André Maire secret

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André Maire secret

Le premier voyage d’André Maire en Indochine /1919-1921



André Maire secret

Le premier voyage d’André Maire en Indochine / 1919-1921 Deux ans et six mois auront amplement suffi au jeune artiste pour pénétrer l’âme indochinoise, s’imprégner d’une philosophie de vie, d’une spiritualité et d’une atmosphère très éloignées de celles qui l’ont vu grandir. Ce voyage initiatique en Asie, au sortir de la première guerre mondiale et à la fin de son service militaire, André Maire l’accomplit avec la bénédiction de celui qui est déjà pour lui plus qu’un maître, l’ancien nabi Emile Bernard, qui l’a affectueusement pris sous son aile depuis la mort de ses parents. Au printemps 1919, il s’embarque donc sur l’André Lebon pour rejoindre à Saïgon le 11ème régiment colonial d’infanterie. Ses carnets à dessins, qui ne le quittent jamais, ont tôt fait de se remplir, au gré de ses pérégrinations dans la ville. Au crayon comme à l’encre, le trait est incisif, rapide, rendant vie sur le papier tantôt à de gracieux visages féminins tantôt à de vieilles faces burinées. Il explore les marchés, qui lui suggèrent une veine presque caricaturale. André Maire y trouve une constante animation, à laquelle fait contrepoint le silence des campagnes environnantes, dans lesquelles il étudie avec lyrisme les effets atmosphériques sur le paysage exotique. En 1920 et 1921, il est professeur de dessin au lycée Chasseloup-Laubat, celui que fréquentera un peu plus tard comme pensionnaire la jeune Marguerite Duras. De retour en France, il tient à publier Saïgon, un album de quarante bois gravés, memento de cette expérience décisive et féconde, qui paraîtra en 1923 aux éditions Crès, accompagné d’une préface d’Emile Bernard. A la fin des années 1920, il expose quelques-uns travaux d’Indochine chez Devambez et chez Charpentier notamment, aux côtés de ses vues de Venise où il est désormais établi. André Maire conservera cependant précieusement l’importante documentation qu’il aura constituée lors de ce premier voyage. Nous avons ici l’occasion rare de découvrir au travers de ces quelques feuillets ce qui a retenu l’attention de l’artiste à l’occasion de son premier séjour en Asie, qui sera déterminant pour le reste de sa carrière et de sa vie.



/ Saïgon et ses environs

/ Jeune vietnamienne au médaillon, 1920. Craie conté et craie blanche sur papier, signée et datée 1920 à droite, 39,5 x 27 cm. Bibliographie : André Maire, peintre voyageur, Somogy éditions, 2002, reproduit en p.225.



/ Portrait de vieil homme, Saïgon, 1920 Encre sur papier, signée et datée 1920 en haut à gauche, 28 x 21,5 cm.


Vieille femme, Saïgon, 1919 / Encre sur papier, monogrammée, située "Saigon" et datée 1919 en bas à droite, 31 x 23,5 cm.



/ Femme à la cigarette, Saïgon, 1920 Encre sur papier, signée et datée 1920 en bas, 31,5 x 20 cm.

Personnage au fichu, Saïgon / Encre sur papier, 32 x 24,5 cm.




/ Pousse-pousse, au marché, Saïgon Encre et crayon sur papier, 21 x 31 cm.


Portrait de jeune vietnamienne, 1919 / Encre sur papier, signée et datée 1919 en bas à gauche, 28 x 21,5 cm.




/ Jeune femme étendue, Saïgon Encre sur papier, 28 x 43 cm.


/ Au marché, Saïgon Encre sur papier, 21 x 28 cm.

Vieil homme fumant, Saïgon, 1919 / Aquarelle et encre sur papier, signée, située et datée "Saïgon 1919" en bas à gauche, 28 x 21,5 cm.




/ Colon en pousse-pousse, Saïgon, 1920 Aquarelle et encre sur papier, signée, située et datée “Saïgon 1920” en bas à gauche, 21 x 31 cm.


/ Devant la pagode Encre sur papier, signĂŠe en bas Ă droite, 32,5 x 25 cm.


Terrasse d'un temple / Encre de Chine sur papier, 43 x 27,5 cm.



/ Les toits des temples, Saïgon, 1920 Sépia sur papier, signée et datée 1920 en bas à gauche, 28 x 43 cm.


