Pulsations avril-juin 2021

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CONCERTO

Pulsations

Avril - Juin 2021

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Pulsations

L’APPLICATION POUR LES PATIENTS

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Le sucre

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Le savoir des patient.es


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Pulsations Avril - Juin 2021

Sommaire Actualité 04 Rencontrer les jeunes en rupture 06 Nouvelle unité de réadaptation en cardiologie 08 Un robot pour les prothèses du genou

22 L’organe La vésicule biliaire 24 Le portrait Sandra Merkli :

« Œuvrer pour décloisonner l’hôpital »

32 Reportage La voirie des HUG

38 L’invitée Dre Aglaé Tardin, médecin cantonale

36 Prise en charge L’interruption de grossesse médicamenteuse à domicile

40 Junior « Je suis un bec à sucre »

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09 Maison de l’enfant et de l’adolescent 10 Réalité virtuelle contre la douleur 12 Rencontre Pr Jean-Luc Reny, au cœur de la médecine interne générale

26 Traitement Les plaies complexes 28 Témoignage Francis Grandi : « Ce n’est pas facile de voir ma femme régresser ainsi » 30 L’infographie Les médicaments

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42 Mieux-vivre Garder le moral malgré la pandémie

DOSSIER PARTENARIAT

44 Brèves Agenda

Le savoir des patient∙es

48 Livres & Web Pour en savoir plus

IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/ pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 39’500 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: istockphoto, Science Photo Library, Carolina Pimenta Crédits sommaire : istockphoto, Fred Merz | Lundi 13, Nicolas Righetti | Lundi 13

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PROCHAINES ÉDITIONS 2021 MODULES NUTRITION ARTIFICIELLE ÉVALUATION CLINIQUE ENFANT & ADOLESCENT & FAMILLE ÉVALUATION CLINIQUE PERSONNE ÂGÉE ÉVALUATION CLINIQUE SANTÉ MENTALE RÉSEAUX & PARTENARIAT OUTILS ET CONNAISSANCES POUR L’USAGE DES SAVOIRS SCIENTIFIQUES CONDUITE DE PROJETS MALTRAITANCE ENVERS LA PERSONNE ÂGÉE CAS

COORDINATION DES SOINS ET TRAVAIL EN RÉSEAU

DAS

PROMOTION DE LA SANTÉ ET PRÉVENTION DANS LA COMMUNAUTÉ SANTÉ DES POPULATIONS VIEILLISSANTES

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Patient·e, un nouveau métier ?

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Se former au partenariat est l’autre idée phare pour diffuser largement ce nouveau mode relationnel dans tout le réseau de santé et auprès du grand public. L’enseignement est bien sûr dispensé par des patient·es et des professionnel·les. On ne change pas une équipe qui gagne. 

Ce binôme inédit est le fruit d’un changement de culture insufflé depuis six ans dans le cadre du projet « Patients partenaires ». Modèle traditionnel à sens unique, le pater­ nalisme médical recule toujours plus au profit d’un authentique partenariat avec les usagers des soins.

E d i t o r i a l

« Le patient a le vécu, les soignants possèdent les connaissances. Pour avancer, il faut mettre les deux ensemble », peut-on lire dans le dossier de cette édition (lire en page 14). Fondée sur la reconnaissance de « Cherche patient∙e la complémentarité expérimenté∙e pour des savoirs, cette poste à 50% au sein approche collaborative de l’hôpital. Durée est aujourd’hui encoudu contrat : 2,5 ans ». ragée dans tous les Annonce bidon ? Non, domaines médicaux, mais sans aucun doute mais pas seulement. une première. Un Grâce à la création program­me clé du d’une plateforme de nouveau plan stratégique recrutement, plusieurs des HUG sera co-dirigé centaines de patient∙es par un∙e patient∙e et et proches aidant∙es un∙e professionnel∙le participent déjà à des de la santé. Un casting projets touchant aussi de rêve pour mener des Suzy Soumaille bien les prises en projets qui visent à mieux Rédactrice en chef charge et la recherche intégrer les proches, les clinique que l’organisamalades et les bénévoles tion de l’hôpital et la gouvernance. pour améliorer la qualité des soins.


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Par Esther Rich Photo Fred Merz | lundi13

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Sortir des murs pour rencontrer les jeunes en rupture L‘Équipe mobile du jeune adulte offre une prise en soins précoce. Elle se déplace à domicile, dans un café, dans un parc… là où elle peut établir un contact avec la personne.

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our les jeunes souffrant d’un trouble psychique grave (comme la psychose, un trouble de l’humeur ou un trouble de personnalité), il n’est pas évident de se rendre dans un cabinet médical ou à l’hôpital. La peur de sortir de chez soi, le sentiment d’être stigmatisé∙e en poussant la porte d’une unité psychiatrique ou simplement le déni de la situation sont autant de barrières qui laissent ces personnes fragiles sur le carreau, sans aucune prise en soins.

L’Unité de psychiatrie du jeune adulte – destinée aux 18-25 ans – a donc mis en place une petite équipe mobile, constituée de deux infirmier∙ères, qui se déplace à domicile, dans un café, dans un parc… là où elle peut établir un contact avec la personne. « Plus la détection et l’intervention pour les troubles psychiatriques sont précoces, 4

mieux c’est. Plus on laisse les troubles se développer dans le temps, moins bon sera le pronostic. L’équipe mobile permet d’aller à la rencontre de ces jeunes qui ne viennent pas ou plus consulter », explique le Dr Logos Curtis, responsable de l’Unité de psychiatrie du jeune adulte. Garder le contact

L’idée de se déplacer hors de l’hôpital est en particulier venue d’un besoin d’assurer une transition entre la fin d’une hospitalisation et le retour à domicile des patient.es. C’est ainsi qu’est né le concept de case management de transition. « Les personnes hospitalisées pour une crise grave sont vues par l’un des infirmiers de l’équipe mobile avant leur retour dans la communauté. Une fois sorties, l’infirmier reprend contact avec elles et les voit à l'extérieur », ajoute le Dr Curtis. Par ailleurs, l’équipe mobile du jeune adulte a aussi été développée pour aller à la rencontre de celles et ceux qui ne sont pas suivi∙es. Elle se mobilise suite à une demande de toute personne (proche, enseignant.e) qui se manifeste pour venir en aide à un.e jeune en rupture. « Dans un premier temps, nous ne cherchons pas à apporter des soins, mais à évaluer le problème que rencontre le jeune dans son quotidien. Cela peut être un problème financier pour lequel il doit demander de l’aide, une recherche d’emploi ou de


Actualité

Rencontrer ces personnes à leur domicile ou dans leur environnement permet à l’infirmier.ère de mieux évaluer leurs besoins et de les orienter vers les membres du réseau de santé. « Aider le jeune à se raccrocher à un projet fait toute la différence. Notre mobilité et notre flexibilité nous ouvrent clairement des portes. Nous employons aussi un langage qui sort du jargon psychiatrique habituel et qui parle davantage aux jeunes que nous aidons », relève Ioannis Papoutsos, infirmier spécialisé, faisant lui aussi partie de l'équipe. L’équipe mobile du jeune adulte suit – depuis sa création en 2019 – une cinquantaine de jeunes. Son but est de réussir petit à petit à les faire intégrer une structure de soins plus conventionnelle pour un suivi durable. 

Théo* : « L’infirmière de l’équipe mobile a été comme une main rassurante sur mon épaule » Les proches de Théo*, la vingtaine, se sont rendu compte que quelque chose n’allait pas durant l’été 2019 : « Je consommais du cannabis tous les jours et je vivais en accéléré. Mon état maniaque m’empêchait de dormir. Étant engagé sur plusieurs projets avec des délais assez serrés, j’ai profité de mes insomnies pour avancer. Je suis toutefois devenu très irritable. Mes parents se sont inquiétés et moi aussi. J’ai demandé à être hospitalisé. » Le jeune homme passe ainsi deux mois à l’Unité de psychiatrie du jeune adulte. Le diagnostic de trouble bipolaire est posé. « Pendant mon séjour hospitalier, j’avais un médecin et un infirmier référents. En sortant, grâce à Audrey Metral de l’équipe mobile, j’ai pu continuer à avoir une personne référente. Elle a été comme une main rassurante sur mon épaule. Elle a joué un rôle important pour que ma transition entre l’hôpital et le cabinet privé où je suis actuellement suivi se passe au mieux. » * Prénom d’emprunt.

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formation, etc. Petit à petit, nous allons traiter les symptômes qui freinent les objectifs du patient », détaille Audrey Metral, infirmière spécialisée de l'équipe mobile.


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Par Laetitia Grimaldi Illustration Bogsch & Bacco

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Une parenthèse pour soi et son cœur Inaugurée en novembre dernier, l’Unité de réadaptation stationnaire en cardiologie de l’Hôpital Beau-Séjour propose une prise en charge globale après un incident cardiaque sévère.

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Actualité

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Les conditions clés ? « Une maladie cardiaque stabilisée et une grande motivation à repenser son hygiène de vie », indique la Dre Elena Tessitore, cheffe de clinique au Service de cardiologie et cardiologue de référence au sein de cette unité. Et pour cause : « Un incident cardiaque peut être le fruit d’une prédisposition génétique, c’est certain.

Mais le plus souvent, il résulte d’un contexte de vie qui use inlassablement le cœur (hypertension artérielle, stress, excès de poids, tabagisme, diabète, hypercholestérolémie ou encore sédentarité) », souligne la spécialiste. Avant d’ajouter : « Après une alerte cardiaque, la tentation est grande de reprendre sa vie sans rien changer. »

cardiaque. Conseillée sur quatre à six semaines pour repenser l’hygiène de vie et adapter au mieux les efforts physiques, elle se décline en version « ambulatoire » ou « stationnaire ». Quant à la troisième (phase III), la réhabilitation dite « au long cours », elle ambitionne de consolider les efforts, notamment en termes d’activité physique.

Malheureusement, notre cœur ne voit pas les choses ainsi. « On sait que le taux de récidive est élevé si les facteurs de risque cardiovasculaire ne sont pas pris en main et corrigés. La réadaptation cardiaque répond à ce besoin, et c’est ce qui a motivé ce vaste projet, tous les patients ne pouvant suivre facilement un programme ambulatoire », indique la Dre Eliana Hanna, médecin adjointe au Service de médecine interne et de réadaptation.

Si le tableau semble parfaitement codifié, la réalité s’en éloigne : « En Suisse, il est estimé que seuls 50% des patients participent à la phase II et, selon une étude menée aux HUG, moins de 5% de ces personnes poursuivent ensuite la phase III. Or, on sait qu’après un infarctus du myocarde, la réadaptation cardiaque permet de réduire la mortalité cardiovasculaire de 25% à 5 ans et les bénéfices se prolongent dans le temps. Mais il faut s’y astreindre et changer de vie prend du temps », relaye la Dre Tessitore. C’est ce qui a motivé la création de cette nouvelle unité. « À terme, nous espérons l’ouverture de 24 à 25 lits, ce qui nous permettra d’accueillir 250 patients en moyenne chaque année », se réjouit la Dre Hanna. 

Changer de vie prend du temps

Programme clé, la réhabilitation cardiaque se dessine en trois phases. La première (phase I) est la mobilisation précoce. Proposée aux soins aigus, elle permet de remobiliser progressivement l’organisme. La deuxième (phase II) est le cœur de la réadaptation

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our l’heure, ce ne sont que six à huit lits, mais l’ambition est grande pour cette structure inédite dans le canton de Genève. Fruit d’une collaboration entre les Services de médecine interne et de réadaptation, cardiologie et chirurgie cardiovasculaire, l’Unité de réadaptation stationnaire en cardiologie de l’Hôpital Beau-Séjour est destinée aux patient·es sortant d’une atteinte cardiaque majeure – infarctus du myocarde, chirurgie cardiaque ou encore hospitalisation pour insuffisance cardiaque. L’idée : offrir, durant trois à quatre semaines, une prise en charge à 360°, individualisée, associant soins médicaux, activité physique adaptée, aide à l’arrêt du tabac, ateliers de diététique et de gestion du stress (hypnose par exemple).


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haque année, environ 240 prothèses du genou sont implantées aux HUG. Une intervention courante qui donne d’ailleurs d’excellents résultats. « Plus de 85% des personnes portant un implant sont satisfaites. Toutefois, environ 20% d’entre elles gardent des douleurs », constate le Pr Didier Hannouche, médecin-chef du Service de chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil moteur. Depuis septembre dernier, l’équipe chirurgicale orthopédique dispose d’un nouveau robot, dénommé ROSA® Knee System, qui permet d’améliorer encore la technique.

