de l’OGEFREM dans la ville portuaire de Matadi », annonce-t-il en introduction.

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Siège de l’Ogefrem/Matadi

Pour lui, la réhabilitation de ce bâtiment a été motivée par un triple souci : créer de l’espace dans l’optique de l’extension des activités de son office dans la ville portuaire où elle tire une bonne partie de son chiffre d’affaires, placer les agents de l’OGEFREM Matadi dans de meilleures conditions de travail et réunir tous les services dans un même bâtiment. « Le respect de cet engagement (pris depuis le 29 avril) constitue pour nous une exigence de bonne gouvernance dont Joseph Kasa-Vubu, un digne fils Ne Kongo en particulier et du Congo en général, s’était fait champion », explique aussi le patron de l’OGEFREM avant d’indiquer que cela est aussi la preuve de leur ferme volonté de respecter scrupuleusement CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 113

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les termes du programme d’actions qu’ils se sont assignés pour l’année en cours. Pour la ministre provinciale du Budget, représentant le Gouverneur de province empêché, la transformation du bâtiment de l’OGEFREM Matadi est en complète adéquation avec la vision de la modernité prônée par le Chef de l’Etat. « Dois-je vous faire observer que le Comité de Gestion dirigé à titre intérimaire, depuis novembre 2011, par Monsieur Anatole Kikwa, réalise des actes prodigieux qui, à n’en point douter, devraient faire des émules», s’est-elle exclamé avant de demander à l’assistance de se lever et d’applaudir ce comité. Le Secrétaire Général aux Transports et Voies de Communication, représentant le ministre, a, pour sa part, rappelé que la révolution de la modernité n’était pas un simple slo-

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Center ; une salle bien équipée en ordinateurs pour servir de banque de données sur les marchandises et le chargement, en passant par les 20 locaux (9 au rez-de-chaussée et 11 à l’étage), la salle de réunion de plus ou gan, mais qu’il s’agit d’une vision de développement, d’un engagement à faire bouger les lignes dans tous les secteurs de la vie nationale. « Ma pensée va à l’actuel comité de gestion de l’OGEFREM qui, en un temps record, et avec les mêmes moyens, a rendu possible ce qui, jadis, était regardé comme lointain et impossible », fait-il encore remarquer. Après la coupure du ruban symbolique, suivra une visite guidée du bâtiment rénové. Bâti sur 30 mètres de longueur et 15 mètres de largeur, ce bâtiment comporte deux niveaux. La visite a commencé par le FERI moins 25 places, les 8 toilettes pour s’achever par le Groupe électrogène de 80 KVA qui alimentera le bâtiment en cas de coupure de l’électricité. Cette réalisation a valu au Directeur Général de l’OGEFREM une salve d’applaudissements. Pour la population qui est venue assister à cette cérémonie, Anatole Kikwa démontre, par ses actions, que le Congo peut faire mieux tant qu’il y a la volonté politique. Pour certains, il a réalisé l’exploit en inaugurant, en l’espace d’un mois, deux grands bâtiments au profit de son entreprise. Ricky KAPIAMBA CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 115

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Cité du fleuve

QUE DES CONSTRUCTIONS EN CASCADE ! La « Cité du fleuve », c’est un projet qui, il y a quelques années n’existait que dans l’imaginaire de ses initiateurs. Depuis qu’il a pris corps, la cité en construction est en train de s’accroître au fil du temps. On assiste à une telle métamorphose des lieux que ceux qui l’ont visité il y a quelques mois, auraient du mal à s’en refaire l’image. Jadis zone marécageuse, cet espace offre à la ville-province de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, la possibilité de se doter d’une vingt-cinquième commune.

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capitale.

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our arriver à réaliser ce projet de petit paradis au bord du fleuve, l’idée est née sans doute quelque part. Son originalité a tout de suite accroché diverses catégories de personnes : des investisseurs, des personnalités morales et physiques tant nationales qu’étrangères comptent parmi les clients qui s’y sont déjà offert des appartements. Des touristes et autres publics anonymes, y viennent aussi pour des visites, seuls ou en familles. Ce qui encourage ses promoteurs à accélérer le rythme de transformation du nouveau quartier situé à Kingabwa, dans la commune de Limete. D’où, ces constructions en cascade qui poussent des terres de cette presqu’île du « Grand et Majestueux Fleuve Congo ». A en croire plus d’un curieux qui s’y rendent, « la Cité du fleuve est une ville dans la ville ». Cette affirmation tient à la fois aux aménagements et constructions qui sont déjà effectives sur cet espace et à l’ambition que nourrit la société Hawkwood Properties, maître de l’ouvrage, que dirige de main de maître le Français Robert Choudury. Fondé en 2005, cette société, qui est l’émanation de Mukwa Investment Ldt, est en train de créer un équilibre social entre les agglomérations huppées concentrées du coté ouest de la ville et les quartiers du district populaire de la Tshangu, concentrés dans l’est de la CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Il suffit d’arriver sur place pour s’en rendre compte. Chaque jour qui passe, des centaines d’ouvriers s’emploient à réaliser des tâches diverses. Tâches qui font pousser des constructions, tels des champignons, de modèles différents. Ils viennent s’ajouter au premier lot, constitué d’immeubles à deux niveaux comprenant quatre appartements chacun, avec une vue directe sur le fleuve. Equipés ou non, selon le désir du client, certains d’entre ces logements sont déjà habités, tandis que d’autres sont prêts à accueillir leurs futurs occupants. Propriétaires et locataires potentiels font la queue au bureau de gestion de la « Cité du fleuve » : certains viennent se renseigner sur les modalités, d’autres pour régler des factures, sans compter ceux qui viennent en curieux visiteurs, avant de prendre une décision. Toutefois, il faut être assez insensible pour résister au standing qu’offrent ces merveilles. La curiosité vous fait découvrir, dans un appartement, un salon, une salle à manger et trois chambres à coucher avec air conditionné, une cuisine et une salle de bain équipée, le tout bien disposés sur une superficie totale de 150m2. Tout cela sans oublier la disponibilité d’une piscine commune pour les quatre occupants du bâtiment. Les modalités de paiement pour ceux qui veulent devenir propriétaires sur le site de la « Cité du fleuve » offrent une garantie répondant aux standards internationaux. Elles prévoient soit un paiement au comptant à l’achat pour ceux qui le peuvent, soit le versement d’un cinquième du prix, le solde étant sur les 24 mois qui suivent la livraison qui intervient endéans 6 mois. La « Cité du fleuve » : une enceinte tout autant particulière L’enceinte de la « Cité du fleuve » est tout autant particulière qu’une ville en pleine construction. On y accède à partir

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d’une barrière installée au point de rencontre entre la nouvelle cité incrustée dans le marécage longeant le fleuve Congo et la partie du quartier Kingabwa, dénommée « Pakadjuma ». Ce coin est ainsi nommé à cause de ses particularités qui sont liées au niveau de vie des personnes qui y habitent, d’une part, et aux activités qu’ils y exercent au quotidien pour assurer leur survie, d’autre part. Une fois que l’on est dans son enceinte, la presqu’île offre, au premier regard, une vue qui s’étale sur un espace multicolore. La course panoramique du coup d’œil allant dans le sens des aiguilles d’une montre fait découvrir, en premier lieu, une verdure qui supplante le marécage. Cette verdure est suivie, un peu plus loin, d’une étendue des eaux du fleuve entre le chantier d’un Beach privé et la devanture d’une bâtisse en phase dans la concession de la « Cité du fleuve ». Construit juste à quelques mètres à droite d’une pizzeria, ce bâtiment de trente cinq appartements au totale sera mis à la disposition des clients dans les tout prochains jours. Bien que ne comprenant qu’une chambre, les locataires de ces appartements auront droit, en plus d’une vue imprenable sur le fleuve, aux mêmes commodités que tous les autres habitants de la nouvelle ville. Ils devront bénéficier d’une piscine commune, de la climatisation, de la connexion télévision et internet par fibre optique ainsi que de la fourniture en eau et électricité en continu (24 heures sur 24). A partir de ce bâtiment, on aborde une chaussée bien bâtie, répondant aux standards de la circulation routière. Le séparateur des voies est recouvert d’une pelouse épaisse, bordée de jeunes fleurs qui font ressortir toute leur beauté. Le séparateur comporte aussi des réverbères d’éclairage des voies qui portent aussi des caméras de surveillance.

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Au bord du fleuve se trouvent des banquettes destinées à accueillir des visiteurs qui désirent s’y reposer. C’est cette chaussée qui, jusque là, est la principale de la « Cité du fleuve » car elle traverse entièrement la nouvelle agglomération.

Que des constructions… Sur un autre côté, on aperçoit des chantiers où ouvriers et contremaîtres s’activent pour faire pousser des constructions en cascade. Au premier plan, ce sont des bâtisses un peu spéciales. Ces maisons en duplexe sont fabriquées à l’aide des structures métalliques recouvertes de placo-plastes en bois. L’une d’entre elles, qui est déjà achevée, est peinte en bleu ciel. Couleur qui donne son nom à toutes les bâtisses qui sont construites sur le même modèle : « Maison bleue ». Étendue sur 210m2, chacune de ces maisons et dotée d’un salon, une salle à man-

ger, de cinq chambres à coucher, d’une cuisine, deux salles de bains et d’une toilette. Juste derrière celles qui sont en phase terminale ou ont déjà pris forme, d’autres sont encore au niveau des fondations. Plus loin, derrière ces chantiers, ce sont des monticules de sable qui laissent entrevoir des engins de génie civil affectés à l’aménagement du territoire. Ils ont la tâche complexe de procéder, étape par étape, au remplissage, au remblayage et au compactage des surfaces pour repousser les marais. Le bloc des « Maison bleue » côtoie un autre, beaucoup plus imposant. Ici, s’érigent des « Villas » d’une superficie de 240m2 chacune, offrant des commodités hors du commun. Il y en a 8 qui sont en construction sur les 100 prévues pour couvrir une aire d’environ 100 hectares. En plus de la spécificité de disposer d’un jardin sur le toit, chaque villa comprend un salon, une salle à manger, une cuisine, quatre chambres à coucher, quatre salles de bains et quatre toilettes ainsi qu’une chambre personnelle. Autant les bâtiments se suivent, autant elles se rapprochent en termes de standing. Un peu plus loin, on atteint l’espace où les ouvriers s’attellent à élever des murs en structures métalliques de huit autres bâtiments. Ce sont des immeubles de trois niveaux comprenant six appartements chacun, avec une vue partielle sur le fleuve et une piscine commune. Chacun de ces appartements de 150m2 de surface est muni d’un salon, d’une salle à manger et de trois cambres à coucher avec aire conditionnée, une cuisine et des salles de bains équipées.

