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TAPIA JOHN OSBORN Soprano
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RÉCITAL Dimanche 28 mai 2017 à 19 h 30 À l’Opéra des Nations avec le soutien de la
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TAPIA JOHN OSBORN Soprano
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john osborn
john osborn / lynette tapia
GAETANO DONIZETTI Don Pasquale (Acte III, Scène 6) FRANCESCO PAOLO TOSTI Tornami a dir che m’ami STEFANO DONAUDY O del mio amato ben Marechiare
GIOACHINO ROSSINI La Danza lynette tapia FERNANDO OBRADORS Al Amor Con amores, la mi madre… Del cabello más sutil Coplas de Curro Dulce
john osborn JOHANNES BRAHMS O kühler Wald O liebliche Wangen Botschaft
lynette tapia
lynette tapia
RICHARD STRAUSS Allerseelen Ständchen Morgen! Amor
CLAUDE DEBUSSY Quatre Chansons de jeunesse Pantomime Clair de lune Pierrot Apparition
Entracte john osborn HENRI DUPARC L’Invitation au voyage Chanson triste Phidylé Le Manoir de Rosemonde
john osborn / lynette tapia LÉO DELIBES Lakmé (Acte I, Duo N° 6) D’où viens-tu ? Que veux-tu ?…
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La Musique (détail) Alfons Maria Mucha, 1896 Collection privée Aquarelle
Un récital sans frontière
De la tarentelle napolitaine à l’opéra en passant par la mélodie et le lied. par Daniel Dollé
U
nis dans la vie et sur scène, Lynette Tapia et John Osborn nous convient dans ce monde hypnotique et fascinant du lied et de la mélodie. John est un familier de la scène genevoise, il chantera en 2018 son premier Faust de Gounod à l’Opéra des Nations. Lynette, son épouse, se produit sur la scène genevoise pour la première fois. Les deux artistes partagent un amour du chant qu’ils transmettent à leur public. Reconnus et acclamés sur les grandes scènes internationales pour leurs performances lyriques, ils nous entraînent ce soir dans cet univers mystérieux et captivant de la voix, du chant qui exprime l’indicible, les émotions, l’amour, la nostalgie et la tristesse. Ils ont réuni dans leur programme des « maîtres du chant », et leur font honneur sans pour autant négliger l’univers de l’opéra. Même si tout le monde ne partage pas les mêmes goûts, chacune et chacun trouvera dans ce programme une résonnance, un dialogue avec son âme. Les barrières linguistiques sont abolies, la musique populaire côtoie la musique savante, l’opéra et
le lied se croisent et se complètent pour donner naissance à un langage universel qui, une nouvelle fois, nous réunit et nous permet le partage. Stefano Donaudy « O del mio amato » qui ouvre le récital est une des 36 Arie di Stile Antico, publiées par la Casa Ricordi en 1918 et composées par Stefano Donaudy dès 1892. Plusieurs de ces chansons sont restées dans le répertoire de concerts des chanteurs d’opéra italiens. D’ailleurs certaines, comme « Vaghissima sembianza », « Spirate pur, spirate », « O del mio amato ben », ou encore « Amorosi miei giorni », ont été enregistrées par des chanteurs tels que Enrico Caruso, Benjamino Gigli, Tito Schipa ou encore plus récemment Marcello Giordani, Sumi Jo et Andrea Bocelli. La musique de Donaudy révèle une maîtrise parfaite de la technique vocale et un sens profondément sensuel de la mélodie. Ce traitement mélodique élégant fait, du compositeur, un témoin précieux de cette variante particulière de l’Art nouveau qu’est le « Stile Liberty » italien. Donaudy est en quelque sorte l’équivalent italien
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UN RÉCITAL SANS FRONTIÈRE DANIEL DOLLÉ
du français Reynaldo Hahn. Stefano Donaudy naît le 21 février 1879 à Palerme, fils d’un français et d’une italienne. C’est un compositeur, actif en Italie depuis les années 1890 jusqu’au début du XXème siècle, à l’époque où Palerme, sa ville natale, connaît une période assez faste sous l’influence de riches familles anglosiciliennes. Il semble assez précoce puisqu’on date son premier opéra Folchetto et l’une de ses chansons les plus populaires « Vaghissima sembianza » de 1892 (il est alors âgé de seulement 13 ans). En 1922, il arrête de composer, suite à l’échec cuisant de La Fiamminga, son dernier opéra créé au Teatro di San Carlo de Naples. Il meurt à Naples, le 30 mai 1925, à l’âge de 46 ans. Francesco Paolo Tosti Une source d’inspiration pour Paolo Francesco Tosti fut le folklore des Abruzzes qu’il célèbre dans une série de 15 duos, les Canti popolare abruzzesi (1881). Ceux-ci marquent le point de départ de la carrière internationale du compositeur ainsi que celui de la chanson napolitaine moderne. La ville de Naples lui a inspiré Marechiare, dont le prélude évoque, selon Tosti, la mélopée d’un violon qu’il entendait souvent dans un restaurant de la via Nardones. Le compositeur est resté fidèle à la romance italienne et au romantisme désuet des salons italiens et anglais de l’ère victorienne. Gioachino Rossini « La danza » de Rossini est composée entre 1830 et 1835. Cette tarentelle napolitaine entraîne le spectateur dans une course joyeuse et effrénée. C’est la huitième chanson des Soirées musicales (1830–1835). Les paroles sont du comte Carlo Pepoli, librettiste de Vincenzo Bellini pour l’opéra I Puritani. Il s’agit d’une série de 12 pièces dans une forme au caractère folklorique. Cette tarentelle napolitaine, en la mineur, est mue par un Allegro con brio sur un rythme ternaire entraînant. Fernando J. Obradors Fernando J. Obradors, né à Barcelone en 1897, commence à étudier le piano très jeune. Il est,
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en grande partie, autodidacte dans le domaine de la théorie musicale, de la composition et de la direction d’orchestre. Il enseigne au conservatoire de sa ville natale et dirige l’Orquesta del Liceo de Barcelona puis l'Orquesta Filarmónica de Gran Canaria. Il meurt à Las Palmas en 1945. Dans ses compositions, Obradors se rappellera toujours ses racines catalanes. Ses œuvres comprennent des Zarzuelas (l’équivalent espagnol des comédies musicales américaines), quelques pièces de musique de chambre et d’orchestre, des arrangements de chansons folkloriques en provenance de différentes régions d’Espagne et des chansons originales, dont les plus connues appartiennent aux quatre volumes de Canciones Clásicas Españolas (basées sur des textes espagnols traditionnels). Le tournant du XXème siècle en Europe voit renaître un intérêt et une fierté pour le patrimoine, ce qui entraîne le développement des courants du « nationalisme musical ». L’Espagne n’y échappe pas et sa riche production folklorique va être une source d’inspiration pour de nombreux compositeurs. Le mariage entre populaire et savant, de même que la fusion entre parole et musique atteint des sommets. Les mélodies, que nous propose la soprano Lynette Tapia, distillent l’essence de l’esprit musical de l’Espagne. Certaines des mélodies proviennent des Canciones Clásicas. D’autres, telle que « Con amores, la mi madre » est issue de Dos Cantares Populares. « Del cabello más sutil » est considéré comme l’un des plus beaux chants espagnols de tous les temps. « Al Amor » exprime une faim inextinguible de baisers. Gaetano Donizetti Avec « Tornami a dir che m’ami » nous faisons une brève incursion dans le monde de l’opera buffa de Gaetano Donizetti et de son Don Pasquale – composé, selon la légende, en seulement onze jours. Depuis ses brillants débuts, l’opéra ne quitte pratiquement plus le répertoire. Dans le troisième acte Ernesto déclame une sérénade à Norina (« Com’è gentil ») puis les deux protagonistes chantent le duo d’amour « Tornami a dir che m’ami ».