Que les patient·es qui craindraient d’être opéré·es par une machine se rassurent, « le robot ne fait que nous assister, précise le médecin-chef, c’est nous qui restons les maîtres de l’opération ». Moins de douleurs

Mais les chirurgiens et chirurgiennes peuvent désormais compter sur cette aide pour les épauler. D’abord, au moment de planifier leur intervention. Le robot leur fournit une image du genou en 3D, leur indique comment réaliser les coupes des os « avec une précision de 0,5 millimètre », puis les guide, « ce qui permet de positionner au mieux la prothèse dans les trois plans de l’espace.

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Pendant l’opération, il permet aussi de vérifier et de valider chaque étape ». Manipulé par des spécialistes bien formés à cet effet, « le robot améliore donc la pose de l’implant. Il pourrait ainsi mieux épargner les tissus sains autour de la prothèse et assurer un meilleur équilibrage des ligaments ; mais ce dernier point reste à vérifier », poursuit le Pr Hannouche. Si les médecins « semblent y trouver des avantages », précise le professeur, dont le service évalue la toute nouvelle machine, les patient·es devraient aussi en tirer bénéfice. Selon une étude britannique portant sur un système similaire, les douleurs sont réduites, les séjours à l’hôpital raccourcis et la récupération plus rapide. Avec ce robot, « la chirurgie orthopédique entre dans une nouvelle ère », conclut le Pr Hannouche. 

Crédit : Science Photo Library

Les HUG sont le premier hôpital suisse à disposer d’une machine de ce type. Pour les patient·es : diminution des douleurs et récupération plus rapide. Par Elisabeth Gordon

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A c t u a l i t é

Un robot améliore la pose des prothèses du genou


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Un lieu unique pour les adolescents

Crédit : istockphoto

« L’idée novatrice est d’utiliser différents moyens pour aider l’enfant et l’adolescent dans leur guérison », explique la Pre Klara Posfay-Barbe, médecin-cheffe du Service de pédiatrie générale. Une partie du bâtiment, ouverte à tous, sera consacrée aux rendezvous culturels et sportifs. « Le lieu permettra une approche plus globale, avec un espace de

La première pierre déjà posée

À l’occasion de la pose de la première pierre, le 28 septembre dernier sur l’ancien site de médecine dentaire, de jeunes patient·es ont pu enterrer, dans un geste symbolique, des objets de leur époque enfermés dans une « capsule temporelle ». Le futur bâtiment, d’une surface de 12’600 m2 répartis sur six étages, devrait ouvrir ses portes à l’été 2023. Il sera le fruit du bureau genevois CLR architectes, associé à l’architectepaysagiste Pascal Heyraud, lauréats d’un concours lancé en 2016.  Un partenariat public-privé Le budget de construction de la Maison de l’enfant et de l’adolescent (MEA), estimé à 82 millions de francs, est financé à la fois par des partenaires privés, par la Fondation Children Action, par une fondation privée genevoise, ainsi que par des donateurs·trices.

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Les jeunes au cœur de la cité

« Maison » de l’enfant et de l’adolescent : le terme n’a pas été choisi au hasard. « Il ne s’agit pas d’un “ hôpital ” mais d’un lieu, ouvert sur la ville, où les jeunes seront accueillis et non stigmatisés », souligne la Pre Posfay-Barbe. Un espace dédié à l’enseignement et à la recherche sera également intégré au projet.

Par Clémentine Fitaire

C’

est un projet unique en son genre en Europe, né d’une réflexion sur le parcours de soins et sur la nécessité d’intégrer la pédopsychiatrie dans la cité. Située entre la Maternité et l’Hôpital des enfants, la MEA rassemblera le Service de pédopsychiatrie et celui de la médecine somatique pour les adolescents. « C’est une opportunité de réunir les soins sous un seul et même toit, en permettant des parcours de soins plus fluides pour les jeunes avec une psychopathologie, à partir de la période prénatale et jusqu’à 18 ans », confie la Pre Nadia Micali, médecin-cheffe du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

médiation, des salles de spectacle, un studio radio, un hall d’exposition, une cuisine, etc. La médiation et la culture peuvent être très utiles dans la prise en charge des patients avec une pathologie psychiatrique », ajoute Nadia Micali.

A c t u a l i t é

Le grand projet de la Maison de l’enfant et de l’adolescent (MEA) est pensé pour les jeunes. Il se fonde sur une approche globale avec des passerelles entre le monde médical, la vie sociale et le milieu culturel.


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La réalité virtuelle contre la douleur

«L

e temps est passé très vite et je n’ai presque pas senti quand on m’a mis un spaghetti dans le nez ! » Ce qui a fait oublier sa douleur à Rose, 11 ans, l’espace de quelques instants lors d’une nasofibroscopie et d’une prise de sang, c’est un mécanisme bien connu du corps médical : le détournement de l’attention. « L’immersion dans la réalité virtuelle rend l’expérience moins trauma­ tisante. Elle est un outil comme d’autres, tels que l’hypnose, qui peut permettre de limiter le recours aux sédatifs », explique le Dr Cyril Sahyoun, médecin adjoint au Service d’accueil et d’urgences pédiatriques (SAUP) et spécialiste en sédation et analgésie 10

procédurales, qui a introduit l’outil dans son service en juin 2020. Une fois le casque placé devant ses yeux, l’enfant est immergé dans un scénario conçu spécialement pour ce contexte de soin. Il a été imaginé en collaboration avec David Rudrauf et Corrado Corradi Dell’Acqua, du laboratoire de modélisation multimodale de l’émotion et du ressenti et du laboratoire pour la théorie de la douleur de l’Université de Genève et le Campus Biotech. La narration a lieu en deux étapes. L’enfant entre d’abord dans une phase de familiarisation avec son environnement, puis dans une phase de relaxation incluant des exercices de respiration. Enfin, il est invité à participer à des jeux qui permet­ tront d’activer son esprit pendant le soin. L’innovation de ce dispositif, par rapport aux systèmes existants, c’est la possibilité pour le ou la soignant·e de choisir le moment adéquat pour augmenter la stimulation audiovisuelle. « On voudrait contrôler ces outils afin de maximiser le stimulus au summum de la douleur. Le cerveau se concentre ainsi sur ce qu’il voit et entend, plutôt que sur la sensation doulou­ reuse ou l’anxiété », détaille le Dr Sahyoun. À terme, plusieurs programmes seront développés afin que chaque enfant puisse voyager dans l’univers qui lui plaît le plus. Des techniques d’hypnose intégrées au jeu

Pour mettre au point les différents scénarios proposés et répondre aux particularités du contexte, le programme VRelief intègre des principes d’hypnose, une technique qui peut se révéler utile chez les plus jeunes pour les aider à gérer la douleur. « Les enfants ont moins de barrières liées à l’anxiété que les adultes et parviennent à lâcher prise plus facilement. La réalité

Crédit : Yvain Tisserand et Équipe VRelief/MMEF Lab - UNIGE/ SAUP-DFEA-HUG

Par Clémentine Fitaire

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A c t u a l i t é

Aider un enfant à surmonter douleur et anxiété lors d’un soin est une des préoccupations majeures des soignant·es, mais aussi des parents. V-Relief, un programme pilote utilisant la réalité virtuelle, est actuellement testé aux HUG.


Actualité

virtuelle permet de reprendre le contrôle sur soi, c’est un bel apprentissage de mise en confiance personnelle », constate Stéphanie Mermet, infirmière au SAUP et praticienne en hypnose, qui a rejoint le projet à son début. Certains enfants, particulièrement anxieux, seront moins réceptifs que d’autres et au­ ront plus de difficultés à lever leur vigilance. La place de l’humain et de la parole est alors très importante, en complément de la tech­ nologie. « Il faut être attentif aux réactions du jeune patient, observer comment il se comporte et appréhende le moment. Avant de lui mettre le casque, on lui explique, on le rassure. Après le soin, on lui fait exprimer son ressenti », ajoute Stéphanie Mermet. Bientôt tous casqués ?

Hackathon et financement Mis au point en collaboration avec l’Université de Genève, le projet VRelief est soutenu par la Fondation privée des HUG qui a alloué un financement pour son développement. Ce projet avait d’ailleurs remporté le prix « Coup de cœur » du hackathon 2019 organisé au Centre de l’innovation des HUG, qui rassemble, catalyse et récompense des recherches de solutions innovantes en lien avec les problématiques de santé.

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Pour Cyril Sahyoun, le rêve serait qu’en complément à d’autres modalités, telles que l’hypnose, « la réalité virtuelle soit disponible pour tout enfant qui pourrait en bénéficier, afin de rendre son soin moins douloureux et moins anxiogène ». Pour l’instant, le projet pilote ne concerne que le Service d’accueil et des urgences pédia­ triques, mais l’outil est souvent emprunté pour être utilisé dans les autres unités et pourrait, à terme, être adapté pour d’autres services de pédiatrie. Et, « pourquoi pas, pour tous les pédiatres de ville », conclut le médecin. 


Photo Nicolas Righetti | lundi13 Par Clémentine Fitaire

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R e n c o n t r e

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« Le SMIG est la colonne vertébrale de l’hôpital » Le navire hospitalier vit une période plus que mouvementée depuis mars 2020. Le Service de médecine interne générale (SMIG), en particulier, s’est retrouvé au cœur d’une tempête inédite. Mais quelles sont ses activités? Rencontre avec le Pr Jean-Luc Reny, à la barre du service depuis 2018.

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Rencontre

Comment vous êtes-vous organisés dans l’urgence ? Cela s’est traduit par des ouvertures d’unités – parfois deux par jour – de 18 à 26 lits, avec un personnel compétent qu’il a fallu trouver. Nous avions prévu des ressources humaines durant l’été, tant au niveau médical que soignant. Nous avons également fait appel à d’autres services de notre département, à d’autres départements et à des collè­ gues extérieurs aux HUG. Cela a permis notamment

de maintenir des patients en soins intermédiaires, en évitant de surcharger les soins intensifs. Comment fonctionne votre service habituellement ? Le SMIG est la colonne vertébrale de l’hôpital. C’est un service de méde­ cine interne qui travaille avec toutes les spécialités, comme les maladies infec­ tieuses, la cardiologie, l’immunologie, la pneumo­ logie, la néphrologie… Pour des soins médicaux aigus, nous avons un fonctionne­ ment très matriciel entre la médecine interne et les différentes spécialités de médecine. Nous apportons ainsi le meilleur des deux compétences au chevet des patientes et patients. Il existe des unités angio­ logie-MIG, pneumologieMIG, cardiologie-MIG, etc. Ce service est moins souvent mis en lumière que d’autres spécialités… Pourquoi ? D’un point de vue technolo­ gique, nous ne sommes pas dans une médecine haute­ ment spécialisée. Ce qui intéresse le grand public, les médias, c’est justement ce qui est à la pointe de la technicité. Chez nous, elle est remplacée par des connaissances transversales assez larges qui nous per­ mettent d’assurer une prise en charge globale du patient intégrant la décision parta­ gée. L’autre force de la médecine interne est de s’appuyer sur une approche diagnostique qui a du sens, en basant notre pratique sur les faits, les preuves, et une 13

utilisation rationnelle des tests à disposition. Celle qu’on appelle la « médecine du futur » doit-elle aussi avoir sa place dans votre service ? Totalement. Nous travaillons beaucoup sur cette notion de « Smarter Medicine », la personnalisation des traitements, la relation avec le patient pour une décision partagée et surtout le « Smarter Testing », qui consiste à faire des examens quand ils apportent vrai­ ment quelque chose à la prise en charge. Des progrès restent à faire, certes, mais l’innovation peut aussi avoir sa place dans notre service. Nous sommes par exemple en train de mettre en place l’utilisation de l’ultrason au lit du patient, en remplace­ ment du stéthoscope, pour évaluer certaines infections pulmonaires ou des anoma­ lies cardiaques simples. La recherche est également l’une de vos forces… Oui, nous travaillons autour de trois grands axes : les maladies fréquentes (insuffi­ sance cardiaque, pneumonie, médicaments contre la thrombose, etc.), les mala­ dies rares et l’éducation en lien avec l’« evidence-based medicine », la médecine basée sur les preuves. Nous avons mis au point, avec un partenariat large, une plate­ forme de recommandations pour le Covid-19, reconnue et utilisée internationalement, dont le but est la synthèse et la dissémination de résultats obtenus en recherche clinique et à travers des consensus d’experts. 

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Pulsations La pandémie a particulièrement impacté votre Service de médecine interne générale. Comment avez-vous traversé cette situation ? Pr Jean-Luc Reny Lors de la première vague, nous avons improvisé en temps réel – mais avec le maximum d’anticipation – face à l’afflux important de pa­ tients. Pour la deuxième vague, nous avions préparé certaines hypothèses… qui ont très rapidement été dépassées. En plus des 20-30 patients « hors Covid » que nous avons par jour en moyenne, notre service a absorbé jusqu’à plus de 50 nouvelles entrées « Covid » supplémentaires quoti­ diennes, triplant ainsi la fréquentation. Ça a été très difficile et nous pouvons être fiers des résultats et de la collaboration avec les services partenaires au sein des HUG. Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore revenus à notre activité habituelle, il reste des patients Covid, mais aussi post-Covid.


