auguste CHABAUD
L’instinct de Vie
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auguste CHABAUD (1882-1955)
L’instinct de Vie Exposition-Vente rÊtrospective du 17 octobre au 15 novembre 2014
Textes de Giulia Pentc hef f et une contribution de Monique Laidi-Chabaud
Armé de ses pinceaux, la poésie pour violon d’Ingres, ce « penseur libre », ainsi qu’il aime se définir, monte à Paris à l’orée du XXème siècle. Le jeune rapin aiguise sa compréhension du monde, développe une intelligence graphique qu’il affûte au frôlement du spectacle permanent de la vie parisienne. Vives impressions que ce dernier produit aux yeux d’un jeune artiste, qui avaient commencé d’être dessillés par une expédition maritime initiatique, brusquement interrompue par la mort du père, suivie de trois années d’engagement volontaire dans l’artillerie coloniale. Paris la nuit fascine Chabaud. Les lumières artificielles de la ville lui arrachent des tons d’une rare violence, des contrastes poussés à leur paroxysme. Il expérimente des cadrages surprenants, desquels on déduit la continuité d’une scène qu’il ne fait qu’ébaucher, laissant magnifiquement surgir l’instant de vie. Cependant, le Midi qui lui a donné naissance le rappelle à son écrasant soleil, engloutissant les couleurs plus qu’il ne sublime l’intensité de chacune. C’est à l’aune de ce paradoxal constat qu’avaient peint avant lui les chantres de la Provence terrienne, que furent Emile Loubon, Adolphe Monticelli ou Prosper Grésy. Dans l’œuvre de Chabaud, la somme des teintes se fond en un magma bleu, ardente pâte créatrice qui se veine d’un noir intense et tranchant comme l’ombre aux heures les plus étincelantes du jour. Le blanc, utilisé pur avec parcimonie ou plus souvent grisé, complète la trilogie de tons dominants qui exaltent la nature provençale. De retour auprès de sa mère, au Mas de Martin à Graveson, à mille lieues de l’enivrement des cafés et des fêtes parisiennes, du délassement suave et salutaire apporté par les filles des maisons closes, le peintre affirme sa vocation dans l’observation des scènes de la vie rurale.
Les bergers et paysans, le travail à la ferme, les animaux de basse-cour remplacent la chanteuse de cabaret, la fille de joie, les escaliers réverbérés de Montmartre. Le bon cheval de trait remplace le cadavérique cheval de fiacre. La volupté se change en rusticité. C’est aussi la disparition d’un univers grinçant, démesuré, impitoyable et malsain, déconnecté de la terre, pour l’avènement d’un monde rural où le labeur s’écoule au rythme des saisons, dans un ordre naturel et contemplatif. Le mas familial, cette gangue de rigueur, de parcimonie, c’est le bon pain de sa vie. Il est aussi bien sa prison de tempérance que son terroir fertile, la terre nourricière de son œuvre. A-t-il vraiment choisi, l’hédoniste poète, entre les fulgurances parisiennes et le retour à la terre ? La Provence lui manquait, la tradition l’appelait. Les expériences ne sont pas antagonistes mais complémentaires, alternances plus qu’oppositions qui composent la vie. « Si, pour des observateurs superficiels, mon œuvre peut paraître déconcertante, c’est à force de logique ; si elle peut paraître foudroyante, c’est à force de sagesse ; si elle est révolutionnaire, c’est à force de traditions ». 1 Criante de vérité, saisissante de modernité, enracinée dans la terre comme la vie ellemême. L’essence de l’œuvre de Chabaud pourrait résider en ces termes. Magistrale cependant qu’elle est humble, à l’image de l’artiste qui lui donne corps en lui consacrant son âme. Profondément humaine, cette œuvre instinctive, rugueuse, invoque en nous des sensations primitives, un archaïque et informe désir. Sondant la vie, elle s’attache à la sexualité qui en est l’immuable mystère, tout en scrutant la mort qui en est l’inéluctable terme. 1. Extrait de la préface rédigée par Chabaud pour le catalogue de l’exposition qui lui est consacrée chez Bernheim-Jeune en 1912.
L’instinct de Vie
01 / Baigneurs Huile sur toile, signée en bas à droite, 116 x 89 cm. Collection JG Exposition : Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, en prêt à la collection permanente, 2013-2014.
Vie et mort s’imbriquent dans l’œuvre du peintre, aussi sûrement que dans le cloaque du bordel et dans l’enfer des tranchées où il est gazé pendant la Grande Guerre et où il perd son unique frère. C’est à cette vie charnelle, mortelle, des êtres et des choses que Chabaud puise directement la substance de son art (de son aveu « sans intermédiaire »). « Le peu que je sais, je l’ai appris, non dans les ateliers suffocants où je n’ai pu vivre (et je m’en fais gloire) mais en suivant les laboureurs et les bergers. J’ai dessiné ce que j’ai vu autour de moi (paysans, bergers, chevaux, vaches…) et ces drames de la vie simple, la mort de la brebis et la mort du cochon.(…) Ces dessins (ceux de la campagne et ceux du régiment) ont été faits d’un cœur candide, loin de toutes fréquentations esthétiques. » 1 Une anecdote, qui met en scène René Seyssaud (peintre provençal son aîné de quinze ans et l’un des rares artistes avec qui Chabaud entretient une forme d’amitié), exprime particulièrement bien cette fascination. Chabaud rapporte qu’ayant gagné un lièvre, il s’en va chez son ami afin de partager ce providentiel festin. Les deux artistes ne peuvent cependant pas à se résoudre à cuisiner l’animal sans avoir auparavant mis sa dépouille en formes sur la toile. L’ayant finalement écorché, ils le trouvèrent plus beau encore et résolurent d’en faire un deuxième tableau… Tant et si bien que lorsqu’ils se décidèrent enfin à le manger, il était vraiment temps et même presque trop tard. La portée de cette anecdote traduit parfaitement les liens étroits, les liens de fascination qui unissent l’art et la vie. La vie, qui trouve son expression à la fois dans le plaisir charnel (jouissance physique ou plaisir de la bonne chère) et dans la mort, fatale défaite des êtres. 1. Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973, p. 21.
02 / La Melette, vers 1909 Huile sur toile, signée en haut à droite, 86 x 59 cm. Collection JG Exposition : Les peintres d’aujourd’hui au pays de Mireille, Musée Granet, Aix-en-Provence, 23 Juillet - 30 Sept 1959, n°6.
03 / Le vieux berger Huile sur toile, signée en haut à droite, 106 x 75 cm. Collection JG Expositions : Fascination et nostalgie, entre Provence et Tunisie, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 9 février - 2 juin 2013, catalogue n°89 (p.34). Auguste Chabaud, Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 26 février - 28 mars 1965, catalogue n°54.
