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N° 19 Novembre 2016
ERRATUM Dans le numéro d'octobre 2016, une regrettable erreur s’est glissée dans la légende de la photo illustrant l’article situé dans les pages 38/39. Il fallait y lire : « ...En compagnie de SAR Moulay Rachid, Sa Majesté le Roi Mohamed VI, serrant la main à François Hollande lors de la COP21 à Paris » et non «Moulay Hicham». Industrie du Maroc présente ses plus humbles excuses à Son Altesse Royale Moulay Rachid ainsi qu’à toute la Famille Royale.
INNOVATION ETAT DES LIEUX CHIFFRES DE L’OMPIC 14-15 Interview avec Adil El Maliki, DG de l’OMPIC 16-17 L’innovation, une culture d’abord ! 18-19 Le modèle universitaire est à repenser 20 Focus sur quelques établissements supérieurs qui innovent 22-23 Interview avec Eric Seulliet, President de la Fabrique du Futur 24 MAScIR, un cas d’école ! 26 TEXTILE Trois écosystèmes textile voient le jour 28-30 Interview : Karim Tazi, Président de l’AMITH 32-33 Interview : Mohamed Lahlou, président du directoire de l'ESITH 34-35 FERROVIAIRE Bombardier Transport compte développer l’écosystème ferroviaire marocain 36 Interview avec Taoufiq Boussaid, Président de Bombardier Transport Maroc 38 PERSONNALITÉ INDUSTRIELLE Interview:avec Mohammed AZMI, PDG d’Univers Acier Maroc 40-41 BTP Saint Gobain Weber Un pied au Maroc et les yeux vers l’Avenir
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42-43 Tolba Verre: Vers des constructions intelligentes 44 Interview avec Thomas Derichebourg, PDG de Derichebourg Environnement 46-47 LOGISTIQUE Logistique digitale : a-SIS MEA choisit la proximité pour mieux accompagner ses clients marocains 48-50 EVENEMENT Elec-Expo dresse son bilan 52 CONJONCTURE Le HCP dresse son bilan sur la consommation et dépenses des ménages 54-55 COP 22 L’Afrique affronte seule la question de l’adaptation 58 Interview avec Josué Tanaka, BERD 60 Financement vert: Place au Green Banking 62-63 Interview exclusive : Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank AlMaghrib se livre à IDM à propos du financement vert 64-65 La Logistique au service du développement durable 66-67 COSUMAR une entreprise RSE 68 Interview : Philippe Simonis, coordinateur du Secteur Energie à GIZ Maroc 70-71 Energies renouvelables : Comment l’industrie locale fait sa place ACTUS COP22 74
USINE 4.0 Usine 4.0 : La révolution smart est en marche 78 Interview avec Vincent Champain, directeur général de GE Digital foundry EuropeMaroc 80-82 Les huit recommandations du plan allemand 84-86 Interview avec Rémy JEANNIN, président de la Division Savoye; groupe Legris Industries 88 Le Cloud Computing une révolution sourde est en marche 90 Interview avec Ahmed Belahsen, DG de Maroc Cloud 91 L’impression 3D : du prototype à la customisation 92 Interview : avec Pierre Prigent, Directeur de Thales au Maroc 93 La bataille des standards entamée 94 Interview avec Raymond Shan, Principal Consultant (Smart Manufacturing and Materials) of Hong Kong Productivity Council 96-97 Le smart se met en place, le Maroc sera-t-il à la ramasse ? 98-99 Interview : M. Eddy Nellis, Vice President bij Siemens Digital Factory, Process Industries & Drives 100-101 Demain, on le planifie aujourd'hui 102 Automobile De la Somaca aux écosystèmes 104 Interview avec Tajeddine Bennis, Président de la Branche Industrie de l’AMICA 106-107 Interview avec Adil BENNANI, Country General Manager, Toyota
108 ELECTRICITE Interview : Karim BENNIS, ADMINISTRATEUR DIRECTEUR GENERAL DE NEXANS MAROC 110-111 R&D Innovation : Un concept nouveau pour améliorer les performances des planchers 112-114
Le DG de l’OMPIC actif à l’OMPI Cosumar construit la raffinerie Durrah Sugar Refinery à Yanbu
Adil EL MALIKI, directeur général de l'OMPIC, a présidé le comité permanent du droit des marques, des dessins et modèles industriels et des indications géographiques (SC T), qui a tenu sa 36 e session du 17 au 19 octobre 2016 au siège de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intel lectuelle (OMPI) à Genève. Cette session du SC T a permis d’approfondir les échanges autour du projet de traité sur le droit des dessins et modèles industriels ainsi que son règlement d’exécution. Ce nouvel instrument interna tional vise en effet à simplifier et harmoniser plusieurs règles et pratiques en matière d’enregistrement des des sins et modèles industriels au niveau des pays membres. Les discussions ont également porté sur les aspects