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Pulsations
Reportage
Rencontre avec les services d’accueil
DOSSIER L’organe
Le cœur
Seniors
Les défis de la médecine de l’âgé·e
FILOU VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ LILIANE DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES
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Pulsations Janvier - Mars 2022
Sommaire Actualité 04 Accordons-nous sur les directives anticipées 07 Répondants pour la vie 08 Soigner au-delà du handicap
22 L’organe Le cœur
32 Reportage Rencontre avec les services d’accueil
24 L’invitée Véronique Petoud, déléguée cantonale aux proches aidant·es
35 Vrai-faux L’asthme
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10 Covid-19 et immunité 11 Nouveau dossier électronique 12 Rencontre Pr Stéphane Sizonenko : favoriser le lien mère-enfant
28 Témoignage Matthieu Larraz : « Je peux enfin prétendre à une vie normale » 30 L’infographie L’arthrose
« Le médecin est au service de la société » 40 Junior L’anesthésie
36 Consultation VIH et sexualité
26 Troubles « dys » Répercussions sur le quotidien
38 Le portrait Pr Yves Jackson :
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14 DOSSIER SENIORS
Les défis de la médecine de l’âgé·e
42 Mieux-vivre La ménopause 44 Brèves Agenda 48 Livres & Web Pour en savoir plus
IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/ pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 41 500 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: istockphoto, Science Photo Library, AdobeStock Crédits sommaire : Nicolas Righetti | Lundi 13, istockphoto
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Depuis 35 ans en Suisse et plus de 20 ans dans le canton de Genève. Nous proposons une gamme complète de prestations permettant le maintien à domicile :
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Pulsations
Handicap : des soins sur mesure
Janvier - Mars 2022
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E d i t o r i a l
procédure d’accueil simplifiée avec un formulaire d’admission, complété au préalable par les aidants, familiaux ou professionnels. Quelle est la meilleure manière d’entrer en contact avec la Face à un ou une personne ? Comment patiente présentant une réagit-elle à la doudéficience intellectuelle, leur, à la peur ou au des troubles autistiques bruit ? A-t-elle un ou encore un polyhandirituel pour dormir ? cap, l’improvisation n’a Les nombreuses pas sa place. La perinformations transsonne concernée n’est mises aident à souvent pas en capacité décoder le fonctiond’exprimer ses pronement de la perblèmes de santé ou ses sonne et donnent besoins. Elle nécessite des clefs pour comvéritablement des soins muniquer qui facilitent à la fois particuliers et beaucoup sa prise spécialisés, qui intègrent en charge. Cette son réseau aidant. approche individualiSuzy Soumaille sée réduit le stress Pour pallier la connaisRédactrice en chef des patients et sance insuffisante des patientes tout en guidant l’action spécificités de prise en charge et attentive et bienveillante de l’équipe d’accompagnement des personnes médico-soignante. en situation de handicap, les HUG ont mis en place un programme L’objectif aujourd’hui est de mainteambitieux depuis 2012 (lire en pages nir le fil rouge entre les habitudes de 8-9). Cette démarche d’amélioration vie de la personne en situation de inclusive repose sur la sensibilisation handicap et son parcours à l’hôpital de l’ensemble du personnel de dans tous les domaines de soins. Une santé, la formation et la promotion communication efficace, incluant la des bonnes pratiques. famille ou l’institution dans laquelle elle réside, est l’une des clefs pour Ainsi, le Service des urgences y parvenir. a été le premier à bénéficier d’une
Pulsations
Accordons-nous…
Par André Koller Photo Julien Gregorio
Janvier - Mars 2022
A c t u a l i t é
pour mieux anticiper les soins Pour se comprendre quand la communication n’est plus possible, il faut prévoir. Les HUG ont lancé fin 2021 un module, intégré dans l'application Concerto, qui facilite la rédaction de directives anticipées et promeut le dialogue autour du projet de soins.
L
uca, 32 ans, est dans le coma. Victime d’un accident de la circulation, il souffre de lésions graves et irréversibles au cerveau. S’il survit, il sera totalement dépendant de son entourage pour toutes les activités de la vie quotidienne. Georgette, 83 ans, atteinte d’une démence sénile débutante, a perdu sa capacité de discernement. Hospitalisée pour une pneumonie, elle manque d’oxygène. La respiration artificielle pourrait être le seul moyen de la garder en vie*.
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Dilemme. Luca veut-il vivre, sachant qu’il a perdu son autonomie ? Georgette souhaite-t-elle recevoir une respiration artificielle ? Des questions fondamentales auxquelles personne n'a de réponse. Car Luca et Georgette n'en ont pas parlé avec leurs proches ni rédigé de directives anticipées. Et n’ont pas abordé ces questions avec leur entourage. S’ils l’avaient fait, proches et équipes médico-soignantes pourraient prendre des décisions thérapeutiques en accord avec leurs valeurs et leurs préférences.
Actualité Optimiser le dialogue
C’est l’objectif du nouveau module Accordons-nous des HUG : aider, concrètement, les utilisateurs et utilisatrices à rédiger des directives anticipées précises et créer des conditions favorables pour susciter un dialogue informé avec les proches et le personnel de santé. « Intégré dans l’application gratuite Concerto, qui permet aux personnes hospitalisées aux HUG de devenir actrices de leur prise en charge, Accordons-nous aborde l’anticipation des soins sous tous ses angles : médical, éthique, juridique, culturel et pratique. De plus, un jeu de cartes peut être téléchargé et imprimé à domicile. Baptisé Anticip’action, il a été développé avec des infirmières des HUG pour aider les gens à fixer leurs priorités. C’est donc aussi un formidable outil pour optimiser la discussion avec les équipes médico-soignantes », s’enthousiasme Christine Clavien, éthicienne à la Faculté de médecine, initiatrice et co-cheffe de ce projet.
exemple qu’ils ne veulent pas d’acharnement thérapeutique. C’est une notion relative : le caractère approprié ou non des soins peut être perçu très différemment par les patients, les proches et les professionnels de santé », rappelle le Dr Thomas Fassier, médecin adjoint au Service de médecine interne de l’âgé et co-chef de projet. Pour changer la donne, les HUG adoptent la nouvelle approche du Projet de soins anticipé. « L’anticipation des soins est désormais comprise comme un dialogue actif, précoce et continu entre patients, proches et professionnels pour des objectifs de soins personnalisés plus évolutifs. Accordons-nous constitue un atout important dans cette dynamique », conclut le Dr Thomas Fassier. * Scénarii fictifs.