DANIEL DOLLÉ UN RÉCITAL SANS FRONTIÈRE
Les deux personnages font référence au Pierrot amoureux et à Colombine de la commedia dell’arte. Une musique limpide, élégante, en demi-teintes, une verve jubilatoire ; on dirait du Feydeau avant l’heure. Ce 69ème opéra de Gaetano Donizetti est, à juste titre, considéré comme l’apothéose de l’opera buffa, bien qu’également son chant du cygne. Johannes Brahms Retour au lied avec Johannes Brahms, compositeur important de la période romantique. Il est à la fois traditionnaliste et conservateur. Il écrit beaucoup pour la voix, de grandes œuvres chorales pour orchestre et plus de trois cents lieds. Il compose dans une palette expressive d’une confondante richesse de coloris, allant au-delà du cadre habituel du lied. Les textes sont de poètes très différents, et aussi, apport non négligeable, de la chanson populaire. Le thème le plus fréquent est l’amour, comme dans l’unique cycle qu’il compose Maguelone Romanzen Op. 33. L’inclination de Brahms pour la méditation et la nostalgie est à l’origine des plus beaux lieders. Avec le temps, les méditations sur la mort se font plus nombreuses, et donnent lieu à des lieders d’une grande intensité, notamment « La mort, c’est la fraîche nuit » (« Der Tod ist die kühle Nacht »), Op. 96 n°1. La plupart des lieds de Brahms, grand solitaire aux amours inaccessibles ressassent les sentiments qui le travaillaient intérieurement : la nostalgie de l’amour non partagé, la solitude de la condition humaine, l’inexorable finitude de la vie, mais aussi l’apaisement que peut procurer la nature. Brahms préfère mettre en musique des poésies suggestives, estimant que le lied devrait avoir quelque chose à dire, quelque chose que les mots seuls ne suffisaient pas à exprimer. Et si chez certains compositeurs, les mots inspirent la musique, Brahms les utilise pour rendre une atmosphère et souvent témoigner de sa propre expérience. Ses thèmes favoris sont bien entendu l’amour universel, la joie, l’optimisme, la nostalgie, la perte, la résignation, le souvenir. On retrouve dans ses lieds des souvenirs de sentiments vécus et d’expériences personnelles authentiques. À cheval entre roman-
tisme et classicisme, sa musique est personnelle, incroyablement pure et accomplie. « O kühler Wald » Op. 72 n°3 en La bémol majeur, un hymne sublime à la forêt allemande, est la première mise en musique d’un texte de Brentano par Brahms. Il y emprunte à Schubert et à Schumann la tonalité, les accords répétés et les basses profondes. « Botschaft » et « O liebliche Wangen » appartiennent à l’Op. 47 qui regroupe cinq lieds. Le premier lied s’inspire d’un poème d’origine persane traduit par Georg Friedrich Daumer ; le second sur un poème strophique de Paul Flemming, poète luthérien redécouvert par Felix Mendelssohn. Richard Strauss Le lied occupe une place essentielle dans l’œuvre de Richard Strauss, de sa jeunesse jusqu’à son dernier souffle, même s’il abandonne momentanément le genre entre 1906 et 1917. C’est à l’âge de six ans que Richard Strauss compose son premier lied, finalement il en composera plus de deux cents. Il met en musique les œuvres d’une trentaine de poètes qui appartiennent à l’École de Munich, aux préromantiques et aux romantiques allemands ou encore à ceux du Jugendstil littéraire. Dans ses lieds, il fait référence aux beautés de la nature, à l’amour de l’être aimé ou encore à la nostalgie du temps qui passe – éléments qui sont également présents dans Der Rosenkavalier. Au moment où Brahms compose les Vier ernste Gesänge (1896), Strauss commence son premier cycle de lieds avec orchestre. « Allerseelen » (Toussaint) et « Ständchen » (Sérénade) font partie des mélodies les plus populaires du musicien. Le premier évoque les jours heureux lorsque l’aimée était encore vivante. Dans ce lied on retrouve de nombreuses réminiscences schumaniennes. « Ständchen », deuxième lied de l’Op. 17, créé en décembre 1886, a largement contribué à la célébrité du compositeur. Cette mélodie obsédante avec un accompagnement en filigrane est devenue extrêmement populaire. Strauss le déplore, mais que pouvait-il y faire ? Les poèmes des Sechs Lieder op. 68, dont est extrait « Amor », sont tous de la plume de Clemens
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UN RÉCITAL SANS FRONTIÈRE DANIEL DOLLÉ
Brentano (1778-1842). Cet écrivain et poète est le chantre du nationalisme romantique allemand. Les Brentano Lieder constituent l’un des sommets de l’art de Strauss dans le domaine du lied. Ils témoignent de sa fascination du classicisme mozartien. « Morgen », Op. 27, fait partie des tubes du compositeur, et constitue une preuve supplémentaire, s’il le faut encore, de son amour pour le chant. Ce lied est composé en 1894, sur un poème du sulfureux John Henry Mackay, écossais d’origine et conçu comme cadeau de mariage pour son épouse, la soprano bavaroise Pauline de Ahna. À l’origine, en 1897, le lied est écrit pour être accompagné au piano, mais Richard Strauss en fait également un arrangement pour orchestre à cordes, violon solo, harpe et trois cors. Henri Duparc Dans la seconde partie du récital, les deux artistes nous invitent à un voyage au cœur de la musique française. Nous entendrons d’abord quatre mélodies d’Henri Duparc. Ses 17 mélodies, sensibles et expressives, ont fait de lui un compositeur majeur de la fin du XIX ème siècle. Duparc est un de ces compositeurs que l’on connaît peu, ou mal, or, ses compositions sont belles et impressionnantes de perfection. Ses mélodies sont inspirées par la crème des poètes de l’époque : Charles Baudelaire, Robert de Bonnières, Théophile Gautier, Leconte de Lisle, Sully Prudhomme et d’autres. Duparc magnifie les poèmes avec sa musique. Les 17 poèmes qu’il sélectionne, résonnent comme des prémonitions dans lesquelles on retrouve les thèmes de l’attente, de la fusion impossible, de l’aspiration vers l’amour, auxquels répondent le désenchantement et la mort. Le compositeur se laisse pénétrer par les paroles avant de penser musique. Chacune de ses compositions a droit à une structure particulière, souvent hybride. Henri Duparc abolit le statut marginal de la mélodie française qui rejoint le lied allemand, le lied postromantique raffiné et précieux. En 1904, il résumera sa quête d’une puissance évocatrice d’un espace musical ouvert, lorsqu’il n’écrira plus
