GTG 2223 - La Juive

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Opéra de HalévyFromental

JuiveLa

Le Grand Théâtre de Genève mécènes la saison 2022-2023 leur engagement généreux

AVEC LE GÉNÉREUX SOUTIEN DE LE PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

CAROLINE ET FREYMOND

GÉNÉREUX DONATEUR PAR CARIGEST

ANGELA ET LUIS FREITAS DE OLIVEIRA ETDEMOLEFRANÇOISE

FONDATION ALFRED ET EUGÉ COROMANDEL FAMSA

HYPOSWISS PRIVATE BANK GENÈVE SA INSPIR' MAJOIE LE LOUS VRM

ADAM ET CHLOÉ SAID SCHOENLAUB DU DOMAINE DE SAUSSUREDE PICCIOTTO JAN MICHALSKI CIE LESCURE LUNDIN ET VERENA

PARTENAIRES D'ÉCHANGE

DEUTZ FLEURS

PARTENAIRE MÉDICAL OFFICIEL MÉDIA BLEU

CENTRE DE MÉDECINE DU SPORT ET DE L'EXERCICE LA COLLINE ORIENTAL

remercie ses
et partenaires de
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et passionné.
CINESIS MANOTELFLEURIOT
HIRSLANDEN CLINIQUE
MANDARIN
SUBVENTIONNÉ PAR
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LE PROGRAMME.CHRTS TV & ESPACE 2 LE TEMPSALINE FORIEL-DESTEZET
POUR
GRANDSMÉCÈNESMÉCÈNES
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MIRABAUD &
SA BRIGITTE
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FRANCE
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GUY
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1 Moshe Maimon, Seder secret en Espagne à l'époque de l'Inquisition (Les Marranes), 1893 Huile sur toile Hebrew Home for the Aged, New York

© DR

2 Ulrich von Richental, « L' exécution de Jean Hus », Chronik des Konzils von Konstanz, c. 1420 Encre et plume sur papier

© Bridgeman Images

3 Olivia Hussey dans le rôle de Rebecca Ivanhoe, téléfilm de Douglas Camfield, 1982 Plan fixe de vidéo

© DR

4 Abraham Sofaer dans le rôle de Shylock Le Marchand de Venise de William PhotographeShakespeareinconnu,c. 1930

© Bridgeman Images

5 « Napoléon le Grand rétablit le culte des Israélites » Gravure et couleur 1806

6 Assiette pour le Seder de Pessah Iris Tutnauer, 1996 Argent, cuivre argenté, verre, gravure

© Bridgeman Images

7 Anne Frank ©Photographe(1929-1945)inconnuBridgemanImages

8 Fromental Halévy (1799-1862) Photoglyptie d' Étienne Carjat (c. 1860)

9 Taring Padi (collectif), People's Justice, 2022 (détails) Bannière accrochée par les commissaires indonésiens invités Ruangrupa au documenta 15 de Cassel (Allemagne), puis retirée pour cause de représentations antisémites.

© DR

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9 Moodboard

Direction générale Aviel Cahn

Distribution 11 Introduction FR 13

Introduction EN 15

Argument 19 Synopsis 20

Structure de l'œuvre 22

Quelques dates autour de Fromental Halévy et du judaïsme au XIXe siècle en France 25

Entretien avec Marc Minkowski 26

Entretien avec David Alden 30

LibrettoParler des juifs à l'opéra : est-ce politiquement correct ? 35 La Juive de Scribe et Halévy (1835) : un opéra juif ? 40

Biographies et équipes

Sommaire46

7

Une nouvelle programmation à l’image de notre temps

L’Union Bancaire Privée (UBP) a toujours eu à cœur de contribuer à l’essor de la scène culturelle locale, avec l’objectif de faire rayonner la Cité au-delà des frontières. Nous partageons cette ambition avec le Grand Théâtre de Genève (GTG) et sommes particulièrement fiers du succès rencontré à l’international par des opéras tels que Guerre et Paix ou Einstein on the Beach, auxquels nous avons apporté notre soutien ces dernières années.

Nous sommes aussi très attachés à l’indépendance d’esprit qui anime le GTG, à son désir de s’engager hors des sentiers battus. Ce sont ces convictions qui lui ont permis, année après année, de se différencier, tout en alliant tradition et modernité.

Sous la direction d’Aviel Cahn depuis 2019, le Grand Théâtre ne cesse de se distinguer. Grâce à l’originalité de sa programmation et des mises en scène, en choisissant des ouvrages revisités ou des créations très contemporaines, il a réussi à susciter l’intérêt de la jeunesse pour élargir son audience. Innover et être à l’écoute des nouvelles générations font également partie des valeurs de l’UBP.

Pour cette saison 2022/2023, intitulée « Mondes en migration », le GTG nous offre un répertoire toujours varié — placé sous le signe du dialogue et des rencontres entre différents univers artistiques et formes d’expression —, et nous sommes heureux d’être à nouveau le partenaire privilégié du spectacle d’ouverture avec l’opéra La Juive.

Conçu par le compositeur Jacques Fromental Halévy, ce monument lyrique, qui n’avait plus été joué sur la scène de Neuve depuis 1927, nous plonge dans une intrigue complexe mettant en lumière des sujets aussi sérieux et intemporels que l’intolérance et les conflits religieux.

Dans un monde en profonde transformation, où les sociétés sont à la recherche de sens, le GTG nous invite, avec cette magnifique saison à venir, à marquer une pause… le temps d’une représentation.

Nous vous souhaitons de belles découvertes et des instants privilégiés !

La Juive

Grand opéra de Fromental Halévy Livret d'Eugène Scribe

Créé à l'Académie royale de musique (Salle Pelletier) de Paris, le 23 février 1835

Dernière fois au Grand Théâtre de Genève en 1926-1927 Coproduction avec le Teatro Real de Madrid

15, 17, 20, 23 et 28 septembre 2022 à 19h30 25 septembre 2022 à 15h

Le spectacle durera environ trois heures trente avec un entracte de trente minutes. Avec le soutien de

Partenaire de l'ouverture de saison MADAME ALINE FORIEL-DESTEZET

9

Direction musicale Marc Minkowski

Mise en scène David Alden

Scénographie Gideon Davey

Costumes Jon Morrell

Lumières D.M. Wood

Mouvement Maxine Braham

Direction des chœurs Alan Woodbridge

Rachel Ruzan Mantashyan ●

Le Juif Eléazar John Osborn ● Léopold Ioan Hotea ●

La Princesse Eudoxie Elena Tsallagova ●

Le Cardinal de Brogni Dmitry Ulyanov

Ruggiero / Albert Leon Košavić

Un homme du peuple I Sebastià Peris ●

Un homme du peuple II Igor Gnidii ●

Chœur du Grand Théâtre de OrchestreGenèvede la Suisse Romande

11 ● Prise de rôle
Distribution
UNE PRESTATION DU PROGRAMME AVANTAGE SERVICE Best of est une marque du Groupe Banque Cantonale de Genève. La présente annonce est exclusivement publiée à des fins d'information et ne constitue en aucun cas une offre ou une recommandation en vue de l’achat de produits ou la fourniture de services financiers. Elle ne peut être considérée comme le fondement d’une décision d’investissement, qui doit reposer sur un conseil spécifique et personnalisé. Les transactions portant sur les fonds de placement sont soumises à des lois et des dispositions fiscales dans différents ordres juridiques. L’investisseur est personnellement responsable de se renseigner sur ces dernières et de les respecter. GENÈVE ZURICH LAUSANNE BÂLE LYON ANNECY PARIS DUBAÏ HONG KONG bcge.ch/fr/best-of Architectureouverte Sélection des meilleuresmondialesactions SwitzerlandinMade La performance est produite par l´économie réelle et ses entreprises. 300721/EUBESTOF/CHF/F/

Intro | 0

Poursuivant notre exploration du grand opéra à la française commencée avec Les Huguenots en 2020, nous proposons un autre monument de ce genre à la fois fascinant et discutable, en plein regain de popularité dans le monde lyrique : La Juive, composé en 1835 par Fromental Halévy sur un livret de l'inépuisable Eugène Scribe. Aujourd'hui quelque peu oublié, ce compositeur parisien était le fils d'un émigré allemand, lui-même chantre de synagogue, poète hébraïsant, talmudiste et secrétaire de la première communauté israélite de Paris après l'Ancien Régime. Halévy fut pourtant l'un des très grands noms de la musique romantique française. Il enseigna la composition à celui qui devint plus tard son gendre, Georges Bizet. Mais sa réputation de compositeur de son vivant, et par conséquent sa postérité, ont souffert d'un biais antisémite certain : George Sand avait déclaré détester sa « musique crochue ».

Comme tous les grands opéras à la française, le sujet est historiciste. L'intrigue fictive de La Juive a pour fond le concile de Constance en 1414, qui tenta de réaffirmer la suprématie romaine de la papauté et qui venait juste de brûler le réformateur bohémien Jean Hus pour hérésie. Modelé sur le Ivanhoé de Walter Scott, La Juive est une description grave et tragique de la vie juive en Europe menacée par le fanatisme catholique et forcée à migrer constamment. Fuyant tumultes politiques et persécutions religieuses, l'orfèvre Éléazar est venu de Rome pour se réfugier à Constance avec sa fille, la belle Rachel. Ils hébergent sous leur toit un jeune homme qui se présente comme Samuel, mais la vérité sur sa véritable identité et le prix de l'amour ne se feront que trop tôt connaître aux protagonistes.

Intro | 1

La Juive fut non seulement le premier grand succès d'Halévy, mais sans doute aussi le plus grand des grands opéras, avec des effectifs spectaculaires et une scène finale d'exécution passée à la légende lyrique. L'œuvre fut d'ailleurs choisie pour la première représentation publique du Palais Garnier en 1875. Parmi ses nombreux admirateurs, on est surpris de trouver Richard Wagner, qui écrivit une critique enthousiaste des opéras d'Halévy pour la presse allemande en 1841 et qui ne manifesta jamais à son égard l'animosité antijuive de ses écrits sur Meyerbeer ou Mendelssohn. Il était visiblement charmé par l'inventivité musicale d'Halévy et par son emploi innovant d'effets sonores programmatiques qu'il n'hésita pas à copier dans ses propres compositions. Mais sous ses atours scéniques somptueux, visiblement destinés à la plus grande gloire du divertissement de la bourgeoisie parisienne, La Juive propose des thèmes très sérieux : l'intolérance religieuse, l'impérialisme, le

L'Étasunienfanatisme.David

Alden, qui a brillé à l'Opéra d'État de Bavière lors de l'intendance de Peter Jonas et au English National Opera, est fasciné par la structure somptueuse et divertissante du grand opéra à la française. Son sens de l'ironie et de la comédie noire lui servira pour traiter l'intrigue dure et dérangeante de La Juive, comme il l'a fait récemment dans sa production des Huguenots au Deutsche Oper de Berlin. S'agit-il d'une tentative éclairée, à une époque de libéralisme politique français, de faire face à l'antisémitisme atavique européen, ou d'une continuation des thèmes très ambigus et douteux du Marchand de Venise ou de Nathan le sage ? À ses côtés, Marc Minkovski reprend sa baguette de défenseur du grand opéra à la française.

13 Introduction FR

Intro | 0

Continuing our exploration of French grand opera, which began with Les Huguenots in 2020, we present another masterpiece of this fascinating and questionable genre, currently enjoying quite the comeback in the opera world: La Juive, composed in 1835 by Fromental Halévy to a libretto by the indefatigable Eugène Scribe. Although somewhat forgotten today, this Parisian composer was the son of a German émigré, himself a liturgical cantor, gifted Hebrew poet and Talmudist and secretary to the first Jewish congregation in Paris since the Ancien Régime. Halévy was nevertheless one of the great names in French Romantic music and taught composition to the young man who later became his sonin-law, Georges Bizet. But his reputation as a composer during his lifetime, and consequently his posterity, suffered from a definite anti-Semitic bias: the novelist George Sand declared that she hated his 'crooked music'.

Like in all French grand operas, the subject matter is historicist. The fictional plot of La Juive is set against the backdrop of the Council of Constance in 1414, which attempted to reassert the Roman supremacy of the Papacy and had just burned the Bohemian reformer John Hus at the stake for heresy. Modelled on Walter Scott's Ivanhoe, La Juive is a serious and tragic depiction of Jewish life in Europe threatened by Catholic fanaticism and constantly forced to migrate. Fleeing political turmoil and religious persecution, the goldsmith Éléazar has come from Rome to take refuge in Constance with his daughter, the beautiful Rachel. They take in a young man who introduces himself as Samuel, but the truth about his identity and the price of love will only too soon become clear to the protagonists.

Intro |

La Juive was not only Halévy's first great success, but also arguably the grandest of all grand operas, with its colossal spectacle and final execution scene the stuff of operatic legend. The piece was chosen for the inaugural public performance in 1875 of the Paris Opera, in the Palais Garnier. Among its many admirers, one is surprised to find Richard Wagner, who wrote an enthusiastic review of Halévy's operas for the German musical press in 1841 and who never displayed towards Halévy the anti-Semitic animus of his writings on Meyerbeer and Mendelssohn. Wagner was visibly entranced by Halévy's musical inventiveness and his novel use of programmatic music, something Wagner enthusiastically copied in his own works. But beneath its sumptuous stage finery, obviously intended for the greater glory of the mindless entertainment of the Parisian bourgeoisie, La Juive deals with very serious themes: religious intolerance, imperialism, fanaticism.

American director David Alden, a star in the opera world since the days of Peter Jonas at the Bavarian State Opera and the English National Opera, is fascinated by the sumptuous and entertaining structure of French grand opera. His sense of irony and black comedy will serve him well in dealing with the harsh and disturbing plot of La Juive, as it did recently in his production of Les Huguenots at the Deutsche Oper Berlin. Is this an enlightened attempt, in an age of French political liberalism, to confront an ingrained European antisemitism, or a continuation of the dubious themes of The Merchant of Venice or Nathan the Wise? At David Alden's side, Marc Minkowski seizes his baton as the maestro par excellence of French grand opera.

15 Introduction EN
1
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LONG TERME

Partenaire du Grand Théâtre de Genève depuis de nombreuses années, l’UBP est heureuse de soutenir le lancement de la nouvelle saison avec l’opéra La Juive.

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Il n’y a pas de métier au théâtre sans vocation, dit-on. Ce nouveau podcast sonde le cœur de personnalités liées à la Comédie de Genève. A chaque épisode, un grand ou une àconduit·el’événementprofessionnel·legrandedévoilequil’aàvouersavielascène. Une série de 5 épisodes menée par Alexandre Demidoff, journaliste au « Temps » A écouter podcast-comedieletemps.ch/sur © Mirjana Farkas pour Le Temps EN PARTENARIAT AVEC AVEC LE SOUTIEN DE Le podcast du «Temps» qui dul’amoursondethéâtre

Rachel, une jeune femme juive, vit avec son père, l'orfèvre Éléazar, dans la ville de Constance. Les forces de l'empereur Sigismond ont vaincu les hussites, dans des batailles où le prince Léopold s'est distingué. Le concile de Constance, présidé par le cardinal Brogni, tente de résoudre les complications religieuses et politiques dans lesquelles la papauté est embourbée et d'en découdre une fois pour toutes avec l'hérésie et la dissension.

Acte I

La foule veut lyncher Éléazar pour avoir travaillé pendant un jour de fête. Il est sauvé par l'arrivée de Brogni, qu'Éléazar reconnaît comme son vieil ennemi.

Le prince Léopold se fait passer pour un jeune artiste juif nommé Samuel. Rachel est amoureuse de Samuel et ne sait rien de sa véritable identité. Selon la loi, si une juive et un chrétien ont des relations sexuelles, le chrétien est excommunié et la juive est mise à mort. De plus, Léopold est déjà marié à la princesse Eudoxie. La foule revient pour attaquer Éléazar, mais « Samuel » donne secrètement des instructions à la police pour calmer la situation. L'acte se termine par une grande procession et le chant du Te Deum.

