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-D éce mb re
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Pulsations
Zoothérapie
Mon thérapeute est un Jack Russel
DOSSIER L’organe
La langue
Prévention
Un défi pour tous
GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS
AU G M E N T E R LE BIEN-ÊTRE DU PAT I E N T Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.
AM É L I O R E R L A QUA L I T É DE S S O I N S Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.
FAVO R I S E R LA R E C H E RC HE MÉ DI C A L E Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.
L’EXCELLENCE MÉDICALE POUR VOUS, GRÂCE À VOUS.
Pour faire un don : www.fondationhug.org IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0 T +41 22 372 56 20 Email : fondation.hug@hcuge.ch
Pulsations Octobre - Décembre 2019
Sommaire Actualité 04 La médecine palliative dans le parcours de soins
22 L’invité Le Dr Nicolas de Tonnac présente la fondation Foyer-Handicap
06 Ouverture d’un espace de ressourcement
24 Reportage Une journée à la Centrale d’urgence 144
07 Les HUG pionniers des transplantations du foie chez l’enfant
34 Témoignage La vie après un cancer du sein
38 Rencontre Arnaud Perrier :
« Renoncer à un traitement pour le bien du patient »
36 L’organe La langue
27 Vrai/Faux La grippe
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08 La transition enfant-adulte à l’hôpital 11 Innovation : une IRM sur rails 12 Le portrait Caroline Samer, l’étoile de la pharmacogénomique
28 Zoothérapie Mon thérapeute est un Jack Russel 30 L’infographie Le diabète 33 Neurologie Le syndrome des jambes sans repos
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14 DOSSIER PRÉVENTION
Un défi pour tous
40 Junior L’hypnose 42 Mieux-vivre Bouger sur ordonnance 44 Brèves Agenda 48 Livres & Web Pour en savoir plus
IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Sylvia de Meyer Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug-ge-ch/ pulsations. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 42’000 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: Nicolas Righetti | Lundi 13, Science Photo Library, istockphoto Crédits sommaire : Nicolas Schopfer, Julien Gregorio, istockphoto
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SMARTHUG, L’APPLICATION DES HUG Pour tout savoir sur : les délais d’attente des urgences à Genève les consultations médicales l’actualité des HUG
Retrouvez-nous sur www.hug-ge.ch
Pulsations
Miser sur la prévention
Octobre - Décembre 2019
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E d i t o r i a l
Deux réalités statistiques, parmi d’autres. En Suisse, manger trop gras, trop sucré ou trop salé, et pratiquer en excès la position assise contribuent à plus de 34% des décès. Quant au tabagisme, il est responsable d’un décès prématuré sur six. Ces facteurs de risque sont liés à notre mode de Le dossier de ce nuvie, et donc évitables ? méro met en lumière Pas si simple. Agir les raisons de miser avant, pour éviter sur la prévention. l’apparition de proIl rappelle la formule blèmes plus tard, c’est de base pour booster changer durablement les chances de rester Suzy Soumaille ses habitudes à un en bonne santé: une Rédactrice en chef moment où l’on se sent activité physique régu(encore) bien. Un pari lière, un stress maîtrisé, sur l’avenir, certes, mais qui se révèle un poids stable, une alimentation équile plus souvent gagnant. librée, peu d’alcool et zéro tabac. Sans oublier de lister tous les dépistages « Oui, Docteur, je sais bien, mais… » conseillés en fonction de l’âge et du Les aléas de la vie comme le statut sexe. A discuter et expérimenter en socio-économique peuvent entraver live avec les professionnels des HUG la meilleure des volontés. Alors, présents chaque jour aux Automnales, comment faire rimer prévention du 8 au 17 novembre. avec motivation ? Cet enjeu préoccupe le monde de la santé publique http://hug.plus/automnales
Photo John Elbing
et également celui de l’hôpital, avant, pendant et après la maladie. Prévenir les complications et les rechutes relève de sa mission. Un dialogue entre le patient et le soignant fondé sur l’information, l’écoute et l’empathie est l’une des clefs du succès. L’acquisition de compétences en santé pour devenir davantage acteur de sa vie en est une autre.
Pulsations
Par André Koller Photo David Wagnières
Octobre - Décembre 2019
A c t u a l i t é
Changer la vision de la médecine palliative
L’ouverture d’une consultation permanente sur le site principal de l’hôpital signe les intentions de cette spécialité : intégrer plus précocement le parcours de soins.
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P
our Bernard *, 47 ans, les soins palliatifs ont été salutaires. En juin 2018, des métastases révèlent un cancer du poumon. Après les premiers traitements, il rechute. « Les douleurs s’intensifiaient à la limite du supportable. Je ne voyais plus de lumière. J’envisageais la fin », se souvient-il. Il est alors adressé à la Consultation de soins palliatifs ambulatoire. « Le Dr Michael Ljuslin a pris le temps de m’écouter avec une réelle empathie. Puis, il a adapté mes traitements antalgiques. Ce fut une renaissance, j’ai repris goût à la vie. Nous avons également fait de l’hypnose pour m’aider à mieux endurer les radiothérapies. »
Actualité
De cette expérience, Bernard a tiré un enseignement : « Ne vous résignez pas face à la douleur. Rebellez-vous ! Il existe un moyen efficace de la combattre, de ne pas la laisser vous enfermer. Et c’est la médecine palliative. »
des formes de spiritualité laïque qui engagent le sens de la vie. Enfin, cette offre est complétée avec des techniques corps-esprit comme l’hypnose, la sophrologie ou la méditation », précise la Pre Pautex
Selon les besoins
Avec le vieillissement de la population, les patients en soins palliatifs seront toujours plus nombreux et leur espérance de vie plus longue. Autre conséquence, « nous traiterons davantage de personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire, pulmonaire ou neurologique. Alors qu’aujourd’hui, 80% des quelque 1’200 cas en soins palliatifs souffrent d’un cancer. Je suis donc convaincue que des soins palliatifs précoces et le recentrage de cette médecine sont plus nécessaires que jamais », conclut la spécialiste.
Dans l’imaginaire collectif genevois, cette spécialité est associée non seulement à la périphérie géographique (CollongeBellerive), mais aussi médicale. En installant une consultation permanente au cœur du dispositif hospitalier, la Pre Sophie Pautex, médecin-cheffe du Service de médecine palliative, veut susciter une prise de conscience dans la population, mais aussi, et surtout, chez les professionnels de santé.
Une approche globale
L’offre de soins palliatifs spécialisés aux HUG est vaste. Elle comprend d’une part des lits d’hospitalisation pour les cas aigus, de l’autre des consultations mobiles et une consultation ambulatoire pour les personnes en EMS ou à domicile. L’approche se veut pluridisciplinaire et globale : traitement médical des symptômes physiques, comme les douleurs, les nausées ou les difficultés respiratoires. Mais également un soutien psychologique, social et spirituel. Le premier aide notamment à faire un bilan ou à réaliser un projet de vie. Le deuxième est utile pour certaines démarches administratives. Le troisième intègre les questions religieuses ou existentielles. « Il est dispensé par les aumôniers, lorsque les patients le souhaitent. Les équipes médicosoignantes sont également sollicitées pour 5
* Prénom d’emprunt.
Espérance de vie prolongée En 2010, une étude avec des patients atteints d’un cancer pulmonaire avancé a créé une onde de choc. Premier résultat, attendu, le groupe ayant reçu des soins palliatifs présente moins de symptômes dépressifs et bénéfice d’une meilleure qualité de vie. Plus surprenant, ces patients ont vécu en moyenne trois mois de plus que les autres.
Huit lits sur la rive droite Longtemps confinée sur la rive gauche, la médecine palliative hospitalière est désormais plus accessible aux habitants de l’autre rive. En janvier, la Clinique de Joli-Mont, au Petit-Saconnex, a ouvert huit lits. Cette implantation urbaine, à proximité du réseau des TPG, facilite les visites et le regroupement familial autour du patient.
Savoir + Journée mondiale des soins palliatifs (lire en p. 46).
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L’idée est d’intégrer ce type de soins en fonction des besoins des patients ou des proches, et non plus uniquement sur la base d’un pronostic médical. « On identifie encore trop souvent “médecine palliative” à “fin de vie”. Cette vision est dépassée. Nos visées thérapeutiques se focalisent aujourd’hui sur la qualité de vie et le confort. Les soins doivent être débutés le plus tôt possible. Dès qu’une personne reçoit des traitements destinés non pas à supprimer la maladie, mais à la freiner ou en atténuer les symptômes », affirme Sophie Pautex.
Vieillissement de la population
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U
n espace, trois religions, une spiritualité. Conçue à l’origine pour être une chapelle mais utilisée surtout pour des colloques, la salle Opéra s'est métamorphosée. Depuis la rentrée, elle accueille l’Espace de ressourcement. Unique en Suisse, innovant par son architecture et ses aménagements en toile où sont projetées des images animées, il réunit en un seul lieu Israélites, Chrétiens, Musulmans et Humanistes. Espace pluriel donc, où philosophie et religions se retrouvent dans leur intention commune : apporter une réponse à la dimension spirituelle de l'existence. « Nous pouvons tous vivre des moments très émotionnels lors d’un parcours médical. Une prise en soins bien comprise et globale se doit d’en tenir compte. Désormais, l’hôpital offre à ses usagers un lieu magnifique qui permet à chacun de se retrouver, dans la sérénité, pour mobiliser ses forces intérieures », se félicite Nicole Rosset, cheffe de projet, adjointe à la Direction des affaires extérieures.
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Jeux de lumière
L’idée a été amenée par le directeur général des HUG, Bertrand Levrat : créer pour les patients, les proches et les collaborateurs un lieu innovant dont la beauté et la quiétude favorisent le ressourcement. Ouverts de 6h30 à 22h, les quatre espaces, délimités par des rideaux et identifiés par une projec tion d’images symbolisant la religion ou la dimension humaniste, offrent un calme et un environnement propices à l’intros pection. « Ils sont amovibles et peuvent faire place à un espace unique dispo nible pour des manifestations ponc tuelles», précise Nicole Rosset. Mais qu’en pensent les représentants religieux ? Pour Eric Ackermann, guide spirituel israélite, « un tel espace est salutaire en maintes occasions. La symbolique est forte aussi, car il réunit les confessions sans nier leurs parti cularités, en acceptant leurs différences ». De son côté, Omar Seck, aumônier musulman, estime que l’endroit « rend visible un vécu de plusieurs décennies, soit le partage de liens et de connais sances avec les autres religions, avec les patients ». Jérémy Dunon enfin, coordinateur de l’aumônerie protestante, souligne l’originalité de la démarche. Il relève que pour les chrétiens, le plaisir de savoir cet espace disponible pour les autres semble même supérieur à celui d’en avoir un pour eux. L’Espace de ressourcement a été réalisé avec le soutien des donateurs de la Fondation privée des HUG.
Crédit : Louis Brisset
Interreligieux et humaniste, ce lieu ouvert à tous a été créé au cœur de l’hôpital.
Par André Koller
Octobre - Décembre 2019
A c t u a l i t é s
Un espace pour se ressourcer
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Quels progrès pour les maladies du foie de l’enfant ? Le Centre suisse du foie de l’enfant, seul centre du pays habilité à pratiquer des transplantations de foie pédiatriques, a fêté ses 30 ans début septembre.
Étude européenne D’autres avancées sont attendues avec les immunosuppresseurs, médicaments pris à vie pour éviter le rejet du foie greffé. Le CSFE fait partie d’un réseau européen qui cherche à identi fier quelle catégorie de patients pourrait, à terme,
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s’en passer. « Seul un petit pourcentage de malades sera concerné », avance la Pre McLin. Quant à la greffe chez l’enfant à partir d’un donneur vivant, elle n’est utilisée qu’en cas d’extrême urgence. Comme les risques pour le donneur ne sont pas négligeables, cette méthode devrait intéresser à l’avenir, comme aujourd’hui, moins de 10% des cas. Et une alternative à la transplantation ? L’espoir se tourne vers la thérapie génique : on traiterait la personne souffrant d’une maladie métabolique du foie en corrigeant le gène déficient. Une musique plus lointaine. « Au mieux dans vingt ou trente ans », souffle la Pre McLin.
Savoir + En 30 ans, le CSFE a transplanté 177 enfants et suit actuellement près de 300 familles venant de toute la Suisse ou de l’étranger. https://csfe.hug-ge.ch
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Dans le futur, quels progrès thérapeutiques possibles ? La radiologie intervention nelle sera mieux maîtrisée et les enfants moins opérés. Sous contrôle de l’imagerie médicale, cette technique permet en effet de passer par une voie naturelle (vaisseaux, voies biliaires) pour réaliser des actions qui autrefois nécessitaient une chirurgie ouverte. « Elle est appropriée lors de malfor mations vasculaires autour du foie, ainsi que pour traiter les complications biliaires ou après la greffe. Pour l’enfant, ce sont moins de douleurs et de complica tions et une récupération plus rapide », relève la Pre Wildhaber.
