Le vif du congo 39

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Enjeux de l’heure

Election présidentielle

Le PPRD inaugure ses Joseph Kabila ne glissera pas en 2016 Pge 3 cafés politiques Pge 7

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VIFCONGO Hebdomadaire, Ed. N°039, du 17 au 22 septembre 2015, Kinshasa - RDC 2000fc, Etranger 2,5USD Editeur JONAS EUGENE KOTA, Tél.: +243998283702, e-mail: levifducongo@gmail.com

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G7: Kabila frappe Olivier Kamitatu et Pierre Lumbi révoqués de leurs fonctions Il leur est reproché d’avoir gravement manqué aux devoirs déontologiques auxquels sont soumis les membres du cabinet du Chef de l’Etat et ceux du Gouvernement, notamment l’obligation de réserve et de discrétion en toutes circonstances. Pge 2

Mobilisation contre le « glissement »

L’opposition a échoué à Sainte Thérèse Pge 5

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son contraire 2

A LA UNE

G 7: Joseph Kabila frappe

Olivier Kamitatu et Pierre Lumbi révoqués de leurs fonctions

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’était prévisible. On ne peut pas se mettre en contradiction avec sa famille politique sans en subir les conséquences ou en tirer soi-même les conclusions qui s’imposent. Les membres du groupe des sept partis de la Majorité qui se sont mis en contradiction avec leur famille politique le vivent aujourd’hui à leurs dépens. En effet, après avoir interpellé le Chef de l’Etat, qui est l’autorité morale de la Majorité Présidentielle, jusqu’au point de le tenir pour responsable des dérapages politiques actuels et des tentatives de glissement tant décrié, les membres du G 7 ont été convoqués mercredi 16 avril au bureau de la MP. Selon nos sources, les échanges se sont terminés en eau de boudin puisque les interpellés ont décidé de claquer la porte. Le Chef de l’Etat en a tiré les conséquences et a signé les ordonnances N° 15/070 du 16 septembre 2015 et 015/069 de la même date portant révocation de Pierre Lumbi et Olivier Kamitatu de leurs fonctions respectives de Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de Sécurité et Ministre du Plan. Selon ces ordonnances, il est reproché à Pierre Lumbi et Olivier Kamitatu d’avoir « gravement manqué aux devoirs déontologiques auxquels sont soumis les membres du cabinet du Chef de l’Etat et du Gouvernement, notamment l’obligation de réserve et de discrétion en toutes circonstances ». Selon des sources concordantes, les sanctions vont suivre à tous les niveaux pour le reste des signataires. Dans son compte-rendu de la réunion du bureau politique de la MP, Lambert Mende a déclaré ce qui suit : « Nous avons siégé avec les auteurs de cette lettre dans l’espoir de pouvoir débattre avec eux du contenu de celle-ci, mais nous avons constaté au cours du débat

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qu’ils se sont eux-mêmes mis en marge de notre famille politique, ils ont même physiquement quitté le lieu de la réunion. Ce qui nous a amenés à la conclusion qu’ils se sont auto exclus de notre famille politique, la majorité présidentielle». Il a souligné que leur départ de la majorité entraine celui de leurs formations politiques, sauf si ceux-ci expriment des points de vue contraires à ceux des signataires de la lettre ouverte.

G7: il était temps de choisir

Pour la seconde fois en une année,

le Groupe des sept partis politiques de la Majorité (« G 7 ») vient de se manifester avec une correspondance adressée au Chef de l’Etat en rapport avec la situation politique de l’heure. Dans leur correspondance adressée au Président de la République le 14 septembre 2015 et dont des copies sont parvenues à la presse le même jour, les signataires en appellent à l’organisation des élections dans les délais constitutionnels pour aboutir à l’alternance politique en République démocratique du Congo. Ils y dénoncent, sans citer leurs auteurs, les « intentions inavouées de

ne pas respecter la Constitution, de décrédibiliser et de désacraliser les institutions sur lesquelles repose tout régime démocratique ». Parlant du cycle électoral qui devrait s’ouvrir en octobre prochain avec les provinciales et qui, selon lui, serait hypothéqué par le dernier arrêt de la Cour Constitutionnelle, les signataires pensent que « chaque jour qui passe apporte plus de confusion que de clarté ». Se vouant plus concrets, ils affirment qu’ »il est par exemple difficilement compréhensible qu’au moment où la CENI et le Président

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Edito Le bal des chauves

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al des chauves. Jusquelà on croyait cette pratique d’auto-exclusion exclusive à l’opposition, plus précisément à l’UDPS. Des leaders de la Majorité au pouvoir s’y adonnent aussi. C’est, en tous cas, ce qu’a constaté le bureau de la majorité hier mercredi au cours d’une réunion convoquée d’urgence pour examiner la situation consécutive à la lettre ouverte du « G 7 » au Président de la République et Autorité Morale de la Majorité Présidentielle. Les sept signataires de ladite lettre ont même claqué la porte, confirmant ainsi les conclusions que tout le monde tirait déjà de leur récidive après leur première « incartade » du mois de mars dernier. Nous sommes carrément face à une situation ubuesque où, selon leurs calculs, les sociétaires du « G 7 » ont déjà le cœur ailleurs, mais cherchent à mettre le feu à la case qui les a abrités jusque-là. On ne peut, en effet, analyser autrement cette démarche qui est allé jusqu’à l’affront de Joseph Kabila qui a littéralement pris connaissance de la lettre lui adressée au même moment que l’opinion publique. Assurément, s’il faut parler d’une attitude « suicidaire », c’est par là qu’il faut aller voir. Tout, en effet, dans la démarche et les propos de Kamitatu, Lutundula et autres indique qu’ils n’avaient plus le cœur à l’ouvrage et qu’ils voulaient jouer à la victimisation pour se positionner facilement de l’autre côté de la rue et attendre « sereinement » le prochain régime. Seulement il faut se demander si le peuple congolais est prêt à cautionner ce genre d’opportunisme qui trahit l’égocentrisme de leur auteur trop intéressé à leurs propres intérêts. Demain les urnes parleront… Jonas Eugène KOTA

