Extraits du Mensuel de Rennes n46

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NOUVELLE FORMULE

LA RUE, LES POTES, LA DROGUE PUNKS À CHIENS LEUR VIE EN MARGE AU QUOTIDIEN NOTRE REPORTAGE EN IMAGES

Avril 2013/ 4,40€/ lemensuel.com Magazine indépendant / Numéro 46 /

Hiroshi Mizogushi Le maître nippon de la galette bretonne

ÉGLISE, ARMÉE, BARONS DE L’IMMOBILIER, MAIRIE... ENQUÊTE SUR LES GRANDS PROPRIÉTAIRES DE RENNES

Offert avec ce numéro

NOTRE SUPPLÉMENT HABITAT

A qui appartient Rennes? R 28039 - 046 F : 4,4 €



NUMÉ

RO

6 4 AVRIL

LE MENSUEL DE RENNES Magazine indépendant 1, quai Lamennais, 35000 Rennes Tél : 02 99 79 04 65 - Fax : 02 99 79 04 48 Courriel : rennes@lemensuel.com Site internet : www.rennes.lemensuel.com Sur les réseaux sociaux : Facebook : Mensuel de Rennes Twitter : @MensueldeRennes DIRECTION PDG. Directeur de la publication François Maumas Directeur de l’information Killian Tribouillard Directeur artistique & marketing Thomas Dubois Rédacteur en chef photo Romain Joly Rédacteur en chef délégué Donovan Potin RÉDACTION Chef de rédaction Nicolas Legendre Journalistes Claire Staes, Xavier Thierry, Tiphaine Réto Photographes Romain Joly, Jeremias Gonzalez Graphistes Coralie Choupeaux, Thomas Dubois, Agathe Tabouillot Secrétaires de rédaction Tiphaine Réto, Jérôme Hervé Relecture Josette Faure Dessinateur Morvandiau Ont participé à cette édition Olivier Pérou, Sarah Thierry Nouvelle formule graphique acis-galate.com PUBLICITÉ SCRIB COMMUNICATION – 02 99 79 04 65 Courriel : communication@lemensuel.com Direction commerciale François Maumas Chef de publicité - Agence de Rennes Xavier Hinnekint - 02 99 79 12 37 Attaché commercial Publicité/Réassorts points de vente : Romain Jaiffrai – 07 86 49 18 97 ABONNEMENT Marie Léon Le Mensuel Abonnement – 89 bd de la Paix 56000 Vannes - 02 97 47 84 74 – Courriel : abonnements@lemensuel.com RH & ADMINISTRATION Cécile Saison SCRIB – 89 bd de la Paix 56000 Vannes 02 97 47 84 74 Pour toute candidature : rh@lemensuel.com Pour toute demande administrative : administration@lemensuel.com IMPRESSION Etic Graphic, Laval – Imprimé sur du papier PFEC DIFFUSION Dépôt central de presse Dépôt légal : à parution ISSN : 2101-8936 Commission paritaire : 0516 I 89863 Le Mensuel de Rennes est édité par Scrib, créée en juillet 2004 par François Maumas, Thomas Dubois, Romain Joly, Donovan Potin et Killian Tribouillard, SAS au capital social de 15 036 €, Siège social : 89 bd de la Paix 56000 Vannes – 02 97 47 84 74 – RCS Vannes : 477 807 499 – APE : 5814Z. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation de l’éditeur. © 2013 SCRIB SAS

SOMMAIRE

2013

38 AGORA 06. NOUVELLE FORMULE, MÊMES AMBITIONS 08. VOS DÉBATS 11. VOS PHOTOS 12. VOS DÉBATS 12. CLUB ABONNÉS DU MENSUEL

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L'ACTU 14. ÇA S’EST PASSÉ LE... 18. RESTO D’O

Voguent les galères 21. URBANISME

ViaSilva complètement à l’Est 22. GESTION DE L’EAU

Vous avez dit « SPL » ? 24. ANNE DARY

« Le musée des Beaux-arts doit être un lieu majeur » 26. STADE RENNAIS

Les finances virent au rouge 28. ÉCONOMIE

2012 : année noire pour le chômage en Bretagne 30. ET PENDANT CE TEMPS... AU TRIBUNAL

64 3 2 Des c

rabes dans la vilaine

DROITE ET C ENTR UN LONG FLEUE / RENNES VE TRANQUILLE PAS CESSON-S CANARDAGES ÉVIGNÉ EN RÉGLE... Avril 2013 / N°46 Le Mensuel 3


ABONNEZ-VOUS RENDEZ-VOUS P. 29 OU SUR ABO.LEMENSUEL.COM

LES RENDEZ-VOUS DU MENSUEL

48 LE MAG

MAKING-OF LEMENSUEL.COM PUNKS À CHIENS Retrouvez les coulisses de notre reportage (p.48) courant avril

CARTE INTERACTIVE LEMENSUEL.COM GRANDS PROPRIÉTAIRES Découvrez notre carte détaillée des grands propriétaires rennais (p.41) courant avril

EN ATTENDANT LES MUNICIPALES 34. EN ATTENDANT LES MUNICIPALES

Guichen Rurale jusqu’au bout ?

60 68

CULTURAML A

FESTIVA NI VENI, VIDI, VI PHOTO AU BOUT DU ROULEAU

38. EN COUV : PATRIMOINE IMMOBILIER

A qui appartient Rennes ? 48. PUNKS À CHIENS

La rue, la drogue, les potes 58. HIROSHI MIZOGUCHI

Maître de la galette 60. PISCINES

Nageurs cherchent bassins 64. CAFÉ-CONCERT

Feu Les Tontons

MON RENNES 72. PARTAGER

« Rennes est une ville calme et discrète » 74. DÉCOUVRIR

Autour du quai Saint-Cyr 76. BOUGER

76 4 Le Mensuel N°46 / Avril 2013

S’envoyer en l’air pour pas cher 78. GOÛTER

Un bistrot complètement beurré !

SPECIAL GUICHEN Vous souhaitez mettre en perspectives les propos des élus de Guichen (p.34) ? Retrouvez le dossier que nous avions consacré à la commune, en mai 2010, en accès gratuit courant avril

FOOTBALL LEMENSUEL.COM STADE RENNAIS Analyses, résultats, petites phrases... Suivez toute l’actu de votre équipe préférée dans notre dossier Stade rennais

ÉLECTIONS LEMENSUEL.COM MUNICIPALES 2014 Suivez les élections municipales à Rennes et dans sa région dans notre dossier spécial municipales



AGORA

« PUNKS À CHIENS »

ELLE NOUV ULE FORM

Nouvelle formule, mêmes ambitions

LA RUE, LA DROGUE, LES POTES LA VIE EN MARGE, AU QUOTIDIEN. NOTRE REPORTAGE EN IMAGES.

Magazine indépendant / Numéro 46 /

Hiroshi Le Fur Un japonais qui fait des crèpes !

Avril 2013/ 4,40€/ lemensuel.com

ÉGLISE, BARONS DE L’IMMOBILIER, MAIRIE... ENQUÊTE SUR LES GRANDS PROPRIÉTAIRES DE RENNES

A qui appartient Rennes?

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R 28039 - 046 F : 4,4 €

PLUS PETIT MAIS PLUS COSTAUD « Chéri(e), j’ai rétréci le journal ! » A moins d’être victime de troubles ophtalmiques prononcés, vous n’êtes pas sans avoir remarqué que le format du Mensuel a évolué. Plus adaptées aux images, ces nouvelles dimensions lui permettent aussi d’adopter une maquette rénovée, développée en collaboration avec le studio rennais de création graphique Acis&Galaté. Le tout, sans perdre de place. Sa pagination a augmenté.