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de mélodies : « Ne me parlez pas de génie (…). J’ai fait quelques mélodies dans lesquelles j’ai simplement mis mon âme avec sincérité : c’est leur seul mérite. Maintenant la petite source est tarie, voilà tout : ça ne manque qu’à moi, mais ça me manque beaucoup. » « Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur… » Ainsi débute « L’Invitation au voyage », sur un poème de Charles Baudelaire. Le poète décrit un pays idéal où il pourrait s’installer avec sa bien-aimée, « Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté. » C’est une mélodie envoûtante et lancinante qui parle du pays où l'on n’arrive jamais. « Chanson triste » est la première mélodie de Duparc. Elle fut écrite à l’âge de 20 ans et publiée avec quatre autres dans l’Op. 2 en 1868. Elle représente la quintessence du raffinement français : l’élégance, le charme et la sensibilité. Elle entraîne notre imagination dans un univers mélancolique et anxieux au clair de lune, sur un texte du poète symboliste Jean Lahor. En 1870, Henri Duparc est à Weimar pour les célébrations du centenaire de Beethoven présidées par Liszt. Il a l’occasion d’y entendre plusieurs opéras de Wagner, qu’il avait découvert l’été précédent à Munich. Une amie de Liszt et de Wagner témoigne dans son journal qu’elle a rencontré « une Madame Duparc et son fils, enthousiaste de Wagner et qui étudie la composition. » La passion wagnérienne devait s’avérer passagère. En 1882, l’année où Parsifal est créé à Bayreuth, Duparc semble, dans « Phydilé », vouloir se dégager de son influence. Pour chacune des trois phases du jour (matin, midi et soir), évoquées par les quelques strophes qu’il a retenues d’un poème à l’origine beaucoup plus long, il conçoit une atmosphère spécifique, chacune préfigurant l’impressionisme de Debussy. Entre chacun de ces moments, revient comme un refrain une berceuse à l’image de Phydilé, la nymphe endormie, que rien ne semble pouvoir éveiller avant que le jour ne soit tombé. Trois ans après la création de la Tétralogie à Bayreuth, par son caractère d’abord intempestif, puis plaintif, Le Manoir de Rosemonde résonne, tel un écho, des états contradictoires, de colère et
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d’abattement, que traverse Wotan dans La Walkyrie. « C’est pour les rares amis seuls que j’ai écrit mes mélodies sans aucun souci d’applaudissement ou de notoriété. Bien que courtes, elles sont (et c’est leur seul mérite) le fond de moi-même, et c’est du fond du cœur que je remercie ceux qui l’ont compris. C’est à leur âme que s’adresse mon âme : tout le reste m’est indifférent. » (Henri Duparc) Claude Debussy En 1910, lorsque Claude Debussy est invité à une réception en son honneur en Hongrie, il s’exclame : « Toute ma musique s’efforce de n’être que mélodie. » Il laisse à la postérité une centaine de mélodies dont seule la moitié est publiée de son vivant. Il en écrit une grande partie alors qu’il était encore étudiant. Ce corpus revêt une grande importance dans sa formation et sa carrière artistique. En effet, la mise en musique des textes poétiques le mène à la composition de l’opéra Pelléas et Mélisande (18931895) d’après un livret de Maurice Maeterlinck, créé à l’Opéra-Comique en 1902. Pour la plupart, les mélodies de jeunesse sont composées par Debussy avant 1885 – année où il quitte Paris pour la Villa Médicis à Rome suite à l’obtention du Prix de Rome. Presque toutes ses mélodies sont dédiées à la chanteuse amateur Marie-Blanche Vasnier, dont la « bouche de fée mélodieuse », entre autres attributs, l’a tant séduit. Sur une des partitions, on retrouve la dédicace suivante: « À Mme Vasnier, ces mélodies, conçues en quelque sorte par votre souvenir, ne peuvent que vous appartenir, comme vous appartient l’auteur ». Ces mélodies simples et charmantes sont écrites sur des poèmes merveilleusement évocateurs, des Théodore de Banville, Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé. Elles sont surtout des preuves d’amour. « La Mandoline » de Verlaine jaillit dès 1880 des doigts de Debussy. La mélodie « Clair de lune » en Fa dièse majeur, la suit de près. C’est donc sept ans avant qu’il ne séduise Gabriel Fauré, que le siècle verlainien trouble l’âme nostalgique de Debussy. Une des premières œuvres humoristiques de Debussy est « Pierrot » (1882) en Mi mineur, une
mélodie répétant sans cesse l’air populaire associé au personnage de la commedia dell’arte : « Au clair de la lune ». Debussy semble céder à la tentation de se projeter dans le personnage – ce à quoi invite le poème de Théodore de Banville en soulignant cette ambigüité identitaire. Pierrot est aussi l’éternel perdant en amour, Colombine lui préfére toujours Arlequin. La mélodie renferme tout ce qui peut mettre en valeur une jeune et jolie voix : vocalises, staccatos, rapidité et incursions dangereuses dans l’aigu. Debussy dédie également cette mélodie à Marie-Blanche Vasnier, sa première muse, cette femme mariée dont il est tombé amoureux. La musique confirme l’hypothèse de l’autoportrait, puisque Debussy donne un rôle de premier ordre à la note si, qu’il choisit pour le représenter car cela correspond à la dernière syllabe de son nom. Ainsi, derrière l’apparente légèreté, se cache la confession de la souffrance amoureuse de l’artiste. Le Pierrot que représente Debussy n’est pas en phase avec son époque. En effet, le « Pierrot fin-de-siècle » s’est laissé contaminer par le décadentisme ambiant des cabarets montmartrois. « Apparition » en Mi majeur, compare la femme à une fée apparaissant dans une atmosphère baignée de lumière et de senteurs. Dans cette pièce, Debussy se bat encore contre la forte influence wagnérienne. Léo Delibes Le récital s’achève sur un duo extrait de Lakmé, un opéra de Léo Delibes empreint d’exotisme colonial à l’atmosphère poétique en demi-teintes et à la musique raffinée aux harmonies envoûtantes. L’œuvre raconte la passion entre deux êtres que tout oppose : celle d’une jeune hindoue et d’un jeune officier anglais. L’opéra s’inscrit dans le courant orientaliste qui, au XIXème siècle, gagne tous les domaines artistiques. Cette esthétique parcourt l’art occidental. Lakmé ce n’est pas seulement l’ « air des clochettes », ou le « duo des fleurs », c’est aussi une pureté limpide de la ligne mélodique, un bijou exotique qui rattache Léo Delibes à la lignée des grands maîtres de l’opéra-comique français, à Grétry, Monsigny, Boieldieu.