Cependant, la mort peut aussi prendre une forme plus insidieuse, simplement suggérée par l’inexorable cours de la vie, celui du temps qui s’écoule vers elle. Ces faces de bergers, de villageoises, ravinées par le temps, en témoignent fort bien. Chabaud, de pieuse ascendance (certains parmi ses aïeux étaient pasteurs), est un incroyant mais il ne méconnait pas pour autant la liturgie catholique. Elle imprègne si fortement la vie dans les villages qu’elle s’invite dans son œuvre. Quel culte que celui d’un Dieu qui sacrifie son fils sur la croix pour racheter le péché des hommes ! N’adhérant pas à la doctrine spirituelle, Chabaud emprunte à la religion (telle qu’elle est alors pratiquée dans les villages), la puissance formelle de son expression, trouvant dans ce culte inspiré et graphique un surgissement sans pareil de l’imminence de la mort au sein de la vie. Dans son œuvre, noirs et blancs s’affrontent violemment et se complètent, élément graphique qui appelle la dichotomie universelle. Les nonnes, elliptiques formes blanches et noires, s’en vont ou s’en viennent de la messe, le missel à la main marqué d’une croix. La morale qui assortit ce culte lui est cependant étrangère, il lui préfère le « goût chaud de la vie ». Si Chabaud est plus sensible qu’on pourrait le croire à la notion de devoir, celle-ci prend des accents presque épiques et s’ancre dans des fondements qui sont étrangers à ceux de toute morale religieuse. Il en va de même en ce qui concerne l’amour de son prochain, qu’il professe sans autre conviction qu’un foncier humanisme.
Il prend la sexualité pour ce qu’elle est, soit une nécessaire et indispensable entreprise de continuation de l’espèce doublée d’une satisfaction de la chair. Toutefois, dans certaines œuvres peintes comme dans certains poèmes, pointent, inextricables de l’expression de la sexualité, des accents mystiques et une fascination morbide. A Paris, où il fréquente une maison close animée par quatre filles, il préfère aux trois noceuses dont les appâts sont proéminents, la malingre Yvette. Elle devient sa muse et ses profonds yeux cernés continueront à le hanter bien après le retour de l’artiste en Provence, bien après sa mort à elle, pauvre tuberculeuse abandonnée à son sort dans l’insalubre capitale. Epris de sa maigreur, de sa pâleur, ému sans doute du contraste entre la pureté de l’âme encore jeune et la dépravation du statut, l’artiste vénère dans les charmes d’Yvette l’approche de la mort, la vie qui se débat, soumis à la même emprise que celle qui l’attachera au spectacle du lièvre tué. « C’est de ton mal cruel qu’ils sont si beaux tes yeux… O ma petite amie, ô ma tuberculeuse, Je veux boire à tes lèvres le mal qui te tuera Et nous mélangerons et l’amour et la mort » Yvette inspire encore au peintre ces vers teintés de mysticisme : « Ton beau corps effilé a la blancheur des cierges (…) O ma prostituée, ô ma petite vierge »
04 / Religieuses devant les arcades, vers 1909 Huile sur carton, cachet en bas à gauche, 105,5 x 76 cm. Collection JG
Cependant, après cette parenthèse parisienne qui le conduit aux extrêmes sous l’impulsion d’une fougueuse jeunesse, il retourne à des incarnations féminines bien plus charnelles, plus équilibrées et ancrées à la terre, des évocations d’avantage classiques de la féminité. A partir de 1909, la mer sert de toile de fond à une série de compositions. La figure féminine, nue, est traitée au travers du thème des baigneuses. Souvent stylisé et discrètement suggéré, le flot incarne la fécondité ainsi que Chabaud l’exprime dans l’un de ses poèmes : « O Femme, sable fin du rivage que j’aime, En voyant ta beauté claire sous le ciel bleu, J’ai senti s’émouvoir aux confins de moi–même Le flux et reflux de mon cœur orageux. O Femme à l’horizon, ensorceleuse image, Ma rudesse à ta vue le cède au tendre émoi, Ton corps est lisse et blanc comme une belle plage Et moi, je suis le flot qui vient mourir vers toi. »
05 / Les trois baigneuses Huile sur toile, cachet en bas à gauche, 89 x 116 cm. Collection JG Expositions : Chabaud, Fauve et Expressionniste, Musée Paul Valéry, 2012, n°94. Chabaud, de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint Cyr sur Mer, 29 Juin-14 Septembre 2014.
Malgré la présence des personnages, il se dégage de ce type de compositions une sensation d’isolement et un profond archaïsme. Ces figures féminines, monumentales, primitives, semblent jaillies des flots sur une terre brute, une île lointaine oubliée de la civilisation. Telles les sirènes mythologiques, elles semblent attendre qu’accostent sur leur rivage Ulysse et ses compagnons, Jason et les Argonautes. Dans sa jeunesse, un temps embarqué comme pilotin sur un cargo, Chabaud avait découvert la puissance onirique de la mer, chargée des légendes de tant de siècles, des espoirs et des craintes de tant de peuples. Jusqu’alors, il avait eu pour seul horizon sa montagnette ; l’enchantement maritime n’en est que plus intense. Il gardera de très vives impressions de ces traversées, des lointaines contrées entrevues et son œuvre égrènera longtemps les réminiscences de ce périple de jeunesse.
L’art de Chabaud, si proche de la vie, lui emprunte son mouvement de perpétuel balancier, entre gravité et légèreté, réflexion et dynamisme, permanence et immédiateté. La mer est ainsi, dans des compositions monochromes et monumentales l’immuable force créatrice donnant naissance à Vénus, et tout en même temps le petit coin estival de sable chaud que lui inspire ce Souvenir d’un voyage sur la Côte d’Azur, parasols et lunettes de soleil. Entre la chaleur de la vie et la permanence de l’art, l’artiste doit trouver sa propre « cadence ». Raymond Charmet tente d’apporter une définition à ce terme dont l’artiste fait son leitmotiv : la cadence, c’est « le rythme où s’incarne l’essence de la réalité profonde, sa tension, son mouvement intime, sa vérité et sa puissance absolues, et qui les fixe de l’instant dans l’éternel ». 2 Chabaud, qui n’est pas un théoricien mais un artiste instinctif, estime que cette permanence de l’art prend racine dans un profond humanisme : « Donc si à la base de l’œuvre d’art se trouve un besoin, si à la base de l’œuvre d’art se trouve un plaisir, se trouve aussi un contact avec les choses de la vie, un contact humain ? Si ce contact, si ce plaisir, si cet humain trouvent à leur service des dons suffisants, on peut peindre une peinture qui peut avoir quelque chance de durer ou du moins espérer que ce qui sort du cœur peut atteindre les cœurs. » En puisant directement à la source, la peinture de Chabaud étreint la vie dans son aspect le plus matériel. C’est à travers cette conscience du temps qui s’écoule, la lucidité de l’instant qui ne dure pas, que la peinture de Chabaud a vocation à l’universel. « L’art n’est ni d’avant-garde, ni d’arrière-garde. Il n’est rien, s’il relève de la mode qui passe, il est tout, si à travers ce qui passe, il atteint à ce qui demeure, si à travers le transitoire il atteint l’éternel ».
2. Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973, p. 126.
06 / Souvenir d’un séjour sur la Côte d’Azur Huile sur carton, signée en bas à droite, 32 x 41,5 cm. Collection JG Exposition : Chabaud, de la terre à la mer, Centre d’art Sébastien, Saint-Cyr-sur-Mer, 29 juin -14 septembre 2014, catalogue p.16.