En 2015, les HUG ont lancé un vaste projet stratégique pour impliquer davantage les patient·es et les proches dans les soins. Six ans plus tard, plusieurs centaines de nonsoignant·es participent à des programmes dans des domaines aussi variés que les prises en charge, la recherche médicale, l’événementiel et même l’organisation de l’hôpital.

Photo : Louis Brisset

Photo Nicolas Schopfer

La médecine pour et avec les patient∙es

Par André Koller et Giuseppe Costa

Avril - Juin 2021

D o s s i e r

Pulsations

Pr Thomas AGORITSAS, médecin adjoint agrégé, enseigne le partenariat patient à la Faculté de médecine.

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Pa rt

en ar ia t

Dossier

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Photo : François Schaer/phovea

Reste que les études scientifiques démontrant les bénéfices du partenariat ne sont pas encore nombreuses. « On sait qu’il génère davantage de satisfaction et moins de regrets. Globalement, il produit une meilleure qualité des soins. Mais ce n’est pas une recette de cuisine.

« On sait que le partenariat génère davantage de satisfaction et moins de regrets. Globalement, il produit une meilleure qualité des soins » Pr Thomas AGORITSAS

Les HUG, pourtant, n’ont pas hésité. Selon la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé, le projet « Patients partenaires » est devenu un axe majeur de leur plan stratégique 2015-2020. « J’avais pris conscience du problème en 2010 lorsque je travaillais sur une étude intitulée “Main dans la main”. Nous demandions aux patients de rappeler aux soignants de se désinfecter les mains. Croyez-le ou non, pas un seul, jamais, n’a osé le faire », raconte la cheffe du projet, Sylvie Touveneau. Avril - Juin 2021

ertaines révolutions s’instaurent avec fracas. D’autres se diffusent discrètement. C’est le cas du partenariat patient·e*. Pourtant, il transforme en profondeur les pratiques médicales et peut-être bientôt l’organisation des soins. Comment ? En reconnaissant que le savoir issu du vécu de la maladie – qualifié d’expérientiel – est équivalent à celui des professionnel·les de santé. Cette reconnaissance change la posture des soigné·es, comme celle des soignant·es et de l’hôpital : patient·es et proches deviennent acteurs et actrices non seulement au niveau des soins, mais du système de santé en général.

Sa réussite dépend des situations, des professionnels et des patients qui le pratiquent », argumente le Pr Thomas Agoritsas, médecin adjoint agrégé, qui enseigne le partenariat patient à la Faculté de médecine.

Mais pourquoi ? Il faut en chercher les raisons dans un mode relationnel à sens unique, le modèle paternaliste hérité des 19e et 20e siècles, où le corps médical est vu comme seul détenteur du savoir. Une asymétrie historique qui structure encore l’organisation des systèmes de santé. Années sida

Une prise de conscience a lieu dans les années 80, surtout en Amérique du Nord, avec l’épidémie du sida. Des patient·es regroupé·es en association, insatisfait·es de leur implication dans les soins, revendiquent un accès facilité aux traitements et une collaboration active dans la recherche. En parallèle, dans le domaine des maladies chroniques, des médecins explorent l’éducation thérapeutique (lire en page 20). « Sous la pression de ces divers mouvements, le modèle paternaliste a migré d’abord vers les soins centrés SUR le patient. Puis, très récemment, vers un authentique partenariat avec la reconnaissance réciproque des savoirs », rappelle Sylvie Touveneau.

* Le partenariat concerne aussi les proches. Pour alléger le texte, ils·elles ne sont pas systématiquement mentionné·es.

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Sylvie TOUVENEAU, cheffe du projet « Patients partenaires »


Pulsations

« Le patient a le vécu, les professionnels possèdent les connaissances. Pour avancer, il faut mettre les deux ensemble », martèle Kabeza Kalumiya, patiente investie dans le projet « Patients partenaires ». « Avant mon implication dans ce projet, j’avais peur de déranger les médecins. Puis j’ai découvert qu’au contraire, exprimer mon ressenti m’aide moi-même et guide les professionnels dans ma prise en charge. » Décision médicale partagée

Avril - Juin 2021

« Cette idée de découverte est importante, rebondit le Pr Thomas Agoritsas. Nous l’observons aussi chez les professionnels. C’est en pratiquant cette démarche qu’on en découvre le potentiel. » Et de poursuivre : « Prenez la décision médicale. Historiquement, elle est prise par le médecin. Or, on sait que le choix thérapeutique le plus raisonnable n’est pas fondé uniquement sur le savoir scientifique. Pour être optimale, une décision doit faire sens pour le patient. Son concours est donc indispensable. » Selon une récente enquête européenne réalisée parmi 8’000 patient·es, 70 à 90% des personnes interrogées aspirent à davantage d’implication dans les décisions médicales. Contre environ 50% dans les années 2000. Et plus de la moitié se dit insuffisamment informée pour pouvoir s’impliquer dans les soins. « Ce dernier point est très important. Ma collaboration avec les HUG m’a donné une nouvelle légitimité », souligne Inès Serre, proche aidante partenaire. « Avec mon médecin, les infirmières ou la direction de l’EMS où mon père a vécu, les regards changeaient dès que je me présentais comme partenaire des HUG. Cela m’a ouvert des portes. Il devenait plus facile de prendre part aux décisions médicales. » Faire AVEC les patient·es

« Le partenariat, c’est la médecine AVEC et non POUR les patients. Mais accepter les idées des autres, c’est un sacré challenge », résume Sylvie Touveneau. Pour lancer le projet, elle collabore d’abord avec des professionnel·les déjà engagé·es, notamment au Service d’éducation thérapeutique, en santé mentale et en pédiatrie, et avec des patient·es. Puis, avec son équipe, elle met sur pied une plateforme pour la promotion 16

du partenariat et le recrutement de patient·es et de proches qui souhaitent s’impliquer dans des projets institutionnels. « Nous avons également donné un cadre et des règles de fonctionnement. Et, surtout, nous proposons un accompagnement individualisé chaque fois qu’un service ou une unité souhaite établir un partenariat. » Ce travail porte ses fruits. Le partenariat est entré dans les mœurs de l’Hôpital. En octobre 2020, la plateforme comptait quelque 600 patient·es et proches recruté·es, 170 créations de partenariats et 950 impli­ cations de non-soignant·es dans divers projets institutionnels. Et pour la première fois, un.e patient.e co-dirige un programme du nouveau plan stratégique des HUG (lire en page 21).  A.K.

« Le patient a le vécu, les professionnels possèdent les connaissances. Pour avancer, il faut mettre les deux ensemble » Kabeza KALUMIYA, patiente investie dans le projet « Patients partenaires »


en ar ia t

Dossier

« Il y a une reconnaissance mutuelle des savoirs et un objectif commun de créer un partenariat » Sandrine JONNIAUX, infirmière spécialiste clinique en soins de réadaptation et coordinatrice de la journée CVC

Pa rt

Promouvoir la santé ensemble Une équipe composée de patient·es partenaires et de professionnel·les conçoit et anime la journée « Cœur, vaisseaux, cerveau ». La 3e Journée « Cœur, Vaisseaux, Cerveau » (CVC), soutenue par la Fondation privée des HUG, s’est tenue fin octobre… sous une forme revisitée, en raison du Covid-19, mais avec des objectifs identiques. « Nous avons remplacé les stands d’information par des ateliers éducatifs à distance. Le but demeure la prévention des maladies cardiovasculaires et la promotion de la santé », résume Sandrine Jonniaux, infirmière spécialiste clinique en soins de réadaptation et coordinatrice de la journée CVC.

En travaillant ensemble, c’est le regard des un·es et des autres qui change. « Le profes­ sionnel se met au niveau de la personne soignée et celle-ci élargit sa vision du monde médical. Il y a une reconnaissance mutuelle des savoirs et un objectif commun de créer un partenariat », relève Sandrine Jonniaux. Et Pierre Sutter d’insister sur un dernier point : « En tant que patient, il faut poser des questions afin de créer un partenariat avec les professionnels qui soit bénéfique aux soins. » G.C.

Avril - Juin 2021

Surtout, depuis le lancement de cette journée en 2018, tout se réalise avec un groupe de patient·es partenaires : de la conception à l’animation en passant par le choix des thématiques ou la formation des personnes impliquées. Ainsi, cette année, deux pro­ fessionnel·les et un·e patient·e ont pensé et co-animé chaque atelier, pour un total de trente personnes impliquées. « D’un côté, il y a le savoir-faire, de l’autre, le vécu, mais nous ne faisons qu’un », note Pierre Sutter, qui a bénéficié d’un triple pontage coronarien en 2014. Depuis 2017, il s’investit comme patient partenaire : « Je veux montrer ma reconnaissance aux soignants, partager mon expérience pour rassurer les personnes et faire en sorte qu’elles évitent un infarctus. »

« D’un côté, il y a le savoirfaire, de l’autre, le vécu, mais nous ne faisons qu’un » Pierre SUTTER, patient partenaire

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Pulsations

Enrick MONACHON, coordinateur de projet au Centre de formation

Stefaan RAË, patient formateur, enseignant retraité, qui a contribué à l’élaboration de la formation

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Se former au partenariat Le partenariat dans les soins est un changement de culture. Pour exister, ce nouveau mode relationnel doit se diffuser non seulement dans tout le réseau de santé mais également auprès du grand public. Un objectif fort du projet « Patients partenaires » a été la co-construction avec des patient·es, la Faculté de médecine, le Centre interprofessionnel de simulation (CIS) et la Haute école de santé (HES-SO), d’une information et d’une formation en ligne 1 élaborées avec le soutien de la Fondation privée des HUG. Ces dernières s’adressent à un large public : patient·es, proches, étudiant·es et professionnel·les de santé. La formation, intitulée « pour le partenariat dans les soins et les services », est dispensée par des patient·es et des pro­ fessionel·les. Son contenu est issu des rencontres baptisées « Regards croisés », organisées dans le cadre du projet « Patients partenaires ».

Ces cours comprennent une partie théorique et une partie pratique. Dans la première, les participant·es identifient leurs compétences en partenariat et promeuvent la reconnaissance réciproque des savoirs. La seconde consiste à les traduire en actions. « Elles peuvent être très simples. Pour les patients, c’est oser poser plus de questions ou demander des alternatives thérapeutiques. Les professionnels, eux, peuvent s’interroger sur l’implication des patients dans certaines pratiques et ouvrir, par exemple, un espace de dialogue pendant une visite médicale », illustre Enrick Monachon, coordinateur de projet au Centre de formation. « Nous sommes des facilitateurs »

« Nous ne nous présentons pas comme détenteurs d’un savoir », précise Stefaan Raë, patient formateur, enseignant retraité, qui a contribué à l’élaboration de la formation. « Les patients, comme les proches partenaires, nous sommes des facilitateurs. Notre retour éclaire les pratiques et favorise le partenariat. Induire une réflexion de ce type est déjà un excellent début. » 18

Cette formation vise bien entendu les soignant·es. Mais également les huissiers, le personnel administratif ou encore celui de la pharmacie. Et les ambitions du projet « Patients partenaires » ne s’arrêtent pas là. L’expérience acquise doit servir à construire, dès cette année, un enseignement pour les patient·es et proches qui souhaitent pousser plus loin leur implication dans le système de santé. « L’enseignement univer­ sitaire, la recherche médicale et même les aspects organisationnels de l’Hôpital peuvent intégrer le partenariat, appuie Enrick Monachon. À ce niveau, l’objectif des futures formations est d’outiller patients et professionnels pour qu’ils collaborent de manière optimale. » « Tout cela peut paraître ambitieux, ajoute Stefaan Raë. Mais c’est au contraire un enseignement très accessible. Le partenariat est un savoir évolutif. Chacun et chacune d’entre nous peut y trouver sa vraie place. » A.K.

Informations et inscription à la formation en ligne : www.hug.ch/patients-partenaires 1


Pa rt

Intégrer les proches aidant·es

en ar ia t

Dossier

Dans un projet de soins, leur implication doit être reconnue.

Virginie TITELEIN, infirmière responsable d’unité

À l’Hôpital Beau-Séjour, Virginie Titelein, infirmière responsable d’unité, vit au quotidien l’importance d’intégrer les proches aidant·es. « Ils sont une ressource essentielle pour l’équipe soignante. Ils ont besoin d'informations. Nous cherchons à les inclure dans les soins, par exemple en montrant comment faire une toilette lorsque la personne est hémiplégique ou comment lui donner à manger si elle a des troubles de la déglutition. Des acquis sécurisants pour le retour au domicile du proche », explique-t-elle. Et Carole Sémon, qui a accompagné ses parents lors de plusieurs hospitalisations, de confirmer : « Nous avons besoin d'être pris en compte pour que le partenariat se mette en place. Il faut qu'on puisse poser des questions. Lors de la pose d’un pacemaker à ma mère, on m'a montré les réglages et donné des explications, j'ai particulièrement apprécié ce moment. » Rappelons que, depuis mars 2020, les HUG et la Direction générale de la santé ont signé une charte de la personne proche aidante. Elle reconnaît le statut de cette dernière, lui donne un cadre à son action, la soutient dans son rôle et répond à ses besoins. G.C.