techniques et mécanismes nationaux de protection des dessins et modèles d’interfaces utilisateurs graphiques, d’icônes et de polices/fontes de caractères. A la suite de l’annonce du Groupe Cosumar du co-inves tissement dans la raffinerie de sucre Durrah Sugar Refinery en Arabie Saoudite, la cérémonie de pose de la première pierre du projet a eu lieu Mercredi 12 octobre 2016 dans la ville de Yanbu située au nord-ouest du pays. Cette étape marque le début de la construction de la raffine rie dont la mise en exploitation est prévue au cours du deuxième trimestre 2019. Dotée d’une capacité annuelle nominale de 840 000 tonnes, la nouvelle raffinerie vise à la fois l’approvisionnement du marché local et l’expor tation dans la région MENA. La participation de Cosumar en tant que partenaire industriel de référence de ce pro jet s’élève à 43.275% dans le capital de la raffinerie.
Les Prix de la Qualité et de la Sécurité au Travail le 15 de ce mois
Le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investisse ment et de l’Economie Numérique organise la 19e édition du Prix National de la Qualité et la 13e édition du Prix Natio nal de la Sécurité au Travail, sous le thème «La qualité support de la compétitivité et de la pérennité de l’entreprise». Cette compétition a pour objectif de primer les entreprises qui se démarquent par des démarches qualité ou de sécu rité exemplaires, et d’encourager les entreprises à atteindre les niveaux d’excellence, à partager les bonnes pratiques et à enraciner davantage la culture qualité et sécurité au travail à tous les niveaux. Les prix offrent également aux entreprises candidates l’occasion de s’engager dans une évaluation de leur performance en matière de qualité et de sécurité au travail et d’identifier les axes de progrès en s’appuyant sur les référentiels de ces prix. Les entreprises primées bénéficieront de retombées posi tives en termes d’image auprès de l’ensemble de leur écosystème. Le Prix National de la Qualité et le Prix National de la Sécurité au Travail sont ouverts aux PMI, aux PME, aux grandes entreprises industrielles et aux grands organismes de service. Dernier délai pour le dépôt des candidatures : 15 novembre 2016.
Cooper Pharma construit la première usine pharmaceutique du Rwanda.
Le 19 Octobre dernier, dans le cadre de la tournée Royale en Afrique de l’Est, les laboratoires Cooper Pharma et le RDB (Rwanda Development Board) ont signé un mémo randum d’entente en vue de la construction sur le territoire rwandais d’une première usine pharmaceutique opérationnelle début 2019. Ce mémorandum est le deu xième du genre pour Cooper Pharma, après celui signé à Abidjan. Premier laboratoire marocain en Afrique de l’Ouest, Cooper Pharma renforce ainsi son dispositif in dustriel sur le continent. Opérationnelle en 2019, l’usine qui sera bâtie sur un terrain de 10 000² fabriquera des antibiotiques bêta-lactamines afin d’améliorer l’accès des populations à des médicaments de qualité à des prix accessibles.
SC AMA vient de faire débarquer la nouvelle gamme de Ford Trucks au Maroc. C’est l’information essentielle retenue lors de la conférence de presse organisée le 13 octobre 2016 par SC AMA, distributeur exclusif de Ford Trucks au Maroc et filiale du Groupe Auto Hall, soutenue par le bureau de représentation de Ford Trucks au Maroc. Ces rencontres, organisées par SC AMA et l’équipe Ford Trucks au Maroc en présence de la presse, de grands acteurs professionnels des domaines de la construction, du BTP, du transport et de la logistique ainsi que des aménageurs et carrosseries, furent
Le Maroc présent à Quito pour la Conférence Habitat III
ONU-Habitat a organisé du 17 au 20 octobre 2016 à Qui to la conférence Habitat III, sous le thème « Le développement urbain durable : l’avenir de l’urbanisation ? ». Le Maroc a été représenté par une importante délégation présidée par Madame Fatna Chihab, Secrétaire Générale du Ministère, accompagnée des représentants du Minis tère de l’Intérieur, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire et bien sûr de l’Habitat et de la Politique de la Ville et du Holding d’Aménagement Al Omrane. Il est à rappeler que dans le cadre des préparatifs pour la tenue de cette conférence, le Ministère a organisé le premier Forum Ministériel Africain sur l’Habitat et le Développe ment Urbain (FOMAHDU), organisé à Rabat les 11 et 12 mai 2016, avec comme thème : « Politiques urbaines et développement durable ».