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La « Cité du fleuve » : il y a lieu d’y croire… Le dernier lot de maisons est celui qui présente plusieurs points de différence avec les autres. Tout part de sa séparation d’avec d’autres blocs par une grande avenue bien aménagée. Qualifiées de « Club corner » par un agent de l’administration de la cité, ces immeubles couvrent environ 2,823 mille m2 de superficie totale. Sur cet espace sont repartis plusieurs types d’appartements ayant aussi des propriétés diverses. Il y a d’abord deux suites familiales de 212m2 comprenant chacun un salon, une salle à manger, une cuisine, une arrière-cuisine, quatre chambres à coucher, trois salles de bains et

un vestiaire. Puis sont disposés quatre appartements en duplex de 180m2 comprenant chacun un salon, une salle à manger, une cuisine, trois chambres à coucher, deux salles de bains et une terrasse. En suite, six autres appartements de 94m2 dont chacun est doté d’un salon, d’une salle à manger, d’une cuisine, d’une salle de bains, de deux chambres à coucher et d’une terrasse. Enfin, quatre autres appartements de 75m2 munis à leur tour d’un salon, d’une salle à manger, d’une cuisine, d’une chambre à coucher, d’une salle de bains et d’une terrasse. Tous les bâtiments de la « Cité du fleuve » sont construits dans le strict respect des normes répondant aux standards internationaux d’hygiène, de l’urbanisme et de l’habitat. Avec aire conditionnée, chaque appartement est a une garantie de fourniture en eau et électricité ainsi que de la connexion Télévision et Internet par fibre optique en continu (24 heures sur 24). Au bout du compte, ce sont des immeubles d’habitation et des bureaux, un hôtel cinq étoiles de cent chambres, des transports en commun, un port de plaisance, un centre d’affaires de six immeubles de trois niveaux chacun, des écoles, des équipements collectifs… qui vont transformer ces 600 hectares des anciens marais en un espace de vie de haut standing. Et, il y a lieu d’y croire. Jean-Luc MUSHI-MPAKU

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Romain FELBER :

« Nous espérons faire honneur à notre clientèle avec un bâtiment d’un standing inégalé en RDC ».

« Nous espérons faire honneur à notre clientèle avec un bâtiment d’un standing inégalé en RDC ». Q/On observe une avancée très significative de travaux de rénovation du Bâtiment principal. A quand alors estimez-vous la fin des travaux? L’inauguration de l’aile principale actuellement en rénovation interviendra au cours du premier semestre de l’année 2014. Q/A quoi la clientèle peut s’attendre avec ce Bâtiment principal newlook ?

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Pour redonner son éclat à l’hôtel historique de la capitale, tout a été revu dans le détail pour le confort de nos clients, de l’architecture à la décoration stylisée, en passant par des équipements modernes et performants. Le design italien de la marque Consonni, réputée dans l’hôtellerie de luxe, répondra aux normes 5 étoiles internationales et participera au prestige de sa clientèle. Nous espérons faire honneur à notre clientèle avec un bâtiment d’un standing inégalé en RDC avec 200 chambres, skybar, sans oublier la piscine pour ne citer que ça. Elle sera aussi ravie avec les différentes cuisines de

nos restaurants. Q/La rénovation au GHK va-t-elle s’arrêter avec le Bâtiment principal ou va-t-elle aller au-delà ? Tout l’hôtel sera rénové, étape par étape bien sûr. Après le bâtiment principal, la Tour sera transformée et modernisée elle aussi. Puis viendra le tour des appartements, du centre sportif et de l’environnement extérieur de l’hôtel (parkings et jardins). Q/Que répondez-vous à une certaine opin-

ion qui affirme que le GHK a pris du retard par rapport à une concurrence observée ce dernier temps ? Bien au contraire puisque nous n’avons pas cessé de fonctionner et d’offrir tous nos produits et services malgré les désagréments que peuvent causer de tels travaux. Nous restons attentifs aux désidératas de notre clientèle et efficacement réactifs face à la dynamique du marché. Le fait de se lancer dans la rénovation et les innovations démontre notre volonté de faire le maximum pour conserver un positionnement déjà prestigieux sur le marché. C’est aussi la preuve de notre confiance dans le développement économique de la RDC. Nous avons réalisé une rénovation complète de l’aile principale, toutes les installations techniques, cuisine, 4 restaurants en moins de 20 mois pour un montant de 25 millions USD. C’est une réalisation rapide. Q/D’autre part on observe aussi que le GHK reste toujours et bel et bien redoutable sur le marché. Sur quoi est-ce que votre établissement se différencie-t-il de ses concurrents directs ? Le Grand Hôtel cultive une tradition de prestige depuis son inauguration en 1971, et jusqu’à ce jour les retombées de son histoire lui sont bénéfiques. Cette confiance est entretenue en permanence par notre équipe. Par rapport aux nouveaux acteurs du secteur, c’est sur notre expérience et notre expertise, notre renommée et notre qualité de service que nous affichons une longueur d’avance, et nous espérons creuser davantage cet écart dans les mois à venir. Les projets mis en œuvre pour rénover et innover au sein de notre établissement démontrent notre volonté toujours plus tenace de satisfaire notre clientèle. C’est un challenge à notre portée, et nous ne laisserons rien au hasard de manière à entretenir, maintenir et renforcer davantage notre leadership dans ce marché hôtelier en RDC.

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Une cuisine ultramoderne pour satisfaire les exigences des fins gourmets Il ne faut pas également oublier que le concept même de l’hôtel, nos espaces et nos salons constituent des atouts majeurs qui caractérisent avantageusement notre établissement. Q/Pouvez-vous nous dire, en tant qu’un grand opérateur hôtelier, quelles sont les difficultés rencontrées par les établissements du secteur en RDC ? L’activité hôtelière est lourdement taxée, et les services et autres approvisionnements en RDC sont onéreux, beaucoup plus chers que sur le marché occidental. D’autre part, l’activité économique est faible, le tourisme est inexistant, le volume du marché est réduit à l’image du trafic aérien international.Toutefois, nous restons optimistes car le potentiel est énorme et nous commençons déjà à observer les signes précurseurs à la relance économique du pays

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entement mais sûrement, le « Grand Hôtel Kinshasa » offre à ses clients, aux passants ainsi qu’aux nombreux curieux anonymes son nouveau look. Débutés voici quelques mois, les travaux de rénovation de cette perle hôtelière de la RDC ont déjà réussi à transformer complètement son aile droite. C’est le bâtiment principal dont la façade extérieure, les lieux gastronomiques et de divertissement viennent de revêtir un design digne d’un hôtel répondant aux normes internationales de « cinq étoiles ». Bien qu’ayant gardé sa configuration originale sur les neuf étages, le bâtiment principal du « Grand Hôtel » a une vue entièrement relookée. Les passants se plaisent à contempler la baie vitrée totalement argentée. Les curieux ne se limitent pas à admirer la présence imposante que cette œuvre architecturale présente de l’extérieur. Alors que l’équipement des chambres n’est pas encore complètement achevé bien que le matériel nécessaire soit déjà disponible, ce n’est pas le cas avec la cuisine. Celle-ci est dotée d’un équipement pimpant neuf de fabrication allemande. Des cuisinières aux chambres froides, en passant par des friteuses, tables, et autres équipements pouvant permettre d’assurer une gastronomie diversifiée en qualité et en quantité en un temps record. Vu l’espace aménagé CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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pour cette cuisine, on comprend aisément l’ambition que se donne le GHK pour ses clients. Aux cotés du logement et de la gastronomie, s’ajoutent des moments de détende et loisirs qu’offre le « Grand Hôtel » rénové. Pour ce faire, la terrasse a été refaite de fond en comble. Carreaux, supports et toiture ont été renouvelés. Il ne reste plus qu’à la rééquiper pour en faire un lieu par excellence où il faudra passer de bons moments pour des rendez-vous d’affaires et autres détentes. Juste à côté, la piscine a également pris un coup de jeune. Le carrelage, la tuyauterie et des lumières appropriées ont été entièrement renouvelés. Ajouter à cela de nouveaux transats déjà disponibles ainsi que le renforcement des installations électriques qui sont prévus pour mieux servir les clients, d’un espace complètement refait.

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Au « Grand Hôtel Kinshasa », les séjours de travail, les vacances, les rendez-vous d’affaire et autres moments de divertissement seront bientôt, non pas seulement parce qu’ils seront passés dans la capitale de la RDC, mais, surtout, puisqu’ils se seront vécus dans un cadre idéal, complètement rénovée et répondant aux standards internationaux. Le génie de la rénovation du « Grand Hôtel Kinshasa » doit être reconnu à son nouvel Administrateur Délégué, Romain Felber, avec l’expertise technique de la firme italienne Consoni spécialisée dans les aménagements hôteliers de luxe. La main d’œuvre italienne, indienne et congolaise se déploie, dans sa diversité, pour la réussite des travaux qui touchent déjà à leur terme. Jean-Luc MUSHI-MPAKU

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Bancarisation de la paie

LES AGENTS ET FONCTIONNAIRES DE L’ETAT A L’ERE DE LA MODERNITE beaucoup d’avantages aussi bien aux agents et fonctionnaires qu’à l’Etat. La bancarisation a, par exemple, permis de lutter contre la corruption et de démanteler les réseaux mafieux de détournement des deniers publics. Elle a également permis de maîtriser les effectifs et de rendre possible la régularité de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat D’autre part, grâce à cette opération, le Gouvernement a pu dégager des économies de l’ordre de 4,7 milliards de francs congolais en avril 2013 et d’augmenter le crédit à l’économie de 7%. Chaque mois, la bancarisation permet de dégager un reliquat de 10 millions de USD environ.

