Gustav Mag No17 / FR

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CREATED BY: GUSTAVMAG – ART WORK: LIONEL GAILLARD


LIVE THE SEARCH


Check Victor DELERUE in the latest Rip Curl movie

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Entract

Psycu

Bricolage

PlumART

RecyclART

CanulART

Caddie Sport

Caddie Street

Design

Fresh Meal

Edito

Abo

Freerideattitude / Illume

Staiiile / Famous Ape Selection

Socioculte / Bad Papys

Art / Emere Turhal

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Zik / True Norvegian Black Metal

Zik / Wobble wobble wobble

Zik / FME

Nishownibusiness / Banksy

Freerideattitude / FMX: what’s new

Freerideattitude / Snbrd vs Collab

Art / Julien Lachausée Folio

Art / Brainwash

Art / Estibab

Art / Moving Colorz

Art / Artyou

Une Ville Un Regard / Vevey

Gustav17 Welcome to

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AB

UN BRACELET INFINITE, STABILISATEUR D’EQUILIBRE, AUX CINQ PREMIERS ABONNEMENTS RECUS. Oui, je m’abonne avec un plaisir non dissimulé à ce sympathique magazine pour 1 an (4 parutions / CHF. 30.-/ Euros 25.-) Oui, je m’abonne avec un plaisir non dissimulé à ce sympathique magazine pour 2 ans (8 parutions / CHF. 55.-/ Euros 48.-)

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EDIT

IL FAUT SAUVER LE PATRIMOINE GÉNÉTIQUE DES SUPER HÉROS

Super Héro, ce n’est pas facile comme métier. Il faut être super fort, super beau, faire des tas de trucs avec ses mains sans jamais avoir les ongles sales, super intelligent, super dominant mais rassurant, sauver les moches et se faire les bonnes, avoir beaucoup de sous, un gros zizi… Tout ça emballé sous vide dans un costume XXS…. Ca en fait de la pression, même pour un Super Héro. Le problème du Super Héro d’aujourd’hui? Les filles castratrices de Super Héros et leur super pouvoir: facebook. Elles adorent y mettre des tas de vilaineries pour faire mousser les copines, genre «ouaiiiiiiis j’me suis fait Super Sauveur des sacs des mémés et bein c’est-pas-un-boncoup-du-tout». De quoi perdre sa crédibilité auprès de sa clientèle. Parce que les mémés aussi vont sur facebook. Et qu’est ce que fait un Super Héro qui perd la face envers la gente féminine? Il va chercher du réconfort auprès de ceux qui le comprennent: les autres Super Héros. Voilà. Ce n’est pas plus compliqué que ça mesdames, et ça porte même un nom: l’homosexualité sociale. Nous on vous le dit, les Super Héros sont en voie d’extinction. Plus de reproduction, plus de Super Héro. Le réchauffement climatique nous inquiète, certes, mais la sauvegarde du patrimoine génétique des Super Héros n’est pas à prendre à la légère.

Par Anne-Laure M.


FRESH MEAL

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Text: Crew Design: Livia van Haren

FRESH MEAL

LOOXCIE La société Looxcie vient de proposer une caméra oreillette très performante. Ce dispositif permet d’enregistrer à la fois le son et de la vidéo tout en étant très compact. Concrètement, imaginez filmer exactement ce que voient vos yeux et entendre exactement ce que votre oreille entend. Pari relevé pour Looxcie qui, au-delà des fonctionnalités de l’oreillette, impose un design fort sympathique. Le dispositif dispose de 5 heures de stockages et supprimera automatiquement les enregistrements passés lorsqu’il n’aura plus de place pour permettre que l’enregistrement continue. http://techcrunch.com/2010/09/14/look-youtube-nohands-looxcie-introduces-wearable-camcorder/

FINEPIX REAL 3D W3 DE FUJIFILM Petit frère du Finefix W1 sorti en 2009, Fujifilm développe sa gamme d’appareils photo-vidéo numérique 3D avec le FinePix REAL 3D W3, pour des vidéos 3D et haute définition faites maison. Plus petit, plus léger, le FinePix W3 est compatible avec tous les téléviseurs 3DTV. Il est doté d’un large écran LCD de 3.50 et 1,15 mégapixels et les photos et les vidéos 3D sont visualisées directement à l’oeil nu, sans lunettes spéciales 3D. C’est grâce à l’association de deux objectifs et de deux capteurs synchronisés, que la Technologie Fujifilm Real 3D saisit tous les sujets. Le nouveau processeur 3D RP (Real Photo) de l’appareil traite les données de prises de vue issues des deux blocs optiques (objectifs + capteurs) et associe les deux images pour produire une seule image (photo ou vidéo) 3D en haute résolution.

Une commande accessible à l’arrière du boîtier permet de passer instantanément, d’une simple pression du doigt, des modes d’exposition 2D aux 3D ou encore à la consultation des prises de vue. Une simple connexion au téléviseur 3D via un câble HDMI suffit pour profiter des films réalisés avec le W3 sur grand écran 3D (l’utilisation de lunettes spéciales 3D fournies avec le téléviseur est toutefois nécessaire). Le FinePix REAL 3D W3 sera commercialisé mi-septembre. IDJ MUSIC MIXING STATION FOR IPAD Station à double deck conçue par Psychic Factory pour pouvoir accueillir un iPad et permettre de peaufiner nos morceaux en profitant des différentes fonctionnalités et applications de la tablette Apple comme GarageBand ou d’autres utilitaires à venir. NOKIA KINETIC CONCEPT PHONE Imaginé par le jeune designer britannique Jeremy Innes-Hopkins, le «Nokia Kinetic Concept Phone» est un intéressant concept de téléphone portable qui a la particularité de pouvoir se relever lors de la réception d’un appel ou d’un message grâce à un dispositif interne permettant de convertir les informations numériques en énergie cinétique. THE RAY INSPIRÉ PAR THE EAMES LOUNGE Davone Audio, marque Danoise, vient de finir de concevoir et produire son deuxième loudpeakers haut de gamme. Après Rithm, ce nouveau set de speaker est logé dans une feuille de placage de bois de noix soutenue par des pieds métalliques.



DESIGN

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DESIGN

Text: Crew Design: Livia van Haren

CUISINE GOUTTE D’O BY DE DIETRICH, ERWAN PENTAX RS 1000 / NB 1000 LESTANG ET MIKAEL BITTON Voici le dernier jouet de la marque Pentax, le NB S’inspirant du cycle de l’eau, cette cuisine écologique a pour objectif d’optimiser la consommation des ressources. Un système permet d’utiliser la chaleur du compresseur du réfrigérateur pour chauffer l’eau. Même le design de cette cuisine a été réfléchi pour diminuer les déperditions de l’eau. Son design en demi lune en forme de croissant rappelle celui de la forme d’une goutte d’eau, qui elle rappelle la valeur de cette ressource sur terre.

SUBSTAINS PRODUCTS BY LARS AMHOFF & CHRISTIN KRAUSE Issu de la collaboration entre Lars Amhoff et Christin Krause, The Substain se concentre sur la création d’accessoires design et meubles contemporains. Ses derniers proposent ainsi une série de produits intéressants, dont cette table obscure.

COL- LETTO BED BY LAGO Création du fabricant italien Lago, le «Col-Letto Bed» est un très joli lit aussi confortable que cosy qui a la particularité d’être doté d’une sorte de col en mousse renforçant la sensation d’être dans un nid.

1000. Le concept est de jouer sur la customisation grâce aux coques amovibles disposées en façade. Pour la version NB 1000, Pentax c’est associé à la marque japonaise Nanobloks pour designer votre boîtier à votre humeur.

SPACE INVIDER COUCH BY IGOR CHAK Excellent fauteuil «Space Invader Couch» créé par le designer Igor Chak en s’inspirant du célèbre jeu vidéo des années 80. Réalisé en cuir avec une mousse à mémoire de forme et deux surfaces de verre.


Orange Me

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CADDIE STREET

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Design: Livia van Haren

1. CONVERSE X THE DUFFER OF ST. GEORGE JACK PURCELL MID Collaboration encore. Converse et The Duffer of St. George. Ils présentent la Jack Purcell Mid sneaker en 2 couleurs.

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2. OAKLEY GEARBOX WATCH Dévoilée lors de la Baseworld 2010, la montre Gearbok représente la dernière génération du style et du design industriel propre à Oakley! Fabriquée en acier inoxydable brossé, le résultat est réussi designement parlant.

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3.“ONE SIZE FITS ALL” EXHIBITION BY IVANO ATZORI – Masks by Neil Barrett, Vivienne Westwood, Missoni, Raf Simons and Others. C’est signé Vivienne Westwood et c’était présenté au très perstigieux ”One Size Fits All” à Milan. 4. MONCLER GRENOBLE TWEED JACKET Ma-gni-fique. Ce mélange de tweed sur la classique doudoune Moncler c’est juste un petit bijoux de veste. 5. (IN)DECOROUS TASTE Excentrique, excessive voire agressive selon ses mots, la styliste américaine Lauren Tennenbaum a un sérieux penchant pour les bikers, les vieilles photos de famille et l’univers rock. C’est peut-être cet environnement artistique qui l’a amené à travailler le cuir, les clous et les cristaux (pour le côté glam) sur ses incroyables chaussures qu’elle manipule à l’infini. Le résultat est à la hauteur de son talent. 6. SKULLCANDY X JAY-Z: CASQUES ROC NATION AVIATOR Gros partenariat pour Skullcandy qui annonce une nouvelle collaboration pour ses casques audio (après Snoop Dogg, la NBA…) avec un des plus importants artistes Hip Hop : Jay-Z. Il s’agit d’une première association avec le label Roc Nation qui prévoit de déboucher sur plusieurs autres à venir, et se présentera fin septembre 2010 sous la forme de trois casques appelés Roc Nation Aviator – inspiré du style – en cuir et glossy, dans les coloris marron, noir et blanc, signés Roc Nation.

7. LES CORSETS DE MAYA HANSEN C’est très tendance, mais il manque l’accessoire: les tatoos acidulés. Inspirée par les couleurs vives et l’univers fantastique des cupcakes et friandises, la créatrice espagnole Maya Hansen propose une nouvelle collection de ses corsets si bien travaillés, baptisée « Cake corsets ». Chhhhhhou !

8. ADIDAS X JEREMY SCOTT OBYO Adidas et Jeremy Scott continuent cet hiver leur collection commune sous le label Originals by Originals (ObyO). Il faut dire qu’on ne change pas une équipe qui gagne, avec une ligne à la frontière du sportswear, du streetwear et… du déguisement. 9. CHAUSSURES CUSTOMISÉES PAR OYEE DESIGN Après les épatants escarpins du français Ndeur (aujourd’hui Creativ Sweatshop), Ayçin Dogan aka Oyee Design se joue à son tour de leur style trop sage en ajoutant une touche d’humour, de couleurs et d’illustration.

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10. 6DPI EYEWEAR BY SAMAL DESIGN Concept rétro-futuriste de lunettes imaginé par le designer Dzmitry Samal basé à Paris, « 6dpi » représente en très faible résolution la forme grossière de lunettes. 11. SAVONS NATURALYNN SOAPS Aux gourmands parfums de cupcakes, oreo et mini donuts, on a craqué sur les savons improbables de la petite boutique de Porto Rico Naturalynn sur Etsy. De quoi décorer et créer la surprise dans la salle de bain ! 12. JC DE CASTELBAJAC X SOUTH PARK Si vous ne connaissez pas JC de Castelbajac, sachez que le couturier s’est fait une spécialité de mêler ses coupes haut de gamme à des univers animés, ou dessinés comme il a pu le faire avec certains personnages Disney par exemple. Voici une pièce de sa collection inspirée de south Park. 13. PACO JACKET DE CHEZ RIP CURL Veste en cuir pour filles bien vintage comme on aime. On la trouve aux pro stores de Lausanne, Genève et Zurich.

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CADD

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Text: Prénom Nom Design: Livia van Haren

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1. TARADUFF Ca s’appelle taraduff, c’est du bon crochet de chez mémé, c’est décoratif et efficace pour le froid, ou pas.

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2. DC ROYAL 2010 BY ROB DYRDEK Entamé en 2010, le skater Rob Dyrdek poursuit son travail de collaboration avec DC Shoes et nous propose de nouveaux coloris pour la DC Royal. La paire rouge utilise un mélange de nubuck et de cuir sur le haut, tandis que la paire noire est faite en cuir verni et de maille. A noter également la présence d’une languette rembourrée de mousse et une semelle extérieure en caoutchouc résistant à l’abrasion. 3. SUITCASE STICKERS Comment savoir si les douaniers ont de l’humour? En investissant dans ces stickers de valises aux motifs pour le moins controversés. Le fabriquant décline toutes responsabilité qu ant aux conséquences. 4. TOUCHE PAS À MA PLACE On a trouvé plus efficace que la serviette des allemands sur les transats. 5. COOL MOTORCYCLE HELMETS Un très gros coup de coeur pour ces excellents casques de moto sérigraphiés de photos réalistes aussi originales que décalées imaginés par les créatifs du studio kazakh Good! 6. HURLEY X LIVERY DESIGN GRUPPE X DALEK FIXED GEAR BIKES Collaboration sur le thème du bike par Hurley et Livery Design Gruppe. Le artwork est signé par l’artiste Dalek. 7. G-Shock G-001 Comme toujours pleins de gadgets fonctionnels, avec couleurs guillerettes et shape bien différents des modèles de cet été. 8. SUPREME Leur dernière série est signée par le fameux artiste concetpuel John Baldessari has collaborated with artist John Baldessari. 9. AMOS JAMES JARVIS “CALEB” FIGURE Joli

10. CARHARTT X UDG DJ BAG Intéressante que cette collaboration entre Carhartt et UDG sur ce sac nommé DJ Bag. Il est fait avec le canvas original de Carhartt et conçu de compartiments prévus pour les vinyles, laptop et tout ce dont un DJ a besoin.

