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ART / EXPO
VIK MUNIZ : L'ART DE L'ILLUSION
par AMBRE OGGIER
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Vik Muniz, vue de l'exposition, Xippas Genève © Photograhie: Julien Gremaud
La Galerie Xippas frappe fort en ce début d’automne avec une importante exposition personnelle de l’artiste brésilien Vik Muniz. À cette occasion, les deux espaces de la galerie ont été entièrement investis par plusieurs de ses récentes œuvres tirées de la série « Surfaces ». Réalisée entre la fin de l’année dernière et cette année, les œuvres exposées célèbrent le cubisme tout en le réinventant au moyen du photo collage. Avec une ingéniosité qui lui est propre, Vik Muniz parvient sans cesse à jouer avec notre perception et à déstabiliser notre œil, augmentant ainsi notre curiosité. En brouillant volontairement les frontières entre la peinture et la photo, la réalité et l’illusion, ses pièces uniques déstabilisent autant qu’elles fascinent. Un voyage parmi des trompes-l’œil d’un nouveau genre qui questionnent notre rapport aux images et à l’art. À ne rater sous aucun prétexte.
Vik Muniz, Pigeon Pea Cafe, 2022 Technique mixte, 108,2 x 88,4 cm Vik Muniz, Seated Woman in Garden, 2022 Technique mixte, 136,9 x 113,9 cm.
Vik Muniz, Woman with Phlox, d'après Albert Gleizes, 2022, technique mixte, 103,9 x 129,4 cm
« Est-ce un Picasso ? Ou bien un Braque ? » se demandent les passants devant l’espace de la Galerie Xippas à la Rue du Vieux-Billard. « Et là, on dirait la Starry Night de Van Gogh non ? » Alors oui, il s’agit bien de la Nuit étoilée au fond de l’espace épuré de la Rue des Sablons, mais non ce n’est pas celle peinte par Vincent Van Gogh ; le Museum of Modern Art (MoMA) de New York la garde précieusement. Celle-ci est toute récente, elle vient d’être réalisée par Vik Muniz qui cherche une fois encore à nous troubler en réinventant les œuvres les plus célèbres de l’Histoire de l’art. Après avoir transformé plusieurs œuvres phares en les dessinant à partir de chocolat fondu comme le portrait de Marilyn Monore d’Andy Warhol ou encore l’Extase de sainte Thérèse du Bernin (visible dans l’espace de la Rue des Sablons), et après avoir retourné les chefs d’œuvres des plus grands musées comme la Joconde et les Ménines de Vélasquez dans la série Verso, le virtuose brésilien s’attaque cette-fois ci aux œuvres cubistes et à ses plus fameux représentants.
Encadrées dans leurs cadres de bois, les six œuvres d’inspiration cubiste contiennent un monde en soi. De loin, elles ressemblent à d’imposantes peintures. De près, ce sont des collages. La confusion est totale. S’agit-il de peintures, de collages ou de photographies ? En fait, il s’agit d’un subtil mélange de toutes ces techniques. Vik Muniz mêle les médiums et les approches avec une liberté et une virtuosité déconcertante. Ses œuvres sont le produit de plusieurs images peintes, photographiées, transformées, rephotographiées et retravaillées. Un procédé presque magique qui lui est propre et qui crée un effet de trompe l’œil absolument unique. En jouant avec nos perceptions, l’artiste interroge notre vision du réel et challenge notre œil. Et alors que les peintres comme Picasso, Braque, Gleizes et Juan Gris ont développé le cubisme en réponse au plan plat induit par la photographie, Vik Muniz parvient à la libérer de son plan en deux dimensions grâce à sa manière si singulière de photographier différentes couches picturales afin de créer une image composite inédite. Ses œuvres uniques et innovantes font appel à différents sens du spectateur. Ainsi il est invité à regarder les images par-delà le simple regard, en mettant à contribution ses ressentis et sa mémoire. Vik Muniz explique : « Lorsque l’on bouge son œil, on anime le monde ». Et il ne croit pas si bien dire ! En suscitant la curiosité, il nous incite à bouger autour de l’œuvre car la photo n’est jamais véritablement statique : toute stimulation visuelle est mouvante. Un parcours artistique saisissant qui revisite notre perception de l’art, de la photographie, du collage, de la peinture et de l’Histoire de l’art en général. À découvrir absolument jusqu’au 29 octobre à la Galerie Xippas. Né en 1961 à São Paulo, Vik Muniz commence par étudier la publicité à la Fundação Armando Álvares Penteado avant de quitter le Brésil pour les États-Unis où il démarre sa carrière en tant qu’artiste aux débuts des années 1980. Rapidement, il se différencie des autres en imposant son style personnel mêlant des éléments « lowtech » qu’il photographie ou en réinventant les œuvres les plus emblématiques de l’art. En transformant des matériaux aussi divers qu’étonnants qu’il photographie ensuite, Vik Muniz produit des images déconcertantes et ambiguës qui titillent nos perceptions et questionnent notre rapport aux images, à la vue, au réel et à l’illusion. Aujourd’hui, il vit et travaille entre Rio de Janeiro et New York. Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées de renom dont le MoMA de New York, le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, le Centre Georges Pompidou de Paris et la Daros Latin America collection à Zurich. Il est représenté par les galeries Xippas à Genève, Paris, et Punta Del Este. En parallèle de son travail d’artiste, il entreprend des actions et des projets participatifs afin d’aider la communauté brésilienne. Son travail a par ailleurs fait l’objet du film « Waste Land » qui a été récompensé au Sundance Film Festival en 2010, et qui a été nominé pour l’Oscar du meilleur film documentaire en 2011 (rien que ça !). Un artiste au grand cœur qui maîtrise à la perfection l’art de l’illusion.
