Tel-Aviv

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Dossier

L’insouciante légèreté de

Tel-Aviv

Reportage : Guillaume Brette

Photos : Thomas Dupont

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À

Tel-Aviv, ville de contradiction, on ressent une joie de vivre amplifiée par les tensions qui règnent au Moyen-orient.

Habiter Tel-Aviv, c'est d'abord un état d'esprit.

En pleine expansion, seconde concentration de recherche après la Silicone Valley, le pôle économique d’Israël avec ses entreprises hightech spécialisées dans les secteurs de la sécurité informatique et de la biotechnologie attire toute la matière grise du pays. La ville offre une telle variété de style de vie que chacun peut s'y épanouir sans se soucier le moins du monde de religion, de morale ou de politique. Sur les terrasses à l'architecture Bauhaus du boulevard Rothschild, dans les cafés bondés de la rue Sheinkin qui mènent au bazaar, ou autour des galeries d'art contemporain de Jaffa, la vie trépidante exulte.

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La question la plus fréquente posée ici: “Where originally are you from ?”

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En fin de journée, loin du tumulte bouillonnant de Jérusalem, la jeunesse se retrouve sur la plage bordée d'immeubles pour siroter un jus de fruit ultra-vitaminé ou se livrer à une séance de kyesurf, le sport en vogue ces temps-ci. Les voiles pullulent sur le rivage, gonflées par une brise de liberté.

Et, lorsqu’on interroge les Tel Aviviens sur leurs origines, on constate bien vite l'immense diversité culturelle des habitants, les identités multiples, ashkénazes, sépharades, arabes, russes, françaises, américaines vivent en paix à l'heure monde.

La question la plus fréquente posée ici: “Where originally are you from ?”

C'est surtout la nuit que la ville se révèle ; le programme type d'une soirée ordinaire débute généralement au café Zurich pour retrouver des amis. Nous sommes jeudi soir,l'équivalent de notre vendredi soir. En Israël,le week-end est décalé d'un jour puisque les hébreux travaillent le dimanche. Après un petit “Scan” pour savoir qui a la forme pour sortir, le groupe se dirige vers le Lilirose, un bar à la mode de Jaffa, le DJ distille de la musique israélienne donc forcément douce.Si vous avez rendez-vous, il vaut mieux arriver tôt pour avoir un siège, l'endroit peut accueillir trente personnes tout au plus.

Si vous arrivez trop tard, vous pouvez toujours vous rabattre sur le Loby juste à côté ou sur le Bazel, plus grand, mais d'après Yair et David, trentenaires noctambules : « Il n'y a pas de meilleur endroit que l'Elka rue Disingof ou le Kikar avec vue sur la mer. »

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Dossier

Les restaurants les plus selects de Tel-Aviv se trouvent sur le port, et dans le style, le Mul Yam est l'exemple même de ce qui peut se faire de mieux en Israël. À la carte, crustacés, huîtres de Bretagne, poisson frais de Nouvelle-zélande. Le propriétaire Shalom Maharovsky a fait appel à l'un des meilleurs chefs d'Israël, Yoram Nitzan. Dans le style fusion, Le Messa et sa fameuse salle noire, a été couché sur la short list des restaurants les plus beaux du monde selon le magazine Wall paper, la carte des vins n’a rien à envier aux plus belles caves françaises.

Dans un registre différent, au sud de Tel-Aviv, rue Lilinblum, une clientèle plus trendy fait les belles nuits du "Nanuchka", un restaurant géorgien très réputé pour son atmosphère balkanique et son décor kitch. Ce soir là, il y a foule, sur une table orientale, une serveuse souriante dépose un assortiment de Chinkalis et le fameux Khachapuri à l'imérétienne accompagné d'une salade géorgienne assaisonnée aux herbes. Après le dîner, côté bar, le mercure grimpe vite, au rythme de la musique Tzigane, trois jolies russes dansent sur le comptoir, jusqu'au bout de la nuit. Et, si vous n'êtes toujours pas fatigué, vous pouvez toujours finir la nuit dans un des clubs de la ville sur les vibes electro de l’Haoman 17, au TLV situé le port, au Breakfast ou encore au Menthal. Vous n'avez que l'embarras du choix. La ville ne dort jamais.

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Les Israéliens ont déserté le Sinaï, pour passer une nuit dans la fraîcheur boisée des environ du lac de Tibériade

Le lendemain, jour du Shabbat, nombre de citadins quitteront l'agitation de la ville pour la nature. Faciles d'accès, les distances étant courtes et les infrastructures impeccables, le Nord n'est qu'à une heure de route. Depuis les attentats de 2006, les Israéliens ont déserté le Sinaï, pour passer une nuit dans la fraîcheur boisée des environ du lac de Tibériade.Sur les versants du mont Canaan, la terrasse de l'unique Relais & Châteaux d'Israël, le Mizpe-Hayamim, surplombe la mer de Galilée. Des vergers et des jardins potagers biologiques approvisionnent les deux cuisines gastronomiques. Plus au nord vers les chutes de Banias, les propriétés agricoles accueillent les touristes avec une vue magnifique. Le country lodge She'ar Yeshuv Elfassy Estate est un endroit à ne pas louper si vous êtes de passage dans cet eden. C'est un peu calme, alors pour trouver un peu d'animation, juste en face, un campus accueille des centaines d’étudiants de toutes origines et de toutes religions, le kibboutz est doté de deux piscines, de restaurants et d’un bar qui organise des concerts le week-end, prolongeant ainsi la fête du jeudi soir. Ce soir là, la chanteuse, une étudiante en psychologie nous confesse que pour rien au monde elle ne quitterait la région.

Sur ces mots, énergiquement, la jolie brune monte sur scène et entame à la guitare les premières note de “Karma Police” de Radiohead.

C'est un état d'esprit, je vous dis.