La RDC repense son économie LE
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Lumanu déboute les détracteurs de l’ONIP
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VIFCONGO Hebdomadaire, Ed. N°013, du 14 jan. au 20 jan. 2015, Kinshasa - RDC 2000fc, Etranger 2,5USD Editeur JONAS EUGENE KOTA, Tél.: +243998283702, e-mail: levifducongo@gmail.com
DU
Enjeux politiques de l’heure
Pourquoi 2016 fait peur Inspirés par des tireurs de ficelles en Occident,
des opposants veulent rééditer le Burkina Faso à Kinshasa, rêvant d’un nouveau contexte qui leur donnerait le prétexte de demeurer député ou devenir Ministre – pourquoi pas – au-delà de 2016… comme les sénateurs depuis 2006 jusqu’à ce jour
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« Découpage territoriale »
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POLITIQUE
Exclusivité Le Vif du Congo
Pourquoi 2016 fait peur cartes, au besoin dans le cadre d’une nouvelle transition. Qu’est-ce que les meneurs d’une telle logique pourraient en tirer ? La réalité qui se révèle aujourd’hui est qu’en cherchant à attribuer au pouvoir tous les stratagèmes du monde afin de se maintenir, l’opposition veut cacher son souci de se maintenir plus longtemps au Parlement. L’expérience électorale a montré, comme ailleurs en Afrique sub-saharienne, que 75% des élus d’une législature sont balayés à la suivante. La RDC n’a pas échappé à cette expérience en 2011. Nombre de députés, aussi bien de la Majorité que de l’opposition n’avaient, en effet, pas été réélus.
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inshasa a frôlé l’émeute deux jours durant, les dimanche et lundi dernier. Des opposants réunis au sein de la plate-forme « sauvons le Congo » ont voulu tenir, le dimanche dernier, un meeting sur la place du Boulevard Triomphal, en diagonale du Palais du peuple, pour dénoncer toute modification de la loi électorale qui, selon eux, vise à faire pérenniser le Président Kabila au pouvoir. Lundi, c’était autour des députés de l’opposition de tenter un forcing au Palais du peuple pour y empêcher toute plénière qui débattrait de la loi électorale. Ces opposants ont entrainé avec eux quelques militants dans l’espoir de faire foule. Dans les deux cas, les manifestants n’ont pas réussi leur démarche suite à la vigilance des forces de l’ordre. Le Porte-parole du Gouvernement a expliqué, au sujet du meeting du dimanche, que les organisateurs n’avait pas respecté les normes d’organisation
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de leur manif ’. Deux tentatives d’envergure donc pour une même cause dans la même encablure de temps, cela laisse circonspect. Le meeting de l’opposition avait été annoncé avant que ne soit connue la date d’ouverture du débat sur les propositions d’amendement de la loi électorale, mais elle a coïncidé avec. Pourquoi et comment ? Certaines sources dignes de foi affirment qu’en fait d’un meeting sur un sujet conjoncturel, les manif ’ manquées du weekend dernier figuraient dans un plan qui visait à rééditer le Burkina Faso à Kinshasa. Organiser un meeting à proximité du Palais du peuple ne visait autre chose qu’à provoquer une agitation pendant la manifestation pour que des groupes préparés aillent investir le siège des institutions comme ce fut le cas à Ouagadougou. Dans la même logique, les députés de l’opposition, qui ont l’habitude de déserter la bâtisse chinoise lorsqu’ils
refusent de participer à des plénières, a voulu, lundi dernier, l’assiéger avec des militants de leurs partis, non pas seulement pour empêcher la tenue de la plénière qui devait ouvrir le débat sur les propositions d’amendement de la loi électorale, mais aussi, et surtout, pour l’assiéger définitivement. En fin de compte, les députés de l’opposition n’ont pas réussi à faire entrer leurs militants. Obligés d’agir seuls, ils ont tenté plusieurs stratagèmes pour empêcher ou gêner le déroulement de la plénière. Sifflets, chants et slogans se sont succédé, mais le Président de l’Assemblée Nationale, Aubin Minaku est parvenu à maîtriser la situation.