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e Président de la République a placé son nouveau mandat sous le signe du social. Sa vision est de réhabiliter le travailleur dans sa dignité, non seulement à travers un salaire conséquent et les commodités de base, mais aussi dans sa personnalité en tant que membre de la société. Pour y parvenir, beaucoup est à faire, mais le plus important est, sans doute, de commencer quelque part. Le programme de bancarisation de la paie des fonctionnaires de l’Etat, qui a été lancé au cours de l’année 2013, s’inscrit bien dans cette perspective et dans celle de la révolution de la modernité. Cette opération répond au double souci d’améliorer le social et tirer profit des

commodités et avantages qu’offre une économie bancarisée. En 2005, l’économie congolaise était largement sous-bancarisée, avec un taux d’environ 1%. L’opération de bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires a pu le relever, à ce jour, à 5%. Selon les prévisions, ce taux devrait monter en puissance par des actions concrètes, comme il en est de la réforme courageuse de la bancarisation des rémunérations et des mesures incitatives en faveur du secteur bancaire.

Avantages multiples A ce stade, le programme a rapporté CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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La modernité à la portée de l’agent public L’agent de l’Etat ou le fonctionnaire peut renouer avec la modernité en épargnant, en sollicitant un crédit bancaire ou une avance sur salaire. Il effectue désormais des gestes ordinaires sous d’autres cieux : signer un chèque, introduire une carte à puce dans un distributeur automatique, etc. Le Gouvernement et la Banque centrale du Congo n’en resteront pas là. Il sont résolument engagés à poursuivre et parfaire ce processus de bancarisation. Les différents écueils rencontrés sont en train d’être pris en charge avec des mesures adaptées et aucun effort ne sera ménagé pour mener la réforme jusqu’au bout. Patience FURAHA

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LE FPI RENFORCE SON ANCRAGE AUX KIVU Le nouveau siège du FPI à Goma pour les deux Kivu.

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ans la paix, il est difficile de développer une Nation. Ce propos a été celui du Président de la République durant son périple à l’Est de la RDC après la fin de la guerre. Joseph Kabila était allé réconforter les populations éplorées et les remettre au travail. Les conflits armés ont, en effet, longtemps freiné l’élan de reconstruction de cette partie du pays. Le Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI), qui est le catalyseur de l’industrie congolaise, est mieux placé pour en témoigner, mais il ne baisse pas

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les bras pour autant. Le comité de Constantin Mbengele Kwete a compris à quel point l’Est du pays est entreprenant et la nécessité de s’en approcher afin d’y impulser plus d’énergie et permettre à cette partie du pays de contribuer à l’essor de l’économie. S’il est vrai que la guerre est un frein au développement, au moins qui veut aller loin ménage sa monture. C’est cette philosophie qui sous-tend l’action de Constantin Mbengele pour faire face à la demande des provinces du Kivu en perspective du rétablissement de la paix. Malgré les affres de la guerre, le FPI n’a cessé de s’étendre pour être plus proche des entrepreneurs afin de les soutenir.

Après Lubumbashi au Katanga, le FPI vient, en effet, de se doter de son propre bâtiment pour abriter les directions provinciales du Nord-Kivu et du Sud-Kivu avec siège à Goma. Le DG Mbengele a effectué personnellement le déplacement de Goma pour s’en rendre compte et inaugurer cet ouvrage. En dépit du contexte de guerre qui prévalait pendant les travaux de construction, le travail architectural est d’une qualité remarquable et épouse les normes particulières de cette ville montagneuse. Le bâtiment administratif comporte 27 pièces dont 17 bureaux, une réception, une salle de

Visite guidée de quelques projets financés par le FPI à Goma

documentation et une grande salle de réunions avec un balcon et une terrasse qui offrent une vue imprenable sur le lac. L’on y trouve également un bloc d’archivage à un niveau avec 5 locaux, dont un pour les chauffeurs, un local stabilisateur, une bibliothèque, un dépôt et une guérite pour les gardiens avec un poste de surveillance à l’étage. Outre le bâtiment administratif, il est aménagé deux résidences pour les cadres avec 4 chambres à coucher, 4 salles de bain, un salon, une salle à manger, une CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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cuisine et une terrasse. L’ensemble de ces installation est, par ailleurs, équipé d’une cabine électrique moyenne tension et d’un groupe électrogène autonome.

Un tissu industriel en plein essor Ces installations devraient, à coup sûr, stimuler les cadres et agents pour un rendement optimal dans ces deux provinces

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di Kuvu qui vont certainement connaître un boom économique avec la fin de la guerre. Déjà, malgré les années troubles, le Kivu a fait preuve d’un dynamisme très encourageant comme en témoigne le nombre sans cesse croissant de projets soumis au FPI pour financement. Constantin Mbengele s’en est aussi rendu compte à travers une visite de quelques uns de ces projets. Le Directeur Général du FPI a visité, entre autres, une usine de production de ciment dont le projet est financé depuis plus de six mois. L’usine est encore en phase de construction, mais les équipements sont déjà installés. On y trouve deux concasseurs ainsi qu’un silo pour le mélange des concassés. Au bout se trouve installé un broyeur qui renvoie le tout à l’l’élévateur des mélanges qui, lui, va déverser l’ensemble à un nouveau silo de mélange. Le processus se poursuit ainsi du broyeur au filtre pour se terminer au silo de stockage du ciment avant de descendre à l’empaquetage. Cette usine a une capacité de production initiale de 1.000 sacs par jour. Un investissement qui devrait, à terme, faire baisser les prix du ciment dans cette partie

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du pays. Un débouché aussi pour l’emploi. 68 personnes y travaillent déjà et l’on doit s’attendre à d’autres emplois indirects dans la chaîne commerciale. L’autre projet visité est une savonnerie financée depuis 2010 et qui se trouve encore en phase d’installation. L’usine doit avoir une capacité de production de 2.000 Kg/heure en tenant compte d’une qualité exceptionnelle afin d’offrir au consommateur un produit de qualité à un prix raisonnable. Cette usine a survécu à un incendie peu après le début des travaux d’installation des équipements. Pour l’heure, le promoteur attend les formateurs en vue de la mise à niveau des travailleurs. A côté de cette savonnerie se développe une usine de production de mousses du même promoteur. Une autre entreprise, qui a également bénéficié d’un financement du FPI a pu développer une boulangerie qui consomme 100 sacs

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Les cadres et agents reconnaissent les mérites du comité Mbengele de farine par jour, une charcuterie et un pressing. Enfin, les établissements Maizering, qui ont bénéficié d’un premier financement du FPI en 2001, investissent dans la transformation des produits agricoles. L’usine utilise encore des équipements manuels pour traiter le soja, le maïs, le blé, etc., et produire une gamme variée de produits tels que la farine de blé, le porridge de blé, la farine de maïs, l’éleusine, le sorgho, le miel ou encore le thé de citronnelle. 28 personnes y sont employées en permanence en dehors des journaliers. Au terme de cette visite, le Directeur Général du Fonds de Promotion de l’Industrie s’est dit très satisfait, impressionné et fier de l’apport de ce Fonds dans l’essor de l’industrie locale. Laetitia KAPELA

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Entretien des routes

FULGENCE BAMAROS REVISITE LE FONER 132 Congo panorama 9-impression.indd 132

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2013 a été une année trépidante sur le plan des infrastructures. Face à l’enjeu de l’intégration nationale pour booster l’économie, le Gouvernement s’était fait un point d’honneur de fluidifier le trafic sur les grands axes routiers avec pour objectif d’accroître la productivité intérieure pour inonder les marchés. Pour cela, l’Exécutif national avait un outil, le Fonds National d’Entretien Routier (FONER). Créé en 2008, le FONER a reçu du législateur la mission de « collecter et administrer les fonds destinés à l’entretien et à la gestion des réseaux routiers du territoire national ». Après une période de structuration de l’entreprise, le FONER s’est mis à l’œuvre pour relever le défi de sa mission. En son temps, son Directeur Général, Fulgence Bamaros Lobota, donnait des indications sur son programme visant à faire du FONER un véritable outil de développement du réseau routier national. « Les infrastructures routières constituent un des piliers principaux de développement et les fonds routiers en sont les instruments indispensables. La disponibilité de routes de qualité est maintenant ressentie comme une des bases du développement dans toute l’Afrique et au-delà de la construction de nouvelles voies de communication et de désenclavement, leur entretien est encore plus vital pour soutenir notre effort de développement durable ». Ainsi parlait Fulgence Bamaros. Et en 2013, le FONER aura été de toutes les batailles pour relever ce défi. Dans l’entretien ci-dessous qu’il eu eu avec nos confrères de Télé 50, le Directeur Général du FONER fait un état des lieux général du travail abattu, tout en donnant une nouvelle visibilité sur le rôle de sa structure dans le dispositif du développement de la RDC. TELE 50 : Monsieur le Directeur Général, qu’est-ce qui a motivé le Gouvernement à créer le FONER et qu’elle a été la mission spécifique vous confiée personnellement ? F.BAMAROS : S’il faut parler de la petite histoire du Foner, je crois qu’il serait mieux de remonter jusqu’en 2006, année où la RDC a réussi à organiser ses premières élections véritablement pluralistes, dont la présidentielle a été remportée par l’actuel Chef de l’Etat, Joseph Kabila. Il a été bien sûr préféré par les congolais en raison de son programme (Les Cinq chantiers de la république), jugé plus à

