GUSTAV XXI • FALL 11 • CHF 8.- (TVA INCL.) EUROS 7.- DEUTSCHE AUSGABE
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Art - Dog shake
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Text: anne-laure M.
On l’avoue, on a toujours eu des problèmes relationnels avec les éditos. Ayant étudié la raison profonde de cet ‘exercice rédactionnel’ dans bon nombre de magazines, on a vite été découragé par le côté conceptuel, par cette façon tellement humble de défendre de nobles causes et de proclamer la bonne parole sans jamais tomber dans le piège de la morale imbuvable… En toute sincérité, on ne se sent pas capable de rivaliser sur ce terrain-ci, mais on va essayer. La noble cause? On enlève déjà le ‘noble’ pour se concentrer sur ‘nos amis les Suisses Allemands’.
Tout ce que l’on raconte sur les Suisses Allemands est vrai. Divers instituts de sondages, ainsi que des études effectuées par le CES (Centre d’Etudes Sociolinguistiques) sont arrivés à des conclusions concrètes (une caractéristique interpellante de ce peuple est une propension à répondre au moindre questionnaire ou sondage de manière zélée, ce qui a grandement facilité le travail du CES):
EDITO
EST-CE QUE TU SUISSES ALLEMAND?
DOU SYYERRRRR Gopfertamii GopfritchtoutzGopfertamii Grûû’euzeurr Falschi Tzvätchgge kkouuu LOUEGE MA’OU Tômmy rroue
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Gopfritchto IM KÂÂKODasOUSSE g’yyt’s yo gââr neet
Gopfertamii DOU SYYERRR Falschi Tzvätchgge kkouuu Gopfritchtoutz
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Falschi Tzvätchgge kkouu
LOUEGE MA’O Tômmy rro Foul’e sakrr IM KÂÂKODasOUSSE Grûû’ g’yyt’s yo gââr ne
Falschi Tzvätchgge kkouu
Foul’e sakr
- Dou syyerr’ T’es gonflé Das g’yyt’s - Foul’e sakrr Flemmard. Littéralement: sac paresseux - Falschi Tzvätchgge kkou - Le Suisse Allemand est studieux. Entre 19 et 25 ans, il fréquente un collège Faux-cul. nommé EPFZ, duquel il ressort directeur du Crédit Suisse, général dans l’armée ou conseiller fédéral. C’EST VRAI 3. L’usage du mot houere doit, tout comme le fock américain, être généreusement saupoudré au gré des phrases. - Le Suisse Allemand apprécie le côté dévergondé du Suisse Romand, fait absolument pas réciproque du tout. C’EST VRAI 4. Le langage Suisse Allemand comprend des subtilités (si si) géographiques. Il est vivement déconseillé d’utiliser la version ‘zürichienne’ d’un mot si l’on Alors certes le Suisse Allemand a des mœurs plutôt surprenantes, mais nous, est à Berne. Deux trois expressions typiques de base pour la forme, mais à les romands qui abusons de la welsch arrogante attitude, devrions faire des étudier avec sérieux sur le site «Das Chochichästli-Orakel» (http://dialects. efforts de communication, de compréhension. Oui mais alors là, à notre from.ch/). décharge, il y a un vrai souci sur le moyen de communication: la langue. - Grûû’etzi (Zurich) ou Grûû’euzeurr (Berne) Nous n’avons pas été constitué à cet effet: cordes vocales pas adaptées à Bonjour cette discipline qu’est le Suisse Allemand, dialecte proche d’une maladie de - Gääou (Berne) ou Gääll (Zurich) la gorge amené par les peuples barbares descendus du Nord pour casser la N’est-ce pas gueule aux Romains pendant l’antiquité, dialecte contagieux qu’ils ont refilé - Koukke moll (Bâle) ou Louege ma’ou (Berne) aux locaux et profité d’abandonner sur place en repartant chez eux. Regarde - Das g’yyt’s yo gââr neet (Berne) Mais c’est pas possible Bien. On ne va pas s’avouer bredouille face à un détail de cordes vocales. On demande à Google quoi faire. Il y a moyen. Il y a du boulot mais il y a moyen. - Im kââko ousse (Berne) À Bümpliz derrière la lune 1. Essayer de dire «dr Chueche im Chuchi chäschtli» dont la traduction est «le gâteau dans la petite armoire de la cuisine» et qui doit se prononcer 5. Le bernois se parle en tirant la langue. Pour parler le zurichois, il faut à peu près «trr rou’eurheu im rôôrhyy rââhchtli». Si on y arrive, on est OBLIGATOIREMENT avoir la bouche grande ouverte. autorisé à passer à la suite. Pffff…. On fatigue là. Le bredouillage guète. On peut toujours tenter de 2. Il faut placer au moins une grossièreté par phrase. Voici une petite liste communiquer avec l’allemand qu’on a appris à l’école non? Ce qui nous amène à la phase no 6. non exhaustive en phonétique française, offerte par désencylopédie.com: - Gopfertami ou Gopfritchtoutz ou Gopfertelli ou Gopfertekrou 6. Si le Romand parle en ‘bon allemand’ comme il l’a appris à l’école, le Nom de Dieu Suisse Allemand forcera l’usage du français car il ne supporte pas cette - So’ou hounn’g langue, même s’il regarde ZDF tous les jours. Chien de cochon - Lek mii am âârrch Bien alors si l’on part du principe que l’accent Suisse Allemand est un Va te faire voir. Littéralement: lèche-moi le trouffion puissant contraceptif, comprenez par là coupe-faim, on n’est pas prêt de - Tômmy rroue’h consommer du Suisse Allemand. Tant pis. Vache stupide - Le Suisse Allemand est propret. Toujours. Avant de passer l’aspirateur, il balaie afin d’éviter de l’encrasser inutilement. Après avoir passé l’aspirateur, il balaie une seconde fois pour venir à bout de la crasse oubliée par l’aspirateur, pas fiable à 100%. C’EST VRAI
Grûû’euze
Falschi Tzvätchg
IM KÂÂKO OUS Foul’e
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01. RADIO DESIGN TYKHO – LEXON La radio Tykho de Marc Berthier est l’emblème et l’esprit de Lexon: forme, matière et technologie. Matériaux: habillage gomme siliconée _ recherche des fréquences par rotation de l’antenne _ volume électronique _ résistante aux éclaboussures d’eau. lexon-design.com/la-42-tykho-radio-green.html
02. POLAROÏD SX-70 Le Polaroïd SX-70 est une vraie légende dans le monde de la photographie. C’est le premier appareil photo à développer une photo instantanée et à se plier pour ne prendre que très peu de place. Ce n’est pas un remake moderne de ce classique appareil photo – c’est Le classique, minutieusement reconstitué. Il fonctionne avec les pellicules Impossible Project Instant Film. photojojo. com
03. YAMAHA ISX-800 RESTIO Yamaha arrive dans les docks pakkocks avec du lourd: le Restio ISX-800. Il vise la pureté du haut de gamme. En offrant un pied très classe et un écran assorti à la couleur des hauts parleurs,
Yamaha signe ici un des produits les mieux finis pour accueillir votre iPhone/iPod. De plus, profiter de l’affichage heure, d’un radioréveil (5 présélections), d’un mange-disque, d’un port USB (et entrée 3″5 jack) pour lire les fichiers MP3 et WMA. La station est livrée avec une télécommande pour le réglage des graves et des aigus. Puissance 2x 15W pour 12 kg. fr.yamaha.com/
fr/products/audio-visual/desktop-audio/isx-800_g/
04. SKULL CANDY X CATHERING WONG Design bien particulier et légèrement effrayant de la designeuse Catherine Wong, habituée des concepts métalliques. Ces intras se basent sur une structure en 6 parties, lesquelles sont reliées par des jointures proches des articulations humaines (dans leur forme, pas plus). Le principe n’est pas vilain en soit. journaldugeek.com/2011/09/09/ear-candy/ 05. TURN TAP FOR USB POWER Ce robinet hub chargeur de cellphones, caméras digitales et autres MP3 est génialissime, simple et minimaliste. Une création du designer Qi Weijia.
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Designyoutrust.com/2011/07/30/turn-tap-for-usb-power-by-qi-weijia/
06. SOURIS OPPOPET PAR NENDO Ça c’est pas mal du tout. Dans le fond et la forme. Ces souris Oppopet sans fil imaginées par le célèbre studio de design et d’architecture japonais Nendo pour la marque Elecom intègrent une clé USG qui sert de récepteur et dont la forme rappelle la queue de différents animaux comme le cochon, la baleine, le renard, le lapin ou encore l’écureuil. L’humanoïde n’a pas été retenu. nendo.jp/en/
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L E I T N E L‘ESS VOILÀ LA VERTE QUE DU GOÛT PAS D‘ADDITIFS DE CELLOPHANE D‘ALU
Rauchen fügt Ihnen und den Menschen in Ihrer Umgebung erheblichen Schaden zu. Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage. Il fumo danneggia gravemente te e chi ti sta intorno.
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01.THE NOTE ME PILLOW PAR MARGARITA MORA Oreiller pense bête livré en plusieurs couleurs et avec un marqueur. Ce qui veut dire que tout ce qu’on a gribouillé pendant la nuit sera lisible le lendemain sur le coussin et sur ta face. L’autre possibilité et de laisser des messages à celui qui partage ton lit, genre ‘j’aimerais pas habiter dans ta bouche ce matin’… ou d’y dessiner le portrait de la belle doche pour un réveil plus dynamique. Bon mais là faut encore savoir dessiner. Le coussin gribouillé se passe ensuite sous l’eau froide et redevient immaculé. gnr8.biz/product_info. php?products_id=1316 02. ACCESSOIRE POUR IPHONE PAR IMESHI La société japonaise Imeshi, fabrique des coques pour Iphone qui reproduisent des produits alimentaires japonais traditionnels (ramen, mocci, shushi…) en plastique, très réalistes, très kitshement colorés, très japonais quoi… strapya-world.com 03. KRONKRON EN MODE ISLANDAISE Originaire d’Islande, KronKron est une jeune marque de mode créée en 2004. Tirant son nom d’un ancien supermarché à Reykjavik, l’enseigne osant des associations de couleurs et de textures improbables, les fondateurs de la marque comparent un peu leur magasin comme une énorme boutique de friandises… Bon ça. 04. GRASS PAGE MARKERS Marque pages sous forme de brins d’herbe autocollants pour amener de la verdure dans ta bibliothèque. whiterabbitexpress.com/ greenmarker-grass-bookmark/ 05. WILDFOX COUTURE VINTAGE Avec la marque britannique Wildfox, on plonge dans un grand bain hippie rétro. Une sorte de Woodstick revival que l’on découvre avec plaisir au travers de tops Peace and Love et à franges,
de longues jupes tie & dye et d’autres pulls très power flower. 06. MY NAME IS SIMONE C’est Caroline Castagna-Suarez aka « My name is Simone » qui invente, dessine et coud des personnages en peluche ou coussin parfois à l’effigie des grands de la mode comme Karl Lagerfeld, Sonia Rykiel. 07. BARETTE À CHEVEUX 8-BIT A l’heure du tout pixelisé (dans la mode, déco, maquillage, art…) et de la post-it war à outrance dans les agences de pub, on troquera un jour de day-off notre pince à cheveux passe-partout pour un nœud XXL en 8-Bit. 08. FACEBOOK PROFILE DRESS Cette designer roumaine est une grande malade géniale. Elle crée des robes si folles qu’elle mérite qu’on y prête attention, dont cette merveille version facebook. Plus qu’une robe c’est un aspirateur à prétendant ce truc-là. Et ce qui est pas mal c’est qu’en fonction de tes envies du moment, tu peux clairement le faire savoir en l’écrivant dans les petites cases. lance. ro 09. DAVID KOMA A seulement 25 ans, David Koma est déjà diplômé de l’école d’Arts de St Petersbourg et de la prestigieuse Central St Martins de Londres. D’origine géorgienne, ce designer hors pair aime sublimer les courbes des femmes en créant des tenues sculpturales à la coupe très années 50. 10. PARMESAN À TAILLER Ce parmesan en forme de crayon à tailler est en kit « 3 saveurs » (Truffes, Pesto et Chili). On aime on aime on aime 11. VAN GOGH GONFLABLE Offrez-vous de l’art en boîte. Ce magnifique Van Gogh, Nuit étoilée est à votre portée. Quelques pièces de monnaie, du souffle et embourgeoisé sous serez. enjoymedia.ch/art-boite-van-gogh-gonflable-p-3512. html 12. SEL ET POIVRE ROBOTS A l’heure de l’internet, informatique, robotique et autres mots en -ique, on devait s’attendre à ce que les repas de famille se modernisent aussi. Un petit cou de manivelle et Monsieur Sel traverse toute l’étendue de la table jusqu’au destinataire. 13. AIMANT ROYAL Au travers de ce cachet-aimant royal, il y a l’autorité d’une reine ou d’un roi qui somme un vassal 14. JC/DC X KIPLING Monsieur de Castelbajac, l’homme aux multiples collaborations
s’acoquine cette fois à Kipling (oui, oui, les sacs que vous croyiez juste nylon, comme la fille aux bas). 15. IRREGULAR CHOICE C’est les chaussures à Zakarie. On a retrouvé les chaussures à Zakarie !! irregularchoice.com/shop/womens 16. APPLE BAG PAR HERMÈS Oser y penser est une chose, oser le faire en est une autre. Hermès l’a fait. 17. THIERRY LASRY Elles sont sur le nez de toutes les grosses légumes hollywoodiennes, elles sont françaises, fabriquées à la main et signées Thierry Lasry. 18. HOUSE OF VICE House of Vice est la fusion rock et innovante de deux marques de créateurs de mode originaires de Lille: My Oh My! et Notisse. Le mélange de la maille, fluide, vivante et du cuir, plus rigide et structuré est le leitmotiv de la marque. Très fan, la rédaction. 19. BACON CANDY Ce qui veut dire bonbon au lard joliment emballés 20. BURBERRY TRANSPARENT RAIN CAPE Petit ciré totalement transparent proposé par Burberry dont le rédaction est aussi absolument fanissime. Ce qui veut dire que notre sélection n’est pas objective du tout? Absolument. 21. LEVI’S X MOCA Quand mode et art se mélangent, ça donne une chouette collaboration entre Levi’s et certains graffeurs exposés au Musée d’art contemporain de Los Angeles 22. ARTTOUFFE Inspiré d’un jeu américain des années 50 pour enfant, cette tablette utilise un stylo magnétique pour déplacer et positionner les petites billes de métal. A vous de représenter votre vision de l’origine du monde. 23. TETRIS Bac à glace tetris 24. SCOOTER LAFORGE Scooter Laforge décrit son travail comme un style hybride, à mi-chemin entre le Pop Art et un expressionnisme abstrait mâtiné de classicisme hollandais. Diantre!
