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RDC-ONU

La Monusco aggrave la crise Pge 6

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Linda Greenfield : nouveau proconsul US en RDC ? Pge 4

VIFCONGO Hebdomadaire, Ed. N°021, du 18 au 24 mars 2015, Kinshasa - RDC 2000fc, Etranger 2,5USD Editeur JONAS EUGENE KOTA, Tél.: +243998283702, e-mail: levifducongo@gmail.com

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Velléités d’insurrection en RDC

Interrogations sur le rôle des Américains Sous prétexte d’aider les jeunes Congolais à participer à la gouvernance ou au processus électoral, l’USAID a parrainé des ateliers animés par des membres de « Y’en a marre » et du « Balai citoyen », mais qui s’avère, selon le Gouvernement congolais, avoir été un cadre d’entraînement de ces jeunes pour une « insurrection visant à révolter les jeunes contre le pouvoir »

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LIA, MELA, SOMBA, LATA CONGO

Perspectives électorales

Guerre fratricide au sein de l’opposition

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son contraire 2

POLITIQUE

Velléités d’insurrection en RDC

Interrogations sur le rôle des Américains

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ous prétexte d’aider les jeunes Congolais à participer à la gouvernance ou au processus électoral, l’USAID a parrainé des ateliers animés par des membres de « Y’en a marre » et du « Balai citoyen », mais qui s’avère, selon le Gouvernement congolais, avoir été un cadre d’entraînement de ces jeunes pour une « insurrection visant à révolter les jeunes contre le pouvoir » “ Si des présidents africains ne respectent pas leurs Constitutions, les USA aideront les peuples des pays dont des chefs d’États sont fin mandat à se prendre en charge”. Tel est la récente déclaration de la SousSecrétaire d’Etat américaine aux affaires africaines. Dans certaines capitales africaines, ce propos a une connotation bien particulière. Pour le cas spécifique de la RDC, bien d’interrogations ont fusé des salons capitonnés sur la signification réelle de ce genre de propos. Washington est devenu à ce point si proche de certains événements en RDC que l’on ne peut s’empêcher de se poser des questions. C’est, en effet, dans la même encablure du temps que des opposants congolais ont séjourné aux USA à l’invitation de structures qui demeurent encore inconnues à ce jour, sinon certaines apparitions de personnalités comme Herman Cohen qui a laissé un souvenir bien particulier dans les Grands Lacs. C’est aussi en cette même période que des activistes burkinabés et sénégalais ont séjourné en RDC dans le but affirmé d’aider les jeunes congolais à participer dans la gouvernance de leur pays.

Indices d’insurrection

Les services spécialisés ont suivi leurs activités pour finir par procéder à des arrestations qui ont soulevé un

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tollé dans les médias occidentaux et dans certaines chancelleries. Lundi dernier, l’Ambassade des Etats-Unis à Kinshasa a reconnu avoir financé ce séjour. Selon BBC qui a rapporté l’information mardi 17 mars 2014, « un porte-parole de l’Ambassade a déclaré que “cet événement, parrainé en partie par le Gouvernement américain, est l’une des nombreuses activités que le Gouvernement américain encourage. “ Justifiant la nature de cet événement, il a indiqué que “les activités de Washington concernent les jeunes et la société civile dans le cadre de l’engagement pour les encourager de se faire entendre. “ Ces propos ne donnent, cependant, pas assez d’éclairages sur la nature exacte de cette activité qui intervient à un moment assez tendu en RDC, après les événements de la mi-janvier qui reste encore d’actualité. Le Porteparole du Gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, a soutenu que les ateliers animés par les

membres de « Y’en a marre » et du « Balai citoyen » étaient une manœuvre de déstabilisation et d’atteinte à la sûreté de l’Etat. « La police estime avoir des raisons de croire qu’il y a une manœuvre de déstabilisation et d’atteinte à la sûreté de l’Etat derrière cette activité de personnes qui se réclament de Y’en a marre et du Balai du Burkina Faso », a-t-il confié à RFI, ajoutant que « le voyage (Ndlr : des activistes sénégalais et burkinabés) a été entaché de pas mal d’irrégularités, d’une sorte de manipulation même de nos services d’immigration ». Pour cela, a encore révélé le porte-parole du Gouvernement « ils ont été plus ou moins sous surveillance et on est tombé sur des choses que la police se réserve de mettre à la disposition de la justice ». Ces militants, a-t-il conclu, sont soupçonnés “d’insurrection visant à révolter les jeunes contre le pouvoir »,

et « d’organiser des bandes de jeunes pour leur demander de faire mieux que le 19 et 21 janvier », notamment en leur apprenant des techniques de fabrication des cocktails Molotov.

La main noire de l’Oncle Sam…

Trop de faits se coïncident donc pour susciter des interrogations sur ce que Washington, principal parrain de ces ateliers, vise dans ses initiatives. Qu’est-ce que l’USAID, agence américaine de développement, a à voir avec des questions de démocratie à ce niveau de la problématique ? Doiton penser que les événements du 19 au 21 janvier n’étaient qu’une sorte de répétition générale avant le grand assaut ? Ces interrogations sont d’autant plus légitimes qu’elles renvoient à la dernière déclaration de Linda ThomasGreenfield qui a promis que son pays aidera les populations africaines à

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Edito Alternance au forceps !