Pourquoi 2016 fait peur à l’opposition
Bref, la démarche qui s’observe ces derniers temps, tend à provoquer une crise politique qui culminerait avec la tenue de ce dialogue que réclame l’opposition. Or qui dit dialogue en RDC, dit, au finish, redistribution des
Pour cette fois, certains opposants semble avoir intériorisé cette expérience et plus encore. En effet, la plupart des opposants les plus activistes avaient été élu à la faveur de leur rapprochement vers Tshisekedi. Ce nom fut, d’ailleurs, affiché comme bannière de ces opposants plus que le nom de leurs propres partis. D’autres sont allés jusqu’à produire des affiches qui les montraient aux côtés du leader de l’UDPS. Mais une fois au Parlement, ils s’en sont affranchi jusqu’à rejeter son appel au boycott des activités du Parlement où ils siègent jusqu’à ce jour. C’est donc la sanction du peuple en 2016 qui les terrifient au point de les amener à monter tous les stratagèmes possibles afin de demeurer un plus longtemps « honorables députés » avant de devenir « honorable » tout court. Ceci est d’autant plus plausible que la plupart des opposants les plus bouillants furent élus grâce ou à cause de Tshisekedi. C’est, notamment, le cas de Martin Fayulu, Fabrice Puela, Jean Claude Mvuemba, Fabrice Badibanga, etc. Jusqu’aujourd’hui, certains continuent à arborer un bonnet (monyere) comme Tshisekedi. L’UDPS avait, d’ailleurs, exclu 33 de ses députés qui, cependant, continuent à siéger à l’Assemblée Nationale,
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Edito Spectacle désolant
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ls n’ont décidément rien assimilé. Le 15 décembre 2014, dans l’hémicycle même du Palais du peuple, le Président de la République avait interpellé les députés et sénateurs sur leur obligation de dignité et de bienséance à la suite d’une bagarre qui avait terni l’image de la Chambre basse. Kabila aurait manifestement prêché dans le désert. On ne peut en dire autrement au regard du spectacle offert par des députés de l’opposition lors de la plénière de lundi dernier. Foulant aux pieds aussi bien le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale que les règles de bienséance, on les a vu sifflant comme des désœuvrés et grimpant sur les meubles comme des élèves mal polis en l’absence de l’enseignant. Aubin Minaku les a beau rappeler à l’ordre, sans succès. En toutes choses, rien ne peut justifier de dépasser les limites de l’acceptable. Ceci est d’autant plus impérieux pour ceux qui sont censés être des modèles pour la société et qui doivent, pour cela, prêcher par l’exemple. Nos Députés n’ont, manifestement, pas cure de l’honorabilité qu’ils revendiquent pourtant. Où iront-ils, dans ce cas, la défendre si eux-mêmes préfèrent se vautrer dans le déshonneur ? « Quels que soient l’importance ou le caractère brûlant des sujets traités, l’hémicycle doit demeurer le temple du dialogue et des échanges, parfois sévères, mais toujours courtois, et non se transformer en arène, lieu des confrontations sans règles ou limites ». Jonas Eugène Kota
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POLITIQUE toujours sous l’appartenance à l’UDPS, du moins selon ce que suggère la dénomination de leur groupe parlementaire. D’autres, surtout ceux de l’UNC de Vital Kamerhe, ne rêvent que de retrouver les affaires après une longue vie à la touche. C’est, pour la plupart, ceux qui se dirent des laisséspour-compte de 2006. Ils disent avoir beaucoup apporté à l’élection de
Joseph Kabila pour ne rien recevoir par la suite. Claudel Lubaya, Omba Pidimonyo et les autres ne pouvaient donc que convoler en justes noces avec Vital Kamerhe de qui ils étaient, d’ailleurs, déjà proches pendant qu’il était Président de l’Assemblée Nationale. Pour les uns et pour les autres, la bataille pour conquérir le pouvoir ne devrait pas attendre 2016. S’il le faut, écourter
le mandat électoral actuel serait, pour eux, le bienvenu. Mais jusqu’où peuvent-ils aller avec leurs ambitions ? Question d’intérêt lorsqu’on constate, en définitivement, la faiblesse de la mobilisation, à l’instar de ce dimanche où les journalistes n’ont pas vu plus d’une cinquantaine de manifestants, les organisateurs compris, au lieu prévu pour le meeting… Jonas Eugène KOTA
Agenda caché derrière le recensement ?
Adolphe Lumanu déboute les détracteurs de l’ONIP
A
peine créé, l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) fait l’objet d’une diabolisation tendant à lui attribuer un agenda caché par rapport aux prochaines élections. Globalement, une certaine opinion veut laisser croire que cet office a été créé dans le but de faire prolonger le mandat actuel du Chef de l’Etat en subordonnant les élections au recensement. Le Directeur général de l’ONIP, Adolphe Lumanu Mulenda Buana Nsefu, s’est entretenu le week end dernier avec des journalistes pour recadrer les choses et faire des mises au point aussi bien sur la rumeur que sur l’objet même de cette structure, non pas seulement pour les élections, mais aussi et surtout pour des besoins d’élaboration des politiques et des programmes de développement. D’entrée de jeu, et en bon professeur qu’il est, Adolphe Lumanu a esquissé une approche théorique sur le concept de recensement. Il a ainsi établi une distinction entre le recensement administratif que l’ONIP va lancer dès le mois de mars prochain, le recensement scientifique qui relève du Ministère du Plan visant les questions de développement et de lutte contre la pauvreté, et le recensement lié aux données de l’Institut National des Statistiques (INS). Qu’en est-il alors de l’agenda caché derrière le programme de travail que
s’est fixé l’ONIP ? A cette question, Lumanu Mulenda estimé qu’il s’agit, en fait, d’une confusion qu’il faut dissiper le plus vite possible. Il rappelle que les opposants sont les premiers à avoir exigé le recensement en vue de fiabiliser les élections. Il rappelle aussi que ce besoin figure parmi les plus de 600 recommandations des Concertations Nationales. Ils ne doivent donc pas plonger l’opinion dans des contrevérités et un faux procès d’intention, caractéristiques de l’élite intellectuel congolais qui, généralement, accuse un déficit d’information. Comprenant que la confusion qu’il dénonce est liée au contexte politique actuel qui s’y prête bien, le professeur Lumanu assure que l’ONIP fera son travail. « Le recensement administratif n’ayant aucun délai, ajoute-t-il, il va de soi que, dès le lancement des opérations, les données actualisées de son fichier général mis à jour soient disponibles dans un bref délai » et accessibles à tous : CENI,
partis politiques, ONG, étudiants, enseignants, chercheurs, etc. Toujours sur la question du délai, il déclare que l’ONIP s’inspirera des opérations d’enrôlement de 2006 et 2011 sur le plan technique dans l’espoir d’être plus performant On se souvient qu’en 2006, par exemple, la CEI avait mis au total 7 mois, quoi qu’en deux phases, pour enrôler quelque 25.712.552 électeurs. Ce chiffre avait été ramené à 25.420.199 après nettoyage des doublons. Et en 2011, la CENI avait mis 90 jours pour boucler l’enrôlement dans 7 provinces. Le DG de l’ONIP considère donc que ces deux expériences permettraient de faire mieux, surtout que son office n’exclue pas d’observer d’autres expériences ailleurs. Comme quoi, l’on va un peu trop en besogne lorsqu’on se lance dans des procès d’intention sans savoir comment, techniquement, se fait un recensement. Axel Omba
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POLITIQUE
Nouvelles mises en place dans la police nationale Trois ordonnances présidentielles ont été publiées le week end dernier. Elles portent sur de nouvelles nominations intervenues au sein de la Police Nationale Congolaise. Ci-dessous la liste des nouveaux promus et leurs affectations
Dans la vague des nominations intervenues ce même 9 janvier, il y a également celle nommant le commissaire divisionnaire adjoint Bandombele Yenga Risasi Gabriel au poste de Directeur général adjoint des Ecoles et formations au sein de la Police nationale congolaise.