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POLITIQUE Kabila reconnaissent la pertinence de l’enrôlement de nouveaux majeurs, le Parlement soit amené à adopter d’une façon particulière la loi portant répartition des sièges aux élections municipales et locales ». Et de poursuivre en affirmant que la gravité de la situation et les risques qu’il fait peser sur l’avenir de la RDC appellent des initiatives courageuses de la part du Président Kabila et de la Majorité Présidentielle. « Il semble fondamental de garantir le respect absolu de la constitution », recommande le G7 en termes d’initiative. Sans cela, ils se disent convaincus que le dialogue politique en, perspective « sera voué à l’échec s’il n’est pas assis sur une volonté ferme de tous d’affirmer l’intangibilité de notre constitution ». Quant à l’obstacle financier qui se dresse sur l’ensemble du processus électoral, le G 7 exprime «l’ardente obligation de

se limiter à l’organisation des élections présidentielle, législatives, sénatoriales et provinciales sur base d’un fichier révisé».

Les récidivistes

Ce n’est donc pas pour la première fois que ce groupe au sein de la Majorité s’exprime ainsi. En mars dernier, leur initiative avait provoqué des remous dans la famille politique au point que l’Autorité Morale avait dû intervenir personnellement pour calmer les esprits. Cette fois, il semble que le G 7 est allé loin dans sa démarche. D’une part, en effet, le fait de rendre publique une lettre adressée au Chef de l’Etat et de la rendre publique à la même date ne peut se lire autrement que comme un affront contre sa personne. Le G 7 n’a même pas attendu un débat interne, comme en mars dernier, avant de faire des déclarations publiques. D’autre part, le contenu même et la formulation de leurs propos donnent

à penser qu’ils rendent clairement et officiellement le Chef de l’Etat et sa famille politique responsables de ce qu’ils déplorent, mais aussi des conséquences qui pourraient en découler. En un mot comme en mille, l’on n’exagèrerait pas en affirmant que le G 7 s’est désolidarisé de Joseph Kabila. En tous cas, les Olivier Kamitatu, Christophe Lutundula, Kyungu et autres Mwando Simba semblent n’avoir plus le cœur à l’ouvrage, mais n’ont pas le courage de se déterminer clairement. A moins que, comme les politiciens nous y ont habitués, ils cherchent des « représailles » contre eux pour jouer à la victimisation. Le stratagème est souvent de prédilection pour tous ceux qui ont décidé de changer de camp afin de se positionner de l’autre côté de la rue. Jonas Eugène Kota

Election présidentielle

Joseph Kabila ne glissera pas en 2016

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a classe politique congolaise est tombée dans le piège du mauvais usage des mots. Depuis peu, les termes « glisser » et « glissement » sont entrés dans le vocabulaire actif des politiques sans qu’ils ne songent trop aux implications et allusions de ces mots. A s’en tenir à l’approche ou à la logique des opposants, ces termes se réfèrent au prolongement du mandat actuel de Joseph Kabila ou à sa présence au pouvoir au-delà de la fin de son mandat en cours. Les commérages développés autour des connotations de ces mots font fi de la globalité des dispositions constitutionnelles. Quand bien même, la plénitude de la vérité à ce sujet ne pourrait être obtenue que si l’on considère toutes les dispositions constitutionnelles qui abordent cette question.

Article 73 de la Constitution

« Le scrutin pour l’élection du Président

de la République est convoqué par la Commission Electorale Nationale Indépendante quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du Président en exercice. » Cet

article suppose que tous les moyens concourant à cette convocation sont réunis. Tout comme aussi qu’un cas de force majeure ou une quelconque contingence négative, comme la

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POLITIQUE survenue d’une guerre, peut intervenir et influer sur sa matérialisation. Si donc toutes les conditions sont réunies et que le temps le permet, c’est, d’après l’article 73, que le scrutin pour l’élection du Président de la République peut être convoqué. Il se trouve, cependant, que l’article 73 n’est pas le seul à aborder la question de succession à la magistrature suprême. Une autre disposition constitutionnelle, non moins négligeable, apporte une exigence additionnelle. Il s’agit du deuxième alinéa de l’article 70 de la Constitution.

Article 70, al 2

« A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu. » La compréhension du deuxième alinéa ne requiert pas des connaissances particulières en droit constitutionnel ni l’appartenance à la Cour Constitutionnelle. Le mandat va toucher à sa fin le moment venu. Mais à la fin de son mandat, tant que le successeur ne sera pas élu ou trouvé, le Président sortant reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu. Si l’on clame et que l’on s’en tient au respect de la Constitution, l’on doit, le cas échéant, appliquer le deuxième alinéa du soixante-dixième article de la Constitution. La présence de cet alinéa dans l’article 70 de la Constitution n’est l’œuvre ni de Joseph Kabila, ni de sa majorité. Ce qui est rassurant sur le point du procès en

inconstitutionnalité que préparent les opposants contre Joseph Kabila au cas où, après la fin de 2016, il serait encore à la tête de la RDC.

