russie

Destination

Y a t-il des nuits

à Saint-Pétersbourg ?

Reportage : Guillaume Delattre

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L

a cité des Tsars ne se donne pas facilement. Les nuits blanches d'été ne sont jamais vraiment obscures, et les escapades sont clairement aventureuses dès que l’on

sort un peu des sentiers battus. Sous le soleil de minuit, un phénomène naturel sous cette latitude septentrionale, en période navigable, les ponts mobiles se relèvent jusqu'au lendemain coupant la ville en deux. Rodés à la manœuvre, les habitants s'amusent de l'obstacle à la libre circulation, ils en font même un alibi béton pour improviser l'infidélité d'une nuit : « Chérie, je suis coincée de l'autre côté de la Neva. »

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Destination “ Y a-t-il des nuits à Saint Pétersbourg l’été ?

Il faudrait créer un autre nom.

C’est une demi- lumière délicieuse.

Tout se tait aux alentours. La Néva dort ; par moments, comme éveillée elle bat doucement la rive d’une vague ; et tout retombe dans le silence “ Simple Histoire d’Ivan Gontcharov 1847.

La réponse imparable : « Un conseil rentre à la nage ! ». Les cheveux blonds fous, les yeux tristes, et un air dur, Veronika me raconte cette histoire typiquement locale, et lorsque j’interroge la jeune femme sur les bonnes adresses, elle déconseille les sorties trop tardives : « la police est corrompue, les rues sont dangereuses » me dit-elle. Notre dernier reportage (CF Cuisine Créative n°36) présentait la vie nocturne berlinoise, mais cette fois-ci, raisonnablement, à la nuit furtive et parfois dangereuse de la seconde capitale de Russie, on préférera la clarté des journées interminables pour arpenter les rues pavées de la ville dans une atmosphère qui n De haut en bas : Le Dom Knigy, la librairie préférée

des saint-pétersbourgeois. Les quais de la Neva, 23h.

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n Le Taleon Club.

pousse aux rêveries sur les quais du fleuve. Saint-Pétersbourg a cela de commun avec Paris, Berlin, Prague ou la cité des Doges. On prend le temps de s’arrêter dans un café pour lire, la liberté de déjeuner en terrasse dans les restaurants en vogue, puis on s’écarte un peu du centre historique pour aller chercher du caviar ou du saumon dans les supermarchés de la périphérie cernée de blocs d’immeubles soviétiques près de l’immense hôtel Pribaltiyskaya.

Situé face au Golfe de Finlande, l’ancien bâtiment d’état, où nous sommes descendus pour un prix abordable (les hôtels sont chers à Saint-Petersbourg) a été récemment reconverti et relifté par le groupe Park Inn.

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n Les restaurants de l’hôtel Park-Inn Pribaltiyskaya.

En période de crise financière, l'heure n'est plus aux jeux d'argent ni à la frivolité, encore moins à la débauche. Malmenés, les Russes restent pourtant positifs, habitués au pire, autrefois mal-logés dans des cités ou dans les appartements communautaires, ils sont confrontés aujourd'hui au prix de l'immobilier qui explose, et au coût de la vie qui augmente en conséquence. On croise facilement la pauvreté dans le métro le plus profond du monde, entre deux stations, une vieille femme avoue son chagrin, les retraites russes sont miséra-

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bles pour la classe moyenne, solidaire le wagon entier fait passer des billets jusqu'à elle. Une scène sidérante pour un Parisien. Véritable fenêtre sur l’occident, cette ville autrefois francophile débarrassée de la chape communiste, affirme aujourd'hui son âme slave, et l’on proclame ici bien haut sa fierté d’être russe.

Depuis la Perestroïka, restaurants, cafés et clubs tendance se multiplient, les étrangers investissent, et la ville entend bien concurrencer Moscou sur sa qualité de vie et sa richesse culturelle.

Ici flotte encore le parfum de l'aristocratie russe, on ne résiste pas à une partie d'échec dans la bibliothèque Renaissance, un cognac à la main.

CAFÉ LITTÉRAIRE SUR LA MOÏKA Passant devant l’appartement de Fedor Dostoïevski, le cabinet de travail où l'écrivain rédigea ses derniers livres, on rejoint la perspective Nevsky pour acheter une édition des nuits blanches au Dom Knigy, la librairie préférée des saintpétersbourgeois. Sur-place avec une vue magnifique, on peut boire un café ou manger une salade, mais le livre à la main, on se cherche spontanément un endroit plus paisible pour commencer la journée. Justement un café littéraire est entièrement dédié au grand romancier sur les bords de la Moika : « L’idiot ». Les murs roses de l’immeuble égayent cet ancien appartement communautaire et l’on descend quelques marches pour accéder dans la pièce principale.