Difficile de ne pas le remarquer : Le Mensuel de Rennes que vous tenez entre vos mains a subi un sérieux ravalement de façade. Nouvelle « couv’ », nouveau format, nouvelle maquette, nouveau « chemin de fer »… Créé en 2004 dans le Morbihan, lancé à Rennes en 2009, le concept du Mensuel fêtera bientôt ses dix ans. Il nous semblait opportun de lui offrir une cure de jouvence. Objectif : améliorer la forme pour réaffirmer le fond. Depuis mars 2009, Le Mensuel dissèque l’actualité rennaise. Il interroge et interpelle, sans hésiter à mettre les pieds dans le plat. L’idée est de permettre à ses lecteurs de mieux appréhender les enjeux de leur région sans se laisser berner par les stratégies de communication. Le Mensuel n’est pas un journal d’opinion. Il n’a pas la prétention d’expliquer à ses lecteurs ce qu’ils doivent penser. Magazine de débat, il permet l’expression des idées, des analyses et des convictions divergentes. Le Mensuel récolte, recoupe, vérifie et met en perspective pour permettre à chacun de se forger une opinion. Pour remplir sa mission, il creuse ses sujets. Grands reportages, enquêtes, dossiers, photographies de haute qualité… Le Mensuel se donne la place et le temps nécessaires pour traiter l’information différemment, dans un souci permanent d’équilibre et de rigueur journalistique. Le Mensuel n’a pas l’habitude de tourner autour du pot. Ici, les choses sont écrites. Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre ce qu’il y a à comprendre. Aucune question n’est interdite et l’humour n’est pas proscrit... Décalé, parfois décapant, notre magazine assume ce petit côté « frondeur » qu’il gardera encore longtemps. Merci de votre confiance, L’équipe du Mensuel de Rennes

La campagne de communication qui accompagne le lancement de la nouvelle formule de votre magazine réaffirme ses valeurs.

DE NOUVELLES RUBRIQUES POUR UN NOUVEAU MAGAZINE Le déroulé du magazine se décompose désormais en trois grandes parties. En début de journal, les pages « Actu » permettent de découvrir les informations qui vont faire l’actualité rennaise, via des petites brèves exclusives ou des décryptages illustrés. En partie centrale, le Mag’ réunit les enquêtes, les dossiers, les grands reportages et autres portraits, qui permettent un traitement de l’actualité en profondeur. Baptisée Mon Rennes, la fin du journal proposera,

L’actu AGORA

vosphotos.lemensuel.com

ÇA S’EST PASSÉ LE...

www.lemensuel.com

Des crabes dans la vilaine ROGEMONT AIME ET CHÂTIE Marcel Rogemont est pour l’instant le seul député du cru à avoir répondu à la rubrique « Confidences de parlementaires » de Rue 89. Chaque volontaire doit répondre « sans langue de bois » à une flopée de questions. Lorsque le site d’information lui a demandé de compléter la phrase : « Le cumul des mandats, c’est... », le socialiste a répondu : « ...à interdire. Nous devrions interdire tout cumul. » Rogemont sait de quoi il parle : il siège au Département et à l’Assemblée. De 1992 à 1998, il a aussi été en même temps conseiller régional, adjoint rennais, viceprésident de Rennes district (de 1995 à 1997) et député (à partir de 1997), avant d’occuper simultanément les fonctions de conseillers général, municipal et député de 1998 à 2002. Moralité : qui aime bien le cumul châtie bien le cumul.

JEUDI 14.03

LES RENNAIS AU PUNCH RENNES Round cinq. Le Cercle Paul-Bert (CPB) organise la cinquième édition de son gala de boxe aux halles Martenot. Au programme, huit combats professionnels et amateurs au cours desquels les pensionnaires du CPB ont particulièrement brillé. Redouan Aazi bat notamment le Bélarus Dzianis Makar en catégorie poids moyens. Lors de l’opposition très attendue en lourds-légers, Mathieu Monnier domine le champion de Belgique Christophe

VOS PHOTOS

Fin de spectacle Par Aurélien Speller

Dufaux aux points. Enfin, Sébastien Cornu, vainqueur en 2012 de la ceinture intercontinentale WBF lors du même gala, écarte le Polonais Maurycy Gojko, en catégorie super-plumes. « Le Scorpion » prépare ainsi de belle façon son combat de cet été, face à Stéphane Ziani. Il disputera pour la deuxième fois, après sa défaite en 2011, le titre de champion de France. Une victoire serait une première pour un Rennais.

CADRAGE AU CORDEAU, ŒIL DE GÉOMÈTRE, EFFICACITÉ DU NOIR ET BLANC. VOICI L’IMAGE SÉLECTIONNÉE PAR LE MENSUEL, CE MOIS-CI, SUR SON PHOTOBLOG. SIGNÉE AURÉLIEN SPELLER, CETTE PHOTOGRAPHIE A ÉTÉ PRISE À LA FIN D’UNE REPRÉSENTATION DONNÉE AU PARC DU THABOR À RENNES. LANCÉ EN OCTOBRE 2011, VOSPHOTOS.LEMENSUEL.COM A ACCUEILLI SA 200e PHOTOGRAPHIE CE MOIS-CI.

RUBRIQUE COORDONNÉES PAR KILLIAN TRIBOUILLARD ET NICOLAS LEGENDRE killian.tribouillard@lemensuel.com nicolas.legendre@lemensuel.com

DÉPOSEZ VOS IMAGES SUR VOSPHOTOS.LE MENSUEL.COM

Droite et centre / Rennes

GRÉGOIRE LE BLOND SUR TOUS LES FRONTS

UN LONG FLEUVE PAS TRANQUILLE La voie vers l’union est pavée de nids de poule. C’est ce que constatent les caciques de la droite et du centre à Rennes. Ils claironnaient depuis plusieurs mois qu’ils souhaitaient aborder les municipales 2014 en rangs serrés. Tête de liste : Bruno Chavanat (membre de l’UDI, ex-UMP, à droite sur la photo, à côté de Pierre Breteau, maire UDI de Saint-Grégoire). Lieutenant et bras droit : Bertrand Plouvier (responsable de l’UMP à Rennes). Lieutenant bis : Loïck Le Brun (UDI, candidat aux municipales en 2001, à gauche sur la photo). L’entente entre ces trois leaders, annoncée comme parfaite, devait contraster avec les embuscades tendues au leader UMP, Karim Boudjema, en 2008. Ce dernier avait récolté le plus mauvais score de la droite à Rennes depuis la Libération. Tout s’est déroulé sans fausse note jusqu’en février, quand le bras de fer national entre UDI et UMP a brouillé les cartes. En marge d’une visite à Rennes, Jean-François Copé, président de l’UMP, a soufflé le chaud et le froid concernant un éventuel soutien de son parti à Bruno Chavanat, l’ex-camarade passé à l’UDI. Et de glisser, dans une boutade : « J’aimerais

Loïck Le Brun, Pierre Breteau et Bruno Chavanat, en marge de la visite de Jean-Louis Borloo.

J’aimerais bien que Bruno revienne à l’UMP JEAN-FRANÇOIS COPÉ, à propos de Bruno Chavanat

bien que Bruno revienne à l’UMP. » Quelques semaines plus tard, Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, débarquait à Rennes. Le jour même, Bertrand Plouvier annonçait dans la presse qu’il souhaitait voir « 80% » d’encartés UMP sur la future liste de la droite et du centre aux municipales. Ambiance négociation de tapis à Marrakech. Plouvier a nuancé dans la foulée et réaffirmé sa loyauté envers Bruno Chavanat. Ce dernier ne souhaite pas commenter le fameux pourcentage : « Je comprends que les états majors

parisiens aient leur logique et leur tempo. Mais je ne veux pas que ça pollue notre travail localement. Copé est venu, Borloo est venu, c’est normal que ça fasse monter un peu la mousse. Sur le fond, il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre moi et Bertrand. » Il n’empêche : ces tergiversations ne contribuent pas à motiver les troupes. Plusieurs militants UMP confient leurs doutes quant à la durabilité de l’alliance Chavanat-Plouvier-Le Brun. « Jusqu’où ira la loyauté de chacun ? », s’interroge l’un d’eux. « Mon sentiment : Appéré sera la prochaine maire de Rennes, ajoute, fataliste, un responsable de l’UMP 35. Elle n’a aucun souci à se faire, même avec une union parfaite de notre côté. »

Thierry Benoit ou l’ambitieux du Nord-est Il ne le dit pas… mais il y pense très fort. Thierry Benoit, député (UDI) de la sixième circonscription d’Ille-et-Vilaine, est l’homme politique aux dents les plus longues du nord-est du département. On le voit, costar cintré et cravate au diapason, auprès de chaque huile du centre-droit en déplacement dans nos contrées (cf. Borloo en mars). Selon nos informations, l’ambitieux Benoit viserait pour 2014 la mairie de Fougères, détenue actuellement par Louis Feuvrier (divers gauche). Interrogé, il temporise : « Je répondrai le moment venu. » Ledit moment correspondra peut-être à la prise de décision nationale concernant la limitation du cumul des mandats, mesure que désapprouve Thierry Benoit. On le comprend : en plus de siéger au Palais Bourbon, il est conseiller général et maire adjoint de Lécousse.