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01. KISS-A-ZIMA Dans la rubrique gadget japonais, la marque de cocktail Zima vous propose d’embrasser votre idole japonaise favorite grâce à un moulage en silicone de ses lèvres, vendue avec la bouteille. Y sont gentils ces japonais. 02. ROBE URINOIR PAR THE RODNIK BAND Venus In Sequins est une série de robes créées comme des homages à des grands artistes comme Duchamp, Warhol ou Van Gogh. Chaque création est éditée en seulement 5 exemplaires. Un projet imaginé par The Rodnik Band. 03. SONNETTE DE BICYCLETTE ECOLO C’est une sonnette. En forme de donut. Voilà 04. BOÎTIER IPHONE ANNÉES 80 EN-FIN. Cet objet synonyme de réussite financière qui nous faisait rêver, il y a 25 ans, à devenir riche pour en avoir un tout même est de retour. Par contre OU EST LA MALLETTE qui va avec ? 05. UNE BRIQUE DE LÉ? QUE NENNI… JØRN aka Jörn Beyer s’est posé la question de savoir comment les consommateurs réagiraient si les plus grandes marques de liqueurs changeaient leur packaging, plus précisément si elles passaient de la bouteille au pack Tetra. La lignée de briques Jagermeister sur un bar de Hell’s? Ouaichhhh 06. DINO 41 PAR ROLF SPECTACLES Rolf Spectacles, marque créatrice de paires de lunettes, présente Dino 41, un modèle fait comme les précédents en bois mais la monture comprend également une fine couche de pierre naturelle. rolf-spectacles.com 07. BURTON X CARHARTT Du bon gros matos de backcountry pour les riders du fin fond des bois. Sa robuste matière en GORE TEX, coutures entièrement collées, aération TestI-Cool qui évite la surchauffe, coutures collées partout avec les bandes étanches GORE-SEAM, et design signature collaboration Burton et Carhartt. Ce petit bijou de technologie vestimentaire est
garanti à vie. 08. FOX Très en vogue aux Etats Unis d’Amérique, la marque commence à sérieusement faire parler d’elle ici en Europe. Ici un sweat dans la mouvance rugby street chicos. 09. WARX PAR BILLABONG DENIM Coupe juste pas trop slim comme on aime et confort parfait, jusqu’à la ceinture-lacet, qui permet une liberté de mouvement obtimale. 10. HUMÖR Humör, une marque aussi découverte au Bread and Butter de Berlin. D’origine danoise, la collection est fortement influencée par la mouvance musique underground et la DJ culture. Les coupes, particulièrement des jeans, sont vraiment pas mal du tout. Encore difficilement trouvables en Suisse, quelques modèles sont en vente sur goodiesonline.ch 11. METAL MULISHA La base est le FMX avec le crew des pas gentils Deegan & Co, base qui s’est fortement élargie et qui est même devenue une marque de wear qui prend de plus en plus ses marques en Suisse. 12. SHRED METAL SERIE SOAZA GREEN PINK Produit signé de la haute qualité italienne, qui a bien pris ses marques dans le milieu du ski, et qui tend à descendre dans la rue avec certains modèles comme celui-ci. 13. VOLCOM CATACOMB C’est une boucle de ceinture et c’est en nikel. 14. THE SIMPSONS X SANTA CRUZ Issue de l’association et de la collaboration exclusive entre la célèbre marque de skate Santa Cruz et Matt Groening, les créateur des Simpsons, la famille la plus fameuse au monde, la collection compte quatre déclinaisons « The Homer Cruzer« , « Bart Model Cruzer« , « Duff Pintail Cruzer » et « Homer One Micro Cruzer » 15. COSTUME POUR CHIEN Si vous avez envie de vous venger de votre chien pour X ou Y ou même autres raisons, le coup du costume super héro en version sous vide va très vite le calmer 16. TIRELIRE
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ARCADE Tu mets des petits sous de côté et en plus tu peux te faire la main deux minutes durant sur cette version rétro Earth defender, avec les bips bips stridents pour le même prix. Elle est pas belle la récession ? 17. LUNETTES MOUSTACHE On nous l’avait pas encore faite, celle là. 18. COQUE IPHONE AVEC POIGNÉE Et style la poignée, non ? 19 – 20. STOP PORTE. La version colorée-rigolote-graphique assortie au fixie et la version pour ceux qui ne sont pas fixie du tout. 21. PAPER WATCH Une montre croisée partout dans les corners branchés d’Europe cet été : la Paper Watch. Comme son nom l’indique, le bracelet est entièrement en papier, plus exactement en tyvek, un matériau assez solide pour que vous ne vous retrouviez pas avec une montre déchirée au moindre accro ou petit grain. 22. RON ENGLISH SPRAY série très limitée, dont la vocation est de décorer la pièce sans être utilisé 23. AB HANCER Besoin ni d’effort ni de photoshop. Révolutionnaire.
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01. DJ DEADMAU5 X PUMA Puma lance une collection de sneakers et d’habillement en association avec le célèbre DJ Deadmau5. La collection adopte un ton electro avec notamment l’hologramme de la souris sur les sneakers Street Jump. Certains modèles poussent même le bouchon du LED trop loin, à comprendre ‘sur les talons’. 02. ADIDAS ORIGINALS MEGA TORSION FLEX La chaussure Adidas Mega Torsion Flex Mid se visualise comme une chaussure de randonnée, avec un laçage à crochets classique comme le veut la mode cet automne. Mais attention, un laçage à crochets peut cacher une performance technique et pas des moindres : cette chaussure mi-montante est dotée de la technologie Mega Torsion Flex qui assure légèreté et souplesse pour un confort exceptionnel. Le truc qui te détord la cheville au cas où tu ferais un gros faux pas. Fort. 03. éS : BE A MANWOLF TODAY C’est plus sur la façon d’amener le sujet de la éS new Manwolf Signature que nous voulons attirer votre attention. Designée par les réalisateurs Corey Adams et Alex Craig, qui ont tout simplement décidé de faire un petit clip qui part joliment en sucette pour promouvoir cette nouvelle sneaker des écuries éS. A voir, vraiment, parce que c’est tellement décalé que ça fait rire un bon coup et parce que ça donne une image qui fait bien plaisir de cette discipline qu’est le skate board. 04. NIKE MAG Depuis quelques temps les répliques des fameuses Nike Mag portées par Marty McFly dans “Retour vers le futur II” font couler beaucoup d’encre virtuelle sur les blogs. Donc oui ce n’est pas un scoop. Et à l’heure de mettre sous presse, il doit en rester environ plus du tout sur les 1500 paires mises en vente. Mais on voulait demander poliment à ces messieurs de Nike d’en refaire une ou deux palettes parce que nous nous sommes fait agresser ici à la rédaction : le peuple veut des Nike Mag. Le prix de ce morceau d’histoire du cinéma? Entre 3000 et 4000$. Et ça ne les calme même pas. On leur a aussi dit que les sneakers ne se lacent pas automatiquement dans le film. Ils-s’en-foutent. Ils les veulent. Les LED fluorescentes ont bien fait passer la sauce des lacets flemmards. 05. AIR JORDAN V WHITE Mais qu’est ce que ça vient faire là ça? C’est pas de la nouveauté ! Non mais de la collector, garçon. Ce modèle fait partie, avec entre autres la Air Jordan V Black/Black-Metallic Silver ou encore la Nike Air Flight ’90, du guide répertoriant toutes les sneakers portées par Will Smith dans le ‘Le Prince de Bel Air’. Terrible. Oui, j’imagine bien que tu ne connais pas le ‘Prince de Bel Air’, garçon. Le guide se nomme ‘a complete guide to the FRESH PRINCE OF BEL-AIR’S sneakers’ et se trouve sur le site complex.com/sneakers 06. CONVERSE ALL STAR X DC COMICS HEROES Non, Adidas avec sa collection « Star Wars » n’a pas le monopole de la basket Ultra-Geek. Batman, le Joker, Superman ou encore Wonder Woman, la marque Converse propose à son tour une nouvelle série de ses légendaires «All Star – Chuck Taylor» customisées aux couleurs des Super Héros DC Comics.
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05. 01. LAMPE CLOUD SILVER RAIN PAR TADAO SHIMIZU POUR ABOVO Le nuage est conçu en papier washi (papier artisanal japonais en fibres de mûrier) et est soutenu par des rangées de tiges de métal symbolisant la pluie. La lumière est disponible dans une version Gold Rain faisant partie de la série Cloud. Pour être clair, ça éclaire ; ça n’arrose pas. C’est de l’art faut pas pousser. tadaoshimizu.jp 02. BROSSE À VAISELLE JACK SCULLY REGARD DIAMANT Du trash pour la cuisine. Il était temps. Marre des ptites fleurs et autre décos gentillettes. Merci. Caractéristiques : multitaches (plats, verres, couverts et casseroles _ en fibre résistante pour les taches
coriaces ainsi qu’une durabilité éternelle _ ne raye pas. funkmelbourne.com.au/product_info.php?cPath=61&products_ id=2292
03. CTRL + ALT + DEL C’est un set de tasses bienvenu pour le bureau. Ou pas. Pas mal non ? Ce que l’on sait c’est que c’est en plastique et fabriqué par Mod Design, basé à Taïwan. Les sets comprennent des plateaux représentant des circuits imprimés, bien vu car les touches d’un ordinateur reposent réellement sur des circuits imprimés. mod-zgn.com 04.SCOMBER MIX PAR HOERBOARD Table de mixage minimale et épurée constituée de deux unités (platines vinyle ou platines cd), la Scomber Mix est esthétiquement belle. Tous les
câbles sont invisibles, intégrés dans le meuble, et la connectique est placée sous le bureau pour faciliter la connexion au système audio. Cette table de mixage a une vocation technique mais également décorative, selon les commentaires blogueux à son égard. hoerboard.com/products/scomber-mix 05. CHAISE PP TUBE PAR TOM PRICE Le designer anglais Tom Price a réalisé cette série de chaises à partir de tubes en polypropylène recyclé. A enlever ou rajouter selon envie du moment. tom-price.com
* Only smokers 18 and older may enter.
MORE ON WINSTON.CH *
Rauchen ist tรถdlich. Fumer tue. Il fumo uccide.
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Prochaine discipline olympique?
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Il faut être japonais pour inventer un truc pareil et ricain pour y ‘addicter’. Chez nous, on l’aura bien compris, le mouvement ne prend pas: culturellement et esthétiquement incorrect. Bref, le toilettage artistique sur caniches royaux mais pas consentants ça-sert-à-quoi??? Mais que fait Brigitte? groomexpo.com Text: anne laure M. Layout: Fabienne Crot
Text: anne laure M. Layout: Fabienne Crot
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HEADS Magnifique exercice de marketing que nous a fait l’agence allemande Jung van Matt/Elbe. C’est en collaboration avec le fameux ‘spraygun artist’ Oliver Paass qu’ils ont peint ces boules de bowling pour leur donner l’aspect de têtes décapitées. Les orifices faciaux servent de trous, ce qui veut dire rendu plutôt intéressant à voir comme ça mais carrément très intéressant quand on y met les doigts. Ensuite, et c’est là que l’on a du concret quant au potentiel de faire des crasses du germain (si si): ces messieurs sont allés les mettre parmi d’autres boules de bowling dans un endroit prévu pour cette discipline, ont planqué une caméra et filmé les réactions du peuple. Cette campagne a été créée pour la 13th Street, une chaîne du câble allemand sci-fi/horror, déjà fort connue bien connue pour ses promotions sanguinaires. Elle est comment déjà, la campagne marketing de la TSR.. ?? 13th STREET – Scream your head off! Le ptit clip à voir: vimeo.com/25765998
Le Nuage-Sleep In
Text: Michèle Guignard Layout: Fabienne Crot
VOICI LA RUBRIQUE DÉMANGEUSE DE LA FIBRE GENTLEMEN-ARTISTE-BAROUDEUR QUI EST EN VOUS. AUX QUATRE COINS DU GLOBE, DES ARCHITECTES ET DESIGNERS DU BON GOÛT (QUOIQUE…) REDOUBLENT D’INSPIRATION ET DE CRÉATIVITÉ POUR DONNER UNE NOUVELLE DIMENSION AU CONCEPT D’HÉBERGEMENT HÔTELIER ORDINAIRE, OÙ QUAND L’ART RIME AVEC PLUMARD… Avis aux globetrotteurs et amateurs de découvertes! Si vous êtes adeptes de la vie communautaire et des plans budgétairement lights: les plumards (7 exactement) proposés dans ce numéro sont gratuits (si, si, c’est possible…mais pour une seule nuit) et localisés dans une structure entièrement à l’effigie aérienne et vaporeuse… d’un nuage.
plumART
Pensé et réalisé par un collectif d’artistes, Zébra3 / Buy-Sellf, ce refuge urbain (au cœur de l’agglomération de Bordeaux) prend place dans une imposante ancienne carrière minière réinvestie par Dame Nature. Pour le côté bucolique du site, des lauriers, une étendue d’eau et de petits sentiers caillouteux accueillent les visiteurs-aventureux locataires du culumus-abri.
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P
Le nuage en lui-même est dépouillé d’une grande partie du confort usuel afin de permettre à ses habitants (ciblés dans la catégorie citadins stressés de
préférence) de profiter un max du lieu et de ses charmes: privés d’électricité et accessoirement d’eau courante… A vous calme et détente tendance écolo-sauvage avec odeurs pour le prix. Malgré l’équipement un peu roots du cumulus-abri, vous serez protégés d’éventuels caprices météorologiques et… comble de bonheur, vous n’aurez pas à étendre vos lombaires sur une paillasse de type abrasif, mais bénéficierez de vrais et traditionnels matelas-mousse. Ouf… exit gratouillages noctures incontrôlables et maux de dos... Seulement patience : ouvert uniquement de juin à octobre chaque année, ce logement à prix modique, que dire… inexistant, est complet pour 2011 ! Mais qu’à cela ne tienne : un bon plan est un bon plan… le printemps prochain approche déjà. www.office-tourisme-lormont.com
CONCOURS UNE MONTRE LOVE SONG KIDROBOT X SWATCH, UN DUNNY ET UNE SÉRIGRAPHIE LIMITÉE DÉDICACÉS POUR TOI SI TU LE MÉRITES
CRÉE
un dessin _ une photo _ une prose _ un p’tit film _ une chanson _ ou autres artistiqueries en rapport avec le thème KID ROBOT X SWATCH
ENVOIE
tilt@gustavmag.ch et nous le ferons
le à paraître sur notre page facebook.
Celui qui aura montré le plus d’esprit créatif se verra récompensé d’une montre Love Song KID ROBOT X SWATCH, un dunny et une sérigraphie limitée.
IL NE TE RESTE PLUS QU’A te faire plaisir, à nous aussi par la même occasion.
Pour s’inscrire et voter : http://www.gustavmag.ch/fr/swatch
ARTvertising
L’art de la dérision à des fins publicitaires a une force de frappe qui mérite d’être relevée. C’est chose faite.
ARTVERTISING
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A
Layout: Fabienne Crot
recyclART
Ephemicropolis
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Text: Tatiana Tissot Layout: Fabienne Crot
Le building le plus haut d’Ephemicropolis culmine à 12 centimètres du sol. Cette cité métallique est constituée de pas moins de 100’000 agrafes. L’artiste qui l’a minutieusement conçue a passé 40 heures à les disposer pour donner l’illusion d’une cité. D’une main sûre, il a tracé des quartiers, des banlieues… En jouant sur la hauteur des piles d’agrafes, encore liées entre elles, il a bâti une concentration de gratte-ciel monstrueuse, digne de Hong-Kong. La micropole d’agrafes est née de l’imagination de Peter Root, artiste anglo-saxon versé dans l’architecture éphémère. « Mon travail prend souvent la forme d’arrangements extrêmement fragiles, temporaires, qui peuvent être accablés par des micro-apocalypses prenant la forme d’une légère brise ou d’une feuille d’automne tombée… » exprime-t-il sur son site. Il s’attèle aussi à explorer des éléments de notre environnement, en les détournant de leur fonction première. Ici, avec une simple agrafe comme point de départ, il donne vie à tout un univers urbain. Preuve de sa fantaisie, il avait auparavant fait de même en partant d’une frite, montant une surprenante potatoecity composée de pommes-de-terre sous toutes leurs formes connues…
Processus de création de la ville en stop-motion: http://vimeo.com/10875342
Concept & pics: the crew
Do your aquarium mobile yourself ÉPATER SES AMIS AVEC TROIS FRANCS SIX SOUS DE BUDGET, C’EST TRÈS FAISABLE. IL FAUT ÊTRE UN TANT SOIT PEU «MANOUEL», NOUS LE SOMMES… DOTÉS DE DÉMERDISE, NOUS LE SOMMES ENCORE… AVOIR UN SENS DE LA CRÉATIVITÉ QUI NE SOIT PAS DONNÉ À TOUT LE MONDE, NOUS L’AVONS TOUJOURS. PARTAGER SES SAVOIRS, MÊME LES SECRETS, FAISANT PARTIE DES NOBLES CAUSES… SOYONS NOBLES!