Evocations sémantiques

« Glisser » ou « glissement » supposent une entrée par effraction dans un endroit où l’on est empêché d’entrer. La réalité est pourtant telle qu’on ne peut, dans le cas présent, utiliser ces termes. Glisser ou glissement supposeraient aussi un allongement. Il n’en est pas question pour le cas d’espèce, car la Constitution est claire et formelle làdessus. En effet, le mandat est fini mais puisque le successeur n’est pas encore élu, le président sortant reste encore en fonction. Il n’est pas non plus question de rendre le mandat élastique, car la Constitution ne consacre pas ce terme. Elle dit : « A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu. » Ainsi donc, si la présence de Joseph Kabila à la magistrature suprême se proroge du fait que son successeur ne sera pas encore élu, on ne sera pas en présence d’un exercice illégitime ou anticonstitutionnel du pouvoir. Ceux qui ne jurent que par le départ de Joseph Kabila de la présidence devraient considérer cet aspect de l’analyse de la question, mais aussi au sens plein de la démocratie et œuvrer dans la direction de la tenue effective de toutes les élections afin que rien ne bouscule l’échéance constitutionnelle tracée par la Constitution. Il n’est ni démocratique, ni constitutionnelle de ne privilégier que la présidentielle et

les législatives. Du reste, la démocratie s’exerçant par le peuple et au profit du peuple, l’on devrait privilégier les élections des dirigeants à la base. La Constitution légalise toutes les élections prévues dans le vécu effectif de la démocratie et pour la bonne gérance du Congo. On ne parlerait pas d’autres élections dans la loi électorale si la Constitution n’en a pas parlé, même si, expressément, leur chronogramme n’y a pas été déterminé. Ce qui n’est pas non plus une raison de les postposer suivant les intérêts des acteurs politiques au risque d’ouvrir le débat sur les vraies intentions des gens qui ne s’en tiennent qu’aux législatives et à la présidentielle. C’est un secret de polichinelle que ceux qui s’activent à contrôler la RDC ne s’intéressent qu’aux institutions grâce au contrôle desquelles ils ont la facilité de la soumettre à leurs visées. De là à nous interroger sur les liens entre les opposants congolais et les étrangers qui imposent des diktats à la RDC sur cette question précise. S’empressent-ils de mettre à la tête de la RDC quelqu’un qu’ils vont bien contrôler pour leurs intérêts et non ceux du peuple congolais ? C’est déjà connu que l’indépendance d’esprit de Joseph Kabila importune des capitales occidentales. Celles-ci lui en veulent d’avoir adopté les Brics et de s’être tourné vers les Chinois alors que les Chinois accordent des crédits à des taux préférentiels et n’imposent pas de conditionnalité pour l’octroi de ces crédits. Un exemple classique est celui du cas du

barrage Inga III pour lequel les lobbies américains s’étaient mis en branle pour empêcher Washington de financer la construction d’un tel barrage en RDC. Alors qu’à la dernière visite de Joseph Kabila en Chine, après la visite du plus puissant barrage hydroélectique du monde, le barrage de Trois Gorges, les Chinois ont manifesté leur désir d’aider la RDC à construire Inga III, voire le Grand Inga qui produirait une puissance deux fois plus que celle de leur centrale, assurant à la RDC de disposer aussi bien de la technologie que du financement. Ce qui relance la question de qui veut réellement aider la RDC à arriver à l’émergence et qui, de façon subtile, s’active à bloquer cette émergence, s’employant à maintenir la RDC dans une situation de dépendance pathologique à l’endroit des bailleurs de fonds classiques. S’il arrive donc que la présence de Joseph Kabila à la magistrature suprême se proroge un tant soit peu, ce ne sera pas un glissement, mais ça le sera en vertu de l’application pure et simple du deuxième alinéa de l’article 70 de la Constitution. Une telle présence au pouvoir ne sera pas « prendre le pouvoir par la force », ni « l’exercer en violation des dispositions de la présente (actuelle) Constitution ». Ce qui prive ceux qui tordent le sens de l’article 64 de tout prétexte pour amener quelque chaos dans le pays de Lumumba. Yvon RAMAZANI (Tiré de congovirtuel.info)

Processus électoral Comment l’ONU avait préparé le chaos en RDC

L

’acharnement dont font montre l’opposition et des officines occidentales sur le respect des délais constitutionnels et leur préférence des législatives et de la présidentielle a fini par susciter des interrogations auprès des observateurs avertis. Ces interrogations étaient basées sur les contradictions qu’il y a entre ces prises de position et la réalité constitutionnelle telle que consignée dans la Loi Fondamentale. D’interrogations en recherche, on

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en est arrivé à découvrir la source qui n’est autre que la résolution 2011

adoptée par le Conseil de sécurité à sa 7415 ème séance le 26 mars 2015. En

effet, en son point 20, cette résolution stipule ce qui suit : « Se félicite de la promulgation de la loi électorale et de la publication, par la Commission électorale nationale indépendante, d’un calendrier complet couvrant la totalité du cycle électoral, et demande au Gouvernement de la RDC d’élaborer rapidement un budget et un code de conduite pour les élections et d’actualiser les listes électorales en toute régularité afin que les élections puissent se tenir dans les temps, en particulier la présidentielle et les législatives de novembre 2016