même d’apporter des changements structurels à impact visible dans la vie de ses concitoyens, il va sans dire que cette amélioration des conditions d’existence des populations passe inéluctablement par la route. L’accent était, par conséquent, mis sur cet important volet : la remise en état de nos infrastructures routières, facteur essentiel de développement d’une nation. Avec la route, avec une bonne route surtout, on sait relier tout le pays, faciliter le mouvement des personnes, des biens et des marchandises. Notre pays dispose de 152 400 km de routes. En 2006, ce réseau là n’était fonctionnel qu’a hauteur de plus ou moins 11%. On ne pouvait même pas compter un linéaire de 700 km ininterrompu. Du coup, la politique était de commencer au plus vite la réhabilitation du réseau routier. Il faillait pour cela des moyens, et les moyens de l’Etat étaient justement très limités. D’où cette idée on ne plus pertinente du Président de la République de créer un Fonds qui viendrait en appui au budget de l’Etat.Toutefois, la prise en charge de ce Fonds d’entretien des routes devait être supportée par les usagers. Ainsi le FONER voit le jour en 2008 à travers le décret du 24 décembre de la même année, les activités proprement dites démarreront en septembre 2009 après la mise en place des animateurs un mois plus tôt. TELE50 : Quelle est alors la mission principale du FONER ? FB : Au terme de la loi créant le FONER, notre mission est de mobiliser les ressources nécessaires au financement de l’entretien et de la préservation des routes. Nous avons bien sûr commencé par toutes ces routes qui devaient être réhabilitées et protégées dans le cadre des cinq chantiers. Nous sommes dans l’entretien et la protection du patrimoine routier, et par patrimoine routier il faut entendre l’ensemble des infrastructures routières dont la responsabilité de l’aménagement, de la reconstruction et de la réhabilitation relève du pouvoir central. Cette mission est confiée au ministère de l’ATUH-ITPR et à celui de l’agriculture. Télé50 : Comment vous faites pour réussir votre mission et d’où viennent vos ressources ? CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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FB : Nous accomplissons notre mission grâce aux ressources reconnues par le législateur au FONER. Dans ce lot, il y a les redevances que nous prélevons sur les hydrocarbures, essentiellement le carburant terrestre et les lubrifiants. Il y a les droits des péages, les allocations budgétaires de l’Etat, les contributions des bailleurs de fonds. Mais dans tout cet arsenal des ressources, le FONER ne fonctionne jusque-là qu’avec deux ressources principales qu’il mobilise : les redevances sur les hydrocarbures et les droits de péages Dans cette structure des recettes mobilisées, les hydrocarbures représentent au moins 98% des ressources. Le péage ne nous rapportent pas grand-chose. Comme je venais de le dire, quand nous finançons, nous intervenons sur les réseaux routiers d’intérêt national ou provincial non concédés. Par concession, il faut comprendre les routes dont la construction et l’exploitation sont confiées aux privés. Le FONER n’intervient pas à ce niveau là. C’est le concessionnaire qui gère la route jusqu’à l’amortissement de son investissement. Télé50 : Où vont les fonds mobilisés par le FONER ? FB : Où va l’argent du FONER ? Mais au champ d’intervention du FONER ! Le législateur à déjà prévu ce que nous appelons la clé de répartition. Sur l’ensemble des ressources mobilisées, comme je l’ai déjà dis, 60 % sont affectés au financement de l’entretien des routes d’intérêt national, là nous avons les routes nationales et les voiries urbaines structurantes ; Les 40% restants sont alloués au financement de l’entretien des routes d’intérêt provincial, local et de la voirie urbaine. Il va sans dire que c’est le domaine des provinces, ce qui fait que les 40% s’apparentent finalement à la notion de rétrocession. La seule différence entre la rétrocession du FONER et celle de la loi sur les finances publiques est que les fonds alloués par le FONER ne fait pas l’objet de débours directs aux provinces. C’est-à-dire que les provinces présentent des projets qui sont financés à concurrence des réalisations prévisionnelles que le FONER a

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établi. Au niveau central, c’est l’Office des Routes et l’OVD qui sont bénéficiaires des ressources du FONER. Au niveau des provinces, nous avons au terme de notre constitution, le transfert des compétences aux voiries des provinces. Il en est de même avec les routes de desserte agricole où le programme est réalisé par l’OVD et l’OR. Et ce programme est consolidé et présenté au niveau des exécutifs provinciaux qui les envoient au FONER. C’est justement ce programme qui fait l’objet des 40% de rétrocession. Télé50 : Combien d’argent avez-vous déjà mobilisé depuis la mise en place du FONER ? FB : Depuis sa mise en place, le FONER a pu mobiliser plus de 265 millions de dollars et financé des travaux d’entretien autour de 250 millions de dollars américains à raison de plus ou moins 90 millions de dollars pour les réseaux de l’Office des routes (OR), 50 millions de dollars pour l’OVD , 9 millions de dollars pour la Direction des Voies de Desserte Agricole (DVDA). Il faut dire que le programme avec cette structure a commencé en retard. Enfin, 70 millions de dollars ont été alloués aux routes ou projets présentés par les provinces au titre de rétrocession. Télé50 : Quelle est votre politique pour rationnaliser les dépenses d’entretien et améliorer la mobilisation des ressources afin de faire face à cette situation? FB : Pour combler ce gap, nous avons eu à signer, en date du 15 mars 2012, un protocole avec la DGDA qui nous accompagne dans la mobilisation des ressources. S’agissant des dépenses, nous nous sommes dits qu’à travers toutes les infrastructures réhabilitées au pays, le grand bénéficiaire final c’est la population. Nous avons donc mis en place une sorte de plan d’éducation civique dont le but serait l’appropriation des ouvrages réhabilités, aménagés ou construits. C’est une voie, à n’en pas douter, de réduire les dépenses en terme d’intervention. A Kinshasa, par exemple, on est tout le temps obligé de reprendre le même travail de curage des caniveaux qui, aussitôt aménagés ou construits, sont vite transformés en dépotoirs. Un travail d’éducation est donc important pour réduire ce type de dépenses.

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Télé50 : Qu’en est-il du cantonnage manuel ? FB : Notre réseau routier est composé, à plus de 98%, des routes en terre. Ce genre de routes nécessite un entretien permanent. Pour le faire, il faut disposer des moyens. Le cantonnage est justement la meilleure manière d’y parvenir. Cependant, nous avons constaté, au cours des deux premières années de notre existence, que ce procédé présentait certaines faiblesses : soit les cantonniers n’étaient pas bien encadrés, soit qu’ils n’étaient pas suivi ou formés. Pour y remédier, nous avons, depuis le mois de janvier 2013, eu des concertations avec l’Office des Routes afin de quitter le système de contrats forfaitaires pour des contrats à méthode GENIS (Gestion de service), c’està-dire que nous payons aux cantonniers ou à l’attributaire le niveau de km praticable. Nous avons aussi instauré le système des barrières des pluies, qui est aussi une manière de protéger les ouvrages. Quand il pleut, les véhicules ne peuvent pas s’engager sur les routes en terre. Autre problème, c’est l’effondrement des ponts souvent dû généralement aux comportements des usagers qui ne respectent pas le tonnage limite pour franchir un pont. Là aussi nous venons de lancer un appel d’offre qui nous permettra de disposer des matériels pour peser les véhicules. Télé50 : Parlons un peu des agences d’exécution. Pensez vous que ces agences vous permettent de maximiser vos recettes ? FB : La maximisation des recettes est tributaire de certains éléments. En ce qui concerne, par exemple, les redevances que nous prélevons sur les produits pétroliers, le relèvement dépend du niveau de l’activité économique. Quant au travail fait par l’Office des Routes, pour citer une agence, l’amélioration des ressources ne peut être perçue qu’au niveau des droits de péage route. Donc si nous avons des routes carrossables, il va de soi que nos aurons davantage des moyens. Or actuellement les interventions d’entretien ne sont pas faites à temps. L’autre difficulté avec l’Office des Routes, ce sont les matériels. Nous travaillons avec les moyens du bord. Du coup, nous nous disons, et si on concédait ces routes aux privés ? Laissez-moi vous dire que cela nous permettrait d’affecter les moyens disponibles sur une autre partie du réseau.

Télé50 : Prenons l’exemple des axes déjà financés. Vous financez tout simplement ou vous faites également le suivi des travaux ? FB : Là aussi les responsabilités sont partagées à la hauteur des rôles de chacun dans le secteur. Le FONER est un bailleur de fonds national pour l’entretien. Notre mission est de mobiliser les moyens et financer les travaux. Pour ce faire, nous travaillons avec les agences d’exécution desdits travaux. Nous nous assurons toujours de remplir notre part du contrat : financer et laisser aux autres faire ce qu’ils ont à faire. Mais quand le rythme d’exécution des travaux pose véritablement problème, comme en 2009 et 2010, nous diligentons une enquête, une campagne d’audit pour s’assurer de la traçabilité des financements et des dépenses effectuées avec les ressources du FONER. Cet audit a relevé, parmi ses conclusions, que

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très avancée ?

Les travaux de réhabilitation du pont Basoko à Bandalungwa ont été financés par le FONER le retard était essentiellement dû à la mauvaise exécution des travaux. Voilà pourquoi, pour 2013, nous avons mis sur pied le contrat de mission de contrôle : à chaque fois qu’un projet est financé, une mission devant s’assurer de l’effectivité des travaux est aussi enclenchée Télé50 : La situation de la route nationale n° 4 a beaucoup préoccupé les usagers. Quel est le problème avec cette route ? FB : Avant d’aborder le problème actuel sur la RN4, je commence d’abord par circonscrire le cadre du problème. C’est dans le cadre du Programme de Réunification du Territoire National autour des années 2004 que le Gouvernement de la République, sous le leadership du Chef de l’Etat Joseph Kabila, avait mis en place un programme de réhabilitation et de reconstruction des infra-

structures de base dont les routes. C’est dans ce cadre que les routes ont été réhabilitées, notamment la RN4, RN2, RN1, RN7, RN25. Tout ça dans le souci d’améliorer le vécu quotidien des Congolais et faire accéder le pays au développement. En ce qui concerne la RN 4, elle a été effectivement réhabilitée autour des années 2005. C’est une route en terre battue. Les interventions ponctuelles ont été faites en termes d’entretien par ce qu’au delà de l’investissement, quand on réhabilite une route, il faut lui assurer une longue vie. La meilleure façon d’assurer cette longue vie c’est l’entretien. En 2005-2008, le FONER était inexistant. Mais depuis 2009, le FONER a pu financer 11 millions de dollars américains en ce qui concerne la RN4 jusqu’en date du début des travaux par méthode GENIS.

