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Rue des Beaux-Arts - Numéro 52 – Juillet/Août/Septembre 2015

RUE DES BEAUX ARTS Numéro 52 Juillet/Août/Septembre 2015


Rue des Beaux-Arts - Numéro 52 – Juillet/Août/Septembre 2015

Bulletin trimestriel de la Société Oscar Wilde

RÉDACTRICE : Danielle Guérin-Rose Groupe fondateur : Lou Ferreira, Danielle Guérin-Rose, David Charles Rose, Emmanuel Vernadakis

On peut trouver les numéros 1-41 de ce bulletin à l’adresse http://www.oscholars.com/RBA/Rue_des_Beaux_arts.htm et les numéros 42 à 51 ici.


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Editorial Les trois noms d’Oscar

Tout a commencé par une abondance presque pléthorique : Oscar Fingal

O'Flahertie

Wills

Wilde.

Les

parents

d’Oscar

ont

généreusement pourvu leur fils cadet en matière de prénoms. C’était presque une gêne, cette longue kyrielle qu’il trainait derrière lui en une farandole interminable. Il commença doucement à s’en débarrasser, comme on se dépouille de couches successives de vêtements encombrants et trop chauds. S’il voulait s’imprimer dans les mémoires des gens, graver son nom au fronton de l’Histoire, il fallait quelque chose qui sonne, qui se retienne sans difficulté. Un nom fait pour l’éternité. Son patronyme est déjà connu et respecté : une mère poétesse, héroïne de la cause nationaliste irlandaise, un père éminent chirurgien, fait chevalier par la reine. Le chemin était déjà tracé. Les Wilde n’étaient pas de ceux qui végètent dans l’ombre. Il leur fallait l’éclat, la notoriété, la grandeur. Alors, se forger un nom, une identité propre, oui, c’est par là qu’il devait commencer, le préparer et l’élaguer pour s’ouvrir une voie pavée


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d’or vers l’avenir, avec ses propres armes. Oscar va entreprendre de le ciseler en arrivant à l’université, en éliminant le trop plein : « J’ai déjà jeté par-dessus bord deux de mes cinq noms. Bientôt j’en enlèverai un autre et l’on me reconnaîtra tout simplement sous le nom de « The Wilde » ou « The Oscar ». « The Wilde », comme un chef de clan irlandais. Ou comme on dit « La Malibran », « La Duse » ou plus récemment, « La Callas ». Oscar a bien l’intention d’être une diva. Et il le sera, à sa manière. « Les noms sont tout » est une affirmation que Wilde place dans la bouche de lord Henry Wotton, dans « Le Portrait de Dorian Gray », qui reflète bien sa propre opinion. Et dans sa plus célèbre pièce, « L’importance d’être Constant », c’est un improbable imbroglio autour d’un nom (ou plutôt d’un prénom), qui constituera le fond de l’intrigue. Plus tard, au moment où il n’est plus qu’un numéro, il écrira dans « De Profundis » avec un regret immense : [Ma mère] et mon père m’avaient légué un nom auquel ils avaient donné honneur et noblesse… Jusqu’à sa chute, Oscar a porté son nom comme un étendard. Il brille haut sur les affiches des théâtres londoniens, il court dans les salons et jusqu’aux plus hautes sphères. Il est loué, applaudi, il roule de bouche en bouche, il répand sur Londres une rumeur de gloire. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il ne laisse personne indifférent, et tout le monde le connait. Sur son piédestal, Oscar se pare avec orgueil de ce nom qui le rend unique. Il en a certes hérité, mais il l’a magnifié, sublimé. Il en a fait quelque chose de grand. Avant de le piétiner et de le détruire, irrémédiablement.


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On a tout pris au prisonnier de Reading : son honorabilité, sa réputation, sa liberté, sa maison, sa famille, sa dignité, ses biens, mais aussi son nom. En détention, Wilde doit renoncer à son identité, à ses origines, à ses racines, et jusqu’à son humanité, puisqu’il n’est plus entre ces murs qu’un numéro matricule : C.3.3. C’est un acte d’une violence inouïe de priver un être de tout ce qui le constitue en le réduisant à un numéro. Dans les pires errements de notre histoire, au sein des camps de concentration, on gravait un numéro sur le bras des déportés. On les marquait comme du bétail. Ils ne valaient plus rien. Aucun numéro n’a été tatoué sur la peau de Wilde. Mais, à n’en pas douter, dans son esprit, dans son âme, ce numéro, C.3.3, a été gravé au fer rouge. Ce numéro d’infamie lui signifiait qu’il n’appartenait plus à l’humanité, qu’il valait moins que le dernier des vagabonds qui couchait à la belle étoile, mais qui, du moins, savait son nom et conservait le droit de le porter. C’était une flétrissure aussi indélébile que les fleurs de lys infligées aux prostituées qu’on marquait à l’épaule, et il la porta encore après sa libération, quand il fut contraint de publier son magnifique poème « La Ballade de la Geôle de Reading » sous l’anonymat de son matricule de prisonnier, parce que son nom à lui était devenu imprononçable. C’était un anonymat purement fictif, puisque tout un chacun, en son for intérieur, connaissait parfaitement l’identité de l’auteur. Mais cette mascarade hypocrite était le parfait symbole de l’effacement qu’on lui faisait subir, du refus qu’on lui opposait d’un vrai retour à la vie, non seulement en tant qu’homme, mais en tant qu’artiste. Le stigmate de la fleur de lys était toujours là, mordant de feu son épaule, non plus comme le témoignage raffiné de l’esthète qu’il avait été, mais comme le rappel


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constant de son indignité. Le flamboyant Wilde n’était pas seulement infréquentable. Il était devenu invisible, quasi inexistant. Aussi est-ce un fantôme qui arrive en France, un personnage furtif qui a gommé son nom et se cache derrière le pseudonyme de Sebastian Melmoth. Où est Wilde ? Il est mort en prison. Ou s’il survit encore, il se dissimule sous un nom de fiction en forme de curieux amalgame : celui d’un saint, icône homosexuelle, et d’un errant perpétuel, personnage gothique d’un roman de son ancêtre Charles Maturin, qui a conclu un pacte avec le diable. Le mariage de la carpe et du lapin. Melmoth le maudit, et Sébastien percé de flèches, celles qui, dessinées sur le tissu grossier de son uniforme de prisonnier, lui faisaient honte. Un damné et un saint. Les deux visages de Wilde. Un nom forgé de toutes pièces, qui révèle bien la nature ambivalente de Wilde, à la fois transgresseur, grand pêcheur devant l’Eternel et héros tragique à la figure Christique. Pour ceux qui l’ont connu avant la chute, il reste Oscar Wilde. Sa personne déchue irradie encore secrètement, les vestiges de son génie percent de temps à autre sa cuirasse usée de brèves fulgurances qui éblouissent toujours ses interlocuteurs. Mais pour le reste du monde, il est Melmoth, ce vieil homme fatigué et solitaire, qui traîne sa carcasse lasse dans les cafés de Paris, sans but, sans espoir, sans avenir. Autant dire, personne. Le nom de Wilde a été emporté dans la tourmente du scandale. Ni sa femme, ni ses enfants ne le portent plus. Il est devenu toxique, empoisonné. Il salit tous ceux qui le touchent. Il a fallu que beaucoup de temps s’écoule pour qu’il soit lavé de ses miasmes et purifié. Aujourd’hui, aux yeux de la postérité, Sébastien, le saint martyrisé, l’emporte sur le malheureux qui avait conclu un pacte


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faustien. Pourtant, le nom de Wilde reste en déshérence. La dernière à s’en parer était Dolly, la belle et tragique nièce d’Oscar, mais elle est morte sans postérité. Après elle, nul ne l’a revendiqué. Non qu’il n’ait pas d’héritiers naturels. Mais les deux descendants vivants, Merlin et Lucian, ont gardé le nom de Holland, adopté par leur aïeule Constance, plus d’un siècle auparavant. Par fidélité aux victimes innocentes, elles aussi contaminées. Et puis, peut-être, au fond, est-il encore trop lourd à porter. Quand Wilde mourra, Jean Dupoirier, le propriétaire de l’hôtel d’Alsace, sera bien étonné d’apprendre que son locataire n’était pas tout à fait celui dont le nom figurait sur sa fiche. Qu’il s’agissait en fait du célèbre Oscar Wilde. L’homme qui avait fait courir tout Londres. L’homme qui avait tout perdu sur un coup de foudre, un coup de dés. Et dont le nom aujourd’hui restauré, s’étale, en ce début de 21e siècle, sur la couverture d’œuvres maintes fois rééditées, sur les affiches des théâtres où on se presse, partout à travers le monde, ce nom rédimé, plus vivant que jamais, et qu’on peut dire maintenant à haute voix et sans crainte, en rendant enfin l’homme à lui-même : « Oscar Wilde ». Danielle Guérin-Rose


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1. Publications

Oscar Wilde – Un mari Idéal Sous la direction d’Alain Jumeau Traduction : Jean-Michel Desprats Editions Folio – avril 2015 Collection Folio théâtre ISBN 978-2070455270

Oscar

Wilde

-

Pensées,

maximes et anecdotes Editions Le Cherche Midi – Paris – mai 2015 Collection : Les Pensées ISBN 978 2749143767


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Oscar

Wilde

Le

déclin

du

mensonge Berg International, Paris – Juillet 2015 La petite Collection ISBN 978-2-37020-053-2

Jean-Yves Tadié – Le cercle de Marcel Proust Editions

Honoré

Champion

janvier 2015 Collection : Recherches Proustiennes ISBN : 978-2745328168

Et ailleurs…


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Michael

Y.

Bennett

Oscar

Wilde’s Society Plays Palgrave Macmillan – Août 2015 ISBN : 978-1137410924

Devon Cox - The Street of wonderful Whistler,

Possibilities Wilde

and

Sargent in Tite Street. Frances Lincoln – Juin 2015 ISBN 978-0711236738


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3. OSCAR WILDE ET LA BANDE DESSINEE OSCAR WILDE : LA RESURRECTION Par Dan Pearce Introduction — Deuxième episode — Troisième épisode — Quatrième épisode — Cinquième épisode — Sixième épisode — Septième épisode — Huitième épisode — Neuvième épisode — Dixième épisode — Onzième épisode — Douzième épisode – Treizième épisode — Quatorzième épisode — Quinzième épisode – Seizième épisode – Dix-septième épisode – Dix-huitième épisode – Dix-neuvième épisode -- Vingtième épisode — Vingtième et unième épisode – Vingt-deuxième épisode – Vingt-troisième épisode – Vingt-quatrième épisode – Vingt-cinquième épisode – Vingt-sixième épisode - Vingt-septième épisode – Vingt-huitième épisode – Vingt-neuvième épisode – Trentième épisode – Trente et unième épisode – Trente-deuxième épisode. – Trente-troisième épisode

Trente-quatrième épisode

À suivre…


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4. Expositions À Saint-Malo Autour d’un portrait La Galerie de la Borderie à Saint-Malo a ouvert ses portes à l’artistepeintre Olivier Bour qui s’est inspiré de l’œuvre d’Oscar Wilde, « Le Portrait de Dorian Gray ». Une quarantaine de toiles, dont la pièce maîtresse est un triptyque du portrait, montre en quoi « Oscar Wilde était précurseur dans son époque et en quoi son travail peut être transposé et réactualisé au XXIe siècle ».

« Autour d'un portrait », du 25 avril au 9 mai 2015 Saint-Malo

À Oxford Great British Drawings L’Ashmolean Museum d’Oxford présente une collection de dessins et d’aquarelles des plus grands artistes anglais, parmi lesquels on peut trouver beaucoup d’œuvres se rapportant au cercle Wilde. Comme par


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exemple, cette caricature d’Oscar par Max Beerbohm, datant de 1894 :

Mais aussi des œuvres de Turner, Dante Gabriel Rossetti, Anna AlmaTadema, Walter Sickert, John-Everett Millais, etc…


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26 mars au 31 août 2015 Ashmolean Museum - Oxford

À Dublin Mark McFadden expose, du 25 février au 25 avril 2015, sur le thème « Literary Great », des œuvres où Oscar Wilde se tient en bonne place.


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Residence Club - 41, St Stephen’s Green – Dublin 2

À Los-Angeles À partir du 25 février a lieu l’exposition : Oscar Wilde's Chatterton. À l’occasion de la publication du livre de John Bristow et Rebecca N. Mitchell : « Oscar Wilde's Chatterton: Literary History, Romanticism, and the Art of Forgery », publié en mai 2015 chez Yale University Press, The William Andrews Clark Memorial Library organise une exposition qui met l'accent sur l'importance du carnet « Chatterton » de quatrevingts pages de Wilde, acquis par la Clark en 1952. Cet important document révèle l'extraordinaire recherche effectuée par Wilde sur les détails de la vie brève mais prolifique du jeune

poète Thomas


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Chatterton (1752-1770), qui écrivit sous le masque d’un moine du XVe siècle, Thomas Rowley, et se suicida à l’arsenic à 17ans pour ne pas mourir de faim.

The William Andrews Clark Memorial Library – Los Angeles.


