ALFRED LOMBARD / Redécouverte
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ALFRED LOMBARD (1884-1973) / Redécouverte Exposition - Vente rétrospective du 22 novembre au 20 décembre 2014
Textes de Giulia Pentcheff
A la veille de cette exposition rétrospective qui lui est consacrée par la galerie, oserais-je imaginer ce qu’Alfred Lombard aurait pensé de cette initiative ? Lui qui avait fini par réserver sa peinture à l’œil exercé d’initiés et ne considérait les marchands qu’avec défiance, au point même qu’il avait délibérément cessé d’exposer son travail depuis fort longtemps. Lui qui avait avec détermination emprunté le chemin tortueux et semé d’embuches, visant au loin la porte étroite plutôt que l’arche de triomphe qu’il aurait bien vite atteinte à condition de cheminer droit devant. Planent le spectre de son exigence, celui de l’intégrité de son engagement artistique, de l’ampleur de son érudition. Plane le fantôme de cet artiste absolu. Revenu parmi nous au soir du vernissage, aurait-il pu souffrir un instant que l’on jauge sa peinture, qu’on décortique ses toiles sous l’implacable lumière? Je ne le crois pas, il ne permettait pas même aux siens de le faire dans l’intimité de l’atelier. C’est épouvanté et transi de colère qu’il aurait sans doute sur le champ vidé les lieux. Car si la détermination de l’artiste était sans faille, elle fut probablement la cause d’une indicible souffrance et d’un relatif isolement, résultant de l’incompréhension qui lui était parfois opposée. Ainsi allaitil d’un homme qui ne pouvait se résoudre à expliquer autrement qu’en peinture ce qui lui apparaissait si nettement, une réalité qui lui semblait si évidente qu’elle n’avait pas besoin d’être décryptée. Ses recherches, son évolution, ont été tenues par lui si secrètes qu’aucun critique n’a pu, du vivant de l’artiste, s’emparer de ce brut élan vital pour le livrer au monde — accompagné toutefois de quelques clés de lecture, courte échelle qui aurait permis un accès plus aisé à la part la plus abrupte de son monde sensible. C’est seulement après la mort de Lombard que la diversité de son travail a été révélée, que son implication dans la vie artistique provençale d’avant la Première Guerre a pu être rappelée, ainsi que l’étonnante évolution de sa production. Nous devons notamment cette découverte posthume à l’enthousiasme de sa fille, Claude Féral, qui parvint à obtenir du musée Cantini les faveurs d’un accrochage particulier à la fin des années 1980. Le musée de l’Annonciade avait déjà mis en lumière une partie de l’œuvre de l’artiste dans son exposition consacrée au Fauvisme des Provençaux au début de la même décennie et ce dernier a, depuis lors, persévéré dans la valorisation constante d’œuvres emblématiques de l’artiste qui ont intégré ses collections, telles que «Le Bar N». C’est aux côtés des petits-enfants de l’artiste que nous ambitionnons aujourd’hui de continuer à agir pour la redécouverte de cette œuvre inclassable. Le catalogue de l’œuvre peint de l’artiste — nous profitons ici pour annoncer sa préparation — devrait permettre d’explorer certains aspects très méconnus du travail d’Alfred Lombard. Si l’homme n’est plus, c’est son œuvre singulière qui directement nous contemple.Tantôt attrayante et colorée, qui se livre au premier coup d’œil, tantôt mystérieuse, les lèvres closes, comme si elle se refusait à nos sens pour mieux sonder notre esprit. Avec l’homme s’est envolé tout l’entêtement qui faisait la force mais aussi la faiblesse de l’artiste. Laissons donc fuir le fantôme, emportant avec lui les vicissitudes de l’existence et rapprochonsnous lentement de l’œuvre, délivrée de la pudeur de son auteur. Considérons ce précieux legs avec bienveillance et tentons de nous frayer un chemin parmi ses contradictions afin de saisir l’ineffable puissance de cet ensemble. 05
L’ambition d’une Renaissance provençale
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01/ Platanes en hiver, Auriol, 1906 Huile sur toile, signée en bas à gauche, 73 x 92 cm.