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POLITIQUE prévues par la Constitution et le calendrier électoral, dans le respect de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, et invite toutes les parties prenantes à engager un dialogue politique ouvert sur les préparatifs des élections à venir, conformément à la Constitution. La lecture de ce passage permet ainsi de relever la confusion partie de ce point et qui fonde aujourd’hui l’engagement de la communauté internationale et se déteint, pour des raisons évidentes, sur la position de certains opposants. La première confusion est le fait, pour le Conseil de Sécurité, de se féliciter de la publication du calendrier électoral, d’un côté, et, de l’autre, d’exiger l’organisation seulement des législatives et de la présidentielle. La seconde confusion, et le plus grave d’ailleurs, est de chercher à faire privilégier les élections législatives et présidentielle au motif que ce sont elles qui sont prévues par la Constitution. Pour preuve, le second alinéa de

l’article 103 de la Constitution relatif à l’élection des députés nationaux stipule que « le mandat de député national commence à la validation des pouvoirs par l’Assemblée Nationale et expire à l’installation de la nouvelle Assemblée ». Il s’agit bien d’une disposition constitutionnelle. Cette disposition est reprise à l’article 105, alinéa 2, de la Constitution pour ce qui concerne les Sénateurs. D’ailleurs, élus depuis 2006, ceux-ci demeurent en fonction jusqu’à ce jour pour cette même raison. Par ailleurs, les dispositions de l’article 103 de la Constitution s’appliquent, mutatis mutandis, aux Députés provinciaux qui, eux, élisent les Gouverneurs de provinces dont les mandats sont liés à ceux des députés provinciaux. Quant aux élections locales, il faut aller chercher leur fondement constitutionnel à l’article 196 de la Constitution qui stipule que « les provinces sont organisées

conformément aux principes énoncés à l’article 3 de la présente Constitution. » Et l’alinéa 4 de cet article 3 stipule que « la composition, l’organisation, le fonctionnement de ces entités territoriales décentralisées (Ndlr : la ville, la commune, le secteur et la chefferie) ainsi que leurs rapports avec l’Etat et les provinces sont fixés par une loi organique ». Ce n’est, donc, pas parce que les élections locales ne sont pas évoquées expresis verbis dans la Constitution qu’elles ne sont pas importantes. On comprend, dès lors, l’agitation de tous ceux qui rejettent la loi organique ad hoc qui rend incontournable l’organisation des élections locales. On comprend aussi la levée des boucliers lorsque la CENI avait publié un calendrier électoral global comme l’exigeait pourtant l’opposition qui la rejettera par la suite. En récapitulant ainsi la démarche de la communauté internationale, l’on peut constater que, pour des raisons

qui lui sont propres, le Conseil de Sécurité a commencé par se féliciter de la publication d’un calendrier complet couvrant la totalité du cycle électoral. Mais, au finish, dans la même déclaration, elle en particulier à la présidentielle et aux législatives de novembre 2016 au motif que ce sont elles, et elles seules, qui sont prévues par la Constitution et le calendrier électoral. Cette erreur est-elle le fait de l’ignorance de la Constitution et des textes règlementaires régissant la RDC ou un choix délibéré de nature à provoquer un chaos autour des élections ? Cette question n’est pas dénuée de tout fondement, surtout lorsque l’on constate que cette même communauté internationale ne fournit aucun effort pour ôter au Gouvernement, comme elle le soupçonne, le prétexte financier pour ne pas organiser les élections dans les délais constitutionnels. Jonas Eugène KOTA

Mobilisation contre le « glissement »

L’opposition a échoué à Ste Thérèse une foule importante pour légitimer son combat contre le « glissement » et le dialogue politique pour des élections apaisées. Pendant plus de deux semaines, les leaders de cette plate-forme ont quadrillé la ville pour faire une démonstration de force et montrer à la face du monde la « justesse » de leur combat.

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plus de 20, les partis de la Dynamique de l’opposition ont été incapables de mobiliser plus de 2.000 personnes pour leur meeting annoncé depuis plus de deux semaines. Pire encore, Kamerhe, Fayulu et consorts ont

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abandonné leurs militants face à seulement une dizaine d’assaillants surgis de nulle part et qui ont subi l’extrémisme des manifestants qui ont tué deux personnes, selon un bilan largement partagé. En mobilisant pour un meetingvérité à la place Sainte Thérèse

presque une année jour pour jour après la dernière rencontre au même endroit, qui s’était soldée par l’arrestation de Jean Bertrand Ewanga, Secrétaire Général de l’UNC, la « Dynamique de l’opposition », une plate-forme regroupant une vingtaine de partis de l’opposition radicale, visait un objectif : drainer

Au finish, cependant, c’est un spectacle plutôt fade que les caméras et les objectifs d’appareils photo ont immortalisé : pas plus de 2.000 personnes sur la place Ste Thérèse. Les observateurs les plus sévères parlent de pas plus de 1.000 manifestants. Un petit calcul montrerait, toutes choses restant égales par ailleurs, que chaque parti n’aura mobilisé que 100 personnes. Et 2.000 personnes ce n’est même pas la population de deux avenues d’un quartier seulement de la commune de Ndjili dans ce district de la Tshangu pourtant largement donnée pour acquise à l’opposition. « Ils ont été incapables de mobiliser

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ACTUALITE même le dixième de la population de la célèbre commune populaire de Kimbanseke. En quoi sont-ils leaders ? », s’est interrogé un observateur qui s’est confié à votre journal. « Comment des gens incapables de drainer des foules s’arrogeraient-ils le statut de présidentiable ? », s’est demandé un autre. Cette réalité vient ainsi corroborer le rapport de la plate-forme de la société civile la CASE qui avait révélé, voici quelque quatre mois que 75% des partis politiques ne sont implantés que localement, soit autour du siège du parti, soit dans le quartier d’habitation de leurs Présidents. Un autre analyste croit comprendre qu’en fait de mobilisation, cette plate-forme aurait cherché à fédérer les sympathisants de l’opposition aux dépens d’Etienne Tshisekedi et l’UDPS qui, ces derniers temps sur la toile, ont fait l’objet d’invectives acerbes suite à leur engagement pour le dialogue avant que le sphinx de Limete ne retire ses hommes des pourparlers pour ce faire. Qu’à cela ne tienne, n’écoutant que son courage face à une place Sainte