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« Les proches sont une ressource essentielle pour l'équipe soignante. Nous cherchons à les inclure dans les soins »

Comment impliquer un·e proche aidant·e lors d'une hospitalisation ? Le Centre de l’innovation des HUG, avec le soutien de la Fondation privée des HUG, apporte une réponse. Elle se nomme Harmonie et sera disponible d'ici cet été. « Cette application a pour objectif de faire le lien entre les proches, les patients et les équipes médico-soignantes. C’est le miroir de Concerto, l’application pour les patients », résume Catherine Zimmermann, cheffe de projet Harmonie. Parmi les fonction­nalités, la visualisation de l'agenda de la personne hospitalisée, le partage de questions ou encore la visioconférence. Cette dernière est largement utilisée depuis la crise du Covid-19. Avec la restriction des visites, les tablettes à disposition dans les services ont permis à des patients et des patientes isolé·es de voir leurs proches.

« Nous avons besoin d'être pris en compte pour que le partenariat se mette en place. Il faut qu'on puisse poser des questions » Carole SÉMON, proche aidante


Pulsations

Tourane CORBIÈRES, patiente partenaire

Christine FORTIS, patiente partenaire

La recherche médicale s’ouvre au public

L’éducation thérapeutique, pionnière du partenariat Les spécialistes des maladies chroniques ont réfléchi plus tôt que les autres à l’implication des patient·es dans les soins. En 1975 déjà, le Pr Jean-Philippe Assal introduit aux HUG l’éducation thérapeutique, une démarche qui vise à renforcer les compétences de la personne malade. « Mais nous devions faire un pas supplémentaire : travailler avec les patients et plus uniquement pour eux. La reconnaissance mutuelle des savoirs des patients et des professionnels de santé est la clé du partenariat, et elle renouvelle l’éducation thérapeutique », remarque Aline Lasserre Moutet, pédagogue à l’Unité d’éducation thérapeutique du patient (UETP).

Davantage de transparence et de partenariat dans ce domaine.

Avril - Juin 2021

Pour la Dre Nadia Elia, médecin adjointe agrégée à l’Unité d’investigations anesthésiologiques, il est temps d’ouvrir la recherche au grand public : « Priorisation des sujets d’études, élaboration des protocoles, publication des résultats, protection des données… tout cela reste assez opaque pour les non-professionnels. Or, c’est financé en grande partie par des fonds publics. La transparence et le partenariat patient dans la recherche vont devenir la norme. » Dans le cadre du projet « Patients partenaires », un groupe de travail planche sur la création d’un site d’information destiné aux professionnel·les et au grand public. « Nous y trouverons des conseils méthodologiques ainsi que les résultats des études menées aux HUG », explique la Dre Elia.

Cette étape est en passe d’être franchie. En 2019, la Dre Florence Somers, cheffe de clinique à l’UETP, a intégré Christine Fortis, patiente partenaire, dans une réflexion sur le programme de préparation au by-pass gastrique. « L’objectif est d’améliorer les résultats à long terme de cette opération. Mais en incluant Christine à un stade aussi précoce, nous voulions aussi montrer aux équipes que le savoir patient est complémentaire au nôtre », dit-elle.

Meilleure adhésion Tourane Corbière, patiente partenaire, participe à ces travaux : « D’abord, nous avons disséqué les étapes d’une recherche. Nous réfléchissons maintenant à la meilleure manière d’intégrer des patients dans chacune d’entre elles. Par le passé, j’ai collaboré avec des chercheurs du privé. J’ai constaté que les études élaborées avec des patients sont mieux présentées et l’adhésion des participants, meilleure. »

« Certains ne voyaient pas ce que ma présence apportait au groupe de travail, se souvient Christine Fortis. Mais au final, cela a abouti à une plus forte intégration des patients dans le processus. Je vais ainsi former deux patients dont la mission sera d’observer une séance de préparation au by-pass pour guider ensuite les réflexions du groupe. » Une expérience qui démontre une fois encore que le partenariat convainc souvent par la pratique. A.K.

Reste que les études incluant des patient·es partenaires sont encore marginales aux HUG. Cette démarche ne constitue pas un critère de validation pour la Commission cantonale d’éthique de la recherche. Cela pourrait changer. « Pour obtenir un financement du Fonds national suisse de la recherche scientifique, les chercheurs doivent désormais intégrer des patients dans leur projet. Ou démontrer que ce n’est pas possible. Et la plateforme informatique, financée par la Fondation privée des HUG et disponible en 2021, contribuera elle aussi à promouvoir le partenariat dans la recherche », conclut la Dre Elia. A.K.

Dre Florence SOMERS, cheffe de clinique à l’UETP

Dre Nadia ELIA, médecin adjointe agrégée à l’Unité d’investigations anesthésiologiques

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Pa rt

Penser l’hôpital de demain avec les patient·es

en ar ia t

Dossier

Un des sept programmes du nouveau plan stratégique, fruit d'une large consultation, est co-dirigé par un.e patient.e.

« Vision 20+5 est un nouveau plan stra­té­gique conçu avec les patients et pas unique­ment pour les patients » Photo : Louis Brisset

Sébastien SAVORNIN, chargé de mission à la Direction générale et membre de l’équipe projet

L’équipe projet a confronté les idées reçues à un groupe d’accompagnement, incluant notamment deux patients très investis. « Leur simple présence change notre posture. Il y a davantage d’écoute et nous recentrons nos discussions autour du patient. Leur expérience nous confronte à nos idées, nos certitudes. Au final, nous avons défini ensemble les grands axes et les ambitions prioritaires pour l’hôpital de demain. C’est un nouveau plan stratégique conçu avec les patients et pas uniquement pour les patients », relève Sébastien Savornin. « J’ai ressenti la volonté de nous inclure, avec écoute, reconnaissance et respect. Le savoir du patient est considéré au même titre que celui des professionnels. Notre apport est la connaissance de la maladie, la pratique des HUG en tant que patient et citoyen. De cette collaboration naît une intelligence collective », complète Marc Houvet, l’un des patients impliqués dans l’élaboration du plan stratégique. Cette intégration a franchi encore un pas supplémentaire. Pour la première fois, un.e patient.e contribue à la réalisation du plan stratégique en co-dirigeant le programme intitulé « + de collaboration pour la prise en charge des patient.es. » Comme son nom l'indique, ce projet vise à intégrer les proches aidants, les patient.es et les bénévoles dans les prises en soins. G.C.

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« Notre apport est la connais­ sance de la maladie, la pratique des HUG en tant que patient et citoyen. De cette collabo­ ration naît une intelligence collective » Marc HOUVET, patient impliqué dans l’élaboration du plan stratégique

Avril - Juin 2021

Vision 20+5. Tel est le nom du nouveau plan stratégique des HUG. Il a démarré en mai 2021 et guidera les actions des cinq prochaines années. Un mot résume son élaboration : participatif. Consultation citoyenne aux Automnales 2019, avis des collaborateurs et collaboratrices, des patient·es partenaires et proches aidant·es, recueillis lors de goûters itinérants et de nombreux groupes de discussion. Toutes les opinions ont été prises en compte. « C’est la véritable force de ce plan stratégique. Impliquer le plus largement possible tous les acteurs, spécialement les patients partenaires », souligne Sébastien Savornin, chargé de mission à la Direction générale et membre de l’équipe projet.


Pulsations

Par Geneviève Ruiz

Avril - Juin 2021

L ’ o r g a n e

LA VÉSICULE BILIAIRE Ce réservoir de bile participe au fonctionnement du système digestif. Si cette substance, produite par le foie, est indispensable au corps humain, la vésicule peut toutefois être enlevée en cas de complications liées à des calculs ou à un cancer. Expert

Pr Christian Toso, médecin-chef du Service de chirurgie viscérale des HUG

50 ml

Quantité de bile pouvant être stockée dans la vésicule biliaire.

10 cm

Longueur approximative de la vésicule biliaire, pour environ 3 cm de large.

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L’organe

Le réservoir de la bile

La vésicule biliaire consiste en une sorte de petit sac en forme de poire. Elle est située dans l’abdomen, accolée au foie. Ce dernier produit de 500 à 1000 ml de bile par jour, liquide qui participe à la digestion des aliments. Entre les repas, la bile est stockée dans la vésicule biliaire. Lorsqu’on mange, l’intestin produit une hormone qui contracte le muscle de la vésicule biliaire. La bile est alors expulsée à travers les voies biliaires pour arriver dans l’intestin grêle. Une ablation possible

La formation de calculs

40%

Crédit : Science Photo Library

Le pourcentage de femmes de plus de 60 ans qui ont des calculs biliaires (20% chez les hommes du même âge).

97%

Le pourcentage d’eau contenue dans la bile. Le reste est composé de sels biliaires, de calcium et de cholestérol.

La formation de calculs biliaires, que l’on peut comparer à des petits cailloux, est l’un des principaux problèmes liés à la vésicule biliaire. Les calculs sont composés d’une proportion variable de cholestérol, de sels biliaires et de calcium. La probabilité d’en développer augmente avec l’âge. Mais d’autres facteurs comme l’obésité, le diabète, les maladies du foie ou encore des prédispositions génétiques favorisent les calculs. La grossesse et la prise de pilules contraceptives jouent également un rôle, raison pour laquelle les femmes sont davantage touchées que les hommes.

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La plupart des individus qui ont des calculs biliaires l’ignorent car ils sont asymptomatiques et cela ne nécessite aucune prise en charge. Des problèmes peuvent survenir lorsque les calculs irritent les parois de la vésicule biliaire et conduisent à des douleurs chroniques. Parfois, les calculs bloquent la sortie de la bile de la vésicule et mènent à une infection aiguë appelée cholécystite. D’autres fois, les calculs sortent dans le canal biliaire, où ils peuvent conduire à son infection, appelée cholangite. Ces complications doivent être traitées par une ablation de la vésicule biliaire. Un cancer peu commun

Le cancer de la vésicule biliaire est peu fréquent en Suisse. Il affecte plus souvent les femmes (55 %) que les hommes (45 %). Deux tiers des patient·es ont au moins 70 ans au moment du diagnostic. Le principal problème de ce cancer est que sa détection arrive la plupart du temps à un stade avancé, car il ne provoque pas de symptômes spécifiques avant que la tumeur ne bloque la bile. Les cellules cancéreuses ont alors souvent eu le temps de migrer dans les organes avoisinants, comme le foie, le pancréas ou l’intestin.

Avril - Juin 2021

La vésicule biliaire n’est pas un organe vital et son ablation est possible sans conséquences majeures. Après l’opération, les voies biliaires s’élargissent pour stocker la bile entre les repas, remplaçant ainsi la fonction de la vésicule biliaire.

Des infections qui peuvent être graves


Par Elodie Lavigne Photo François Wavre | lundi13

L e

Avril - Juin 2021

p o r t r a i t

Pulsations

« Œuvrer pour décloisonner l’hôpital » Avant de devenir directrice des soins aux HUG, Sandra Merkli a gravi peu à peu les échelons de l’institution. Après 35 ans de maison, elle continue de servir l’hôpital public avec le même enthousiasme et la même détermination.

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Le portrait

«T

Très vite, prendre des responsabilités l’attire. « Petite fille, j’étais de celles qui savent ce qu’elles veulent », confie-t-elle. Elle saisit une première opportunité et devient responsable d’équipe dans le Service d’anesthésie, puis adjointe de la responsable des soins du Département de chirurgie. À force de travail et de conviction, elle gravit peu à peu les échelons de l’institution : « On m’a donné ma chance, on m’a formée et on m’a permis d’évoluer », dit-elle avec beaucoup de reconnaissance.

Elle grandit avec la notion de partage et d’échange, des qualités qu’elle revendique : « Seule dans mon bureau, je ne ferais pas grand-chose. Chacun peut amener une bonne idée. » L’ancienne infirmière sait travailler en équipe. La création du Service des soins intensifs adultes tout comme l’intégration de la clinique Joli-Mont sont, à cet égard, un souvenir fort : « Il a fallu identifier les valeurs communes, les besoins de chacun, réconcilier des cultures, gérer le changement. »

1961

Naissance à Genève.

1984

Obtient son diplôme d’infirmière.

1985

Arrivée aux HUG.

2017

Nommée directrice des soins.