Dans les premières années du XXème siècle, si le Midi apparaît comme une terre d’élection pour la création artistique, concentrant les sursauts de l’avant garde, c’est uniquement dans la capitale que tout se joue ensuite, que les œuvres sont dévoilées et peuvent jouir d’y être admirées, critiquées. Le Salon des Indépendants, fondé en 1884, puis le Salon d’Automne en 1903, facilitent l’accès à un public averti tout en encourageant l’émulation entre les artistes. A Marseille en revanche, dans les mêmes années, il n’est point de structure qui soit à même d’encadrer les tendances novatrices : ni Salon, ni marchand d’art vivant où l’on puisse valablement montrer son travail. La province est comme engluée dans un académisme au sein duquel Alfred Lombard et plusieurs autres de ses jeunes camarades peinent à s’épanouir. Au cœur de cet immobilisme provincial sont également mises en cause les structures de formation, n’offrant dans la région guère d’alternative à une Ecole des beaux-arts en souffrance depuis plusieurs décennies, plus précisément depuis le décès d’Emile Loubon (qui était parvenu dans les années 1850 à renouveler l’enseignement autour de la pratique en plein air, essaimant une génération d’artistes talentueux). Depuis lors en province, pour Lombard et sa génération « aucun courant vivant, jeune, vocatif ne pouvait donner l’éveil à un renouveau capable de passionner les esprits ». L’engagement de Lombard en peinture n’est pas conventionnel. Issu d’une famille aisée, il entreprend des études d’histoire et de lettres à la faculté d’Aix-en-Provence. Si cette voie contente les instances paternelles et répond en partie à une forme de curiosité intellectuelle du jeune-homme qui s’intéresse à de nombreux domaines en dehors de la peinture, elle ne satisfait pas l’artiste en devenir. Depuis plusieurs années déjà, Lombard progresse presque à l’aveugle dans une voie qui l’appelle résolument. Sur ce chemin solitaire, l’aquarelliste Joseph Cabasson avait quelque peu guidé ses pas en lui enseignant les rudiments de la peinture à l’huile. En 1903, il s’efforce donc d’obtenir tant l’aval de sa famille que son nécessaire soutien financier avant de s’inscrire comme élève libre en première année à l’Ecole des beaux-arts de Marseille. Cependant, ce qu’il y trouve, loin de satisfaire son appétit d’apprendre, le frustre terriblement. Il quitte bientôt l’Ecole, critiquant avec beaucoup de virulence une forme d’enseignement qui, à ses yeux, paie un trop lourd tribut au rapport hiérarchique entre le maître et l’élève pour que de véritables artistes puissent s’épanouir à leur juste valeur. S’il respecte la tradition, il place encore plus haut la défense de la liberté et de l’indépendance dans l’expression artistique. Non sans un certain idéalisme, il embrasse donc une carrière marginale pour son milieu d’origine. Il choisit d’entrer de plain-pied dans le métier et s’engage comme assistant dans l’atelier d’Alphonse Moutte, qui est à ce moment là occupé à la réalisation de la commande d’une grande décoration. Il complète cet apprentissage « sur le tas » par l’observation libre dans les musées. Lombard nourrit donc, presque instinctivement alors qu’il est un tout jeune-homme, un fort sentiment de révolte à l’égard de l’académisme qui paralyse la vie artistique provinciale. De cet écoeurement va surgir une volonté de changer les choses, d’agir pour que la Provence rayonne enfin sur le plan artistique.