I. Commissaires provinciaux et Commissaires provinciaux
ORDONNANCE N°015/004 DU 09 JANVIER 2015 PORTANT NOMINATION DES DIRECTEURS, DES DIRECTEURS ADJOINTS ET DES COORDONATEURS DES SERVICES AU SEIN DU COMMISSARIAT GENERAL DE LA PNC
A. Commissariat provincial du Kasaï-Occidental Commissaire provincial : Le commissaire divisionnaire adjoint Vumilia Tende Longe Gilbert Commissaire provincial adjoint chargé de la police administrative : Le commissaire supérieur principal Kongolo Kambale Crispin Commissaire provincial adjoint chargé de la police judiciaire : Le commissaire supérieur principal Yembe Tuba Boboto Damien Bob Commissaire provincial adjoint chargé de la police d’appui et gestion : Le commissaire supérieur Aba Van Ang François-Xavier B. Commissariat provincial du Kasaï-Oriental Commissaire provincial adjoint chargé de la police administrative : Le commissaire supérieur principal Tshinyama Itambo Dodo C. Commissariat provincial du Katanga Commissaire provincial : Le commissaire divisionnaire adjoint Galenga Makongo Jean-Bosco Commissaire provincial adjoint chargé de la police administrative : Le commissaire supérieur principal Kyungu Banza Paulin Commissaire provincial adjoint chargé de la police judiciaire : Le commissaire supérieur principal Maunduwa Menanga Adolphe Commissaire provincial adjoint chargé de la police d’appui et gestion : Le commissaire supérieur Mukuna Tumba Eddy Léonard D. Commissariat provincial du Maniema Commissaire provincial : Le commissaire divisionnaire adjoint Bazenge Batanuabi Jean-Bernard Commissaire provincial adjoint chargé de la police administrative : Le commissaire supérieur principal Gatunda Lukenie Sebastien Commissaire provincial adjoint chargé de la police judiciaire : Le commissaire supérieur Bahendera Buando Evariste Commissaire provincial adjoint chargé de la police d’appui et gestion : Le commissaire supérieur Ahotshe Sangu Lumona Augustin E. Commissariat provincial du Nord-Kivu Commissaire provincial adjoint chargé de la police administrative : Le commissaire supérieur principal Kasongo Ngoyi Van F. Commissariat provincial de la Province Orientale Commissaire provincial adjoint chargé de la police judiciaire : Le commissaire supérieur principal Kaumba Fidèle G. Commissariat provincial du Sud-Kivu Commissaire provincial : Le commissaire divisionnaire adjoint Kanakange Jonas
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Article 1er :Sont nommés aux fonctions en regard de leurs noms : 1. Direction de la police technique et scientifique : Le commissaire supérieur Matela Zinyama Rufin, directeur. 2. Direction de la lutte contre la criminalité : Le commissaire divisionnaire adjoint Bideko Murabazi Juvénal, directeur. 3. Direction de stupéfiants : Le commissaire supérieur principal Ilunga Kilunde Félicien, directeur 4. Service de la sécurisation des élections : Coordonateur : MR. Odimula Ikinda Luki Isidore Coordonateur adjoint : Le commissaire supérieur principal Kunda Matanda Jean ORDONNANCE 015/006 DU 9 JANVIER 2015 PORTANT NOMINATION AU SEIN DES ECOLES DE LA POLICE Article 1er : Sont nommés aux fonctions en regard de leurs noms : Ecole de police de Kassapa Commandant : Le commissaire divisionnaire adjoint Nyembo Ngalusha Placide Ecole de police de Kapalata Commandant : Le commissaire divisionnaire adjoint: Limengo Ndjoli Juyabi Commandant second : Le commissaire supérieur Kitumayini Sumani Dieudonné Ecole de police de Mugunga Commandant : Le commissaire supérieur Kikandezi Biyeka Freddy Outre cette nomination au sein de la police nationale congolaise, le Président de la République a également pris une ordonnance nommant le Directeur provincial de la DGM/Katanga. Au terme de la dite Ordonnance, Mr Mbenza Piutu Omer a été nommé directeur provincial de la DGM/Katanga.
