Pulsations janvier-mars 2020

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Pulsations

Actualité

Devenir et être papa

DOSSIER

Égalité Infographie

Le sommeil

Le genre en médecine


L’EXCELLENCE MÉDICALE, APRÈS VOUS, GRÂCE À VOUS ! En 2018, un programme de recherche ambitieux sur la sclérose en plaques a démarré, grâce à la générosité de feu J.D.

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Pulsations Janvier - Mars 2020

Sommaire Actualité 04 Rénovation des urgences 06 Des robots pour les enfants hospitalisés 09 GHF : le rendezvous de la santé globale

22 Rencontre Pr Alain Golay :

« Comprendre sa maladie améliore la qualité de vie »

30 L’infographie Le sommeil

36 L’organe Le pancréas

33 Ophtalmologie La chirurgie réfractive

38 Témoignage Surmonter l’addiction aux jeux vidéo

34 Création L’art-thérapie

40 Junior La fièvre 36

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10 Devenir et être papa 12 Le portrait Pre Dina Zekry, une incorrigible optimiste

24 Psy Mieux traiter les TOC 26 Reportage La médecine hyperbare 29 Vrai/Faux Le lait

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14 DOSSIER ÉGALITÉ

Le genre en médecine

42 Mieux-vivre Nourrir la confiance en soi 44 Brèves Agenda 48 Livres & Web Pour en savoir plus

IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, 1211 Genève 14, Suisse, www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Sylvia de Meyer Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Elodie Lavigne, Laetitia Grimaldi Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug-ge-ch/pulsations. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 40’000 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: Shutterstock, Science Photo Library, Oksana Grivina Crédits sommaire : Julien Gregorio, Nicolas Schopfer, istockphoto, Nicolas Righetti | Lundi 13

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PROCHAINES ÉDITIONS 2020 CAS / INTÉGRATION DES SAVOIRS SCIENTIFIQUES CAS / INTERVENTIONS SPÉCIFIQUES DE L’INFIRMIER·ÈRE EN SANTÉ AU TRAVAIL CAS / LEADERSHIP ÉTHIQUE ET RESPONSABILITÉ PROFESSIONNELLE DANS LES ORGANISATIONS DE SANTÉ CAS / ASPECTS ET SOINS MÉDICO-LÉGAUX DANS LE DOMAINE DE LA VIOLENCE INTERPERSONNELLE DAS / PROMOTION DE LA SANTÉ ET PRÉVENTION DANS LA COMMUNAUTÉ DAS / SANTÉ DES POPULATIONS VIEILLISSANTES

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Le cœur des femmes

Janvier - Mars 2020

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E d i t o r i a l

Qu’est-ce qui est sous-estimé, mais peut faire très mal si on n’y prête pas attention ? Les biais de genre en médecine, touchant en majorité les femmes. Les maladies cardiovasculaires sont emblématiques de cette disparité. En quelques décennies, elles sont devenues la première Le dossier de cette cause de mortalité édition aborde les féminine dans nos pistes pour mettre sociétés. En cause, la médecine à l’heure l’adoption de comportede l’égalité. Une plus ments à risque comme grande inclusion des le tabagisme, la consomfemmes dans les Suzy Soumaille Rédactrice en chef mation d’alcool, une alirecherches en est mentation déséquilibrée, une. Une sensibilisamais aussi la précarité et la monotion systématique à cette question parentalité. dans le cursus médical et une prévention plus ciblée également. Au final, Malgré la réalité des chiffres, des soins de qualité sont indissole cœur des femmes souffre toujours ciables d’une approche globale de de méconnaissance généralisée. la personne qui tient compte de ses Les principaux coupables ? Les risques individuels, son contexte de stéréotypes de genre selon lesquels vie, ses préférences et valeurs, mais l’infarctus est avant tout une affaire aussi de son sexe et des comported’hommes, des symptômes spéciments liés à son genre. 

Photo John Elbing

fiques féminins négligés et des essais cliniques encore trop masculino-centrés. Conséquence, les femmes, comme les médecins, ont tendance à minimiser les signes. Pire, sousdiagnostiquées, elles subissent un retard de prise en charge. Même constat avec l’accident vasculaire cérébral dont on sait que la rapidité d’accès aux soins est essentielle.


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La rénovation et la réorganisation des urgences ont commencé. Objectif : améliorer la qualité de l’accueil et des soins tout en répondant à l’augmentation constante du nombre d’entrées. Par Giuseppe Costa

Janvier - Mars 2020

A c t u a l i t é

Davantage de confort aux urgences adultes

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’est comme changer le moteur d’un avion en plein vol ! » Le défi de la rénovation et réorganisation des urgences adultes est énorme : effectuer des travaux de modernisation (lire plus loin) tout en gardant une activité de qualité 24h/24. Mais il en vaut la peine : offrir à la population genevoise en mai 2023 des urgences adultes modernes, accueillantes, confortables et assurant davantage de confidentialité. Car il faut répondre à l’augmentation constante du nombre d’entrées : 54'000 en 2010, 73'000 en 2018 et 90'000 à l’horizon 2040. Un investissement de 44,6 millions de francs que l’institution soutient pleinement. « C’est une carte de visite importante. Nous sommes tous derrière ce projet », se réjouit Bertrand Levrat, directeur général des HUG.

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Déterminer un plan de soins

Les premières phases de la mue remontent à juin dernier avec la mise en place d’une nouvelle organisation. « L’objectif est de réduire le délai avant de voir un médecin », précise d’emblée le Pr François Sarasin, médecin-chef du Service des urgences. A son arrivée, le patient est accueilli par un infirmier spécialisé qui détermine son degré d’urgence et l’oriente vers un des trois secteurs : aigu, ambulatoire ou psychiatrique. Au secteur aigu, une équipe médico-soignante, composée d’un médecin, d’un infirmier et, si possible, d’un aidesoignant, effectue rapidement une évaluation. Elle administre les premiers traitements, réalise des examens simples et détermine un plan de soins selon l’hypothèse diagnostique. Après cette étape, l’attente pour des examens complémentaires (radiologiques ou de laboratoire) ou l’avis d’un spécialiste a lieu dans un secteur dédié. « La perception de l’attente est meilleure si le patient connaît son plan de soins et sait pourquoi il attend. De plus, en ayant relaté son histoire au médecin et aux soignants réunis autour de lui, il n’aura pas à la répéter à plusieurs reprises », relève le Pr Sarasin. Au secteur ambulatoire, la volonté est la même. « Notre but est d’offrir un contact médical rapide et nous nous préoccupons de la qualité de l’attente. Grâce à un système de rappel par SMS, les personnes dont la situation médicale le permet, peuvent patienter là où elles se sentent le mieux, même ailleurs qu’aux urgences », souligne le Dr Hervé Spechbach, médecin adjoint, responsable de l’Unité des urgences ambulatoires, rattachée au Service de médecine de premier recours.


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Une succession de rocades

Plateau technique renforcé

Pensez RUG Le Réseau Urgences Genève (RUG) est constitué de six services d’urgences publiques et privés. En plus des HUG, il comprend la Clinique de Carouge, la Clinique des Grangettes, la Clinique La Colline, la Clinique et Permanence d’Onex, ainsi que l’Hôpital de La Tour.

« L’objectif est de réduire au maximum les nuisances, notamment sonores, et d’informer régulièrement sur l’avancée des travaux. Ceux-ci n’auront toutefois aucune influence sur la qualité de la prise en charge médicale », assure Pierre Adnet, chef du Service études et constructions. Pour les visiteurs, il y aura des perturbations sur la rotonde devant l’entrée principale. La « dépose patients » ne sera pas accessible aux automobilistes de janvier 2020 à février 2021. « Pour les piétons, l’entrée sera légèrement décalée le long du bâtiment et les solutions proposées seront indiquées et adaptées selon l’avancement du chantier », précise Stéphane Bruand, chef du projet de rénovation et réorganisation des urgences. A noter enfin qu’en juin 2020, la cafétéria sera déplacée, tout en demeurant à côté de l’entrée principale.

Pour les situations non vitales ou en cas d’indisponibilité du médecin traitant, le service d’urgences le plus proche de chez soi est à privilégier. Pour connaître les délais d’attente, il suffit de télécharger gratuitement l’application SmartHUG sur Apple Store ou Google Play Store.

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Janvier - Mars 2020

Au final, les urgences adultes disposeront de 1000 m2 supplémentaires. Pour les patients, cela signifie davantage de boxes. « Non seulement, on va quasiment doubler les places pour les urgences couchées, mais en plus ces locaux seront plus spacieux, permettant la présence d’un proche et disposeront de portes pour une confiden­ tialité totale », note le Pr Sarasin. Le plateau technique est également renforcé : un deuxième scanner (septembre 2020) et une imagerie à résonance magnétique (2023) complètent l’offre radiologique dans ce secteur de l’hôpital. 

Comment agrandir les urgences adultes et les moderniser tout en les maintenant opérationnelles ? En appliquant un principe simple : faire du vide là où il y aura des travaux et enchaîner des rocades par zones. Au final, l’unité d’observation, les secteurs couchés, ambulatoires, psychiatriques, la salle des plâtres, le déchocage et la radiologie auront été rénovés. Quant aux bureaux administratifs et médicaux, ils sont déplacés hors flux des patients (surélévation du pavillon d’accueil).


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Photo Julien Gregorio Par Clémentine Fitaire

Janvier - Mars 2020

A c t u a l i t é

Hoppy et Billy, robots de compagnie en pédiatrie

« Il aide beaucoup mon fils durant ses soins pas très sympathiques. Il nous aide aussi à passer le temps, qui est parfois bien long aux soins intensifs. » Celui dont parle Caroline, maman de Hugo, 7 ans, n’est ni un infirmier, ni un médecin, mais… un robot. 6

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rrivés dans le Service de néonatologie et soins intensifs pédiatriques des HUG en mai 2019, Hoppy et Billy ont révolutionné la prise en charge des enfants en les aidant à supporter des soins parfois très lourds. « En les distrayant, ils permettent de diminuer l’attente,


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mais aussi l’angoisse et le stress lors d’interventions douloureuses. Quant à nous, soignants, ils nous aident à optimiser l’accompagnement de l’enfant, ce qui facilite notre pratique », explique Mélanie ThéateBerlioz, infirmière aux soins intensifs pédiatriques, qui a donné vie à ce projet avec Julie Renaut, infirmière dans ce même service, et la Dre Alice Bordessoule, médecin adjointe aux soins intensifs pédiatriques.

D’une visite à l’autre, le robot enregistre les activités de l’enfant qui scanne son bracelet pour être reconnu. « À terme, des programmes de reconnaissance faciale pourront également être intégrés pour ajouter à l’interactivité robot/patient », s’enthousiasme Mélanie Théate-Berlioz. Une modernité qui peut faire peur, mais sur laquelle les deux infirmières se veulent rassurantes : « Le but n’est absolument pas de remplacer les soignants. D’ailleurs, le robot n’est jamais seul avec l’enfant, expliquent-elles. Et s’il n’est pas là, nous avons aussi quelques secrets pour distraire nos jeunes patients ! ». L’empathie et la patience des infirmiers, mais aussi les nombreuses initiatives d’animations bénévoles à l’hôpital – comme les visites de clowns – et l’hypnose clinique ont encore toute leur place en pédiatrie. « Les robots sont un outil parmi d’autres pour amener une distraction pendant les soins réalisés », précise Julie Renaut. Quant aux parents, l’initiative semblerait aussi leur être bénéfique. « Les adultes se prennent au jeu, et on constate également chez eux une diminution du stress pendant des soins ou des interventions difficiles sur leur enfant », confie Julie Renaut. 

Robot version nounours Pour mesurer l’impact des robots en pédiatrie, une large étude publiée en juillet 2019 par la revue américaine Pediatrics a réparti les jeunes patients d’un service de l’Hôpital pour enfants de Boston en trois groupes : le premier avait accès à « Huggable », un robot à l’apparence d’un nounours ; le deuxième pouvait utiliser un avatar interactif de Huggable sur une tablette ; enfin, un troisième avait reçu un nounours en peluche classique. Il est apparu que les sujets en contact avec le robot ont présenté « des niveaux de joie et de détente plus élevés que ceux qui avaient simplement une tablette ou un ours traditionnel ». Interrogés, les parents ont également relevé des niveaux moins élevés de douleur perçue. « Les robots compagnons semblent être des outils intéressants qui pourraient offrir de nouvelles façons de répondre aux besoins émotionnels des enfants », concluent les auteurs de l’étude.