Par Giuseppe Costa
Crédit : istockphoto
Moins d’opérations
A c t u a l i t é
J
uillet 1989, les HUG sont pion niers dans le pays en prati quant la pre mière transplantation de foie sur un enfant. Trente ans plus tard, leur Centre suisse du foie de l’enfant (CSFE), seul à effectuer des greffes, est la référence nationale pour la prise en charge des enfants malades du foie et des voies biliaires. « Avec un taux de survie de plus de 90% après transplantation, nos résultats sont comparables à ceux des meilleurs centres du monde. Et nous en sommes fières. Les premiers enfants greffés sont deve nus des adultes accomplis, c’est notre plus grande satisfaction », soulignent les deux directrices du CSFE, la Pre Barbara Wildhaber, médecin-cheffe du Service de chirurgie pédiatrique, et la Pre Valérie McLin, médecin adjoint agrégée, responsable de l’Unité de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques.
Pulsations
Illustration Andrea De Santis Par Clémentine Fitaire
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A c t u a l i t é
« On m’a appris à prendre en main ma maladie »
Parce que l’on ne reste pas toute sa vie un enfant, des consultations de transition sont mises en place entre les services pédiatriques et adultes. Des passerelles bénéfiques non seulement pour les patients, mais aussi pour leurs familles et l’équipe soignante. 8
Actualité
«J
’étais très proche du pédiatre qui me suivait dans l’unité enfant, et j’espérais vraiment retrouver un médecin semblable chez les adultes. » Comme le raconte Ana, 17 ans, suivie à l’Unité de gastro-entérologie pour une maladie de Crohn, passer de l’environnement pédiatrique au service adulte peut être déstabilisant. D’un monde où il est en quelque sorte couvé par une équipe très « maternante », où le mode de communication est adapté à son âge et où l’échange avec les parents est la règle, le jeune patient est soudain propulsé vers un univers d’adultes dans lequel il ne se reconnaît pas forcément.
Du succès de ce processus peut dépendre la suite de la prise en charge et même l’état de santé de la personne. « Les études ont montré que les consultations de transition évitent de “ perdre de vue ” des patients et diminuent le risque d’arrêt des soins ou des traitements, qui survient souvent à l’adolescence, rappelle le Pr Maurice Beghetti, médecin-chef du Service des spécialités pédiatriques. Ce qui, dans le cas de certaines pathologies, peut potentiellement avoir des répercussions dramatiques. » L’objectif premier de cette phase est donc la responsabilisation et l’autonomisation de l’adolescent. Savoir expliquer sa maladie, connaître le nom des traitements, être sensibilisé aux conduites à risque, sont certains des points évalués lors des consultations de transition, afin de mesurer le degré de connaissance du patient sur sa santé. « Cette période m’a beaucoup fait grandir, confie Ana. On m’a appris à prendre en main ma maladie et plus largement ma santé. »
Et les parents dans tout ça ? « La transition est parfois difficile pour les parents, qui sont eux aussi très attachés à l’équipe soignante, explique le Pr Maurice Beghetti, médecin-chef du Service des spécialités pédiatriques. Les services de pédiatrie font une grande place à la famille du patient, ce qui n’est pas toujours le cas dans les services adultes. » Au cours de la phase de transition, les parents sont ainsi amenés à laisser peu à peu leur enfant répondre aux questions, s’entretenir seul avec le médecin, participer à la prise de décision. « Finalement, cette transition médicale est une partie de la transition de vie générale traversée à l’adolescence par les jeunes et leur famille. »
Des passerelles qui restent ouvertes
Petit à petit, cette étape est abordée au cours d’une consultation de contrôle, ou des entretiens de transition sont organisés. Réalisés dans un premier temps par les équipes pédiatriques, ils sont ensuite menés conjointement avec les services adultes et renouvelés autant que nécessaire, avant d’aboutir au transfert définitif. « On ne se contente pas de passer un dossier d’un service à l’autre, insiste la Dre Sophie Restellini, cheffe de clinique du Service de gastro-entérologie et hépatologie. Nous continuons d’échanger après le transfert sur le cas de 9
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Par définition, l’adolescent n’est plus tout à fait un enfant, ni complètement un adulte, et traverse une période de transition à tous les niveaux : médical, mais aussi psychologique et physiologique. Depuis quelques années, des efforts ont été menés pour mettre en place des consultations spécifiques destinées à créer des passerelles entre les services spécialisés pédiatriques et adultes de la plupart des unités de l’hôpital : cardiologie, neurologie, néphrologie, gastro-entérologie, endocrinologie, diabétologie, etc. Conçue comme un passage progressif, la transition vers le service adulte est généralement enclenchée dès 14-15 ans, et parfois bien avant. « Tout dépend du patient, de sa maturité, mais aussi de sa situation médicale », explique la Dre Laetitia-Marie Petit, médecin adjointe à l’Unité de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques.
certains patients. » Vivre avec une maladie chronique durant l’enfance crée généralement un lien très fort entre le jeune, sa famille et le soignant, et « il est primordial de nouer à nouveau une telle relation de confiance avec un partenaire adulte », poursuit la spécialiste.
100% écologique 100% locale
Fait ici, pour ici, avec moi.
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Projet d’un étang dans les bois d’Onex, financé par le Fonds Vitale Environnement de SIG.
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Pulsations
Une IRM mobile sur des rails
L’appareil peut également être orienté face à une salle de cardiologie voisine. Le médecin cardiologue peut ainsi accroître la précision de ses procédures. « C’est aussi une vraie opportunité pour les équipes médico-soignantes d’acquérir de nouvelles compétences, souligne Virginie Millart. Le développement de ce projet, mené en collaboration avec quatre services de l’hôpital, renforce la coopération et les partenariats pluridisciplinaires entre les soignants. Et la prise en charge du patient s’en trouve améliorée. »
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* « Activités
chirurgicales à 10 ans », vaste projet d’aménagements dans le bâtiment Gustave Julliard.
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Dans la plupart des cas, ces examens sont effectués dans des salles qui leur sont dédiées. Les appareils, lourds et imposants, ne sont jamais déplacés. Mais grâce au projet GIBOR (Groupe IRM Bloc Opératoire et Rythmologie), il est désormais possible de faire entrer l’IRM directement dans une salle d’opération. « Ces transformations s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de rénovation lancé par l’hôpital en 2015, explique Virginie Millart, cheffe de projets AC10 * aux HUG. Son objectif est de rationaliser et optimiser les blocs opératoires pour adultes ainsi que le plateau technique. »
la salle d’examens IRM proprement dite et le bloc opératoire de neurochirurgie, en fonction des besoins. Lors de ce type d’opération délicate, l’imagerie ainsi utilisée accroît l’efficacité et la sécurité de l’intervention chirurgicale. Habituellement, le patient doit être déplacé jusqu’à l’appareil IRM. Mais grâce au projet GIBOR, c’est l’IRM qui vient à lui, supprimant ainsi les risques liés au transport.
A c t u a l i t é
C
’est une première en Suisse : les HUG se dotent d’un système révolutionnaire dans le monde de l’imagerie médicale. Un appareil à IRM (imagerie par résonance magnétique) capable de se déplacer au plafond à l’aide d’un système de rails est mis en service en octobre.
Par Aude Raimondi Photo Nicolas Schopfer
Dans le cadre d’un important plan de rénovation, les HUG inaugurent un système radiologique de pointe utilisable penMaître mot : sécurité du patient dant les opérations chirurgicales. Cet appareil mobile peut donc naviguer entre
Pulsations
Par Elodie Lavigne Photo François Wavre | lundi13
L e
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p o r t r a i t
Caroline Samer, l’étoile de la pharmacogénomique
A la tête de la Société internationale de pharmacologie clinique, la Dre Caroline Samer fait briller sa discipline par-delà les frontières. Elle travaille sans relâche pour des traitements médicamenteux efficaces, personnalisés et sûrs.
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Le portrait
E
lle frappe par sa douceur, sa discrétion et son sourire. Caroline Samer est responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées aux HUG et vient d’être nommée présidente de la Société internationale de pharmacologie clinique, pour ne citer que quelques-unes de ses fonctions. Cette femme lumineuse, aux origines franco-égyptiennes, dit n’avoir fait que saisir les opportunités qui se sont ouvertes à elle. « C’est une femme d’exception, de par ses qualités humaines et ses compétences. J’ai beau lui chercher des défauts, je n’en trouve pas. Elle a quelque chose de magique ! », décrit avec admiration le Pr Jules Desmeules, chef du Service de pharmacologie et toxicologie cliniques. Passion pour une discipline méconnue
Son travail consiste à comprendre l’action et les effets des médicaments, à sécuriser leur prescription et à surveiller leur utilisation une fois qu’ils sont sur le marché. « 5 à 10% des patients sont hospitalisés en raison d’effets secondaires. On estime que la moitié de ces hospitalisations pourrait être évitée », explique-t-elle. Le déclic pour la pharmacologie survient lors d’un stage : « C’est une discipline très transversale, qui touche aussi bien la médecine interne que la chirurgie, l’enfant que la personne âgée. » Après sa thèse sur l’oxycodone – un opioïde qui fait des ravages aux Etats-Unis –, elle s’envole pour l’Australie, où elle se spécialise en pharmacogénomique : « Adapter le traitement en fonction du génotype du
2001
Diplôme en médecine de l’Université de Genève (UNIGE).
2008
Doctorat en médecine (prix de la Faculté de médecine de l’UNIGE).
2015
Médecin adjoint au chef du Service en pharmacologie et toxicologie cliniques (HUG).
2019
Responsable de l’Unité de pharmacogénomique et thérapies personnalisées (HUG). Déléguée de liaison à l’OMS. Présidente de la division clinique de l’International Union for Basic and Clinical Pharmacology. Vice-présidente de la Commission cantonale d’éthique de la recherche du canton de Genève.
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Fibre créative et artistique
Caroline Samer avoue s’ennuyer rapidement. Ainsi, elle apprend l’arabe, l’architecture d’intérieur, se lance dans un bachelor en mathématiques et informatique à distance, puis un master d’études avancées en management. Piano, peinture, création de lampes, elle aime le théâtre, les expositions, les concerts. Elle fait d’ailleurs partie du Conseil de fondation du festival de la Bâtie. « J’ai besoin de ce côté créatif et artistique qu’il n’y a pas suffisamment en médecine », justifie-t-elle. Grande voyageuse, cette amatrice de culture et de bonne cuisine a visité plus de 70 pays. « Caroline sait écouter les autres. Avec finesse, délicatesse et rigueur, elle arrive à faire travailler ensemble des gens très différents », analyse le Pr Antoine Geissbuhler, responsable du Centre de l’innovation des HUG. En devenant cheffe de projet pour Vision 20/20, le plan stratégique des HUG, et malgré son tempérament introverti, « elle a véritablement déployé ses ailes », dit-il. Cette spécialiste des escape games impressionne par sa vision et sa capacité à trouver des solutions innovantes à des problèmes difficiles. Avec le Pr Christian Lovis, elle travaille sur le consentement dynamique des citoyens pour faire avancer la recherche médicale. Compétitive et tenace, elle ne laisse pourtant rien paraître. « Elle a un talent énorme, déploie beaucoup d’énergie, sans être jamais stressée, ce qui est réconfortant pour les autres », dit le Pr Geissbuhler. « On me dit que je fais les choses rapidement, mais pour moi c’est normal », confie-t-elle. Cette grande spécialiste des médicaments avoue y recourir le moins possible : « Je viens de me découvrir une hypercholestérolémie, mais je n’ai pas encore pris le traitement, sourit-elle. Cela doit être familial. Mon grand-père aussi et il a 95 ans ! »
Octobre - Décembre 2019
Caroline Samer a grandi entre Genève et la France voisine. Elle n’est pas une enfant du sérail. Son père, ingénieur en informatique, aura plusieurs vies professionnelles, tandis que sa mère évolue dans le marketing. Cette petite fille curieuse et première de classe, se passionne très tôt pour les sciences et les mathématiques : « J’aime comprendre, expliquer des fonctionnements, résoudre des problèmes. » Ses parents la poussent vers la médecine, « le nec plus ultra dans les familles moyen-orientales », confie-t-elle. Elle se spécialise en médecine interne, puis en pharmacologie et toxicologie cliniques.
1977
Naissance à Ambilly, France.
patient augmente son efficacité et sa sécurité », résume-t-elle. Son engagement pour sa discipline en plein essor est sans faille.