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11. DENIMS BILLABONG GIRLS Les jeans Billabong sont fabriqués à partir des meilleures toiles de Denim. La collection propose une grande variété de coupes (sarouel, boyfriend, slim), de couleurs et de lavages pour un style unique en toute situation. 12. CONVERSE X JOHN VARVATOS Nouvelle Converse en nubuck by John Varvatos Hiver 2010. John Varvatos est un créateur de mode américain passé entres autres par Calvin Klein et Ralph Lauren.

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13. DA DA pour Quiksilver Veste Sans Manches - Revêtement Polyuréthane Au Dos - Col Sherpa - Empiècement Épaules En Cuir Identification Métallique Sur La Poche Gauche - Patte Imprimée À L’Intérieur - Lavable En Machine 14. PQ GAME OVER What else… 15. COSTUME SAPINQUISENTLAMéMé Ou comment montrer que l’on est des parents responsables. 16. KEETCH Keetch man lucchador del MeRRRRRico.

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On appelle ça divorce à l’amiable, les ricains «divorce en douceur». Et ils le fêtent. Leur vengeance est un plat qui se mange sucré. L’idée de parler en gâteau, on est plutôt fan. Gâteau de licenciement, de «je t’ai refilé la pisse jaune»… Du potentiel il y a.

canulART

Text : Anne_Laure M. Layout : daïan

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DIVORCE

CAKE

GALLERY


Rapportez vos bouteilles en PET, sinon elles manqueront ailleurs. Les bouteilles en PET vides servent non seulement à faire de nouvelles bouteilles, mais aussi des textiles de qualité, par ex. des tentes. Le PET se recycle écologiquement et peut être valorisé à 100 pour cent. Rapportez donc vos bouteilles en PET au point de collecte.

petrecycling.ch


BY HAROSHI

skate and destroy recyclART

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DÉCOUVERT À LA PLSMIS GALLERY DE TOKYO, CET ARTISTE-SKATER NOUS A BLUFFÉ PAR SON APPROCHE DU RECYCLAGE. La durée de vie d’une deck de skate est limitée. Par contre difficile de s’en séparer, les sentiments et le vécu qui nous y lient étant importants. Haroshi, lui, a décidé d’en faire de l’art: «En tant que skater, je me dois de réutiliser des decks de skate usagées, d’explorer les possibilités de leur donner une deuxième vie. Je connais la relation que l’on peut avoir avec son skate et c’est ce que j’essaye de reproduire: de beaux objets auxquels on tient et dont on va prendre soin. Le travail de Harvest, ma société, est la perspective de ce que peut être un skater en tant qu’artiste: le respect de l’origine de ces decks. Si les gens que je touche au travers de mon art commencent à changer leur point de vue sur la sur-consommation et penser recyclage, alors mon objectif sera atteint.»

Text: Crew Design: Livia van Haren



Voici la rubrique démangeuse de la fibre gentlemen-artiste-baroudeur qui est en vous. Aux quatre coins du globe, des architectes et designers du bon goût (quoique…) redoublent d’inspiration et de créativité pour donner une nouvelle dimension au concept d’hébergement hôtelier ordinaire. Ou quand l’art rime avec plumard… …ou kitschar. On devine la provenance de ce nouvel hôtel de style Bauhauss, qui plus est se nomme V8 ou plus localement féarrrrrt hotel? La tradition automobile et le style de déco intérieur… comment dire… spécial qui va avec, y sont un art de vivre… à la Stuttgart. Le concept est simplissime: investir un ancien aéroport, le transformer en hôtel à thème en utilisant d’anciennes (et moins anciennes) carrosseries de Coccinelle, de Mer-

plumART

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Text : Anne_Laure M. Layout : daïan

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V8

cedes ou de Cadillac pour en faire des lits, et maroufler des kitcheries autour. Station service, cinéma drive-in, tuning, carwash, road 66… Les fantasmes les plus improbables peuvent y être assouvis proprement. Par contre détrompons-nous prestement sur l’aspect accessible de ces chambrounettes: petites bourses s’abstenir. http://v8hotel.de/en/hotel.html



DO YOUR SAC A CHIEN YOURSELF Épater ses amis avec trois francs six sous de budget, c’est très faisable. Il faut être un tant soit peu «manouel», nous le sommes… Dotés de démerdise, nous le sommes encore… Avoir un sens de la créativité qui ne soit pas donné à tout le monde, nous l’avons toujours. Partager ses savoirs, même les secrets, faisant partie des nobles causes… Soyons nobles!

Petite fiche je bricole et je vous emmerde no17

bricolage

Comment transporter son chien et rester chic ? En choisissant d’abord un chien qui a de la classe, comme Monsieur Rourke et Mademoiselle Hilton. Par contre il n’y a rien de plus vulgaire que de devoir subir les innombrables levés de la patte dudit chien dans la rue. C’est interdit par le code du chiquement correct. On a donc imaginé un moyen de transport chic, pratique et pas cher: le sac à chien.

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Ce qu’il faut:

Marche à suivre:

- 1 Brutus - 1 cutter - un sac à main

Choisir un sac à main adapté à la longueur du corps du chien Inciser des ouvertures pour les pattes avant, arrière, la queue et la tête... Et-c’est-tout

Coût de l’opération: 5.70, prix du cutter si vous récycler un de vos sac à main. Plus si vous investissez dans un nouveau sac à main. Durée de l’opération: 1mn 30 Difficulté de l’opération: facile

Merci à Jacques et Chou Chou pour le prêt de Brutus. Merci à NIXON pour nous avoir sponsorisé de ce fort joli et chic sac à main.


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PRESENTS

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PSYCU Comment se faire larguer en neuf leçons Text: Tatiana Tissot & Anne Laure M. Illustrations & Layout: badaboum.ch

Parce que nous, les filles, on est lâche aussi.

PSYCU

1. Lui demander constamment s’il nous aime « -Tu m’aimes ? -...moui mamour. –Tu m’aimes ? -…bien sûr ! –Tu m’aimes comment? - Heu… » Là, IL flaire la question piège . IL va encore se faire ramasser. IL tente l’esquivage de la question. «Pourquoi tu me dis jamais que tu m’aimes ? … pfffffff» ou « si tu m’amais tu m’aurais offert le dernier sac Fuitton » A faire aussi souvent que possible, que ce soit par téléphone à son bureau ou en public. S’IL devient vindicatif, pleurer bruyamment.

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2. L’empêcher de voir ses amis Bloquer ses loisirs grâce à un nunuche-programme « parce que tes amis y sont lourds. Et les soirées foot – bière ça ramolit tes neurones et ton bide.» Comment ? En lui imposant des soirées copines à la maison, les mêmes copines sans lesquelles on ne prend aucune décision et qui n’éprouvent aucune gêne à le dévisager avec un air de « on a beaucoup entendu parler de tes attributs génitaux ». A l’unanimité, elles saoulent les copines. Pour le week-end, le classique samedi – shopping et dimanche – repas de famille et toujours fort efficace. «Vendredi soir? Tu n’y penses pas, tu m’as promis de venir à mon cours d’aquagym! » . 3. Le priver de sexe en guise de punition « Manger, voiture, faire le sexe…, pas faire le sexe ? Comment ça pas faire le sexe ?!! Quelle poubelle ? Quel anniversaire ? Manger, voiture… Manger, voiture, faire le… ah non. Manger, voiture… » IL ne devrait supporter que peu de temps cette stricte diminution de son univers. 4. Faire de trop grands projets trop tôt Durant son sommeil, chuchoter « Mariage ! » « Bébé ! » et observer sa grimace avec délectation (ou la contraction involontaire de ses couilles). S’exprimer bruyamment devant chaque landeau croisé dans la rue à coup de « chériiiiiii, j’en veux un comme ça » et autres. En espérant qu’il ne veuille pas procréer, on est bien d’accord.



Le coup du caillou peut aussi faire peur : «j’adooooooore la bague que ma copine Samantha a reçue de son amoureux. Tu sais comment il l’a demandée en mariage ? » Esquivage par l’humour « par derrière ? » Répliquer bruyamment «co-mment peux-tu faire de l’humour lourd face à un sujet aussi sérieux… blablabla… » Autre actuce plutôt efficace, s’attaquer à son compte épargne. « Chériiii, tu crois que d’ici deux ans on peut faire un emprunt, dans l’Hebdo y disent que ça sera une période favorable pour investir dans l’immobilier? » 5. Lui faire passer l’envie de faire le sexe Facile: l’aleine qui refoue, les Moon Boots à poils été comme hiver, le classique «j’ai la migraiiiiiiiine», le encore plus énervant «touche pas à mes nénés tu vas les déformer », sans parler du « non pas comme ça » ni du « non pas par là », les strings-attrape-maris remplacés vite fait par les culottes-de-soutien-coupe-faim auront vite fait de lui ôter l’envie d’érectionner. Si c’est un spermatomate et que le message n’est pas passé, solution radicale il y a : lui donner l’impression de se retrouver au lit avec belle-maman. Ça, c’est un blocage difficile à ravoir.

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6. Être jalouse « Je rêve ou je t’ai vu parler avec la voisine ??!!! » « Mais elle a 70 piges ??? » « SALAUD ! Tu dragues même les vieilles !!! » Voilà. C’est un dégoûtant sur toute la ligne. La persécution vocale et stridente dans le bus à n’importe quelle occasion et efficace aussi. IL n’aime pas qu’on irrite son ego. 7. Lui téléphoner dix fois par jour Jusqu’à ce qu’il se mette à répondre « Merdeuuuuu ! » en décrochant. Là, c’est signe que l’objectif est presque atteint. Persévérer. 8. Bouder C’est à dire lui imposer la sensibilité hormonale sur-irritée du 28ème jour tous les jours 9. L’inscrire à un stage de formation en plusieurs phases dont : Je ne pisse pas à côté de la cuvette, je m’avance un peu, j’oublie ma prétention (exercice pratique avec vidéo / 50 heures) Comment se rendre jusqu’au panier à linge sans se perdre (50 heures) Repassage en deux étapes (acclimatation / application) Cuisine niveau débutant – approche pédagogique des appareils ménagers – maintenance du frigo – mon premier Quick Soup sans brûler (150 heures) Et après ? Après il part, on pleure un bon coup devant les copines qui disent «tu vois j’avais raison» et on passe au suivant. Il part pas? Alors là il faut re-la-ti-vi-ser.


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Athlete: Ryan DeCenzo Photocredit: (c)Crispin Cannon/Red Bull Photofiles Location: Downtown, Toronto, Canada


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Athlete: Tobias Wicke Photocredit: (c)rutgerpauw.com/Red Bull Photofiles Location: California, United States of America

Athlete: Tobias Wicke Photocredit: (c)rutgerpauw.com/Red Bull Photofiles Location: California, United States of America


Athlete: Travis Pastrana Photocredit: (c)Christian Pondella/Red Bull Photofiles Location: Los Angeles, CA, USA

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Vevey UNE VILLE UN REGARD

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UNE VILLE QUI (S’)EXPOSE Text: Anouk Schumacher Pics: http://www.images.ch Design: Livia van Haren

Artist: JR


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Artist: Mario Del Curto

DES SANS-ABRI NEW-YORKAIS, DES CHINOIS LA TÊTE SENS DESSUS DESSOUS, UNE SALLE DE CINÉMA VOYAGEUSE, UN HOMME BLEU ET MUET, UNE NONNE APPELÉE PAR DIEU GRÂCE À UNE VIDEO YOUTUBE, DES PARRAINS DE LA MAFIA ET LEUR FAMILLES, UN BAR IMPROBABLE SORTI TOUT DROIT D’UN FILM DE DAVID LYNCH, UN CENTRE COMMERCIAL RECONVERTI EN MUSÉE ÉPHÉMÈRE, ET J’EN PASSE, VOILÀ LE COMPTE RENDU D’UNE BALADE À VEVEY C’est bien connu, Vevey est peuplée de petites filles blondes élevées à l’alpage et de papis rougeauds qui paâââârlent trèèès leeeent’ment, passent leur après-midi à jouer au chibre avant de se réunir autour d’une boooonne foooonduuue (pas facile d’imiter l’accent veveysan à l’écrit, faite jouer votre imagination).

Comme dans toute petite ville suisse, on s’y retrouve pour l’apèèro chez Dédé, histoire de tchatcher des prochaines vacances au chalet en grignotant du Gruyère et se rinçant le gosier à coup de verres de Fendant. Niveau activités trépidantes, une balade dominicale au bord du lac, avec vue sur les montagnes évidemment, pourrait bien être le highlight de la semaine. C’est en tout cas l’idée que se font nos voisins européens, qui se paient assez nos têtes de petits suisses toujours neutres, riches mais avares et surtout très geeeeentils.

Gustav se devait de défendre l’honneur national. Nous nous sommes rendus sur place, stylo et carnet de note à la main pour faire un état des lieux. Des sans-abri new-yorkais, des chinois la tête sens dessus dessous, une salle de cinéma voyageuse, un homme bleu et muet, une nonne

appelée par Dieu grâce à une video YouTube, des parrains de la mafia et leur familles, un bar improbable sorti tout droit d’un film de David Lynch, un centre commercial reconverti en musée éphémère, et j’en passe, voilà le compte rendu d’une balade à Vevey. En fait, il se trouve que c’est une ville qui bouge pas mal (oui, il y a de vrai bars sympas, des disquaires pointus et même des soirées èèèlèèèctrôôô) et qui s’impose sur la scène artistique depuis quelques années, notamment grâce au développement d’Images, le festival des arts visuels de Vevey. À l’occasion de cette biennale, de nombreuses expositions sont organisées dans plusieurs lieux et la ville se couvre littéralement d’images.