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L’étincelle est notamment provoquée par un événement d’envergure internationale qui a pour une fois lieu à Marseille. En 1906, l’exposition coloniale joue le rôle d’un formidable catalyseur, créant rencontres et émulation entre artistes de différents domaines. Lombard y fait notamment la rencontre du poète Emile Sicard, alors directeur de la revue Le feu, fondée l’année précédente et qui a pour objectif de promouvoir les manifestations artistiques et culturelles qui se déroulent sur le sol provençal. Il se découvre également des préoccupations communes avec les jeunes exposants de la section d’art provençal qui sont Audibert, Camoin, Chabaud, Seyssaud et Verdilhan, plus particulièrement autour de la recherche colorée et du traitement de la matière picturale. Lombard, enfin, ne chemine plus seul. Il peut se raccrocher au soutien d’autres provençaux qui, comme lui, refusent l’immobilisme et déplorent le manque de structures artistiques. C’est la « Renaissance provençale » qu’il évoquera dans les souvenirs de jeunesse rassemblés à la fin de sa vie : « Dans le courant de l’hiver 1906-07, nous nous réunissions dans l’atelier de Carrera et de Cauvet, son beau-frère, et parfois dans mon atelier, rue des Brusques. Nous formions des projets de Salons et les circonstances voulurent qu’un journaliste du nom de Beaumont nous incita à constituer un groupe des jeunes peintres qui put montrer et faire apprécier la peinture des jeunes peintres en comparaison des navets rassemblés au Salon dit des Artistes marseillais. (…) Notre exposition ouvrit ses portes, sous le nom de Salon de Provence. L’affiche avait été faite par Carrera, à l’aide de tons violents. Ce fut le premier Salon de Jeunes qui eut lieu à Marseille. On ne saurait trop insister sur cela. » L’été, Lombard retrouve Audibert à Allauch pour des séances de travail en plein air. Il participe également avec Verdilhan aux réunions du Groupe du Poteau. Il fait encore la connaissance du poète Joachim Gasquet et de son épouse Marie qui le reçoivent dans leur domaine de Fontlaure à Eguilles, parmi les peintures de Cézanne. Dès les mois d’octobre et novembre 1906 se forme la Société du Salon de Provence. Elle choisit bien entendu pour président d’honneur Cézanne, qui meurt peu de temps après. Cette structure est créée dans le but de proposer à Marseille des expositions internationales annuelles de peinture, sculpture et arts décoratifs. On souhaite en quelque sorte importer dans la cité phocéenne le Salon d’Automne qui lui manque. Parmi les artistes qui participent à ce Salon, d’illustres noms tels Carrière, Rodin, Henri Martin ou Cézanne entrainent dans leur sillage des peintres locaux admiratifs : Astruc, Audibert, Barret, Cabasson, Carrera, Casile, Cauvet, Chabaud, Giraud, Germain, Ravaisou, André Verdilhan… Les réactions sont diverses devant cette « révolution », allant de l’enthousiasme à l’incompréhension. Cependant, malgré ce dynamisme d’intention, l’exposition de 1906 ne sera pas suivie d’autres manifestations dans ce cadre. Cette formule sera toutefois reprise et enrichie quelques années plus tard sous l’impulsion du même groupe de jeunes artistes. En 1912 et 1913, les « Salons de Mai » ont lieu dans leurs ateliers du quai de Rive Neuve. La présentation d’œuvres plastiques s’accompagne de concerts, de récitals, de causeries… Un catalogue reproduisant les œuvres présentées est édité à cette occasion, ainsi qu’un numéro spécial de la revue Le feu, illustré par Pierre Girieud et Alfred Lombard. Mais les collectionneurs ne suivent pas et quoi qu’il en soit, la guerre qui commence met un frein à la poursuite de ces entreprises, laissant pour longtemps encore la région en marge des manifestations artistiques d’envergure.
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Eclats de jeunesse / Avant la Grande Guerre
02/ Rue du vieux Marseille, 1907 Huile sur toile, signée en bas à droite, 92 x 73 cm. Expositions : Salon d'automne, Paris, 1908. Musée de l'Annonciade, 1984, n° 33. Alfred Lombard, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 Octobre – 28 Novembre 1987, reproduit au catalogue sous le n°3.