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amais pays n’a subi autant de harcèlement que la RDC ces derniers mois. Au nom de l’alternance, tous les stratagèmes sont désormais permis. Au besoin hors des urnes et avant les échéances électorales. Le fameux droit des peuples à l’autodétermination est foulé au pied. Même des étrangers ne s’empêchent plus, non seulement de s’inviter dans le débat national, mais de devenir des acteurs de terrain ou, tout au moins, des coaches dans l’ombre pour inciter à l’insurrection. L’impatience mêlée à la hargne pour le pouvoir dont fait montre certains fils du pays sert de terreau pour la réalisation des plans machiavéliques contre la RDC. La montée en puissance des économies africaines, à l’instar de celle de la RDC, ont éveillé des appétits hégémonistes qui visent le contrôle du pouvoir pour savoir mieux contrôler ces économies. Vu sous cet angle, on peut s’interroger sur ce qui peut rester des valeurs de démocratie, de liberté et de souveraineté des Etats. Chercher, à tout prix, à créer des courants extrapolitiques pour radicaliser les peuples contre leurs institutions n’a pas d’autre non que le détricotage des avancées engrangées jusque-là dans le combat de ces mêmes peuples pour la démocratie et le développement. Et les Congolais en savent un bon rayon, eux qui ont vécu ce combat dans leur âme et dans leur chair depuis l’aube de son indépendance. Et ce qui est révoltant, c’est que ce combat vient des mêmes impérialistes. Il revient alors aux Congolais de savoir situer leurs intérêts pour rester maîtres de leur propre destin, au lieu de se mettre au service des ambitions étrangères qui ne se traduiraient, chez-nous, qu’en prédation ! Jonas Eugène KOTA

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POLITIQUE s’occuper de leurs Chefs d’Etat qui veulent briguer un troisième mandat, ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Ce qui amène certains observateurs à se convaincre que certaines officines tentent d’écourter la mandature actuelle pour des fins que l’on ignore. D’autres vont plus loin pour mettre ce qui se passe ces derniers temps dans certains pays africains sur le compte d’une volonté de retour de Washington

dans le leadership de ces pays. « Les Américains ont passé des années à guerroyer contre les terroristes au moyen Orient et dans les Balkans, au point de pratiquement perdre pied en Afrique au profit de nouvelles puissances économiques comme les Chinois et les Indiens », analyse un interlocuteur du Vif du Congo qui poursuit : « Aujourd’hui, avec la crise qui sévit en Occident, Washington

s’est réveillé sur son retard et voudrait reprendre sa place, au besoin en reprenant le contrôle du pouvoir dans les économies africaines. C’est la signification première qu’il faudrait donner au sommet Afrique – USA que Barack Obama a organisé l’année passée, alors que des Congresmen américains le lui ont recommandé depuis plusieurs années ». Le Vif du Congo

Quand l’horizon 2016 fait peur

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uand la convoitise du pouvoir se mêle de la danse des opposants en vue de briguer la magistrature suprême, on n’a plus à s’étonner qu’ils mettent le comble dans les initiatives pour se débarrasser de celui qu’ils considèrent à tort comme l’obstacle majeur à leur élan. Le tout se base sur des procès d’intention sur une préoccupation à laquelle la Constitution a déjà apporté des réponses précises et strictes. En outre, Joseph Kabila, la cible des attaques des opposants, a lui-même déjà solennellement déclaré qu’ « en 2016, il n’y aura pas d’hécatombe ». Une métaphore qui en dit long sur sa décision de quitter pacifiquement le pouvoir.

Lesdits membres de ces groupes de pression ont été appréhendés dimanche 15 mars dans la commune de Masina après leur séjour à l’Est du pays.

Pourquoi alors raisonner et agir comme si on était déjà en précampagne pour le scrutin présidentiel ? Nombreux sont, en effet, les analystes qui s’interrogent sur l’appréhension et le malaise des opposants qui ont fait venir en RDC des membres des groupes de pression “Y’en a marre” du Sénégal et le “Balai citoyen” de Burkina Faso. Outre leurs méthodes traditionnelles de diabolisation, de criminalisation à outrance de Joseph Kabila à travers les provocations outrancières et innombrables, la médiatisation des intox et des impostures sur lui afin que le peuple le vomisse et le somme de quitter le pouvoir via un scénario inspiré du printemps arabe ou à la Burkina Faso.

Pour cet observateur, les opposants qui, depuis deux mandats, ont été incapables de battre Joseph Kabila aux élections ont certainement marre de lui sans que cela veuille dire que c’est le peuple qui est excédé de lui. Pour lui, c’est une supercherie propre aux opposants qui exposent leurs pensées comme si elles étaient celles du peuple. S’agissant du “Balai citoyen” né au Burkina Faso et dont le but était l’opposition à la volonté du Président Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour briguer un septième mandat, un analyste a estimé que les opposants congolais ont manifesté là leur volonté de reproduire en RDC l’expérience burkinabée. Pour l’analyste, le contexte congolais ne

La polémique qui enfle aujourd’hui est basée sur l’insinuation ou la symbolique même de l’invitation de ces membres des groupes de pression. Que sont-ils venus enseignés aux Congolais que les Congolais ne savent pas déjà. Si l’on se fonde sur l’intervention de Fadel Barro du mouvement “Y en a marre”, ces étrangers sont venus lancer un “appel à l’éveil de la jeunesse africaine”, insistant sur le fait que “deux mandats, c’est deux mandats et non trois”. Pour un observateur, c’est un quolibet des opposants qui s’activent à provoquer les adversaires politiques.