Le module comporte trois parties. « Je m’informe » répond aux questions générales. « J’en parle » fournit des conseils pour briser la glace et dialoguer avec l’entourage. Tandis que « J’écris » guide la rédaction des directives anticipées… qu’il faut imprimer, signer et amener à son médecin. Une section permet aussi de transmettre des informations biographiques. « C’est important. Les soignants développent naturellement plus d’empathie envers des patients et patientes qui ont des préférences, des rêves et des peurs. C’est plus engageant que de soigner juste un corps », souligne Christine Clavien. Encourager une nouvelle approche
Fruit d’un travail interprofessionnel de plus de deux ans, Accordons-nous s’inscrit dans une dynamique plus vaste, partie d’un constat simple : la promotion de l’anticipation des soins ne répond pas aujourd’hui aux attentes des autorités sanitaires. C’est un problème mondial. Trop peu de dossiers médicaux comportent des directives anticipées. « Et quand elles existent, elles sont rarement précises. Les gens écrivent par
Téléchargement gratuit de l’application Concerto sur Apple Store et Google Play Store.
Making-of Tout a commencé par un master supervisé par Christine Clavien, éthicienne à la Faculté de médecine : « Avec deux étudiantes, nous avons créé une équipe pour le Hackathon 2019, organisé par le Centre de l’innovation des HUG. » Leur projet, baptisé ACCORDs, remporte un prix et obtient un financement de la Fondation privée des HUG. « Nous avons travaillé ensuite avec un comité pluridisciplinaire composé de médecins, infirmières, patients partenaires, éthiciennes et juristes. L’outil a été développé avec le service informatique des HUG et testé auprès de quelque 400 personnes. Nous analysons encore ces retours. Ce travail sera terminé en 2022 », annonce Céline Schöpfer, assistante de recherche sur le projet Accordons-nous.
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Susciter de l’empathie
URGENCES TROIS-CHÊNE, UN ACCUEIL RAPIDE ET EXCLUSIF AUX PERSONNES DE 75 ANS ET PLUS Pour les urgences non vitales et non chirurgicales Ouvert tous les jours de 8h à 19h
Hôpital des Trois-Chêne Chemin du Pont-Bochet 3 1226 Thônex Accueil d’urgence : 022 305 60 60
Pulsations
Répondants pour la vie
« En 2020, 176 alarmes ont été envoyées et, dans 69% des cas, les premiers répondants sont arrivés avant les secours. Le temps qui s’écoule entre la syncope et la pratique d’un massage cardiaque est déterminant pour la survie. Commencer à masser ne serait-ce qu’une ou deux minutes avant l’arrivée de l’équipe médicale peut vraiment faire la différence », poursuit le spécialiste. Le Dr Larribau aimerait que le nombre de premiers répondants atteigne les 5000 personnes et que celui des défibrillateurs publics augmente aussi, bien qu’il ait déjà triplé depuis la mise en fonction du réseau « Save a life ».
Crédit : shutterstock
POUR EN SAVOIR PLUS www.save-a-life.ch
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our sauver une personne qui vient de faire un arrêt cardiaque, il faut que les secours arrivent en moins de six minutes… Passé ce délai, la personne est vouée à une mort certaine et, après quatre minutes déjà, elle souffrira de lésions neurologiques graves. Chaque minute compte pour éviter une issue tragique. Raison pour laquelle le réseau « Save a life » a été mis en place à Genève en octobre 2019. « Il est constitué d’environ 1500 bénévoles qui ont suivi une demi-journée de formation en réanimation cardiaque et passé un examen pratique. Une fois leurs aptitudes vérifiées par l’association Save a life, ces premiers répondants téléchargent une application. En cas d’urgence, la centrale du 144 leur envoie une alerte leur demandant s’ils sont prêts à intervenir dans la zone géographique
Par Esther Rich
concernée. Si c’est le cas, ils le font savoir via l’application et nous pouvons alors les géolocaliser », explique le Dr Robert Larribau, responsable des urgences santé 144. Les premiers répondants les plus proches sont envoyés à l’adresse de la personne en difficulté et, le cas échéant, ils sont avertis de la présence d’un défibrillateur public à proximité du lieu de l’intervention.
A c t u a l i t é
Pas moins de 1 500 bénévoles sont mobilisables pour pratiquer une réanimation cardiaque en attendant l’arrivée des secours. Ce réseau, mis en place en 2019, a fait ses preuves.
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Par Lætitia Grimaldi Illustration Alexandre Baumgartner
Janvier - Mars 2022
A c t u a l i t é
Soigner au-delà du handicap
S’adressant aux patients et patientes en situation de handicap physique, mental ou encore sensoriel, le Programme handicap* des HUG vise une prise en charge optimisée, aux urgences comme lors des hospitalisations ou des soins ambulatoires. * www.hug.ch/programme-handicap
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T
out est parti d’une discussion entre collègues soignants dans les couloirs des HUG. Nous sommes alors en 2012 et l’idée d’une prise en charge adaptée pour les personnes en situation de handicap se mue rapidement en évidence. Sous l’impulsion du Pr Arnaud Perrier, aujourd’hui directeur médical, les initiatives se multiplient, à commencer par la mobilisation d’une équipe : groupe de travail pour identifier les besoins prioritaires, création d’un poste de médecin référent handicap, puis d’une infirmière de liaison et de soignants ou de soignantes référentes dans divers services.
