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Pulsations
Actu
Faire face au Covid long
DOSSIER Mieux-vivre
Dansez, c’est bon pour tout
Cerveau
Réparer… et après ?
CONCERTO L’APPLICATION POUR LES PATIENTS
Devenez acteur de votre prise en charge
Téléchargement gratuit sur App Store et Google play
Consultez l’agenda de vos soins Choisissez vos repas Découvrez le corps humain en images Et beaucoup plus encore…
Pulsations Octobre - Décembre 2021 2020
Sommaire Actualité 04 Les HUG mettent le cap sur 2025
24 Reportage Une unité pour explorer l’épilepsie
06 Faire face au Covid long
27 Vrai-faux Le froid
08 Renforcer les liens avec son bébé
28 Soins palliatifs Des soins autrement
34 Témoignage Rachida Souames : « Je ne vois plus la vie de la même façon » 36 Transplantation Greffe de moelle : le retour à domicile
37 Pédiatrie La bronchiolite 38 L’invitée Pre Claudine Burton-Jeangros, sociologue
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10 La mission du Centre cardiovasculaire 11 Oncologie : votre parole compte
30 Le portrait Pre Silvia Stringhini :
12 Rencontre Pre Laurence Genton-Graf : la nutrition à l’hôpital
« Les individus ne sont pas égaux en termes de santé »
22 L’organe Le cerveau
32 L’infographie L’hypothyroïdie
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14 DOSSIER CERVEAU
Réparer… et après ?
40 Junior Les règles 42 Mieux-vivre Danser, c’est bon pour tout 44 Brèves Agenda 48 Livres & Web Pour en savoir plus
IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/ pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 43’000 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: istockphoto, Science Photo Library, Carolina Pimenta Crédits sommaire : François Wavre | Lundi 13, Paul / Adobe Stock, Keystone, iStock
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PROCHAINES ÉDITIONS 2022 MODULES TECHNOLOGIES DE LA SANTÉ & GÉRONTECHNOLOGIES PSYCHOGÉRIATRIE & DÉMENCE SOINS PALLIATIFS NUTRITION CLINIQUE ÉDUCATION POUR LA SANTÉ & ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE SOUTIEN PROCHES AIDANTS CAS
ÉVALUATION CLINIQUE INFIRMIÈRE
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PROMOTION DE LA SANTÉ ET PRÉVENTION DANS LA COMMUNAUTÉ SANTÉ DES POPULATIONS VIEILLISSANTES
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Nouveau nom, offre éprouvée «Spitex pour la Ville et la Campagne» s’appelle désormais «Senevita Casa». Nous continuerons à fournir une assistance et des soins privés aux personnes à leur domicile. Nous serons également heureux de vous soulager, vous et vos proches.
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Prenez rendez-vous pour un entretien de conseil gratuit et sans engagement. Rue Jacques-Grosselin 8, 1227 Carouge 022 340 40 95, www.senevitacasa.ch/geneve
Pulsations
Covid long, l’autre épidémie
souffrent après plusieurs semaines ou mois. L’âge moyen est de 40 ans.
Octobre - Décembre 2021
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E d i t o r i a l
Fatigue intense, perte de goût ou de l’odorat, troubles de la concentration, essoufflement, douSurclassée par la pandéleurs musculaires et mie, la grippe ne devrait maux de tête sont pas, une nouvelle fois, les signes les plus faire la Une cette année. fréquents. Pour Normal, la saison 4 du compliquer le tableau, coronavirus, épisode ils varient fortement Delta, est en cours de d’une personne à diffusion. Et avec elle, l’autre et sont très une série dérivée, moins fluctuants. Dans médiatisée, qui fait certains cas, les effets pourtant beaucoup ont un impact fort de dégâts. Son titre ? pouvant mener Covid long. Le pitch ? à une demande à Symptômes persistants. l’assurance invalidité. Le public ? Aucun facteur Cette imprévisibilité de risque requis. Tout doublée de l’incertile monde peut être Suzy Soumaille tude liée à la durée concerné, y compris Rédactrice en chef des symptômes fait des individus jeunes en du Covid long une entité médicale pleine forme. Et cela, sans lien avec à part entière. Raison pour laquelle la sévérité de la phase aiguë de les HUG ont mis sur pied deux la maladie. consultations destinées l’une aux adultes, l’autre aux 10-18 ans (lire Une vague pouvant en cacher une notre article pages 6 et 7). autre, les séquelles à long terme du Covid-19 semblent parties pour Face à cette épidémie dans l’épidégrossir les rangs des maladies mie, que faire ? Le vaccin reste le chroniques, avec un coût social et moyen le plus sûr et efficace pour économique élevé. Selon une étude limiter les complications à court et menée aux HUG, pas moins d’un à long terme. tiers des personnes infectées en
Pulsations
Par André Koller
Octobre - Décembre 2021
A c t u a l i t é
Les HUG mettent le cap sur 2025 Le plan stratégique Vision 20+5 est lancé. François Canonica, président du Conseil d’administration, et Bertrand Levrat, directeur général, ont dévoilé en mai une impressionnante maquette des HUG en Lego où chaque quartier représente un pro gramme du nouveau plan.
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rès de 20’000 briques multi colores ont été utilisées pour représenter les idées-forces de Vision 20+5. Comme la valo risation de tous les métiers, le développement d’un travail plus mobile, la simplification administrative, l’optimisation des échanges d’informations et la création de mécanismes de résolution de problèmes agiles (lire l’infographie). Les évolutions sociétales, comme l’importance de l’inclu sion et de la lutte contre les discriminations ou la prise de conscience des changements climatiques sont également matérialisées par d’inventives constructions. « Le réchauffement planétaire, la biodiver sité, une consommation responsable ou encore une alimentation locale et de saison nous concernent toutes et tous. Le pro gramme + d’agilité et de durabilité pour répondre aux défis sociétaux a été lancé pour engager des changements institution nels et pour sensibiliser l’hôpital à ces enjeux », développe par exemple Sophie Meisser, responsable de ce programme. 4
Toucher les cœurs
Maître d’œuvre de ce nouveau plan, le Pr Antoine Geissbühler s’enthousiasme : « Les plans stratégiques tracent pour les cinq ans à venir un futur idéal et indiquent des chemins inédits pour y parvenir. Mieux. Depuis 2013 et l’arrivée de Bertrand Levrat, ce ne sont plus seulement des objectifs qui sont fixés. La vocation aujourd’hui est de toucher les cœurs, de parler aux tripes. » Quand le Pr Antoine Geissbühler reçoit, en 2014, le mandat d’élaborer le plan 20152020 (intitulé Vision 20/20), il se donne les moyens de répondre à ce nouveau défi : « Nous avons restructuré la démarche. Nous avons choisi nos batailles et nommé des chefs et cheffes de projet à plein temps. » Oser autrement
Et cela a marché. Clôturé en mai, le dernier plan a été couronné de succès. Partenariats avec les patient·es, inauguration du Centre de l’innovation, projets « Plus de temps pour les patients », sans parler des nouvelles valeurs relationnelles adoptées par les HUG… le plan stratégique Vision 20/20 a remodelé en profondeur le visage de l’hôpital. « Ce plan nous a appris à oser le changement. Maintenant, nous voulons oser autrement », appuie le Pr Geissbühler. En effet, un hôpital ne change pas de vision tous les cinq ans. Les axes structurants de Vision 20/20 demeurent : exceller avec les patients et les patientes, donner du sens à l’engagement, mieux travailler ensemble, affirmer la place des HUG dans le réseau de soins et se préparer pour le futur.
Actualité
Une vision, 7 programmes
La dimension participative s’est même élargie. Aux Automnales 2019, la population genevoise a été consultée. Et dès le début, des patient·es et des proches aidant·es ont été intégré·es dans l’équipe du projet. « Je salue ici leur énergie, leur compétence et leur investissement », souligne Antoine Geissbühler. Pour lui, cet appel plus large à l’intel ligence collective est la marque d’un changement sociétal et générationnel perceptible au plus haut niveau de l’institution : « Les chefs de département actuels pensent autrement. Ils sont davantage à l’écoute du terrain. »
Pr Antoine GEISSBÜHLER
Libérer du temps de qualité pour permettre une meilleure prise en charge des patient·es, en impliquant tous les métiers des HUG.
DE RÉACTIVITÉ pour des soins de qualité
Construire un hôpital réactif et apprenant en temps réel. Mettre en place une organi sation explicite pour la collecte et l’analyse des données.
DE COLLABORATION dans la prise en charge des patient·es
Intégrer les proches aidant·es, les patient·es référent·es et les bénévoles pour une meilleure prise en charge des patient·es.
DE RECHERCHE et d'innovation au quotidien
Améliorer l’articulation entre les missions de soins et de recherche. Valoriser la participation à la recherche clinique auprès du grand public.
DE LIEN avec la communauté
Accompagner les patient·es de l’hos pitalisation au retour à domicile. Développer des partenariats et des outils pour l'accès et la continuité des soins.
DE FLEXIBILITÉ et d’attractivité dans les métiers et modes de travail
Former et intégrer les nouveaux métiers. Faire évoluer les métiers existants et adapter les modes de travail pour mieux répondre aux attentes.
Crédit : HUG
Puissance de feu
Le Covid-19 est venu rebattre les cartes. « Durant cette pandémie, nous avons réalisé des choses dont nous ne pensions pas être capables. Nous avons pris conscience de nouveaux possibles. Vécu l’extrême de la simplification administrative et de l’autonomisation des équipes de terrain. Compris l’importance de l’information en temps réel et redécou vert la richesse des métiers non soignants. Avec eux, nous avons vécu une expérience forte de l’interdépendance, une réalité masquée en temps normal par les intermé diaires hiérarchiques. Et comme jamais, nous avons ressenti toute la puissance de feu de notre institution. Cela ne s’oublie pas. Le feu couve sous la routine retrou vée. Il a forgé ce nouveau plan… pour créer une culture d’entreprise qui donne envie de croire et montre que qu’il est vraiment possible de faire la différence », conclut le Pr Geissbühler.
D'AGILITÉ et de durabilité pour répondre aux défis
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Rendre les HUG plus agiles pour relever les défis organisationnels, économiques, environ nementaux et sociaux d’une période troublée.
Octobre - Décembre 2021
« Durant cette pandémie, nous avons réalisé des choses dont nous ne pensions pas être capables. Nous avons pris conscience de nouveaux possibles. »
DE TEMPS au service des patients
Pulsations
Illustration Bogsch & Bacco Par Elisabeth Gordon
Octobre - Décembre 2021
A c t u a l i t é
Garder espoir face au Covid long
Les HUG ont mis en place deux consultations destinées l’une aux adultes, l’autre aux 10-18 ans qui ressentent toujours les effets du Covid-19 plusieurs semaines ou mois après avoir été infectés. 6
Actualité
«J
e n’ai plus de fièvre et je suis beaucoup moins essoufflée qu’au début, mais ma fatigue est omniprésente et j’ai de la tachycardie quand je marche. » Corine, 43 ans, a été contaminée par le coronavirus en octobre dernier. Son infection est maîtrisée depuis longtemps, mais les nombreux signes de la maladie sont loin d’avoir tous disparu. C’est aussi le cas de Lidiana, une adolescente de 13 ans : « J’ai eu le Covid-19 en novembre et depuis, j’ai toujours des maux de tête et je fais souvent des malaises. » Des symptômes qui, contrairement à ce qui a parfois été insinué, n’ont rien d’imaginaire. Ils correspondent à une maladie maintenant reconnue par le monde médical, le « long Covid ».
Quant à la prise en charge, « à l’heure actuelle, elle ne consiste pas en des traitements médicamenteux spécifiques, mais plutôt en un accompagnement et une réadaptation », poursuit la médecin. Corine peut en témoigner : « Je fais de la physiothérapie, car j’ai perdu tous mes muscles. Et je suis aussi suivie par un psychiatre pour ne pas tomber en dépression. » En pédiatrie se pose aussi le problème des études. « Certains de mes patients n’ont pas pu aller à l’école pendant plusieurs mois, d’autres y sont allés à temps partiel et chez celles et ceux qui ont pu suivre tous les cours, les résultats scolaires ont souvent chuté », constate Anne Perrin. Lidiana, elle, a réussi son année. Non sans mal car, dit-elle, « mes symptômes me gênent. J’ai du mal à me concentrer à cause de mes maux de tête et quand je fais du sport, je suis plus essoufflée qu’avant ». La pédiatre prend donc soin de « communiquer avec les écoles, afin d’expliquer aux enseignants les difficultés que rencontrent leurs élèves ». Fort heureusement, à mesure que les mois passent, la plupart des symptômes ont tendance à s’estomper. « Mon état de santé va vers le mieux, il faut garder espoir », conclut Corinne.