Paris Labyrinthe expérimental
07 / Les Tirailleurs, vers 1907 Huile sur carton, signée en bas à gauche, 79 x 50 cm. Expositions : Auguste Chabaud, Impressions tunisiennes, Musée de région Auguste Chabaud, Graveson, 1996, catalogue p.13 Auguste Chabaud, Fascination et nostalgie entre Provence et Tunisie, Musée de région Auguste Chabaud, 9 février - 2 juin 2013, catalogue n°73 En prêt à la collection permanente du musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, de 1995 à 2013.
Avant la grande guerre, l’artiste partage son temps entre Paris, la « ville tentaculaire » et de fréquents séjours au mas. De retour de son service militaire dans l’artillerie coloniale, à la fin de l’année 1906, Chabaud s’installe à Montmartre, qui accueille déjà de nombreux artistes. Il y occupe un atelier rue Müller. 1 Ce n’est pas le premier séjour parisien de l’artiste, qui avait fréquenté peu avant 1900 l’Ecole des beaux-arts, cependant qu’allait sévir dans le Sud une terrible crise viticole qui allait le rappeler parmi les siens. Faute de subsides, le jeune peintre avait été forcé de quitter la capitale. Six années ont passé depuis cet épisode, Chabaud a près de vingt-cinq ans lorsqu’il remonte à Paris. Il a vécu durant quelques mois la vie de marin, embarqué sur un cargo abordant les côtes africaines, puis celle de militaire, trois ans engagé auprès des tirailleurs en Tunisie. Le suicide de son père, ruiné, en 1901, fait peser une lourde charge sur ses épaules, qu’il partage toutefois, et pour quelques années encore, avec son frère Pierre. Pressent-il qu’il devra bientôt être le seul soutien de sa mère dans son veuvage et que l’administration parcimonieuse des terres de Graveson lui imposera une rigueur à laquelle va devoir se faire l’esprit vagabond qui est en train de s’épanouir… A Paris, le peintre poète est un noctambule ébloui par les enseignes lumineuses, enivré par les cocottes aux abords du Moulin-Rouge et qui fréquente sans complexe les lieux de rendez-vous et les maisons closes. Le carnet de croquis accompagne partout ce solitaire, qui, de son propre aveu, se tient à l’écart des autres artistes, par timidité plus que par orgueil. 1. Une partie de la rue a été rebaptisée Maurice Utrillo en 1963.
Il participe toutefois au Salon d’automne ainsi qu’au Salon des Indépendants et certains marchands d’avant-garde remarquent son travail. Félix Fénéon lui consacre en 1912 une exposition particulière chez Bernheim dont Chabaud rédige lui-même la préface au catalogue. A Toulouse, Charles Malpel lui avait déjà réservé le privilège d’un accrochage particulier en 1908. Quelques toiles sont également proposées aux cimaises des galeries Clovis Sagot et Berthe Weill, mais de manière générale, Chabaud éprouve des réticences à travailler durablement avec les marchands parisiens. Quant aux collectionneurs étrangers, ils peuvent découvrir son travail dans le cadre de ses envois à la Nouvelle Sécession berlinoise ou à l’Armory Show (New-York) et sont nombreux à l’apprécier. Or, tandis qu’il passe une partie de son temps à Paris, notamment au cours de l’année 1907, l’artiste décide, et sans apparente raison, de ne montrer de son travail que des œuvres créées en Provence. Ce choix, qui s’affirmera jusqu’aux dernières années de sa vie, est à l’origine d’un certain mystère concernant « la période parisienne » de l’artiste. Aucun de ses écrits ne permet d’expliquer pleinement les raisons de cette résolution. La rétrospective qui lui est consacrée au Cercle Volney, à Paris en 1952, soit quelques années seulement avant sa mort, est la première véritable occasion de découvrir le Paris nocturne où s’était engouffrée sa jeunesse. 2 Cette attitude déroutante a donné lieu à de nombreuses interprétations quant aux motivations de Chabaud dans la littérature qui lui est consacrée. La plus répandue des hypothèses envisage une certaine pudeur de l’homme envers sa mère, qui se serait gardé de lui faire voir ses incursions dans les milieux de la prostitution. Une autre avance des motivations d’avantage liées à la conception qu’il se fait de son art : l’artiste aurait refusé de montrer des œuvres qu’il considérait trop éloignées de la nature, seule véritable source d’inspiration de son travail ainsi qu’il l’affirme dans la préface rédigée pour son exposition chez Bernheim. L’une et l’autre de ces explications ne semblent pas entièrement lever le voile et nous ne saurons probablement jamais la raison profonde pour laquelle l’artiste a choisi de ne pas divulguer la trace de son immersion dans le Paris interlope de ce début de siècle. Il nous suffit cependant de constater qu’il a précieusement conservé ces œuvres sa vie durant sans avoir la tentation de les détruire. Il n’a pas repris ces toiles postérieurement comme il a pu le faire pour certaines œuvres d’avant-guerre jugées trop « géométriques », et n’en a pas non plus alimenté l’auto-da-fé des années 1940, brasier destiné à désengorger l’atelier et dont ses enfants ont gardé un vif souvenir. Il s’est contenté de laisser vivre, dans un coin de sa mémoire, cette part ardente de sa jeunesse.
2. En Février 1908, lors de l’exposition qui lui est consacrée à Toulouse chez Malpel, il expose seulement six tableaux de Paris. Il n’en montrera que sept lors de la rétrospective du musée Granet d’Aix en 1950. Cette production parisienne constitue pourtant un ensemble assez vaste d’environ 120 peintures, souvent sur carton, 25 carnets de croquis et autres feuilles éparses.
08 / Scènes parisiennes Encre sur papier, 31 x 22 cm. Collection JG Exposition : Auguste Chabaud, La ville de jour comme de nuit, Musée Cantini, Marseille, 25 octobre 2003 - 1er février 2004, n°191 (p.202).
Les musées allemands ont été parmi les premiers à s’enthousiasmer pour ce témoignage, preuve que l’esthétique portée par ces œuvres entretient d’évidentes affinités avec l’expressionnisme. Les séjours parisiens de Chabaud le plongent paradoxalement dans un certain isolement. La vitalité, le dynamisme de la ville, fascinent l’artiste cependant qu’ils le précipitent vers les replis de son âme. Déconnecté de la terre, il perd ses repères et finit par envisager l’environnement urbain comme une réalité parallèle. A l’apaisement tout relatif du jour, aux rues désertées, déliquescentes comme celles que photographie Eugène Atget à la même époque, succède la menace des nuits : la violence des enseignes lumineuses et l’outrance des personnages qui les peuplent, à la fois spectaculaires et effrayants. La réalité est déformée, sa perception est comme troublée par une pernicieuse inversion des valeurs et des rythmes. A l’image d’un homme irrésistiblement attiré par ces lumières factices et racoleuses et qui peine à reconnaître ses traits dans le miroir, Chabaud élabore une œuvre de couleurs et de formes si éloignées de la terre qu’elles en deviennent hallucinatoires. Il met en scène un « double » de lui-même, lui permettant d’être à la fois acteur et spectateur de la vie parisienne. Ces thèmes du double, de la fascination nocturne, morbide, de la déformation de la réalité, sont chers aux artistes expressionnistes. Chabaud les traite avec une simplicité formelle qui en accroit la puissance. La grande force expressive de son dessin lui permet de suggérer un monde en peu de lignes. Son sens aigu de la couleur, qui peut se résumer à une unique tache à l’efficacité redoutable dans certains dessins, achève de lui donner vie.
