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Koffi brocarde Budget 2015 la fièvre Le Gouvernement d’Ebola! Pge 9 au front du social Pge 6

LE

VIFCONGO Hebdomadaire, Ed. N°006, du 22 au 28 octobre 2014, Kinshasa - RDC 2000fc, Etranger 2,5USD Editeur JONAS EUGENE KOTA, Tél.: +243998283702, e-mail: levifducongo@gmail.com

DU

Paix troublée à l’Est, Campbell « persona non grata »

La Monusco veut s’éterniser en RDC !

Chaque fois que la situation sécuritaire s’améliore en RDC pour réduire la justification de la présence de la mission onusienne, il se produit toujours une dégradation de la sécurité qui fait qu’elle se rende utile. Le cas de Beni, exacerbé dans l’opinion par celui de Scott Campbell, suscite de nouvelles interrogations. Pge 2

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POLITIQUE

Paix troublée à l’Est, Campbell « persona non grata »

La Monusco veut s’éterniser en RDC ! Chaque fois que la situation sécuritaire s’améliore en RDC pour réduire la justification de la présence de la mission onusienne, il se produit toujours une dégradation de la sécurité qui fait qu’elle se rende utile. Le cas de Beni, exacerbé dans l’opinion par celui de Scott Campbell, suscite de nouvelles interrogations.

L

a République Démocratique du Congo est prise entre de feux d’opinion interne et externe à la suite, d’une part, des tueries barbares des populations civiles à Beni et, d’autre part, des suites de la décision du Gouvernement de déclarer « persona non grata » Scott Campbell, chef de division du bureau locale des Nations-Unies aux droits de l’homme. Pour le cas des tueries de Beni, es Congolais sont encore sous le choc de l’odieux assassinat de près de 30 personnes dans la nuit de mercredi à jeudi derniers. Des assaillants présentés, selon leur mode opératoire, comme des rebelles de l’ADF, cette rébellion ougandaise qui écume les collines du Kivu depuis des décennies, ont, en effet, fait irruption dans le quartier de Ngadi, à la périphérie nord de Beni, pour y semer la terreur. Plusieurs corps trouvés sans vie portaient des traces de blessures à l’arme blanche. Et, depuis, la ville de Beni, qui avait repris son animation, a de nouveau sombré

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trouvé la mort. Ces tueries se sont accompagnées du viol de plus de 50 femmes et de l’incendie de quelques villages avant que les assaillants ne s’évanouissent dans la nature. Il est alors tout à fait normal qu’à l’émoi que suscite cette vague de tueries s’ajoutent la colère de la population qui l’a manifesté, notamment à travers des villes-mortes et des manifestations publiques. Au cours de celles-ci, des jeunes gens s’en sont pris à la Monusco dont des véhicules et des installations ont fait l’objet de jets de pierre. L’on entendait les manifestants demander carrément à la mission onusienne de plier bagage.

ONU – RDC : le clash dans la psychose de l’insécurité. Alors que les 27 premières victimes de Ngadi venaient à peine d’être enterrées, Beni s’est à nouveau réveillé dans l’émoi samedi matin en apprenant que 22 nouveaux corps sans vie ont été retrouvés à Eringeti. Selon la société civile locale, les assaillants, qui voulaient voler la nourriture dans le dépôt des FARDC, ont tué, à leur passage, des civils et un militaire FARDC aux quartiers Abialose et Mapiki. La fulgurance et l’ampleur des tueries de Ngadi ne cachent, cependant, pas la recrudescence de ce genre d’actes qui s’observent à Beni depuis quelques temps, malgré l’évolution de

l’opération « Sukola » qui, justement, vise principalement ce groupe armé ougandais. Les exactions ont débuté dans des villages isolés pour progresser vers les centres urbains. Le 9 octobre 2014 des assaillants, présentés comme des rebelles ADF, ont tué neuf personnes, dont des enfants, à Oicha, ville voisine de Beni. Le week end précédent, ils ont attaqué le village de Linzo-Sisene, au Nord de Beni, où ils ont tué 7 personnes et kidnappé 4 autres, laissant derrière eux 12 blessés. Deux jours plus tard, ce fut au tour des localités de Mayi-Moya, Kisiki et Maibo sur la route d’Eringeti, toujours dans le territoire de Beni, d’être attaquées. Sept personnes y ont

Pendant ce temps, à Kinshasa, la bonhommie qui caractérisait jusque-là les relations entre la RDC et l’ONU à travers la Monusco s’est vue perturber à la suite de la publication du rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) sur l’opération Likofi (coup de poing), rapport dans lequel la police nationale congolaise est accusée d’exécutions sommaires et de disparitions forcées et autres violations des droits de l’homme lors de cette opération qui visait l’éradication du phénomène kuluna. Elle s’était déroulée entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014 à Kinshasa.. Ces accusations n’ont pas remporté l’assentiment du Gouvernement qui a

Sondage Les Points

Le top 10 des ministres à la mi-octobre 2014

A

u Baromètre du Gouvernement, le ministre de la Santé, Félix Kabange, est le leader incontestable avec 61% d’opinions favorables. Il consolide sa position grâce au résultat positif de la lutte contre l’épidémie d’Ebola à Djera

en province d’Equateur, le dernier cas enregistré remontant à plus ou moins 25 jours. Le succès des mesures d’encadrement prise semble avoir mis d’accord l’opinion sur l’efficacité de la campagne menée sur l’ensemble de la population congolaise. A la deuxième marche se trouve le

ministre des Infrastructures, Fridolin Kasweshi (56%), qui jouit des effets positifs de la bonne conduite des travaux dans les différents chantiers notamment l’avenue Kabambare (commune de Lingwala) et la Route de Matadi. Il est suivi de son homologue des Affaires étrangères, Raymond

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Edito Ils le paieront...

B

arbarie, sauvagerie, terrorisme, etc. ; aucun mot ne suffirait pour qualifier le carnage humain dont se sont rendus coupables à Beni des assaillants présentés comme des rebelles ougandais des ADF. Avec une froideur du serpent, ils ont tué à la machette et à la hache au moins 100 personnes. La dernière tuerie en date est intervenue au soir même de l’enterrement de 27 de leurs victimes. Une façon de narguer la conscience des Congolais encore sous le choc de la précédente tuerie. Pourquoi s’en prennent-ils à des populations civiles congolaises non armée ? Quel objectif visent-ils en se rendant ainsi tristement célèbre ? On multiplierait des questions, mais quelles que soient leurs réponses, rien ne peut justifier une telle attitude entre humains. Depuis des décennies déjà, les ADF écument les collines du Kivu et de la Province Orientale où ils tuent, pillent et violent les femmes, sans en tirer le moindre bénéfice. La terre congolaise qui les a accueillis ne fait que boire sans cause le sang de ses fils et filles, alors qu’eux sont bien à l’abri contre leurs dirigeants qui les recherchent activement. Mais ils oublient une chose : tôt ou tard, ils finiront par payer leur ignominie. Aucun jour ne passera sans que les Congolais ne les traquent d’une manière’ ou d’une autre. D’autres avant eux, comme le Mouvement du 23 mars (M23), en savent quelque chose. Jusque-là, les ADF ou tout autre auteur de ces actes barbares avaient une porte ouverte pour un désarmement volontaire, mais à présent, ils n’ont plus que l’alternative de la traque armée. Le peuple congolais, qui connaît le prix de la paix, ne croisera pas les bras devant un tel affront. La collaboration qui se met déjà en place entre les populations de Beni et les forces de sécurité va constituer le socle d’une opération sans recul, beaucoup plus puissantes que sukola 1 et 2. Il sera question aussi de lancer un message fort aux autres téméraires qui voudront encore narguer les Congolais et la puissance de feu de son armée requinquée. Jonas Eugène Kota