BRICOLAGE
Petite fiche «je bricole et je vous emmerde» no 21
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Pour cette édition, nous avons opté pour une approche ‘30 millions d’amis’ du bricolage: l’aquarium mobile. Ça sert quoi? A promener son poisson rouge. Ce qu’il vous faut: - Un sk8 – un bout de planche – une laisse – une scie – des vis – une visseuse
Coût de l’opération: CHF 0.00 si on part du principe que c’est de la récup. Durée de l’opération : 10 minutes Difficulté de l’opération: très facile Marche à suivre : Couper une planche en comptant un débord de 10 cm de chaque côté de la deck pour une stabilité optimale, viser, fixer une laisse assez fine autour de l’axe du sk8 et voilààààà.
Graphisme: DEMIAN CONRAD DESIGN
CINEMA Peaches Christ Drag Opening Show, KUZOKU: Indie Tokyo Cinema, Craig Baldwin, Stephen Dwoskin, Maria Beatty, Ericka Beckman, V.Vale present The Industrial Culture Handbook, Ghédalia Tazartès interprets "Häxan: Witchcraft Through the Ages" & premieres of contemporary underground films + cult classics, US exploitation & euro-trash cinema & more… MUSIC Diamanda Galás, David Dunn, Nurse With Wound, Art Error Ist, Chop Shop, Runzelstirn & Gurgelstøck, Kasper T. Toeplitz, Kuruucrew, Alva Noto, Byetone & more…
ENTRACT
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Athlete: Jason Paul Photocredit: (c) rutgerpauw.com/Red Bull Content Pool Location: Japan
Layout: Fabienne Crot
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Athlete: Dany Torres Photocredit: (c) Lukasz Nazdraczew/Red Bull Content Pool Location: Poland
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ENTRACT
Athlete: Matthias Dandois Delaigue Photocredit: (c) Mark Teo/Red Bull Content Pool Location: Singapore
GUSTAVpoupée
GUSTAVpoupée
LEMMY PRO MODEL C’est dans le vent. On appelle ça des toys. Chaque artiste qui se respecte a son toy. Alors qu’est-ce qu’on fait, nous? On suit. Mais à la Gustav. La version à monter soi-même. Et pas sous forme de trucs artistico-conceptuels, mais du concret. Des effigies en hommage à ceux que nous considérons comme nos idoles. Pour le lancement de cette rubrique GUSTAVpoupée, nous avons jeté notre dévolu sur le mythiquissime Lemmy de Motorhead, 120 printemps et la verrue ferme. Ciseaux ou poinçon tu as? Dextérité des doigts tu as? Lemmy est à toi.
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Text: anne-laure M. Layout: Fabienne Crot
Toy design by
KILMISTER
TOUTE NUE, CELLE-LÀ Offerte à toi lecteur bricoleur colorieur pour que tu puisses en faire ta GUSTAVpoupée signature exclusive. Par contre, comme toute bonne chose se partage, nous avons prévu une galerie afin d’y exposer les GUSTAVpoupées signatures qu’on voudra bien nous envoyer à l’adresse e-mail : art_designer@gustavmag.ch
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Toy design by
ART
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SCULPTEURS DE SONS
Fluidastic! L’AGENCE DENTSU LONDON PARVIENT À FAIRE DANSER DE LA PEINTURE DANS UNE PUBLICITÉ POUR UNE IMPRIMANTE. UNE PROUESSE TECHNIQUE SURPRENANTE !
Text: Tatiana Tissot Layout: Fabienne Crot
L ’ a s p e c t liquide rappelle les simulations d’alphabet 3D des frères Almossawi, sauf qu’ici, tout est réel ! De vrais échantillons de peinture sont sculptés grâce à du son pour une publicité hallucinante, visant à relancer les ventes des imprimantes Canon de la gamme Pixma. Une véritable prouesse technique, qui a exigé du matériel de pointe, la présence sur le plateau d’un photographe-biochimiste et une bonne dose d’ingéniosité. Comment l’agence de comm’ très créative Dentsu London parvient-elle à sculpter un liquide avec de la musique ? Ce qui semble impossible ne l’est pas quand on a de l’imagination à revendre. Premièrement, de la peinture de plusieurs couleurs est versée à la pipette sur une membrane de haut-parleur, préalablement recouverte par une protection souple. En montant le son, les vibrations vont donc réellement provoquer du mouvement au sein du fluide. Chris Hewitt, directeur du projet, explique dans le making-of que ces «sculptures sont formées organiquement par les fréquences du son». Capturer 5’400 clichés à la seconde Reste à réussir à filmer les soubresauts du liquide. Pour cela, les créatifs ont monté un dispositif avec
des appareils photo macro de la marque Canon (évidemment!), modèle 5D MkII, qui atteignant de très hautes vitesses de capture d’images: 5’400 à la seconde. Grâce à ce matos, le film va pouvoir être monté au ralenti. Les appareils tournent très rapidement sur un support autour de la membrane du haut-parleur où se trouve la peinture. Cela ressemble à… une machine à voyager dans le temps, de l’aveu de Chris Hewitt. Les trois couleurs primaires bondissent, se mélangent, créent de nouvelles nuances au son de la musique. Les designers de Dentsu London, avec l’aide du photographebiochimiste Linden Gledhill, testent différentes choses pour provoquer les figures dansantes et colorées. Ils combinent diverses teintes, changent la fréquence du son, baissent et montent le volume. Le résultat est de toute beauté. Pour Canon, la peinture mouvante est une métaphore de la vivacité de l’encre, à l’heure où l’image s’est dématérialisée. Par son travail, Dentsu London prouve que la réalité permet aussi des effets épatants, parfois plus impressionnants que ceux créés par les logiciels informatiques. Et l’agence de comm’ reste fidèle à son credo : rendre le futur «magique». Sur ce coup-là, c’est particulièrement réussi ! Deux spots de pub : http://vimeo.com/15215534 et http:// vimeo.com/15215587
ART
Text: Tatiana Tissot Layout: Fabienne Crot
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A
Capter
le regard de
MĂŠduse
Tout est question de point de vue.
Méduse trompe l’oeil dans ce portrait moderne qui se joue des perspectives. Le principe mythologique : quiconque pose son regard sur la gorgone la plus célèbre meurt pétrifié devant tant de laideur ! Inspirés par la légende, des artistes italiens proposent un autre défi au spectateur à l’âme héroïque : se placer au seul endroit où l’image apparaît en son entier et grâce à ce point de vue précis capter le regard de Méduse, sous sa chevelure de serpents ondulant, qu’ils soient tranchés ou entiers. Une façon de faire un pied de nez à Persée, vaillant personnage de la mythologie grecque, qui pour battre cette créature malfaisante avait dû se munir d’un bouclier-miroir pour ne pas risquer de lui jeter un œil et de finir figé… Ce portrait « anamorphique » (dont la vision est une question de perspective) a été créé par deux artistes du collectif et studio turinois « Truly Design » : Ninja1 et Mach505. Issus du street art, ils ont prouvé qu’ils savent jongler avec l’espace et qu’ils maîtrisent les jeux de perspective. Un cauchemar de précision qui a nécessité du calcul cérébral. L’oeuvre se trouve dans une usine désaffectée, qui servait d’atelier à leurs collègues de chez Sub Urb Art. « Regardez-vous-même, vous serez pétrifiés ! » lancent les artistes, fanfarons, en présentant les photos sur leur site. Mais ils ont de quoi.
ART
FLUID
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A
Text: Tatiana Tissot Layout: Fabienne Crot
L’ALPHABET LIQUIDE DES FRÈRES ALMOSSAWI Deux graphistes expérimentent virtuellement l’élasticité et la souplesse d’une typographie formée d’un fluide.
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A
Le Z s’étire dans l’espace à la manière d’un fluide, la lettre se forme à partir d’un liquide apparu du néant. Il progresse de manière réaliste, remplissant le caractère. À peine entièrement formé, celui-ci explose, libérant son contenu dans un ralenti spectaculaire. Le fluide retombe avec volupté, l’effet de chute creuse la matière et y façonne des galeries. La lettre se répand en une flaque sur un support et l’onde de choc forme à son tour des gouttelettes, projetées pour un second rebond… Plus vrai que nature, le phénomène est un travail de simulation par ordinateur du studio Skyrill, basé à Manama, au Bahreïn. Derrière ce nom se cachent deux talentueux designers, par ailleurs frères : Ali et Hussain Almossawi. CALCULS VIRTUELS Ces deux graphistes coulent ainsi une typo expérimentale dans des coques virtuelles et transparentes, représentant l’alphabet. Au PC de les emplir d’un liquide blanc ou orange, en calculant le comportement d’un fluide qui s’étend dans un moule. Lorsque ces lettres invisibles implosent et la délivrent, la peinture retombe en formant des figures, des filaments épais, tous calculés par le cerveau de la machine. L’effet est spectaculaire, il semble à la fois irréel et si proche de la réalité. Le ralenti en accentue pourtant l’étrangeté. Pour mener à bien cet exercice de style, les frères Almossawi ont eu recours à un logiciel de simulation trois dimensions, RealFlow5, celui même qui permit à James Cameron de façonner son ethnie de créatures bleues (nous parlons bien du film Avatar). Ils ont nommé ce travail, qui se décline en vidéo et en images, « The Type Fluid Experiment ». La simulation montrant le processus de création des lettres grâce au programme 3D est visible en vidéo sur leur site, mais seulement pour les caractères A,R, S et Z. Un alphabet complet, aérien, à la texture liquide, a aussi été conçu grâce à ces animations. Les designers en ont ainsi capturé les passages les plus fascinants pour présenter une police complète en 3D, à partir de cette expérience graphique empreinte de poésie. Conception de la lettre Z : http://vimeo.com/25907924
ART
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RON
ENGLISH Pirate de l’art SA DISCIPLINE? LA POPAGANDE. RON ENGLISH EST UN SALE GOSSE PUNK FOU GÉNIAL DE 52 PRINTEMPS. ET COMME TOUT SALE GOSSE PUNK FOU GÉNIAL QUI SE RESPECTE, IL PRATIQUE LA FARCITUDE CAFARDEUSE. AVEC UNE FÉROCE JUBILATION.
Text: anne laure M. Layout: Fabienne Crot
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Dévoué à trouver le sublime dans le quotidien et à briser l’instant de l’approche didactique dans l’art et dans la vie, tel est le rôle que l’on pourrait décerner à Ron English. Sous quelle forme? Peinture, sculpture, chanson et détournement de panneaux publicitaires ou d’icônes. Icônes? Parce que, comme il l’explique, «c’est une chose de créer des mythologies, c’en est une autre d’y croire». Et que dénonce-t-il au travers de ces détournements? Les excès et hypocrisies de la culture contemporaine américaine, que ce soit le consumérisme, la malbouffe ou la bien-pensance. En vingt ans, il a détourné plus de mille affiches et a même obligé une marque de cigarettes à retirer sa mascotte de ses publicités suite au détournement de sa campagne par l’artiste. Aujourd’hui, Ron English est un pirate de l’art dont le Whitney Museum de New York ou le musée d’art contemporain de Paris, pour ne citer qu’eux, s’arrachent les tableaux. Le code du comportement du politiquement correct ne permettant aux cols blancs ni farce ni action rebelle, ils les achètent. Drôle.
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Encensé par la bourgeoisie artistique, on lui prête plein d’appellations dont ‘le parrain de l’agitpop’ ; on tente de le classer dans une scène ou une mouvance artistique, comme le Lowbrow… Ce à quoi il répond que c’est plutôt chouette d’appartenir à ce club, mais qu’il fait aussi partie de la mouvance des ‘culture jammers’, ce qui n’a rien à voir. Tout ça pour faire poliment comprendre que Ron English, ça nous parle ou pas, c’est tout. Le reste est superflu. Et pourquoi cette focalisation sur des icônes pop telles que les Simpson, Batman, Marilyn… Sans oublier Barak Obama, le président des artistes qui, même s’il n’a rien fait pour cela, s’est vu approprier sa personne par l’art populaire ricain. En créant un portrait biomorphisme d’Obama et de Lincoln, Ron English a suscité à la fois la polémique et l’intérêt du peuple. Enfin bref, pourquoi ? «Parce que le vocabulaire pop est un langage évident. C’est de l’anglais visuel. »
Comme tout artiste reconnu il fut, en 2007, le sujet d’un documentaire de Pedro Carvajal, documentaire qui rend hommage à ce sympathique révolutionnaire américain : Popaganda, The Art and Crimes of Ron English Cette déclinaison ‘popagande’, il l’explique comment? «C’est quasiment l’opposé de la propagande. Les dogmes y sont sévèrement tenus en laisse.» La popagande serait-elle plus efficace que la politique pour toucher le peuple? «Obligé. On ne doit pas se faire élire pour devenir un artiste.» On conclut par sa devise, non une de ses devises mais elle ficelle bien le sujet : «Souvenez-vous! Ce qui n’est pas gratuit n’est pas libre.» http://www.youtube.com/watch?v=7zpXLKAyESM
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Légendaires et fluo : La technologie des 80s revisitée par Zim&Zou
Tex t Lay : Tati out: ana Fab Tis ienn sot eC rot
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DISQUETTE, POLA OU GAMEBOY: LE DUO ZIM&ZOU RESSUSCITE CES OBJETS CULTES DES EIGHTIES RIEN QU’EN COLLANT ET EN CISAILLANT DES BOUTS DE PAPIER. RIEN QUE… De leurs doigts habiles, en pliant minutieusement du papier, Zim&Zou ont recréé l’attirail du parfait geek… d’avant l’ère geek. Ils déclinent dans des couleurs flashy la disquette, une manette de jeux vidéo, un walkman, ou un Polaroid... Hommage aux objets vintage des 80s, la série d’origamis 1.0 est intitulée « Back to Basics ». On reconnaît avec une pointe d’émotion ces gadgets qui ont été dans notre jeunesse à la pointe de la technologie, avant de tomber en désuétude. La démarche derrière le découpage ? Le duo, composé de deux graphistes français, nous l’a confiée : « En ramenant ces objets «morts» à la vie, nous avons essayé de mettre en valeur l’évolution très rapide de nos objets du quotidien. Nos appareils d’aujourd’hui seront bientôt considérés également comme des reliques.» Ils aiguisent déjà leurs cutters car ils ont l’intention de cisailler une suite à cette première série.