09 / Coin de zinc Encre sur papier, 48 x 31 cm. Collection JG
10 / Triptyque parisien Crayon et crayons de couleur sur papier (trois dessins double face tamponnĂŠs), 30 x 23 cm (pour chacune des Ĺ“uvres). Collection JG
11 / Chez Maxim’s, vers 1907 Huile sur carton, cachet en bas à droite, 41,5 x 33,5 cm. Collection JG
12 / Le concert Technique mixte sur papier, cachet en bas à droite, 50 x 32 cm. Collection JG Exposition : Auguste Chabaud ou la quintessence du geste, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 21 juin - 28 septembre 2003, n°18.
13 / Coin de comptoir Encre et crayons de couleur sur papier, cachet en bas à droite, 26 x 20 cm. Collection JG
15 / Nature morte Dubonnet Technique mixte sur papier, cachet en bas à droite, 16,5 x 21,5 cm. Collection JG Exposition : Natures mortes et intérieurs, Musée de région Auguste Chabaud, Graveson, 30 juin - 21 octobre 2001, n°59.
14 / Nature morte à la nappe de carreaux, vers 1908 Huile sur carton, 82 x 45 cm. Expositions : Centenaire Auguste Chabaud, Palais des Papes, Avignon, 28 septembre - 31 octobre 1982, n°96. Auguste Chabaud, Château de Cabriès, juillet - septembre 1985, catalogue p.98. Auguste Chabaud, Musée des Beaux-Arts, Orléans, 12 juillet -13 octobre 1986, catalogue n°35 (p.56) . Auguste Chabaud, Musée des Beaux-Arts, Nîmes, 08 avril - 21 mai 1989, catalogue p.29. Auguste Chabaud, Bilder, Skulpturen und Zeichnungen, Bochum Kunstvermittlung, 1991, catalogue p.42 Auguste Chabaud, Fondation de l’Hermitage, Lausanne, 25 février - 28 mai 2000, catalogue n°37 (p.42). Auguste Chabaud, Anhèaltische Gemèaldegalerie Dessau, Museum Wiesbaden,1998-2001, catalogue n° 37 (p. 42). Auguste Chabaud, la ville de jour comme de nuit, Paris 1907-1912, Musée Cantini, Marseille, 24 octobre 2003 - 01 février 2004, catalogue n°147 (p.175). En prêt à la collection permanente du musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, de 1995 à 2014.
16 / Le bateau lavoir Technique mixte sur papier, cachet en bas à droite, 15,5 x 21 cm. Collection JG
17 / Canal saint Martin Crayon et pastel sur papier, cachet en bas à droite, 21 x 25 cm. Collection JG
Sa mise en scène du paysage urbain à la manière d’un décor, ses cadrages audacieux qui coupent les personnages de sorte à induire une continuité de l’action ou encore son utilisation du lettrage dans certaines compositions évoquent d’emblée le cinéma, cette innovation technique dont les artistes vont rapidement s’emparer pour faire valoir leur vision du monde en trois dimensions. Dès 1920, des œuvres aussi abouties que Le Cabinet du docteur Caligari voient le jour, où sous la direction de Robert Wiene, les artistes en charge du décor du film créent un univers chaotique, aux lignes angu3 leuses, un monde sur le point de chavirer. La ville devient la métaphore inquiétante de la société prête à basculer aux mains du nazisme. Certains critiques ont estimé à la suite de cette réalisation qu’expressionnisme et cinéma s’appelaient l’un l’autre, le premier trouvant dans la continuation de l’action que propose le second la concrétisation de son essence. D’autres éléments graphiques répétés jusqu’à l’obsession dans la production parisienne de Chabaud sont caractéristiques de cette esthétique cinématographique : escaliers, réverbères et ponts, pris sous les angles les plus déformants, constituent les perspectives architecturales contrariées qui servent de sujet plus que de cadre à ses compositions. Quant aux personnages aux yeux fardés ou lourdement cernés, ils surgissent de la nuit, aiguisés par la lumière artificielle, plaqués sur un fond d’où s’absente toute perspective, toute échappatoire. 3. Walter Reimann, Walter Röhrig et Hermann Warm, trois peintres de formation.
18 / Les escaliers de la rue MĂźller, Montmartre Technique mixte sur papier, signĂŠe en bas, 37 x 30 cm.
Une autre œuvre, cette fois littéraire, et en langue allemande, met admirablement en scène la quête de l’unité de soi, de la place de l’individu au sein de la société moderne. Le loup des steppes est un roman initiatique d’Hermann Hesse paru en 1927, qui explore les thèmes du double et de la réalité parallèle comme intronisation au monde. Dans cette autobiographique transposition, le héros est lui aussi balloté dans un univers citadin et nocturne auquel il se sent d’abord étranger, avant qu’une fascinante relation féminine ne lui en ouvre les portes : « Le monde des dancings et des boîtes de nuit, des cinémas, des bars et des salons de thé, qui, pour moi, ermite et esthète, gardait quelque chose d’inférieur, de défendu et d’avilissant, était pour Maria, Hermine et leurs compagnes, le monde tout court ; il ne leur semblait ni bon ni mauvais ; c’est là que s’épanouissait leur vie brève et assoiffée ; c’est là qu’elles étaient chez elles ». 4
19 / Nu debout Crayon sur papier, signé en bas à droite, 48 x 32 cm. Collection JG
Dans l’œuvre de Chabaud, la prostituée Yvette semble être en quelque sorte la clé d’accès à ce monde. Elle apparaît comme une sorte de totem iconique, une figure cadavérique dans laquelle le pathos et la caricature ne s’excluent pas l’un l’autre. Tout comme Hermann Hesse, dont le père était pasteur, Chabaud est confronté à un univers inhabituel, déraciné, à la fois inquiétant et fascinant, qu’il met à distance afin d’en saisir la puissance expressive et tragique. Des méandres de cet expérimental labyrinthe, Chabaud tire une force qui l’accompagnera sa vie durant. L’artiste explore les extrêmes et affute les contrastes. C’est l’agitation parisienne, la chaleur des corps, la violence des lumières artificielles, qui lui ont le plus efficacement enseigné la constance de sa Montagnette, la sérénité de la lumière méridionale. Il lui a fallu, pour se connaître, ainsi que les motifs qui allaient l’obnubiler par la suite, sonder la vie dans ce qu’elle offrait de plus ostensiblement différent de ce qu’il avait jusqu’alors connu. 4. Hermann Hesse, Le Loup des steppes, traduit par J. Pary, Calmann-Lévy, Le livre de poche, 1979, p. 133.
20 / Avec Yvette Encre et pastel sur papier, cachet en bas Ă droite, 30 x 23 cm. Collection JG
22 / La passe à un franc (Marseille) Technique mixte sur papier, signée en bas à droite, 31 x 19 cm. Ancienne collection Jean-Gabriel Domergue
21 / Nu vert, 1912 Huile sur toile, signée en bas à droite, 106 x 75 cm. Exposition : Hommage de la Provence à Auguste Chabaud, Musée Granet, Aix-en-Provence, 18 Juillet - 16 Octobre, 1950, n°41. Bibliographie : Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973, reproduit sous le n°6 en p.49.