Un éclaireur des FDLR arrêté au Katanga
Un éclaireur des éléments des FDLR, répondant au nom de Jacques Mutshatama, alias Bwana Nyama, a été arrêté vendredi par les FARDC dans les hauts plateaux du mont Mitumba, près de la localité de Kabimba dans le district du Tanganyika au Katanga, et acheminé à Kalemie. Selon le bureau 2 de l’état-major de la
PNC/district du Tanganyika, Jacques Mutshama est un bandit de grand chemin qui a toujours joué le rôle d’éclaireur et de guide des éléments FDLR dans les opérations louches des coupeurs de routes opérant sur les axes Kalemie-Nyunzu et Bendera-Kalemie, et dans plusieurs localités situées sur ces hauts plateaux où vivent des rebelles rwandais dans la clandestinité.
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POLITIQUE
« Découpage territoriale »
Kyungu assimile la leçon de Joseph Kabila
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ans sa récente adresse aux notables du Katanga, le Président de la République s’était assez longuement attardé sur la question de la réorganisation territoriale et administrative, couramment appelée « découpage territoriale. Dans sa mise au point, Joseph Kabila avait, d’abord, rappelé que ce processus n’était pas le fruit de son image, mais plutôt une disposition consignée à l’article 2 de la Constitution qui énumère également les 26 nouvelles provinces à créer. Il avait, ensuite, fustigé le comportement de ceux qui cherchent à rejeter ce processus et qui, pour ce faire, ne se donnent même pas la peine de suivre les procédures requises pour ce faire.
A ceux-ci, en effet, le Chef de l’Etat avait rappelé qu’ils avaient, entre autres, la possibilité d’initier une pétition pour faire modifier la Constitution et ainsi annuler le processus de réorganisation territoriale et administrative. Pour
cela, les pétitionnaires doivent récolter au moins 100.000 signatures. Cette mise au point du Che de l’Etat n’est pas tombée dans le désert. Le Président de l’Assemblée Provinciale, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, est l’un de ceux qui s’opposent au découpage territorial. Et, manifestement, il n’est pas resté sourds aux observations du Chef de l’Etat. C’est certainement pour cela qu’il vient d’annoncer qu’il va lancer une pétition afin d’obtenir l’annulation du processus de découpage afin de garder une et unique la province du Katanga. Ambitieux, Kyungu a déclaré
qu’il pourrait aller même au-delà de 100.000 voix pour atteindre plus de 5 millions. Jusqu’où Kyungu Wa Kumwanza irat-il dans sa démarche ? La question est d’autant plus intéressante que la collecte des signatures ne suffit pas pour faire réviser la Constitution. Dans son article 218 du titre 7 relatif à la révision constitutionnelle, en effet, la Loi fondamentale prévoit toute une procédure devant mener à cette révision. Chacune des initiatives de révision (le Président de la République, le Gouvernement, chacune des deux chambres du Parlement ou une
fraction du peuple congolais) doit être soumise à l’Assemblée Nationale ou au Parlement qui décident, à la majorité absolue de chaque chambre, du bienfondé du projet – en l’occurrence la pétition. Celle-ci est ensuite soumise à référendum. C’est donc le peuple dans son ensemble qui doit décider de la révision ou pas de la Constitution. Les deux chambres du Parlement ont aussi la possibilité de juger du sort d’une pétition, car la Constitution leur donnent la possibilité d’approuver ou pas une pétition, et cela à la majorité des trois cinquièmes des membres les composants. Un autre fait est qu’il faut commencer par réunir le nombre requis des signatures pour avoir déjà une configuration sociologique par rapport à la démarche. Et au Katanga, Kyungu Wa Kumwanza n’est pas le seul à avoir une position par rapport au découpage territoriale. Bien d’autres voix le soutiennent, estimant que cette démarche pourrait être un vecteur de développement. La bataille n’est donc pas gagnée d’avance… Félix Masimango
26 provinces : la loi de programmation adoptée
L
a chambre basse du Parlement a voté vendredi le projet de loi de programmation déterminant les modalités d’installation de nouvelles provinces ainsi que la loi organique portant fixation des limites des provinces et celles de la ville de Kinshasa, dans sa globalité, après le vote article par article de ce texte au cours de sa séance plénière de jeudi dernier. Dans son examen relatif au
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projet de loi organique portant fixation des limites des Provinces, l’Assemblée plénière avait mis en veilleuse certains articles du projet de loi suite aux amendements de certains députés sur le statut de la ville de Kolwezi et le chef-lieu de la future province de Sankuru, lesquels nécessitaient une harmonisation des vues entre leurs auteurs. C’est ainsi qu’au terme des échanges, il a été décidé que la ville de Kolwezi demeure partie intégrante de la Province de Lualaba, tandis que la
cité de Lusambo, chef-lieu du district du Sankuru devient la capitale de cette province. S’agissant du projet de loi de programmation déterminant les modalités d’installation de nouvelles provinces, celle-ci a pour objet l’application de la volonté du constituant et fixe un nouveau calendrier d’installation des provinces en deux phases, la première concerne la ville de Kinshasa et les quatre
provinces actuelles non démembrées, tandis que la seconde, dont la durée ne peut accéder douze mois à dater de la mise en place d’une commission mixte pouvoir central-province, chargée d’installation des nouvelles provinces. La présente loi définit également les actions à entreprendre en vue de la mise en place effective de ces provinces. (Avec ACP)
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ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT
Croissance et bien être
La RDC repense son économie et proposé des adaptations pertinentes et exploitables pour le contexte de la RDC. Cinq thèmes majeurs ont été retenus pour cette conférence et ont porté sur : le marché du travail, le chômage et l’exclusion ; les ressources naturelles et le développement ; la croissance propauvres ; le fardeau des maladies dans le développement, et la gouvernance, le changement institutionnel et le capital social.