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Janvier - Mars 2020

Il faut dire que Hoppy et Billy, financés entièrement par la Fondation privée des HUG, font partie de la dernière génération de robots. Avec leur allure androïde, ils parlent directement à l’enfant, et en pas moins de 119 langues. Sur leur buste, une interface propose des contenus ludiques et pédagogiques adaptés à chaque âge. Les plus petits peuvent écouter des comptines, les plus grands faire des jeux ou recevoir des programmes d’éducation scolaire ou thérapeutique, sur la mucoviscidose par exemple.


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Le grand rendez-vous de la santé globale

échanges entre participants de différents horizons », souligne Nicole Rosset, adjointe de la Direction des affaires extérieures, co-Présidente du GHF. Du 24 au 26 mars prochain, la huitième édition proposera ainsi plus de vingt tables rondes et une quinzaine d’ateliers sur des enjeux concrets de santé globale. Mettre en lumière des initiatives de terrain, permettre le partage d’expériences et d’expertises, et faire émerger des collaborations, voici quelques-unes des missions que s’est fixées le GHF pour contribuer à l’amélioration de la santé et à l’accès aux

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Pour son édition 2020, le GHF souhaiterait également renforcer l’engagement des soignants non-médecins, « encore trop peu représentés, et dont le rôle est pourtant crucial, au Sud comme au Nord », relève Nicole Rosset. Pour concrétiser cette volonté, le Conseil International des Infirmiers sera un des deux invités d’honneur du prochain GHF. 

Janvier - Mars 2020

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réé en 2006 par les Hôpitaux universitaires de Genève et la Faculté de médecine de l’Université de Genève, le Geneva Health Forum (GHF) rassemble tous les deux ans plus de 1’500 acteurs de la santé mondiale (professionnels de santé, OI, ONG, décideurs politiques, bailleurs, etc.). Mais le GHF n’est pas un simple congrès : « On y présente, certes, des résultats et des enjeux de santé publique, mais c’est aussi une plateforme dynamique et interactive favorisant les

Et les solutions des uns peuvent aussi bénéficier aux autres. Comme la télémédecine, développée pour faciliter l’accès aux soins dans des zones reculées et maintenant déployée dans beaucoup de pays occidentaux pour faire face aux déserts médicaux.

Par Stéphany Gardier

Tous les deux ans, Genève accueille le Geneva Health Forum. Différent des congrès habituels, il est avant tout un lieu de rencontres et de partage d’expériences.

A c t u a l i t é

soins dans le monde. « Il y a eu de grandes avancées sur les maladies infectieuses, mais aujourd’hui les maladies non-transmissibles (diabète, maladies cardiovasculaires, cancers…) deviennent des enjeux sanitaires, y compris dans les pays en développement, explique Eric Comte, directeur scientifique du GHF. Les questions sanitaires au Sud et au Nord convergent d’ailleurs de plus en plus, ce qui montre bien l’importance d’avoir une vision globale de la santé. »


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Photo Julien Grégorio Par Clémentine Fitaire

Janvier - Mars 2020

A c t u a l i t é

Devenir et être papa : parlons-en ! La Maternité propose aux futurs pères des moments d’échange en groupe, encadrés par un spécialiste de la paternité et un homme sage-femme, afin de les aider à bien vivre leur expérience de la paternité avant, pendant et après l’accouchement.

«T

out semble si flou à mes yeux à l'approche de la naissance », confie Mario, 35 ans, qui s’apprête à accueillir son premier enfant. On oublie parfois les futurs pères dans le suivi de la grossesse, mais ils sont pourtant bien là, souvent pleins d’interrogations. Chez eux aussi, l’arrivée et la naissance d’un enfant entraînent une série de bouleversements psychologiques, émotionnels, familiaux, et parfois même physiques. Pour les accompagner dans cette période particulière, la Maternité des HUG propose désormais des rencontres bimensuelles en groupe. « Il s’agit d’un espace de discussion sans préjugés, où chacun, qu’il soit déjà père ou non, peut apporter ses questions, parler de ses doutes, partager son ressenti », explique Arnaud Mottet, homme sage-femme qui participe aux rencontres et lui-même papa. Se retrouver entre hommes permet de libérer la parole à partir de l’expérience de chacun, « dans une atmosphère très saine, bon enfant et emplie d'émotion », raconte Mario. Durant ces échanges réunissant 10

une poignée de futurs pères, de nombreux thèmes sont abordés, autour des trois temps forts principaux de la parentalité : la grossesse, l’accouchement et la vie avec l’enfant. Trouver sa place

On pourrait se demander pourquoi les hommes ont eux aussi besoin d’une « pré­paration ». Pour Gilles Crettenand, coordinateur du projet MenCare en Suisse romande, spécialiste en paternité et père de trois enfants, un tel espace de rencontre est primordial : « Les hommes partagent une part de leur ressenti avec leur compagne, mais jusqu’à un certain point, explique l’intervenant. Ils ont cette spécificité, en partie due à leur éducation, de très mal communiquer leurs émotions, d’avoir des difficultés à aller chercher des ressources alors qu’ils en ont besoin. » Ces moments de partage peuvent donc aider à relâcher la pression, mais aussi à trouver chez d’autres futurs pères « un référentiel qui rassure ». « Je ressens une certaine appréhension à devenir père, avoue Mario. Le plus important pour moi est d’arriver à trouver rapidement


Actualité

Ci-dessus : Les futurs papas choisissent des images qui leur serviront de support pour aborder une thématique autour de la grossesse, l'accouchement ou la parentalité.

un équilibre à trois, tout en préservant mon couple, mais aussi ma vie personnelle en m’octroyant des moments rien qu’à moi. » Lors des rencontres, la liste des sujets abordés est très vaste. À partir des questions ou des doutes apportés par chaque participant, mais aussi grâce à des supports didactiques et ludiques, les intervenants guident la discussion et favorisent l’interaction. Comment gérer les bouleversements physiques et psychologiques que vit ma compagne ? Comment puis-je être présent durant l’accouchement ? Puis-je participer à l’allaitement ? Comment engager la communication avec mon enfant ? Les points soulevés ne manquent pas, et chacun est invité à trouver ses propres réponses. Car il y a autant de façons d’être père que d’hommes qui le deviennent. « On les aide surtout à engager très tôt la communication avec la future maman, résume Gilles Crettenand. A mettre en place avec elle un dialogue conscient qui les aidera à vivre côte à côte l’aventure, et non pas chacun de son côté. »  11

Un soutien de la Fondation pour la recherche en périnatalité La gratuité des rencontres « Devenir et être papa » est rendue possible grâce au financement de la Fondation pour la recherche en péri­ natalité (FReP), qui soutient les projets collectifs ou indi­ viduels amenant un progrès dans l’accompagnement du processus de la maternité et de la parentalité.

INFORMATIONS PRATIQUES Les rencontres « Devenir et être papa » sont gratuites et ouvertes à tous (pour un premier enfant ou non). Elles sont proposées deux fois par mois – les jeudis et samedis – à la Maternité. Inscription et dates des rencontres : www.hug-ge.ch/futurs-papas Durée : 2 heures

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À gauche : Gilles Crettenand, coordinateur du projet MenCare en Suisse romande.


Par Laetitia Grimaldi Photo François Wavre | lundi13

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p o r t r a i t

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« Je suis une incorrigible optimiste » Le parcours de la Pre Dina Zekry, médecin-cheffe du Service de médecine interne de l’âgé, est mû par une ambition : comprendre, soulager et anticiper les défis liés à l’âge.

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Le portrait

1965

E

Un enjeu de taille

A l’âge des premiers rêves, elle l’assure à son pédiatre : elle deviendra médecin. Les années passent et c’est chose faite. Mais quand ses camarades de promotion envisagent une carrière américaine, c’est vers l’Europe qu’elle ressent le besoin de s’envoler. Elle passe cinq ans aux Hôpitaux de Paris où elle devient gériatre et se passionne pour la neurologie. S’ensuivent les étapes d’une carrière mêlant activité clinique, projets de recherche et formations, jusqu’à obtenir un CV des plus impressionnants, et toujours en cours d’expansion. « Mon frère s’en amuse et me demande quand je vais me “ poser ”. Jamais, je pense ! sourit celle qui est aussi mère de trois enfants et passionnée de jazz. A aucun moment dans la vie on ne peut se dire que l’on sait tout et que l’on peut s’arrêter là. »

1989

Docteure en médecine, Université Fédérale de Sao Paulo, Brésil.

2002

Doctorat en Sciences (PhD) en Biologie du vieillissement, Université Jussieu, Paris, France.

2007

Médecin adjointe agrégée au Service de gériatrie des HUG.

2015

Titre FMH de formation post-graduée approfondie en gériatrie.

Depuis avril 2018 Médecincheffe du Service de médecine interne de l’âgé des HUG.

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Parmi les axes de recherche de la Pre Dina Zekry : les mécanismes inflammatoires en jeu dans la maladie d’Alzheimer, les alternatives aux mesures de contention, la prise en charge conjointe des troubles psychiques et physiques chez les sujets très âgés ou encore l’intégration optimisée des proches aidants. Son équipe avant tout

Une liste doublée d’un nouveau défi depuis avril 2018 : la responsabilité du Service de médecine interne de l’âgé. « L’un de mes mentors, le Pr Gabriel Gold, médecin-chef du Service de gériatrie, a dit un jour : “ Être chef de service, c’est penser à son équipe avant tout ”. Et c’est en effet devenu central dans mon quotidien : je veille à ce que mes collaborateurs s’épanouissent autant que possible dans leur travail et évoluent dans leur carrière. » Le danger : s’oublier soi-même. « C’est le risque, reconnaît-elle. Ce qui me sauve ? Peut-être d’être quelqu’un d’organisé, doté d’un sens pratique, et d’avoir appris à déléguer, ce qui est essentiel. Bien sûr, il reste une marge de progression. Cela fait un an par exemple que j’essaye de réserver un jour dans la semaine pour ne faire que de la recherche et avancer sur des projets auxquels je tiens. Or il y a toujours une urgence qui vient bousculer l’agenda. Mais je ne désespère pas ! Je suis tenace et une incorrigible optimiste. » 

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lle garde de son grand-père maternel un souvenir ému et les racines de sa vocation de gériatre. « Sentant les prémices du drame historique qui allait survenir, mon grand-père a quitté sa Pologne natale pour le Brésil, en 1932, sauvant avec lui une partie de la famille. Ceux qui sont restés ont péri, confie Dina Zekry. C’était un homme extraordinaire… Son courage m’a inspirée. » Et puis il y a eu son père, quittant le Maroc de son enfance pour tenter une vie nouvelle et embrasser à 40 ans passés la carrière d’avocat. Celle qui est aujourd’hui cheffe du Service de médecine interne de l’âgé voit ainsi le jour au Brésil, dans un tourbillon familial opposant aux affres de l’existence une fougue qui ne la quittera plus.

Naissance à Sao Paulo, Brésil.

Et d’ajouter : « La population vieillit à un rythme impressionnant : en dix ans, la proportion de personnes âgées de 80 à 85 ans prises en charge aux HUG a doublé. L’enjeu est de taille pour aider à vivre le plus longtemps possible en bonne santé. Pour ces patients très âgés, une approche multidimensionnelle est nécessaire. Elle consiste à identifier les souhaits du patient et de ses proches, faire des examens ciblés et réfléchis, prendre les bonnes décisions thérapeutiques en tenant compte de la qualité de vie. »


Par Elodie Lavigne Illustrations Oksana Grivina

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D o s s i e r

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La médecine à l’heure de l’égalité La question du genre s’est invitée en médecine ces dernières années. Aujourd’hui, on est plus attentifs aux différences entre les sexes et au poids des stéréotypes féminins et masculins. Avec un objectif égalitaire : offrir à chacun et chacune des soins adaptés et sans discrimination de genre.

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A

bien des égards, la médecine est le reflet de la société. Qu’on le veuille ou non, l’une et l’autre sont encore imprégnées par des inégalités entre hommes et femmes et par des stéréotypes de genre. Ce n’est que récemment que la science a pris conscience que le sexe biologique et le genre social pouvaient influencer la santé, et qu’il fallait en tenir compte non seulement dans la recherche mais aussi à tous les stades de la prise en charge.

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Dossier

Photo : François Wavre | lundi13

« Les réglementations ont commencé, dès 1977, à exclure les sujets féminins en âge de procréer des essais cliniques, par principe de précaution  » Pre Caroline SAMER, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées

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Alors que le « sexe » fait référence aux spécificités biologiques (génétiques, ana­ tomiques, hormonales) de l’individu, le « genre » se rapporte aux rôles et comportements qu’une société attribue au masculin et au féminin. Pendant longtemps, les recherches cliniques se sont fondées sur l’homme jeune, blanc et en bonne santé comme standard à partir duquel on extrapole les résultats. La femme en âge de procréer étant écartée en raison des fluctuations hormonales et du risque de grossesse. « Suite à des malformations congénitales induites par certains médicaments pris par des femmes enceintes, les réglementations ont commencé, dès 1977, à exclure les sujets féminins en âge de procréer des essais cliniques, par principe de précaution », explique la Pre Caroline Samer, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées.