Deux consultations spécialisées
Pour suivre et soutenir les personnes concernées, les HUG ont mis en place deux consultations Long Covid, l’une en décembre 2020 pour les adultes, l’autre en mai 2021 pour les 10-18 ans. Après avoir été adressées par leur médecin ou leur pédiatre (seuls les adultes peuvent venir de leur propre chef), les personnes font l’objet « d’un examen clinique complet qui nous permet de préciser leurs symptômes, mais aussi d’exclure d’autres maladies. Puis nous discutons des cas lors d’un colloque multidisciplinaire réunissant divers spécialistes (pneumologie, neurologie, cardiologie, maladies infectieuses, médecine interne générale, ORL, rhumatologie, psychiatrie, etc.) », explique la Dre Nehme. 7
Fatigue persistante
Plateforme interactive
Environ un tiers des personnes présentaient encore des symptômes sept à neuf mois après avoir été infectées par le coronavirus. C’est la conclusion d’équipes des HUG et de l’Université de Genève qui ont suivi 410 personnes n’ayant pas été hospitalisées. Parmi ces personnes, 20,7% étaient toujours fatiguées, près de 17% avaient perdu le goût et l’odorat, 12% étaient essouflé·es et 10% avaient des maux de tête. « Toutes les catégories d’âge sont touchées, y compris les personnes jeunes et en bonne santé », précise Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de médecine de premier recours.
Les HUG développent une plateforme inter active d’information et d’échanges sur les symptômes persistants du Covid-19. Elle s’adresse aux patients et patientes, ainsi qu'aux professionnels et professionnelles de santé pour optimiser la prise en charge des personnes souffrant de séquelles. Ce projet, financé par la Fondation privée des HUG, sera en ligne d'ici la fin de l'année.
Octobre - Décembre 2021
Comme Corine et Lidiana, de nombreuses personnes en souffrent, c’est-à-dire qu’elles ressentent toujours des effets liés au virus au moins quatre semaines – mais cela peut être plusieurs mois – après avoir contracté la maladie. Et cela « indépendamment de la sévérité de la phase aiguë de l’infection », souligne Mayssam Nehme, cheffe de clinique au Service de médecine de premier recours et responsable de la consultation Long Covid pour adultes. Parmi les symptômes les plus fréquents figurent la fatigue, la perte du goût et de l’odorat, la toux, les maux de tête et l’essoufflement. Mais il peut y en avoir bien d’autres, pulmonaires, cardiologiques, neurologiques, etc. « Ils sont similaires chez les adolescents et pré adolescents, chez lesquels on constate cependant un peu plus de douleurs abdominales », précise Anne Perrin, cheffe de clinique au Service de pédiatrie et coordinatrice de la consultation Long Covid en pédiatrie.
Pulsations
Photo Julien Grégorio Par Clémentine Fitaire
Octobre - Décembre 2021
A c t u a l i t é
Renforcer les liens avec son bébé Les unités du post-partum et de néonatologie ont inauguré en mai dernier de nouvelles chambres mères-enfants. Celles-ci facilitent la présence essentielle des familles et renforcent l’attachement entre la mère et le nouveau-né.
C’
est la concrétisation d’un projet de longue date qui a enfin vu le jour. Son objectif est d’améliorer le parcours d’une partie des quelque 500 nouveau-nés que le Service de néonatologie accueille chaque année. Jusqu’à présent, les jeunes mamans hospitalisées en Unité obstétrique post-partum, à l’étage du dessus, pouvaient rendre visite à leur enfant, mais sans dormir sur place. Quatre chambres, installées grâce au soutien de la Fondation privée des HUG, sont désormais mises à disposition des familles,
lorsque la mère est dans un état stable et que l’enfant ne nécessite pas de soins intensifs. « Le concept global est de favoriser la présence des familles, pour que la prématurité, une infection, un trop petit poids de naissance n’entraînent pas systématiquement de séparation », explique le Pr Riccardo Pfister, responsable du Service de néonatologie. Ces chambres permettent néanmoins une surveillance continue de la part des équipes soignantes et répondent à des critères de sécurité similaires aux chambres des soins intermédiaires. « Cela a été un grand défi, une collaboration interprofessionnelle et interservices, entre les équipes de néo natalogie et d’obstétrique. Des groupes de travail ont été nécessaires pour préparer l’organisation des soins, destinés à la fois aux mères nouvellement accouchées et à leur enfant », détaille le Pr Pfister. En plus de cette coordination multidisciplinaire, les parents ont été pleinement intégrés dans la pratique, afin de les rendre acteurs des soins donnés au nouveau-né et de les autonomiser pour préparer le retour à la maison. Des bienfaits avérés
Alors qu’il y a quelques décennies les parents ne mettaient pas un pied en néo natologie, leur place y est désormais plus que recommandée. « L’attachement se développe durant toute la période de la grossesse et se poursuit après la naissance. La maman reste auprès de son bébé afin de prendre soin de lui. Cela l’aide à développer ses compétences parentales », explique Bérangère Pierret, sage-femme adjointe de la responsable des soins.
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Actualité
Plusieurs études ont démontré que la stimulation des organes sensoriels du nouveau-né via le son de la voix, le « peau à peau », l’odeur du parent, le portage… constituaient des soins de soutien bénéfiques au développement du cerveau. « Ces interactions favorisent également la libération – chez l’enfant comme chez ses parents – d’ocytocine, hormone du plaisir et de l’attachement, reconnue pour ses vertus neuroprotectrices. Il y a de plus en plus de preuves indiquant que la présence du parent est favorable au développement, mais aussi à la guérison », ajoute le Pr Pfister. Pour Besmira, 27 ans, dont le fils a dû être hospitalisé en néonatologie pour une infection, être à ses côtés était une évidence : « Pour mon enfant comme pour moi, cela a été très important de ne pas être séparés. Je me serais sentie triste et mal à l’aise loin de lui, sans pouvoir lui parler, le toucher, sentir son odeur… », témoigne-t-elle. Autre bénéfice, faciliter la mise en place de l’allaitement : « Le nouveauné devrait passer la majeure partie de son temps près de sa mère. C’est une des règles d’or pour le bon démarrage de l’allaitement », conclut Bérangère Pierret. 9
Chambres familiales : pour qui ? La période de séjour dans les chambres mères-enfants dépend de l’état de santé de tous les deux (entre 2 à 5 jours pour la maman et jusqu’à 10 jours pour le nouveau-né). Dans les cas où la mère peut retourner à domicile, mais que le nouveau-né doit rester hospitalisé en néonatologie, la mère ou le père a la possibilité de rester jour et nuit auprès du bébé sous certaines conditions et en fonction des disponibilités des lits. Deux chambres hôtelières, conçues comme des mini-studios confortables avec un espace cuisine et salle de bains, sont également disponibles * pour les parents qui souhaitent prolonger leur présence auprès d’un enfant hospitalisé.
* Coût : 97 francs par nuit, repas inclus.
Octobre - Décembre 2021
La présence de la mère est favorable au développement et à la guérison du nouveau-né.
Pulsations
Faire bénéficier les patient·es des investigations diagnostiques et des traitements nécessaires dans les meilleures conditions et délais, voici la mission du Centre cardiovasculaire.
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uatre services fondateurs sont regroupés dans ce centre : la cardiologie (Pr François Mach), la chirurgie cardiovasculaire (Pr Christoph Huber), la radiologie (Pr PierreAlexandre Poletti) et l’angiologie et hémostase (Pr Marc Righini). « C’est une grande chance de pouvoir bénéficier de cette bonne entente multidisciplinaire ainsi que des échanges avec d’autres collègues en anesthésie, en soins intensifs, en réhabilitation cardiaque… », se réjouit le Pr François Mach, médecin-chef du Service de cardiologie et chef du Centre cardiovasculaire.
Une collaboration transversale qui contribue à une excellence clinique et technologique. Le centre dispose ainsi de prestations de haut niveau et d’appareils de pointe : doppler carotidien, IRM cardiaque, angiographie sélective des membres inférieurs, etc. « Nos médecins sont présents 24 heures sur 24 pour pouvoir prendre des décisions et intervenir. C’est un plateau unique à Genève », ajoute le Pr Mach. Atteint d’une hypercholestérolémie résistante aux statines, Dominique Vinci, 57 ans, a été opéré à cœur ouvert pour un triple pontage. « Dès le début, j’ai été pleinement intégré aux décisions et j’ai pu bénéficier de ce qui se fait de mieux en termes de traitements. Je me suis consciemment tourné vers un hôpital
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universitaire afin de profiter de cette prise en charge multiservices », confie-t-il. Des décisions personnalisées
Une fois par semaine, les équipes des quatre services du centre se réunissent pour évoquer les différents cas et mettre en place la stratégie la plus adaptée. « Ces décisions sont prises de manière collégiale, toujours pour trouver la meilleure prise en charge du malade », ajoute le Pr Mach. Les données collectées viennent alimenter des programmes de recherche clinique ou en sciences fondamentales et participent à développer des programmes de formation continue destinés aux spécialistes comme aux médecins de ville. Également hebdomadaires, les colloques des artériopathies périphériques, des accès vasculaires d’hémodialyse et des sténoses carotidiennes sont intégrés au Centre cardiovasculaire pour garantir la meilleure prise en charge clinique des personnes souffrant de ces pathologies vasculaires.
Crédit : iStock
Par Clémentine Fitaire
Octobre - Décembre 2021
A c t u a l i t é
« Dès le début, j’ai été pleinement intégré aux décisions »
Pulsations
Votre parole compte Les personnes suivies pour un cancer répondent toutes les semaines à des questions portant sur leur traitement oncologique et leur qualité de vie.
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A c t u a l i t é
Consultation mieux orientée « Au cours des sept derniers jours, à quelle fréquence avez-vous eu des nausées ? »
Fluidité des échanges Francis, 69 ans, est traité depuis deux ans par immunothérapie pour un cancer du poumon. Il a rendez-vous désormais toutes les six semaines pour recevoir son traitement. « C’est important que mon médecin soit bien informé, qu’il connaisse mon historique. Il y a une fluidité dans nos échanges, il me pose les bonnes questions et peut ainsi bien me prendre en charge. Comme ça lui est utile, j’en bénéficie en retour », dit-il, satisfait du suivi et de l’excellente qualité des soins dont il bénéficie aux HUG.
Par Giuseppe Costa
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e principe est simple : cliquer sur un lien, accéder à une plateforme sécurisée et répondre à un questionnaire. Le résultat est tangible : le ou la patiente enregistre directement ses symptômes. « Il n’y a ni inter médiaire ni interprétation possible. Cela favorise des soins centrés sur la personne. C’est la meilleure manière de lui donner la parole et il est démontré que cela améliore la prise en charge », s’enthousiasme le Dr Alfredo Addeo, médecin adjoint agrégé au Service d’oncologie. Depuis 2019, il propose le résultat rapporté par le ou la patiente – patient reported outcome (PRO) en anglais – avec des bénéfices indéniables dans le suivi et l’identification des besoins. Les HUG sont d’ailleurs parmi les premiers hôpitaux de Suisse à proposer le PRO de manière électronique grâce au soutien de la Fondation privée des HUG. Et la barrière numérique ne pose pas de problème. « Même les personnes âgées acceptent volontiers cette modalité. Un ordinateur, une tablette ou un smartphone suffisent. La compliance est quasi complète et les personnes qui arrêtent en cours sont rares », relève-t-il.
« Êtes-vous capable de monter et descendre les escaliers à un rythme normal ? ». Les questions portent soit sur la toxicité et les effets indésirables du traitement en cours (chimiothérapie, immunothérapie), soit sur la qualité de vie. Les patient·es y répondent chaque semaine. Ainsi, lors du rendez-vous suivant, qui a lieu généralement toutes les deux ou trois semaines, l’oncologue identifie des besoins qui pourraient autrement passer inaperçus. « La consultation est plus efficace et ciblée, car nous l’orientons en fonction des problèmes relevés. Cela améliore notre relation avec les patients », remarque le Dr Addeo. Un exemple ? « Comme une personne avait souffert de douleurs passagères pendant quelques jours, j’ai adapté le traitement de morphine entre deux séances de chimiothérapie pour éviter que cela se poursuive », répond-il. Bien sûr, en cas de problèmes graves (fièvre, fortes douleurs abdominales, etc.), la personne doit appeler sans attendre le médecin qui la suit.