Vosphotos.lemensuel.com accueille toutes les images. Lieu d’échanges et de débats, le photoblog du Mensuel est ouvert à vos commentaires. Seules exigences : un peu d’imagination et d’ambition esthétique. Chaque mois, la rédaction sélectionne une image et la publie en rubrique Agora du magazine. Retrouvez toutes les infos sur vosphotos.lemensuel.com ou sur le site internet du magazine, LeMensuel.com.

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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14 Le Mensuel N°46 / Avril 2013

6 Le Mensuel N°46 / Avril 2013

Le mag

Les crabes... Toute l'actu de Rennes et sa région

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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32 Le Mensuel N°46 / Avril 2013

Photo : RJ

Agora

Grégoire Le Blond teste les écuries politiques comme d’autres essaient des bagnoles. Après avoir présidé puis quitté le Modem d’Ille-et-Vilaine, le maire de Chantepie est apparu brièvement, durant les législatives 2012, sous l’étiquette Alliance centriste. Il préside désormais, depuis mi-février, l’antenne locale de Force européenne démocrate (Fed), branche schismatique du Nouveau centre et sous-courant de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), dont il fait également partie. Ces déménagements ne constituent pas des revirements : tous ces mouvements évoluent dans la mouvance « extrême centre »... Ils témoignent en revanche de la stratégie de visibilité de Grégoire Le Blond à un an d’élections municipales risquées à Chantepie, où la gauche réunifiée pourrait le menacer sur ses terres (lire Le Mensuel de mars). Hasard ? Depuis décembre 2012, Le Blond préside également la toute nouvelle association Avancer ensemble pour le sud-métropole (Avensudmétropole), officiellement sans étiquette politique… mais dans laquelle on retrouve plusieurs membres de la Fed.

LE MAG

CANARDAGES EN RÈGLE À CESSON Ça chauffe à Cesson. La minorité de droite, marquée par sa défaite aux municipales de 2008, prépare minutieusement l’élection de 2014. L’association Alliance pour Cesson-Sévigné prévoit l’organisation d’un vote interne pour désigner une tête de liste d’ici à juin. Mot d’ordre, en attendant : motus. Il s’agit d’éviter toute déclaration pouvant court-circuiter le processus. Albert Plouhinec, l’un des leaders de la minorité, n’a pas souhaité nous répondre. Dans le même temps, l’opposition, qui compte ériger en chevaux de bataille le projet d’écoquartier ViaSilva et la politique urbanistique

du maire actuel Michel Bihan (PS), ne se prive pas de canarder la majorité de gauche. Elle a récemment publié dans le bulletin municipal un dessin piquant, façon caricature satirique. On y voit Michel Bihan servir sur un plateau ViaSilva au président de Rennes Métropole, Daniel Delaveau. Avec ce titre : « Joyeux Noël Rennes Métropole ! » Michel Bihan n’a pas franchement apprécié : « Je trouve ça ridicule. Sur le fond comme sur la forme. C’est un jeu un peu gamin et un peu médiocre. Un bulletin municipal est là pour échanger des arguments. C’est pas Le Canard enchaîné ! »

Le mag « Le nombre de déplacements dépend des jours. Il faut aller prendre une douche, faire la lessive… Ça peut être loin, alors ils traversent la ville. Toujours à pied s’ils ont des chiens, sinon en métro ou en vélo. Les journées sont presque toutes les mêmes. Le dimanche, c’est un peu dur. Il n’y a pas trop de monde dans la rue. C’est difficile de faire la manche. »

NICOLAS LEGENDRE nicolas.legendre@lemensuel.com JEREMIAS GONZALES

L’équation à inconnus multiples des écolos A Rennes, ça discute sec à gauche avant les municipales. Europe écologie-Les Verts (EELV) a entamé des négociations avec le PS, dont la tête de file, Nathalie Appéré, a exprimé à plusieurs reprises son souhait de rabibocher socialistes et écolos rennais, fâchés depuis plusieurs années. Les écologistes ont aussi rencontré les composantes du Front de gauche, Parti communiste excepté, ainsi que l’Union démocratique bretonne (UDB) et

Breizhistance. L’idée d’un « rassemblement au premier tour autour d’un projet écologiste de gauche » fait son chemin. Mais quelques problèmes majeurs se posent. Breizhistance a plaidé courant mars en faveur d’une liste de gauche « farouchement indépendante du Parti socialiste et de ses alliés ». Ce qui exclut de fait les écolos… Ces derniers, traditionnellement décentralisateurs et fédéralistes, devront également transiger avec un Front de

gauche davantage jacobin et anti-européen s’ils souhaitent « faire affaire ». Par ailleurs, en cas d’entente avec le PS, EELV privilégie un ralliement au second tour, alors que les négociateurs socialistes souhaitent logiquement une union dès le premier. Et une éventuelle alliance écolo/ PS pourrait achopper sur le brûlant dossier Notre-Damedes-Landes, entre autres. L’équation s’avère donc délicate. Les écologistes arrêteront leur stratégie en juin.

ix journées de compétition, 8 000 spectateurs attendus, 200 journalistes, 800 000 € de frais d’organisation. Les championnats de France de natation, prévus du 9 au 14 avril à Rennes, devraient exploser tous les records locaux en matière de natation. Rodés aux championnats d’envergure régionale, voire nationale en catégorie jeunes, les habitués de la piscine de Bréquigny pourront cette fois admirer de véritables mobylettes aquatiques. Yannick Agnel, Camille Muffat, Florent Manaudou… Ces nageurs appartiennent à l’élite de leur discipline. Selon la plupart des protagonistes, ce coup

S

BONUS WEB

Retrouvez dès à présent sur notre édition tablette et courant avril sur LeMensuel.com, le making-of du reportage de Jeremias Gonzalez sur les punks à chiens, agrémenté de photos bonus.

LE MENSUEL.COM

Sur le web

LE MENSUEL.COM

- Notre dossier spécial municipales 2014 - A Rennes, Borloo motive ses troupes sur fond de bras de fer avec l’UMP - Cumul des mandats : vers une législative partielle pour succéder à Appéré

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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48 Le Mensuel N°46 / Avril 2013

PISCINES

NAGEURS CHERCHENT BASSINS LES CHAMPIONNATS DE FRANCE DE NATATION, PRÉVUS DU 9 AU 14 AVRIL À BRÉQUIGNY, POURRAIENT ENTRAÎNER UNE AUGMENTATION DES DEMANDES D’ADHÉSION DANS LES CLUBS RENNAIS. TOUS AFFICHENT DÉJÀ COMPLET. POUR POUVOIR GRANDIR, CHACUN ESPÈRE LA CONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE PISCINE. LA MAIRIE NE L’ENVISAGE PAS.

PUNKS À CHIENS

La rue, la drogue, les potes A RENNES, ON LES CROISE SANS LES CONNAÎTRE. ILS FONT PARTIE DU DÉCOR. PARFOIS, AVEC OU SANS LEURS ANIMAUX, ILS DÉRANGENT. MAIS QUI SONT VRAIMENT LES PUNKS À CHIENS ? POUR LE MENSUEL, LE PHOTOGRAPHE JEREMIAS GONZALEZ A PASSÉ UN MOIS À LEUR CÔTÉ.

LE MAG

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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60 Le Mensuel N°46 / Avril 2013

de projecteur pourrait accentuer l’attrait des sports d’eau à l’échelle rennaise. Au Comité de Bretagne de natation, on note déjà depuis plusieurs années une hausse constante du nombre d’inscriptions. Serge Brunet, le président, revendique 20 à 30% d’augmentation du nombre de licenciés chaque saison. Les clubs bretons totalisent 9 000 membres, dont 2 500 en Ille-et-Vilaine. Problème : les structures ne parviennent plus à accueillir davantage d’aspirants à la brasse, au papillon et autre crawl. En cause : la saturation des créneaux horaires réservés aux clubs dans les quatre piscines rennaises, ainsi que dans celle de Chartres-de-Bretagne, Cesson-Sévigné ou Châteaugiron. « C’est ainsi à Rennes

L’ensemble des acteurs de la natation rennaise souhaiterait la construction d’une nouvelle piscine pour pouvoir accueillir de nouveaux adhérents.

comme dans beaucoup de villes en France », affirme Serge Brunet. Philippe Simon, président de l’Espérance Chartresde-Bretagne natation (ECN), vit cette situation « depuis six à huit ans ». L’ECN compte 204 licenciés. « 80% des adhérents renouvellent leur inscription chaque saison, ajoute-t-il. 30 personnes ont été placées sur liste d’attente à la rentrée et on en a refusé une vingtaine d’autres. » Même constat à l’Olympique club Cesson (OCC) natation : chaque année, le club fait le plein avec 350 adhérents. « Dès juin, nous sommes complets », commente le président Pierrick Haffray. Depuis trois saisons, l’OCC dispose d’une section à Châteaugiron, à laquelle sont rattachés 80 licenciés. De quoi faire gonfler

LE CPB NATATION EN CHANTIER les chiffres jusqu’à 430 pensionnaires. Face à une demande croissante, les responsables se voient condamnés à refuser 80 à 100 inscriptions chaque année. Le Cercle Paul-Bert natation de Bréquigny fait exception. Le club a perdu des adhérents en début de saison (lire ci-contre). Lors des quatre dernières années, les effectifs avaient toutefois doublé, passant d’environ 400 à 800 licenciés. « Sans certains cafouillages, je ne suis pas persuadé que nous serions en mesure d’accueillir aujourd’hui un nouveau public », estime Benoît Candau, responsable de la section.