Télé50 : Comment jugez – vous le bilan du FONER pour l’année 2013 qui s’est s’achevée ? FB : Nous sommes une structure qui travaille sur base d’un programme. Nous avons mobilisé le budget à 100% tel que nous l’avons prévu et voire même au-delà de nos attentes en termes des réalisations. Et pour l’année 2014, nous voulons garder le même élan, faire plus et entretenir d’avantage un linéaire très important en vue de préserver le patrimoine routier. Entretien avec Télé 50

Télé50 : Qu’est ce qui s’est passé exactement sur cette route qui est en état de dégradation CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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FB : Pendant tout ce temps que le FONER finançait les travaux d’entretien exécutés par l’Office des Routes, la méthode du cantonnage manuel utilisée sur cette route à fort trafic a posé des problèmes suite aux barrières des pluies qui étaient inexistants. Les ouvrages de traversée que nous appelons les buses n’étaient pas non plus entretenus. D’où, il fallait changer le mode d’intervention compte tenu du niveau de trafic et de l’investissement que le FONER mettait pour l’entretien. Nous nous sommes résolus de passer du système de contrat quantitatif des travaux d’entretien au contrat de type GENIS. Mais la méthode GENIS a des préalables. On ne peut pas appliquer ladite méthode sur une route dégradée. Donc pour appliquer le contrat GENIS, il faut d’abord remettre la route à l’état initial. Voilà pourquoi le Gouvernement et la Banque Mondiale ont pris l’engagement de retaper cette route sur le tronçon Kisangani- Niania et Niania-Beni. Il y a des entreprises qui ont gagné le marché après l’appel d’offre, dont sino-hydro qui travaille de Beni vers Niania et l’entreprise chinoise EZCT qui commence de Kisangani vers Beni. Cependant, ces entreprises ont connu un retard dans le déploiement des matériels. Pendant ce temps, et compte tenu de la pluviométrie et du caractère du sol que nous avons dans cette région, la route s’est dégradée davantage. Avec le passage du Chef de l’Etat, les entreprises ont accéléré le rythme du travail, d’autant plus qu‘elles ont bénéficié du concours du FONER à hauteur de 581 mille dollars américains afin de traiter les points chauds.

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Carton plein pour l’INPP en 2013 L’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP) a terminé l’année 2013 de la plus belle manière. Son Directeur Général, Maurice Tshikuya Kayembe a, en effet, reçu, le 8 décembre 2013 à Vienne (Autriche), le prix de la qualité « European Award for Best Practices » décerné à lui et à l’INPP par l’organisation European Society for Quality Research (ESQR – Société Européenne pour la Recherche de la Qualité). Ce prix reconnaît aux lauréats, au niveau international, leur « engagement exceptionnel, leur soutien et leurs résultats en matière de gestion de la qualité ». Il a également « une vision intégrale que les cadres des entreprises mettent dans leurs compagnies, reconnaît les efforts des employés exceptionnels et talentueux, et motive pour le progrès continuel ». La cérémonie a donc mis à l’honneur « les entreprises et organisations les plus remarquables, celles qui se distinguent par leurs services et continuent à pousser les limites de la qualité ».

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Avant cette cérémonie, Maurice Tshikuya a participé, toujours à Vienne, au congrès portant le même nom que le prix décerné et organisé par l’ESQR à l’intention des leaders des entreprises de renommée internationale, des experts académiques, des professionnels de la qualité ainsi que des représentants du corps diplomatique. A cette occasion, Tshikuya a présenté l’INPP. Il a également participé à un échange des expériences professionnelles avec des patrons des entreprises occidentales, asiatiques et africaines. Au cours de cette rencontre, il a fait un plaidoyer auprès de ses collègues lauréats pour qu’ils viennent investir en RDC. Tshikuya a eu à expliquer à ses interlocuteurs que la RDC a réuni les conditions nécessaires pour ce faire, avec une main d’œuvre qualifiée, la paix retrouvée, un code des investissements actualisé et un climat des affaires amélioré. Cette reconnaissance internationale de la montée en puissance de l’INPP n’était pas la première de l’année écoulée. En octobre de la même année, Il avait reçu, à Paris, le Prix Convention, dans la catégorie Platine, de la 27ème Convention internationale à la qualité organisée par l’organisation « Business Initiative Directions » (BID).

2013, année pleine pour l’INPP Ceux qui ont suivi la marche de l’INPP tout au long de l’année 2913 ne s’étonnent pas de ces reconnaissances internationales qui s’ajoutent à bien d’autres au plan national. Cet Institut est, en effet, un miracle au Portefeuille de l’Etat en termes de gestion et d’expansion. Surnommé hier « Institut National des Parents Pauvres », l’INPP, sous la houlette de Maurice Tshikuya, a connu des transformations qui ont déteint sur le monde de l’emploi à la grande satisfaction des employeurs. Pour mener à bien cette œuvre, Tshikuya

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avait placé son action sur trois axes. Le premier axe a été celui du rajeunissement du personnel enseignant et le renforcement des capacités des nouveaux formateurs dans tous les domaines, tant sur le plan pédagogique qu’andragogique. Le second axe a concerné l’équipement en matériel didactique de la dernière technologie, tandis que le troisième axe a porté sur les infrastructures, plus précisément la dotation de plusieurs directions provinciales et territoriales d’installations propres (ateliers, salles de classe et locaux administratifs). Cela était le cas à Kinshasa, à Mbuji-Mayi, Kolwezi, Bunia, Bukavu, Matadi, Goma, Kalemie et Moanda où la réalisation des installations vient d’être entamée. L’INPP a réalisé ce programme sur fonds propres et avec la contribution de cerCONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 137

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Poursuite des travaux de construction de l’INPP/Kinshasa

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tains partenaires extérieurs. Il s’agit, entre autres, de la Coopération japonaise (JICA) avec laquelle l’INPP avait signé un accord de don pour la construction, qui est en cours, d’un immeuble pour la direction provinciale de Kinshasa. Le Gouvernement égyptien a offert à l’INPP du matériel didactique pimpant neuf pour

la mécanique générale et la menuiserie. La coopération française a, pour sa part, apporté sa contribution à la construction des centres INPP à Bukavu et à Matadi, sans oublier le centre des ressources en ingénierie pédagogique. Une attention particulière a été, par ail-

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Au plan socioéconomique, l’INPP a contribué à la lutte contre la délinquance juvénile en formant les enfants de la rue et autres « kuluna » qui sont aujourd’hui réinsérés dans la société. La troisième promotion de ces enfants est sortie de la formation en 2013.

Bilan satisfaisant et défis d’avenir Toutes les conditions étaient donc réunies pour un rendement optimal qui a ainsi forcé l’admiration des observateurs nationaux et internationaux. Plus de 32 centres de formation sont opérationnels à travers le pays et, pour l’année 2013, plus de 30.000 personnes ont bénéficié de la formation à l’INPP. L’impact de ces formations a satisfait les employeurs réunis aussi bien au sein de la FEC que de l’ANEP, la COPEMECO et tant d’autres organisations patronales.Tous ont pu augmenter leur productivité grâce au développement des compétences de leur main-d’œuvre. Dans l’ensemble, 2013 a été l’année de la concrétisation des rêves de l’INPP. Pour le DG Maurice Tshikuya, cette année a également été celle du début de la récolte des efforts fournis en termes de qualité de la formation et de la gouvernance de l’INPP. Aujourd’hui, ce bilan attire de plus en plus de partenaires et cet Institut ploie sous le poids des sollicitations aussi bien en RDC qu’à l’étranger.

leurs, accordée aux conditions de travail des employés. Maurice Tshikuya s’en était fait un point d’honneur. C’est ainsi que l’INPP a acquis un important charroi automobile dont des voitures neuves pour les cadres. Toutes les directions provinciales ont également été pourvues en moyens de transport.

Pour autant, Maurice Tshikuya ne compte pas en rester là. Son défi pour 2014 et les années à venir est d’accroître les ressources pour couvrir l’ensemble du territoire national, former la population active et ainsi participer à la réalisation du programme de la révolution de la modernité. Ceux qui le connaissent ne doutent pas que Tshikuya saura relever ce défi pour attirer encore plus de trophées à l’INPP. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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L’expansion de l’INPP doit répondre, selon Tshikuya, au souci de se rapprocher des populations rurales pour leur donner un coup de pouce. Ces populations, dit-il, constituent le maillon fort dans la chaîne de production. En renforçant la productivité des milieux ruraux, on lutte également contre l’exode rural. En attendant, loin de se griser, Tshikuya a ses yeux rivés sur l’enjeu du développement qui, explique-t-il, passe incontournablement par la dotation du pays d’une main-d’œuvre qualifiée. « La compétitivité de nos entreprises face au vent de la mondialisation en dépend », lance-t-il, avant d’ajouter qu’ »il ne suffit pas seulement d’équiper une unité de production. Il importe surtout d’employer une maind’œuvre qualifiée, car aujourd’hui les ressources humaines deviennent une bataille de premier ordre pour les entreprises qui veulent prospérer. Cela implique la nécessité d’une formation permanente et continue pour qui veut s’imposer sur le marché national et mondial. » La compétitivité des entreprises est indispensable pour l’émergence d’un nouveau Congo pour la création des richesses pouvant être redistribuées en termes de salaires, d’impôts pour l’Etat et de dividendes pour les porteurs de capitaux. Maurice Tshikuya ajoute que ces derniers peuvent alors investir dans différents domaines et ainsi booster l’emploi et la consommation des ménages. L’INPP, poursuit Tshikuya, « entend accompagner les entreprises pour gagner ce challenge en tenant compte des exigences des secteurs porteurs de croissance et d’emploi ».

Jonas Eugène KOTA

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Infrastructures en 2013

FRIDOLIN KASWESHI SUR TOUS LES FRONTS SITUATION DES INFRASTRUCTURES ROUTIERES EN R.D CONGO Le réseau routier de la RDC comprend au total 153.209 km de routes répartis comme suit : • 58.509 km de routes d’intérêt général, à charge du Ministère des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction, placés sous la gestion de l’Office des Routes, dont environ 3.000 km sont revêtus.

Le secteur des infrastructures constitue l’un des piliers majeurs pour la concrétisation de la révolution de la modernité. Qu’il s’agisse de la conception, de la construction et de la modernisation ou du développement, de l’aménagement et de l’entretien des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, ferroviaires, hydroélectriques, scolaires, sanitaires, sociales, touristiques et sportives, des bâtiments et édifices publics ; des ouvrages de drainage, d’assainissement et de lutte antiérosive, tous ces secteurs sont pris en charge par le Gouvernement sous l’impulsion du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange. Courant 2013, le Gouvernement a fourni des efforts dont les résultats sont palpables et permettent d’établir le bilan de ce qu’a été l’état d’exécution des travaux d’infrastructures sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo.