/ A la lisière de la forêt, Saïgon, 1920 Aquarelle sur papier, signée, située et datée "Saïgon 1920" en bas à droite, 24 x 31,5 cm.

Devant la case, Vietnam, 1920 / Encre et craie conté sur papier, signée et datée 1920 en bas à droite, 28 x 21,5 cm.



/ Sampan, Vietnam Sépia sur papier, 24,5 x 31,5 cm.

Infirmerie de Saïgon, effet de journée, 1920 / Aquarelle sur papier, signée, datée et située "Saïgon 1920" en bas à gauche, 32,5 x 25,5 cm.



/ A la lisière de la forêt, Saïgon, 1920

Grand arbre, 1921 /

Aquarelle sur papier, signée, située et datée "Saïgon 1920" en bas à droite, 23,5 x 31 cm.

Encre de Chine sur papier, signée et datée 1921 en bas à droite, 32,5 x 25 cm.



/ IntĂŠrieur d'un temple, 1919 Encre de Chine sur papier, 43,5 x 28 cm.


Porte d'une pagode, Saïgon / Encre de Chine sur papier, signée et datée 1920 en haut à gauche., 43 x 28 cm.



Portrait de statuaire hindouiste, Saïgon, 1919 / Encre sur papier, signée, située "Saïgon" et datée 25.11.19 en bas à droite, 32 x 24,5 cm.

/ Sous les bananiers, Vietnam Encre et rehauts de blanc sur papier, 43 x 28 cm.


/ Paysage annamite, Saïgon Encre sur papier, signée en bas à gauche, 21,5 x 28 cm.

Barques annamites, Saïgon / Encre sur papier, signée en bas à droite, 28 x 21,5 cm.



Sampans sur le fleuve, Saïgon, 1919 / Sépia sur papier, signée, située et datée "Saïgon 1919" en bas à gauche, 49 x 32 cm.



Effet du matin sur l'arroyo, Saïgon, 1919 / Aquarelle sur papier, monogrammée, située "Saïgon" et datée 1er novembre 1919, 23,5 x 31 cm.




/ Grands arbres dans la forêt, Saïgon, 1919. Aquarelle sur papier, signée, située et datée "Saïgon 1919" en bas à droite, 32 x 24 cm.


/ Le site d’Angkor Novembre 1901 - Angkor Thom “ Le voyage de Pnomh-Penh à ici est un rêve vécu. En quittant le Lutin, nous avons navigué en sampans à travers la forêt inondée. Par un clair de lune superbe, les bois prenaient des tons d'argent en fusion. Et quelle végétation émergeant des profondeurs de l'eau! Toutes les nuances du vert et de la pourpre, et aussi toutes les essences, depuis le colossal banian, jusqu'au bambou élégant et bruisseur. Nous longeons parfois des villages à demi cachés sous les aréquiers de 50 mètres. Les congaïes curieuses nous regardaient passer en souriant. Les cagnas sur pilotis étaient illuminés en l'honneur de la nouvelle lune. C'était aussi gai qu'en plein jour et d'une couleur! A 11 h. 1/2 arrivée et coucher à Siem-Reap. L'amiral, dans une jonque. Le lendemain, départ pour Angkor en charrettes à buffles. Quel tableau ! Trente- cinq charrettes, en pagaie dans l'unique rue, éclairée d'un beau soleil levant. On se précipite pour choisir sa voiture, et la rembourrer de son mieux ; car elles manquent de ressorts ! mais elles passent partout. Nous partons à la file. Les buffles trottaient, sans doute en l'honneur de l'amiral. Arrivée à Angkor- Thom. Une merveille! Surtout le temple du Baïon (Le Bayon signifie en cambodgien : salon du roi). Pour y pénétrer, il faut franchir une enceinte d'énormes pierres éboulées et branlantes, traverser des galeries peuplées de chauves-souris géantes, dont la colonie est respectée par les bonzes depuis des siècles. Le temple est supporté par trois terrasses superposées et merveilleusement décorées. La vue de la deuxième terrasse est fantastique. Pas un pouce de cette pierre qui ne soit sculpté avec une richesse inouïe, et une charmante naïveté d'expression. Les cinquante-deux tours, ornées chacune de quatre têtes colossales de Brahma, sont surmontées d'une chevelure de lianes et même de gros arbres. Angkor-Thom est un monde. (…) On ne peut s'imaginer l'effet produit par ces têtes de Brahma, patinées par tant de siècles, couvertes de lichens, enveloppées de lianes, que les rayons du soleil traversent pourtant, se jouant parmi ces figures énormes et donnant à chacune d'elles une expression différente : les unes sourient, d'autres sont tristes, quelques-unes impassibles. Et les bonzes circulent, drapés dans leurs toges jaunes, tantôt priant dans le temple, tantôt coupant du bois pour leur popote.” Le temple d'Angkor Thom, 1921 / Extrait du journal de Charles Carpeaux Les ruines d'Angkor, de Duong-Duong et de Myson (Cambodge et Annam) : lettres, journal de route et clichés photographiques par Charles Carpeaux, publiés par Mme J.-B. Carpeaux, A. Challamel (Paris) , 1908.