Actualité
Ce qui était un projet intégré au plan stratégique de l’hôpital, soutenu par la Fondation privée des HUG, devient un programme à part entière en 2019. Procédure d’accueil simplifiée
Maintenir un « fil rouge »
Et tout est fait pour que ce statut se prolonge bien au-delà des urgences : « En cas d’hospitalisation comme de soins ambulatoires, notre but est de maintenir un “ fil rouge ” entre les habitudes de vie de la personne et son parcours à l’hôpital. Cela passe par une communication la plus efficiente possible, en incluant les proches, tuteurs, représentants thérapeutiques, etc. Mais également par une optimisation du programme d’examens ou encore par des visites régulières en cas d’hospitalisation pour veiller à la prise en compte des besoins propres à la personne », détaille Isabelle Royannez, case manager référente pour le handicap. Le Programme handicap se décline également en une consultation « Handiconsult » et en un vaste réseau avec les partenaires sociaux et de santé extérieurs. La pédiatrie œuvre elle aussi pour une prise en charge optimisée en cas de handicap. Si
Les défis à venir ? « Étendre la formation des soignants pour multiplier les référents dans un maximum d’unités et de services », résume la Dre Héritier. Et de garder en tête cette détermination, devenue leitmotiv, du Pr Perrier : « Quand on sait prendre en charge les personnes qui ont le plus de difficultés, on prend mieux en charge toutes les autres. Un tel programme nous rend collectivement meilleurs. » Témoignage
« Une attitude particulièrement bienveillante et délicate » « J’ai découvert le Programme handicap des HUG lorsque mon fils a été conduit aux urgences en octobre dernier. Je ne peux que saluer l’accueil qui lui a été réservé. Installation dans un box individuel dès son arrivée, visite de l’équipe soignante, examens et mise en place du traitement dans la foulée : la prise en charge a été excellente. FrançoisXavier a 37 ans, il est polyhandicapé, mutique et présente des troubles du spectre autistique. Son profil rend difficile le quotidien, mais plus encore ces situations mêlant douleur et appréhension. Je suis d’autant plus reconnaissant aux HUG que l’efficacité de la prise en charge médicale a été doublée d’une attitude particulièrement bienveillante et délicate à l’égard de mon fils. » Hervé, 70 ans, retraité
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Aujourd’hui, les mesures sont concrètes et se glissent à toutes les étapes de la prise en charge. À commencer par les urgences : les personnes présentant un handicap bénéficient d'une procédure d'accueil simplifiée. Sont ainsi prévues installation rapide dans un box individuel, attente réduite ou encore fiche d’admission préalable rassemblant une multitude de renseignements (données médicales, nature du handicap, indications sur les aptitudes à communiquer, besoins spécifiques, etc.). Autant d’éléments visant à réduire le stress des patients et patientes mais également à guider l’équipe soignante pour une prise en charge la plus confortable possible. « Aux urgences, ces patients sont nos VIP : nous veillons à une approche individualisée, quelle que soit la situation, car les personnes en situation de handicap nécessitent des soins complexes que nous devons appréhender dans leur globalité », confie la médecin référente Handicap, par ailleurs médecin adjointe neurologue, la Dre Anne-Chantal Héritier.
les démarches découlent pour une large part du Projet CHANGE (CoordinationHAndicap-Neuropédiatrie-GEnève), elles sont également en lien avec le Programme handicap lui-même. « Nous partageons certains outils, comme la fiche d’admission spécifique. Celle-ci est précieuse pour donner une “ photo ” de l’enfant à son arrivée aux urgences, ajuster les interactions, éviter de potentielles maladresses. Certains enfants atteints de troubles autistiques ne supportent pas le bruit ou le contact physique, par exemple. Nous avons mis en place des protocoles spécifiques pour limiter au maximum les sources de stress inhérentes aux soins », indique Laurent Jardinier, infirmier référent du projet CHANGE.
Pulsations
L
a pandémie de Covid-19 a mis sur le devant de la scène l’un des systèmes centraux du corps humain, chargé d’en assurer sa survie : le système immunitaire. Comment notre organisme se défend-il contre les agents infectieux et en particulier contre le Covid-19 ? « Il y a deux axes d’immunité. Le premier, très rapide, se met en place dans les minutes et heures suivant l’infection ou le vaccin. Cette réaction innée du système immunitaire active les mécanismes de l’inflammation, à l’origine de la fièvre, d’une perte d’appétit, de maux de tête, etc. Elle prépare une réponse immunitaire spécifique à l’agent responsable de l’infection », répond la Dre Christiane Eberhardt, médecin adjointe au Centre de vaccinologie. Cette réponse adaptative, qui intervient dans un second temps, se traduit, entre autres, par l’activation des lymphocytes, dont il existe deux types. Les lymphocytes T se chargent par exemple de tuer les cellules infectées, tandis que les lymphocytes B s’occupent de produire des anticorps spécifiques. Après l’infection ou la
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vaccination, ils persistent comme cellules « mémoire », qui s’activent et se multiplient très rapidement lors d’une réinfection ou d’un rappel vaccinal. L’immunité locale, cette inconnue
Comment savoir si notre organisme est protégé face au Covid-19? Il reste difficile de répondre à cette question, explique la Dre Eberhardt : « Il est possible de mesurer, dans le sang, le taux d’anticorps spécifiques. Ils sont la preuve, telle une cicatrice, que l’on a été infecté ou vacciné. Certains d’entre eux peuvent neutraliser le virus, soit l’empêcher d’entrer dans nos cellules et de nous infecter. Quant aux cellules T, elles jouent probablement davantage un rôle dans la protection contre une maladie sévère une fois que nous sommes infectés et sont moins sensibles aux différences entre les variants. » Mais cela ne reflète pas forcément ce qui se passe localement dans nos muqueuses. Pour connaître notre immunité locale – qui protège d’être porteur ou porteuse du virus ou de le transmettre –, il faudrait mesurer les anticorps et les cellules spécifiques présents à l’endroit même de l’infection, dans les voies respiratoires. « Or nous ne savons pas trop le faire à large échelle », explique la spécialiste. C’est pourquoi le vaccin – en plus des gestes barrière – reste la seule arme de prévention contre le Covid-19. « Il permet d’éviter les formes graves, mais pas d’éradiquer la maladie. Nous devons vivre avec », conclut la Dre Eberhardt.