Pulsations

Revers de la médaille, on s’est aperçu que la faible représentation des femmes dans les études reflétait mal la prévalence de certaines pathologies dans la société. Les maladies cardiovasculaires par exemple, considérées pendant longtemps comme une spécificité masculine, ont été princi­ palement étudiées chez l’homme. Or, avec la progression du tabagisme chez la femme, elles sont devenues la principale cause de décès dans la population féminine. « On ne s’imagine pas toujours qu’une jeune femme puisse avoir un accident cardiovasculaire, alors qu’en réalité, il y a souvent un cumul de facteurs de risque (stress, précarité, migration, pauvreté, monoparentalité). Il s’avère que la femme reçoit moins de soins interventionnels dans la phase aiguë de l’infarctus », illustre la Pre Antoinette Pechère, responsable de la consultation d’hypertension. Peut-être parce qu’elle peut présenter des symptômes autres tels que nausées, sudations, malaise, gêne dans la poitrine sans douleur franche. Des différences anatomiques (arbre artériel plus court et artères plus fines), en plus de modifier les signes de la maladie, pourraient en compliquer le traitement. Selon la Pre Pechère, la prévention secondaire est aussi négligée : « L’arsenal thérapeutique (rééducation, statines, etc.) en cas d’infarctus chez la femme est moins souvent appliqué. » Pour l’accident vasculaire cérébral (AVC) aussi, on constate un retard dans l’accès aux soins, alors que la rapidité de la prise en charge est capitale. « Les femmes attendent-elles plus avant de consulter ? Les centres d’appels ne pensent-ils pas assez à l’éventualité d’un AVC chez elles ? », s’interroge le Pr Thomas Agoritsas, spé­ cialiste en médecine interne générale, qui admet la difficulté à distinguer ce qui relève du déterminisme lié au sexe et des comportements associés au genre, à la fois chez les patients et les soignants.

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« L’arsenal thérapeutique en cas d’infarctus chez la femme est moins souvent appliqué » Pre Antoinette PECHÈRE, responsable de la Consultation d’hypertension

Photo : Julien Gregorio

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Le cas emblématique des maladies cardiovasculaires


Le contre-exemple de la dépression masculine

Du côté des médecins, on a tendance, pour l’homme, à mettre les symptômes dépressifs sur le compte organique. Considérer que les symptômes de la dépression peuvent être atypiques dans cette population et penser à les rechercher ne pourrait qu’améliorer la prise en charge. Heureusement, depuis une dizaine d’années, les regards évoluent, notamment grâce à des campagnes – « Les vrais hommes font de vraies dépressions » aux Etats-Unis.

Recherche genrée et choix éclairé

Dans le domaine du VIH, la question du genre est particulièrement évidente. Les femmes sont également peu représentées dans les essais thérapeutiques et les conséquences peuvent être graves, regrette la Pre Alexandra Calmy, responsable de l’Unité VIH / Sida : « Les études cliniques incluent des hommes jeunes, d’origine caucasienne, au mépris de populations plus diverses. Ainsi, des années après la mise sur le marché d’un médicament, se pose encore la question de savoir s’il est compatible avec la prise d’une contraception efficace ou avec un désir de grossesse. En excluant de façon quasi systématique les femmes en âge de procréer des essais thérapeutiques, on tend à les infantiliser, oubliant qu’elles sont, elles aussi, capables de donner un consentement éclairé sur les risques qu’elles peuvent, ou non, prendre pour leur santé. » Depuis les années 1990, diverses instances médicales et commissions d’éthique à travers le monde ont pourtant émis des recommandations pour qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans les essais cliniques. La Pre Antoinette Pechère constate toutefois que l’asymétrie perdure, se référant notamment à des études récentes de grande envergure. L’une d’elles, parue dans le Lancet, porte sur l’hyper­ tension, facteur de risque numéro un des maladies cardiovasculaires : « Les conclusions ont été transposées pour les deux sexes, malgré un taux de femmes inférieur à 30% », déplore-t-elle. Très souvent aussi, les analyses selon le sexe et le genre ne sont pas données séparément dans les résultats des recherches, si bien qu’on ne peut tirer de conclusion formelle pour les femmes. 17

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Tristesse, perte de plaisir, idées noires, baisse de l’estime de soi, ralentissement psychomoteur, fatigue, troubles du sommeil, de la concentration, perte d’appétit, difficultés à décider, etc., sont les symptômes classiques de la dépression. Cette maladie toucherait deux fois plus les femmes. Mais il se peut qu’elle soit sous-diagnostiquée chez les hommes. Chez certains d’entre eux, elle se manifeste plutôt par de l’irritabilité, de la colère, de l’impulsivité et des comportements à risque (abus d’alcool et de substances). Autant de symptômes qui ne cadrent pas avec les critères diagnostiques habituels. Or, « si on tient compte de ces particularités, il y aurait vraisemblablement autant de dépression dans les deux sexes, soit une prévalence de 20% », déclare la Dre Hélène Richard-Lepouriel, responsable de l’Unité des troubles de l’humeur. Les hommes consultent toutefois moins souvent et le taux de suicide abouti est plus important. « Ils ne se reconnaissent pas forcément dans les critères standards de la dépression et ont encore du mal à accepter leurs difficultés, explique la psychiatre. De plus, les stéréotypes masculins (force, courage, solidité, fiabilité) pèsent encore lourdement, surtout dans les classes sociales défavorisées. »

C’est parfois plus flagrant dans d’autres situations, comme le coup du lapin, qui touche, selon les études, jusqu’à trois fois plus de femmes. Et pour cause, malgré les différences anatomiques, les constructeurs de voiture utilisent des mannequins masculins pour tester leurs systèmes de sécurité. Mais l’homme aussi fait parfois les frais des biais de genre : l’anorexie, la dépression (lire ci-contre) et l’ostéoporose sont chez eux sous-diagnostiquées.

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Changements attendus

Chasser les biais de genre en médecine passe également, selon les experts, par une valorisation des carrières de femmes dans le milieu médical. « Il y a 70% de femmes qui finissent les études de médecine, mais seulement 12 à 16% accèdent à des postes de professeure. Elles obtiennent moins de bourses et de brevets, sont moins invitées dans les congrès, publient dans de moins bons journaux, et leur nom est souvent noyé dans la liste des auteurs d’une publication. Elles doivent être davantage représentées dans les postes de recherche pour pouvoir poser des questions spécifiques à la femme », détaille la Pre Pechère. L’enseignement aussi a un rôle à jouer pour faire bouger les lignes, note le Pr Mathieu Nendaz, vice-doyen en charge de la formation prégraduée de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE) : « L’influence du sexe sur la prévention d’une maladie, son dépistage et sa prise en charge, est abordée durant le cursus pour certaines pathologies, mais pas de façon systématique. Par ailleurs, l’UNIGE propose des modules complets sur certains aspects du genre en médecine. Ces programmes devraient être étendus. » La faculté doit encore mieux s’assurer que le matériel d’apprentissage ne véhicule pas de stéréotypes et que l’écriture épicène et inclusive soit utilisée. Pour le Pr Agoritsas, « les femmes doivent être suffisamment représentées dans les vignettes cliniques (exemples de cas, ndlr) dans l’enseignement, et surtout ne pas être confinées dans des rôles. On doit être attentifs à la variabilité des situations et des symptômes ». Sur le plan de la prévention aussi, il faut recourir à des messages différenciés si besoin.  18

Malgré l’éveil des consciences, une plus grande inclusion des femmes dans les études et davantage de transparence dans les résultats restent indispensables pour mieux distinguer ce qui relève du sexe et du genre et s’assurer de la pertinence d’interroger les sous-groupes. Car dans une majorité des cas, selon le Pr Agoritsas, « les différences liées au sexe et au genre ne seraient pas significatives ». Il s’agit alors surtout d’envisager la personne dans sa globalité et de tenir compte aussi bien de son sexe que des comportements associés à son genre, mais aussi de son poids, sa corpulence, ses risques individuels (génétique), son contexte de vie, ses préférences et valeurs, pour pouvoir lui offrir des soins de qualité. 

« Les femmes doivent être suffisamment représentées dans les vignettes cliniques dans l’ensei­gnement, et surtout ne pas être confinées dans des rôles » Pr Thomas AGORITSAS, spécialiste en médecine interne générale Photo : DR

Si l’inclusion de ces dernières peine à se réaliser, c’est certainement parce que les formulaires de consentement aux études cliniques sont très dissuasifs : « Il ne faut pas être enceinte lors de l’entrée dans l’étude, ne pas vouloir l’être à court et moyen terme, faire un test de grossesse tous les trois mois, prendre une double contra­ception, parfois pendant plusieurs années, ce qui est très contraignant, illustre la Pre Calmy. Les femmes doivent être informées des risques, mais doivent pouvoir décider librement de leur santé sexuelle et reproductive. »


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Inégalité de genre face à la douleur Le sexe des médicaments

Selon la spécialiste, à l’exception de certaines molécules, « nous n’avons pas connaissance d’énormes différences ayant de réelles répercussions cliniques entre hommes et femmes ». Malgré tout, pour mieux comprendre la pharmacocinétique chez les femmes, il est nécessaire de les inclure dans toutes les phases d’études, afin qu’elles bénéficient de traitements sûrs et à des doses appropriées.

Des expériences ont montré que la femme perçoit plus rapidement la douleur, qui se fait plus intense et plus persistante. Peut-être sous l’influence des hormones sexuelles qui modulent la sensibilité. On suppose également que les normes masculines favorisent une plus grande acceptation de la douleur. Les hommes auraient ainsi tendance à la minimiser et à consommer davantage de substances pour l’apaiser. De leur côté, les femmes semblent plus enclines à exprimer leur inconfort et à consulter. Influence du sexe ou du genre et de l’éducation ? Difficile de faire la part des choses. Mais ces dissemblances peuvent conduire à une prise en charge différenciée : les hommes se verraient ainsi prescrire plus d’antalgiques et les femmes plus de tranquillisants. « Dans l’attente de davantage de précisions scientifiques, il est essentiel que tous les professionnels de la santé et les proches entendent sans préjugés la description des douleurs de chacun et de chacune, chaque histoire douloureuse étant singulière », commente la Dre Valérie Piguet, médecin consultante aux HUG, spécialiste douleur SPS (Swiss Pain Society).

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Que sait-on du devenir des médicaments dans l’organisme des femmes une fois absorbés (pharmacocinétique) et de leur sécurité d’emploi ? Encore peu de choses. On constate toutefois qu’elles métabolisent différemment les médicaments, que leur transit est plus long et que leur composition corporelle est constituée de moins de masse maigre et d’eau, mais davantage de masse grasse. Cela étant, on ignore si le sexe et le genre sont réellement des facteurs déterminants. Pour la Pre Caroline Samer, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées, il est bien difficile de l’affirmer : « Tous médicaments confondus, les effets indésirables sont certes plus décrits chez les femmes (jusqu’à 1,5 à 2 fois), mais il y a beau­­‑ coup de facteurs de confusion : l’âge, la génétique, la corpulence, le fonc­ tionnement des organes et le fait qu’elles pourraient prendre plus de médicaments, qui augmente le risque d’interactions médicamenteuses néfastes. » Rapportent-elles davantage les effets secondaires subits ? C’est un autre biais possible à prendre en compte.

Plusieurs travaux ont montré des différences de prévalence, perception, expression, stratégies et réponses aux traitements de la douleur entre hommes et femmes. Ces dernières sont plus sujettes aux douleurs chroniques. Des facteurs de risque comme les violences physiques et psychologiques, par exemple, les y exposent davantage. Les mécanismes à l’origine de la douleur sont-ils différents selon les sexes ? Certains en font l’hypothèse. Des facteurs biologiques (génétiques, hormonaux) pourraient en effet être en cause, mais d’autres recherches sont nécessaires pour le confirmer.


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Prendre en compte la santé sexuelle

Pulsations La santé sexuelle est-elle soumise aux influences sociales ? Dre Jasmine Abdulcadir Oui. Au cours de l’histoire, certaines pratiques et savoirs médicaux en lien avec la santé sexuelle et reproductive féminine ont été imprégnés par la religion, la morale et les croyances socioculturelles. La physiologie et les organes sexuels féminins par exemple ont moins été étudiés ou représentés dans les textes, et sont donc moins connus.

La santé sexuelle de la femme est-elle mieux prise en compte dans les soins ? Je pense que c’est le cas. Les nouvelles générations de professionnels de la santé sont de plus en plus formées en matière de santé sexuelle, de dépistage et de prise en charge des violences, de genres et de diversités, etc. Plus largement, on arrive à envisager la personne dans sa santé globale, physique, psychologique, sociale et sexuelle.