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Artist: Li Wei


Artist: Renate Buser

À peine sortis du train, les ruines témoignant du passé industriel de Vevey reprennent vie : les anciens Ateliers Mécaniques à l’entrée de la ville semblent à nouveaux occupés et deux vieux wagons abandonnés nous font faire un retour dans le temps, remplis à nouveau de soldats partant pour le front. C’est l’artiste JR, qu’on ne présente plus et dont on vous avait déjà parlé dans un numéro, qui a habillé certaines façades avec des clichés mythiques de Robert Capa ou Man Ray, issus des collections du Musée de l’Elysée de Lausanne pour le projet Unframed. On salue sur le chemin une prostituée imposante collée sur la façade de l’ancienne prison (la porte est entre ses jambes…) et un minaret géant sur un silo, joli clin d’œil à des votations qu’on préfèrerait oublier.

Où était passée la légendaire neutralité suisse pour le coup?! Sur le chemin pour se rendre à l’ancien centre commercial EPA-Uniprix, transformé en centre névralgique du festival, on s’arrête devant un trompe-l’œil gigantesque : une immense reproduction de l’intérieur de l’Hôtel des Trois Couronnes s’expose sur sa façade (Renate Buser). Un tour au bord du lac permet aussi de voir une belle sélection d’expositions en plein air sur le thème de l’intrusion, puisque qu’exposer à l’extérieur c’est faire intrusion dans l’espace public. On y voit des images de bombes atomiques (Michael Light) après une plongée dans le monde fermé des nonnes (Toni Greaves) ou des portraits incroyables de Malick Sidibé, chez qui

défilait le Mali coquet des années 60, histoire de prendre la pose et de montrer son nouveau pattes d’eph’. Les looks valent le détour, les photos aussi. On s’étonne encore sur une place devant une maison entièrement murée à l’aide de planche de bois. Par un trou, on peut voir des photos de M. Schuhlmann, personnage psychotique qui cherche à tout prix à se protéger de l’extérieur (Matthieu Lavanchy). Après avoir prix congé de tout ce beau monde, on arrive enfin à l’ex-Epa.


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Artist: Gran Caldo

U

Fermé depuis plus de cinq ans, le centre commercial attirait foule et reprend enfin du service grâce au festival. On n’est pas loin de se croire à Berlin dans cet espace désaffecté retapé sommairement pour l’occasion. Sur plusieurs étages, des expositions photos, avec notamment les travaux des Lauréats du 7e Grand prix international de la photographie de Vevey et du 5e Grand prix européen des premiers films, une salle de cinéma, des imprimés de David Lynch mais aussi un bar qui pourrait sortir tout droit d’un de ses films. Conçu par les associations RATS et Grand Caldo, cet endroit louche, ou se côtoient une pompe à essence rouillée et une entrée de motel miteux, accueille des performances mêlant chorégraphie, musique et arts plastiques. Au sous-sol de l’ex-EPA, on a l’impression d’évoluer dans un bunker à la découverte de la collection d’œuvres d’art vidéo de la collection Ketterer-Ertle. Coup de cœur pour une tapisserie qui s’anime, laissant s’échapper du motif kitchissime une bergère qui tire sur le spectateur (Brigitte Zieger).

Traîner à Vevey pendant le festival, c’est aussi profiter des concerts, projections de films, performances organisée pour l’occasion. C’est prendre le risque de tomber sur un drôle de type, une chose en caoutchouc bleu qui ne parle pas mais qui interagit avec le veveysan ou le visiteur à l’improviste (André Kuenzi). On note aussi l’atterrissage sur la fourchette de l’Alimentarium de Li Wei, artiste chinois ayant quelques problèmes à régler avec la force de gravité. Le bilan de cette visite révèle donc un festival qui regorge de projets très différents et donne un nouveau visage à Vevey. En présentant tant des artistes locaux qu’internationaux, il touche le badaud mais aussi un public averti avec des expositions pointues comme The « Room » Series de Hans Op de Beeck. Après la crise industrielle qui a mis tout me monde sur les dents et la ville sur la paille, la création en 1999 par la Municipalité du label Ville d’Image pour Vevey semble avoir fait son chemin. Il faut dire

qu’avec la présence dans le coin d’institutions comme le Musées Jenisch ou la fameuse section photo de l’Ecole des arts appliqués, le terrain était favorable pour développer la culture de l’image. Le résultat est surprenant et on avoue s’être pris au jeu. Affaire à suivre, le rendez-vous est fixé dans deux ans pour la prochaine édition.


VeVey


ART

ARTYOU 054

A

Le nom est nouveau mais pas l’exposition. Conçue pour réunir talents émergents et talents confirmé, Artyou (connu jadis sous le nom de Artig) est une expo annuelle organisée par Artstübli’s growing urban art network. Cette année était la 5ème édition, et la nouveauté résidait dans le fait que SWATCH MTV Playground en étaient les principeaux partenaires. On y a vu entre autres Aryz, Grito & Ripo (ESP), Blackyard (BE), Reto Ehrbar & Emmanuel Denier (ZH), Rodja Galli (BE), Donovan Gregory (ZH), Marco Klefisch (ITA), Mäkka (BS), Sipho Mabona (LU), Moving Colorz (BS), Onur (SO), The Schwarzmaler (BE), SMASH137 (BS), Amadeus Waltenspühl (LU), WES21 (BE) et Stefan Winterle (GER). Live painting il y a donc eu, en combinaison avec une programmation musicale de convenance. A relever les performances très intéressantes faites sur du grip, performances dont l’instigateur était Element.

Art, musique, sport, cette expo dont GUSTAVmag était partenaire avec grand plaisir était tout simplement époustouflante de diversités. La fibre artistique helvétique n’a aucun complexe à se faire. Sélection faite et commentée par Philipp Brögli, fondateur de ARTYOU QUOI? Graphic Design – Illustration – Street Art – Installation QUAND? 15. – 18. September 2010 OÙ? «The Satisfactory» Utengasse 15 CH-4058 Basel artyou.ch Text : annelaure_m. Layout : daïan


Rodja Galli St. Cicloso, Mixed media on wood, 2010 Swatch MTV Playground «Art Battle» - Livepainting présenté par Chris Bachmann. Tous les soirs, huit artistes sélectionnés avaient 90 minutes à disposition pour laisser champ libre à leur créativité et transformer la toile blanche en chef d’oeuvre par une technique picturale libre. Le public décidait par ses applaudissements qui passait le prochain tour.


Stefan Winterle Graffparc, Stencils & Spraypaint on MDF, 2010

ARYZ Barcelona

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A Artyou l’atmosphère


SWATCH MTV Playground Thomas (PHEKS) Bestvina www.tbestvina.ch «L’idée de ma toile était d’imiter un mur minable et usé comme on le voit souvent à Berlin ou Hambourg, et d’intégrer la montre dans cet environnement détérioré. Comme artiste avec des bases de graffiti, j’ai peint un graffiti avec des bombonnes, puis collé des bouts de journaux et de posters au-dessus de la montre et des lettres. J’ai ensuite utilisé du papier de verre pour donner un rendu urbain et usé à l’oeuvre.»

KennyNeed est l’autre moitié de InnocentINK. Le nom est un jeu de mots entre l’anglais et le bernertutchhh. Il a grandi sous l’influence de beaucoup trop de BD et de dessins animés. Originaire de Bern, mais résidant de Zürich. «L’idée ou la signification d’une image est toujours toute une histoire. Ce qui me plaît le plus, c’est quand les gens font leurs propres interprétations des images. J’étais déjà assez nerveux lorsqu’on disait qu’au final il y avait une énorme montre sur le canevas. Dans le train pour Bâle, j’ai laissé combiner spontanément différentes idées qui pouvaient correspondre à une montre ou respectivement à une heure. Je suis parti sur les Lyrics du morceau de Mos Def avec le theme «Temps» sur le Track «Hurricane» de Common. Le pourquoi de «Time is King» - Nous sommes tous les serviteurs du temps. Le triangle représente le temps. A gauche se trouve le passé et à droite le futur. Au milieu, le présent est un symbole d’oiseau, car le temps passe vite. Impossible de l’attraper.» KennnyNeed www.flickr.com/photos/kennnyNeed/ www.facebook.com/pages/innocent-INK/220304688665?ref=ts


painting with the groove

MOVING COLORZ Text: Anouk Schumacher Pics: http://www.movingcolorz.com Design: Livia van Haren

ART

AVEC SON CREW RUFF’N’X, IL A REMPORTÉ EN 2007 LE PREMIER PRIX DU CONCOURS SUISSE DE BREAKDANCE BATTLE OF THE YEAR ET A TERMINÉ DANS LES DIX PREMIERS DU CONCOURS BATTLE OF THE YEAR INTERNATIONAL. SON ORIGINE ESPAGNOLE SE DEVINE DANS SES MOUVEMENTS ET POSES TEINTÉS D’HUMOUR.

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A

Christian Martinez, aKa La Furia, est éducateur physique de formation, dans le genre à faire baver ces dames et complexer ces messieurs. Bryan Haab, lui, est suisse-canadien et issu du monde de l’art, spécialisé dans les créations interdisciplinaires. Il travaille sur le projet Dust of Famous People pour la promotion de l’égalité sociale dans le monde et a fondé la Soul Works Foundation dans le but d’organiser une communauté internationale d’artistes visuels.

Très bien merci, mais pourquoi vous parler de ces deux types?! Parce qu’ils ont mis sur pied un projet artistique qui assure . Leurs performances combinent breakdance, couleur, lumière et musique. Réalisées aussi bien dans des galeries que dans un skate bowl, elles proposent une expérience bien particulière au spectateur: l’espace est entièrement plongé dans le noir avec pour seule source de lumière des ultraviolets. Alors qu’on commence à se demander ce qu’on fout là, la musique démarre et des danseurs en combinaison blanche se jettent sur une toile scotchée au sol. Les combinaisons sont en fait recouvertes d’une peinture fluorescente qui imprime chaque mouvement

des danseurs sur la toile au sol et part en jet un peu partout sans épargner l’assemblée. Heureusement qu’on avait justement enfilé un vieux tee-shirt troué sous les bras dans un grand moment de solitude vestimentaire. Partant du principe que derrière chaque oeuvre d’art il y un geste physique de l’artiste, le projet Moving Colorz est le digne enfant de l’action painting. Les mouvements acrobatiques du breakdance sont utilisés comme technique de peinture. L’artiste n’est plus seulement le réalisateur du tableau mais en devient partie intégrante. L’accent est mis sur le geste créateur qui devient lui-même oeuvre d’art au même titre que la toile qui en résulte au final. Cette preuve matérielle de la performance offre une représentation visuelle des mouvements et du rythme propre au breakdance mais laisse aussi place à une interprétation personnelle.



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A

INTERVIEW

Gustav: Comment vous êtes-vous rencontrés et surtout d’où est née l’idée du projet Moving Colorz, qui mixe dance et art plastique? Bryan: Le projet est né lors d’une soirée d’artistes que j’organisais sur le thème «Walk the Talk» ,le but étant de montrer que le lifestyle et les actes artistiques laissent une trace physique sur notre environnement. J’ai pensé que me lancer dans un projet acrobatique serait la manière la plus excitante de répondre à ce défi. Je me suis mis à la recherche d’un breaker qui n’aurait pas peur de se salir les mains (et le reste !). Christian est tout de suite sorti du lot avec son enthousiasme. Il s’était déjà intéressé aux marques que laissaient ses chaussures sur le sol après ses entraînements. Après notre première performance, il est devenu évident que l’expérience se prolongerait au-delà du simple coup d’essai. Gustav: Que représente le projet à vos yeux? Quel est votre but avec Moving Colorz? Bryan et Christian: L’idée principale est de réussir à garder une trace des mouvements acrobatiques en les rendant disponibles sous la forme d’une oeuvre d’art dont le public pourrait jouir une fois la performance finie. C’est un témoignage de ce qui a eu lieu et qui offre des pistes de réflexions sur la notion physique de rythme mais laisse aussi place à l’interprétation libre. On a aussi évidemment envie de faire une place au breakdance dans le large panorama de l’Art.

Gustav: Est-ce que le résultat, la toile, est aussi important que la performance ou mettez-vous vraiment l’accent sur le mouvement de l’artiste? Bryan et Christian: Le projet essaie de tirer le meilleur des deux mondes. D’un côté, il y a un super show et de l’autre, les traces du corps des danseurs qu’il a laissées sur la toile. On a aussi créé des toiles dans notre studio où la danse n’entre pas dans le processus de réalisation. On les installe lors des performances, ce qui participe à créer une expérience unique à chaque fois pour le spectateur. Gustav: Moving Colorz a déjà pas mal voyagé, avez-vous prévu de poursuivre dans cette voie ? Avez-vous d’autres projets? Bryan et Christian: On travaille tous les deux sur des projets solos mais on a vraiment envie de développer le potentiel de Moving Colorz en collaboration. Pour l’instant, on a surtout été actifs en Suisse et en France mais on espère décrocher d’autres opportunités au niveau international.