Dossier bouillant L’ensemble des responsables de la natation rennaise partage le même constat : le

En pleine ébullition, le Ce natation. Le départ précip précise de deux entraîneu tembre, a provoqué des d Seuls trois des dix memb bureau répondent encore rentrée, c’est donc le chan en urgence de nouveaux e leversement des horaires De quoi excéder les habit les manifestations et les p connu une vague de désin 800 adhérents… D’après Benoît Candau, re natation, un quart des effe rendre leur carte. « Ça me estime Isabelle Daniel, la p L’entraîneur, Xavier Idoux, connaître les effectifs actu modifié les groupes et les sait plus », confirme Beno faire le point en fin de sais


95%

des lecteurs trouvent Le Mensuel crédible

77% LA GRANDE FAMILLE DU MENSUEL !

souhaitaient que Le Mensuel « évolue un peu ». 3 000 personnes sondées*, 300 abonnés interrogés, 30 lecteurs invités à trois tables rondes… Le lancement de cette nouvelle formule a été l’occasion d’aller à votre rencontre pour tenter, notamment, de savoir ce que vous pensiez de nous. Jugés excellents, les résultats de ces enquêtes nous ont rassurés et confortés dans notre projet éditorial : décrypter l’info locale, avec rigueur et sans concession.

LE MENSUEL ARRIVE SUR TABLETTE

INTERNET

Un magazine pour prendre du recul sur l’actualité, un site pour la suivre au quotidien. Depuis sa création, Le Mensuel marche de concert avec son site internet, LeMensuel.com. Cette nouvelle formule a été conçue pour réaffirmer notre approche bi-média de l’info locale. Portfolio, diapo-sonore, webdoc, data journalisme… LeMensuel.com permet aussi de prolonger les informations publiées dans le magazine, via des nouveaux formats d’information, publiés en « bonus web ». Enfin, pour pouvoir être lu partout et tout le temps, Le Mensuel de Rennes arrive sur tablette et téléphone portable ce mois-ci.

*Etudes menées par France Interview par courriel en mars 2012.

+ D’INFOS www.nouveau-mensuel.fr/rennes

chaque mois, de partir à la découverte de votre région et de ceux qui la font. Crabes, Culturama, Echos de l’éco… Que nos fidèles lecteurs se rassurent, leurs rubriques préférées sont maintenues. Enfin, nous avons voulu laisser les Agora, qui accueillent les courriers des lecteurs et les images de notre photoblog, après le sommaire. Le Mensuel est ouvert aux critiques, qu’elles soient injustes ou dithyrambiques.

Culturama

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CULTURAMA

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L'actu culturelle de Rennes et sa région

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MON RENNES

A Fukuoka, au sud du Japon, sa crêperie compte parmi les plus prisées de la ville. Normal : Hiroshi Mizoguchi met un point d’honneur à préparer la « véritable galette bretonne ». Une passion née à Rennes. ne beurre-sucre et une bolée de Val-deRance ! » France Bleu Breizh Izel en fond sonore, une collection de bouteilles de chouchen sur l’étagère et des rideaux en dentelle aux fenêtres : on se croirait presque dans une crêperie du Kreiz Breizh… à ceci près que le menu est écrit en katakana, des caractères japonais. Hiroshi Mizoguchi, patron des lieux, encaisse la commande de son client en yens. Voici quatre ans qu’il a ouvert Le Breton, « la seule crêperie authentiquement bretonne » de Fukuoka, capitale portuaire de la région de Kyushu, au Japon. Pull Saint James, teint mat, collier de barbe grisonnante et cheveux maîtrisés par une pointe de gel, le crêpier est plus à l’aise derrière sa billig que pour parler de lui. Il faut attendre de replonger ce quadragénaire sportif dans ses souvenirs rennais pour qu’il se laisse aller à rire franchement. Le succès de sa crêperie et son second restaurant –un salon de thé japonais– lui permettent de vivre confortablement. Assis sur le rebord d’une chaise, Hiroshi retrace son parcours en détail. Rigoureux, concentré, il se remémore les années passées en Bretagne. Près de trois ans qui ont changé sa vie.

U

L’ensemble des acteurs de la natation rennaise souhaiterait la construction d’une nouvelle piscine pour pouvoir accueillir de nouveaux adhérents.

comme dans beaucoup de villes en France », affirme Serge Brunet. Philippe Simon, président de l’Espérance Chartresde-Bretagne natation (ECN), vit cette situation « depuis six à huit ans ». L’ECN compte 204 licenciés. « 80% des adhérents renouvellent leur inscription chaque saison, ajoute-t-il. 30 personnes ont été placées sur liste d’attente à la rentrée et on en a refusé une vingtaine d’autres. » Même constat à l’Olympique club Cesson (OCC) natation : chaque année, le club fait le plein avec 350 adhérents. « Dès juin, nous sommes complets », commente le président Pierrick Haffray. Depuis trois saisons, l’OCC dispose d’une section à Châteaugiron, à laquelle sont rattachés 80 licenciés. De quoi faire gonfler

LE CPB NATATION EN CHANTIER les chiffres jusqu’à 430 pensionnaires. Face à une demande croissante, les responsables se voient condamnés à refuser 80 à 100 inscriptions chaque année. Le Cercle Paul-Bert natation de Bréquigny fait exception. Le club a perdu des adhérents en début de saison (lire ci-contre). Lors des quatre dernières années, les effectifs avaient toutefois doublé, passant d’environ 400 à 800 licenciés. « Sans certains cafouillages, je ne suis pas persuadé que nous serions en mesure d’accueillir aujourd’hui un nouveau public », estime Benoît Candau, responsable de la section.

Dossier bouillant L’ensemble des responsables de la natation rennaise partage le même constat : le

En pleine ébullition, le Cercle Paul-Bert natation. Le départ précipité et sans raison précise de deux entraîneurs, début septembre, a provoqué des démissions en chaîne. Seuls trois des dix membres de l’ancien bureau répondent encore à l’appel. Depuis la rentrée, c’est donc le chantier. Recrutement en urgence de nouveaux entraîneurs, bouleversement des horaires et des groupes… De quoi excéder les habitués du club : après les manifestations et les pétitions, le CPB a connu une vague de désinscriptions parmi ses 800 adhérents… D’après Benoît Candau, responsable du groupe natation, un quart des effectifs aurait ainsi pu rendre leur carte. « Ça me paraît très élevé », estime Isabelle Daniel, la présidente du CPB. L’entraîneur, Xavier Idoux, affirme ne pas connaître les effectifs actuels. « On a tellement modifié les groupes et les horaires qu’on ne sait plus », confirme Benoît Candau. Il compte faire le point en fin de saison.

territoire manque d’équipements aquatiques (lire p.62). « Dans l’est et le sud de la France, il existe de nombreux bassins à l’air libre, relève Benoît Candau, responsable de la section natation du CPBBréquigny. L’offre y est plus importante. » Et d’ajouter, prudemment : « J’ai le sentiment qu’un équipement supplémentaire ne ferait pas de mal, même si on sait que ça coûte cher. » Les élus se sont emparés du sujet. Lors du vote du budget municipal en février, le groupe d’opposition Union pour Rennes capitale (droite et centre) a soumis au vote un amendement afin de débloquer un crédit d’étude pour une cinquième piscine à Rennes. Il a été rejeté. Bruno Chavanat (UDI), leader du groupe, Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