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5. Opéra et Concerts Salomé De Richard Strauss D’après la pièce d’Oscar Wilde

À Santa Fe Direction Musicale : David Robertson Mise en scène : Daniel Slater Décors et costumes : Leslie Travers Lumières : Rick Fisher Chorégraphie : Sean Curran Avec : Alex Penda, Salomé Michaela Martens, Hérodias Robert Brubaker, Hérode


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Ryan MsKinny, Iochanaan Bryan Jagde, Narraboth. 18 juillet au 27 août 2015 Opéra de Santa Fe – Nouveau Mexique – Etats-Unis


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6. Théâtre On a manqué :

For ever Wilde

Mise en scène : Annie Vergne assistée par Isabelle Delage Avec : Florence Barbosa, Dé borah Bolender, Margaret Clarac, Myrtille Colomer, Catherine Faidherbe, Patrick Gilbert, Monique Passin, Marie-Odile Prosperi, Pascal Rousselet Les lundis, du 4 mai au 22 juin 2015 Guichet Montparnasse – 75014 – Paris

Et aussi…


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Le Portrait

Ce spectacle de danse, qui s’inspire du « Portrait de Dorian Gray », est proposé par la compagnie « Danse et compagnie », sous la direction de Xavier Gossuin. Il est doublé avec un spectacle sur Venise de 2009, intitulé « La Sérénissime »,

l’un et l’autre ayant pour thématique

commune l’approche du temps qui passe. Vendredi 5 juin à 19H – Samedi 6 juin à 14H et 19H Maison de la culture de Tournai.

Mais encore …

Salomé


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Troupe du Crom 2 au 5 avril 2015 Salle Delvaux - Bruxelles

Ne manquez pas :

Cet été, à Avignon… More lives than one : Oscar Wilde and the Black Douglas


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Mise en scène : Patricia Kessler Avec : Leslie Clack (spectacle en anglais) 4 au 12 juillet à 19H15 Chapeau Rouge – Avignon

Le Portrait de Dorian Gray et L’Importance d’être Constant


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Les Framboisiers, mis en scène par Imago 3 au 26 juillet 2015 Laurette Théâtre – Avignon

Oscar Wilde est mort

Mis en scène et interprété par Oldan 4 au 26 juillet à 16H30 Ateliers d’Amphoux – Avignon.


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7. Oscar Wilde au Japon : Honma Hisao et la première traduction du "De Profundis" en japonais (Traduction remaniée d’un article de Yoko Hirata, par Simonetta Salvioni) "Dans cette période il s'était assumé la tâche de lire le "De Profundis" et les "Intentions" d'Oscar Wilde pour la simple raison qu'elles étaient les lectures préférées des étudiants de l'Ecole Spéciale d'Etudes Supérieurs dont il était le Proviseur". (Akutagawa Ryūnosuke "Le Mochoir",1916: "La Roue Dentée et autres contes").

Honma Hisao (1886-1981), est un important professeur et critique littéraire japonais, premier traducteur du "De Profundis" d'Oscar Wilde en langue japonaise. Il a eu aussi le mérite d'avoir introduit les autres œuvres d'Oscar Wilde relatives aux théories de l'Esthétisme dans le Japon d'entre la fin de l'époque Meiji (1868-1912) et le début de l'époque Taishō (1912-1926)1. Les

auteurs

étrangers

les

plus

importants,

parmi

lesquels

Dostoievski, Tolstoi, Tchekov, Goethe, Schiller, Nietszche, Hugo, Balzac, Flaubert, Maupassant, Zola, D’Annunzio, Ibsen, Strindberg, furent introduits dans le Japon Meiji. En ce qui concerne la littérature anglaise, qui exerça une influence significative, on découvrit alors les œuvres de Dickens, Kipling, Whitman, Shaw et Wilde. Pendant cette période, quelques écrivains japonais traduisirent, adaptèrent ou créèrent leurs œuvres en s’inspirant des modèles La source principale de cet article est l'étude de Yoko Hirata de l'Université Chūhō de Tokyo: "Oscar Wilde and Honma Hisao,the First Translator of De Profundis into japanese;" - "Japan Review", 2009, pp. 241-266. 1


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occidentaux. Par exemple, Shōyō traduisit en japonais toutes les œuvres de Shakespeare, dans le but d'améliorer le théâtre japonais. Ce fut Oscar Wilde qui exerça l'impact majeur sur un jeune critique littéraire de l'époque: Honma Hisao. Honma Hisao naquit en 1886, dans la ville de Yonezawa. C’était une petite ville, mais stratégiquement importante; riche en culture et tradition, gouvernée, dans l'époque Tokugawa ou Edo par la fameuse famille Uesugi1. Le grand-père de Honma était acteur du théâtre "Noh", d'origine samurai au service de la famille Uesugi. Il fut par la suite obligé de se retirer du service alors qu’il était encore jeune, à cause de la politique de modernisation du gouvernement Meiji, et de l’abolition des privilèges des samurais. Le père de Honma pourvut aux besoins de sa famille, jusqu’à ce que son commerce fasse faillite. À cette époque, Homna obtint son diplôme à l'école secondaire de Yonezawa, avec d’excellentes notes. Il poursuivit sa formation culturelle à Tokyo, grâce à un riche citoyen qui patronna sa formation ultérieure dans la capitale. A Tokyo, en 1906, il intégra le département de littérature de la prestigieuse Université Waseda, juste un an après la fin du conflit entre la Russie et le Japon. C’est pendant ces années que Honma s'affirma comme critique littéraire, collaborant principalement au journal "Waseda Bungaku" ("La littérature de [l'Université] Waseda"), édité par son tuteur universitaire, Shimamura Hōgetsu. Parallèlement, il commença à traduire quelques œuvres d’Oscar Wilde et de William Morris. Il devait ensuite succéder à Shimamura à la tête de ce journal Yonezawa se trouve au milieu de la région du Tōhoku, dans le Nord-Ouest du Japon. 1


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universitaire et devenir professeur à Waseda. De 1912 à 1926, il collabora

à

d’autres

journaux

littéraires,

et

participa

à

des

programmes culturels radiophoniques. À partir de 1918, il voyagea en Europe et, en 1934, il publia "Eikoku kinsei yuibishugi no kenkyū", "Un étude sur l'Esthétisme dans l'Angleterre moderne", deux ans avant d’obtenir son doctorat. Il continua ses recherches jusqu'à sa mort, qui survint en 1981.

Honma Hisao vers vingt ans

La réception d’Oscar Wilde au Japon Le nom d’Oscar Wilde atteignit le Japon du vivant de l’auteur. En mars 1883, on trouve une référence à Wilde dans le journal “Japan Punch”. Ses lettres nous apprennent que, pendant sa tournée de conférences aux États-Unis, Wilde avait caressé le projet de se rendre au Japon1. L'écrivain irlandais est également cité dans la rubrique "jubun hyōron", de la revue "Waseda Bungaku" du 15 d'Octobre du 1892, aux côtés de J.M. Barrie (1860-1937) et de Henry James (18431916). 1

Ellmann 1988,p.177.


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Cependant, un seul essai d'Oscar Wilde fut traduit en Japonais de son vivant, par Masuda Tōnosuke (1865-1942), précisément une version abrégée de "The Soul of Man under Socialism" 2. Tōnosuke, qui avait

appris

la

langue

anglaise

en

autodidacte

après

l'école

élémentaire, le traduisit sous le titre de "Bijutsu no Kojinshugi", le publiant dans le numéro de Mai 1891, du journal "Jijū", journal du parti libéral Jijūtō. Mais on peut raisonnablement supposer qu’en 1905, année où Hisao s’inscrit à l’Université Waseda, la connaissance d’Oscar Wilde s’était étendue à sa carrière littéraire jusqu’aux années 1892. Ensuite, il y avait un vide d’informations sur ses œuvres théâtrales, sur les procès, la disgrâce, son emprisonnement et sa mort. La publication du "De Profundis" en Angleterre en 1905 et sa répercussion en Japon A partir de 1905, la publication du "De Profundis" en Angleterre, causa une véritable réévaluation de son auteur. Son nom apparut de nouveau dans le West End et, en 1908, la maison éditrice anglaise Methuen publia les œuvres complètes d'Oscar Wilde en quinze volumes. Les Japonais résidant en Europe ou en Amérique, s’en saisirent rapidement. Au Japon, en 1906, l'écrivain Natsume Sōseki fit allusion à un passage du "De Profundis" dans son roman “Kusamakura” ("Oreiller d'herbe"). Un autre érudit, Hirata Tokuboku (1873-1943), qui était à Londres au moment de la publication du "De Profundis", commenta sa réception en Angleterre dès son retour en Japon dans une conférence intitulée: "Eikoku shikai no kinjō" ("Tendances Sur Masuda Tōnosuke,voir "kindaibungaku Kenkyū sōsho", pp.283-321 et Masuda 1952,pp.192


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récentes de la poésie anglaise"). Cette conférence fut publiée par la suite dans le journal "Myōjo"1. Hirata, qui fut corédacteur du journal culturel "Bungakukai", et contribua aussi au mouvement du "Roman-ha", fut influencé par Walter Pater et traduisit des poèmes de John Keats et Dante Gabriele Rossetti. Il commenta le "De Profundis", en décrivant le monde poétique de l’époque en Angleterre, et compara Wilde à Keats. Hirata écrivit même une série d'articles intitulés "Shijin Oscar Wilde", ("Oscar Wilde, poète"), pour le journal "Tokyō niroku shinbun", en juin 1907. En Angleterre, Hirata avait assisté à la réévaluation d'Oscar Wilde et il la décrivit en détail. Dans ses articles, il esquisse une biographie de l'écrivain irlandais qui comprend sa disgrâce, son emprisonnement, et sa vie après sa libération. Il cite également les œuvres principales, comme: "The Picture of Dorian Gray", "The Duchess

of

Padua",

"An

Ideal

Husband",

"A

Woman

of

no

Importance", "Lady Windermere's Fan" et "The Importance of being Earnest". À la même période, d’autres intellectuels japonais s'intéressent aussi à Wilde, en particulier à des œuvres comme "Salomé". Le fameux écrivain Mori Ōgai (1862-1922), écrivit un article sur ce drame dans le journal culturel "Kabuki", dans le numéro d'Août 1907 et, deux ans plus tard, il publia une version abrégée de l'allemand. Il faut aussi citer

Jun'ichirō

Tanizaki

(1886-1965)

qui

traduisit

"Lady

Windermere's Fan" en 1918, et, comme l’observa Honma Hisao, subit beaucoup l’influence d’Oscar Wilde. Dans sa critique du conte de Tanizaki "Himitsu" ("Le Secret"), par exemple, il remarqua que son héros ressemblait à Dorian Gray, et son héroïne à celle de "The 1

Hirata 1907,p.106-113.


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Sphinx Without a Secret". Honma voyait dans le monde de beauté créé par Tanizaki dans ses œuvres, l'indubitable influence de l'Esthétisme de Wilde1. Les informations concernant Oscar Wilde arrivèrent au Japon par fragments, et, ce ne fut que peu à peu qu’on commença à se former une idée plus complète de l'écrivain irlandais. C’est une conférence tenue en 1906 par Shimamura Hōgetsu, son professeur à l'université Waseda, intitulée: "Eikoku no shōbishugi" (l'Esthétisme en Angleterre"), qui se révéla déterminante pour Honma Hisao. Publiée ultérieurement dans la revue déjà mentionnée "Myōjō", elle introduisait la figure d'Oscar Wilde comme professionnel de l'Esthétisme et comme l’héritier du Mouvement Pré-Raphaélite. Vers la traduction du "De Profundis" Impressionné par les études de Shimamura, Honma Hisao écrivit quelques articles traitant d’Oscar Wilde, en 1909 et 1910. Le premier, "Genjitsu o hanaren to suru bungei" ("L'Art, prêt à se séparer de la Réalité"), parut en décembre 1909 2. Hisao y traite des aspects généraux de l'Esthétisme de Wilde, explorant aussi quelques points de

"The Soul of Man under Socialism" ainsi que de "The True

Function and Value of Criticism: with Some Remarks on the Importance of doing nothing"3, selon Hisao, les plus dignes

ces deux dernières œuvres, étant, d'attention. Dans ses articles, où il

insérait des mots et des phrases en langue anglaise pour les rendre 1

Honma,1911.