Fédérer, mettre ensemble… Un art dans lequel elle excelle, également dans sa vie privée. Sandra Merkli suit depuis plus de dix ans des cours d’ikebana, un art floral japonais. Elle aime la nature et jardiner : « Lorsque je coupe, je taille, je plante, je ne pense à rien ! » Résister au stress est inné chez elle, mais elle a aussi la chance de bien connaître ses limites. « Je fais beaucoup d’heures de travail, mais durant le week-end et les vacances, je déconnecte. » Un équilibre nécessaire quand on est confrontée à la souffrance, à la tristesse, à la mort, inhérentes au milieu hospitalier. Malgré sa fonction dirigeante, Sandra Merkli ne perd pas de vue les patient·es. Elle est d’ailleurs la mandante du projet « Patients partenaires » (lire dossier en pages 14 et suivantes). Même si elle n’est plus à leur chevet, les patient·es sont sa raison d’être : « Je côtoie les professionnels qui sont en contact avec eux, ils me permettent de garder le sens de mes actions. » Très attachée à la mission d’hôpital public des HUG, elle aime que ses idées prennent forme : « J’éprouve de la satisfaction lorsque j’ai aidé des collègues à réaliser leurs projets. » Donner la possibilité aux autres de donner le meilleur d’eux-mêmes, repérer les nouveaux talents, assurer la relève, voilà à quoi s’attelle – entre autres – la directrice des soins. Œuvrer pour décloisonner l’hôpital et faciliter son intégration dans le réseau de soins est un autre défi de taille qui l’anime. « Y participer et réussir, ce serait un joli bilan », conclut-elle. 

Rassembler

Pourtant, rien ne la prédestinait à un avenir dans le milieu médical. Sa mère était secrétaire dans une banque et son père employé dans les assurances. Le choix de sa profession est-il lié à son hospitalisation à l’âge de 4 ans, après être tombée d’une fenêtre du 4e étage ? Peut-être. De sa « magnifique jeunesse », elle garde l’esprit de famille et un sens des responsabilités. Ainsi qu’une éducation moderne : « Mon père m’a toujours dit qu’il fallait avoir un métier pour pouvoir être indépendante. » 25

Avril - Juin 2021

ous les Genevois ont une histoire avec les Hôpitaux universitaires de Genève, l’hôpital fait partie de la Cité », déclare Sandra Merkli, directrice des soins et membre du Comité de direction. Sa propre histoire avec les HUG commence il y a 35 ans. Son diplôme d’infirmière en poche, cette Genevoise pure sucre qui a grandi à Meyrin-Village, entre à l’Hôpital cantonal – comme on l’appelait alors – pensant y rester un ou deux ans, le temps de s’enrichir d’une expérience en milieu hospitalier. Alors qu’elle se projetait dans les soins à domicile, c’est très vite une révélation : au sein du Service de chirurgie thoracique, elle découvre le bloc opératoire et le métier d’infirmière anesthésiste, puis se lance dans cette spécialisation. « Durant ma formation, j’ai eu la possibilité de passer par toutes les spécialités chirurgicales. J’ai découvert des missions très différentes et côtoyé des profils professionnels très variés », se réjouit-elle.


Pulsations

Illustration Bogsch & Bacco Par Elisabeth Gordon

Avril - Juin 2021

T r a i t e m e n t

Soigner les plaies complexes Requérant la collaboration de divers spécialistes, les plaies dites complexes nécessitent une prise en charge qui ne l’est pas moins. L’Unité d’orthopédie septique dispose d’une consultation multidisciplinaire pouvant accueillir et traiter les patient·es concerné·es.

C

ertaines plaies « nécessitent des mois, voire des années de traitement, avant de pouvoir cicatriser », précise le Dr Domizio Suva, médecin adjoint agrégé responsable de l’Unité d’orthopédie septique. Qualifiées de « complexes », elles peuvent prendre des allures très différentes. Toutefois, « la complexité provient autant de la nature de la plaie que du contexte social et médical des patients », souligne le médecin. La prise en charge est en effet plus difficile « chez des personnes qui vivent dans des conditions précaires et qui ont du mal à adhérer à leur traitement ». Ou encore chez celles « qui souffrent de diabète, d’infections ou qui ont un système immunitaire affaibli ». Les soins doivent donc être adaptés à la situation de chacun·e.

mal adaptées ou d’une insuffisance vasculaire », explique le Dr Suva. Si la plaie est infectée et qu’elle évolue en abcès, il faut hospitaliser la personne en urgence pendant plusieurs semaines pour stopper l’infection. Dans ce cas, le traitement est lourd et long. « Le malade est opéré à de multiples reprises. Il faut en effet nettoyer la plaie, notamment pour ôter les tissus dévitalisés qui ne reçoivent pas d’antibiotiques par la circulation sanguine et qui constituent donc des réservoirs pour les bactéries. » Une chirurgie plastique est aussi parfois nécessaire quand il n’y a pas suffisamment de tissu pour refermer la plaie. Enfin, on a recours à la médecine hyperbare (lire en page 27) « chaque fois que cela est possible ». C’est dire que lorsqu’une plaie est complexe, son traitement l’est tout autant, ce qui implique « une prise en charge multidisciplinaire dans un centre spé­ cialisé », souligne le chirurgien. Stratégie de pansements

Multiples opérations

Le travail en équipe inclut aussi des infirmiers et infirmières spécialistes cliniques en soins de plaies et cicatrisation, comme Anne-Laure Blanchard Courtois, qui intervient de façon transversale selon les besoins des équipes. « Nous définissons une stratégie de pansements en fonction de la nature de la plaie, en tenant compte de la personne dans sa globalité et de l’objectif à atteindre. »

Lorsque la plaie est « propre », il faut d’abord identifier les facteurs qui l’ont provoquée avant de la traiter. « Une majorité de plaies survient aux membres inférieurs et aux pieds. Il faut donc chercher à savoir si le problème vient par exemple de chaussures

Le traitement est lourd. « Pour la moitié des patients, le moment le plus pénible est le changement de pansement. En outre, à la douleur physique s’ajoute une atteinte à l’image corporelle », constate l’infirmière.

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Traitement

L’oxygène accélère la cicatrisation L’oxygénothérapie hyperbare complète le traitement des plaies complexes. Cette technique consiste à faire inhaler aux patient·es de l’oxygène à très haute dose, en les plaçant dans un caisson dont la pression intérieure est supérieure à la pression atmosphérique. « En une séance, la quantité d’oxygène circulant dans le sang est multipliée en moyenne par vingt », explique Rodrigue Pignel, médecin adjoint responsable de l’Unité sub­ aquatique et hyperbare des HUG.

Avec leur « double chambre hyperbare permettant d’effectuer deux traitements différents dans chaque compartiment », poursuit le spécialiste, les HUG sont le seul établissement public en Suisse à disposer des équipements nécessaires à la pratique de la médecine hyperbare.

Pôle d’expertise L’Unité de chirurgie orthoseptique est un pôle d’expertise à Genève et en Suisse romande. Elle reçoit des patient·es fragiles vivant des situations complexes qui présentent des problèmes de plaies, d’infections orthopédiques aiguës et d’affections ostéoarticulaires. Elle a fait peau neuve en agrandissant sa capacité et la qualité de l’accueil.

D’une façon générale, le traitement est « très contraignant, car il oblige à venir régulièrement à l’hôpital, ce qui a un impact important sur la qualité de vie. C’est pour cette raison que nous collaborons avec les infirmiers et infirmières à domicile et l’IMAD, afin de préserver au maximum l’autonomie et la qualité de vie des gens », remarque le Dr Suva.  27

Avril - Juin 2021

Cette thérapie facilite la cicatrisa­ tion : « Une personne diabétique qui avait des plaies depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, peut les voir se refermer en un mois et demi à deux mois. » À condition, souligne le médecin, « qu’elle vienne se faire traiter dès le début de la plaie. »


Pulsations

Par Esther Rich Photo Nicolas Schopfer

Avril - Juin 2021

T é m o i g n a g e

« Ce n’est pas facile de voir ma femme régresser ainsi » Pendant plus de six ans, Francis Grandi est parvenu à épauler sa femme, souffrant de la maladie d’Alzheimer*, grâce à un suivi personnalisé.

* La maladie d’Alzheimer est la plus fréquente des maladies dégénératives liées à l’âge. Elle résulte probablement de l’accumulation de substances toxiques (protéines Tau et plaques amyloïdes) dans certaines zones du cerveau, entraînant la mort progressive des neurones. Les symptômes sont des troubles de la mémoire à court terme, des troubles du langage, des difficultés d’orientation, des sautes d’humeur, etc., qui s’accentuent au fil du temps.

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Témoignage

F

Quelques oublis après une opération

Les premiers signes des troubles cognitifs de Michelle Grandi sont apparus en 2012, à la suite d’une opération de la hanche. « Ma fille et moi pensions que ses légères pertes de mémoire étaient une des conséquences de la narcose, mais petit à petit, elles se sont intensifiées. En 2014, elle a commencé à oublier où elle avait mis certaines choses, à ne plus se souvenir des discussions. Ces affections mnésiques sont devenues de plus en plus importantes et le diagnostic de la maladie d’Alzheimer a été confirmé. »

Michelle et Francis Grandi commencent alors à consulter le Centre de la mémoire. L’octogénaire rencontre de son côté Lara Fazio, neuropsychologue et responsable du programme de soutien aux familles de patients atteints de troubles cognitifs. Un suivi régulier est alors mis en place pour aider Francis Grandi à traverser cette nouvelle étape de sa vie. « Cela me fait beaucoup de bien de pouvoir parler à quelqu’un qui a suivi l’évolution de cette situation depuis ses débuts. À plusieurs reprises, tellement épuisé, j’ai eu peur de craquer malgré l’aide de notre fille. Ce n’est pas facile de voir ma femme, que je connais depuis plus de soixante ans, régresser ainsi. S’occuper d’elle s’apparente à s’occuper d’un enfant, à la différence que l’enfant évolue de mois en mois et la charge s’allège pour les parents. Dans le cas d’Alzheimer, c’est l’inverse qui se produit. » Le fait de pouvoir parler régulièrement à une personne qui connaît la maladie, de pouvoir se confier, a été salvateur pour Monsieur Grandi. Accès de violence

Celui-ci se souvient en effet d’épisodes traumatisants lorsque son épouse est devenue violente et qu’il a dû faire appel au 144.

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Ou lorsqu’elle devait se rendre chez son médecin et qu’elle n’est jamais arrivée à destination : « Je l’ai cherchée toute l’après-midi et elle est finalement parvenue à rentrer à la maison par ses propres moyens. Mais à partir de ce jour-là, je ne l’ai plus laissée seule. » Plus le temps passait, plus le risque d’épuisement guettait Monsieur Grandi. Lorsqu’elle vivait encore dans leur appartement, Michelle Grandi avait de plus en plus de peine à trouver le sommeil, perturbant de ce fait celui de son mari, en permanence sur le qui-vive. Aujourd’hui, bien que son épouse réside en EMS, l’octogénaire continue de consulter Lara Fazio régulièrement. Et il rend visite à sa femme plusieurs fois par semaine : « Si elle reconnaît mon visage, je ne suis pas certain qu’elle ait conscience que je suis son mari. Son aphasie rend nos échanges pratiquement incompréhensibles, mais lorsqu’un sourire apparaît sur son visage, cela me met du baume au cœur. »  Savoir + www.hug.ch/centre-memoire

Avril - Juin 2021

rancis et Michelle Grandi ont plus de cinquante-cinq ans de mariage et une fille adulte soutenante. Le couple a ainsi passé presque toute sa vie ensemble. « Ma femme est entrée en EMS en avril 2019. Ce fut une décision très difficile à prendre, mais j’étais conscient que la charge d’aidant deviendrait de plus en plus lourde. Je ne pouvais plus sortir de chez moi et la laisser seule, de peur qu’elle ne fasse une bêtise. Un jour, j’ai constaté qu’elle avait allumé les quatre plaques de la cuisinière. Heureusement que j’avais pensé à la débrancher avant de partir. »


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Absorption

La codéine est prise par la bouche, injectée ou administrée par voie rectale.

1

• Efficacité et potentielle toxicité influencées par nos gènes

• Interdite chez les moins de 12 ans

• Transformée en morphine (son principe actif) par l’organisme

• Antidouleur de type opioïde contre les douleurs modérées à sévères

Ses particularités :

L’exemple de la codéine

Chaque remède possède sa propre signature dans le corps. On appelle « cinétique » la vie d’un médicament dans l’organisme : comment il est absorbé, transporté/distribué au bon endroit, transformé, puis éliminé.