« Au Japon, j’ai commencé par être vendeur de montres. Puis j’en ai eu assez. Je voulais être mon propre patron, et surtout faire ce qui me plaisait depuis tout petit : de la pâtisserie ! » Il troque alors la cravate contre la toque et intègre une pâtisserie française de Fukuoka : le must pour quiconque rêve de cuisine au Japon. Cette première expérience concluante le propulse à 23 ans directement à Tokyo, au sein d’Au Bon vieux temps, l’une des boutiques de gâteaux français les plus raffinées de la capitale. Pas étonnant, puisqu’elle est tenue par le grand chef pâtissier Kawata, formé pendant dix ans en France. Une sommité ! Hiroshi suit le parcours classique des apprentis japonais. Il se cantonne pendant deux ans au service en salle avant d’officier en cuisine. « Quand on faisait une erreur, Kawata nous criait dessus en français. On ne comprenait rien, on attendait que ça passe… » Mais Hiroshi est bon élève. Le chef l’accompagne en voyage de formation, en France. Après avoir séjourné à Paris, ils mettent le cap sur Rennes, sur les conseils d’un ami.

de la galette

BELLE EPOKA Du noir, du blanc, mais surtout du beau. Epoka, revue d’art et d’histoire, a réussi son lancement en mars. Ce magazine rennais se situe à mi-chemin entre journalisme et littérature. Photographies, calligraphies, bandes dessinées… Le premier numéro, consacré aux mythologies, rassemble en 220 pages grand format les travaux en monochromie d’une quinzaine d’artistes. Ce bel ouvrage propose une pause, toute en lenteur et profondeur, sur les rivages de nos origines. http://revue-epoka.fr.

FESTIVAL

Veni, vidi, Vini

« En Bretagne, j’aimais bien l’expression “Après la pluie, le beau temps !”… Pour la devise de mon restaurant, j’ai choisi “Soyons optimistes, yec’hed mat !” (“Santé !”, en breton, NDLR). Ça me pousse à persévérer… »

« On s’est goinfré de crêpes et de pâtisseries bretonnes pendant plusieurs jours… jusqu’à saturation ! », se souvient Hiroshi. De retour à Fukuoka, il se languit de la galette. « Je n’avais plus qu’un but : apprendre les secrets de fabrication de la véritable galette bretonne. » Au Japon, le mot « crêpe » n’évoque qu’un pancake agrémenté d’une boule de glace aux couleurs fluo, noyé sous la chantilly.

« ovni breton » En 2002, Hiroshi revient à Rennes. Il se forme pendant six mois en pâtisserie, dans les cuisines de Laurent Le Daniel, place de la Mairie. Qualifié de têtu par ses collègues –sa première caractéristique bretonne– Hiroshi est aussi un grand créatif. Il s’essaie obstinément à l’invention de nouveaux desserts. Il puise son inspiration en apprivoisant peu à peu sa ville d’adoption. « Avant de venir en Bretagne, j’avais une image de sobriété et d’authenticité de cette région. Mon séjour à Rennes a conforté cette idée. Ça tranche avec le faste de Paris. C’est une petite capitale de campagne, très agréable. Je rêve de pouvoir retourner faire mes courses au marché des Lices ! » Son expérience chez Le Daniel achevée, il intègre une crêperie non loin de Nantes : « J’ai

eu trois semaines de formation, et puis il a fallu assurer ! Il y avait 300 couverts par jour ! » Les boulots s’enchaînent. Quimper, BelleÎle, Sainte-Marine, Plancoët… Insatiable, Hiroshi confectionne crêpes et pâtisseries dans divers restaurants. Son tro Breizh dure deux ans. « Hiroshi était un travailleur rigoureux, confient Loïc et Odile, patrons de la crêperie Les Embruns, à Belle-Ile-en-Mer. Il était inventif. » Rentré au Japon, Hiroshi prend les rênes d’un salon de thé japonais, ce qui lui permet de continuer la pâtisserie. En 2009, il réalise son rêve breton en inaugurant sa propre crêperie. « L’idée était de proposer les mêmes prix qu’en Bretagne, d’avoir une carte accessible. Du coup, je n’importe pas. J’utilise la farine de sarrasin d’ici, qui sert à préparer le soba, des nouilles locales.

ON S’EST GOINFRÉ DE CRÊPES PENDANT PLUSIEURS JOURS… JUSQU’À SATURATION !

Il y a des chiffres qui parlent. 10, 20, 65 et 3 000. Pour Vini circus, l’arithmétique exponentielle s’avère même très bavarde. Dix ans que le petit festival des vins nature réunit professionnels, artistes et public bon enfant sous un chapiteau à proximité de l’Ille. Ce salon pas comme les autres a réussi à se forger une belle réputation parmi les artisans du pinard. Et au-delà, puisqu’il attire désormais 3 000 curieux et amateurs par an. Il a accueilli une vingtaine de vignerons à Dingé, lors de la première édition. 65 sont attendus à Hédé pour la dixième. « Le vin nature s’est bien développé ces dernières années. Ça a contribué au succès de notre festival », avance, faussement modeste, son inénarrable fondateur Antony Cointre (lire son portrait dans Le Mensuel n°38)… Avant de se reprendre : « Bon, faut dire ce qui est : Vini circus, c’est quand même autre chose qu’un salon cul-serré à goûter trois verres dans une salle polyvalente ! » On ne pourrait dire moins. Dégustations et ventes de vin, bien sûr, mais aussi démonstrations de chef étoilé, discussions autour de grands banquets et… programmation artistique de qualité. Des invités de plus en plus fameux se produisent au pied des ruines du château d’Hédé. Côté jour, cette année, les artistes de rue comme Jérôme Poulain ou la compagnie Trois points de suspension assureront le spectacle ; côté nuit, La Caravane passe et Mariano Caetano monteront le son. « Il y a cinq ans, Antony nous avait promis Arcade Fire… On attend toujours », sourient Olivier Cochard et Dominique Duault, (fidèles) bénévoles de l’association Vini circus. Pour les organisateurs, cependant, le festival aborde un tournant : « Nous avons

Le cidre, je le trouve à Fukuoka, chez un marchand d’alcools spécialisé. Je trouve même de vrais pruneaux d’Agen ici, pour le far… je veux proposer les mêmes goûts qu’en Bretagne. » Au sein de sa clientèle hétéroclite –de la femme au foyer trentenaire aux employés en pause déjeuner- la traditionnelle galette complète fait fureur. « J’aime bien l’ambiance… Je peux me poser pendant des heures, pour travailler mes cours, explique un Allemand habitué des lieux. D’habitude, dans les restos japonais, on presse les clients ! » Perdu dans une ruelle encombrée de fils téléphoniques et de pancartes publicitaires, Le Breton s’est fait connaître grâce au bouche-à-oreille et au relais médiatique important. Terebi nishi nihon, Fukuoka housou, Mainichi housou... Hiroshi est passé sur ces chaînes de télévision locales grâce à son « ovni breton ». Son truc en plus : le crêpier n’hésite pas à délaisser sa billig pour partager son amour inconditionnel de la Bretagne. Voyageurs et futurs étudiants en partance pour l’Hexagone sont assurés de trouver près de lui conseils en tout genre pour réussir leur séjour. Hiroshi n’en perd pas ses ambitions. Il se prend à rêver en souriant d’ouvrir une pâtisserie dotée d’une cheminée, image d’Epinal de la France à ses yeux : « J’ai déjà le soufflet ! », s’amuse-t-il en s’emparant de l’engin… gravé d’un triskell, évidemment.

SARAH THIERRY rennes@lemensuel.com SARAH THIERRY

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désormais les moyens pour une programmation d’envergure… mais on ne veut pas s’éloigner de ce qui fait notre moelle », explique Olivier Guitton, également (fidèle) bénévole. Objectif : préserver l’âme d’une fête à taille humaine où toutes les initiatives peuvent fourmiller autour d’une seule et unique vedette : le vin. « Les vins nature sont un produit singulier, assène Antony Cointre. Ils n’ont subi aucun traitement, même pas au souffre. Ils sont vivants, intrigants, délicieux. Il leur fallait un événement à leur image. » T.R.

VINI CIRCUS, du 12 au 14 avril, Hédé. www.vinicircus.com.