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Il comprend les ouvrages de franchissement suivants : • 3.500 ponts de portée de 4 à 750 mètres pour une longueur totale de 68.000 mètres, • 175 bacs (à moteur, à traille et à pirogues) • 7.400 km de voiries urbaines sous la gestion de l’Office des Voiries et Drainage « OVD en sigle » ; • 87.300 km de routes d’intérêt local ou de desserte agricole à charge du Ministère du Développement Rural, sous la gestion de la Direction des Voies de Desserte Agricole « DVDA en sigle ». RÉPARTITION DU RÉSEAU DES ROUTES D’INTÉRÊT GÉNÉRAL Le réseau des routes d’intérêt général se réparti en 3 catégories selon leur importance : • 21.140 km des routes nationales (RN), • 20.124 km des routes provinciales prioritaires (RPP), • 17.245 km des routes provinciales secondaires (RPS). RÉSEAU PRIORITAIRE Le Ministère des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction a défini un réseau prioritaire de 23.140 km, qui présente les caractéristiques principales suivantes : • il s’articule sur les 3 principaux corridors de transport - Ouest/Nord-Est, Nord/Sud, Ouest/ Sud-Est - qui relient les chefs-lieux des provinces, et les principaux centres administratifs ; • il draine à lui seul 91% du trafic routier ; • il fait jonction avec le réseau ferré et fluvial ; • il dessert toutes les zones à fortes potentialités économiques et de densité de population ; • il comprend les principales voies d’intégration régionale. De ce réseau prioritaire, il a été extrait un réseau ultra-prioritaire de 15.836 km à rouvrir d’urgence pour contribuer à la réunification et à la relance économique du pays. Tiré de : www.celluleinfra.org

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L’ACGT MATÉRIALISE LA MODERNISATION DES VOIES D’ACCÈS À LA VILLE DE KINSHASA

Pont N’djili à Kinshasa

C

’est dans cette perspective que l’Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT), a lancé des travaux sur la Route de Matadi, dans la partie ouest de Kinshasa. Inscrits dans le cadre du projet de reconstruction et de modernisation des voies d’accès à la ville, ces travaux consistent à transformer complètement le tronçon compris entre l’UPN (Université Pédagogique Nationale) dans la commune de Ngaliema et le quartier Mitendi dans la même commune de Mont-Ngafula. Longue de 17

Pont Banunu Viaduc à Kinshasa

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Km, cette tranche de la route est en train d’être dotée de 2X2 voies de circulation, étalées sur une plate forme d’une largeur d’environ 16,5m. Financés par le contrat de concession Kinshasa-Matadi, ces travaux comprennent deux lots, dont le premier, compris entre l’avenue Masikita à l’UPN et le quartier Matadi-Mayo, est en cours d’exécution. Le contrat de concession qui contribue au financement de ces travaux a été signé pour une durée de 11 ans. A l’autre bout de la ville, les travaux de reconstruction et de modernisation du Boulevard Lumumba, sur son tronçon compris entre l’échangeur de Limete et l’aéroport de N’djili, continuent sans désemparer. Les ingénieurs de l’ACGT supervisent encore les tâches qui restent essentiellement focalisées sur le pont Matete, principale voie d’accès à la partie est de Kinshasa. Selon les explications du Directeur Général de l’ACGT, le pont Matete a vocation de fluidifier le trafic entre le centre-ville et l’aéroport international de N’djili.

Travaux d’élargissement de la route Matadi (UPN) des travaux a été respecté du point de vue de la chaussée qui a été complètement achevée. Celle-ci était non seulement élargie pour en faire huit voies à raison de quatre par sens (aller-retour) mais, aussi et surtout, renforcée en ses différentes couches, de la fondation à celle roulement. Propriétés dont devaient être également doté chaque pont. Hormis, les impondérables naturels, per-

son tronçon compris entre l’échangeur de Limete et l’aéroport international de N’djili, la tâche s’était avérée beaucoup plus ardue au niveau de la rivière N’djili, bien avant d’aborder le très complexe pont Matete. Le pont N’djili ayant été achevé au seuil de la commémoration de l’indépendance de la RDC, le cap a été redirigé sur d’autre fronts. Il s’est agit notamment

Maquette de ce que va devenir la route de Matadi au niveau de l’UPN

Dans l’entretemps, l’ACGT a réussi à relever le grand défi que son Directeur général avait lancé au premier trimestre de l’année 2013. « Le boulevard Lumumba sera carrossable à 90% en décembre », avait rassuré Charles-Médard Ilunga, lors d’une descente sur terrain. Le timing

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sonne ou rien, même pas la disponibilité de financement ne pouvait entamer le respect du timing des travaux. Le rouleau d’étranglement étant resté au niveau des ponts que ses ingénieurs et ouvriers se sont mis à liquider l’un après l’autre. De tous les 5 que compte le boulevard, dans

d’autres ponts tels que Okapi, Mokali et Sanga, avant d’attaquer Matete en dernier lieu. Dans l’entretemps, la couche de fondation a été renforcée sur 3Km de route comprise entre l’aéroport de N’djili et le pont Okapi, à la hauteur de l’Hôpital Biamba Marie Mutombo.

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Les défis du Gouvernement Parmi les grands défis du développement, la RDC lutte pour l’amélioration de son réseau routier pour l’intégration économique du pays. Le Gouvernement a fait de l’amélioration du vaste réseau national des routes la priorité des priorités. Dans ce vaste réseau, long de 58.129 km, le ministère de l’Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction, a ciblé un réseau ultra-prioritaire, long de 16.000 km, pour relier les chefs-lieux des provinces et des districts.

nouvel ouvrage à l’entrée de la ville de Kolwezi. Le pont Lualaba, long de 710 m, a été achevé en fin d’année 2013. Avec deux voies de circulation et une capacité de 100 tonnes, le Lualaba devient le plus long pont du pays après le Pont Maréchal à Matadi.

Pont Lualaba au Katanga

LONGUEUR DU RÉSEAU Réseau routier dans son ensemble

152.400 km

Routes d’intérêt général

58.129 km

ÉTAT BON ET MOYEN

16.255 km Office des Routes (Etat du réseau-Juin 2013)

Beaucoup reste encore à faire, mais Route d’intérêt local et 86.881 km pour l’heure, les réalisations du Gou- de desserte agricole vernement dans le domaine des infra7.400 km structures force l’admiration des obser- Voiries urbaines vateurs. A ce jour, 7.550 km de routes, soit la moitié du réseau ultra prioritaire, ont été réhabilités sur l’ensemble du La réhabilitation ne concerne pas seulepays avec 1.567 km de routes comment les routes d’intérêt général. Il faut plètement revêtues. Dans le lot, il faut aussi s’occuper de la voirie urbaine. Le compter 1.372 km des routes jadis Gouvernement a réalisé, depuis 2011, revêtues mais totalement dégradées un total de 25,95 km de routes urbaines (Kinshasa – Kikwit, Kinshasa – Matadi, réhabilitées. Plusieurs villes ont connu Kasumbalesa – Lubumbashi, Lubumle vent de la modernisation de leurs inbashi – Likasi – Kolwezi et Bukavu – frastructures routières. En tête d’affiche, Kavumu), 195 km des routes nouvelleKinshasa a vu sa voirie se vêtir de sa plus ment construites sur les tronçons Beni belle robe. – Luna (60 km) et Lubumbashi – Kasomeno (135 km). En perspectives, dans vingt à trente ans, le Gouvernement envisage d’atteindre La réhabilitation et la construction globalement 7.500 km de routes revêdes routes sur le vaste territoire de la tues, soit 4500 km additionnels aux 3.000 RDC imposent aussi la construction km existant en vue d’améliorer la qualité des ponts sur les nombreuses rivières du réseau routier. Ce qui permettra aux qui arrosent ses forêts et savanes. C’est petites et moyennes entreprises de planiainsi que le Gouvernement compte, en fier leurs investissements conséquemplus des ponts Loange (440 m), reliant ment et assurer des économies substanle Bandundu au Kasaï Occidental, et tielles. Mpozo (200 m) à l’entrée de Matadi, un CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 143

GESTIONNAIRE

9.000 km Direction des Voies de Desserte Agricole (DVDA) 500 km Office des Voiries et Drainage (OVD)

Voirie de Kisangani

Route Kasomeno-Kambu

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DEVELOPPEMENT

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BCPSC : UN PARTENAIRE PRIVILÉGIÉ POUR LA RÉNOVATION DES AÉROPORTS

Séance de travail entre le Coordonnateur du BCPSC, la RVA et Sino-hydro

L

’année 2013 était aussi celle de la réhabilitation et modernisation des aéroports dans le but de les rendre conformes aux normes internationales en matière d’aviation. Pour un coût total de financement estimé à 150 millions Usd disponibilisés par la Banque Africaine de Développement (BAD), ce projet a facilité la réhabilitation et la modernisation des aéroports internationaux de Luano à Lubumbashi et de Kisangani en Province Orientale. La réhabilitation et la modernisation de N’djili ont pris un peu plus de temps à cause de la complexité des travaux qui continuent d’y être réalisés. Il s’agit de la construction de la nouvelle tour de contrôle, de la nouvelle piste d’atterrissage, du nouveau tarmac et de la nouvelle aérogare modulaire internationale.

l’entrée, autant il est en train de l’être au niveau des infrastructures qui devront abriter son administration. C’est ce qui justifie le projet de dotation du Gouvernement d’un immeuble moderne appelé à abriter les cabinets ministériels et leurs administrations. Érigé à la place Rayal sur le Boulevard du 30 juin sur une superficie totale bâtie de 23.329,35 m2, ce bâtiment moderne de onze étages comprendra plusieurs compartiments : un sous-sol où seront logés les services techniques ; un rez-de-chaussée qui abritera les services de protocole et de sécurité, une agence bancaire et un restaurant ; une mezzanine qui accueillera les salles de conférences et de formation. Huit étages seront réservés aux cabinets ministériels et leurs administrations respectives. Sans oublier qu’il sera aussi doté d’une toiture-terrasse sur laquelle sera aménagé un héliport.

Visite du Chef de l’Etat à l’aéroport de N’djili pendant les travaux de réhabilitation

Le coût total des travaux, hors taxe, est évalué à 24 milliards, 200 millions de Francs congolais financés par le Gouvernement.