Qu’en est-il de la prise en charge des violences sexuelles ? Nous sommes sensibilisés à la question des violences. Nos dossiers médicaux informatisés, par exemple, prévoient une case à cet effet, ce qui facilite le dépistage systématique. Aux urgences gynéco-obstétricales, nous avons depuis longtemps un protocole de prise en charge pour les patientes ayant subi une agression sexuelle, en collaboration avec la médecine légale, la Consultation VIH, l’Unité interdisciplinaire de médecine et de prévention de la violence, et la Policlinique de gynécologie. Un programme de simulation de constat d’agression sexuelle mis sur pied avec le centre de formation existe pour notre personnel médico-soignant et les médecins légistes.

Mâles surreprésentés L’inégalité dans la représentation hommes-femmes dans les études cliniques existe déjà au stade expérimental. On observe en effet une surreprésentation des animaux mâles, au détriment des femelles, alors que ceux-ci présentent des différences de comportement (plus d’agressivité) par rapport à leurs congénères, parfois mises en lien avec des taux de testostérone plus élevés pour les mâles dominants. Comme dans les études chez l’être humain, il n’est pas fait mention de la part de mâles et de femelles dans les résultats.

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Photo : Nicolas Schopfer

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Interview de la Dre Jasmine Abdulcadir, responsable de la Consultation pour les femmes avec des mutilations génitales et de l’Unité des urgences gynéco-obstétricales.


Photo : Louis Brisset

Plus classiquement, le suivi de femmes ayant été exposées à des médicaments ou maladies durant leur grossesse améliore les connaissances, a posteriori. C’est ainsi que les HUG ont mis en place une consultation pour les troubles hypertensifs de la grossesse, qui touchent 10% des femmes enceintes. Cette consultation unique en Suisse permet d’évaluer et de prévenir le risque cardiovasculaire de ces patientes, davantage exposées à l’hypertension durant la péri-ménopause.

La question du genre ne se limite pas au féminin et au masculin, mais s’ouvre sur une plus grande diversité. L’identité de genre désigne le fait de se sentir homme ou femme, ou ni l’un, ni l’autre, indépendamment du sexe biologique. Les jeunes transgenres sont particulièrement vulnérables, en raison du rejet de la société, ou parfois aussi de leurs familles, de leurs amis, et des discriminations qu’ils subissent. Dès lors, une attention particulière est indispensable, notamment à l’hôpital où ils consultent pour être accompagnés dans leurs questionnements et leurs transitions. Pour mieux répondre à leurs besoins au sein du Département de la femme, de l'enfant et de l'adolescent, la Dre Mirjam Dirlewanger, endocrinologue à l’Unité d’endocrinologie et de diabétologie pédiatriques, et le Dr Arnaud Merglen, spécialiste en médecine de l’adolescence dans le Service de pédiatrie générale, pilotent un projet, soutenu par la Fondation privée des HUG, de développement des soins avec et pour ces patient-e-s. Quelles sont les attentes formulées par les jeunes qui ont été consultés ? Accéder aux soins avec leur prénom d’usage, ne pas être ‘mégenré’, être soigné par des médecins compétents également pour les questions de transition de genre, et recevoir des informations claires et pertinentes pour pouvoir prendre des décisions pour leur santé, dans une vision à long terme. « Notre équipe interdisciplinaire suit et soutient ces jeunes afin d’identifier ce qui correspond le mieux à chaque personne », précise le Dr Merglen. L’endocrinologue et le pédiatre mènent un important travail de sensibilisation auprès des équipes médicosoignantes, mais aussi du personnel administratif de l’hôpital pour que chaque patient-e puisse être accueilli-e de manière respectueuse et être soigné-e de façon égale, quelle que soit son identité de genre.

« Les hommes ne se reconnaissent pas forcément dans les critères standards de la dépression et ont encore du mal à accepter leurs difficultés » Dre Hélène RICHARD-LEPOURIEL, responsable de l'Unité des troubles de l'humeur

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Des méthodes de simulation informatique prédisent aujourd’hui la réponse aux médicaments chez les femmes enceintes, un sous-groupe peu étudié. « Durant la grossesse, en raison d’un plus grand volume de distribution, les molécules sont éliminées plus vite et les doses doivent parfois être augmentées, explique la Pre Caroline Samer, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées. On crée alors un humain virtuel avec un profil génétique particulier. On simule des concentrations et on regarde ce qu’il se passe dans le placenta et dans le lait. » Pour l’heure, il n’y a que chez l’animal que l’on peut savoir si une substance est tératogène (susceptible de provoquer des malformations chez le fœtus).

Patients transgenres : sortir de la binarité

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Les femmes enceintes, les oubliées de la recherche

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Par André Koller Photo Nicolas Schopfer

Janvier - Mars 2020

R e n c o n t r e

« Comprendre sa maladie améliore la qualité de vie » Le Centre d’éducation thérapeutique du patient des HUG a ouvert en octobre. Interview de son directeur, le Pr Alain Golay, avant l’inauguration prévue en mars. Mieux comprendre la maladie et les traitements améliore la qualité de vie : tel est le credo de l’éducation thérapeutique. Dans ce domaine, les travaux du Pr Jean-Philippe Assal et du Pr Alain Golay ont été pionniers dans les années 80. En 1986, la fameuse « école de Genève » est devenue centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé. Aujourd’hui, elle a reçu une reconnaissance institutionnelle avec l’ouverture d’un centre dédié à cette approche globale et humaniste des soins. Pulsations Pourquoi les HUG ont-ils créé un Centre d’éducation thérapeutique ? Pr Alain Golay Pour plusieurs raisons. La principale étant l’augmentation du nombre de maladies chroniques, due en partie au vieillissement de la population, et la diminution des durées d’hospitalisation. Les patients sont plus rapidement livrés à eux-mêmes. Or, 50% d’entre eux ne prennent pas leurs traitements lorsqu’ils sont de retour à domicile. Pour améliorer cette situation, et donc l’efficacité des soins, les patients doivent comprendre leur maladie, l’accepter, savoir aussi pourquoi et comment prendre leurs médicaments. Bref, ils doivent être formés pour prendre soin d’eux de manière optimale.

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Quels sont les objectifs du nouveau centre ? L’éducation thérapeutique du patient (ETP) s’est fortement développée aux HUG ces dernières années. Il existe aujourd’hui 45 programmes, pour autant de maladies chroniques. Cela signifie que tous les départements médicaux font de l’accompagnement éducatif. La mission du centre est d’assurer la qualité, la cohérence et la pérennité de l’éducation thérapeutique. Il s’agit aussi de coordonner les activités cliniques, la formation et la recherche dans ce domaine. Vous êtes l’un des grands spécialistes européens de l’ETP. Comment la définissez-vous ? L’ETP compte trois niveaux. Le premier, pédagogique, consiste à aider les patients à acquérir des connaissances et compétences relatives à leur santé. Le second, psychologique et social, est nécessaire pour qu’ils prennent conscience que leur environnement, y compris humain, et leur hygiène de vie est en cause. 80% des maladies chroniques sont dues à cinq « malfaiteurs » : la malbouffe, la sédentarité, l’alcool, le tabac et le stress. Si nous parvenons à les aider à changer leurs habitudes dans ces domaines, ils amélioreront fortement leur qualité de vie. N’oublions pas qu’en moyenne un médecin ne passe que 30 minutes par trimestre avec le patient. Sur la même période, ce dernier vit 129’000 minutes avec sa maladie.


Rencontre

Et le troisième niveau ? C’est le développement personnel. Il a émergé ces dernières années, au cours d’échanges avec le philosophe Alexandre Jollien et le sociologue Stefan Vanistendael. Ce n’est pas toujours facile à entendre. C’est pourtant une réalité : une pathologie lourde peut nous apprendre la bienveillance à l’égard de soi. Nous faire grandir et gagner en maturité. Le rôle d’un spécialiste en ETP consiste aussi à mettre en évidence cette dimension potentiellement positive de la maladie.

L’ETP a fait l’objet de nombreuses études. Que disent-elles ? Elles sont éloquentes. L’ETP améliore la qualité de vie de 50% des patients. Pour le diabète, elle diminue de 90% les cas de cécité ou de réhospitalisation et de 80% les amputations des membres inférieurs. Une personne obèse « formée» sur deux n’a pas repris de kilos cinq ans après la perte de poids initiale, et nous en formons quelque 4’000 par an. En fait, il existe des milliers d’études sur le sujet. Une tâche du centre sera de les analyser et d’en faire la synthèse.

Le Pr Alain Golay, pionnier dès les années 80 de l’éducation thérapeutique.

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En conclusion ? Davantage qu’une technique, l’éducation thérapeutique constitue une approche globale humaniste des soins. Très efficace pour les maladies chroniques, elle fait sens en réalité dans de très nombreux autres domaines. Le centre va contribuer, je l’espère, à accroître sa diffusion. 

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Le centre collabore-t-il avec le projet stratégique des HUG Patients partenaires ? Bien entendu. Nous avons contribué à définir le partenariat aux HUG. Dans nos programmes, nous travaillons souvent avec des patients témoins. Par exemple, pour les séances d’information sur le bypass gastrique. Nous avons aussi élaboré des programmes éducatifs avec des patients. Et nous collaborons avec des patients « ressources » pour la formation des soignants. Le Centre est l’occasion de promouvoir des formes innovantes d’éducation du patient en collaborant avec des patients partenaires.


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Illustration Chris Madden Par Elisabeth Gordon

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Des pistes pour mieux traiter les TOC

Dans le cadre de leur programme « troubles anxieux », les HUG développent de nouvelles thérapies pour les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. 24


Psy

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Thérapie par l’exposition

La jeune femme a d’abord pris des médicaments. « Ils m’ont fait grossir et ne m’ont pas aidée », dit-elle. Puis elle a suivi une thérapie cognitive et comportementale. « J’ai appris à mieux gérer certaines de mes angoisses. Mais je ne peux toujours pas acheter des chaussures, ni inviter mes proches chez moi. Mes médecins cherchent l’origine de ce qui me perturbe pour pouvoir s’y attaquer. » Pour traiter les patients souffrant de TOC, il est en effet « crucial de comprendre ce dont ils ont peur et les conséquences graves que leur obsession pourrait engendrer », souligne le Pr Guido Bondolfi. D’ordinaire, la prise en charge commence généralement par une thérapie comportementale et cognitive. « On a recours à l’exposition avec prévention de la réponse. Si, par exemple, un patient ne veut pas toucher une table par crainte de s’infecter, on lui demande de le faire, en coupant à la racine son envie d’aller se laver les mains après, 25

précise le Pr Guido Bondolfi. De cette manière, on crée une habituation à l’anxiété. » Quatre patients sur cinq répondent à cette psychothérapie. Toutefois, certaines personnes refusent ce traitement très contraignant. On leur propose alors de prendre des antidépresseurs à des doses supérieures à celles utilisées pour traiter la dépression. Des médicaments qui peuvent toutefois entraîner des effets secondaires. Stimuler le cerveau

Il reste que « 10% des patients sont atteints de TOC sévères résistant à tous les traitements », constate Luc Mallet, professeur à l’Université de Genève et directeur de la Fondation Fondamental Suisse. Dans le cadre du programme « troubles anxieux » des HUG, ce dernier et ses collègues traitent certains de leurs patients à l’aide d’une tout autre approche : la stimulation cérébrale profonde. Elle consiste à implanter des électrodes qui délivrent dans le cerveau un courant électrique de faible intensité afin de modifier l’activité de ces zones profondes. Pour améliorer la compréhension des réseaux neuronaux impliqués dans le TOC, des recherches sont en cours à l’UNIGE, soutenues par la Fondation privée des HUG. Dans le cadre d’un programme européen, les psychiatres ont par ailleurs entrepris « de valider la stimulation cérébrale profonde et de vérifier que ses effets durent sur le long terme », précise le Dr Joao Flores Alves Dos Santos, médecin associé au Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise. Et pour les personnes ne répondant que partiellement aux traitements habituels ? Pour les aider, les médecins des HUG développent de nouvelles technologies avec des objets connectés, des applications sur smartphone ou la réalité virtuelle dans l’idée « de concevoir des scénarios personnalisés, explique le Pr Luc Mallet. Filmées en 3D, ces scènes permettront au patient de s’exposer, à domicile, à l’objet de ses craintes ». Pour l’instant, « cette approche a été expérimentée avec un seul patient », précise le Dr Joao Flores Alves Dos Santos. La recherche est donc encore très préliminaire, mais elle ouvre de nouveaux horizons. Julia pourra peut-être un jour en bénéficier. 