VIK MUNIZ Jusqu’au 29 octobre 2022 Galerie Xippas Rue des Sablons 6, 1205 Genève Rue du Vieux-Billard 7, 1205 Genève www.xippas.com www.vikmuniz.net
PANAMARENKO : L'ART COMME MONDE IMAGINAIRE
par AURORE DE GRANIER
Turbo Jet Engine Aladin, 1987
Il était un artiste tout simplement hors normes, à la croisée de Jules Verne et de Léonard de Vinci. Panamarenko, de son vrai nom Henri Van Herwegen, était un innovateur aussi énigmatique que surprenant, sortant de son imagination des créations tout simplement fantastiques qui allaient le classer parmi les artistes les plus éminents et les plus étonnants de son époque. La galerie Wilde Genève lui consacre une exposition, trois ans après sa disparition, proposant au public helvétique de découvrir en personne les créations détonantes de ce génie qui se plaisait à créer des avions incapables de décoller. Artiste oui, mais aussi ingénieur, inventeur et visionnaire il allait à travers son œuvre faire plus que créer de l’art, mais questionner des concepts aussi complexes et vastes que le temps et l’énergie. À travers une sélection d'œuvres, allant de la fusée clouée au sol à ses dessins préparatoires, la galerie genevoise nous fait plonger dans l’univers de ce génie au monde aussi scientifique qu’onirique.
Donnariet, 2003
UN ARTISTE PAS COMME LES AUTRES Une première question se pose. D’où vient donc ce nom, Panamarenko ? L’artiste belge né à Anvers ne manquait pas d’imagination, et par le choix de son pseudonyme déjà il le démontrait au monde. Son origine ? Un mélange ironique entre deux nations détestées, d’un côté la compagnie aérienne Pan American, de l’autre l’homme d'État soviétique Ponomarenko. Dès le départ, le ton est donné, Henri Van Herwegen n’est pas un artiste comme les autres. Talentueux dès le plus jeune âge, il entre à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers alors qu’il n’a que 15 ans, puis après un passage par le pop art se lance rapidement dans le projet qui allait animer sa vie : ses fameuses machines. La première serait née au cœur des années 1960. Des chaussures à semelles magnétiques censées pouvoir nous permettre de marcher au plafond. Dès le départ, ses idées hors du commun et ses travaux détonnants captent l’attention de ses pairs, à l’image de l’artiste Marcel Broodthaers qui le considérait comme le plus grand artiste belge de son époque, ou de Joseph Beuys qui lui offrait sa première exposition. Mais c’est en 1972 que tout décolle pour celui qui allait créer des avions incapables de s’envoler loin du plancher des vaches. Le commissaire d’exposition Harald Szeemann le sélectionne alors pour la 5ème édition de la documenta de Kassel où Panamarenko décidera de présenter son œuvre créée quelques années plus tôt, l’Aéromodeller. Un projet surdimensionné, présentant un dirigeable mesurant 27 mètres de long, affublé d’un panier en osier attaché à un ballon en PVC. Dans les faits, selon l’artiste, une dizaine de personnes pourraient y embarquer pour un voyage. Mais en observant la création, merveille artistique mais objet volant fragile, nous comprenons qu’il ai préféré établir ses quartiers au musée d’art contemporain de Gand, le SMAK, plutôt que s’envoler vers les nuages. Une exposition qui allait lancer la carrière de l’artiste belge, et donner le ton de ses créations pour les années à venir.