Acte II

Rachel a invité « Samuel » pour la célébration de la Pâque. Rachel s'inquiète lorsqu'elle remarque qu'il refuse de manger le morceau de pain azyme qu'elle lui a donné. La princesse Eudoxie interrompt leur fête pour commander à Éléazar un cadeau pour son mari. Quand Eudoxie part, Léopold, rongé par la culpabilité, révèle à Rachel qu'il est

chrétien, mais sans lui dire son vrai nom. Rachel est horrifiée et lui rappelle les terribles conséquences d'une telle relation. Léopold promet d'emmener Rachel avec lui. Elle tente de résister, de peur d'abandonner son père, mais alors qu'elle est sur le point de céder à ses avances, ils sont confrontés à Éléazar, à qui Léopold révèle sa religion. Éléazar le maudit et Léopold s'enfuit.

Après le départ d'Eudoxie, Léopold promet à Rachel de l'emmener avec lui. Elle tente de résister, de peur d'abandonner son père, mais alors qu'elle est sur le point de céder à ses avances, ils sont confrontés à Éléazar, à qui Léopold révèle sa véritable identité. Éléazar le maudit et Léopold prend la fuite.

Acte III

Rachel a suivi « Samuel » jusqu'au palais. Désespérée de découvrir sa véritable identité, elle propose ses services en tant que femme de chambre à la princesse Eudoxie. Éléazar arrive au palais pour livrer le bijou en pleine célébration de la victoire de Léopold. Rachel et son père reconnaissent le prince Léopold comme étant « Samuel ». Rachel déclare devant l'assemblée que Léopold l'a séduite. Brogni les maudit tous trois et ils sont condamnés par toute la compagnie.

Acte EudoxieIVdemande

à voir Rachel en prison et la supplie de retirer ses accusations. Le cardinal Brogni éprouve une sympathie inattendue pour Rachel et se dit prêt à commuer la peine de Léopold et à épargner Rachel et Éléazar s'ils se convertissent. Éléazar répond

Argument19

d'abord qu'il préférerait mourir. Il commence ensuite à se venger de Brogni. Il rappelle au cardinal le saccage de sa maison près de Rome plusieurs années auparavant et lui dit que sa fille en bas âge n'est pas morte dans l'incendie. Elle a été sauvée par un juif dont seul Éléazar connait l'identité. S'il meurt, son secret mourra avec lui. Brogni le supplie de lui dire où se trouve sa fille, mais en vain. Éléazar sera vengé dans la mort mais réalise avec horreur qu'il sera responsable de la mort de Rachel et renonce à se venger. Cependant, lorsqu'il entend une foule réclamer le sang des juifs, il décide qu'il est appelé à témoigner du Dieu d'Israël avec sa fille dans la mort.

Acte V

Éléazar et Rachel sont amenés sur le lieu du supplice. Rachel est terrifiée. Éléazar lui explique qu'elle peut être sauvée si elle se convertit au christianisme. Elle refuse et monte sur l'échafaud avant lui. Le cardinal interroge à nouveau Éléazar au sujet de sa fille disparue. Éléazar dit qu'elle est toujours en vie et lorsque Brogni demande où on peut la trouver, Éléazar désigne Rachel mourante avant d'aller à sa propre mort. La foule s'écrie : « C'en est fait ! Des juifs nous sommes vengés ! »

Rachel, a young Jewish woman, is living with her father, Éléazar the goldsmith, in the city of Constance. The forces of the Holy Roman Emperor Sigismund have defeated the Hussites, in battles where Prince Léopold has distinguished himself. The Council of Constance, presided by Cardinal Brogni, is convening to resolve the turmoil in which the papacy is mired and to deal once and for all with heresy and dissent.

Act I

The crowd condemns Éléazar for working on a holy day. He is saved from a lynching by the arrival of Brogni, whom Éléazar recognizes as his old enemy.

Prince Léopold poses as a young Jewish artist named Samuel. Rachel is in love with Samuel and knows nothing of his true identity. According to law, if a Jew and a Christian have sexual relations, the Christian is excommunicated and the Jew is killed. Moreover Léopold is ialready married to the Princess Eudoxie. The crowd returns to attack Éléazar, but 'Samuel' secretly instructs the police to calm things down. The act closes with a grand procession and the singing of the Te Deum.

Act RachelIIhas

invited 'Samuel' for the Passover celebration. Rachel becomes anxious when she notices that 'Samuel' refuses to eat the piece of unleavened bread that she has given him. Princess Eudoxie interrupts their celebration to order from Éléazar a present for her husband. When Eudoxie leaves, the guilt-ridden Léopold reveals to Rachel that he is a Christian, without

20

telling her his true identity. Rachel is horrified and reminds him of the terrible consequences of such a relationship. Léopold promises to take Rachel away with him. She tries to resist, worrying about abandoning her father, but as she is about to give in to his advances, they are confronted by Éléazar, to whom Léopold reveals his religion. Éléazar curses him as he runs away.

Act RachelIIIhas

followed 'Samuel' to the palace. Desperate to discover his true identity, she offers her services as a lady's maid to Princess Eudoxie. Éléazar arrives at the palace to deliver the jewel as a victory celebration for Léopold is taking place. He and Rachel recognise Prince Léopold as 'Samuel'. Rachel declares before the assembly that Léopold seduced her. Brogni curses the three and they are condemned by all present.

Act PrincessIVEudoxie

asks to see Rachel in prison and begs her to withdraw her allegations. Cardinal Brogni feels an unexpected sympathy for Rachel and is willing to commute Léopold's sentence and to spare Rachel and Éléazar if they convert. Éléazar at first answers that he would rather die. He then begins to exact his revenge on Brogni. He reminds the Cardinal of the sacking of his house near Rome many years before and tells him that his infant daughter did not die in the fire. She was saved by a Jew and that only he knows who he is. If he dies, his secret will die with him. Brogni begs him to tell him where his daughter is, but in vain.

Éléazar will be avenged in death but realizes with horror that he will be responsible for the death of

Rachel. Éléazar renounces his revenge. However, when he hears a mob crying for the blood of the Jews, he decides that he is called to bear witness in death with his daughter to the God of Israel.

Act ÉléazarVand

Rachel are brought to the place of execution. Rachel is terrified. Éléazar explains that she can be saved if she converts to Christianity. She refuses and climbs the scaffold before him. Cardinal Brogni asks Éléazar again about his long-lost daughter. Éléazar says she is still alive and when Brogni asks where she can be found, Éléazar points to the dying Rachel before going to his own death. The mob cries out “It is done and we are avenged on the Jews!”

Synopsis21

Ouverture

Premier acte

Scène I

« TeIntroductionDeumlaudamus »

(Chœur, Rachel, Albert, Léopold)

Scène II

« Dans ce jour solennel » (Ruggiero, Le Crieur, Chœur)

Scène III

« Ah ! mon père ! » (Rachel, Ruggiero, Éléazar, Chœur)

Scène IV

« Ô ciel ! Le président suprême du concile »

(Ruggiero, Chœur, Brogni, Éléazar)

Scène V

« Ah ! qu'ai-je vu ! » (Léopold, Rachel, Albert, Éléazar, Chœur)

Deuxième acte

Scène I

Prière « Ô Dieu, Dieu de nos pères » (Éléazar, Rachel, Chœur)

Cavatine « Dieu, que de ma voix tremblante » (Éléazar, Rachel, Léopold, Chœur)

Scène II

« Entrez ! Une femme ! » (Éléazar, Léopold, Eudoxie)

Trio « Tu possèdes, dit-on » (Eudoxie, Éléazar, Léopold)

Scène III

« Mon père n'est plus là » (Rachel, Léopold)

Scène IV

« Quel trouble à mon aspect ! » (Éléazar, Rachel, Léopold)

Scène V

« C'est lui ! » (Rachel, Léopold)

— Entracte —

Duo « Lorsqu'à toi je me suis donnée » (Rachel, Léopold)

Scène VI « Où courez-vous ? » (Éléazar, Rachel)

Trio « Je vois son front coupable » (Éléazar, Rachel, Léopold)

Troisième acte

Scène I

Air « Assez longtemps la crainte » (Eudoxie)

Scène II Duo « Avancez ! » (Eudoxie, Rachel)

Scène III « Ô jour mémorable, ô jour de splendeur ! » (Chœur)

Finale « Sonnez clairons » (Chœur, Eudoxie, Léopold)

Scène IV « À vos ordres soumis » (Éléazar, Rachel, Eudoxie, Ruggiero, Brogni, Chœur) Sextuor avec chœur « Je frissonne et succombe » (Léopold, Eudoxie, Rachel, Éléazar, Ruggiero, Brogni, Chœur)

Malédiction « Eh bien ! nobles seigneurs » (Éléazar, Brogni, Eudoxie, Rachel, Léopold, Ruggiero, Chœur)

« Ah !Ensemblemalheur extrême » (Tutti)

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Quatrième acte

Scène I

Scène et Duo « Du cardinal, voici l'ordre suprême » (Eudoxie, Rachel)

Scène II

« Pourquoi m'arrachez-vous » (Rachel, Eudoxie)

Duettino « Le cardinal, Madame, en ce lieu doit se rendre » (Un officier, Eudoxie, Rachel)

Scène III

« Devant le tribunal vous allez comparaître » (Brogni, Rachel)

Duo « Mourir, mourir si jeune ! » (Brogni, Éléazar)

Scène IV

« Ta fille en ce moment » (Brogni, Éléazar)

Scène V

Air « Va prononcer ma mort » (Éléazar, Chœur)

Cinquième acte

Scène I

« Quel plaisir ! » (Chœur)

Scène II

Marche funèbre

Scène III

Finale « Le concile prononce un arrêt rigoureux ! » (Ruggiero, Éléazar, Rachel, Chœur)

Scène IV « Au Dieupécheur,soyezpropice » (Brogni, Chœur, Rachel, Éléazar, Un bourreau, Chœur)

Structure de l'œuvre
23

La grandsavecculturedesC

RTS Culture soutient le Grand Théâtre de Genève

tv radio digital

Naissance1760

d'Élie Halfon-Halévy à Fürth en Bavière. Il émigre très jeune en France où il devient chantre de la synagogue de Paris, se distingue par sa poésie hébraïque (dont une ode pour le Traité d'Amiens en 1802), comme talmudiste et comme essayiste. Il sera secrétaire du Consistoire central israélite et le père de Fromental et Léon Halévy.

Naissance1799 à Paris le 27 mai (diteded'usageÉlieJacques-François-Fromental-deHalévy.Sonprénomestlenomdelaplantesonjourdenaissanceaussi avoine élevée) du 7 Prairial, dans le calendrier Prix1819révolutionnaire.deRomepour sa cantate

Herminie. Un an après, il compose sa Marche funèbre et De Profundis en hébreu pour triple chœur, ténor et orchestre à la mémoire du duc de Berry récemment assassiné. L'œuvre fervente et grandiose lui amène la Création1835notoriété.de son premier grand succès lyrique, La Juive, à l'Opéra, salle Pelletier. L'œuvre restera pendant un siècle l'une des pierres angulaires du grand opéra à la française. La même année, il signe une œuvre comique, L'Éclair, aussi un grand succès.

Sa1849cantate

Prométhée enchaîné est créée au Conservatoire de Paris ; on la considère généralement comme la première composition occidentale classique à utiliser les quarts de Nommé1854ton. secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts.

Il enseigne la composition à de futurs grands musiciens comme Charles Gounod, Victor Massé, Charles Lecocq et Georges Bizet, qui épousera sa fille Geneviève en 1869.

Halévy1862 meurt à Nice en 1862, à l'âge de 62 ans, laissant son dernier opéra Noé inachevé. Il fut achevé par Georges Bizet, mais ne fut représenté que dix ans après la mort de ce dernier.

Le19349avril, représentationdernièrede La Juive à Paris avant sa reprise à l'Opéra en 2007.

Édit1789de

tolérance de Louis XVI qui accorde l'état civil aux non catholiques. Il y a environ 40'000 juifs en France.

Le179131novembre, par décret de l'Assemblée nationale, la citoyenneté à part entière est accordée aux juifs de France.

Fondation1808 par Napoléon Ier du Consistoire central israélite de Sous1831France.Louis-Philippe, l'égalité constitutionnelle des ministres du culte israélite est établie.

Construction1867 de la grande synagogue de la rue de la Victoire à Paris. Réussite sociale, commerciale, politique et artistique pour de nombreux Français juifs.

Alfred1894Dreyfus, officier d'étatmajor juif, est faussement accusé de haute trahison, condamné à une dégradation humiliante et à la déportation perpétuelle en Guyane. Le nouvel antisémitisme de « l'affaire Dreyfus » divise la France.

Quelques dates autour de Fromental Halévy et du judaïsme au XIXe France
25
siècle en

Aux sources de La Juive

Marc Minkowski partage ses pensées autour de sa première direction musicale du chef-d'œuvre de Fromental Halévy et monument du grand opéra à la française.

Propos recueillis par Christopher Park

En 2020, nous avions conversé autour des Huguenots, vous disiez que le grand opéra à la française ne méritait pas le discrédit dans lequel il était tombé. Mais quand on lit combien les contemporains d'Halévy ont été durs avec lui (Henri Heine le trouvait « absolument sans génie »), cela semble une gageure de défendre celui-ci…

Mais La Juive est resté au répertoire et a connu la faveur du public beaucoup plus longtemps que Robert le Diable ou Les Huguenots ! Et l'œuvre a reçu la bénédiction de Wagner, ce qui est quand même assez important, et Mahler aussi l'appréciait beaucoup.

Wagner, effectivement, n'a pas tari d'éloges au sujet d'Halévy en disant qu'il avait écrit « de la musique telle qu'elle jaillit des plus intimes et des plus puissantes profondeurs de l'âme humaine ». Mais l'étiquette de musique commerciale et bourgeoise qu'on lui colle est tenace…

Halévy, tout comme Meyerbeer, fait partie des compositeurs qui travaillent avec des formules

mais qui s'inscrivent dans une tradition qui vient de la déclamation de Gluck, mêlée à beaucoup d'autres influences, comme Cherubini ou Mozart. Pour ma part, je trouve que tous les jugements au sujet d'Halévy n'ont que peu d'intérêt. Comme Meyerbeer et Gluck, il a un vrai sens du théâtre, des situations et de la mise en caractère musicale des personnages. Il y a d'ailleurs beaucoup de moments particulièrement touchants dans cette partition très émouvante. J'avoue me trouver en ce moment dans le processus d'aborder l'œuvre en tant que grand fan de Meyerbeer, qui avait d'ailleurs été sollicité pour composer cet opéra… Ce qui me séduit d'emblée, c'est une certaine immédiateté des situations, des dialogues. Et certains airs ont des touches mélodiques absolument inoubliables qui restent dans le cœur de tout le monde, ainsi que des aspects d'orchestration fantastiques : les deux cors anglais qui accompagnent le grand air d'Éléazar à l'acte IV, par exemple. Les touches de musique hébraïque, quasiment klezmer, qu'on retrouve çà et là dans l'opéra et qu'on pourrait aussi retrouver chez Offenbach dans un genre plus léger, ont sans doute dû agacer beaucoup de gens à l'époque…

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George Sand déclarait détester cette « musique crochue », mais on se demande ce qu'elle pouvait bien connaître de la musique klezmer !

Elle aurait peut-être préféré que ce soit Chopin qui compose La Juive... (rires)

L'œuvre n'est pas la première composition d'Halévy pour la scène mais elle sera son premier succès. Cela ne fait pas de doute qu'il est un compositeur doué mais d'où tient-il son sens du théâtre ?