LE PAPIER, MATIÈRE À CRÉATION Zim&Zou, alias Lucie Thomas et Thibault Zimmermann, sont accros à la matière papier. Leurs sculptures éphémères et fragiles illustrent des pubs, des affiches… Ils réinventent ainsi tout un univers. « Ce qui nous plaît par rapport à du graphisme 2D ou du dessin informatique, c’est l’aspect «réel». Pas moyen de tricher avec du papier! » « Il faut être attentif à chaque instant car la moindre tache de colle ou dérapage de cutter est impardonnable! Mais c’est peut-être cet enjeu qui donne de la valeur au produit final. » Sur leur table de travail, ils ont pour modèles les originaux : une K7, une manette de Nintendo, un appareil photo. Ils leur façonnent des avatars à l’aspect superfunky so 80’s, qu’ils font pâlir de jalousie les originaux. « Ces couleurs extrêmement flashy rappellent les coloris utilisés dans les années 80, et cela nous permet aussi de dénoter complètement des objets originaux, qui sont la plupart du temps dans des tons gris, argentés... » Par contre, grâce à moults mesures à la réglette, le duo jure que la forme est identique à la légende « afin de respecter les lignes qui ont fait de ces objets des mythes. » Leur hommage inventif vous donne peut-être des bouffées de nostalgie… si ça vous démange, payez-vous un flash-back au grenier pour retrouver les ancêtres de l’appareil compact numérique, de la clé usb ou du smartphone. www.zimandzou.fr
Tilt
RAINBOW WARRIOR
ART
Text: Christian Gottero Pics: Benjamin Roudet et Tilt Layout: Vincent Sarda
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J’ai connu Cédric quand j’ai rencontré sa mère, aujourd’hui mon épouse. Il avait 15 ans. Tilt n’allait pas tarder à voir le jour et l’on sentait bien que le germe était là. Pour moi, soixante-huitard rural ayant côtoyé le béret plus que la casquette, le graffiti se résumait aux inscriptions salaces qui ornaient les portes des toilettes publiques, agrémentées parfois d’une bite larmoyante faisant face à une chatte hirsute. Mais grâce à lui j’ai revu mon approche de cet art de la rue et j’ai pu voir ainsi évoluer l’artiste dans son œuvre et dans sa vie, et si aujourd’hui les lettres sont bien rondes, signe sans doute d’une vie rangée, il n’en fut pas toujours ainsi loin s’en faut, pour preuve ce petit inventaire non exhaustif des conneries en tous genres que j’ai vues ou qu’il a avoué dans un moment d’égarement. S’il mit à profit ses jeunes années pour trouver un nom, un style et connaître les sources du graffiti en nous annonçant un matin qu’il allait partir aux USA afin d’y rencontrer les pionniers de cet art, il eut tôt fait de se targuer d’une crédibilité zéro, vis-à -vis de tout ce qui n’était pas de l’art.
effectua avec ses potes à la Dominique. S’étant fait voler le peu d’argent qu’ils avaient emporté, ils vécurent làbas tels les premiers Hommes, de cueillette et de pêche, s’appropriant la cabane d’un clodo qui du coup passa du statut de clochard à celui moins enviable de sans abri. Il y eut aussi la période délinquant primaire où nous fûmes réveillés à 6 heures du matin par la maréchaussée qui venait récupérer le distributeur de préservatifs arraché au mur de la pharmacie. Puis celle où il se fit courser et attraper sur chute par les agents de la SNCF qui ne purent lui faire avouer son nom de graffeur dont il venait d’orner une demi-douzaine de wagons. Et enfin celle où il nous montra fièrement un article de journal où le propriétaire d’un avion de collection se plaignait de ce qu’on lui avait repeint pendant la nuit son antiquité dans un style un peu trop moderne à son goût. Je ne m’étendrai pas sur la période négoce qui le vit revendre aux puces des livres sortis tout droit de la MJC. Il faut dire qu’il avait des dispositions pour l’escroquerie, puisque tout petit déjà il troquait ses jouets ordinaires contre des engins télécommandés, ou bien vendait depuis la fenêtre de sa chambre, située au rez-de-chaussée, des glaces et des sorbets du frigo familial, aux gamins qui allaient à la piscine voisine.
Le matin, on le sait, l’artiste est fragile; et tout rendezvous matinal était voué à l’oubli. Il me souvient de ces plans foireux qu’il inventait pour s’excuser auprès de Heureusement tout cela ne dura qu’un temps. La crédibilité la responsable de la MJC d’Ancely de n’être pas venu remonta de plusieurs crans et le trublion laissa place une fois de plus au rendez-vous qu’elle lui avait fixé, à l’artiste accompli. Partout dans le monde, il exerce et qui l’obligeaient de se renouveler son art et fait des constamment au niveau de l’excuse. S’IL MIT À PROFIT SES JEUNES émules comme en Des excuses, il en avait sans doute ANNÉES POUR TROUVER UN NOM, UN Inde ou après avoir quand il a séché le bahut un mois STYLE ET CONNAÎTRE LES SOURCES peint une maison qu’il durant, en allant finir sa nuit et croyait abandonnée, se cacher toute la journée dans les DU GRAFFITI EN NOUS ANNONÇANT UN il laissa les restes chiottes de la bibliothèque municipale. MATIN QU’IL ALLAIT PARTIR AUX USA de peintures à de Ne parlons pas de ses délires nocturnes AFIN D’Y RENCONTRER LES PIONNIERS jeunes locaux qui se qui l’amenaient, lui et ses copains, à firent gauler par les squatter la piscine de Blagnac jusqu’au DE CET ART, IL EUT TÔT FAIT DE SE proprios alors qu’ils petit matin, à offrir à sa dulcinée des TARGUER D’UNE CRÉDIBILITÉ ZÉRO, prolongeaient l’œuvre moments de bronzage et de bain à VIS-À -VIS DE TOUT CE QUI N’ÉTAIT du maître. bulles dans le cabinet d’un kiné à qui En sillonnant le monde PAS DE L’ART. il avait subtilisé la clef. Passons sous il rencontre des filles silence l’emprunt régulier de ma grosse moto pour aller splendides qu’il peint et photographie. Il laisse opérer son faire une petite balade au clair de lune avec les potes. charme naturel pour les convaincre de poser pour lui, bien C’est sans doute en venant remettre à sa place l’objet du qu’une fois il dût faire preuve d’humilité en se résignant délit qu’il fit ses premières fresques qui ornent encore les à photographier Mimi, un travelo local, qui était le seul murs des garages en sous-sol de la cité. humain photographiable dans une Vientiane déserte par une nuit sans lune. Nous eûmes droit à la période gitane, pendant laquelle il partit à la Mecque de l’échangisme, le Cap d’Agde, Voilà un rapide tour d’horizon de quelques grands moments passer quelques jours à faire la manche en skate, qui ont contribué à faire de Tilt ce qu’il est aujourd’hui, squatter des bâtiments désaffectés, dormir dans des un garçon charmant et un artiste accompli. grottes ou des buissons selon que le temps était pluvieux ou ensoleillé. Mais le plus hallucinant fut le séjour qu’il
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New York New York 4, 2O11, technique mixte, 120 x 120 cm
New York New York 4, 2O11, technique mixte, 120 x 120 cm
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Love from behind, 2O11, technique mixte, 162 x 114 cm
Screaming hand 2, 2O11, technique mixte, 130 x 97 cm
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ART
DOG SHAKE
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Les faces cachĂŠes de nos monstrueux amis les chiens
Text: Tatiana Tissot Photographer: Carli Davidson Layout: Fabienne Crot
DES BABINES QUI SE SOULÈVENT ET SE DÉFORMENT EN UN MOUVEMENT IMPROBABLE, PROJETANT UN JET DE BAVE FIGÉ DANS L’ESPACE PAR L’APPAREIL PHOTO DE CARLI DAVIDSON, TELLE EST SA VISION DE L’ART CANIN.
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Les critères de sélection pour un shooting réussi sont des plis, des plis, des plis, des babines généreuses, l’œil bovin et un rien de speck pour le mouvement. Au travers de cette série de clichés de la photographe américaine, l’on voyage par tous les états d’âmes, allant de la vision d’une pupille disparaissant derrière des bourrelets de peau mouvants, à une gueule se tordant en d’impossibles rictus. Quel est le message? que le Bon Dieu avait abusé de la picole quand il a créé ces canidés, ou alors qu’il avait trop de peau en stock… Les maîtres apprécient, confie Carli : «ils découvrent leur animal sous un nouveau jour». Donc non, photoshop il n’y a pas eu besoin. Juste de l’eau. La séance ne dure pas plus de 15 à 30 minutes. «Je ne force jamais un chien, même si cela doit se solder par un fiasco.» La dame est une amie des bêtes: pour preuve, elle travaille dans un zoo. Par contre arrêter l’image, la figer dans le temps, dans la bave et surtout l’expression est un vrai exercice photographique. Explication: « J’utilise des flash spéciaux, qui ont une durée d’éclairage très courte. Ce qui fige l’image, ce n’est pas seulement la vitesse d’obturation, mais également ces lumières, » explique-t-elle. Pour capturer les mimiques des chiens en plein mouvement, il fallait le regard hyper-rapide de son reflex accentué par cette technique. Le prochain à révéler sa face mouvante sera son propre chien: «il s’appelle Norbert, c’est un Dogue de Bordeaux.» Un spécimen dont les m2 de plis ont un vrai potentiel. http://carlidavidson.photoshelter.com/
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SOCIOCULTE
Text: Tatiana Tissot Photographer: Jamel Shabazz Layout: Fabienne Crot
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NY_BERCEAU DU HIP HOP Ou quand la jeunesse afro de Brooklyn se sape et passe dans la cathégorie leader d’opinion.
From Back in the Days: Remix by Jamel Shabazz, published by powerHouse Books
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From Back in the Days: Remix by Jamel Shabazz, published by powerHouse Books
From Back in the Days: Remix by Jamel Shabazz, published by powerHouse Books
LES ANNÉES 80, À NEW-YORK, SONNENT LA NAISSANCE DU HIP-HOP ET L’AVÈNEMENT D’UNE NOUVELLE CONSCIENCE BLACK. TÉMOIN DE CETTE PÉRIODE, JAMEL SHABAZZ PHOTOGRAPHIE LES JEUNES DE SA COMMUNAUTÉ À LA POINTE DE LA MODE. Retour sur une époque: le Brooklyn des années 80. Jamel Shabazz y vit dans un quartier peuplé d’Afro-américains et d’immigrés des Caraïbes, East Flatbush. Le jeune homme se balade avec son appareil photo et tire le portrait de sa génération. Soigneusement sapés, les jeunes Blacks posent, enjoués. Chapeaux, bérets, casquettes, grosses lunettes sont des incontournables pour avoir la classe. Certains arborent les gros pendentifs dont ont hérité les stars du rap d’aujourd’hui et des bagues multiples. Tous raffolent de sneakers à trois rayures. «La mode venue d’Angleterre a influencé cette communauté, les British Walkers ont fait leur apparition, les chapeaux de la marque Kangol, les vestes… C’était un mélange qui me fascinait. J’ai voulu le documenter, parce que ce style était unique,» explique le photographe dans son livre Back in the days. BLACKOUT: NEW-YORK SOMBRE DANS LA FOLIE L’accessoire ultime pour être in: un énorme ghettoblaster, arboré par ceux qui ont pu s’en procurer… Car si le hip-hop old school se fait alors entendre dans les quartiers, c’est depuis le Blackout de 77. Cette panne d’électricité majeure survient dans un contexte de crise et interrompt totalement la vie newyorkaise. De nombreux magasins sont vandalisés, des émeutes font rage. «Des tonnes d’équipement stéréo et d’albums ont été confisqués. Suite à cela, on entend soudain de la musique partout dans les rues. Ces événements ont aussi terni la réputation de la ville,» rapporte Shabazz. Des commerces sont détruits, incendiés. Cela prendra des années pour qu’ils soient reconstruits. Particulièrement touché, «le sud du Bronx ressemblait à une zone en guerre,» se souvient-il.
From Back in the Days: Remix by Jamel Shabazz, published by powerHouse Books
Et Shabazz, ce 13 juillet 1977, que fait-il durant le black out ? Il fête sagement ses 17 ans à la maison plutôt que de prendre part à «l’anarchie et à la destruction» qui secouent la rue ce soir-là. Même si ça le démange de se frotter à cette folie. Il manquera aussi la suite des événements, car le jeune homme s’enrôle pour trois ans dans l’armée. Il les passera en Allemagne, avant de retrouver le nouveau visage de Brooklyn en 1980. «Des armes à feu avaient été introduites dans la communauté et les choses ont commencé à changer. Nombre de mes pairs ont été incarcérés, sont tombés dans la drogue et la violence.» Il estime salutaire pour lui d’avoir raté cette époque, car cela lui permet de devenir un homme dans un environnement de discipline.
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TROMBINOSCOPE HIP-HOP De retour à Brooklyn, il a la vingtaine et veut avant tout mettre en valeur la jeunesse, capturer son énergie avec sincérité. Il aborde ses modèles dans la rue, leur montre les séries d’images qu’il a déjà produites. Les ados se reconnaissent dans ces clichés. «Nous étions heureux de poser car nous savions que les jeunes de Brooklyn, du Queens, de Manhattan, du Bronx, de Long Island et des autres endroits ou Jamel se rendrait allaient nous voir dans son album photo. C’était comme de lancer un «peace» au reste de la nation nouvelle du hip-hop !» raconte Carlton Usher, en se remémorant qu’il était un ado bien sapé 25 ans auparavant. Il apparente les albums photo de Shabazz à une sorte de «Facebook» local d’hier. En observant les ados qui posent, les gens demandent souvent à Shabazz ce qu’ils fabriquaient dans les rues. Ils imaginent qu’ils y traînent toute la journée. Archifaux répond le photographe. «Les gens ne se rendent pas compte, mais la majorité de ces visages sont ceux d’étudiants se rendant au lycée.» Seuls, les sacs et manuels scolaires sont écartés du cadre. Les clichés ne représentent donc pas (systématiquement) des zonards.
En 1977, la série Roots, diffusée sur la chaîne ABC, retrace la saga d’une famille d’esclaves. C’est un exemple parmi d’autres de films sur l’exploitation des Afro-américains. Surviennent ensuite enfin d’autres façons de représenter la communauté Black. Jamel Shabazz cite entre autres les aventures de deux lycéens dans Cooley High. «Avant cela, nous, en tant qu’Afro-américains, n’avions jamais vu de films montrant les Noirs sous un jour positif,» relève-t-il. Par son travail photographique, Shabazz continue sur la lancée. Très attaché à sa communauté, il la met en lumière, montrant son énergie positive. Le livre sorti récemment chez PowerHouseBooks, Back in the days Remix, réunit une sélection de clichés des 80s et atteste de la tendresse de Shabazz envers les Afro-américains new-yorkais. Et s’il a été le témoin d’une époque dans sa jeunesse, le photographe continue aujourd’hui de promener son objectif afin de documenter encore et toujours la vie urbaine… www.jamelshabazz.com Feuilletage du livre « Back in the Days » http://vimeo.com/22859506
UNE IMAGE POSITIVE DE L’AFRO-AMÉRICAIN Plus que de documenter la naissance du hip-hop, Shabazz livre un témoignage sur une période charnière pour la communauté afro. Sa conscience sur elle-même, sa façon de se considérer est en train de changer. Certains objets culturels y contribuent d’ailleurs. From Back in the Days: Remix by Jamel Shabazz, published by powerHouse Books
From Back in the Days: Remix by Jamel Shabazz, published by powerHouse Books
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LE TATOUAGE, CARTE D’IDENTITÉ DES PRISONNIERS DE L’EX-UNION SOVIÉTIQUE
Biographie corporelle Text: Michèle Guignard Layout: Fabienne Crot
LES «SOCIÉTÉS FERMÉES» DES PRISONS ET GOULAGS DU RÉGIME STALINIEN ONT VU L’ÉMERGENCE DE CODES SECRETS DANS LES TATOUAGES DES DÉTENUS. CES DESSINS, POUR CELUI QUI SAIT LES DÉCHIFFRER, DONNENT ACCÈS À L’HISTOIRE DE VIE DE CELUI QUI LES PORTE EN MÊME TEMPS QU’ILS RÉGISSENT LA HIÉRARCHIE SOCIALE DES LIEUX DE DÉTENTION.