se prête pas au scénario à la Burkina Faso, étant donné que personne n’a porté la main sur les dispositions constitutionnelles qui limitent à deux le nombre des mandats à briguer par un Chef de l’Etat en RDC. C’est une tentative éperdue d’en arriver à chasser inconstitutionnellement Joseph Kabila du pouvoir après que toutes les méthodes essayées pour ce faire ont échoué. Et vu que, poursuit l’analyste, les Burkinbés ont réussi là où eux, les opposants congolais, ramassent une pelle, ils ont cru bien agir en recourant à l’expertise des Burkinabés de « Balai citoyen » qui symbolise, en fait, le grand rêve des opposants impatients d’arracher la présidence à Kabila. Le cheminement des pensées, de même que l’objectif des opposants, sont facilement compréhensibles dans la mesure où ils sont malmenés par leur convoitise du pouvoir ainsi que leur haine viscérale vis-à-vis de Kabila qu’ils veulent déchoir par tous les moyens.

Où est la dignité pour la RDC ?

C’est une honte éléphantesque pour les opposants de recourir à l’expertise des groupes de pression des pays africains pour alimenter le chaos en RDC pour se caser au pouvoir. Dans quel autre pays du monde, un pouvoir en place a autorisé cela ? Cette dernière initiative entre-t-elle dans la perspective des USA dont les autorités ont déclaré que si les chefs d’Etat

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ACTUALITE africains ne respectaient pas leurs Constitutions, les USA aideraient les peuples africains à se prendre en charge ? Autant de question en vertu des quelles, il est clair que les opposants ont troqué la dignité de la RDC avec leur convoitise du pouvoir à briguer illico et à n’importe quel prix. L’intolérable doit-il être accepté en RDC parce que les opposants doivent

briguer la présidence ?

La priorité en RDC n’est pas maintenant la présidentielle

Les opposants s’activent à éloigner l’attention des Congolais sur

l’essentiel qui est la poursuite du travail pour inscrire la RDC dans la sphère des nations émergentes. Ils ne se concentrent que sur les voies et moyens de briguer le pouvoir alors qu’il y a encore plus de 18 mois qui séparent les Congolais de la prochaine présidentielle. Joseph Kabila, tel est un pèlerin du devoir, poursuit son bonhomme de chemin, s’agrippant

sur l’essentiel pour autant qu’il sait que son nom doit s’inscrire dans l’histoire des épopées républicaines de la RDC. Une visée qui lui impose un mutisme qui malmène les opposants et qui les poussent à entretenir des soupçons à partir desquels ils programment leur prise de position et déterminent leurs attitudes et démarches. Samy BOSONGO

Linda Greenfield : nouveau proconsul US en RDC ? recadrage, l’hégémonisme latent des USA sur la direction des pays africains allait tempérer ses ardeurs. Au contraire, les jours qui ont suivi ont vu monter la pression occidentale à travers, notamment, John Kerry, Secrétaire d’Etat américain, et Ross Feingold, envoyé spécial d’Obama dans les Grands Lacs et en RDC. L’offensive s’est même transportée jusque dans les murs même de la RDC où elle claquait comme un fouet sur le dos des « néo-colonisés congolais ».

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u sortir du premier sommet AfriqueUSA tenu en juillet 2014 à Washington, Linda-Thomas Greenfield, Secrétaire d’Etat américaine aux affaires africaines, s’était fendue d’une tribune parue dans la revue Jeune Afrique, dans laquelle il dissertait sur la corrélation Constitution – démocratie – mandats présidentiels. Basant son analyse sur un sondage « afrobaromètre », certainement menée par les soins de l’administration Obama, elle soutenait la thèse selon laquelle il ne saurait y avoir de démocratie sans respect des mandats présidentiels – deux seulement, selon elle. Au-delà, indiquait-elle, non seulement qu’on

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allait en dehors de la volonté du peuple tel que transparu dans son sondage, mais aussi l’on versait dans un régime dictatorial à parti unique. En son temps, Lambert Mende Omalanga avait réservé une réplique à Greenfield par la même voie, c’est-à-dire une tribune dans Jeune Afrique. Dans sa réaction, le porteparole du Gouvernement, qui avait également fait une communication à Washington lors du sommet Afrique – USA, soulignait l’absurdité d’une telle comparaison en relevant, notamment, que des pays comme l’Allemagne, la Bolivie, le Luxembourg sont dirigés par des Responsables depuis plus de deux mandats, le Luxembourgeois affichant 18 années de pouvoir à son

compteur. Cela ne fait pourtant pas de ces pays des dictatures. Mende relativisait aussi la valeur du sondage évoqué dans la tribune de Linda Greenfield en révélant, d’une part, que le site d’Afro baromètre soulignait que ce sondage avait été mené dans 27 pays d’Afrique seulement, et, d’autre part, que les autres pays, y compris la RDC et ceux où se déroule le débat sur la révision ou pas de la Constitution, n’ont vu passé aucun enquêteur de cette institution. Plus loin, Mende notait que « la démocratie en Afrique n’est pas une denrée d’importation dont le distributeur assure le service aprèsvente ». L’on espérait qu’avec un tel