C'est un don qu'on ne peut pas forcément expliquer mais il y a chez Halévy une grande connaissance de l'école de l'opéra français, fondée par un autre immigré allemand fameux,

Christoph Willibald von Gluck, qui a révolutionné la scène lyrique française.

Parlant d'immigrés fameux, il y a aussi Rossini, qui vient en France à cette époque, voyez-vous des parallèles entre son art et celui d'Halévy ?

Par moments, mais je ne sais pas lequel est le plus influencé par l'autre…

Il y a une autre présence créative qui s'est ajoutée au duo Scribe-Halévy dans la genèse de La Juive et spécifiquement du rôle d'Éléazar. Halévy avait imaginé le personnage comme baryton-basse, comme tous les pères dans l'opéra français, et puis le célèbre ténor Adolphe Nourrit s'est emparé de ce personnage, plutôt

Marc Minkowski © Marco Borggreve, Naïve Entretien avec Marc Minkowski
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antipathique et en opposition avec ses rôles habituels de jeune premier. Cela donne un opéra avec une configuration assez inhabituelle : deux ténors (et deux sopranos) qui se tiennent tête…

Je pense que Nourrit devait être doué d'une grande sensibilité et d'une sacrée intelligence pour viser cette sorte de contre-emploi mais qui finalement devient une évidence. Je pense aussi que Nourrit devait avoir une fascination pour la culture hébraïque, représentée par le personnage, pour aller dans cette direction. Sans doute pouvait-il avec ce rôle faire preuve d'un certain grade culturel ou d'une démonstration de son talent dramatique.

On a dit d'Halévy qu'il était « plus juif sur le plan affectif que sur le plan rationnel ». Quelle part donner à l'identité culturelle juive d'Halévy dans son œuvre ?

J'habite à Paris devant l'ancienne maison de ville des Halévy dans la Nouvelle-Athènes, une demeure splendide qui caractérise bien l'urbanité et l'intégration culturelle parfaite de l'homme et de sa famille dans le tissu culturel de son époque. Pour ce qui est de définir des « blasons » d'identité juive dans la musique d'Halévy, à part ce que je viens de mentionner auparavant, je ne m'en rends pas vraiment compte. À part peut-être le trio de la fin du deuxième acte de La Juive qui est d'une rage absolument incroyable, qui me fait penser à une fête klezmer particulièrement animée...

Question inévitable pour tout grand opéra : la longueur…

Nous nous conformons à la durée standard des représentations de La Juive de nos jours. Nous avons trois heures de musique. On sait qu'il y en a plus. Mais je pense que nous présentons les

numéros essentiels de la partition, souvent dans leur intégralité. C'est cela qui compte pour moi et en tout cas, c'est plus court que Les Huguenots et moins court que ce que nous présenterons la saison prochaine mais dont le titre est encore sous embargo… (rires)

Vous avez dirigé ces dernières années les œuvres du jeune Wagner, Die Feen et Der fliegende Holländer (que vous avez enregistré). Revenons, pour conclure, à cette surprenante indulgence de Wagner pour Halévy, alors qu'il conspuait Meyerbeer et Mendelssohn. Wagner et Halévy : avons-nous affaire à un même type d'artiste ?

Halévy est plus un maître dans le sens institutionnel, le tenant d'une tradition qu'il dirigera vers une esthétique très spéciale qui va toucher tout le XIXe siècle français et international. Et pour l'autre, on a affaire à un mutant, un alien qui va devenir ce que nous connaissons, dont on dit qu'il tourna le dos à ses œuvres de jeunesse, mais qu'on reconnaît toujours malgré le refus du canon de Bayreuth d'accepter les œuvres « d'apprentissage ». Mais tous ces compositeurs du début du romantisme, Beethoven, Lortzing et Marschner, ont ouvert les portes à cette superposition des styles germaniques et français sur tant de points, et Wagner et Halévy buvaient certainement aux mêmes sources. Pour ma part, je serai toujours impressionné par la fascination qu'a exercé La Juive malgré la nature terrible de son intrigue. J'ai toujours vu cet ouvrage d'un peu loin et maintenant au moment de ma maturité, je m'y attaque, moi qui suis le fils d'une catholique et d'un juif, et par moments je frémis d'horreur et de stupeur devant le sujet de cette partition et de la popularité qu'elle a pu inspirer. En même temps je trouve ça fantastique, même si à certains égards, c'est comme du Lars von Trier !!!

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Entretien
29 Rosainconnu,PhotographeLuxemburg(1871-1919)c.1890©BridgemanImages
avec Marc Minkowski

« Scandaleusement pertinente »

David Alden, metteur en scène, parle de son rapport avec le grand opéra à la française et des complexités et contradictions de l'artefact lyrique excitant et dangereux qu'est La Juive.

Propos recueillis par Christopher Park

David Alden, vous êtes un enfant de la balle : votre père écrivait pour le théâtre sur Broadway et votre mère a dansé dans la création d'Annie Get Your Gun. Il n'y a pas de business comme le show business, dit la chanson... mais quelle est votre affinité avec le grand opéra à la française ?

En anglais on dit plutôt « born in a trunk », né dans une malle, celle où les troupes itinérantes gardent leurs effets. Ma mère a dansé enceinte de mon frère et moi jusqu'au huitième mois de sa grossesse dans la production que vous venez de mentionner. Et huit fois par semaine, Ethel Merman y claironnait « There's no business like show business » : nous n'avions aucune chance d'y échapper ! (NDLR : Christopher Alden est aussi metteur en scène d'opéra). Marqués par le destin ! D'Ethel Merman au grand opéra à la française, il n'y a qu'un pas : le théâtre. Le grand opéra est en fait beaucoup plus proche du musical et du théâtre commercial à grande échelle que la plupart des œuvres du répertoire lyrique. C'était avant tout une entreprise commerciale : jusque-là l'opéra était passé du patronage royal ou aristocratique à une fréquentation plus ou moins

publique, notamment à Venise ou en Angleterre, mais avec le grand opéra en France on assiste à la première expérience de faire du genre un produit de consommation de masse. L'Opéra de Paris a préparé ainsi le chemin à Andrew Lloyd Webber : des productions colossales, au coût déraisonnable, destinées autant à épater la bourgeoisie que de lui permettre de faire l'étalage de son nouveau statut social et de son pouvoir d'achat. Cette approche « du pain et des jeux du cirque » donnait au public des décors gigantesques, aux distributions sans fin (notamment chez Meyerbeer), des représentations interminables comprenant toujours un ballet et pour les messieurs nantis du public, des danseuses qu'ils pouvaient voir d'un peu plus près à l'arrière-scène. C'était un truc de riche, un truc commercial. En Italie, l'opéra servait aussi de tripot, on y mangeait, on y buvait, on y rencontrait des femmes. L'Opéra était connu comme « la grande boutique » mais on aurait pu tout aussi bien l'appeler « le grand bordel ». Lorsque j'ai eu l'occasion de travailler à Garnier et que je devais y aller tous les jours, le luxe excessif de l'endroit a fini par me donner un peu la nausée. L'ironie, ou peut-être l'énigme,

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de ce grand opéra du début du XIXe réside dans la manière dont il réunit le show business le plus vulgaire, son excès de pâtisserie en quelque sorte, avec des intrigues qui véhiculent un message social assez radical. Et dans le cas de La Juive, comment il réussit à combiner son grand cirque faramineux avec une histoire très forte sur les déboires des juifs dans la société et l'antisémitisme.

Si le public parisien de 1835 avait une vague notion des événements historiques autour de La Juive (le concile de Constance, le bûcher de Jean Hus), ils font aujourd'hui partie des brumes du passé. Au-delà des paradoxes inhérents au

genre du grand opéra, le sujet historiciste vous pose-t-il un problème en tant que metteur en scène ?

Je ne pense pas, je viens de mettre en scène Les Huguenots (NDLR : au Deutsche Oper de Berlin) qui pose aussi des questions autour d'une autre atrocité historique, peut-être plus présente dans la mémoire collective française et en tout cas genevoise, le massacre de la nuit de la Saint-Barthélémy. Ces événements laissent leur trace sur l'humanité, même s'ils se sont produits il y a des centaines d'années. Quelle importance donner à l'histoire ? Je n'arrive pas encore à me décider si Scribe, Halévy et son frère Léon —

David Alden, photographie de Clive Barda, 2018 © ROH Entretien avec David Alden
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aussi impliqué dans le projet de La Juive — se sont mis à l'œuvre précisément parce qu'on était arrivé à ce point particulier de l'histoire française : la monarchie de Juillet et son régime constitutionnel plutôt libéral. Ce nouveau régime se proposait de rectifier un nombre d'injustices et d'erreurs sociales terribles du passé, dont l'absence d'état civil pour les protestants et les juifs de France. Eugène Scribe, avec son atelier d'écriture incroyablement prolifique produisant des livrets à la pelle pour Meyerbeer, Verdi, Rossini et des pièces de théâtre, était autant une marque de fabrique qu'un écrivain, mais dans le cas de La Juive, qu'il a proposé d'abord à d'autres compositeurs dont Meyerbeer, on sent qu'il avait un certain investissement personnel dans le projet. Halévy travaillait à l'Opéra comme directeur musical assistant, mais il n'était pas encore reconnu comme compositeur à succès. Le livret lui est arrivé après avoir été refusé par ses collègues, mais en tant que juif, peut-être avait-il une réelle envie de s'y mesurer ?

On ne le sait pas vraiment. Halévy était juif, certes, mais il provenait d'une communauté juive moderne, issue des Lumières, à l'identité française affirmée. Fils de hazzan, il allait à la synagogue et s'est sans doute mis à cette tâche avec joie mais en même temps, il y a beaucoup d'autres récits autour de sa personne qui révèlent qu'il n'était pas du tout un expert en matière de vie juive religieuse et sociale. Le livret évoque le terrible dilemme de la vie juive historiquement persécutée en Europe, mais, à cause de la popularité des œuvres de Walter Scott et de Gotthold Ephraim Lessing, le sujet de la « Belle Juive » faisait déjà partie des tropes ou lieux communs de la conscience collective, en association avec l'autre figure, moins sympathique et souvent l'occasion d'affreuses caricatures antisémites, du « Père Juif ». Scribe et les frères Halévy voulaient-ils vraiment s'engager dans un projet à caractère éthique ou s'agissait-il

simplement d'un sujet « chaud » de la littérature et du théâtre de l'époque dont il fallait profiter ? Viennent ensuite toutes les questions relatives à l'identité de la « Belle Juive » qui souvent n'en est pas une, bien qu'elle ait été élevée comme telle, et ce qui prime entre nature et culture. Je n'ai pas les réponses à tout cela mais peut-être qu'après avoir réalisé ce projet, j'y verrai plus clair. Pour l'instant ce qui compte pour moi, c'est plutôt poser les questions que de trouver les réponses.

Nous devons sans doute au ténor Neil Shicoff le regain d'intérêt et plusieurs nouvelles productions de La Juive à notre époque. C'est toujours un défi vu la longueur de la pièce, même si la nature dramatique de l'intrigue permet d'y pratiquer de nombreuses coupures, ce que nous avons fait ensemble avec Marc Minkovski. La production de Peter Konwitschny à Anvers avait réussi à alléger considérablement la pièce d'un tas de frou-frou musical, de ses aspects plus entertainment. Moi, ce qui m'intéresse, c'est plutôt de juxtaposer les éléments légers et quasi d'opérette avec les aspects noirs et dramatique de l'œuvre. J'étais à une réception à New York et je mentionnais que j'allais venir à Genève mettre en scène La Juive. Quelqu'un m'a mal compris et s'est approché en me disant « I hear you're doing Joie de vivre! », ce qui est un malentendu assez riche de sens. Ce n'est pas du tout une pièce comique, mais de la joie de vivre, il y en a dans cette œuvre.

En tout cas, vous avez l'air de bien vous amuser avec votre équipe de costumier et décorateur sur cette production. Il y a tout un attirail de costumes et d'accessoires qui promettent une fête visuelle…

J'essaie d'incorporer le plus possible de panoplie, de camp, de situations amusantes dans une ambiance générale terriblement tragique,

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des cris antisémites de la foule enragée au grand bûcher final. Il ne faut pas couper les éléments frivoles, il faut plutôt les faire fonctionner ensemble avec le reste. Ma carte de visite au théâtre est de faire face aux aspects tragiques des œuvres avec une bonne dose d'humour noir. Mes spectacles sont souvent sur la corde raide entre le ridicule et l'horrifiant ; ce n'est pas toujours facile mais il faut oser le faire. Avec Gideon Davey aux décors et Jon Morrell aux costumes, nous avons créé une grande toile flexible et presque abstraite. Évoquant la Constance médiévale avec quelques citations de l'architecture historique, le Seder de Pessah d'une famille juive riche mais menacée et la bizarre fête royale de célébration de la victoire dans un palais de miroirs et de mensonges, nous allons mélanger des costumes qui évoquent le XVe siècle où se déroule l'histoire, l'époque où l'opéra a été créé en 1835, et l'imagerie du XXe siècle plus proche de nous maintenant.

En vous voyant répéter la scène des bijoux avec John Osborn aujourd'hui, j'ai remarqué votre attention à la gestique…

Oui, c'est un cas de figure qui incarne toutes les contradictions issues du travail de Scribe et d'Halévy. La musique et même les didascalies inciteraient à montrer un Éléazar de caricature, en train de barguigner et près de ses sous. De nos jours, ce n'est pas possible d'entrer dans ce jeu-là. Nous avons donc pris soin de traiter cette scène le plus froidement possible.

Ce qui nous amène à ma dernière question. J'écoutais aujourd'hui les nouvelles de la BBC à la radio et dans les grands titres du bulletin matinal, on annonçait qu'une personne juive sur huit en Russie a quitté le pays (y compris le grand-rabbin de Moscou), craignant la perte de liberté d'expression et l'antisémitisme croissant.

« Certains d'entre eux paniquent, » avez-vous indiqué en répétition à propos de la sortie précipitée d'un personnage de la table du Seder. Pensez-vous que votre nouvelle production de La Juive peut être constructive ou risque-t-elle, pour ainsi dire, d'attiser les flammes ?

La scène du repas de Pessah, unique en son genre dans l'histoire de l'opéra, est loin d'être une représentation réaliste du Seder, qui est plutôt un repas de fête qui célèbre la libération du peuple d'Israël de la servitude en Égypte. L'opéra en fait un rituel caché, dans une ambiance paranoïaque, avec une prière désespérée d'Éléazar implorant Dieu comme « un père irrité » de venir à l'aide de son peuple persécuté. C'est un autre trope de la vie juive en Europe, particulièrement les juifs cachés d'Espagne, dits « marranes », qui pratiquaient leur religion en secret après leur conversion forcée au christianisme et surveillés par le Saint Office. C'est Pessah pendant un black-out, pendant un pogrom : on vient de fracasser les vitrines de la boutique d'Éléazar, il y a des projecteurs et des policiers en chasse. Cet antisémitisme prend d'autres formes aujourd'hui mais il rôde toujours. J'espère que ma présentation de cette œuvre, écrite en 1835 et qui dénonce — même de manière maladroite — l'antisémitisme, pourra y répondre de manière constructive. D'abord parce que l'œuvre est tout simplement un artefact extraordinaire, ensuite parce qu'elle est toujours scandaleusement pertinente. Les nouvelles productions de La Juive ont tendance à gommer les aspects religieux de la pièce, de l'universaliser dans une dénonciation générale de toutes les intolérances. Pour ma part, je ne sens pas le besoin d'en faire abstraction. Les aspects visuels de ma mise en scène, qui vont de 1414 à 1938 en passant par 1835, sont une métaphore de la question que je me pose : les siècles se superposent et finalement, qu'estce qui a changé ?

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Elizabeth Taylor dans le rôle de Rebecca. Ivanhoe, film de Images©promotionnellePhotographieThorpe,Richard1952Bridgeman
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Parler des juifs à l'opéra : est-ce politiquement correct ?