Les prisons de l’ex-Union Soviétique n’ont pas toujours été synonymes de tatouage. Les historiens placent son apparition au cours des années 1920. L’utilisation de signes symboliques dont il est question ici s’est développée pendant les années 45-50 pour atteindre son point culminant dans les années 80. C’est donc l’époque stalinienne de l’après Deuxième Guerre Mondiale qui a vu naître le phénomène des tatouages contenant des codes symboliques sur le corps des détenus. Pendant cette période, les détenus politiques – représentant toutes les
catégories sociales ; paysans, intellectuels, artistes, riches et pauvres - côtoyaient les criminels de droit commun – voleurs, assassins ou membres de la mafia - dans des prisons ou camps de travail. Pendant cette période caractérisée par un climat de suspicion généralisée et délation, les opposants au communisme et les mécontents de la politique de Staline étaient privés de liberté. La répression était à ce moment si forte et les conditions de vie si peu reluisantes que le taux de remplissage des infrastructures pénitentiaires avait atteint son paroxysme.
Les visages, les corps gravés des prisonniers de cette époque impressionnent, questionnent car leurs motifs représentent plus que de simples images figuratives. Les tatouages sont le reflet de celui qui les porte, comme une carte d’identité. Pour un œil initié, il est possible de comparer l’entier des tatouages d’un détenu à une biographie : ceux-ci permettent de savoir d’où vient le prisonnier, la raison de son incarcération, le nombre d’années de condamnation,… Ces informations étaient aussi un pilier de l’organisation interne de ces sociétés fermées: les tatouages permettaient d’établir une hiérarchie, un système de castes à l’intérieur des prisons.
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Cette symbolique est très complexe: en fonction de la disposition des signes et dessins, de leur couplage, ainsi que de leur emplacement sur le corps, ils prennent encore une autre signification que pris individuellement. Les séances de tatouage de cette époque n’étaient pas comparables à celles d’aujourd’hui. Le tatouage étant mal considéré par le pouvoir de jadis, sa réalisation était effectuée dans les endroits isolés et sombres des prisons, dans des conditions insalubres. Les tatoueurs, des artistes incarcérés, apprenaient le métier sur le tas et se faisaient payer en petites fournitures (cigarettes, sachet de thé…). L’encre était composée de résidu de charbon, de sang, d’urine et de tout autre matériel à disposition des détenus… Ces conditions spartiates ont causés une multitude d’infections et même des décès.
Un détenu dépourvu de tatouages n’avait pas d’identité, pas d’existence. Cependant, les tatouages devaient être mérités: selon la caste, le délit commis… Si un prisonnier usait à mauvais escient d’un symbole ou d’une image, celui-ci pouvait se voir scalper par les autres afin qu’il n’en porte plus trace. A Actuellement, ces œuvres, car elles sont considérées comme l’inverse, il n’était pas rare que des détenus se fassent ta- telles par le public comme par les autorités russes, sont touer de force. Les violeurs, homosexuels et tricheurs étaient un formidable outil de recherche ethnographique. Elles de cette façon reconnaissables, représentent toute une époque stigmatisés. DES YEUX TATOUÉS SOUS LA de l’histoire d’un pays gravée Des crucifix de petite taille tatoués sur les hommes qui l’ont vécue. sur les doigts, l’épaule ou la poitrine POITRINE OU AU BAS DU DOS D’UN Tour à tour un moyen indiquaient que son porteur était PRISONNIER REPRÉSENTAIENT de critique du régime, un voleur. Les crucifix plus grands de fantasme L’APPARTENANCE À LA CASTE DES d’expression, disposés sur le toit d’une église par et de mémoire pour ceux qui exemple représentaient le nombre ESCLAVES SEXUELS les ont portés, les tatouages d’années d’emprisonnement. Un témoignent d’une dimension tatouage représentant un crâne informait que son porteur personnelle et communautaire de l’incarcération. Les symboles était responsable d’un crime de sang. Des yeux tatoués sous utilisés dans les prisons de l’ex-Union Soviétique sont propres la poitrine ou au bas du dos d’un prisonnier représentaient à ce pays et à cette période, leur signification disparaîtra en l’appartenance à la caste des esclaves sexuels (la plus basse même temps que le régime communiste. de la société pénitentiaire). Les épaulettes et étoiles étaient l’apanage de la caste la plus haute, les criminels respectés. Les animaux sont aussi tatoués et ont leur propre signification. Pour en savoir plus… Ainsi le chat peut lui aussi indiquer que son porteur est un « Russian Criminal Tatoo »- Une encyclopédie en trois volumes voleur, le papillon qu’une femme se prostitue, une araignée basée sur les observations, croquis et dessins (plus de 3600) que son porteur est un toxicomane et un taureau que l’homme réalisés par Danzig Baldeav pendant plus de cinq décennies. est un proxénète. Ce fils d’ethnographe (déclaré ennemi du peuple et mis à mort) a grandi dans un orphelinat pour enfants de prisonniers Les tatouages peuvent aussi représenter une opposition à politiques avant d’être envoyé comme surveillant pénitentiaire l’autorité, telle la croix gammée qui ne signifie pas que son à Leningrad en 1948. porteur est un nazi, seulement un ennemi du régime. Sergueï Dès ce moment, Baldeav a recueilli dans de nombreux camps Vassiliev, un photographe russe, explique « Il existait des et prisons de toute l’Ex-Union Soviétique des informations sur tatouages satyriques par rapport aux dirigeants de l’ex-URSS… les tatouages des détenus et tenté d’en comprendre les codes. ». Ceux-ci n’étaient pas toujours tolérés par les autorités pénitentiaires. Des détenus se sont vu opérés, si nécessaire à maintes reprises, afin de leur enlever des tatouages anticommunistes.
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TATOO GALLERY
Layout: Fabienne Crot
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Ce modèle «Monsieur Croissant», je l’ai customé pour aller acheter le petit déjeuner le dimanche. J’en avais marre de prendre la voiture et de ne jamais trouver une nom de Dieu de place de parc.
DANNY SCHNEIDER CHOPPER REFERENCE MADE IN BERNE
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Ce modèle est une Harley Davidson WL de 1942. Toutes les parties de la moto sont faites à la main, excepté le cadre et le moteur. Cette moto a été la plus publiée à travers le monde en 2009. Il existe un film sur la fabrication de cette moto appelé « H9 le film ». Elle a également fini à la 3ème place du world championship of bike building 2010.
Text: anne-laure M. Layout: Fabienne Crot
Cette Triumph bleu avec le réservoir trophy est un modèle de 1958 utilisé pour les courses sur circuit aux Etats-Unis en 1960. Je l’ai achetée à un musée et refaite pratiquement à 100% comme l’original par respect pour la personne qui me l’avait vendue.
«Chopper : Les choppers sont nés dans les États-Unis d’après-guerre. De jeunes américains, avides desensations et de puissance, cherchaient des motos rapides. Or, les Harley-Davidson étaient certes rapides pour l’époque mais trop lourdes. Ils se mirent donc à «chopper», à enlever toutes les parties non- nécessaires au bon fonctionnement de la moto. Cela incluait le garde boue avant, l’arrière (découpé), le frein avant, les sacoches, les phares additionnels, les pare-brises, les grosses selles... Ainsi naquirent les bobbers. Les choppers avaient en plus la susdite longue fourche, un cadre rigide (pas de suspensions), un embrayage «suicide» (au pied) et un levier de vitesse à la main. Ils se sont depuis démarqués des autres catégories de motos pour devenir un style reconnu qui a ses propres adeptes et qui a permis à certains ateliers de faire fortune, comme l’atelier d’Orange County Choppers créé par Paul Teutul senior en 1999 dans l’État de New York, ou West Coast Choppers, créé par Jesse G. James à Long Beach, quartier de Los Angeles.»
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Il y avait, selon la presse spécialisée ricaine, un chouillat d’ennui dans cette ‘chopper scene’ : plus vraiment grand chose d’original, trop de bling bling et de superflu. C’est là que débarque un gars sorti de nulle part, affublé de baggy, the grosses sneakers, même pas ricain, et qui leur présente une Harley d’outre guerre personnalisée BMX (!!!). La scène et la presse sont perplexes. Comment un type venu d’un endroit aussi improbable que Berne peut-il débarquer comme ça, avec ses grosses sneakers, dans le milieu très cuir, très généreux du cheveux, très peu ouvert d’esprit qu’est celui des choppers, et leur mettre une raclée (il a remporté la 3ème place du world championship of bike building 2010) avec une Harley d’outre guerre affublée d’un guidon de BMX? Quand on sait que l’on ne rentre pas dans la ‘chopper scene’ en prenant un ticket à la consigne, mais que l’on se transmet le droit d’en faire partie de génération en génération, l’exercice de style (ou l’atteinte au patrimoine ricain, à votre convenance) de ce bernois de Danny Schneider est juste magnifique.
PRÉSENTATION DU PERSONNAGE Quelque part dans Berne se trouve un petit garage nommé Hardnine Choppers, une antre remplie de très vieilles pièces de moto. Personne n’y prête vraiment attention, ne sachant pas trop de quoi il s’agit, si ce n’est que ça à l’air d’un point de ralliement de vilains garçons trop tatoués pour le quartier. On évite, donc. Hardnine Choppers, en Suisse, ça ne nous parle pas. Tout comme le nom de son tenancier, qui sonne pourtant plus local: Danny Schneider. C’est donc dans l’anonymat le plus total que ce garçon a, des mois durant, reconstitué pièce par pièce et customisé de très vieilles bécanes pour en faire des bijoux de choppers qui ont raflé les meilleurs prix dans les plus importants choppers show de la planète. Danny Schneider est, au Japon et aux Etats-Unis d’Amérique, considéré comme celui qui a mis une déculottée à la ‘shopper scene’, un fou génial qui a eu les couilles de démocratiser (et sublimer par la même occasion) l’appellation custom. Comment devient-on Danny Schneider ? Pfffff…!! Je suis né comme ça. J’ai beaucoup fait souffrir mes parents, parce que j’étais hyper actif et ingérable. Ce n’est pas que je voulais jouer au rebelle, j’étais tout simplement pas gérable. C’était comme ça. Ils ont fini par me mettre dans un internat pour garçons en suisse romande. J’ai jamais voulu me laisser mettre dans un moule. Quand t’es gosse, c’est pas facile. Aujourd’hui c’est ma force, mais il m’a fallu 37 ans pour y arriver. Par ‘ne pas vouloir se laisser mettre dans un moule’ tu veux dire être libre? Oui absolument. Me permettre de faire ce que je veux, comme je le veux, et quand je le veux. Ça a son prix mais ça vaut la peine.
Et comment arrive t’on a se faire une telle Et comment y es-tu arrivé ? En faisant des erreurs. Je suis rentré dans le crédibilité et notoriété dans un tel milieu en milieu de la moto par le FMX. J’avais découvert si peu de temps ? ce nouveau sport au travers la vidéo Crusty. Il y Et bien peut-être parce que je ne le cherche avait deux gars qui en faisaient en Europe : Manu pas vraiment. Comment expliquer : customiser Troux et Cyril Porte. Je suis donc parti en France des vieilles bécanes c’est ma raison de vivre aujourd’hui. Quand pour m’entraîner avec DANNY SCHNEIDER EST, AU JAPON ET AUX je travaille sur un eux. Peu de temps D’AMÉRIQUE, CONSIDÉRÉ modèle, c’est jour et après, Mat Rebeaud ETATS-UNIS COMME CELUI QUI A MIS UNE DÉCULOTTÉE nuit. Je n’arrive pas à a débarqué et nous a tous botté les fesses. À LA ‘SHOPPER SCENE’, UN FOU GÉNIAL QUI dormir parce que j’ai Il était très pro et très A EU LES COUILLES DE DÉMOCRATISER toujours une nouvelle idée, je me relève et doué, moi trop trash. L’APPELLATION CUSTOM. je retourne travailler Un jour, lors d’un entraînement, ma moto a calé sur la rampe et dessus. Et c’est tout. Il se trouve que ça plaît ce fut l’accident. Dix-huit fractures à la cheville. et tant mieux. Sur les shows, il y a énormément Opération improbable en France, ré-opération de projecteurs, de paillettes et tout ce qui va en Suisse et depuis lors, je souffre d’infections avec. On te parle si tu es Monsieur quelqu’un, osseuses chroniques. Ce qui veut dire que quand je autrement tu peux toujours ramer. Moi je m’en me lève le matin, je marche comme le capitaine fous, je préfère discuter avec les spectateurs, Crochet mais surtout que ma carrière est foutue. les enfants surtout, qui sont bien plus spontanés Et là tu te dis « je fais quoi? Je ne peux pas et sincèrement passionnés par les motos. Et plus rester inactif, c’est la mort ». Tu te relèves je m’en fous, plus on s’intéresse à moi. Cette et tu avances. En FMX déjà, j’avais modifié ma pression que nous mettent les projecteurs, je moto et j’aimais bien ça. Plus tard j’ai vu le n’en veux pas. J’y retournerai avec un nouveau travail de Jesse James sur la moto de Deegan, modèle. Peut-être. Je ne sais pas quand. Pour le puis son émission sur Discovery Channel et ça moment je retrouve mes repères dans mon petit m’a inspiré. J’ai donc acheté une vieille Harley garage avec mes motos, mon entourage, et ma de 1942, quelques outils, loué un petit local et liberté. j’ai travaillé sur cette Harley au jour le jour. Je n’avais pas de concept de base : tout s’est fait au fur et à mesure, une idée en amenant une autre. Cette idée de l’interprétation BMX sur la Harley, je l’ai eue un jour quand je rangeais ma chambre et que je suis tombé sur une vieille photo de moi en BMX. Je ne regarde pas les magazines de chopper parce que je ne veux pas être influencé. C’est d’ailleurs un peu l’histoire de ma vie. Et c’est la réponse à ta question.
C’est ma nouvelle Triumph. Une S5 de 1940. C’est un modèle rare sorti d’un accident que j’ai refait en 3 mois. Je vais la présenter au show de Mike Lichter à Sturgis, puis au Artistry in Iron Ahow à Las Vegas. En décembre elle sera au show mondialement célèbre «Mooneyes Yokohama» au Japon. Sur cette moto, tout est fait à la main, en passant des gaz au réservoir, du garde feu au guidon, des tuyaux aux phares et beaucoup d’autres petites pièces.
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Text: Antony « yep » Colas Photographer: Nate Lawrence & Ted Grambeau Layout: Fabienne Crot
CE RIP CURL «SEARCH» DES ÉQUINOXES DE MARS 2011 VIENT DÉBOULONNER LES VISIONS DE MASCARET, EN AMENANT SUR LE TAPIS DES TUBES COMPLÈTEMENT DÉMENTIELS, À COMMENCER PAR LE PREMIER D’UN CERTAIN TOM «BARREL MASTER» CURREN, SUR UN «MUD SLAB» EN PLEINE RIVIÈRE, ET CE À 80 KM DE L’OCÉAN… ?! RÉCIT D’UN SURF TRIP QU’ON NE SERAIT JAMAIS ALLÉ CHERCHER AU FIN FOND DE LA JUNGLE DE SUMATRA.