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epuis deux ans, j’ai peu à peu développé un besoin incessant de m’assurer que ma porte était close. C’est paradoxal, car plus je la ferme, plus j’ai des angoisses. En dehors de cela, quand je marche dans la rue, j’ai peur des excréments. Je considère tout ce que je ramène chez moi, une paire de chaussures que je viens d’acheter par exemple, comme une source de salissures. Je ne peux même plus inviter mes parents à boire un café à la maison ». Julia, 32 ans, souffre de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Comme leur nom l’indique, ces affections se traduisent par des obsessions. En d’autres termes, par « des pensées ou images mentales qui jaillissent dans l’esprit de manière récurrente et engendrent de l’anxiété », explique le Pr Guido Bondolfi, médecinchef du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise des HUG. A ces angoisses, les personnes réagissent par des compulsions, qui sont « des rituels censés réduire leur anxiété ». C’est ce que fait Julia quand elle retourne sur ses pas pour vérifier qu’elle a donné un tour de clé.


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Par André Koller Photos Nicolas Righetti | lundi13

Janvier - Mars 2020

R e p o r t a g e

Plongée dans la médecine hyperbare

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Avec ses gros hublots, elle a l’air d’un sousmarin échoué dans les sous-sols des HUG. La chambre hyperbare est pourtant une merveille de technologie, irremplaçable pour traiter avec l’oxygène les accidents de plongée, les intoxications à des fumées, les plaies à cicatrisation difficile, les lésions après une radiothérapie, les gelures ou encore les infections des os.

a médecine hyperbare est 100% naturelle. Elle n’utilise qu’un médicament : l’oxygène », affirme le Dr Rodrigue Pignel, médecin responsable de la Consultation de médecine et thérapie hyperbare. Inhalé à travers un masque dans une atmosphère pressurisée à environ 1,5 bar, l’équivalent d’une plongée à 15 mètres de profondeur, l’oxygène afflue en plus grande quantité vers les lésions et les régions mal vascularisées. Après quinze séances de 95 minutes, on observe fréquemment l’apparition de nouveaux vaisseaux sanguins : les tissus revivent. » En 2019, cette consultation a traité quelque 400 patients avec plus de 5500 séances.

« Mon pied est sauvé ! »

Franck Houdin, 66 ans, est un « plongeur » expérimenté. « Je suis diabétique. J’ai une plaie au pied qui s’infecte souvent et cicatrise mal. On a essayé les greffes de la peau. Sans succès. L’amputation n’était plus loin… En avril dernier, j’ai commencé l’oxygénothérapie hyperbare. Les progrès ont été fulgurants. La lésion rapetisse au fil des semaines. La cicatrisation complète, et j’espère définitive, n’est plus une utopie. Mon pied est sauvé ! », s’exclame-t-il avec un immense soulagement. Ce matin d’octobre, il est confortablement installé dans la chambre pressurisée avec une dizaine d’autres patients, assis dans les fauteuils rouges ou couchés dans un lit. Auparavant ils ont été informés et préparés : les pansements ont été refaits et les plaies nettoyées – une opération qui peut prendre une heure et demie. A noter aussi que pour une première « plongée », 26


Reportage

les débutants sont toujours accompagnés par un infirmier.

« Descente » express

Au bout d’un moment, une patiente âgée peine visiblement à ajuster correctement son masque à oxygène. Un autre infirmier doit pénétrer dans la chambre en passant par le sas, où il subira une compression accélérée. « Nous sommes entraînés. En cas de problème, n’importe lequel d’entre nous peut descendre à 15 mètres en 30 secondes », commente Yoann.

L’oxygène est un médicament L’oxygène est indispensable à la vie. Sans ce gaz, les cellules du corps ne peuvent pas « brûler » leur carburant favori : le sucre. L’oxygénothérapie hyperbare (OHB) consiste à administrer de l’oxygène pur ou mélangé dans un milieu pressurisé (la chambre hyperbare) afin d’augmenter considérablement la quantité d’O2 dans le sang. Lorsque des tissus lésés en reçoivent davantage, ils « brûlent » davantage de sucre et, grâce à ce surcroît d’énergie, se régénèrent mieux et plus vite. L’OHB présente également un effet anti-infectieux, car elle réduit la prolifération de certaines bactéries qui se développent dans les régions mal vascularisées pauvres en oxygène.

La sangle du masque remise en place, l’infirmier ressort du caisson. « Mon collègue a respiré de l’air compressé pendant 10 minutes. Cela provoque une saturation excessive d’azote dans le sang. Pour compenser, il va inhaler de l’oxygène pur pendant la décompression, qui a lieu dans le sas », explique-t-il, en manœuvrant le joystick qui lui permet d’obtenir sur l’écran de contrôle une décompression optimale. 27

Janvier - Mars 2020

A l’extérieur du caisson, Yoann Mykijewicz, infirmier hyperbariste, dirige la manœuvre et communique par le biais de haut-parleurs installés dans la chambre. « Mesdames et messieurs, la compression va débuter. Effectuez régulièrement l’équilibration des tympans, comme vous l’avez appris. » Pendant toute la séance, il garde un œil sur les patients et l’autre sur les nombreux écrans de contrôle : pression, température, diffusion de l’oxygène, etc.


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Janvier - Mars 2020

Fiche technique Longueur

9 mètres Diamètre

2,4 mètres Poids

40 tonnes

Dans la chambre, tout est calme. Sieste, lecture, méditation… chacun passe le temps comme il l’entend. Une heure plus tard, Yoann Mykijewicz annonce la « remontée » : « Mesdames et messieurs, nous allons entamer la décompression. Une sensation de fraîcheur peut accompagner cette phase. Si le chauffage n’est pas suffisant, utilisez les couvertures à votre disposition. » Puis les patients ressortent, décontractés, souriants. Franck Houdin échange quelques mots avec l’équipe médicale, puis se tourne vers nous : « Tout s’est bien passé. Comme d’habitude. J’ai dormi un peu… cinq séances par semaine, c’est un boulot à mi-temps ! », plaisante-t-il. Mais convaincu des bienfaits de cette thérapie, il veut lancer la première association suisse de patients hyperbares. 

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Les HUG à Koweït-City « L’an dernier, le nouvel hôpital de Koweït-City (1200 lits) a fait appel à notre savoir-faire pour mettre sur pied une unité de médecine hyperbare. Ce pays enregistre une forte prévalence de patients diabétiques », indique le Dr Rodrigue Pignel. En octobre dernier, une délégation genevoise a délivré une première semaine de formation aux soignants koweïtiens. La réputation de la Consultation de médecine et thérapie hyperbare des HUG dépasse en effet largement les frontières nationales. Il compte notamment plusieurs spécialistes habilités à prodiguer des soins au-delà de 50 mètres de profondeur. En 2016, il a démontré son expertise en fournissant l’assistance médicale lors de travaux sur le barrage de Punt Dal Gal, dans les Grisons, à 120 mètres de profondeur.


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Le lait sous la loupe Délactosé, surprotéiné ou végétal : le lait se décline presque à l’infini. Difficile de faire un choix éclairé en fonction des besoins de la famille. Quelques pistes pour y voir plus clair, avec le Dr Dimitrios Samaras, médecin consultant à l’Unité de nutrition des HUG.

Crédit : istockphoto

que l’on trouve en grande surface est un lait dont le lactose est détruit. Ceux qui souffrent d’intolérance au lactose peuvent donc en boire. Mais attention, il ne convient pas aux personnes allergiques aux protéines de lait. Pour elles, les boissons végétales, que l’on nomme à tort « laits » d’amande, de soja, sont une bonne alternative. Elles peuvent aussi convenir aux intolérants au lactose.

Le lait enrichi en protéines est meilleur pour la santé. Faux. Les personnes

qui n’ont pas de difficulté à consommer leur quota quotidien de protéines (entre 0,7 et 0,8 g par kg corporel pour un adulte) n’ont pas besoin de ce type de lait. En revanche, pour les personnes âgées, dont les besoins en protéines augmentent (de 1 à 1,2 g/kg après 75 ans), ce produit est intéressant. Il leur permet de consommer facilement davantage de protéines.

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Le lait est bon pour la santé. Vrai et faux. Par le passé,

le lait était un aliment important, car il était une source de protéines et de micronutriments facile à obtenir. Aujourd’hui, en période d’abondance et d’épidémie d’obésité, le rôle du lait pour la survie de la population est largement débattu. La vraie question à se poser est de savoir si le lait est bénéfique pour la santé. Pour les adultes, il n’y aurait aucun avantage nutritionnel à consommer du lait, d’autant plus qu’une grande partie de la population est intolérante au lactose. Par ailleurs, si de nouvelles études continuent à démontrer ses bienfaits sur certaines indications, d’autres remettent en cause son effet positif sur les os ou évoquent un possible lien avec la survenue de certains cancers, comme celui de la prostate. 

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En cas d’intolérance au lactose, on ne doit pas consommer de lait. Faux. Le lait délactosé

comme la B2 et la B12, le lait contient 120 mg de calcium par 100 ml. Une eau riche en calcium en contient 50 mg par 100 ml.

Par Esther Rich

n’est pas une boisson très calorique en soi. Prendre un cappuccino plutôt qu’un expresso le matin ne va pas engendrer de surpoids. Le lait contient toutefois des sucres, des protéines et des matières grasses. Un verre de 250 ml de lait entier apporte ainsi 165 kcal, soit 8% de l’énergie quotidienne dont a besoin un adulte.

Le lait est riche en calcium. Vrai. En plus de vitamines

V r a i / F a u x

Le lait fait grossir. Faux. Le lait de vache


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Moins léger que le précédent, il est le plus long des stades du sommeil. Rythme cardiaque et respiration ralentis.

2 Sommeil lent léger (NREM * stade 2)

Facilement interrompu, le sommeil est très léger et fragile. Apaisement général, perception de l’extérieur encore présente.

1

Endormissement (aussi appelé NREM * stade 1)

L’horloge biologique régissant le cycle veille/sommeil est circadienne : elle s’établit sur 24 heures. Le sommeil se compose de 4 à 6 cycles d’environ 90 minutes. Au sein de chacun d’eux, 4 stades distincts :

Les cycles du sommeil

Le pourcentage de la population souffrant d’insomnie chronique

10%

1

2

90

En minutes, la durée d’un cycle de sommeil

4

Expert : Dr Lampros Perogamvros, psychiatre, chef de clinique scientifique au Centre de médecine du sommeil.

Récupération physique et mentale, renforcement du système immunitaire et des apprentissages, régulation émotionnelle : le sommeil est vital. Il faut donc en prendre soin et agir quand il pose problème.

Le sommeil

Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti | Folioart

L ’ i n f o g r a p h i e

Janvier - Mars 2020

3

* NREM : Non Rapid Eye Movement (mouvement oculaire non rapide) ** REM : Rapid Eye Movement (mouvement oculaire rapide)

Stade caractérisé par une activité cérébrale intense. C’est celui durant lequel on rêve le plus. Mouvements rapides des yeux sous les paupières, pouls et respiration irréguliers.

4 Sommeil paradoxal (REM **)

Sommeil le plus profond et réparateur. Muscles relâchés, température abaissée, respiration lente et régulière.

3 Sommeil lent profond (NREM * stade 3)

Le temps consacré au sommeil au cours de la vie

1/3

Pulsations


31

17h

22h

23h

0h

2h

8-10 h 14 à 17 ans

9-11 h 6 à 13 ans

7-9 h adultes

10-13 h 3 à 5 ans

En vieillissant, le sommeil se fragmente, avec parfois plusieurs réveils durant la nuit.

11-14 h 1 à 2 ans

12-17 h 0 à 1 an

3h

• Activité physique ou intellectuelle intense avant le coucher.

• Rester couché si le sommeil ne vient pas au bout de 30 minutes : mieux vaut se lever et se recoucher lorsqu’on se sent somnolent.

• Les boissons stimulantes dès la fin de l’après-midi.

6h

7h

10h

11h Sommeil paradoxal Représente 20-25% environ de la durée totale du sommeil.

9h

• Un environnement de sommeil adéquat (calme, ni trop chaud, ni trop froid).

• Un temps pour « déconnecter » avant de s’endormir (méditation, lecture, etc.).

• Des repas légers le soir.

• Réserver son lit exclusivement au sommeil et aux activités sexuelles.

• manque d’attention, de concentration, troubles cognitifs, irritabilité.

• fatigue et somnolence diurnes persistantes (au-delà de plusieurs semaines et sans raison apparente) ;

Une consultation s’impose en cas de :

Un mauvais sommeil n’est jamais anodin : baisse de vigilance avec risque accru d’accidents de la route, répercussions sur la santé mentale et physique (p. ex. : augmentation du risque cardiovasculaire, de diabète, d’obésité), etc.

8h

• Des heures de lever et de coucher régulières respectant les besoins individuels.