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POLITIQUE accusé le BCNUDH de partialité. « Il nous revient de constater avec amertume que le présent rapport, sous examen, a été mené de manière partiale et partisane, avec l’intention manifeste de discréditer la Police nationale congolaise, de démoraliser ses agents et de déstabiliser les institutions de la République », a déclaré le Ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, lors d’une conférence de presse la semaine dernière. Muyej a, avant tout, reconnu que le projet de rapport avait été soumis au Gouvernement pour avis avant sa publication, mais il s’est dit surpris de de ne pas trouver les compléments d’éléments qui y ont été apportés. « Le Bureau conjoint nous avait saisis en date du 2 juin 2014, en nous soumettant la première mouture de son rapport sur l’opération Likofi », a, en effet, expliqué Richard Muyej avant d’ajouter et s’étonner : « Nous y avions répondu en date du 5 septembre 2014. Quelle n’est pas notre surprise de constater aujourd’hui que le Bureau conjoint n’ai tenu aucun compte des observations que nous leur avions dûment versées et qu’il se soit tenu à sa version des faits, une version largement contredite par les faits euxmêmes ». Face à ce comportement, le Ministre de l’Intérieur a estimé que Scott Campbell, responsable en RDC du BCNUDH, n’est plus désirable. Il a ainsi invité la haute hiérarchie de l’ONU à le retirer. Le ministre dit douter de la bonne foi de Scott Campbell, directeur du bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’homme, « qui s’illustre dans des actes visant à mettre des bâtons dans les roues de notre équipe commune avec la Monusco, et qui chercherait à nous mettre en porte-à-faux avec notre population et notre police ». La Monusco a pris note de la déclaration du Ministre de l’Intérieur, mais s’est réservé de toute réaction en at-

tendant d’être saisie officiellement. Mais des récriminations ont fusé de toutes parts, aussi bien au sein de la classe politique et de la société civile congolaises que de la communauté internationale ? Human Rights Watch, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, des capitales occidentales, l’Union Européenne, etc., n’ont cessé de condamner la décision de Kinshasa tendant, à leurs yeux, à museler la liberté d’expression pour étouffer les droits de l’homme, cela avant de lui demander de retirer sa mesure.

A quoi sert la Monusco ? Dans le premier cas comme dans le deuxième, le Gouvernement congolais et les différents services de sécurité sont la cible de presque toutes les critiques. Dans le cas de la situation sécuritaire à Beni, les observateurs parlent d’un déficit de sécurité alors que tout le monde sait clairement qu’un important dispositif militaire y est déployé dans le cadre de l’opération Sukola. En plus de ce dispositif, cette zone bénéficie d’une collaboration entre les FARDC et la Monusco qui avait fait ses preuves dans la lutte victorieuse contre le M23. Plus encore, la Monusco dispose en son sein d’une brigade spéciale d’intervention équipée,

Le top 10... Tshibanda (55%) dont le poids politique et les actions antérieures en faveur de la pacification du pays continuent à marquer les Kinois. Contrairement au mois de septembre, le ministre des Transports, Justin

Kalumba Mwana Ngongo (54%), enregistre une forte chute consécutive au dossier Transco dont la gestion a été fortement déplorée. La suite du baromètre se présente de la manière suivante : le ministre de l’Intérieur,

notamment de drones et d’un important équipement de communication pour assurer, avec les FARDC, la surveillance de la zone sous observation. Tout en sachant que la sécurité des biens et des personnes incombe avant tout au Gouvernement, il ne serait pas inutile de se demander pourquoi les FARDC doivent être les seuls à subir les incriminations de la situation qui prévaut à Beni. Ceci d’autant plus que ces événements se produisent dans une période très chargée. Ces attaques ont lieu, en effet, alors que viennent de s’opérer de nouvelles mises en place au sein de l’armée. Elles interviennent aussi presqu’au lendemain de la mort tragique du Général Bahuma qui était justement en charge de l’opération « Sukola », mais surtout après l’ouverture du procès sur l’assassinat de feu le Général Mamadou Ndala. Plus encore, le théâtre de ces nouvelles opérations macabres est cette même ville de Beni d’où est partie l’opération sus-évoquée et où fut tué Ndala qui partait en reconnaissance en vue de son lancement. Pendant ce moment bien particulier, l’on espérait que la Monusco allait redoubler de vigilance et de présence, surtout qu’il y a à peine quelques mois, elle a opéré un redéploiement de ses casques bleus, de son personnel et de ses moyens vers l’Est du pays aux dépens de l’Ouest. La Monusco s’est limité à faire, dans ses points de presse Richard Muyej, occupe la cinquième place avec 54% ; le vice-premier Ministre et ministre du Budget, Mukoko Samba (sixième place avec 53%), Lambert Mende de la Communication et Maker Mwangu de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel ex-aequo avec 51%.

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POLITIQUE qu’est tombé le rapport sur l’opération Likofi qui incrimine la police nationale, opération qui, pourtant, avait été applaudie par la population kinoise.

hebdomadaires la comptabilité des tueries alors qu’elle assistait, en direct, à la dégradation de la situation sécuritaire sans prendre ou, tout au plus, proposer des mesures pour endiguer le mal.

Les signes d’une volonté d’éternisation C’est dans la même encablure de temps

Dans les deux cas, on constate que la RDC voit son image entamée après tous ses efforts de pacification du pays, efforts qui ont valu à son Président, Joseph Kabila, un plébiscite lors des récents forums internationaux, notamment à Washington et New York. Un plébiscite qui, manifestement, n’est pas apprécié de la même manière par différents centre d’intérêt au Congo comme à travers le monde. On n’irait pas jusqu’à chercher – du moins pour le moment – des pyromanes ici et là, mais on ne s’empêcherait pas, non plus, de s’interroger sur cette sorte de passivité de la Monusco qui, aujourd’hui, crée les conditions de se rendre utile et de relancer ainsi cette

impression que la mission onusienne cherche à s’éterniser en RDC. En effet, l’on constate qu’à chaque fois que le motif de base de sa présence en RDC, la paix et la stabilité, s’évanoui avec les embellis successifs, il se, produit toujours une dégradation de la situation pour justifier sa présence, d’autant plus que ces dégradations s’accompagnent de la mise à mal de l’image du Gouvernement et des services de sécurité au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale. Pendant ce temps, les officiels de la Monusco sont toujours les premiers à se retrouver sur le lieu du drame, quelle soit la situation sécuritaire, pour compatir avec la population… Le Vif du Congo

Deux délégations gouvernementale et parlementaire évaluent la situation sécuritaire à Beni