Honma 1909,pp.26-37. Le titre original de cet essai était: "The True Function and Value of Criticism: with some Remarks on the Importance of Doing Nothing". Le titre fut changé ultérieurement pour devenir "The Critic as Artist" et fut inclus dans l'œuvre "Intentions". 2 3


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plus compréhensibles, Honma Hisao soutenait que l'Esthétisme, comme le Naturalisme, était né du Romantisme. Le Naturalisme se développa en France, tandis que l'Esthétisme trouva son lieu privilégié en Angleterre, avec des intellectuels comme Dante Gabriele Rossetti, William Morris et Oscar Wilde. Pour Honma, les deux essais de Wilde sur lesquels il travaillait, faisaient partie d'une stratégie de l'auteur pour défendre son Esthétisme, surtout après la publication du roman "The Picture of Dorian Gray". Dans "The Soul of Man under Socialisme", par exemple, l'auteur, toujours

selon

Honma,

plaçait

l'Individualisme

au-dessus

du

Socialisme. Il insérait ensuite ses propres idées sur le rôle du socialisme, sur celui de l'art du point de vue de l'individualisme et, enfin, sur la relation entre l'artiste et la société. Honma définit aussi, comme thème central de "The True Function and Value of Criticism", "la critique de l'art"; et avant de discuter la fonction de la critique, il estima qu'il faudrait clarifier le but et la valeur de l'art. A ce propos, il citait l'insistance de Wilde sur la valeur de l'art, rapportant les phrases :"Art should be above life", et "All bad art comes from returning to Nature and Life". Il soulignait que Wilde, ici, évaluait la "contemplation" au lieu de "l'action", comme la profession la plus élevée de l'homme, qu'il refusait le Réalisme exaltant, la remplaçant par le Romantisme, soulignant, enfin, son identification d'Honoré de Balzac, comme représentant du "Nouveau Romantisme", ou "Réalité Imaginative". Pour Oscar Wilde, écrivait Honma, "la forme est tout" et il comprit que le point de vue de Wilde à l'égard de l'art, pouvait se concentrer dans


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les mots: "Art never expresses anything but itself. It has an independent life and develops itself purely for its own sake". Honma rapportait aussi, dans cet essai, le point de vue de l'auteur à propos de la relation entre Art et Moralité, remarquant que, selon Wilde: "All Art is immoral" et que: "Aeshetics are higher than ethics". Il concluait en observant que l'Esthétisme d’Oscar Wilde déclina après sa chute à cause du procès et de la condamnation qui suivit. L'autre essai de Honma était consacré à "The Decay of Lying". Il parut dans le journal "Bunshō seikai", au mois de Mars 1910 1.

Cette

œuvre, comme nous le savons, se présente sous la forme d'un dialogue entre deux hommes: Cyril et Vyvyan, dialogue qui se déroule dans une bibliothèque. Sous la plume du critique japonais, Wilde est ici présenté comme une "autorité" du Mouvement Esthétique en Angleterre et décrit comme "un extrême fanatique de l'art" ("kyokutan na geijutsu kyō"). Pour Honma, le personnage de Vyvyan, représentait le point de vue de l'auteur, qui était celui de la "suprême valeur de l'art" ("geijutsu shijō shugi") ; il comprit que Wilde rejetait le Réalisme, lui substituant le Romantisme, et qu’il déplorait, dans le même temps, un déclin progressif,

dans

la

littérature,

de

la

création

des

histoires

imaginatives et irréelles. Wilde, du point de vue de Honma, encore une fois, refusait le Naturalisme et le Réalisme chers à Guy de Maupassant et à Emile Zola, choisissant le parti du Romantisme défendu par Honoré de Balzac. Il citait entièrement, à ce propos, l'assertion de Wilde que "In reality, it is Life, and it is Nature, that should imitate Art". 1

Honma 1910, pp.63-69.


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Dans ces mêmes années, le critique japonais chercha de nouveaux matériaux sur Oscar Wilde, enrichissant ses lectures et écrivant des nouveaux articles à son propos1.

Il fut le premier aussi à traduire

entièrement la nouvelle de Wilde "The Sphinx Without a Secret" ("Himitsu o konomeru honna"). Il fit suivre la traduction de la préface au roman "The Picture of Dorian Gray", avec la fameuse phrase conclusive: "All art is quite useless", que Homna rendit par: "arayuru geijutsu wa zenzen muyō nari"2. Au mois de Mars 1911, Honma publia un essai important, considéré comme la première dissertation sur Oscar Wilde, sous le titre : "Osukaa Wairudo ron" ("On Oscar Wilde"). L'essai en question comprenait

douze

sections.

Les

dix

premières

examinaient

principalement les idées de Wilde que Honma avait déjà étudiées dans ses essais précédents. Les deux dernières, étaient dédiées au "De Profundis" et à "The Ballad of Reading Gaol". La première partie présentait Oscar Wilde comme un homme de lettres, dont la vie fut caractérisée par d’extrêmes vicissitudes, et dont les opinions sur l'art et la vie étaient elles-mêmes extrêmes. La deuxième section racontait brièvement la vie du jeune Wilde, et discutait l'Esthétisme de sa poésie. Honma suggérait que la caractéristique principale de l'expression poétique du Mouvement Esthétique était un mélange des éléments sensuels et suggestifs avec des éléments irréels et artificiels. Il ajoutait que Dante Gabriel Rossetti et Swinburne mélangeaient également ces deux éléments Tsubouchi Shikō, camarade de Honma Hisao à l'Université Waseda, qui se trouvait probablement aux Etats Unis dans cette période, procura à Honma la biographie de R.Sherard et le texte du "De Profundis". Voir Honma 1911, p.248 et Honma 1910, pp.240-242. 2 La traduction est anonyme, mais généralement attribuée à Honma Hisao. 1


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opposés, tandis que la poésie de Wilde inclinait plutôt vers l'élément irréel et artificiel. Selon Honma, d’un point de vue artistique, Wilde se rapprochait donc plus de James Whistler. Dans la troisième section, Honma parlait du "costume esthétique" du jeune Wilde, qu'il voyait comme une expression de ces inclinations irréelles et artificielles. Il traitait ensuite de l'opérette "Patience" de Gilbert et Sullivan, et de la tournée de conférences de Wilde en Amérique qui avait suivi. Dans cette section, Honma mettait l’accent sur le talent de Wilde dans l'art de la conversation, son charisme et générosité, avant de passer à son drame "Salomé" et à son roman "The Picture of Dorian Gray". Le premier, concluait-il, était une tragédie d'amour et de haine, qui démontrait que tous ceux qui aimaient mouraient à la fin. Selon lui, la sensualité de Salomé était détachée et irréelle. Quant au second, Homna souli-gnait que certains critiques anglais, au temps de la publication de "The Picture of Dorian Gray", l’avaient considéré comme un roman malsain, antisocial et immoral, à la notable exception de Walter Pater. Il en revenait ensuite aux essais "The Decay of Lying" et "The Critic as an Artist", dont il avait déjà traité dans ses précédents articles. Il raffinait ses premières assertions, montrant une compréhension plus profonde de l'auteur irlandais. Par exemple,

paraphrasant l'essence de l'esthétisme

de

Wilde dans "The Decay of Lying", il écrivit que: "mentir signifie raconter une histoire qui est belle mais au même temps irréelle, et que celle-ci peut être définie comme "roman". La création d’histoires irréelles nées de l'imagination, qu’on peut qualifier de roman, est en déclin; ce qui est dû à la montée du réalisme et à la conviction que les artistes doivent imiter la nature et décrire la vie réelle. C’est le contraire qui devrait se vérifier; Balzac est un romantique parce que


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ses œuvres sont faites de "réalité imaginative", ("sōzōteki jitsuzai"), en opposition à Zola dont les œuvres sont d’un "réalisme sans imagination", ("hisōzōteki shajitsu shugi"). Honma concluait qu’Oscar Wilde, dans sa poétique, discutait la relation entre l'art et la vie comme point central de son esthétisme, et plaçait l'art au-dessus de tout. Honma Hisao : introduction et traduction du "De Profundis" Après avoir traité de l’esthétisme d'Oscar Wilde dans son essai du 1911, Honma fit connaître le "De Profundis", en le définissant comme le travail qui explique et défend le mieux les idées de Wilde. Si Wilde avait placé l'art au-dessus de la vie dans "The Decay of Lying", Homna soutenait que, dans le "De Profundis", l'auteur irlandais ancrait fermement son esthétisme dans la vie. Il commença par expliquer comment l’œuvre était née. Puis, il entreprit de donner son interprétation de cette longue lettre, où il discerne deux thèmes principaux : le point de vue de Wilde sur la souffrance, et sa propre conception du Christ. Wilde avait expérimenté chaque plaisir, mais lors de son emprisonnement de deux années, il avait découvert le sens de la douleur, comme élément central de la vie et de l’art. Son point de vue sur la douleur était en même temps son point de vue sur la vie et sur l’art. Cette conclusion ne pouvait être atteinte par un artiste qu’à travers l'humilité, et sa capacité à réfléchir au sens de chaque expérience. Pour Homna, Wilde avait de la figure du Christ une vision intéressante et unique. Pour lui, le Christ était "le précurseur du mouvement romantique dans la vie", parce qu'il manifestait une sympathie imaginative, seul secret de la création, envers toute l'humanité.


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Observant le comportement de Wilde en prison, Honma affirmait que les personnes qui le côtoyaient étaient impressionnées par son humilité, et par le fait qu'il ne proféra jamais le moindre mot d'indignation ou de ressentiment. Il parlait aussi des derniers jours de l’écrivain, insistant encore sur le fait qu’il ne manifesta aucune amertume ni malveillance envers les autres. Il concluait en affirmant que, la vie et l’art de Wilde symbolisaient la relation idéale entre la vie et l'art. La traduction du "De Profundis" par Honma Hisao, parut pour la première fois dans la revue "Waseda Bungaku" au mois d'octobre 1911, avant d’être publiée sous forme de livre l'année suivante 1. Le texte à disposition de Honma, à l'époque de sa traduction, était, bien entendu, l'édition abrégée de la longue lettre écrite à Lord Alfred Douglas sous le titre original de "Epistola : In Carcere et Vinculis". Cette version abrégée, publiée en Angleterre en 1905 par Robert Ross, avait été confiée par l'écrivain aux bons soins de son fidèle ami, qui avait changé le titre en "De Profundis", et l’avait remaniée en excluant toute référence risquant d’être jugée diffamatoire. Tous les noms propres ayant été supprimés de façon à masquer les relations entre les personnes, la lettre se présentait alors plutôt comme un travail de contemplation philosophique. En lisant entre les lignes de la traduction d’Honma, on s’aperçoit que lui et ses contemporains avaient une connaissance très limitée des relations homosexuelles unissant Wilde et Bosie, et une compréhension réduite de ce que ces relations impliquaient dans l'Angleterre Victorienne 2. Il est curieux de noter, par exemple, qu’Homna attribuait la "mauvaise conduite" de Honma 1911 et Honma Hisao 1912.Honma travailla sur : Oscar Wilde: "The House of Pomegranates: De Profundis" - Complete Writings of Oscar Wilde,vol.3, New York:Nottingham Society,1905. 1


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Wilde envers le marquis de Queensbury, au "tempérament celtique" de l'écrivain irlandais1. Il est également intéressant de voir combien Honma fut impressionné, ainsi qu’on l’a déjà souligné par la conduite de Wilde en prison, son endurance aux mauvais traitements que lui infligeait la société, et son refus d’une fuite en France avec sa famille, qui lui aurait évité le procès. Dans cette attitude, Honma trouvait une consonance aux vertus d’obéissance et de persévérance propres aux samouraïs. Publication du « De Profundis » de Homna, et conséquences. Si cette œuvre servit de révélateur à la réévaluation de l'auteur irlandais, elle permit surtout aux lecteurs japonais de découvrir Oscar Wilde. Tandis que les lecteurs anglais étaient touchés par la profondeur et la beauté de cette lettre, écrite par un homme relégué dans les abîmes du désespoir et du chagrin, les lecteurs japonais furent atteints par la sévérité de la punition d’une offense qui, du moins aux yeux de lecteurs non-chrétiens, pouvait sembler assez légère. Les lecteurs japonais du début du XXème siècle, ignoraient presque tout du style de vie mené par Oscar Wilde, et de l'aversion victorienne à son encontre. Pour eux, Wilde apparaissait plutôt comme une victime innocente de l'esthétisme, condamné injustement. Séduits par le mystère de l’œuvre, plusieurs hommes et femmes de lettres Japonais prirent la suite d’Honma Hisao, en traduisant eux aussi "De Les biographes étaient généralement silencieux sur ce point, parce qu’ils craignaient que leurs déclarations soient jugées diffamatoires. 1 Des références au "tempérement celtique" de Wilde sont éparpillées dans les trois oeuvres auxquelles Honma se réferait dans cette époque; la biographie de R.Sherard (éditions du 1905 et 1906), et celle de Ingleby (1907). Mais elles ne se rapportaient pas à ce cas particulier. 2


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Profundis", chaque traduction reflétant leur propre arrière-plan éducatif et émotif. (Tsuji Jun (1884-1944), Kamichika Ichiko (18881981), Itō Noe (1895-1923) et Hirata Tokuboku, spécialiste de la littérature anglaise, éditeur de "Bungakukai", qui se trouvait en Angleterre au moment de la publication de "De Profundis". C’est cette œuvre qui imposa au Japon l’image d’Oscar Wilde comme génie, martyr de l'esthétisme et philosophe. Si la traduction d’Honma Hisao du "De Profundis", n’était pas parfaite, elle était la première de ce type et, elle fit sensation. Deux ans après la publication de « De Profundis », en 1912, les japonais compagnie

découvrirent théâtrale

l’œuvre d’Alan

dramatique

Wilkie,

monta

d’Oscar

Wilde 1.