Aujourd’hui encore, les Congolais doivent faire face aux mêmes injonctions de Washington, malgré la démission de Feingold. LindaThomas Greenfield résonne sur la même corde et a récemment donné de la voix avant de prendre ses fonctions sous les tropiques. “ Si des présidents africains ne respectent pas leurs Constitutions, les USA aideront les peuples des pays dont des chefs d’États sont fin mandat à se prendre en charge”, a-t-elle déclaré, en effet. On n’en est donc plus à des avis et conseils que, diplomatiquement, les pays qui se vouent un respect mutuel s’échangent, mais carrément à ces injonctions que le Président Joseph Kabila avait dénoncé en janvier dernier devant les Ambassadeurs. Avec un tel discours sans fards, autant conclure que les Congolais sont désormais sous les ordres d’un proconsul de qui ils recevront désormais les ordres… LVC

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ACTUALITE

Comment Lambert Mende avait recadré Linda Greenfield

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n parle beaucoup de la révision constitutionnelle. La controverse bat son plein à Kinshasa et dans quelques autres pays africains. Aux interrogations légitimes des uns sur l’architecture institutionnelle en gestation en RDC se juxtaposent des considérations plus ou moins triviales des autres. Des ténors de la communauté internationale s’invitent régulièrement dans ce débat. C’est le cas de madame Linda ThomasGreenfield, Sous-Secrétaire d’Etat US aux Affaires africaines, auteure d’une tribune comminatoire intitulée “Deux mandats et puis s’en va” parue chez Jeune Afrique (N° 2804 du 5 au 11 octobre 2014). Elle y disserte sur quelques préceptes de son cru qui seraient le secret du bonheur sous nos tropiques africains. C’est un sondage de l’Afrobaromètre, un think tank américain, qui lui sert de soubassement pour marteler sa conviction : tout pays dont la constitution permettrait à un dirigeant de se présenter aux élections plus de deux fois consécutivement vit sous un régime dictatorial à parti unique dans lequel des élections libres sont impossibles. On ne voit pas autrement la corrélation entre ses statistiques et les limites au nombre des mandats présidentiels qui sont au cœur de son plaidoyer. Jusqu’à cette révélation, on ignorait que l’Allemagne où la chancelière Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, a entamé un troisième mandat en 2013, le Luxembourg de Jean-Claude Juncker, Premier ministre de 1995 à 2013 (18 ans) et la Bolivie du président socialiste Evo Morales qui vient de se faire réélire pour un troisième mandat consécutif, vivaient sous la coupe de partis uniques et que les élections qui s’y tiennent ne méritent pas le label “libres et justes”… Sur son site web, Afrobaromètre, l’auteur du sondage que ThomasGreenfield considère comme “une

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véritable référence d’enquêtes d’opinion indépendantes sur le continent” signale qu’il ne travaille que dans 27 pays africains. Constat : hormis l’Ouganda, les impressions et conclusions du sondage brandi par Thomas-Greenfield comme reflétant “les opinions bien réelles de millions de personnes” n’ont pas été recueillies dans les pays africains concernés par cette problématique. Personne au Rwanda, au Burkina Faso, au Burundi, en RDC et au Congo Brazzaville n’a vu ni entendu quoi que ce soit sur l’enquête de l’Afrobaromètre qui apparaît à l’analyse comme un tour de passe-passe de communicants professionnels. Rien de “fair and balanced” (juste et équilibré). Linda Thomas-Greenfield aurait pu avertir les lecteurs qu’en l’espèce elle avait procédé par extrapolation. Son insistance sur la nécessité de respecter la constitution est certes louable, mais on ne voit pas bien ce qui justifierait une interdiction aux Africains de réviser leurs constitutions. Il n’est pas intellectuellement honnête d’affirmer que la possibilité pour un dirigeant de solliciter plus de deux mandats électoraux serait assimilable ipso facto à l’avènement d’un système non démocratique. Les Africains n’ont pas à plier devant cette lourde tendance qui fait si peu cas de leur autodétermination. Un sondage n’a pas vocation à se substituer à des scrutins organisés conformément aux textes constitutionnels en vigueur. Si l’on accepte l’assertion terrible selon laquelle modifier la Constitution c’est servir les intérêts d’un seul homme, il faudrait dès à présent arrêter le temps et l’histoire et s’abstenir de toucher sous quelque condition que ce soit à ce dogme immuable que deviendraient les constitutions partout et pas seulement en Afrique.

La démocratie en Afrique n’est

pas une denrée d’importation.

La démocratie en Afrique n’est pas une denrée d’importation dont le distributeur assure le service aprèsvente. Au Congo-Kinshasa, la volonté interne de démocratiser les institutions ne s’est jamais démentie depuis la Conférence nationale souveraine des années 1990. Une constitution, fruit du consensus entre belligérants, a été adoptée et promulguée le 18 février 2006. Les institutions mises en place en cette circonstance sont fonctionnelles depuis près de dix ans et les Congolais jouissent des droits démocratiques qui y sont garantis ainsi que l’attestent la vivacité et la virulence du débat politique. Le pessimisme qui transparaît en filigrane dans l’article de Thomas-Greenfield ne se justifie plus pour ce pays. D’autant plus qu’en droit congolais, la révision constitutionnelle qui est adossée sur la perfectibilité de l’œuvre humaine n’est pas hors-la-loi. Elle est même érigée en règle par l’article 218 de la Constitution tandis que la non révision des matières énumérés à l’article 220 en est une exception qui ne remet pas en cause le principe de la souveraineté du peuple rappelé par l’article 5 en vertu duquel nul ne peut imposer des limitations à “la souveraineté nationale (qui) appartient au peuple. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice”. Il appert dès lors clairement qu’une révision constitutionnelle, dans ses règles autant que ses exceptions, se justifie dès lors qu’elle fait rimer démocratie participative, facilitations institutionnelles, stabilité et développement. Par ailleurs, les échéances électorales de 2006 et 2011 ont démontré à quel point le coût des élections peut être prohibitif pour un pays post conflit. Obliger la RDC à se payer quatre élections directes (locales,