Encre de Chine sur papier, signée en haut à gauche, située et datée "Angkor Thom 1921" en haut à droite.




8 décembre — Ruines d'Angkor. “Nous sommes, mon camarade Dufour et moi, logés à la sala d'Angkor- Vat, dépendance d'Angkor-Thom. l'ancienne capitale des rois kmers, située à cinq kilomètres l'une de l'autre. (…) Angkor-Vat, que nous habitons, en compagnie de 200 bonzes, est une immense pagode surmontée d'un dôme en forme de mitre ronde, très richement décorée; elle renfermait autrefois les livres sacrés et elle est demeurée un pèlerinage entouré de prestige. Aussi, ce monument est-il merveilleusement conservé. Angkor-Thom, au contraire, est envahi par une végétation formidable; le temple lui-même (Baïon) est couvert de banians énormes, dont les racines monstrueuses crèvent les murs les plus épais, effondrent les tours de 25 mètres, éventrent les galeries tels des poulpes géants, dévorant ces ruines grandioses. C'est la réalisation des dessins les plus fantastiques de Gustave Doré. “ Extrait du journal de Charles Carpeaux Les ruines d'Angkor, de Duong-Duong et de Myson (Cambodge et Annam) : lettres, journal de route et clichés photographiques par Charles Carpeaux, publiés par Mme J.-B. Carpeaux, A. Challamel (Paris) , 1908.

/ Petit temple, Angkor, 1921 Encre de Chine sur papier, signée en haut à gauche, située et datée "Angkor 1921" en haut à droite, 43,2 x 32 cm. Bibliographie : Angkor, le Cambodge d'André Maire, Somogy éditions, 2005, reproduit en p. 174.


Charles Carpeaux, fils du célèbre sculpteur, est l’un des premiers explorateurs du site d’Angkor où une expédition scientifique le conduit en 1901, sous la houlette de l’Ecole française d’Extrême-Orient. Il y croisera d’ailleurs Pierre Loti. La description qu’en donne son journal, ainsi que du rocambolesque trajet pour y parvenir, ne sont sans doute pas si éloignées de ce qui attendait André Maire quelques années plus tard lorsqu’il s’y rendra. En effet, lorsque le jeune artiste découvre Angkor, le site est encore envahi de lianes, étouffé par une végétation luxuriante qui a sauvagement poussé, éventrant les architectures séculaires. Les ruines sont partout et le travail archéologique de l’Ecole française d’Extrême Orient commencé depuis la fin du XIXème siècle promet d’être encore long avant de dégager l’immense site de sa gangue végétale, de procéder à la reconstitution des temples, l’anastylose. Le jeune artiste sera bien entendu fasciné par le mysticisme d’Angkor, où la nature se mêle si intimement aux édifices de la foi humaine. La spiritualité, incarnée dans l’architecture aussi bien que dans la nature, est l’un des grands thèmes qui définira l’ensemble de l’œuvre d’André Maire.

Portrait de danseuse cambodgienne, 1920 / Pastel sur papier, signé en bas à droite, 50 x 32,5 cm.



Danseuse cambodgienne, fond bleu, 1921 / Pastel sur papier, signé et daté 1921 en haut à droite, 50 x 32,5 cm.




/ Statue du temple, Cambodge, 1921 Pastel sur papier, signé, daté et situé "Cambodge 1921" en haut à droite, 49,5 x 32,5 cm.


/ Paire de portraits de statuaire khmer Technique mixte et collage sur carton, 29,5 x 19 cm.


© Galerie Alexis Pentcheff, 2018

Textes et mise en page Giulia Pentcheff pour Galerie Alexis Pentcheff, tous droits réservés.


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