l’occasion de présenter en exclusivité la nouvelle gamme de camions Ford. A cette occasion, Ford Trucks a organisé trois évènements de présentation de sa nouvelle gamme de camions au Maroc. A l’honneur, des véhicules pouvant répondre aux différents besoins des professionnels avec un coût d’exploitation très compétitif. La nouvelle gamme Ford Trucks se compose des modèles suivants : le 1842T / 1848 T, 4X2 tracteur ; le 1833, 4X2, de PTC 18 tonnes ; le 2533, 6X2 de PTC 25 tonnes et enfin le 4142, 8X4 de PTC 41 tonnes.
INN OVATION NOUS AVONS DES TALENTS, MAIS…
Atravers des indicateurs de mesure objectifs, reconnus au niveau internatio- nal, tels que le Global Innovation Index, on remarque que depuis quelques années, le Maroc gravit les échelons dans le secteur de l’innovation. Mieux encore, en termes de qualité des brevets, c’est grâce aux établissements supérieurs et quelques laboratoires de recherche privés que notre pays continue son avancée et gagne à chaque reprise des places dans le classement mondial, au point qu’il se positionne en deuxième place à l’échelon africain jute derrière derrière l’Afrique du Sud. Or, bien qu’on reconnaisse les efforts fournis dans ce sens, par toutes les parties concernées, force est d'admettre que les talents innovants que nous avons ne sont pas accompagnés jusqu'au bout de la commercialisation de leur invention. Le sec- teur industriel lui aussi manque de véritables ponts pour aider l'université et es grandes écoles à devenir de véritables niches d'idées innovantes et pourquoi pas de concepts révolutionnaires. Certains diront que c'est du rêve et l'on dira que le rêve qui a toujours motivé les inventions.
ETAT DES LIEUX CHIFFRES DE L’OMPIC
Dans son dernier rapport d’activité 2015, l’OMPIC dresse le bilan des dépositions de brevets. Les résultats ont connu une certaine régression par rapport à 2014.
Par SZ & ABA
Selon le rapport d’activité 2015 de l’OMPIC, «l’activité de dépôt des demandes de brevet d’invention a connu une baisse de 7% durant l’année 2015, soit 1021 demandes de brevet d’invention reçues contre 1096 en 2014. Les dépôts d’origine étrangère ont enregistré une aug mentation au cours de cette même période. En revanche, ceux d’origine marocaine ont connu une baisse de 37% par rapport à l’année écoulée. Il est à noter que cette baisse coïncide avec l’entrée en vigueur de la loi 23-13 complétant et modifiant la loi 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle. En effet, cette loi a introduit une nouvelle disposition consistant à rendre obligatoire la présentation, au mo ment du dépôt, de la description de l’invention, et ce conformément aux standards internationaux. En outre, de nouvelles dispositions relatives à l’examen des cri tères de brevetabilité sont prévues, ce qui implique une amélioration de la qualité des brevets délivrés. Dans ce sens et en vue d’assister les déposants et professionnels, l’OMPIC organise des actions d’informations et de for mations pour faire connaitre les nouveautés de cette loi et permettre aux parties prenantes d’en faire un meil leur usage ».
Pour ce qui est des dépôts de demandes de brevets d’invention d’origine marocaine, la baisse « enregistrée au cours de l’année 2015 a concerné aussi bien les dépôts effectués par des personnes
morales (32%) que ceux déposés par les personnes physiques (44%) et ce en comparaison avec 2014. Il y a lieu de souligner que la part des dépôts pro venant des personnes morales représente 69% du total des dépôts d’origine marocaine. Quant à « l’évolution des dépôts de demandes de brevets d’invention d’origine marocaine, répartie selon les types de déposants, elle montre que l’an née 2015 a connu une baisse des dépôts émanant des universités (-31%) et des entreprises marocaines (-61%), ainsi que ceux effectués par les personnes physiques (-45%) par rapport à l’année dernière ».