Autant l’image du pays a été soignée à

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OFFICE DES ROUTES : UNE OMNIPRÉSENCE A TRAVERS LE CONGO L’ouverture de la route Gungu-Kahemba ( frontière avec l’Angola)

La Route Gungu-Kahemba

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ans son champ d’action, l’Office des Routes s’est montrée omniprésente sur l’ensemble du territoire national au courant de l’année 2013. Exécutée à bon escient, la mission de cette entreprise lui a permis de construire et/ou réhabiliter des routes, ponts et bacs à la grande satisfaction des bénéficiaires. C’est dans cette optique que son Directeur général, Herman Mutima Sakrini, a, au cours d’une mission économique conduite, fin mai – début juin en Province-Orientale, inspecté les infrastructures routières et bacs de cette province. Les axes routiers Kisangani – Yangambi, jusqu’au PK 61 à Lutuli ; Kisangani – Opala, inspectée sur ses 31 premiers Km, et Bunia-Mahagi ont été inspectés. À l’issue de la mission, le constat général était resté presque pareil : l’état des routes était acceptable à cause des travaux de canotage manuel qui y étaient fréquemment effectués, excepté les ponts qui nécessitaient d’être remplacés ou renforcés.

L’étape de la province du Maniema consistait à suivre l’état d’avancement des travaux de réhabilitation de la Route nationale numéro 31, sur les axes KinduKasongo et Kindu-Kailo-Punia. Il y était aussi question d’évaluer la mise en œuvre des recommandations formulées lors de la mission du mois de janvier, avant d’accélérer le montage du nouveau concasseur, acquis par la province. La délégation que conduisait le DGA Mututi arrivait au Maniema au moment où la population du territoire de Kabambare venait d’être plongée dans une profonde tristesse suite à l’effondrement du pont Lulindi, jeté sur la rivière du même nom. C’est un nouveau défi qui s’était pointé sur le chemin de l’équipe à qui était aussi commise d’office, cette mission qui consistait à rétablir la liaison entre les provinces du Maniema et du Katanga sur l’axe routier Kasongo – Kilubi – Mazomeno. Engagé par le Gouvernement central, l’Office des routes va évaluer les besoins CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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et prendre en charge les travaux de réhabilitation. Ce qui a était fait avec toute la promptitude qu’on en attendait. Entre autres travaux, un nouveau pont a été jeté sur la rivière Lulindi. De l’est à l’ouest du pays, les œuvres de l’Office des routes avaient permis aux populations de renouer leurs relations à travers des échanges culturels et commerciaux. 14 années entières après sa destruction, le pont Mfulezi qui relie la RDC à l’Angola par sa province d’Uige, au niveau du village de Kimpangu, a été remis en service. L’Office des routes avait aussi réhabilité le bac Bulungu pour faciliter la traversée au niveau de la ville de Bulungu dans la province du Bandundu. Bien d’autres travaux ont été réalisés pour la construction, la réhabilitation et la modernisation des infrastructures durant l’année 2013. Il reste, bien entendu, bien de travaux à réaliser, mais l’essentiel, à ce jour, est que le Gouvernement, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, a fait montre d’une réelle volonté de relever le Congo.

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L’OVD TERMINE 2013 SUR LES CHANTIERS L’Office des Voiries et Drainage (OVD) a entrepris plusieurs visites d’inspection en cette fin d’année 2013. Son objectif consistait à vérifier l’adéquation entre les travaux réalisés sur terrain, les prévisions et les attentes. C’est ainsi qu’en date du 28 septembre, André Kimbuta Yango, Gouverneur de la ville de Kinshasa, et Benjamin Wenga, Directeur Général intérimaire de l’OVD, se sont rendus sur terrain pour se rendre compte de l’évolution de certains projets initiés.

Construction d’un dalot sur l’avenue de l’école, à Macampagne

L

a visite débute par la commune de Barumbu. Sur l’avenue Belgika, un pavé a été construit à l’aide des sachets fondus et mélangés au sable. Cette pâte a été ensuite placée dans des moules avant d’être exposée au soleil pour séchage. Une technique en expérimentation dont l’observation va prendre six mois avant qu’elle soit étendue sur d’autres sites. L’équipe se rendra ensuite sur l’avenue des Huileries au niveau du camp Lufungula où s’exécutaient les travaux de construction d’une traversée pour faciliter l’écoulement des eaux dans la rivière Gombe. Ce sont des dalles de 450 kg qui y sont coulées. Cet ouvrage a rendu le trafic routier fluide sur ce tronçon. Aujourd’hui, les eaux qui stagnaient et bloquaient la circulation au croisement des avenues des Huileries et Kato, se déversent aisément dans cette rivière qui côtoie le camp Lufungula. Un autre site visité, c’est le rond-point Socimat dans la commune de la Gombe. Au terminus de l’avenue de la Justice, à son croisement avec le Boulevard du 30 juin, l’OVD effectue des travaux de renforcement de la route pour la rendre car-

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Inspection des travaux de réhabilitation du dalot par le Ministre des ITPR

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rossable afin de congestionner le Boulevard du 30 juin. Ces travaux ont duré 15 jours. La route, naguère parsemée de nids de poule, est aujourd’hui praticable. La délégation se rendra aussi dans la commune de Masina où, sur l’avenue Pelenda, André Kimbuta a procédé à l’inauguration des travaux de construction d’un pont-cadre en béton armé. L’objectif est de désenclaver cette avenue coupée par la rivière Mangu. Le pont a une capacité de 62,5 tonnes. Les travaux devront durer deux mois et demi. Ce geste a suscité l’euphorie de la population du coin. A la même occasion, André Kimbuta va aussi s’enquérir de l’état d’avancement des travaux de construction d’un caniveau devant remédier à la situation déplorable causée par les pluies diluviennes. L’autre étape de la tournée était celle de l’avenue Luambo Makiadi, ex Bokassa. L’OVD s’y est attelé à la construction d’un nouveau pont en remplacement de l’ancien construit en 1954. L’état de délabrement de ce vieux pont de 30 tonnes CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 147

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Réhabilitation des avenues du quartier 7 à N’djili

Réhabilitation de la Boucle de N’djili

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Visite des travaux de l’avenue Gambela par le Gouverneur de la ville et le DG de l’OVD

L’avenue Gambela en pleine réhabilitation (Kasa-Vubu)

provoquait de fortes inondations. Les travaux qu’entreprend l’OVD consistent à construire un autre pont en béton armé de deux voies avec des trottoirs et des garde-fous d’une capacité de 81 tonnes. La visite se clôturera sur l’avenue de la Libération, ex 24 novembre, au niveau de Moulaert dans la commune de Bandalungwa. Ici, la traversée hydraulique, vieillissante, jetée sur la rivière Basoko depuis 1950, a été à l’origine de plusieurs accidents de circulation. L’OVD, en collaboration avec l’entreprise chinoise CREC-8, s’est déployé pour la construction d’un pont cadre en béton armé d’une capacité de 62,5 tonnes tout en respectant le gabarit de la chaussée. Ces travaux ont pris fin, comme prévu, le 21 d’octobre 2013. L’occasion était donnée au Gouverneur de la ville d’exprimer sa satisfaction au regard du travail abattu par l’OVD. Il a ainsi salué les efforts consentis par l’équipe dirigeante de cet office qui, selon lui, est déterminée à matérialiser la Révolution de la modernité, vision du Chef de l’Etat. Jolie ILONGA CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 149

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L’OEBK installe des caméras de surveillance sur le pont Maréchal Nsimba Modero, DG de l’OEBK

Le Pont Maréchal dans le à Matadi

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epuis le 25 décembre 2013, le pont Maréchal à Matadi à connu un regain de modernité avec la mise en service d’un système de vidéosurveillance. L’Organisation pour l’Equipement Banana-Kinshasa (OEBK), entreprise qui gère ce pont, y a, en effet, installé 21 caméras de surveillance pour observer l’activité sur ce site stratégique. Installées par des ingénieurs serbes pour un coût total de 249.000 euros, ces caméras vont également aider à lutter contre la fraude aux postes de péage situés aux deux extrémités de ce pont. Modero Nsimba, Directeur Général de l’OEBK s’est dit satisfait de cette acquisition qui permettra d’envoyer, nuit et jour, des images à un poste de contrôle installé au siège de l’entreprise à Matadi. Cette acquisition se réalise en cette période où Modero Nsimba s’apprête à lancer les travaux d’entretien de ce pont vieux aujourd’hui de 31 ans. Construit en 1983 grâce à la coopération japonaise, le pont Maréchal mesure 722 mètres et génère des recettes importantes pour le trésor public depuis l’installation des barrières électroniques. Sa modernisation devrait se poursuivre avec l’installation des

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Les caméras de surveillance posées sur le pont Maréchal

Le DG de l’OEBK explique le fonctionnement de la vidéo-surveillance

pesées qui vont, à coup sûr, permettre d’accroître encore les recettes. l’OEBK est un service technique de l’Etat placé sous la tutelle du ministère des Transports. Elle a comme mission de gérer le corridor des ports de la RDC, en l’occurrence le corridor de la zone portuaire à partir de Banana, Moanda jusqu’à Matadi. Son nouveau comité de gestion, dirigé par Modero Nsimba Matondo, a été installé en mai 2013 et se distingue par un dynamisme apprécié par les observateurs. Symboli KISUBI CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 151

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TABU LEY

Le roi de la Rumba s’en est allé Le monde culturel congolais a enregistré, en 2013, une page noire bien particulière avec le décès d’un grand nom de la musique congolaise. Pascal Tabu Ley, dit également Rochereau, s’est éteint le 30 novembre 2013 à l’âge de 73 ans, après près de cinq ans de maladie. Né Pascal Emmanuel Sinamoyi Tabu, en territoire de Bagata dans la province du Bandundu, le Seigneur Rochereau était l’un des derniers survivants de la génération des pères fondateurs de la rumba congolaise en fin des années 50. La nouvelle de sa mort a soulevé un grand émoi et un élan de reconnaissance de la grandeur de l’homme et de son œuvre, non seulement en RDC, mais aussi en Afrique et ailleurs dans le monde.

T

abu Ley laisse derrière lui un impressionnant répertoire de chansons à succès que l’on évalue à pas moins de 3.000 pour une carrière débutée dès le bas âge. Parti avec ses parents du Kwilu où il est né le 13 novembre 1940 pour s’installer à Léopoldville (Kinshasa où il fera toute sa carrière), Tabu Ley a commencé à chanter à la chorale de son école à l’âge de 10 ans. A 14 ans, il interprète magistralement une chanson de Grand Kallé à l’occasion de la fête de

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l’école. Un an plus tard, il réédite l’exploit à l’inauguration du stade Roi Baudouin, cette fois avec une composition personnelle. Cette prouesse le rapprocha alors de son idôle Kabasele, dit Kallé Jeff, son aîné de 10 ans, pour qui il commence à écrire des chansons. En 1959, Kabasele finit par l’intégrer dans son groupe African Jazz. Bien avant cela, il participe, en 1956 à des enregistrements avec Grand Kallé.