Sommeil lent profond Représente 10-20% environ de la durée totale du sommeil.

5h

Quand s’inquiéter ?

4h

Les examens réalisés au Centre de médecine du sommeil peuvent déceler des troubles comme le syndrome d’apnées du sommeil (arrêt ou diminution du flux respiratoire en raison d’une fermeture transitoire des voies aériennes supérieures pendant la nuit).

Amis

Sommeil lent léger Représente 50-60% environ de la durée totale du sommeil.

1h

• La lumière bleue des écrans pendant la soirée.

Endormissement Représente environ 5% de la durée totale du sommeil.

21h

Chacun son rythme. L’indicateur : se sentir reposé le matin. A l’exception des vrais (rares) petits ou grands dormeurs, le nombre idéal d’heures de sommeil par jour sont d’environ :

Veille

20h

Ennemis

19h

Quelle durée ?

Éveil

18h

Janvier - Mars 2020

16h

Les cycles de sommeil se succèdent au cours de la nuit, mais ne se ressemblent pas : les premières heures, le sommeil lent profond prédomine. En deuxième partie de nuit, le sommeil paradoxal s’intensifie.

Hypnogramme d’un bon dormeur

Un bon sommeil se lit dans le cerveau

12h

13h

L’infographie


JULIETTE VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ SON GRAND-PÈRE DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES

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Pulsations

La vie sans lunettes

pour une approche chirurgicale. « Nous devons mesurer différents paramètres fonctionnels et anatomiques, mais aussi bien comprendre quelles sont les spécificités du patient, son travail, ses loisirs, ce qu’il fait au quotidien avec ses yeux. Et nous devons aussi clarifier ses attentes et ses motivations », précise la Pre Thumann. Il n’y a pas d’âge pour se faire opérer, mais il faut anticiper la survenue d’une presbytie à la quarantaine qui nécessitera une nouvelle correction de la vision. Toute pathologie oculaire 33

Les chirurgiens disposent aujourd’hui de deux approches par laser pour corriger les défauts de la cornée. Ils peuvent aussi choisir de recourir plutôt à la pose d’implants, qui se substituent au cristallin. Dans un cas comme dans l’autre, le défaut visuel est rectifié presque tout de suite après l’intervention. « Mais les patients doivent comprendre que la prise en charge ne se réduit pas à l’opération et que les trois à cinq contrôles dans les trois à six mois suivants sont cruciaux », insiste la Pre Thumann. Ce suivi permet notamment de s’assurer de la bonne cicatrisation, d’évaluer l’efficacité de la chirurgie et, dans de rares cas, de procéder à une « retouche ». 

Janvier - Mars 2020

Un suivi indispensable

Illustration Tehos Frédéric Camilleri

Myopie, astigmatisme, presbytie et hypermétropie peuvent en théorie être traités par chirurgie, y compris quand plusieurs défauts de vision se cumulent. Il est néanmoins primordial que les changements dans les valeurs de correction soient minimes durant les deux années qui précèdent. Ensuite, seul un entretien avec un ophtalmologue spécialisé confirme si le patient est réellement un bon candidat

préexistante (glaucome, cataracte…) est une contreindication à la chirurgie réfractive. En outre, les femmes ne doivent pas être enceintes ou en cours d’allaitement.

Par Stéphany Gardier

L

a chirurgie réfractive se pratique depuis des décennies et les techniques utilisées sont aujourd’hui bien maîtrisées. « Mais se faire opérer, ce n’est pas comme aller s’acheter une nouvelle paire de jeans, prévient la Pre Gabriele Thumann, médecin-cheffe du Service d’ophtalmologie des HUG. Si une personne veut absolument se débarrasser de ses lunettes, dans la majorité des cas, nous trouvons une solution. Mais ce n’est pas toujours la chirurgie. »

O p h t a l m o l o g i e

Il est aujourd’hui possible de remédier à de nombreux problèmes de vue grâce à la chirurgie réfractive. Différents facteurs doivent cependant être pris en compte pour savoir si cette approche est bien la plus adaptée.


Pulsations

Avancer grâce à l’art-thérapie

Photo Nicolas Righetti | lundi13

L

ors de moments de rupture de vie (accident, maladie, deuil, divorce, entre autres), mais aussi en cas de maladies chroniques ou psychiatriques, il est souvent difficile d’exprimer ses souffrances et de s’en distancier. L’art-thérapie est une pratique de soins qui peut apporter une aide précieuse. Elle est dispensée dans différents départements des HUG depuis 1999.

Par Esther Rich

Janvier - Mars 2020

C r é a t i o n

Grâce à la danse, la musique ou les arts plastiques, des patients hospitalisés ou en suivi ambulatoire parviennent à se décentrer de leur maladie et à prendre du recul.

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Via un support, qui peut être la musique, la danse ou les arts plastiques, le thérapeute parvient à mettre en avant les ressources du patient. « L’art-thérapie met en évidence ce qui est sain chez la personne afin de la décentrer de sa maladie », explique Anne-Hélène Skoulikas, art-thérapeute au Département de réadaptation et gériatrie sur le site de Loëx. Porter son attention ailleurs

Créer, retrouver son élan vital, réapprendre l’autonomie et porter son attention sur quelque chose de concret sont autant de possibilités offertes par le dessin, la musique ou la danse. « Nous travaillons à redonner de la motivation aux personnes hospitalisées et à leur offrir l’occasion de s’exprimer autrement que par les mots », continue la spécialiste. Un avis partagé par Laurence Angst, art-thérapeute au Service de psychiatrie gériatrique et au Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent : « Dans certaines situations très douloureuses, le patient n’a pas de mots pour exprimer son mal-être.


Création

Détails de créations de patients (archives de Loëx). Illustrations de quelques thématiques récurrentes, comme l’être humain, l’habitation et la construction, la nature, les paysages et les voyages au long cours.

La création nourrit alors une autre parole, plus spontanée, plus connectée à l’instant présent. »

En laissant parler son imaginaire, on parvient à prendre du recul et à lâcher prise. « Les dessins réalisés en art-thérapie sont souvent très abstraits et je ne cherche pas à les interpréter, précise Laurence Angst. L’important est d’instaurer le dialogue et de donner au patient l’occasion de restaurer le lien à soi et à autrui. » A chaque art ses vertus

La danse et le mouvement aident le malade à se reconnecter avec son corps et à réapprivoiser son image. La musique, elle, favorise un espace d’expression des émotions et des affects par l’intermédiaire du monde sonore. Quant aux arts plastiques, ils permettent d’exprimer différemment ses émotions afin de mieux les comprendre et d’enclencher

un processus thérapeutique. Laurence Angst et Anne-Hélène Skoulikas précisent d’ailleurs que leur travail thérapeutique ne se veut pas un cours d’arts plastiques. Pas besoin d’être doué pour que les séances soient efficaces. C’est le processus de création et de transformation qui est important, non pas l’image finale. Marianne* a assisté à une des séances d’artthérapie de sa sœur, atteinte d’hémiplégie (paralysie partielle). « Je pensais que ce type d’approche servait uniquement à distraire les malades, confie-t-elle. J’ai constaté qu’il y avait un vrai projet thérapeutique de réhabilitation des fonctions de la main par le dessin. L’atelier est un lieu très agréable qui a permis à ma sœur d’oublier qu’elle était à l’hôpital. » Un avis partagé par Jocelyne*, hospitalisée à Loëx suite à un AVC : « Au début, j’étais très déprimée. Les séances avec ma thérapeute m’ont redonné goût à la vie. Faire de l’art-thérapie, c’est entreprendre un véritable voyage dans la couleur, c’est passionnant. Dessiner m’a redonné la force de jouer du piano. »  * Prénom d’emprunt. 35

Janvier - Mars 2020

Anne-Hélène Skoulikas se souvient de cette quinquagénaire en fin de vie qui refusait tout traitement médical. « Ce qui m’a marquée, c’est son engagement en faveur de la vie, la force de ses convictions, son souhait de transmission qui, malgré son déni de la maladie, s’est exprimé dans ses images. La patiente a pu puiser sa force dans la création artistique, en y amenant une certaine beauté, contrecarrant la difficulté de son hospitalisation. »


Pulsations Œsophage

Par Stéphany Gardier Illustration Dorling Kindersley | Debbie Maizels

Janvier - Mars 2020

L ’ o r g a n e

Sa position anatomique fait du pancréas un organe bien discret. Cachée entre l’estomac et la colonne vertébrale, cette glande est essentielle à différentes fonctions majeures de l’organisme, de la digestion à la régulation de la glycémie.

Foie Estomac

Vésicule biliaire

Pancréas Duodénum

Grand intestin

Petit intestin

Appendice Rectum

Expert

Pr Jean-Louis Frossard, médecin-chef du Service de gastro-entérologie et hépatologie

LE Organe « diffus »

Il est souvent bien difficile de dire précisément où se situe notre pancréas. Et pour cause ! Contrairement au cœur ou aux poumons, il ne produit ni son ni mouvement. Et sauf en cas d’atteinte sévère, il n’induit pas de douleur ou alors tardivement. Il est par ailleurs de petite taille, entre 10 et 15 centimètres en général. Localisé à l’arrière de l’estomac, le pancréas est en interaction physique avec de nombreuses structures anatomiques environnantes. Il s’agit par ailleurs d’un organe fragile, dit « diffus », dont l’aspect peut évoquer un filet ou une dentelle. Des caractéristiques qui rendent les interventions chirurgicales complexes.

36

Une double fonction

Malgré sa petite taille, le pancréas est un organe complexe composé de familles de cellules très différentes, les acinis et les îlots de Langerhans. Les premières permettent la production du suc pancréatique qui contient des enzymes essentielles à la digestion (fonction exocrine). Les seconds sécrètent des hormones, en particulier l’insuline et le glucagon, nécessaires à la régulation de la concentration de glucose dans le sang (fonction endocrine).


L’organe

Des atteintes diverses

Lorsque le pancréas ne produit pas d’insuline, on est atteint de diabète. Celui de type 1 se déclare dans les premières années de l’enfance et nécessite des injections d’insuline. Celui de type 2, souvent lié à l’hygiène de vie mais aussi au vieillissement, peut survenir tout au long de l’existence et être traité par des antidiabétiques oraux associés ou non à de l’insuline.

La pancréatite, quant à elle, est une inflammation aiguë ou chronique du pancréas. La forme aiguë est, la plupart du temps, la conséquence de calculs biliaires qui empêchent l’écoulement des sucs pancréatiques. Elle peut être la cause de complications sévères, parfois létales. La forme chronique, quant à elle, est souvent associée à une consommation régulière et excessive d’alcool et/ou à un tabagisme de longue durée.

1,5

En litre, le volume de suc pancréatique produit chaque jour.

50

Le poids maximum, en grammes, d’un pancréas d’adulte.

1 million Vivre sans pancréas

L’ablation de tout ou partie du pancréas peut s’avérer nécessaire notamment en cas de pancréatite sévère ou en présence d’une tumeur. Vivre sans pancréas est possible, mais cela oblige à prendre chaque jour des traitements pour pallier le manque d’enzymes digestives et d’hormones. Si les îlots de Langerhans sont enlevés, le patient développe un diabète et doit donc recevoir de l’insuline.

Le nombre d’îlots de Langerhans qui sont transplantés lors d’une greffe.

Délocaliser la production

Lors d’une chirurgie, si les îlots de Langerhans sont sains, ils peuvent être « sauvés » en les délocalisant dans une autre glande digestive, le foie. Après avoir été prélevées, ces cellules sont injectées dans le foie où elles vont s’installer et continuer à fonctionner comme elles le faisaient dans le pancréas. Cette « greffe » permet de maintenir la fonction endocrine du pancréas et d’éviter que le patient ne devienne diabétique. 37

Un cancer diagnostiqué tardivement

Le cancer du pancréas reste parmi les plus mortels. Ceci est en partie lié à son diagnostic qui intervient souvent tardivement, faute de symptômes spécifiques ou de douleurs au début de la maladie. La consommation chronique d’alcool, mais aussi de tabac sont des facteurs de risque reconnus. Le traitement standard repose sur la chimiothérapie, associée parfois à la radiothérapie. Dans environ un cas sur cinq, une chirurgie peut également être proposée.

Janvier - Mars 2020

PANCRÉAS


Pulsations

Par Giuseppe Costa

Janvier - Mars 2020

T é m o i g n a g e

« J’ai retrouvé le pouvoir d’agir »

Souffrant d’addiction aux jeux vidéo*, Philippe** passe des nuits et des journées entières derrière son écran. Après une thérapie aux HUG, il a identifié des ressources pour gérer son problème.