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eux délégations gouvernementale et parlementaire séjournent à Beni-ville depuis dimanche 19 octobre, à la suite de la résurgence d’assassinats des civils dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Selon la société civile locale, plus de quatre-vingt personnes ont été tuées en un mois par des présumés rebelles ougandais des ADF. Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, qui dirige la mission gouvernementale, appelle la population locale à collaborer avec les autorités pour mettre un terme à ces drames. Les deux délégations de Kinshasa sont arrivées à Beni, alors que la population locale est encore sous le choc du regain d’assassinats des civils par des hommes armés identifiés comme des rebelles ougandais des ADF. La société civile parle d’environ 84 civils tués dans l’intervalle d’un mois. Le ministre de l’Intérieur sollicite la collaboration de la population locale pour mette fin à cette situation: «Rassurez-vous que le chef de l’Etat ne peut pas nous envoyer pour rire. La popu-

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des trois nouveaux corps des victimes dans la localité de Kaduwu. Au terme de cette mission, le Ministre de l’Intérieur a promis que le Gouvernement et les Forces armées de la RDC (FARDC) réserveront des «réponses appropriées» pour mettre fin aux tueries de civils dans le territoire de Beni. Richard Muyej a, notamment, appelé les forces de sécurité, la population et les différentes forces politiques à travailler ensemble pour mettre un terme à ces drames.

lation du Grand Nord, comme celle de tout le Nord-Kivu, a beaucoup souffert avec les guerres. Nous devrions collaborer avec la population pour mettre fin à cette situation. C’est un processus ! Nous n’avons pas une solution miracle, mais il faut que çà s’arrête. Et cela se fera avec l’apport de la population.» Une délégation du Parlement est également arrivée à Beni ce même dimanche pour la même raison. Conduite par la Questeur de l’Assemblée nationale, Elysée Minembwe, cette délégation est composée d’une dizaine des députés nationaux dont des élus

des territoires de Beni et Lubero. Une nouvelle incursion dans la nuit de vendredi 17 octobre des présumés rebelles ougandais des ADF dans la localité d’Eringeti a fait vingt-quatre morts. Les victimes ont été tuées à la machette ou à la hache, selon la société civile. Cette attaque est intervenue quelques heures après l’inhumation de vingtsept personnes tuées mercredi dans le même territoire de Beni. Au moment de la cérémonie funéraire, le maire de Beni avait annoncé la découverte

«C’est un coup dur. Je ne voudrais pas faire le débat de comptabilité des morts. Même quand il y a deux morts, c’est grave. Mais cette fois-ci, c’est par dizaine qu’on compte des morts. C’est très grave», a-t-il déclaré avant d’assurer : «Nous avons emmené des solutions. C’est le rôle de la République. J’ai eu l’occasion de parler avec des officiers de l’armée, et j’ai senti qu’ils avaient des réponses appropriées. C’est un processus. Je suis persuadée que d’ici peu, on sentira l’effet de la nouvelle stratégie». (Source : radiookapi.net)

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POLITIQUE

CENCO : la mise au point qui tacle la démocratie ceux qui ne voient pas les choses de la même manière que les Evêques. L’on avait vécu cette réalité après les élections de 2011 lorsque des fidèles avaient séchés des cultes pendant un certain temps, en guise de protestation contre les propos du Cardinal Monsengwo.

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aisant suite aux réactions qui ont suivi la publication du message des Evêques sur la révision ou pas de la Constitution et de la campagne de sensibilisation des fidèles, surtout après l’agression des curés et l’attaque d’un couvent à Lodja pour ces faits, le Secrétaire Général de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), l’Abbé Léonard Santedi, a publié une mise au point confirmant la position des Evêques et le retrait le retrait de l’Eglise catholique du Comité d’Intégrité de Médiation Electorale (CIME). Tout en rappelant que les Evêques ne se mêlent pas de la politique, mais qu’en donnant leur position au sujet de la révision ou non de

la Constitution, ils agissent, la CENCO « en appelle à un débat d’idées serein, constructif et respectueux des personnes ». Elle exclut, par ailleurs, tout soulèvement d’une partie de fidèles catholiques contre la hiérarchie de l’Eglise, faisant certainement allusion aux tristes événements de Lodja, et affirme qu’il s’agit d’ »une manipulation de quelques jeunes non catholiques à des fins inavouées ». En croyant ainsi apaiser les esprits, la mise au point de l’Abbé Léonard a plutôt ravivé la perplexité d’une certaine opinion qui crie à un déni de la démocratie de la part de l’église catholique. En effet, alors qu’elle af-

firme que « la diversité d’opinions construit la démocratie » et en appelle à « un débat d’idées serein, constructif et respectueux des personnes », la CENCO se contredit dans ses actes et tacle la démocratie. D’une part, en rejetant la contraction au sein de l’église par rapport à la position des Evêques, elle exclut toute possibilité d’une diversité d’opinion et, de ce fait, toute possibilité d’éclosion d’une vraie démocratie. Il est, en effet, impossible de réunir l’unanimité parmi les fidèles qui, d’ailleurs, ne sont pas tous d’une même obédience politique. Tout en condamnant fermement la violence qui a caractérisé les fidèles de Lodja, il faut reconnaître qu’il se trouve parmi ces fidèles

On n’a, par ailleurs, pas nécessairement besoin d’être manipulé pour avoir une opinion et pouvoir l’exprimer. Même si, effectivement, les assaillants des presbytères et couvents des sœurs de Lodja ont des appartenances politiques, il n’est pas exclu qu’ils expriment leurs opinions sans être formellement mandatés. L’église catholique devrait donc se faire à l’idée que ce ne sont pas tous les fidèles qui partagent l’opinion de leur hiérarchie. Même au sein de la Majorité d’où ont émané les premières idées quant à une éventuelle révision de la Constitution, les avis sont partagés sur la question. D’autre part, comment peut-on mener un débat d’idées serein sans dialogue ? L’Eglise catholique s’est, en effet, retiré du CIME qui est un des cadres de dialogue par excellence, surtout sur la matière actuellement querellée. En fin de compte, l’Eglise catholique semble être allée trop loin pour finir par quitter le milieu du village et devenir protagoniste dans le débat en cours. On ne peut en dire autrement au regard de son comportement qui rappelle, de façon troublante, celle de l’opposition… Jonas Eugène Kota

17 Centrafricains arrêtés à Gemena

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ix-sept ressortissants centrafricains sont détenus par la Direction générale des migrations (DGM) à Gemena, dans la province de l’Equateur. Ils ont été arrêtés avec des armes blanches en pleine bagarre dans un bar de cette cité. Les suspects affirment être des

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réfugiés en provenance du Camp Mole du HCR, à plus de 250 Km du lieu de leur arrestation. Ils sont cependant incapables d’apporter une preuve de leurs affirmations. Ces Centrafricains attendent leur expulsion par la DGM vers leur pays. Selon des sources concordantes, les suspects ont eu une violente

altercation avec des Congolais au bar La Référence de Gemena. Une bagarre s’en est suivie au cours de laquelle ils ont sorti des armes blanches. Pris de peur, le propriétaire du débit de boisson a fait appel aux services de sécurité. Les autorités du district du Sud-Ubangi ont dépêché sur les lieux une équipe conjointe de policiers et de

militaires FARDC qui a mis la main sur les 17 Centrafricains. D’après le commissaire de district, Pierre Kamulete, ces hommes se sont présentés comme des réfugiés en provenance du camp Mole du HCR situé à 35 Km de Zongo et à plus de 250 Km de Gemena. Mais aucun d’entre eux n’a été capable de présenter un document attestant ces affirmations.

