Geistlich News Edition 1-2022

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Facteur humain, erreurs et sécurité des patients

« Le principal facteur d’erreurs est la pression temporelle. » Simon Wright MBE | Royaume-Uni Directeur de l’ICE Hospital et du Postgraduate Training Center, Manchester, Royaume-Uni

Ulpee Darbar | Royaume-Uni Consultante en dentisterie restauratrice et directrice de la formation dentaire à l’Eastman Dental Hospital, Londres, Royaume-Uni Propos recueillis par Marjan Gilani

Les équipes dentaires commettent au moins deux erreurs par jour dont 1,4 % peut entraîner un événement indésirable.¹ Dans cet entretien, le député et président du Comité consultatif du Royaume-Uni sur le facteur humain en dentisterie nous parle de la sensibilisation, des erreurs et de la sécurité des patients. Prof. Wright, quand vous êtesvous intéressé au sujet du facteur humain et des erreurs en dentisterie ?

Prof. Wright : mon intérêt pour le sujet est né d’une passion pour la sécurité dans nos cliniques universitaires. Nous voulions développer des protocoles et des processus qui aideraient les étudiants à garantir que ces cliniques soient aussi sûres que possible. Nous avons écouté notre bon ami Franck Renouard parler du facteur humain lors d’une conférence, et ses travaux² ont tout de suite fait échos à notre façon de penser. Ce que nous étions en train d’essayer de faire était tout à fait ce dont Franck parlait. Lorsque nous avons introduit le facteur humain dans nos cliniques, nous avons commencé à voir non seulement les erreurs et les incidents qui se produisent, mais également les barrières qui empêchent les gens d’en parler ouvertement.

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Qu’en était-il pour vous Dr Darbar ?

Dr Darbar : je travaille dans un hôpital universitaire ainsi que dans un cabinet dentaire, je suis donc exposée à un large éventail de défis et d’incidents de toutes sortes. J’ai personnellement constaté que les choses ne se déroulaient pas comme prévu, mais que lorsqu’on essaye d’aborder le problème, personne n’ose aller de l’avant de peur de se faire réprimander. Ces défis ont amené mon équipe à voir les choses différemment. Nos méthodes, qui consistent à exploiter les analyses après action, ont montré qu’un simple incident était obscurci par de nombreux facteurs que nous appelons aujourd’hui le « facteur humain ». Après en avoir discuté avec Simon, nous nous sommes rendu compte que nous essayions de différentes manières d’aborder un certain nombre de problèmes qui étaient similaires, mais dans

des contextes différents. Cela a été le début du Comité consultatif national du facteur humain en dentisterie (National Advisory Board for Human Factors in Dentistry – ­NABHF), qui a vu le jour en juillet 2018.

Quelle est la mission principale du comité ?

Nous voulons sensibiliser et faire comprendre le facteur humain dans tous les secteurs où la dentisterie est impliquée, ainsi qu’œuvrer à l’instauration d’une culture d’ouverture dans laquelle le « blâme » n’est pas le point central.³ Nous aspirons à faire évoluer les mentalités des prestataires de soins dentaires, des équipes, des décideurs et des autorités de réglementation, de la peur de la « punition et de la réprimande » à une mentalité d’ouverture, en canalisant le concept de « quelque chose va mal tourner, et comment allons-nous y faire face », et en intégrant cette éthique dans l’environnement de travail quotidien.

Certaines erreurs cliniques se produisent-elles plus fréquemment ? Si oui, pourquoi ?

Les facteurs de risque latents, tels que les erreurs de communication, liées aux équipements, à l’environnement, aux systèmes, au stress et à la fatigue, jouent un rôle majeur dans l’apparition d’erreurs et d’incidents. Cependant, les conséquences d’une erreur humaine banale en dentisterie, comme l’extraction d’une mauvaise dent ou une intervention au mauvais endroit n’est généralement pas fatale, dans la mesure où l’accent est mis sur la sécurité du patient. Par exemple, le personnel qui travaille avec des praticiens expérimentés a souvent peur de faire part de ses inquiétudes. Un clinicien pose une couronne provisoire vissée sur implant chez un patient en utilisant de tout petits mandrins.


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