23 / Racoleuse Aquarelle sur papier, cachet en bas à gauche, 22 x 17,5 cm. Collection JG
24 / Cheval et dompteur Crayon et crayons de couleur sur papier, cachet en bas à gauche, 26 x 17 cm. Collection JG
26 / Les clowns Encre sur papier, cachet en bas à droite, 19 x 12,5 cm. Collection JG
25 / Le dompteur Crayon et crayons de couleur sur papier, cachet en bas à droite, 24,5 x 17 cm. Collection JG
27 / Compagnie du taximètre Encre et crayons de couleur sur papier, cachet en bas à droite, 25 x 32,5 cm. Collection JG Exposition : Museum Van Hedendaagse Kunst, Gent, Belgique, Onbekend is onbemind – Auguste Chabaud, 24 Août -13 octobre 1996, n°3.
28 / Cheval de fiacre Technique mixte sur papier de boucherie, signée en bas à droite, 31 x 48,5 cm. Collection JG Exposition : Auguste Chabaud, Papiers de Boucherie, Musée d’art et d’histoire de Bormes-les-Mimosas, 2013, n°84.
A l’occasion de la présentation de nombreuses œuvres majeures d’Auguste Chabaud à la galerie d’Alexis et Giulia Pentcheff à Marseille, l’envie de rendre hommage à une des plus belles figures de la femme dans l’œuvre de Chabaud, devient une évidence.
L’hommage à Martita par Monique Laidi-Chabaud
La présence de « Martita », nommée aussi « la femme aux trois rubans », œuvre monumentale, sortie d’une grande collection suisse, ne peut laisser indifférente. L’histoire nous raconte un amour passionné mais fugitif entre Auguste et la jeune fille de bonne famille, durant ses années parisiennes, aux alentours de 1910. La belle au regard de braise, au visage doux et ombré, teinté de mélancolie et aux reflets subtils, dignes de la palette d’un Veronèse, a le charisme et la beauté foudroyante et envoutante des femmes que l’on dit « fatales ». Louer aujourd’hui sa beauté, son élégance et son raffinement signifie lui rendre hommage, et saluer ainsi la femme aimée de l’artiste et le peintre lui-même, qui, un jour d’intimité au sein de son atelier parisien, sublimera avec subtilité et passion, sous le trait précis de son pinceau, son visage de Madone.
29 / La femme aux trois rubans (Martita), vers 1912 Huile sur toile, cachet en bas à droite, 100 x 81 cm. Ancienne collection Josef Müller, Soleure. Collection JG Expositions : Salon d’Automne, Paris, 1913. Auguste Chabaud, Musée d’Art Moderne de Troyes, 30 juin -18 septembre 1989, catalogue n°71. Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, en prêt à la collection permanente, 2013-2014. Bibliographie : Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973, reproduit sous le n°63 en p.157. Chabaud, fauve et expressionniste, musée Paul Valéry, Sète, 15 juin - 28 octobre 2012, reproduit en p.190.
La « Joconde » d’Auguste comme il me plait de la nommer, vêtue d’un léger chandail moucheté, rehaussé d’un fragile collier de perles vous emprisonne de son regard. Son poignet est cerné d’un jonc jaune, bijou devenu symbolique chez les femmes parisiennes de Chabaud, ajoutant à leur personnalité une note sensuelle et souvent érotique. Le jonc figure ici comme symbole de son attachement et de son appartenance, corps et âme, à sa compagne qu’il fait sienne. Il établit ainsi une alliance avec elle et lie fatalement son amour à sa belle, le temps d’une passion qui ne sera qu’éphémère, tant le visage obsédant d’Yvette, sa bien aimée, morte tragiquement, n’aura cesse de le poursuivre au delà de la mort. Yvette aussi, en 1907, dans ses nudités provocantes, ses bas noirs et sa fleur aux cheveux, était en possession du « jonc magique » qui rayonnait et sublimait sa tragique beauté. Martita, au creux de ses mains brunes, tient délicatement la marguerite blanche, fleur préférée de nombreux poètes, symbole de l’amour pur et innocent, utilisée souvent pour séduire la personne aimée. A l’époque victorienne, une pratique bien connue a pris naissance grâce aux jeunes filles au cœur brisé, qui souhaitaient raviver l’amour de leur soupirant. Les jeunes filles effeuillaient de façon languide ses pétales, en disant tour à tour, « il m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ». Bien entendu, c’était le dernier pétale qui révélait les sentiments de l’être aimé. Martita, l’amante rêveuse au regard oriental, cerné de noir, n’effeuillera pas la marguerite car elle sait déjà que l’amour n’est plus. Elle songe déjà nostalgiquement, à ses jours et à ses nuits passés avec le jeune artiste, farouchement indépendant et rebelle, avec qui elle partagera durant quelques mois son refuge parisien mais qui, très vite, lui échappera. Le regard est langoureux, empreint de douceur, aimant et sombre, triste et légèrement tragique, la bouche sensiblement rouge et mince esquisse un sourire fragile. Le regard est humble, profondément humain sans volonté de séduction, passif, sans reproche, dans l’acceptation de cette rupture sentimentale que l’on pressent imminente. L’amour entre Auguste et Martita est sur le point de mourir. En 1912, l’artiste après quelques mois « à la colle » comme il le dit lui même, avec la belle Martita, mettra fin à cette vie de couple, pour retrouver, dira t-il, sa liberté et la bohème de sa vie d’artiste noctambule. La nudité du décor renforce la présence monumentale de Martita qui s’offre au regard d’Auguste, se laisse peindre et dévisager encore une dernière fois en guise d’adieu, comme une ultime offrande et preuve d’amour. Merci à la galerie Pencheff d’avoir aujourd’hui donné une place privilégiée à « Martita, la femme aux trois rubans » et de l’avoir si bien honorée en la dévoilant durant quelques jours à un public fervent, qui n’aura cesse de l’admirer.
Hôtes en couleurs Fascination de l’uniforme 30 / Le capitaine sabre au clair, vers 1906 Huile sur carton marouflée sur panneau, cachet en bas à droite, 106 x 75 cm. Collection JG Expositions : Auguste Chabaud, 55 années de peinture, Galerie des Arts, Nîmes, 22 juillet-14 septembre 1956, n°8 Auguste Chabaud, Musée Cantini, Marseille, 15 mai-15 juin 1956, n°5 40 oeuvres d’Auguste Chabaud, Chateau de Simiane, Valréas, 1965, n°20 Auguste Chabaud, Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 26 février28 mars 1965, n°3 Auguste Chabaud, Rétrospective, Galerie Katia Granoff, Paris, 26 janvier-15 février 1965, n°2 Auguste Chabaud, Les amis de l’art vivant, Musée de Toulon, 12 juillet-8 septembre 1968, n°15 Fauves et cubistes, Grand Palais, Paris, 06-26 juin 1972 Auguste Chabaud, peintures et dessins, Musée des Beaux-Arts, Orléans, 12 juillet -13 octobre 1986, n°39 Auguste Chabaud, Musée des Beaux-Arts, Nîmes, 8 avril-21 mai 1989, catalogue p.21 Auguste Chabaud, Fascination et nostalgie, entre Provence et Tunisie, Musée de région Auguste Chabaud, Graveson, 9 février-2 juin 2013, n°76 (p. 29) Bibliographie : Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973, reproduit sous le n°55 en p.155.