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Budget 2015 : comment le Gouvernement entend améliorer le vécu des Congolais Le discours du Gouvernement sur les embellies économiques et financières réalisées par la RDC ces dernières années bute toujours aux interrogations sur leur impact dans le vécu quotidien. Dans son discours sur l’état de la Nation en 2013, le Chef de l’Etat y avait également fait allusion avant d’inviter le Gouvernement à imaginer des formules et stratégies afin que cette croissance rime désormais avec l’amélioration du vécu quotidien de la population. Lors du débat à l’Assemblée Nationale sur le projet de budget de l’exercice 2015, plusieurs Députés y sont également revenus ont posant moult questions au Premier Ministre, Augustin Matata Ponyo qui, dans sa réplique du jour suivant, avait donné des éclairages sur la stratégie du Gouvernement pour rencontrer leurs préoccupations. Ci-dessous l’extrait y relatif des réponses du Premier Ministre aux préoccupations des Députés nationaux. (…) S’agissant des préoccupations relatives à la croissance inclusive et distributive, tout en reconnaissant la pertinence des observations sur la relation entre, d’une part, la croissance économique et les conditions sociales de la population, et d’autre part, la croissance et l’inflation, j’aimerais indiquer que le Gouvernement s’efforce de diversifier les sources de croissance afin que celle-ci ne soit plus tirée essentiellement par un seul secteur, celui des mines. Le Gouvernement agit bel et bien en faveur d’une croissance économique congolaise inclusive et redistributive. Le gouvernement a fourni beaucoup d’effort pour stabiliser le cadre macroéconomique. Les bases d’une croissance durable ont été posées et vont se poursuivre. Il s’agit des investissements qui augmentent la productivité du capital privé et incitent à investir : la construction des routes interprovinciales et de desserte agricoles, y compris la voie d’eau, la construction des écoles, la réhabilitation des centres de santé et des hôpitaux, particulièrement en milieu rural, la réhabilitation des aéroports, de chemins de fer et bientôt des ports. Toutes ces actions sont de nature à pallier aux éventuels défauts d’incitations et, donc, de permettre une croissance auto-entretenue.

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niveau d’inflation. Bien entendu, l’élan de relance permet de sauvegarder la valeur de la monnaie, grâce, d’une part à l’économie de devises issue de la baisse des importations, et, d’autre part, à l’entrée des devises grâce aux effets des actions publiques sur l’amélioration du climat des affaires en RDC.

En effet, les actions publiques et incitations offertes aux producteurs privés augmentent le niveau d’emploi. Lorsque l’emploi augmente, le revenu réel global croît, mais aussi la consommation globale. Grace aux nouveaux emplois créés, les gens ont plus d’argent ; ce qui leur permet d’accroître la demande de biens et services.

cette production intérieure qui permet de mettre fin à la dépendance économique du pays et contenir les prix à un niveau appréciable. Toutes ces actions engendre les distributions des revenus, en faveur des plus démunis, qui induisent des consommations nouvelles, qui à leur tour stimulent la production et l’emploi.

Et comme l’économie est en situation de sous-emploi, les actions en faveurs du secteur de l’agriculture, entendu agro-industrie, signifie l’augmentation de la production intérieure. Et, c’est

Bref, nous sommes bel et bien dans un cercle vertueux de la croissance, où l’accroissement de la production intérieure, donc du Produit Intérieur Brut, s’accompagne d’un faible

L’inclusivité de la croissance tient notamment au fait que la croissance profite à notre population de manière directe et indirecte. En attestent, l’augmentation progressive des salaires, bien que modique, mais certaine face à une augmentation du pouvoir d’achat de la population consécutive à une stabilité sans précédent des prix depuis 4 ans ; la création des emplois durables et l’amélioration de la qualité de l’enseignement par la construction des infrastructures scolaires adéquates ; la gratuité de l’enseignement primaire, la réhabilitation des centres de santé et des hôpitaux, la réhabilitation et la construction d’autres infrastructures de base qui assurent la fluidité des activités économiques, favorisent les échanges et induisent un accroissement des revenus de petits commerçants et de paysans, autrefois exclus du marché formel ; la relance de l’agriculture, etc.

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ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT

Cadre macroéconomique et consolidation du pouvoir d’achat Comme je ne cesse de le dire, stabiliser le cadre macroéconomique pendant 4 ans déjà est l’un des meilleurs moyens d’agir en faveur du social., car stabiliser le taux de change, maintenir le taux d’inflation annuel à un niveau inférieur à 2% sont des actions sociales indolores. En effet, pour le bas peuple qui touche son revenu en monnaie nationale, la stabilité macroéconomique consolide son pouvoir d’achat tandis que les augmentations de salaires l’améliorent aussi. Pour les trois années à venir, le Gouvernement a résolu d’intégrer d’autres secteurs prioritaires qui impulsent la croissance et le bien-être de la population. Après la stabilisation du transport routier par l’acquisition de 500 bus et la commande de plusieurs autres, l’action du Gouvernement dans le do-

maine de transport sera centrée sur la restauration de la boucle interne par la réhabilitation des réseaux ferroviaires de la SNCC et de la SCTP, le balisage du fleuve Congo et de la rivière Kasaï, le dragage du bief maritime. Il vise également le rétablissement progressif de l’inter modalité des réseaux, c’est-à-dire l’intégration des chemins de fer aux voies d’eaux, aux routes principales, aux pistes rurales et aux aéroports. Il vise enfin la connectivité des réseaux internes et la participation aux mécanismes de gestion des corridors régionaux. Au regard des opportunités dont dispose le pays et des gains à tirer du domaine du tourisme, surtout à l’aube de grands rendez-vous tels que la Coupe d’Afrique des Nations des cadets et les grands sommets internationaux, le Gouvernement projette de traduire en acte la politique de promotion du tourisme, secteur fortement porteur de croissance. Il envisage pour les années à venir de réhabiliter diverses infrastructures touristiques. Des actions sont également en cours pour promouvoir l’agriculture en vue

de réaliser un taux de croissance d’au moins 10% par la transformation structurelle de l’agriculture congolaise, la modernisation des filières porteuses de croissance avec un apport technologique substantiel sur l’ensemble de chaines de valeur. L’on peut déjà, à ce niveau, tranquilliser l’Honorable Député qui a souhaité un parc agroindustriel dans sa province, ainsi que celui qui a recommandé l’encadrement du paysan que la stratégie des parcs agroindustriels ne saurait s’arrêter à Bukanga Lonzo, celui-ci étant un projet pilote financé par le Gouvernement.