Un salon feutré et confortable doté d’une bibliothèque invite à la détente, il est 9 heures du matin, l’endroit est pratiquement vide. On apporte aussi sec un café et un shot de vodka, réveil tonique, à la Russe ! La nuit tombée, c’est-à-dire très tard à cette période, le bar de l’idiot propose des séries de jeux à base de vodka, pour les kamikazes, à la carte 25 shots de vodka à gober en moins d’une heure, et sans manger s’il vous plaît !

DÉJEUNER VÉGÉTARIEN AU BOTANIKA Le Botanika est assurément le restaurant à la mode de Saint-Pétersbourg, d’une grande fraîcheur, tout ici est vert, le décor, le sol et même les cheveux de la serveuse.

Les jus de fruits énergisants, aphrodisiaques ou « immune boost » font la réputation du lieu. À la carte végétarienne : Salade Russe, Hummus, Borsh, Varebiki, Blinis et fromages, mais aussi, des plats indiens, italiens et japonais. n Le Dom Knigy. Petit déjeuner russe café & vodka à L’Idiot.

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n Le Cigar Lounge du Taleon Club.

Tout ici est cuisiné à la perfection. La propriétaire, l’italo-américaine Marina Albi commença à travailler pour la télévision russe pendant la perestroïka. Elle a vu la ville se transformer ; fan de yoga et passionnée de cuisine végétarienne, elle décide d’ouvrir le Botanika et réinterprète les classiques russes sans viande. « En 1985, c’était très amusant d’être végétarienne ici, au restaurant, j’étais obligée de demander des doubles garnitures ou de me bourrer de pain avec de la moutarde. Au petit déjeuner, on proposait des saucisses, la meilleure nourriture que l’on pouvait donner à un étranger à l’époque ! Aujourd’hui tout a changé ; c’est très dynamique ici, c’est l’endroit où j’ai envie de vivre, j’ai l’habitude de dire que la seule chose plus mauvaise que de vivre en Russie, c’est d’être chassé de la Russie. »

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LES SOIRÉES DU TALEON CLUB Situé dans le « quartier des Tsars », près du musée de l’Hermitage et de la cathédrale Kazan, le Taleon’s club offre tout le raffinement possible : bar de grande qualité doté des cognacs les plus rares et notamment les cuvées Frapin, une cave conséquente avec les plus grands vins français, Pétrus bien sûr, mais aussi les bourgognes et champagnes millésimés. Le sommelier nous précise que ces temps-ci la tendance est aux vins italiens à la mode à Saint-Pétersbourg. Au dernier étage, la terrasse du restaurant Victoria donne sur la perspective Nevinsky, un endroit idéal pour une coupe de champagne.

On accède au club privé par un escalier de bois jusqu’au Cigar Lounge décoré dans le style Français Renaissance, cheminée de bois sculpté, tables monumentales, fenêtres garnies de vitraux représentant des scènes de chasse, alcôves abritant des XO rares, la grande classe.

Ici flotte encore le parfum de l'aristocratie russe, on ne résiste pas à une partie d'échec dans la bibliothèque Renaissance, un cognac à la main.

Le casino du Club, situé au dernier étage de l'hôtel et qui offre habituellement des tables de Poker, Roulette, Black Jack and Punto Banco, en période de rigueur, a été fermé récemment à la demande de Vladimir Poutine, natif de SaintPétersbourg.

BARS & CLUBS La jeunesse dorée de Saint-Pétersbourg sort le week-end dans les clubs branchés du moment : le G8 dans le centre, les clubs du groupe décadence et l’excentré Black Sea situé sur l’île Kretovsky, plage artificielle avec deux bars et un dancefloor au son electro. Enfin l’ambiance du XXXX rappelle n’importe quelle boîte branchée internationale, de jolies filles dansent sur le bar, le champagne coule à flot et il y a tellement de monde qu’il est aussi difficile de rentrer que de sortir du club. À la sortie, il fait encore jour, décidément l’été, à Saint-Pétersbourg, le soleil ne se couche jamais… n n Bar du Taleon.

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