1

CONTESTER N’EST PAS CASSER « Lorsqu’il a vu que j’étais toujours assise, il m’a demandé si j’allais me lever. Je lui ai dit : “Non, je ne vais pas le faire.” » Nous sommes le 1er décembre 1955, dans un bus de Montgomery aux Etats-Unis. La couturière noire Rosa Parks a refusé de céder sa place à un Blanc. Cet acte de désobéissance constitue un « événement transformateur », une rupture qui relancera le mouvement des droits civiques aux USA. Conceptualisé comme « droit légitime à la révolte », la désobéissance civile est décortiquée par deux professeurs de l’Institut d’études politiques de Rennes. Graeme Hayes et Sylvie Ollitrault revisitent l’histoire des grands mouvements de désobéissance tout en analysant leurs modalités et leurs rapports ambigus à la violence et au droit. Ce concept de protestation fondé sur la non-violence, utilisé en leur temps par Gandhi et Martin Luther King, est devenu un instrument de lutte, notamment contre la mondialisation ou les régimes dictatoriaux. Des « zadistes » occupant le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes aux opposants aux régimes durant le printemps arabe, la désobéissance civile ne s’est jamais autant trouvée au cœur de l’actualité. K.T.

LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE, Graeme Hayes et Sylvie Ollitrault, éditions Sciences-poLes Presses.

RUBRIQUE COORDONNÉE PAR TIPHAINE RÉTO tiphaine.reto@lemensuel.com

CONNAÎTRE

ALAIN SURRANS

R. Joly

Maître HIROSHI MIZOGUCHI

LIVRE

MAGAZINE

SHORT LIST

2

ROMAIN JOLY

à l’opéra avant. Nous avons beaucoup d’actions auprès des scolaires. Mais nous voulons aussi toucher les adultes et notamment les 25-45 ans. Nous travaillons sur les tarifs. Ils sont parmi les plus bas de France. La place la plus chère est à 49 €. C’est beaucoup plus abordable qu’un concert de Johnny, dont personne n’aura l’idée de dire qu’il est élitiste… Nous proposons aussi les rendez-vous « Révisez vos classiques » pour ceux qui auraient un complexe. Enfin, nous essayons de faire exister l’opéra à l’extérieur en concevant des spectacles qui voyagent dans toute la région.

Le Mensuel : Votre credo a toujours été de faire de l’opéra un art accessible à tous. Est-ce vraiment possible ? Bien sûr. L’opéra parle à tout le monde. En Italie, en Allemagne, en Autriche, personne ne dira que l’opéra est élitiste. Il n’y a qu’en France qu’on imagine ça. C’est le résultat d’une analyse marxiste de la fin du XIXe siècle qui reprochait à l’opéra d’être le lieu où la bourgeoisie se pavanait. Ce n’était pas faux. Mais l’opéra a été réduit à ça. On a oublié que les gens venaient aussi pour écouter de la musique. Le plus drôle c’est que dans toutes les villes du bloc soviétique, plutôt que de fermer les salles, on a ouvert des maisons d’opéra pour populariser son art. Aujourd’hui, vous avez des opéras partout dans les villes d’ex-URSS. En Allemagne, on compte en effet près de 80 théâtres-opéras. En France, on en recense une vingtaine… 25 exactement. Dans les années 1950, les opéras étaient vieillissants et sans envergure. Malraux a réquisitionné les plus petits et les moins intéressants pour en faire des maisons de la culture. A Rennes, la mairie a pris le contre-pied : elle a souhaité conserver son opéra, y a nommé un directeur de renom,

Pierre Nougaro, et a construit de toutes pièces une maison de la culture. Contrairement à Nantes, où le théâtre Graslin a été construit par les commerçants pour pouvoir se montrer, l’opéra de Rennes a toujours été une maison populaire. La municipalité, très tôt, souhaitait « donner une occupation aux jeunes gens ». Comprenez : éviter que les militaires n’aillent aux putes. Vous dites que votre rôle est de « rendre l’opéra aux Rennais ». Qu’entendez-vous par là ? Nous avons le budget le plus bas des opéras français. Et comme nous devons payer 120 personnes à chaque soirée, vous pouvez imaginer que nos recettes ne couvrent pas le surcoût. 85% de notre budget dépendent de subventions. Cela signifie que quand le public paie 10 € sa place, le contribuable a mis 40 € pour son spectacle. Je me sens donc redevable. Je le dis aux Rennais : venez ! Appropriez-vous ce lieu ! Ici, c’est chez vous. Que faites-vous concrètement pour les faire entrer dans cette maison ? Mon objectif est de faire venir chaque année 5 000 personnes qui n’ont jamais mis les pieds

Captation en 3D, diffusion en HD… On peut aussi évoquer Opérabis qui retransmettait un opéra en direct sur Second life. L’opéra de Rennes joue avec les outils technologiques. N’est-ce pas un peu étonnant pour un art qui paraît poussiéreux ? Mais pas du tout ! L’opéra a toujours été consommateur de nouvelles technologies. C’est l’essence même de cet art : c’est un spectacle spectaculaire, excessif. On y hurle son amour, on y hurle sa douleur. On représente des monstres marins, des tremblements de terre, des arbres qui fleurissent sur scène. Pour ça, il faut des nouvelles technologies. Elles stimulent l’imagination des scénographes… et répondent à leurs rêves les plus fous.

Tiphaine Reto

NICOLAS LEGENDRE nicolas.legendre@lemensuel.com ROMAIN JOLY

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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Pour 4 pers.

520 gr de dos de lieu jaune / 5 cl huile d’olive / ½ douzaine de couteaux / Jus de coquillage / 2 endives / 150 gr betterave cuite / 100 gr de beurre / 50 gr de crème / 20 gr de ciboulette / 1 citron bergamote / 4 rondelles de betterave chioggia / 4 rondelles de betterave rouge / sel / piment d’Espelette.

2 L’ARVOR

Gastrique : 50 gr de cassonade, 5 gr de gingembre, 1 bâton de citronnelle, 3 gr de poivre, 2 gr d’ail, 10 cl de vinaigre de riz.

GOÛTER

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Le Mensuel : A-t-on le temps, lorsqu’on est l’un des avocats pénalistes les plus prisés de Bretagne, de profiter de la ville dans laquelle on vit ? Thierry Fillion : Tout dépend ce qu’on appelle « profiter »… Quand on a toujours vécu dans la même ville, beaucoup d’endroits rappellent des souvenirs. J’ai grandi ici et n’ai jamais quitté Rennes excepté pour mon service militaire. J’aime beaucoup les villes, avec une prédilection pour Paris, Londres ou Venise, où je vais régulièrement. Et je suis assez sensible au paysage urbain. En me promenant à Rennes, je regarde les changements de la ville. Je la trouve plutôt belle et bien conservée. J’habite le quartier du Thabor. Cet endroit me rappelle mon enfance. J’habitais tout près. Je suis sensible à la nature. Mon regret à Rennes : que le centre-ville soit si minéral. J’y suis malgré tout très attaché et je n’en partirais pas. Je suis très heureux d’avoir trouvé cet appartement comme cabinet (rue Jules-Verne, près du parlement NDLR). Votre premier souvenir à Rennes ? J’étais très jeune. Mes parents habitaient rue de Robien. Je regardais la ville d’en haut, cette place Hoche avec de très beaux marronniers… Ils ont disparu durant les travaux du Dans quels lieux publics peut-on vous croiser, hormis le tribunal ? Au cinéma. Principalement au Ciné TNB et à L’Arvor. Je vais le moins possible au Gaumont, où on a l’impression d’entrer dans une grande surface. Je suis un cinéphile passionné depuis mon adolescence. Dans ma jeunesse, j’allais déjà à L’Arvor, situé à cette époque rue Saint-Hélier, ainsi qu’au Rallye et au Bretagne,

boulevard de la Tour-d’Auvergne. Je déplore qu’il n’y ait pas plus de salles art et essai à Rennes. Il y a un certain nombre de films que je ne peux voir qu’à Paris, à l’occasion de mes déplacements professionnels. Plutôt Café de la paix ou rue de la Soif ? J’ai beaucoup été rue de la Soif. A la fin des années 1980 et au début des années 1990, je fréquentais assidûment le Taxi brousse, établissement disparu aujourd’hui. Il était tenu par un Africain d’origine congolaise, Désiré, qui est décédé, et un Antillais, Lucien. Des gens adorables. Ils sont devenus des amis. Ça se trouvait dans un sous-sol, rue SaintMichel. C’était une sorte de rhumerie avec de la musique afro-antillaise et une ambiance assez exceptionnelle. Je ne sors plus beaucoup le soir désormais, sauf pour aller au cinéma. Quid des restaurants ? J’ai une cantine : le Tire-bouchon. Et je suis ami avec Yann Paigier. Je fréquente donc régulièrement Léon le cochon et Chez Félix, dont il est le patron. Je ne vais pas beaucoup dans les restaurants dits gastronomiques à Rennes. Je trouve qu’ils n’arrivent pas à la cheville de Roellinger, à Cancale, lorsqu’il exerçait encore. Vous êtes très connu à Rennes. Cela peutil se révéler incommodant quand on se promène incognito ? Pas à ce point. Rennes est une ville calme et discrète. On peut sortir sans être pris à partie. Le niveau d’insécurité à Rennes est l’un des plus faibles des grandes villes de France. N’est-ce pas frustrant pour un avocat pénaliste ? En tant que citoyen, je m’en réjouis… Parfois, en tant qu’avocat, je me dis que j’aurais

C’EST QUI ?