L’agriculture et l’émergence d’une classe moyenne Cette stratégie, qui intéresse du reste déjà plusieurs investisseurs majeurs qui se bousculent au portillon, s’étendra sur plusieurs autres provinces où certains sites intéressants ont du reste déjà été identifiés. Elle intègre l’encadrement et l’accompagnement des paysans à travers l’apprentissage

des méthodes culturales plus porteuses ainsi que le rachat de leur production excédentaire en vue de leur procurer des revenus substantiels. Une autre façon de stimuler l’émergence d’une classe moyenne congolaise dans ce domaine de l’agriculture. Comme l’ont préconisé du reste, bon nombre des Députés, le Gouvernement envisage aussi d’améliorer la qualité et la quantité des infrastructures rurales pour accroitre le taux d’accès à l’eau potable et augmenter la desserte en électricité en milieu rural. Des travaux de forage des puits et d’électrification sont réalisés dans le cadre de la construction des villages modernes, conformément aux promesses et instructions du Chef de l’État. Les ménages agricoles bénéficieront aussi du reste de ces différents projets envisagés par le Gouvernement car ils incluent l’augmentation de l’accès des paysans aux marchés par la réhabilitation et l’entretien de pistes rurales prioritaires (…)

L’ACGT lance la construction de sept passerelles piétonnes sur le boulevard Lumumba

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’Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT) a lancé, jeudi dernier, les travaux de construction de sept passerelles piétonnes sur le boulevard Lumumba pour en faciliter la traversée. La cérémonie a eu lieu à la 7ème rue de Limite en présence du Directeur Général de l’ACGT, Médard Ilunga ainsi des Ministres Fridolin Kasweshi de l’Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction), Justin Kalumba Mwana Ngongo des Transports et Voies de communication) et Félix Kabange Numbi de la Santé publique ont tenu à s’assurer de l’effectivité des travaux. Les responsables de la société attributaire de ce marché, Zénith leur ont présenté les maquettes des passerelles modernes qui vont être construit le long des 20 Km du Boulevard. Le souci majeur est de réduire autant que possible les accidents dont sont sou-

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vent victimes les piétons qui doivent parcourir les 20 mètres de largeur de cette artère connue pour sa circulation intense. Mohamed ISIK, coordonnateur de l’entreprise Zénith en RDC a assuré que les travaux de construction vont se dérouler simultanément sur les sept sites prévus, à savoir : la 1ère Rue, la 7ème Rue, la 12ème Rue, l’arrêt Debonhomme, le marché de la Liberté, Masina Pascal et Kingasani ya suka.

50 techniciens qualifiés de Zénith en provenance de la Turquie vont se joindre aux 300 agents congolais recrutés à Kinshasa pour mener à bien les travaux qui vont durer huit mois. Une opportunité également pour un échange d’expérience et une transmission de technologie au profit de la main d’œuvre congolaise. Le Ministre de la Santé, Kabange Numbi, s’est dit soulagé de l’exécution de ces travaux qui, à terme, per-

mettra de réduire les cas d’accidents sur le Boulevard Lumumba. Les conducteurs, pour leur part, seront plus à l’aise pour rouler sur cette artère où, actuellement, ils sont soumis au stress chaque fois qu’il faut rester vigilant, surtout aux points de traversée des piétons. Même avantage pour les piétons souvent terrifiés à l’idée de se faire renverser à tout moment pendant la traversée de cette vaste chaussée. Pour sa part, Justin Kalumba des Transcom a promis d’autres mesures pour renforcer la sécurité des usagers, tandis que Fridolin Kasweshi a constaté combien la modernité ne cesse de s’installer sur les infrastructures routières. Mêmes sentiments pour Médard Ilunga qui a su mobiliser ses meilleurs techniciens et ingénieurs pour planifier ce projet sur le plan technique et en vue de suivre l’exécution des travaux jusqu’à leur achèvement. Axel Omba

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ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT

Les bus «esprit de vie» déjà en circulation

Mines, carrières et énergies au centre du séminaire entre hommes d’affaires belges et congolais

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pres avoir offert aux Kinois le confort dans le transport en commun, le Gouvernement a procédé, le samedi 18 octobre 2014 dans la commune de Lemba, à la mise en exploitation des muni-bus de marque Hyundai dénommés «esprit de vie» qui ont été accordé à crédit aux particuliers. Ces bus vont desservir, dans un premier temps, les lignes Lemba-Terminus-Fonction publique, en passant par l’Institut Supérieur de Commerce (ISC) ; Mbudi – Hôtel de Ville et Ndjili – Mama Yemo. Au total 25 bus sont affectés pour l’exploitation de chacune de ces lignes. Huit autres lignes seront pourvues progressivement. Le ministre des Transports et voies de communication, Justin Kalumba Mwana Ngongo, présent à cette événement, a déclaré que 1.167.000 USD ont été enregistrés à titre d’acompte dans le cadre de cette opération en vue de sécuriser le remboursement. Par ailleurs, il a relevé que les chauffeurs affectés à ces bus viennent de suivre une formation à l’INPP et auprès de TRANSCO, avant de souligner que des régulateurs ont également été formés pour une gestion rationnelle. De même, il a laissé entendre que quelques éléments de la Police de circulation routière seront affectés à la surveillance de ces bus.

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Justin Kalumba Mwana Ngongo a précisé que les transporteurs sont libres de fixer leurs prix. « Transco en tant qu’établissement public est subventionné. Nous n’allons pas subventionner l’exploitation privée. Nous allons laisser la loi du marché jouer. Et ça c’est important aussi pour une économie de marché. Les prix sont libres », a-t-il expliqué. Qu’à cela ne tienne, le système d’exploitation de ces minibus est calqué sur le modèle de Transco avec des chauffeurs recyclés, des régulateurs et des contrôleurs formés par les experts de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), le tout dans le souci de garantir la survie de ce projet. Le Ministre des Transcom a souligné que « pour parvenir à des résultats, il nous faut de la discipline. La discipline dans l’exploitation, la discipline dans la gestion, la discipline dans l’usage des véhicules. Le programme est autorecyclant ». Pour cela, le Président de l’Association des propriétaires des véhicules affectés au transport en commun au Congo (APVCO) a applaudit les efforts et la volonté du Gouvernement de moderniser le secteur du transport public. Il a remis des cadeaux symboliques au Président de la République et aux autorités ayant collaboré pour la matérialisation de ce projet. Patience Furaha

ines, carrières et énergie, telle est le thème de la mission économique effectuée du 11 au 19 octobre en RDC par des hommes d’affaires belges. Avant les entretiens interentreprises, les échanges ont commencé par la « présentation du programme de la mission et des entreprises belges participantes à la mission ainsi que leurs principaux partenaires congolais ». La mission belge a participé mardi et mercredi à la conférence sur les mines en RDC ainsi qu’à un networking avec la chambre de commerce belgocongolaise et luxembourgeoise, ce, avant de se rendre dans la province du Bas Congo, dans l’après-midi du mercredi 22 octobre pour visiter la centrale hydroélectrique d’Inga, indique-t-on encore. Représentant 58 sociétés belges, la mission économique belge s’est rendu tour à tour dans les provinces du Katanga, du Kasaï Oriental et Kasaï Occidental. Elle a séjourné du 11 au 17 octobre dans la province cuprifère du Katanga ; du 17 au 18 au Kasaï Oriental et du 18 au 19 au Kasaï

Occidental. Hier pays non fréquentable, la RDC ne cesse d’attirer investisseurs et hommes d’affaires de différents horizons. Ceci se justifie par le génie des animateurs actuels des différentes institutions. Le vent de la démocratie qui souffle depuis les années 2006 dans notre pays a mis fin non seulement à plus de vingt ans d’instabilité dans la partie oriental du territoire congolais, mais il a aussi permis au Gouvernement congolais, sous le leadership de Joseph Kabila, de travailler pour l’assainissement du cadre macroéconomique en vue de juguler l’inflation et autres désagréments dans le secteur économique congolais. Ce génie congolais porte à ce jour ses fruits et est source attrayante des investisseurs et opérateurs économiques des différents horizons. Il revient aux congolais de protéger et capitaliser ces avancées, en vue de permettra au peuple congolais de jouir des ressources de son pays et de permettre, les années à venir, à la RDC de s’aligner dans le rang des nations dites puissances économiques au niveau tant africain que mondial. Giscard Havril