Crédit : istockphoto
À l’heure de la troisième dose, la Dre Christiane Eberhardt, médecin adjointe au Centre de vaccinologie des HUG, fait le point sur la capacité de l’organisme à se défendre contre les infections. Par Elodie Lavigne
Janvier - Mars 2022
A c t u a l i t é
Le Covid-19 défie l’immunité
Pulsations
Une plateforme pour vos données médicales
Pour en savoir plus Informations : cara.ge.ch Demande de rendez-vous aux HUG : cara.hug@hcuge.ch ou 022 372 26 50
Plus besoin de demander des copies papier de ses résultats d’analyses, tout est accessible sur la plateforme sécurisée. Et ce n’est pas le seul avantage de CARA. « Par le passé, seuls le patient et les soignants pouvaient accéder au DEP. Désormais, le patient peut accorder l’accès
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Une personne hospitalisée aux HUG qui souhaite consulter un ou une experte dans un autre canton peut autoriser la ou le futur soignant à avoir accès à son dossier électronique. « En passant en mains fédérales, le DEP permet à tous les professionnels de la santé, qu’ils soient établis ou non dans un des cinq cantons romands, d’avoir accès aux informations du patient. »
Pour s’inscrire, les démarches sont possibles en ligne, mais il faut faire valider son identifiant (GenèveID) dans l’un des deux bureaux ouverts à cette fin aux HUG. À noter que les détenteurs et détentrices de MonDossierMedical.ch doivent également faire les démarches pour être sur la nouvelle plateforme. « Tout ce qui est présent sur l’ancienne va y rester jusqu’à fin 2022 et sera ensuite publié sur CARA dès que le patient aura ouvert son nouveau dossier », précise la spécialiste.
A c t u a l i t é
L
e dossier électronique des patients (DEP) CARA remplace MonDossierMedical.ch. « Ce dernier se limitait aux soins prodigués dans le canton de Genève, tandis que CARA est commun aux cantons de Genève, Vaud, Jura, Fribourg et Valais et suit les prescriptions de la loi fédérale en la matière », explique Corrèze Lecygne, cheffe de projet et responsable d’équipe au Service de télémédecine et cybersanté des HUG.
à d’autres personnes. CARA est une sorte de coffre-fort que l’on peut ouvrir avec plusieurs clefs. » Par exemple, les enfants d’une personne âgée peuvent bénéficier d’un accès au dossier de celle-ci pour autant qu’elle les y autorise.
Par Yseult Théraulaz Illustration Dévrig Plichon
CARA est le nouveau dossier électronique mis en place par le canton de Genève pour centraliser les informations et données concernant votre santé. Pour en bénéficier, il vous suffit de vous inscrire.
Pulsations
Photo Nicolas Righetti | lundi 13 Par Clémentine Fitaire
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R e n c o n t r e
« L’implication des parents est fondamentale » En emménageant dans la Maternité, l’Unité hospi talière du développement favorise la proximité mèreenfant. Une évolution dont se félicite le Pr Stéphane Sizonenko, médecin adjoint agrégé au Service développe ment et croissance. Pourquoi était-ce important de rapprocher le Service de développement et croissance de la Maternité ? Pr Stéphane Sizonenko Ce service est en charge des nouveau-nés qui ne nécessitent pas d’hospitalisation en néonatalogie. Le rapprochement de l’Unité hospitalière du développement et de la Maternité a donc permis de maintenir une continuité du lieu de soin. Surtout, cela assure aux parents de meilleures conditions, y compris de pouvoir dormir auprès de leur bébé, tout en facilitant la prise en charge de ce dernier. À la différence de la néonatalogie, nous sommes moins là pour soigner des problèmes somatiques aigus que pour soutenir la croissance et le développement du nourrisson. Pulsations
Comment les parents sont-ils intégrés à la prise en charge ? Ils apprennent à reconnaître le bien-être – ou le mal-être – de leur enfant et à suivre l’évolution de son développement au fil des semaines. Cette démarche s’inscrit dans la philosophie des soins de soutien au déve-
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loppement et des Family Centered Care, centrés sur l’enfant et sa famille. Il y a également la volonté plus large de favoriser la multidisciplinarité des services et de collaborer avec les équipes de néonatalogie, d’obstétrique, de pédopsychiatrie et du Centre du développement de l’enfant. Quels bébés accueillez-vous au sein de votre unité ? Il y a d’abord les nouveau-nés à haut risque de troubles du développement d’origine somatique, comme les grands prématurés, avec ou sans lésion cérébrale. Nous poursuivons les soins somatiques et, avec les parents, le soutien au développement initié en néonatalogie. Une autre catégorie de patients sont celles et ceux à haut risque de troubles du développement dans un contexte psychosocial précaire. Par exemple, les enfants nés de mères avec troubles psychiatriques sévères, toxico dépendantes, rencontrant des difficultés sociales, etc. Enfin, nous accueillons des bébés concernés par des troubles génétiques complexes entraînant des pathologies ou des difficultés développementales qui nécessitent des hospitalisations de longue durée. La prise en charge des prématurés a-t-elle évolué ces dernières années ? Quand j’ai commencé ma carrière, ces nouveau-nés étaient un peu laissés à l’abandon dans des couveuses, privés de présence parentale et de stimulation organisée au niveau développemental. Depuis une vingtaine d’années, des soins de soutien spécifiques se sont mis en place, afin de favoriser leur développement moteur, sensoriel et cognitif.