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Parallèlement à son engagement dans la vie artistique marseillaise, le peintre est présent à partir de 1905 dans les Salons parisiens. Ses premiers envois au Salon d’Automne ne figurent pas aux côtés de ceux des fauves historiquement regroupés dans la salle VII.1 Ses recherches sur la couleur l’engagent certes dans cette voie, mais Lombard est bien plus jeune que le groupe désigné. Ce n’est véritablement qu’à partir de 1907 que l’on peut attester d’un certain rapprochement avec le fauvisme, à la lecture d’œuvres telles que la « Rue du Vieux Marseille » (n°02) ou cette « Femme au grand chapeau» (n°03).La parenté n’est pas forcément induite par une utilisation de la couleur pure, telle qu’elle a notamment pu présider au ralliement du groupe des fauves, mais d’avantage par la manifestation d’une esthétique formelle novatrice. Dans ces années-là (1907 à 1909), les œuvres du jeune peintre sont certes éclatantes et dignes de l’orgie chromatique de ses aînés, cependant la palette reste assez délicate et nuancée. La flamboyance de l’ensemble est en réalité obtenue par un subtil jeu de contraste entre les vides et les pleins, où des zones colorées traitées en transparence mettent singulièrement en valeur certaines formes plus appuyées, créant un formidable dynamisme. L’éclat de ces compositions est encore renforcé par l’utilisation de la réserve même. Le support de la toile est ainsi employé comme dispensateur de lumière. C’est dans ce type d’expression que Lombard se rapproche le mieux de ses contemporains Camoin ou Manguin, qui se distinguent pareillement dans des œuvres où les motifs semblent avoir été capturés sur la toile avec aussi peu de matière qu’il en faut pour séduire. A partir de 1910, Alfred Lombard loue, en plus de son atelier marseillais, un second atelier dans la capitale, fréquente le Lapin Agile où sa mise de dandy le fait remarquer. La situation familiale lui permet une aisance loin d’être partagée par la plupart des autres peintres de sa génération. Son travail sur la couleur l’occupe toujours, mais il s’éloigne peu à peu des outrances du fauvisme et met en place une recherche sur le cadrage et l’utilisation d’aplats cernés, autour notamment de la figure féminine. Il explore des motifs décoratifs qui sont les prémices des recherches monumentales qu’il mènera plus tard.
1. Son premier envoi au Salon d’Automne est la toile intitulée «Clair soleil d’hiver», de facture très proche de « Platanes en hiver, Auriol » que nous présentons ici sous le numéro 01.
03/ Femme au grand chapeau, 1909 Huile sur toile, cachet en bas à droite, 92 x 73 cm. 15
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En 1913, Alfred Lombard participe au XXème salon de la Libre Esthétique à Bruxelles, réservé cette année là aux interprétations du Midi. Son travail est connu des représentants étrangers des mouvements d’avantgarde. On sait notamment par des courriers adressés à son ami Girieud qu’Erbslöh (le président de la NKV) appréciait ses œuvres. Sa première exposition personnelle date de 1914. La galerie Paul Rosenberg montre une trentaine de peintures et autres travaux sur papier réalisés depuis 1910. Une seule autre exposition personnelle, à la galerie Druet en février 1925, marquera la carrière de Lombard. Cette rareté procède de la difficulté pour l’artiste d’accepter de se plier aux exigences du marché, son refus d’insérer son œuvre dans les circuits commerciaux afin de préserver son intégrité. Il va jusqu’à exprimer par écrit le désir de supprimer toute valeur marchande à ses œuvres. A partir de 1939, alors qu’il avait jusqu’alors activement participé aux Salons annuels ainsi qu’à des expositions thématiques dans les galeries parisiennes, l’artiste décide de ne plus montrer son travail. Il s’en tiendra à cette résolution jusqu’à la fin de sa vie, à très peu d’exceptions près. 2
05/ Portrait d’Armande Arnaud (future Madame Lombard), 1912 Huile sur carton, 54 x 42 cm.
2. Le dernier article qui lui est consacré de son vivant date de 1934. Il participera encore à deux manifestations collectives, l’une en zone libre en 1941 et l’autre à la veille de sa mort.
04/ Nu au turban jaune, vers 1910 Huile sur toile, cachet en bas à droite, 146 x 97 cm.
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07/ Les doigts de sorcière Huile sur toile, cachet en bas à gauche, 65 x 50 cm.
06/ Nu assis de dos arrangeant son ruban, 1911 Huile sur toile, signée en haut à gauche, 92 x 73 cm. 19
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08/ Bouquet de lys, 1912 Huile sur toile, cachet en bas à gauche, 92 x 73 cm.
09/ La dame en noir, 1912 Huile sur toile, signée et datée 1912 en bas à droite, 83 x 65 cm. Expositions : Salon des Indépendants, Paris, 1913, n°3364. Galerie Rosenberg, Paris, 1914, n°21. Salon des Indépendants, Paris, 1919. Alfred Lombard, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 Octobre – 28 Novembre 1987, reproduit au catalogue sous le n°25.