Des Belges veulent investir au Kasaï-Oriental Le samedi 18 octobre, des hommes d’affaires belges ont exprimé leur volonté,d’investir au Kasaï-Oriental dans les domaines des mines, de l’agriculture, de la santé, de l’industrie et de la construction. C’était au cours d’un échange avec des membres du Gouvernement provincial et les opérateurs économiques de cette province. Alphonse Ngoy Kasanji, Gouverneur du Kasaï-Oriental, a présenté aux opérateurs belges la carte postale de sa province et leur a assuré de la sécurité de leurs investissements en RDC. Les opérateurs économiques congolais n’ont pas manqué de saluer ce nouveau partenariat qui se profile entre le Kasaï-Oriental et la Belgique.

La délégation d’hommes d’affaires belges, conduite par le conseiller de l’ambassade de Belgique à Kinshasa, a visité différents sites de Mbuji-Mayi, notamment le polygone minier de la Minière de Bakwanga (Miba), le barrage hydro-électrique de Tshala et quelques entreprises privées. Rappelons que le Comité de pilotage pour l’amélioration du climat des affaires et des investissements (CPCAI) avait appelé les députés et les ministres provinciaux du Kasaï-Oriental en juin dernier à favoriser les investissements dans leur province et à prendre des décisions pour améliorer le climat des affaires afin de la sortir de la crise économique qu’elle traverse. CK

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SOCIETE

Koffi Olomide brocarde la fièvre d’Ebola

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ntoine Agbepa Mumba, dit Koffi Olomide, s’est approprié le surnom de ‘’Vieux Ebola’’ qui lui a été collé par des porteparoles de JB Mpiana avec qui il se trouve en conflit. Ces porte-paroles voulaient, un nom qui lui a été donné par des anonymes avec lesquels le Quad ainsi souligner combien il était mauvais, un mal au sein de la corporation musicale congolaise. Cependant, au lieu de son caractère d’insulte contre sa personne, le Patron du groupe Quartier Latin International en a fait une source d’inspiration. Depuis le début, en effet, Koffi avait accepté de porter ce prénom pour marquer son soutien vis-à-vis de toutes les personnes victimes de l’épidémie de la fièvre à virus Ebola qui continue à faire des ravages à travers le monde. Ilo se voulait même comme ambassadeur de la lutte contre cette maladie . On s’attendait donc à ce que, même dans ses productions, il mène ne futce qu’une campagne sur les précautions à observer pour éviter cette maladie. Mais le Grand Mopao en a saisi l’occasion pour rebondir profes-

sionnellement à travers la nouvelle série des concerts qu’il annonce plus de semaines à l’avance à travers, notamment, des banderoles dans la ville. On se demande si le fruit de ces productions sera destiné à la lutte contre Ebola. On se demande aussi si Koffi ira réconforter, sinon les malades ou les

familles éplorées suite à cette maladie, tout au moins le personnel soignant. Puisque l’épidémie est en train de s’éteindre en Equateur, Koffi Olomide ira-t-il en Afrique de l’Ouest où ce prénom lui serait plus utile ? Quand se fera-t-il l’ambassadeur pour la lutte contre cette maladie pour ainsi justi-

fier ce sobriquet ? Les objecteurs de conscience attendent de voir comment Koffi Olomide se déterminera par rapport à ce prénom de Vieux Ebola et au contenu qu’il y met pour le justifier. Sinon… A.O.

La croix rouge Bandundu a désormais une institution des sciences de santé

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’institut supérieur des sciences de la santé de la Croix rouge de la République Démocratique du Congo a désormais une extension dans la ville de Bandundu, chef lieu de la province du même nom. C’est le Directeur provincial de la Croix rouge Bandundu qui a présidé la cérémonie officielle marquant l’ouverture de l’année académique 2014-2015, la semaine dernière à l’esplanade même de cette institution. Dans son mot de circonstance, François Sene a indiqué que ‘’la création de cet établissement d’enseignement supérieur et universitaire s’inscrit dans le cadre de la vision du comité

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directeur de la Croix-Rouge de la République Démocratique du Congo en vue du développement intégral et du dynamisme au sein de ce mouvement humanitaire dans la province de Bandundu’’. Selon lui, il s’agit ‘’de produire un nouveau type de professionnels de santé dans la chaine des soins à apporter aux vulnérables et de faire acquérir une formation multiforme, spécifique et adéquate aux secouristes qui sont appelés à gérer des catastrophes’’. Par cette même occasion, le numéro un de la Croix-Rouge Bandundu a invité la population à apporter tout son soutien à l’ISSS en vue de la pérennisation de cet ouvrage d’intérêt social pour le bénéfice des filles et fils

de la province. S’adressant aux formateurs et encadreurs, François Sene les a invités à faire preuve de conscience professionnelle, de probité morale et d’honnêteté intellectuelle. C’est au cours de cette même cérémonie qu’ont été présentés devant le public, les membres de la Coordination de cette institution. Trois personnes ont été ainsi nommées par décision n° 016CD/CRRDC du 13 octobre 2014 du Président national de la CR/RDC, Dominique Lutula Kitoko. Il s’agit de M. Tawaba Moke Wa Moke, Coordonnateur dudit institut, de M. Lumana

Delphin et Kitambala Mpamuzeke, respectivement chef de service académique et chef de service administratif et financier de l’ISSS/CR/Bandundu. Prenant à son tour la parole, le Ministre provincial en charge de la santé, Didier Tshikisa représentant le Gouverneur Jean Kamisendu en déplacement, avait félicité et encouragé l’initiative des autorités de la CR/RDC et apprécié l’implantation de cette institution d’enseignement supérieur dans cette province, avant de souhaiter son appropriation par les bénéficiaires et inviter les membres de sa coordination à la bonne gestion. Giscard Havril

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SOCIETE

Relations sentimentales

Découvrez les 10 signes d’un homme devenu infidèle force pour vous. 5. IL SENT PARFOIS UN AUTRE PARFUM A son retour et à son passage, vous avez l’impression d’un nouveau parfum… Lorsque vous lui posez la question, il vous répond très embarrassé sans vraiment vous fixer. A moins qu’il ait acheté un nouveau parfum juste pour son plaisir… 6. IL RECOIT DES COUPS DE FILS PARFOIS TRES TARD DANS LA NUIT Bizarrement, il reçoit des coups de fil d’une personne que vous ne connaissez pas… Aux questions qui lui sont posées, il donne des réponses courtes et évasives. 7. IL PASSE DES WEEK END AVEC DES COPAINS Vous ne le cernez presque plus. Il crée de plus en plus de temps sans vous pour voir ailleurs.