La Juive de Fromental Halévy est une œuvre grandiose de musique et de paroles que nous aurions considérée, il y a seulement quelques décennies, comme une simple relique historique du catalogage qui divise les chrétiens et les juifs en Europe, mais qu'aujourd'hui nous sommes contraints et forcés de considérer également comme une partie de notre présent et de notre avenir, un reflet acerbe de la façon dont l'Europe actuelle gère les frontières religieuses, les clivages ethniques et les gouffres politiques. Et les acteurs ne sont plus seulement des chrétiens et des juifs. Ou, d'ailleurs, chrétiens, juifs et musulmans.

La magie de la partition d'Halévy et du livret d'Eugène Scribe est ancrée dans cette caractéristique fugace de tout chef-d'œuvre lyrique, qui transcende à la fois la musique et les mots. C'est le drame lui-même, le drame nu, brut : le choc des personnalités, le conflit des volontés, le champ de bataille des destinées, parfois purement accidentel, parfois tragiquement inévitable.

Si l'opéra traite avant tout des sources profondes de la convivialité humaine et de l'adversité, comme je le pense, alors La Juive est certainement l'un des plus grands opéras. Car ses protagonistes s'affrontent et convergent le long de toutes les

lignes de faille possibles : Éléazar le juif et Bogni le chrétien, Rachel la femme et Léopold l'homme, Rachel la fille et ses deux pères contradictoires. Dans un point culminant délicat du récit, nous voyons même Rachel et Eudoxie, deux femmes trahies et mortifiées, se tendre la main par-dessus le fossé judéo-chrétien dans une tentative désespérée, à la fois féminine et humainement généreuse, de sauver la vie de l'être indigne qui est leur bien-aimé.

Mais l'essentiel du drame, à mon avis, sa plus vertigineuse corde raide entre polarités, est la lutte entre la modération et l'extrémisme. C'est précisément ce qui est en jeu en Europe, aux États-Unis, au Moyen-Orient, et en fait dans le monde entier aujourd'hui.

C'est ce que faisaient Halévy et Eugène Scribe lorsque La Juive fut montée sur scène pour la première fois, dans une Europe bien plus chauviniste, bien plus antisémite qu'elle ne l'est aujourd'hui. Je voudrais souligner et insister sur un point : l'Europe de Fromental Halévy était infiniment plus antisémite qu'elle ne l'est aujourd'hui, antisémite d'en haut et d'en bas et surtout du milieu, de la bourgeoisie nourrissant des peurs primitives de l'Autre, de l'étranger parmi nous. Les classes éduquées de l'Europe du XIXe siècle ont cultivé et entretenu ces peurs

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Libretto

à partir des sources de l'obscurantisme irrationnel, du mysticisme historiciste et de typologies biologiques pseudo-scientifiques, créant ainsi son propre racisme éduqué. L'Europe d'aujourd'hui est pleine de peurs et de mécontentements, mais elle ne ressemble en rien à l'Europe d'Halévy. Le courage dont il a fait preuve en composant La Juive est bien plus grand que le courage qu'il nous faut pour le remettre en scène aujourd'hui.

C'est une tragédie de l'Europe d'aujourd'hui que ces anciennes questions, ces doutes et ces peurs soient revenus nous hanter. Par conséquent, si les anciens personnages juifs de la littérature, de l'art et de la musique européennes, avec leurs stéréotypes frelatés et leurs étiquettes désagréables, sont à nouveau mis en scène dans le climat politique sensible d'aujourd'hui, ne risquonsnous pas une nouvelle et détestable remontée des codes de lecture simplistes ? Un nouvel antisémitisme ravivé et s'étendant de l'opéra et de la scène du théâtre dans les rues, dans les sombres repaires du terrorisme et, ce qui est pire, dans l'expression ouverte de l'antisémitisme dans les médias et le cyberespace ? Encourageons-nous peut-être la percée d'un nouveau Richard Wagner, un chantre charismatique d'un nouveau type de haine des juifs dont nous ne pouvons même pas imaginer les fins et les réalisations futures ?

Alors : est-il politiquement correct de réveiller les protagonistes juifs de la vieille Europe antisémite dans l'Europe vacillante et à nouveau périlleuse Àd'aujourd'hui ?cestade,permettez-moi de m'exprimer pour moi-même, en tant que juive, Israélienne, historienne, écrivaine et femme avec une voix : non. Il n'est pas politiquement correct de réveiller de leur sommeil les juifs et les antisémites des anciens opéras. Mais nous devrions le faire.

Car, dans certains milieux autour de nous, il devient politiquement incorrect de parler des juifs tout court. Cependant, le type de franc-parler juif, voire humain, que j'aimerais représenter ici, n'est pas politiquement correct. Bien au contraire : je crois qu'il est vraiment correct d'être ouvertement politique, d'explorer nos problèmes, de convoquer nos démons et d'affronter nos fantômes.

Dans mon livre Juifs par les mots, coécrit avec mon défunt père Amos Oz, nous avons entrepris d'explorer l'éternelle verbosité des juifs de tous les temps et de tous les lieux. Notre interminable conversation, basée sur un labyrinthe toujours plus vaste de textes et d'interprétations, de questions et de doutes, de disputes et d'humour — oui, d'humour, nous moquant de nous-mêmes et de nos ennemis, prenant pour cibles nos propres rabbins et même notre Dieu. Cette conversation juive n'a jamais été restreinte aux seuls juifs et à eux seulement. Elle débordait toujours, invitant des amis, défiant des adversaires, interpellant toute personne prête à écouter et à s'embarquer dans un débat difficile et une aventure intellectuelle.

S'il y a quelque chose d'étranger à la tradition juive, c'est le silence. C'est l'absence de mots, l'absence de musique, l'absence de bruit. Dans La Juive, le fracas du marteau d'orfèvre d'Éléazar est une métaphore exquise du bruit que les juifs ont toujours fait, parfois dans les pires moments, les plus inopportuns, lorsqu'ils poursuivent leurs sagesses et leurs arts, relisant les anciens et martelant de nouvelles pièces de génie créatif. Pour ma part, je ne voudrais pas que le marteau d'Éléazar soit réduit au silence, même si Éléazar est une personne difficile à aimer, ou du moins à aimer à la manière de Hollywood. J'aimerais qu'Éléazar et Rachel créent des sons qui se répandent de la scène dans les rues de l'Europe

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Car ce qui est véritablement juif dans La Juive, ce n'est pas l'obstination, la vengeance ou la cupidité d'Éléazar. En effet, Éléazar peut être placé à mi-chemin entre le Shylock de Shakespeare et le Nathan le Sage de Lessing, qui sont tous deux également humains dans leurs passions mais contradictoires dans leur application de la raison pour équilibrer ces passions. Humain est le mot clé ici : ces deux gigantesques figures de la littérature et de l'art nous apportent le spectre entier de la faiblesse et de la grandeur humaines, de l'espoir et du désespoir, de l'horreur et de la tendresse qui se nourrissent mutuellement, de notre meilleur moi intérieur et de nos pires démons ombrageux.

Éléazar, Nathan et Shylock sont juifs principalement dans le sens où les juifs ont toujours été une grande métaphore de l'âme humaine dans sa globalité complexe. Les juifs fictifs ont joué ce rôle métaphorique depuis Shakespeare et Christopher Marlowe, en passant par Lessing et Walter Scott et George Eliot, jusqu'au moment le plus triste de l'histoire européenne où les nazis ont dépossédé les juifs de leur humanité, avec tout le bien et le mal qu'une telle humanité offrait aux lettres et à la sensibilité européennes.

Ce qui est vraiment juif dans La Juive, c'est la tentative courageuse de discuter ouvertement des stéréotypes, d'explorer les limites de l'orthodoxie et des préjugés, et de développer l'éternel contrepoint entre le modéré et l'extrême. C'est un opéra très français dans sa tentative farouche de pousser plus loin les limites flexibles de la liberté, vers les terrains encore non conquis de la partialité et du sectarisme. N'oublions pas que, plus qu'un opéra juif, il s'agit d'un opéra français, portant sur ses épaules la Liberté et la Fraternité, et même l'Égalité de l'âme humaine, dans le climat relativement favorable de la monarchie de Juillet des années 1830. En cette époque grisante, Halévy s'épanouit aux côtés de Giacomo Meyerbeer, inspiré par Lessing et Scott pour inviter son public à aimer un protagoniste juif. Mais ce ne sont pas seulement les juifs qui sont en jeu — au sens propre et figuré, même s'ils finissent par brûler sur le bûcher — mais aussi les huguenots ou les catholiques, et finalement les musulmans. C'est l'Autre qui est en jeu, que le meilleur et le plus progressiste de la sensibilité européenne est enfin prêt à embrasser.

Cet acte de courage artistique collectif est profondément français, et doit être salué comme tel, mais il résonne aussi dans l'Allemagne des Lumières, de Lessing à Heine, et en GrandeBretagne de Scott à Eliot et Disraeli. L'Europe du XIXe siècle inventait son psychisme pluraliste, qui fut ensuite vaincu par le fascisme, puis ressuscité en puisant dans une magnifique bibliothèque de sources. Mais aujourd'hui, une fois de plus, deux âmes semblent s'affronter dans le sein de l'Europe. C'est pourquoi La Juive n'a jamais été aussi actuelle pour les publics européens d'aujourd'hui, et cela depuis sa première apparition sur scène.

Je ne suis pas musicologue, mais en tant qu'historienne des idées, j'aimerais offrir une forte

37 et les forums de société civile d'aujourd'hui. Mais je voudrais aussi que l'Éléazar d'aujourd'hui et la Rachel d'aujourd'hui soient suffisamment intéressants, iridescents et intelligents pour représenter chaque homme et chaque femme persécutés, chaque minorité et chaque croyance. Ils doivent porter sur leurs épaules le précieux fardeau de la tradition libérale dans son ensemble. Ils n'ont d'autre choix que d'incarner par leur personnage le juif comme métaphore, marquant la ligne entre la modération et l'extrémisme, au plus profond de son propre cœur et dans la sphère publique.
Libretto

affirmation préliminaire selon laquelle Halévy savait exactement ce qu'il faisait, et son acte intentionnel d'ouverture artistique à son public était un pari raisonné et calculé sur la victoire imminente de la tolérance et de la compassion. Lorsque le grand ténor Adolphe Nourrit est entré sur scène dans le rôle d'Éléazar, il amenait avec lui l'esprit de tous les protagonistes positifs et héroïques qu'il avait incarnés auparavant, conférant à Éléazar sa touche d'éminence et une respectabilité subtile.

Avant même de monter sur scène, Nourrit a recalibré la figure d'Éléazar, lorsqu'il a inspiré et peut-être même écrit les paroles de l'aria déchirante « Rachel, quand du Seigneur ». Cet air est l'équivalent de la grande tirade de Shylock qui met à mal l'antisémitisme du Marchand de Venise, un monologue que Shakespeare a peut-être écrit malgré lui, contre lui-même, à un moment où son génie pour sonder les profondeurs humaines a triomphé sur sa typologie chauviniste. « Un juif n'a-t-il pas des yeux ? Un juif n'a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? (…) Si vous nous piquez, ne saignonsnous pas ? »

C'est à ce moment que Shylock gagne la bataille contre Shakespeare lui-même. Je crois que la même bataille peut être gagnée à nouveau, Permettez-moiaujourd'hui. de terminer avec Rachel. N'avez-vous jamais remarqué comment, dans la vieille littérature européenne, les pères juifs étaient souvent hideusement laids, mais leurs filles étaient d'une beauté éblouissante ? Voilà l'étrange génétique du vieil antisémitisme. La ravissante Jessica est issue de l'affreux Shylock, tout comme Rebecca, dans l'Ivanhoé de Scott, est la progéniture d'Isaac d'York, un homme peu

attrayant et avide d'argent. Dans le cas de Nathan le Sage et d'Éléazar, leurs filles ne sont pas leurs enfants biologiques, mais cela n'a guère d'importance : le père personnifie constamment le mauvais visage du judaïsme, la fille est son alter ego mystérieux, parfois oriental, toujours vertueux et séduisant.

C'est George Eliot, la grande romancière britannique et iconoclaste, qui a fait du personnage éponyme de son dernier roman, Daniel Deronda, un jeune homme juif, intelligent et séduisant. Pendant un moment, il a semblé que la culture européenne allait pouvoir se débarrasser du vieux juif affreux en faveur d'une nouvelle génération d'Européens juifs aimables. Mais cela ne devait pas être le cas. Avec l'avènement de l'antisémitisme biologique et du racisme nazi, la fille a été anéantie en même temps que son père, tous deux également déshumanisés. Les nazis, en un mot, ont assassiné jusqu'au stéréotype de la Belle Juive.

Mais Rachel a plus en elle que la beauté et le charme. Son noble pardon et son abnégation pour le bien de Léopold ne découlent pas de son « christianisme biologique ». Ce serait une notion absurde, suggérant qu'elle est nourrie par quelques chromosomes de vertu qu'elle a hérités de son ascendance catholique romaine. Pas du tout.

Rachel est une juive qui vit et meurt — et choisit même de mourir — en tant que juive, sans aucune raison génétique. Sa loyauté envers son père est une vertu culturelle, issue de l'éducation, pas de l'ADN. De plus, elle est une juive selon mon propre cœur, démontrant ce que mon propre père et moi avons écrit à l'ouverture de Juifs par les mots : nous ne sommes pas issus d'une lignée de sang mais d'une lignée de textes. Nous avons hérité des livres, pas des chromosomes, ni du tribalisme. Toute personne qui le désire est invitée à s'asseoir

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à notre table, à lire les livres et à se joindre à la discussion. Ils sont libres pour tout le monde.

Enfin, si La Juive est — comme je l'ai suggéré ici — plus profondément un drame de la modération contre l'extrémisme, alors Rachel est sa véritable héroïne et pas seulement son rôle-titre. Faites attention au point culminant de l'histoire, sur lequel certains commentateurs ont malheureusement tendance à faire l'impasse : l'audacieuse association féminine de Rachel avec Eudoxie par-dessus les limites de la religion, et plus admirablement encore, au-delà des limites de la jalousie entre deux femmes. C'est cela le zénith du drame, cela, et non le cruel duo dialogué des deux pères à la toute fin. Car Rachel et Eudoxie font équipe pour sauver de la mort un homme, qui certes ne le mérite guère. Leur bonheur s'est envolé, leurs deux vies sont ruinées, mais elles peuvent tout de même se lier l'une à l'autre pour revendiquer une petite victoire pour la raison et la tempérance, sauvant au moins une vie du feu de joie du fanatisme. Elles remportent ainsi une petite victoire pour l'âme modérée de l'Europe, son âme modérée passée et future.

Voilà, pour moi, l'essentiel de La Juive et une bonne raison d'applaudir son retour aujourd'hui. À la toute fin, le juif et le chrétien sont une métaphore de toutes nos identités déchirées et divisées. Même le triomphe de la rationalité féminine, de la féminité aimante et coopérante, est une métaphore pour chaque personne, quel que soit son genre, qui aspire à la victoire de la vie sur la mort et de l'amour sur la haine. Nous ne sommes pas issus d'une lignée de sang mais une lignée de textes, et voici un texte bien digne de cette lignée, qui désigne un avenir que nous pouvons tous espérer partager.

Fania Oz-Salzberger (née en 1960) est une historienne et écrivaine israélienne, professeure émérite d'histoire à la faculté de droit de l'Université de Haïfa et au Centre d'études allemandes et européennes de Haïfa (HCGES). Ce texte a été développé à partir de la conférence principale donnée par Fania Oz-Salzberger pour le symposium international Judaism in opera, tenu à Gand en avril 2015. Fania Oz-Salzberger est la fille aînée de l'écrivain israélien Amos Oz (1939-2018).

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La Juive de Scribe et Halévy (1835) Un opéra juif ?