Pulsations
Photo Nicolas Righetti | lundi 13 Par Clémentine Fitaire
Octobre - Décembre 2021
R e n c o n t r e
« Tout le monde peut être concerné par la dénutrition » Fil conducteur entre les différentes spécialités médicales de l’hôpital, la prise en charge nutritionnelle concerne beaucoup de patients et patientes aux profils divers. Une pluralité qui passionne la Pre Laurence Genton-Graf, à la tête de l’Unité de nutrition. Quelles sont les fonctions principales de l’Unité de nutrition ? Pre Laurence Genton-Graf C’est une unité très transversale puisque nous travaillons avec quasiment tous les types de malades. Nous mettons en place des évaluations et des traitements nutritionnels avec les diététiciens, nous apportons notre expertise lors de perte de poids involontaire importante, nous prenons en charge des patients avec une stomie (orifice dans l’abdomen), car elle peut induire une perte calorique et hydrique… nos missions sont très variées. Elles ne se limitent pas seulement à la prescription nutritionnelle, mais concernent le métabolisme en général. C’est complexe, mais c’est aussi ce qui fait la beauté de cette discipline. Nous collaborons étroitement avec les équipes de nombreux services, en partageant un but commun, celui d’améliorer le devenir du patient. C’est une vraie chance de bénéficier de cette structure pluridisciplinaire, l’une des rares en Suisse. Pulsations
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Quelle est la particularité de la nutrition clinique par rapport à d’autres spécialités ? Outre sa transversalité, le fait qu’elle soit encore parfois négligée. Jusqu’à récemment, il n’existait pas d’enseignement en nutrition clinique. La plupart des médecins n’étant pas formés dans ce domaine, certains peuvent se retrouver démunis dans leur pratique. Mais le Dr Tinh Hai Collet – médecin adjoint de l’Unité – et moimême avons participé à la création d’un cursus approfondi en nutrition clinique, validé par l’Institut suisse pour la formation (IFSM) et effectif depuis juillet 20211, ce qui pourrait en partie remédier à cette situation. La prise en charge des patients et des patientes dénutries est l’une de vos missions. Est-ce un phénomène fréquent ? Oui, en effet. Entre 20 et 30% des personnes sont dénutries à leur admission à l’hôpital. Pour établir un état de dénutrition, nous nous basons sur différents critères métaboliques (indice de masse corporelle, perte de poids, masse musculaire) et étiologiques (maladie aiguë, inflammation, apport alimentaire bas). La dénutrition est fréquemment accompagnée de déficits, isolés ou multiples, en micronutriments (vitamines, minéraux, etc.). Tout le monde peut donc être concerné ? Oui, la dénutrition touche aussi bien les personnes maigres que celles de poids normal ou en surcharge pondérale.
Rencontre
Une personne en surpoids qui a maigri, par exemple, peut tout à fait être dénutrie si sa consommation alimentaire est insuffisante pour couvrir les besoins de l’organisme. Notre but est d’apporter à tous ces patients un support nutritionnel selon la gravité de la situation, allant de simples conseils à des suppléments oraux, voire à une nutrition artificielle, afin d’améliorer la prise en charge.
Il semble que le Covid-19 pourrait entraîner une dénutrition importante. L’avez-vous constaté ? Des études indiquent en effet un lien avec la péjoration de l’état nutritionnel. C’est valable pour le Covid-19 comme pour toute maladie aiguë nécessitant une hospitalisation. On a aussi montré, en collaboration avec le Département de réhabilitation et gériatrie, que les patients atteints de Covid-19 qui étaient dénutris mettaient plus de temps à récupérer. La dénutrition s’explique notamment par la présence de fièvre et de difficultés respiratoires qui engendrent une forte dépense énergétique, à laquelle s’ajoute un apport alimentaire moindre lors des périodes symptomatiques. 1 Plus d’infos sur le site de la Société suisse de nutrition clinique : www.ssnc.ch
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Octobre - Décembre 2021
Quels sont les risques de la dénutrition ? Les conséquences sont nombreuses et parfois graves. La dénutrition augmente notamment le risque de perte de mobilité, d’infections et d’escarres, ainsi que la durée du séjour hospitalier et altère la qualité de vie. Dans certains cas, elle entraîne également une diminution de l’efficacité et de la tolérance aux traitements.
Par Laetitia Grimaldi Illustrations Bogsch & Bacco
D o s s i e r
Octobre - Décembre 2021
Pulsations
Réparer le cerveau… et après ?
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« Lors d’un phénomène aussi brutal qu’un accident vasculaire cérébral ou une rupture d’anévrisme, les premiers instants sont cruciaux, mais aussi délicats. Car lorsque le cerveau est atteint, une multitude de mécanismes s’active instantanément. Il y a parmi eux des phénomènes délétères qu’il faut rapidement pouvoir stopper, mais également des processus d’autoréparation qui sont à préserver à tout prix. Ces stratégies à l’équilibre souvent subtil relèvent d’une discipline nouvelle, la neuroprotection », explique le Pr Hervé Quintard, médecin adjoint agrégé, responsable de l’Unité de neuroréanimation.
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st-il possible de réparer le cerveau ? « Le réparer non, bien sûr, du moins pas au sens de remplacer une structure lésée par une autre, mais intervenir pour préserver un maximum les tissus sains et l’aider à se remoduler, cela oui. Et même de mieux en mieux, grâce à l’avancée des connaissances sur le cerveau et au développement incessant de nouvelles techniques », explique le Pr Armin Schnider, médecin-chef du Service de neurorééducation. Tout commence par la prise en charge, souvent dans un contexte d’urgence.
Ce rv
Traumatisme crânien, tumeur, accident vasculaire cérébral… quand le cerveau est atteint, tout l’être peut être touché. Les défis sont alors multiples : réapprendre à marcher, à parler, parfois à gérer ses émotions. Chirurgie high-tech, rééducation incluant une robotique 2.0, suivi psychologique, aide au retour à la vie professionnelle : les HUG misent sur une prise en charge multidisciplinaire alliant technologie et accompagnement au plus près de l’humain.
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Dossier
Pulsations
« Depuis une dizaine d’années, la technologie a révolutionné la prise en charge des lésions cérébrales et les progrès sont spectaculaires.» Octobre - Décembre 2021
Pr Karl Schaller
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des personnes victimes d'un AVC font ensuite une dépression.
La suite se dessine ensuite au cas par cas. « Il est rarement possible de prédire l’état de santé et de récupération d’un patient à la seule lecture des images (scanner, IRM, etc.) des zones cérébrales touchées. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte », poursuit le Pr Schnider. À commencer par ce qui se joue au bloc opératoire. « Depuis une dizaine d’années, la technologie a révolutionné la prise en charge des lésions cérébrales et les progrès sont spectaculaires », se réjouit le Pr Karl Schaller, directeur du NeuroCentre (lire en page 18) et chef du Département des neurosciences cliniques. Modélisation préopératoire, surveillance en temps réel des fonctions motrices et neurologiques, assistance high-tech par le biais de signaux visuels et acoustiques : « L’ensemble des outils à disposition, inimaginables il y a dix ou vingt ans, nous permet de nous approcher au plus près des structures à opérer tout en minimisant les dommages », indique le Pr Philippe Bijlenga, médecin adjoint agrégé au Service de neurochirurgie. À la clé, moins de risques opératoires, moins de séquelles aussi. Un long chemin à parcourir
Mais un fait demeure : après une atteinte sévère du cerveau, le chemin à parcourir peut être long. Il s’agit alors de composer avec les lésions, qu’elles soient directement ou indirectement liées à la pathologie ou l’incident survenu. C’est ainsi que peuvent apparaître des séquelles physiques, cognitives, des troubles de la mémoire, comportementaux (agressivité, perte d’empathie, etc.), mais également douleur ou fatigue. Si certains troubles sont bien connus – la dépression par exemple touche 31% des personnes victimes d’un AVC –, d’autres sont plus rares. « Certains patients rapportent des sensations émotionnelles ou olfactives décuplées. Ce genre de phénomène peut s’expliquer par la zone opérée, le système limbique par exemple, qui est notamment le siège de la régulation des émotions. De nombreuses recherches sont en cours pour mieux comprendre ces effets complexes et les limiter au maximum », indique le Pr Schaller. 16
Tout au long du parcours, le facteur « temps » est lui aussi déterminant. « Il est important de mobiliser rapidement les fonctions résiduelles et de compenser celles qui ont été perdues. Notre meilleure alliée est la plasticité neuronale, autrement dit la capacité du cerveau à se réorganiser pour apprendre et ainsi contourner une difficulté. Il n’est pas toujours envisageable de retrouver une fonction perdue, mais il est possible de développer des compétences nouvelles. Cela demande toutefois un grand investissement de la part du patient, de l’équipe interdisciplinaire et de l’entourage également. Il est souvent question des cent premiers jours. En effet, ils sont cruciaux. Mais des progrès restent possibles tout au long de la vie », conclut le Pr Schnider.
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Témoignage #1 HENRIK, 39 ans, agent administratif
« Cet AVC m’a appris à m’écouter » « J’avais seulement 37 ans, j’étais sportif et je menais une vie saine. Alors, quand les premiers troubles sont survenus, je n’ai pas imaginé une seconde que j’étais en train de faire un AVC. Et c’est pourtant ce qu’a révélé l’IRM… cinq jours plus tard. J’avais mis maux de tête, confusion et troubles visuels sur le compte de la fatigue, alors qu’un caillot était en train d’asphyxier une partie de mon cerveau. Quand je suis arrivé aux HUG, le mal était fait. J’ai été mis sous surveillance pendant trois jours. Puis j’ai commencé la rééducation à Beau-Séjour. Le suivi par l’équipe de neurologues, neuropsychologues, psychologues, physiothérapeutes, ergothérapeutes a vraiment été incroyable, mais remonter la pente a pris du temps. Je me rappelle ce jour où on m’a demandé : “3 x 6 ?”. Et là, le vide. Il ne s’est absolument rien passé dans mon cerveau. J’ai alors compris que c’était grave et que j’allais devoir me battre pour revenir. Depuis ? Ma vie a radicalement changé. Cet AVC m’a appris à m’écouter et à identifier mes besoins pour me sentir bien. J’ai peu de séquelles physiques, mais je dois composer avec un fait nouveau : la gestion chaotique des émotions par mon cerveau. Pour cela, comme pour la reprise du travail, le suivi thérapeutique que je poursuis aux HUG est extrêmement précieux. »
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Puis la neurorééducation entre en scène. « L’objectif ultime est bien sûr de viser une récupération totale des fonctions perdues, mais cela n’est pas toujours possible », note le Pr Schnider. Là encore, de nombreux paramètres sont à prendre compte : « La lésion elle-même, les interventions subies, l’état de santé physique et psychique de la personne avant l’incident, ses ressources personnelles et résiduelles ou encore son environnement familial », détaille l’expert. Et d’ajouter : « Notre objectif est d’adapter au cas par cas les thérapies proposées et viser la meilleure qualité de vie possible. » Pour y parvenir, l’arsenal thérapeutique est vaste et implique une équipe multidisciplinaire : ergothérapie, physiothérapie, neuro psychologie, logopédie ou encore robotique et réalité virtuelle. Et un curseur clé pour le personnel médico-soignant : trouver le bon dosage. « Les séquences d’entraînement proposées doivent être suffisamment poussées pour inciter les patients et les aider à progresser, sans être décourageantes pour autant. La motivation est essentielle, mais fragile, car la neurorééducation est un processus exigeant et de longue haleine », rappelle Raphaël Brost, ergothérapeute.
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Dossier
Pulsations
Zoom sur le NeuroCentre Trois questions au Pr Karl Schaller, directeur du NeuroCentre et chef du Département des neurosciences cliniques. Après des années de travail, le NeuroCentre se précise. En quoi va-t-il consister ?
Pulsations
Le NeuroCentre vise à devenir un centre d’excellence transversal au profit des patients, mais également de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement. Au vu des compétences exceptionnelles dont nous disposons à Genève, nous espérons faire du NeuroCentre une référence mondialement reconnue pour les neurosciences.
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Pr Karl Schaller
Quels en sont les piliers ?
Le NeuroCentre repose notamment sur une étroite collaboration entre les nombreux services médicaux des HUG impliqués dans le diagnostic et la prise en charge médicale et chirurgicale des patients souffrant de pathologies neurologiques. Nous allons également y inclure les partenaires extérieurs avec lesquels nous collaborons déjà activement : le Campus Biotech, l’Université de Genève, le CHUV ou encore l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). La technologie aura donc aussi une place majeure ?
C’est incontournable. La technologie concerne aujourd’hui tous les aspects de la prise en charge des troubles neurologiques, depuis les services d’urgence à la neuro réhabilitation en passant, entre autres, par la neurochirurgie. Elle offre des perspectives inouïes. Ces progrès nécessitent également des réflexions éthiques qui ont, elles aussi, leur place dans le NeuroCentre.
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Témoignage #2 AMIR, 40 ans, agent de sécurité
« Au départ, nous avons l’impression d’avancer d’un pas et de reculer de deux » « Il y a un an, ma vie a basculé. J’étais dans la rue et j’ai eu une sensation bizarre au niveau de la tête. Le malaise est devenu si fort que je me suis rendu dans un service d’urgences. Et tout s’est enchaîné : après avoir fait sur place une crise d’épilepsie, j’ai passé une IRM et on m’a diagnostiqué une tumeur au cerveau. J’ai alors été transféré aux HUG. Puis, ont suivi l'opération, les séances de chimiothérapie, de radiothérapie et la rééducation. La prise en charge a été formidable, mais cela reste une épreuve lourde. Au départ, nous avons l’impression d’avancer d’un pas et de reculer de deux. J’ai dû arrêter de travailler pendant un an. Aujourd’hui, je reprends progressivement, mais je dois composer avec un état de fatigue qui peut être écrasant. Je suis aussi devenu plus sensible, ce qui est parfois déroutant, mais plutôt bien ! J’essaye surtout d’accepter de ne pas avoir de réponse aux questions qui m’ont longtemps hanté : “Pourquoi moi ?”, “Cela était-il évitable ?”. Je ne le saurai jamais. Je revis, c’est tout ce qui compte. »
Ce rv ea u
Dossier
Langage, émotions, perception : Zoom sur retrouver ce que la stimulation cérébrale profonde nous avons perdu
« Il y a plus de trente ans, la méthode était beaucoup plus radicale, puisqu’elle reposait sur la destruction chirurgicale de certaines de ces régions, ce qui n’était pas toujours sans certaines conséquences pour les patients. Aujourd’hui, nous obtenons d’excellents résultats : l’intervention a généralement peu d’effets secondaires et atténue suffisamment les symptômes, comme les tremblements, pour permettre de diminuer, parfois même stopper, la prise de médicaments », indique le spécialiste. L’intervention reste relativement lourde et complexe et, pour la maladie de Parkinson, elle ne peut aujourd’hui être proposée qu’aux patients et patientes âgées de moins de 70 ans et ne présentant pas de déclin cognitif. « Pour les personnes plus fragiles, de nouvelles techniques, reposant sur des ultrasons, se développent et montrent des résultats également très encourageants », se réjouit le Pr Momjian.
