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Introduction
Qu’est ce que le handicap ?
Ce dossier parle du handicap chez les Guides, mais au fond, c’est quoi le handicap ? Pourrais-tu définir ce mot ? Découvre dans cette partie sa signification et ses nuances.
Le handicap : trois nuances
La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées1 propose cette définition du handicap :
Par « personnes handicapées », on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.
Les « diverses barrières » peuvent être environnementales (portes trop étroites, trottoirs trop hauts, lieux et transports publics inaccessibles, etc.) et/ou comportementales (regard des autres, préjugés, etc.).
Le handicap est en fait un terme générique qui regroupe trois concepts différents. L’Organisation mondiale de la Santé nuance ces trois termes dans la CIF, la classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé2 : - Les déficiences (aspect biomédical) : c’est la perte ou l’altération de fonctions organiques ou de structures anatomiques.
Par exemple, ne pas savoir mastiquer, perdre l’usage de sa jambe, être malentendant, etc. - Les limitations d’activité (aspect fonctionnel) : ce sont toutes les difficultés qu’une personne peut rencontrer pour effectuer une tâche. La capacité à réaliser une activité est réduite partiellement ou totalement. Ces difficultés résultent de déficiences. Par exemple, marcher difficilement, ne pas savoir se nourrir seul, ne pas pouvoir écouter de la musique. - Les restrictions de participation (aspect social) : ce sont les problèmes qui se posent dans différentes situations de la vie réelle de la personne, qui s’en retrouve désavantagée. Par exemple, ne pas pouvoir participer à une promenade, voter, habiter seul, obtenir un emploi.
Dans le sens commun, le terme « handicap » est utilisé de façon similaire pour désigner ces trois aspects. Or, une même déficience peut se vivre ou non comme un handicap selon l’environnement de la personne concernée. Une personne malvoyante peut bénéficier d’un chien guide, tandis qu’une autre non : à déficience égale, leurs degrés de limitation d’activité et de restriction de participation ne seront pas identiques. Elles auront donc deux quotidiens très différents ! Par ailleurs, une déficience ne cause pas toujours une limitation d’activité. Imaginons une personne qui nait sans ongle à un doigt. Il s’agit d’une déficience structurelle, mais la main fonctionne très bien et la personne peut utiliser sa main comme elle le veut. 1re BWO - Nivelles
Le bégaiement peut se vivre comme un handicap dans un environnement très exigeant, ou pas, si les attentes de l’entourage sont peu élevées. Quelqu’un qui pratiquait de la danse et se retrouve en fauteuil roulant peut ou non trouver les ressources en lui pour rebondir et monter une troupe de cyclodanse, par exemple. Tous les cas de figure sont possibles. Notons que le handicap dépend du contexte de vie de la personne. Il est le résultat de conditions médicales, de facteurs personnels et de facteurs extérieurs conjoints.
« Le handicap désigne la limitation des possibilités d’interaction d’un individu avec son environnement, causée par une déficience qui provoque une incapacité, permanente ou non, et qui mène à des difficultés morales, intellectuelles, sociales et physiques3.»
Dans la société, beaucoup d’objets qui sont utilisés par tous ont à la base été conçus pour l’usage des personnes en situation de handicap4. Les écrans tactiles, les voitures autonomes, les abaissements de trottoir sont toutes des inventions pensées initialement pour des personnes handicapées. Elles sont utilisables par tous aujourd’hui, car elles sont mieux conçues que les autres, qu’elles facilitent la vie de tous les publics, vivant avec un handicap ou pas. Cela questionne la place du handicap et suggère que rendre un environnement accessible à tous est bénéfique pour l’ensemble du groupe, pas seulement pour les personnes pour qui cela a été mis en place. Les trucs et astuces pour adapter ton animation décrits dans ce dossier peuvent donc convenir à tous les Groupes, qu’ils accueillent ou non des Animés en situation de handicap.
Pour la petite histoire, « handicap » serait la contraction du mot anglais « hand in cap », littéralement « la main dans le chapeau »5. Ce terme désignait au départ des jeux de hasard : les joueurs plaçaient des objets de différentes valeurs dans un chapeau, et chacun en tirait un au sort. Celui qui piochait l’objet le plus précieux était le vainqueur. À cette époque, le handicap est donc vu comme quelque chose de complètement arbitraire. Par la suite, ce mot s’est rattaché aux courses de chevaux. Il était coutume d’attribuer une plus longue distance ou de rajouter un poids plus important aux meilleurs concurrents, afin de compenser les désavantages des uns en ajoutant une gêne aux autres. De là viendrait le terme « handicap », que nous utilisons aujourd’hui sous une autre signification.
Les grandes familles de handicaps
Les catégories décrites dans cette partie ne correspondent pas à tous les humains, qui sont complexes et uniques. Chaque handicap est différent, et un même handicap se vit différemment d’une personne à l’autre. Certaines déficiences peuvent apparaitre dans plusieurs handicaps distincts, se croiser, se combiner, etc. Il est important de garder en tête que toute classification est une schématisation et donc une simplification de la réalité, et ce, dans le but d’en faciliter la compréhension. Ces familles de handicaps ont été conceptualisées en France6 . Pour chacune d’elles, le lien est fait avec la classification de l’enseignement spécialisé en Belgique7 .