** Cancer Dépendance hormonodépendant aux jeux vidéo :(hormonosensible)  : trouble psycholole gique développement caractérisé par de un cellules besoin cancéreuses irrésistible est et obsesstimulé par sionnel des hormones. de jouer à des C’est jeux le cas vidéo. de la Progressivement, plupart des cancers le jeu prend de lade prostate plus enetplus de certains de placecancers et, malgré du sein. des Quand conséquences l’hormone délétères se fixe sur auxdes cellules aspects cancéreuses, importants elle de la a tendance vie (rendement à stimuler au travail leur multiplication. ou à l’école, relations Un traitement sociales,médicamenteux etc.), la personne antihormonal dépendante (appelé ne contrôle aussi hormonothérapie) plus le temps passé està alors jouer.prescrit pour supprimer la des hormones ou bloquer leur action. **production Prénom d’emprunt.

38


Témoignage

A

Crédit : Unsplash/Corentin Marzin

Des mangas aux jeux vidéo

Puis s’ensuivent des études universitaires et des nuits entières à lire des mangas sur Internet. Le rythme effréné ne diminue pas avec l’entrée dans le monde professionnel. « Ce n’était pas un choix, je faisais cela malgré moi. Je voulais juste oublier la réalité. Heureusement, à côté de cela, je pratiquais beaucoup la méditation, qui était d’un grand soutien. J’arrivais à enchaîner mes journées de travail sans dysfonctionner et avec de rares absences », dit-il. Il y a une dizaine d’années, à l’approche de la trentaine, Philippe consomme à profusion les séries TV, mais surtout se plonge dans des jeux vidéo de grande stratégie où les parties sont interminables.

« Les jeux vidéo sont un support extraordinaire : avec très peu, vous êtes complètement immergé dans un autre monde. En fait, je suis dépendant à un état d’esprit, à une excitation, à un besoin d’adrénaline. » Que le quotidien ne lui apporte pas. Il connaît une certaine solitude, se dit dépressif et accumule des frustrations. « Mes manques dans la vie réelle sont remplacés par des aventures imaginaires. Il y a une telle intensité dans ces jeux de stratégie qu’il est quasi impossible de s’arrêter. » Cercle vicieux épuisant

Philippe se rend compte qu’il est pris dans un cercle vicieux. « Anxieux, je m’évade par le jeu, mais c’est une façon de camoufler mon problème. Et, à la fin de la partie, il y a l’anxiété… d’arrêter de jouer. » Il est conscient de son problème: « Je jouais pendant 24 heures de suite non pas par plaisir, mais pour ne pas avoir à me retrouver face à mon anxiété. Quand on a joué toute la nuit, on se sent super mal. Et on néglige ses besoins fondamentaux : on ne mange pas, on ne dort pas. » Malgré tout, la situation ne dérape pas complètement. Ses filets de sécurité ? Son entourage proche, auquel il se confie et qu’il appelle au secours pour sortir de l’immersion, et sa crainte de perdre son travail. Et, surtout, il s’adresse à la Dre Sophia Achab, responsable de la Consultation ReConnecte, avec laquelle

39

il va suivre une psychothérapie visant à le reconnecter avec ses objectifs de vie. « Les séances étaient axées sur la compréhension des facteurs déclenchant mon envie de jouer et l’identification de ressources pour me sentir moins impuissant. J’ai apprécié que cette prise en charge soit centrée sur ma personne. Il y avait un grand respect de ma personnalité et de la nature singulière de ma pathologie. J’ai appris à mieux me connaître. » Aujourd’hui, il entreprend des activités qui lui apportent de l’adrénaline dans sa vie. Lorsqu’il est anxieux, plutôt que des jeux vidéo interminables, Philippe écoute un livre audio ou joue aux échecs. « J’ai substitué l’objet d’addiction par autre chose ayant moins de conséquences. Avant, je me sentais complètement livré à cette compulsion. Désormais, je me sens moins impuissant. En comprenant ma problématique, j’ai retrouvé le pouvoir d’agir. » Les tendances addictives ne sont pas définitivement parties, mais Philippe arrive à mieux les délimiter. « Je peux regarder des séries télé sur un week-end, mais ça ne déborde pas. » 

ReConnecte Rue du Grand-Pré 70C 1202 Genève Tél. 022 372 57 50 consultation.reconnecte@hcuge.ch https://pro.addictohug.ch/reconnecte/

Janvier - Mars 2020

ussi loin qu’il s’en souvienne, Philippe a toujours eu une capacité d’immersion complète et totale dans un monde imaginaire. Enfant, chez ses grands-parents, il reste scotché pendant des heures devant la télé. Adolescent, il prend un livre et le dévore jusqu’au milieu de la nuit. A cette époque, il découvre les premiers jeux vidéo sur l’ordinateur familial et passe un pacte avec ses parents : pas plus d’une heure par jour. « Je mentais et jouais pendant des heures lorsque j’étais seul. J’ai fini par désinstaller le jeu, car je n’arrivais pas à gérer un tel dosage », se souvient-il.


Pulsations

Par Elodie Lavigne

Janvier - Mars 2020

J u n i o r

Illustrations PanpanCucul

Est-ce que tu as de la fièvre ? Elle nous met dans un drôle d'état, entre chaleur et frissons. La fièvre, que l'on sent parfois en posant une main sur le front, est une réaction de l'organisme pour se défendre contre des infections virales ou bactériennes. Essayons ensemble de mieux la comprendre.

Qu'est-ce que la fièvre ? Dans le cerveau, nous avons une sorte de thermostat (appelé hypothalamus) qui maintient notre température corporelle autour de 37 o C. En cas d’infection ou d’inflammation, la température centrale augmente pour permettre à l’organisme de se défendre. La fièvre est utile car une température élevée freine la multiplication des microbes. Tu as sûrement déjà eu de la fièvre lors d’un rhume, d’une grippe, d’une angine, d’une varicelle, d’une gastro-entérite, d’une bronchite ou d’une pneumonie par exemple.

Une sensation étrange Juste avant l’apparition de la fièvre, le corps se met à frissonner pour augmenter la température centrale. Les mains et les pieds sont glacés, tandis que le centre du corps se réchauffe, d’où les sensations de chaud ou de froid, ou des deux en alternance. La transpiration permet d’évacuer la chaleur. On a parfois soif, mais pas faim. On se sent fatigué et on peut avoir des vertiges. La peau devient parfois plus rouge ou marbrée, et il arrive qu’on ait des courbatures. 40

Expert Dr Arnaud L’Huillier, chef de clinique à l’Unité d’infectiologie pédiatrique


Junior

Faire baisser la fièvre ou pas ?

Faut-il aller chez le médecin ?

C’est avec un thermomètre classique que l’on obtient les mesures les plus fiables. On doit le placer – une fois désinfecté – sous le bras, dans la bouche ou dans le derrière (anus). On considère qu’on a de la fièvre lorsqu’il indique 38,0 o C (bras, bouche) ou 38,5 o C (derrière).

La fièvre est le plus souvent bénéfique. En cas d’inconfort ou lorsqu’elle est très élevée, on peut l’abaisser avec des médicaments contre la fièvre. A cause de la chaleur dégagée, il est conseillé de mettre des vêtements légers ou de se déshabiller. Et surtout, comme on transpire beaucoup, il ne faut pas oublier de boire à cause du risque de déshydratation.

La présence de fièvre chez un bébé de moins de 3 mois nécessite une visite immédiate chez le pédiatre, voire aux urgences. Les infections bactériennes, qui peuvent être graves, sont en effet plus fréquentes chez les tout-petits. Il faut réagir vite car leur état de santé peut rapidement se dégrader. Chez les plus grands, si la fièvre persiste plusieurs jours, que l’état général empire ou selon les symptômes associés, une visite médicale s’impose. De même en cas d’inquiétude ou de changement de comportement de l’enfant.

Fausse croyance Les poussées dentaires ou de croissance ne provoquent pas de fièvre.

En partenariat avec

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Janvier - Mars 2020

Comment la mesurer ?


Par Elodie Lavigne

Janvier - Mars 2020

M i e u x -v i v r e

Pulsations

Nourrir la confiance en soi de son enfant  C’est très tôt dans l’enfance, puis au fil des expériences, que notre estime de soi et notre capacité à l’éprouver dans la vie se construisent. Comment aider son enfant dans ce chemin ? Deux experts répondent.

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P

our vivre sereinement et nous accomplir dans ce que nous sommes, l’estime de soi et la confiance en soi sont des ingrédients essentiels. Mais comment les cultiver ? Pour répondre à cette question, les experts des HUG nous ramènent aux premiers temps de la vie. « L’estime de soi, c’est-à-dire la valeur consciente et inconsciente que l’on se donne à soi-même, se construit dans les relations très précoces », déclare la Dre Marie Schneider, psychiatre à l’Unité de guidance infantile. « Elle découle en partie du sentiment de sécurité interne que ressent le bébé dans le lien avec sa mère, pour autant qu’il ait reçu suffisamment de soins et de chaleur émotionnelle », complète le Dr Dante Trojan, psychiatre responsable de l’Unité ambulatoire péri-hospitalière. Car le bébé est programmé pour être en lien avec l’autre et va ainsi réguler ses affects en fonction des soins qu’il reçoit. Le regard de ses parents, mais aussi celui des proches, est primordial : « Je me sens beau dans tes yeux, parce que tu me vois beau », illustre le psychiatre.


Mieux-vivre

Deux faces d’une même médaille

La vraie confiance en soi découle d’une bonne estime de soi. Elle est l’affirmation de soi, autrement dit la mise à l’épreuve, dans la réalité, de son estime de soi. « L’une et l’autre sont les deux faces d’une même médaille », explique le Dr Trojan. Ce sentiment de confiance s’exprime dans la capacité à agir, à surmonter les obstacles sans avoir trop peur de l’échec. Les succès augmentent ce sentiment d’auto-capacité. Mais il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Un excès de confiance et l’affichage de certitudes ne sont souvent que des tentatives pour réparer une mauvaise estime de soi, tel un mécanisme de défense.

Comment s’y prendre avec son enfant ? Il convient de « lui donner une vraie place, apprendre à le connaître et le considérer comme un individu à part entière, reconnaître ses émotions, nommer son ressenti et accorder de l’importance à sa parole tout en maintenant un cadre et des limites claires ». Pour le Dr Trojan, il s’agit d’avoir des attentes et des exigences à l’égard de son enfant, mais sans être trop coercitif. Le soutenir, l’aider à progresser, sans toutefois le surprotéger, au risque de valider ses peurs. Dans un rythme de vie effréné, s’octroyer simplement de vrais moments relationnels avec lui compte beaucoup. Tout n’est pas joué d’avance

Crédit : Shutterstock

L’entourage aussi joue un rôle. La vie offre heureusement des possibilités de gagner de la confiance. Des expériences positives et des rencontres réussies avec des figures parentales, des professeurs, des pairs, durant l’enfance mais aussi plus tard dans sa vie privée et professionnelle, etc., vont nourrir ce sentiment de valeur. Et c’est d’autant plus réjouissant qu’avoir une bonne estime de soi est un bagage protecteur pour traverser avec quiétude les contraintes et les difficultés de la vie. « Cela nous aide à faire la part des choses, à diminuer le sentiment de culpabilité ou d’incompétence en cas d’échec, et à se sentir globalement plus serein et moins menacé », conclut la Dre Schneider. 

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Janvier - Mars 2020

La perception que l’on a de soi-même dépend beaucoup de l’image que nos parents nous ont renvoyée et de ce qu’on a intériorisé. Ainsi, « plus l’idéal que l’on croit devoir atteindre est élevé, moins on a des chances d’y parvenir, ce qui conduit à une mauvaise estime de soi », relève la Dre Schneider. En effet, « un regard jugeant et sévère sur l’enfant diminue son sentiment de sécurité et de valeur », ajoute le Dr Trojan. De même que la négation de ses besoins, la répétition d’expériences désagréables sans possibilité de les partager, ainsi que la survenue d’événements traumatiques. Ainsi, il faut être particulièrement attentif et réagir si l’enfant est triste, s’il se renferme et s’isole, se dévalorise ou montre une intolérance à l’échec. En cas d’inquiétude ou de questions, il vaut la peine de consulter un psychothérapeute, ne serait-ce que pour « dénouer un nœud psychique », selon les termes de la Dre Schneider. L’intervention d’un tiers ou un changement dans l’environnement de l’enfant peuvent modifier le regard qu’il porte sur lui. Temporiser les échecs, valoriser les réussites et lui montrer que les erreurs sont utiles l’aideront dans sa construction.