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Directement liés à la lésion cérébrale, consécutive à l’intervention chirurgicale, au choc de l’épreuve ou à une combinaison du tout, une multitude de symptômes sont susceptibles de bouleverser les facultés mentales et cognitives. Peuvent ainsi survenir troubles du langage, de l’attention, de la perception du corps, de la mémoire ou encore du comportement. Et le plus troublant : en l’absence parfois de toute conscience du problème par la personne concernée. « Il peut être très difficile pour les patients de réaliser qu’une aptitude a disparu ou changé, car bien souvent la région cérébrale impliquée dans une fonction est aussi celle qui porte la conscience de celle-ci. Dès lors, si un aspect est modifié, l’autre l’est aussi », explique le Pr Radek Ptak, responsable du secteur neuropsychologie-logopédie du Service de neurorééducation. C’est donc un suivi multidisciplinaire au cas par cas, souvent long et parfois semé d’embûches, qui est envisagé. « Suivi neuropsychologique, logopédique ou encore entraînement sur ordinateur aident le cerveau à retrouver certaines facultés. Mais au fil du temps les progrès vont de pair avec une prise de conscience de la situation. Les patients sortent du brouillard en quelque sorte. Un soutien psychothérapeutique peut alors être proposé pour surmonter ces moments charnières, qui sont essentiels, mais douloureux », conclut le Pr Ptak.
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La technique a révolutionné la prise en charge de nombreuses personnes atteintes de mouvements anormaux, causés notamment par la maladie de Parkinson. Son principe : moduler l’activité de certains circuits cérébraux par le biais d’une stimulation électrique de haute fréquence. « Il s’agit en quelque sorte de brouiller le message dans ces régions devenues anormalement hyperactives », explique le Pr Shahan Momjian, médecin adjoint agrégé au Service de neurochirurgie. Pour ce faire, des électrodes sont introduites dans une zone profonde du cerveau, siège de ces dysfonctionnements.
Pulsations
Témoignage #3 JOSÉ, 55 ans, directeur de production dans une entreprise horlogère
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« Je marchais avant, je voulais marcher après » « Après mon AVC l’été dernier et le coma de deux semaines qui a suivi, j’ai été déconnecté de la vie réelle pendant quatre mois. En arrivant en neurorééducation à Beau-Séjour, je n’avais qu’une obsession : retrouver mon autonomie. Je marchais avant, je voulais marcher après. Et pas question de me déplacer avec un déambulateur ou faire mes courses avec un bâton nordique. Tout le côté gauche de mon corps était paralysé, alors il a fallu travailler dur pour réapprendre certains gestes, réentraîner le cerveau. Mais je pars du principe que tant que nous ne sommes pas morts, il y a des solutions à tout. La rééducation, si on est capable et motivé, peut vraiment se muer en programme digne d’un sportif de haut niveau. L’équipe soignante a été exceptionnelle, tout comme ma compagne et nos enfants, qui ne m’ont jamais lâché. Si je suis le même qu’avant ? Oui, à peu près, avec 17 kg de moins, quelques troubles de l’équilibre et une fatigue qui m’embête en fin de journée. Mais j’ai pu reprendre le travail – à temps réduit pour le moment. Et oui, un changement quand même : maintenant je cuisine ! »
La réalité virtuelle s’invite au bloc opératoire Plongée dans la salle hybride des HUG où les opérations du cerveau se déroulent désormais de plus en plus avec l’appui d’un paramètre nouveau : la réalité augmentée. Un air de science-fiction très vite occulté lors des interventions par la précision inouïe de l’équipe médicale à l’œuvre. L’un des plus fervents partisans de cette technologie 2.0, le Dr Julien Haemmerli, chef de clinique au Service de neurochirurgie, vient d’être récompensé d’un prix lors de la Journée de la recherche clinique des HUG pour ses travaux. « Nous avons mis en évidence que la réalité augmentée accroît notablement la sécurité et la précision du geste opératoire », explique le neurochirurgien. Si elle repose sur l’introduction d’objets virtuels dans un champ visuel réel – à l’instar de la vitesse s’affichant sur un parebrise de voiture par exemple –, la réalité augmentée prend une dimension spectaculaire au bloc opératoire. « Avant l’opération, nous réalisons une série de modélisations à partir des images IRM, scanner, radiographies, etc. du patient ou de la patiente. Ainsi, sa peau, son crâne, ses artères et surtout la lésion à opérer se muent sur écran en objets virtuels que nous pouvons visualiser séparément. Implémentées dans le microscope et les écrans connectés, ces images guident alors le geste opératoire tout au long de l’intervention », poursuit le spécialiste. Et la prouesse va plus loin encore : soutenue par un système de caméras, la neuronavigation s’ajuste en temps réel. « Nous parlons dès lors de réalité mixte », note le Dr Haemmerli. Une intervention plus sûre et précise, moins invasive aussi, comme le confirme l’expert : « Avec ces modélisations, nous visualisons à l’avance la trajectoire optimale de l’intervention, limitant ainsi considérablement les incisions et possibles dommages opératoires. »
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Dossier
Retrouver le chemin du travail
Témoignage #4 SYLVIE, 55 ans, assistante de direction et compagne de José
« Je me suis découvert une force que je ne connaissais pas »
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« Le jour où José est sorti du coma, j’ai vu dans ses yeux une détermination inouïe. Le déclic a été immédiat : connaissant sa force de caractère, je savais qu’il s’en sortirait. Alors, je me suis dit qu’on allait se battre ensemble, avec nos enfants, et que tout irait bien. Quinze jours plus tôt, nous étions en vacances au Portugal et il s’écroulait, victime d’un AVC. Deux semaines de coma, une trachéotomie, des lésions aux reins et aux poumons, une hémiplégie du côté gauche : la situation était critique. Mais son état s’est stabilisé et a permis qu’il soit rapatrié aux HUG. À partir de là, ses progrès ont été incessants. Je suis profondément reconnaissante au personnel médical qui a été incroyable. J’ai mis ma vie entre parenthèses et cessé de travailler plusieurs mois pour être à ses côtés et gérer le quotidien. Quand je l’encourageais, je crois que je m’encourageais moi aussi. Nous sommes ensemble depuis dix-sept ans. Cette épreuve nous a soudés plus que jamais. Elle nous a un peu changés aussi : José est devenu plus sensible et moi, je crois, plus sûre de moi. Au fil des mois, je me suis découvert une force que je ne connaissais pas. »
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L’orage est passé : retour à la maison, hôpital de jour peut-être et, pour les personnes encore en âge de travailler, une obsession souvent : reprendre l’activité professionnelle, idéalement là où elle avait été laissée. « Dans le meilleur des cas, c’est ce qui arrive. Notre mission est de tout faire pour aider les patients en ce sens. Mais malheureusement, après une atteinte cérébrale, beaucoup doivent composer avec une situation physique, cognitive, psychique qui a évolué et qui n’est pas toujours compatible avec l’exigence du monde professionnel », explique Noemi Troyon, ergothérapeute. Aux HUG, une équipe d’ergothérapeutes spécialistes en insertion professionnelle a ainsi pour mission d’évaluer les possibilités de retour à l’emploi, de proposer des séances de réentraînement, d’accompagner la reprise pas à pas et d’envisager les adaptations qui s’imposent si besoin. « Nous travaillons de concert avec l’employeur, les assurances compétentes (assurances perte de gain et AI) et assurons le suivi jusqu’à la stabilisation de la situation. Les processus peuvent être longs, mais ils en valent la peine : la reprise professionnelle est pour de nombreux patients le prérequis indispensable pour retrouver une qualité de vie satisfaisante », constate Noemi Troyon.
Par Geneviève Ruiz Illustration Lisa Nilsson
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L ’ o r g a n e
Pulsations
Il est le cockpit du corps, de même que le siège de la parole, des émotions et des pensées : le cerveau est à la base de notre personnalité. Cet organe irremplaçable est pourtant vulnérable.
LE
Expert
Pr Andreas Kleinschmidt, médecin-chef du Service de neurologie des HUG
Un réseau de câbles ultradense
Protégé par la boîte crânienne, le cerveau peut être comparé à un dense réseau câblé qui reçoit, traite et échange des informations à haute vitesse provenant du corps et de l’environnement. Il est composé d’environ 170 milliards de cellules, dont la moitié sont des neurones. Séparé en deux hémisphères connectés entre eux par une structure appelée corps calleux, il est constitué de zones spécialisées pour des fonctions précises : motricité, perception, communication ou mémoire. Les fonctions les plus complexes résultent de l’interaction entre plusieurs parties du cerveau. Irremplaçable, cet organe ne peut être transplanté : la mort du cerveau signifie celle de la personne. 22
300 ml
La quantité de liquide présent dans le cerveau, composé pour une moitié de sang et pour l’autre de liquide cérébrospinal.
1,9 million
Le nombre de neurones perdus par minute en cas d’AVC majeur, à moins d’une intervention rapide.
L’organe Lobe pariétal Lobe frontal Lobe occipital
Cervelet
Lobe temporal
Tronc cérébral
Une interface avec le monde Le cerveau est programmé pour faire survivre l’espèce grâce à ses capacités d’hypothèse, d’apprentissage, de modélisation du monde ainsi que d’anticipation des dangers et des opportunités. Si les neurosciences permettent aujourd’hui de mieux comprendre le fonctionnement des circuits neuronaux, elles se heurtent toujours à certaines limites : il n’est pas possible de saisir toutes les dimensions de la psyché humaine, même avec les appareils d’imagerie les plus sophistiqués.
Peu de capacité régénérative
Chaque jour, un être humain perd environ 10’000 neurones. Le cerveau parvient à compenser ces pertes jusqu’à l’âge de 65 ans environ. Mais son vieillissement n’est pas linéaire et varie fortement selon les individus. Deux choses sont certaines : l’être humain est capable d’apprendre toute sa vie, même si cela devient plus difficile avec l’âge. Et le mode de vie a une influence sur les capacités cérébrales. Le cerveau apprécie particulièrement l’activité physique, encore plus que les sudokus, mais beaucoup moins l’isolement social.
20%
Le pourcentage de calories nécessaire au fonctionnement du corps et utilisées par le cerveau.
5%
Le poids du cerveau par rapport à celui du corps humain, soit le pourcentage le plus élevé du règne animal.
Régulation de la douleur
Parmi les maladies les plus courantes, on peut citer les lombalgies et les migraines, qui concernent respectivement 80% et 15-20% de la population. Elles peuvent devenir chroniques et invalidantes en raison d’un dérèglement des systèmes de régulation de la douleur. Située dans le cerveau, la « tour de contrôle » continue à émettre en permanence des signaux d’alarme alors que le stimulus douloureux a disparu. L’amélioration de la qualité de vie des personnes souffrant de douleurs persistantes repose sur une approche globale : médicamenteuse, physique, psychologique et sociale. 23
AVC et troubles neurodégénératifs
La prévalence de certaines maladies graves du cerveau augmente avec l’âge. Il y a tout d’abord les accidents vasculaires cérébraux (AVC), pour lesquels les traitements aigus, comme la thrombolyse (traitement pour dissoudre le caillot) et la thrombectomie (intervention pour déboucher l’artère), ont beaucoup amélioré la prise en charge. Citons également les troubles cognitifs ou moteurs liés aux maladies neurodégénératives comme celles d’Alzheimer ou de Parkinson. Les moyens thérapeutiques restent pour l’instant limités pour ces dernières, mais de nombreuses recherches en cours sont source d’espoir.
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CERVEAU
Pulsations
Par Elisabeth Gordon Photos Nicolas Righetti | lundi13
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R e p o r t a g e
« Je me sens en sécurité ici » Dotée des technologies les plus modernes, l’Unité d’épileptologie offre aux personnes souffrant d’épilepsie, qui sont en attente d’une opération, une meilleure sécurité et un plus grand confort.