Ce qui se passe dans le corps

Le nombre moyen de médicaments pris chaque jour par les plus de 65 ans

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3

1

4

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Experte : Pre Caroline Samer, médecin adjointe agrégée, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapie personnalisée des HUG

Notre santé peut en dépendre, mais aussi en pâtir. Les médicaments sont à l’origine d’effets multiples, certains prévisibles, d’autres moins, en lien avec notre métabolisme. La clé ? Rester vigilant·e, car jusqu’à 50 % des effets secondaires seraient évitables.

Les médicaments

Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti | Folioart

L ’ i n f o g r a p h i e

Avril - Juin 2021

Distribution

Métabolisme

Elimination Elle s’effectue par les reins, mais aussi par la transpiration, l’air expiré, la bile ou encore la salive. Diverses molécules peuvent modifier le processus.

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L’environnement : l’activité des enzymes du foie est influencée par de nombreux médicaments, aliments et plantes (phytothérapie notamment).

Les gènes : en Suisse, cette transformation est accélérée chez 5 % des individus, mais absente chez 10 % d’entre eux. Conséquences : un risque de surdosage pour les premiers, une totale inefficacité du traitement pour les seconds. Cette différence agit aussi sur les effets secondaires.

Dans des proportions propres à chacun·e, le foie transforme la codéine en morphine, grâce à des enzymes. Les paramètres en jeu :

3

Le médicament est transporté dans le sang pour être distribué vers les organes et les tissus (diffusion).

2

La prise de quatre médicaments triple le risque d’effets secondaires

4

Pulsations


Qui contacter ? Pour les HUG, le Service de pharmacologie et toxicologie cliniques : 022 372 99 32

• Alcool, tabac.

• Aliments (chou, brocolis, réglisse, etc.)

• Phytothérapie (millepertuis, etc.)

* Affectant l’ensemble du corps

Ampleur : plus de 150 médicaments déjà concernés par ces prescriptions hautement individualisées.

Remboursement par l’assurance maladie : oui, au cas par cas, depuis 2017.

Méthode : test pharmacogénétique (prise de sang).

• Jus de fruits (pamplemousse, orange de Séville, etc.)

Que signaler ? Tout effet notable mentionné ou non sur la notice du médicament.

Principe : tenir compte du profil génétique de la personne pour choisir et adapter son traitement.

• Prise conjointe d’autres médicaments • Exposition au soleil

De plus en plus, la médecine personnalisée s’applique à la prescription des médicaments.

Parmi les facteurs susceptibles d’influencer l’effet d’un médicament et ses effets secondaires :

En Suisse, seuls 5% des effets secondaires sont rapportés. Conséquence : des données précieuses manquent pour optimiser les recherches sur les effets secondaires (pharmacovigilance).

La pharmacogénomique

Situations à risque

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Effets indésirables

Suppositoire + Résorption rapide et action durable – Réflexe de vidange rectale

Crème + Action locale – Effets systémiques * possibles et quantité de principe actif appliquée peu précise

Médicament injectable dans le sang + Effet rapide et substance atteignant à 100% la circulation sanguine – Nécessité d’une injection (douleur, risque infectieux, peu adapté à un traitement à domicile)

Voie rectale

Peau

Comprimé / Sirop + Simplicité de la prise – Absorption potentiellement influencée par les repas

Comprimé « retard » + Effet prolongé limitant le nombre de prises – Ne doit pas être coupé ou écrasé

Spray nasal/buccal + Principe actif administré localement vers la cible et effet rapide – Technique à respecter

Comprimé sous la langue (« sublingual ») + Effet rapide – La bouche doit être suffisamment humide

Système veineux

Patch + Effet prolongé – Nécessité de protection occasionnelle (douche, etc.), adhésivité parfois gênée par la transpiration ou la pilosité

Voies respiratoires

Bouche

Les principaux + et – de la prise selon la forme pharmaceutique (comprimé, sirop, suppositoire, etc.)

L’infographie


Pulsations

Par Aude Raimondi Photos Nicolas Righetti | lundi13

Avril - Juin 2021

R e p o r t a g e

Voirie géante pour un recyclage XXL Roue de vélo, morceaux d’isolation, médicaments, aiguilles, déchets sensibles… La voirie des HUG regorge d’objets en tous genres. Ses employés, souvent dans l’ombre, effectuent un travail essentiel pour la sauvegarde de la planète.

S

ix mille tonnes de déchets. Chaque année, les HUG produisent à eux seuls une quantité de détritus comparable à celle de la ville de Plan-les-Ouates. Et comme dans toute ville qui se respecte, un service de voirie met un point d’honneur à les trier afin d’en recycler un maximum. Dans les sous-sols du bâtiment principal du centre hospitalier, quatorze employés s’activent dans un ballet incessant. Leur mission : récupérer les poubelles aux quatre coins du site et les rapatrier au Service de voirie pour procéder à un tri méticuleux.

« Ici nous ne parlons pas de poubelles. Tout ce que nous manipulons est considéré comme de la matière que l’on peut valoriser », corrige Olivier Raedisch. À la tête du secteur depuis 2014, l’homme ne cache pas sa fierté lorsqu’il évoque le taux de recyclage de la voirie des HUG, qui s’élève désormais à 52%. C’est mieux que le canton de Genève, qui n’atteint pas encore les 50%. Pour parvenir à ce résultat, quelques principes sont nécessaires : « Chaque collaborateur doit trouver un sens à son travail, explique Olivier Raedisch. Ici, chacun sait donc comment la matière pourra être recyclée et réutilisée grâce au tri effectué. » Chacun·e doit faire sa part

Une organisation sans faille est également indispensable. Le point de départ de la chaîne de recyclage se trouve dans les différents services de l’hôpital. Les patient·es et soignant·es font partie intégrante du processus. Plus on respecte les consignes en triant les déchets dans les poubelles dédiées, plus la valorisation de la matière pourra être effectuée ensuite. Pour rendre tout ceci plus intuitif, les filières de tri sont séparées selon trois couleurs. D’abord les sacs noirs, qui contiennent des ordures ménagères. Pour des questions d’hygiène, ces derniers sont directement acheminés à l’incinération, sans être ouverts. Les sacs transparents, en revanche, sont sans doute ceux qui donnent le plus de travail aux employés de la voirie. Ils renferment tous les déchets recyclables, du PET au papier en passant par les capsules de café. Une fois arrivés au centre de tri, ces sacs sont examinés afin de déterminer s’ils contiennent des objets non conformes. Emilio Musio, employé à la voirie depuis quinze ans, se penche pour récupérer une peluche au milieu du papier. « On trouve souvent tout et n’importe quoi dans ces sacs », soupire-t-il.

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Reportage

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Les boîtes jaunes renferment les déchets liés aux activités de soins, c’est-à-dire des pansements, des matériaux souillés ou encore des aiguilles. Pour éviter tout risque infectieux, elles doivent être manipulées avec précaution et éliminées sans être ouvertes.


Pulsations

Si un taux de radioactivité trop élevé est détecté dans l’un des sacs, il sera placé dans une sorte de bunker, le temps que ses valeurs redeviennent normales.

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Des déchets parfois dangereux

Chaque colla­ borateur sait comment la matière pourra être recyclée et réutilisée grâce au tri effectué.

Au fond à gauche, l’un de ses collègues, Ricardo Monney, empile avec précaution des boîtes jaunes. Celles-ci renferment les déchets liés aux activités de soins, c’est-à-dire des pansements, des matériaux souillés ou encore des aiguilles. Pour éviter tout risque infectieux, ces boîtes doivent être manipulées avec précaution et éliminées sans être ouvertes. « C’est un métier qui demande d’être minutieux et consciencieux », souligne l’employé. Si ces déchets atterrissent au mauvais endroit, les conséquences peuvent être graves. Pour éviter de se piquer avec une aiguille jetée par erreur dans une poubelle, le personnel de la voirie porte des gants de protection. La vigilance est donc de mise. Derrière la pile de boîtes jaunes, un petit tracteur tirant plusieurs sacs s’engouffre dans les sous-sols de la voirie. Comme chaque véhicule qui pénètre ici, il passe devant un détecteur de radioactivité. Suite à un examen ou à un traitement (scinti­ graphie osseuse, radiothérapie), une petite quantité de molécules radioactives, éliminées par les urines, peuvent se retrouver dans les draps. « Nous sommes dans un hôpital. Il ne faut pas oublier que nous transportons des matériaux potentiellement dangereux », rappelle Olivier Raedisch. 34

Comme dans tout établissement médical, les HUG doivent aussi gérer une question sensible : l’élimination des déchets patho­ logiques. Il s’agit de tissus humains, généralement issus des blocs opératoires. Après analyses, ce sont les membres de la voirie qui les récupèrent pour les envoyer à l’incinération. « Lors de ces tâches particulières, je n’ai jamais dû demander à un employé de faire attention. C’est automatique. Chacun a une grande conscience de ce qu’il transporte et le fait d’une manière extrêmement respectueuse », souligne Olivier Raedisch. 

La voirie des HUG en chiffres 379 tonnes de déchets de chantiers incinérés

recyclés

4’150 tonnes de déchets urbains/industriels

600 tonnes de déchets spéciaux


JULIETTE VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ SON GRAND-PÈRE DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES

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Par Élodie Lavigne

L’interruption de grossesse médicamenteuse à domicile

P r i s e

e n

Avril - Juin 2021

c h a r g e

Pulsations

Grâce à un protocole bien établi associé à une surveillance médicale étroite, les patientes des HUG ayant choisi d’interrompre leur grossesse peuvent le faire à domicile. Une pratique médicale en augmentation depuis plusieurs années.

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Prise en charge

U

ne interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est pas une décision facile. Les femmes qui ont fait le choix d’une IVG médicamenteuse à domicile, plutôt qu’à l’hôpital, ont l’avantage de pouvoir maîtriser le processus de bout en bout, d’en être actrices, ce qui renforce leur sentiment d’autodétermination. « La majorité rapporte une plus grande satisfaction », relate la Dre Michal Yaron, médecin adjointe agrégée, responsable des consultations ambulatoires de gynécologie. Le fait d’être dans un contexte moins médicalisé y est pour beaucoup : « Elles se sentent davantage en sécurité, moins seules et à l’abri des jugements », poursuit Renata Maure Gerritsma, infirmière aux consultations ambulatoires de gynécologie.

Crédit : istockphoto/Maria Ponomariova

Le premier rendez-vous

Toute demande d’interruption de grossesse débute par une consultation avec une infirmière en orthogénie (planification et contrôle des naissances), puis avec un médecin. On y aborde les raisons qui amènent la personne à avorter : « En cas d’ambivalence ou de fragilité, nous référons les patientes à l’Unité de santé sexuelle et Planning familial pour un soutien ou un temps de réflexion », indique

Un suivi étroit

Si une femme, en accord avec le ou la médecin, opte pour l’IVG médicale à domicile, la marche à suivre lui est alors expliquée : prise de médicaments, éventuels effets secondaires, gestion de la douleur, signaux d’alerte, etc. Un rendez-vous est fixé à l’hôpital pour la prise des premiers médicaments. La patiente reçoit à cette occasion les informations (orales et écrites) nécessaires. La seconde prise de médicaments se fait deux jours plus tard, à la maison, où a lieu l’expulsion. À tout moment, en cas de questions ou d’inquiétude, elle peut contacter le Centre d’orthogénie et de contraception ou les urgences à la Maternité. Pour s’assurer du résultat de l’IVG, la patiente renseigne sur une feuille de route ses symptômes (saignements, douleur). Trois semaines plus tard, un rendez-vous de contrôle, par téléphone ou à l’hôpital, est effectué pour évaluer, avec l’infirmière, la réussite de l’intervention à travers un questionnaire et un test de grossesse. « Pour mieux accompagner la patiente, nous lui demandons comment elle se sent émotionnellement et si elle a besoin d’un soutien psychologique », souligne Renata Maure Gerritsma. S’il y a un doute, une consultation est organisée dans les plus brefs délais avec le médecin du Centre d’ortho­génie et de contraception. Enfin, il s’avère que les femmes concernées affichent une bonne adhésion au contrôle médical et à la contraception. En plus d’être efficace (à 95 %), cette pratique est moins coûteuse. Pour cette raison aussi, elle pourrait à l’avenir gagner en importance.  37

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En 2020, plus de 120 patientes ont eu recours à cette approche. Une pratique toujours plus demandée. La sélection des patientes qui en bénéficient se décide néanmoins au cas par cas, car « la moindre complication pourrait y mettre fin », déclare la Dre Michal Yaron. Cette solution n’est proposée qu’aux patientes remplissant des critères précis : être majeure, parler le français ou l’anglais pour bien comprendre les consignes, habiter à moins d’une heure de l’hôpital, avoir du soutien à la maison (conjoint ou proche) et, enfin, ne pas présenter de maladies susceptibles d’entraîner des complications. « Lorsque le terrain psychologique ou somatique est sensible, mieux vaut y renoncer », prévient la Dre Yaron. De même « si la patiente a trop peur des saignements et des douleurs et qu’elle ne se sent pas capable d’y faire face », complète Renata Maure Gerritsma. Dans ce cas, l’IVG médicamenteuse peut avoir lieu à l’hôpital.