L’université marocaine toujours en tête Selon le même rapport de l’OMPIC, « au cours de l’année 2015, les demandes des 10 principaux dépo sants marocains représentent 62% de l’ensemble des dépôts de demandes de brevet d’invention d’origine marocaine, dont 75% proviennent des uni versités. Les quatre premières places sont occupées par les mêmes déposants que l’an passé. Ce résultat confirme que ces déposants intègrent de plus en plus une politique de valorisation de l’activité recherche et innovation par le dépôt des demandes de brevet d’invention. Par ailleurs, il est à noter qu’une grande part des demandes de brevet d’invention d’origine marocaine est détenue par un nombre très réduit de déposants, ce qui représente un signe de fragilité du système actuel de l’innovation au Maroc.
L'activité de dépôt des demandes de brevet d’invention a connu une baisse de 7% dura nt l’année 2015, soit 1021 dema ndes de bre vet d’inventio n re çues co ntre 1096 en 2014.
Adil El Mali ki, DG de l’OMPIC
« Il est nécessaire d’apprécier l’innovation au Maroc à travers des indicateurs de mesure objectifs » Interviewé par Saïd Zinnid
Je pense qu’il est nécessaire d’apprécier l’innova- tion au Maroc à travers des indi - cate urs de mes ure ob jectifs , reco nnus au nivea u inter natio - nal, te ls que le Glo- ba l Innova- tio n Index
Quelles sont les missions majeures de l’OMPIC dans la promotion de l’innovation dans le Royaume et quelle est sa stratégie ? Si vous le permettez, il serait opportun de placer tout d’abord la propriété industrielle dans son contexte, notamment au Maroc. La valorisation du capital im matériel occupe une place centrale dans le projet de développement économique et social du Maroc. Une composante essentielle pour la protection, la gestion et la valorisation de ce capital immatériel, est consti tuée par la propriété industrielle et commerciale, à travers ses différents volets (marques, brevets, dessins et modèles industriels, indications géographiques, nom commercial…). En outre, disposer d’un système effi cient de protection de la propriété industrielle constitue un facteur d'attractivité aux investissements étrangers, qui permet aux entreprises de générer des actifs immatériels à forte valeur ajoutée avec un maximum de sécurité juridique. Dans ce contexte, l’essence de la mission de l’OMPIC est d’être un vecteur d’accompagnement pour l’ensemble des composantes du tissu économique marocain, en vue d’atteindre une utilisation efficace et soutenue du
système national de la propriété industrielle et com merciale, capable de renforcer la capacité d’innovation et de créativité des entreprises et, de ce fait, améliorer leur compétitivité. Dans ce sens, la stratégie de l’OM PIC pour la période 2016-2020 répond à un double objectif. Premièrement, elle devra accompagner la mise en œuvre des stratégies sectorielles nationales (Plan d’accélération industrielle, Maroc innovation, Maroc Numeric, Maroc Vert...) qui, chacune en ce qui la concerne, s’appuie sur la promotion des outils d’amélioration de la compétitivité, dont l’innovation. Le deuxième objectif permettra d’apporter des solu tions adaptées aux entreprises marocaines grâce aux différents outils qu’offre la propriété industrielle.
Quel regard portez-vous sur l’Innovation au Maroc et quelles sont ses perspectives dans les cinq pro chaines années ? Je pense qu’il est d’abord nécessaire d’apprécier l’inno vation au Maroc à travers des indicateurs de mesure objectifs, reconnus au niveau international, tels que le Global Innovation Index (GII), qui permet via près de 80 indicateurs d’évaluer les différentes composantes de l’innovation. Selon l’édition 2016 du GII, le Maroc est classé 72e parmi 143 économies évaluées, avec une progression de six places par rapport à l’année précédente. Il figure en outre au top 3 africain et 7e dans la catégorie des pays « Low-Middle Income ». Ces résultats ont été salués par Francis Gurry, Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), à travers sa déclarationdans la quelle il a dit : « Je me félicite des efforts remarquables déployés par le gouvernement marocain et l’Office de la propriété intellectuelle de ce pays (OMPIC) en vue d’améliorer les résultats du Maroc en matière d’innovation ». En effet, les points de force du Maroc concernent particulièrement les actifs immatériels où le Maroc s’est classé 36ème au niveau de cette compo sante et ce, grâce notamment aux indicateurs relatifs aux dépôts de marque par origine et PIB (36e) et aux dessins et modèles industriels par origine et PIB (8e).