Q
uatre chambres distribuées autour d’un hall. Au fond, un local avec plusieurs écrans à l’aide desquels deux infirmières-techniciennes (lire plus loin) surveillent, 24 heures sur 24, les patients et patientes atteintes d’épilepsie et interviennent en cas de crise. Parmi les personnes souffrant de cette affection neurologique, 30 à 40 % ne répondent pas aux médicaments. « On peut alors leur proposer une intervention chirurgicale, ce qui conduit à éliminer les crises chez une grande partie d’entre elles et à en diminuer l’intensité chez les autres », précise la Pre Margitta Seeck, responsable de l’Unité d'épileptologie. Toutefois, avant d’ôter le tissu anormal du cerveau qui génère les crises, il faut localiser le foyer épileptique avec une très grande précision. L’objectif est d’augmenter l’efficacité de l’opération et de préserver les fonctions cérébrales importantes (motrices, visuelles, de mémoire, de langage, etc.). En attendant l’intervention, enfants et adultes sont donc hospitalisés une quinzaine de jours pour être soumis à toute une série d’examens dans l’Unité d’épileptologie. Nec plus ultra de l’imagerie
Cette unité a été complètement rénovée et, depuis juin dernier, le personnel soignant dispose des techniques d’imagerie les plus à la pointe, notamment en matière d’électroencéphalographie (EEG). « Alors que l’EEG standard utilise entre 25 et 38 électrodes collées sur la tête pour repérer les crises, 24
Reportage
l’EEG haute densité en a 256, ce qui augmente sa précision », explique Laurent Spinelli, physicien responsable technique de l’unité. « Nous sommes les seuls en Suisse romande à utiliser cet appareil pour nos patients », souligne la Pre Seeck. Un logiciel d'analyse a en outre été mis en place pour détecter automatiquement les crises d'épilepsie. Quant aux chambres, elles ont été dotées d’une deuxième caméra assurant aux infirmiers et infirmières une meilleure surveillance de leurs occupantes et occupants. Une innovation que Nina apprécie tout particulièrement. Cette jeune femme de 22 ans, épileptique depuis l’âge de 7 ans, avait déjà séjourné dans l’unité en novembre 2020. Mais les investigations n’ayant pas permis de localiser son foyer épileptique, elle y est retournée en juin dernier pour de nouveaux examens. « Je suis contente d’avoir maintenant deux caméras au lieu d’une devant moi. Cela me rassure, car on me voit mieux. Je me sens en sécurité ici », confie-t-elle.
Fauteuils en mousse
Autre changement : pour éviter, lors d’une crise, le risque de blessure en cas de chute, les fauteuils sont faits en mousse et de nombreux objets contondants ont été supprimés. Des « fenêtres lumineuses » ont par ailleurs été installées dans les chambres borgnes. 25
« Une fenêtre lumineuse » décore les chambres borgnes.
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Dans les chambres équipées de deux caméras, les patientes et patients se sentent en plus grande sécurité.
Pulsations
Pilotée par le Service d’ingénierie biomédicale, en collaboration avec le personnel de l’unité et divers autres services des HUG, cette rénovation assure aux équipes soignantes de meilleures conditions de travail et accroît la sécurité et le confort des patientes et patients. Nina apprécie aussi de se sentir bien entourée : « Les infirmiers et infirmières ne sont pas là uniquement pour faire des soins, ils et elles nous soutiennent. Je suis en confiance et j’ai l’espoir qu’après mon opération, ça ira mieux pour moi. »
« Nous pouvons mieux surveiller les patients »
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Charlène Chappuis et Cécile Manteaux, infirmières et techniciennes EEG, travaillent depuis plus de trois ans dans l’Unité d’épileptologie. Elles ont donc pu suivre la rénovation et ont même proposé de mettre des « fenêtres lumineuses » dans les chambres borgnes. Les travaux ont amélioré leurs conditions de travail. « Grâce à l’installation d’une deuxième caméra dans chaque chambre, nous avons maintenant plusieurs angles de vue. Nous pouvons ainsi mieux surveiller les patients et suivre en continu l’enregistrement de leur EEG, même quand ils vont aux toilettes, grâce au développement du wifi. Le nouveau matériel technique est de meilleure qualité que le précédent et, pour nous, sa manipulation est plus simple. L’EEG standard et l’EEG haute densité utilisent par exemple le même appareil, ce qui facilite notre travail. Toutes ces modifications sont de nature à améliorer la prise en charge des patients. »
Grâce à l’EEG haute densité, les médecins localisent avec précision le foyer épileptique.
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Pulsations
Le froid, bon pour la santé ?
Le froid est utile contre la douleur Vrai. Une application locale
Crédit : istockphoto
de froid sur un muscle ou une articulation réduit douleurs et inflammation, notamment en calmant les transmissions nerveuses de la douleur. Le froid améliore aussi la récupération musculaire après une forte sollicitation.
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D’un autre côté, pour les personnes en bonne santé, une exposition brève et répétée au froid (bain d’eau froide par exemple) peut renforcer le système immunitaire. Cela « entraîne » les globules blancs à être mobilisés pour lutter contre une infection. Exposer le corps entier au froid pendant quelques minutes aurait aussi des effets bénéfiques sur l’humeur et contre la dépression.
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ambiante idéale pour dormir se situe entre 16 et 19 degrés pour les adultes. Cela est plus frais que la température idéale en journée (25 degrés), mais s’il fait trop froid, le corps va enclencher des mécanismes de défense, comme les frissons, qui compliquent l’endormissement. De plus, le froid peut perturber la qualité du sommeil. Comme le corps maintient moins bien sa température lors du sommeil paradoxal, il va en réduire la durée pour atténuer la perte de chaleur.
tion prolongée au froid provoque une contraction des vaisseaux sanguins, notamment au niveau des muqueuses du système respiratoire, comme celles du nez et de la gorge. Ces zones étant moins irriguées, les cellules du système immunitaire et les anticorps y circulent moins, ce qui permet aux microorganismes de s’y développer et provoquer un rhume ou une angine. Le froid entraîne aussi une surcharge de travail pour le cœur. On constate d’ailleurs une augmentation de la mortalité cardiovasculaire (AVC, infarctus) en hiver.
Par Clément Etter
Le froid favorise le sommeil Faux. La température
Le froid peut nous rendre malades Vrai et faux. Une exposi-
V r a i / F a u x
Bénéfique ou néfaste selon la durée d’exposition, le froid a de multiples impacts sur notre corps. Les explications du Pr Marc Licker, spécialiste en anesthésieréanimation au Service d’anesthésiologie des HUG.
Des moments privilégiés loin de la maladie Par Yseult Théraulaz Photo Louis Brisset
S o i n s
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p a l l i a t i f s
Pulsations
Hypnose, massage, shiatsu et autres approches complémentaires sont proposés aux patient·es hospitalisé·es à Bellerive et à Joli-Mont. Une offre dispensée par les thérapeutes du Centre Otium, spécialisé dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer.
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Soins palliatifs
S
Oublier un peu l’hôpital
La Pre Pautex constate à quel point la venue des thérapeutes est appréciée : « Les personnes oublient qu’elles se trouvent à l’hôpital. Être traité par quelqu’un ne faisant pas partie du personnel soignant habituel et qui n’est donc pas celui ou celle qui les pique est un atout indéniable. Les thérapeutes d’Otium sont des professionnels de confiance qui ont l’habitude de travailler avec des personnes souffrant d’un cancer. » Même satisfaction de la part du personnel soignant. Cécile Antonakios, infirmière responsable d’équipe de soins à Bellerive, explique : « Je constate une détente com plète chez les patients. Les avantages sont autant psychiques que physiques. Récemment, une patiente qui avait un torticolis persistant, l’empêchant d’adopter
une posture naturelle, a bénéficié d’un massage. Après une heure, sa nuque était complètement relâchée. » Et Stéphanie Razafindranaly, infirmière responsable d’équipe de soins à Joli-Mont, de conclure : « Quel que soit l’outil utilisé, sophrologie, hypnose ou autre, l’objectif est toujours le même, offrir un moment agréable à la personne hospitalisée, loin de la maladie. Les patients retrouvent le sourire. »
Une fenêtre de normalité Caroline Matthey-Jonais s’occupe de massages, drainages lymphatiques et réflexologie à Bellerive et Joli-Mont. Elle avoue avoir ressenti une légère appréhension à l’idée de prodiguer ses soins dans une unité de soins palliatifs : « En arrivant, je me suis sentie un peu perdue dans cet environnement hospitalier. J’avais peur de déranger. Quand on parle de soins palliatifs, on a souvent une image déprimante, associée à tort à celle d’un mouroir, alors que la vie est là jusqu’au bout. C’est aussi un lieu de sérénité, loin d’un monde trop rapide. Les personnes que j’ai traitées apprécient le soulagement que je leur procure, mais aussi et surtout, cette fenêtre de normalité dans leur vie offerte par des soins que toute personne bien portante peut désirer. Sans oublier ce moment de dialogue avec une personne extérieure. » Amandine Gourmaud, esthéticienne, a elle aussi constaté un réel bénéficie tant pour les personnes hospitalisées que pour leurs proches : « Les familles sont apaisées de voir que nous prenons soin de leur mari, femme, parent… Il arrive aussi que nous prenions soin d’elles et alors, les patients sont à leur tour soulagés de voir leurs proches détendus. » Vernis à ongles, épilations et soins « qui redonnent le sourire » font partie des demandes les plus courantes. « Les journées sont longues, alors avoir un joli vernis, les jambes épilées, la peau douce, rappelle par exemple aux patientes qu’elles sont des femmes et qu’elles sont belles même à l’hôpital », conclut Amandine Gourmaud.
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éjourner dans une unité de soins palliatifs n’est pas incompatible avec des instants de détente, de jolies mains manucurées ou encore une séance de réflexologie. Bien au contraire, ces thérapies complé mentaires apportent un moment d’évasion précieux. C’est dans cette optique que, quatre demi-journées par semaine, les thérapeutes du Centre Otium font le déplacement à Bellerive et Joli-Mont pour prodiguer des soins à celles et ceux qui le souhaitent. Cette fondation, créée par Linda Kamal, a pour vocation d’améliorer la quali té de vie des personnes atteintes d’un can cer. « Une fois qu’un patient se retrouve à l’hôpital, il n’a plus accès aux soins complé mentaires comme il en avait en ambulatoire. Grâce au soutien financier de la Fondation privée des HUG, les thérapeutes d’Otium peuvent consacrer une heure entière à la personne hospitalisée. Ce service ne coûte rien aux patients », explique la Pre Sophie Pautex, médecin-cheffe au Service de méde cine palliative des HUG. Parmi les thérapies proposées, la sophrologie, la réflexologie, les massages, l’hypnose et les soins esthétiques.
p o r t r a i t
Par Geneviève Ruiz Photo François Wavre | lundi13
L e
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Pulsations
« Les individus ne sont pas égaux en termes de santé »
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Le portrait
En 2020, la Pre Silvia Stringhini, responsable de l’Unité d’épidémiologie populationnelle des HUG, a vu son travail bouleversé par la pandémie. Elle entend désormais intégrer le Covid-19 comme une nouvelle variable dans ses études.
F
Ensemble contre le Covid-19
Alors que les projets allaient démarrer au printemps 2020, l’ouragan du Covid-19 est venu les interrompre. « J’ai compris la gravité de la situation début février. Des confrères de l’étranger me racontaient la pénurie d’oxygène, les malades parqués dans les buanderies. Quand la pandémie est arrivée ici, nous avons décidé avec mes collègues d’interrompre nos activités pour contribuer à la lutte. » C’est ainsi que Silvia
2007
Master en Économie internationale à l’Université de Pavie.
2008
Master en Santé globale au Trinity College de Dublin.
2011
Doctorat en épidémiologie et santé publique de l’Université Paris-Sud et du University College de Londres. Postdoctorante à l’Institut de médecine sociale et préventive de Lausanne.
2018
Nommée responsable de l’Unité d’épidémiologie populationnelle des HUG et professeure invitée à l’Université de Toronto.
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Sur tous les fronts
Côté vie privée, l’épidémiologiste confie avoir eu de la chance de travailler au bureau alors que ses enfants de 3 et 5 ans étaient gardés. « Beaucoup de femmes ont souffert de devoir télétravailler tout en gardant leurs enfants. » De façon générale, Silvia Stringhini considère que la conciliation entre vie familiale et professionnelle n’est de loin pas un acquis dans notre société. « C’est émotionnellement difficile de ne pas être aussi présente que je le souhaiterais auprès de mes enfants. » Originaire de la région de Crémone, en Italie, elle en garde un accent chantant et une personnalité extravertie. Très médiatisée durant la pandémie, l’épidémiologiste a assumé cette visibilité avec naturel. « Je ne suis pas timide… Et ces sollicitations ont été nécessaires pour donner des informations à la population. » Malgré les souffrances, les tensions avec les politiciens – elle a fait partie de la task force scientifique de la Confédération – et le travail intense, elle souhaite en retirer du positif : « Alors qu’auparavant nous suivions des groupes de population de 1’000 personnes sur une année, nous avons réussi à réunir une cohorte de 25’000 Genevois durant la pandémie. Je leur suis extrêmement reconnaissante pour leur investissement. Je tiens également à remercier toute l’équipe de mon unité, ainsi que les HUG, sans qui tout cela n’aurait pas été possible. » D’ici quelques mois, Silvia Stringhini compte reprendre ses projets sur le suivi des enfants. « Nous ne pouvons plus nous focaliser uniquement sur le Covid-19, mais souhaitons intégrer ce paramètre dans toutes nos études. »
Octobre - Décembre 2021
in 2019, la Pre Silvia Stringhini, responsable de l’Unité d’épidémiologie populationnelle (UEP) des HUG, revient à Genève après un séjour de deux ans au Canada. Elle y avait travaillé en tant que professeure invitée de l’Université de Toronto. « J’étais impatiente de rentrer à Genève pour échanger en présentiel avec mes douze collaborateurs de l’UEP », confie-t-elle. Elle se lance alors avec enthousiasme dans des projets d’études longitudinales sur des cohortes d’enfants genevois, qu’elle souhaite suivre depuis leur vie utérine, afin de comprendre l’impact sur la santé à l’âge adulte des facteurs environnementaux des premières années de vie. Car les spécialités de la Pre Stringhini, ce sont la santé globale et les maladies non transmissibles. La motivation de celle qui dit tenir sa fibre sociale de sa mère assistante sociale et de son père actif en politique – « toujours investis dans la défense des plus démunis » –, c’est de comprendre les raisons pour lesquelles certaines populations souffrent davantage de maladies que d’autres. « Les contraintes liées au contexte de vie, à l’accès inégal à l’activité physique ou à une alimentation saine, de même que certaines conceptions culturelles, ont une influence prépondérante », assure-t-elle.