Renata Maure Gerritsma. Lors de l’entretien, les différentes options existantes sont évoquées. La voie médicamenteuse est possible jusqu’à 9 semaines de grossesse. La préférence de la patiente est bien sûr prise en compte. L’examen médical comprend, en plus de l’anamnèse, la mesure du taux de bHCG (hormone de la grossesse), un contrôle sanguin (dépistage des IST, etc.), ainsi qu’un ultrason pour dater la grossesse. Il est aussi question à ce moment-là de contraception, pour prévenir une nouvelle grossesse non désirée.


Pulsations

Par Laetitia Grimaldi Photo Nicolas Righetti | lundi 13

Avril - Juin 2021

L ’ i n v i t é e

« Sans l’adhésion de la population, on ne gagnera pas face au virus » Médecin formée en médecine communautaire, santé publique, médecine tropicale et protection de l’enfance, la Dre Aglaé Tardin a succédé en 2020, à 48 ans, à Jacques-André Romand au poste de médecin cantonale de Genève. Rencontre. Nommée en janvier 2020 au poste de médecin cantonale, vous deviez prendre vos fonctions le 1er mai, mais l’actualité sanitaire liée au Covid-19 en a décidé autrement… Dre Aglaé Tardin En effet, le 28 février 2020, le téléphone sonnait pour m’annoncer que je venais en renfort dès le 1er mars, soit deux mois avant la date prévue. Le démarrage s’est fait sur les chapeaux de roues. Mon prédécesseur – Jacques-André Romand – a lui-même annulé ses vacances et décalé son départ à la retraite de deux mois. Au plus fort de la première vague, être à deux sur ce poste n’était vraiment pas de trop. Pulsations

Il n’est en effet pas banal d’endosser de telles fonctions en pleine pandémie, comment avez-vous vécu ces premiers temps ? Je suis arrivée dans un climat d’incertitude et d’urgence qui était en réalité le lot de toutes et tous. Bien sûr, la charge de travail a été immédiatement immense, la nécessité de prendre des décisions, impérieuse. Mais il y a également eu des points positifs,

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comme le fait de collaborer dès le départ avec tout un réseau que j’aurais sans doute mis plusieurs mois à rencontrer dans son ensemble. Par ailleurs, un lien de confiance a pu s’instaurer tout de suite avec les équipes en place, mais également avec les acteurs de terrain et les instances politiques. A l’heure où une troisième vague fait trembler de nombreux pays, quel enjeu vous semble prioritaire ? Une certitude demeure : sans l’adhésion de la population, nous ne gagnerons pas face au virus. Malgré l’arrivée de vaccins, nous savons que la crise sanitaire va durer au moins deux ans. Notre mission est d’orienter les stratégies et décider des mesures les plus justes et adéquates possibles en fonction de l’état des connaissances à un instant « t ». En effet, il ne s’agit pas de tenir une ligne stricte et rigide, mais bel et bien de nous adapter en permanence pour faire face au mieux à cette épidémie mouvante et infiniment complexe. Autant de mesures évoluant mais susceptibles également de faire le nid de messages complotistes, émanant de groupes « anti-masques » ou « anti-vaccins »… Dans une telle situation, ces mouvements sont inévitables. Je peux comprendre les interrogations, les résistances. Mais il y a des chiffres indéniables, comme le nombre d’hospitalisations ou de personnes en réanimation. Et l’interprétation que l’on peut en faire. Quand celle-ci est clairement erronée, la démentir est aisé. Quand elle est déformée, c’est plus compliqué. Nous devons intégrer tout cela, en restant sur notre


L’invitée

objectif global de santé publique. Et favoriser le dialogue bidirectionnel avec la population, pour pouvoir répondre aux questions, aux doutes, en temps réel selon les connaissances à disposition. J’ajouterai que face aux dissensions, il nous faut garder en tête notre point commun à tous : au-delà des mesures de protection mises en place, c’est surtout du virus dont nous avons tous marre... Et ce n’est qu’ensemble que nous pouvons l’affronter.

Vous avez exercé la médecine communautaire au Mexique, au Sénégal, dans le milieu associatif, avant de rejoindre le Service de santé de l’enfance et de la jeunesse, puis d’endosser la fonction de médecin cantonale. Quelle force tirezvous de ce parcours ? Je garde en tête les valeurs auxquelles je crois profondément et qui m’ont guidée jusque-là : l’accès aux soins pour tous, ainsi que les principes d’éthique et d’équité. Quant à la crise qui nous occupe aujourd’hui, elle constitue un défi dont l’ampleur me marquera assurément très longtemps… 

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Comment, dans un tel climat d’urgence, s’assurer de l’avancée des autres dossiers incombant à votre service ? Grâce aux équipes en place qui ont l’expérience et la mobilisation requises. Car même si depuis des mois, nous pensons, dormons, mangeons « Covid », il est certain que d’autres priorités subsistent, comme les actions de prévention et de promotion inhérentes aux axes définis par le plan cantonal, le renouvellement des contrats de prestations avec les partenaires du milieu associatif ou encore la mise en place du tout nouveau secteur « Maladies transmissibles ». Pour affronter la crise sanitaire, nous avons procédé à de nombreux engagements, passant de l’équivalent de 40 postes à temps plein à près de 350.


Pulsations

Bonbons, sucettes, friandises, biscuits et gâteaux font la joie des enfants, et parfois celle des plus grands. Notre corps a besoin de sucre pour bien fonctionner, mais en manger trop n'est pas bon pour la santé. Voici pourquoi.

Expert Pr Zoltan Pataky, médecin adjoint agrégé à l’Unité d’éducation thérapeutique du patient et responsable de la consultation de l’obésité aux HUG

Par Elodie Lavigne

Avril - Juin 2021

J u n i o r

Illustrations PanpanCucul

<< Je suis un bec à sucre >>

Une source d'énergie Le sucre est la source d’énergie la plus importante pour notre corps et notre cerveau. Cela représente près de la moitié des apports en énergie dont nous avons besoin pour fonctionner chaque jour. C’est notre carburant, comme l’essence l’est pour la voiture. Mais qui dit énergie, dit excitation. Trop de sucre et on devient une pile électrique !

Plus j'en mange, plus j'en ai envie... Lorsqu’on consomme des aliments sucrés, on se sent bien, rassuré•e, apaisé•e. Pourquoi ? Parce que cela active le circuit de la récompense dans notre cerveau. Mais cette sensation est de courte durée ! Notre cerveau nous en demande toujours plus pour se sentir bien. C’est un engrenage. Plus notre corps a du sucre à disposition, plus il en a envie. La science a montré que le sucre peut provoquer une addiction, comme l’alcool ou les drogues, c’est pourquoi il ne faut pas en abuser. 40


Junior

Le bon et le mauvais sucre

Trop, c'est trop

Le bon sucre est celui que l’on trouve dans les fruits (fructose) ou le lait (lactose). On le dit << bon >> car lorsqu’on mange une pomme, on absorbe en même temps des vitamines, des minéraux et des fibres, ce qui freine l’absorption de sucre par le corps. Dans les friandises, les sodas et autres boissons sucrées (limonades, thé froid et jus de fruits industriels, eaux aromatisées, etc.) en revanche, il n’y a pas ces nutriments indispensables à la santé, si bien que le taux de sucre dans le sang s’élève rapidement quand on en consomme. On se croit rassasié, mais peu de temps après, on a de nouveau faim et notre corps en redemande. De plus, avec les boissons sucrées, on avale beaucoup de sucres sans s’en apercevoir.

A long terme, manger trop sucré peut avoir des conséquences graves pour la santé. L’excès de sucre fait peu à peu prendre du poids car notre foie transforme l’excès de sucre en << mauvaise >> graisse. C’est la porte ouverte aux kilos superflus. Le surpoids et l’obésité sont dangereux car ils entraînent d’autres maladies, comme les troubles cardiovasculaires (maladies du coeur) ou le diabète de type 2 (diabète sucré), par exemple. On sait aussi que le risque de cancer augmente.

Attention aux caries

Le saviez-vous ? 1 litre de soda contient 100 grammes de sucre ajouté (le mauvais sucre) et une canette en contient environ 30 grammes ! Or, on ne devrait pas consommer plus de 50 grammes de sucre ajouté par jour. En partenariat avec

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Avril - Juin 2021

Notre bouche est peuplée de bactéries qui adorent le sucre... Lorsqu’on mange ou boit des aliments sucrés régulièrement, elles se multiplient et attaquent nos dents. Pour éviter les caries, il est important de bien se brosser les dents après chaque repas ou collation, afin d’éliminer le sucre. Si ce n’est pas possible, rince-toi au moins la bouche avec de l’eau. Et fais en sorte d’éviter les grignotages !


Surfer sur les vagues du Covid-19 Par Élodie Lavigne

Avril - Juin 2021

M i e u x -v i v r e

Pulsations

Le coronavirus continue d’inquiéter, nous oblige à changer nos habitudes, à remettre à plus tard certains projets, quand il ne nous confronte pas directement à la maladie et à la mort. Les plus jeunes sont particulièrement concernés. Les conseils de deux spécialistes pour garder le moral dans ce contexte.

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«N

om d’un petit pangolin, je ne sais pas ce qui me retient d’envoyer sur Vénus ce satané virus ! », s’exclame Aldebert dans « Corona Minus », chanson à destination du jeune public. À tout âge, la lassitude envers le Covid-19 et les mesures pour s’en protéger est profonde, confirme la Dre Lamyae Benzakour, médecin adjointe en charge de la psychiatrie de liaison aux HUG : « Des études montrent, dans la population générale, une augmentation des troubles du sommeil, de l’anxiété, des dépressions et des troubles de stress post-traumatique. » Après la première vague, on a observé, chez les jeunes, « une baisse de la motivation, une perte de sens, des difficultés à retourner à l’école, des troubles dépressifs importants avec plus de tentatives de suicide, mais aussi des crises familiales majeures avec des séparations parentales », ajoute la Dre Anne Edan, médecin adjointe responsable de l’Unité de crise Malatavie. L’impact psychologique de la pandémie et des restrictions qui l’accompagnent est fort, mais dépend beaucoup de la situation personnelle et des ressources de l’individu.


Mieux-vivre

Une attention et une écoute particulières sont très protectrices pour les plus jeunes, qui perçoivent ainsi le soutien de leurs parents. Verbaliser est un bon moyen de susciter le dialogue : « Tu t’énerves souvent… » Il s’agit de tenir compte du vécu propre de chacun, sans a priori et sans projeter sa vision d’adulte sur l’enfant. Reconnaître les difficultés passe aussi par l’acceptation de nos fragilités et des éventuels débordements qui peuvent survenir dans un quotidien rythmé par l’angoisse et l’incertitude. Revenir sur les moments de tension, en instaurant par exemple des conseils de famille, peut être bénéfique. Faire preuve de créativité Et puisque le retour à une certaine normalité n’est pas pour demain, faisons preuve de créativité : « Évitons de vivre en apnée et adaptons notre vie. Retrouver du contrôle dans la situation est primordial », souligne la Dre Benzakour. Prévoir des moments de détente et de respiration en cherchant des compromis dans la situation actuelle. Puiser dans ses ressources et se tourner vers ce qui nous fait du bien (lecture, musique, expres43

sions artistiques, cuisine, balades, activité sportive à l’extérieur, etc.), aussi. Mis à mal par la pandémie, le lien social reste une source importante de réconfort, quelle que soit la génération. Il s’agit de trouver des alternatives pour ne pas tomber dans l’iso­lement. Et de respecter l’intimité de chacun, en particulier des ados qui man­ quent, du fait de la pandémie, d’échappatoires nécessaires. Internet et les réseaux sociaux, souvent critiqués, leur permettent de rester en lien avec leurs pairs. Et la Dre Edan de préciser : « C’est un soutien fort, pour autant qu’on en fasse un usage raisonnable et qu’on diversifie les activités. » Enfin, rappelons-nous que cette crise finira par passer et qu’elle pourrait avoir des bénéfices inattendus. « C’est la vertu de la limite, qui ouvre sur de nouvelles perspectives », conclut la Dre Edan. 