Thérèse désespérément clairsemée vers 13 heures au moment du début de la manifestation pourtant prévue pour 10 heures, la vingtaine de leaders de la « Dynamique de l’opposition » a transmis son message : non au « glissement, non au dialogue. Introduits par Jean Bertrand Ewanga, Eve Bazaiba, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean Lucien Busa, Gilbert Kikwama, Ingele Ifoto, Olenghankoyi, Jean Claude Mvuemba, Koloso Sulamili et Gabriel Mokia se sont ainsi succédé jusqu’au huitième d’entre eux lorsque, tout à coup, l’assistance a constaté qu’ils commençaient à quitter le podium l’un après l’autre pour s’éclipser derrière l’estrade et disparaître dans la nature sans rien dire de ce qui les effrayait ainsi au point de leur faire prendre les jambes au cou.

les leurs sur le « champ d’honneur » pour aller se mettre à l’abri et suivre les événements par les « on dit ». Les pauvres militants – près de 2.000 seulement - ont dû faire face à un petit groupe d’une dizaine de personnes, selon une estimation partagée par plusieurs sources.

C’est là qu’a commencé la panique avant de céder à la débandade. Intervenant en dernier dans cette confusion, Gabriel Mokia a tenté de calmer la foule en demandant que personne ne fuie avant que luimême ne prenne la tangente. C’était le deuxième échec des opposants : des leaders, supposés être des meneurs d’hommes, ont abandonné

Mais, plus grave encore, ces mêmes « leaders » ont tenté de rendre la police responsable de ces échauffourées au motif qu’elle n’avait pas réagi à temps. Les témoins affirment pourtant que si cette police n’était pas intervenue, on parlerait aujourd’hui d’un autre bilan. En d’autres circonstances, cette même opposition, relayée par les médias périphériques et les capitales

Dans leur panique certainement, croyant avoir affaire à une agression d’envergure, ils se sont déchaînés sur les assaillants sortis de nulle part pour commettre l’irréparable : 2 morts selon un bilan partagé par plusieurs sources. Quelques blessés selon le porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende. Dans tous les cas, il ne serait pas exagéré de parler ici d’un « usage disproportionné de la légitime défense » dans ces affrontements qui ont opposé 2.000 personnes à une dizaine seulement.

occidentales, parlent toujours de l’ «usage disproportionnée de la force ». Cette fois-ci, il n’y a eu ni coup de feu ni gaz lacrymogène. Une chose reste constante dans tout ceci : la manif de l’opposition de mardi dernier a fait flop. Les spécialistes en communication en rajoutent aux constats et parlent d’une cacophonie dans la transmission d’un double message dans un matraquage – 8 personnes pour dire la même chose – qui a fini par devenir lassant. Dans le même registre du discours, l’on se désole de cette frivolité qui a caractérisé les propos des uns et des autres dans leurs qualifications pour désigner la personne du Chef de l’Etat. Brocardé en tous sens, Joseph Kabila a même été traité de « Mangobo » par Ingele Ifoto, faisant allusion à une chanson de Zaïko Langa Langa trop vieille pour la jeunesse d’aujourd’hui qui n’aura retenu du Chef de l’Etat que l’image d’un comédien qu’est le vrai Mangobo. Jonas Eugène KOTA & Giscard Havril

En se retirant du dialogue

Ne Muanda Nsemi lave Kabila des accusations de corruption

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a décision de Ne Muanda Nsemi de se désengager du processus du dialogue et de se retirer de la vie politique a le mérite de clarifier un certain

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Ne Muanda avance pour justifier sa décision sont basées sur une série de plaintes qui se résument au fait que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, et sa famille politique de la majorité ne lui ont apporté aucun soutien contre l’adversité dont il a fait l’objet aussi bien de la part de sa propre famille politique, l’opposition, que de sa base tribalo-spirituelle du Kongo Central qui l’avait rejeté lors de sa campagne de promotion des perspectives du dialogue. nombre de choses. D’une part, son engagement dans le processus du dialogue n’a été la résultante d’aucun deal avec qui que ce soit. En effet, les motivations que

Ceci a donc le mérite de démentir ces soupçons de corruption qu’une certaine opinion avançait pour justifier l’adhésion de certaines personnalités, dont ne Muanda Nsemi, a l’initiative

du Président de la République qui, en fait, est une réponse à une demande pressante de l’opposition radicale qui, dans sa versatilité, y a renoncé pour des raisons qui lui sont propres. A contrario, c’est-à-dire si le « pouvoir » avait « appuyé », d’une manière ou d’une autre, l’implication de Ne Muanda ou d’autres membres de l’opposition, il ne l’aurait pas abandonné, surtout lorsque l’on connaît le poids ou, tout au moins, l’influence politique qu’il a sur ses partenaires de l’opposition et sur sa base tribalo-spirituel du Kongo Central. De ce fait donc, Ne Muanda Nsemi disculpe tous ceux – à commencer par Kabila - qu’il donne pour responsables

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ACTUALITE de ses déboires politiques qui sont le fait – il faut le répéter – de ses choix et options personnels.

démontré que plus de 75% des partis politiques n’ont qu’une implantation locale.

Quand Ne Muanda Nsemi trahit l’égoïsme des opposants

Dans cette catégorie figurent toutes les formations politiques connues pour l’extrémisme du discours de leurs leaders. Des formations sans envergure sociologique effective et qui n’ont de visibilité qu’en évoluant en bande, au gré de l’actualité et des plates-formes qu’ils font et défont, toujours au gré des intérêts de leurs leaders.