« Salomé »,

tant

La à

Yokohama qu’à Tokyo2. Mais la première production à laquelle Honma Hisao assista, fut celle du théâtre Geijutsu-za ("Théâtre des Arts"), produite par son tuteur universitaire, le critique et érudit Shimamura Hōgetsu, qui confia le rôle principal à son amante, l’actrice Matstui Sumako (1886-1919). Shimamura avait l’ambition de créer un drame « séduisant du début à la fin, avec des couleurs fortes, un style enchanteur, des lignes riches et lucides »3. De toutes les pièces de Wilde, Salomé était, probablement, la plus accessible au public japonais, avec une histoire simple et linéaire. L’esprit et l’humour qui ponctuent les autres pièces de Wilde étaient relativement plus difficiles à saisir. Le public japonais, au contraire était déjà familier des femmes fatales et maléfiques comme Salomé, ce type de personnage étant une figure récurrente du théâtre "Kabuki". Salomé Sur l'introduction de "Salomé" au Japon dans la période Taishō, voir Sasaki 2011,pp.87-96. 2 Yamamoto 1992,pp.153-171 et Matsumoto 1966,p.481. 3 Shimamura,1920,p.540. 1


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obtint une popularité durable au Japon. On peut noter par exemple que, dans les années soixante, elle fut montée par Yukio Mishima (1925-1970). Honma

contribua

au

succès

de

la

production

théâtrale

de

Shimamura, en publiant des critiques favorables dans plusieurs journaux culturels, même si ses préférences allaient toujours aux essais sur l'Esthétisme et aux contes1. Dans les années suivantes, Honma poursuivit ses traductions des œuvres de Wilde, avec "The Model Millionnaire" (1912),"The Picture of Dorian Gray" (1913), "Pen, Pencil and Poison", "The House of Judgement"

(1915),

"A

Florentine

Tragedy"

et

"A

House

of

Pomegranates" (1916)2. Il effectua d’autres études sur l’écrivain irlandais. Dans "Gokuchū no Wairudo" ("Wilde en Prison"), par exemple, Honma rapporte l'anecdote du gardien Thomas Martin, relatée par Robert Sherard, dans sa biographie "The Life of Oscar Wilde" ((Londres, 1916). Comme nous le savons, Thomas Martin, (irlandais lui aussi), était gardien à Reading. Il fut licencié pour avoir enfreint le règlement de la prison par sa gentillesse envers les prisonniers. Il fut particulièrement compatissant pour Oscar Wilde et relata ses souvenirs d’Oscar Wilde dans un récit intitulé "The Poet in Prison", qui fut inclus dans la biographie de Sherard. Martin y décrivait comment Wilde, en prison, passait la nuit, marchant dans sa cellule. Il rapportait aussi la réaction de Wilde au sermon d'un pasteur de prison, et sa confusion quand il dut apparaître devant ses visiteurs sans être rasé.

1 2

Voir Honma 1914,pp.50-51;Honma 1915,pp.100-101 Pour les détails, voir Hirata 2008,pp.16,18-19,22 et p.25.


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Dans "Wairudo hyōden no hitostu no nazo" ("Un Mystère dans les biographies d'Oscar Wilde"), Honma Hisao décrit le procès qui découla de la biographie qu’Arthur Ransome publia sur Oscar Wilde en 1912 ("Oscar Wilde: A Critical Study"). Dans ce même article, Honma fait allusion à l’ouvrage de Lord Alfred Douglas : "Oscar Wilde and Myself", que fut publié en 1914. Grâce en partie aux études et publications de Honma Hisao, Wilde est alors devenu un écrivain très connu au Japon. En 1920, parurent enfin "Wairudo zenshū"("Les œuvres complètes d'Oscar Wilde"), en cinq volumes, aux éditions "Ten'yūsha. Depuis 1918, Honma Hisao avait commencé aussi à enseigner à temps partiel à L'Université Waseda. Sa thèse de doctorat :"Eikoku kinsei yuibishugi no kenkyū" ("Un étude du Mouvement Esthétique dans l'Angleterre moderne"), explore le rapport entre Oscar Wilde et l'esthétisme. Pour cette recherche, il passa une année en Angleterre. Il y rencontra le fils d'Oscar Wilde, Vyvyan Holland, qui lui donna une mèche de cheveux de son père, en souvenir. Vyvyan Holland lui accorda également la permission de lire et recopier "Epistola: In Carcere et Vinculis", la version intégrale de "De Profundis". Le texte aida Honma à saisir le sens plus profond de la doctrine de l’esthétisme, qui était, selon Walter Pater: "To live not for the fruit of experience, but for the experience itself"1.

1

Honma 1934,p.443.


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Homna Isao et Vyvyan Holland

Ce ne furent pas les essais de Wilde, ni ses histoires, ni Salomé, qui séduisirent le plus Homna, ce fut « De Profundis », et la vie de Wilde telle qu’elle y est révélée. Homna admire Wilde parce qu’il a osé se rebeller contre les valeurs et le système de l’époque, qu’il les a défiés, même s’il a été vaincu par la force écrasante de l’établissement. Oscar Wilde s’est battu contre l’establishment victorien avec pour seules armes son génie, et la valeur universelle mais fragile de la beauté. Conclusion Les œuvres de Wilde, ne furent pas introduites au Japon par ordre chronologique, mais presque dans l’ordre inverse. De toutes ses pièces, dont la popularité est grande en Angleterre aujourd’hui, seule, « Salomé » est montée au Japon. Pour les autres, d’évidentes difficultés linguistiques, contribuent à un manque d’intérêt général. La poésie et les épigrammes de Wilde se heurtent à la même incompréhension.

Au

contraire,

on

apprécie

ses

essais

sur


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l’esthétisme, « Dorian Gray » et les contes pour enfants. Et nous avons vu que « De Profundis » est très apprécié et qu’il a exercé une influence notable. L’un de facteurs qui facilita la réception de la théorie esthétique au Japon, fut la perception, par les intellectuels comme Homna, d’un lointain écho avec les théories esthétiques du Japon traditionnel. Si une idée comme celle-ci : "all Art is quite useless", pouvait paraître insolite aux lecteurs de l’Angleterre victorienne, elle résonnait au contraire très familièrement aux oreilles des lecteurs japonais. La théorie chinoise du philosophe Zhuangzi du "wuyong zhi yong", connue en japonais sous le nom de "muyō no yo" ("l'utilité de la nonutilisation"), appartenait au

patrimoine culturel japonais depuis

plusieurs siècles. Honma Hisao fut particulièrement sensible à ces valeurs esthétiques du Japon traditonnel. Né dans une famille d'acteurs du théâtre "Noh"; il fut formé dès son enfance, pour reprendre la tradition de ce théâtre "Noh", tandis que son frère devenait peintre professionnel. C’est peut-être en partie pour cette raison que le désir d’Oscar Wilde de rétablir les valeurs d’art et de beauté, trouva une résonnance particulière dans l’esprit d’Honma, qui souhaitait faire carrière dans le monde littéraire quand il vint, encore très jeune, à Tokyo, vers la fin de la période Meiji. C’est lui qui, par ses traductions et la divulgation des œuvres, permit à Oscar Wilde d’imprimer fermement son empreinte sur ce coin si reculé de l'Asie Orientale. Et, comme un symbole précieux de ce lien important entre l'écrivain irlandais et ce pays asiatique, la mèche de cheveux d'Oscar Wilde que


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Vyvyan Holland donna à Honma Hisao au cours de leur rencontre à Londres, est encore conservée en sécurité dans le coffre de la bibliothèque de l'Université Jissen, où Honma enseigna après avoir quitté l'Université Waseda.


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8 Bibliographie The model millionaire The model millionaire a été publié pour la première fois en juin 1887 dans le journal The World. Il connut une seconde publication en 1891, associé à une anthologie qui comprenait Le Crime de Lord Arthur Savile, et autres nouvelles. Titre

Éditeur

Date

En français

Le millionnaire modèle

Folio

Janvier 2015

En anglais The Sphinx without a secret – The Model Millionaire – The Canterville Ghost

The Model Millionaire (audiobook)

Privately printed

1904

One voice recording (narrateur : David Ian Davies)

2000


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The Model Millionaire

Perfect Learning

2000

The Model Millionaire

Harper Perennial

2009

The Model Millionaire

Red Door Audiobooks

2013

The Model Millionaire

Harper Perennial Classics

En Espagnol

2014


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El millionario modelo

E-Libro

2004

En allemand

Modell und millionär

St. Gabriel-Verl

1952

En Grec

Το Μοντέλο Εκατομμυριούχος

Stochastis

En hongrois

1988


Rue des Beaux-Arts - Numéro 52 – Juillet/Août/Septembre 2015

A Minta-Milliomos

Kétnyelvű klassikus könyvtár

1920

A Minta-Milliomos

Aczél Testvérek

1935

A Minta-Millionos

Akli Könyvkiadó

En turc


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Model Milyoner

Bebekusun Kitaplari

1991

En hollandais

De model mijonair

Illustration : S.E. Pace

Boekwerk

Illust. David Hughes

1993

Illust. Annabel Large

Illust. Patrick Tillet


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9 - La pétition de Stuart Merrill

Stuart Merrill, poète symboliste américain, qui avait été un des correcteurs de Salomé, fut le premier à Paris à prendre publiquement la défense d’Oscar Wilde. Il ne se contenta pas de vains mots. Il eut l’idée d’une pétition qui demanderait l’adoucissement du sort du prisonnier. En 1895, Merrill écrivit dans le journal La Plume1 une lettre ouverte dans laquelle il demandait aux grands noms du monde littéraire français et anglais de s’unir pour essayer de sauver la vie d’un grand artiste qui se mourait en prison. « Cette pétition, expliquait-il, devait être rédigée en des termes tels que ceux qui croient à la culpabilité d’Oscar Wilde, mais qui estiment sa punition suffisante, puissent la signer ». Il ajoutait : « N’est-il pas temps que les écrivains de France et d’Angleterre

réagissent

par

une

éclatante

protestation

contre

l’hypocrisie bourgeoise qui les menace de nouveau dans les deux

1

La Plume – 15 – 30 novembre 1895.


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pays ? Sommes-nous donc tous lâches devant le mouchoir de Tartuffe et l’éventail de Mrs Grundy ? 1 La lettre ne se prononçait pas sur la culpabilité de Wilde, ni sur la justice du jugement. Elle avançait seulement deux arguments : 1) au nom de l’humanité, parce que d’après les témoignages publics et privés, M. Oscar Wilde est gravement malade. 2) Au nom de l’art, parce que sa mort possible priverait les Lettres d’œuvres

dont

le

passé

littéraire

de

l’auteur

garantit

suffisamment la valeur. On sait que l’initiative généreuse de Stuart Merrill ne reçut pas l’accueil escompté. Beaucoup, et parmi les plus grands, refusèrent leur signature, parfois avec des commentaires ignobles. Stuart Merrill publia une réponse dans La Plume pour témoigner de son dédain à ceux qui s’étaient dérobés. Victorien Sardou répondit d’un air dégoûté « C’est une boue trop immonde pour que je m’en mêle, de quelque façon que ce soit», Anatole France s’est inquiété de savoir en quelle compagnie il serait, Maurice Barrès jugea qu’il en avait bien assez fait en recevant Wilde avec politesse lors de ses séjours à Paris. Et Emile Zola, qui pourtant, aura le courage de s’engager pour Dreyfus, refusa de signer parce qu’il craignait d’être manipulé : «Enfin, de qui émane la pétition ? s’inquiètera-t-il […] Veut-on se servir de notre nom pour se tailler une carte-réclame sur le dos du prisonnier ? » Le pire fut sans doute François Coppée qui consentit à signer comme “membre de la société protectrice des animaux”. Il précisa sa pensée en ajoutant : “Un

1

Personnage qui incarne métaphoriquement la pudeur anglaise.


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cochon artiste n’en est pas moins un cochon. Il n’est même pas très sûr qu’Oscar Wilde soit un artiste. Reste le cochon”. À moins que la palme du mépris ne revienne à Jules Renard pour sa réponse : « Je veux bien signer la pétition pour Oscar Wilde, à condition qu’il prenne l’engagement d’honneur de ne plus jamais… écrire ». Merrill fut douloureusement désillusionné par la réaction frileuse, et parfois indigne de ces hommes de lettres. Il tint lui-même à réaffirmer son admiration pour Oscar Wilde : “Pauvres victimes du succès populaire, c’est de l’exemple du Maître immortel que vous auriez dû vous inspirer. Lui n’aurait pas demandé en quelle compagnie il lui aurait été permis de manifester, ni traité de commis-voyageur un hôte parti de sa table, ni soupçonné une pensée de réclame dans une pétition que nous avons toutes les raisons du monde de ne pas rédiger. Emu de pitié, il aurait appose sa griffe énorme et tremblée sur le papier encore vierge de signatures.” La pétition, comme on sait, resta lettre morte, faute de signatures, et Wilde effectua toute sa peine sans qu’il lui fut apporté le moindre adoucissement.


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10 – Le Français d’Oscar Par David Charles Rose (traduction Danielle Guérin)

Oscar Wilde parlait-il bien Français ? Selon Frank Harris, son français était « assez bon » après son séjour à Paris en 1883, 1 mais comment s’améliora-t-il avec le temps, il est difficile de le dire (le Français de Harris semblait lui-même être excellent). Pater prêta à Wilde une copie des Trois Contes de Flaubert en 1877, 2 sans doute dans l’édition publiée par Charpentier le 24 Avril de cette même année, ce qui laisse supposer une familiarité avec la langue, supérieure à ce qui pouvait être attendu de l’enseignement reçu à la Portora Royal School (les langues modernes n’étant pas enseignées dans les filières classiques à Trinity et à Oxford). Sherard affirmera que son français faisait partie des choses pour lesquelles il aurait pu féliciter Wilde. « Ses visites en France semblent avoir jeté les bases d’une grande connaissance de la langue française, dont il fit preuve en écrivant Salomé.