L
e Gouvernement a organisé, les 8 et 9 janvier 2014 à Kinshasa, une conférence de haut niveau sur le thème : « la croissance économique inclusive en RDC, état des lieux et appropriation des expériences des autres ». Centrée sur la détermination de la RDC à devenir un pays émergent à l’horizon 2030, cette conférence s’est tenue dans le prolongement du forum économique international de Kinshasa qui se veut un événement annuel consacré aux discussions sur les enseignements à tirer des expériences réussies des autres pays sur la gouvernance et la croissance économique, et proposer des adaptations pertinentes et exploitables pour le contexte de la RDC. La première édition de ce forum s’était tenue à Kinshasa en juin 2013 sur le thème « comment exploiter les ressources naturelles pour une croissance accélérée et inclusive en RDC ». La conférence de haut niveau qui s’est tenue début janvier 2014 a tablé sur « la problématique de la croissance économique inclusive qui demeure une question importante à plusieurs égards en RDC qui a initié, au cours
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des dernières années, une série de réformes permettant de poser des fondements importants pour passer à une nouvelle étape de développement ». Selon les termes de référence de la même conférence, le Gouvernement, « conscient de l’ampleur de l’écart de développement, développe des mécanismes et des stratégies de réflexion dans la conception de solutions innovantes aux défis du développement exceptionnel en vue de propulser le pays vers une croissance accélérée et dans la trajectoire du développement humain ». La conférence a connu la participation des scientifiques et des politiques aussi bien congolais qu’étrangers. Ceux-ci sont venus partager les idées et contribuer à baliser le chemin vers la croissance et le développement intégral de la RDC. Les conférenciers ont commencé par faire le point sur les avancées réalisées par la RDC dans la croissance économique avant de discuter de la qualité de cette croissance à travers des présentations. Ces discussions ont également porté sur les enjeux majeurs du développement économique et social auquel la RDC devra faire face à l’horizon 2030. Et les participants ont focalisé leur attention sur l’analyse comparative des expériences internationales apprises
Cette conférence a permis aux participants d’analyser la structure de production de l’économie congolaise. Le constat qui s’est dégagé est qu’en RDC, la croissance économique est au rendez-vous depuis 2001, ce qui suppose un accroissement des revenus à cause de l’augmentation de la production. Conséquence, les ménages des Congolais ne ressentent pas cette croissance puisque les richesses générées viennent des capitaux étrangers et sont rapatriés dans les pays d’origine de ces capitaux. D’une manière générale, les recommandations formulées ont convergé vers une nécessité transversale : améliorer la qualités des institutions et des politiques pour une allocation optimale des ressources pouvant générer suffisamment de revenus à redistribuer principalement aux plus pauvres afin de leur permettre d’accéder aux commodités essentielles
de la vie. A la clôture des travaux, le Premier Ministre, Matata Ponyo, a transmis un message aux participants qu’il a remerciés pour avoir rencontré, dans leurs cogitations, les préoccupations du Chef de l’Etat qui étaient axé sur quatre questions essentielles. Il s’agissait, pour eux, de proposer la meilleure façon de procéder à la transformation structurelle de l’économie congolaise et son industrialisation. Il s’agissait aussi de trouver une meilleure façon de tirer profit du vaste potentiel congolais pour améliorer son développement. En troisième lieu, les participants était appelés à réfléchir sur la meilleure manière de booster le processus d’industrialisation et de diversification de l’économie en assurant une participation plus accrue du secteur privé dans la production industrielle. Enfin, les participants ont eu à recommander des politiques à mener pour ouvrir de nouveaux horizons à une population à majorité jeune, mais en plein chômage et exclue du partage de la richesse nationale. Une autre conférence est prévue dans un proche avenir pour arrêter les stratégies de mise en œuvre des recommandations issues de cette conférence de haut niveau. Jonas Eugène KOTA
Profs. James Robinson et John Mususa, deux des intervenants à la conférence économique de haut niveau
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ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT
Le sénat adopte le projet de loi portant code des assurances
R
éunis en plénière ce 12 janvier 2015, les Sénateurs ont approuvé le rapport de la Commission mixte paritaire Assemblée nationale-Sénat et procédé, à la majorité, au vote de la Loi portant Code des Assurances en RDC. Fort de 514 articles et plus que technique, le projet de Loi a été examiné et adopté auparavant à l’Assemblée nationale. Il est structuré en sept
livres portant sur les dispositions d’assurances, entreprises d’assurances, cadre institutionnel et contrôle de l’Etat, agents généraux, courtiers et autres intermédiaires d’assurances, organismes particuliers, régimes comptable et fiscal, dispositions transitoires, abrogatoires et finales. Le Code des Assurances met donc fin au monopole de la Société nationale des assurances (SONAS). L’Etat considéré comme assureur de ses propres véhicules est obligé d’assurer
ses véhicules (appartenant au pouvoir central, aux provinces), contrairement à la pratique internationale, sauf les véhicules militaires et de la police, etc. A la lumière de ce projet de Loi, qui consacre la libéralisation du marché des assurances, il est question pour l’Etat d’assumer ses responsabilités de régulation et de contrôle du marché, et de créer une autorité de régulation. Quant à l’avenir de la Sonas, à la lumière de la nouvelle loi, une période
transitoire permet à cette société commerciale de se conformer dans la mesure où la loi entrera en vigueur 12 mois après sa promulgation. A cet effet, la Sonas disposera de 15 mois, soit suffisamment de temps pour se mettre au pas de la concurrence. L’Etat est donc appelé à assumer ses responsabilités en ce qui concerne la régulation et le contrôle du marché ainsi que la discipline des opérateurs dans l’intérêt des assurés. (Source : primature.cd)
Germain Kambinga en pré-campagne de promotion de l’industrie congolaise
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e ministre de l’Industrie, Germain Kambinga, a poursuivi la précampagne de promotion de l’industrie congolaise dénommée « Made in Congo », en recevant lundi dans son cabinet les opérateurs économiques du secteur agro-alimentaire. M. Kambinga a demandé à cette occasion à ses hôtes de l’accompagner dans la campagne proprement dite qui débutera le 20 du mois en cours. Durant cette campagne, a dit le ministre, le ministère de l’Industrie cherchera à convaincre la population congolaise de consommer les produits fabriqués au pays. « Il faudra que les Congolais
société NESTLE, Franck Otete, a apprécié l’initiative du ministre qui a fait de la promotion de l’industrie locale son cheval de bataille pour promouvoir, appuyer et soutenir les industries congolaises. Le représentant des industries pharmaceutiques, M. Georges kakera Kodjo, pour sa part, a indiqué qu’il s’agit plus d’un partenariat entre le ministère de l’Industrie et les partenaires industriels en RDC pour y créer des emplois.