Il a alors 16 ans. C’est donc fier de ses prestations que Kallé a fini par l’engager. Très vite, il récolte un franc succès avec ses premières chansons et prend alors le nom de Rochereau, de l’ancien Gouverneur de Belfort, Pierre Philippe Denfert-Rochereau. Ce nom lui était déjà collé par ses collègues de classe à sa réponse à une question d’histoire à laquelle il avait été le seul à répondre.

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De l’African Jazz à l’African Fiesta National En 1963, l’auteur-compositeur de ‘’Mokolo na kokufa’’ quitte Joseph Kabasele et rejoint Jazz Africain en novembre 1960 avant de créer, en 1965, African Fiesta Flash. Rochereau va composer, entre 1964 et 1968, près de 200 chansons, et son succès traverse déjà fleuves, mers et océans. L’orchestre se rend, en effet, à Brazzaville puis à Montréal à l’occasion de l’exposition universelle de 1967. En 1969, il recrute des danseurs et danseuses, qu’il va baptiser les « rocherettes », pour son spectacle de l’Olympia l’année suivante. Tabu Ley a ainsi été le premier artiste musicien africain à se produire dans cette salle célèbre de la capitale française. Déjà en ce moment, Pascal Tabu révolutionne la rumba et la musique congolaise en général en introduisant la batterie. A ce sujet, le chanteur pianiste Ray Lema fait un poignant témoignage lorsqu’il dit : « Tabu Ley, c’est le Congolais qui nous a mis le plus de mélodies dans Hommage de Tabu Ley à Bruxelles

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la tête ». C’est Ray Lema qui l’a accompagné au Festac 77, le deuxième festival des arts et de la culture négro-africains à Lagos en 1977. Plus tard, il reprendra l’un de ses anciens succès, Africa Mokili Mobimba. Franco Luambo Makiadi, mort en 1989, et Tabu Ley sont les pères de la musique congolaise moderne, affirme encore Ray Lema. Pour nous, Tabu Ley représentait la rumba mélodique et Franco, la rumba groove. » Très inspiré par la pop music et le rythm and blues des années 60 – 70, Rochereau adopte le look du moment fait de pantalons dits « pattes d’éléphant » et de coiffure afro. Bien que chantant en solo, Il a eu des duos avec d’autres chanteurs qui l’accompagnaient avec des chansons comme «Permission» et «Rendez-vous chez là-bas» avec Mujos, « Souza» et

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«Maguy» avec Sam Mangwana, «Ki makango mpe libala», et «Gipsy» avec Pepe Ndombe. De l’Afrisa national à l’Afrisa International Lorsqu’au courant des mêmes années 70, feu le Président Mobutu rebaptise le pays et impose la révolution culturelle, avec exigence du recours à l’authenticité, les Zaïrois de l’époque devaient porter un nom de sa culture. Rochereau se fait alors appeler Tabu Ley et change à la même époque le nom de son groupe qui devient « Afrisa International ». Après une brouille avec le Maréchal Mobutu, l’artiste s’exile aux Etats-Unis puis en Belgique. « J’ai toujours été en controverse avec lui. Moi j’étais républicain, eux, ils étaient conservateurs. On ne s’entendait pas vraiment. J’étais d’inspiration lumumbiste, du coté de ceux que l’on prenait à tort pour

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des communistes… », disait le chanteur en 2003. Pendant ce temps, il poursuit une carrière aussi intense que riche. Tabu Ley récolte des trophées et des disques d’or en grand nombre. En 1983, il se réconcilie avec son rival de tout les temps, Franco Luambo,

avec qui il produit un album contenant des titres comme « Lisanga Ya Ba Nganga », « Ngungi » et « Lettre à Mr le Directeur général ». Tabu Ley a composé plus de 3.000 chansons et vendu plusieurs milliers de disques en 46 ans de carrière. Parmi ses

à l’Athénée de Kalina (l’actuel Institut de la Gombe).

compositions nous retrouvons la thématique de l’amour de la patrie, notamment dans des chansons comme « Congo lelo » et « Congo avenir ». Quatre de ses fils vivent la passion de leur père et modèle dans le milieu de la musique comme chanteurs-compositeurs. C’est le cas de Péguy Tabu, Abel Tabu, Philémon Tabu et Youssoupha Tabu.

Administratif, puis politicien Artiste de renom, Tabu Ley a pourtant débuté sa carrière professionnelle dans l’administration avant d’embrasser la politique. En 1959, il rejoint l’éducation nationale et entame alors une carrière de fonctionnaire, d’abord comme secrétaire administratif au Fonds du Bien-être indigène puis en tant que responsable administratif et financier CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014 Congo panorama 9-impression.indd 155

En 1990, pendant son exil, il effectue des études aux USA et décroche un graduat en philosophie politique en 1996 pendant qu’éclate la guerre contre Mobutu. A la chute de ce dernier, il regagne le pays et s’engage alors dans une carrière politique qu’il cumule avec la musique. Il va alors devenir tour à tour député à l’Assemblée consultative et législative de la transition, vice-gouverneur de la ville de Kinshasa, puis Ministre provincial de la culture toujours à Kinshasa. En 2012, à 72 ans d’âge, Pascal Sinamoyi Tabu avait été décoré de deux médailles dont l’une de mérite civique et l’autre des arts, sciences et lettres. L’homme est alors rongé par la maladie qui va l’emporter une année plus tard. Il avait été foudroyé par un accident vasculaire cérébral et depuis, l’artiste ne s’est plus jamais rétabli. La Nation lui a été reconnaissante pour son œuvre musicale qui marquera à jamais la culture congolaise. Les obsèques d’Etat, qui lui ont été réservées sur décision du Président de le République, sont un témoignage de cette reconnaissance. Giscard Havril et Jolie Ilonga

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CULTURE

Académie des Beaux arts : 70 ans au service du beau L’Académie des Beaux Arts de Kinshasa (ABA) a célébré, en novembre 2013, 70 ans d’existence. Toute une semaine culturelle a été organisée pour cet événement. Débutées le 10 novembre 2013, les festivités marquant ces 70 ans d’existence se sont clôturés le vendredi 15 novembre à la grande satisfaction des enseignants, étudiants et amateurs des beaux arts. Le Professeur Kambayi remettant un diplôme de mérite au Dg de l’ABA, Patrick Misasi

P

lusieurs activités ont été organisées pour célébrer cet événement. Le vernissage de l’exposition organisée à cet effet est intervenu le mercredi 13 novembre devant des visiteurs émerveillés. Ceux-ci n’ont pas manqué d’apprécier l’ingéniosité des filles et fils de la RDC qui se forment à l’ABA, à partir des œuvres exposées. Au lancement de la semaine culturelle, le Directeur Général de l’ABA, Patrick Misasi Kabwiti, a fait un état des lieux succinct

En chemise pagne, Me. Lufwa, auteur du batteur de Tam-tam de la Fikin

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s’appeler depuis lors Académie de Beaux Arts de Kinshasa ».

de cet institut depuis sa création. «2013 marque 70 ans d’existence de l’ABA de Kinshasa, anciennement école Saint-Luc, créée en 1943 à Gombe Matadi par le Révérend Frère Marc Stanislas Wallenda, missionnaire belge de la Congrégation des Frères des Ecoles chrétiennes », lançaitil avant de poursuivre avec l’historique : « Transférée en 1949 à Kinshasa (alors Léopoldville) sur décision des autorités coloniales de l’époque, l’école Saint-Luc changea de dénomination en 1957 pour

Durant son existence, l’ABA a connu plusieurs mutations tant organisationnelles, structurelles, pédagogiques qu’autres. Le DG Misasi a rendu hommage à l’Etat congolais pour le soutien qu’il ne cesse d’apporter à cet institut. «Cet anniversaire n’aurait pas eu lieu sans la paix retrouvée dans le territoire national sous l’impulsion du Commandant Suprême

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CULTURE

des Forces Armées de la RDC à qui nous rendons hommage ». De même, il a rendu un hommage posthume au Révérend Marc Stanilas Wallenda qui a fondé cette école à vocation régionale et unique en son genre. Patrick Misasi a aussi salué la grandeur des anciens de l’ABA, enseignants comme étudiants, qui se distinguent aujourd’hui dans leurs disciplines respectives. Il a cité, entre autres, Lema Kusa, Mavinga, Bamba, André Lufwa et Alfred Liyolo, etc. s’inspirant de leurs apports dans la vie nationale, le DG de l’ABA a noté que « de tout temps, l’œuvre d’art est l’indice par excellence de la culture matérielle d’un peuple ». Son défi d’avenir est « qu’il y ait une œuvre dans chaque bureau et dans chaque maison ». Avant la clôture de la semaine culturelle

célébrant les 70 ans d’existence de l’ABA, une messe a été dite à la cathédrale Notre Dame du Congo pour témoigner la reconnaissance à Dieu qui est le grand artiste de l’univers. Patrick Missasi a, à cette occasion, noté qu’il n’était que normal de rendre grâce et gloire au Très Haut pour ses bienfaits en faveur de l’ABA, ce berceau d’art qui fait la fierté de la RDC et compte parmi les grandes écoles de formation d’arts du continent et du monde. Pour sa part, le Secrétaire Général Académique, Jean-Pierre Nduwa, a relevé que cette messe a permis d’ implorer le pardon de Dieu et solliciter de sa part l’intelligence, le courage et la force pour bien conduire cette œuvre à bon port. Ceci pour souligner qu’en tant que grande école d’art de renommé continentale, l’ABA a le devoir d’entretenir son image sur tous les plans, particulièrement celui de la qualité de sa formation. CONGOPANORAMA - Edition n°009 Janvier - Février 2014

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Intervenant à son tour, le professeur Liyolo Limbe a livré son témoignage personnel en tant que fruit maison et s’est dit fier d’appartenir à la grande famille de l’ABA. Il a relevé aussi qu’en dehors de ceux qui ont été formés par l’ABA, il ne voit pas qui pourrait mieux parler de l’art. Symboli KISUBI

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Yvon RAMAZANI

DIRECTEUR DE PUBLICATION Jonas Eugène KOTA

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