ËSTÏBAB (a.k.a «le Bulg’») Dégueulassement classe

Text: Yoann Segalen Illustrations: Estibab

ART

«MES TRAVAUX PERSONNELS SONT COMME UN «PROUT», PLUS ILS PROVOQUENT UNE GÈNE CHEZ LES AUTRES, PLUS MA SATISFACTION EST GRANDE»

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A

Tout commença par un sinistre et étrange soir de novembre, à une époque où les futurs membres du St Es’ Crew étaient encore tels des électrons fugitifs, errants sans patrie, éparpillés au quatre coins du royaume. Une époque où l’avenir radieux qui les attendait n’était encore qu’un doux rêve lointain, fondu dans des vapeurs toxiques et des abîmes liquides. C’est dans cette torpeur automnale, que tout droit descendu de la belle Gaulle, Monsieur David, Baptiste de son prénom, tel un Rom que l’on expulserai aujourd’hui sans ménagement, déposa son sac à dos et sa vieille couverture en poil de yack séchée à saint Es’ la tece, Bayonne Saint-Esprit, ce qui lui vaudra bien plus tard le surnom au combien envié de ‘’Bulgare’’. Dans ce marasme précaire par lequel jeunesse (tré)passe souvent , tel un forgeron, le bulg’ profita des quelques moment de lucidité qu’il lui restait parfois entre midi et deux pour mettre à profit son talent pour le graphisme et réussit envers et contre tout à débuter une carrière de freelance en ce domaine, et ce malgré les nombreuses embûches mises par la vie sur le chemin des gens doués aimant parfois suivre une route autre que celle aimée des braves gens. Ainsi vit-on bientôt le crépitant style bulgarien s’installer dans les magazines, fanzines et autres parutions en parallèle de son activité en compagnie de la certes défunte mais néanmoins épique et regrettée marque Psykopit. Enfin son style singulier à base de détournement et de créations tantôt rétro-insolite, postnéodingo, funkyporno, ou tout simplement bien vu et de qualité, pu s’ exprimer à sa juste valeur ! Enfin la décadence et le grandiose, le répugnant et le délice purent ne former qu’un au sein d’un format A4 et parfois beaucoup plus grand pour finalement aboutir à une forme de sagesse, résumée somptueusement dans une œuvre (à voir sur son site www.ESTIBAB.com) classique et typiquement bulgarienne, par cette question abyssale incluse subtilement au sein de cet ouvrage admirable : « Do you wanna touch my moustache? ». Et si il n’y avait que ça, car oui, vous vous en doutez désormais, ce n’est bien que la partie immergée de l’iceberg... Sur ce tremplin le bulg continua de dévaler, entrecoupant son travail de travaux pratiques inspiratifs, dormir quand la chaleureuse occasion s’y présente au beau milieu d’un chantier au cœur de l’hiver, programme mégamasse à base de soulevage d’haltères entre deux rhums, gros drops sur des tas qui ferment en compagnie de sa custom’ weber 6.0 noseless, quand bien même une 6.6 ne serait pas un luxe... dans le registre sportif on peut également ajouter à ces performances quelques courses à pied en compagnie des forces de l’ordre, ainsi que du catch toujours avec nos amis de la maréchaussée, qu’il fréquente assidûment et toujours dans la bonne humeur, à l’image d’un festin gaulois. Quoi qu’il en soit, et malgré ces diverses voies de fait, le bulgare, telle une brise anisée, d’humeur toujours légère, jouit encore pleinement de sa liberté et officie maintenant au sein d’un conglomérerat surfistique d’ampleur internationale du nom de Rip Curl, où il sévit sous le doux nom de ’’Bichon’’. Certains disent qu’il est différent, d’autres le trouvent suspect, la police, toujours pragmatique, le qualifie plus sobrement de ‘’fugitif’’, beaucoup pensent qu’il est simplement un peu fou, mais au final Monsieur David est bien plus que cela, c’est tout simplement un mec encore bien vivant, ce qui finalement n’est peut être pas si commun de nos jours, un gars qui aimerait connaître le sens du mot superflu mais n’y arrive pas, qui voudrait comme tout le monde être sous l influence des ‘’on dit’’, des ‘’prenez garde’’ et des points de retraite, sans succès, un mec qui n’arrive pas encore à s’endormir sur ses lauriers, ni même sur ses frasques en tout genre, dont il tire pourtant une gloire certaine !



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A Inside my lolotte


Danse avec les cacks

Souvent à cheval entre l’intransigeance impertinente et l’éternel fraternité, un brin cynique, souvent moqueur mais toujours joueur, il s’avère avec du recul tout à fait pertinent dans son analyse d’une situation, et c’est en tout cela que réside le charme inédit du bulgare. C’est sans doute aussi grâce à une longue et interminable cure à base de potion magique, qui finalement serait peut-être en même temps le talon d’Achille de l’irréductible bulg’, car n’étant pas tombé dedans étant petit il semble avoir décidé pour rattraper le coup de boire en moyenne un chaudron hebdomadaire et plus si possible, et ce depuis...depuis...toujours en fait.

Quant à son avenir, il n’y a même pas de quoi s’inquiéter, la capacité d’adaptation du bulg’, comme son surnom l’indique, est XL et son inspiration opensource lui laisse une marge de manœuvre conséquente quel que soit le domaine où il choisira d’investir sa ‘’douce’’ folie, créatrice il s’entend. Et prenez donc garde, car s’il est actuellement en mode papa fait des gosses et construit une maison pour maman, en mode chantier donc, il se pourrait ensuite qu’il décide de se remettre de plus bel à donner dans la démence graphique, auquel cas, amen, nous serons enfin tous bulgares, et ce pour le plus grand bien de la Patrie, car il faut bien le dire, notre ami est avant tout un symbole de la résistance, la résistance à la connerie oui Madame, même si cela passe parfois par quelques petits écarts qui en sont tout proches ! Sur ce bon vent d’est, kenavo, et surtout Yec’hed Mat!


Fred

Quelques mots de l’artiste:

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Fingaskating

«Les modèles que j’utilise sont souvent des déviants, des amateurs de rouge en brique, et autres rebuts de la société. Leur faculté à sortir du cadre me pousse justement à les encadrer! Je tire mes inspirations de la rue (où certains locataires du pavé rivalisent avec génie ou folie, à certaines «pointures de la mode»!), des bistrots (où la philosophie emprunte parfois des chemins très sinueux), et de tout ce qui fait mon quotidien. J’utilise très souvent des petits carnets où je note les idées qui me passent par la tête, les situations grotesques auxquelles j’assiste, ou les expressions de certains illuminés. Une fois ces idées collectées, je les retravaille parfois très longtemps après, afin de les exprimer graphiquement. Au début j’avais tendance à utiliser l’ordinateur de manière systématique telle une baguette magique, mais désormais, avec ma petite expérience du graphisme, je m’en sers comme d’un ingrédient qui intervient avec parcimonie au cours de ma préparation. Ce qui m’intéresse lorsque je crée quelque chose, c’est de mélanger des matières, des outils, des techniques (le plus souvent très manuelles), pour façonner un univers en accord avec mon idée initiale. Sinon, mise à part ma passion pour les tordus, je pense être quelqu’un de tout à fait normal: j’aime bien, me toucher les gosses en regardant la TV, me curer le nez au volant ou aux toilettes, essayer de commander une bière après la cloche, ou bien faire la sieste devant «Derrick» (série à l’ambiance soporifiquement supérieure à un Lexomil)»


I just wanna be your sex tool


Text : Anouk Schumacher Layout : daïan

ART

Exit Through the Gift Shop a déjà créé la polémique aux States et débarque bientôt sur nos écrans. L’occasion parfaite pour faire un portrait de Mr. Brainwash, phénomène au centre de ce film réalisé par le cultissime Banksy.

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Quand on découvre Mr Brainwash, aKa MBW, on oscille entre l’énervement et la fascination. Une chose est sûre, c’est un sacré personnage. Loin de l’image conventionnelle du street artiste, on aurait plutôt tendance à prendre le bonhomme pour un parrain de la mafia, Panama planté sur la tête et Ray-Ban Aviator sur le nez. Il a l’entregent des italiens et quand on visionne la seule interview de lui disponible sur le net, il gesticule dans tous les sens et n’hésite pas à se lancer dans l’imitation d’une arrestation par la police. Pourtant, pas de trace d’accent italien dans son anglais mais l’inimitable french touch reconnaissable entre mille. Rien d’étonnant puisque que Thierry Guetta de son vrai nom aurait grandi en France avant d’émigrer du coté de L.A. Dans le genre obsédé et ambitieux, la petite histoire raconte qu’il aurait décidé de tourner vers la fin des années 90 LE documentaire ultime sur le street art... documentaire toujours inachevé aujourd’hui! C’est en tout cas à cette époque qu’il aurait commencé à suivre divers artistes, notamment Banksy et Shepard Fairley. Quelques centaines d’heures de film plus tard, décidant que c’en était assez de pister l’animal sauvage dans la jungle urbaine, il aurait échangé sa caméra contre une panoplie de bombes aérosols. Toujours pas débarrassé de son petit coté obsessionnel, son oeuvre compte des centaines de graffs, stickers, pochoirs et toiles. Son show actuel, une expo gigantesque montée dans le Meatpacking district, le quartier branchouille de NY du moment, s’intitule Icon remix. Avant ça, c’est son premier solo show en 2008, Life is Beautiful, qui marque son éclosion dans monde de l’art. A l’époque, l’expo rassemble plus

de trois cents peintures, sculptures et prints, une installation monumentale faite de chaussures et une réalisation grandeur nature de la la légendaire toile Nighthawks d’Edward Hopper. Parmis cette «modeste» sélection, MBW expose la série Campbell’s Tomato Spray, inspirée des fameuses canettes de soupe d’Andy Warhol, remplacées pour l’occasion par des cans de peinture. La provoc marche à fond, gros succès nous dit encore la petite histoire. Un succès basé sur quoi? Dans la lignée de l’appropriation art -ces artistes qui reproduisent ou détournent les oeuvres des autres- MBV récupère le travail de ses copains comme les grands classiques de l’histoire de l’art du XXème siècle. Il s’approprie ainsi l’action painting de Jackson Pollock en balançant des jets de peintures contre les murs, reproduit Fountain, l’urinoir de Marcel Duchamp, en y ajoutant du graff et semble avoir particulièrement croché sur le pop art d’Andy Warhol. Comme son ainé, MBV prend pour sujet des objets issus de la vie quotidienne et est fasciné par la notion d’icône, pour preuve de nombreuses toiles représentant les figures d’Elvis Presley, Jimmy Hendrix, ou, dans un genre moins rock’n’roll, Obama. Si on en croit ses paroles, sa démarche se situerait entre provoc, ironie et humour avec pour but de faire rire et de révéler au spectateur les aspects positifs de la vie, qu’il le veuille ou non. S’il a choisi la rue comme principale galerie, c’est parce que personne ne doit pouvoir échapper à son lavage de cerveau. Pas de meilleur moyen d’exécuter une lobotomie collective bien efficace qu’en mettant son art à la portée de tous, même ceux qui n’en ont franchement pas grand chose à branler. Le raisonnement peut paraître étrange,



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A


à l’image du philosophe, mais si on en croit la renommée atteinte par MBW, ça marche. D’ailleurs, c’est sa signature qu’on retrouve sur la pochette de la compilation de Madonna Celebration (2009). On imagine le kiff de l’artiste sur une collaboration avec la reine de la provoc (oui enfin c’était avant que Lady Gaga ne viennent nous emmerder avec ses robes en viande crue et ses coiffures à la mord-moi-l’noeud). Dans la lignée des projets fous, on note l’ouverture de son expo new-yorkaise. Un pieds cassé ne l’aurait pas arrêté sur le chemin de la gloire. Débarquant aux commandes d’un objet non-identifié à mi-chemin entre vélo et trottinette pour ménager sa patte – on est perplexe- il assure le show, aidé il est vrai, de dizaines d’assistants. Ce genre d’aide non négligeable, un art qui ressemble d’un peu trop près à celui des autres et pas mal de billets verts en jeu, voilà qui en est assez pour que les mauvaises langues remettent en question le talent de MBW... et que nous remettions en doute sa réelle existence. Et si je vous disais que tout ça n’est peut-être qu’une vaste farce, un pur canular monté par Banksy et ses potes? C’est que le loustic frôle la caricature et que les infos sont difficiles à pêcher - tiens tiens, son site internet est comme par hasard en construction. Le film qui lui est consacré n’est pas non plus sans poser quelques questions de vraisemblance (allez jeter un coup d’oeil à l’article consacré à Exit Through the Gift Shop dans ce numéro). Du coup Banksy signerait

là un coup de maître; et peu importe qui se cache derrière MBW, son personnage, son style et les liens ambigus qu’il entretient avec le marché de l’art posent des questions fondamentales sur la culture urbaine, le street art et leur récupération par le marché. Le cas MBW, c’est la cristallisation parfaite des contradictions propres au street art et à son succès commercial. C’est aussi un piedde-nez, ma foi assez cruel, à tous ceux qui sont prêts à investir des milliers de dollars dans un pur phénomène de mode. http://www.mrbrainwash.com/


Lachaussée ART

Text: Anouk Schumacher Layout: daïan

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A

Entre une prochaine collaboration avec le magazine Sang Bleu, la préparation d’un livre et la tournée de ses photos pour la campagne de pub des jeans Edwin, on ne pouvait pas laisser passer Julien Lachaussée. Ce photographe arpente le pavé parisien - et on ne s’étonne qu’à moitié, un nom pareil c’était de la prédestination- à la recherche de personnalités fortes et de lieux insolites. C’est un artiste comme on les aime, qui a commencé le skateboard aux pieds avant d’avoir l’appareil à la main. Né en 1976 à Paris, Julien cultive une passion particulière pour l’art du tattoo, omniprésent dans son travail, et baigne dans la culture de urbaine. Il le dit lui même, «ses goût et ses envies l’ont amené à côtoyer l’univers de la rue avec ses bonnes et ses mauvaises fréquentations...» Avec une attention particulière pour le détail et les mises en scène léchées, il privilégie l’argentique pour son authenticité. Strip-teaseuses, bikers et autres phénomènes de derrière les fagots posent pour des portraits sans tricherie. Le résultat, des clichés forts avec une bonne dose d’humour qu’il a accepté de commenter pour nous. Link: www.julienlachaussee.com

Cette photo a été bien compliquée à réaliser parce qu’il ne fallait pas se faire repérer par la sécurité. Se mettre à torse nu dans une église c’est évidemment interdit mais je voulais réaliser ce projet pour le coté rock’n’roll. C’était à l’occasion d’un travail avec un artiste pour qui je devais faire des portraits. Ce jour là, lumière était incroyable dans cette partie du bâtiment; on voulait absolument faire des prises là mais on s’est fait jeter par la sécurité pendant notre première tentative. Comme je suis pas du genre à abandonner aussi vite, on a juste été boire un petit café à coté avant d’y retourner.