Rencontre
Les équipes infirmières disposent de nombreux outils d’évaluation pour améliorer l’apprentissage alimentaire, les stimulations, les manipulations et aussi pour éviter des situations d’inconfort néfastes pour le développement de l’enfant. En quoi le lien de proximité avec la mère est-il fondamental dans ce tout début de vie du bébé ? Il est établi que l’interaction avec le monde extérieur, et en particulier avec la mère, joue un rôle sur la plasticité cérébrale. Si cette interaction est bonne, le bébé va suivre une trajectoire de développement psychomoteur normal. Si en revanche elle est inadéquate ou inexistante, cela entraîne des risques de troubles du développement importants.
Environ 80 enfants accueillis chaque année.
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chambres individuelles (six dédiées à l’Unité hospitalière du développement et quatre chambres mère/enfant pour la néonatalogie).
4 à 6 semaines Le temps moyen d’hospitalisation des enfants prématurés.
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Constatez-vous, concrètement, l’impact d’un manque d’implication des parents ? Oui, en particulier chez les enfants nés dans un contexte psychosocial compliqué. Lorsque les parents sont peu disponibles pour leur enfant, des cas de dépression du nourrisson peuvent apparaître. L’enfant se renferme, interagit moins, sa maturation cérébrale est ralentie. Cet état peut survenir assez rapidement. Nous collaborons de près avec l’équipe de pédopsychiatrie en périnatalité pour améliorer cette relation parent-enfant délétère. Notre outil d’évaluation des compétences parentales permet une vision objective des capacités des parents à prendre en charge leur enfant dans sa globalité.
Par Élodie Lavigne Photographies Guillaume Perret | lundi13
D o s s i e r
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Pulsations
Les défis de la médecine de l'âgé·e
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À
mesure que nous avançons dans la vie, nous acquérons de l’expérience, nous nous créons des souvenirs, mais nous rencontrons aussi, presque inévitablement, des problèmes de santé. Avec l’âge, les douleurs, plus fréquentes, peuvent décourager face à l’effort. Nous sortons moins, marchons moins et nous perdons de la condition physique (déconditionnement). Il n’est pas rare de perdre l’appétit. Quelques fois, c’est la mémoire qui joue des tours ou la maladie qui s’immisce dans le quotidien, diminuant la qualité de vie. Les visites chez le médecin se multiplient tandis que les boîtes de médicaments s’accumulent dans l’armoire de la cuisine. Le tableau n’est pas toujours aussi sombre. Mais c’est un fait : « La personne âgée a plus de maladies chroniques, parfois plusieurs en même temps, et connaît davantage de fragilités qu’une personne jeune », décrit le Pr Christophe Graf, chef du Département de réadaptation et gériatrie des HUG. L’ac cumulation de déficits liés à l’âge a un nom : le syndrome gériatrique. Il concerne aussi
bien la mobilité, l’état nutritionnel, la cogni tion (mémoire, langage, raisonnement) que l’autonomie dans la vie quotidienne. Cela peut se manifester par des troubles de la marche (perte d’équilibre, chute), une baisse de l’acuité visuelle ou auditive, des troubles cognitifs, urinaires (incontinence, infections) et leurs conséquences fonctionnelles et psychiques (anxiété, dépression). La per sonne âgée est également plus vulnérable aux infections et s’en défend moins bien. Ainsi, un accident de santé banal chez un adulte peut avoir des conséquences plus importantes chez la personne âgée. Une chute, un épisode infectieux qui se pro longe, des effets secondaires liés à la prise de médicaments, un état de déshydratation ou une maladie chronique qui s’aggrave, etc., peuvent conduire à une consultation aux urgences (lire en page 19), voire à une hospitalisation. Or, en particulier chez les plus de 75 ans, une hospitalisation est un facteur de fragilisation supplémentaire. Le Pr Graf ne s’en cache pas : « L’hôpital représente un potentiel de nocivité en termes de complications et de risque d’infections 15
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Une hospitalisation n’est pas anodine, surtout pour une personne âgée fragile. Grâce à une prise en charge globale et interdisciplinaire, il est possible d’en minimiser l’impact et d’en tirer avantage. Comment ? En veillant à la cohérence de la trajectoire de soin et en permettant à la personne de regagner son domicile dès qu’elle est prête. Enfin, en lui offrant, si nécessaire, une phase de réadaptation sur mesure.
Se ni or s
Dossier
Pulsations
pour ces patients. » Et plus les épisodes aigus se multiplient, plus le risque de perte d’auto nomie et de mobilité augmente. Atténuer l’impact négatif que peut avoir une hospitali sation dans ce contexte est un défi de taille : « Notre rôle consiste à soigner tout en limitant la perte fonctionnelle et en améliorant les chances de récupération. Nous devons faire en sorte que le patient puisse rentrer le plus tôt possible chez lui, mais nous devons lui en donner les moyens », ajoute le professeur. Une prise en charge exigeante
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La Pre Dina Zekry, médecin-cheffe du Service de médecine interne de l’âgé, et le Pr Christophe Graf, chef du Département de réadaptation et gériatrie des HUG.
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ans, la moyenne d’âge des patient·es aux urgences gériatriques des Trois-Chêne. Dans 35% des cas, une visite aux urgences se solde par un retour à domicile. Dans la majorité des cas toutefois, elle est suivie par une hospitalisation dans une unité de soins aigus.