D’autre part, ce constat est symptomatique de nombre d’acteurs politiques qui prétendent œuvrer pour la cause du peuple alors qu’ils roulent pour leurs propres intérêts. L’absence totale de démocratie au sein des partis politiques en est un indicateur significatif, surtout lorsqu’il faut ajouter le fait que la quasi-totalité de nos partis ne sont que des « ligablo » sans envergure sociologique notable. La plate-forme de la société civile « La CASE » en a fait la démonstration dans un rapport sur l’implantation des partis politiques. Ce rapport avait

Pour revenir à Ne Muanda Nsemi, l’on peut également conclure de sa décision que, dans le fond, il avait avait, en s’engageant pour le dialogue, opéré un choix tout à fait personnel sans consulter ni sa base ni ses partenaires du parti politique «Congo

Pax » sous le label duquel il s’était fait élire en 2011 dans la circonscription de la Funa. La preuve en est que la direction politique de « Congo pax » l’a honni pour son propre choix. La preuve en est aussi que Ne Muanda avait superbement ignoré sa base électorale de la Funa, préférant aller haranguer ses co-régionnaires et coreligionnaires du Kongo Central où il avait aussi distillé un discours aux accents séparatistes sans fards.

Personnage atypique

Ne Muanda Nsemi est, par ailleurs, un personnage atypique qui fonctionne en dehors des normes sociétales communes. Lui-même se définit comme un « politicien spirituel ». Il a longtemps jouit des largesses du bureau de l’Assemblée Nationale qui le laisse siéger d ans une tenue non

réglementaire, alors que d’autres Députés ont souvent été éconduits de l’Hémicycle pour cette entorse vestimentaire. Plus encore, lorsqu’il dit avoir décidé de se retirer de la politique et de céder la direction de son parti politique (Bundu Dia Kongo ou Bundu Dia Mayala ?), cela le met aussi en porteà-faux par rapport au règlement intérieur de l’Assemblée Nationale et à la loi électorale. Dès lors qu’il déclare son appartenance à un autre parti politique que celui sous lequel il s’était fait élire, il perd automatiquement son siège. PDM (Tiré de congovirtuel.info/le titre est de la rédaction)

Début des cafés politiques dans toutes les bases PPRD

Kintambo prêt pour accompagner Mova dans sa vision des cinq chantiers l’occasion de la cérémonie marquant ses 90 jours depuis sa désignation, en mai dernier, à la tête de cette formation politique. « La politique est le seul métier que l’on fait sans l’avoir appris, dit-on ». Mais au PPRD ça ne sera pas le cas, avait déclaré l’ancien ambassadeur de la RDC au royaume de Belgique.

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ébut, vendredi 11 septembre courant, des cafés politiques dans toutes les bases du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Organisé par le Secrétariat Général de ce parti, cette activité politique est un séminaire de formation dont devront désormais

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bénéficier, chaque vendredi, les militants du plus grand parti de la Majorité Présidentielle. Le PPRD/ Kintambo a ouvert le bal de ce premier café politique au niveau de la base. Au mois d’août dernier, Henri Mova Sakanyi, nouveau Secrétaire Général du PPRD, avait annoncé le début, dans un bref délai, des séminaires de formation en faveur de toutes les bases PPRD à travers le pays. C’était à

Voilà qui explique le début, vendredi dernier, des cafés politique sau niveau de toutes les bases du parti cher à Joseph Kabila. A la base de Kintambo, le Camarade Dr Pendwo, qui a représenté le Sg Mova, a articulé en plusieurs points son exposé. Il s’agit de la brève présentation du parti, mot sur les cinq chantiers du nouveau Secrétaire Général et/ou principaux axes du parti, symbolisé par l’arbre ; rappel des modules déjà abordés ; description du café politique comme action principale née du chantier de la restauration de l’identité, inscription des associations savantes du parti ainsi que la dernière thématique relative au découpage territorial. Dans le développement de son exposé, le formateur du jour a rappelé aux militantes et militantes du PPRD que

depuis le 15 mai 2015 dernier, une nouvelle équipe conduite par Henri Mova. Chaque fois qu’il y a un nouveau Secrétaire Général au parti, il y a une mission spécifique qui lui est assignée. Pour le SG Mova, sa mission était de la redynamisation, la réimplantation du parti par la fidélisation de tous les membres, a-t-il indiqué. C’est la raison d’être des cinq chantiers représentés par l’arbre. Comme tout le monde le sait, l’arbre existe par ses racines, branches et feuilles. Au PPRD, tous les membres sont importants. S’agissant de l’idéologie de ce parti, Pendwo a rappelé à tous les participants que le PPRD a comme idéologie, «la sociale démocratie ». « Nous puisons tout ce qui est bien dans le capitalisme et le socialisme pour en faire notre idéologie. En tant que tel, le PPRD tient à mettre les dividendes de la Nation au service de toute la communauté nationale », a-t-il encore souligné. Quant à la fidélisation de tous les membres, l’émissaire d’Henri Mova Sakanyi a invité tous les militants et cadres de cette formation politique de vendre positivement l’image de leur parti. Partout où il se trouve, le

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ACTUALITE membre PPRD doit se comporter de manière à donner du poids à l’image du parti, a-t-il recommandé. Et d’ajouter : la raison d’être ‘du café politique « est de restaurer l’identité du parti à travers les différents séminaires qui seront donnés chaque vendredi dans toutes les bases du pays. Notre objectif est que le PPRD soit le meilleur parti de tous les autres », lâche-t-il encore. Le contexte historique du découpage territorial expliqué aux différentes bases PPRD. Le PPRD attire l’attention de tous ses militants que le découpage territorial ou le démembrement n’est pas mauvais. Il n’a pas non plus commencé avec l’actuelle majorité au pouvoir. Le découpage territorial permet à un Etat de s’organiser et de se développer. Les militants PPRD doivent refuser de se faire jeter la poudre aux yeux. Ils doivent retenir une fois pour toutes l’actuelle nouvelle configuration du pays, la 8ème du genre depuis l’Etat Indépendant du Congo jusqu’à ce jour, rappelle ce disciple de Mova. « Le Président Joseph Kabila n’a rien inventé de nouveau ; il n’a fait qu’appliquer l’article 4 de la Constitution qui exige ce démembrement, Constitution que les Congolais avaient choisie au référendum qui a eu lieu dans ce pays en décembre 2005 ». Et de recommander aux militants du parti de « ne jamais prêter oreille aux amis de l’opposition

qui accusent gratuitement le pouvoir de vendre le pays par le découpage. A tout moment, les Congolais dans l’ensemble et les militants PPRD que vous êtes, vous devez vous poser la question de savoir, pourquoi à l’époque des autres le découpage territorial n’avait pas posé problème, et doit le poser que sous Kabila ».