Quand la douleur persiste Si, malgré ces conseils, la souffrance est trop grande, faites appel à un·e spécialiste en santé mentale. www.hug.ch/coronavirus/ soutien-psychologique Retrouvez d’autres conseils (en vidéo) http://hug.plus/soutien-covid

Avril - Juin 2021

Ne pas minimiser Comment faire pour traverser au mieux les vagues successives ? D’abord, ne pas minimiser. Insécurité, solitude, angoisse, colère… Qu’est-ce que la pandémie provoque en nous ? Prenons conscience de nos émotions et soyons bienveillants avec nous-mêmes et avec les autres. « Il est illusoire de penser que nous vivons les événements de la même manière que ceux qui nous entourent », relève la Dre Benzakour. Certain·es sont exaspéré·es par les mesures, d’autres sont très inquiet·ètes à l’idée de tomber malade ou de contaminer leurs proches. Être dans le jugement ne fait qu’alimenter les tensions. Au travail, en famille ou entre ami·es, la psychiatre conseille d’exprimer ses besoins et de veiller à sa propre protection, sans se mettre dans des situations sources de stress. « Faire comme si le Covid n’existait pas, alors qu’il bouleverse tout, est certainement l’écueil le plus fort à éviter », note la Dre Edan, qui préconise des pauses de réflexion en famille. « Parler de son ressenti, ajoutet-elle, permet une résonance émotionnelle chez l’autre. »


Pulsations

Neuropédiatrie distinguée

Est-ce

@choum -– à vos une allergie symptômes ! alimentaire ? Vous ou votre enfant avez déjà présenté une réaction allergique dans l’heure qui a suivi la consommation d’un aliment ? L’Unité d’allergologie pédiatrique des HUG et le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) du canton de Genève recherchent des volontaires pour la participation à une

@choum de l’application CoronApp-HUG. Elle vous indique ensuite si votre lieu de domicile ou de travail se trouve dans une zone de cluster. L’étude est développée par des chercheurs du Service de médecine de premier recours des HUG, de l’Université de Genève et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en collaboration avec l’Université de Paris. Téléchargement de l’application gratuite et sécurisée CoronApp-HUG sur hug.plus/atchoum

étude. Elle vise à répertorier, sur l’année 2021, les réactions d’allergies alimentaires et identifier leurs facteurs déclenchants. Cette étude permettra de savoir à quels aliments les Genevois∙es (enfants et adultes) réagissent et à partir de quelle quantité consommée. Une allergie alimentaire survient dans l’heure qui suit l’ingestion de l’aliment et se manifeste par un ou plusieurs symptômes (urticaire, picotements dans la bouche, gonflement, etc.). Toutes les infos sur http://hug.plus/aage21

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Créée en 1971, la SENP est la société savante dédiée à la discipline de la neurologie pédiatrique la plus ancienne dans le monde. Elle regroupe quelque 150 membres. Durant les trois années à la tête de la SENP, Christian Korff aura à cœur de poursuivre le travail accompli par ses prédécesseurs. Par ailleurs, ce dernier dirige plusieurs projets de recherche dans le domaine de l’épileptologie pédiatrique et collabore activement à d’autres travaux sur ce même sujet, tant sur le plan national qu’international.

Crédits : DR, shutterstock, HUG

Par Giuseppe Costa

Avril - Juin 2021

B r è v e s

@choum est un outil développé dans le cadre d’une étude sur la surveillance de la pandémie de Covid-19. Son but ? Détecter de façon précoce les flambées de cas (clusters). Vous souhaitez participer à l’étude ? Signalez vos symptômes compatibles avec une infection au coronavirus SARS-CoV-2 via le bouton

Le Dr Christian Korff, médecin adjoint agrégé et responsable de l’Unité de neuropédiatrie des HUG, a été nommé président de la Société européenne de neurologie pédiatrique (SENP). Un honneur pour ce pédiatre et neuropédiatre FMH formé à Genève, également chargé de cours à la Faculté de médecine de l’Université de Genève.


Brèves

Combattre la sclérose en plaques Nouvelle avancée dans les recherches en lien avec la sclérose en plaques. Des chercheurs des universités de Genève, de Munich et de l’Institut technique de Munich ont découvert, chez des souris, que la destruction des synapses de la matière grise réduisait l’activité des neurones dans le cortex cérébral et constituait un facteur majeur de progression de la sclérose en plaques. Ce mécanisme est

Qualité à l’honneur Le Pr Pierre Chopard, médecinchef du Service qualité des soins des HUG et professeur associé à l’Université de Genève, a été nommé président de la nouvelle Commission fédérale de la qualité (CFQ), chargée de conseiller le Conseil fédéral en matière de qualité des soins et de sécurité des patients et patientes.

Label cantonal pour les HUG Pour leur engagement en faveur de l’emploi, les HUG ont reçu, cette année encore, le label 1 + pour tous. Cette distinction cantonale récompense les entreprises qui engagent, en contrat à durée indéterminée, des personnes sans emploi résidant dans le

Crédits : Unige, HUG, DR

Avril - Juin 2021

potentiellement réversible, notamment au travers de l’inhibition ciblée de certaines cellules immunitaires. Ces résultats, publiés dans la revue Nature Neuroscience, offrent une approche intéressante pour de nouvelles thérapies. La sclérose en plaques, maladie inflammatoire chronique du système nerveux central, touche une personne sur mille. En détruisant des cellules nerveuses dans le cerveau, elle engendre des troubles d’une intensité variable pouvant toucher la vision, la communication et les fonctions locomotrices. Pour en savoir plus : https:// www.hug.ch/actualite/combattre-sclerose-plaques-etudeoffre-approche

Avec l’entrée en vigueur le 1er avril 2021 de modifications législatives qui prévoient des mesures d’amélioration contraignantes dans le domaine de la qualité, cette commission est appelée à jouer un rôle important. La CFQ sera chargée de mettre en œuvre, avec les différents acteurs de la santé, les objectifs fixés par le Conseil fédéral tous les quatre ans. Elle devra élaborer des indicateurs de qualité, mener des programmes nationaux de promotion de la qualité et veiller à ce que la sécurité des patients et patientes soit encouragée.

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canton de Genève. Afin de favoriser ce recrutement, les HUG collaborent étroitement avec l’Office cantonal de l’emploi (OCE). Ce label hisse les HUG au rang des sociétés socialement et économiquement responsables. Tous les postes à pourvoir actuellement sont par ailleurs disponibles sur le site https://careers. smartrecruiters.com/HUG


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Notre équipe collabore étroitement avec les familles et les proches aidants de nos client(e)s, afin que ceux-ci puissent vivre le plus longtemps possible dans le confort de leur foyer. Pour cela, nous veillons à toujours affecter, aux horaires convenus, le même personnel à nos client(e)s. Appelez-nous et convenons ensemble d’un entretien-conseil sans engagement :

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Jusqu’au 30/04 La peur Exposition

À côté du Centre Nicolas Bouvier 2, ch. Petit-Bel-Air 1226 Thônex

Marie-Eve Brunner, Pascal Benoit et Alice Izzo sont trois artistes réunis à l’occasion d’une exposition collective dans le domaine de BelleIdée. Trois techniques différentes sont représentées : le collage, la photographie et l’illustration. Cette exposition en plein air, dans le parc de Belle-Idée, est accessible au public jusqu’au 31 août 2021. www.arthug.ch/exposition/ p-benoit-m-e-brunner-izzo

Crédits : Maëlle Cornut

Exposition collective Marie-Eve Brunner, Pascal Benoit, Alice Izzo Domaine de Belle-Idée

Don du sang Journée mondiale 7h30 à 15h Centre de transfusion sanguine Rue Gabrielle-Perret-Gentil 6

Jusqu’au 31/12 Alliances Maëlle Cornut Entrée du domaine de Belle-Idée 2, ch. du Petit-Bel-Air Arrêt de bus de l’Hôpital des Trois-Chêne 3, ch. du Pont-Bochet 1226 Thônex

Maëlle Cornut, artiste formée à la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD), a imaginé pour les HUG la série Alliances. Elle se compose de neuf images, chacune dotée d’une couleur différente. À appréhender de

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Donner son sang, c’est sauver des vies. À l’occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang, donnez le vôtre au Centre de transfusion sanguine. La transfusion sanguine est vitale dans les cas de leucémies, de transplantations, d’hémorragies importantes lors d’un accident, d’une opération ou d’un accouchement.

Coronavirus Selon l’évolution de l’épidémie du coronavirus (Covid-19), des événements peuvent être annulés. Retrouver les informations à jour sur www.hug-ge.ch

Avril - Juin 2021

Jusqu’au 31/08

14/06

Par Giuseppe Costa

La peur est une émotion individuelle produite dans le corps face à un danger réel ou imaginaire: la peur lors d’un accident, la peur du noir ou du loup. Dans l’histoire, elle est aussi un sentiment collectif qui peut s’emparer de toute une société et l’obliger à réagir. Des jeunes de 8 à 19 ans du canton de Genève se sont emparé∙es du sujet et lui ont donné corps au travers d’objets individuels ou collectifs, en utilisant des techniques aussi variées que la couture, le dessin, le graphisme, la peinture, le collage ou le papier mâché. https://www.unige.ch/-/peur

A g e n d a

7h30 à 19h, lundi à vendredi Salle d’exposition Uni Carl Vogt 66, bd Carl-Vogt Entrée libre

près ou de loin, ces formes colorées s’inspirent des fameuses planches à l’encre élaborées par le Dr Hermann Rorschach en 1921. Cette exposition en plein air, dans le domaine de Belle-Idée, est accessible au public jusqu’au 31 décembre 2021. www.arthug.ch/exposition/ alliances

JUIN

AVRIL

Pulsations


Pulsations

Pour en savoir plus sur… Proches aidants et maladie d’Alzheimer

En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU

L i v r e s

Avril - Juin 2021

&

W e b

À l’écoute des proches aidants

Du répit à la rêverie : approche psychique des émotions des accompagnant∙es et des soignant∙es Hélène Viennet Seli Arslan, 2020 L’équilibre familial est toujours perturbé face à la maladie ou à la démence. De nombreuses situations, des paroles d’aidant∙es et de soignant∙es, qui peuvent être démuni∙es face aux difficultés psychiques de l’entourage des patient∙es, émaillent ce livre.

La maladie d’Alzheimer : accompagnez votre proche au quotidien

Coll. Guides pratiques de l’aidant Jacques Selmès John Libbey Eurotext, 2011 Destiné aux familles et à tous ceux et celles qui accompagnent au quotidien une personne touchée par la maladie d’Alzheimer, ce guide est le fruit de plusieurs années de contact permanent auprès des malades et de leurs proches. CONTACT Tous les livres référencés sont disponibles à la Bibliothèque de l’Université, site CMU. Ils peuvent être consultés et/ou empruntés gratuitement. Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch 022 379 51 00 Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/

Je suis là : le guide indispensable pour tous ceux qui accompagnent un proche en souffrance Dre Stéphanie Marchand-Pansart Lafon, 2020 Un livre utile et bienveillant, une approche nouvelle et innovante du rôle et de la place des aidant∙es auprès de ceux et celles qu’ils et elles accompagnent.

Troubles psychiques Le mur : la maladie psychique dans la famille Ileana Winteregg Société des écrivains, 2017 L’auteure livre un témoignage saisissant de son expérience de mère d’un fils souffrant de troubles bipolaires. Digne, sincère et émouvant, un ouvrage qui brise bien des silences et des non-dits.

Le jour où ma fille est devenue folle Michael Greenberg, Pierre Guglielmina (trad.) Flammarion, 2010 Implacable chronique de l’été durant lequel la fille de l’auteur, âgée de quinze ans, a connu sa première crise maniacodépressive, un événement qui a bouleversé sa vie et celle de toute la famille. Un récit surprenant, déchirant, tout sauf sentimental, d’un père qui tente désespérément de ramener sa fille à lui.

Sucre Avec ou sans sucre ? 90 clés pour comprendre le sucre Philippe Reiser Quae, 2015 À travers l’histoire, la science et des anecdotes surprenantes, cet ouvrage nous propose de mieux connaître le sucre et les édulcorants.

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Réalité virtuelle dans les soins Se libérer des troubles anxieux par la réalité virtuelle Eric Malbos, Rodolphe Oppenheimer, Christophe Lançon Eyrolles, 2017 Conçu par une équipe de spécialistes, illustré avec des cas réels, cet ouvrage est une synthèse de référence pour découvrir, comprendre et pratiquer cette thérapie.

Médicaments Les médicaments en 100 questions François Chast Tallandier, 2016 En 100 points clés, le Pr François Chast nous éclaire sur les modes d’action des médicaments et les risques. Il décrypte des phénomènes récents et distingue les vraies avancées des fausses. Pour prendre nos médicaments en toute connaissance de cause.

Patient∙e partenaire Patient partenaire, patient expert : de l’accompagnement à l’autonomie

Coll. Sciences et Santé Hugues Lefort, Thérèse Psiuk Vuibert, 2019 L’intelligence collective autour des parcours de soins, de santé et de vie des patient∙es, autorise un raisonnement clinique d’un niveau supérieur, pour des ajustements efficients. Le·la patient∙e peut être ainsi reconnu∙e comme expert∙e. Ces enjeux sont majeurs pour les relations interpersonnelles et les systèmes de soins.


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