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La prise en charge médicale de la personne âgée est complexe. Pour que le séjour à l’hô pital lui soit bénéfique, les moyens déployés sont nombreux. Ils concernent en premier chef le personnel soignant. « En gériatrie, notamment aux urgences gériatriques des Trois-Chêne, les équipes sont spécialement formées pour répondre aux besoins spéci fiques des personnes âgées », indique la Pre Dina Zekry, médecin-cheffe du Service de médecine interne de l’âgé. Au vu de la plura lité des atteintes et déficits, une approche globale et interdisciplinaire est indispensable. Lorsqu’un ou une patiente souffre de plu sieurs maladies chroniques et prend de multiples médicaments, il peut être difficile de faire la part des choses entre causes et conséquences. « Il s’agit de s’occuper du problème aigu ayant conduit à une consulta tion aux urgences, mais aussi de découvrir ce qui se cache derrière le symptôme », explique la gériatre. Prenons l’exemple, fréquent, de la chute : les médecins vont soigner l’éventuelle fracture qui en découle, mais aussi chercher à en connaître la cause et déterminer si elle est un épisode isolé ou récurrent. Derrière une pensée incohérente, une agitation et des hallucinations visuelles, il s’agit de cher cher et de comprendre quel organe (vessie, poumon, etc.) dysfonctionne réellement. La survenue d’un état confusionnel (lire en page 18), la présence de troubles cognitifs ou d’une démence sont une difficulté supplé mentaire dans ce travail d’investigation. Dans bien des cas, la coopération avec les proches s’avère précieuse pour comprendre les circonstances de l’incident médical, s’informer des traitements en cours, des maladies préexistantes ou encore du niveau de soutien reçu à domicile.
Dossier
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Au bon endroit au bon moment
Différents dispositifs, tels que Cogeria, mis en œuvre par le canton de Genève, visent justement à favoriser l’anticipation et la coordination des soins autour des personnes âgées fragiles. L’objectif est d’éviter les hospitalisations inappropriées, de limiter les passages aux urgences et de faciliter le retour à domicile. À chaque étape de la prise en charge, que ce soit dans ou en dehors de l’hôpital, la communication avec la personne malade et ses proches doit rester au centre. Sa volonté ne doit d’ailleurs pas être oubliée, même si sa fragilité est importante : « L’âge n’est pas une raison pour exclure la personne et ne pas se préoccuper de ses souhaits », conclut le Pr Graf.
Se Témoignage #1 MARTIAL, 78 ans, en séjour de réadaptation à l’Hôpital de Loëx
« Mon médecin m’a envoyé aux urgences une première fois car mon cœur ne fonctionnait pas bien et j’avais trop d’eau dans le corps. Après un passage à Joli-Mont, j’ai pu rentrer à la maison. Mais quelque temps plus tard, je ne pouvais plus bouger, ma jambe gauche était paralysée. Je suis retourné aux urgences et on m’a transféré aux Trois-Chêne. Aujourd’hui, je suis en réadaptation à l’Hôpital de Loëx pour refaire surface. Je fais de l’ergothérapie, c’est formidable : j’ai réappris à marcher, à m’asseoir et à me relever sans avoir peur que la chaise s’en aille. J’ai des séances de physiothérapie tous les jours : je fais du vélo, je monte et descends les escaliers, je marche dans le corridor. J’ai beaucoup de problèmes dans la tête et dans le corps. J’ai pu discuter avec un psychologue, ça m’a fait beaucoup de bien. Si mon état s’améliore, je pourrai rentrer à la maison, pour aider ma femme et revoir ma fille, marionnettiste pour enfants. »
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Veiller à la cohérence de la trajectoire de soin est essentiel, souligne le Pr Graf : « Nous devons orienter le patient pour qu’il soit au bon endroit, au bon moment, pour des raisons de qualité de prise en charge mais aussi d’efficience et d’économicité des soins. » Les équipes médico-soignantes travaillent ainsi en étroite collaboration avec le réseau du ou de la patiente, c’est-àdire les infirmiers et infirmières de liaison, les soins à domicile, le médecin traitant et les autres prestataires de santé, comme en témoigne Charline Couderc, responsable des soins au Département de réadaptation et gériatrie : « L’hôpital doit faire partie intégrante du parcours du patient dans un souci de continuité, pour qu’il n’y ait pas de décalage entre l’avant et l’après. »
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Après les urgences, selon les cas, la per sonne peut être dirigée dans une unité d’hospitalisation parmi lesquelles : soins aigus ou intermédiaires, réadaptation, unité avec programme spécifique (chutes et ostéoporose), gériatrie intégrée médico psychiatrique (lors de trouble psychiatrique concomitant) ou Somadem (en cas d’affec tion somatique aiguë et démence avec troubles sévères du comportement). Plu sieurs consultations spécialisées (cognition, incontinence urinaire, par exemple) peuvent également être sollicitées. À noter encore l’existence d’une unité de consultations et examens où de nombreux spécialistes du site de Cluse-Roseraie effectuent des consultations sur place aux Trois-Chêne.
Pulsations
Quand les troubles cognitifs perturbent l’hospitalisation Trois questions au Pr Paul Unschuld, médecin-chef du Service de psychiatrie gériatrique Le développement d’une démence est-il fréquent à un âge avancé ?
Pulsations
Témoignage #2
Oui. L’âge avancé est l’un des plus grands facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer. Plus on avance en âge, plus ce risque augmente. Toutefois, l’âge à lui seul ne suffit pas pour déve lopper des troubles cognitifs et de plus en plus d’études montrent l’impact positif d’un mode de vie sain. Environ 50% des patients âgés hospitalisés en soins aigus présentent des troubles cognitifs ou souffrent d’une démence de type Alzheimer déjà diagnostiquée.
Pr Paul Unschuld
« J’ai eu un accident de moto avec de multiples fractures. Je me suis cassé la cheville, le col du fémur, le poignet, l’avant-bras… Mon genou aussi a été maltraité. On m’a posé des broches et j’ai eu dix-sept points de suture. D’un point de vue médical, je suis en bonne voie. Le courant est bien passé avec le médecin qui s’occupe de moi. Je fais de la physio, de l’ergo, j’ai un bon suivi en radiologie. Par contre, mon cerveau tourne à plein régime et je n’arrive pas à dormir. J’ai donc demandé à voir un psy. Nous avons eu une réunion avec tous les soignants ainsi que l’assistante sociale et une personne du réseau de soins. J’espère vite rentrer à la maison pour pouvoir être présent pour ma femme. »
L’hospitalisation peut-elle conduire à des symptômes semblables à ceux d’une démence ?