1982
Naissance à Crémone, en Italie.
Stringhini et ses équipes se sont mises à faire de « l’épidémiologie de catastrophe » : les effectifs de l’UEP ont été quintuplés, un camion d’ordinateurs mobilisé, des masques et du papier récupérés dans tous les services. « En plein confinement, nous avons mobilisé des milliers de Genevois dans nos études sur la séroprévalence du virus. Nous avons été les premiers au monde à publier un article sur ce sujet en avril 2020. »
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La thyroïde fabrique des quantités insuffisantes de T4 ou de T3 (leur taux sanguin chute).
1 Dysfonctionnement de la thyroïde
Tout au long de la vie, l’hypophyse, petite glande située à la base du crâne et productrice de l’hormone TSH (Thyroid Stimulating Hormone), stimule notamment la thyroïde qui va produire des hormones thyroïdiennes : la T4 (thyroxine), la plus abondante, et la T3 (hormone tri-iodothyronine). Celles-ci régulent la croissance, le développement et le métabolisme (utilisation d’énergie) du corps.
Un jeu d’équilibre hormonal
La proportion de femmes touchées par rapport aux hommes
x4à5
2
1
4
3
5
Thyroïde (glande de 1,5 cm environ, en forme de papillon, située à la base du cou)
Hypophyse
Expert : Dre Maria Mavromati, médecin adjointe, responsable « thyroïde » à l’Unité d’endocrinologie des HUG
Pathologie relativement fréquente, l’hypothyroïdie résulte d’une production insuffisante d’hormones par la glande thyroïde. Le plus souvent, elle est due à une maladie auto-immune. On parle alors de maladie d’Hashimoto. Dans de plus rares cas, l’hypothyroïdie n’est que transitoire.
L’hypothyroïdie
Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti | Folioart
L ’ i n f o g r a p h i e
Octobre - Décembre 2021
Phénomène inverse Il est rare, mais possible, que l’hypothyroïdie bascule en hyperthyroïdie. La thyroïde fabrique alors les hormones T4 ou T3 en excès. L’hypophyse freine sa production de TSH.
5
La thyroïde est sollicitée pour accroître sa production, mais en vain. Au fil du temps, des symptômes apparaissent.
4
Stimulation de la thyroïde
L’hypophyse augmente sa production de TSH (dont le taux sanguin augmente).
3 Réaction de l’hypophyse
L’information parvient à l’hypophyse, qui contrôle la plupart des autres glandes endocriniennes.
2 Communication à l’hypophyse
de la population souffre d’hypothyroïdie
1 %
Pulsations
33 • Ralentissement du rythme cardiaque ou « bradycardie » *
• Signes dépressifs
Dans un premier temps, le dosage de la TSH suffit. Si son taux est anormal, la T4 est quantifiée à son tour. Le dosage de la T3 n’est pas systématique. En cas de suspicion d’une maladie d’Hashimoto (pathologie induisant une destruction plus ou moins sévère de la thyroïde par l’organisme lui-même), un dosage des anticorps antithyroïdiens est nécessaire. Si des taux élevés sont constatés, le diagnostic est confirmé.
Les symptômes induits par l’hypothyroïdie étant diffus et non spécifiques, un dépistage annuel par le biais d’une prise de sang est conseillé à l’âge adulte, surtout en cas de prédispositions familiales.
• Légère prise de poids
Dépistage
• Fatigabilité à l’effort
• Troubles de la mémoire
• Frilosité
• Fatigue
Système cardiorespiratoire
Système nerveux
Un traitement est alors indiqué jusqu’à ce que la thyroïde retrouve son activité normale.
• Examen avec injection de produit de contraste. • Inflammation de la thyroïde (thyroïdite destructrice), après une infection virale ou un accouchement par exemple. • Certains médicaments (pour des pathologies cardiaques ou traitements anticancéreux, par exemple).
L’hypothyroïdie peut n’être que temporaire. Parmi les causes possibles :
* en cas d’hypothyroïdie sévère
• Sécheresse
Peau
En cas d’hypothyroïdie avérée, un seul traitement : la prise quotidienne d’hormones thyroïdiennes. Une phase d’ajustement de quelques semaines est parfois nécessaire pour trouver le bon dosage. Celui-ci dépend de la sévérité de la pathologie et du poids de la personne. Le plus souvent, le traitement est envisagé à vie.
• Diminution de la libido • Perturbation des règles • Infertilité
Système reproductif
Forme transitoire
• Courbatures
• Fatigue
• Crampes
Système musculaire
Traitement
• Constipation
Système digestif
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État général
Multiples, les symptômes de l’hypothyroïdie peuvent apparaître à des degrés divers, de façon isolée ou en s’ajoutant les uns aux autres, à tout endroit du corps ou presque.
Comment se manifeste l’hypothyroïdie ?
L’infographie
Pulsations
Par Geneviève Ruiz Photo Nicolas Schpofer
Octobre - Décembre 2021
T é m o i g n a g e
« Je ne vois plus la vie de la même façon »
En rémission d’un cancer du sein * diagnostiqué en 2017, Rachida Souames savoure plus intensément la vie qu’avant sa maladie et rêve désormais de voyages en voilier.
** Cancer Cancer du sein : principale cause de mortalité féminine féminine entre entre 40 40 et et 50 50 ans, ans, le le cancer cancer du du sein sein proprovoque voque 1’400 1’400 décès décès par par an an en en Suisse. Suisse. Pour Pour le le dépister, dépister, des des mammographies mammographies sont sont recommandées recommandées dès dès l’âge l’âge de de 50 50 ans. ans. Elles Elles permettent détectent des de tumeurs détecterde destrès tumeurs petite de taille, trèscepetite qui augmente taille, ce qui les augmente chances deles guérison. chances de guérison. Grâce au Grâce dépistage au dépistage et aux progrès et auxdes progrès traitements, des traitements, la mortalité par la mortalité cancer du par sein cancer a régulièrement du sein a régulièbaissé rement en Suisse baissé depuis en dix Suisse ans.depuis dix ans.
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Témoignage
S
Rachida Souames est une battante. Mais elle n’a pas toujours eu la vie facile. Le diagnostic de cancer du sein n’a représenté qu’une épreuve de plus pour cette mère de trois enfants, aujourd’hui adultes, qui avait auparavant vécu un
divorce douloureux. « J’ai connu des épisodes de dépression et de chômage », raconte celle qui travaille désormais comme assistante dentaire à la Croix-Rouge genevoise après avoir obtenu son CFC à l’âge de 52 ans. Une mammographie de routine
Trois ans plus tard, en 2017, elle effectue une mammographie de routine qui révèle une tache suspecte sur l’un de ses seins. « Quand j’ai vu que la gynécologue était accompagnée d’une infirmière pour me transmettre les résultats, j’ai eu un mauvais pressentiment. Mais lorsqu’elles m’ont annoncé le diagnostic, j’ai posé mes poings sur la table et j’ai simplement demandé : ‟Alors, quelle est la prochaine étape docteur ?” Je n’ai même pas pleuré. Ma première pensée a été de préserver mes enfants, à qui j’ai tardé à annoncer la nouvelle. » S’ensuivent une opération, puis trois mois de radiothérapie. L’étape la plus pénible pour Rachida Souames se révélera être l’hormonothérapie, un traitement de plusieurs années qui diminue le risque de récidive. « J’étais épuisée. Faire les courses au supermarché représentait un marathon. J’ai aussi pris du poids. C’était dur pour le moral. » Il y a quelques
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mois, son oncologue lui a proposé un autre type d’hormonothérapie qui cible uniquement les seins et les effets secondaires se sont estompés. « Je travaille désormais à 70 % et je savoure chaque instant que la vie m’offre en bonne santé. Même le plus banal, comme m’installer sur le canapé pour regarder un bon film avec mes enfants. Le cancer m’a permis de ne plus voir la vie de la même façon, je me focalise sur l’essentiel sans me prendre la tête. » Une prise en charge humaine
Lors de son suivi aux HUG, Rachida Souames s’est dite impressionnée par la rapidité de la prise en charge. « Je n’ai jamais dû attendre et les soignants sont très humains. Ils avaient toujours un mot pour me motiver. » Alors qu’elle est en traitement jusqu’en 2023 et que ses deux seins ont été préservés, elle s’estime privilégiée. Si elle a un message à faire passer aux autres femmes, c’est d’effectuer régulièrement des mammographies de dépistage. « Cela faisait cinq ans que je n’en avais pas fait lorsqu’on a découvert ma tumeur. Elle mesurait déjà quatre centimètres. Heureusement, je n’avais pas encore de métastases. On peut dire que j’ai eu de la chance dans ma malchance. »
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a passion pour la voile a débuté lors de la découverte d’un simple flyer déposé dans la salle d’attente du Centre du sein des HUG, alors qu’elle avait rendez-vous pour un contrôle. « Des cours de voile pour les femmes qui traversent un cancer du sein ? Pour moi qui adore l’eau, car j’ai grandi au bord de la mer à Casablanca, c’était tentant, alors je me suis inscrite. Ça a été une découverte extraordinaire. Vivre cette aventure avec des femmes qui sont passées par les mêmes épreuves que moi m’a beaucoup touchée », raconte Rachida Souames. Ces stages de voile sont proposés chaque année à Genève et à Lausanne par l’association r’Ose Léman. Rachida Souames y joue désormais le rôle de marraine pour accueillir les nouvelles arrivantes. Dans ce cadre, elle participera à un voyage d’une semaine en Méditerranée l’été prochain. « Je n’aurais jamais rêvé vivre cela avant ma maladie », confie-t-elle.
Pulsations
B
actéries, virus, moisissures : les risques infectieux se cachent un peu partout dans notre environnement. La plupart du temps, l’être humain cohabite très bien avec ces organismes qui restent inoffensifs. Mais après une greffe de cellules souches hématopoïétiques (communément appelée greffe de moelle) ou lors de certains traitements contre les leucémies, le système immunitaire est fortement fragilisé. Dans ces cas particuliers, le retour à la maison après une hospitalisation peut s’avérer très compliqué. Beaucoup d’habitudes de vie doivent être changées pour éviter les germes à risque. Pour faciliter cette étape, le Service d’hématologie des HUG s’est lancé dans un vaste projet d’information. Ce sont d’abord deux brochures, élaborées par les équipes soignantes en collaboration avec le Groupe d’information pour patient·es et proches (GIPP), qui ont vu le jour. « Le personnel soignant actif dans le domaine de l’hématologie oncologique a des connaissances très spécialisées. C’était l’occasion de diffuser ces savoirs sur des supports faciles d’utilisation », explique Sandy Decosterd, responsable des soins en oncologie. 36
Un appartement numérique Pour encore plus d’interactivité, de ce projet informationnel est né un site internet*. Baptisé « hemato@home », financé par la Fondation privée des HUG, il permet de découvrir tous les gestes préventifs à effectuer, pièce par pièce, voire quasiment aliment par aliment. Par exemple, dans la cuisine, il convient d’utiliser les épices en vrac avant la cuisson et non pas après. Dans le salon, le site indique qu’il faut éviter tout contact direct avec les plantes vertes et leur terre. « C’est un outil qui sert à plusieurs publics. Aux patients et patientes ainsi qu’à leurs proches, qui évitent les risques, mais aussi au personnel soignant à l’hôpital et au domicile, qui peut ainsi approfondir ses connaissances et améliorer sa pratique », conclut Sandy Decosterd. * www.hug.ch/hematologie/appartement
Crédit : HUG
Le retour à la maison est une étape délicate pour celles et ceux ayant subi une transplantation de cellules souches. Le Service d’hématologie des HUG propose une plateforme numérique pour traquer les risques infectieux à domicile. Par Aude Raimondi
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T r a n s p l a n t a t i o n
Rentrer chez soi après une greffe de moelle
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La bronchiolite, fréquente chez les bébés
Crédit : istockphoto
La bronchiolite est généralement saisonnière et les cas baissent au fur et à mesure que le mercure augmente. Le début de l’année 2021 a toutefois fait exception : « Nous avons enregistré une centaine d’hospitalisations, dont 70% en avrilmai. Non seulement nous avons eu des cas pendant
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une période inhabituelle, mais ils ont été plus sévères », poursuit la Dre Stollar. Une cause possible est la pandémie, qui a limité l’exposition des enfants pendant le confinement, d’où un report des cas plus tard dans l’année. Que les parents soient toutefois rassurés : bien qu’impressionnante, la bronchiolite – une fois guérie – ne laisse pas de séquelles. Pour aller plus loin Durant l’hospitalisation, le soutien de l’équipe médico-soignante est primordial pour accompagner les familles. Afin d’aider les parents, l’unité BBA1 proposera d’ici la fin de l'année une brochure détaillée qui aide à mieux comprendre la maladie et à réagir en temps voulu.