Le PPRD/Kintambo excellent

Présents à cette formation, Mmes Ida Vangu, Paulusi Musweki, Tania Safu, et Mrs Charles Kalambayi, Eric Kazadi, Rostand Mandondo, tous

membres de l’Interfédéral PPRD/ commune de Kintambo, ont salué l’initiative prise par les nouveaux dirigeants de leur parti, d’organiser régulièrement ce café politique. « La restitution des enseignements de Venus permettra aux militants que nous sommes de bien comprendre ce qui se passe au niveau non seulement de notre parti, mais aussi de notre pays », a déclaré Paulusi Musweki. « Nous sommes déterminés à accompagner le nouveau Maestro de notre parti dans sa nouvelle vision », a dit de son côté Ida Vangu.

Il faut noter que les cadres cités cihaut ont su mobiliser leurs membres pour la réussite de ce premier café politique là où d’autres, pour leurs intérêts personnels, ont failli gâcher cette rencontre en impliquant des brigands sans aucune connaissance du parti, juste pour leur propre visibilité. Ces cadres ont ainsi fait la fierté de leur Secrétaire Permanent, l’Honorable Dunia Kilanga, et de leur Président provincial, le Gouverneur André Kimbuta qui les ont toujours invités au sens de l’excellence partout où ils vont. Giscard Havril

Septembre 2015

Session de tous les enjeux au Parlement Les deux chambres du Parlement ont ouvert, mardi 15 septembre 2015, leur session ordinaire. Une session de tous les enjeux, car devant décider du sort du processus électoral par rapport à l’écueil majeur qu’est le budget pour l’organisation des différentes échéances. A l’ouverture de cette session, deux orientations ont caractérisé les discours des Présidents des deux chambres, Aubin Minaku pour l’Assemblée nationale et Léon Kengo pour le Sénat. Parlant de la nécessité d’un vote rapide de la prochaine loi budgétaire, le speaker de la chambre basse a fait état de l’obligation pour son institution de s’interroger après 4 ans de mandat parlementaire sur la

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manière dont les différents budgets de l’Etat votés par elle ont été exécutés par le gouvernement. Il a, par ailleurs, signalé que la présente session, bien qu’étant budgétaire, s’ouvre dans un contexte particulier, celui de la poursuite du processus électoral et de la consolidation de la paix mais aussi de la réalisation du processus de la décentralisation engagé en RDC. « C’est donc une occasion pour les acteurs politiques de la RDC de manifester, une fois de plus, la solidarité nationale à travers le dialogue, en toute responsabilité », a-t-il dit. C’est dans ce cadre qu’il a invité toutes les composantes de la société congolaise au dépassement de soi, le dialogue étant, selon lui, un

devoir républicain, seule voie de sortie pour un processus électoral apaisé en RDC. Pour sa part, Léon Kengo Wa Dondo a suggéré l’idée de rationaliser les futures élections prévues en RDC, de manière à concentrer les moyens disponibles d’abord sur l’organisation des scrutins directs à délais constitutionnels incompressibles et dans un second temps les scrutins indirects. « Plutôt que d’organiser tous les scrutins en 2016, deux options fondamentales peuvent être levées, d’une part la concentration de tous les moyens disponibles sur les scrutins à délais constitutionnels incompressibles (élections présidentielles, législatives nationales et provinciales) et, d’autre

part ,le regroupement des scrutins par degré », a déclaré le Président du Sénat. Pour lui, il s’agit d’organiser tous les scrutins directs le même jour (présidentielle, législatives nationales et provinciales) et tous les scrutins indirects dans les semaines qui suivent. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), organe technique compétent, pourrait se prononcer sur cette proposition dans le cadre des injonctions lui faites par la Cour constitutionnelle, a précisé Léon Kengo wa Dondo, qui a invité par ailleurs la CENI à fiabiliser le fichier électoral. Le Vif du Congo (avec ACP)

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Le drame des migrants est politique l’EI prend un malin plaisir à mettre en scène, à exhiber vulgairement et dans les moindres détails chacune de ses exactions. Cela lui permet à la fois de terrifier ses ennemis… et de s’imposer à notre agenda, ce dont nous conviendrons qu’il le réussit fort bien. Les djihadistes sont en effet dans une démarche apocalyptique, persuadés que l’affrontement en cours entre eux et le reste du monde se terminera par la bataille de la fin du monde.