Si le Pororoca est connu depuis des siècles (en 1500 déjà, l’explorateur Espagnol Francisco Pinzon tombait nez à nez avec le phénomène alors qu’il révélait l’Amazone à la face du monde), le Bono, quant à lui, est tombé dans les oubliettes pour d’obscures raisons. Aux dires du Lurah, le chef de village de Teluk Meranti, qui a pratiqué la pirogue sur l’onde pendant 37 ans, la légende du Bono se perd dans la nuit des temps. Il y a environ 350 ans, un homme avait capturé un poisson et rêva qu’il fallait le libérer dans la rivière Kampar. Refus de son épouse. Chaque jour, le poisson grossit et donna des coups de queue pour se débattre. Ce sont ses coups de queue qui donnèrent naissance au Bono. En 1936, les Blanda Orang (les Hollandais) qui avaient ouvert un comptoir à Teluk Meranti, mirent au défi les villageois de suivre le Bono avec leurs Perahus (Pirogues). Ils offrirent 5 roupies à celui qui oserait se lancer dans la Kampar. Ainsi naquit le Bekudo Bono, le rodéo du mascaret. Le mot Bono vient du Melayu, un dialecte local assez répandu à Bornéo. Ça signifie ‘vrai’, en référence au côté immuable du phénomène qui arrive à heure fixe.
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C’est en voyant une image minuscule de Bekudo Bono, il y a 2 ans, que ma curiosité fut titillée par le mascaret de la Kampar. Quelques milliers de clics sur Google Image plus tard m’amenèrent sur des visuels un peu plus démonstratifs que les gars d’une association pour la protection des tigres de Sumatra avaient mis en ligne sur FlickR en descendant la rivière. La quête était lancée! Trois mois plus tard, nous voilà parti pour Sumatra, avec la cavalerie (2 jetskis, 3 Zodiacs, 5 pilotes), les fantassins (5 surfers), les canons (l19 planches) et l’intendance (photographes et vidéastes). Le choix de l’équinoxe de printemps n’était pas anodin, la lune devait se rapprocher de la terre à une distance qui ne se répète que tous les 19 ans et à coups sûr, les coefficients de marées allaient être au max. Lundi 20 mars : Tom Curren est lancé en tow-in par Vincent Lartizien sur une droite, d’une taille raisonnable (2m) mais un peu fat, qui LE LIVRE DE L’HISTOIRE DES n’autorise que la figure reine sur BARRELS DE MASCARET DÉBUTE ce genre de vagues : le round- PAR UN DOUBLE-TUBE D’UN PIC QUI house cutback. Après quelques N’EST PAS SANS RAPPELER UN PIPE / déca-turns, Tom pompe sur une méga bosse rapla-molle et sa BACKDOOR, VERSION CHOCOLAT. lecture de vague fait la suite, la gauche se cabre d’un coup et Tom se glisse dans une caverne obscure, estimée lui-même à 6 pieds (3m ?) dont il ressort 2-3 secondes plus tard par la porte du haut ! C’est propre et sans bavure ! Il continuera ensuite sur une bonne dizaine de cut-backs bien appuyés. De l’autre côté du pic, sur la droite, Dean Brady, grand échalas (1,95m) australien, plante un bottom d’une longueur sans équivalent, avant de venir s’abriter dans une chambre noire, tout à fait inhospitalière, dont il ne pourra pas sortir, à cause de l’étrave provoquée par le bateau des photographes. Whaouh ! Alors que le seul tube de mascaret (Greg Long sur la Qiantang en Octobre 2008) portait à débattre, certains estimant qu’il était resté devant la lèvre, le livre de l’histoire des barrels de mascaret débute par un double-tube d’un pic qui n’est pas sans rappeler un Pipe / Backdoor, version chocolat. Pour en terminer sur le chapître des tubes, le lendemain, Bruno Santos (dont le palmarès inclut une victoire en CT à Teahupoo et deux Trials au Pipe) refait le même sur la gauche de face, dont il arrive à s’extraire d’une façon tout aussi miraculeuse qu’Ohney Anwar, le jeune prodige de Sumbawa, qui se glisse à l’aise sur la droite et en profite pour planter un air reverse sur la section qui ferme. 10 points !
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Il y eut bien sûr des dizaines de rides, des grosses manœuvres, les vagues de plusieurs minutes se succédant et provoquant la même réaction chez nous tous: «so much fun». La longueur, le glass, le côté mécanique d’une paroi sans fin et l’esprit d’équipe qui est la condition cinéquanone pour s’amuser dans des conditions de sécurité que l’on qualifiera de juste acceptables. En fait, le mascaret en lui-même ne représente pas un danger particulier, même si un wipe-out sur la berge peut réserver de très mauvais moments dans le jet de rive, entraînant le surfer dans un courant qui rappelle des torrents de montagne. Les machines ont beaucoup souffert, certaines n’ont pas survécu et ce malgré le sacrifice d’un poulet que fit Syarim, le mécano balinais, en aspergeant copieusement son sang sur les jets! L’un d’eux, après avoir désarçonné le pilote Michel, surfa seul pendant 5 minutes. Le lendemain il décida de ne plus se faire avoir, essaya de tenir sa machine folle pendant de longues minutes avant de s’en extraire, on se sait comment. Ce spot n’était pas commode LES MACHINES ONT BEAUCOUP du tout et imposait chaque jour SOUFFERT, CERTAINES N’ONT PAS plus de respect. Juste pour SURVÉCU ET CE MALGRÉ LE SACRIFICE l’anecdote, les jetskis avaient été acheminés par la route D’UN POULET QUE FIT SYARIM, LE sur un camion de chantier MÉCANO BALINAIS depuis...Bali, soit 7jours et 7 nuits de voyage. Les Zodiacs, des modèles un peu batards spécialement affrétés de Jakarta n’ont pas survécu au trip non plus, mais faillirent tous nous amocher méchamment avant de trépasser: Jon Frank (le cinéaste de Litmus), il bascula par l’avant, l’hélice lui passa à une distance relativement déraisonnable de la tête si l’on en croit le commentaire échevelé qu’il fit en sortant sa tête de l’eau, quelques longues 15 secondes plus tard : «Fuck, that was the scariest thing in my life.» Le zodiac de James Hendy, lui, se retourna après avoir calé à un bien mauvais endroit. Une fois récupéré les Pelican Case, nourrices et autres accessoires flottants, le retournement du Zodiac s’avéra calamiteux quand l’hélice du moteur lui tomba sur la tête. «One man down», cria quelqu’un. Résultat : une oreille lacérée, beaucoup de sang, et 5 points de suture par une jeune infirmière deux heures plus tard au village. La seule machine qui fonctionna vraiment, et c’est ce qui nous a sauvé, fut l’hélicoptère mis à disposition gracieusement par la RAPP pour nous aider à bien répertorier les différentes sections, mieux comprendre le phénomène et produire des images. Les plus impressionnantes furent celles des éteules, ces vagues qui résultent du croisement de deux trains d’ondes, qui forment un maillage géométriquement parfait, un phénomène dans le phénomène, aussi rare et exceptionnel qu’une éruption volcanique ou une éclipse. Très très éprouvant que ce surf trip. On y a appris l’ampleur de la signification ‘Search’.
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Athlete: Sa Phep Tang Event: Red Bull Manny Mania World Amateur Final 2011
Location: New York, City
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Text: The crew Layout: Fabienne Crot
LA GRANDE POMME DICTE LES TENDANCES ET ON LES EXÉCUTE. C’EST ACQUIS . ET C’EST CARRÉMENT UNE BONNE NOUVELLE D’Y VOIR LA PLANCHE À ROULETTE FIGURER DANS LES ACCESSOIRES À LA MODE DU MOMENT. LES SKATEPARKS FLEURISSENT À TOUS LES COINS DE RUE, LES CURBS ET AUTRES MODULES URBAINS ONT RETROUVÉ UN USAGE LUDIQUE… NEW YORK SENT BON LA DECK. IL ÉTAIT TEMPS.
«Au début des années 1980, dans tous les esprits, le skateboard était toujours lié à la Californie, le soleil, la plage et aux beaux mecs musclés aux longs cheveux blonds décolorés», explique Steve Rodriguez, fondateur de la marque 5boro. En comparaison, à cette même époque, les amateurs new-yorkais ne se retrouvaient que sur deux spots: Brooklyn Banks, situé juste sous le pont de Brooklyn, et Washington Square Park, avec ses marches en béton idéales pour la pratique du skate. Même chose pour le matos : à cette période-là, il n’y avait aucun skateshop dans la mégapole. « Pour trouver des decks, axes et roues, il fallait se rendre dans les magasins spécialisés de vélos », se souvient Dave « Crazee » Ortiz. Et il a fallu attendre 1986 pour que la première marque de skate 100% new-yorkaise voie le jour: Shut. Rodney Smith and Bruno Musso, les fondateurs de Shut, en avaient marre que les skates fabriqués pour les besoins des californiens ne tiennent pas le choc sur le bitume de la Grande Pomme. Peu à peu, les skateurs ont colonisé la ville. «Quand ils se déplaçaient d’un lieu à l’autre, ils ont commencé à repérer des spots intéressants et les ont skatés, explique Steve Rodriguez. D’abord à Midtown, puis dans tout Manhattan. Et enfin, les cinq Boroughs se sont soumis à la loi du skateboard. « A la fin des années 80, c’est un sport populaire, pour la première fois», selon l’ex-skateur pro. Une époque dorée dont se souvient également Ortiz. « Le phénomène du skate était devenu mondial. Chaque endroit en avait sa propre interprétation, mais ce n’était plus devenu un conflit idiot entre la côte ouest et la côte est, mais plutôt une manière de chacun d’affirmer qu’il voulait être libre et ne pas s’assujettir à l’ordre établi. » Mais voilà qu’au début des années 1990, le sport tombe totalement dans l’oubli. Avec le processus de gentrification du centre-ville, les skateurs se sont fait bannir des rues. Ils ont rangé leur deck dans les placards, pour ne plus jamais les ressortir.
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Les attentats terroristes du 11 septembre 2001, qui ont provoqué la fermeture quasi totale du centre-ville pendant de longs mois, n’ont pas aidé à la réhabilitation de ce sport auprès du public. Les New-Yorkais, touchés et choqués, n’avaient pas le cœur à skater. Rodriguez estime que le skate est revenu en force il y a environ quatre ans. Et depuis, le nombre de pratiquants de ce sport explose. Les skateurs sont partout, les skateshops ouvrent dans tous les coins de la ville. Même la ville s’est investie dans cette pratique, puisqu’elle a fait construire pas moins de treize skateparks. Selon Rodriguez, cette passion qu’éprouvent les New-Yorkais envers le skate est logique : «La façon dont la ville est construite, avec son quadrillage de rues, est complètement en harmonie avec la pratique.» Un avis que partage Crazee Dave. «La ville entière est un énorme terrain de jeux. Sur cinq pâtés de maison, j’arrive à trouver 50 modules que je peux skater. C’est ça, New York !»
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Athlete: Sa Phep Tang Event: Red Bull Manny Mania World Amateur Final 2011
Location: New York, City
Steve_rodriguez
MANI MANIA Avec cette explosion du skate, de nouveaux acteurs sont entrés dans la scène. Une chose réjouissante, selon Rodriguez, puisqu’elle «normalise» ce sport. Le RedBull Manny Mania, qui réunit chaque année les meilleurs amateurs et pros du monde entier, symbolise parfaitement ce renouveau. En août dernier, un jeune lausannois de 23 ans a eu la chance d’être sélectionné pour cette compétition à nulle autre pareille. Sa Phep Tang pratique le skate depuis une dizaine d’années. C’est en jouant au jeu Tony Hawk avec ses cousins qu’il a attrapé le virus. Il s’est dit que ces figures qu’il pouvait effectuer avec sa manette, il pouvait très bien essayer de les reproduire dans la réalité. Et depuis, c’est tous les jours qu’il emmène son skate sur son home spot, à Ouchy. Son voyage à New York était une grande première. Il a été surpris par la quantité de skateurs dans la ville. « Il y a plein de jeunes, c’est cool », explique le jeune apprenti employé de commerce. Ce dernier a aussi pu découvrir de ses propres yeux les lieux mythiques où ont été tournées les vidéos qui circulent sur le net. «Il suffisait de tourner la tête pour voir un spot connu, c’était la folie !» Selon les experts, Sa Phep Tang est un skateur hyper stylé, avec un large éventail de figures. Pourtant, malgré son talent, le Lausannois ne s’est pas qualifié pour les finales. Pas grave. Ce n’est pas pour gagner qu’il était venu, mais plutôt pour l’expérience. La pression des contests, ce n’est pas vraiment pour lui.
Athlete: Sa Phep Tang Event: Red Bull Manny Mania World Amateur Final 2011
Location: New York, City
Crazee Dave
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Athlete: Alexandre Vieira, Luis Guillermo Vascones Lizarzaburu, and Gavin Adams (left to right) Photocredit: (c) mirjageh.com Event: Red Bull Manny Mania World Amateur Final 2011
Location: New York, City
davequalitymeat
daveswearhouse
shut
SPOTS DE SHOPPING Shut. La première marque de skateboard new-yorkaise, lancée en 1986 par Rodney Smith et Bruno Musso. Ces derniers estimaient que les decks de l’époque n’étaient pas assez résistants pour survivre à la pratique dans la ville. La boutique, ouverte depuis, ne désemplit pas. (158
Orchard Street, www.shutnyc.com)
KCDC. Les deux caractéristiques de ce lieu réputé de Brooklyn: il appartient à une femme, l’énergique Amy Gunther, et possède sa propre rampe de skateboard. L’occasion de tester ses achats sur place. (90 North 11th Street, Williamsburg, kcdcskateshop.com) Dave’s Quality Meat. En 2003, l’emblématique Dave Ortiz se lance un défi. Ouvrir un shop pointu dans un lieu atypique. «Je trouvais intéressant de mélanger deux notions antinomiques : une ancienne boucherie et un magasin de vêtements.». Rapidement, le lieu s’est imposé comme une référence pour tous les amateurs d’articles exclusifs. Et l’est restée, malgré le départ du fondateur l’an dernier. (7 East 3rd Street, www.dqmnewyork.com) Dave’s Wear House. « Des bons produits à un bon prix », voici le slogan de cette boutique flambant neuve à Chinatown. Derrière ce concept, on retrouve à nouveau Dave Ortiz. Ce dernier s’insurge contre la flambée des prix dans le milieu. «Les vêtements de skateboard sont devenus des objets de luxe et je n’approuve pas cela. Les jeunes qui pratiquent ce sport ont peu de moyen et ont besoin de vêtements solides à des prix corrects.» Du coup, chez lui, pas de Tshirts ou de baskets à la mode qui se déchirent à la moindre chute. (123 Baxter Street) SPOTS TOUT COURT New York ne compterait pas moins d’un million de skaters. Pour accueillir tout ce petit monde, la ville met à disposition 13 skateparks accessibles à tous. . (Liste complète : newyorkcityskateparks.com). C’est pourquoi, pour beaucoup, la Grande Pomme est la Mecque du skate. Pier 62. Situé sur les bords de la rivière Hudson, ce magnifique parc de 1400 m2 a été inauguré en mai 2010. En plus des traditionnels éléments urbains (bancs, marches, rails, etc), le lieu accueille aussi un énorme bowl, dessiné par des spécialistes californiens. Brooklyn Banks. «C’est le meilleur skatepark au monde, parce qu’au départ, ce n’était pas censé être un skatepark », a déclaré Mike Vallely, pro de la discipline. Une impression qui est partagée par de nombreux adeptes de ce sport. Cette place en pente située juste en dessous du pont de Brooklyn, côté Manhattan, fait figure de lieu de naissance du skateboard. Menacé de fermeture à plusieurs reprises et sauvé de justesse à chaque fois, le lieu est actuellement inaccessible jusqu’en 2014 pour des travaux de réparation. Les amateurs espèrent que les lieux garderont leur âme malgré la fermeture. Coleman Park. Encore un park situé sous un pont. Celui de Manhattan, cette fois-ci. L’endroit accueille aussi des événements mondiaux de la discipline plusieurs fois dans l’année. Rues de Manhattan. Persona non grata de jour dans la ville, les amateurs de planche à roulette investissent les routes la nuit tombée. « Dans le quartier des finances, il n’y a absolument personne le soir. Si ce n’est moi, mon skateboard… et le type de la sécurité qui me poursuit », explique en riant Steve Rodriguez. Selon les experts, les New-Yorkais ont un style assez radical quand ils envahissent les rues. Ils jouent avec les feux de signalisation dans un ballet très codifié. Gare à celui qui ne s’y connaît pas !