Quant à l’écriture et à la

langue de la pièce, les meilleurs critiques français sont unanimes

à

s’étonner

qu’un

étranger

puisse

ainsi

maîtriser le français, ses beautés et ses complexités. 3

1

Harris p.48. Derrick Puffett (ed.): Richard Strauss, Salomé. Cambridge: Cambridge University Press 1989 p.2, citant un article d’Ellmann. Cité par la suite comme Puffett. 3 Sherard 1906 p.93. 2


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Douglas partageait ces deux points de vue : « Il s’exprimait aussi bien en français qu’en anglais ; à mes oreilles anglaises, son français semblait plutôt laborieux et son accent trop marqué, mais, après l’avoir entendu, certains Français m’assurèrent qu’ils n’avaient pas eu cette impression »1

En fait, cela dépend à quelle période on se réfère, 1883, 1891 ou 1900. C’est un point de quelque importance dans la détermination des relations entre Wilde et les intellectuels Français par lesquels il souhaitait tellement être adoubé. Il est difficile d’imaginer « les meilleurs critiques Français », quels qu’ils aient pu être, s’accorder tous sur un sujet, en particulier sur la maîtrise du français d’un étranger. Quant aux autres témoignages, ils ne sont pas aussi extatiques. Gide affirme que Wilde connaissait presque parfaitement le français, mais feignait parfois d’hésiter sur un mot qu’il voulait mettre en valeur ; cela semble sujet à caution, tout spécialement quand on rapporte cette assertion à la remarque de Gide moins souvent citée, que Wilde gardait « un léger accent anglais ou irlandais ».2 L’Américaine Mary Waddington, qui avait vécu quarante ans en France, fit la réflexion qu’ ‘il y a tellement de réparties et de sous-entendus dans toute conversion française que même les étrangers les plus familiers avec la langue trouveront parfois difficile de tout suivre’.3

Après tout, parler couramment une autre langue,

n’implique pas nécessairement de la parler sans faute; et la parler bien, n’est pas nécessairement la parler sans aucun accent. 1

Douglas/Wintermans p.40. Gide/Mason 1905 p.23; Gide/Frechtman p.74. 3 Waddington 1914 p.118. 2


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Laissons de côté la référence faite par Nicolson au français de Wilde comme « le français de Chelsea, dont il était si fier en parlant à Verlaine » (puisque Nicolson n’a jamais entendu Wilde) et celle de Chris Healy (qui ne faisait pas forcément référence à Wilde) que les « Irlandais, généralement, parlent français, avec un accent régional. » Joseph-Renaud parle de l’‘accent anglais’ de Wilde, tandis que Will Rothenstein se rappelle ‘Un français plutôt Ollendorfien avec un fort accent anglais’ (‘Mais Ollendorf,’ remarque du Maurier, ‘n’entretient pas le Quartier Latin’).1

Dans son autobiographie, le poète et

diplomate nicaraguayen Ruben Dario, qui rencontra Wilde en 1898, rapporte qu’il parlait français ‘avec un net accent d’outre-Manche’. 2 Gustave Le Rouge, qui écrivit beaucoup plus tard, en 1928, dit que Wilde ‘s’exprimait en français sans aucune trace d’accent, et avec une pureté et une correction déconcertantes’, mais Gideon Spilett écrivit en 1897 que Wilde ‘s’exprimait aisément dans un français moderne, haut en couleurs, auquel son léger accent britannique ajoutait un certain charme qui lui était propre’ et cet avis parait plus convaincant puisqu’il recoupe les vues de Stuart Merrill qui affirme que Wilde ‘écrivait le français comme il le parlait, c’est-à-dire de façon fantasque’.3 Max Beerbohm dit à Reginald Turner qu’il lui semblait que ‘[Wilde] parlait français avec un accent choquant, ce qui était assez décevant, et que, lorsqu’il visita les Décadents, il dut répéter une ou deux fois tout ce qu’il leur disait, et parfois même le leur écrire.’4 Quant aux lettres que Wilde écrivait en français, Langlade fait 1

Harold Nicolson: Verlaine. Constable n.d. p.202; Healy p.224; J. Joseph-Renaud: Préface à Intentions. Paris: Stock 1905 p.23; Rothenstein volume I p.88; Du Maurier/Trilby p.76. 2 Langlade p.292. 3 Le Rouge p.356; Gideon Spilett dans Gil Blas du 22 Novembre 1897, tous deux repris dans Mikhail volume II, p.459 (traduction de Mikhail); William Tydeman and Steven Price: Wilde Salomé. Cambridge: Cambridge University Press 1996 p.18. 4 Max Beerbohm: Letters to Reggie Turner. Édité par Rupert Hart-Davis. London: Rupert Hart-Davis 1964 p.36.


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remarquer que les fautes qui se trouvaient dans les originaux n’ont pas été reproduites ‘dans l’édition de R.H. Davies’ [sic].1 Wilde loua la traduction française en prose que Richepin fit de Macbeth,

alors

complétement représentant dictionnaires

qu’un

critique

inappropriée.2 Wilde

en

français

Le

train et

de

contemporain dessin

d’écrire

d’Aubrey

Salomé

recueils

l’avait avec

jugée

Beardsley l’aide

d’expressions

de

reflète

probablement une certaine réalité – si l’on considère la somme de mots exotiques, éloignés du langage quotidien, que Wilde y introduit. Quant au français de Wilde s’adressant à Verlaine, ce dernier parlait un bon anglais,3 langue qui, dit-il à Francis Grierson, ‘était faite pour le sentiment et la poésie’.4 Il est très possible que la conversation se soit déroulée en anglais: mieux, n’aurait-il pas été de ses auditeurs français qui, comprenant l’anglais, auraient voulu entendre le « Seigneur du langage » s’exprimer dans sa propre langue ? Et ne l’en aurait-il pas prié ? Quand on compare la lettre que Wilde écrivit en français à Mallarmé le 25 Février 1891 et la traduction littérale qu’en fit Richard Ellmann, on peut voir comment était réellement le français de Wilde par rapport à l’anglais.5

Le dernier commentaire de Sherard affirmant que le

‘français lui était si familier qu’il pensait souvent dans cette langue, ainsi qu’il avait l’habitude de le dire”,’ 6 démontre seulement que Wilde partageait l’aveuglement commun à la plupart des anglophones qui s’enorgueillissent de leur français. Le biographe de Pierre Louÿs 1

Langlade p.147n. Elaine Aston: Sarah Bernhardt, A French Actress on the London Stage. Oxford, New York, Munich: Berg Publishing 1989 p.75. Cité plus tard comme Aston. 3 ‘Verlaine connaissait très bien l’anglais’ selon George Moore. Moore 1914 p.93. 4 Grierson p.51. 5 Ellmann pp.316-7. 6 Sherard 1906 p.93 2


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déclare sans ambages que « bien qu’on l’ait souvent crédité d’une excellente maîtrise du français, [Wilde] pouvait commettre la plus grossière des fautes.1

En tout cas, Wilde devait employer avec

Mallarmé ou de Gourmont un français différent de celui qu’il utilisait dans la rue, bien qu’il soit difficile d’imaginer l’homme qui façonnait supérieurement

les

phrases

d’Intentions

s’exprimer

avec

des

familiarités comme ‘allons étrangler un perroquet’. 2 Romain Rolland estimait que ’ quelque remarquable soit la connaissance que Wilde avait du français, il est impossible pourtant de le considérer comme un poète français.’3 Il est bien connu que Wilde consulta Adolphe Retté, Pierre Louÿs, Stuart Merrill, et Marcel Schwob sur certains points d’usage du français quand il écrivit Salomé.4 Parmi ceux qui lui apportèrent leur aide à l’époque de Salomé, c’est probablement Schwob qui jouissait de la réputation littéraire la plus significative (Jarry lui avait dédié Ubu Roi), même si la réputation de Louÿs a mieux survécu. Le manuscrit Rosenbach de Salomé montre que Louÿs fit plusieurs suggestions, mais Wilde ne les suivit pas toutes; 5 et l’intervention de ces ‘script doctors’ n’empêcha pas Rolland (un écrivain qui signifiait beaucoup pour chacun d’entre eux) de parler de prétentieux effets de style quand il travailla sur le livret pour Strauss. Rolland indiqua aussi

1

Clive p.73. De toute manière, chacun s’accorde à reconnaitre que Wilde avait une sainte horreur des expressions vulgaires ou grossières, à un point tel qu’un chercheur put parler à son sujet d’une “inhibition orale’’. Roditi p.118. 3 Romain Rolland à Richard Strauss 12 Novembre 1905. Richard Strauss et Romain Rolland: Correspondance et Fragments de Journal. Avant-propos de Gustave Samazueilh. Paris: Albin Michel 1961 p.80. Rolland n’appréciait pas Salomé. 4 On peut trouver les détails chez Langlade pp.152-3; et chez William Tydeman et Steven Price: Wilde Salomé. Cambridge: Cambridge University Press 1996 pp.17-19. 5 Clive p.73. 2


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‘mauvais français’ sur le texte que Strauss lui envoya ; Strauss répondit que c’était mot pour mot la version originale de Wilde. 1 La dédicace de la pièce à Louÿs indique peut-être que Wilde reconnaissait une dette considérable2 (même si, en retour, Wilde estimait que Louÿs aurait dû se montrer plus reconnaissant pour la dédicace), et Wilde le présenta à Sarah Bernhardt pendant les répétitions à Londres; mais il est également vrai qu’il aima toujours davantage Louÿs que Louÿs ne l’aimait. Même si Louÿs dédicaça Astarte à Wilde, ce n’était là qu’une dédicace parmi d’autres; son jugement littéraire pouvait être discutable, au moins quand il appelait Dumas fils le maître de Tolstoï et d’Ibsen. Schwob, qui était le secrétaire de Catulle Mendès en même temps qu’il travaillait pour L’Écho de Paris, était un ami et un disciple de Mallarmé; et c’est Schwob qui publia la première traduction française du Géant Égoïste dans L’Écho de Paris le 27 décembre 1891. (Il avait déjà traduit une œuvre de Robert Louis Stevenson.) Ce ne fut pas nécessairement à son avantage, puisque, selon Vincent O’Sullivan ‘Wilde ne fut pas du tout content qu’on loue ses contes au détriment du reste de son œuvre’. 3

On prétend que Francis Vielé-Griffin mit

également la main à la révision du français de Wilde pour Salomé.4 Ceci n’est confirmé ni par Ellmann, qui mentionne seulement une critique de Vielé-Griffin par Mendès, ni par Hart-Davis, qui ne fait pas 1

‘Des mièvreries prétentieuses de style.’ Romain Rolland à Richard Strauss 14 Mai 1907; Strauss à Rolland 10 Novembre 1905. Richard Strauss et Romain Rolland: Correspondance et Fragments de Journal. Avant-propos de Gustave Samazueilh. Paris: Albin Michel 1961 pp.87, 78. Les difficultés que rencontra Strauss pour la retraduction du texte en un livret français sont exposées dans Stephan Kohler: ‘Warum singt der Franzose anders als er spricht?’: Richard Strauss und die französische Fassung seiner Oper Salomé. Jahrbuch der Bayerischen Staatsoper. Vol. 2 1978/9. Pascal Aquien considère que le français de Wilde mérite à peine la critique, en dépit de certains anglicismes et solécismes occasionnels. Oscar Wilde: Salomé. Présentation de Pascal Aquien. Paris: Flammarion 1993 pp.20-1. 2 Roditi va jusqu’à dire que Louÿs ‘aida probablement [Wilde] à écrire le texte français original’. Roditi p.40. 3 O’Sullivan 1934 p.13. 4 Starkie p.106.