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Ca c’est Justin, un créateur de chapeau londonien présenté par un ami. Je l’ai amené chez le dernier vrai barbier à l’ancienne de Paris. Après s’être fait tailler la moustache, la ressemblance avec l’affiche était incroyable. C’est l’un de mes clichés favoris.


Ma version de la photo de famille, avec une bonne dose d’humour comme j’aime. Je l’ai réalisée dans un bar rock de Paris.


C’est aussi une photo pour le calendrier du Tattoo Art Fest, shootée au stand de tir d’un commissariat à Paris.

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Tin-Tin dans sons salon. Cette photo fait partie de la campagne de pub que j’ai réalisée pour les jeans Edwin. Pour cette campagne, j’ai bossé avec des connaissances à moi mais aussi avec des personnes proposées par la marque. Le plus important pour moi, c’est de rencontrer des personnalités fortes. Le squelette vient de la déco du salon de Tin-Tin; on a eu envie de lui mettre une perruque et de créer une pose qui ferait penser à une nana.


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Le modèle est tatoueur. J’ai shooté ce portrait après une rencontre coup de cœur et cette personne m’est devenue très chère depuis. Je fonctionne beaucoup comme ça.


C’est une photo réalisée pour le calendrier du Tattoo Art Fest 2011. Encore un grand coup de cœur qui a commencé sur Facebook. On avait casté beaucoup de filles en France, en Allemagne, en Belgique mais j’ai adoré son style, dans le genre teenager américaine version parisienne; c’était parfait pour ce qu’on voulait. J’essaie d’inclure des skaters dans le maximum de mes projets. C’est ma touche perso puisque je viens à la base de ce milieu.


Christian et son coq, que j’ai rencontrés à l’occasion d’une commande pour le magazine de hot rod Powerglide. C’était pour un reportage sur le Loud Mufflers car club réalisé en France et en Belgique. J’ai aimé faire des choses moins dans mes habitudes avec pas mal de photos des voitures, des Harley, etc qui font partie intégrante de la famille dans ce milieu.

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Cette photo fait également partie de la campagne de pub Edwin. C’était assez particulier parce que c’est un de mes deux patrons qui a posé, mais il ne voulait pas qu’on puisse le reconnaître. J’avais carte blanche pour les mises en scène donc je lui ai mis ce masque de clown. Avec son tattoo El Diablo, c’était parfait pour lui donner un petit air de serial killer. La position de ses mains contribue aussi à créer une atmosphère un peu étrange. Toutes les photos de la campagne ont été réalisées assez rapidement, en une demi-heure/trois quart d’heure pour chaque cliché. Ça s’approche de la photo lifestyle contrairement à d’autres travaux pour lequels la mise en scène était beaucoup plus travaillée et demandait énormément de préparation.


ART

Text : anouk_schumacher Layout : OneKon7

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Emre Turhal

quand maîtrise rime avec création numérique A la rédaction, on ne compte plus les heures passées derrière nos écrans, pupilles dilatées et canettes de boisson-jamais-fatigué à portée de main, pour vous dénicher des petites perles. Alors quand on tombe enfin sur le travail d’Emre Turhal, jeune artiste US d’origine turque, on va dormir. Ce pro de la création numérique manie avec dextérité palette graphique et autres joujous informatiques pour donner naissance à des oeuvres mêlant photographie, dessin vectoriel et typographie. Son univers est étrange, et sa palette est souvent dominée par des couleurs sombres. Pourtant, de ces personnages éclatés sort un

univers quasi féérique fait d’arabesques, de fumées, de papillons et de mots évocateurs. Ça fourmille de petits détails à découvrir et ne manque pas d’un côté rock qui n’est pas pour nous déplaire. Si on note un niveau assez inégal dans l’ensemble de sa production, on s’incline devant une grande maîtrise technique, dont voici notre sélection. Pour le reste, aller faire un tour sur Deviantart.

http://www.emreturhal.com/ http://emreturhal.deviantart.com/gallery/



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BAD PAPYS Text: Tatiana Tissot (/TAT) Layout: daïan

GANG DE TUNER DE GOLFETTES Granny et Grandad foncent au volant de leur voiture de golf rutilante de la salle de pickleball au supermarché du quartier. Tunée, la golfette. Moteur boosté, peinture tape à l’œil. Bienvenue à The Villages, en Floride, une communauté de retraités où la golfette est THE way of life…


L’engin, marron et or, est une réplique d’un street rod Ford de 34. Sur le capot scintillent en lettres d’or les noms des deux lovers, «Jane and Joe». Joe Kobar met à profit son temps libre pour tuner sa golfette. Il vit avec sa femme dans l’une des plus grandes communautés de retraités de la planète, en Floride, The Villages. Signe particulier? Les 77’000 habitants conduisent des voiturettes de golf.

sont à disposition des résidents qui tiennent encore debout. De là découle le principe que tout doit être accessible en voiturette électrique.

«C’est comme rouler en moto ou en skate» confie Joe Kobar, tifs d’un blanc immaculé et T-shirt hawaïen orné d’une guirlande de voiliers. «Chaque fois, tu te sens plus libre».

La lenteur des engins permet d’admirer le paysage ou oblige à saluer son voisin, ravivant un esprit de communauté. Après tout, pas besoin de bagnole, le temps est toujours au beau fixe et on n’est pas presséééés à The Villages, puisque tout le monde goûte à la retraite. Hôpital, Walmart, thé dansant, tout ce dont un résident a besoin se trouve à proximité, atteignable tranquillement sur les 140 kilomètres de pistes réservées.

Pour attirer du monde dans cette méga-résidence pour cheveux blancs, le slogan lancé dans les années 80 promet du «Golf gratuit pour le reste de ta vie»! Vrai, vingt-quatre terrains

Parfaitement chargée, la batterie permet de parcourir septante kilomètres. Après une virée dans l’un des douze lacs de pêche avoisinants, il en reste assez pour faire un tour au club

de pickleball où de farouches septuagénaires se mesurent dans ce sport hybride de ping-pong et de tennis. Le soir, les Villageois qui décidément pètent la forme se donnent rendez-vous au pub. Un verre, un groupe live, au lit. La plupart commencent leur journée à quatre heures du matin. Les habitudes… Le gang des tuners de golfette Le Streetrod Club regroupe les bad boys de The Villages. Tel un gang de Harleys, les 500 adeptes, dont Kobar, sont tous tarés de tuning. Leur truc, pimper leurs golfettes pour en faire des répliques d’engins revenus des 30s: roadsters, fire trucks et stretch limos. Certains dépensent jusqu’à 20’000 $ pour relooker leurs machines. La star incontestée du village est pour l’instant une imitation canari d’un Hummer H3 avec intérieur crocodile, néons et stéréo de 1’400 watts


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S qui réveille les vieux dans leur sieste de l’aprèsmidi. Ceux-ci s’arrachent les cheveux qu’ils leur restent. Normalement, les golfettes roulent au max à 30 km/h. Certains enragés les boostent pour atteindre le double, au risque de perdre leur dentier contre un mur. Et même si les flics n’ont pas que ça à faire, Mémé roulant à plus de 60 km/h dans un cart de golf transgresse la loi. Booste ta voiturette de golf, mode d’emploi. Pour 500$, on modifie la boîte à vitesse, plus 5 mph. Ensuite, on remplace le moteur, on ajoute de plus gros pneus et voilà la voiturette prête à donner des sensations fortes à ses conducteurs. Pour la sécurité, on repassera. Les ceintures, connaît pas, ce qui a coûté la vie à une résidente l’an passé. Expulsée de sa golfette, elle s’est tuée en atterrissant sur le bitume de The Villages. Mais s’ils ne faisaient pas les couillons, les retraités seraient en sécurité, comme le dit le porte-parole de la communauté, Gary Lester. «La golfette fait sens pour la sécurité, ainsi qu’économiquement, socialement et écologiquement.» En plus, selon Lester, la golfette c’est aussi «bon pour l’âme». «Si ton voisin est dans

son jardin, tu ne peux pas passer devant sans lui faire signe et lui dire bonjour.» Les golfettes sont des icônes d’un nouveau style de vie. D’autres communautés suivent l’exemple dans le pays, comme en Arizona ou dans l’état de Georgia. Encore un enseignement à tirer de ces décidément très freestyle papys.



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S STA誰誰誰LE


Illustrations: Estibab Text: Anne-Laure M

FAMOUS APE Autumn Selection

Intéressant concept de cette boutique qui, au travers de cet artwork, nous présente sa sélection de brands pour l’automne. Pourquoi intéressant? Parce que sous la connue et reconnue appellation FAMOUS APE, les marques avec lesquelles la boutique travaille sont savamment mises en valeur, que artwork et produits se lient en fonction des tendances du moment. Qu’est ce que FAMOUS APE? Deux boutiques, à Genève et Zürich, qui allient street wear, street fashion, accessoires urbains et gadgets que l’on ne trouve pas à tous les coins de rue. Réputée pour sentir venir les tendances avant le peuple, la fondatrice de ces boutiques en a fait des références de la street et la gadget attitude. Famous Ape - Geneva - Rue de la Rôtisserie 17 1204 Geneva / Switzerland Famous Ape - Zurich - Im Viadukt – Bogen 20 Viaduktstrasse 47 - 8005 Zürich / Switzerland famousape.net


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S



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CHRIS BURKARD Ce jour-là, à Puchupero/Chili, il venait de s’arrêter de pleuvoir, le vent offshore était de force très respectable, le swell puissant. Conditions difficiles donc. On s’est rendu sur un spot que les locaux qualifient de ‘rarely breaks’. Il y avait des vagues de partout, et je n’avais au monde aucune idée comment mettre un tel endroit sur pellicule. Je me suis éloigné et pris de la hauteur sur une dune. Le shore break était si grand et les offshores’ plumes si hautes que j’ai loupé la plupart des meilleures vagues. Jamais travaillé dans de telles conditions. Puis tout à coup la lumière, le swell et le vent sont entrés dans une relation harmonieuse de perfection. Un moment où le temps reste suspendu de par la sublimissance offerte par mère nature. Quand Peter Mendia a pris cette vague, le back wash a fait comme une douche dorée de dix pieds en dessus de lui. Magique.

FREERIDE ATTITUDE

Photographer: Chris Burkard Athlete: Peter Mendia Location: Buchupero, Chile Camera: Nikon D700 | Lens: 70.0.200.0 mm f/2.8 | ISO: 125 | F-Stop: f6.3 | Shutter Speed: 1/1000

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F Text: anne laure m. Layout: daïan

REDBULL ILLUME Ce concept nous parle dans le sens où ce sont ceux qui subliment qui sont pour une fois devant les projecteurs. Hommage à ceux qui ont la faculté d’arrêter le temps avec magnificence.

C’est au Trinity College, en plein cœur de Dublin, que s’est déroulée la cérémonie de la remise des prix du plus important concours de photos de sports extrêmes. Pourquoi ce choix du Trinity College? Cette université datant du XVIème siècle, est l’une des plus cotée au monde. Forte d’un riche passé et d’un haut niveau artistique, elle joue un rôle de premier plan dans l’histoire culturelle de l’Irlande. Parmi ses étudiants les plus célèbres, on trouve Oscar Wilde, Bram Stoker (Dracula), et elle abrite en outre le fameux Livre de Kells.

Red Bull illume? C’est du lourd: 4 337 photographes inscrits_, représentant 112 pays_, avec un total de 22 764 images enregistrées._ Les 50 photos finalistes feront l’objet d’expositions dans le monde entier par l’organisation Red Bull._ Ce concours photo a retenu l’attention de 53 juges pour départager les photos, éditeurs issus de grands magazines dont le Surfer Mag, Surfing Magazine, Men’s Health, National Geographic, USA Today. C’est Chris Burkard, californien bourré de talent de 24 ans, qui a remporté ce Red Bull Illume 2010 avec cette photo prise à Buchupero, au Chili, avec soleil couchant et un Peter Mendia bien inspiré surfant une des dernières bombes de la journée.