provinciales, législatives nationales et présidentielle) à chaque législature, c’est l’étrangler financièrement. Ce constat est aux sources de l’initiative gouvernementale d’une révision visant à faire élire les députés provinciaux au suffrage universel indirect. Certains dans l’opposition préféreraient autant que Linda Thomas-Greenfield le raccourci qui consiste à tendre la main à la générosité de la Communauté internationale pour le financement de nos scrutins. C’est une mauvaise habitude qu’il faut abandonner. Le peuple congolais n’a rien à gagner à continuer à soumettre l’exercice de souveraineté par excellence que sont les élections à la charité internationale. Il se doit d’être réaliste au regard des promesses non tenues de plusieurs partenaires en 2006 et 2011. Le président Kabila dont la majorité est à mi-mandat n’a encore rien dit sur l’élection présidentielle dont la convocation interviendra fin 2016. Il se consacre à la réalisation du programme sur lequel il a été élu. Plutôt que de chercher à importer des schémas institutionnels prêts-àporter en Afrique, les vrais amis de ce continent feraient donc mieux de prendre en compte la corrélation qui existe entre tout système politique et son environnement socioculturel. La méconnaissance d’une telle corrélation a déjà causé d’innombrables victimes sur le continent, de la Libye à la Somalie en passant par le Soudan du Sud. Les Policy makers comme Madame Linda Thomas-Greenfield sont invités à dépassionner et “désidéologiser” le débat sur les constitutions africaines et à résister à la tentation de se substituer aux peuples du continent et à leurs institutions auxquels il faut laisser le choix des voies et moyens les plus efficients pour consolider la démocratie sans sacrifier la paix, la stabilité et l’unité de leurs nations.

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ACTUALITE

ONU – RDC : la Monusco aggrave la crise matière de droits de l’homme.

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e même jour où Martin Kobler plaidait à Kinshasa pour le rétablissement de la confiance entre la RDC et la Monusco, un communiqué du Conseil de Sécurité faisait état d’un rapport de la mission onusienne annonçant avoir disqualifié 7 officiers FARDC et PNC représentant un « risque réel » de « violations graves des droits de l’homme ». Comme avec le rapport sur les 2 généraux à la base de la rupture, ce rapport, dont Kinshasa n’a pas eu connaissance au préalable, ne mentionne aucune preuve à l’étai de ces « soupçons ». Impensable ! Déjà tendus suite à une divergence de vues quant à la traque conjointe des FDLR, les rapports entre Kinshasa et New York, à travers la mission onusienne en RDC, ont connu un nouveau coup de grippe en milieu de la semaine dernière. En effet, depuis janvier, l’ONU a décidé de suspendre son appui aux FARDC au motif de l’affectation, dans les zones de cette opération, de deux officiers généraux que la Monusco a accusé d’avoir, par le passé, été auteurs de violations des droits de l’homme. De son côté, la RDC, par la voix de son Président, Joseph Kabila, avait décidé de renoncer à cet appui pour dénoncer la tendance de la communauté internationale à toucher à sa souveraineté.

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En conséquence, la mission onusienne retient tout soutien aux officiers mis en cause pour le transport, le carburant et la formation. De même la Monusco a décidé de cesser ses opérations conjointes avec les unités commandées par ces officiers. Cependant, le rapport de la Monusco ne comporte aucun détail sur les responsabilités de ces officiers pour démontrer en quoi ils présentent un “risque réel” de commettre de “graves violations des droits de l’homme”. Alors que, le mercredi 12 mars 2015, Martin Kobler, Représentant du Secrétaire Général de l’ONU et patron de la Monusco, plaidait pour le rétablissement de la confiance avec le Gouvernement, un rapport de la mission onusienne en RDC est venu jeter l’huile au feu. Ce rapport, réalisé par le Bureau Conjoint des NationsUnies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) et diffusé au Conseil de sécurité, accuse les FARDC et la Police Nationale d’avoir violé les droits de l’homme en janvier 2015, notamment par le meurtre de 20 civils, l’arrestation de plus de 500 personnes ainsi que leur tendance à un usage excessif de la force. Il accuse aussi le Gouvernement d’avoir attenté à la liberté d’expression à travers la coupure de l’Internet et du signal de certains médias audiovisuels, et de n’avoir, jusque-là, pas interpellé les auteurs des actes de violation des droits de l’homme. Dans le même rapport transmis au Conseil de sécurité par le SG de l’ONU, la Monusco dit avoir sanctionné 7 officiers des FARDC et de la Police Nationale Congolaise au motif qu’ils représentent un “risque réel” de commettre des violations des droits de l’homme. Dans son rapport au Conseil de Sécurité, Ban Ki-Moon explique que la Monusco a passé en revue 124 officiers de la police et de l’armée, 7 d’entre eux n’ont pas rempli les critères des Nations-Unies en