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Stefano Donaudy
(1879-1925)
O del mio amato ben (1915)
Charmes perdus de mon être aimé
O del mio amato ben perduto incanto! Lungi è dagli occhi miei chi m’era gloria e vanto! Or per le mute stanze sempre lo cerco e chiamo con pieno il cor di speranze? Ma cerco invan, chiamo invan! E il pianger m’è sì caro, che di pianto sol nutro il cor.
Charmes perdus de mon être aimé ! Il est loin des yeux celui qui était ma gloire et ma fierté ! Maintenant à travers les pièces vides, Toujours, je le chercher et l’appelle Le cœur plein d’espoir. Mais je cherche et j’appelle en vain ! Mes larmes me sont si chères, Que de pleurs je nourris mon cœur.
Mi sembra, senza lei, triste ogni loco. Notte mi sembra il giorno; mi sembra gelo il foco. Se pur talvolta spero di darmi ad altra cura, sol mi tormenta un pensiero: Ma, senza lui, che farò? Mi par così la vita vana cosa senza il mio ben.
Sans lui tout me semble triste. La nuit me paraît être le jour ; Le feu me semble gelé. Si par hasard je me surprends à espérer Qu’il y a un remède à ce mal, Une seule chose tourmente mes pensées : Mais sans lui, que faire ? La vie me semble vide et vaine Sans mon être aimé.
Francesco Paolo Tosti
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(1846-1916)
Marechiare (1886) Salvatore Di Giacomo (1860-1934)
Marechiaro
Quando sorge la luna a Marechiare, perfino i pesci tremano d’amore, si sconvolgono l’onde in grembo al mare, e per la gioia cangiano colore.
Quand la lune pointe à Marechiaro, Même les poissons tremblent l’amour. Les ondes de la mer se révoltent, De joie, elles changent de couleur.
A Marechiare sorride un balcone, la passione mia vi batte l’ale: l’acqua canta di sotto una canzone, un garofano olezze al davanzale.
À Marechiaro un balcon sourit ; Ma passion l’emporte. Dessous, l’eau chante une chanson Un œillet parfumé gît sur le rebord.
Chi dice che le stelle son lucenti, degli occhi tuoi non vide lo splendore ! Li conosco io ben quei raggi ardenti ! Ne scendono le punte in questo core !
Ceux qui disent que les étoiles brillent, N’ont jamais vu la splendeur de tes yeux ! Je les connais bien ces rayons ardents ! Les pointes en atteignent mon cœur !
Destati, che la sera è tutto incanto, e mai per tanto tempo io t’ho aspettata ! Per accoppiar gli accordi al mesto canto, stasera una chitarra ho qui portata !
L’été, où le soir tout est enchanté, Je t’ai attendu longtemps ! Pour unir nos accords dans un même chant, Ce soir j’ai apporté une guitare.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA | RÉCITAL
Gioachino Rossini
(1792-1868)
Soirées musicales (1830-1835) La Danza Tarantella napolitana Op. 104 (1835) Carlo Pepoli (1796-1881)
La danse
Già la luna è in mezzo al mare, mamma mia si salterà, l’ora è bella per danzare chi è in amor non mancherà.
Déjà la lune est sur la mer, Mamma mia, on sautera ! L’heure est belle pour danser, qui est amoureux n’y manquera.
Presto in danza a tondo, donne mie venite quà, un garzon bello e giocondo a ciascuna toccherà, finchè in ciel brilla una stella e la luna splenderà. Il più bel con la più bella tutta notte danzerà.
Vite dansons en rond, Toutes mes femmes, venez là, Un garçon beau et joyeux Pour chacune il y aura, Tant qu’au ciel brille une étoile Et que la lune resplendira. Le plus beau avec la plus belle Toute la nuit dansera.
Mamma mia, mamma mia, già la luna è in mezzo al mare, mamma mia, mamma mia, mamma mia si salterà. Frinche frinche frinche frinche mamma mia, si salterà, La la ra la ra...
Mamma mia, mamma mia, Déjà la lune est sur la mer, Mamma mia, mamma mia, Mamma mia, on sautera. Frinche, frinche, frinche, frinche Mamma mia, on sautera. La ra la la ra la …
Salta, salta, gira, gira, ogni coppia a cerchio va, già s’avvanza si ritira e all’ assalto tornerà.
Saute, saute, vire, vire, Chaque couple en cercle va, Il s’avance et il recule Et à l’assaut retournera.
Serra, serra colla bionda colla bruna và quà e là, colla rossa và a seconda colla smorta fermo sta ! Viva il ballo a tondo a tondo sono un Rè, sono un Bascià, è il più bel piacer del mondo la più cara voluttà.
Vite, vite, avec la blonde, Avec la brune va ça et là Avec la rousse va une seconde, Avec la pâle arrête-toi. Vive le bal en rond en rond, Je suis un Roi, je suis un Pacha, C’est le plus beau plaisir du monde La plus chère volupté.
Mamma mia…
Mamma mia,…
RÉCITAL | JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
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Fernando Obradors
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(1897-1945)
Al Amor Cristobal de Castillejo (1491-1556)
Mon amour
Dame, Amor, besos sin cuento Asido de mis cabellos Y mil y ciento tras ellos Y tras ellos mil y ciento Y después... De muchos millares, tres! Y porque nadie lo sienta Desbaratemos la cuenta Y... contemos al revés.
Donne moi, mon amour, d’innombrables baisers, Autant qu’il y a de cheveux sur ma tête, Et encore cent ou mille après ça, Cent ou mille, encore Et après ceux-là… Des milliards… donne-moi trois de plus ! Et pour que personne ne se sente mal, Oublions le compte Et comptons à l’envers !
Dos Cantos populares Con amores, la mi madre Juan de Anchieta (1462-1523)
Avec amour, ma mère
Con amores, la mi madre, Con amores me dormí; Así dormida soñaba Lo que el corazón velaba, Que el amor me consolaba Con más bien que merecí. Adormecióme el favor Que amor me dió con amor; Dió descanso a mi dolor La fe con que le serví Con amores, la mi madre, Con amores me dormí!
Avec les amours, ma mère, Avec les amours je me suis endormie ; Ainsi endormie je rêvais Ce que le cœur veillait, Que l’amour me consolait Bien plus que je méritais. La faveur que l’amour m’a donné avec amour m’a assoupie ; Ma douleur a eu sa trêve Grâce à la foi avec laquelle je l’ai servi ; Avec les amours, ma mère, Avec les amours je me suis endormie !
Del cabello más sutil Traditionnel
Des cheveux les plus doux
Del cabello más sutil Que tienes en tu trenzado He de hacer una cadena Para traerte a mi lado. Una alcarraza en tu casa, Chiquilla, quisiera ser, Para besarte en la boca, Cuando fueras a beber.