Oui, les personnes âgées malades ou hospitalisées connaissent parfois des épisodes de confusion et de désorientation. Le syndrome confusionnel est considéré généralement comme un état transitoire et réversible et, pour beaucoup encore, comme une conséquence normale de la chirurgie, des maladies chroniques ou des infections. Cependant, il est de plus en plus évident que l’état confusionnel chez les personnes âgées peut être associé à une accélé ration de la progression de la démence, de la perte d’autonomie et du décès. Peut-on prévenir ou atténuer ces symptômes ?
Le développement du syndrome confusionnel dépend d'une interaction complexe de multiples facteurs de risque, dont la démence est le plus important, puisqu'elle est présente dans près de deux tiers des cas. Au moment d’une hospitali sation, on peut minimiser ce risque en prenant des mesures pour que les patients bénéficient d’un sommeil adéquat et de qualité, en réduisant le bruit ambiant, notamment. En cas d’apparition de symptômes, il s’agit d’identifier les causes médicales sous-jacentes et de les traiter le plus rapidement possible. 18
Portrait Pr Unschuld : Louis Brisset
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JEAN-PIERRE, 74 ans, en séjour de réadaptation à l’Hôpital de Loëx
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Rachel Sauvage, itinéraire patient manager (IPM) à l'Hôpital des Trois-Chêne.
Des urgences pour les seniors
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L’Unité des urgences gériatriques des Trois-Chêne accueille les plus de 75 ans pour les urgences non vitales. L’environnement y est réfléchi et la prise en charge spécialisée. « Le lieu a été pensé et adapté pour plus de confort et d’accessibilité afin de déstabiliser le moins possible les patients », explique la Pre Dina Zekry, médecin-cheffe du Service de médecine interne de l’âgé. Un ou une infirmière réalise l'admission. Ici, pas de temps d’attente, pas de box ni de brancards, mais de vraies chambres (individuelles ou à deux) avec des lits et un espace pour les proches, qui sont inclus dans la prise en charge. Les différents examens peuvent ainsi être réalisés sans que la personne ne doive changer de lit. Les chambres sont claires, lumineuses et climatisées. Les lieux sont aménagés pour les personnes malvoyantes, malentendantes ou à mobilité réduite.
Confort et expertise Un large plateau technique est à disposition. L’unité de radiologie présente sur le site est équipée, entre autres, d’un scanner, d’une IRM et d’un ultrason, utiles au diagnostic et à l’orientation de la personne dans la bonne unité et dans le bon niveau de soin. L’existence, sur place, d’une unité de soins intermédiaires – récemment accréditée – permet une surveillance rapprochée des patient·es dont l’état est instable. L’équipe infirmière de flux aide à anticiper la suite de la prise en charge. À l’issue d’une évaluation aux urgences, environ une personne sur quatre regagne son domicile et deux sur trois sont transférées dans une unité de soins aigus aux Trois-Chêne.
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Une réadaptation sur mesure
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La Dre Emilia Frangos, médecin-cheffe du Service de médecine interne et de réadaptation à la Clinique de Joli-Mont et à l’Hôpital de Loëx
Les séjours de réadaptation sont un sas entre l’hôpital et le domicile. Après une hospitalisation en soins aigus ou à la suite d’une opération, certaines personnes ne sont pas encore aptes à retourner à la maison. Un séjour en réa daptation peut être envisagé, « à condition que l’évaluation montre un potentiel d’amélioration », précise la Dre Emilia Frangos, médecin-cheffe du Service de médecine interne et de réadaptation à la Clinique de Joli-Mont et à l’Hôpital de Loëx. Dans une minorité de cas, l’état de santé s’aggrave malgré l’hospitalisation. Ainsi, lorsque la perspective d’un retour à domicile n’est pas possible, c’est tout le projet de vie qui doit être modifié. L’organisation du placement en institution se fait alors avec l’aide d’un assistant ou une assistante sociale. Plusieurs lits sont réservés aux personnes en attente de placement. Un séjour en réadaptation se planifie très tôt dans le parcours de soin. Selon sa problématique, la personne est admise dans l’un des sites dédiés à la réadaptation aux HUG : la Clinique de Joli-Mont (gériatrie et orthopédie), l’Hôpital de Loëx (gériatrie, amputation), Beau-Séjour (cardiologie, médecine interne et oncologie) et Bellerive (médecine interne, oncologie et neurologie).
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« L’objectif de la réadaptation est d’aider la personne à retrouver sa mobilité et son autonomie pour un retour à domicile dans les meilleures conditions possibles et au plus près de son état initial », note la Dre Frangos. La pluridisciplinarité au centre Médecins, soignant·es et pluriprofession nel·les de santé unissent leurs compétences dans une prise en charge interdisciplinaire conforme aux besoins de chacun et chacune : « C’est un vrai travail d’équipe. L’interprofessionnalité dans toute sa splen deur », s’enthousiasme la gériatre. Dans les trois jours suivant l’admission, un bilan initial (médical et fonctionnel) est réalisé et discuté lors d’un colloque réunissant médecins, infirmiers et infirmières, physio thérapeute, ergothérapeute, diététicien ou diététicienne, infirmier ou infirmière de liaison et assistant·e social·e. Les proches sont consultés pour connaître la situation de la personne avant son hospitalisation et s’accorder sur des objectifs finaux à la lumière de l’épisode médical aigu : peutelle se débrouiller seule dans ses activités quotidiennes (toilette, habillement, repas) ? Se nourrit-elle suffisamment ? Peut-elle se déplacer seule ? Quels sont les moyens auxiliaires nécessaires ? Les situations sont très individuelles, de même que les objectifs à atteindre au terme d’un tel séjour, par exemple : réhabilitation à la marche, traite ment de la douleur, gestion autonome d’un appareillage, d’un nouveau traitement, récupération des capacités respiratoires et sevrage en oxygène, mise en place de moyens auxiliaires (aide pour la marche, les courses, le ménage), etc.