Le grand opéra historique français, dont l'acte de naissance serait La Muette de Portici de Scribe et Auber en 1828, est tombé depuis le tournant du XXe siècle dans un discrédit dont il n'est pas certain qu'il se relève un jour. Les motivations contemporaines de ce rejet hors des scènes lyriques françaises sont en grande partie économiques — mais après tout un grand opéra ne coûte pas plus cher qu'une Tétralogie — et culturelles : l'expression « art bourgeois » continue d'offusquer des pans entiers de l'art du XIXe siècle. Toutefois, à l'origine de la chute où a été précipité le grand opéra se trouvent des représentations imaginaires autrement troubles, et plus ou moins honteuses. On a parlé volontiers, à propos des chefs-d'œuvre de Meyerbeer ou de Fromental Halévy, de « judaïsme en musique », d'art juif, ou encore, sous la plume de H. de Bonald, d'« apothéose judaïque ». On connaît aussi la formule attribuée à Rossini, s'expliquant sur sa retraite précoce de l'opéra après 1829 : « J'attends que les Juifs aient fini leur sabbat. » Comme l'un des chefs-d'œuvre du grand opéra historique s'intitule La Juive, qu'il fut composé

par Halévy et qu'il figura en 1835 parmi les productions les plus coûteuses de l'Opéra de Paris, une équation s'est rapidement mise en place, tirant un trait d'égalité entre grand opéra, argent et judaïsme. (...) On sera dès lors enclin à la prudence avant d'accoler à l'événement que constitua la création de La Juive, le 23 février 1835, l'adjectif « juif » : événement lyrique, cette création d'un des ouvrages majeurs de l'art français du XIXe siècle, qui atteint la 550e représentation en 1893? Assurément. Mais peut-on parler, au-delà, peutêtre avant tout, d'un événement juif ? N'est-ce pas obéir à quelque réflexe essentialiste, considérer qu'un musicien juif confronté à un livret mettant en scène des personnages juifs était condamné à écrire une musique dite « juive » ? N'est-ce pas aussi s'aveugler sur le statut et l'identité du musicien français, appartenant à la deuxième génération des Juifs allemands immigrés pendant la Révolution, et aspirant sous la monarchie de Juillet à l'intégration autant qu'à la reconnaissance ? Pourtant, parce qu'il cristallisa autour de son titre et de son auteur des représentations collectives et idéologiques, parce qu'il exhiba jusque dans

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ses contradictions la philosophie libérale et universaliste de la bourgeoisie orléaniste et du nouveau pouvoir, cet opéra constitue bien un événement dans l'histoire des Juifs du XIXe siècle. Et dans l'histoire personnelle de Fromental Halévy, comme de sa famille, La Juive est un tournant: non seulement le compositeur, fort jusque-là de quelques succès à l'Opéra-Comique, accédait au statut de grand musicien, bientôt placé par un Théophile Gautier «à la tête de l'école françaie », mais il se trouvait confronté à un sujet susceptible de le troubler intimement, de réveiller la conscience de ses origines, de l'exposer aussi, publiquement, dans une identité juive tout à la fois affichée et brouillée. (…) Wagner, dont l'antisémitisme épargna l'auteur de La Juive, dit ainsi son admiration pour le « pathétique de la haute tragédie lyrique » caractéristique selon lui de l'inspiration d'Halévy. En 1842, dans la Revue et Gazette musicale, Wagner écrivit : « C'est dans La Juive que la véritable nature d'Halévy se manifeste d'une manière irréfragable»; pour lui, la vocation de ce compositeur, est «d'écrire de la musique telle qu'elle jaillit des plus intimes et des plus puissantes profondeurs de la nature humaine ». Pour l'auteur du Judaïsme en musique, Halévy est simplement un musicien universel.

Avant de devenir l'opéra d'Halévy, La Juive fut d'abord une commande officielle du docteur Louis-Désiré Véron, « directeur-entrepreneur » de l'Académie Royale de Musique entre 1831 et 1835 qui commande La Juive et Les Huguenots au librettiste Eugène Scribe en 1832. (…) Deux épisodes historiques exemplaires de la violence et du fanatisme religieux fondent les deux opéras « jumeaux ». Ces ouvrages de Scribe relèvent donc avant tout d'une philosophie néovoltairienne, désireuse d'afficher, contre le régime des Bourbons renversé et selon une perspective assez nettement anticléricale, les valeurs renouvelées de tolérance et

d'universalisme. Opéra « libéral », La Juive constituerait davantage un événement politique marquant de la monarchie de Juillet qu'un événement juif. (...)

Il est évident que l'ouvrage de Scribe entretient avec l'actualité immédiate un lien puissant. La « loi du culte israélite », votée par l'Assemblée le 4 décembre 1830, a donné aux Juifs de France une complète égalité des droits civiques. La Charte de 1830, dans son article 6, a supprimé la notion de religion d'État, inscrite dans la Charte de 1814, et l'a remplacée par « religion de la majorité ». Le ministre de l'Instruction publique, Joseph Mérilhou, parla ainsi de « cette rouille du Moyen Âge » en évoquant les divisions et les haines qu'il s'agissait désormais d'effacer. (...) Le thème du fanatisme religieux, central et même organique dans ces deux ouvrages, réapparaîtra dans Le Prophète de Scribe et Meyerbeer en 1849. (...) On ne saurait toutefois passer sous silence les ambiguïtés de l'œuvre. (…) Le livret n'est pas non plus exempt de clichés antisémites dans la représentation du Juif Éléazar et de son goût pour l'argent: « Ces bons écus, cet or que j'aime / Chez moi vont revenir! » chante-t-il lorsqu'Eudoxie, à l'acte II, vient lui commander une chaîne incrustée pour son époux. Enfin, la haine des Chrétiens contre les Juifs n'a apparemment d'égale que la haine d'Éléazar contre les Chrétiens. Le Juif apparaît figé dans sa foi : « Non, le Dieu de Jacob est le seul véritable ! » lance-t-il au cardinal (acte IV, scène IV). (…) Halévy appellera lui-même son personnage «ce Juif fanatique». L'ouvrage relève bien, selon cette première lecture, d'une filiation voltairienne. Tragédie de l'impossible pardon née d'une conception violente de la religion, La Juive rejoindrait, par exemple, l'Olympie de Voltaire, adaptée à l'Opéra en 1819 par Spontini dans une esthétique néo-classique. (…) Mais le livret de Scribe puise aussi à quelques sources littéraires

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où le Juif Éléazar acquiert sa silhouette et son caractère: d'un côté, Ivanhoé de Walter Scott, de l'autre le Shylock de Shakespeare, le Barabas de Marlowe ou le Nathan de Lessing. (...) Résonance politique, inspiration voltairienne, jeu sur les clichés dans la représentation du Juif, l'opéra semble obéir à une stratégie du brouillage plus qu'à un projet cohérent. (…) Les preuves d'une farouche implication personnelle d'Halévy dans le sujet de La Juive abondent. Il semble ainsi que le livret ait été pris des mains de Meyerbeer à qui il était originellement destiné — ce qui expliquerait pourquoi le nom de Meyerbeer est absent du traité signé le 25 août 1833 entre Scribe et l'Académie Royale de Musique. Dans ses Derniers souvenirs, Halévy rapporte les circonstances de la découverte du projet de La Juive, et le récit confère à l'événement la profondeur d'un mythe personnel :

C'est par une belle soirée d'été, dans le parc de Montalais, que M. Scribe me conta pour la première fois le sujet de La Juive, qui m'émut profondément et je conserverai toujours le souvenir de cet entretien qui se rattache à une des époques les plus intéressantes pour moi de ma vie d'artiste.

(...) Le livret préparé par Scribe tendait à Halévy un miroir, l'amenait à se penser juif, à assumer, à revendiquer peut-être l'héritage hébraïque familial. (…) Dans les méandres d'une intrigue mélodramatique, destinée aussi à assurer le spectacle, se tient en réserve une possible signification pour la deuxième génération des Juifs immigrés sous la Révolution, forts d'une tradition familiale et d'une pleine citoyenneté française, pris entre affirmation de soi, refoulement et construction identitaire. « Tiens ton pays, et conserve la foi » : telle est l'épigraphe du journal L'Israélite français dont le père d'Halévy fut cofondateur en 1817. Élie Halphen Levy, fils de rabbin, était originaire

de Fürth, en Bavière. Arrivé en France à l'époque de la Révolution pour obtenir des droits civiques, il s'installa à Paris vers 1790, fut choriste dans plusieurs synagogues et épousa Julie Meyer, une Juive de Lorraine. Devenu Élie Halévy en 1807, le père de Fromental — prénom aux résonances révolutionnaires — subvint aux besoins de sa famille grâce à sa fonction de secrétaire au Consistoire israélite de Paris. En 1820, Élie Halévy publia à Metz une Instruction morale et religieuse à l'usage de la jeunesse israélite. On peut imaginer dans ce cadre la formation intellectuelle, morale et culturelle reçue par Fromental, héritier des idéaux de la Révolution, reconnaissant envers la France qui offrit aux siens l'émancipation, et fidèle à la foi de ses pères. Comme le souligne dans sa biographie son frère Léon, la position adoptée par Fromental Halévy est fondée sur la tolérance et l'ouverture, loin de toute crispation identitaire comme de toute trahison de sa religion. Il épousera ainsi en avril 1842 Léonie Rodrigues-Henriques, femme sculpteur de famille bordelaise israélite. Il composera de la musique pour des textes liturgiques catholiques, mais sera aussi membre du Consistoire central et contribuera, efficacement mais discrètement, au renouveau de la musique synagogale. Prix de Rome, compositeur à l'Opéra-Comique et à l'Opéra, membre de l'Institut dès 1836, secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts à partir de 1854, professeur au Conservatoire : le cursus honorum d'Halévy ressemble à celui de bien des Juifs français qui façonnèrent la culture parisienne du XIXe siècle. (…)

La représentation sur le plateau de l'Opéra du Seder vaut aussi, symboliquement, reconnaissance et affirmation de la présence juive en France. Le dépouillement de cette scène intime, sa simplicité contrastant avec le faste écrasant de l'acte « chrétien » qui précède, donne

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L'origine de cette scène semble se trouver dans un texte manuscrit d'Halévy, son Journal inédit et parcellaire composé lors de son séjour à Rome après l'obtention du Grand Prix. Le jeune Halévy, âgé d'un peu plus de vingt ans, rapporte sa découverte du ghetto de Rome, de la synagogue et d'une famille chez qui il assiste aux cérémonies de la Pâque juive. Opposition entre une religion « officielle » et des pratiques semi-clandestines, découverte de l'oppression des minorités : ce texte annonce tout ce que concentre et représente le début de l'acte II de La Juive.

Même la situation dramatique est proche : dans l'opéra, Léopold assiste au rituel sous la fausse identité de Samuel ; à Rome, Halévy, visiteur étranger, occupe la position du néophyte pour découvrir les cérémonies de la Pâque sainte, dans le ghetto de la capitale du catholicisme. On trouvera aussi bien des ressemblances entre la religion chrétienne représentée dans l'opéra, celle du Concile de Constance, et celle que découvre le visiteur à Rome, Rome où se situent les prémices de l'opéra, puisque c'est là qu'autrefois furent assassinés les fils d'Éléazar et sauvée la fille de Brogni. Le document permet ainsi de pressentir la part d'imaginaire personnel que le compositeur a pu sinon placer délibérément, du moins retrouver dans son œuvre lyrique. (…)

Sarah Bernhardt (1844-1923) et Golda Meir (1898-1978). Andy Warhol, Ten Portraits of Jews of the 20 th century, 1980 (détails). Peinture aux polymères synthétiques et sérigraphie sur toile. © Bridgeman Images
43 aussi dans l'opéra la seule image positive de la religion : non plus la collusion avec le pouvoir et la puissance d'écrasement, mais le recueillement, la ferveur et la foi.
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Fromental Halévy, Journal

J'étais donc sur le point de quitter Rome, lorsqu'un jour, voulant aller au Capitole, je m'égarai dans de petites rues près le palais de Venise [mot difficile à lire]; en voulant retrouver mon chemin, je m'égarai de plus en plus, toutà-coup je me trouve au milieu d'un marché assez sale; devant moi, je vois une grande porte devant laquelle est un factionnaire, j'entre, je demande où je suis, on me répond que je suis dans le ghetto; qu'est-ce que le ghetto? c'est les quartiers des Juifs — des Juifs? — oui, ils habitent cette enceinte, ces maisons sont les leurs, et au bout de cette petite place, cette maison que vous voyez un peu plus ornée que les autres renferme deux de leurs temples. (…) J'entrai dans la maison qu'on m'avait indiquée comme étant leur temple. Je monte un étroit escalier et je me trouve dans une synagogue assez bien décorée.

La synagogue était éclairée. beaucoup de Juifs y étaient rassemblés. ils priaient. Un profond silence régnait dans l'assemblée. Tous, enveloppés d'une espèce de voile, debout, la tête couverte, les pieds joints, récitaient des prières à voix basse. Je ne sais pourquoi je me trouvai ému, et je ne sais quelle sorte de satisfaction j'éprouvai en voyant ces débris infortunés [prier rayé] adorer le même Dieu qu'adoraient leurs ancêtres il y a cinq mille ans. (…) Je fus distrait de ces réflexions par la fin de cette prière à voix basse. Le prêtre entonna quelques versets auxquels répondirent les fidèles. Comme je me tenais près de la porte, un Juif s'approcha de moi, m'invita à m'avancer dans l'intérieur du temple, et me fit asseoir. C'est aujourd'hui une de nos grandes fêtes, me dit-il,

Enfin, après avoir traversé quelques-unes de ces rues, nous arrivâmes à la maison qu'habitait mon hôte. L'intérieur en était sale et enfumé, l'escalier était tortueux, mais je fus surpris en entrant dans l'appartement. J'y trouvai une propreté assez élégante, mais cette propreté et les ornements qui décoraient la chambre dans laquelle nous nous trouvions avait quelque chose d'étranger et semblait appartenir à d'autres temps, d'autres mœurs, un autre pays. La chambre était éclairée par une lampe [d'argent add. au ms.] à plusieurs branches suspendue au plafond. Cette lampe ne ressemblait à aucune de celles que j'avais vues à Rome, et semble [sic] appartenir particulièrement aux usages des Israélites. (…) Alors la famille de mon hôte sortit de la chambre voisine. Il me présenta sa mère, sa femme, ses [trois rayé] cinq enfants. Il est à remarquer que la plupart des Israélites ont de nombreuses familles et, en général, il semble que la fécondité soit compagne de la misère. Cependant, cette

44 nous mangeons ce soir l'agneau pascal. et comme je lui témoignai le désir de voir cette cérémonie, il me répondit — Cette cérémonie ne se célèbre pas en public; chacun la célèbre dans sa maison au sein de sa famille; si vous daignez honorer de votre visite un excomunié [sic], un réprouvé [un homme exclu rayé], à la fin de la prière, je vous conduirai chez moi, et vous assisterez à la fête. (…) Vous allez passer par des rues bien sales, me dit-il, mais nous ne sommes plus ici à Jérusalem, ajouta-t-il en souriant, nous sommes chez un Peuple qui nous tolère. — Effectivement, nous nous trouvions dans d'étroits [passages rayé] défilés qui ne méritent pas le nom de rues. Les maisons petites, basses, mal éclairées, étaient remplies de femmes, d'enfants, dont les vêtements attestaient la misère. Cependant ils étaient revêtus de leurs beaux atours, car la fête était solennelle.

réflexion ne saurait s'appliquer à mon hôte, car l'appartement dans lequel nous nous trouvions, les vêtements, ceux de sa famille, semblaient indiquer qu'il jouissait au moins d'une honnête aisance. (…) On leva le voile de soie qui couvrait la table. Au milieu de la table se trouvaient plusieurs gâteaux, ronds [et plats rayé] très peu épais, et percés d'une quantité de trous. Voici le pain azyme, me dit mon hôte en me présentant un de ces gâteaux, c'est un pain qu'il nous est ordonné de manger en commémoration du [passage rayé] séjour d'Israël dans le désert. J'acceptai le pain azime [sic]. C'est un pain fait de farine [très pure? illisible] sans levain, et dans lequel on met quelque peu d'anis. J'en trouvai le goût assez agréable.