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mention du tout de Vielé-Griffin. Vielé-Griffin avait quitté Paris pour la Touraine en 1888, et bien qu’il ait gardé des amis comme Henri de Régnier, Gérard d'Houville, Paul Adam, André Gide, Whistler, Émile Verhaeren, and Alphonse and Léon Daudet, aucune connexion avec Wilde n’a été établie.

~~~~~~~ Ceux qui font si grand cas de la dette de Wilde envers Huysmans et son roman À Rebours (qu’il lut à Paris pendant sa lune de miel, juste après sa publication1) ne se sont pas pressés de chercher à savoir pourquoi il sembla si peu concerné par L’Art Moderne que Huysmans publia en 1883, peut-être parce que Huysmans y louait les œuvres de Degas, Manet, Gauguin, Pissarro, et Cézanne, peintres qui, pour la plupart, n’avaient que peu d’intérêt aux yeux de Wilde. Bien plus, selon G.A. Cevasco, spécialiste de Huysmans, il semble que Wilde n’ait

jamais

rencontré

Huysmans,

ce

qui

est surprenant,

et

Christopher Lloyd, dans son excellente étude de Huysmans, fait seulement deux références à Wilde, bien que le Dr Lloyd fasse mention de ‘centaines, voire de milliers d’essais critiques et d’articles’ sur Huysmans, un chercheur pertinent pourrait en découvrir davantage.2 (Il est également surprenant qu’on soit pratiquement sûr que Huysmans n’a jamais rencontré Montesquiou. 3)

Nous ne nous

attarderons pas plus sur À Rebours; il suffit de noter que Wilde lut En Route de Huysmans en 1897, juste avant de sortir de prison et qu’il le trouva surfait. 1

Fryer 1997 p.17. Fryer dit que le livre avait été publié “seulement quelques semaines avant”, mais il s’agit peutêtre même de quelques jours. 2 G.A. Cevasco: Oscar Wilde, British Author, Poet & Wit. Charlotteville, NY: Samhar Press 1972 pp.18-19; Lloyd pp.84, 117, vi. Voir aussi Cevasco’s J-K Huysmans, A Reference Guide. Boston: G.K. Hall 1980. 3 Laver p.75.


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C’est du pur journalisme. On n’entend jamais une note de la musique qu’il décrit. Le sujet est délicieux, mais le style est sans valeur, bâclé, flasque. Le français est pire que celui de [Georges] Ohnet. Ohnet essaie d’être banal et il y réussit.

Huysmans

essaie de ne pas l’être, et il l’est. 1 Son admiration pour Huysmans était bien écornée.

1

Oscar Wilde à Robert Ross 6 avril 1897.Hart-Davis 1962 pp.520-1. Ce livre, En Route, ne doit pas être confondu avec l’œuvre du même nom écrite par E. Saxelby et illustrée par Blam (London: Ginn & Co 1937), qui est un livre élémentaire français destiné aux jeunes enfants. Roditi décrit ainsi Ohnet : ‘en son temps, un romancier français très populaire, dont Wilde avait de bonnes raisons de détester le style, et dont les œuvres restent dans le souvenir (quand on s’en souvient) comme un exemple proverbial d’un genre Kitsch vraiment obsolète.’ Roditi p.181. Roditi juge par contre moins perspicace l’avis exprimé par Wilde sur Huysmans.


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11. Mad scarlet Music “After the Ball” – Comédie musicale de Noël Coward inspirée par Lady Windermere’s Fan Par Tine Englebert Lady Windermere’ Fan (L’Éventail de Lady Windermere), la pièce de théâtre en quatre actes créée le 22 février 1892 au St James’s Theatre de Londres, se présentait comme une satire acerbe de la société victorienne, de sa morale, de ses codes, et plus particulièrement du mariage. Le succès de Lady Windermere’s Fan devait susciter diverses adaptations comme The Poet and the Puppets (1892), la parodie de Charles Brookfield, The Fan (1949), le film d’Otto Preminger et la comédie musicale After the Ball (1954) de Noël Coward.

Cette dernière adaption commence à Londres en 1899, quand la crème de la crème se rassemble à la résidence de Lord et Lady Windermere à Hyde Park pour une soirée brillante, le bal de la saison.


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Là, au milieu de la chaleur des lampes à gaz, des robes de bal et des flirts scandaleux, se cache un secret derrière le mouvement des éventails. Il peut sembler extraordinaire que la comédie musicale de Noël Coward ne tint l’affiche que l’espace de 188 spectacles à Londres en 1954.

Peut-être

la

combinaison

de

Wilde

et

de

Coward

ne

fonctionnait-elle pas, bien que la partition et le livret soient d’une qualité charmante. Le metteur en scène, Robert Helpmann, déclara après coup : “You would have thought that a play of Wilde's with music by Noël Coward should be marvellous, but I suddenly realised at the first rehearsal it was like having two funny people at a dinner party. Everything

that

Noel

sent

up,

Wilde

was

sentimental about, and everything that Wilde sent up Noel was sentimental about. It was two different points of view and it didn’t work. (Charles Castle, Noël, London, Sphere Books, 1974)”

1

La distribution réunissait les stars de la scène londonienne de l’époque – Mary Ellis, Vanessa Lee, Peter Graves, Graham Payn et Irene Browne. Ce fut la dernière apparition de Marie Ellis sur une scène importante. La star américaine avait régné sur le West End entre les deux guerres mondiales, remportant de grands succès dans Music in the Air (1933) de Jerome Kern et dans deux spectacles par On aurait pu penser qu’une pièce de Wilde avec une musique de Coward serait merveilleuse, mais j’ai soudain réalisé à la première répétition que c’était comme d’avoir deux personnes amusantes à un dîner. Tout ce que Noël ridiculisait, Wilde l’avait rendu sentimental, et tout ce que Wilde ridiculisait, Noël l’avait traité de façon sentimentale. C’était deux points de vue différents, et ça ne collait pas. » (traduction – Danielle Guérin) 1


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Ivor Novello, Glamorous Night (1935) et The Dancing Years (1939). After the ball fut la dernière comédie musicale de Noël Coward, créée dans le West End; ses deux ultimes comédies musicales furent d’abord produites sur Broadway avant de se transporter à Londres. Sir Noël Coward Peirce (16 Décembre 1899 - 26 Mars 1973) était un dramaturge anglais, compositeur, réalisateur, acteur et chanteur, célèbre pour son esprit, sa flamboyance, son élégance et son originalité.

Coward

n’a

jamais

reconnu

publiquement

son

homosexualité, mais ses biographes l’ont évoquée ouvertement après sa mort, y compris Graham Payn, son partenaire de longue date. La question est également abordée dans ses journaux et dans ses lettres, publiés à titre posthume. Né à Teddington, Middlesex, Coward a suivi, enfant, les cours d’une académie de danse, à Londres. Il a fait ses débuts professionnels sur scène à l’âge de onze ans. Encore adolescent, il est introduit dans cette haute société où se déroulent la plupart de ses pièces. Coward a obtenu un succès durable en tant que dramaturge, publiant plus de cinquante pièces à partir de son adolescence. Il était une des figures les plus populaires du théâtre anglais. Beaucoup de ses œuvres, comme Hay Fever, Private Lives, Design for Living, Present Laughter et Blithe Spirit, sont restées dans le répertoire théâtral. Sir Noël Coward sut s’imposer au public anglais de l’entre-deux-guerres, et son succès lui assura dès lors une audience internationale. Il a composé des centaines de chansons, et plusieurs pièces de théâtre musical (y compris les opérettes Bitter Sweet et After the Ball) et des revues. Créateur polyvalent (il s’adonnait aussi à la peinture), il écrivit de la poésie, plusieurs volumes d’histoires courtes, le roman Pomp and Circumstance (1960) et les autobiographies Present Indicative (1937),


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Future Indicative (1954) et Past Conditional (1986). Bon nombre de ses pièces furent portées à l’écran. Sa carrière au théâtre et au cinéma comme acteur et réalisateur a duré six décennies, au cours desquelles il a joué dans plusieurs de ses propres œuvres. Joué aux quatre coins du monde, promu à la dignité de chevalier par la reine Élisabeth II en 1970 pour “services rendered to the arts”, il s’éteint à Port Maria en Jamaïque le 26 mars 1973.

Noël Coward C’est en Août 1953 que Noël Coward décida d’écrire une comédie musicale fondée sur la pièce d’Oscar Wilde. Son travail sur L’éventail de Lady Windermere dura jusqu’à Janvier 1954. Il délégua la première version du scénario à son assistant Cole Lesley qui coupait les lignes les plus mélodramatiques de Wilde. Coward se souvenait de cette période avec plaisir: “The music is pouring out and I can scarcely go to the piano without a melody creeping from my fingers, usually in


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keys that I am not used to and can’t play in” (Diaries, 23 Octobre 1953).1 Courant Novembre et Décembre 1953, son directeur musical, Norman Hackforth travaille avec Coward sur la partition, à Londres, mais aussi dans la Kent, à Goldenhurst Farm, pendant plusieurs week-ends, tandis que le casting du spectacle est en cours. Coward continue à travailler sur la pièce pendant ses vacances d’hiver à la Jamaïque en Décembre 1953. Hackforth l’a rejoint pour l’aider à achever la partition. Coward ne voulait pas diriger lui-même. Il décida d’engager Robert Helpmann (il ajouta un ‘n’ à la fin de son vrai nom Helpman pour éviter d’avoir un nom de 13 lettres), comme metteur en scène de la comédie musicale.

Mary Ellis Mary Ellis (1897-2003) tenait le rôle de Mme Erlynne mais, apparemment, elle ne se révéla pas à la hauteur des exigences vocales. Noël Coward l’avait choisie pour ce rôle principal, acceptant imprudemment – sans l’auditionner – son affirmation qu’à la fin de la « La musique jaillit toute seule, et je peux à peine me mettre au piano sans qu’une mélodie fourmille dans mes doigts, la plupart du temps sur des clés auxquelles je ne suis pas habitué et que je n’utilise jamais » (traduction D.G) 1


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cinquantaine, elle chantait aussi bien que jamais. Mary Ellis avait partagé la scène avec des chanteurs d’opéra célèbres comme Enrico Caruso (dans L’élisir d’amore de Donizetti) et Feodor Chaliapin (dans Boris Godounov de Moussorgski), avant de passer à la musique plus légère avec la création du rôle-titre dans Rose Marie, l’opérette de Rudolf Friml et Herbert Stothart (première à Broadway, le 2 septembre 1924). Puis, elle avait commencé à jouer dans des comédies et des films. Mary Ellis s’était faite un nom comme chanteuse dans des comédies musicales, avec des rôles extrêmement influents dans des œuvres d’Oscar Hammerstein, Jerome Kern et Ivor Novello (entre autres) au cours des années 1920 et 30, et elle avait maintenu une réputation d’actrice très séduisante. En 1947, elle s’était produite dans une pièce de Coward - Point Valaine – mais jamais dans une de ses comédies musicales, avant After The Ball en 1954, une vingtaine d’années après les premiers rôles musicaux pour lesquels elle s’était rendue célèbre. Au moment où elle aborda After the Ball, sa voix, bien que toujours attrayante, avait perdu sa gamme originale et par la suite, elle n’acceptera plus aucun rôle musical. Une grande partie de sa participation musicale dans After the Ball a dû être coupée. Coward a d’ailleurs attribué l’échec relatif d’After the Ball à la faiblesse de sa performance. Le directeur musical Norman Hackforth s’est rendu compte très vite que Mary Ellis ne pouvait pas aborder de façon satisfaisante la musique difficile que Coward avait composée pour le rôle. En l’absence de l’auteur, il a coupé la musique la plus difficile pour le rodage qui commença à Liverpool le 1 Mars 1954. Malgré tout, il continuait d’être consterné par la prestation d’Ellis. Noël Coward retourna en Angleterre fin mars et vit la production pendant la


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tournée provinciale du spectacle avant ses débuts à Londres. Il fut affligé par ce qu’il vit et entendit, écrivant dans son journal: Last night was my first view of After the Ball. (…) It was a longawaited occasion and, like so many long-awaited occasions, disappointing.

(…)

“The

orchestra

was

appalling,

the

orchestrations beneath contempt ... the whole score will have to be

reorchestrated

from

overture

to

finale

and

Norman

(Hackforth) will have to be fired.” (Diaries, 1 Avril 1954)1 Son mécontentement sur l’“absence of style in the direction”, s’est exprimé en ces termes : “it was restless and untidy and ... a great deal of the performance was inaudible.” Il n’est pas plus tendre avec Mary Ellis elle-même : “Mary Ellis acted well but sang so badly that I could hardly bear it. If the show opened in London as it is it wouldn’t run a week ... thank god we have another eight weeks”2. Même si Mary Ellis n’était pas capable de chanter sa partition, Coward ne la remplacerait pas parce qu’elle était une personnalité forte qui jouait bien son rôle. Heureusement, il y avait “also a few other moments of imagination and charm, but not enough, not nearly enough. Graham (Payn), thank God, was really

J’ai vu pour la première fois After the ball hier soir (…) C’était une occasion longtemps attendue et, comme c’est souvent le cas après une longue attente, décevante. L'orchestre était épouvantable, les orchestrations au-delà du mépris ... la partition entière devra être réorchestrée, de l'ouverture au finale, et Norman devra être remercié. 1