Des cheveux les plus doux Que tu as dans ta tresse, J’en ferai une chaine Pour t’attirer vers moi. Un verre chez toi, Un tout petit, j’aimerais être… Pour que je puisse t’embrasser À chaque fois que tu bois.
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Coplas de Curro Dulce Francisco Fernández Boigas [CurroDulce] (1816-1898)
Une fiancée toute petite
Chiquitita la novia, Chiquitito el novio, Chiquitita la sala, Y el dormitorio, Por eso yo quiero Chiquitita la cama Y el mosquitero.
Toute petite est la fiancée Et tout petit le fiancé, Toute petite la salle à manger Et aussi la chambre à coucher. C’est pourquoi je veux Un tout petit lit douillet Et par-dessus, une moustiquaire.
Gaetano Donizetti
(1797-1848)
Don Pasquale [Acte III, scène 6] (1843) Tornami a dir che m’ami Giovanni Ruff ini (1807-1881)
Répète-moi que tu m’aimes
Tornami a dir che m’ami, dimmi che mia/mio tu sei; quando tuo ben mi chiami la vita addoppi in me. La voce tua sì cara rinfranca il core oppresso: sicuro/sicura a te dappresso, tremo lontan da te.
Répète-moi que tu m’aimes que tu es à moi : quand tu m’appelles ton/ta bien-aimé(e) la vie redouble en moi ta voix si chère ravive mon cœur oppressé rasséréné(e) auprès de toi je tremble loin de toi.
RÉCITAL | JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
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Johannes Brahms
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(1833-1897)
O kühler Wald (1877) Clemens Brentano (1778–1842)
Ô fraîche forêt
O kühler Wald, Wo rauschest du, In dem mein Liebchen geht? O Widerhall, Wo lauschest du, Der gern mein Lied versteht?
Ô fraîche forêt, Où murmures-tu, Forêt, dans laquelle ma bien-aimée marche ? Ô écho, Où écoutes-tu, Écho, qui comprend bien mon chant ?
O Widerhall, O sängst du ihr Die süssen Träume vor, Die Lieder all, O bring sie ihr, Die ich so früh verlor !
Ô écho, Si tu lui chantais Le doux rêve, Et tous les chants, Oh, apporte-les lui, Ceux que j’ai perdus si tôt !
Im Herzen tief, Da rauscht der Wald, In dem mein Liebchen geht, In Schmerzen schlief Der Widerhall, Die Lieder sind verweht.
Au plus profond du cœur, Là murmure la forêt Dans laquelle ma bien-aimée marche, Dans la peine dort L’écho, Les chants sont emportés.
Im Walde bin Ich so allein, O Liebchen, wandre hier, Verschallet auch Manch Lied so rein, Ich singe andre dir!
Dans la forêt Je suis si seul, Ô bien-aimée, promène-toi ici, Dans l’oubli sont tombés Maints chants si purs, J’en chanterai un autre pour toi !
O liebliche Wangen (1868) Paul Fleming (1609-1640)
Ô adorables joues
O liebliche Wangen, Ihr macht mir Verlangen, Dies rote, dies weisse Zu schauen mit Fleisse. Und dies nur alleine Ist’s nicht, das ich meine; Zu schauen, zu grüssen, Zu rühren, zu küssen! Ihr macht mir Verlangen, O liebliche Wangen!
Ô adorables joues, Vous me faites désirer, Vers la rouge, vers la blanche, De jeter mon regard. Et ce n’est pas tout, Tout ce que je veux dire ; Voir, saluer, Toucher, baiser ! Vous me faites désirer; Ô adorables joues,
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA | RÉCITAL
O Sonne der Wonne! O Wonne der Sonne! O Augen, so saugen Das Licht meiner Augen. O englische Sinnen! O himmlisch Beginnen! O Himmel auf Erden, Magst du mir nicht werden, O Wonne der Sonne! O Sonne der Wonne!
Ô soleil de bonheur ! Ô bonheur du soleil ! Ô yeux, sucez La lumière de mes yeux. Ô pensées angéliques ! Ô céleste début ! Ô ciel sur la terre, Puisses-tu ne pas apparaître pour moi, Ô bonheur du soleil ! Ô soleil de bonheur !
O Schönste der Schönen! Benimm mir dies Sehnen, Komm, eile, komm, komme, Du süsse, du fromme! Ach, Schwester, ich sterbe, Ich sterb’, ich verderbe, Komm, tröste, komm, heile, Benimm mir dies Sehnen, O Schönste der Schönen!
Ô la plus belle des belles ! Éloigne de moi ce désir, Viens, vite, viens, viens, Douce et pieuse ! Ah, sœur, je me meurs, Je me meurs, je péris, Viens, viens, viens, vite, Éloigne de moi ce désir, Ô la plus belle des belles !
Fünf Lieder Op. 47 (1868) Botschaft Georg Friedrich Daumer (1800-1875) d'après Hâf iz
Message
Wehe, Lüftchen, lind und lieblich Um die Wange der Geliebten, Spiele zart in ihrer Locke, Eile nicht hinwegzufliehn! Tut sie dann vielleicht die Frage, Wie es um mich Armen stehe; Sprich: „Unendlich war sein Wehe, Höchst bedenklich seine Lage; Aber jetzo kann er hoffen, Wieder herrlich aufzuleben, Denn du, Holde, denkst an ihn.“
Souffle, douce et suave brise Sur les joues de ma bien-aimée, Joue délicatement dans ses boucles Ne te presse pas de t’en aller! Peut-être demandera-t-elle En quel pauvre état je suis; Réponds alors : « Son mal était infini, Son cas des plus préoccupant ; Mais maintenant il peut espérer Revenir à une vie magnifique, Car toi, charmante, tu penses à lui. »
RÉCITAL | JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
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Richard Strauss
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(1864-1949)
Allerseelen (1887) Hermann von Gilm (1812-1864)
Jour des morts
Stell auf den Tisch die duftenden Reseden, Die letzten roten Astern trag herbei, Und lass uns wieder von der Liebe reden, Wie einst im Mai.
Pose sur la table les résédas parfumés Apporte ici les derniers asters rouges, Et à nouveau parlons d’amour Comme jadis en mai.
Gib mir die Hand, dass ich sie heimlich drücke Und wenn man’s sieht, mir ist es einerlei, Gib mir nur einen deiner süssen Blicke, Wie einst im Mai.
Donne-moi la main, que je la serre secrètement Et si on le voit, cela m’est égal Jette-moi seulement un de tes doux regards, Comme jadis en mai.
Es blüht und duftet heut auf jedem Grabe, Ein Tag im Jahre ist ja den Toten frei, Komm an mein Herz, dass ich dich wieder habe, Wie einst im Mai.
Aujourd’hui chaque tombe est fleurie et embaume Un jour par an les morts ont quartier libre, Viens près de mon cœur, que je t’aie à nouveau Comme jadis en mai.