THIERRY FILLION peut-être de plus belles affaires ailleurs. Mais je traite déjà 60% de mes dossiers à l’extérieur de Rennes, partout en France. Vous devez connaître tous les escrocs de la place… (Evasif ) Comme partout, il y a des réputations… Toutes sortes de trafics… Que détestez-vous à Rennes ? Quelque chose d’assez peu important : je ne comprends pas l’envahissement du centre-ville par les bus, beaucoup trop longs, trop gros et trop dangereux. Ça ne correspond pas à l’étroitesse des rues. Je n’aime pas non plus ce qu’on a fait de la place du Parlement : une espèce de champ de foire. Je rêve d’une place transformée en square à l’anglaise, qui rende le centreville poétique. La « poésie » urbaine, ce n’est pas trop le genre de la maison socialiste rennaise… Je vote depuis toujours pour les gens actuellement à la tête de la Ville. J’ai beaucoup de respect pour Edmond Hervé. C’est donc une critique amicale : la tendance urbanistique ne doit pas faire l’impasse sur la poésie et l’esthétique. Comment avez-vous vécu l’incendie

Thierry Fillion, 56 ans, en paraît dix de moins. Il faut croire que le barreau conserve. Ce n’est pourtant pas faute de bosser : spécialiste du droit pénal, l’avocat Fillion appartient au cercle restreint des hommes en robe plaidant dans les plus grandes affaires criminelles jugées dans l’Ouest ces dernières années. Il conseille Gilles Patron (affaire Jessica), Josiane Le Couviour et certains gros poissons de la filière albanaise rennaise, entre autres. Le footballeur Yann M’Vila a également requis les services de ce passionné de littérature, de philosophie et de cinéma, réputé pour son aisance lors des débats et pour ses questions façon frappes ciblées.

du parlement ? C’était dur. J’avais une audience le vendredi matin quand ont commencé les manifestations. Lorsque j’ai repris mon véhicule pour quitter Rennes, je me suis fait gazer par les policiers. J’ai appris l’incendie à la télé, le lendemain. En rentrant à Rennes, je me suis précipité pour voir le désastre. J’étais « introduit » : j’ai donc pu entrer dans le parlement dès le lundi matin. Le bureau de l’ordre des avocats, où j’ai enfilé ma robe quand j’ai commencé le barreau, était sous un amas de cendres de plusieurs mètres. Ça m’a fait penser à des images de la Seconde Guerre mondiale.

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

Cuire les endives à couvert avec une noix de beurre et un zeste de bergamote. Pour réaliser la gastrique, démarrer un caramel blond avec les épices et condiments puis décuire avec le vinaigre. Mijoter 5 min. Verser sur les betteraves cuites coupées en dés. Mixer. Réaliser un beurre monté avec la bergamote et ajouter la ciboulette ciselée. Cuire les couteaux décortiqués quelques minutes dans le jus de coquillage et réserver pour la sauce. Enfourner les pavés de lieu assaisonnés de piment d’Espelette et de sel, 5 min à 180°C. Colorer l’endive sur la tranche et positionner les ingrédients comme sur la photo.

Un bistrot complètement beurré !

3 LE PARLEMENT

Avec tous ces efforts, avez-vous réussi à augmenter la fréquentation de l’opéra de Rennes ? Elle est restée très stable. Mais je n’ai pas les moyens de développer plus de représentations. Nous sommes contraints à 25 levers de rideaux lyriques par an. Dans une petite salle de 640 places. Je ne m’en plains pas. Je n’ai pas d’autre salle… Et puis chez moi, peu importe où on est, on entend les chanteurs respirer. Je programme simplement des spectacles conçus pour ce genre de petits espaces. Monterverdi, ici, c’est génial !

LA TRAVIATA sur écran(s), le 4 juin, à 20h, place de l’Hôtel de ville.

LIEU JAUNE DE CORNOUAILLE

3 1

Thierry Fillion, avocat pénaliste de renom, figure incontournable du barreau dans l’Ouest, est un Rennais « pure souche ». Sa géographie locale s’étend du parlement aux cinémas art et essai… en passant par la rue de la Soif.

« Je le dis aux Rennais : venez ! Ici, c’est chez vous » A la tête de l’opéra de Rennes depuis 2005, Alain Surrans jongle avec le plus petit budget des opéras de France pour redonner à la « maison » son côté populaire. Sans rien perdre de la qualité des propositions.

1 LE TIRE-BOUCHON

" Rennes est une ville calme et discrète "

G Chenebaud

Le mag XAVIER THIERRY xavier.thierry@lemensuel.com

S ENT S

eur pourrait accentuer l’attrait d’eau à l’échelle rennaise. Au Bretagne de natation, on note s plusieurs années une hausse du nombre d’inscriptions. net, le président, revendique ’augmentation du nombre de haque saison. Les clubs bretons 9 000 membres, dont 2 500 en ine. les structures ne parviennent ueillir davantage d’aspirants à au papillon et autre crawl. En turation des créneaux horaires ux clubs dans les quatre pisaises, ainsi que dans celle de de-Bretagne, Cesson-Sévigné ugiron. « C’est ainsi à Rennes

72%

De gauche à droite : Romain Joly, Lionel Le Saux, Coralie Choupeaux, Donovan Potin, Claire Staes, Jérome Hervé, Tiphaine Réto, Xavier Hinnekint, Nicolas Legendre, Romain Jaiffrai, Thomas Dubois, Killian Tribouillard, François Maumas, Agathe Tabouillot, Marie Léon, Alan Loquet, Marie-Charlotte Cloerec, Elodie Bannier-Mouate, Matty Sène, Xavier Thierry et Cécile Saison.

g

NATATION, PRÉVUS DU ENT ENTRAÎNER UNE DHÉSION DANS LES ÉJÀ COMPLET. POUR LA CONSTRUCTION NE L’ENVISAGE PAS.

disent qu’ils trouvent des informations qui ne sont pas ailleurs

73

Dans le fond de la salle, une baratte « achetée sur la route d’Ostende en Belgique ! » Jusque-là rien d’étonnant pour Jean-Yves Bordier, le maître beurrier incontournable de Bretagne. Sauf que cette baratte est découpée dans le sens de la longueur, recouverte d’un plateau de verre et arbore assiettes, couverts et d’autres verres. Eh oui, il faudra s’y faire: désormais Jean-Yves Bordier est restaurateur. Il a ouvert son bistrot, Autour du Beurre, à côté de sa célébrissime Maison du Beurre, dans l’intra malouin. On se sent immédiatement à son aise dans cette ambiance contemporaine « de la fourche à la fourchette ». Pierres apparentes, verre, métal, barattes... et cet incroyable lustre composé de douze bouteilles de lait accrochées quatorze mètres plus haut ! Il y a cette ambiance décontractée que l’on doit

à la gentillesse légendaire de Jean-Yves Bordier, ce service tout en sourire et en efficacité de Virginie et cette assiette réussie de Morgan Perrigaud. Une carte limitée à deux entrées, deux plats et deux desserts en plus d’un menu du midi à 17 €. Ce midi j’y ai apprécié une noix de SaintJacques dans son bouillon de bœuf et céleri en amuse-bouche, un délicieux tartare de bœuf rossini purée de cresson, une tempura de lieu jaune et brocolis sur espuma de patate douce, une côte de porcelet légèrement juteuse… Et au milieu du repas, Virginie vous dépose la palette des sept beurres Bordier. La cerise… .

AUTOUR DU BEURRE, 7, rue de l’Orme, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), 02-23-18-25-81.