La première de ce texte sur les 10 signes d’une copine infidèle est parue dans notre précédente édition. La parité est donc respectée, mais n’oublions pas ceci : «une personne qui vous trompe finira par se trahir !» 1. IL NE LACHE PLUS SON TELEPHONE Voici le premier signe d’un homme devenu infidèle. Il garde son téléphone partout avec lui et évite que vous puissiez tomber sur un message ou un appel téléphonique. Il prend désormais ses appels souvent loin de vous, et est très embarrassé lorsqu’il doit vous dire avec qui il vient de parler. Attention, ceci n’est pas une preuve absolue d’infidélité !

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2. IL A DE PLUS EN PLUS DU TRAVAIL LE SOIR Subitement, il a de plus en plus de boulot jusque très tard dans la nuit… Et la fréquence de rapports sexuels baisse. Vous ne faites plus régulièrement l’amour parce que monsieur est fatigué, soit disant après une longue journée de travail. Il prend systématiquement un bain lorsqu’il rentre, mais pas pour faire l’amour avec vous… C’est pour faire partir les parfums, rouge à lèvres et autres indices du gros câlin qu’il vient d’avoir avec une autre. 3. IL SE TROMPE DE PRENOM EN VOUS APPELLANT Celui-ci est un signe qui doit être pris en compte à côté des autres signes précités. Il oublie votre prénom et vous appelle par un autre prénom. Ça va souvent arriver dans les moments où il semble très heureux, ou lors des conversations très animées et engagées. Vous pourrez observer que ce nouveau prénom par lequel il vous appelle revient naturellement dans la bouche. Il ne veut pas vous appeler « Sophie », mais il vous appelle « Sophie » alors que votre prénom est « Anne ». Parfois lorsque vous lui faites remar-

quer qu’il vous a appelé autrement, il ne s’en rend pas du tout compte. 4. IL NE VOUS EMBRASSE PLUS Voici un signe que vous pouvez négliger, mais qui est très révélateur du manque affectif qui a été comblé. Oui, il ne vous embrasse pratiquement plus parce que ce besoin est comblé par une autre… Soit encore parce qu’il est désormais attiré par les lèvres d’une autre. Vous remarquerez qu’il est devenu très mécanique et juste avec vous. A la limite, on dirait même qu’’il est gêné de vous embrasser ou de vous caresser. Du coté sexuel, il a de plus en plus de mal à bander… Vous pourrez même croire qu’il est devenu impuissant. Non, pas du tout ! Il est toujours le même, mais il n’a plus de

8. IL A UNE NOUVELLE PASSION Contrairement à ce que vous connaissez de lui, l’homme passe de temps sur d’autres plaisirs que vous ne saviez pas, sans vous. 9. IL A DES SAUTES D’HUMEUR Vous ne comprenez pas, quelques fois il change brusquement d’attitudes. Il oscille entre colère et euphorie. C’est souvent le fait de la relation qu’il gère simultanément à la vôtre. 10. IL SE POMPONNE Il est de plus en plus raffiné, et semble depuis peu avoir régulièrement des grands rendez-vous. Il est presque énervé lorsque vous voulez savoir où il va ? C’est avec qui ? A quelle heure il rentre ?

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VIFCONGO Il est désormais possible de trouver un journal en RDC!

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SPORT ET CULTURE

Likasi : la desserte en eau en déficit de 37.000 m3

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a ville de Likasi en province du Katanga accuserait un déficit en eau potable de 37.000 m3 pour couvrir le besoin des populations de ce coin du pays, rapporte l’agence congolaise de presse (ACP). Selon les statistiques

de l’Inspection médicale de Likasi, le centre de la Regideso de Likasi a une capacité d’au moins 260.000m3/ jour. Cette quantité en mètre cube est refoulée par les deux usines d’eau de Kampemba et Lwambo vers la cité Kikula et le centre-ville. L’on y ajoute les 8.000 m3/jour achetés par l’usine

Lutte contre le nucléaire

Un Congolais primé en Allemagne

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e défenseur des droits de l’homme congolais Golden Misabiko a reçu jeudi 17 octobre à Munich en Allemagne, le Nuclear- Free Future Award (ou le prix de l’avenir sans nucléaire) pour son engagement contre le nucléaire dans le monde. L’ONG Justicia ASBL salue cette reconnaissance internationale et souligne que le bénéficiaire a milité contre notamment l’exploitation clandestine des minerais uranifères, dont celle de la mine de Shinkolobwe. Dans un communiqué de presse publié le même jeudi, l’ONG Justicia ASBL renseigne qu’en 2009, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) au Katanga avec comme président provincial à l’époque Golden Misabiko avait publié un rapport d’étude dénonçant la continuité de l’exploitation clandestine des minerais uranifères, dont celle de la mine de Shinkolobwe. Il avait aussi dénoncé un accord signé entre les gouvernements congolais et français accordant l’exclusivité de la recherche et de l’exploitation de l’uranium congolais à l’entreprise française Areva. Cette publication avait eu comme conséquence l’interpellation de Golden Misabiko à l’Agence nationale des renseignements (ANR)/Katanga en date du 24 juillet 2009. Ensuite, il a été déféré devant le parquet près le tribunal de grande in-

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d’épuration d’eau de la Gécamines en vue de totaliser 33.000 m3 dont la régie de distribution d’eau de a besoin pour satisfaire les besoins de la population de cette ville. Par ailleurs, le chef de centre de Likasi, Kankenza Nkulu, a affirmé que le besoin en eau exprimé par jour est de 60.000 m3, mais la Regideso de Likasi est confrontée à d’autres problèmes, notamment le déficit en énergie électrique et la sécheresse qui sévit en cette saison à la source de Lwambo et qui affecterait ainsi le débit d’eau. Il faudra encore signaler qu’estimé à 475 m3/heure, l’usine de Lwambo est capable de fournir seulement 300 m3/jour. A ces difficultés s’ajoutent les actes de vandalisme perpétrés par des inciviques sur les installations de la Regideso, soit en tripotant le système des vannes, soit en perforant la tuyauterie. Ce qui n’est pas sans risque de donner une voie d’accès aux microbes et autres maladies hydriques,

stance de Lubumbashi, avant d’être poursuivi devant ce tribunal pour atteinte à la sûreté de l’Etat. L’ONG Justicia indique qu’une sérieuse dégradation de l’état de santé de Misabiko avait conduit à son évacuation du pays pour des soins appropriés. Pour Thimothée Mbuya, président national de cette ONG, cette reconnaissance internationale est une fierté pour tous les défenseurs des droits de l’homme de la RDC: «Ce prix accordé à Golden Misabiko est, à titre symbolique, une reconnaissance du travail que nous faisons, des risques que nous – défenseurs des droits de l’homme – prenons dans des pays post conflits comme le nôtre.» Le Nuclear Free Future Award est un prix qui a été fondé à la suite de l’Assemblée mondiale sur l’Uranium réunie à Salzbourg en Autriche en 1992. Et depuis 1998, il a été remis à des personnalités ou des organisations ayant œuvré pour un monde sans nucléaire. (source : radiookapi.net)

a encore affirmé le chef de centre de Likasi avant d’ajouter que la voie de sortie à cette situation serait le forage de deux puits au niveau de Kampemba, à l’ouest de cette ville, mais aussi au niveau de Kamatanda, dans le nordest de la même ville. Selon les spécialistes, le manque de l’eau potable s’aggrave en raison du changement du climat et des besoins croissants en denrées alimentaires et moyens d’hygiène d’une population de plus en plus nombreuse. L’eau serait à ce jour répartie illégalement en fonction des continents, ajoutent les mêmes spécialistes. En 2050, la demande alimentaire augmentera de 70 % et la consommation globale de l’eau pour l’agriculture s’élèvera de 19 %, et 90 % environ des ressources mondiales en eau douce seront employés à ces fins, affirme-t-on encore. Giscard Havril