C’était plein d’agitation et de désordre, et la majeure partie de la représentation était inaudible (…) Marie Ellis jouait bien, mais chantait si mal que je pouvais à peine le supporter. Si le show ouvre à Londres en l’état actuel, il ne tiendra pas l’affiche une semaine. Dieu merci, il nous reste encore huit semaines. (Traduction D.G) 2


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very good indeed. Vanessa (Lee) sang divinely but acted poorly. Irene (Browne) gave a fine, exterior comedy performance. ”1 Coward dut reconnaître que son adaptation comportait des éléments qui

n’étaient

pas

tout

à

fait

satisfaisants.

Il

commença

immédiatement à réécrire, réorganiser, réorchestrer et couper son œuvre. “The more Coward we can get into the script and the more Wilde we can eliminate, the happier we shall all be...” 2, a-t-il noté, le 21 Avril 1954. Il a rejeté son vieil ami Hackforth en tant que directeur musical, et engagé Phil Green à réorchestrer la partition, mais même après avoir révisé une grande partie de la production de Helpmann, il restait terriblement déçu par After the Ball. Après une tournée provinciale de douze semaines qui avait commencé au Royal Court Theatre de Liverpool, la comédie musicale s’installa au Globe Theatre de Londres, le 10 Juin 1954 où elle tint jusqu’au 20 Novembre 1954, pour 188 représentations. À Liverpool, Coward avait intitulé son spectacle « opérette », mais par la suite, il souhaita le présenter comme un véritable opéra. À Londres, en 1954, les critiques furent mélangées. Erik Keown écrivit une critique respectueuse dans Punch 1954: One of Noël Coward's difficulties in turning Lady Windemere's Fan into a musical comedy is that, not unnaturally, he finds the Victorian period funny, so that, although he uses some of Wilde's epigrams in addition to his own, he cannot escape a Il y avait aussi des moments d’imagination et de charme, mais pas assez, loin de là. Graham, Dieu merci, était vraiment très bien. Vanessa chantait divinement, mais jouait pauvrement. Irène a donné une bonne prestation de comédie, extérieure. 1

Plus de Coward nous pourrons mettre dans le script, et plus de Wilde nous pourrons éliminer, le mieux ce sera. 2


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spoiling note of burlesque. (…) In other words, the tincture of Wilde is a very uncertain asset, but if one can forget it there is still a good deal in After The Ball to be enjoyed simply as a musical comedy. Mr. Coward has written pleasing music and a number of extremely nimble lyrics.1 En 1999, une nouvelle production de la comédie fut donnée au Peacock Theatre de Londres pour le centenaire de Noël Coward. Outre quelques productions en concert, After the Ball a connu une première sur Broadway en janvier 2005. La pièce de Wilde, Lady Windermere’s Fan, y avait été à l’affiche à plusieurs reprises (1893, 1914, 1932, et 1946), mais After the Ball n’était jamais arrivé jusque-là. Comme le reste de ses comédies musicales de la fin de sa carrière, After the Ball n’a jamais attiré autant d’attention que ses premières opérettes, comme Bitter Sweet (1929). Les chansons écrites pour la partition sont enregistrées. Le disque original LP Phillips BBL 7005 (1954) nous offre le casting original de Londres avec Mary Ellis, Vanessa Lee, Peter Graves, Graham Payn, Irene Browne et Philip Martell à la direction. La liste des chansons est la suivante : 1. Oh, What A Century It’s Been - Chorus 2. I Knew That You Would Be My Love - Vanessa Lee, Peter Graves 3. Mr. Hopper’s Chanty - Graham Payn, Dennis Bowen, Tom Gill Une des difficultés que Noël Coward rencontra en transformant Lady Windermere Fan en comédie musicale, est que, non sans raisons, il trouvait la période Victorienne amusante de sorte que, bien qu’il usât de quelques épigrammes Wildiennes en plus des siennes, il ne pouvait éviter une note corrompue de burlesque (…) En d’autres termes, la coloration wildienne est un atout très incertain, mais si on peut l’oublier, il reste assez dans After The Ball pour le déguster simplement comme une comédie musicale. M. Coward a écrit une musique plaisante et un certain nombre de lyriques extrêmement agiles. 1


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4. Sweet Day - Vanessa Lee 5. Quartette - Chorus 6. Crème De La Crème - Chorus 7. Light Is The Heart - Mary Ellis 8. Why Is It The Woman Who Pays - Chorus 9. London At Night - Chorus 10. Aria - Vanessa Lee 11. May I Have The Pleasure - Graham Payn, Irene Browne 12. All My Life Ago - Mary Ellis 13. Faraway Land - Graham Payn, Patricia Cree 14. Something On A Tray - Irene Browne 15. Clear Bright Morning - Vanessa Lee 16. Reprise: London At Night - Chorus

Le compact disc Sepia 1043 (2005) nous propose le même casting, avec un ajout de sept chansons de Mary Martin et Graham Payn, de Sigh No More et du Pacifique 1860, et deux chansons de Ivor Novello par Vanessa Lee. Les bonus sont:


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17. Matelot (Sigh No More)- Graham Payn 18. Sigh No More (Sigh No More)- Graham Payn 19. Dear Madame Salvador / My Horse Has Cast A Shoe (Pacific 1860)- Mary Martin And Graham Payn 20. Bright Was The Day (Pacific 1860)- Mary Martin And Graham Payn 21. Fumfumbolo (Pacific 1860)- Graham Payn 22. In A Boat On A Lake With My Darling (Live Recording - Ace of Clubs) - Graham Payn 23. Finder, Please Return (Novello - Gay’s the Word) - Vanessa Lee 24. On Such A Night As This (Novello - Gay’s the Word) - Vanessa Lee


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12. Personnages secondaires William More Adey

De tous les amis de Wilde, William More Adey est probablement le moins connu, le moins flamboyant aussi, peut-être. Il compte cependant parmi les proches de Wilde, qu’il rencontra sans doute à Oxford. Étant né en 1858 (et Wilde en 1854), ils étaient pratiquement contemporains. Adey fit ses études à Clifton College, Brighton, puis à Keble College, Oxford,1 entre 1876 et 1879, alors qu’Oscar terminait les siennes à Magdalen College (1874 à 1877). Adey se tourna d’abord vers la littérature avec quelque succès. Il fut un des premiers traducteurs d’Ibsen en anglais sous le pseudonyme de William Wilson. Il travailla également à une traduction des nouvelles de Balzac avec le comte et poète balte Eric Stenbock. Adey était un homme aux yeux sombres, d’humeur changeante, qui fumait cigarette sur cigarette. C’était un personnage excentrique et charmant, qui semblait souvent « être dans le vague ». Dans les Les étudiants de Keble devaient appartenir à l’Église anglicane et se destinaient souvent une carrière ecclésiastique. More Adey dut quitter Keble à la suite de sa conversion au catholicisme en 1879. 1


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années 90, il collectionna et vendit des œuvres d’art, et en fit la critique. Il fut le premier à collectionner les œuvres d’Aubrey Beardsley et possédait plusieurs peintures du peintre Préraphaélite Simeon Salomon. Il fut codirecteur (avec Roger Fry) du Burlington Magazine et pendant quinze ans, fut le partenaire professionnel de Robbie Ross, et sans doute, son amant. De 1900 à 1908, il codirigea avec lui une galerie d’art londonienne, la Carfax Galery, où il présentait les œuvres de jeunes artistes inconnus et prometteurs. Il organisera ainsi avec succès la première exposition des œuvres de Max Beerbohm. Sa propension à « être ailleurs » était célèbre et on raconte que lorsqu’il sortait des bureaux du Burlington Magazine à l’aube, il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était et en rentrant chez lui, pensait trouver Ross éveillé et prêt à l’emmener dîner. Il fut dévasté à la mort de Ross quand elle survint en 1918. Cinq jours après la cérémonie, il écrivait à un ami commun : « personne ne pourra jamais être ce qu’il a été pour moi ». Adey appartenait au cercle resserré des amis d’Oscar Wilde : Robbie Ross, Lord Alfred Douglas, Aubrey Beardsley, et bien sûr, Wilde luimême, avec qui il entretint une longue correspondance. Il lui rendit plusieurs fois visite à Reading. C’est à lui que Lily Wilde, la belle-sœur d’Oscar, renvoya les affaires du prisonnier, auxquelles il manquait la fameuse pelisse si chère à Wilde. « Je serais très reconnaissant à More, déclare alors Oscar, d’écrire aux gens 1 qui ont mis ma pelisse en gage ou l’ont vendue depuis mon emprisonnement, pour leur demander de ma part s’ils veulent bien m’indiquer ce qu’elle est devenue […] et s’il serait possible de la récupérer. » C’est Adey qui vint 1

Il s’agit de son frère et de sa belle-sœur.


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chercher Wilde chez ses amis Leverson au matin du dernier procès, pour l’accompagner au tribunal avec le révérend Stewart Headlam. Il est un fidèle parmi les fidèles, ce qui n’empêchera pas Oscar en prison de lui asséner une volée de bois vert, quand More Adey et Robbie

Ross,

arrangements

s’entremettront financiers

avec

de

leur

propre

Constance,

chef

dans

intervention

ses bien

intentionnée, mais maladroite, qui devait avoir des conséquences désastreuses, puisqu’elle privera Wilde de la garde de ses enfants. C’est pourtant More Adey qui avait essayé de lancer à Londres une pétition en faveur de Wilde (pétition qu’on dit avoir été rédigée par Bernard Shaw), comme Stuart Merrill l’avait fait à Paris. La pétition ne fut finalement pas envoyée, le Home Secretary ayant informé Adey qu’elle n’aboutirait pas, et qu’il n’existait aucune raison valable d’alléger la sentence. C’est encore Adey qui attendra Wilde à la porte de la prison de Pentonville le jour de sa libération, dans un fiacre aux rideaux baissés, pour l’emmener jusqu’à la maison du révérend Headlam, avant de l’accompagner à Newhaven, où Oscar devait prendre le bateau de nuit pour Dieppe. Dans De Profundis, Wilde cite Adey comme l’un de ceux qui lui apportèrent « confort, aide, affection, sympathie » S’il lui arrivait d’éprouver par moments à son égard un certain ressentiment, il n’oubliait pas ce qu’il devait à Adey, et il lui envoya des copies de La Ballade de la Geôle de Reading, de L’Importance d’être Constant, et d’ «Un Mari Idéal ». Quelques mois avant sa mort, Wilde, dans une lettre à Ross, reconnaitra sa dette envers les deux hommes : « Je


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pense à vous, et au cher More, et à toute votre générosité, à votre chevalerie, et aux sacrifices que vous avez faits pour moi. » Bien sûr, à la mort de Wilde, il enverra des fleurs pour les funérailles, mais il n’y assistera pas.

More Adey, par Vyvyan Holland More Adey connut une triste fin de vie, son comportement étant devenu de plus en plus erratique. Il s’était mis en tête qu’un trésor était caché dans le manoir de Under-the-Hill où il vivait, dans le village de Wotton-under-Edge (qui inspira à Aubrey Beardsley le nom de son roman « Under-The-Hill »), et le fit démolir pierre par pierre afin de le découvrir. On estima que cette conduite relevait de la folie, et Adey finit sa vie enfermé dans une institution, pour ne pas dire un asile. Il mourut à Bristol le 31 janvier 1942, à l’âge de 83 ans. Dans « Le Portrait de Dorian Gray », Wilde a nommé son personnage de Lord Henry Wotton en s’inspirant du nom du lieu où vivait la famille de More Adey : Wotton-under-Edge.


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13 Témoignage d’époque Pierre Louÿs

En juin 1892, Pierre Louÿs est à Londres où il est venu rejoindre Wilde, sous prétexte d’améliorer son anglais. Wilde l’accueille à bras ouverts, bien qu’il soit fort occupé par les répétitions de Salomé qui viennent de commencer, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. De Chelsea, Louÿs écrit à Henri de Régnier pour lui raconter les réactions de Sarah à la lecture de la pièce.1 C’est un témoignage intéressant sur la manière dont Sarah Bernhardt appréhenda Salomé. « Notre vieil Oscar (Wilde) vient d’avoir une grosse déception 2. Ma dépêche vous avait appris l’évènement dont tout le monde parlait ici : Sarah Bernhardt avait rencontré Wilde dans un dîner, il lui avait parlé de Salomé, il la lui avait lue le lendemain chez elle, et pendant cette lecture Sarah avait mangé six mouchoirs de poche, et elle avait mordu Oscar deux fois à la main et une fois au cou, en rugissant qu’elle jouerait la pièce. Pierre Loüys à Henri de Régnier – 29 juin 1892 La pièce fut finalement interdite par la censure, en vertu d’une vieille loi qui prohibait toute représentation sur scène des personnages bibliques. 1 2


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Pendant deux semaines, on a répété tous les jours et j’ai passé toutes mes après-midi à l’English Opera House. Sarah est vraiment pleine d’intérêt ; elle jouait tous les rôles, elle dirigeait tout, elle réécrivait même la pièce, elle la corrigeait, elle l’expurgeait même, par pudeur, et disait à Oscar : « Non, mon chéri, jamais vous ne me ferez dire : regardez la lune. En français, ça a un sens à côté. Et puis, on ne peut pas dire non plus : ta langue est un serpent rouge qui darde des poisons. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, mais ce n’est pas convenable. » Si bien qu’au bout de huit jours de répétitions, la copie était couverte de ratures. Malgré cela, le Lord Chambellan de la reine a interdit la pièce comme immorale et impie ».


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13. Le personnage d’Oscar Wilde au théâtre Gross Indecency The three trials of Oscar Wilde De Moisés Kaufman