Quant au constat propre à l’OMPIC, notamment en ce qui concerne l’activité de dépôts de brevet d’invention, en l’espace de 10 ans les dépôts de brevets d’origine marocaine ont connu une progression notable, parti culièrement pour les universités qui sont passées de quelques unités jusqu'à une centaine par an, avec un pic de 158 demandes de brevets enregistrés en 2014.
Qu’en est-il de la contribution des établissements de l’enseignement supérieur et des centres de re cherche ? L’examen des demandes marocaines révèle également une évolution de la qualité de ces brevets. En effet, des demandes pertinentes en termes de nouveauté et d’activité inventive ont été effectuées par quelques universités marocaines et centres de recherche tels la fondation Mascir, l’INRA et le CNRST qui abrite actuel lement les Collections Coordonnées Marocaines de Microorganismes (CC MM), et avec qui l’OMPIC a enta mé un processus d’acquisition de statut d’autorité de dépôt internationale des micro-organismes aux fins de la procédure en matière de brevets (premier en Afrique et dans le monde arabe). L’innovation couvre également d’autres aspects liés au Design, à la Marque et aux business models liés par ticulièrement aux services. À ce sujet, les différentes éditions des Morocco-Awards depuis 2008 témoignent du dynamisme des entreprises et start-ups marocaines qui ont su se réinventer et ont pu développer de nou veaux concepts. Au niveau du Global Innovation Index, le Maroc enregistre une avancée, certes timide, mais encourageante.
Quels sont les obstacles qui selon vous persistent encore afin de voir le Maroc faire le grand saut au niveau du classement des pays les plus innovant ? Je suis d’accord que le Maroc a enregistré une avancée encourageante dans le GII, mais je dirais qu’on peut la qualifier plutôt de soutenue depuis plusieurs années. C’est d’ailleurs ce qui a été précisé par le GII au fil de ses éditions, où le Maroc est passé du 94e rang en 2011 au 72e en 2016. Cependant, comme le révèle le GII 2016, certains indicateurs restent insuffisants, notamment au niveau des « outputs de l’innovation », plus parti culièrement Innovation linkages (118e) et Knowledge absorption (120e ). En plus de ces constats, une étude menée en 2012 par l’OMPIC avec le Ministère de l’In dustrie, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, la CGEM, l’association R&D Maroc et d’autres organismes intéressés a démontré que parmi les principaux obs
tacles entravant la valorisation et la commercialisation des inventions figure le manque de capacité de rédac tion des demandes de brevets d’invention et l’absence de structures spécialisées dans la proof of concept, notamment par prototypage.
Estimez-vous qu’il y a un réel partenariat entre le secteur industriel et celui de l’enseignement supé rieur pour faire de l’Innovation un facteur de croissance économique ? Pour mesurer la collaboration entre le monde de l’entreprise et le milieu de la recherche on peut calcu ler le dépôt des brevets en copropriété et analyser les opérations postérieures aux dépôts, tels les accords de licence d’exploitation ou des cessions de brevets. Je vous avoue qu’actuellement cette activité est extrêmement limitée au Maroc. Je peux citer à titre d’exemple quelques transferts de technologies réalisés par la Fondation Mascir et l’Université Internationale de Rabat. Des success stories sont également à souli gner comme les startups LIPAV spécialisées dans les technologies médicales et BIODOME spécialisée dans la méthanisation des déchets organiques, et qui sont issues de résultats de recherche au niveau de l’univer sité Ben Abdellah de Fès et l’université Hassan 1er de Settat (respectivement). Cependant, l’enjeu est d’atteindre une masse critique et d’établir les conditions nécessaires à la création d’un marché de transfert de technologie au Maroc. Pour ce faire, l’OMPIC collabore avec les principaux acteurs de l’écosystème de l’innovation au Maroc pour démul tiplier les partenariats et les transactions en matière de brevet d’invention et d’industrialiser le processus de l’innovation et de valorisation au Maroc. Rentre dans ce cadre l’initiative du Réseau de Centres d’Informa tions Technologiques (TISC ). Ce réseau compte plus de 50 points focaux entre producteurs et utilisateurs de technologies (universités, centres de R&D, centres techniques et représentations d’entreprises) et vise à assurer des services d’information brevets ciblés selon le type et la forme de l’innovation. Ces services concernent la recherche sur l’état de la technique, recherche d’antériorité, liberté d’exploitation et carto graphie brevets. Une deuxième initiative concerne la Patent Market place qui a été réalisée en mai dernier à l’occasion de la célébration du centenaire de la propriété industrielle au Maroc, en vue de faire émerger les innovations d’origine marocaine, la prochaine édition de cette Mar ketplace aura lieu en marge de la COP22.