Près des pains azymes je vis sur la table une corbeille dans laquelle se trouvaient [un œuf rayé] plusieurs œufs durs, un morceau de mouton roti [sic], des laitues amères, du vinaigre, et une espèce de compote de fruits. Mon hôte, qui paraissait avoir un esprit assez éclairé, et qui l'avait encore développé par ses voyages (car je me souviens maintenant qu'il m'avait dit qu'il avait voyagé en France et en Angleterre), mon hôte me dit: ces préparatifs nécessaires à nos cérémonies doivent vous paraître bien bizarres; mais vous savez sans doute que nos fêtes, comme la plupart des fêtes de tous les peuples, n'ont été instituées que pour perpétuer le souvenir d'événements mémorables; le législateur pour atteindre son but, a donc été obligé de multiplier les symboles. Je parlais d'ailleurs à un peuple à qui cette manière de rappeler le passé était familière. Tous ces objets dont la présence ici pourrait paraître ridicule ont un sens allégorique et doivent rappeler aux israélites leur délivrance et leur sortie d'Égypte. (…) Alors Mr Issakhar se mit à table, entouré de sa famille, et commença la prière. Il lut à haute voix la haggada (c'est ainsi que les Juifs

nomment le récit de leur délivrance d'Égypte) en s'interrompant de temps en temps pour distribuer aux assistants [soit des laitues amères, ensuite soit du pain azyme rayé] soit des laitues amères trempées dans le vinaigre [puis rayé] soit du pain azyme [soit accompagné de la rayé].

La lecture finie, on servit le souper. Pendant le souper j'interrogeai mon hôte sur la tolérance qu'accordait aux juifs le gouvernement romain. [— Vous voyez comme on nous traite, me répondit-il. le quartier que nous habitons et dont vous pouvez juger par les rues que vous avez traversées avec moi est une enceinte que nous ne pouvons franchir rayé] — Nous sommes moins misérables que nos ancêtres, me répondit-il, mais notre sort est toujours bien triste. Nous ne pouvons habiter hors de ce quartier que les Romains nomment ghetto. Seulement on nous a accordé la permission d'établir nos magasins dans les rues adjacentes. Nous ne pouvons exercer aucune industrie, et...

(Le récit de la découverte du ghetto de Rome s'interrompt ici dans le manuscrit.)

45 Olivier Bara est professeur de littérature française du XIXe siècle et d'arts de la scène et directeur adjoint de l'Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités à l'Université Lumière — Lyon 2. Nous publions ici une version éditée de son article ; la version complète avec appareil critique, publiée dans la revue universitaire Romantisme (2004/3, no. 125) est disponible pour lecture sur htm#pa23revue-romantisme-2004-3-page-75.https://www.cairn.info/

Directeur général de l'Opéra national de Bordeaux de 2016 à 2021, Marc Minkowski a fondé en 1982 les Musiciens du Louvre, qu'il dirige depuis lors ; il est aussi conseiller artistique de l'Orchestre de Kanazawa (Japon). Il aborde très jeune la direction d'orchestre et prend une part active au renouveau baroque avant d'aborder le répertoire de Mozart, Rossini, Offenbach ou Wagner. Régulièrement invité sur les grandes scènes internationales, de San Francisco à Moscou, en passant par Salzbourg, aux côtés des orchestres les plus prestigieux. Il collabore notamment avec des metteurs en scène tels que Laurent Pelly, Olivier Py ou Dmitri Tcherniakov. Il a notamment dirigé Robert le Diable de Meyerbeer à Bordeaux, Les Contes d'Hoffmann à Valence, la Trilogie Da Ponte à Barcelone et à Bordeaux, ainsi que Platée à Paris ; il a en outre fait son apparition sur la scène du Grand Théâtre, après avoir dirigé Les Huguenots en 2020, pour le Concert du Nouvel An 2021.

David Alden compte parmi les metteurs en scène les plus influents et les plus prolifiques au monde. Son travail à l'opéra est récompensé par de nombreux prix prestigieux, comme le South Bank Show Award pour sa production de Peter Grimes de Britten, ou ses trois prix Olivier, dont le plus récent en 2018 pour son Semiramide de Rossini au Covent Garden de Londres. Il reçoit égale ment le Prix du théâtre bavarois pour une réalisation passée,momentsStaatsoper.dateuneindividuelle,artistiquequimarquerelationdelongueavecleBayerischeParmilesfortsdelasaisonilasigné Anna Bolena à Zurich, Lohengrin au Covent Garden et Ballo in maschera au Metropoli tan Opera. Au cinéma et à la télévision, on peut citer une version de Die Winterreise de Schubert avec Ian Bostridge et Julius Drake, la production de L'incoronazione di Poppea du Welsh National Opera et un documentaire sur Verdi pour la BBC. ◯

revuetélévision.lecommeGideonOriginaireScénographiedeBristol,Daveytravaillescénographepourthéâtre,lecinémaetlaEn2005,la

Opernwelt l'élit « designer de costumes de l'année » pour son travail sur Il ritorno d'Ulisse in patria de Monteverdi au Bayerische Staatsoper. En tant que scénographe, il collabore régulièrement avec David Alden. Il crée notamment les décors et les costumes de Don Giovanni de Mozart à Cologne et de Powder Her Face de Thomas Adès à Londres. Au Komische Oper de Berlin, il crée les décors pour Alcina et Rosenkavalier. Il est également costumier de la production scénique de Winterreise de Schubert avec Ian Bostridge. Il présente ses œuvres dans toute l'Europe, de Birmingham à Francfort, Zurich et lesDernièrement,Moscou.ilconçoitcostumesde

La traviata de Verdi à Dresde, les décors de Wozzeck de Berg au Theater an der Wien et des Contes d'Hoffmann d'Offenbach à Karlsruhe. ◯

LeCostumesdesigner anglais

Jon Morrell a étudié à la Central School of Art and Design de Londres. Il travaille régulièrement aux côtés de Tim Albery, pour qui il réalise les costumes de La finta giardiniera, Aida et La bohème de Leoncavallo.

Il réalise également les costumes pour des productions avec Christopher Alden, en particulier pour Wozzeck, Tosca et Partenope. Pour David Alden, il conçoit les costumes de Jenůfa, Katia Kabanova, Die Meistersinger et La gazza ladra, ainsi que les décors et costumes de Maometto II et Otello. Il collabore aussi avec les metteurs en scène Jonathan Miller, Matthew Richardson ou Graham Vick. Jon Murrell travaille régulièrement pour le ballet, notamment pour Scarlett's Fearful Symme tries ou Page's Tipping Point. Récipiendaire de nombreux prix internatio naux, il obtient l'Olivier Award pour sa conception de costumes à deux reprises, pour Top Hat en 2013 et Anything Goes en 2022. ◯

David Alden Mise en scène Gideon Davey Marc Minkowski Direction musicale Jon Morrell
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ÉclairagisteLumières de renommée internationale tant à l'opéra qu'au théâtre, D. M. Wood illumine les scènes du monde entier. Elle signe les éclairages de L'elisir d'amore et de Medea à Omaha, Margherita, Risurrezione, Salome, Don Bucefalo et Silent Night au Wexford Festival Opera, La bohème à Florence, A Midsummer Night's Dream et Tosca au Nevill Holt Opera, Don Giovanni et The Impor tance of Being Earnest au Northern Ireland Opera, L'Heure espagnole et Gianni Schicchi et Candide à l'Opéra national de Lorraine, Maria Stuarda à Seattle, Il barbiere di Siviglia et Le nozze di Figaro à Boston, Norma à Barce lone, Anna Bolena à Chicago, La Favorite à Graz, L'Enfant et les sortilèges au Bolchoï, Il trittico au Covent Garden de Londres. Ses productions récentes incluent A Midsummer Night's Dream à Santa Fe et Die Walküre à l'Opéra royal du ReumertelleproductionDanemark,pourlaquellesevoitdécernerlePrixen2022.

AprèsMouvementunecarrière réussie en tant que danseuse dans divers ensembles, Maxine Braham est aujourd'hui une chorégraphe et metteuse en scène très recherchée pour la danse, l'opéra et le théâtre.

Ses productions récentes ont vu le jour au Metropoli tan Opera, au Théâtre Mariinski et au Covent Garden de Londres. Elle travaille étroitement avec le metteur en scène David Alden depuis de nom breuses années, sur des projets tels que La gazza ladra de Rossini et Lohengrin au Covent Garden de Londres, une Jenůfa récompensée par un Olivier Award, Lucia di Lammermoor et Otello à l'English National Opera de Londres, ainsi que trois opéras de jeunesse de Verdi à l'Opéra de Hambourg. Ils collaborent également pour Peter Grimes à l'ENO, à l'Opéra des Flandres et au Deutsche Oper de Berlin, Katia Kabanova et Billy Budd à l'ENO et Un ballo in maschera au MET. Elle travaille avec Tim Albery, Daniel Slater et Yoshi Oida et le Belfast International Festival. ◯

Très appréciée pour ses qualités vocales, musicales et scéniques, la jeune soprano Ruzan Mantashyan figure parmi les chan teuses les plus promet teuses de sa génération. Après des études de piano et de chant auprès de Valery Harutyunov, elle se perfectionne à l'Accade mia di Belcanto — Mirella Freni à Modène, puis auprès de MonteleBarcelone,FranciscoSpécialRécompenséeParisdemembreEnsuite,FassbenderHedwigàFrancfort.elledevientdel'Atelierlyriquel'Opéranationaldejusqu'en2016.parlePrixduConcoursViñasdeelleremporteconcoursTotiDalavecsaMusetta(

La bohème), rôle qu'elle interprète à Trévise, Bolzano et Ferrare. Elle brille également en Susanna (Le nozze di Figaro), Fiordiligi (Così fan tutte) à Munich ou Xenia (Boris Godounov) à l'Opéra de Paris. À Genève, elle s'est fait remarquerparticulièrementdansMimì( La bohème), Marguerite (Faust) et Natacha (Guerre et Paix).

John Osborn Ténor / CélèbreÉléazarténorengagé sur les plus grandes scènes lyriques, John Osborn est particulièrement reconnu pour ses interprétations de Don Ottavio (Don Giovanni) à La Scala ou Otello de Rossini (rôle-titre) au Wiener Staatsoper et au Covent Garden. Il incarne souvent les traits d'Arnold de Melchthal (Guillaume Tell), au Metropolitan, à Santa Cecilia, mais aussi au Grand Théâtre. Pour la scène genevoise, il incarne également un Faust d'anthologie à l'Opéra des Nations, sous la direction de Michel Plasson, et Raoul de Nangis (Les Huguenots), dirigé par Marc Minkowski. Parmi les GoffredoOsborn,prestigieusesrécompensesdeJohncitonsleprixPetrassi2010, le

prix Aureliano Pertile 2012, le Bellini d'Oro 2014, le « Prix d'amis » 2015 des Amis de l'Opéra national des Pays-Bas, ainsi que le prix critique 2015-2016 des Amis du Liceu pour son interprétation de Benvenuto Cellini.

D.M. Wood Maxine Braham
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Biographies

Ioan Hotea Ténor / Leopold

Le ténor roumain Ioan Hotea, né à Baia Mare en Roumanie, est diplômé de l'Académie de musique de Bucarest. Il fait ses débuts professionnels à l'âge de 21 ans dans le rôle de Nemorino (L'elisir d'amore) et se voit immédiatement engagé comme soliste à l'Opéra national roumain de Bucarest où il interprète notamment les rôles d'Alfredo (La traviata), d'Almaviva (Il barbiere di Siviglia) et de Don Ottavio (Don Giovanni). Lauréat de plusieurs concours, dont Hariclea Darclée en 2015. Lauréat du concours Operalia, il obtient le premier prix dans les catégories Opéra et Zarzuela. Depuis, il se produit sur les plus grandes scènes Ferrandod'autres.l'OpéralecommeeuropéennesleCoventGarden,WienerStaatsoper,deParis,etbienRécemment,ilseproduitdanslerôlede( Così fan tutte) à Wiesbaden et Dresde, ainsi que dans celui de Edgardo (Lucia di Lammermoor) à Düsseldorf, sous la direction d'Antonio Fogliani. ◯

Soprano / La Princesse commeinterprètenationalartistesProgrammedevientEnconcoursMariinskychanteSaint-Pétersbourg.auuneElenaNéeEudoxieàVladikavkaz,TsallagovaobtientboursepourentrerConservatoiredeElleensuiteauThéâtreetremporteleRachmaninoff.octobre2006,ellemembredudesjeunesdel'OpéradeParis,oùelledesrôlesDespinadans

Baryton / Ruggiero / Albert / Le Crieur / Un bourreau / Un officier

Così

fan tutte et le rôle-titre dans La Petite Renarde rusée. De 2008 à 2010, elle est membre de l'ensemble de l'Opéra d'État de Bavière et puis, en 2013, rejoint la troupe du Deutsche Oper de Berlin, La saison dernière, elle a fait ses débuts dans le rôle de Violetta. Au cours de la saison 2018-19, elle fait ses débuts au DNO dans le rôle de Mélisande et chante Leïla dans Les Pêcheurs de perles. En 2019-20, elle chante Musetta à l'Opéra national de Paris, la Passion selon saint Matthieu à Berlin et fait ses débuts à la Semaine Mozart de Salzbourg.

Né à Ekaterinburg, Dmitry Ulyanov est soliste du Théâtre Stanislavski depuis 2000. La même année, il remporte le Grand Prix du Concours international du Festival UNESCO au Kazakhstan. Il se produit non seulement dans les grands rôles de basse du répertoire russe — notam ment Grémine (Eugène Onéguine), Pimène et Boris Godounov, Kontchak et Galitski (Le Prince Igor), le roi Dodon (Le Coq d'or) –, mais aussi dans le répertoire verdien et wagnérien — Philippe II (Don Carlos), Ferrando (Il trovatore), Padre Guardiano (La forza del destino), Hunding (Die Walküre), Hermann (Tannhäuser), etc. Il a été invité sur toutes les scènes d'Europe, de la péninsule ibérique à la Russie. En 2015, Dmitry Ulyanov est nommé « Best Male Singer of the Year » pour le rôle d'Ivan Khovanski (Khovanchtchina) au Russian Opera Award « Casta Diva ». La saison passée, il a fait ses premiers pas sur la scène du Grand Théâtre dans Guerre et Paix.

Le baryton croate Leon Košavić a étudié avec Giorgio Surian à Zagreb et a bénéficié des conseils de José van Dam en tant qu'artiste en résidence à la Chapelle musicale Reine Elisabeth. Leon Košavić a déjà plusieurs distinctions à son actif, dont le Premier prix Emmerich Smola-Förder (2015). En 2011, il fait ses débuts dans le rôle de Moralès (Carmen) à l'Académie de musique de Zagreb, puis apparaît sur la scène du Théâtre national de Croatie dans plusieurs productions de Mozart : Papageno (Die Zauberflöte), Masetto / Don Giovanni (Don Giovanni). Peu après, Leon Košavić fait ses débuts dans le rôle de Figaro (Il barbiere di Siviglia) à l'Opéra national de Finlande, qu'il reprend à l'Opéra national du Rhin. Après ses premiers succès, il débute en 2019 à l'Opera Ballet Vlaanderen dans le rôle de Ruggiero (La Juive). Dernièrement, il interprète notamment les rôles d'Harlekin (Ariadne auf Naxos) et Giorgio Germont (La traviata). ◯

Elena Tsallagova Dmitry Ulyanov Basse / Le Cardinal de Brogni Leon Košavić
48

Basse / Un homme du peuple I

Né à Valence, il a commencé à étudier la percussion à l'âge de huit ans. En 2013, il a remporté le premier prix des Jeunesses Musicales d'Espagne et a fait ses débuts (amd'opéraDevenuprofessionnels.membredustudioduDeutscheOperRhein.ilachantéSam

Trouble in Tahiti) dans plusieurs nationalnotammentproductions,àl'OpéradesPays-Bas et

au Grand Théâtre de Luxembourg. Il a récem ment fait ses débuts au Teatro Real de Madrid et a enregistré le DVD Anatomía de la Zarzuela pour Warner Classics. Soliste fixe en 2021/2022 au Luzerner Theater.