Studieschetsen Motor Pastilles, années 1990 MACHINES MERVEILLEUSES La comparaison avec De Vinci et Jules Verne est presque trop évidente, mais il est difficile d’y résister. Au fil des ans, Panamarenko multiplie les machines et étranges objets, construisant des fusées, des avions, sous-marins et autres soucoupes volantes, nous donnant envie d’embarquer pour un voyage autour du monde sur un de ses tapis volant. Artiste sans aucun doute, mais aussi ingénieur et surtout rêveur, il fascine autant qu’il surprend, nous laissant sans cesse douter sur la nature de ses créations. Il navigue alors entre deux mondes : un technicien scientifique aux projets poétiques, un artiste aux grandes connaissances techniques, il est pour faire simple tout simplement inclassable. Son imagination sans limite couplée à ses connaissances scientifiques en font un De Vinci des temps modernes, alliant l’art et la science dans un projet unique et résolument hors du commun au 20ème et 21ème siècle.
UNE SÉLECTION D’OEUVRES POUR PLONGER DANS SON UNIVERS La galerie Wilde de Genève nous invite à plonger tête la première dans cet univers entre onirisme et science à travers une sélection d'œuvres parfaitement représentatives du travail de l’artiste au fil des ans. Sur les murs nous retrouvons des pièces précieuses : ses dessins préparatoires, le lieu où il couchait sur le papier ses idées folles, ses projets complexes, avant de les mettre en pratique et de tourner ses rêves en réalité. C’est ici que nous nous rendons le mieux compte de la complexité de l’esprit de l’artiste, sans doute aucun, divisé entre travail scientifique et vision esthétique, allant encore plus loin en interrogeant le réel. Sur le papier, des notes, des nombres, la recherche des matériaux, démontrent le désir de la création d’un objet allant plus loin que le paraître de l’art. Parmi les pièces présentées à la galerie, nous retrouvons un objet phare créé en 2003, intitulé Donnariet, présentant un sous-marin aux allures de poisson ou de mammifère marin, mais dans lequel nous nous glisserions volontiers pour un tour dans les abysses. Car c’était cela en réalité la force de Panamarenko, cette capacité à créer un monde imaginaire, les artefacts d’un rêve dans lequel nous rêvons de nous glisser.
Panamarenko Du 15 septembre au 27 octobre 2022 Galerie Wilde, Rue du Vieux-Billard 24, 1205 Genève https://wildegallery.ch/artists/panamarenko-wilde-gallery/
LA FEMME DERRIÈRE L'OBJECTIF
par AURORE DE GRANIER
C’est une photographe qui à travers ses clichés allait capturer la société d’une époque. Monique Jacot fait aujourd’hui l’objet d’une rétrospective organisée par UBS et Photo Elysée qui nous raconte la photographe à travers son travail. Connue pour ses images prises à travers le monde, elle était également celle qui parvenait avec brio à immortaliser la vie quotidienne suisse, en se focalisant tout particulièrement sur la condition féminine. Mais au-delà de son œil acéré, elle était aussi une artiste. Un accrochage qui met en lumière ces clichés où Monique Jacot laissait toujours une place à l’onirisme.
Monique Jacot, Maude Liardon, Danseuse, Prangins, 1990 © Monique Jacot_ Fotostiftung Schweiz, Courtesy Photo Elysee
PHOTOGRAPHE DU MONDE Dès le départ, Monique Jacot semblait faite pour laisser sa trace. Née à Neuchâtel en 1934, elle grandit pour atterrir à l’Ecole des Arts et Métiers de Vevey où elle étudie de 1953 à 1956 auprès de Gertrude Fehr, l’une des premières femmes photographes professionnelles, qui allait réaliser des portraits d’artistes célèbres. Auprès d’elle, Monique Jacot façonne la photographe qu’elle allait devenir à son tour, s’inspirant de son autre passion qu’elle cultive depuis le plus jeune âge, le cinéma. Mais pour la suissesse tout commence par une collaboration avec les journaux. Elle immortalise pour eux la vie quotidienne pour des reportages sociaux culturels qui l’entraîneront à travers le monde. Puis elle partira réaliser des voyages pour l’Organisation Mondiale pour la santé à la fin des années 60. Des clichés qui allaient faire d’elle une figure reconnue, une photographe qui mieux que personne allait immortaliser le quotidien, ailleurs, mais aussi ici, sur le territoire helvétique. Monique Jacot collaborera pour des publications prestigieuses, puis au fil des ans son engagement pour la cause féministe s’accroit pour finalement constituer une part capitale de sa production photographique. Avec son regard aiguisé, elle capture le quotidien des femmes à la campagne, dans les usines, dans la rue, et peu à peu, son objectif toujours tourné vers le monde, elle s’éloigne du style documentaire pour trouver à travers la photographie une nouvelle façon d’expérimenter l’image.