Consulté par le Vif du Congo pour savoir si le Gouvernement avait vu passer ce document afin de donner son avis et ses moyens de défense, le cabinet du Porte-parole du Gouvernement a déclaré ‘en avoir pas eu connaissance. D’autres sources ont rapporté au Vif du Congo que la nouvelle de l’existence de ce rapport a piqué les officiels congolais au vif pour la même raison. On se rappelle que la même raison a été à la base de la décision de Kinshasa de se passer de l’appui de la Monusco dans les opérations de désarmement forcé des FDLR. Le Chef de l’Etat, qui avait signifié personnellement cette décision à une brochette d’Ambassadeurs accrédités à Kinshasa, avait indiqué qu’aucun officiel congolais n’avait été informé de l’existence d’un rapport quelconque à l’encontre des deux officiers généraux ciblés par la Monusco. Le Gouvernement avait, par ailleurs, dénoncé la tendance de la communauté internationale à attenter à la souveraineté de la RDC. « La souveraineté de la RDC est une ligne rouge à ne pas franchir », avait dit Joseph Kabila aux Ambassadeurs. Alors que l’on croyait que la crise déjà existante allait amener les parties aux bons sentiments, le nouveau pavé que la Monusco vient de jeter dans la marre ne concourt qu’à éloigner les sentiments de l’apaisement.

Pour une certaine opinion, Martin Kobler, qui joue à l’hypocrite en en appelant au règlement de cette crise, joue un double jeu. Le patron de la Monusco est, en effet, vu comme une main avancée de certaines officines internationales qui œuvrent depuis des décennies pour mettre en échec toute tentative d’éradication des FDLR en RDC. Dans des révélations qu’il avait faites en 2001 et dont Le Vif du Congo s’en était fait l’écho dans une de ses précédentes éditions, Léon Kengo Wa Dondo, ancien Premier Ministre, en avait donné la preuve. Il avait même cité certains acteurs de l’époque qui y travaillaient, notamment Boutros Ghali, Secrétaire Général de l’ONU, George Moose, Secrétaire d’Etat américain, Rochereau de la Sablière, Représentant permanent de la France, et Mobutu Sese Seko qui fut le premier obstacle au projet de rapatriement des réfugiés hutus rwandais, à la séparation des civils et des militaires, et à leur éloignement de la frontière. Les manœuvres que l’ONU multiplie aujourd’hui rappellent, de manière troublante, celles de l’époque de Boutros Ghali. Pour les observateurs, en effet, en retirant son appui aux FARDC, la Monusco espère que cellesci seront incapables de désarmer seules des FDLR. Dans cet esprit, les ennemis de cette traque amènent à l’opération de sabotage un appui en communication qui se traduit par la minimisation de l’efficacité des FDLR et du bilan des opérations. Mais les Congolais ne sont plus dupes et sont les meilleurs témoins des performances qu’alignent l’armée nationale sur les trois fronts contre les rebelles rwandais : au Nord Kivu, au Sud Kivu et au Nord Katanga où les FDLR n’oppose presqu’aucune résistance, préférant fuir la puissance de feu des FARDC. Jonas Eugène KOTA

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ACTUALITE

Guerre fratricide dans l’opposition

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oleka qui s’en va et Mubake qui « chasse » Mavungu, l ’ U D P S continue de sombrer ; tandis qu’en Europe, les opposants se livrent à des courses poursuites de destruction mutuelle. En fin de compte, l’unité attendue de ce regroupement politique devient une utopie avec la multiplication des ambitions.

d’intellectuels américains. Les « assaillants » reprochaient au Président national de l’UNC de dénigrer le pays avec de fausses informations et le soupçonnaient d’être allé chercher l’imperium à l’étranger. Il faudra attendre pour savoir comment vont réagir les Congolais en Belgique où il est également arrivé à l’invitation, entre autres, de la députée européenne Marie Arena. Déjà, le tête-à-tête qu’il a eu avec Alexander De Croo a fait grincer quelques dents. De Croo est ce Vice-Premier Ministre belge qui avait eus des propos déplacés lors de son séjour à Kinshasa.

Si, comme l’avance une certaine opinion, les Américains ont invités les opposants congolais à Washington pour les unir et dégager un leadership unique pour les prochaines élections, ils auront certainement déchanté. La guerre de leadership dans les rangs de l’opposition ne s’est jamais porté mieux, alors que l’on assiste à la désagrégation de l’opposition.

Quelques temps avant Kamerhe, Martin Fayulu avait subi le même sort en Belgique, en France et en Suisse. Aujourd’hui encore, la tension est vive entre partis de l’opposition qui se lancent des quolibets par voie de leurs structures de communication. Par exemple, les communicateurs de Vital Kamerhe, qui ont annoncé une conférence à Bruxelles, affirment que les autres conférences tenues précédemment par d’autres opposants, notamment, Fayulu, n’étaient que des faits divers.