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10/ Nature morte à l’ananas, 1912 Huile sur toile, signée et datée 1912 en haut à droite, 65 x 81 cm. 22
11/ Nature morte aux arums, 1914 Huile sur toile, cachet en bas à gauche, 65 x 50 cm. Exposition : L’âme des objets, l’esprit des choses, Fondation Regards de Provence, Château Borély, Marseille, 8 Février – 15 Mai 2002.
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Cette composition de grand format, qui relate l’épisode biblique de Bethsabée surprise dans sa nudité par le roi David, est présentée à l’occasion du Salon de Mai de 1913 à Marseille. Le choix du thème ainsi que son traitement, d’inspiration classique, peuvent surprendre au regard de ce qui avait jusqu’alors occupé l’artiste. Son ami Girieud présente cependant à cette occasion une œuvre de la même veine, largement inspirée par le travail de Puvis de Chavannes. Les deux artistes venaient de participer aux côtés de Dufrénoy en 1912 à une entreprise assez inédite, la décoration de la chapelle privée de Saint-Pancrace à Pradines (Vaucluse) selon la méthode traditionnelle de la fresque à l’italienne, c’est à dire sur mortier frais. La redécouverte de cette technique exigeante semble s’être accompagnée d’un intérêt particulier pour la figuration classique. Lombard a complété cette redécouverte par celle de l’interprétation qu’en avaient faite certains artistes de la seconde moitié du XIXème siècle, Ingres notamment.
12/ Bethsabée au bain, 1913 Huile sur toile, signée et datée 1913 en bas à gauche, 170 x 197 cm. Exposition : Salon de Mai, Marseille, 1913
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Le tournant des années 1920 / Prélude à l’expérimentation
13/ Nu couché sur un drapé vert, 1920 Huile sur toile, signée et datée 1920 en bas à droite, 65 x 81,5 cm.
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14/ Paysage au Pilon du Roi, 1919 Huile sur toile, cachet en bas à centre, 32 x 41 cm.
15/ Gorges de Haute Provence à la petite maison, avant 1920 Huile sur toile, 66 x 54,5 cm. 28
16/ Paysage à la montagne ocre, avant 1920 Huile sur toile, 73 x 92 cm.
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17/ Nature morte à la potiche et au rideau rouge, 1923 Huile sur toile, 100 x 81 cm.
Dans les années 1920, Lombard continue d’afficher une prédilection pour les nus et les natures mortes, qu’il élabore en atelier. On note cependant une évolution significative de sa manière en comparaison avec la décennie précédente. Les corps se font plus massifs et hiératiques, ils gagnent en intensité ce qu’ils perdent de sensualité. Les fonds sont traités avec la plus grande sobriété, austérité qui contraste avec la profusion décorative de l’environnement qu’il avait jusqu’alors préféré pour dénuder ses modèles. De même, les natures mortes peu à peu se dépouillent, abandonnent leurs atours colorés pour ne devenir qu’un prétexte à une réunion d’objets qui coexistent dans l’espace pictural. L’artiste ne se soucie plus vraiment de composer de manière harmonieuse mais semble épurer son motif pour tenter de saisir le lien invisible qui unit les choses, l’énergie sous-jacente. La palette s’apaise et s’assagit, se charge de tonalités vertes. Le peintre commence dès lors à s’affranchir de certains canons esthétiques pour privilégier une plus grande liberté dans la recherche. Les paysages restent toutefois très plaisants, traités dans des harmonies de vert que la lumière vient caresser, velouter.Tandis que le petit coin de verdure d’un « Sous-bois à Autun » est visiblement pris comme un motif décoratif de feuillages et d’entrelacs, certains essais révèlent une influence cézanienne dans l’appréhension de l’espace, constitué dans cette vue plongeante des « Gorges de HauteProvence » d’un enchevêtrement d’aplats de couleurs faisant surgir la perspective de manière inattendue.
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18/ La Martiniquaise, 1923 Huile sur toile, signée et datée 1923 en bas à droite, 110 x 67 cm.
19/ Nu accoudé, 1923-1924 Huile sur toile, signée en bas à gauche, 50 x 61 cm.
20/ Nu assis, 1924 Huile sur panneau, signée et datée 1924 en haut à droite, 46 x 37,5 cm. 33
21/ La maison de Clémenceau à Montigny sur Loing , 1925 Huile sur toile, 54 x 65 cm.