Pour mesurer l a col l aboration entre l e monde de l’entreprise et l e mil ieu de l a recherche on peut cal cul er l e dépôt des bre vets en co pro pri été et analyser les opéra tio ns pos térie ures aux dépôts , te ls les accords de lice nce d’ex ploita tio n ou des cessio ns de bre vet
L’INN OVATION, UN E CUL TURE D’ABORD !
L'innovation fondamentale implique la science et l'ingénierie menant à un tout nouveau paradigme alors que les innovations appliquées prennent ce paradigme et le stransforment en quelque chose d'utilitaire.
Par SZ & ABA
Nous avons la chance qu’au Maroc à travers nos institutions nous produisions de l'innovation fondamentale, mais c'est uni-axial. Autrement dit, elle n'a pas un impact direct. Concernant l'innovation appliquée, elle demande une synergie de plusieurs disciplines (plusieurs thématiques), chose qui manque malheureusement au Maroc. Il faut noter qu’il existe des faiblesses relatives à l'innovation au sein des universités marocaines. La plus grande d’entre ces faiblesses, c’est le manque de culture de l'innovation au sein de nos établissements d’enseignement, surtout à l’école primaire. L'innovation n'est pas une discipline qu'on apprend à l'université. On l'apprend bien plut tôt en incitant les élèves dès leur jeune âge à la curiosité. Autrement dit, le succès de l'innovation dans les établissements d'enseignement exige une approche d'apprentissage qui prend en charge la curiosité, la créativité des élèves, et le développe
RE D’ABORD !
ment intellectuel en favorisant délibérément la cohérence dans leur expérience éducative. Apprendre à penser et à écrire de manière créative et innovante sont des compétences apprises de manière optimale et renforcées tout au long du cycle primaire. Ces objectifs doivent être intentionnellement articulés, inculqués, et évalués par les professeurs et le personnel depuis le primaire jusqu'à ce que l'élève atteigne ses 18 ans. C'est ce qu'il faut instaurer via des activités de la vulgarisation des sciences dans les établissements scolaires primaires marocains. A notre avis, des concours nationaux sur l'innovation par thématique et par niveau qui concernent notre pays devraient être lancés comme un rituel annuel afin d'encourager les jeunes. Pourquoi ne pas mettre en place un concours national d’innovation made in
Morocco ? Il nous est impératif pour devenir un pays innovant de sensibiliser les élèves, les étudiants et leurs professeurs à contribuer au développement du pays en développant leurs talents créatifs et innovants dès leur jeune âge. L’Innovation est un véritable challenge dans le positionnement des établissements supérieurs marocains. L'Innovation, c'est l'acte de faire quelque chose de nouveau et différent. Elle offre des moyens pour faire des choses que nous n’aurions jamais pu penser auparavant. L'innovation est la clé d'un projet ; elle permet de transformer le risque en opportunité. L'innovation se transforme en croissance économique par les entreprises et par conséquence stimule l'économie du pays. Les échanges entre les chercheurs et les étudiants sont essentiels pour générer de nouvelles idées et de nouvelles découvertes. De notre point de vue, les projets de collaboration que les établissements supérieurs marocains ont avec des chercheurs d'autres pays gagnent significativement par l'échange d'étudiants et des doctorants entre les laboratoires. Ayant une connaissance de première main sur les techniques, les ressources et les compétences dans les centres de collaboration facilitent fortement le progrès dans les projets et génèrent de l'innovation pour les études futures. Afin de développer davantage notre position à l'échelle internationale, les établissements supérieurs marocains doivent élaborer plus de collaboration de recherche et d'innovation avec des institutions clés du monde entier pour encourager l'innovation. Nous devons continuer à travailler dur, encourager les jeunes à assumer des rôles entrepreneuriaux dans le domaine de l'innovation. L'Innovation n'a pas de frontière et donc les idées et les connaissances n’ont pas de nationalité. Seules Les ressources et la politique de recherche scientifique du pays (procédures juridiques) sont les principaux obstacles de l'innovation en particulier dans les pays du tiers monde et les pays en voie de développement.
Apprendre à penser et à écrire de manière créative et innovante sont des compéte nces apprises de ma nière optima le et re nfor cées to ut au long du cyc le primaire