Š Chris Burkhard


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Š Silvano Zeiter


THOMAS STOCKLI L’idée était de mettre en avant la ligne d’un pipe épurée au maximum grâce à un éclairage qui en dessine la courbe. Et ce sans photoshop. Fin mars, j’ai enfin réussi à me trouver avec Marcus pour mettre ce projet à exécution. Lui n’avait aucune idée de comment je voulais le mettre sur pellicule, mais après quelques essais l’osmose rider, photographe et lumière était parfaite. Il ne nous a pas fallu plus d’une heure pour mettre ma vision de l’art – snowboard en boîte. Photographer: Thomas Stöckli Athlete: Markus Keller Location: Davos, Switzerland Camera: Canon EOS 5D | Lens: EF70-200mm f/2.8L IS USM | ISO: 100 | F-Stop: f5.6 | Shuttler Speed: 1/250

SILVANO ZEITER Dernier jour de ride de la saison au col du Simplon. Je voulais essayer mon nouveau flash. Martin, Raphael et moi avons donc construit un mur, attendu que ça durcisse et fait un trou d’environ un mètre de diamètre. La mission était ardue dans le sens où le seul éclairage pour les riders étaient les phares de la voiture. Martin a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour passer sa tête dans le trou. Vu que je devais shooter en close up, c’est à dire très près des riders, je devais chaque fois me jeter en arrière juste après chaque shoot. On a tout de même réussi quelques honorables images d’ollie-through-the-hole. C’était pas encore l’aboutissement suprême et la batterie de la voiture est décédée. Des militaires qui passaient par là on fait les éclaireurs et notre shooting s’est ainsi terminé avec cette image. Photographer: Silvano Zeiter Athlete: Martin Seller Location: Simplon, Switzerland © Thomas Stockli

ISO: 200 | F-Stop: f 8.0 | Shutter Speed: 1/200


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© Roberto Alegria

ROBERTO ALEGRIA Le back lighting n’est pas souvent utilisé dans les shootings de skate, et moi je suis particulièrement fan de ce type d’éclairage. J’ai donc décidé de travailler avec un fond pas des plus usuels dans la discipline, c’est à dire blanc comme ceux utilisés en studio. J’ai placé de puissants flash derrière et inclu un trick très stylé par Inigo Igarza devant. En fait dans mon scénario j’avais clairement imposé la présence de deux camions pour y créer un gap. J’ai négocié les camions avec deux potes, un grand dépôt pour les y accueillir et pas un souffle d’air. Inigo a fait le reste. Photographer: Roberto Alegria Athlete: Inigo Igarza Location: Vitoria Gastelz, Alava, Spain Camera: Canon EOS-1D MarkII | Lens: 50.0mm | ISO: 100 | F-Stop: f5.6 | Shutter Speed: 1/250


DOMINIC ZIMMERMANN Cette photo a été faite de nuit, en début de saison. Il faisait très froid et la neige était très dure. Ces blocs, que j’ai utilisés comme décor, ont été construits pendant la deuxième guerre mondiale par la Suisse centrale pour repousser les tanks allemands. Photographer: Dominic Zimmermann Athlete: David Bertschinger Location: Einsiedeln, Switzerland Camera: Nikon D300 | Lens: 10.5 mm f/2.8 ISO: 200 | F-Stop: f 3.2 | Shuttler Speed: 1/250

© Dominic Zimmermann


STERLING LORENCE En tant que mountain bikers, on se rend compte de la chance que l’on a d’investir les montagnes du monde entier, leur décor, leur atmosphère… Et leurs forêts. J’aime la synergie des troncs, tout particulièrement ceux qui ont des écorces blanches. Cette forêt offrait tout ce dont je pouvais espérer: des troncs droits, symétriques et blancs. La magie du décor additionnée au talent de Matt Hunter ont abouti à cette image que j’attendais depuis longtemps. Photographer: Sterling Lorence Athlete: Matt Hunter Location: Kamloops, BC. Canada Camera: Canon EOS-1D Mark III | Lens: EF70200mm f/2.8L USM | ISO: 500 S-Stop: f 3.2 | Shuttler Speed: 1/1250

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© Sterling Lorence



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Š Miguel Lopez Virgen


MIGUEL LOPEZ VIRGEN J’ai pris cette séquence à Guadalajara, très reconnu pour sa culture du sk8 et ses spots. J’étais un rien tendu parce que je n’avais pas de quoi participer au Red Bull Illume et qu’il ne restait que quelques jours pour envoyer les images. J’ai donc décidé de prendre des clichés de l’ombre de mes potes skaters de nuit. On a travaillé sur quelques séquences et une fois de retour à mon studio je me suis dit que c’était du vu et revu. C’est là que m’est venue l’idée de ne mettre que la première prise de la séquence d’Alfredo, et le reste avec son ombre. Pour expliquer le pourquoi du comment de cette photo, je l’ai appelée «The Climax». Photographer: Miguel Angel Lopez Virgen Athlete: Alfredo Salcido Location: Gadalajara, Mexico Camera: Canon EOS 30D | Lens: 28.0mm | ISO: 1000 | F-Stop: f3.5 | Shuttler Speed: 1/250


FREERIDE ATTITUDE

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Snowboard versus collab vs x vs versus Text : Vic Audine Layout : OneKon7

Depuis quelques années, les «collabs», «VS» et autres «X» ont envahi les rayons à l’instar de la morue les jours de grande marée… D’où vient cet engouement pour ces alliances? Quel avenir ont-elles? Les marques sont-elles allées trop loin?



C’est devenu une mode. Les marques cherchent de plus en plus à se valoriser en s’associant à des produits, des artistes, ou autres savoirfaire. Mais cette nouvelle vague a un prix, celui du «ça va devenir n’importe quoi». Le snowboard n’est pas épargné, et depuis deux ans c’est la déferlante. Jadis, les marques se contentaient de faire signer une déco par un designer ou un artiste. Aujourd’hui, cette pratique est devenue bien plus qu’une signature, c’est une nécessité marketing. Burton Warhol, Bataleon Para, K2 Mishka, Nidecker Lomo, 686 New Balance, Dc Peter Saville, Ndk Pamela Anderson, etc. Aujourd’hui toute association est bonne à prendre, pour autant qu’elle soit «tendance». Paul Smith, Adidas, Carhartt, Nikita, Married to the mob, c3s, KFC, Bob Marley, Kid Robot, Rogue Status, Fender, Playboy, Ducati, Peter Saville, Handy Howell… La liste est si longue et les combinaisons déclinables à l’infini qu’il est quasiment impossible de faire une liste exhaustive de toutes ces fameuses collaborations produites à ce jour.

qui n’est absolument plus le cas aujourd’hui où tout est bien pensé, calculé, marketé, planifié et finalement, tellement stérile que la collaboration devient indispensable pour retrouver de la créativité. Quelle marque oserait aujourd’hui, comme l’avait fait Joyride à l’époque, faire une déco avec Ronald McDonald courrant après une vache, une hache à la main?»

MAIS OU EN EST LA TENDANCE COLLABORATION?

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JMZ, designer pour pulp68 et Nidecker, nous donne son avis: «Lors du démarrage du projet «Pamela Anderson» avec Nidecker, j’ai tout de suite exigé qu’une partie des bénéfices soit reversée à Peta, c’était la moindre des choses. On utilise un nom, c’est un minimum de s’engager à soutenir les causes de cette personnalité. » Il faut aussi se souvenir qu’il y a quinze ans, le snowboard pouvait et se permettait tout. Des marques comme H-Street, Lamar ou Joyride n’avaient aucune pression concernant leurs décos. Elles réalisaient ce qu’elles aimaient, un point c’est tout! Le milieu du snowboard était alors ultra-créatif et surtout provoquant, ce

Certaines marques ont tendance à abuser de cette position. Ainsi, Burton - qui crée le buzz avec des boards Warhol - revient l’année suivante avec une collection Basquiat (les deux artistes font partie de la même fondation), puis on découvre des skateboards Alien Workshop X Warhol… Alien Workshop qui appartient à… Burton. Mais pourquoi une telle recherche? Les marques n’ont-elles plus aucun designer compétent en interne? Tout a commencé dans le milieu du luxe. Les grandes marques ont toujours cherché à s’associer avec des gens dont le savoir faire était d’excellence pour des produits qui ne faisaient pas partie de leur gamme de base. S’en est suivi la «starification» des années 90: on associe un produit à un artiste, un sportif, ce qui est toujours le cas aujourd’hui, l’inadéquation faisant parfois sourire. Au millieu des années 2000, c’est l’arrivée massive des partenariats dans le domaine du streetwear et de la sneakers. La machine est lancée. Nike explose le box-office avec les «SB», chaque modèle étant associé à un artiste. Des noms comme Futura, Unkle, Staple, arrivent aux oreilles des consommateurs moyens. Le snowboard s’empare très vite de ce nouveau phénomène mais, la faute aux conditions de productions, ne peut pas être

aussi réactif. Avec une collection par an faite avec une, voire deux années d’avance, l’industrie ne peut rivaliser avec la rapidité d’une marque de streetwear, qui produit généralement 4 collections par an. Les artistes les plus côtés sont monopolisés par les grandes marques et il n’est pas rare de voir ces designers se vendre sans aucun scrupules à des marques concurrentes. Para, l’artiste hollandais, livre ainsi la même années des pièces chez Nike ainsi que chez Adidas, mais également Vans. Ed Banger fera de même avec Nike et Etnies. On ne parle plus dans ce cas-là de grande collaboration, mais bien de «je prends tous ce qui est bon à prendre avant que cela ne marche plus» Il est difficile de dire jusqu’où cela va nous mener, mais ce qui est sûr c’est que le mouvement s’essouffle. Aujourd’hui, fini les marques éphémères et le coup de buzz d’il y a quelques années avec des productions comme 10deep ou Krooks & Castle. Les marques et les consommateurs en ont marre de servir de laboratoire de tendance. On mise sur des valeurs sûres. Le nouveau mot d’ordre est « authenticité», et le snowboard lui aussi n’y échappe pas. On va rechercher de vielles gloires, d’anciens designers, ou d’illustres inconnus en faisant croire qu’il y a 20 ans, c’était des mecs importants. Oui, mais en vingt ans pas mal de choses ont changé, et l’arrivée d’internet permet au curieux d’aller glâner des informations très facilement. Impossible de mentir ouvertement sur la carrière fictive d’un nom. On est loin de l’époque où Mad House éditait des pro-models sous des noms inexistants pour faire croire qu’aux States, c’était des tueurs ! Quel est le futur de ces ‘collartbuzinesstions’? Personne ne le sait encore, car au niveau


des consommateurs moyens, c’est encore ‘la mode’. On peut donc trouver tout et n’importe quoi, du Coca Lagerfield, des jeux vidéo Sims Ikea ou encore Nivea. Le mainstream-collaboration épargnerait encore le snowboard... quoi que… Nidecker Stimorol, A-snowboard Corona, Wild Duck Energizer… Mais la tendance, elle en est ou? A lever le pied sur la ‘collartbuzinesstion’? D’un point de vue financier déjà: les artistes encore inconnus hier ont bien compris le filon et ont tendance à largement augmenter le prix de leurs prestations. Les marques ont pensé trouver la parade, médiatisant leurs artistes pour en faire des Artistes Hype du moment. Le budget marketing de tels projets s’est, en définitive, révélé plus onéreux. Certaines marques commencent déjà à faire machine arrière et reviennent sur la mise en avant du produit et non du design. La palme revient à NDKreative avec sa board THE HELVET UNDERGROUND qui n’a pour déco qu’une seule phrase : «good board do not need trendy design» pour la base et «want more, do it by yourself» pour le top.


FREERIDEATTITUDE

Š Predrag Vuckovic/Red Bull Photofiles Robbie Maddison, Trick: Body Volt Red Bull X-Fighters Madrid, Spain

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FMX Text : Anne_Laure M. Layout : daïan

What’s new? Quoi de neuf dans le monde merveilleux du FMX? Possibilité y a-t’il encore de pousser plus loin les limites du techniquement possible? Comment?

Débriefing du tour XFighters 2010 avec Mat Rebeaud et Marc Mauron, team manager Swatch Les figures Si les trois dernières années furent consacrées à la course à la nouvelle figure, la tendance 2010 fut aux extensions desdites figures, telles que le Back Flip Tzunami, le Back Flip Dead Body (visuel de Levi), le Suicidal Back Flip No Hand de Payerne (visuel de Mat Rebeaud). La Body Volt de Maddo (visuel de Maddo) n’était pas une nouveauté, dans le sens où Kyle Loza l’avait passée aux best tricks des XGames de 2008. Elle n’avait par contre jamais été passée dans un run, tout comme le Back Flip Double Seat Grab.


Š Joerg Mitter/Red Bull Photofiles Levi Sherwood, Trick: Back Flip Dead Body Red Bull X-Fighters Madrid, Spain

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athlètes. Pour l’entraînement des nouvelles figures, le bac à mousse reste toujours le moyen le plus efficace. Et pourquoi aller en Californie plusieurs mois par année? L’entraînement y est plus approprié? «Non, c’est juste à cause des conditions. Pas possible de s’entraîner en Suisse en hiver.» Les motos La deux temps et toujours la moto de référence pour le FMX. Elle a été allégée mais pas assez pour passer des figures comme le 3’6. Ce qui a par contre évolué c’est la fluidité dont font preuve les riders dans leurs runs. La variation, aussi: leur pannelle de figures est plus large, et les combinaisons de plusieurs tricks sur un même saut est à la mode. Les riders Ça s’est a-ssa-gi. La tendance est à la réflexion, au peaufinage plutôt qu’aux trasheries. Les riders se concentrent sur l’amplitude, la souplesse et l’aboutissement des figures. Le seul newcomer à s’être imposé dans la scène est «Rubber-Kid», alias Levi Sherwood le new zélandais. C’est la révélation de l’année. 18 printemps, souplissime, surdoué, il a grandi sur les rampes (ne vient pas du cross) avec le back flip. C’est la nouvelle génération du FMX.