Morgen (1894) John Henry Mackay (1864-1933)
Demain
Und morgen wird die Sonne wieder scheinen, und auf dem Wege, den ich gehen werde, wird uns, die Glücklichen, sie wieder einen inmitten dieser sonnenatmenden Erde.
Et demain le soleil brillera encore, Et sur le chemin que je prendrai, Il nous réunira, nous les bienheureux, à nouveau Sur cette terre qui respire le soleil.
Und zu dem Strand, dem weiten, wogenblauen, werden wir still und langsam niedersteigen, stumm werden wir uns in die Augen schauen, und auf uns sinkt des Glückes stummes Schweigen.
Et sur la rive, vaste, aux vagues bleues, Nous descendrons tranquillement et lentement, Silencieusement nous nous regarderons dans les yeux Et le silence du bonheur descendra sur nous.
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Ständchen Adolf Friedrich von Schack (1815-1894)
Sérénade
Mach auf, mach auf, doch leise mein Kind, Um keinen vom Schlummer zu wecken. Kaum murmelt der Bach, kaum zittert im Wind Ein Blatt an den Büschen und Hecken. Drum leise, mein Mädchen, dass sich nichts regt, Nur leise die Hand auf die Klinke gelegt.
Tout bas, sans bruit, ma belle, ouvre moi! Que nul des voisins ne s’éveille ! À peine on entend le léger émoi Du vent, dans le bois qui sommeille. Sans bruit, mon aimée, d’un doigt discret Viens ouvrir la porte et combler mon souhait !
Mit Tritten, wie Tritte der Elfen so sacht, Um über die Blumen zu hüpfen, Flieg leicht hinaus in die Mondscheinnacht, Zu mir in den Garten zu schlüpfen. Rings schlummern die Blüten am rieselnden Bach Und duften im Schlaf, nur die Liebe ist wach.
Mignonne, d’un pas plus léger qu’un lutin, Qui rase la plaine fleurie, Oh viens à moi, mon doux chérubin, À moi qui t’adore te prie ! Fleurettes et roses, jasmin et lilas, Tout dort au jardin ; seul l’amour ne dort pas.
Sitz nieder, hier dämmert’s geheimnisvoll Unter den Lindenbäumen, Die Nachtigall uns zu Häupten soll Von unseren Küssen träumen, Und die Rose, wenn sie am Morgen erwacht, Hoch glühn von den Wonnenschauern der Nacht.
Prends place ici ! Un charme mystérieux sous ces charmilles règne ; Le rossignol, sur nos têtes, de ses chants d’amour nous baigne, Et la rose, ouvrant sa fleur aux zéphires, Frémit aux délices de nos soupirs.
Amor Op. 68 (1918) Clemens Brentano (1778-1842)
Amour
An dem Feuer sass das Kind Amor, Amor Und war blind; Mit dem kleinen Flügel fächelt In die Flammen er und lächelt, Fächle, lächle, schlaues Kind.
L’enfant était assis auprès du feu Amour, Amour Et était aveugle ; De ses petites ailes il évente Les flammes et il sourit, Évente, souris malicieux enfant.
Ach, der Flügel brennt dem Kind! Amor, Amor Läuft geschwind! „O wie ihn die Glut durchpeinet!“ Flügelschlagend laut er weinet; In der Hirtin Schoss entrinnt Hülfeschreiend das schlaue Kind.
Ah, l’aile de l’enfant brûle ! Amour, Amour Court rapidement! « Ô comme la braise me fait mal ! » Il pleure fort en battant des ailes ; Il disparaît dans le giron de la bergère En appelant à l’aide, le malicieux enfant.
Und die Hirtin hilft dem Kind, Amor, Amor Bös und blind. Hirtin, sieh, dein Herz entbrennet, Hast den Schelmen nicht gekennet. Sieh, die Flamme wächst geschwinde. Hüt dich vor dem schlauen Kind!
Et la bergère aide l’enfant, Amour, Amour Méchant et aveugle. Vois, bergère, ton cœur s’enflamme, N’as-tu pas reconnu le coquin. Vois, les flammes montent vite. Protège-toi du malicieux enfant !
Entracte RÉCITAL | JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
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Henri Duparc
(1848-1933)
L’Invitation au voyage (1870) Charles Baudelaire (1821-1867) Extrait des Fleurs du mal (1857) Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble, Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble. Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre, Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n’est qu’ordre... Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or; Le monde s’endort Dans une chaude lumière! Là, tout n’est qu’ordre...
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Chanson triste (1889) Jean Lahor (1840-1909) Dans ton cœur dort un clair de lune, Un doux clair de lune d’été, Et pour fuir la vie importune, Je me noierai dans ta clarté. J’oublierai les douleurs passées, Mon amour, quand tu berceras Mon triste cœur et mes pensées Dans le calme aimant de tes bras. Tu prendras ma tête malade, Oh ! Quelquefois, sur tes genoux, Et lui diras une ballade Qui semblera parler de nous ; Et dans tes yeux pleins de tristesse, Dans tes yeux alors je boirai Tant de baisers et de tendresses Que peut-être je guérirai. Phidylé (1882) Leconte de Lisle (1818-1894) L’herbe est molle au sommeil sous les frais peupliers, Aux pentes des sources moussues, Qui dans les prés en fleur germant par mille issues, Se perdent sous les noirs halliers. Repose, ô Phidylé ! Midi sur les feuillages Rayonne et t’invite au sommeil. Par le trèfle et le thym, seules, en plein soleil, Chantent les abeilles volages. Un chaud parfum circule au détour des sentiers, La rouge fleur des blés s’incline, Et les oiseaux, rasant de l’aile la colline, Cherchent l’ombre des églantiers. Les taillis sont muets ; le daim, par les clairières, Devant les meutes aux abois Ne bondit plus; Diane, assise au fond des bois, Polit ses flèches meurtrières. Dors en paix, belle enfant aux rires ingénus, Aux nymphes agrestes pareille ! De ta bouche au miel pur j’écarterai l’abeille, Je garantirai tes pieds nus.
Laisse sur ton épaule et ses formes divines, Comme un or fluide et léger, Sous mon souffle amoureux courir et voltiger L’épaisseur de tes tresses fines ! Sans troubler ton repos, sur ton front transparent, Libre des souples bandelettes, J’unirai l’hyacinthe aux pâles violettes, Et la rose au myrte odorant. Belle comme Érycine aux jardins de Sicile, Et plus chère à mon cœur jaloux, Repose ! Et j’emplirai du souffle le plus doux La flûte à mes lèvres docile. Je charmerai les bois, ô blanche Phidylé, De ta louange familière ; Et les nymphes, au seuil de leurs grottes de lierre, En pâliront, le cœur troublé. Mais, quand l’Astre, incliné sur sa courbe éclatante, Verra ses ardeurs s’apaiser, Que ton plus beau sourire et ton meilleur baiser Me récompensent de l’attente !