Valoriser son enfant, mode d’emploi


Pulsations

Les urgences gynécoobstétricales des HUG sont ouvertes 24h/24 et 7j/7. Elles comprennent huit salles de consultations qui allient confort et confidentialité. Pour améliorer l’accueil et le vécu ressenti de l’attente, elles disposent depuis novembre d’un système de file d’attente. Pour connaître en temps réel sa place dans la file, la patiente suit sur l’écran

Le Centre d’endométriose des HUG a obtenu, en octobre dernier, le renouvellement de son label d’excellence, délivré par la Ligue européenne d’endométriose et la Fondation scientifique d’endométriose. Ce dernier atteste que le centre assure aux femmes une prise en charge personnalisée, médicale, chirurgicale et multidisciplinaire à chacune

Maladie d’Alzheimer Dans le cadre d’un programme de recherche pour le traitement et la prévention de la maladie d’Alzheimer, le Centre de la mémoire des HUG mène plusieurs études. Il recherche des volontaires âgés de 50 ans ou plus, avec ou sans problème de mémoire. L’objectif est de déceler de manière préventive

le rectangle de couleur avec ses quatre initiales. Celui-ci se déplace sur la ligne en direction de la droite et représente l’avancement vers une prise en charge médicale. Si son état de santé le lui permet, la personne peut momentanément quitter les urgences et attendre là où elle se sent le mieux, sans perdre sa place dans la file, à condition qu’elle reste dans un périmètre de 15/20 minutes maximum. Pour ce faire, il suffit de s’adresser à une infirmière : un SMS est ensuite envoyé environ 15/20 minutes avant la prise en charge pour revenir à temps aux urgences.

des étapes de la maladie, dispose d’une infrastructure, d’un équipement technique et d’un processus clinique remarquables et mène des activités de recherche. De son côté, le Centre neurovasculaire vient d’être recertifié selon les critères MHS (médecine hautement spécialisée). Son objectif est que les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral, près de 1’000 par année, soient pris en charge au mieux, en assurant une coordination entre tous les services. En Suisse, dix centres sont certifiés, dont deux en Suisse romande (HUG, CHUV).

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d’éventuels facteurs à l’origine de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies dégénératives. Il s’agit aussi de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans l’évolution de ces maladies et de développer de nouveaux traitements préventifs. Toute personne intéressée peut prendre contact avec le Centre de la mémoire pour davantage de renseignements : tél. 022 372 29 83 ou 022 372 58 13 ou centrememoire.ct@hcuge.ch

Crédits : DR, istockphoto

Par Giuseppe Costa

Janvier - Mars 2020

B r è v e s

Urgences à la Maternité

Labels d’excellence


Brèves

Surpoids et obésité

Lutte contre le cancer

42%

de la population suisse est en surpoids ou obèse.

Dès le 1er janvier 2020, la loi sur l’enregistrement des maladies oncologiques (LEMO) exige que les médecins déclarent certaines données concernant les cancers de leurs patients aux registres des tumeurs. Ils doivent aussi les infor-

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Crédits : Vectorstate, DR

pathologies (maladies cardiovasculaires, hypertension, accidents vasculaires cérébraux, diabète de type 2) dont le risque est accru par le surpoids et l’obésité.

Pour en savoir plus : Etude établissant le lien entre lieu d’habitation, consommation de boissons sucrées et obésité sur www.hug-ge.ch

Les HUG ont développé, avec le soutien de la Fondation privée des HUG, l’application mobile « Concerto » destinée aux personnes hospitalisées. Grâce à elle, chaque patient dispose des informations nécessaires sur sa prise en charge afin qu’il devienne acteur de ses soins. L’application offre plusieurs fonctionnalités : consulter l’agenda des soins et des rendez-vous, connaître

Janvier - Mars 2020

litres en moyenne de boissons sucrées consommées par an et par personne, en Suisse.

« Concerto » pour les patients

mer par écrit et par oral de cette déclaration obligatoire et de leur droit à s’opposer à l’enregistrement de leurs données. Les informations ainsi réunies contribuent à l’amélioration du diagnostic, du traitement et du suivi des maladies tumorales. Grâce à elles, il est par exemple possible de connaître la répartition des cancers par région ou leur évolution. Ces données sont protégées par des règles strictes.

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chaque membre de l’équipe médico-soignante, noter les questions à poser aux médecins, choisir son menu parmi les mets proposés, accéder à des informations et conseils nutritionnels, etc. Une version pour enfants existe également. Baptisée « Concertino », elle fonctionne sur une tablette fournie par l’hôpital. Les enfants peuvent choisir un avatar personnalisé et accéder à des jeux. « Concerto » est disponible depuis novembre sur l’Apple Store et Google Play.


Dès le 05/02

Musique

Exposition

Concert de l’an

Art

14h Espace de ressourcement Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

Bâtiment David Klein Hall d’entrée Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

L’Ensemble Romand donne son traditionnel concert de l’an. Avec Mido El Shwekh, violon solo, et la direction d’Eric Bauer. Répétition publique de 12h30 à 13h30.

09/01 Conférence Arthrose de la hanche 18h Centre médical universitaire Auditoire Marguerite Champendal Rue Michel-Servet 1 Entrée libre

La Ligue genevoise contre le rhumatisme organise la conférence Arthrose de la hanche, prise en charge médicale et chirurgie.

La Pinacothèque de Genève propose, depuis 1992, une démarche unique : une bibliothèque d’œuvres d’art à la portée de tous. Les HUG l’invitent à dévoiler sa collection, l’occasion de découvrir une variété de démarches artistiques. Vernissage en musique, le 5 février à 18h. Exposition jusqu’au 27 juin.

27/02 Danse Carnaval 14h30-16h30 Salle Ajuriaguerra Ch. du Petit-Bel-Air 2 Entrée libre

Deux heures de fête où patients et collaborateurs sont invités à venir danser avec la Fanfare du Loup à l’occasion du carnaval.

06/02

01/03

Tolérance zéro

Ciné-concert

Mutilations génitales

Journée des malades

9h30-17h Maternité Hall d’entrée Bd de la Cluse 30

14h30-15h30 Hôpital Beau-Séjour Pavillon Louis XVI Av. de Beau-Séjour 26 Entrée libre

A l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations

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A l’occasion de la Journée des malades, deux films

Crédits : DR, istockphoto, Michèle Lechevalier

Par Giuseppe Costa

A g e n d a

Janvier - Mars 2020

01/01

génitales féminines (MGF) et des dix ans d’activité de la consultation MGF, des stands d’information et de sensibilisation sont tenus par les HUG en collaboration avec le Réseau suisse contre l’excision, l’association des médiatrices interculturelles, le Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences et le Bioscope.

MARS

En présence du Dr Nicolas Buchs, rhumatologue FMH, et du Pr Didier Hannouche, médecin-chef du Service de chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur des HUG.

FÉVR.

JANV.

Pulsations


Agenda

muets projetés avec leur musique en direct, interprétée par le Duo Mercutio. Au programme, L’assassinat du Duc de Guise, d’André Calmettes (1908), suivi d’un intermède musical, puis de The Immigrant (1919), de Charlie Chaplin.

12/03 Journée mondiale du rein Néphrologie Dès 12h Entrée principale Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

17/03 Sensibilisation Cancer colorectal 16h-19h Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

A l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal, les HUG organisent une après-midi grand public avec plusieurs conférences portant sur l’importance du dépistage et de la prévention. Au programme également, des animations autour d’un « côlon géant ».

JANVIER Les HUG disposent d’un système radiologique de pointe, un IRM, utilisable pendant les opérations chirurgicales. Zoom sur ce projet novateur.

Le magazine fait le point sur les traitements des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et met en lumière les avancées des dernières recherches.

MARS

Conférences Cerveau

Afin de faire le point sur les avancées scientifiques, l’Université de Genève organise, en collaboration avec les HUG, la Semaine internationale du cerveau. Cette 23e édition porte sur l’intelligence artificielle et les interfaces cerveaux-machines. Plus d’infos sur : www.semaineducerveau.ch

Chaque mois, Pulsations TV consacre une émission à un aspect particulier de la médecine aux HUG.

FÉVRIER

16 au 20/03

Dès 19h Uni Dufour Rue Général-Dufour 24 Entrée libre

TV

Jusqu’au 05/04 Exposition collective Art au Colza Espace Opéra Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

L’exposition L’Art au Colza réunit les travaux collectifs des patients de l’Unité Colza, unité de réhabilitation de psychiatrie gériatrique.

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Pulsations TV s’intéresse au traitement des surdités totales, profondes ou sévères grâce aux implants cochléaires. Ces appareils électroniques fournissent un certain niveau d’audition. Pulsations TV est diffusée sur YouTube et DailyMotion.

www.youtube.com/ user/kioskvideohug

Janvier - Mars 2020

Les HUG se mobilisent pour la Journée mondiale du rein, sur le thème La santé rénale accessible à tous et partout. Sont prévus des dépistages gratuits, des ateliers, des stands ainsi que des conférences. Plus d’infos sur : www.hug-ge.ch/nephrologie

pulsations


Pulsations

Pour en savoir plus sur… Les troubles obsessionnels compulsifs

En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU

L i v r e s

Janvier - Mars 2020

&

W e b

J’ai envie de comprendre… L’anxiété et les troubles anxieux Suzy Soumaille, Guido Bondolfi Planète Santé, 2015 A petites doses, l’anxiété est normale et nous protège contre les dangers. Toutefois, quand elle se fait excessive, cette émotion devient nuisible : anxiété généralisée, trouble panique, anxiété sociale, phobies, troubles obsessionnels compulsifs.

L’estime de soi L’estime de soi : apprendre à s’aimer avec ou sans les autres Marie-Joseph Chalvin Eyrolles, 2016 Reconquérir son territoire, reconnaître et valoriser ses différences, arrêter de se faire du cinéma, soigner ses amis, écouter son corps, avoir un projet de vie… telles sont quelques-unes des pistes proposées par cet ouvrage pour développer une saine estime de soi.

CONTACT Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch 022 379 51 00 Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/

Médecine et biais de genre Femmes et santé, encore une affaire d’hommes ? Muriel Salle, Catherine Vidal Belin, 2017 Les préjugés liés au genre influencent les pratiques médicales, la recherche, l’enseignement et le comportement des patient·e·s. L’objectif de ce livre est d’éveiller la vigilance des praticien·ne·s et des soignant·e·s pour promouvoir une médecine plus égalitaire au service de la santé des femmes et des hommes.

Le sexe des maladies

L’impact méconnu des différences hommes/femmes sur votre santé : comment en tirer profit ? Peggy Sastre Favre, 2014 Et si les maladies avaient un sexe ? Et si une égalité véritable entre hommes et femmes passait d’abord et avant tout par une meilleure prise en compte de leurs différences ?

Le sommeil J’ai envie de comprendre… Le sommeil Elisabeth Gordon, Raphaël Heinzer, José Haba-Rubio Planète Santé, 2013 En onze chapitres synthétiques, cet ouvrage donne des réponses à toutes les questions sur le sommeil, ses aspects physiologiques, ses dysfonctionnements ou ses pathologies.

Le sommeil Isabelle Arnulf, Vanessa Slimani Mango, 2018 Un petit guide visuel pour tout comprendre du sommeil, avec notamment des explications sur son rôle et son fonctionnement, l’horloge biologique, le ronflement, l’insomnie ou les rêves.

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Devenir papa Devenir papa : c’est quoi, être père aujourd’hui ? Anna Machin Larousse, 2019 Dans son ouvrage, l’auteure s’appuie sur ses recherches et sur les récentes découvertes en génétique, en neurosciences et en psychologie pour raconter la paternité. Elle explique les changements physiologiques extraordinaires qu’un homme subit lorsqu’il devient père.

Les addictions sans substance Accro ! Nouvelles addictions : sexe, Internet, shopping, réseaux sociaux… toutes les clefs pour s’en sortir Laurent Karila, Annabel Benhaiem Flammarion, 2013 Ce livre décrit les addictions comportementales contemporaines et les nouveaux phénomènes de dépendance. Tous les réflexes naturels étant passés en revue, chacun peut y découvrir son degré de dépendance, des conseils et même des tests ludiques fort instructifs.

Addiction Suisse

Centre national de compétences dans le domaine des addictions, liées ou non à des substances, actif dans la prévention, la recherche et la diffusion des savoirs. www.addictionsuisse.ch

L’art-thérapie Le grand livre de l’art-thérapie Angela Evers Eyrolles, 2015 Cet ouvrage de référence aborde à la fois l’évolution historique de la discipline, ses objectifs et ses bienfaits, les fondements de la relation thérapeutique et le rôle de l’art-thérapeute.


URGENCES TROIS-CHÊNE, UN ACCUEIL RAPIDE ET EXCLUSIF AUX PERSONNES DE 75 ANS ET PLUS Pour les urgences non vitales et non chirurgicales Ouvert tous les jours de 8h à 19h

Hôpital des Trois-Chêne Chemin du Pont-Bochet 3 1226 Thônex Accueil d’urgence : 022 305 60 60


CONCERTO L’APPLICATION POUR LES PATIENTS

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