Chabaud a gardé de l’enfance une admiration émerveillée pour les costumes et les uniformes. Son œuvre la traduit continuellement, que ce soit à Paris, en Tunisie ou en Provence. L’apparat militaire le fascine tout particulièrement. C’est d’ailleurs avec l’espoir de porter le costume bigarré du spahi qu’il s’engage dans l’artillerie coloniale en 1906. Excluant presque la dimension martiale de ces icônes, Chabaud concentre son attention sur le détail du vêtement, la rutilance des broderies, l’association des couleurs. Le Capitaine sabre au clair, haute stature, est planté dans la cour de la caserne. De profil, le sabre hors du fourreau dressé devant son visage, le regard fier et dur, il ne semble pourtant pas prêt à donner l’assaut. Son panache au chef, ses galons dorés, l’obsolescence de son arme, tout évoque le prestige et l’apparat de l’armée plus que la réalité de la guerre. Ce digne capitaine est le descendant des chevaliers médiévaux, incarnant des vertus viriles, force et honneur, fidélité et courage. Chevaleresque, épique, ce portrait de gradé se libère cependant de l’exécution classique qui aurait pu lui être réservée grâce à la vigueur du trait et la violence des couleurs. Quant aux spahis et aux zouaves qui passent par Paris, ils prennent du bon temps dans les cafés, les maisons de rendez-vous, au nouveau parc d’attraction de Magic City. 1 Chabaud représente notamment les spahis dans ces instants de délassement, alors qu’ils ont gardé leur tenue, surgissement improbable de la culotte bouffante, du gilet brodé bleu et de la rouge chechia rigide dans la ville moderne occidentale. « Les spahis, ce n’est pas du militarisme, c’est de l’art ». Ainsi entreront-ils au panthéon des figures chères à l’artiste. 1. A partir de 1901, chaque régiment de zouave détache un bataillon en France métropolitaine, ce qui rend le costume familier parmi la population.
31 Ă 37 / Joueurs de cartes (dessins de la Grande Guerre) Crayon et crayons de couleur sur papier, cachet, 10 x 14,5 cm. Collection JG
38 / Le comique troupier Pastel sur papier de boucherie, cachet en bas à gauche, 31,5 x 27,5 cm. Collection JG Expositions : Auguste Chabaud ou la quintessence du geste, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 21 juin - 28 septembre 2003, n°4. Auguste Chabaud, Papiers de Boucherie, Musée d’Art et d’Histoire de Bormes-les-Mimosas, 2013, n°85.
Les évocations militaires de Chabaud tiennent plus du spectacle que de la guerre. Elles exaltent, de manière un peu parodique, les vertus viriles de tous temps valorisées par la préparation au combat. Dans la plupart de ces représentations toutefois, la dureté de l’affrontement est mise à distance pour laisser place aux aspects les plus débonnaires du régiment, parmi lesquels la franche camaraderie entre les soldats, les permissions et les parties de cartes.
39 / Le pompier devant la grande échelle, vers 1907 Huile sur carton, 38 x 26,5 cm. Collection JG Exposition : Auguste Chabaud, Peintures, dessins, Musée des Beaux-Arts, Orléans, 12 juillet-13 octobre 1986, n°32.
De retour à Graveson, l’artiste trouvera d’autres occasions de s’enthousiasmer pour les costumes. La vie au village, civile ou religieuse, lui fournit des archétypes hauts en couleurs. Arlésiennes, bergers, nonnes et curés s’invitent sur la toile, égrenant ces heures de la vie rurale. Mais, dans son uniforme, le Facteur, cocarde au képi, a tout du représentant de l’ordre plutôt que du banal fonctionnaire. D’une surprenante autorité, il force le premier plan de la composition et la lettre qu’il porte nous semble destinée. Est-il celui qu’attendent, dans l’angoisse quotidienne, les femmes du village dont les fils ou les époux sont à la guerre ? Son visage grave n’annonce pas de bonnes nouvelles… peut-être le décès d’un frère mobilisé à Verdun, par le retour d’une missive portant la fatidique mention : « le destinataire n’a pu être atteint en temps utile »… Pour cette raison, ce personnage semble plus avoir à faire avec les horreurs de la guerre que les joyeux spahis en goguette ou le rutilant capitaine d’apparat. La course libre et la corrida fournissent encore à l’artiste le spectacle d’exubérants personnages, dont l’apparence vestimentaire traduit cette fois la passion de la discipline, l’adhésion au culte du taureau, ce culte profane et populaire, codifié comme une liturgie et qui se déroule dans l’arène séculaire.
40 / Le facteur, vers 1925 Huile sur carton marouflée sur isorel et parquetée, 106 x 76 cm. Collection JG Expositions : Galerie Katia Granoff, 1965. Auguste Chabaud, Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 26 février - 28 mars 1965, catalogue n°50. Centenaire Auguste Chabaud, Palais des Papes, Avignon, 28 septembre –31 octobre 1982, catalogue n°91 (p.53). Auguste Chabaud en Provence, Regards de Provence, 22 mai - 12 septembre 2010 p.65. Bibliographie : Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973, reproduit p.104.
41 / L’Arenero Huile sur carton marouflée sur toile, cachet en bas à gauche, 76 x 53,5 cm. Collection JG Expositions : Auguste Chabaud, Musée des beaux-arts d’Orléans, 12 juillet -13 octobre 1986, catalogue n°77, (p.83) . Auguste Chabaud, Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 26 février - 28 mars 1965, catalogue n°47.
42 / Le picador Huile sur carton, signée en bas à droite, 107,5 x 77 cm. Collection JG Expositions : Auguste Chabaud, Musée des beaux-arts de Nîmes, 8 avril - 21 mai 1989, catalogue p.35. Auguste Chabaud et le taureau sacré, Musée Auguste Jacquet, Beaucaire, 29 juin - 15 septembre 2013, catalogue p.97. Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, en prêt à la collection permanente, 2013.
En Provence Poésie et mesure
Le traumatisme de la grande guerre laisse à de nombreux artistes les stigmates d’une profonde angoisse. Certains vont tenter de dissimuler cette inquiétude sous une plaisante légèreté, célébrant la vie à grand renfort de couleurs, tandis que d’autres jetteront leurs forces dans l’avènement de nouvelles conceptions picturales, autour de l’abstraction en vogue. D’autres encore tireront de l’omniprésence de la mort une leçon d’humilité et de tempérance. Chabaud, gazé dans l’enfer de Verdun, est soigné puis renvoyé sur le front. Lorsqu’enfin démobilisé, il rentre à Graveson, sa fougueuse jeunesse est derrière lui. La guerre a définitivement mis fin à son vagabondage habituel entre le Sud et la capitale. Il n’a pas encore pris femme et enfants, mais quelques années seulement le séparent du père de famille nombreuse qu’il deviendra. Désormais, puisque sa mère n’a plus que lui sur qui compter, il demeurera au mas. Il ne pousse cependant pas la piété filiale jusqu’à sacrifier ce qui l’anime. Il restera peintre avant tout. Si la gestion du domaine lui pèse, il trouve dans l’observation des travaux agricoles et des paysages aux environs du mas, de quoi nourrir son œuvre sa vie durant.