Claude Debussy
Le Manoir de Rosemonde (1879) Robert de Bonnières (1850-1905) De sa dent soudaine et vorace, Comme un chien l’amour m’a mordu... En suivant mon sang répandu, Va, tu pourras suivre ma trace... Prends un cheval de bonne race, Pars, et suis mon chemin ardu, Fondrière ou sentier perdu, Si la course ne te harasse! En passant par où j’ai passé, Tu verras que seul et blessé J’ai parcouru ce triste monde. Et qu’ainsi je m’en fus mourir Bien loin, bien loin, sans découvrir Le bleu manoir de Rosamonde.
(1862-1918)
Quatre Chansons de jeunesse (1883) Paul Verlaine (1844-1896) Pantomime Pierrot, qui n’a rien d’un Clitandre, Vide un flacon sans plus attendre, Et, pratique, entame un pâté. Cassandre, au fond de l’avenue, Verse une larme méconnue Sur son neveu déshérité. Ce faquin d’Arlequin combine L’enlèvement de Colombine Et pirouette quatre fois. Colombine rêve, surprise De sentir un cœur dans la brise Et d’entendre en son cœur des voix.
Clair de lune Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques, Jouant du luth et dansant, et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques ! Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune. Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur, Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver, les oiseaux dans les arbres, Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.
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CLAUDE DEBUSSY QUATRE CHANSONS DE JEUNESSE
Pierrot
Apparition
Le bon Pierrot, que la foule contemple, Ayant fini les noces d’Arlequin, Suit en songeant le boulevard du Temple. Une fillette au souple casaquin En vain l’agace de son œil coquin ; Et cependant mystérieuse et lisse Faisant de lui sa plus chère délice, La blanche lune aux cornes de taureau Jette un regard de son œil en coulisse À son ami Jean Gaspard Deburau.
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles. C’était le jour béni de ton premier baiser. Ma songerie aimant à me martyriser S’enivrait savamment du parfum de tristesse Que même sans regret et sans déboire laisse La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli. J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue Et dans le soir, tu m’es en riant apparue Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
Léo Delibes
(1836-1891)
Lakmé [Acte I, duo N°6] (1883) Edmond Gondinet (1828-1888) et Philippe Gille (1831-1901) d’après Rarahu ou le Mariage de Loti de Pierre Loti (1850-1923) D’où viens-tu? Que veux-tu?… C'est le Dieu de la jeunesse lakmé D’ou viens-tu ? Que veux-tu ? Pour punir ton audace On t’aurait tué devant moi ! Mais je rougis de mon effroi ! Et je ne veux pas qu’on sache Que le pied d’un barbare a souillé d’une tache La demeure sacrée où père se cache ! Oublie et pour jamais ce qui frappe tes yeux, Va-t’en ! Va-t’en ! Va-t’en ! je suis fille des Dieux ! gérard Oublier que je t’ai vue, Te redressant toute émue Sous un geste triomphant ! De colère frémissante,
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Inflexible, menaçante, Avec ce regard d’enfant ! Oublier que je t’ai vue te redressant toute émue Avec ce regard d’enfant ! lakmé Jamais le plus téméraire, Jamais un hindou mon frère, N’oserait parler ainsi ! Et ce Dieu qui me protège Punira ton sacrilège, Va-t’en, va t’en sors d’ici ! gérard Oublier que je t’ai vue ! Et cette grâce ingénue ! Et ce charme pénétrant !
LÉO DELIBES D'OÙ VIENS-TU ? QUE VEUX-TU ?
gérard Ah! tu veux que je t’oublie, Lorsque je sens que ma vie A tes lèvres se suspend, Oublier que je t’ai vue ! Et cette grâce ingénue ! Ah! tu veux que je t’oublie, Lorsque je sens que je sens que ma vie A tes lèvres se suspend ! lakmé D’où vient qu’à sauve. De surprise émue, Mon cœur est tremblant ! A sa vue, de surprise émue, Je sens en mon cœur L’ardeur D’une étrange fièvre ah ! va-t’en ! Tu ne savais pas, sans doute, Quel danger tu courrais! Maintenant suis ta route, Va ! C’est la mort dont rien ne pourrait te garder, va ! gérard Laisse-moi! laisse-moi te regarder ! lakmé C’est pour moi dont il sait la haine, Et c’est pour me voir un instant Qu’il brave la mort, qu’il l’attend ! Quelle force vers moi l’entraîne ? D’où te vient Cette audace surhumaine ? Quel est le Dieu qui te soutient ?
lakmé Il m’a semblé une flamme Avait passé sur mon âme, L’emplissant toute d’émoi ! Quels sont ces mots nouveaux pour moi ? ah ! C’est le Dieu de la jeunesse, C’est le Dieu du printemps, C’est le Dieu qui nous caresse De ses baisers ardents, Par qui s’ouvrent les calices Des roses chaque jour, C’est le Dieu de mes caprices ! C’est l’amour. C’est l’amour ! gérard Ah! reste, reste encor pensive et rougissante, Laisse passer sur ta douce pâleur Le charme enchanteur De ta pudeur naissante ! lakmé et gérard Ah! C’est le Dieu de la jeunesse, C’est le Dieu du printemps, C’est le Dieu qui nous caresse De ses baisers ardents, Par qui s’ouvrent les calices Des roses chaque jour, C’est le Dieu de mes (tes) caprices, c’est l’amour ! C’est le Dieu de la jeunesse, c’est l’amour !
gérard Quel Dieu ? quel Dieu ? Ah C’est le Dieu de la jeunesse, C’est le Dieu du printemps, C’est le Dieu qui nous caresse De ses baisers ardents, Par qui s’ouvrent les calices Des roses chaque jour, C’est le Dieu de tes caprices C’est l’amour !
RÉCITAL | JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
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BIOGRAPHIES Lynette Tapia
© GTG : MATILDE FASSÒ
Soprano
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GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA | RÉCITAL
L’américano-bolivienne Lynette Tapia obtient un Bachelor de musique au Cleveland Institute o f Mu s i c . E l l e re ç o i t d e n o m b re u x p r i x d’interprétation, notamment le premier prix au concours de chant de la Fondation George London et de la Fondation Licia Albanese-Puccini ou encore celui du concours MacAllister. Elle est lauréate du Metropolitan Opera National Council Auditions en 1996 et, après avoir remporté le premier prix du concours Operalia Plácido Domingo, elle fait ses débuts sur la scène européenne dans le rôle-titre de Lakmé à l’Opéra national de Bordeaux. Depuis, elle collabore avec de nombreuses scènes américaines telles les Los Angeles Opera, Washington National Opera, Carnegie Hall ou Lyric Opera de Chicago, mais aussi européennes, comme le Concertgebouw, le Nederlandse Opera d’Amsterdam, le Musikverein de Vienne, le Symphony Hall de Birmingham ou la Kölner Philharmonie. On a pu l’apprécier dans des rôles comme Adina (L’Elisir d’amore), Rosina (Il Barbiere di Siviglia), Marie (La Fille du régiment), Adele (Die Fledermaus), Blondchen (Die Entführung aus dem Serail) et Cunégonde (Candide). Parmi ses derniers engagements figurent : Berthe (Le Prophète) à l’Aalto-Musiktheater d’Essen, Violetta Valéry (La Traviata) à l’opéra de Constanta, Liù (Turandot), Violetta Valéry et Gilda (Rigoletto) avec l’Opera Classica Europa, Clorinda (La Cenerentola) au Festival de Salzbourg et la Reine de la nuit (Die Zauberflöte) au Los Angeles Opera. Elle travaille avec de nombreux chefs prestigieux, dont Robert Spano, Julius Rudel, Richard Bonynge, Walter Attanasi, John DeMain, Donald Runnicles et Andrew Litton. Elle enregistre deux albums avec Christopher Larkin, l’English Chamber Orchestra et John Osborn : La Coppia degli acuti et L’Amour consacré.