22/ Sous-bois à Autun, 1924 Huile sur papier marouflée sur toile, 46 x 39 cm. 34
23/ Nature morte au Delft, 1939 Huile sur toile, cachet en bas à droite, 73 x 100 cm.
24/ Les gambas, circa 1925 Huile sur carton toilé, 14 x 22 cm.
25/ Nature morte à la porcelaine, 1925 Huile sur toile, 51 x 65 cm.
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27/ Nu assis de dos, 1927 Huile sur toile, cachet en bas à droite, 55 x 38 cm.
28/ Nu assis avec un drapé vert, 1927 Huile sur toile, signée en bas à droite, 55 x 46 cm. 26/ Nature morte à la statuette, 1926 Huile sur toile, 132 x 98 cm. 37
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Un nouveau champ d’investigation / De la décoration murale à l’expression synthétique
29/ Quatre Dames ou Le temps perdu, 1927 Huile sur toile, 73 x 91 cm. Exposition : Alfred Lombard, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 Octobre – 28 Novembre 1987, reproduit au catalogue sous le n°35.
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30/ Chalutier dans le port de Toulon, 1929 Huile sur carton, signée en bas à gauche, 43 x 31 cm.
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31/ La jetée du port de la Seyne, 1929 Huile sur toile, 19 x 27 cm.
La décoration murale réalisée avec Girieud dans leurs jeunes années ne restera pas une expérience isolée dans l’œuvre de l’artiste. Dès 1914, il participe à un projet de décor commandé par la municipalité marseillaise pour la Faculté de Sciences, mais la guerre empêche sa réalisation. Autre projet avorté, celui auquel Gabriel Mourey l’avait associé pour l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925, mais qui ne fut pas retenu par le comité de sélection. C’est dans les années 1930 que Lombard aura véritablement la possibilité d’exprimer ses talents de peintre décorateur. Une rencontre avec l’architecte Pierre Patout, qui supervise la construction de son atelier à Boulogne-Billancourt à la fin de la décennie précédente est notamment à l’origine du développement de cette carrière. Ce dernier va lui proposer de participer à plusieurs chantiers d’envergure, à commencer par la décoration de la chapelle du paquebot « Atlantique » en 1931 puis celle du « Normandie » en 1934. Au cours de cette décennie, Lombard, tout accaparé par ces nouvelles perspectives décoratives délaisse quasiment la peinture de chevalet. Il entame une réflexion globale sur l’art décoratif, ses principales préoccupations étant de pouvoir adapter la peinture murale aux exigences architecturales modernes et, corollairement, la représentation picturale moderne au support mural.
32/ Port de la Seyne, 1929 Huile sur toile, signée en bas à droite, 54 x 81 cm.
33/ Saint Jean Cap Ferrat, 1936 Huile sur carton, 36 x 45 cm.
34/ Saint Jean Cap Ferrat du parapet, 1937 Huile sur toile marouflée sur carton, 38 x 45,5 cm. Exposition : Alfred Lombard, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 Octobre – 28 Novembre 1987, reproduit au catalogue sous le n°40.
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35/ Projet de décoration murale (Les Vendanges),1937 Huile sur toile, signée en bas à gauche, 83 x 150 cm.
Au terme de ces réflexions, il lui apparaît notamment que la peinture à l’huile sur toile marouflée sur le support mural est plus indiquée que la technique traditionnelle a fresco pour obtenir des résultats en accord avec les préoccupations modernes. C’est alors que les deux activités de peintre de chevalet et d’ornemaniste vont pouvoir en quelque sorte s’interpénétrer. Le travail de l’artiste à partir des années 1940 est nourri de ces réflexions intellectuelles et pratiques sur la plastique. Lombard va s’orienter vers une expression beaucoup plus synthétique, faisant d’avantage appel au processus intellectuel dans son appréhension du monde.
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36/ Le Parc, 1939 Huile sur toile, 50 x 81 cm.