arrivent à consommer local avec le label Made in Congo, une forme de patriotisme économique à inculquer à
tout prix aux acheteurs congolais », a dit M. Kambinga. De son côté, le représentant de la
Les industriels ont promis de se ranger aux côtés du ministre pour l’accompagner dans la démarche de promotion de l’industrie congolaise. (avec ACP)
La DGI/Kisangani pulvérise ses assignations de 2014 Le commissaire provincial chargé de la décentralisation et de la réforme des finances, Jean Marie Mbende, a affirmé que la Direction générale des impôts(DGI)/Province Orientale a réalisé des recettes de l’ordre de 3.500.000.000 FC (Trois milliards cinq cent millions de FC), dépassant ainsi les assignations fixées par le gouvernement provincial à 2.500.000.000 FC (Deux milliards cinq cent millions FC). Il a fait cette annonce à l’issue de la première
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réunion de la troïka stratégique provinciale de 2015. Selon la source citant M. Mbende, cette performance atteste que l’économie de la Province Orientale qui enregistre un taux de croissance économique variant entre 5 et 8 %, est en train d’avancer positivement pour atteindre une vitesse de croisière. Outre la performance de la DGI, Jean Marie Mbende a cité également la Direction Générale de douanes et Accise(DGDA), la Direction
générale des recettes administratives et domaniales (DGRAD). Par contre, la Direction générale des recettes de la Province Orientale (DGRPO) a tendance à la baisse de mobilisation des recettes qui ne peuvent atteindre que plus ou moins 40% pour la même période. Pour renverser cette tendance à la baisse, M. Mbende a estimé nécessaire l’organisation de séances de renforcement des capacités des agents et cadres de la DGRPO. S’agissant
des retombées de cette croissance économique, Jean Marie Mbende a laissé entendre que sur le plan de l’exploitation, elle apporte un boom économique dans les flux financiers avec, a-t-il poursuivi, la présence de la société d’extraction de l’or » Kibali GOLD » qui est le détonateur de cette croissance. Il a cité, en outre, les impacts de cette croissance au niveau des infrastructures routières. (Avec ACP)
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INTERNATIONAL
Boko Haram plonge le nord-est du Nigeria dans l’horreur
D
es centaines voire des milliers de personnes ont été tuées par les islamistes la semaine dernière. Les témoignages affluent pour raconter leurs exactions. Après plusieurs jours de fuite éperdue, les survivants de ce qui serait la pire attaque de Boko Haram racontent l’horreur qu’ils ont vécue sur les rives du lac Tchad, dans l’extrême nordest du Nigeria. De la ville de Baga et une quinzaine d’autres localités dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, il ne reste presque rien. Elles ont été incendiées, rasées, et les populations qui n’ont pas pu fuir ont été massacrées. Les attaques ont débuté le 3 janvier et ont duré plusieurs jours. Aucun bilan précis n’est donné pour le moment, mais Amnesty International avance le chiffre de 2.000 morts, quand d’autres, plus prudents, parlent de plusieurs centaines de victimes.
Une position stratégique Baga, 10 000 habitants, s’est développée autour de son marché aux poissons et de sa communauté de pêcheurs. Aujourd’hui, le lac Tchad a reculé, mais la ville est restée le grand carrefour agricole et commercial du nord-est du Nigeria. Elle abritait aussi une caserne de la force sous-régionale supposée protéger les populations contre ce type d’attaques. Mais, depuis plus d’un mois, les troupes nigériennes et tchadiennes s’étaient retirées. Il ne restait que des Nigérians. Samedi 3 janvier, des dizaines de véhicules chargés de plusieurs centaines de combattants islamistes de Boko Haram déferlent sur cette base militaire. L’attaque, venue simultanément du Nigeria et du Tchad, est coordonnée, affirme le chef de district, Alhaji Baba Abba Hassan, au Daily Trust (en anglais). Les
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troupes nigérianes sont submergées. Elles prennent la fuite.