Fille aînée de l’opposition, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS progresse vers sa désagrégation. Le comportement des uns et des autres y renforce la crise. La semaine dernière, Albert Moleka, ancien Directeur de cabinet porteparole de Tshisekedi a carrément pris congé du parti. Moleka n’a jamais avalé l’humiliation de s’être fait virer de ses fonctions par l’épouse d’Etienne Tshisekedi, Maman Marthe. Pire encore, il ne s’est manifestement pas relevé du fait d’avoir été notifié de cette décision par une lettre du Secrétaire Général, alors qu’il avait été nommé par une décision du Président du Parti. Moleka avait, en son temps, écrit au Président du parti pour relever cette erreur de forme, sans suite. Entretemps, la guéguerre de factions se porte bien au sein du parti. Valentin Mubake a, au cours d’une conférence de presse, annoncé que le SG Mavungu avait été remercié, mais jusqu’à ce jour, nul n’est au courant d’un acte de Tshisekedi dans ce sens Pour le reste de l’opposition, les choses ne vont pas pour le mieux, surtout dans leur rapport avec la diaspora congolais. A Washington, Vital Kamerhe s’est

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Vu sous cet angle, il est fort à parier que l’opposition ne dégagera aucune convergence et se retrouvera aux élections en ordre dispersé, chacun continuant à courir derrière ses ambitions personnelles. Même au Mouvement de Libération du Congo (MLC), on se met à nourrir de nouveaux espoirs en ce moment où tout monde est en attente du verdict de la CPI sur le procès de Jean Pierre Bemba. La Secrétaire Général du parti, Eve Bazaiba, qui a rencontré le « Chairman » pendant plus de trois heures à La Haie, a annoncé que le MLC postulera à « tous les niveaux ». Beaucoup d’appelés… Axel Omba

fait tancer par des Congolais qui avaient fait irruption dans une salle

de l’Université John Hopkins au moment où il s’adressait à une dizaine

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ACTUALITE

Elections, découpage territoriale…

Session de tous les enjeux au Parlement

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es Députés et Sénateurs ont repris, depuis lundi dernier, le chemin du Palais du peuple après les vacances parlementaires passés, pour certains, non pas auprès de leurs électeurs, mais à l’étranger. A l’ouverture de la session, les Présidents des deux chambres ont salué le travail abattu lors de la précédente session et de la session extraordinaire. Léon Kengo Wa Dondo a évoqué les différents actes posés pour faire avancer le processus électoral. Il a cité, entre autres, le vote de la loi portant modification de la loi électorale, la loi de programmation de la création des nouvelles provinces, la publication du calendrier électoral global, la loi sur les entités territoriales décentralisées, la publication d’une liste des partis politiques. Tout cela, a-t-il conclu, démontre la volonté du Parlement et du Gouvernement d’aller aux élections, avant d’en appeler à l’implication de tous les autres partenaires pour le bon aboutissement du processus ad hoc tout en préservant la paix, l’unité nationale et l’ancrage de la démocratie. Au cours de cette session, selon des sources parlementaires, les élus du peuple sont appelés à voter impérativement trois lois importantes,

à savoir: -la loi sur la répartition des sièges au niveau législatif - la loi sur la répartition des sièges aux niveaux municipal et local - la loi qui révise celle d’identification et enrôlement des électeurs pour ouvrir la possibilité d’enrôlement des Congolais de l’étranger. De son côté, Aubain Minaku a rappelé que le processus électoral est une démarche normale dans toute démocratie. C’est une occasion, pour chacun de présenter et défendre son projet de société en vue de solliciter le suffrage du souverain primaire. Ce n’est pas, a-t-il martelé, un moment d’invectives, de déchirement ou d’appel au boycott des élections. Ces

élections sont des indicateurs de l’ancrage de la démocratie. Le speaker de la Chambre basse a, par ailleurs, rappelé l’alinéa 3 de l’article 221 de la Constitution qui reconnaît la CENI comme seul organisme chargé d’organiser les élections. Ceci pour en appeler au respect de son indépendance. « L’Assemblée Nationale n’a pas le pouvoir de décréter un calendrier électoral » », a encore souligné Minaku qui a stigmatisé les « scènes de confusion » telles que celles vécues en janvier dernier. La session qui s’est ouverte lundi dernier sera décisive pour la suite du processus électoral. Creuset du dialogue entre forces politiques, l’on espère que les débats qui y sont

attendus permettront, non seulement de voter les lois restantes, mais surtout d’apaiser les esprits en ce moment où s’observe une tension latente, mais qui peut emmener à une explosion à tout moment. Aubin Minaku a évoqué cette question lorsqu’il est revenu à plusieurs reprises sur le besoin de l’apaisement et du respect des institutions. Le processus électoral n’est pas l’apanage d’une personne ou d’une institution, mais bien un moment d’accompagnement de tous les partenaires. Il n’est, donc, pas question que les uns s’imposent ou imposent leurs vues sur les autres. Ce genre d’agissements ne contribue qu’à contrarier la démocratie. JEK

Nord-Kivu : 5 civils et militaires tués à Bunagana

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es hommes en armes ont tué cinq chefs militaires et civils locaux ce mardi 17 mars dans la matinée dans la cité de Bunagana (environ 30 km de Goma) frontalière à l’Ouganda. L’incident a eu lieu vers 5 heures du matin. Les victimes sont notamment, le chef de groupement de Jomba, Alphonse Nduhirahe et son garde du corps, un commandant de l’armée congolaise, le

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chef de la police de Bunagana, et un membre des services de sécurité de Bunagana. Ces autorités locales allaient pour boucler un hôtel de la place afin de vérifier des allégations selon lesquelles des personnes susceptibles de troubler l’ordre public s’y cachaient, lorsque des hommes armés ont surgi, leur ont tiré dessus, les tuant sur le coup, rapportent des sources de la société civile locale.