Un mouvement s’est créé autour de la quatre temps, plus puissante, mais n’a pas pris: trop lourde. Toutes les marques japonaises font évoluer les quatre temps, mais pas les deux temps. KTM est la seule marque à faire évoluer les deux temps et reste la moto de référence pour le FMX. Les pistes Retour à du moins technique cette année: plus d’espace entre les sauts et enchaînements facile. Pour des raisons de sécurité. C’est un échec dans le sens où la difficulté n’étant pas au niveau de la piste, les riders se fightent sur leurs figures poussées à l’extrême pour faire la différence et il n’y a jamais autant eu de blessés. L’année prochaine les parks seront donc à nouveau plus techniques et c’est tant mieux : la fluidité et la technique y sont gagnants.

Le jugement Le jugement se fait de plus en plus précis sur cinq critères, et chaque juge est spécifique soit pour la note du challenge execution, du use of course, du style et de la variation des figures. La cinquième note va au public (applaudimètre). La relation entre riders et juges est vraiment L’entraînement Là par contre il y a grosse évolution. Le niveau bonne, les juges ayant été formés, testés et actuel ne permet plus aux corps pas préparés de résister. Trop de blessures, et méchantes en plus, ont poussé les riders à se mettre à l’entraînement intensif. Stretching, natation, jogging, aviron, yoga, moto cross deux à trois fois par semaine… Ce sont devenus des vrais Comment a-t’il débarqué dans l’arène des grands? Repéré dans un camps d’entraînement pour les jeunes par Red Bull, on lui a donné sa chance de côtoyer du lourd dans un XFighters et il s’est imposé dans le tour.


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attitrés pour le tour. Résultat: beaucoup moins de critiques au niveau du jugement. La nouvelle destination- révélation du tour Sans aucun doute Moscou, qui a signé le retour d’un park digne des Red Bull X-Fighters... Plusieurs rampes, plusieurs rayons, plusieurs distances de saut, plusieurs lignes, une longue fun box... Enfin bref, un bon gros park comme les aiment les riders complets. Le décor, la Place Rouge, était juste énormissime et le public, 40’000 personnes, nous a fait revivre les bons moments du début du FMX: pas connaisseur, ce qui veut dire complètement bluffé par ce qu’on peut faire avec une moto, super chaud et expressif. Génial. Des changements prévus pour l’année prochaine? Les Xfighters sont en train de programmer un tour qui va tous nous scotcher le slip sur la chaise, mais pas le droit d’en dire plus pour le moment.

© Joerg Mitter Math Rebeaud, Trick: Suicidal Back Flip No Hand de Payerne Red Bull X-Fighters Rome, Italy


NISHOWNIBUSINESS

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T’AS PAS VU

BANKSY?


Le street artist sans visage au cinéma Text : Tatiana Tissot (/TAT) Layout : daïan

Le titre, c’est Exit through the Gift Shop. Présenté comme un documentaire sur des figures du street art telles que Banksy, Invader ou Shepard Fairey, le film suit ces héros du vandalisme sur le terrain. À la caméra, un curieux cinéaste improvisé, Thierry Guetta, quidam benêt… Sauf que c’est un film signé Banksy. Banksy, le roi du canular. Documentaire, fiction, que croire? En novembre dans les salles suisses! L’histoire est étonnante. Thierry Guetta, basé à L.A. mais d’origine française, est un drôle de mec qui passe son temps à filmer tout ce qu’il voit. A commencer par sa femme et ses enfants. En 1999, il découvre les activités de son cousin parisien au hasard d’une visite, cousin qui n’est autre que Invader en personne. Oui, vous savez, l’auteur des fameuses mosaïques de Space Invaders empruntées au classique jeu vidéo, qui fleurissent contre les murs des villes de Katmandou à Barcelone. Subjugué, le cinéaste amateur s’improvise documentariste pour s’immiscer dans le milieu du street art en commençant par son funtastic cousin… Voilà comment serait né Exit through the Gift Shop. Guetta parvient à rencontrer des figures majeures du mouvement grâce à Invader, comme par exemple Shepard Fairey, l’auteur des affiches «Hope» pour Obama, connu avant cela pour ses stickers de Andre the Giant qui poussent comme des champignons dans les rues des States au début des années 90, avec comme catalyseur la communauté de skaters. Un autre André passe sous l’objectif, l’artiste graffiti français responsable des incursions de Monsieur A. sur les murs parisiens à la fin des 90s, un personnage tracé en rose, qui fait un clin d’œil aux passants et arbore parfois un haut-de-forme ou d’interminables pattes. On retrouve aussi Borf, Swoon, Neck Face, Dan Witz… Parti du graffiti, le mouvement évolue, aujourd’hui les street artists travaillent avec des stickers, des stencils (pochoirs), des collages, des posters ou même des sculptures, à l’image des créatures en sac plastique de Joshua Allen Harris qui se gonflent au passage des métros à New-York.


Guetta interviewe ces acteurs de la contre-culture et documente leur travail en atelier ou dans leurs tournées sur le terrain. Action, on court! Les opérations se terminent parfois en course-poursuite avec la police.

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Pister la légende Banksy A son tableau de chasse, il manque toutefois le plus grand. Banksy. Véritable légende dont personne ne connaît le visage, l’artiste anglais est entouré de l’aura de ce secret. Génialissime, ses œuvres détournent le décor urbain, et revêtent tantôt un caractère humoristique, tantôt un caractère subversif. Elles se vendent à plusieurs centaines de milliers d’euros. Rats, singes, policiers, enfants naissent de son passage dans les rues. Engagé, Banksy repousse les limites de la liberté d’expression et encadre ses opinions politiques dans la ville à travers des personnages à échelle humaine. Anti-guerre, anti-capitaliste et anti-establishment. Il peint l’espoir sur le mur d’Israël. Il s’introduit dans les musées pour y accrocher ses toiles à côté des œuvres de maîtres, l’air de rien. Ainsi après son passage au Louvre en 2004, les visiteurs découvrent une nouvelle Joconde, à tête de smiley. «C’est magique qu’il m’ait laissé filmer. J’avais l’impression d’avoir la pièce qui terminait le puzzle» s’extasie Thierry Guetta dans le trailer d’Exit through the Gift Shop. À propos, le titre est un clin d’œil aux parcs d’attractions, où la sortie de secours conduit au magasin de souvenirs… Selon l’histoire, l’amitié de Guetta et Banksy est scellée lorsque l’Anglais dépose une réplique gonflable d’une victime de Guantanamo à côté d’un rollercoaster à Disneyland, sous l’œil numérique de son complice. Nombreux sont ceux qui fonceront dans les salles obscures uniquement pour respirer un peu de Banksy. Il apparaît un peu, seulement. Et fidèle à luimême : camouflé, sans visage, la voix masquée. Après avoir accepté la proposition de Thierry Guetta, l’artiste anglais comprend que le type n’est pas en mesure de faire un documentaire. Il n’en a ni l’intention, ni les capacités. Ce qui explique le sous-titre de Exit through the Gift Shop: «L’incroyable histoire vraie de comment le meilleur documentaire de tous les temps sur les graffitis n’a jamais vu le jour». Qu’à cela ne tienne, la légende d’art urbain prend les rênes, voilà comment le documentaire serait devenu «a Banksy


movie». Et ce n’est pas tout: Banksy pousse Guetta à devenir un street artist, comme les mecs qui le fascinent. Idée qu’il dit ensuite regretter au vu des résultats de celui qui prend le pseudo de Mr. Brainwash et crée une pochette pour Madonna. Un authentique prankumentary ? Oui mais voilà, l’histoire est trop belle, et les critiques hululent à la farce depuis la sortie américaine survenue au printemps. Sacré Banksy ! Connu pour être le roi du canular. Le film obtient un score de 97% au Tomatomètre du site de critiques communautaire made in America Rotten Tomatoes. Il a fait l’unanimité lors de sa présentation en avant-première au Festival de cinéma indépendant de Sundance, Utah, où le directeur de la programmation lit une lettre écrite par l’artiste. Celui-ci jure que «tout est vrai, en particulier le passage où ils mentent». Une journaliste américaine l’encense d’avoir engendré un nouveau genre, le prankumentary, un documentaire-farce. Après tout, en juin dernier, une grand-mère de 89 ans tient une conférence de presse à Camden Town à Londres pour une révélation ahurissante: elle est Banksy! Elle admet escalader des barrières pour peindre des graffitis. Pour passer le temps. Qu’est-ce qui est vrai? Thierry Guetta n’est-il qu’un personnage sorti de l’imagination de Banksy, comme cette histoire? L’homme existe pourtant… Et son double artistique, Mr Brainwash, n’est-il autre qu’un faire-valoir de l’artiste anglais? Peu importe, Banksy amuse, trouble, se bat pour changer le monde et promet le dvd de «Exit» avec des lunettes exclusives pour voir le film en 2D. Mais d’abord, rendezvous en novembre dans les salles suisses.


L’ILÔT DES MARGES MUSICALES

Text: Olivier Horner Design: Livia van Haren

NISHOWNIBUSINESS

8E FESTIVAL DES MUSIQUES ÉMERGENTES (FME) 2-5 septembre 2010, Rouyn-Noranda, Canada

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AU NORD DE MONTRÉAL, AU COEUR DE FORÊTS ET LACS, LA VILLE MINIÈRE DE ROUYN-NORANDA ABRITE DEPUIS HUIT ANS UN FESTIVAL AUSSI ATYPIQUE QU’EXEMPLAIRE.

Une vaste contrée de forêts trouée par d’innombrables lacs. Et parfois, au coeur de ces paysages de carte postale s’étendant à perte de vue, quelques villes et villages nés suite à la découverte de gisements de cuivre et d’or au début du siècle passé. La cité de Rouyn-Noranda, à l’anarchique architecture partagée entre éléments britanniques, français et américains, est de celle-ci. A peine septante cinq d’existence autour d’un lac aussi bucolique que pollué; 40 000 personnes issues d’une seconde vague de colonisation où des immigrants de l’Europe de l’Est ont laissé ça et là quelques traces de leur arrivée en masse par l’édification d’églises orthodoxes russes et ukrainiennes. A 700 kilomètres au nord-ouest de Montréal, le dépaysement est radical. Et personne ne s’attend à dénicher, à l’ombre des deux grises tours de la fonderie locale de Rouyn-Noranda qui traite le cuivre des mines voisines, un Festival de musique émergente (FME) aussi charmant qu’exi-

geant, un événement cinéphile international ou large que les 150 bénévoles veillant sur la bonne un émérite rendez-vous de blues. marche du festival. De quoi alimenter la fierté du maire de Rouyn-Noranda, Mario Provencher, qui Mais ces dernières années, la région d’Abitibie- soulignait en préambule que le « FME, en accueillant Témiscamingue, l’une des zones les moins den- 80 journalistes et de nombreux professionnels sément peuplées du Québec où l’or vert et l’or internationaux est le plus grand festival canadien tout court n’ont pas forcément fait bon ménage, hors centre urbain. Il a par ailleurs engendré une a justement misé sur le développement d’atouts véritable émulation culturelle et la naissance de culturels. Histoire notamment d’essayer de ra- plusieurs manifestations ». mener au bercail sa jeunesse en exil à Montréal. Ainsi de la création du FME, dont l’aura ne cesse Sandy Boutin, programmateur et directeur du de grandir intra et extra muros. La 8e édition, FME, va plus loin: « le succès du FME provient qui s’est tenue du 2 au 5 septembre dernier, a aussi du fait qu’il y a une fierté de la population même connu un record de fréquentation avec 17 de Rouyn-Noranda de bosser pour le FME. Cette 000 festivaliers. Quatre jours durant, la patrie forte identification participe de la convivialité du chanteur Richard Desjardins a vu son pouls de l’événement. Les artistes comme le public, battre au rythme de 63 concerts, se muant en les médias et les professionnels du spectacles véritable capitale musicale de la Belle Province ressentent cet état d’esprit unique ». Une appuisqu’elle attire désormais jusqu’à un tiers de propriation ainsi qu’une chaleur et générosité son public de l’extérieur. dans l’accueil qui pourrait évoquer à titre comparatif celle qui fait les réputations du Paléo Disséminés dans la ville et au bord du lac Osisko, Festival ou du Bad Bonn Kilbi en Suisse. entre bars, galeries d’art, église réaffectée, clubs et scènes extérieures, les groupes qué- N’était donc la pluie ayant entaché cette 8e bequois, canadiens, francophones et américains édition, le FME aurait pu afficher un insolent composant l’affiche arboraient ici un sourire aussi sans-fautes. Ce FME décentralisé qui s’est im-


posé dans le panorama festivalier a multiplié son budget par dix en huit ans, de 60 000 à 700 000 dollars et triplé son offre scénique, de 22 à 63 formations, tout comme ses lieux d’accueil, de 4 à 13. A présent, c’est aussi bien dans l’intimisme branché du Cabaret de la dernière chance que dans la plus vaste Agora des arts ou dans un spartiate bar country qu’on goûte une programmation à l’éclectisme assumé. Et visant avant tout à faire découvrir de jeunes talents. Quand bien même des figures plus confirmées et populaires comme Martha Wainwright, Howe Gelb de Giant Sand, Karkwa, Damien Robitaille, Melvins ou Pierre Lapointe révélé à l’époque au FME ou des Français habitués au circuit festivalier tels Cabine, Gablé, Chapelier fou ou les Bionicologists s’y produisent, c’est surtout des groupes comme La Patère rose (electro-rock), une Salomé Leclerc aux airs de Sophie Hunger et Chantal Archambault (chanson) ou La Carabine (post-rock) qui s’y sont révélés. Avant de se retrouver au campement des artistes au bord d’un lac et à la bonne franquette. Une tradition communautariste et salutaire à l’atmosphère unique du FME héritée des premières éditions désar-

gentées d’un festival qui touche paradoxalement davantage de subventions pour loger les professionnels étrangers que les artistes participant à son aura et pour son budget de fonctionnement. Seule manifestation à disposer malgré sa modeste enveloppe budgétaire d’une radio et d’un fanzine durant son édition pour transmettre la bonne parole, le FME est tout de même en passe de réaliser ses objectifs: faire rayonner les nouvelles scènes canadiennes plus loin à la ronde ainsi que d’asseoir sérieusement sa réputation. Le Félix (équivalent des Victoires de la musique) que le festival a remporté fin 2009 dans la catégorie Evénement de l’année devant des poids lourds comme le Festival de la chanson de Granby, le Festival International de Jazz ou les FrancoFolies de Montréal ou le M pour Montréal récompense un projet original et conforte le FME dans son exploration des marges musicales.