Par Laetita Grimaldi Illustrations Bogsch & Bacco
Octobre - Décembre 2019
D o s s i e r
Pulsations
Le pari de la prévention Nous le savons tous, mieux vaut prévenir que guérir. En renonçant, par exemple, au tabagisme dont on sait qu’il favorise le cancer du poumon. Facile à dire, pas forcément à faire. Et pourtant plus que jamais, la médecine, aussi performante soit-elle, encourage les patients à changer le cours de leur vie en étant acteurs de leur santé grâce à une vie saine et au dépistage. Ou comment faire rimer motivation et prévention.
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L
Photo : Patrick Kunz
Une démarche active
La prévention a donc désormais une place majeure dans la pratique médicale, avant comme après la maladie pour limiter les risques de rechute. On parle respectivement de prévention primaire et de prévention tertiaire (lire l’encadré Les trois temps de la prévention en page 16). Quant à la pré vention dite secondaire, elle correspond au dépistage de certaines pathologies. Il s’agit d’une démarche active, parfois proposée dans le cadre de programmes organisés, selon laquelle en fonction de l’âge et du profil d’une personne, une maladie est recherchée en l’absence de tout symptôme (lire tableau en pages 20 et 21). Le dépistage n’est donc pas un diagnostic immédiat. En fonction du résultat, d’autres inves tigations peuvent être proposées.
Agir sans attendre la maladie
« De par nos habitudes de vie et grâce au dépistage, nous pouvons agir sans attendre l’apparition de la maladie ou des symptômes », poursuit le Pr Guessous. Commençons par les préventions primaire et tertiaire, dont les conseils vont souvent de pair. Une nouvelle composante s’est glissée dans les consultations : la lifestyle medecine, autrement dit la composante « bien être » de la vie des patients. « Encore récemment, si le médecin interrogeait une personne sur son activité physique ou sur son alimentation, ce n’était généralement qu’un aspect parmi d’autres de la consul tation. Désormais, sa place est tout autre, poursuit le spécialiste. L’hygiène de vie est prise en compte, encouragée, traduite même parfois sous forme de recommandations reportées sur l’ordonnance. En médecine de premier recours, qui prend en charge des patients particulièrement vulnérables, cette dimension a toujours existé. Aujourd’hui elle se généralise, quelle que soit la situation, et c’est une très bonne chose. »
« Même les meilleurs soins ne contribuent qu’à 20% de l’état de santé d’un individu » Pr Idris GUESSOUS, médecin-chef du Service de médecine de premier recours (SMPR)
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a recette est désormais bien connue : une alimentation équilibrée, ni trop grasse, ni trop sucrée ou salée, une activité physique régulière, une consommation limitée d’alcool et si possible nulle de tabac, un stress savamment maîtrisé. Avec quel objectif ? Multiplier les chances d’aller bien en misant sur la prévention. Une minute… Pourquoi parler « prévention » dans le magazine des HUG ? C’est en effet rarement dans une perspective préventive que l’on se rend à l’hôpital… et pourtant. « Même les meilleurs soins ne contribuent qu’à 20% de l’état de santé d’un individu, révèle le Pr Idris Guessous, médecin-chef du Service de médecine de premier recours (SMPR). Les 80% restants résultent directement de ses prédispositions génétiques, de son âge, son sexe, et surtout de son mode de vie, seul facteur de risque sur lequel on peut agir… Nos choix de vie ont de ce fait un impact considérable, en mal ou en bien, sur notre état de santé. »
Pr év en tio n
Dossier
Pulsations
Plus qu’un partenaire, le patient devient l’acteur clé de son bien-être et de sa santé. Un exemple : le poids. On sait aujourd’hui que le surpoids est un facteur de risque pour une liste redoutable de pathologies, du diabète à l’infarctus en passant par les cancers. « En raison de nos vies sédentaires, de l’âge qui freine le métabolisme et des calories à profusion qui nous entourent, il n’y a pas de miracle : si l’on n’est pas proactif – notamment par l’augmentation de l’activité physique et un contrôle de son alimentation –, le surpoids s’installe et l’effet sur la santé s’en ressent, à plus ou moins long terme, note le Pr Guessous. C’est ainsi que ces deux éléments ont une place clé dans les consultations, pour le présent comme pour l’avenir. »
La prévention en 3 temps 1.
Prévention primaire Adopter un mode de vie susceptible d’empêcher l’apparition d’une pathologie.
2.
Prévention secondaire Repérer une maladie chez une personne qui n’a pas de symptôme (dépistage).
Octobre - Décembre 2019
D o s s i e r
Garder le dialogue ouvert
L’avenir… c’est lui qui vibre dans les esprits à l’heure où un dépistage est proposé. Cancer colorectal, du col de l’utérus, de la prostate, VIH ou encore diabète : à chaque âge, profil, style de vie, peut correspondre une pathologie à rechercher. Une occasion de se rassurer pour certains, une opportunité occultée pour d’autres. « Un dépistage se fait par définition en l’absence de tout symptôme. Alors bien sûr, chercher une possible difficulté alors que tout semble aller pour le mieux peut apparaître comme un non-sens, reconnaît le Pr Guessous. Parfois la période de vie n’est pas propice, il faut pouvoir se laisser du temps, mais revenir sur la question un peu plus tard. En tant que médecin, notre mission est d’informer, pas de forcer. Mais il est crucial que le dialogue reste ouvert. » Et ce d’autant plus que le domaine du dépistage se perfectionne. « En une génération de médecins, beaucoup de choses ont changé, poursuit le spécialiste. Certains dépistages, comme celui du cancer de la prostate, étaient proposés comme des évidences il y a une vingtaine d’années, avec un acte chirurgical relativement systématique. Depuis, des études ont montré des subtilités, ont remis certains dépistages en question, en ont valorisé d’autres. Et les choses vont continuer à évoluer, c’est le propre de la science. » Résultat : davantage de discussions patientsmédecins autour des bénéfices et des inconvénients du dépistage, des préférences et valeurs du patient, afin d’agir au mieux, selon le moment. 16
3.
Prévention tertiaire Favoriser les bons réflexes pour éviter une rechute après la maladie.
Dépister pour traiter tôt
Comment prendre soin de sa santé mentale ?
Selon les statistiques, une personne sur trois souffre dans sa vie d’une atteinte psychique (temporaire ou durable). Certaines situations nécessitent une prise en charge médicale rapide et évidente. D’autres, plus insidieuses, ternissent progressivement la qualité de vie. Et si se préoccuper de sa santé mentale devenait une priorité ? Les conseils du Pr Guido Bondolfi, médecin-chef du Service de liaison psychiatrique et d’intervention de crise du Département de psychiatrie. Concilier vie professionnelle et vie personnelle reste un casse-tête : faut-il cloisonner radicalement les deux ? Autoriser le travail à empiéter parfois sur le temps personnel ? Le garde-fou : éviter tout ce qui va dans le sens de l’épuisement. Prendre soin de son corps au quotidien pour aller mieux dans sa tête : une évidence, mais le faisons-nous vraiment ? Vie professionnelle, réalité quotidienne : suis-je en accord avec mes valeurs ? Un décalage entre la vie que l’on mène et nos convictions et besoins réels est un terrain propice à une souffrance psychique profonde. Rester en alerte sur les signes de souffrance psychique. Trois indices majeurs : la dégradation du sommeil, le changement des habitudes alimentaires (perte d’appétit ou à l’inverse besoin frénétique de manger) et le recours quasi automatique à des substances (alcool, médicaments, tabac, drogues) pour se détendre, se calmer ou encore se « mettre en route » le matin.
« Si le cancer colorectal est pris en charge précocement, cinq ans après l’intervention, 95% des patients vont très bien. »
Ne pas hésiter à consulter son médecin traitant quand l’inconfort est présent au quotidien depuis plus de deux semaines ou de façon plus irrégulière, sur plusieurs mois.
Dre Béatrice ARZEL, directrice de la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer
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Photo : Fred Merz | lundi13
Un dépistage fait l’unanimité et donne au pouvoir de la prévention sa plus parlante illustration : celui du cancer colorectal. « L’action conjointe d’une bonne hygiène de vie (prévention primaire donc, ndlr) et du dépistage (prévention secondaire, ndlr) en fait un cancer fréquemment évitable, souligne la Dre Béatrice Arzel, directrice de la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer. Dans le détail, on sait qu’une alimentation riche en fruits et légumes, exempte de viande ultratransformée ou brûlée, une activité physique régulière et un poids maintenu dans la norme, limitent considérablement les risques de développer ce cancer. Quant à son dépistage, nous n’aurons probablement jamais de meilleur candidat. » Et pour cause, le dépistage du cancer colorectal permet le plus souvent d’agir à un stade si précoce que la maladie n’a pas eu le temps de s’installer qu’elle est déjà traitée par l’ablation immédiate des polypes suspects. Les chiffres parlent d’euxmêmes : « Si ce cancer est pris en charge précocement, cinq ans après l’intervention, 95% des patients vont très bien. C’est un chiffre exceptionnel en oncologie », détaille l’experte. Quant à la confrontation au diagnostic qui va de pair avec le dépistage : « Bien sûr, la peur est légitime, répond la Dre Arzel, mais mettre la tête dans le sable n’apporte jamais rien de bon. Si la pathologie est là, mieux vaut l’affronter, et le plus tôt possible. Un dépistage du cancer colorectal qui se solde par une ablation de polypes
Pr év en tio n
Dossier
Pulsations
cancérigènes change l’histoire d’une vie. La maladie aurait pu dériver vers une situation dramatique. Là, le cancer est évité et le rendezvous est pris avec le gastro-entérologue trois, cinq ou dix ans plus tard. D’ici là, la vie peut reprendre son cours en toute sérénité. »
Difficulté pour marcher, troubles de la mémoire, atteintes auditive ou visuelle, perte de proches : autant de facteurs qui peuvent rapidement précipiter un cercle vicieux mêlant notamment faiblesse physique, isolement et dépression. « Notre rôle est de mettre en place des actions concrètes pour contrer ces situations, si possible avec l’aide bienveillante des familles et du réseau de soin », précise la gériatre. Et d’ajouter : « Bien sûr, une bonne hygiène de vie dès les plus jeunes années se voit à 80 ans. Mais il n’y a pas d’âge pour prendre soin de soi. »
Objectif perfection ? Trois questions à la Dre Nathalie Farpour Lambert, médecin adjointe agrégée, responsable du Programme de soins Contrepoids des HUG. Pulsations 10’000 pas complétés de deux portions de fruits et trois de légumes chaque jour, deux heures et demie d’activité physique modérée par semaine, etc. : que penser de ces messages devenus omniprésents ? Dre Nathalie Farpour Lambert Dès lors qu’elles sont fondées sur des preuves scientifiques et publiées par des institutions reconnues (l’Organisation mondiale de la santé par exemple), ces recommandations ont le mérite de donner des repères dans un monde où on entend tout et n’importe quoi. Elles servent aussi à contrecarrer les messages de l’industrie agroalimentaire notamment qui, sous couvert de pseudo-arguments nutritionnels, vend des produits délétères pour la santé. Nombre de céréales de petitdéjeuner en sont un parfait exemple : annoncées comme source d’énergie et de vitamines, elles sont surtout gorgées de sucres et désespérément pauvres en fibres. Les enfants sont les premières victimes de ce marketing trompeur.
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Mais tout le monde ne peut pas faire 10’000 pas par jour, ni manger parfaitement sain si facilement… Bien sûr, ces recommandations ont des limites. D’abord parce qu’elles donnent un message universel alors que de par notre patrimoine génétique, notre métabolisme, nous sommes évidemment tous différents. La médecine personnalisée est une piste passionnante pour faire évoluer ces « normes » de santé. Autre limite : ces recommandations peuvent être vécues comme des injonctions stigmatisantes pour les personnes malades, vulnérables, qui ne peuvent pas les suivre telles quelles. Les professionnels de santé ont un rôle clé à jouer pour conseiller et motiver au cas par cas. L’objectif est-il la perfection, vœu pieux qui n’empêcherait de toute façon ni de tomber malade, ni de vieillir ? L’idéal est de viser la règle du « 80-20 » : faire de son mieux 80% du temps et relâcher un peu la pression les 20% restants. Car viser la perfection est impossible, frustrant, voire dangereux. Mais pour « faire de son mieux », la volonté personnelle ne suffit pas : la société doit le permettre. Environnement, organisation du travail, composition, étiquetage et marketing des produits : la santé est un enjeu collectif.