“C’est le chaos total” Les assaillants s’en prennent alors à la ville et aux villages environnants. Cela dure plusieurs jours. “C’est le chaos total”, déclare le lendemain de l’attaque, à RFI, un sénateur de l’Etat du Borno, Maina Ma’aji Lawan. “Les gens ne savent plus dans quelle direction fuir ni vers qui se tourner pour être protégés.” Cinq jours après l’attaque, le chef de district affirme que “depuis le jour de l’attaque, ils [les combattants de Boko Haram] n’ont pas bougé d’un pouce. Ils sont dans Baga et ils vont de maison en maison, cherchant les gens et tuant ceux qui n’ont pas de chance.” Les habitations sont rasées. Des centaines de corps jonchent les rues de la ville, selon des témoignages recueillis par le site Sahara Reporters (en anglais). Parmi eux, des femmes, des enfants. Personne n’ose les enterrer. Un habitant, parvenu à entrer dans la ville pour aller chercher ses économies, confie à l’AFP, lundi 12 janvier, que “toute la ville empeste l’odeur des cadavres en décomposition”. Dans une édition locale de la BBC, un responsable local constate : “Baga est anéantie. Ils ont brûlé entièrement Baga.”
La fuite par le lac Membre d’une milice d’autodéfense, un survivant rencontré par le Premium Times (en anglais) se souvient : “Boko Haram a surgi dans Baga de tous les côtés, tirant, tuant. Nous n’avions pas d’autre choix que de fuir avec les autres.” Acculés sur les rives du lac, des centaines d’habitants tentent de s’échapper en bateau, en pirogue, vers les îles du lac. “Nous avons vu un grand bateau qui transportait 25 personnes. Toutes avaient été abattues.”
Un autre survivant explique que les assaillants se “couchaient en embuscade dans l’eau et quand une embarcation arrivait avec des habitants tentant de fuir, ils les attaquaient et les abattaient tous.” Isolés sur des îles infestées de moustiques, sans nourriture, des rescapés meurent. Ce survivant dit avoir vu beaucoup de corps sur les îles du lac Tchad : “De nombreuses personnes ont été tuées là-bas comme des insectes.” Il ajoute que “les tueries n’ont pas duré un jour, mais le premier jour, elles étaient massives, les soldats et les habitants étaient tués. Même après [que les combattants de Boko Haram] eurent pris Baga, ils ont continué à attaquer des villages voisins.”
Tenter sa chance en brousse Quand ils ne fuient pas par le lac, d’autres tentent leur chance en brousse. Les transports sont coupés, les routes dangereuses. Un témoin dit à l’AFP être resté tapi entre un mur et la maison de son voisin, écoutant les massacres autour de lui, sortant la nuit pour “avaler rapidement des graines de manioc, boire de l’eau”. Trois nuits après le début de l’attaque, Boko Haram commence à brûler la ville. L’étau s’est un peu desserré. Le témoin cité par l’AFP en profite, se glisse dans la nuit, en direction opposée des bruits des islamistes, et découvre l’horreur : “Sur cinq kilomètres, je n’ai pas arrêté de marcher sur des cadavres, jusqu’à ce que j’arrive au village de Malam Karanti, qui était également désert et brûlé.” Il doit la vie à un vieux berger peul qui lui indique la direction à prendre pour éviter les bandes islamistes. Marchant, courant, il arrive le lendemain à 65 km de son point de départ, avant de prendre un bus pour Maiduguri, à 200 km de Baga. D’autres, poursuivis en brousse, ont eu moins de chance. Le milicien
rencontré par le Premium Times affirme avoir croisé “de nombreux corps, certains en groupes, d’autres seuls, dans la brousse. J’ai vu des enfants et des femmes morts, et même une femme enceinte avec le ventre ouvert.”
De nouveaux enjeux
Désormais, Boko Haram, en plus d’avoir remporté une victoire symbolique sur les puissances de la sous-région, contrôle toute une zone stratégique aux frontières de plusieurs pays. Comme le résume le sénateur de l’Etat du Borno : “Vous n’avez qu’à tendre le bras et vous êtes au Niger, vous faites un pas dans une autre direction et vous êtes au Tchad.” Quant au Cameroun, Boko Haram a menacé personnellement son président, Paul Biya, le mois dernier. En clair, toute la région risque désormais l’embrasement. De plus, en prenant possession d’un territoire ayant accès au lac Tchad, l’organisation terroriste s’est dégagée une nouvelle voie de ravitaillement. Des armes en provenance de Libye transiteraient déjà par le lac et Boko Haram dispose désormais d’un point d’atterrissage. Enfin, cette nouvelle attaque coïncide avec le lancement de la campagne pour les élections législatives et présidentielle de février. Le scrutin ne pourra pas se dérouler dans l’état du Borno, à cause de l’insécurité. Et, pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1999, le Parti démocratique populaire, le PDP, n’est pas assuré de remporter la victoire. Le président Goodluck Jonathan est vivement critiqué pour son incapacité à contenir la menace de Boko Haram, alors que le conflit a fait plus de 10 000 morts en 2014. Il pourrait être battu par Muhammadu Buhari, un ancien général. Un homme qui a la réputation d’être un dirigeant à la poigne de fer.