Baryton / Un homme du peuple II

La formation inter nationale du créationLyrique,l'Europe.développeàProvence.deàdeLyriqueIlTomoùReineSupérieureenSupérieurd'abordGnidiifranco-ukrainienbarytonIgorleconduittoutauConservatoired'Étatd'OdessaUkrainepuisàl'ÉcoledeMusiqueSofiaàMadrid,iltravailleavecKrauseetManuelCid.entreensuiteàl'Atelierdel'OpéranationalParis,puisparticipel'AcadémieEuropéenneMusiqueàAix-en-IlfaitsesdébutsOdessa,sacarrièresedanstouteAvecl'Atelierilparticipeàlamondialedes

Aveugles de Xavier Dayer. Il fait ses débuts sur la scène de l'Opéra national de Paris dans La traviata (Marquis d'Obigny). Il colla bore avec des metteurs en scène comme Robert Carsen, Gilbert Deflo, Francesca Zambello, Giancarlo Del Monaco, Christoph Marthaler... et chante sous la direction d'Alain Altinoglu, Sylvain Cambreling, Jeffrey Tate, Marc Albrecht, Daniel Oren, Pinchas Steinberg...

◯ auDébutsGrand Théâtre de Genève

Biographies49

Sopranos

Fosca Aquaro

Lucie

IuliaNinaAnnaDeborahCristianaMarieDariaMartinaVictoriaGaMayakoJanaNicolaInesFlorianeCeliaChloéAndréChavanonCornuKinzerCoulierFloresBrasilHollymanIlievItoYoungLimMartynenkoMöller-GösogeMyolenkoOrsetPresuttiSalazarSamokhinaShelpiakovaElenaSurdu

Altos

Vanessa Laterza

Audrey Burgener

Ténors Humberto Ayerbe Paul Belmonte

Yan LouisMarinBisserGeorgiTerigeAurélienJoéSanghunPawelLyonelRémiYong-PingFernandoFrédéricJaimeBuaCaicompaiCaussyCuellarGaoGarinGrelazJekaLeePazosReymondSirolliSredkovTerziyskiYonchevZaitoun

Basses

Romaric Braun Nicolas Carré Philip

ZoéMarinaAnouchkaNataliaCoralieCélineMiVarduhiAnaëlleAstridMagaliDelgadilloDuceau-BerlyDupuisGregoruttiKhatchatryanYoungKimKotQuellierRudaSchwokVassileva-ChaveevaVauconsantMassicote

Alina

DimitriPawelÉtienneSebastiaJoshuaEmerikVladimirSeongIgorThibautRodrigoChristophePeterAleksandarCasperdChaveevBaekeunChoCoulierGarciaGérentetGnidiiHoHanKazakovMalandainMorrisPerisProstSlusarzTikhonov

Chœur du Grand Théâtre de Genève
50

Premiers violons

Bogdan ZimmermanMichikoYinMurielBénédicteFlorinYumiGuillaumeStéphaneElodieLindaCarolineYumikoAbdel-HamidZvoristeanuElShwekhAwanoBaeriswylBärlundBugniGuiocheauJacotKuboMoldoveanuMoreauNobleShenYamadaCristian

Seconds violons

Contrebasses

Héctor Sapiña Lledó Bo GerganaAdrienMihaiIvyAlainYuanRuauxWongFaurGaubertKusheva Trân Nuno Osório

Flûtes Sarah Rumer Loïc JonaJericaRaphaëlleSchneiderRubellinPavliVenturi

Trombones

Matteo De Luca

Alexandre Faure

Vincent Métrailler

Andrea Bandini

Laurent Fouqueray

Tuba Ross Knight Timbales

Arthur Bonzon Olivier Perrenoud

Percussions

Christophe Delannoy

Michel MichaelMaillardTschamper

NinaCristianDavidClaireEleonoraMerryClaireInesVéroniqueYesongGabrielleFlorenceRosneiClaireFrançoisBougamontPayet-LabonneDassesseTuonBerdatDoretJeongKüminLadewigMarcuardMechlingRyndinaTemperville-ClasenVallezVasileVasylieva

Sidonie

Hautbois Nora SylvainAlexandreVincentSimonCismondiSommerhalderGay-BalmazEmardLombard

Clarinettes

Dmitry Rasul-Kareyev

Michel Westphal Benoît GuillaumeCamilloWillmannBattistelloLeCorre

Altos

Frédéric Kirch Elçim

YanCatherineVerenaMarcoDenisStéphaneHubertHannahJaritaEmmanuelÖzdemirMorelNgFrankeGeiserGontièsMartinNirtaSchweizerSorisOrbanWeiWang

Violoncelles

Léonard Frey-Maibach

Hilmar Schweizer

Jakob CarolineOlivierYaoLaurentClasenIssartelJinMorelSiméand

Son Lam Trân

Morel

Bassons Céleste-Marie Roy Afonso KatrinVincentFranciscoVenturieriCerpaRománGodelHerda

Cors Jean-Pierre Berry Julia AgnèsClémentPierreAlexisIsabelleHeirichBourgeoisCrouzilBriandCharpentier-LeroyChopin

Trompettes Olivier LaurentClaude-AlainGérardGiulianoBombrunSommerhalderMétraillerBarmazFabre

Harpe NN

Pratique d'orchestre (DAS) Cristian Zimmerman, violon Beatriz Amado Acosta, alto Gabriel Esteban, violoncelle Jeanne Maugrenier, cor

Production

Guillaume Bachellier, délégué

Régie du personnel

Grégory Cassar, régisseur principal Mariana Cossermelli, régisseur adjoint

Régie technique

Catarina Duarte, violon Maria Inês Monteiro, alto Charles Reydellet, cor Mathis Pellaux, percussion

51 Orchestre de la suisse romande — La Juive

Figuration

Krystyna Bikhovets

David Blunier

Alice

IvanTamimVeronikaInèsRomaineMaëvaBounmyJacquelotGolanKallalKhorozovaMahmoudMatthieu(L'Empereur

Alix AlexisAxelIvankaMiguelMoizanOllietAlejandro

Sigismond)

Rivera Vila

Camille Saglibene

Saibou Sare

Yuri FrankJorysSoryZegaracZiatni

Figuration Enfants

Liam Petite

Jade Phan Skubak

Lucie Phan Skubak

52

Équipe artistique

Assistant à la direction musicale Rodrigo de Vera

Assistante à la mise en scène Olga Poliakova

Assistante aux costumes Paula Klein

Chefs de chant Jean-Paul Pruna Xavier Dami

Assistante à la mise en scène GTG Élise Boch

Régisseur-e-s de production Manon Launey Hugo Mottet

Régie surtitres Benjamin Delpouve

Directeur artistique adjoint Arnaud Fétique

Chargé de production artistique et casting Markus Hollop

Chargée d'administration artistique Camille Le Brouster

Assistante de production et responsable de la figuration Matilde Fassò

Responsable des ressources musicales Éric Haegi

Régisseure des chœurs Marianne Dellacasagrande

Équipe technique

Directeur technique Luc Van Loon

Adjointe administrative Sabine Buchard

Régisseure technique de production Ana Martín Del Hierro

Chef de plateau Patrick Savariau

Machinerie Yannick Sicilia

Éclairages Marius Échenard

Accessoires Patrick Sengstag

Électromécanique David Bouvrat

Son/Vidéo Jérôme Ruchet

Habillage Sonia Ferreira Gomez

Perruques/Maquillage Karine ChristèleCuendetPaillard

Ateliers costumes Carole Lacroix

Équipes53

DIRECTION GÉNÉRALE

Directeur général

Aviel Cahn

Assistante administrative Valérie Drechsler

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Secrétaire générale

Carole Trousseau

Attaché de Direction et Chargé du contrôle interne Swan Varano Adjointe administrative Cynthia Haro

DIRECTION ARTISTIQUE Directeur artistique adjoint Arnaud Fétique Assistante à la mise en scène Elise Boch

ADMINISTRATION ARTISTIQUE

Chargé de production artistique et casting

Markus Hollop

Chargée d'administration et de planning

Camille Le Brouster

Assistante de production et responsable de la figuration

Matilde Fassò

RÉGIE DE RégisseureSCÈNEgénéral

Chantal Graf Régisseur Jean-Pierre Dequaire

ChefMUSIQUEdechant principal Jean-Paul Pruna Chefs de chant/Pianistes

Xavier RéginaldDamiLe Reun Responsable ressources musicales

Eric Haegi Jeune Ensemble

Julieth Lozano Omar EnaWilliamManciniMeinertPongrac

DRAMATURGIE DÉVELOPPEMENTET CULTUREL

Dramaturge Clara Pons Rédacteur-traducteur Christopher Park développementResponsable culturel

Sabryna Pierre Collaborateur jeune public

Fabrice Farina Assistante administrative Gloria de Gaspar

ChefCHŒURdes chœurs

Alan Woodbridge Régisseure des chœurs et administrativeassistante musicale

Marianne Dellacasagrande

Sopranos

Fosca Aquaro Chloé NicolaChavanonHollyman

Iana IuliaAnnaCristianaMartinaVictoriaMayakoIlievItoMartynenkoMöller-GosogePresuttiSamokhinaElenaSurdu

Altos Vanessa Laterza Elise MarianaNegarCélineMi-YoungVarduhiMagaliAudreyBédènesBurgenerDuceauKhachatryanKimKotMehravaranVassileva-Chaveeva

Ténors Jaime LouisMarinBisserGeorgiTerigeJoséSanghunLyonelRémiYong-PingCaicompaiGaoGarinGrélazLeePazosSirolliSredkovTerziyskiYonchevZaitoun

Basses

Romaric Braun Nicolas Carré Phillip DimitriSebastiaVladimirSeong-HoIgorRodrigoChristophePeterAleksandarCasperdChaveevBaekeunChoCoulierGarciaGnidiiHanKazakovPerisTikhonov

DirecteurBALLET du Ballet

Sidi Larbi Cherkaoui Directeur opérationnel du ballet

Florent Mollet Adjoint Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Léa Caufin Maître de ballet

Manuel Renard Danseuses

Yumi MadelineSaraMohanaTiffanySaraDianaZoéCélineAizawaAllainCharpentierDiasDuarteOuwendykPachecoRapinShigenariWong

Danseurs

Valentino Bertolini

Juan Perez Cardona Adelson Carlos Quintin Cianci

Oscar Comesaña Salgueiro Ricardo Gomes Macedo Armando Gonzalez Besa

Robbie Moore Luca NahuelGeoffreyScadutoVanDyckVega

TECHNIQUE DU BALLET

Directeur technique du ballet Rudy Parra Régisseur lumières Sébastien Babel Service médical Dr Victoria La(HirslandenDuthonCliniqueColline)

MÉCÉNAT ET SPONSORING

Responsable du mécénat Frédérique Walthert Adjointe administrative Natalie Ruchat

ResponsablePRESSE presse et relations publiques Karin Kotsoglou Assistante communication Isabelle Jornod

MARKETING & VENTES

Directeur Marketing & Ventes Alain Duchêne

ResponsableMARKETING communication digitale

Wladislas Marian Community Manager Alice Riondel Graphiste Sébastien Fourtouill Vidéaste

Florent Dubois Assistante communication Corinne Béroujon Rabbertz Coordinatrice communication Tania Rutigliani

ResponsableBILLETTERIE billetterie et du développement des publics Christophe Lutzelschwab Responsable addéveloppementadjointedespublicsinterim

Mélissa Syder billetterieCollaborateur-trice-s Gwenaëlle Briguet Hawa JessicaDiallo-SingaréAlves

ACCUEIL DU PUBLIC

Responsable accueil du public Pascal Berlie Agent-e-s d'accueil Pierre

MarlèneKarenYannLiliBenjaminYannickAndreasTeymourNathanDavidEstelleArianSamLauraMichelSélimMaïdaCharlotteAkeribAubinAvdicBesselingChappellazColunFagnartIrajForotanBaghaFrigentiGillieronGremaudKadjarKesslerKummerlingLechevrelLesimpleLodjimaMaireMaret

Enzo QuentinEliottRuiDorisKalinaIlliasJuliaMargotLydiaSophieMattuzziMillarPieperPlantevinRiederSchneiderSchonenbergerSergySimaoWaldisWeber

ResponsableFINANCES Finances Manuela Lacombe Comptables Paola LaureChantalAndreanaAndreettaBoleaChappotKabashi

RESSOURCES HUMAINES

Responsable RH Blaise Deppierraz Gestionnaires RH Luciana Hernandez Marina Della Valle

ChefINFORMATIQUEdeservice

Marco Reichardt Administrateurs informatiques et télécoms Lionel LudovicBolouJacob

ArchivisteARCHIVES / Gestionnaire des collections Anne Zendali Dimopoulos

CAFÉTÉRIA DU PERSONNEL Coordinateur Christian Lechevrel Collaborateur-trice-s buvette Norberto Cavaco Maria Savino Cuisinier Olivier Marguin

DirecteurTECHNIQUEtechnique

Luc Van Loon Adjointe administrative Sabine Buchard Régisseures techniques de production Ana Martín del Hierro Catherine Mouvet

BUREAU D' ResponsableÉTUDEdubureau d'étude Fabrice Bondier Assistant Christophe Poncin Dessinateur-trice-s Stéphane Abbet Solène AntonioLaurentDiStefano

ResponsableLOGISTIQUE logistique

Thomas Clément Chauffeurs / Collaborateur administratif Dragos Mihai Cotarlici Alain Klette

54

SERVICE INTÉRIEUR

Huissier responsable Stéphane Condolo Huissier-ère-s Bekim FanniAntoniosTeymourDaciKadjarKardelisSmiricky

Huissiers/Coursiers Cédric TimothéeLullinWeber

bâtimentIngénieurETINFRASTRUCTUREBÂTIMENTinfrastructureetsécurité

Roland Fouillerat Responsable d'entretien Thierry Grasset

CHEFS DE PLATEAU

Stéphane Nightingale Patrick Savariau

ChefMACHINERIEdeservice

Stéphane Guillaume Sous-chefs Juan YannickDanielStéphaneCalvinoDesogusJimenoSicilia

Sous-chef cintrier Killian Beaud Brigadiers Henrique Fernandes Da Silva Sulay Jobe Sous-brigadiers Manuel Gandara Johny Perillard Machinistes Philippe Calame Vincent De Carlo Eric DamianHervéJulienSedrakClertantGyumushyanPachePellaudVillalba

Machinistes-cintrier Vincent Campoy Alfio NicolasScarvaglieriTagand Menuisier de plateau et chargé de l'entretien Francesco Mauvis

SON & VIDÉO

Chef de service Jean-Marc Pinget Sous-chef Claudio Müller Techniciens Amin JérômeBarkaRuchet

ChefÉCLAIRAGEdeservice

Simon Trottet Sous-chefs de production Marius StéphaneEchenardGomez

Sous-chef opérateur lumières et informatique de scène David Martinez Coordinateur de production Blaise Schaffter Techniciens éclairagistes Serge Alérini Dinko Baresic

Salim JuanRomainJeanStéphaneBoussaliaEsteveSottasToppanoVera

Electronicien Clément Brat Opérateurs lumière et informatique de scène Florent Farinelli