Crédit : Julien Gregorio
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D o s s i e r
Même si elle conditionne l’avenir, la prévention a du sens à tout âge. « Cette dimension est omniprésente dans nos démarches au quotidien », confirme la Dre Aurélie Tahar Chaouche, médecin à l’Unité de gériatrie communautaire (UGC) du SMPR, dont la mission est d’intervenir à domicile auprès des patients âgés fragiles. Et de poursuivre : « Notre priorité est d’aider les patients à maintenir une bonne hygiène de vie, mais également de repérer
les éléments nouveaux qui pourraient entraver la qualité de vie et mettre en péril l’autonomie et le maintien à domicile. »
Pr év en tio n
Dossier
Journées de sensibilisation des HUG Calendrier fin 2019-2020
Oui Docteur, je sais, mais …
Afin de favoriser le dépistage précoce de certaines maladies, les HUG organisent des actions de prévention alliant tests gratuits, conférences, débats et discussions avec des experts. Octobre 2019
29.10 — Journée « Cœur Vaisseaux Cerveau » Prévention AVC, infarctus et autres maladies cardiovasculaires Mois du cancer du sein Campagne de vaccination contre la grippe
Novembre 2019
16.11 — Journée du diabète
Place à l’entretien motivationnel « Les piliers de la technique sont l’écoute et l’empathie, explique le Pr Alain Golay, chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et enseignement thérapeutique. Sur trois mois, un médecin voit en moyenne 30 minutes un patient souffrant d’une maladie chronique, mais la personne, elle, va vivre les 129’570 autres minutes seule avec ses troubles, les éventuels effets secondaires du traitement, le découragement de ne pas parvenir à perdre du poids ou arrêter de fumer, etc. Alors, face à une recommandation médicale, quand le patient laisse entendre " Oui docteur, je sais ce que je devrais faire, mais… ", il faut considérer cette réaction comme une ambivalence que l’entretien motivationnel peut aider à faire évoluer. »
Décembre 2019
01.12 — Journée mondiale de lutte contre le SIDA Dépistage VIH et conseils de prévention
Février 2020
Journée mondiale contre le cancer
Mars 2020
Journée mondiale du rein Dépistage de l’insuffisance rénale et conférences Semaine de sensibilisation à la douleur Semaine de sensibilisation à l’endométriose
Mai 2020
Semaine de prévention de l’alcoolisme Journée mondiale de l’hygiène des mains Dépistage gratuit du mélanome Journée mondiale sans tabac
Savoir + www.hug-ge.ch/depistage
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Remplacer la stricte ordonnance par un échange au cas par cas pour expliquer les bienfaits d’un traitement, d’une perte de poids, de l’activité physique, cela porte un nom : l’entretien motivationnel. Née dans les années 1980 de l’initiative des psychologues William Miller et Stephen Rollnick, l’idée a depuis séduit les hôpitaux du monde entier. Aux HUG, ce sont, depuis vingt ans, plus de 400 collaborateurs formés, et aujourd’hui près de 40 services ayant adopté la pratique. Totalement intégré à la consultation médicale, l’entretien motivationnel n’est pas forcément énoncé comme tel mais, tout en subtilité, nourrit un dialogue centré sur le patient, ses ressources et ses résistances face à un traitement ou une nouvelle hygiène de vie à adopter.
Scanner à faible dose.
Sphygmomanomètre au cabinet médical + si besoin mesure à domicile sur 24 heures.
Entretien médical fondé sur des questionnaires spécifiques, complété si besoin d’examens sanguins.
Questionnaire spécifique proposé lors de la consultation médicale.
Plusieurs examens possibles au moyen d’une prise de sang : glycémie (taux de glucose dans le sang) à jeun ; test de tolérance au glucose (prise de sang après absorption d’une dose précise de glucose) ; hémoglobine glycosylée ou glyquée.
Calcul de l’IMC* + mesure éventuelle du tour de taille et bilan sanguin (pour évaluer la présence d’un pré-diabète ou d’un diabète, de taux trop élevés de cholestérol ou de triglycérides).
Hypertension artérielle
Consommation excessive d’alcool
Dépression
Diabète de type 2 2
Obésité
Coloscopie ou recherche dans les selles de sang occulte (non visible à l’œil nu).
Cancer colorectal
Cancer du poumon 1
MÉTHODES
Âges 18
Ce tableau donne les recomman dations générales élaborées par le Service de médecine de premier recours. Elles restent à discuter au cas par cas avec son médecin traitant et les spécialistes requis si besoin. Certains actes sont généralement inclus dans les
DÉPISTAGE
Quel dépistage, pour qui, à quel âge ? 25
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consultations classiques (prise régulière de la tension artérielle par exemple), quand d’autres nécessitent une prescription médicale spécifique ou sont proposés dans le cadre d’un programme organisé de dépistage (cancer du sein, cancer colorectal).
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Âge du dépistage
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Hommes uniquement
Femmes uniquement
Hommes ou femmes
Pulsations
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Prise de sang pour doser la ferritine (indicateur d’une carence) et l’hémoglobine.
Examen radiologique – absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA) – mesurant la densité minérale osseuse (DMO).
Prise de sang pour déterminer le « typage RhD », autrement dit le rhésus positif ou négatif de la mère, ainsi que la présence éventuelle d’anticorps anti-Rh(D). Ces derniers laissant supposer une réaction du corps de la mère lors d’une grossesse précédente au sang de rhésus positif du fœtus.
Echographie abdominale.
Bilan lipidique complet par le biais d’une prise de sang à jeun pour évaluer les quantités de cholestérol total et de HDL (« bon cholestérol »).
Anémie ferriprive (carence en fer) 5
Ostéoporose
Incompatibilité Rh(D) 5
Anévrisme de l’aorte abdominale 1
Dyslipidémie
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Fumeurs et ex-fumeurs Si l’IMC* est ≥ 25 3 Dès 21 ans 4 Si risque cardiovasculaire élevé 5 Chez les femmes enceintes * Indice de masse corporelle (IMC) : poids (kg)/taille (cm)2 2
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Âges
Bilan lipidique complet par le biais d’une prise de sang à jeun pour évaluer les quantités de cholestérol total et de HDL (« bon cholestérol »).
Dyslipidémie (excès de cholestérol ou de triglycérides) 4
Programme de dépistage A Genève il existe un programme de dépistage du cancer colorectal destiné à toutes les personnes de 50 à 69 ans. Prise en charge hors franchise. Plus d’infos : www.depistage-ge.ch
Frottis réalisé par le gynécologue, puis analyse des cellules du col de l’utérus et recherche de papillomavirus humain (HPV) effectués par le laboratoire d’analyses médicales.
Cancer du col de l’utérus 3
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Qu’en est-il du dépistage du cancer de la prostate ? Moins systématique qu’il y a quelques années, le choix d’un dépistage à partir de 50 ans se fait sur un mode de décision partagée en fonction des valeurs et préférences du patient.
Mammographie, complétée si besoin d’une échographie ou d’une tomosynthèse digitale (aussi appelée mammographie 3D).
Cancer du sein
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Dossier
Pulsations
Par Elodie Lavigne Photo Nicolas Righetti | lundi13
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L ’ i n v i t é
« Chacun a quelque chose à gagner dans l’échange et le partage » Ancien psychiatre de liaison aux HUG, le Dr Nicolas de Tonnac est président de Pro Infirmis Genève et membre du conseil de fondation de Foyer-Handicap, qui fête cette année ses cinquante ans. Cet anniversaire est l’occasion d’évoquer avec lui la question du handicap dans notre société. Pulsations La Fondation Foyer-Handicap fête ses 50 ans. Quelle est sa mission et quel chemin a été parcouru ? Dr Nicolas de Tonnac Sa mission est d’offrir un espace de vie résidentiel aux personnes en situation de handicap qui ont besoin d’une assistance spécifique, ainsi que des ateliers pour leur permettre de développer des compétences dans un lieu stimulant et leur redonner un vrai rôle dans une société toujours plus cloisonnée. Au départ, la Fondation a créé un appartement pour une jeune personne handicapée qui aurait dû sinon rejoindre un établissement médicalisé. L’idée était originale. Aujourd’hui, Foyer-Handicap dispose de cinq résidences. Elle gère également huit ateliers, offrant ainsi plus de 185 postes de travail.
En tant que membre du conseil de fondation, quel est votre rôle ? Il est multiple. Je mène un travail d’accompagnement d’équipe et je développe des stratégies pour une meilleure inclusion des résidents. Il s’agit de faire de la place à la 22
personne en situation de handicap dans un cadre spécifique avec ses règles de vie, tout en l’accueillant comme elle est. On doit veiller à l’ambiance des lieux et éviter de considérer les résidents comme des malades, car ils ne le sont pas. Il est important que l’institution ne les fasse pas régresser, mais qu’ils redeviennent propriétaires de leur vie et soient actifs dans le fonctionnement de l’institution. Cette vie communautaire reste un défi ? Oui, il s’agit de faire vivre ensemble des personnes qui n’ont pas toutes accepté leur situation et qui doivent la vivre en miroir. La Fondation accueille désormais une majorité de résidents avec des polyhandicaps, ce qui pose d’autres difficultés d’organisation au quotidien. Le 3 décembre, Foyer-Handicap s’associe aux HUG dans un grand événement. En quoi ce partenariat est important ? Foyer-Handicap propose des places résidentielles à des patients qui, après une longue hospitalisation, et en raison d’un accident ou d’une maladie, ne peuvent pas regagner leur place dans leur ancien mode d’habitation. C’est important pour eux de trouver un lieu de vie adapté. La Fondation mène une campagne de sensibilisation quant au regard porté sur le handicap. Quelles idées reçues doivent encore être combattues ? La société a tendance à victimiser les personnes en situation de handicap, mais on peut voir les choses autrement. Le handicap est un défi à relever pour acquérir ses lettres
L’invité
de noblesse. Ces personnes font un travail énorme pour accomplir de simples gestes du quotidien. Leur courage ne devrait inspirer ni pitié, ni peur, mais faire envie ! Vous êtes devenu paraplégique suite à un accident. Comment appréhendez-vous les autres ? C’est à celui qui a besoin d’aide de faire valoir ses besoins, tout en laissant de la place à l’autre. En supprimant tous les obstacles de la vie quotidienne, on enlève des opportunités d’interactions. Or, le partage est fondamental, c’est un enrichissement pour tout le monde. Dans ma vie, on ne m’a jamais refusé de l’aide. Au contraire, les personnes m’ont toujours remercié de cette expérience. Chacun a quelque chose à gagner dans l’échange et le partage.
Le handicap est-il toujours un tabou ? Non, les gens se familiarisent avec le handicap. Quand Omar Sy, dans Intouchables, dit : « Pas de bras, pas de chocolat ! », c’est extraordinaire. L’humour est essentiel, il nous permet de prendre de la distance.
Événement A l’occasion de la Journée internationale des personnes en situation de handicap qui a lieu le 3 décembre, les HUG et Foyer-Handicap organisent un événement exceptionnel. Informations en page 47.
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Si vous pensez à votre parcours, quelle est votre vision du handicap ? Mon handicap a été une source d’apprentissage extraordinaire. En tant que psychiatre, cela m’a permis d’avoir une relation privilégiée avec mes patients. Car la représentation que je peux avoir de la souffrance et de la frustration nous met sur un pied d’égalité. Ils ne pouvaient pas supposer que j’ignorais leur souffrance. Sur le plan personnel, j’ai eu beaucoup de chance. J’ai une vie diversifiée, je me suis marié, j’ai fondé une famille et je vais bientôt être grand-père. Que demander de plus ?
Pulsations
Par Aude Raimondi Photos Julien Gregorio
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R e p o r t a g e
« Centrale d’urgence 144, j’écoute » Les régulateurs de la Centrale d’appels sanitaires d’urgence 144 sont le premier maillon professionnel de la chaîne de secours aux personnes en détresse. Chaque jour, ils font face à plus d’une centaine d’opérations d’urgence. Reportage.
La concentration est palpable. Il faut dire que les régulateurs ne chôment pas. Chaque année, la centrale reçoit plus de 80’000 appels d’urgence. Ceux-ci débouchent sur environ 42’000 interventions ambulancières. A chaque fois, ce sont les régulateurs qui déterminent quel est le moyen d’urgence le plus judicieux à engager. Une ambulance ? Un cardiomobile avec un médecin (SMUR) ? Un hélicoptère de la Rega ? Les possibilités sont nombreuses. « Toute la difficulté est d’envoyer les bons moyens de secours au bon endroit et au bon moment, souligne Florent Guiche, responsable opérationnel de la Centrale 144. Quoi qu’il en soit, nous proposons toujours une solution à la personne qui nous appelle. Si son problème ne semble pas nécessiter une ambulance, nous pouvons par exemple organiser une consultation avec le service de garde des médecins dans les quelques heures. » Polyvalence à toute épreuve
D
ébut de matinée à la Centrale d’urgence 144 des HUG. Depuis le crépuscule, une équipe de régulateurs est à pied d’œuvre. Ces ambulanciers ou infirmiers urgentistes répondent sans relâche aux appels d’urgence. Installés face à sept écrans chacun, ils régulent et coordonnent les prises en charge de patients en détresse. Un peu plus loin, son casque vissé sur les oreilles, une répartitrice s’active pour organiser les transferts interhospitaliers du jour.