Division I

Mazembe et V-Club accrochés par Sanga Balende et MK

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a Majesté Sanga Balende s’est imposé sur la marque d’un but à zéro (1-0), dimanche 19 octobre au stade Tshikisha de Mbuji- Mayi, en match de la troisième journée du championnat national de football- Division I. L’unique but de la partie est l’œuvre de Musema, à la 36e minute. De son côté, V.Club s’est aussi incliné face à MK sur le même score (0-1). Le but a été marqué par Likango à la 46e minute. Les V.clubiens ont même raté à la 27e minute un penalty, consécutif à un contrôle de la main dans la surface de réparation par un défenseur de MK. Luvumbu Nzinga a alors renvoyé le ballon sur la barre transversale. Et au terrain Redjaf de Matadi, TC Elima a battu As Nika par 3-2.

Pendant ce temps, à Lubumbashi les kamikazes de Lubumbashi sport n’ont pas joué contre Dauphins Noirs du Nord- Kivu. Les représentants du Nord- Kivu n’ont pas effectué le déplacement de la capitale du cuivre. A Kinshasa, la journée de samedi a vu DCMP s’imposer face au CS Makiso (1-0). Il y a eu aussi match nul (1-1) entre SC Rojolu et Groupe Bazano. Le carton de cette troisième journée est à mettre à l’actif de CS Don Bosco face à l’As Bantou au stade Mazembe de Lubumbashi (4-0). La suite et fin de cette troisième interviendra le mardi 21 octobre: Ac Capaco recevra OC Muungano au stade de l’unité de Goma. Au même moment, au stade Kibasa Maliba de Lubumbashi, saint eloi Lupopo offrira l’hospitalité à l’Us Tshinkunku de Kananga.

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ACTUALITE

Journalisme et terreur : les médias dans le viseur

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orsque le seul message est la terreur, parfois délibérément mise en scène et que les cibles sont les journalistes ou les humanitaires, comment répondre au devoir d’information ? Les rencontres de Bayeux, où le grand public, parmi lequel de nombreux jeunes en âge scolaire, échange avec des dizaines de journalistes, représentent toujours des moments privilégiés, qui permettent de prendre la température du monde. Mais plus que jamais, de l’Ukraine à la Centrafrique, en passant par la Syrie, le monde a la fièvre et surtout, la couverture des foyers de tension est devenue de plus en plus dangereuse, jusqu’à dissuader les plus audacieux des reporters de suivre des guerres telles que celle menée par l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Alors qu’au fil des années se multiplient les stèles dédiées aux journalistes décédés dans l’exercice de leur métier, immortalisés dans le petit cimetière de Bayeux, ce sont les parents de l’Américain James Foley, récemment décapité, qui ont rappelé l’essentiel : « James ne doit pas être mort en vain. Il est mort pour donner la parole à ceux qui ne l’ont pas… »La maman de Camille Depage, une photographe indépendante de 26 ans, assassinée en Centrafrique, ne disait pas autre chose : « si ma fille était là bas, c’est parce qu’elle a toujours voulu donner une

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réalité aux guerres oubliées… » Certes, mais des photos, des textes, des films ramenés des zones de conflit et présentés au jury du Prix Bayeux se dégagent aussi deux messages : le premier, résumé par Christophe Deloire, représentant de Reporters sans Frontières, est que « les journalistes sont des témoins à supprimer ». L’autre, plus nouveau et plus inquiétant encore, nous a été souligné par Nicolas Hénin, journaliste au Point et otage en Syrie, c’est que « la terreur elle-même est devenue une arme de guerre… La violence est le message, elle s’exerce délibérément à l’encontre des journalistes étrangers, en sachant qu’elle générera un maximum de publicité. » Et de poursuivre « la violence est devenue un outil de communication, utilisé par des gens qui, à leur manière, sont des professionnels … » Ces nouveaux visages de la guerre ont hanté les débats du jury : dans ces zones grises, comme le Nord du Mali, l’Irak ou la Syrie, pratiquement interdites aux journalistes occidentaux, comment rendre compte de la réalité ? Comment parler, avec justesse, de ceux qui seuls importent, les civils pris au piège de l’intolérance et de la violence extrémiste ? En relayant des vidéos réalisées localement, par des « militants », en se branchant, sans pouvoir contrôler les contenus, sur les réseaux sociaux ?

Malgré les risques, des photographes, des reporters ont cependant continué à se rendre en Syrie, afin de rendre plus présente la souffrance d’un peuple martyrisé par son gouvernement. C’est ainsi que le photoreporter Laurent Vander Stock a ramené de Syrie des portraits à taille réelle de Syriens assiégés par la guerre au quotidien, d’autant plus interpellants qu’exposés dans la cathédrale de Bayeux, ils semblent sortir de la pierre et trouvent toute leur place à côté des gisants de naguère et des scènes bibliques. Mais la guerre d’aujourd’hui, n’est ce pas aussi la trahison, la « marchandisation » des journalistes devenus monnaie d’échange, source de revenus ? La pertinence de cette question explique pourquoi c’est le récit très personnel du Britannique Anthony Loyd qui a remporté le prix de la presse écrite : «Je pensais que Hakim était mon ami, et il a tiré sur moi… » Cependant, enfoncés qu’ils sont dans la guerre et la violence, les journalistes risquent parfois d’aller trop loin dans l’horreur : « on a l’impression que le photographe était assis sur les genoux du bourreau lors de la décapitation » s’est exclamé un membre du jury lorsqu’il s’est agi de décerner le prix de la photo tandis que certaines images de la Centrafrique, dégoulinantes de haine et de cruauté, suscitaient un malaise évident. Ces réserves expliquent

pourquoi, in fine, c’est un reportage réalisé au Bahrein, où des manifestantes voilées, issues de la minorité chiite, continuent à défier le pouvoir, qui a remporté les suffrages du jury. Dans la catégorie reportage TV, où un reportage ambigu consacré à la vie et la mort d’un jeune djihadiste francosyrien avait retenu l’attention, le même désir de donner priorité aux victimes s’est imposé lorsqu’il s’est agi de couronner un reportage de Arte consacré à la Syrie « la vie, obstinément ». On y voit des fillettes aux yeux trop grands traverser les champs de ruines et assurer crânement : «Nous resterons ici. Si nous devons mourir, ce qui compte, c’est d’affronter la mort aux côtés de notre père et de nos frères… Tous ensemble… » En ces temps où la violence, qu’il s’agisse des viols publics dans l’Est du Congo ou des décapitations en Syrie, est devenue le message d’intimidation et de terreur, la réponse des journalistes est demeurée la même, obstinée et lucide : malgré la dissuasion, il faut continuer à se rendre sur place, au nom des victimes. Parce que donner la mesure de ces guerres qui prennent aujourd’hui de nouveaux visages, c’est aussi, in fine, contribuer à la paix… Colette Braeckman (Le titre est de la rédaction)

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