William Desbordes Responsable entretien électrique Fabian Pracchia

ChefÉLECTROMÉCANIQUEdeservice

Jean-Christophe Pégatoquet Sous-chef David Bouvrat Electromécaniciens Fabien SébastienEmmanuelChristopheStéphaneBerenguierResplendinoSeydouxVernamonteDuraffour

ChefACCESSOIRESdeservice

Damien Bernard Sous-chef Patrick Sengstag Accessoiristes Vincent Bezzola Joëlle PierreSilviaPadrutAnikCédricStamatisBonzonKanellopoulosPointurier-SolinasPoloTacchellaWerderWüllenweber

CheffeHABILLAGEdeservice

Joëlle Muller Sous-cheffe Sonia Ferreira Gomez Responsable costumes Ballet Caroline Bault Habilleur-euse-s Claire CharlotteVeronicaLorenaChristelleOlgaPhilippeSylvianneAngéliqueCécileRaphaëleBarrilBouvierCottet-NègreDucrotGuillaumeJungoKondrachinaMajeurVanzo-PallanteSegoviaSimoneau

PERRUQUES ET MAQUILLAGE

Cheffe de service

Karine Cuendet Sous-cheffe Christèle Paillard Perruquières-maquilleuses Lina Frascione Bontorno Cécile Jouen Alexia Sabinotto

ATELIERS DÉCORS

Chef des ateliers décors Michel Chapatte Assistant Christophe Poncin Magasinier Roberto Serafini

ChefMENUISERIEdeservice

Stéphane Batzli Sous-chef Manuel Puga Becerra Menuisiers Pedro GermanPhilippeAitorFrédéricIvanGiovanniBritoConteCrimellaGisigerLuqueMoretPena SerruriersSERRURERIE

Patrick Barthe Yves Dubuis

TAPISSERIE DÉCORATION

Chef de service Dominique Baumgartner Sous-chef Philippe Lavorel etTapissier-ère-sdécorateur-trice-s Daniela De Rocchi Raphaël DominiqueLoviatHumair Rotaru Fanny Silva Caldari

PEINTURE DÉCORATION

Chef de service Fabrice Carmona Sous-chef Christophe Ryser Peintres Gemy Aïk Ali JanelStéphaneBachir-ChérifCroisierFluri

ATELIERS COSTUMES

Chef des ateliers costumes Armindo Faustino-Portas (ad interim) Assistante Carole Lacroix

ATELIER Costumier-ère-sCOUTURE Amar CarolineAit-BrahamEbrecht Tailleure Lurdes Do Quental Couturier-ère-s Sophie De Blonay Léa AstridSoizicAna-MariaYulendiXavierLéaGwenaëlleMarieIvannaCardinauxDenisHirschiMuryPerarnauRandrianarisonRamirezRiveraRudantWalter

DÉCO ET CheffeCOSTUMESACCESSOIRESdeservice

Isabelle Pellissier-Duc Décoratrices Corinne EmanuelaBaudrazNotaro

ChefCUIR de service Michel Blessemaille Cordonnières Catherine Stuppi

PERSONNEL MédiamaticienTEMPORAIRESUPPLÉMENTAIRE

Enzo Incorvaia (apprenti)

Technique de scène Noah Nikita Kreil (apprenti)

Ressources humaines Laura AnitaElodieAlexiaCasimoDubossonSamsonHasani(apprentie)

Ballet

Pascal Marty Emilie Meeus

Régisseur plateau Alexandre Ramos Serrurerie

Besnik Ademi Samir Lahlimi Bureau d'étude Cédric Bach

atelierResponsablecouture

Mireille Dessingy Son et vidéo Youssef Kharbouch Habillage Ann Schonenberg Machinerie

Chann Bastard

David JulienBenjaminBerdatMermetPerillard

Informatique Alexandre Da Silva Martins (apprenti)

Archives

Jérémy Collet

etDramaturgiedéveloppement culturel Latcheen Maslamani Billetterie

Solana Cruz (apprentie)

Finances Jonathan Esteban Infrastructure et bâtiment André Barros (apprenti)

55 Équipes

La Fondation du Grand Théâtre de Genève

Le Grand Théâtre est régi depuis 1964 par la Fondation du Grand Théâtre de Genève sous la forme juridique d'une Fondation d'intérêt communal, dont les statuts ont été adoptés par le Conseil municipal et par le Grand Conseil. Principalement financée par la Ville de Genève avec le soutien de l'Association des communes genevoises et de mécènes, la Fondation a pour mission d'assurer l'exploitation du Grand Théâtre,

Conseil de Fondation

M. Xavier Oberson, président*

Mme Sandrine Salerno, vice-présidente*

M. Guy Dossan, secrétaire* M. Sami Kanaan*

Mme Frédérique Perler* M. Claude Demole*

Mme Dominique Perruchoud*

M. Ronald Asmar

M. Marc Dalphin

M. Shelby R. du Pasquier M. Rémy Pagani

notamment en y organisant des spectacles d'art lyrique, chorégraphique et dramatique (art. 2 de ses statuts).

Le Conseil de Fondation est composé de quatorze membres, désignés par le Conseil municipal et le Conseil administratif de la Ville de Genève, et d'un membre invité représentant du personnel.

M. Thomas Putallaz M. Mathieu Romanens

Mme Maria Vittoria Romano

M. Juan Calvino, membre invité représentant du personnel

M. Guy Demole, président d'honneur fondation@gtg.chCynthiaSecrétariatHaro

* Membre du Bureau

Situation au 1er septembre 2022

56

Devenez mécène du Grand Théâtre !

Vous ferez partie de la plus grande structure artistique de Suisse romande. Vous renforcerez son ancrage à Genève et son rayonnement international. Vous participerez à la poursuite des ambitions du Grand Théâtre : l'excellence artistique, l'innovation et l'ouverture à tous les publics.

Chaque saison, le Grand Théâtre présente des productions qui évoquent les grands sujets de notre époque, destinées à faire vivre l'expérience incomparable de l’art dans toutes ses formes au plus grand nombre. Votre don constitue un soutien vital à la réalisation de ces projets audacieux.

Il existe un large champ d’initiatives que vous pouvez soutenir et qui vous permet de vous associer aux valeurs du Grand Théâtre : participez directement au financement d'une saison ou d'un spectacle ; soutenez un projet qui rassemble plusieurs disciplines artistiques ; engagez-vous pour la jeunesse et pour

la diversification des publics ; contribuez à l’action visant à rendre accessible le Grand Théâtre à petit prix ; aidez les artistes du Grand Théâtre.

À titre privé, dans le cadre d'une fondation ou d’une entreprise, votre mécénat se construit selon vos souhaits en relation privilégiée avec le Grand Théâtre, pour mettre en avant des valeurs communes – la création, l’innovation, l'ouverture – et enrichir votre projet d’entreprise ou personnel. En tant que mécène, vous bénéficiez d'une visibilité unique, vous avez un accès exceptionnel aux productions, vous vivez des moments inoubliables en compagnie des grands artistes de notre époque.

Rejoignez-nous, engageons-nous ensemble à pérenniser les missions du Grand Théâtre !

Informations et contact +41 22 322 50 58 +41 22 322 50 mecenat@gtg.ch59

Le Grand Théâtre de Genève remercie pour leur généreux soutien :

Ville de Genève, Association des communes genevoises, Cercle du Grand Théâtre de Genève, Aline Foriel-Destezet, République et Canton de Genève

Ses grands mécènes : Rémy et Verena Best, Généreux donateur conseillé par CARIGEST SA, Guy et Françoise Demole, Angela et Luis Freitas de Oliveira, Emil Frey, Caroline et Éric Freymond, Ernst Göhner Stiftung, Indosuez Wealth Management, JT International, Brigitte Lescure, Famille Lundin, Fondation Francis et Marie-France Minkoff, Fondation du Groupe Pictet, REYL & Cie SA, Fondation Edmond J. Safra, Union Bancaire Privée, UBP SA, Stiftung Usine, Fondation VRM

Ses mécènes : Fondation Alfred et Eugénie Baur, Fondation Coromandel, Fondation Famsa, Hyposwiss Private Bank Genève SA, Fondation Inspir’, France Majoie Le Lous, Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, Mirabaud & Cie SA, MKS PAMP SA, Michael de Picciotto, Adam et Chloé Said, Jacques et Iman de Saussure, Famille Schoenlaub, Fondation du Domaine de Villette

57
Mécénat

Le Cercle du Grand Théâtre de Genève

Le Cercle du Grand Théâtre de Genève rassemble toutes les personnes et entreprises intéressées à soutenir les activités du Grand Théâtre dans le domaine des arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Depuis sa création en 1986, le Cercle apporte chaque saison un important soutien financier au Grand Théâtre par des contributions aux spectacles.

Pour la saison 2022-2023, le Cercle soutient les productions suivantes : Katia Kabanova, le ballet Mondes flottants et Lady Macbeth de Mtsensk.

Pourquoi rejoindre le Cercle ? Pour partager une passion commune et s'investir dans l'art vivant avec la plus grande scène culturelle de la Suisse romande.

Certains de nos avantages exclusifs :

· Cocktails d'entracte

· Dîner de gala annuel

· Voyages lyriques sur des scènes européennes

· Conférence annuelle Les Métiers de l'Opéra

· Participation à la finale du Concours de Genève (section voix)

· Priorité pour la souscription des abonnements

· Priorité de placement et utilisation de la même place tout au long de la saison

· Service de billetterie personnalisé

· Tarifs préférentiels pour la location des espaces du Grand Théâtre

· Invitation au pot de Première

· Meet & Greet avec un·e artiste et/ou un·e membre de la production

· Accès gratuit à toutes les activités de La Plage

Bureau (novembre 2020)

M. Rémy Best, président

M. Shelby du Pasquier, vice-président

Mme Véronique Walter, trésorière Mme Beatrice Rötheli-Mariotti, secrétaire

Autres membres du Comité (novembre 2020)

M. Antoine Khairallah

Mme Pilar de La Béraudière

M. François Reyl M. Adam Said M. Julien Schoenlaub

Mme Benedetta Spinola

M. Gerson Waechter

58

Membres bienfaiteurs

M. Metin Arditi

M. et Mme Rémy Best M. Jean FondationBonnadugroupe Pictet

M. et Mme Luis Freitas de Oliveira M. et Mme Pierre Keller

Banque Lombard Odier & Cie MKS PAMP SA

M. et Mme Yves Oltramare M. et Mme Julien Schoenlaub M. et Mme Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer

Membres individuels

S.A. Prince Amyn Aga Khan

Mme Marie-France Allez de Royère Mme Diane d'Arcis M. et Mme Luc Argand Mme Gillian Arnold M. Cesar Henrique Arthou M. Ronald Asmar

Mme May Bakhtiar

Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn M. et Mme François Bellanger Mme Annie Benhamou

Mme Maria Pilar de la Béraudière M. Vincent Bernasconi M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen

Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d'Adda Mme Géraldine Burrus M. Yves Burrus

Mme Caroline Caffin Mme Emily Chaligné M. et Mme Jacques Chammas M. et Mme Philipe Chandon-Moët Mme Claudia Ciampi M. et Mme Philippe Cottier Mme Tatjana Darani M. et Mme Claude Demole M. et Mme Guy Demole M. et Mme Michel Dominicé M. Pierre Dreyfus M. et Mme Olivier Dunant

Mme Marie-Christine Dutheillet de Lamothe Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter M. et Mme Patrice Feron M. et Mme Éric Freymond M. et Mme Yves Gouzer Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière

Mme Bernard Haccius Mme Mona Hamilton Mme Victoria Hristova M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan M. Antoine Khairallah

Mme Madeleine Kogevinas M. et Mme Jean Kohler M. David Lachat M. Marko Lacin Mme Brigitte Lacroix M. et Mme Félix Laemmel Mme Éric Lescure Mme Claire Locher M. Bernard Mach

Mme France Majoie Le Lous M. et Mme Colin Maltby M. et Mme Thierry de Marignac M. Bertrand Maus M. et Mme Olivier Maus Mme Béatrice Mermod

Mme Catherine Meyer Frimenich Mme Vera Michalski-Hoffmann Mme Brigitte Morina M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol M. Xavier Oberson M. et Mme Patrick Odier M. et Mme Alan Parker M. Shelby du Pasquier Mme Jean Pastré

Mme Sibylle Pastré

Baron et Baronne Louis Petiet M. et Mme Gilles Petitpierre Mme Marie-Christine von Pezold M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet Mme Françoise Propper

Comte de Proyart M. et Mme Christopher Quast Mme Zeina Raad M. et Mme Dominique Reyl M. et Mme François Reyl Mme Karin Reza M. et Mme Jean-Pierre Roth M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Jean-Rémy Roussel M. et Mme Adam Said

Marquis et Marquise de Saint Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. Alain Saman Mme Nahid Sappino M. Paul Saurel

Mme Isabelle de Ségur Baronne Seillière

Mme Nathalie Sommer

Marquis et Marquise Enrico Spinola

Mme Christiane Steck

Mme Della Tamari

M. Riccardo Tattoni

Mme Suzanne Troller

M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle

M. et Mme Olivier Vodoz

Mme Bérénice Waechter

M. Gerson Waechter

M. et Mme Stanley Walter M. Stanislas Wirth

Membres institutionnels 1875 Finance SA

BCT Bastion Capital & Trust FCO Private Office SA Fondation Bru Fondation de l'orchestre de la Suisse InternationalRomandeMaritime Services Co. Ltd. Lenz & SchroderStaehelin&Cobanque SA SGS SA

Plus d'informations et le détail complet des avantages pour les membres du Cercle sur Inscriptionsgtg.ch/cercle

Cercle du Grand Théâtre de +411211CaseGwénolaGenèveTrutatpostale249Genève8223218577(8 h-12 h) cercle@gtg.ch Compte bancaire No Banque530290Pictet & Cie SA

Organe de révision Plafida SA

59 Cercle du Grand Théâtre

Les Amis du GTG Grand Théâtre de Genève

Aimez-vous l'opéra, le ballet ou tout simplement le Grand Théâtre et désirez-vous vous impliquer davantage ? Devenir un/e ami/e du Grand Théâtre, c'est soutenir l'ambition artistique de la plus grande institution culturelle de Suisse romande. Tout au long de la saison, le Grand Théâtre offre aux amis une série de rendez-vous qui donnent le privilège de rencontrer des artistes, d'accéder en avantpremière à des répétitions, de découvrir les métiers de la scène, de visiter les ateliers de création de costumes, décors et de participer à des soirées à thème autour des productions et bien plus encore. Le Grand Théâtre vous propose de plonger dans l'univers intimiste des spectacles de la saison et de vous rapprocher de ceux qui, dans la lumière comme dans l'ombre de la scène, œuvrent pour l'art lyrique et chorégraphique afin de nous faire rêver. Devenez membre de notre grande famille, rapprochezvous de la création artistique et bénéficiez de nombreux avantages.

Inscription

En tant qu'ami/e du Grand Théâtre de Genève, vous bénéficiez de multiples avantages en fonction de votre Voulez-vousengagement.rejoindreles amis du Grand Théâtre de Genève, bénéficier des avantages et accéder à toutes nos activités ? Pour ce faire, rendez-vous sur le site du Grand Théâtre à la page gtg.ch/amis et suivez simplement les amis@gtg.chLesindications.AmisduGTG :

deDirecteurlapublication

Réalisation

Grand Théatre de Genève Boulevard du Théâtre 11 Case postale 44 1211 Genève 8 Standard +41 22 322 50 00 Billetterie +41 22 322 50 50 Contact #WeArtGTGgtg.chinfo@gtg.ch

60
Aviel Cahn Rédaction Christopher Park Traduction Christopher Park Relecteur Patrick Vallon
graphique Sébastien Fourtouill Impression Atar Roto Presse SA
IMPRESSUM

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