PHOTOGRAPHE ARTISTE C’est au milieu des années 1970 que le changement semble s’opérer. La réalité du monde à travers l’objectif n’est plus la raison d’être de sa discipline, au contraire, elle souhaite tourner ses recherches vers de nouveaux horizons. Rapidement, sur ses images, la figure se multiplie, ses reflets pluriels et identiques à la fois. Elle travaille le montage de ses images, se laisse aller à des jeux de miroirs, et confère une esthétique unique et nouvelle à sa photographie. La réalité est encore là oui, mais elle est comme évanescente, à l’image d’un rêve partant d’une vérité pour s’évanouir dans un monde imaginaire, la poésie s’accaparant tout à coup une place de choix. Mais son âme de photo-journaliste ne l’a pas quittée, et à travers ses clichés plus artistiques, elle ne manque pas de capturer la réalité d’une société et d’un monde. Cette exposition retrace ce parcours, ce changement qui allait ajouter une nouvelle dimension au travail de Monique Jacot. Sa Suisse natale et ses habitants resteront l’un de ses sujets de prédilection, mais à travers son travail nous sommes transportés plus loin, dans un monde où la réalité se mêle au rêve, où la photographie n’est pas que reproduction, et a en réalité tant à nous dire.
Monique Jacot. La figure et ses doubles Du 28 septembre au 11 novembre 2022 Hall UBS Place St-François 16, 1003 Lausanne https://elysee.ch/expositions/monique-jacot/
THATS HOT
par AMBRE OGGIER
Bourses de la ville de Genève 2022
L’exposition annuelle des Bourses de la Ville de Genève Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland (BLCG) vient de se terminer après avoir à nouveau investi les murs bruts du Centre d’art contemporain. L’occasion de faire le point sur la scène artistique genevoise actuelle. Pendant un mois, les quinze artistes sélectionnés ont partagé entre eux et avec le public cet espace si particulier afin de faire découvrir leur travail. Parmi les quinze jeunes talents sélectionnés et exposés, deux lauréates ont été désignées par le jury le 1e septembre dernier : Marielou Bal dans le domaine des arts plastiques et Virginie Jemmely dans le domaine des arts appliqués. Close-up sur ces deux artistes fierce à l’esthétique girly qui n’ont pas fini de faire parler d’elles.
Marilou Bal
Virginie Jemmely «Elle était texte par l'intélligence du regard», Look 13/16 MARILOU BAL Née à Pessac, Marilou Bal obtient son Master en Arts Visuels à la HEAD Genève. Elle réalise des peintures inspirées de la pop culture des années 2000 aux couleurs pastels et poudrées dans un style librement influencé par le pointillisme et l’impressionnisme qui rappelle les images hyper pixélisées de Myspace. L’ensemble de sept toiles qu’elle a présenté au CAC questionne notre rapport aux images diffusées par les médias et les réseaux sociaux en mettant en scène des idoles et starlettes connues de tous comme Paris Hilton ou encore Kim Kardashian. Déroutant et attachant, son travail offre à réfléchir sur les paradoxes de notre société comme la glorification et l’objectification de la féminité, le regard admirateur et le male gaze, l’adoration et le mépris, l’humanité et la condescendance. Lauréate arts plastiques (peinture, sculpture, vidéo, photographie, installation, performance) @balmalibu
VIRGINIE JEMMELY Diplômée en Master en Design Mode & Accessoires à la HEAD Genève, Virginie Jemmely a su s’imposer comme l’une des créatrices les plus talentueuses de sa génération. L’année passée, elle remportait le Swiss Design Award grâce à une collection audacieuse qui explorait notre vision de l’identité et l’influence de la société sur notre perception de soi et des autres. Cette année, elle brille à nouveau, au Centre d’art contemporain cette fois-ci, avec deux de ses collections, chacune composée de huit looks différents : « Je serais deux, celle que je suis et celle que j’aimerais être » et « Elle était texte par l’intelligence du regard ». Le défilé -performance nommé « The Joke’s on you » qui s’est déroulé lors du vernissage a donné vie à l’univers particulier de la jeune créatrice qui mêle personnages archétypaux en quête d’identité. Entre escarpins en fourrure ou à tête de peluche, faux sacs de grands créateurs en plastique qui fonctionne comme des bijoux, vêtements pop aux multiples facettes et attaché-case peintes, son travail a su charmer le monde de la mode et celui de l’art en explorant notre rapport à l’identité et aux vêtements. Lauréate arts appliqués (stylisme, bijouterie, céramique, communication visuelle, architecture d’intérieur) – @talismanie