Les autorités de Bunagana n’ont pas pu être jointes. Les responsables militaires du secteur des Forces armées de la RDC à Rutshuru ont confirmé les faits. Ils disent avoir déjà dépêché une équipe de renseignement militaire sur place pour recueillir plus d’informations sur cet incident et prendre les dispositions sécuritaires adéquates.

que les auteurs de cette tuerie auraient des liens avec l’ex-mouvement rebelle du M23 qui avait de Bunagana leuf fief politique. Une allégation qui n’est encore confirmée par aucune autre source.

Sans trop de précision, des sources de la société civile de Rutshuru pensent

Radio Okapi

Les corps des victimes ont été acheminés à la morgue de l’hôpital général de Rutshuru.

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COMMUNICATION

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SOCIETE

Après le lancement de la campagne ‘’brisez le silence’’

Jeanine Mabunda s’enquiert du fonctionnement du call center

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n visite le vendredi 13 mars dernier au Call center de Ngaliema, Jeanine Mabunda, représentante personnelle du Chef de l’Etat en matières de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement d’enfants, s’est dit satisfaite de ce que, de jour en jour, la population congolaise, en provinces tout comme dans la ville de Kinshasa, se rend compte de l’opérationnalisation effective du numéro d’appel mis en place, depuis le 17 novembre 2014, par lequel les victimes des violences sexuelles peuvent appeler pour une assistance, mais aussi solliciter une orientation médicale et juridique. Une semaine après la célébration de la journée internationale de la femme et le lancement officiel de la campagne d’affichage publique dénommée ‘’Brisez le silence’’, Jeanine Mabunda a visité le Call center du Bureau du Représentant Personnel, situé au numéro 07 de l’avenue Panzi, quartier Basoko dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Plusieurs personnes ont été témoins de cette visite. Il s’agit du Sénateur Ernest Hamuli, rapporteur adjoint de la Commission Violences Sexuelles du Sénat, de Mme Julienne Lusenge, Présidente du Conseil d’administration de l’Ong Sofepadi ainsi que du Représentant de l’Ong World Vision. C’est au regard de la pertinence de la question du genre que le Bureau du Représentant Personnel du Chef de l’Etat en charge des violences sexuelles et recrutement d’enfants a voulu associer d’autres partenaires qui évoluent depuis longtemps dans cette problématique des violences faites à la femme et dont les résultats de leur travail sont appréciables, a-ton laissé entendre. « La lutte contre les violences sexuelles étant une bataille, avec les partenaires, l’on veut travailler ensemble pour que les victimes des violences voient la différences », a-t-

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on encore indiqué.

Jeanine Mabunda a invité toutes les Ong partenaires sur terrain a exploiter les numéros mis à leur disposition pour faire des initiatives que l’on compte prendre afin de rendre efficace cette lutte. « Que vous soyez à Bukavu ou à Goma, le numéro est là. Nous dire par exemple que l’on aimerait telle chose particulière à ce contexte qu’il faudrait prévoir. Est-ce qu’il faut parler dans la langue du coin ou dans toutes les langues nationales pour que tout le monde ait le numéro, ou estce qu’il faut disséminer le numéro non pas par la télévision mais par des radios rurales et communautaires ? » Et d’ajouter : «tout ce que l’on voulait c’est que les gens se sentent à l’aise de dénoncer le cas. Tout le monde a le téléphone au Congo, c’est quand même plus facile de se montrer directement quand on a subi ce cas là. Et c’est dans ce sens là que l’on a fait la campagne d’affichage publique à Kinshasa sur ‘’Brisez le silence’’», a-t-elle fait savoir. S’agissant des moyens par lesquels les populations de l’intérieur du pays peuvent avoir le numéro d’appel, Jeanine Mabunda a rassuré que son bureau va travailler avec plusieurs radios pour toucher plus des gens. « Les populations à l’intérieur du pays n’ont pas toujours de télévision et même pas de l’électricité, mais ils ont tous la radio. Alors avec la radio, on sait que l’on peut toucher plus des gens. Chacun ouvre le matin sa radio, il l’allume le soir pour suivre les informations », a-t-elle renchéri Poursuivant, elle a expliqué qu’ « on n’aimerai bien que dans toutes les provinces à l’intérieur du pays, les gens puissent se rendre compte qu’il y a un numéro opérationnel par lequel il faudra appeler pour dénoncer tout cas de violences sexuelles ». Au cours de cette visite, une démonstration pratique de la réception d’un appel a été faite par

une opératrice. Par la même occasion, une des responsables du call center a affirmé que plus de dix appels sont reçus par jour depuis le la mise en place de deux numéros d’appel, en majorité les appels proviennent de Kinshasa. D’autres provinces telles que le Nord-Kivu, le Bandundu et la Province Oriental, appellent également pour dénoncer des cas de viol, a expliqué la responsable du call center, avant d’ajouter que certaines autres personnes appellent pour se rassurer de l’authenticité des numéros et savoir si réellement elles peuvent

recevoir des conseils ou aide à tout moment qu’elles subissent un cas de viol. Jusqu’ici, les statistiques sur les violences sont plus élevées dans les grandes villes que dans les villages, à l’exception de la partie orientale du territoire congolais, où sévissent les groupes armés, auteurs de plusieurs cas de viol. C’est ce qui explique même que les habitants des grandes villes sont en majorité victimes du viol. Giscard Havril

Il est désormais possible de trouver un journal pour vous informer

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