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Amour vrai : 5 signes qui ne trompent pas ... La suite de la page 10 du numéro 012 de notre édition parue entre 08 et 13 janvier 2014
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’où la peur de le perdre. Explication lumineuse de Monique Schneider (3), philosophe et psychanalyste : « L’amour implique une prise de risque. Il suscite un phénomène de vertige, parfois même de rejet : on peut casser l’amour parce que l’on en a trop peur, le saboter tout en essayant de se confier, réduire son importance en s’attachant à une activité où tout repose sur soimême. Tout cela revient à se protéger du pouvoir exorbitant de l’autre sur nous. » D’autant, souligne encore Freud, qu’Éros et Thanatos vont de pair. Je t’aime, je te détruis. Éros, c’est notre désir de nous lier amoureusement les uns aux autres?; Thanatos, c’est la pulsion de mort qui nous pousse à rompre le lien pour que notre moi reste tout-puissant. L’amour poussant à sortir de soi, le moi le combat. « C’est difficile de renoncer à soi, décrypte le psychanalyste Jean-Jacques Moscovitz (4). On sent bien quand on aime que quelque chose nous tiraille. L’amour touche à notre être, à ce que nous sommes au monde. Peu de gens s’en rendent compte. Ils se retrouvent seuls et se sentent bien dans cette solitude puisqu’ils sont désormais à l’abri de cette pulsion de mort. Mais quand, dans l’amour, on a survécu aux déchirements, aux conflits, on atteint une zone formidable où rejaillit le sentiment. » L’amour vrai n’est pas un contrat d’affaires : c’est un sentiment violent qui fait courir un danger aux deux partenaires. Il ne faut jamais l’oublier quand on doute, quand l’autre semble nous « désaimer ». « Quand quelqu’un se défend, explique Monique Schneider, ça ne veut pas dire qu’il n’est pas amoureux. Il peut juste redouter de se retrouver les mains liées. »
Accepter de s’engager avec lui dans l’inconnu Rien n’est écrit. Le romantisme de la passion qui flamberait puis irait
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vers une prévisible extinction est un mythe. L’amour ne prend pas systématiquement le chemin d’une pente déclinante. Il peut emprunter une route inverse. Nous devons accepter de ne pas avoir de maîtrise sur nos sentiments. « On n’entre pas dans un univers volontariste ou méthodique, ajoute Monique Schneider. On peut passer par des épisodes contrastés. Traverser des instants de bonheur extatiques fait que l’on peut ensuite tomber de très haut, bien sûr. Mais être persuadé que l’amour n’est jamais certain signifie que l’on a hérité d’un passé qui nous empêche de croire en nous et en l’autre. Pour aimer vraiment, il faut presque croire en une sorte de miracle. Freud parle d’attente croyante. Il faut entretenir le feu qui peut redémarrer, ne pas exiger de satisfaction immédiate. » Accepter l’inconnu, être patient…
Éprouver du désir Aucun doute : aimer, c’est avoir envie de l’autre. Mieux, confirme JeanJacques Moscovitz : « Faire l’amour aide à aimer. Sans échange corporel, quelque chose dans l’amour ne se fait pas. L’amour demande du plaisir parce qu’il y a du désir. Et les amants qui s’aiment connaissent une jouissance supplémentaire. La différence des sexes s’annule dans le rapport. On ne sait plus qui est l’un et qui est l’autre. Les deux se confondent. Il y a désinvestissement de la valeur de l’organe. On fait corps. C’est une
jouissance qui écrase. » Sans amour, le plaisir se vit comme un moyen de se débarrasser d’une tension, tandis que pour jouir dans une émotion qui dégage des ondes, des vibrations, une expérience forte, il faut aimer vraiment : « Dans l’amour, on obtient une jouissance autre », renchérit Monique Schneider. Une baisse de désir signifie-t-elle un désamour ? Pas du tout : « Il est des moments de bonheur où l’on est tellement heureux que l’autre soit ce qu’il est que l’on peut simplement se satisfaire du fait qu’il existe », rappelle Monique Schneider. Au-delà de ces instants de contemplation, d’autres femmes dissocient amour et désir. « Ce n’est pas qu’il y ait moins de sentiments, développe Jean-Jacques Moscovitz. Au contraire. C’est un peu comme si se donner trop allait les faire disparaître. Intervient ici quelque chose de l’enfant qui n’est pas réglé, un idéal de l’amour beaucoup trop ancré dans l’idéal paternel. Elles ont été femmes et redeviennent des petites filles : la relation leur apparaît incestueuse. La dimension paternelle reprend le dessus, peut-être pour se protéger de cette peur de se voir dissoutes dans le corps à corps. » Ces femmes se réfugient dans un amour adorateur, se défient de la relation sexuelle, qui doit à nouveau être apprivoisée. Elles peuvent alors passer par une autre forme de rapport physique, celle de l’étreinte : envelopper l’autre, le porter comme s’il était à l’intérieur de soi. Et quand l’envie revient, le désir suit. Rien de
figé dans ces flux et reflux. Tout va et vient.
Se sentir exister « Être aimé, c’est se sentir justifié d’exister », disait en substance Sartre. L’amour vrai, c’est cette expérience de légitimation au monde, cette illusion que notre amour est unique. L’autre est l’idéal incarné, et nous existons grâce à son regard. L’amour nous redonne un statut d’enfant convaincu de sa toutepuissance, convaincu que s’il n’existait pas, le monde raterait quelque chose. On s’élit l’un l’autre. Ce thème biblique de l’Élu, Freud le reprend à son compte pour bien distinguer l’amour vrai de l’amour charité tourné vers le bien. Nous investissons l’autre. Nous lui reconnaissons son importance radicale : nous l’estimons, nous le valorisons, nous le croyons irremplaçable. Nous avons fait une trouvaille, découvert un trésor. Nous ne sommes plus seuls. L’autre nous apporte aussi son monde, une ouverture vers d’autres horizons, des émotions que nous ne percevions pas avec la même intensité auparavant. Nous sommes davantage « réveillés ». Nous avons le sentiment d’être à l’abri puisqu’il a su nous découvrir. « Aimer vraiment intensifie notre sensation d’exister », conclut Monique Schneider. Hélène Fresnel (in http://www. psychologies.com)
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