ACTU

LE COMITÉ DÉPARTEMENTAL DU TOURISME... ET DE LA CRITIQUE GASTRONOMIQUE Désormais, dans les missions confiées aux Comités départementaux du tourisme (CDT), il faudra ajouter « critique gastronomique ». En mars dernier, le critique culinaire Gilles Pudlowski débarque à Vannes. Le CDT du Morbihan souhaite amener dîner ce dernier dans un gastro. Deux des trois restaurants incontournables de la place étant fermés, on se dit que l’organisme départemental va choisir le troisième ? Eh bien non. Pour on ne sait quelle raison, le CDT fait l’impasse sur ce dernier restaurant. Mené par le bout du nez et « libre de ses choix », Pudlo a dîné ailleurs. A quand le guide gastro du CDT ?

RETROUVER LES ACTUS CULINAIRES D'OLIVIER MARIE Actualités gourmandes, reportages en cuisine, dans les champs ou sur mer, recettes de chefs bretons, critiques... Créé et animé par Olivier Marie, Goûts d'Ouest s'affirme comme le site internet indépendant de référence sur la cuisine en Bretagne. www.goutsdouest.fr

78 Le Mensuel N°46 / juin 2013

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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ça s’est passé le...

Mardi 12.03

La Vilaine sort de ses gonds ILLE-ET-VILAINE A Rennes, la Vilaine roule ses flots marron jusque sur le halage. Les « pénichards » du quai Saint-Cyr consolident leurs amarres pour parer aux assauts du courant. En aval et en amont, les champs bordant le fleuve se transforment en lacs éphémères. Certaines maisons sont inondées. Les pluies ininterrompues des jours précédents ont fait monter le niveau d’eau, sans toutefois que celui-ci atteigne les seuils records de 1995, 1999 et 2001. La décrue intervient progressivement à partir de mercredi.

LUNDI 11.03

Arrêté pour 49 cambriolages de restaurants BRETAGNE La police interpelle un homme de 36 ans. Le Briochin est soupçonné d’avoir commis 49 cambriolages de restaurants et bars-tabac à Rennes et Saint-Brieuc depuis novembre 2012. Le toxicomane, connu pour des faits similaires, pénétrait dans les commerces à l’aide d’un pied de biche. Il dérobait les fonds de caisse et les paquets de cigarettes. Ecroué à la prison de Vezin-leCoquet, il sera jugé le 3 avril.

Dimanche 03.03

Electroni[k] lâche ses monstres RENNES Soleil vs culture. La bataille est rude. Les Premiers dimanches rassemblent malgré tout 7 500 personnes aux Champs libres. C’est un peu moins que la moyenne habituelle, mais les monstres merveilleux, géants de papier et autres tapisseries animées présentés par l’association Electroni[k] enchantent les curieux. Fin de saison des Premiers dimanches, le 7 avril, avec une carte blanche aux circassiens de l’association de production Ay-roop.

16 Le Mensuel N°46 / Avril 2013


Toute l'actu de Rennes et sa région

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Jeudi 14.03

Borloo relève les compteurs RENNES Jean-Louis Borloo, président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), fait escale à Rennes dans le cadre d’un tour de France pré-municipales 2014. Objectif : motiver ses troupes et fédérer autour d’un parti encore en chantier. La rencontre se déroule sur fond de bras de fer avec l’UMP. Dans la capitale bretonne comme ailleurs, le soutien du parti de Copé aux candidats UDI n’est pas acquis. Les uns et les autres assurent que « tout roule »… mais entretiennent le rapport de force par petites phrases interposées.

SAMEDI 09.03

Cesson rate son pari RENNES A rencontre exceptionnelle, cadre exceptionnel. Le match du Cesson Rennes Métropole handball face à Montpellier est délocalisé au Liberté, devant 4 000 personnes. Malgré un sursaut en deuxième mi-temps, les Irréductibles s’inclinent sur le score sans appel de 28 à 37. Le match attire la presse nationale. L’année précédente, la rencontre avait été l’objet de paris suspects de la part de joueurs montpelliérains. La semaine suivante, Cesson se rattrape en créant l’exploit in extremis à Chambéry (29-30).

MARDI 05.03

1 000 personnes contre l’accord sur l’emploi RENNES FO et la CGT se retrouvent. Les deux syndicats appellent à manifester dans les rues de Rennes pour dénoncer l’accord signé entre les organisations patronales et plusieurs syndicats (CFE-CGC, CFDT, CFTC). Environ 1 000 personnes battent le pavé. Ce jour-là, le texte est présenté au conseil des ministres. Il prévoit, selon ses promoteurs, davantage de flexibilité pour l’employeur, en échange de la sécurité de l’emploi pour le salarié en cas de difficultés conjoncturelles.

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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la couv

Le MAg

patrimoine immobilier

A qui appart ie hausse Du priX De l’immobilier et Des terrains, privatisation Des espaces, spéculation financière… a l’heure oÙ la terre est aussi Devenue source De profits, le mensuel a enquÊté sur les principauX propriétaires rennais. qui possèDe la ville ? la réponse contreDit les clichés.

cLaiRe staes claire.staes@lemensuel.com RoMain JoLy

38 Le Mensuel N°46 / Avril 2013


30,5% du territoire commercial appartient à la ville de Rennes. Une situation unique en France.

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qui appartient Rennes ? Blot, Giboire, Lamotte… Les noms de promoteurs locaux viennent immédiatement en tête. Eh bien non ! En se penchant sur les chiffres du cadastre, la réponse saute aux yeux. Ce ne sont pas les « privés » qui détiennent le plus d’immeubles ou de terrains dans la capitale bretonne, mais des acteurs publics. La Ville apparaît de loin comme le plus gros propriétaire rennais. La collectivité possède 1 536 ha* sur les 5 035 que compte la commune, soit 30,5% du territoire. En comparaison, Montpellier, soeur jumelle de la capitale bretonne**, ne possède que 14,49% de ses terres. « Rennes fait office d’exception en France, résume Rémy Allain***, professeur de géographie urbaine à l’université Rennes 2. Peu de

maîtriser le foncier dans cette période de très forte croissance économique et démographique, ajoute l’universitaire. Le foncier ? C’est le nerf de la guerre qui permet de mettre en place une ribambelle de politiques annexes comme celles de l’habitat, du transport, de l’enseignement ou de la vie de quartier. »

villes présentent une politique foncière aussi volontariste que celle de Rennes dans l’Hexagone. Il y a peut-être Reims ou Lorient, mais dans une moindre mesure. » Cette particularité résulte d’une politique mise en place depuis des dizaines d’années. « La volonté de maîtrise de l’étalement urbain date du plan local d’urbanisme de 1947, précise Rémy Allain. Mais c’est vraiment Henri Fréville qui enclenche la vitesse supérieure en 1955. A son arrivée, le maire a commencé à acheter énormément de terrains. »

Frédéric Bourcier, adjoint à l’urbanisme. Un exemple : aujourd’hui, la reconstruction de l’avenue Fréville entre dans sa phase opérationnelle. Mais les premiers terrains ont été préemptés dès 1983 et la zone d’aménagement concerté créée en 2004. L’avantage de cette politique d’anticipation ? La quasi totalité des affaires se négocie à l’amiable. L’an dernier, la Ville de Rennes n’a pas usé une seule fois de son droit d’expropriation. L’achat de terrains n’est pourtant pas la seule arme de la collectivité pour maîtriser le foncier. Elle s’est aussi dotée d’un plan local d’urbanisme (PLU) qui permet de rendre constructibles ou non les terrains. Celui-ci est complété par un plan local de l’habitat (PLH) qui oblige la construction de 50% de logements aidés et de 50% de logements libres dans tous les nouveaux programmes immobiliers. Solides,

29,8% de logements sociaux Successeurs d’Henri Fréville, Edmond Hervé et Daniel Delaveau suivent strictement la même ligne politique. Aujourd’hui encore, la Ville de Rennes continue de constituer des réserves foncières. En 2012, comme depuis une quinzaine d’années, la collectivité a consacré cinq millions d’euros à l’achat de terrains. « Les acquisitions foncières se font en pensant au long terme, voire au très long terme », rappelle

t ient Rennes? Maîtriser le foncier A l’époque, Rennes est une vaste commune de 50 km2. Elle est cependant peu développée du fait d’une faible présence industrielle (lire p.46). « Henri Fréville, qui nourrit de grandes ambitions pour Rennes, comprend vite l’intérêt de

Avril 2013 / N°46 Le Mensuel

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