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La collaboration, c’est sans doute le maître mot à la centrale. La preuve vers 11h30 ce matin. Un homme vient d’être victime d’un arrêt cardiaque en ville de Genève. Le régulateur qui répond à l’appel déploie alors toute sa polyvalence. Tout en expliquant aux personnes sur place comment faire un massage cardiaque, il organise les secours. L’hélicoptère de la Rega va être envoyé sur les lieux. Ni une ni deux, son collègue Philippe Sauvanet, régulateur à la centrale depuis vingt ans, appelle la police. « Puisque l’hélicoptère va se poser sur un terrain de foot en ville, il faut que la police sécurise la zone d’atterrissage », explique-t-il. Depuis leurs écrans, les collaborateurs peuvent
Reportage
suivre et coordonner chaque étape de l’intervention. Quelques minutes plus tard, les secours arrivés sur les lieux rappellent. « Ils l’ont réanimé ! », annonce Philippe Sauvanet, soulagé.
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Depuis le mois de mai, la centrale 144 bénéficie de nouveaux locaux, plus ergonomiques.
Organisation d’une consultation avec le service de garde des médecins
Anamnèse au téléphone
Pas le temps, cependant, de savourer la bonne nouvelle. Les téléphones s’enchaînent, il faut rester concentré. « Les régulateurs ont une très grande responsabilité, relève Florent Guiche. Ils travaillent sous délégation du Dr Robert Larribau, responsable médical des Urgences santé 144. Mais ce sont eux qui sont en première ligne. » Pour assurer un maximum de précision dans le choix des moyens d’urgence engagés, des protocoles sont toujours suivis. « Avant de se renseigner
Ambulance
Conseil médical par téléphone
144
SMUR
L'a
Hélicoptère de la Rega
Moyens sanitaires catastrophes (PC sanitaire, poste médical avancé…)
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Pulsations
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sur l’état de la personne, nous demandons tout de suite son adresse et numéro de téléphone, explique Philippe Sauvanet. Cela nous permettra d’agir au cas où la ligne est coupée. » La victime respire-t-elle ? Est-elle consciente ? Tout au long de la conversation, les régulateurs réalisent une anamnèse médicale, à la recherche du problème principal. Ils déterminent ainsi la priorité de l’urgence, tout en sélectionnant une série de symptômes sur l’ordinateur. Ceci permet ensuite d’alarmer les services d’ambulance par SMS, avec les informations essentielles sur l’état de la victime. « Comme nous avons souvent affaire à des personnes paniquées, il faut rester maître de la situation et diriger les questions », note Philippe Sauvanet. Un subtil mélange d’écoute, de fermeté, d’empathie et de respect du protocole.
Des écrans géants permettent aux régulateurs de visionner en direct les images des caméras postées sur les grands axes routiers genevois.
80’000
appels par année sur la ligne d’urgences 144.
5000
engagements du SMUR par an.
450
engagements de l’hélicoptère de la Rega par an.
10’000
transferts interhospitaliers par an.
32’000
engagements d’ambulances d’urgence par an.
250
Le nombre de tablettes et smartphones embarqués dans les ambulances, gérés par la Centrale 144.
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Evènements majeurs Dans les nouveaux locaux de la Centrale 144, une salle est spécialement dédiée aux situations de crise. Douze à quinze fois par année, un événement de grande ampleur (comme un grave incendie ou un accident impliquant plusieurs personnes) place la Centrale en état d’urgence. « Le problème dans ces cas-là, c’est que le quotidien ne s’arrête pas, souligne Florent Guiche, responsable opérationnel de la Centrale 144. En plus de gérer l’évènement majeur, il faut aussi assurer la prise en charge des appels habituels. » L’intervention d’ampleur est alors « mise sous cloche ». Une équipe de régulateurs et des ambulances sont « dédiés » à l’événement, tandis que les autres collaborateurs continuent d’assurer le quotidien. Des personnes peuvent également être mobilisées en renfort. Le tout est mené selon des procédures extrêmement précises, qui apportent les réponses les plus efficaces possible.
Pulsations
Grippe un petit tour et puis revient
Crédit : istockphoto
référence pour la prévention de la transmission des agents infectieux aux HUG.
prévoir l’évolution du virus et donc d’élaborer le bon vaccin. De plus, celui-ci n’a pas la même efficacité chez tout le monde. Par exemple, ceux qui ont un système immunitaire affaibli, comme les personnes âgées, y répondent moins bien.
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* Recommandations et outils de
La vaccination est 100 % efficace. Faux. Il est difficile de
en bonne santé, la grippe se soigne généralement bien. Mais dans les populations fragiles, elle peut entraîner des complications, notamment respiratoires. Chaque année, plusieurs personnes décèdent des suites de la grippe en Suisse. D’où l’importance de vacciner les groupes le plus à risque, soit les plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes souffrant d’une maladie chronique ainsi que les enfants prématurés jusqu’à 2 ans. On peut se faire vacciner chez son médecin traitant et dans un grand nombre de pharmacies, de préférence entre le mois d’octobre et la fin du pic de l’épidémie.
V r a i / F a u x
On peut mourir de la grippe Vrai. Chez une personne
Une même personne peut contracter la maladie plusieurs fois durant la saison. Vrai. L’une des caracté-
ristiques du virus de la grippe (influenza) est qu’il se réplique en permanence, ce qui lui donne l’opportunité de se modifier régulièrement. Avoir la grippe une année n’immunise donc pas contre une infection l’année suivante, ni d’ailleurs au cours de la même saison.
étudient chaque année les souches qui circulent et tentent d’identifier celles qui circuleront vraisemblablement l’année suivante. Cela permet d’adapter le vaccin contre la grippe d’année en année. Mais ils ne tombent pas toujours juste, et plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’importance de l’épidémie : le potentiel pathogène de la souche en circulation, le taux de vaccination dans la population, ou encore le moment où l’épidémie survient.
Par Clémentine Fitaire
Chaque hiver, elle fait son grand retour. Doit-on se méfier de la grippe ? Et surtout, comment s’en protéger ? Le point avec la Dre Anne Iten, médecin interniste infectiologue et responsable du programme VigiGerme *.
On peut anticiper la virulence de la grippe d’une année à l’autre. Vrai et faux. Les virologues
Par Aude Raimondi Photo Nicolas Righetti | lundi13
Z o o t h é r a p i e
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Pulsations
Mon thérapeute est un Jack Russel
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Zoothérapie
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ous les matins, deux petites boules de poils agitent joyeusement leurs oreilles en arrivant à l’hôpital de Beau-Séjour. Roxy, une Jack Russel pleine d’énergie, bénéficie d’une attestation spéciale d’aptitude à travailler avec des patients. Coco, un teckel nain, est encore en apprentissage. Avec leur propriétaire Paola Giraldo, physiothérapeute, les deux chiens participent chaque jour à la rééducation de personnes neurolésées.
patients.
Promenades en laisse
Aux HUG, point de dauphin, mais des chiens. « Ce sont des animaux très joueurs, actifs et toujours volontaires, remarque Paola Giraldo. On peut les inclure dans de nombreuses activités, sans que cela nécessite une trop grande infrastructure. »
Les exercices proposés avec les chiens sont définis selon les besoins et les objectifs de rééducation du patient.
Edith a été hospitalisée en neurologie pour une opération. Elle a suivi plusieurs séances de rééducation accompagnée de Roxy. « Les animaux sont très importants dans ma vie, alors avoir un contact avec eux pendant la thérapie, c’était juste magnifique ! Comme ma main gauche ne réagissait pas toujours bien, j’ai pu aller me promener avec la physiothérapeute et les chiens. J’ai 29
Plaisir et bonne humeur Les chiens apportent à la thérapie un aspect ludique important. Au lieu de demander au patient de ramasser un objet pour travailler sa motricité, le physiothérapeute propose de lancer la balle au chien. Autres exemples : une personne fragilisée, qui a besoin de reprendre le contrôle, peut donner des ordres à l’animal. Si un patient a de la peine à se déplacer, il s’exerce en promenant le chien. « Chaque séance est adaptée aux besoins et aux objectifs de rééducation du patient, souligne la Dre Leemann. En collaboration avec le reste de l’équipe interdisciplinaire, le thérapeute décide du type d’exercice que l’on peut proposer avec le chien. »
Au-delà de l’aspect purement thérapeutique, les animaux induisent aussi de la bonne humeur et une ambiance conviviale au sein du service. « Il n’est pas rare que des personnes d’autres étages de l’hôpital passent exprès pour voir les chiens », sourit Paola Giraldo. De plus, beaucoup de patients possèdent des animaux de compagnie à la maison et sont ravis d’en côtoyer pendant leur hospitalisation. « Il devrait y avoir des animaux dans tous les hôpitaux ! », conclut la Dre Leemann en riant.
Un diplôme canin très sérieux Avant de pouvoir travailler dans un hôpital, un animal doit passer toute une série de tests et respecter certains critères. La petite Roxy a suivi des cours d’éducation canine, puis des tests de maîtrise du comportement. Elle doit passer une visite chez le vétérinaire deux fois par an, et reçoit régulièrement un traitement antiparasitaire. Sa propriétaire, la physiothérapeute Paola Giraldo, a quant à elle suivi une formation de deux ans incluant des stages pour pouvoir intégrer Roxy dans sa pratique professionnelle.
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Cette méthode originale porte un nom : la zoothérapie. Un thérapeute, assisté par un animal, propose des interventions thérapeutiques très variées. Des chevaux, des cochons La thérapie d’Inde ou même des dauphins peuvent ainsi aider accompagnée à la rééducation de patients. d’un animal « Les animaux sont un grand facteur motivationnel, apporte de explique la Dre Béatrice nombreux Leemann, spécialiste en neurorééducation et initiabienfaits. trice du projet de zoothéraAux HUG, pie aux HUG. Ils favorisent l’interactivité et augmentent des chiens la satisfaction au traitement collaborent proposé. Ils apportent aussi chose de très imporà la rééducation quelque tant au niveau relationnel et neurologique clairement plus de sourires chez les patients. » de certains
pu me réhabituer à bien tenir la laisse, pour pouvoir promener mon chien en rentrant à la maison. Et surtout, cela m’a donné tellement de joie ! »
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6 Le taux de glucose baisse dans le sang.
Le traitement : comprimés d’insuline (+ injections si besoin).
L’alerte : en surplus dans le sang, le sucre passe dans les urines, générant une soif excessive.
6
5 Le passage du glucose dans le foie, les muscles, le tissu adipeux se fait peu, voire pas du tout.
4 Le pancréas libère une insuline peu efficace ou en quantité insuffisante (inexistante en cas de diabète de type 1).
Diabète
5 Le glucose est accueilli par le foie, les muscles et les tissus adipeux pour être utilisé ou stocké.
1
90% La proportion de diabète de type 2 parmi tous les cas de diabète.
Diabète : 7 mmol/l
Pré-diabète : 6 à 6,9 mmol/l
Normale : 5 mmol/l
(taux de glucose dans le sang)
La glycémie
Le taux de glucose reste élevé dans le sang. A terme, cette hyperglycémie est toxique pour le cœur, le cerveau, la rétine et les reins.
Le risque d’infarctus du myocarde si le diabète n’est pas traité.
x3à5
Expert : Pr Jacques Philippe, médecin-chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition
Epidémie en constante augmentation, le diabète de type 2 et ses complications peuvent être déjoués en luttant contre le surpoids et en adoptant une hygiène de vie saine. Touchant plus de 4% de la population générale et 11% des plus de 65 ans, il bénéficie aujourd’hui de nouveaux traitements, exposant à moins d’effets secondaires.
Le diabète
4 Le pancréas libère une hormone, l’insuline, dans le sang. Son rôle : réguler la glycémie en permettant au glucose d’entrer dans les cellules.
Situation normale
3
Le taux de glucose dans le sang (glycémie) augmente.
2
Le système digestif (notamment l’estomac) transforme les HC en sucres (glucose et fructose).
1 Ingestion d’hydrates de carbone (HC) : pâtes, riz, fruits, etc.
Lors d’un repas...
des personnes atteintes de diabète de type 2 l’ignorent.
1/3
Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti | Folioart
L ’ i n f o g r a p h i e
Octobre - Décembre 2019
Pulsations
Tissu adipeux
Muscle
1,80 mètres
80 kilos maximum
Le poids devrait rester inférieur au nombre de centimètres sur sa taille en mètre (voir illustrations ci-dessus).
=
Le périmètre abdominal devrait être inférieur à 80 cm chez les femmes et à 94 cm chez les hommes.
Pendant la grossesse, le facteur clé est d’éviter une prise de poids excessive. Parmi les réflexes à adopter : pratiquer une activité physique douce mais régulière et opter pour une alimentation équilibrée, en fuyant notamment les aliments industriels.