Bourses de la Ville de Genève 2022 Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland pour la jeune création contemporaine Jusqu’au 2 octobre 2022 Centre d’Art Contemporain Rue des Vieux-Grenadiers 10, 1205 Genève https://centre.ch/fr/exhibitions/bourses-de-la-ville-de-geneve-2022/
POUR SES ANS, 120 MANOR SONDE LE MÉTAVERS
par MINA SIDI ALI
Yael Anders X Manor
Pour tout bon genevois, c’est la mythique Placette qui résonne encore fort dans notre tête quand on pense à Manor. L’institution incontournable dans le paysage commerçant suisse fête en grande pompe ses 120 ans en innovant avec le lancement d’une série de NFT en collaboration avec Yael Anders. Tête à tête avec une artiste helvétique multi-talents.
Yael Anders X Manor
Quelle image aviez-vous de Manor avant de collaborer avec l’enseigne ? Manor fait partie des souvenirs d’enfance de tous les Suisses. C’était le lieu où on allait faire ses courses en famille. Un de mes souvenirs personnels se situe à Manora. Lors des achats de Noël, nous avions pour habitude avec ma grand-mère d’y manger chaque année. Malheureusement, Manor a fermé à Zurich il y a quelques années et mon rituel a pris fin !
Que représente une telle collaboration pour vous ? En tant qu’artiste, cette collection est un projet de création polyvalent qui m’a permis d’explorer d’autres domaines, au-delà de l’illustration. De l’aménagement d’une vitrine aux NFT, ça a été l’occasion pour moi non seulement de créer, en collaboration avec les responsables de Manor, une édition inédite dont la production sera unique, mais aussi d’apprendre à conjuguer créativité, design et nouvelles formes de commercialisation.
Quelles sont les valeurs partagées avec Manor ? Toute la collection est produite en Europe et cela était très important à mes yeux. Manor est aussi très ouvert d’esprit et enclin aux nouvelles expériences et à l’innovation comme pour ce projet de digitalisation et de NFT.
Et comment avez-vous appréhendé cette technologie qu’est le NFT ? Pour moi, le projet Manor NFT était une nouveauté absolue tout comme pour Manor. Pour cette série, j'ai commencé par concevoir une sculpture physique, qui a ensuite été numérisée et combinée avec d'autres éléments de la collection anniversaire. Les couleurs et les motifs ont été repris et représentent donc un lien avec la collection limitée. L'agence VARY AG nous a ensuite accompagnés dans l'ajout de l'œuvre numérique à ma Collection Capsule. Le résultat est composé de 480 œuvres vidéo uniques, qui sont enregistrées sur la blockchain et distribuées par Manor à la communauté numérique.
Comment avez-vous travaillé sur les diverses facettes de cette collaboration à 360° ? Nous avons développé avec Manor trois thèmes : « Tour de Suisse », « Easy Retro » et « Logo Revival ». L’objectif consistait à développer un concept cohérent, en réinterprétant une sélection de produits et motifs iconiques de l’assortiment « Fashion & Home » de Manor. Je me suis notamment inspirée de l’histoire de l’entreprise et plus précisément des logos afin de trouver des éléments de style typiques, auxquels j’ai ensuite insufflé ma vision artistique. Les lignes font par ailleurs partie intégrante de mon langage visuel et illustratif. Ainsi, l’imprimé « Tour de Suisse » est né d’une envie de relier tous les sites de Manor en Suisse par des coups de pinceau, comme sur une carte. Unisexes, les coupes et les couleurs conviennent à tous, femmes, hommes et enfants.
www.yaelanders.com www.manor.ch