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oilà que la Syrie s’invite à nouveau au menu des urgences politiques. Cette fois-ci sous la forme d’un afflux de migrants qui met sous tension nos capacités européennes d’accueil et relance les tentations protectionnistes d’une frange importante de notre opinion publique. Crise des migrants, dites-vous ? On pourra me reprocher de sombrer dans le cynisme, mais je trouve surprenant que la photo d’un enfant ait changé notre perception de la région, et même notre politique dans la région. Car des enfants, des dizaines, sinon des centaines, sont morts en Méditerranée au cours du dernier été seulement. Et des dizaines de milliers ont trouvé la mort depuis qu’a éclaté la révolution syrienne au printemps 2011. Des photos d’enfants morts, cela fait des années que mes réseaux sociaux en sont pleins, depuis les gamins gazés de la Ghouta jusqu’aux petits anges démembrés surpris dans leur sommeil par une bombe-baril. Qu’importe. La France prend conscience de l’ampleur du drame syrien. Réjouissons-nous-en. Et réjouissons-nous aussi de la prise de conscience que le flux migratoire et les drames qui l’accompagnent ne pourront être résolus que par la solution de la crise à la source. La source est en Syrie ? Agissons donc en Syrie !

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Ce qui est surprenant dans la décision de François Hollande, c’est la justesse du diagnostic. Bachar Al-Assad, a-t-il rappelé, « c’est lui le responsable de la situation en Syrie. C’est qui, lorsque il y a eu des manifestations, a tiré sur son peuple. C’est lui qui a bombardé des populations civiles. C’est lui qui a utilisé des armes chimiques. C’est lui qui a refusé toute discussion avec ses opposants, quand ils n’étaient pas enfermés ou tués. » De fait, les chiffres du Violation Documentation Center (organisme syrien autrement plus crédible que l’Observatoire des droits de l’homme dont tant de médias se sont entichés) repris par Human Right Watch et la FIDH, rappellent que pour chaque civil tué par l’Etat islamique (EI), sept le sont par le régime. Il ne s’agit pas de minimiser les crimes de masses commis par l’organisation terroriste, simplement de rappeler que le pouvoir en place à Damas (ou ce qu’il en reste : un Etat croupion organisé en mafia et ne devant sa survie qu’à des milices et à des organisations terroristes, dont le Hezbollah libanais) est considérablement plus criminel que l’organisation djihadiste.

Le djihadisme ou la barbarie-spectacle

La différence est dans la communication. Le régime – privilège du puissant- n’a pas besoin de mettre en scène sa barbarie. Le mur de la peur qu’il a construit pendant plus de quatre décennies est encore très présent dans le cœur des Syriens. À l’opposé,

Je me permettrais une petite critique de mes confrères des médias. La crise des migrants, depuis plusieurs semaines qu’elle a éclatée, a été traitée principalement dans le registre de l’empathie, du drame humanitaire. Les questions posées auraient aussi bien pu l’être aux rescapés d’un séisme ou d’un cyclone. Les reportages ont curieusement évacué sa dimension politique. Comme si cette crise était une catastrophe naturelle et pas faite de la main de l’homme ? Qu’apprendon pourtant lorsque l’on interroge ces réfugiés ? Que les Syriens fuient les crimes, le viol, la torture, le racket et l’impitoyable ordre moral mis en place par les djihadistes. Mais surtout qu’ils fuient, avant tout, et sans commune mesure, le massacre dont ils sont victimes de la part de leur propre gouvernement, qui utilise l’armée comme force d’occupation et doit faire appel à des miliciens comme suppléants pour abattre les sales besognes. Par quel tour de passe-passe, partant on l’a vu d’un bon diagnostic, le président Hollande est-il arrivé à la décision de frapper l’EI et seulement l’EI ?

Des frappes contreproductives

Ce dont ont besoin les Syriens aujourd’hui, ce n’est pas davantage de bombardements. Ils ont surtout besoin de zones exemptes de bombardements ! Cessons de vouloir ajouter la guerre à la guerre, accumuler armes et violences. Désescaladons au contraire ! L’établissement de zones d’exclusion aérienne au-dessus de régions tenues par les modérés serait beaucoup plus efficace que n’importe quelle campagne aérienne pour saper

l’EI. Elle montrerait à la population syrienne que, contrairement à la propagande des djihadistes, l’Occident n’est pas ligué contre les Arabes et les musulmans et est capable de se soucier de leur bien-être et de leur sécurité. Elle montrerait au régime qu’après tant de lignes rouges tellement trahies, l’Occident ne reste pas insensible aux meurtres de masse commis dans le pays et est enfin disposé à agir. Elle fournirait enfin à la population syrienne l’espoir de zones de répit, où elle pourrait se fixer sans craindre à chaque instant la mort venue du ciel, et où, dans la sérénité d’une sécurité relative, elle pourrait commencer à s’imaginer un avenir politique. Car pour le moment, ces zones tenues par les modérés sont prises entre deux feux. Ce sont elles qui reçoivent presque tous les bombardements du régime, tandis que les djihadistes de l’EI les attaquent, y compris avec des armes chimiques comme la semaine dernière à Maera, pour les conquérir. Certes il ne faut pas renoncer à l’action militaire, mais tous les experts du contre-terrorisme le martèlent : elle ne peut jamais être qu’un tout petit pan d’une stratégie. L’essentiel se joue sur le terrain politique, diplomatique et aussi humanitaire. En l’occurrence, on ne peut pas traiter la crise des réfugiés syriens en la détachant de son contexte politique et en pointant du doigt une responsabilité qui dépasse largement celle de l’EI. En Syrie, les bombes barils ne visent que les civils, et pratiquement jamais les zones tenues par l’EI. Alors on peut toujours faire comme à Damas. On y pavane et on se gausse. Le gouvernement syrien, ému de l’exode, a réuni un conseil d’urgence, s’est scandalisé de ces réseaux de passeurs sans morale qui mettent ainsi en danger la vie des citoyens. Mais ne soyons pas dupes. Le principal pourvoyeur d’affaires des réseaux mafieux qui prospèrent sur cette misère, c’est bien le régime de Damas. C’est lui qui a chassé 7 millions de Syriens (plus d’un tiers de la population) de chez eux et les a poussés sur les routes de l’exode. Nicolas Hénin (Le Monde)

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