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Deux repères
Avant la grossesse, éviter tout surpoids.
6
5
Foie
Conseil primordial : maintenir son poids de forme
Insuline
3
Maladie auto-immune se déclarant dès l’enfance, il représente 10% des cas de diabète. Attaquées par le système immunitaire, les cellules du pancréas sécrétant l’insuline sont progressivement détruites. Des injections quotidiennes d’insuline ou une pompe à insuline deviennent alors vitales.
4
Glucose
Touchant 10% des femmes enceintes, le diabète gestationnel peut être prévenu.
Pancréas
Estomac
2
Trois facteurs favorisent le diabète de type 2 : l’âge, les prédispositions génétiques et le surpoids.
4
2
Diabète de type 1
Insuline
Glucose
Diabète gestationnel
6
5
3
Foie
Vaisseau sanguin
Prévention
Tissu adipeux
Muscle
Foie
Vaisseau sanguin
Œsophage
L’infographie
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Pulsations
Le cauchemar des jambes sans repos Ce syndrome concerne 7 à 10% de la population, en particulier des femmes. Le Centre de médecine du sommeil prend en charge les cas les plus sévères.
Crédit : Shutterstock
Pour soulager ces sensations désagréables, chacun y va de sa propre astuce : gymnastique avant de se coucher, douche froide, méditation de pleine conscience, phytothérapie ou encore alimentation. Mais dans les formes les plus graves, un traitement médicamenteux est nécessaire. « Le médecin généraliste a toutes les clés pour détecter un SJSR, explique le Dr Perrig. Souvent, la porte d’entrée est une insomnie persistante et handicapante. » Après un diagnostic clinique, on recherche les facteurs favorisants : carence en fer, médicaments (antidépresseurs, neuroleptiques), etc. Le diagnostic peut être confirmé par une polysomnographie (enregistrement de différentes données durant le sommeil), comme cela est proposé au Centre de médecine du sommeil.
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Octobre - Décembre 2019
Dans leurs formes les plus graves, ces syndromes affectent la vie quotidienne, que ce soit le jour (somnolence, pro-
De la méditation aux opiacés
N e u r o l o g i e
Alors que le SJSR survient à l’éveil, un autre syndrome y est fréquemment associé : les mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil (MPJS), répétés et incontrôlés, entraînant bien souvent des microréveils qui perturbent le sommeil. « Environ 80% des patients qui souffrent de SJSR ont des MPJS », explique le Dr Stephen Perrig, neurologue au Centre de médecine du sommeil.
blèmes de concentration, fatigue extrême) ou la nuit (difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, sommeil non réparateur). « On a également observé une accélération de la fréquence cardiaque lors des MPJS, poursuit le spécialiste. Tout laisse à penser qu’il y a une relation entre le syndrome des jambes sans repos et l’hypertension. »
Par Clémentine Fitaire
«C
’est extrêmement difficile à vivre, confie Marina, 48 ans, atteinte du syndrome des jambes sans repos (SJSR) depuis l’adolescence. Il y a une forme d’impuissance, car on ne peut pas vraiment lutter contre, ni l’anticiper. » Ce trouble d’origine neurologique se traduit par un besoin irrépressible de bouger les jambes, le soir, une fois assis ou couché, lorsque la personne se détend. Ceux qui en sont atteints décrivent des sensations désagréables (dysesthésies) qui ne peuvent être calmées qu’en changeant de position ou en marchant.
Pulsations
Par Aude Raimondi Photo Nicolas Schpofer
Octobre - Décembre 2019
T é m o i g n a g e
« J’assume mes cicatrices, je les trouve belles »
Nathalie Egault s’est battue contre un cancer du sein hormonodépendant* très agressif. Malgré les effets secondaires des traitements, elle sort renforcée de cette lutte contre la maladie.
** Cancer Cancer hormonodépendant hormonodépendant (hormonosensible) : (hormonosensible) : le ledéveloppement développementde decellules cellulescancéreuses cancéreusesest eststimulé stimulé par pardes deshormones. hormones.C’est C’estle lecas casde dela laplupart plupartdes des cancers cancersde dela laprostate prostateet etde decertains certainscancers cancersdu dusein. sein. Quand Quandl’hormone l’hormonese sefixe fixeaux auxcellules cellulescancéreuses, cancéreuses, elle elleaatendance tendanceààstimuler stimulerleur leurmultiplication. multiplication.Un Untraitraitement tementmédicamenteux médicamenteuxantihormonal antihormonal(appelé (appeléaussi aussi hormonothérapie) hormonothérapie)est estalors alorsprescrit prescritpour poursupprimer supprimer la laproduction productiondes deshormones hormonesou oubloquer bloquerleur leuraction. action.
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Témoignage
T
Au même moment, la voisine de Nathalie tombe aussi malade. C’est donc ensemble qu’elles se serrent les coudes pour affronter l’épreuve. « Finalement, c’est pour ma fille, alors âgée de 18 ans, que ça a été le plus compliqué, témoigne Nathalie. Je crois qu’elle a eu très peur. Elle est restée dans le déni pendant plusieurs mois. De mon côté, j’ai essayé de la préserver au maximum. »
Pleine de rage de vivre, la quadragénaire continue alors de sortir, se maquiller, prendre soin d’elle et même travailler à un petit pourcentage. « Mes employeurs ont été formidables. Ils m’ont beaucoup soutenue et ont accepté d’aménager mes horaires. Pouvoir rester active m’a vraiment aidée à avancer. » Ménopause avant l’heure
Aujourd’hui, Nathalie est en rémission partielle. Elle a augmenté son temps de travail, voyage, sort avec ses amis. Elle assure pourtant que l’étape la plus difficile, c’est maintenant. « On ne parle pas assez des effets secondaires de l’hormonothérapie, appuie-t-elle. Ils peuvent pourtant être très violents. J’ai des problèmes de concentration et de mémoire, des vives douleurs aux articulations, des insomnies… L’hormonothérapie provoque une sorte de ménopause précoce. On a soudain l’impression de se retrouver dans le corps d’une personne âgée. Et pour moi, ces effets secondaires sont plus difficiles à vivre que ceux de la chimiothérapie. » Malgré tout, Nathalie accepte son corps, sur lequel elle pose un regard bienveillant. « Dès qu’il en a été question, j’ai tout de suite accepté la mastectomie. Je voyais le cancer comme
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une espèce de tique qui me rongeait et je n’avais qu’une envie : qu’on me l’enlève. Je suis impressionnée par le résultat de la reconstruction mammaire, c’est très bien fait. Je trouve que mes cicatrices sont belles. » (Re)découvrir le monde
Forte de toutes ces épreuves, Nathalie n’est désormais plus vraiment la même. « Ce cancer a été comme une grosse claque qui m’a, en quelque sorte, permis de me recentrer. Je suis devenue beaucoup plus patiente et moins maniaque. En somme, une personne plus cool ! » Elle aspire aujourd’hui à voyager, apprécier les petits bonheurs de la vie, profiter de ses amis, et surtout passer du temps avec sa fille. « Je lui ai toujours promis qu’on allait y arriver, et nous y sommes arrivées ! » conclut Nathalie, une lueur de fierté dans le regard.
70 à 80%
des cancers du sein sont hormonodépendants
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out juste rentrée de vacances, Nathalie affiche un superbe teint hâlé. C’est le visage serein qu’elle revient sur les épreuves traversées au cours de ces derniers mois. En 2017, deux cancers lui ont été diagnostiqués au même moment. « Depuis quelque temps, je souffrais d’une douleur à la poitrine, explique-t-elle. Les médecins ont alors découvert une tumeur sur mon muscle pectoral, sous le sein. Sur l’IRM (imagerie par résonance magnétique), ils ont également identifié une deuxième tumeur, moins agressive, qui affectait mon autre sein. » S’ensuivent alors des mois de chimiothérapie, puis une opération et une reconstruction mammaire. « Durant toute cette période, j’ai gardé le moral. J’avais la pêche et je faisais une confiance totale au Centre du sein, qui m’a vraiment bien prise en charge. »
Pulsations
Par Elodie Lavigne Illustration Anu Põder
Octobre - Décembre 2019
L ’ o r g a n e
Organe puissant du corps humain, la langue frappe par sa discrétion, mais aussi par ses multiples fonctions. Elle permet d’avaler, de goûter, de ressentir, de parler, d’aimer. On peut aussi jouer avec elle, la tirer et faire de drôles de bruits. Alors, ne donnez pas tout de suite votre langue au chat… Muscle puissant
Reliée au plancher buccal et au pharynx, la langue est commandée par le nerf hypoglosse. Très vascularisée, elle peut changer d’aspect et de couleur chez une même personne, sans que ce soit pathologique. L’alimentation, le tabac, l’alcool ou le fait d’être fortement sollicitée la colorent de manière transitoire.
Experts
Dr Igor Leuchter, responsable de l’Unité de phoniatrie Dr Basile Landis, médecin adjoint, responsable de l’Unité de rhinologieolfactologie Dr Yan Monnier, responsable de l’Unité de chirurgie cervico-faciale Pr Jacques Schrenzel, responsable du laboratoire de bactériologie
LA LAN
Goût
Salé, sucré, acide, amer et umami (goût du bouillon de poule par exemple) : la langue détecte cinq saveurs différentes grâce à ses nombreux capteurs, situés sur les papilles. Contrairement à ce que l’on croyait, toutes les parties de la langue reconnaissent tous les goûts. D’autres récepteurs sensoriels permettent de percevoir le chaud, le froid, le piquant ainsi que les textures.
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Le nombre de muscles extrinsèques qui rattachent la langue à d’autres parties de la bouche.
9
Le nombre de muscles intrinsèques de la langue.
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L’organe
55-65ans L’âge moyen des patients touchés par un cancer de la langue.
Déglutition
~10’000
Essentielle à l’acte de nutrition, la langue permet de mobiliser les aliments en bouche et de les préparer en vue de la déglutition. Elle fait passer le bol alimentaire d’un côté à l’autre de la cavité buccale pour la mastication. Ensuite, c’est elle qui le propulse avec force dans le pharynx, tel un piston. Des maladies neurologiques peuvent causer une paralysie partielle ou totale de la langue et compliquer la déglutition et la parole. La chirurgie, la radiothérapie ou une intubation sont aussi susceptibles d’entraver ces fonctions plus ou moins gravement.
Le nombre de papilles gustatives.
9 cm
La longueur moyenne de la langue.
Parole
Exposition : Baltic Triennial 13 « Give Up the Ghost » at Contemporary Art Centre, Vilnius. Photographe : Andrej Vasilenko.
Cancer de la langue
Il est l’un des cancers les plus fréquents de la cavité buccale. Le tabac, surtout combiné à l’alcool, en est le principal facteur de risque. La présence de lésions douloureuses qui ne guérissent pas dans les trois à quatre semaines doit impérativement faire l’objet d’une consultation médicale. A un stade précoce, ce cancer a un bon pronostic. En revanche, ayant une très forte tendance à créer des métastases au niveau des ganglions du cou, il peut s’avérer très grave à un stade avancé. Pour le guérir et préserver les fonctions de la langue, il doit donc être traité à temps (ablation chirurgicale de la tumeur et des ganglions, radiothérapie, éventuellement chimiothérapie, puis reconstruction si nécessaire).
Microbiotes
La langue abrite plusieurs niches bactériennes qui sont très différentes entre elles. Des facteurs génétiques, l’alimentation et le style de vie, ainsi que le contact avec certains virus (virus Epstein-Barr, herpès simplex, cytomégalovirus, par exemple) à l’occasion de baisers ou de pratiques sexuelles associées au baiser, peuvent momentanément perturber ces microbiotes. Des baisers intimes et fréquents modifient eux aussi le microbiote buccal, un phénomène qui est toutefois réversible. 37
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GUE
La parole est possible grâce aux mouvements extrêmement précis et rapides des nombreux muscles de la langue, qui sont positionnés dans différents axes. La langue permet de produire la plupart des consonnes. Elle joue aussi un rôle de résonateur dans la production des voyelles. Le sigmatisme interdental (zozotement) est dû à un mauvais positionnement de la langue dans la production des sons /s/ et /z/. Une rééducation (logopédie) remédie à ce défaut de prononciation. La correction se fait naturellement vers l’âge de 5-6 ans. Le chuintement est un stigmatisme latéral qui résulte de l’air passant entre les deux côtés de la langue à l’articulation de ces sons.