FREERIDE ATTITUDE
Text: anne laure M. Layout: Fabienne Crot
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«Polobike : activité sportive apparentée au traditionnel polo à cheval, mais pratiquée sur un vélo, fixie de préférence…»
QUAND POLO RIME AVEC VÉLO… TERRAINS DE JEUX ATYPIQUES POUR UN SPORT ENCORE PEU CONNU. Jadis, il y a environ deux ans, un vélocipédiste de Bex
a proposé à un autre passionné de tester une nouvelle pratique cycliste: le polobike. Très vite, d’autres amateurs de bicyclette (de route, de descente, de balade,…) ont eu vent de cette nouvelle activité, l’ont testée et ont accroché. Les polobikers auto-didactes se sont montés des fixies (vélos à pignons fixes permettant de rouler en arrière) et se sont bricolés des maillets avec de vieux bâtons de ski et des bouts de tubes de drainage. Au commencement, les joueurs de cette équipe se retrouvaient dans divers lieux au potentiel plus qu’incertain d’accueillir une partie de polobike. Le premier espace testé par ce crew de curieux cyclistes a été la cour de l’école primaire de la ville. Terrain qui s’est vite révélé limité: il était parfois squatté par d’autres ou jonché de briques de verre (qui malmènent les pneumatiques). Dans le même temps, les jours de pluie, des parties de polobike ont été tentées dans des parkings souterrains. Malheureusement, le nombre de véhicules stationnés et l’intervention d’agents de sécurité ont empêché le déroulement des parties.
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Lassés de ces lieux incertains pour la pratique de leur nouveau sport, les vélocipédistes ont fini par dénicher LE spot de rêve : un ancien terrain de tennis dans un complexe thermal désaffecté à la lisière d’une forêt. Après quelques pérégrinations pour obtenir le nom de la propriétaire des lieux, l’autorisation d’investir l’espace a été obtenue. La charmante dame, d’un âge respectable et habitant à l’étranger, s’est montrée enthousiaste à l’idée de savoir son vieux court de tennis reconverti en terrain de polobike (sport qu’elle ne connaissait d’ailleurs pas du tout…). Une journée « chantier » a été organisée : le court a été nettoyé et entouré d’une palissade de palettes en bois. Le polobike avait enfin trouvé son terrain, avec comme décor demeure cossue en décrépitude avancée, piscine qu’ils auraient bien transformée en bowl mais des arbres ayant poussé à travers… Bref un cadre bourgeois poussiéreux et désafecté en parfaite adéquation avec la discipline. Après avoir profité quelques temps de leur nouveau terrain de jeu, quoi de plus normal pour quelquesuns de ces chablaisiens que de décider un jour de se rendre dans la capitale vaudoise pour un grand match au sommet ? Rien, si ce n’est une irrésistible envie pour ces six compères de changer d’air et de goûter à l’asphalte lausannois le temps d’un après-midi.
Avec, pour tout équipement, leurs vélos, leurs maillets et quelques balles oranges, ils ont débuté leur match en haut de la ville, au milieu de voitures arrêtées à un feu rouge. Vert. Départ. A priori, le parcours emprunté peut paraître un peu facile: une descente… mais dans une ville. La partie prend une tout autre dimension. Le mobilier urbain est à la fois un ami, et un ennemi : un trottoir peut s’avérer un allié lorsqu’il fait ricocher une balle, mais une voiture stationnée peut tout simplement stopper la partie. Il va sans dire que les escaliers, les bouches d’égout, les piétons et les engins motorisés en circulation ne facilitent pas la fluidité du jeu. Au terme de la partie, plus précisément le bowl de Vidy, aucun gagnant, plus personne ne se rappelant la composition de base des équipes! Restent en mémoire les scènes comiques, surprenantes ou énervantes d’une partie de polobike en pleine ville : les coups de klaxons impatients des conducteurs de voitures, le passage en plein deal de produits stupéfiants dans les escaliers de Chauderon, le regard incrédule des policiers, l’œil amusé des passants, le clebs qui s’est fait la malle avec la balle, ces nom de Dieu de trotinettes dans le bowl… Voilà. C’est confirmé. L’espace vital du polobike ne se limite pas à un terrain, à un code vestimentaire, encore moins à des rigidités réglementaires. Au contraire. Free polobike !
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F LE LUFF FETE 10 ANS DE CULTURE UNDERGROUND LUFF : quatre lettres qui depuis 10 ans reviennent chaque automne nous titiller les prunelles et mettre à mal notre ouïe. Que de sang et de décibels ont coulés sur l’esplanade de Montbenon à Lausanne depuis que le LUFF (il manque un «m» pour nous rappeler que c’est aussi un festival de musique) sévit dans la capitale vaudoise. Aujourd’hui bien implanté dans le paysage foisonnant des festivals suisses, le Lausanne Underground Film & Music Festival n’en a pas perdu pour autant sa vocation : dénicher des raretés, sortir des sentiers battus et proposer aux festivaliers ce qu’ils ne verront et n’entendront peut-être – sûrement - qu’une fois dans leur vie. Autrement dit, le festival s’est toujours attelé à projeter sur le devant de la scène des artistes qui n’ont pas voix au chapitre dans les circuits commerciaux. Peu ou pas de barrières, pas de censure, une liberté totale : au LUFF les films sont souvent interdits aux moins de 18 ans et dans les sous-sols de la Cinémathèque suisse, dans la bien nommée Salle des fêtes, les tampons auriculaires sont de rigueur.
La formule, qui propose un menu équilibré entre une brouette d’oeuvres barrées et d’autres plus pointues, a trouvé son public - presque 10’000 spectateurs l’an dernier – venu chercher son lot d’émotion. Pour son 10e anniversaire, le festival ne déroge pas à ses principes, si ce n’est que pour marquer cet anniversaire, le festival s’offre quelques jours de plaisir supplémentaires : tout d’abord à travers une collaboration avec Les Docks pour proposer, en amuse-bouche, la prêtresse gothique Diamanda Galás (sa 15 octobre), mais aussi en ouvrant officiellement ses portes le mardi déjà (au lieu du mercredi). Le co-directeur artistique et responsable de la programmation cinéma Julien Bodivit a prévu une soirée pleine de froufrous et de paillettes. Un show drag queen lancera en effet les hostilités, emmené par la maîtresse des messes de minuit de San Francisco Peaches Christ. Accompagnée de ses «copines», elle promet d’offrir un spectacle inédit, avant que son alter ego Joshua Granell ne présente son premier
long métrage, «All About Evil». Et pour ceux qui n’en n’auraient pas eu assez, sachez que le LUFF offre une carte blanche à Peaches Christ. Parmi les titres retenus figurent «Evil Dead 2», de Sam Raimi, ou «Phantom of the Paradise», de Brian de Palma, deux œuvres qui ont révélé avec brio et humour le talent de deux réalisateurs qu’on ne présente plus. Et puis la programmation cinéma ne s’arrête pas là évidemment. Craig Baldwin, Maria Beatty et Stephen Dwoskin figurent également parmi les réalisateurs à l’honneur. Sans oublier tout une série de courts et de longs métrages internationaux en compétition. Côté musique, le LUFF présentera comme chaque année un programme aussi divers que varié, avec de la noise (les maîtres japonais de Hairstylistics et Kuruucrew notamment), du krautrock (Nurse With Wound et Faust réunis sous l’appellation prometteuse de ART TERROR IST) et du dubstep (Broken Note) entre autres réjouissances.
Layout: Fabienne Crot
De nombreuses collaborations et parmi elles, l’une retient notre attention: Le vendredi 21 octobre, le LUFF présentera «Diversion I», un type de projet qui n’a encore jamais été porté à la programmation du festival. Le mot diversion, qui veut également dire déviation en anglais, signifie remise en scène, redistribution, distorsion. Cinq artistes, en l’occurrence Gudrun Gut, Pierre Audétat, Bacalao, Thiaz Itch et JOU se retrouveront sur scène. La matière première du spectacle sera le répertoire habituel de chacun d’eux, mais le tout sera repensé. Ou comment créer une performance nouvelle avec du matériel déjà existant. Plus concrètement, la distorsion scénique portera sur une redistribution spatiale et temporelle: on cassera d’une part la représentation public/ artiste, la séparation salle/scène et d’autre part la linéarité de la succession de concerts. Pensez à un DJ à qui l’on a remplacé les disques par des musiciens vivants sans qu’il s’en aperçoive. De plus, le projet sera interdisciplinaire - musique, danse et art vidéo - et rassemblera des artistes
de provenances très différentes, qui avant d’être contactés n’avaient jamais entendu parler les uns des autres. Pensez à un DJ tordu et inconstant. Seront donc réunis Gudrun Gut, une figure légendaire du Berlin underground des années 80 à aujourd’hui, impliquée dans le groupe dark wave/avantgarde Malaria!, ainsi que dans quantité d’autres projets plus récents ; JOU, danseuse et chorégraphe japonaise de danse contemporaine improvisée ; Pierre Audétat, auparavant actif dans des formations jazz et hip-hop et actuellement dans le duo de musique électronique improvisée Stade, qui nous présentera des collages improvisés d’échantillons audiovisuels; Bacalao, membre éminent de la communauté Micromusic, qui à cette occasion interprétera son répertoire particulier de remixes de morceaux de musique baroque ; et enfin Thiaz Itch, figure extravagante de la pop électronique underground française et fondateur du netlabel Proot Records. Ce projet est proposé et mis en œuvre par Serge Teuscher.
WWW.LUFF.CH
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F CMJ MUSIC MARATHON AND FILM FESTIVAL CMJ? Derrière ces trois lettres se cache le College Music Journal, média des campus universitaires américains qui organise chaque année à New York le CMJ Music Marathon and Film Festival, LA Mecque des découvertes! Le CMJ créé en 1979 ce sont 5 jours marathon de concerts non-stop, où la musique et les films envahissent véritablement le centre-ville de New York ! Avec plus de 80 clubs participants à l’opération et plus de 1’300 performances musicales, cet événement hallucinant (unique) est l’une des plateformes les plus importantes de découvertes musicales au monde. Plus de 120’000 personnes se pressent dans les nombreux clubs, théâtres et scènes installées pour l’occasion. Parmi le public de cet événement annuel très prisé, on retrouve des professionnels de l’industrie musicale, des musiciens, des bloggeurs, des journalistes, des réalisateurs de films mais également de simples fans de musique, friands de découvertes.
En journée, le CMJ propose également l’accès à des séminaires réservés aux professionnels de la musique, et en soirée des accès privilégiés à de nombreuses ‘afters’, avant-premières de films, événements spéciaux ou arènes exclusives comme «the Exhibitors’ Loft» ou le Lounge des Artistes. Cette année, le CMJ Festival se déroulera à nouveau sur le prestigieux campus de New York University au centre de Greenwich Village, à quelques pas des lieux de concerts du downtown Manhattan.
la richesse helvétique ne se limite pas aux clichés habituels du chocolat et des secrets bancaires…
A n’en pas douter, la magie du CMJ opérera à nouveau, puisque le festival arbore fièrement son rôle de précurseur, tel un chasseur de tendances du «nouveau son à découvrir absolument» et des stars de demain. Chaque année, le CMJ révèle les pépites musicales, souvent cachées, permettant à ces artistes de demain de se faire connaître ensuite au grand public. Une belle opportunité donc, pour les 5 groupes suisses sélectionnés, d’aller faire résonner leur talent en-dehors de nos frontières ! Histoire de prouver également que
Si ce festival est désormais tant renommé c’est qu’il a vu éclore de nombreuses stars alors inconnues: «CMJ attira des artistes tels que Green Day, Beastie Boys, Red Hot Chili Peppers, Lenny Kravitz ou Eminem bien avant que quiconque ne s’en préoccupe et les remarque.» New York Post
Le CMJ, c’est également le meeting annuel de plus de 500 radios universitaires opérant toute l’année comme vecteurs de découvertes musicales pour les étudiants américains et canadiens. De grandes marques profitent d’ailleurs de s’associer à l’événement, par le biais d’événements privés ou en déployant des campagnes marketing démesurées.
Text: Chloé Brunner Layout: Fabienne Crot
Au niveau cinématographique, le CMJ Film Festival - l’autre partie du marathon - endosse également son rôle de découvreur, en programmant des films souvent devenus par la suite des blockbusters : Pulp Fiction, American History X, Fight Club, Walk The Line, Borat…ne sont que quelques exemples. En résumé, le CMJ est la plateforme unique de réseautage où les programmateurs font leur shopping pour y dénicher de véritables perles musicales. «Le bastion des nouveautés» comme l’a écrit le New York Post voire «the place to be» pour les artistes comme pour les professionnels de l’industrie musicale, puisque «Le CMJ est l’endroit idéal où les artistes peuvent se présenter aux gens les plus cools du monde» selon Jennifer Jones du management BMG. Le webmagazine E !Online renchérit en précisant qu’ «Il est plus facile de demander qui n’a pas joué ici. A un moment où à un autre, presque chaque groupe célèbre des vingt dernières années a été découvert au CMJ.»
Cette édition, qui se tiendra du 18 au 22 octobre prochains, verra se produire 5 groupes suisses lors de showcases inédits au CMJ. Pour effectuer cette sélection, l’association SwissAmp a réuni les propositions de professionnels et connaisseurs de la scène musicale helvétique (Bad Bonn Kilbi, Gurten Festival, Les Docks Lausanne, Montreux Jazz Festival, Musikfestwochen Winterthur, MX3, Paléo Festival, etc.). Leurs choix déboucha sur une liste de 57 artistes à proposer au festival new-yorkais mais fut réduite, après de longues discussions, à une sélection de 15 noms. Les programmateurs du CMJ ont ensuite choisi 5 artistes, les «happy few» helvétiques qui seront à l’affiche de l’édition 2011. Petit bémol : l’intégralité des frais d’organisation est à ce jour à la charge des artistes, les institutions suisses n’apportant pour le moment aucun soutien financier, malgré le rôle évident de tremplin que joue ce festival pour la scène musicale suisse.
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F LES ARTISTES SUISSES PRESENTS AU CMJ 2011 OY Deux voyelles formant le nom de scène de cette jeune femme aux origines suisses et ghanéennes, de son véritable nom Joy Frempong, perle helvétique métissée. En véritable paquet surprise, Oy dévoile et étonne son public avec ses prestations musicales entre hip-hop, électro et improvisation de bruits expérimentaux, accompagnée par ses machines à sons. Une artiste avec son style «à part» et une musique atypique… bref une fille insolite à découvrir sans attendre. «Ça fait 2-3 ans qu’elle écume les scènes en Suisse avec succès, grâce à l’originalité de sa musique, ça sort de ce que l’on voit d’habitude. En plus, elle a déjà fait pas mal de festivals et a gagné le tremplin des Eurockéennes de Belfort en 2010, donc avec son vécu il nous semblait toutà-fait adapté de l’envoyer à New York.» Romain Gormis, programmateur scène Suisse à Paléo.