43 / Arlésiennes dans une ruelle Huile sur toile, signée en bas à droite, 81 x 61 cm. Collection JG Expositions : Fascination et nostalgie, entre Provence et Tunisie, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 9 février - 2 juin 2013, n°196. Hommage de la Provence à Auguste Chabaud, Musée Granet, Aix-en-Provence, 18 juillet-16 octobre 1950, n°15.
La guerre avait paradoxalement constitué pour lui une sorte de répit, où l’engagement corps et âme pour une cause commune lui avait fait perdre de vue des considérations plus égoïstes et délicates à résoudre. En temps de guerre, il convient et il suffit d’occuper sa place, de tenir son rang, de soldat ou bien de capitaine ; se battre pour la vie épargne de toute autre difficulté existentielle. Est-on propriétaire, bourgeois, ouvrier, paysan, poète ou peintre, cela n’a guère d’importance. L’engagement est total et la fraternité est de mise. Là où sévissait la guerre, Chabaud confesse avoir gouté de manière absolue la communauté des hommes, une sorte de « paix » ou plutôt un certain apaisement social. La guerre terminée, chacun, et en particulier lui-même, doit à nouveau trouver sa place dans la société. « Etant resté quatre ans devant la mort, je me trouvais devant la vie, ce qui à la réflexion, est plus grave ».
44 / Provençales devant le mas Technique mixte sur papier de boucherie, signée en bas à droite, 55 x 34,5 cm. Collection JG Exposition : Auguste Chabaud, Papiers de Boucherie, Musée d’Art et d’Histoire de Bormes-les-Mimosas, 2013, n°89.
Abandonnant les ardeurs et les expérimentations, il poursuit désormais une quête dont le point de mire est l’équilibre. Chabaud comprend que s’il parvient à cet équilibre, s’il conquiert une certaine sobriété dans la mise en œuvre sans rien perdre de l’essence de son sujet, il touchera à l’universel. Pour suivre sa propre voie, le peintre tourne le dos aux avant-gardes, dont certaines de ses recherches pourtant solitaires avaient pu le rapprocher.1 Il retourne à la terre, à la nature. Le poète se réfère plusieurs fois à l’image équestre afin d’illustrer d’abord son emballement, puis sa conquête de la mesure. Le jeune artiste n’est que fougue lorsqu’il gagne la capitale : « J’ai passé des années parmi les rochers nus, Rongeant mon frein ainsi qu’une cavale ivre ; Des années, des années, et je n’ai pas vécu Et j’ai hâte de vivre », écrit-il dans son poème « Je vais à Paris ». Cependant, Max Delavouët rapporte ce que Chabaud aurait dit plus tard à un proche (peut-être l’auteur lui même ?) : «Voici mon ami, voici ce que je voudrais vous rappeler : un cheval emballé, c’est très beau ; mais un cheval emballé que l’on fait aller au pas, c’est encore plus beau. » L’artiste tente de dompter la sauvagerie de son tempérament, de canaliser sa puissance sans en perdre une miette afin de la mettre au service d’une plus noble ambition. La civilisation fait son œuvre. Le fauve est domestiqué, il se laisse volontairement passer la bride à l’encolure. 1. Non seulement Chabaud sera assimilé au groupe des Fauves, puis rapproché des expressionnistes, mais sous la plume d’Apollinaire en 1913, pour une partie de sa production, il sera aussi classé parmi les cubistes instinctifs.
45 / Rue d’Eygalières, vers 1911 Huile sur toile, signée en bas à droite, 67 x 89,5 cm. Exposition : Salon de l’Enclave, Valréas, 1956.
46 / Coin de l’âtre Huile sur carton, cachet en bas à gauche, 38 x 53 cm. Collection JG
47 / Coin d’atelier Huile sur toile, signée en bas à droite, 54 x 73,5 cm.
48 / Dans le salon Huile sur carton, cachet à droite, 39,5 x 26 cm.
49 / Femme au collier Huile sur toile, signée en bas à droite, 53,5 x 38,5 cm. 50 / Devant la cheminée Huile sur carton, cachet en haut à gauche, 15,5 x 21,5 cm.
51 / La cour du Mas de Martin Huile sur toile, cachet en bas Ă droite, 73,5 x 100 cm. Collection JG
52 / Personnages devant l’entrée du mas Huile sur toile, cachet en bas à droite, 60 x 82 cm. Collection JG
En Provence, l’artiste a trouvé la terre idéale sur laquelle faire murir son cheminement. Ce Midi qu’il juge sobre, grave et dépouillé est en même temps inondé de lumière. « O fleur d’équilibre, Ah ! sagesse provençale qui ne fragmente pas la vie, mais l’englobe tout entière ».2 Dans l’œuvre de Chabaud, cette référence au « tout » est primordiale. Le « tout » est la marque de la vie même, qui ne saurait se laisser fragmenter. C’est le yin et le yang, le jour et la nuit, le faste et le funeste. Se rejoignent et se conjuguent en elle des forces contraires qui sont pourtant indissociables. L’artiste peint à l’aune de cette certitude, il doit accepter de considérer la vie dans sa globalité s’il veut parvenir à l’universel. Il doit se refuser à faire un tri qui l’éloignerait de ce but. « La Montagnette, c’est mon Parthénon de chaque jour, la leçon constante et familière de la mesure ».3 Il fait de la Montagnette l’étendard de son classicisme comme Cézanne avait fait de la Sainte-Victoire le motif privilégié de sa pratique. Mais en définitive, le sujet compte peu pourvu qu’émerge son essence, que le temps suspende son vol. « Aimer la peinture de Cézanne, c’est à travers ce qui passe saluer ce qui demeure et goûter les plus hautes joies du cœur et de l’esprit, c’est communier avec une œuvre, c’est communier avec le pays qui l’a produite, c’est communier avec le monde entier, tant il est vrai que les « grands bougres » sont ceux qui, à travers le régional, se hissent au national, à travers le national à l’humain et à travers l’humain à l’éternel. » 2. Poésie pure, peinture pure, Paris, Figuière,1927. 3. Je me suis pris pour Démosthènes, 1950, p. 53.
53 / Coin de jardin Huile sur toile, 50 x 65 cm. Expositions : Auguste Chabaud, Musée des Beaux Arts de Nîmes, 7 Avril - 21 Mai 1989. Auguste Chabaud, Musée d'Art Moderne de Troyes, 30 Juin - 25 Septembre 1989 (HC).
54 / Cour du Mas de Martin Huile sur carton marouflée sur toile, cachet en bas à droite, 53 x 75 cm. Collection JG Exposition : Galerie Bernheim, 1912
55 / Meules près de la maison, circa 1912 Huile sur carton, 75 x 105 cm. Collection JG Expositions : Auguste Chabaud, Musée d’Art Moderne de Troyes, 30 juin - 18 septembre 1989, catalogue n°69. L’Ecole marseillaise, Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez, 16 mars -17 juin 2013, catalogue p.85. Bibliographie : Auguste Chabaud, Max-Philippe Delavoüet, Editions Cercle d’art, Paris, 1983, reproduit sous le n°47.