Octobre - Décembre 2021
Plus le bébé est jeune, plus la bronchiolite peut s’avérer sévère. Parmi les symptômes qui doivent alerter les parents : une légère fièvre, un rhume, de la toux qui s’aggrave, une respiration rapide, les côtes qui se creusent ou encore des bruits respiratoires anormaux. « L’hydratation peut aussi être difficile, le bébé ne parvenant plus à boire les quantités habituelles », précise la spécialiste.
Par Yseult Théraulaz
L
a bronchiolite est une maladie bénigne causée par un virus qui affecte les bronchioles, de petites bronches permettant à l’air de circuler dans les poumons. L’unité BBA1 de l’Hôpital des enfants, qui accueille les petites et petits jusqu’à 3 ans, est naturellement le lieu où arrivent les bébés souffrant de bronchiolite. « En hiver, un grand nombre de jeunes patients hospitalisés ici le sont à cause de cette maladie virale. Bien que l’affection soit bénigne, elle nécessite – dans 3 à 5% des cas – que l’enfant reste à l’hôpital environ quatre à cinq jours. Nous devons souvent l’oxygéner ou le réhydrater », explique la Dre Fabiola Stollar, médecin adjointe au Service de pédiatrie générale.
P é d i a t r i e
Bien que bénigne, cette maladie, qui touche les 0-24 mois, nécessite parfois une hospitalisation. Entre octobre et avril, les HUG accueillent de nombreux enfants concernés, un pic qui a duré cette année jusqu’en juin.
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Photo Nicolas Righetti | lundi 13 Par Aude Raimondi
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L ’ i n v i t é e
« Il est important d’étudier la santé dans son contexte social » Sociologue spécialisée dans la santé et la médecine à l’Université de Genève, la Pre Claudine Burton-Jeangros est une experte du risque et des inégalités sociales. Rencontre avec cette passionnée de l’humain et des parcours de vie. Vous tenez d’emblée à souligner que, malgré votre champ d’expertise, vous n’êtes pas médecin.
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questions suivantes : quelles personnes ont tendance à prendre des risques et pour quelles raisons ?
Pre Claudine Burton-Jeangros
En période de pandémie, vos questions de recherche sont-elles plus actuelles que jamais ? Il est vrai que le Covid-19 nous a donné beaucoup de pistes de réflexion. Mon travail est forcément ancré dans l’actualité, en phase avec le contexte social et culturel dans lequel nous vivons. Mais beaucoup d’autres thèmes suscitent aujourd’hui le débat, comme le dépistage du cancer du sein ou de la prostate, la
En effet, je suis sociologue et c’est très différent. Par définition, je me situe plutôt du côté de la société que des médecins. Et je pense qu’il est important d’étudier la santé avec cette position externe car, dans ma branche, nous posons les questions différemment. La médecine étudie les symptômes, les épisodes. La sociologie réfléchit aux expériences dans leur contexte social. C’est pourquoi je m’intéresse aux
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question des antennes 5G ou encore le tabagisme… Tant de questionnements qui amènent à s’interroger sur la notion de risque. À partir de quand prend-on un risque ? Est-ce que l’on se protège suffisamment ? Ma posture consiste à observer les arguments amenés dans le débat par les experts, les politiques et la population en général. Lors de la mise en place des mesures sanitaires, des réactions très polarisées ont émergé au sein de la société. Avez-vous été surprise par l’ampleur du débat ?
L’invitée
Leenaards. Quel était l’objectif de cette démarche ? Dans le domaine de l’oncologie, l’approche de « santé personnalisée » cherche à proposer des traitements sur mesure, adaptés à chaque sous-type de cancer. Cette méthode prometteuse pose toutefois des nombreuses questions sociales et éthiques. Ce projet avait pour but de réunir des citoyens de tous bords, pas nécessairement concernés par le cancer et de récolter leur avis sur ces enjeux.
Vous vous passionnez également pour les inégalités sociales en médecine. Êtes-vous en quelque sorte une justicière de la santé ?
J’ai surtout la mission de documenter ces inégalités. En Suisse, on a souvent pensé qu’il n’y avait pas de problème à ce niveau-là, car de manière globale la santé de la population s’améliore. Mais avec des écarts qui se creusent. Les chances d’être en bonne santé ne sont pas équivalentes en fonction du parcours de vie de chacun. Mon rôle est de comprendre comment ces mécanismes se construisent. En 2018, vous vous êtes lancée dans un vaste projet de forum citoyen autour de l’oncologie, soutenu par la fondation
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J’ai en tout cas été marquée par la virulence de certaines réactions. Le contexte actuel favorise les positions extrêmes, qui deviennent rapidement virales. C’est un climat particulièrement favorable aux théories du complot. Mais il ne faut pas oublier qu’une grande partie de la population a des opinions beaucoup moins polarisées. Elles sont juste moins visibles.
Quelles préoccupations principales sont ressorties de ces échanges ? Les participants ont été en mesure de donner leur avis sur des questions sociétales très variées, comme le consentement, la protection des données, les conséquences d’analyses génétiques réalisées hors d’un cadre médical, etc. Nous avons pu constater qu’il y a, dans la population, un vif intérêt pour ces thématiques qui peuvent paraître complexes au premier abord. Grâce à ce forum, les participants ont pu échanger et se forger un point de vue sur les avantages et les inconvénients liés aux approches de santé personnalisée dans le domaine de l’oncologie.
Pulsations
Par Elodie Lavigne
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J u n i o r
Illustrations PanpanCucul
C'est quoi les règles? A peu près chaque mois, la femme perd du sang, c'est ce qu'on appelle les règles (ou menstruations). Cela t'inquiète? Réjouis-toi, cela veut dire que tu grandis. Et, dans la vie d'une femme, elles sont un signe de bonne santé !
Les règles, ça sert à quoi ? L’arrivée des premières règles veut dire que le corps est prêt pour faire un bébé. Quand il n’y a pas de grossesse, autrement dit lorsque l’ovocyte (cellule reproductrice féminine) n’a pas été fécondé par un spermatozoïde (cellule reproductrice mâle), le corps évacue tout le << matériel >> qu’il avait préparé pour accueillir le bébé dans l’utérus. Voilà pourquoi on perd du sang. En partenariat avec
Experte Dre Michal Yaron, médecin adjointe agrégée, responsable de l’Unité de policlinique de gynécologie et de gynécologie pédiatrique et des adolescentes
A quel âge a-t-on ses règles pour la première fois ? Durant la puberté, le corps de la fille subit de nombreux changements (poils, développement des seins, etc.). Et, enfin, c’est l’arrivée des premières règles, en moyenne à l’âge de 12 ans et demi. Peu de temps avant, il arrive souvent que l’on grandisse d’un coup. Si à 15 ans tu n’as pas encore tes règles, il est conseillé de consulter un ou une gynécologue.
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Junior
Comment cela se passe ?
Oui, mais il faut mettre un tampon hygiénique dans le vagin et en changer régulièrement.
Est-ce que cela fait mal ? Quelques jours avant ou pendant les règles, tu peux avoir mal dans le basventre (comme des crampes) ou le bas du dos, voire dans les jambes. Il se peut aussi que tu aies mal à la tête, des boutons, que tu te sentes fatiguée, que tu sois plus sensible ou que ton humeur change. Les règles ne doivent pas gâcher ta vie ! Parles-en à ton médecin, car il y a des solutions (médicaments contre la douleur, notamment).
Est-ce que tout est normal ?
* Pour en savoir plus sur :
• les protections hygiéniques : https://www.ge.ch/document/24709/telecharger • la gestion des douleurs liées aux règles : https://www.hug.ch/sites/interhug/files/documents/ douleurs_menstruelles.pdf 41
Pour en être sûre, il est très important de noter les jours de règles dans ton agenda ou dans une application spécifique sur ton smartphone. Indique aussi ces informations : longueur des cycles, flux léger ou abondant, douleurs, maux de tête, changement de l’humeur, fatigue, etc. Chez les adolescentes, le cycle menstruel est souvent irrégulier. Au bout de deux ans, si tu n’as soudainement plus tes règles ou si les cycles durent moins de 21 jours ou plus de 45 jours, il faut le dire à ton ou ta gynécologue. Consulte également si elles durent plus de 7 jours, si tu dois changer de protection toutes les 1 à 2 heures ou si les douleurs sont intenses malgré les antidouleurs.
Octobre - Décembre 2021
Tous les 21 à 28 jours environ, un peu de sang (environ 40 ml par cycle, l’équivalent de 3 cuillères à soupe) s’écoule du vagin. Durant 2 à 7 jours, tu devras utiliser des protections hygiéniques*. Il en existe de plusieurs sortes : serviettes hygiéniques et tampons jetables, serviettes lavables, culotte et coupe menstruelles, etc. Le plus important est de te sentir à l’aise et de choisir en fonction de ton flux sanguin (début et fin de cycle, jour, nuit). Les règles, ce n’est pas sale. Pour éviter les odeurs désagréables, change régulièrement (3 à 6 fois par jour) de protection et fais une toilette intime avec de l’eau seulement (lèvres et entrée du vagin) à cette occasion. Une douche au moins une fois par jour pendant les règles est conseillée.
Est-ce qu'on peut aller à la piscine ?
Danser, le meilleur des remèdes ? Par Clémentine Fitaire
Octobre - Décembre 2021
M i e u x -v i v r e
Pulsations
Reconnexion avec son corps, coordination des mouvements, apprentissage de la rythmique, sentiment de lâcher prise… Danser a de nombreux bienfaits, sur le corps comme sur le moral. La danse fait désormais partie intégrante de la prise en charge de certaines pathologies.
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C
omme d’autres sports, la danse participe au renforcement musculaire, fait travailler l’équilibre et la souplesse, favorise la dépense calorique, améliore l’oxygénation des tissus, la capacité respiratoire ou encore le fonctionnement cardiovasculaire… Mais son véritable pouvoir, au-delà de ses bienfaits physiques, est aussi sa capacité à connecter le corps et l’esprit. Un cerveau qui danse Car il ne suffit pas d’activer ses muscles pour danser. D’autres aptitudes sont nécessaires : mémorisation d’enchaînements, respect du rythme et parfois de la cadence d’un ou une partenaire. « Il y a un constant aller-retour entre le corps et le cerveau lorsqu’on danse. La danse provoque aussi la libération d’hormones du plaisir, l’ocytocine et la dopamine, qui participent au système de récompense », explique Emmanuel Guyen, responsable physiothérapie du Service de neurorééducation des HUG.
Mieux-vivre
Danser ferait donc du bien au corps, mais aussi au moral. Des études ont d’ailleurs mis en avant son effet contre la déprime, le stress, le sentiment de défaite ou encore une mauvaise image de soi. « La danse active également la zone de la mémoire. Son utilité peut donc être importante chez les personnes concernées par un déclin cognitif », ajoute le physiothérapeute.
La danse est aussi, enfin, une belle façon de casser l’isolement. Certes, on peut danser seul, mais à deux ou en groupe, elle favorise l’intégration sociale, la communication, l’empathie ou encore la confrontation avec le regard de l’autre. Combattre la maladie « Les approches collectives – danse, yoga, taï-chi, etc. – ont un impact motivationnel important et participent davantage à l’assiduité des patients et patientes souffrant de maladies neurodégénératives que les thérapies conventionnelles, qui entraînent une certaine lassitude avec le temps », détaille Emmanuel Guyen. Revient alors rapidement, chez certains malades, une coordination des mouvements, de l’équilibre, de la mobilité… qu’ils et elles ont peu à peu perdu dans la vie quotidienne. « Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, le résultat peut être spectaculaire. Le temps d’une danse, les signes visibles de la maladie s’estompent ou disparaissent chez certains patients ! », constate le physiothérapeute, qui propose un groupe de danse hebdomadaire pour les patientes et patients du Service de neurorééducation. 43
La danse-thérapie Repartirons-nous un jour de chez le médecin avec une ordonnance prescrivant des cours de danse ? Cela se fait déjà. Et il y a fort à parier que cela se généralisera à diverses pathologies. On parle alors de « danse-thérapie », une approche qui agit sur les plans physique, cognitif, affectif et social. La danse est en effet indiquée pour réduire les symptômes de la maladie de Parkinson ou améliorer les capacités cognitives des personnes atteintes d’Alzheimer. Elle peut également être bénéfique pour lutter contre le mal de dos (lombalgies). La danse-thérapie est aussi utilisée pour améliorer l’acceptation de soi et l’appropriation de l’image du corps chez les personnes obèses ou atteintes de troubles du comportement alimentaire. Enfin, la danse pourrait également présenter des effets intéressants sur la dépression. « Pour l’instant, on n’en sait que très peu sur le fonctionnement du cerveau. C’est une interconnexion permanente entre différentes zones, dont les répercussions sur le reste de l’organisme sont vastes, et encore mystérieuses », tempère Emmanuel Guyen, responsable physiothérapie du Service de neurorééducation des HUG.