I like to say that Oscar Wilde was the first performance artist. He was a man who chose to live his life with passion. And in trying to define his own world in his own terms, he came up against a society that found him truly subversive. --Moises Kaufman C’est en 1997 que Moisés Kaufman, auteur américain d’origine vénézuélienne, écrivit sa pièce “Gross Indecency”. où il traite des trois procès qui menèrent Wilde à son emprisonnement, et de ses relations avec Lord Alfred Douglas.


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En 1995, Kaufman, latino, juif et gay, avait reçu un exemplaire de The Wit and Wisdom of Oscar Wilde, dont les dix premières pages retranscrivaient des passages des procès de Wilde. C’est de là que naquit l’idée de la pièce. Kaufman, qui lisait en même temps The History of Sexuality de Michel Foucault, partit à la recherche des transcriptions complètes des procès, et les trouva cinq mois plus tard dans le sous-sol d’une librairie de New York. La pièce fut crée dans la banlieue de New York (Greenwich House Theatre) le 27 février 1997, et en raison du succès et des bonnes critiques, fut transférée au Minetta Lane Theatre où elle tint l’affiche jusqu’en septembre 1998. Moïse Kaufman assurait lui-même la mise en scène. C’était Michael Emerson qui jouait le rôle d’Oscar Wilde et Bill Dawes celui de Bosie. Elle se transporta ensuite à San Francisco (Theatre on the Square, mes : Moisès Kaufman), puis à Los Angeles (Mark Taper Forum, du 8 au 17 février 1998, mes : Moisés Kaufman). La pièce poursuivit sa carrière aux Etats-Unis en passant par Boston (Hunttington Theatre), dans une mise en scène de Michaël Bloom,


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Chicago (Court Theatre, du 11 septembre au 15 octobre 1998), mise en scène Gary Griffin, avec Harry Althos (Oscar Wilde) et

Krishna LeFan

(Lord Alfred Douglas), Cincinatti (Cincinatti Playhouse in the Park, du 29 septembre au 26 octobre 1998), Denver (janvier 1999), Saint-Louis (Repertory Theatre, du 6 janvier au 5 février 1999), mise en scène de John Going, avec Jay Russel (Oscar Wilde) et Jeffries Thaiss (Lord Alfred Douglas), et Pittsburgh (City Theatre, mes : Marc Maesterson) Indianapolis (Phoenix Theatre, avril, mai 1999) – Charles Goad, OW, mais aussi Fort Laudendale, Houston (Alley Theatre, mise en scène, John Feltch, avec Jeffrey Bean (Oscar Wilde) et Gregory Wooddell (Bosie) et Philadelphie (Philadelphia Théâtre, du 6 avril au 16 mai 1999).

Boston

Chicago

Saint- Louis

Après un passage au Théâtre Royal de Plymouth, en 1998, la pièce arrive au Gielgud Theatre de Londres le 22 mars 1999. Elle restera à


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l’affiche jusqu’au 7 avril. Moisés Kaufman a repris la direction de la mise en scène; Michaël Pennington assurait à nouveau le rôle d’Oscar Wilde, celui de Lord Alfred Douglas étant tenu par Nick Waring. Corin Redgrave, frère de Vanessa Redgrave, avait été pressenti pour interpréter Oscar Wilde, mais il n’était pas libre.

Première à Londres

Plymouth

Londres

La pièce s’installe à Paris, au théâtre 14, du 23 novembre 1999 au 8 janvier 2000, dans une mise en scène de Thierry Harcourt et une


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adaptation de Jean-Marie Besset (nomination aux Molières pour la meilleure adaptation). La distribution était la suivante : Emmanuel Dechartre (Oscar Wilde), Xavier Lafitte (Lord Alfred Douglas), Jean-François Guillet (Queensberry, Gill, Lockwood), JeanMichel Cannone (Clarke, divers), Réginald Huguenin (Carson), Franck Passemard (Wood, Shaw, divers), Benoît Solès (Atkin, Wright, divers), Jean-Baptiste Marcenac (Parker, Harris, divers), Jérôme Varanfrain (Mavor, Marvin Besset, divers)

Le succès entraîne la prolongation du spectacle à l’Espace Cardin. Il y restera du 3 février au 1 er avril 2000. La pièce partit ensuite en tournée à travers la France.


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Alors que le spectacle n’avait reçu qu’un accueil mitigé à Londres, « Gross Indecency » recueillit partout ailleurs un beau succès et sa brillante carrière se poursuit depuis chaque année jusqu’à aujourd’hui. On la vit entre autres en 2001 au Canada (Pavilion Theatre, mes : Lanni McInnes Leonard Stanga, OW, Craig Erickson, LAD, à Honolulu (Yellow Brick Theater – mes : Brad Powell – Richard MacPherson, OW, Noah Johnson, LAD), et à Charleston (mes : Steve Lepre - Michael Locklair, OW, Scott Adams, LAD) en 2002 dans le Connecticut, (Theatre Works, New Milford, mes : Jane Farnol -

Allen R. Middleton,

OW,

Steven Oliveri,

LAD)

en 2003 à San Diego (Diversionary Theatre, mes : Rosina Reynolds Farhang Pernoon, 0W, Angelo D'Agostino-Wilimek, LAD), en 2004, à Yale, en 2005, à Washington (Theatre Alliance, mes : Jeremy Skidmore – Cooper d’Ambrose, OW, Andrew Pastides, LAD), en 2006, à Réno (Brüka Theatre, mes : Jim Bernardi – Bill Ware, OW, Andy Luma, LAD), et à Saint-Laurent, Canada (Mainline Theatre - Don Anderson, OW, Mike Hughes, LAD)


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en 2007 à Chicago (Bohemian Theatre - mes : Stephen M. Genovese – Sam Wootten, OW), Boston (J.M Richardson, OW, Ara Boghigian, LAD), Annapolis (Jim Gallagher, OW, James Jager, LAD) à Rhode Island, mais aussi en Australie, à Victoria (WilliamStone Little Theatre)

Connecticut

Yale

Chicago

Victoria

Reno

On la retrouve en 2008 à Worcester (Little Theatre, mes : Dominic DiGiovanni - Steven Vessella, OW, Joel Sutherland, LAD), Alexandria (Little Theatre, Christopher Guy Thorn, OW, Adam Downs, LAD), Los


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Angeles (Electric Company theatre, Kerr Seth Lordygan, OW, Joshua Grant, LAD).

Worcester

Alexandria

Los Angeles

En 2009 à Houston ((Performing Arts Theatre), à Toronto (Canada (Canadian Stage Company, mes : Moisés Kaufman - Paul Miller, OW, Craig Erikson, LAD), et à Albuquerque, Nouveau Mexique (Vortex Theatre, mes Hal Simons – Peter Diseth, OW, Chris Gillooly, LAD), en 2010, dans le Nébraska (Uno Theatre), à Chicago (Raven Theatre, mes : Michael Rashid, Kevin Bishop, OW, Casey Chapman, LAD), à Syracuse (Cortland Repertory Theatre, mes : Bill Kincaid - Brian Runbeck, OW, Joel Pellini, LAD) et à Caracas, Venezuela (Teatro Escena 8 – mes : Michel Hausmann)


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Caracas

En 2011, « Gross Indecency » est à Providence (Theatre Arts and Performance studies), dans une mise en scène de Kym More, à Portland (mes : Keith Powell Beyland - James Noël Hoban, OW, Benedetto Robinson, LAD), et à Chattanooga (Chattanooga Theatre Centre - mes : George Quick)


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Providence

Portland

Chattanooga

En 2012, à Clarksville (Roxy Theatre – mise en scène John Mc Donald), Boulder, Colorado (Dairy Center, mise en scène, Stephen Weitz), Boston (Virginia Wimberly Theatre, mes : Liz Fenstermaker)

Boston

En

2013,

à

Lexington,

Clarksville

Kentucky

(Fine

Art

Guignol

Theatre),

Minneapolis (Minneapolis Theatre Garage, mes : Amy Rummenie – Craig


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Johnson, OW, Casey Hoekstra, LAD), New York (Dorothy Stelsin Teatre et Black Box Theatre) … et à Hong-Kong !

En 2014, à Madison (Evjue stage, mes : Steve Noll - Dennis Yadon, OW, Ben Seidensticker, LAD), Vancouver (Carousel Studio, mes : Randie Parliament - Greg Bishop, OW, Jonathan Pretty, LAD ), et Detroit (Hilberry Theatre, mes : Blair Anderson – Topher Allen Payne, O.W., David Sterritt, LAD)


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Madison

Vancouver

Détroit

Enfin, en 2015, à Jacksonville, Floride (Performing Arts Studio, mes: Dave Alan Thomas – Bill Ratliff, OW, Daniel Austin, LAD)


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Mais aussi à Strathmore (Strathmore Community Hall - mes : Roderick Chappel – Bob Caddy, OW, Ben Mitchell, LAD) et Syracuse (Redhouse Arts Center – mes : Stephen Svoboda - Michael Pine, OW, Matthiew Elliot, LAD)

Strathmore

Syracuse

Une progammation de « Gross Indecency » était programmée en 2015 à Moscou, mais la pièce a été interdite.

Le

texte de Moisès Kaufman a été publié aux Etats-Unis chez

Guildamerica Books en 1997.

Il l’a été en 1998 en Angleterre chez Vintage, puis en 1999 chez Dramatist Play Service Inc. et chez Methuen Drama.


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La version française a été également publiée en 1999, chez Acte-Sud.

Il existe un CD audio, enregistrement du spectacle donné à Los Angelès, au L.A Theatre Works.


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14. The Wildean Le numéro 47 de « The Wildean », le journal de la Oscar Wilde Society, est paru en juin 2015. Voici son sommaire : Atkinson, Julia

‘An Author not just now familiar to ears polite’

Cooper, John

Finding Oscar

Dibb, Geoff

The art of Artful Criminality

Gupta, Bulbul

Oscar Wilde – The Individualist

McCann, Timothy Edward Heron-Allen and Constance Wilde Mead, Donald

The Pillage of the House Beautiful

Mead, Donald

Swan Song: Spoken Stories by Oscar Wilde, collected by Guillot de Saix

Seeney, Michael

Review of David M. Friedman: Wilde in America

Vanita, Ruth

Wilde's Will: Shakespeare as Model in In Carcere et Vinculis

Wright, Thomas

Wilde the Doodle Dandy


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15.

WWW.OSCHOLARS.COM

www.oscholars.com abritait un groupe de journaux consacrés aux artistes et mouvements fin-de-siècle.

Le rédacteur en chef en était

David Charles Rose (Université d’Oxford). Depuis 2012, les membres du groupe sont indépendants, et le site, délaissé par son webmaster ne reste plus sous le contrôle de M. Rose. THE OSCHOLARS est un journal international en ligne publié par D.C. Rose et son équipe de rédacteurs, consacré à Wilde et à ses cercles. Il compte plusieurs mille lecteurs à travers le monde dont un grand nombre d’universitaires. On pourra y trouver les numéros de juin 2001 à mai 2002 (archives), et tous les numéros réalisées depuis février 2007. Les numéros de juin 2002 à octobre 2003, et d’octobre 2006 à décembre 2007 sont abrités par le site www.irishdiaspora.net. Vous y découvrirez une variété d’articles, de nouvelles et de critiques : bibliographies,

chronologies,

liens

etc.

L’appendice

‘LIBRARY’

contient des articles sur Wilde republiés des journaux. Les numéros jusqu’à mars 2010 sont en ligne ici. Depuis

automne

2012,

THE

OSCHOLARS

apparaît

chez

http://oscholars-oscholars.com/ THE EIGHTH LAMP : Ruskin studies to-day – rédactrices Anuradha Chatterjee (Sushant School of Art and Architecture New Delhi) et Laurence Roussillon-Constanty (Université de Toulouse).

On peut

trouver no 3 ici — no 4 ici — no 5 ici — no. 6 ici — no 7 ici — no.8 ici — no. 9 ici. THE LATCHKEY est consacré à ‘The New Woman’. Les rédactrices sont Petra Dierkes-Thrun (Stanford University), Sharon Bickle


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(University of Queensland) et Joellen Masters (Boston University). Le numéro le plus récent en ligne est daté de Summer 2013. MELMOTH était un bulletin consacré à la littérature victorienne gothique, décadente et sensationnelle. La rédactrice était Sondeep Kandola, Université de Liverpool John Moores. Le numéro 3 etait en ligne, mais le lien a été coupé par le ci-devant webmaster. RAVENNA effectue une exploration des liens anglo-italiens à la fin de siècle. Les rédacteurs sont Elisa Bizzotto (Université de Venise) et Luca Caddia (University of Rome ‘La Sapienza’). Le numéro 3 en ligne est celui de fin mai 2010, mais le lien a été coupé par le ci-devant webmaster.

On

peut

le

retrouver

chez

http://oscholars-

oscholars.com/our-sister-journals/ravenna/ mais pour le moment d’autres éditions ne sont pas prévues. Shavings était un bulletin consacré à George Bernard Shaw.

Le

numéro 28 (juin 2008) est en ligne ; désormais on le trouvera dans les pages de UpSTAGE. The Sibyl

(commencé au printemps 2007) explore le monde de

Vernon Lee, écrivaine anglaise, née le 14 octobre 1856 au Château St Léonard, à Boulogne sur Mer; décédée à Florence, le 13 février 1935. La rédactrice est Sophie Geoffroy (Université de La Réunion). Le numéro 4 (hiver 2008/printemps 2009) est en ligne. Actuellement, on le reprend ici. UpSTAGE est consacré au théâtre du fin de siècle, rédactrice Michelle Paull (St Mary’s University College, Twickenham). Le numéro 5 est en ligne.


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VISIONS (deux ou trois fois par an) était consacré aux arts visuels de la fin de siècle. Les rédactrices associées sont Anne Anderson (University of Exeter), Isa Bickmann, Tricia Cusack (University of Birmingham), Síghle Bhreathnach-Lynch (anciennement National Gallery of Ireland), Charlotte Ribeyrol (Université de Paris–Sorbonne) et Sarah Turner (University of York). Le numéro 8 était en ligne, mais le lien a été coupé par le ci-devant webmaster et pour le moment d’autres éditions ne sont pas prévues.


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16. Signé Oscar Wilde « J’aime à m’entendre parler. C’est l’un de mes plus grands plaisirs. J’ai souvent de longues conversations avec moi-même, et je suis si intelligente que parfois, je ne comprends pas un seul mot de ce que je dis. » La fusée remarquable

I like hearing myself talk. It is one of my greatest pleasures. I often have long conversations all by myself, and I am so clever that sometimes I don’t understand a single word of what I am saying. The Remarkable Rocket


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