Wobble Wobble Wobble Text : Ron Layout & illustration : OneKon7

quand maîtrise rime avec création numérique une courte histoire du Dubstep

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VOILÀ DEUX DÉCENNIES QUE L’ON DOIT À L’ANGLETERRE LES REJETONS ÉLECTROS LES PLUS CRASSES ET LES PLUS UNDERGROUND. APRÈS LA JUNGLE, LA DRUM’N’BASS OU ENCORE LE SPEED GARAGE, LONDRES A RÉCEMMENT ENGENDRÉ UN NOUVEAU CRADZET : LE DUBSTEP. FIDÈLE À ELLE-MÊME, LA CAPITALE EXPECTORE UNE MOUVANCE ÉNIGMATIQUE, DÉSTABILISANTE ET PROFONDÉMENT NOVATRICE. PETIT COUP D’ŒIL SUR UN GENRE ÉLECTRO EN PLEIN ESSOR.

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Malgré que 10 ans soient passés depuis que le Dubstep ait pointé le bout de son sub, c’est très récemment que le mouvement connaît un gain d’intérêt parmi les masses occidentales. Et encore, niveau gain d’intérêt, on est loin de l’explosion intergalactique de la House ou autre Tech Minimale. Fidèle à ses influences, le mouvement Dubstep, quoi que désormais bien ancré dans les milieux électros, respecte effectivement une discrétion toute underground. Mais au fait, Dubstep, quèsaco ? Difficile à décrire. Tributaire de mille influences, du Reggae à la Drum’n’Bass en passant par le Hip-Hop et le Big Beat, on est à la fois dans l’hybridation et l’originalité totale. Originalité surtout – et là sans doute réside le bonheur mirifique que procure ce genre mutant – dans l’atmosphère bien particulière qu’il développe. Reverbs, Delay, mélodies mystérieuses sur énormes basses ronflantes et rythmiques chaloupées, tout raisonne, se répercute, se perd dans l’abyme de nos esprits introspectants. Témoin de ce conditionnement à la médiation ce lancinant hochement du ciboulot que décrit l’auditeur, transit (et un peu tétrahydrocannabinolé parfois, influence reggae oblige). Bref, musique à usage des pires défoncés pour certains, véritables cultes mystiques pour d’autres, le Dubstep marque à l’évidence pour son opacité et pour inviter au voyage interne lorsque d’autres mouvements électroniques tendent plutôt à transformer l’homme en masse purement instinctive. Originaire des quartiers sud de Londres, le Dubstep reste pendant les premières années de sa vie un genre réservé à une poignée de producteurs passant, comme d’hab, pour farfelus, voir quasi réactionnaires aux yeux des inconditionnels de la Drum’n’Bass, de la Dub ou du Hip-hop. Parmi ces marginaux, on peut citer Loefah, Skream, Benga, qui restent, dix ans après, d’incontestables pontes du genre. Le Dubstep se forme également autour

d’Ammunition Records, boîte de prod qui créera Tempa et Big Apple, premiers labels spécifiquement Dubstep, ainsi qu’aux soirées hebdomadaires FWD>> (forward), tournant d’un club londonien à l’autre et dévouées à ce style au stade encore embryonnaire. C’est en 2002 que tout s’accélère avec la sortie de la première compilation – et désormais mythique – Dubstep Allstar, mixée par Dj Hatcha. C’est également à cette période que le collectif DMZ, formé de quelques djs, producteurs et investisseurs, voit le jour. Les fondations sont alors coulées et le Dubstep devient non plus un dérivé mais un genre électro à part entière, possesseur d’une identité, d’un circuit et d’un public qui lui est propre. 2006 marque la véritable explosion du Dubstep en dehors de l’Angleterre, notamment grâce à l’émission Dubstep Warriorz sur BBC Radio 1 présentée par Mary Ann Hobbes et à Midnight Request Line, plaque sortie des machines de Skream et véritable hymne ambassadrice du mouvement vers un public large. Depuis, les producteurs foisonnent, le style trouve ses propres évolutions et ses propres médias. Les soirées Dubstep, très inspirées des Sound System Dub et Jungle pour leur surenchère de basses fréquences et leur aspect rituel, deviennent des incontournables pour la majorité des clubs électro seuropéens et américains. C’est que les wobbles, énormes basses ondulantes, caractéristique fondamentale du Dubstep, embarquent littéralement le publique dans un énorme vaisseau vibrant. Voyage intersidéral garanti. Bref, amateurs de musiques méditatives, de grosses basses, de pétards, de feux d’artifice et d’autre joyeuseté qu’on contemple d’un œil hagard, l’esprit perdus dans les brumes, foncez !



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TRUE NORVEGIAN BLACK METAL 120

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Text : Ron Layout : OneKon7

GOOD NEWS, TOUT N’EST PAS FINI POUR LE BLACK NORVÉGIEN DES 90’S! LA RELÈVE EST LÀ, MALGRÉ DES ÉCARTS VERS LE FM QUE LE MOUVEMENT A PU CONNAÎTRE CES DIX DERNIÈRES ANNÉES. UNE NOUVELLE SCÈNE EST EN MARCHE ET HÈLE QUE LE BLACK NE SE RÉSUME PAS À UNE MUSIQUE DE GRIMAÇANTS PANDAS ET VAGUEMENT PLUS AGRESSIVE QUE LE HEAVY. CAR RAPPELEZ-VOUS, À L’ÉPOQUE, LE GENRE POUVAIT SE TARGUER D’ÊTRE L’UNE DES FORMES LES PLUS ABOUTIES DE L’EXPRESSION MUSICALE DU MAL-ÊTRE. AU RISQUE DE PASSER POUR DES RÉACTIONNAIRES, ON VOUS FAIT UN PETIT RETOUR EN ARRIÈRE. Reprenons depuis le début. A la fois beau et crade sur album, violent en live et pire encore parfois hors scène, le Black Metal et sa scène primitive est une vaste équivoque. Bien que largement inspirée des groupes de heavytrash anglo-saxons tels que Venom, Mercyfule Fate ou encore Slayer, c’est en Norvège que le mouvement voit la lumière. Impossible, en outre, de parler de naissance du Black sans évoquer Bathory, formation suédoise fondée au début des 80’s et qui déjà à cette épo-

que pose les bases de la première vague Black. Autre influences significative du Black 90’s – et pas des moindres : les Suisses de Celtic Frost, dont les trois premiers albums, de 84 à 87, aiguilleront largement le Black scandinave. Autrement dit, oui madame, c’est arrivé près de chez vous.



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Si le Black voit en quelque sorte jour en opposition à la mouvance Death Metal occidentale, ce n’est pas pour en revenir à la musette, mais bien au contraire, pour enfoncer un peu plus le clou et profiter du bonheur total qu’est la vie dans le blizzard et dans la nuit 10 mois par an pour exprimer masse joie de vivre. Guitares saturées à l’extrême, cris agoniques, productions magnéto 4 pistes et surtout, une bonne grosse dose de misanthropie, de mal-être et d’occultisme mis en musique, et voilà l’affreux bébé livré au monde. Le hic, c’est que si le Black des débuts, effectivement, passe pour l’un des mouvements musicaux les plus sombres, c’est non seulement pour sa musique puant le désespoir et son imaginaire glacial et effrayant, mais aussi pour les différents faits divers morbides liés à certaines icônes du genre. Difficile d’expliquer la raison précise de la dimension réellement violente qu’a eu le mouvement. On évoque diverses pressions sociales liées notamment à l’étatisation de l’alcool. Le simple fait de siroter sa chopine pouvant devenir un délit, toute fête devient facilement crime. Le sentiment d’être en fraude devenant du coup ordinaire, les limites morales s’estompent et forcément, certains vrillent, confondant fantasmes malsains et possibles. Enfin c’est une théorie.

Bref, en plus de produire une musique et un imaginaire aux remugles de souffre, la réalité du groupuscule prolonge l’horreur. Et à mesure que certains de ses fondateurs sombrent dans le sordide, le Black des débuts sort de l’ombre underground des villes scandinaves. Evidement, à être si conjointement l’incarnation artistique et sociale de l’affliction, le mouvement suscite rapidement de l’intérêt auprès d’amateurs d’extrêmes en tout genre. Ainsi, dès le milieu des 90’s, commence l’heure de gloire du Black. Comme telle, elle comporte ses bons et mauvais côtés : l’excavation mondiale de la poignées d’artistes fondateurs, la valorisation d’une musique violente certes, mais profondément émotive, mais aussi, comme d’hab, la reprise du procédé à des fins commerciales. Evidement, le face-paint et les anecdotes macabres, ça marche aussi très bien chez les jeunes amateurs de métôle.

EXPLORATION SONO-ORGANIQUE POUR INTELLOS DU HARD?

Restent néanmoins ces anecdotes sordides et qui ont œuvré à faire du Black ce mouvement qui fait peur. On pense par exemple au suicide par balle du chanteur de Mayhem, un des groupes fondateurs du genre, en 1991. Il est retrouvé gisant et sanguinolent par le guitariste du groupe qui fera des fragments de crane des pendentifs qu’il distribuera aux proches du chanteur, et de la photo prise du cadavre la couverture d’un album du groupe. On pense aussi à Varg Vikernes, unique musicien de Burzum, figue de proue du mouvement Black norvégien et accusé d’avoir mis le feu à des églises et assassin du susmentionné guitariste à coup de couteau. On pense enfin au concert de Gorgoroth à Cracovie, ville natale de Jean-Paul II, à l’occasion duquel sont crucifiés 4 figurants, empalées sur des pieux une dizaine de tête de moutons et répandus 80 litres de sang.

Commence donc parallèlement à la marche du Black traditionnel l’émergence d’un avatar plutôt kitsch. Le son rejoint le heavy de Maiden et autre Metallica, l’imaginaire le glam de Kiss et Alice Cooper. Le réel mal-être devient mise en scène. Les déprimés fondateurs sont remplacés par de vilains grimés, grimaçant, avec ceintures cloutées et krampschtife tunées. Le son crasseux, ambiant et spleenéen laisse place aux grosses productions à la précision chirurgicale. Non pas que ce pendant du Black soit foncièrement mauvais, mais il prend un tour plus calibré pour le succès, et du même coup, perd de son approximation glauque originelle. Et ca marche, puisque certaines des plus grosses ventes de hard, selon les années, sont des groupes de dit Black Metal. C’est le cas par exemple du Puritanical Euphoric Misanthropia de Dimmu Borgir ou du Sons of Northern Darkness d’Immortal. Deux très bons album dans l’absolu, au succès commercial indéniable, mais qui ne correspondent plus à ce que fut le Black avant son envolée vers les cieux médiatiques. En somme, aujourd’hui, le black peut être deux choses bien distinctes, selon les consciences. Chez les uns l’expression musicale d’un

profond accablement augurée par une poignée de scandinaves antisociaux. Pour d’autres, le pendant moderne du Heavy 80’s, en un peu moins glam, mais toujours aussi excentrique, avec son lot de maquillage, de singeries et de gore grotesque. Fort heureusement pour la racine du mouvement, depuis quelques années, une résurrection du son et de l’univers Black primitif revient au travers de diverses formations. Cette nouvelle scène, rejoue du Black tel les Mayhem, Darkthrone, Emperor et autres formations fondatrices l’entendaient. Nommée ambiantblack ou post-black, elle renait parmi divers mouvements de rock extrêmes et expérimentaux plus modernes: Drone, Doom, Funeral, etc., mouvances largement tributaires de la 1ère vague Black pour ce qui est de l’atmosphère pesante et profondément triste qu’elles diffusent. Finies, pour le coup, les ultra productions, les tournées des stades et autre joyeusetés FM. Pour la nouvelle scène Black traditionnelle, le retour à l’underground s’impose naturellement. Témoin de cette « chute » les albums de Xasthur, fer de lance de cette nouvelle scène, dont les productions reproduisent le canon si cher aux albums black début 90’s : crade, low budget, trop aigu. Témoin également les Français de Death Spell Omega, dont le mutisme et le refus de se produire en live évoque la misanthropie des acteurs de la scène black traditionnelle. Témoin enfin les Wolves in the Throne Room, ultra attachés à leur environnement pastoral du fin fond des Etats-Unis, comme le furent les blackeux d’antan pour la forêt Norvégienne, régulièrement citée pour être lieu de pèlerinage vers un passé Viking au combien revendiqué. Il en aura eu, en somme, des phases, le Black Metal. Tour à tour musique des enfers pour et par de vrais méchants, gag kitch FM à usage de kids peinturlurés et dernièrement exploration sono-organique pour intellos du Hard, le genre s’est réellement bouffé à toutes les sauces ces vingt dernières années. Et cela méritait bien son petit tour d’horizon.


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