58 / Les pins du Mas de Pons Huile sur carton, signée en bas à droite, 26 x 37,5 cm.
57 / Travailleurs au repos Huile sur carton, cachet en bas à droite, 44 x 34 cm. Exposition : Musée Cantini, 1953.
56 / Paysan à la pipe Huile sur toile, signée en bas à droite, 102 x 73 cm. Exposition : Auguste Chabaud en Provence, Regards de Provence, 22 mai - 12 septembre 2010 p.32.
59 / La corbeille Pastel et crayons de couleur sur papier, cachet en bas à droite, 22 x 26 cm.
60 / Chapelle dans les cyprès, Théziers Huile sur toile, cachet en bas à droite et signature au dos, 75,5 x 106 cm. Expositions : Auguste Chabaud, Nîmes, 20 Juillet - 15 Septembre 1956, n°56. 40 Chefs d'œuvre d'Auguste Chabaud, Valréas, 1965. Centenaire Auguste Chabaud, Palais des Papes, Avignon, 28 Septembre - 31 Octobre 1982, n°85.
61 / Chemin à l’oratoire Huile sur carton, cachet en bas à droite, 37,5 x 53 cm. Collection JG
62 / Le petit chemin Huile sur carton, cachet en bas à droite, 38 x 53,5 cm.
64 / Les platanes Huile sur carton, cachet en bas à gauche, 51,5 x 76 cm.
63 / La maisonnette du grand Frigolet Huile sur carton, cachet en bas à droite, 76 x 47 cm. 65 / L’octroi (le pont à bascule) Huile sur carton, cachet en bas à gauche, 27,5 x 38 cm.
66 / Montagnette Huile sur carton, signée en bas à droite, 30 x 53 cm. Collection JG Exposition : Galerie Jouvène.
67 / Paysage Huile sur carton, cachet en bas à droite, 38,5 x 53 cm.
68 / Le vallon Huile sur toile, cachet en bas Ă droite, 52 x 75 cm.
69 / La route Huile sur toile, cachet en bas Ă droite, 49,5 x 73 cm.
70 / La route aux oliviers Huile sur carton, cachet en bas Ă gauche, 38 x 53 cm.
71 / Sous les platanes Huile sur carton, cachet en bas Ă droite, 38,5 x 53 cm.
72 / Campagne à Barbentane Huile sur carton, cachet en bas à gauche, 38 x 53 cm.
73 / La roulotte Crayon et crayons de couleur sur papier de boucherie, cachet en bas à droite, 27 x 37 cm. Collection JG
74 / Paysage Encre et pastel sur papier, cachet en haut à droite, 14,5 x 20,5 cm. Collection JG
75 / Nu au fichu jaune Huile sur carton, cachet en bas Ă droite, 37 x 41 cm. Collection JG
76 / Voiliers au port, Marseille Estampe sur papier rehaussée à l’encre, signée en bas à droite, 20 x 25,5 cm. Exposition : Chabaud de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint Cyr sur Mer, 29 Juin-14 Septembre 2014.
78 / Passeur à la rame, Marseille Estampe sur papier, signée en bas à droite , 20 x 25,5 cm. Exposition : Chabaud de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint Cyr sur Mer, 29 Juin-14 Septembre 2014.
77 / Canot entrant dans le port de Marseille Estampe sur papier rehaussée à l’encre, signée en bas à droite, 20 x 25,5 cm. Exposition : Chabaud de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint Cyr sur Mer, 29 Juin-14 Septembre 2014.
79 / Vue du Pharo, Marseille Estampe sur papier rehaussée au crayon, signée en bas à droite et numérotée 1/12 en bas à gauche, 20 x 25,5 cm. Exposition : Chabaud de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint Cyr sur Mer, 29 Juin-14 Septembre 2014.
80 / L'Arrivée au port Estampe sur papier avec rehauts de pastel, signée en bas à droite, 25,5 x 20 cm. Exposition : Chabaud de la terre à la mer, Centre d'Art Sébastien, Saint Cyr sur Mer, 29 Juin-14 Septembre 2014.
BIBLIOGRAPHIE : Auguste Chabaud, Les cahiers d’art, Documents n°211, Edition Pierre Cailler, Genève, 1965, documentation réunie par Robert Gourru. Auguste Chabaud, Raymond Charmet, La bibliothèque des Arts, Paris, 1973. Auguste Chabaud, Mon père, Francine Léoni-Chabaud, Gui Benucci Editeur. Avec Seyssaud, Verdilhan, Chabaud, Jean Tourette, Editions de la Savoisienne, 1975. Auguste Chabaud, Max-Philippe Delavoüet, Editions Cercle d’art, Paris, 1983.
Catalogues d’exposition : Hommage de la Provence à Auguste Chabaud, catalogue de l’Exposition jubilaire – Œuvres de 1900 à 1950, Musée Granet, Aix-en-Provence, 18 juillet-16 octobre 1950. Auguste Chabaud, Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 26 février - 28 mars 1965. Centenaire Auguste Chabaud, Palais des Papes, Avignon, 28 septembre - 31 octobre 1982. Tableaux parisiens, dessins d’Auguste Chabaud 1907-1908, Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez, 22 décembre 1984 - 15 février 1985. Auguste Chabaud, Musée des beaux-arts d’Orléans, 12 juillet - 13 octobre 1986. Auguste Chabaud, Musée des beaux-arts de Nîmes, 8 avril - 21 mai 1989. Auguste Chabaud, Musée d’Art Moderne de Troyes, 30 juin - 18 septembre 1989. Auguste Chabaud, Saarland Museum Saarbrücken, Avril-Mai 1993 - Von der Heydt Museum Wuppertal, Mai-Juillet 1993, Städtische Galerie im Lenbachhaus München, Septembre-Octobre 1993. Auguste Chabaud, Impressions tunisiennes, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 1995. Auguste Chabaud, La ville de jour comme de nuit, Musée Cantini, Marseille, 25 octobre 2003-1er février 2004. Auguste Chabaud en Provence, Regards de Provence, 22 mai - 12 septembre 2010 p.32. Chabaud, Fauve et expressionniste, Musée Paul Valéry, Sète, 15 juin - 28 octobre 2012. Fascination et nostalgie, entre Provence et Tunisie, Musée de Région Auguste Chabaud, Graveson, 9 février - 2 juin 2013. Auguste Chabaud et le taureau sacré, Musée Auguste Jacquet, Beaucaire, 29 juin - 15 septembre 2013. Auguste Chabaud, Dessins sur papier de boucherie, Monique Laidi Chabaud et Michel Guillemain, musée Arts et Histoire de Bormes-lesMimosas, catalogue d’exposition du 24 août au 17 octobre 2013, réseau Lalan. Chabaud, de la terre à la mer, Centre d’art Sébastien, Saint-Cyr-sur-Mer, 29 juin -14 septembre 2014. L’Ecole marseillaise, Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez, 16 mars -17 juin 2013.
Nous tenons ici à remercier ici toutes les personnes qui nous ont fait confiance et nous ont aidés dans la préparation de cette exposition, en particulier M. Joël Giverso et Mme Monique Laidi-Chabaud. Nous remercions encore notre partenaire POM ainsi que Manolo Gimenez et son groupe pour leur généreuse implication.
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