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Ce cheminement expérimental débute véritablement à la fin des années 1920 dans des œuvres telles que « Le Temps perdu » (n°29), composition presque monochrome dont le foisonnement n’est pourtant pas sans rappeler les scènes de parc du provençal Adolphe Monticelli. De la matière brute, l’artiste fait émerger des personnages, comme si ces figures humaines étaient nées du bouillonnement même de ce substrat. L’artiste commence ensuite à utiliser la technique des papiers découpés afin de mettre en place ses compositions, reportant les rythmes obtenus dans l’œuvre finale où les découpages disparaissent, ayant laissé l’empreinte de leurs formes (n°42). Dans cet effort de synthétisation, la répétition, associée à un travail sur la couleur (notamment pour la série des « Espagnols ») lui semble apte à faire surgir l’essence du motif. Le travail de Lombard se radicalise peu à peu, côtoie l’abstraction dans les années 1950 avant de réintroduire des éléments plus figuratifs dans des compositions très rythmiques. Ainsi qu’il le précise dans ses écrits, la peinture est un véritable langage , qui possède ses codes propres.
37/ Petits espagnols sur fond rouge, 1940-1942 Huile sur carton, signée en bas à droite, 25 x 19 cm. 38/ Petits espagnols sur fond ocre, 1940-1942 Huile sur carton, signée en bas à droite, 41 x 30,5 cm. 39/ Petits espagnols sur fond bleu, 1940-1942 Huile sur carton, cachet en bas à gauche, 22 x 16 cm. 45
40/ Bacchus, 1945 Huile sur panneau, signée en bas à droite, 67,5 x 51 cm.
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41/ Le Shakespeare à l’Ariel blanc, 1938 à 1955 Huile sur toile, 71 x 123,5 cm.
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43/ Composition abstraite, circa 1955 Huile sur carton, 20 x 32,5 cm.
42/ Zodiaque, circa 1955 Huile sur toile, cachet en bas à gauche, 73 x 61 cm.
44/ Le crapaud, 1963 Huile sur carton toilé, 32,5 x 41 cm. Exposition : Alfred Lombard, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 Octobre – 28 Novembre 1987, reproduit au catalogue sous le n°61.
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45/ La jeune fille blonde ou la Propédeutique, 1964 Huile sur toile marouflée sur panneau, cachet en bas au centre, 55 x 46 cm. Exposition : Alfred Lombard, Centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 Octobre – 28 Novembre 1987, reproduit au catalogue sous le n°63.
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Oeuvres sur papier
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46/ Nu féminin assis, vu de profil une jambe repliée, 1905 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 22 x 23,5 cm.
Oeuvres sur papier
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Oeuvres sur papier
47/ Bateau dans le port Fusain sur papier, signé en bas à droite, 60 x 50 cm. 52
48/ Etude de Cabestan, Port de Marseille, 1905-1906 Crayon sur papier, 23,5 x 31 cm.
49/ Trois mâts, Marseille, 1924 Encre sur papier, signée en bas à droite, 11 x 9 cm. 50/ Petit Yacht, Port de Plaisance de Marseille Crayon sur papier, cachet en bas à droite, 27 x 20,5 cm. 53
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52/ Bateaux dans le Port de Marseille, 1914 Crayon sur papier, cachet en bas à droite, 27,5 x 37 cm.
51/ Fenêtre ouverte sur le Port de Marseille Aquarelle sur papier, cachet en bas à droite, 48,5 x 31,5 cm. 55
Oeuvres sur papier
53/ Laboureurs à Fontlaure, vers 1907 (Etude pour la toile Jeux de plein air à Fontlaure) Fusain sur papier, signé en bas à droite, 26 x 37,5 cm. 56
54/ Louisette Mille à Fontlaure, vers 1909-1910 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 25,5 x 18,5 cm.
55/ Jeune fille sous la lampe à Fontlaure, vers 1909-1910 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 25 x 16 cm. 56/ Jeune fille lisant à Fontlaure, vers 1909-1910 Fusain sur papier, signé en bas à gauche, 17 x 21,5 cm. 57
Oeuvres sur papier
57/ Le fauteuil rouge Aquarelle sur papier, cachet en bas à droite, 41 x 44 cm. 58
58/ Tête de femme de profil Fusain sur papier, signé en bas à droite, 37 x 28,5 cm.
59/ Madame Lombard au bouquet Crayon sur papier, signé en bas à droite, 64 x 49 cm. 60/ Tête de femme Crayon gras sur papier, signé en bas à droite, 21,5 x 15 cm.