Octobre - Décembre 2021
Retrouver le plaisir Une vidéo a fait le tour d’Internet : elle montre une femme âgée, ancienne ballerine atteinte d’Alzheimer, étriquée dans un fauteuil roulant. Mais au son de la célèbre musique du Lac des Cygnes, ses mouvements se déploient et son corps parvient à retrouver la chorégraphie apprise plus d’un demi-siècle plus tôt. « La musique et la danse font revivre des sensations connues par le passé. C’est une base qui fait appel à la mémoire et réveille des zones du souvenir pour renouer avec le plaisir, redécouvrir un sentiment de liberté et de créativité », constate Emmanuel Guyen.
Pulsations
Accompagner les jeunes mamans
Afin de répondre aux exigences de la Loi fédérale sur le dossier électronique du patient (LDEP), la plateforme en ligne MonDossierMedical.ch (MDM) disparaît le 30 septembre 2021. Le canton de Genève, dans sa volonté de continuer
Quel que soit notre âge, que nous ayons une sexualité active ou non, la santé sexuelle nous concerne tous. Afin de sensibiliser à ce sujet, la brochure « Santé sexuelle, histoires d’en parler » réalisée en collaboration avec la Ville, le Canton et les institutions genevoises actives dans ce domaine a récemment été étoffée. Celle-ci
L’arrivée d’un enfant entraîne de nombreux changements dans la vie des jeunes mamans. Pour les accompagner au mieux, la Maternité des HUG propose depuis 2019 deux entretiens individuels menés avec une sagefemme. Depuis mai 2021, le dispositif a été renforcé permettant désormais de
à promouvoir la santé numérique, a participé à la fondation de l’association CARA. Celle-ci propose un dossier électronique du patient certifié selon la LDEP. Pour des raisons légales et techniques, il est impossible de transférer automatiquement votre compte MDM vers CARA. Vous pouvez par contre vous y inscrire afin de continuer à bénéficier des avantages du dossier électronique et de retrouver tous vos documents cliniques émis par les HUG. Retrouvez tous les détails sur cara.ge.ch
a été traduite dans six langues afin de s’adresser plus largement à la population. Pour illustrer de manière accessible différents cas de figure, des dessins racontant des histoires sont intégrés. Le but est de montrer que des solutions existent et que de nombreux lieux sont à disposition pour accompagner les personnes. Le document dresse également une liste des différentes associations afin de mieux orienter ces dernières. Télécharger la brochure sur hug.plus/sante-sexuellehistoires
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faire aussi les entretiens à l’Unité de santé sexuelle et planning familial et à domicile grâce à un partenariat établi avec l’Arcade sagefemmes. Le premier est réalisé pendant la grossesse et le second six à huit semaines après l’accouchement. Cet espace de parole sert à évoquer les préoccupations, prendre confiance en soi et identifier d’éventuelles difficultés pouvant mener à un baby-blues ou à une dépression post-natale. Retrouvez tous les détails sur hug.plus/entretiensperinataux
Crédits : CARA, Groupe promotion santé sexuelle, shutterstock
Par Giuseppe Costa
Octobre - Décembre 2021
B r è v e s
CARA remplace MonDossier Medical.ch
Veiller à sa santé sexuelle
Brèves
Engagement humanitaire
1980
les HUG s’engagent depuis plus de 40 ans dans partenariats, de la coopération et de l’aide au développement.
Etude sur la télémédecine Avec l’arrivée du Covid-19, la pratique de la télémédecine a fait un bond de géant. Les consultations à distance se sont multipliées et l’avis des patientes et patients est de plus en plus sollicité. L’étude Telmed, menée par le Service de cybersanté et télémédecine des HUG, est en cours jusqu’à fin octobre
Covid-19 : les motivations à se faire vacciner Les profils des personnes favorables ou opposées à leur propre vaccination contre le Covid-19 sont identifiés dans une étude des HUG. Motivés principalement par un retour à la vie normale, plus de trois quarts des personnes se disent prêtes à se faire vacciner,
Octobre - Décembre 2021
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projets financés par les HUG au cours des cinq dernières années.
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Crédits : Vectorstate, AdobeStock, Julien Gregorio
collaboratrices et collaborateurs partis en mission en 2019 et 2020.
Pour en savoir plus : www.hug.ch/ engagementhumanitaire
afin d’évaluer leurs représentations et leurs préférences à ce sujet. Le seul critère requis pour y participer, par le biais d’un court questionnaire en ligne proposé en quatre langues, est d’avoir plus de 18 ans. Un second questionnaire spécialement destiné aux parents est également proposé afin de récolter leurs impressions sur les consultations pédiatriques à distance. Pour participer à l’étude : hug.plus/telmed hug.plus/telmed-enfants
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même si la majorité hésite pour leurs enfants. Celles avec un bon niveau d’éducation, une bonne situation économique, un âge avancé ou atteintes par une maladie chronique sont les plus promptes à l’accepter. Cette étude, parue dans la revue MedRxiv, avait pour but d’investiguer les déterminants sociodémographiques et cliniques des prises de positions relatives au vaccin au sein de la population genevoise, afin de mieux comprendre les raisons de son acceptation ou de son refus.
URGENCES TROIS-CHÊNE, UN ACCUEIL RAPIDE ET EXCLUSIF AUX PERSONNES DE 75 ANS ET PLUS Pour les urgences non vitales et non chirurgicales Ouvert tous les jours de 8h à 19h
Hôpital des Trois-Chêne Chemin du Pont-Bochet 3 1226 Thônex Accueil d’urgence : 022 305 60 60
Octobre rose
Jeudi 14
Hôpital de Nyon Ch. Monastier 10 1260 Nyon « Chemo-brain et reprise d’activité »
Jeudi 21
Hôpital de La Tour Av. J.-D.-Maillard 3 1217 Meyrin « Nutrition et cancer du sein »
Programme complet sur http://hug.plus/cancersein-21
13/10 Crédits : DR
Mémoire Conférence 14h
23 au 28/11 Cité des métiers Les HUG présents ma et je : 8h30-18h me et ve : 8h30 - 20h sa et di : 9h - 18h Palexpo Route François-Peyrot 30
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Jusqu’au 31/12 Alliances Maëlle Cornut Entrée du domaine de BelleIdée 2, ch. du Petit-Bel-Air Arrêt de bus de l’Hôpital des Trois-Chêne 3, ch. du Pont-Bochet 1226 Thônex
Maëlle Cornut, artiste formée à Haute école d’art et de design de Genève (HEAD), a imaginé pour les HUG la série Alliances. www.arthug.ch/exposition/ alliances
Octobre - Décembre 2021
Auditoire de Pédiatrie des HUG Av. de la Roseraie 45 1205 Genève « Sexualité et cancer du sein »
A g e n d a
Jeudi 7
Les HUG sont présents à l’édition 2021 de la Cité des métiers. Sur un stand de 150 m2, ils font découvrir quelques-uns de leurs 180 métiers et de leurs nombreuses filières d’apprentissage. Les visiteurs peuvent ainsi par exemple se mettre dans la peau d’une sagefemme, d’un chirurgien ou d’une technicienne en radiologie et participer à des activités interactives et ludiques dans le domaine de l’innovation et de la recherche. Plus d’infos : https://cite-metiers.ch
Par Giuseppe Costa
Cancer du sein Les HUG en partenariat avec le Groupement Hospitalier de l’Ouest Lémanique (GHOL), l’Hôpital de La Tour, la Ligue genevoise contre le cancer, la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer et le Centre Otium proposent trois conférences en présentiel et en visio-conférence :
Le Centre de la mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, en collaboration avec la Ville de Vernier et le soutien du Canton de Genève, propose au seniors verniolans une conférence intitulée « Oublier n’est pas toujours une maladie », par Federica Ribaldi et Christian Chicherio, neuropsychologues et chercheurs au Centre de la mémoire des HUG. Elle sera suivie d’ateliers pratiques de prévention de la mémoire. Ces derniers se dérouleront également durant l’automne. Le nombre de places étant limité, inscription obligatoire avant le 7 octobre pour la conférence au 022 306 06 70 ou par e-mail à seniors@ vernier.ch
1218 Le Grand-Saconnex Entrée libre
DÉC.
7, 14 et 21/10
Salle du restaurant scolaire du Lignon Place du Lignon 22 1919 Le Lignon Entrée libre sur inscription
NOV.
OCT.
Pulsations
Pulsations
Pour en savoir plus sur… Le cancer du sein
En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU
L i v r e s
&
Octobre - Décembre 2021
W e b
Le grand guide du cancer du sein : du dépistage à la rémission Dr Patrick-André Chéné et Valérie Gislais-Beernaert Kiwi, 2020 Ce livre expose les connaissances indispensables sur le cancer du sein, de l’annonce de la maladie au retour à la vie normale. Il propose de nombreuses séances de support pour accompagner les patientes tout au long de la maladie, pour se préparer à chaque étape du traitement, se sentir mieux dans son corps et atténuer les éventuels effets indésirables.
Une terrible envie de vivre : se dépasser pour vaincre le cancer Anne Fagot-Campagna City, 2020 Atteinte d’un cancer du sein, l’auteure voit son quotidien bouleversé. À l’hôpital, des amitiés inattendues se développent avec d’autres patientes et de cette solidarité naît le projet de gravir les Alpes. Un an plus tard, malgré leur maladie, neuf femmes réalisent ce défi.
L’hypothyroïdie La thyroïde nous en fait voir de toutes les couleurs : hyperthyroïdie, hypothyroïdie, nodules Valérie Foussier J. Lyon, 2017 Les maladies de la thyroïde, avec toutes leurs facettes, influencent la vie sociale et nécessitent des traitements qu’il faut apprendre à maîtriser. Ce livre apporte réponses, témoignages et conseils pour vivre au mieux avec ou sans thyroïde.
L’épilepsie Anne et ses copains : quatre enfants atteints d’épilepsie Charles-Antoine Haenggeli et Christian Korff Planète Santé, 2012 À destination des enfants et de leurs familles, ce livre explique les différentes formes d’épilepsie, leur origine, les traitements et des règles à respecter dans la vie quotidienne.
100 idées pour accompagner un enfant avec épilepsie Dorothée Leunen Tom Pousse, 2017 Des pistes de réflexion, des solutions pratiques et des réponses claires pour faire en sorte que chaque enfant avec épilepsie puisse vivre pleinement sa vie.
Les menstruations CONTACT Tous les livres référencés sont disponibles à la Bibliothèque de l’Université, site CMU. Ils peuvent être consultés et/ou empruntés gratuitement. Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch 022 379 51 00 Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les règles sans jamais avoir osé le demander Martin Winckler Fleurus, 2008 Les règles font partie de la vie des femmes, mais ni l’école ni les médecins n’expliquent à quoi elles servent et ce qu’elles signifient. Ce livre répond aux questions les plus fréquentes.
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Le cerveau Pas à pas : histoire d’un accident et d’une résurrection Celine Van Till Slatkine, 2017 En été 2008, un accident de cheval faillit coûter la vie à Celine Van Till, 17 ans. Le parcours d’une jeune adulte (presque) comme les autres, qui a fait de la détermination et de la joie de vivre son credo, et qui se consacre désormais à aider les autres et à faire accepter le handicap.
L’homme qui est parti acheter du jambon, et celui qui est revenu : l’impact d’une lésion cérébrale droite Danielle Forté, Véronique Girodias et Jocelyne Lacombe Presses de l’Université du Québec, 2011 Ce livre est le récit d’un accident vasculaire cérébral. Il s’adresse aux proches d’une personne atteinte d’une lésion cérébrale droite. Il a été pensé aussi et surtout pour l’entourage de celle-ci. Dans un langage accessible, cet ouvrage offre des pistes de réflexion ainsi que des moyens concrets pour soutenir celles et ceux qui ont à composer avec un tel défi.
Les bienfaits de la danse Faites danser votre cerveau Lucy Vincent O. Jacob, 2018 La danse est une activité qui permet de booster son corps, mais aussi son cerveau. L’auteure nous explique ici en quoi la coordination de mouvements complexes au rythme de la musique stimule nos connexions cérébrales, tout en préservant notre santé et en renforçant l’estime de soi.
JE ME VACCINE CONTRE LE COVID-19 Dre Christiane Eberhardt, médecin adjointe au centre de vaccinologie. « Nous sommes privilégiés d’avoir accès aux vaccins les plus efficaces. Ils protègent de la maladie et diminuent le risque de transmettre le virus à notre entourage.»
INSCRIPTIONS POUR LA VACCINATION www.ge.ch/c/covid19-vaccin
GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS
AU G M E N T E R LE BI EN - Ê T R E D U PAT I E N T Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.
AMÉLIORER LA QUA L I T É DES SOINS Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.
FAVO R I S E R L A R E C H E RC H E MÉ DI C A L E Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.
L’EXCELLENCE MÉDICALE POUR VOUS, GRÂCE À VOUS.
Pour faire un don : www.fondationhug.org IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0 T +41 22 372 56 20 Email : fondation.hug@hcuge.ch