Pulsations
Par Giuseppe Costa Photo Nicolas Righetti | lundi13
Octobre - Décembre 2019
R e n c o n t r e
« Renoncer à un traitement pour le bien du patient » En soignant moins, on soigne parfois mieux : tel est le credo de la smarter medicine. Le Pr Arnaud Perrier, directeur médical des HUG, en est intimement convaincu. Les soins intensifs ont lancé plusieurs actions en ce sens en début d’année. Qu’est-ce que la smarter medicine ? Pr Arnaud Perrier C’est la dénomination suisse d’un mouvement international, né aux Etats-Unis avec l’Obamacare sous l’appellation Choosing Wisely. On pourrait traduire cela par faire des choix intelligents, sages. Il part du constat que, parfois, les médecins prescrivent des interventions ou des examens diagnostiques qui ne sont pas utiles, voire même potentiellement néfastes Pulsations
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Rencontre
quand ils sont invasifs. Cette démarche implique médecins et soignants : ils doivent travailler de concert pour améliorer leurs pratiques.
Les soins intensifs adultes ont lancé une grande série de mesures au début de l’année. De quoi s’agit-il ? Ce projet qualité très ambitieux, qui implémente dix recommandations proposées par la Société suisse de médecine intensive, vise à améliorer la prise en charge des personnes hospitalisées dans ce service. Une première mesure porte sur la prescription, en apparence banale, de l’oxygène. Beaucoup de patients fragiles en ont besoin pour des raisons cardiaques ou respiratoires et on pourrait croire que plus, c’est mieux. En réalité,
Un autre exemple d’amélioration des pratiques ? Il y a un projet médico-soignant qui concerne la mobilisation précoce et fréquente des patients. On sait désormais que d’éviter de laisser les patients au lit diminue le taux de complications et la durée de séjour tout en améliorant leur qualité de vie ultérieure. Comment faire changer les pratiques ? Il se trouve que les habitudes ont la vie dure et que modifier les comportements des médecins et des soignants est toujours un défi dans un milieu aussi complexe qu’un hôpital. Il y a d’ailleurs une nouvelle discipline de la recherche, l’implementation science – la science de la mise en œuvre – qui étudie les stratégies efficaces pour faire changer les comportements. Car, clairement, les simples consignes ne suffisent pas.
Quels leviers utiliser pour que les professionnels adhèrent ? Il y a toute une série de stratégies complémentaires. Il faut commencer par les convaincre que ne pas intervenir est réellement mieux dans certaines circonstances : il faut donc des preuves scientifiques solides pour être absolument sûrs que « ne pas faire » ne va pas nuire aux patients. Ensuite, il s’agit d’éduquer, informer, communiquer et utiliser le système de prescription informatisée pour mettre en place des alertes, demandant au médecin de justifier sa prescription. Enfin, nous devons évaluer l’impact de ces « smart » recommandations et en donner un retour aux prescripteurs et aux soignants. L’addition de toutes ces mesures permet de changer la pratique. Comment concilier cette nouvelle approche avec l’offre technologique croissante ? L’innovation en médecine est très importante et elle n’est pas du tout en opposition avec une démarche de type smarter medicine. Mais celle-ci nous rappelle que toute intervention innovante doit être évaluée de façon rigoureuse. Et aussi que ce sont les preuves scientifiques du bénéfice pour le patient et non les pressions du marché qui doivent amener à adopter de nouvelles techniques.
Savoir + www.smartermedicine.ch
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Dans quels domaines s’est-elle implantée ? En Suisse, la smarter medicine a commencé dans le domaine de la médecine ambulatoire et de la médecine interne générale, avec des listes d’interventions ou d’examens qui doivent être discutés avec les patients. Le premier projet a été mis en place en 2012 aux HUG. Il concerne la prescription systématique de la radiographie du thorax avant une opération. Dans les recommandations internationales, celle-ci est jugée inutile chez les personnes en bonne santé : en quelques années, le nombre de ces radios a été divisé par deux.
on sait depuis peu de temps que non seulement c’est inutile, mais encore que trop d’oxygène augmente la mortalité intra-hospitalière. D’autres mesures visent la limitation des transfusions chez les patients stables, ou les équipements invasifs (cathéters, sondes urinaires) à ne mettre en place que s’ils sont absolument nécessaires en raison du risque d’infection. Il faut parfois renoncer à un traitement pour le bien du patient. Il est même prévu d’étendre dans un proche avenir ces mesures à tous l es services de l’hôpital.
Pulsations
Par Elodie Lavigne
Octobre - Décembre 2019
J u n i o r
Illustrations PanpanCucul
Voyage en hypnose Il t'est peut-être déjà arrivé d'être tellement concentré devant un film, un livre ou un jeu vidéo que tu crois être dans l'histoire pour de vrai, sans entendre ta maman qui te demande de mettre ton pyjama. Eh bien, l'hypnose ressemble à cet état.
Experte Pre Claire-Anne Siegrist, médecin adjointe au Service de pédiatrie générale.
L'hypnose, c'est quoi ? L’hypnose, c’est un peu comme faire un rêve en étant réveillé. Mais un rêve spécial dont tu choisis tous les détails de l’histoire. Durant ce voyage virtuel, tu décides où tu veux aller. Par exemple, que tu es sur une plage au soleil, à cheval en forêt, au pays des licornes ou ailleurs. Ton cerveau se met dans un état de concentration particulier qui lui permet d’imaginer ce qui est agréable pour toi. Il s’intéresse beaucoup moins à ce qui se passe autour de toi car il est comme dans une bulle.
En partenariat avec
En quoi ça peut t'aider ? Un voyage en hypnose te donne la possibilité de t’échapper en imaginant où tu as envie d’être pendant que les infirmières ou les médecins te soignent. C’est un bon moyen pour t’aider à te sentir mieux quand ils doivent te faire un examen qui t’inquiète ou qui n’est pas confortable. Par exemple, s’ils ont besoin de te prélever un peu de sang pour des analyses, si tu dois recevoir un médicament dans une veine ou un vaccin dans le bras. Mais l’hypnose te permet aussi, si tu le désires, d’apprendre à mieux gérer la douleur, tes peurs ou des difficultés que tu rencontres. Il suffit que ton cerveau sache à quoi tu penses pour que le spécialiste en hypnose puisse t’aider à faire les changements nécessaires. N’oublie pas : c’est toi qui as les commandes et qui choisis ce que tu veux faire. 40
Junior
Comment ça se passe ? Par exemple, si tu as besoin d’être accompagné durant un soin, le spécialiste en hypnose te pose quelques questions pour connaître ton endroit préféré ou ton activité favorite. Ensuite, il commence à te raconter une histoire que tu construis avec lui. Vous allez ainsi partir en voyage vers ce lieu ou cette activité que tu aimes. Tu peux garder les yeux ouverts ou les fermer pour mieux rêver. Quand le soin est terminé, vous prenez ensemble le chemin du retour.
Pour changer des choses dans ta vie... Il faut prévoir quelques séances pour que ton cerveau modifie la manière dont il ressent certaines choses. Le spécialiste t’accompagne durant ce voyage imaginaire et t’apprend à te fabriquer une bulle, dans laquelle tout est exactement , comme tu le souhaites. Il peut aussi te proposer de dessiner ce qui te fait du souci pour aider ton cerveau à trouver les meilleures solutions. Il t’apprend enfin à faire ces voyages tout seul, pour que tu puisses les refaire aussi souvent que tu en as besoin. On appelle cela de l’autohypnose.
Non, c’est comme un jeu pour apprendre à utiliser les superpouvoirs que tu as en toi. Les enfants sont bien plus forts à ce jeu que les adultes. En quelques séances, tu peux devenir un champion ou une championne, il suffit d’en avoir envie. Comme pour tous les sports, il est nécessaire de t’entraîner pour utiliser ces superpouvoirs tout seul.
Informations pratiques Tu es patient aux HUG et tu as besoin de l’hypnose pour mieux vivre un soin ou un problème de santé ? Tes parents peuvent se renseigner auprès des soignants ou envoyer un e-mail à hypnose. consultation-ped@hcuge.ch ou appeler au 022 372 55 77.
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Est-ce que c'est difficile ?
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Illustration Bogsch & Bacco Par Clémentine Fitaire
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M i e u x -v i v r e
L’activité physique, bientôt sur ordonnance ? Elle s’impose peu à peu comme une recommandation indispensable dans de nombreux parcours thérapeutiques. Explications avec le Dr Maximilian Schindler, médecin adjoint à l’Unité de médecine physique et réadaptation orthopédique.
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«Q
uand j’ai eu mon cancer, j’ai continué la course à pied, raconte Eusebio, 51 ans. Pour moi, le sport était une continuité des soins, j’en avais besoin. Je pense que c’est la course qui m’a permis, en complément de la chimiothérapie, de maintenir ma santé et de guérir. » Le pouvoir de l’activité physique sur la santé serait-il sous-estimé ? Si une place importante lui est désormais accordée dans la prévention, elle n’est pas toujours reconnue à sa juste valeur thérapeutique. Pourtant, ses bienfaits ne se comptent plus. D’un point de vue physique, d’abord. Le renforcement musculaire aide à compenser la fonte des muscles liée à l’âge ou à la sédentarité. Et l’impact est global. En entraînant une consommation plus importante d’énergie, il se présente comme un pilier de la lutte contre le surpoids, le cholestérol et le diabète. « Il peut même éviter un traitement antidiabétique oral dans certains cas de diabète de type 2 », explique le Dr Maximilian Schindler. L’activité physique est également bénéfique pour les os, qui regagnent en densité, réduisant ainsi le risque d’ostéoporose. Cette double action sur le squelette et la musculature participe à un meilleur équilibre et à une réduction de la douleur. L’effort demandé par la pratique d’un sport permet en outre une oxygénation importante des tissus et améliore la capacité respiratoire.
Mieux-vivre
D’un point de vue cardiovasculaire, les bénéfices de l’activité physique ont depuis longtemps été démontrés, notamment chez les personnes hypertendues. On observe également chez les patients atteints d’une maladie cardiovasculaire une forte diminution du taux de mortalité. « Quant au cancer, il y une nette diminution du risque de développer la maladie lors qu’on pratique une activité physique, notamment pour les cancers du sein et du côlon. Après un diagnostic, le taux de survie est également plus élevé pour ces cancers chez les personnes qui continuent à pratiquer une activité physique ou chez celles qui débutent, par rapport à celles qui sont sédentaires.»
De 0 à 100 ans
Pour la tête aussi
Stress, anxiété, sensation de fatigue, etc. L’activité physique agit comme un anti dépresseur naturel, grâce à la libération d’endorphines. « On le recommande comme traitement adjuvant de la dépression », explique le Dr Schindler. Dans le cerveau, le mouvement favorise le développement de nouvelles connexions entre les neurones et prévient le déclin cognitif. Une action qui paraît très utile pour combattre les effets de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. Des tests menés sur des patients ont montré que bouger améliorait les capacités cognitives des malades et plus globalement leur qualité de vie. Autre avantage, « sauf chez certains patients immunosuprimmés », il n’existe aucune contre-indication. À condition bien sûr d’adapter le choix de l’activité à son état général et aux éventuels traitements en cours. « On déconseille par exemple à un asthmatique de courir en ville les jours de forte pollution ou à un patient présentant une plaie de nager en piscine, ce qui accroît le risque d’infection. »
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Alors, qui peut s’y mettre ? « Il n’y a pas d’âge pour commencer, même si le mieux est de pratiquer dès le plus jeune âge et de façon régulière, explique le Dr Maximilian Schindler, médecin adjoint à l’Unité de médecine physique et réadaptation orthopédique. Des études ont démontré que le sport dès l’enfance était un facteur protecteur contre certaines maladies comme l’ostéoporose. » Mais même à l’âge adulte, une activité d’intensité modérée quotidienne (marche, danse, yoga, natation par exemple) offre des résultats visibles sur la santé et le mieux-être. « Les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé invitent à pratiquer au moins 30 minutes par jour, par tranches de 10 minutes minimum en continu. »
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La sclérose en plaques liée aux virus infantiles ?
L’adolescence peut être une période chaotique. Parfois, tout bascule rapidement. A cet âge, l’apprentissage de la résistance au stress s’avère déterminant pour ne pas perdre pied. La méditation pleine conscience peut-elle aider les jeunes entre 13 et 15 ans à gérer leur stress ? Répondre à cette question est
Depuis juillet dernier, le Pr Cem Gabay est le nouveau doyen de la Faculté de médecine et de l’Université de Genève (UNIGE) et le directeur de l’enseignement et de la recherche aux HUG. Il succède pour les quatre prochaines années au Pr Henri Bounameaux.