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
John Osborn Ténor
Au Grand Théâtre de Genève : Les Troyens (Iopas) 07-08,
© GTG : MATILDE FASSÒ
Né en Iowa, il est diplômé du Simpson College et du Metropolitan Opera Young Artists Development Program. En 1994, il reçoit le prix Richard F. Gold Career Grant et devient lauréat des National Council Auditions du Metropolitan Opera. En 1995, il obtient un Opera Index Award, puis en 1996 arrive premier au Concours International des Voix d’Opéra Plácido Domingo à Bordeaux. Il fait ses débuts au Des Moines Metro Opera et au Glimmerglass Opera. Il interprète aussi des rôles comme Arnold (Guillaume Tell) à Santa Cecilia, au Royal Albert Hall et au Nederlandse Opera, Rodrigo (La Donna del lago), Don Ottavio (Don Giovanni) à La Scala, Fenton (Falstaff) à l’opéra de Cologne, Roberto Devereux, Edgardo (Lucia di Lammermoor), Elvino (La Sonnambula), Don Narciso (Il Turco in Italia) ou encore Otello, sur des scènes comme le Staatsoper de Vienne, le Covent Garden de Londres, La Monnaie de Bruxelles ou l’Opéra national de Paris. En 2016, il interprète Otello au Theater an der Wien, Benvenuto Cellini au Teatro dell’opera, Elvino au Théâtre des Champs-Élysées, Fernand (La Favorite) à La Fenice, Léopold (La Juive) au Münchner Opernfestspiele, Pollione (Norma) au Festival d’Edimbourg, Arnold au Metropolitan Opera et Otello au San Carlo de Naples. En 2017, il incarne Conte di Libenskof (Il Viaggio a Reims) au Bolchoï, Pollione au Teatro Massimo de Palerme et Jean de Leyde (Le Prophète) à l’AaltoMusiktheater d’Essen. Parmi ses projets : Tonio (La Fille du régiment) à Séville, les rôles-titres de Fra Diavolo à Rome, Faust à Genève, Benvenuto Cellini à Paris et des Contes d’Hoffmann au Holland Festival d’Amsterdam.
Guillaume Tell (Arnold) 15-16.
RÉCITAL | JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
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BIOGRAPHIES
Beatrice Benzi Piano
© DR
Beatrice Benzi est diplômée du Conservatorio G. Verdi de Milan, où elle étudie auprès de Bruno Canino. Elle se perfectionne aussi auprès de Michele Campanella à l’Accademia Musicale Chigiana de Sienne. Elle donne des duos de piano avec son camarade d’études, Gianandrea Noseda. Elle participe à des tournées, notamment au Japon et en Australie, de l’orchestre philharmonique de La Scala dirigé par Riccardo Muti. Elle travaille comme assistante de Zubin Mehta au Palau de les Arts de Valence pour Il Trovatore, Otello et La Forza del destino, ainsi qu’avec l’orchestre philharmonique d’Israël, à l’auditorium Charles Bronfman de Tel Aviv, pour Otello, Falstaff et Un ballo in maschera. Dès 1991, elle est engagée à La Scala comme assistante de chefs, tels Riccardo Muti, Riccardo Chailly, Gianandrea Gavazzeni, Wolfgang Sawallisch, Jeffrey Tate, James Conlon, Daniel Harding, Zubin Mehta, Patrick Fournillier, Valery Gergiev et Donato Renzetti. Toujours à La Scala, elle joue au clavecin sur scène dans Così fan tutte et dans Il Viaggio a Reims. En 2010, elle donne des Masterclasses sur le répertoire italien pour les jeunes lauréats du concours Gerda Lissner à New York à la Liederkranz Foundation et, en 2014, à l’université d’Utah, organisées par Dolora Zajick, depuis trois ans, elle enseigne à l’opéra de Montepulciano. Lors d’enregistrements, elle collabore avec Zubin Mehta pour Rigoletto (avec Plácido Domingo) à Mantoue, Riccardo Chailly pour les Cantate de Rossini et Il Turco in Italia et du CD Pavarotti Greatest Hits. Elle accompagne aussi des chanteurs comme Cecilia Bartoli, Dolora Zajick, Leo Nucci, Samuel Ramey, Andrea Rost, Annick Massis, Plácido Domingo, Luciano Pavarotti et lors des récitals de Marcello Giordani, John Osborn, Gregory Kunde et Fabio Sartori.
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GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • JOHN OSBORN & LYNETTE TAPIA | RÉCITAL
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
PROCHAINEMENT OPÉRA
CONCERT JEUNE PUBLIC
Norma
Pierre et le Loup Le Bûcher d'hiver
Tragedia lirica en 2 actes de Vincenzo Bellini
Contes musicaux de Sergueï Prokofiev
Production Oper Stuttgart À l'Opéra des Nations 16, 21, 23, 26, 29 juin & 1er juillet 2017 à 19 h 30 18 juin 2017 à 15 h Direction musicale John Fiore Mise en scène Jossi Wieler & Sergio Morabito Reprise de la mise en scène Magdalena Fuchsberger Décors & costumes Anna Viebrock Avec Alexandra Deshorties, Rubens Pelizzari, Marco Spotti, Ruxandra Donose, Migran Agadzhanyan Chœur du Grand Théâtre de Genève Orchestre de la Suisse Romande Conférence de présentation par Sandro Cometta en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Au Théâtre de l'Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Jeudi 15 juin 2017 à 18 h 15
Nouvelle production À l’Opéra des Nations 25, 27, 28 juin 2017 à 19 h 30 Direction musicale Philippe Béran Mise en espace & récitant Joan Mompart Orchestre du Collège de Genève RÉCITAL
Patricia Petibon Soprano
À l’Opéra des Nations Samedi 17 juin 2017 à 19 h 30 Piano Susan Manoff Parlez-moi d'amour Barber, Britten, Bacri, De Falla, Rodrigo, Obradors, Villa Lobos, Bridge, Poulenc, Collet, Semos/Stanton, Mignone
Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Isabelle Jornod, Tania Rutigliani Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN MAI 2017
SERPENT BOHEME Sautoir Lapis-lazuli
BOUTIQUE BOUCHERON
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