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Oeuvres sur papier
61/ Chien dans la rue à Eguilles, 1907-1908 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 26,5 x 20 cm.
62/ Femme au châle Mine de plomb sur papier, signée en bas à droite, 29 x 23 cm.
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63/ Le cerceau Sanguine sur papier, signée en bas à gauche, 15,5 x 13,5 cm.
64/ Femme au chapeau Crayon sur papier, signé en bas à droite, 60 x 43 cm.
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66/ Chansons aigres douces Encre sur papier, signée en bas au centre, 8,5 x 15,5 cm. 65/ Petites vertus, 1907-1909 Encre sur papier, signée en bas à droite, 12 x 8 cm.
62
67/ Nu couché, avant 1914 Aquarelle sur papier, signée en bas au centre, 13 x 20 cm.
68/ La figurante n°II Fusain sur papier, signé en bas à droite, 26,5 x 18 cm.
69/ Femme nue dormant, vers 1908 Crayon sur papier, signée en bas à droite, 27 x 48 cm.
63
Oeuvres sur papier
70/ Nu féminin allongé, vers 1914 Crayon sur papier, signé en bas à droite, 13,5 x 29 cm.
71/ Nu féminin vu de face, vers 1910 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 22,5 x 10 cm. 72/ Buste Féminin, avant 1914 Aquarelle sur papier, 20 x 12,5 cm. 64
74/ Nu debout (Les Destinées), 1914 Fusain sur papier, signé en bas au centre, 34 x 24 cm.
73/ Nu debout portant une corbeille sur la tête (Les Destinées) Crayon sur papier, signée en bas à droite, 33 x 25 cm.
65
Oeuvres sur papier
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75/ Femme au chat Aquarelle sur papier, signée en bas à droite, 28,5 x 20,5 cm.
77/ Maisons rue Lauriston, 1911 Crayon sur papier, signé en bas à droite, 23,5 x 31 cm.
76/ Femme se reposant sur le transat Mine de plomb sur papier, signée en bas à droite, 37 x 30 cm.
78/ Encrier et lampe sur le bureau Aquarelle sur papier, signée en bas à droite, 14 x 12,5 cm. 67
Oeuvres sur papier
80/ Femme nue assise, jambes allongées vue de profil, vers 1934 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 20 x 34 cm.
79/ Nu féminin debout, vers 1930 Fusain sur papier, signé en bas à droite, 41 x 15,5 cm. 68
81/ Madame Lombard Crayon sur papier, signé en bas à droite, 29 x 30,5 cm.
82/ Femme nue assise vue de trois quart, vers 1934 Crayon sur papier, signé en bas à droite, 44 x 19 cm.
83/ Nu assis Crayon sur papier, signé en bas à droite, 33 x 25 cm.
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Oeuvres sur papier
84/ Ollioules, vers 1936 Aquarelle sur papier, cachet en bas à gauche, 30,5 x 46 cm.
70
85/ Oliviers, Corniche de Menton, 1937-1938 Crayons de couleur sur papier, signé en bas à gauche, 26 x 21 cm.
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Oeuvres sur papier
86/ Voilier dans le port de Nice, 1937-1938 Technique mixte sur carton, signée en bas à droite, 25 x 33,5 cm.
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87/ Pins maritimes, Les Roches blanches, Cassis, 1945-1950 Mine de plomb et crayons de couleur sur papier, signé en bas à gauche, 20 x 26 cm.
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ALFRED LOMBARD (1884 -1973) Catalogue de l’oeuvre peint en préparation par Giulia Pentcheff Merci de nous contacter pour y inclure vos oeuvres
Nous tenons à remercier ici les membres de la famille d’Alfred Lombard pour leur confiance, ainsi que toutes les personnes qui ont participé à la réalisation de cette exposition. Nous remercions également Madame Véronique Serrano pour son aide précieuse.
Retrouvez toutes nos actualités sur notre site internet : www.galeriepentcheff.fr Galerie Alexis Pentcheff 131, rue Paradis 13006 Marseille 06 82 72 95 79 / a.pentcheff@gmail.com
Textes et mise en page Giulia Pentcheff. Tous droits réservés
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