HUG ont étudié le lien potentiel entre les infections virales cérébrales transitoires survenues chez le souriceau et l’apparition ultérieure d’une maladie auto-immune cérébrale. La zone cérébrale touchée dans l’enfance subit une modification des tissus qui appelle, des années plus tard, le système immunitaire à se retourner contre lui-même à cet endroit précis, déclenchant les lésions auto-immunes. Ces résultats donnent un premier élément de réponse sur l’une des causes possibles de la sclérose en plaques, qui touche en Suisse une personne sur mille.
l’objectif d’une étude sur la pratique de cette méthode, consistant à ancrer son attention sur l’instant présent. L’intervention consiste en une séance hebdomadaire d’exercices pratiques de méditation et de discussions pendant trois mois. Elle est complétée de prises de sang et de deux IRM (imagerie à résonance magnétique) pour évaluer les effets sur le cerveau. Cette étude est conduite conjointement par les HUG, l’UNIGE, le CHUV et l’UNIL. Informations : www.mindfulteen.ch ou 022 372 50 89
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Il s’est entouré de six vicedoyens. Formé à Genève, le Pr Gabay obtient un doctorat en médecine en 1991. Il se spécialise en médecine interne et rhumatologie et passe plusieurs années aux États-Unis avant de revenir à Genève en 1999. Actuellement, il est médecinchef du Service de rhumatologie des HUG. Avec plus de 2’800 étudiants de niveaux pré- et post-gradués et 1’800 collaborateurs, la Faculté de médecine de l’UNIGE forme chaque année près de 150 nouveaux médecins et 30 nouveaux médecins-dentistes.
Crédits : istockphoto, Rodolfo Sanches Carvalho, Julien Gregorio
Par Giuseppe Costa
Octobre - Décembre 2019
B r è v e s
Les causes de la sclérose en plaques sont encore mystérieuses. On pense que son déclenchement découle d’une part d’une composante génétique et de l’autre d’une composante environnementale. Mais laquelle ? Des chercheurs de l’Université de Genève et des
Effets de la méditation : adolescents recherchés
Cem Gabay nouveau doyen de la Faculté de médecine
Brèves
Don de plaquettes
800
donneurs par année. Il en faudrait 100 nouveaux pour couvrir les besoins.
Quand le foie malade dérègle le cerveau Le foie joue un rôle capital de filtre dans le corps humain. Mais lorsqu’il dysfonctionne de façon chronique, il laisse passer les toxines qui se répandent dans le corps jusqu’à d’autres organes, comme le cerveau. Ce mécanisme entraîne des atteintes neurologiques bien connues, qui se traduisent par une détérioration cérébrale. Des chercheurs des Universités
Devenir et être papa Chez les hommes aussi, l’arrivée et la naissance d’un enfant entraînent des bouleversements à la fois émotionnels, familiaux, sociaux et parfois physiques. Afin d’accompagner au mieux les futurs papas, la Maternité propose des rencontres animées par un spécialiste de la paternité et un homme sage-femme. Les deux intervenants s’appuient
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Crédits : Vectorstate, Katarzyna Pierzchala, Johan Bävmann /MenCare Suisse
ans, l’âge pour être donneur.
200
patients bénéficient chaque année de ces dons de plaquettes. Pour en savoir plus : www.hug-ge.ch/ don-du-sang/ plaquettes
de Genève et Lausanne, des HUG, du CHUV et du Centre d’imagerie biomédicale à l’EPFL se sont associés afin d’analyser en détail l’encéphalopathie hépatique. Pour la première fois, ils ont pu observer sur des rats qu’un dysfonctionnement du foie provoque en deux semaines seulement des perturbations moléculaires cérébrales, alors même qu’aucun symptôme physique n’est apparent. Cette découverte pourrait changer la façon de détecter et de traiter les maladies chroniques hépatiques, comme la cirrhose.
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sur des outils à la fois ludiques et didactiques et des méthodes favorisant la discussion et l’interaction. Ces échanges aident les futurs papas à trouver leur place durant la grossesse, à la naissance et dans le futur schéma familial. Ils visent aussi à les aider à accueillir l’expérience de la paternité, ainsi qu’à mobiliser leurs propres ressources. Les rencontres sont gratuites et proposées deux fois par mois à la Maternité. Inscriptions : www.hug-ge.ch/ futurs-papas, tél. 022 372 44 00
Soins palliatifs Journée mondiale
Par Giuseppe Costa
Octobre - Décembre 2019
A g e n d a
14h-20h30 Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret Entrée libre
Des soins pour la vie avec la médecine palliative. A l’occasion de la journée mondiale, les HUG informent sur leurs offres de soins et sur le réseau genevois : stands, animations, table ronde et rencontres avec des professionnels. Programme détaillé : hug.plus/soins-pour-la-vie
11/10 Cancer du sein Sensibilisation 15h00 Hôpital des enfants Auditoire de pédiatrie Av. de la Roseraie 45
L’attachement : une dimension psychologique au cœur de la relation praticienpatient, par le Pr Nicolas Favez, professeur de psychologie clinique à l’UNIGE. Cette conférence est suivie, à 15h40, de La guerre des tétons, un cancer du sein dessiné, par Lili Sohn,
relation d’aide. Celle-ci s’incarne dans des contextes individuels et familiaux très différents.
29/10
17h Auditoire Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4
Mercredi 30
Prévention Cœur, Vaisseaux, Cerveau 10h30-19h Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
Lors de cette journée, les HUG proposent des stands d’information et vous invitent à des ateliers interactifs et des tests de dépistage. Objectif ? Trouver des motivations et adopter des comportements favorables au maintien de la santé. De 17h30 à 19h, conférences. Programme complet : hug.plus/cvc 18h30-21h Bâtiment Louis Prévost 10e étage
La soirée Mix&Mash, organisée par l’Office des Nations unies à Genève, est l’occasion d’échanger sur le thème de la prévention de la santé. Musique avec le UN Jazz Band.
30/10 au 04/01 Photos Aidants, aidés – Destins croisés Bâtiment David Klein Accueil de l’hôpital Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4
Une exposition de photographies illustrant la nature complexe du lien et de la
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Présentation d’une nouvelle formation destinée aux proches aidants, mise sur pied par la Haute école de santé et la Direction générale de la santé. http://proches-aidants.ge.ch
08 au 17/11 Automnales HUG, hôte d’honneur 11h-21h Dimanche : 10h-20h Palexpo Route François-Peyrot 30
Les HUG sont l’hôte d’honneur des Automnales, la traditionnelle foire genevoise accueillant près de 600 exposants. Sur leur stand, en présence de professionnels, ils proposent des conférences, des activités interactives et des ateliers ludiques pour les enfants. Programme : http://hug.plus/automnales
Crédits : DR
08/10
autrice de BD. Programme complet : www.hug-ge.ch/mois-ducancer-du-sein
NOV.
OCT.
Pulsations
Agenda
18/11 au 03/01 Photos Esprit nomade L’illustration de riches trajectoires de seniors ayant migré en Suisse au cours de leur vie, à travers une exposition photographique itinérante : Du 18 au 29/11 Hôpital de Loëx Rte de Loëx 151
Du 02 au 14/12
Hôpital de Bellerive Ch. de la Savonnière 11
Fondation Foyer-Handicap, sensibilisent le grand public aux besoins spécifiques de santé. Au programme : nombreux stands d’animation durant la journée ; entre 12h et 13h30 : interventions de Laurent Jardinier et Isabelle Royannez infirmiers référents handicap HUG, suivi d’Enjeux éthiques des soins aux personnes avec handicap tout au long de la vie, par la Pre Samia Hurst, bioéthicienne, puis discussion sous la modération du Dr Nicolas de Tonnac, psychiatre.
14 et 29/12
DÉC. Handicap Journée internationale
Chaque mois, Pulsations TV consacre une émission à un aspect particulier de la médecine aux HUG.
OCTOBRE
Le Sova Gospel Choir, chorale multiculturelle, interprète un répertoire divers et varié : gospel traditionnel, contemporain, sud-africain, ainsi que des standards revisités et arrangés. Enthousiasme et émotion assurés ! Samedi 14
16h Espace Abraham Joly Ch. du Petit-Bel-Air 2
Dimanche 29
14h30 Hôpital Beau-Séjour (cafétéria) Av. de Beau-Séjour 26
8h-16h30 Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
NOVEMBRE Du mal de tête à la migraine, que se passe sous nos cheveux ? Une émission afin de comprendre ces douleurs parfois insupportables.
DÉCEMBRE La zoothérapie apporte de nombreux bienfaits. L’exemple d’une Jack Russel qui accompagne des patients en neurorééducation.
Pulsations TV est diffusée en permanence sur YouTube et DailyMotion.
A l’occasion de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, les HUG, en collaboration avec les associations Cerebral, Insieme, Pro Infirmis et la
www.youtube.com/ user/kioskvideohug
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Octobre - Décembre 2019
Concert Gospel
03/12
TV
Plus de temps pour les patients pour un hôpital plus humain. Pulsations TV se penche sur un projet qui se déploie progressivement dans toutes les unités de soins des HUG.
Du 16/12 au 03/01
Hôpital Bâtiment Gustave Julliard, devant l’Arcade HUG Rue Alcide-Jentzer 11
pulsations
Pulsations
Pour en savoir plus sur… Prévention santé
En collaboration avec les spécialistes en info santé de la Bibliothèque du CMU
L i v r e s
&
Octobre - Décembre 2019
W e b
Comment changer de comportements : les clés pour une meilleure santé Dominique Durrer, Yves Schutz Médecine & Hygiène, 2014 Cet ouvrage apporte des outils et des solutions concrètes aussi bien au médecin qu’au patient. L’objectif ? Des changements à intégrer progressivement dans son quotidien afin d’assurer des bénéfices substantiels pour sa santé.
La santé globale à votre portée : manger, bouger et penser pour éloigner la maladie Justin Marcotte Éd. de l’Homme, 2017 Comment créer un environnement sain et bienveillant pour nos cellules ? En s’appuyant sur trois piliers indissociables : une saine nutrition, une activité physique optimale et un mode de pensée favorisant le mieux-être.
MangerBouger
Le programme national français nutrition santé (PNNS) est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population. www.mangerbouger.fr
CONTACT Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu-cds@unige.ch 022 379 51 00 www.unige.ch/biblio/sante
Hypnose L’hypnose pour les enfants Isabelle Célestin-Lhopiteau J. Lyon, 2013 Ce livre, destiné aux parents et aux soignants, apporte des réponses claires sur l’hypnose, à travers un triple éclairage donné par les neurosciences, la psychologie et l’anthropologie.
Diabète J’ai envie de comprendre… Le diabète Alain Golay Planète Santé, 2016 Grâce à des explications simples, des exemples concrets, de nombreux conseils pratiques, des tableaux et des témoignages, ce livre permet de mieux comprendre cette maladie chronique.
Activité physique Pourquoi nous n’aimons pas le sport Francesca Sacco Médecine & Hygiène, 2017 Les effets du manque d’activité physique sur la santé sont dévastateurs. Pourquoi ne fait-on plus de sport ? Cet ouvrage explique ce phénomène et propose quelques pistes pour promouvoir efficacement l’activité physique.
Activité physique : supplice ou délice ? Samuel Verges Le Muscadier, 2015 « L’activité physique est bonne pour la santé. » Ce message, souvent répété, s’appuie sur les plus récentes connaissances de la médecine à propos de notre corps et de sa réaction à l’effort. Cet ouvrage propose de nombreux conseils utiles pour favoriser une bonne pratique du sport.
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Cancer du sein Daphné, Zoé, Eve et les autres… : vingt femmes face au cancer du sein Agnès Fontaine Medicatrix, 2015 Le portrait de vingt femmes atteintes d’un cancer du sein qui se donnent la parole pour raconter chacune une étape de leur maladie.
Tu n’es pas seule. L’expérience du cancer : paroles de femmes Dominique Lanctôt Ed. de l’Homme, 2015 Ce livre recueille les témoignages de dix-neuf femmes qui ont traversé l’épreuve du cancer. Toutes ont vécu un douloureux face-à-face avec leur finitude et chacune a remis en question ses valeurs et ses priorités.
Centre OTIUM – Soutien cancer
Ce centre propose un programme de réadaptation oncologique. www.centre-otium.ch
Syndrome des jambes sans repos Syndrome des jambes sans repos : guide à l’usage des patients et de leur entourage Christelle Monaca, Philippe Derambure, Marc Ziégler Bash éd., 2008 Rédigé par des experts de la maladie, ce guide apporte de nombreux renseignements et aide à mieux comprendre ce syndrome. Il intègre un questionnaire qui sert à évaluer l’intensité des troubles.
Association France Ekbom (AFE)
Cette association vient en aide aux malades atteints de la maladie de Willis Ekbom (syndrome des jambes sans repos). www.france-ekbom.fr
URGENCES TROIS-CHÊNE, UN ACCUEIL RAPIDE ET EXCLUSIF AUX PERSONNES DE 75 ANS ET PLUS Pour les urgences non vitales et non chirurgicales Ouvert tous les jours de 8h à 19h
Hôpital des Trois-Chêne Chemin du Pont-Bochet 3 1226 Thônex Accueil d’urgence : 022 305 60 60