BUVETTE Derrière ce pseudo atypique se cache un jeune Veveysan, Cédric Streuli, adepte de l’électronique aux sonorités rétro sur lesquelles il pose sa voix légère : un électron libre qui fait son bout de chemin, dans la meilleure des directions…le succès! «Une belle proposition, cohérente par rapport au CMJ : On peut parier que Buvette a tout pour fonctionner à New York et plaire aux artys newyorkais. D’une part son projet est vraiment bien et de l’autre il assume clairement la direction qu’il a pris depuis un moment». Alexandre Edelmann, programmateur Montreux Jazz Festival. GRAND PIANORAMAX Le duo suisse composé du genevois Leo Tardin aux claviers et du zurichois Dominik Burkhalter à la batterie est accompagné des slammeurs newyorkais Black Cracker et Mike Ladd. Ces derniers répandent des mots tels des poètes modernes sur l’électro-clash des dandys helvétiques, pour
donner en live un résultat explosif et jubilatoire. «L’important c’est de donner des propositions d’artistes au CMJ qui peuvent intéresser les marchés américains et avoir un choix pertinent par rapport à cet objectif: Grand Pianoramax répondait clairement à cela, puisqu’avec son style et son expérience, il peut véritablement contrer les artistes américains.». Alexandre Edelmann, programmateur Montreux Jazz Festival. PIERRE OMER La guitare à la main, le compositeur Pierre Omer, ex-membre des Dead Brothers, roule désormais en solo distillant sa folk séduisante aux quatre coins de la Suisse. Alternant piano, accordéon, guitare et accompagné de sa voix rauque, Pierre Omer a la classe d’un crooner. Le genre de gars qui fait parler de lui loin à la ronde. «Pierre Omer est un musicien de talent qui tourne et voyage depuis longtemps, déjà à l’époque dans sa formation avec les Dead Brothers et désormais
en solo. Même s’il a déjà pas mal bougé, il mérite de se faire connaître encore plus loin! Etre sélectionné pour le CMJ c’est lui donner un petit coup de pouce lui permettant de se faire connaître ailleurs.» Laurence Vinclair, programmatrice des Docks. HATHORS Du rock helvétique, du vrai, qui n’a rien à envier à ses comparses britanniques ou américains puisque les trois petits gars de Winterthur font vrombir leurs guitares à la manière de durs à cuire tout en y associant des sonorités plus mélodiques. Du nom de l’ancienne déesse égyptienne Hathor, qui incarnait les festivités et l’amour, les Hathors frappent fort! «Woaw, les Hathors c’est une belle rencontre! Ces nouveaux venus sont déjà largement reconnus alors même qu’ils ne sortent que leur premier album! Leur style est tout-à-fait adapté pour la scène new-yorkaise, ça devrait même sacrément le faire là-bas, car on n’entend que du positif sur leurs concerts live!». Laurence Vinclair, programmatrice des Docks.
WWW.CMJ.COM/MARATHON
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Text: anne-laure M. Layout: Fabienne Crot
Manifestation à caractère festif - musique – soleil – bucolique – de quoi pécho – camping – vacance – stars – ceux qui voudraient l’être – groupies – les tommes poêlées de Josianne - rock – t-shirt mouillé – schlarpettes - spectacles – forte concentration de testostérone - alcoooooool – pass – érection du poil - encore perdu ma culotte – backstage – tactique d’approche - bottines Louboutin décomposées – stands bonbons beaucoup trop chers – culs cousus – électro - faire pipi tout nu dans les bois – boue –crêpage de chignon - bruit – le cheveux gras – métâââl – encore perdu mon mec – panta-court interdit - cueillette des champignons – boulets – râteaux – ivre cuit – gros cheveux et mous du genou – complexés de la chorégraphie – fouette du bec – encore plus bourré – t’as pas une feuille?-hystérique – vomitos – bredouille – encore perdu ma voiture…
MERCI.
C’EST FINI
Merci aux artistes, aux organisateurs, aux bénévoles, au public. Ce fut fort distrayant.
Ce qu’on a retenu.. EMOTION : Rodrigo y Gabriella c’est déjà du lourd pour les éponges à émotions que nous sommes, mais Rodrigo y Gabriella au Rock Oz, seuls sur cette grande scène toute nue, face à une arène pleine de gens pas préparés à s’en prendre plein les sentiments, c’était érection du poil et déhanchements même chez les plus inexpressifs. Avec juste deux guitares sèches, sans voix, et devant un public venu voir Ben Harper, c’était une nom de Dieu de performance. LIVE ACT : Iron Maiden _ Sonisphère _ Bâle. Scène monstrueuse, décors et animations démesurés, si on pense que l’on est à un festival en Suisse. Les projecteurs s’allument sur un vaisseau spatial qui se serait échoué sur une planète inconnue. Sur le background, un ciel étoilé d’où semble venir la voix de Bruce Dickinson. Elle n’a pas changé d’un
chouillat. Le sol tremble. Ça commence. Fort. 2 Minutes to Midnight. Les cheveux gras sont chauds bouillants. Ça s’agite de partout. L’émotion est palpable. On voit même des mentons tremblotter sur Fear of the Dark et à l’apparition d’Eddie, gigantissime, qui s’élève sur scène en bougeant et en vombrissant des yeux. Bref, on ne peut que rendre hommage au phénomène des Iron’s qui se sont, deux heures durant est sans pose masque à oxygène, amusés comme des gosses, ont couru partout, gesticulé, ri, sauté, fait des solos de malades, et nous ont montré qu’ils ne se lasseront jamais de la scène. Respect. DÉCOUVERTE: Systema Solar (Colombie). Au milieu de l’anarchie sonique du Paléo en pleine effervescence. Notre système auditif endolori a été attiré par un son difficile à ‘catégoriser’. On s’est fait mener par le bout de l’oreille jusqu’au Village du Monde et
là on a découvert Systema Solar. Ouahou. Ça nous a scotché le cul parterre. C’est du sound system itinérant colombien, nous dit-on. On s’en fout. C’est juste fou-génial. Différent. Festif. Décalé. Drôle. Espiègle. Et pas élitiste-conceptuel pour un sous. Tout ce qu’on aime est regroupé là, sur cette petite scène du Village du Monde. À l’origine du projet Juan Carlos Pellegrino, ingé son (qui a travaillé avec Daft Punk) et une vidéaste belge, Pata de perro, arrivée en Colombie voici dix ans, pour y tourner un documentaire sur le hip hop local. De leur rencontre et celles d’autres musiciens croisés au fil du tournage est né le collectif Systema Solar en 2006. Un système solaire qui compte depuis 6 à 7 planètes : Dani Boom (ça ne s’invente pas !), pionnier de la techno, celui qui a introduit les raves en Colombie. DJ Corpas et MC John Primera, figures reconnues du milieu hip hop. Andres Gutierrez, percussionniste. Et Indigo, fan de cumbia et de
bullerengue, qui apporte la touche « gran caribe » mais aussi un zeste de psychédélisme ! Inspiré de la tradition colombienne des Picos (sound system itinérants, mi cirque mi bal), le collectif distille un mix d’images, de sonorités, de rythmes et de bonnes vibrations unique en son genre naviguant entre batucada electro, dub et rock latino. A vous scotcher le cul parterre on vous dit. FALLAIT PAS LES INVITER : Scorpions, à qui l’on devrait retirer l’appellation rock pour l’avoir insulté. Des divas de bas étage qui ne veulent ni s’adresser la parole, ni partager une même limousine et qui font des caprices si enfantins que c’en est pathétique. L’aéroport de Zurich avait bien 5 limousines avec chauffeurs mais pas le modèle de Mercedes spécifique voulu par ces Messieurs. Il a donc fallu faire monter les 5 limousines désirées de Genève à Zurich, explosant le budget transport de Rock Oz jusqu’en 2020, et obligeant le chanteur Arno, qui se produisait juste avant les vilains Scorpions, à monter la colline sur laquelle trônent les arènes du festival à vélo. Non contents de leur prestation, ces Messieurs ont imposé à l’organisation de déplacer le toujours même Arno sur la scènounette réservée aux artistes locaux, parce que leur décor et matos étaient déjà installés sur la grande scène et que plus rien ne devait être bougé. Sans compter que scène et backstage furent interdits d’accès durant une bonne partie de la soirée, ingénieurs du son compris. On ne parle pas du choix de
l’hôtel changé à 12 reprises pour en revenir à celui réservé initialement. Elles veulent qu’on le leur serve comment le coup de boule, les divas? ACCUEIL : Chant du Gros. Ça pourrait être un festival comme les autres à ceci près qu’au mois de septembre à 1000 mètres d’altitude on se pèle le cul (c’est eux qui le disent), alors on a pris la p’tite laine, le lipstick anti-gersure et on a monté la colline. On confirme : ça pourrait être un festival comme les autres à ceci près qu’au Noirmont, ont a droit à l’accueil FrancMontagnard. Ils mettent des éRRRRRR partout, mettent des bourrades plutôt que de ‘faire la bise’, n’y connaissent rien en hypocrisie-jetsetteuse-de-la-nuit, ont un sens de la tactique d’approche assez brute de décoffrage mais quel bonheur !!! On a jamais autant sympathisé, rigolé et fait des crasses qu’à ce festival de Chant du Gros. Plus fort, on a même vu un personnage à forte consonance métâââl, connu et reconnu pour son impassibilité, son flegme facial, danser sur un très hypothétique son house arabe. Fort non? Ça c’est l’effet Franc-Montagnard. LA RHÉTORIQUE : Elle nous vient de ce grand poète de Frank Matter, Couleur 3 : «Quel est le plus gros challenge à Paléo? Faire un anulingus à une campeuse après 5 jours de festival.»
VINTAGE : Kool & The Gang. Difficile de trouver mieux. Au Caribana Festival, ils sont venus avec leur ‘Fresh’, leur ‘Lady’s night’ et leur’Get down on it’ hurlés en yaourt par les festivaliers en feu. Ils sont venus aussi et surtout avec leurs chorés qui n’ont pas bougé d’un chouillat depuis 40 ans (le déhanché avec claquement des mains et petit retour de nuque en syncro), leurs décos, les effets wah wah du synthé, les chemises en viscoses criardes avec les auréoles sous les bras.... Non, franchement, un très grand moment de joyeuseries funkiennes qui nous a tous transportés dans un autre temps. JOCKER : Greenfield
Text: Christian Hamm Layout: Fabienne Crot
ZIK
Merci les frangines ! 128
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PUTAIN TRENTE ANS ! TRENTE ANNÉES DÉJÀ QUE LA STRUCTURE ÉLABORÉE DANS LE CERVEAU TORTURÉ D’ANDREW ELDRITCH A VU LE JOUR. LA NUIT SERAIT PLUS APPROPRIÉE PARCE QUE L’UNIVERS DANS LEQUEL ANDREW SE BALLADE AVEC SES LUNETTES NOIRES A PLUS À VOIR AVEC LA NOIRCEUR ET LA FROIDEUR QU’AVEC LE COUCHÉ DU SOLEIL SUR MOLÉSON D’OÙ J’VOIS MA MAISON !
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Trente années à séduire des générations de corbeaux à longs manteaux aux oreilles bardées de croix et aux doigts parés de chauves-souris. Trente années à voir les étiquettes évoluer. Trente années à passer d’un bac spécialisé à un autre avec son maigre back catalogue. Trente années à voir des gothiques, des new wave, des nouveaux gothiques plutôt goth-toc qu’autre chose, des amateurs de rock ou de non rock passer dans leurs walkmans puis leurs mp3 les hymnes composés il y a plus d’un quart de siècle. Il faut bien l’avouer: les Sisters Of Mercy existent depuis trente ans et l’essentiel a été dit il y a plus de vingt-cinq ans. Les frangines sont mortes sur le plan créatif depuis mille neuf-cents quatrevingt-cinq ! Les singles mythiques précédant le génialissime premier opus et cette première plaque sont tout ce qu’il faut retenir de cette bande. Ils sont par ailleurs les seuls commis par la ‘bande’ puisqu’à partir de ce moment le groupe a évolué avec des électrons venant se mettre en orbite autour de son noyau central. Le cœur des Sisters c’est ce grand malade d’Andrew Eldritch et son thérapeute le Doktor Avalanche. Partageant avec ses fans tout de noir vêtus, cet amour des aspects conviviaux de l’existence, le britannique s’est inventé un ami imaginaire pour l’aider à composer ses titres : sa boîte à rythmes Boss DR 55 baptisée Doktor Avalanche. Le reste de la formation n’a cessé de changer ; on se croirait presque dans une grande banque helvétique ! Enfin, il fût un temps où Wayne Hussey et Craig Adams étaient de la partie et où c’était pas mal : c’était le temps des singles de toute grande classe et du magnifique premier album qui est sorti en un temps béni où The Cure, d’autres Anglais en vogue chez les corneilles, nous gratifiait d’une trilogie du même tonneau que les fameux premiers efforts des Sisters : ‘Seventeen Seconds’, ‘Faith’ et ‘Pornography’. Partageant avec la bande à Robert Smith - oh mon Dieu qu’il a vieilli – ses fans indéfectibles en mal de vivre, les Sisters n’eurent pas la même production. A part une flopée de singles extraordinaires sortis avant une plaque à tomber à la renverse, le groupe anglais n’a commis que deux efforts dont n’importe quel mortel peut se dispenser sans problème.
Ces premières productions parfaites des frangines furent concoctées pour la plupart d’entre elles avec le binôme Hussey et Adams qui s’en alla voir ailleurs après la sortie d’un premier long format à couper le souffle intitulé ‘First and Last and Always’. Je signale que cet album est une tuerie et que vingt-cinq ans après sa sortie il n’a pas pris une ride ce qui n’est pas le cas de Robert Smith. Je signale par ailleurs que les maxis et single qui l’ont précédés sont du même acabit et que toute discothèque qui se respecte devrait contenir au minimum le premier effort de Sisters Of Mercy qui est à se taper le cul par terre et les productions qui l’ont devancé que les marauds d’une major ont alignés sur une compilation qui permet d’épargner les vieux vinyles. Je signale aussi que le duo ayant quitté le navire a lancé The Mission qui est un groupe ayant réalisé des titres sensationnels et aussi des étrons insipides bien dans le vent de l’époque à une époque où le style ‘gothique’ surfait sur la vague. Je serais un infâme gougnafier si je ne vous signalais pas aussi que les sœurs ont opté à une époque à des années lumières du numérique pour la voie de l’autoproduction. Les perles et autres compositions plus que passables des Sisters Of Mercy sont sorties sur leur propre structure : Merciful Release. L’aide d’une grosse entité active dans les affaires musicales n’intervint qu’en bout de chaine puisque le groupe d’Andrew garda la main sur le contenu artistique que ce soit pour les bijoux du début ou pour les deux machins qui suivirent. Ornés de la fameuse tête stylisée au fil de fer trônant dans une étoile, les masterpieces et autres trucs qu’elles ont concoctés poussèrent des êtres dépités par l’existence à considérer ce logo comme un emblème. Si elle ne s’est pas montrée très productive au rayon nouveauté, la structure d’Andrew et de ses emblématiques lunettes a continué à donner régulièrement des concerts en dispensant à un public envoûté par le côté obscure ses bijoux musicaux et autres choses sonores. A l’image du soudeur, que me rappellent ses lunettes, Mister Eldritch solidarise des générations de bipèdes glauques qui retrouvent leurs comptes avec les terribles accomplissements originels et des compos dispensables. Ami borderline de la catatonie, de la dépression et de la névrose vient fêter les trente années sombres de Sisters Of Mercy.
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