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Dossier
Au rythme de chacun et chacune Les interventions thérapeutiques sont multiples. À la prise en charge médicale en lien avec la ou les pathologies présen tées, peuvent s’ajouter des séances de physiothérapie, d’ergothérapie avec des mises en situation de la vie quotidienne (toilette, habillage, etc.), des conseils nutritionnels (carences, dénutrition), un travail avec un ou une logopédiste (troubles de la déglutition) ou un soutien psychologique (anxiété, dépression, etc.) associé ou non à l’hospitalisation. Comme avec les plus jeunes, le parte nariat avec les personnes âgées est vivement encouragé à travers plusieurs outils : dans chaque chambre, un plan ning des soins, une liste des interve nant·es et des objectifs thérapeutiques.
Parcours de soin optimisé
Le personnel infirmier est lui aussi au cœur de la réadaptation, note Tamara Bürki, infirmière à Joli-Mont : « Notre rôle ne se limite pas à donner des médica ments. Nous sommes beaucoup dans le relationnel et l’empathie, y compris avec les familles. Nous avançons au rythme du patient et le stimulons dans les activités de la vie quotidienne pour l’aider à retrouver son autonomie et sa mobilité. »
Les IPM s’occupent également de la planification du séjour jusqu’à la sortie, des éventuelles demandes de réadaptation et de la facturation des prestations médi cales reçues, conformément à la réalité. Car il s'agit de rationaliser le plus possible la durée de l’hospitalisation, notamment pour le bien-être du patient ou de la patiente. Enfin, une sortie bien préparée, en adéqua tion avec les besoins et les souhaits de la personne et de sa famille et en collaboration avec le réseau de soins, permet de prévenir le risque de réhospitalisation.
Chaque semaine, l’équipe soignante se réunit pour mesurer, grâce à des échelles cliniques, les progrès de leurs patient·es et réévaluer si nécessaire les objectifs. La sortie aussi est soigneusement préparée, en collaboration avec les proches, le ou la médecin traitante et le réseau de soins (imad, etc.) pour la mise en place de structures d’aide à domicile si nécessaire.
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De l’admission à la sortie de l’hôpital, les itinéraires patients managers ont pour mission de rationaliser le séjour des patients et patientes. Et pour cause, « une hospitalisa tion prolongée a des conséquences multiples en termes de risques de complications, de déconditionnement physique, de nutrition, de troubles cognitifs, etc. », souligne Rachel Sauvage, itinéraire patient manager (IPM) aux Trois-Chêne. Le rôle des IPM consiste à suivre les malades dès leur admission, afin d’optimiser le plus possible leur séjour sur le plan médical, organisationnel et de gestion. Ces infirmiers et infirmières spécialisées réunissent toutes les informations médicales nécessaires à la prise en charge clinique et veillent à éviter la répétition d’examens inutiles. Si besoin, un contact est établi avec l’assistante sociale et l’équipe infirmière de liaison.
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Par Geneviève Ruiz Illustration Jan Huling
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L ’ o r g a n e
Longtemps associé aux émotions, le cœur reste le symbole de l’amour. Pour les médecins, il s’agit avant tout d’une pompe qui sert à irriguer le corps et les organes en sang et en précieux nutriments.
LE Expert
Pr François Mach, responsable du Service de cardiologie des HUG
Une pompe vitale
Le cœur peut se concevoir comme une pompe permettant d’irriguer toutes les parties du corps. Placé légèrement à gauche du centre du thorax, il est divisé en deux parties – la gauche et la droite. Chacune d’elles est divisée en deux autres cavités, appelées oreillette gauche ou droite et ventricule gauche ou droit. Le cycle cardiaque peut se résumer ainsi : le sang pauvre en oxygène arrive dans l’oreillette droite, qui l’envoie dans le ventricule droit, connecté au poumon par l’artère pulmonaire. Une fois oxygéné, le sang arrive dans l’oreillette gauche, qui le propulse dans le ventricule 22
gauche. Ce dernier pousse le sang dans l’aorte, qui le distribue dans tout le corps. Lors d’un arrêt cardiaque, la circulation du sang vers les organes est interrompue. Si elle n’est pas rétablie après quelques minutes, cela entraîne le décès.
L’organe
80 000 Le nombre de battements cardiaques quotidiens.
Première cause de mortalité
Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité chez l’adulte en Suisse. La plus courante est l’infarctus du myocarde : une artère se bouche, ce qui entraîne la destruction de la zone du muscle cardiaque qui n’est plus irriguée. Le rétrécissement d’une artère peut prendre de longues années sans provoquer de symptôme. Lorsqu’elle se bouche, il s’agit d’une urgence médicale absolue. Les traitements actuels, qui consistent à déboucher l’artère puis à y poser des stents – de petits ressorts métalliques qui maintiennent l’artère ouverte –, sont efficaces s’ils sont mis en place à temps.
Durée de vie limitée
Le cœur est le premier organe à se former, entre le 13e et le 16e jour de grossesse. Son importante activité mécanique et électrique est programmée pour fonctionner une soixantaine d’années. On peut ainsi considérer normal que des troubles comme l’arythmie cardiaque apparaissent après 60 ans.
La prévention est capitale
Un cœur artificiel
Le style de vie joue un rôle déterminant dans le développement des maladies cardiovasculaires. Le premier facteur de risque est l’hypertension artérielle, qui force le cœur à travailler davantage. En lien direct avec le manque de mouvement et le surpoids, l’hypertension se retrouve chez 30% des adultes genevois. N’entraînant aucun symptôme dans un premier temps, elle se mesure pourtant facilement. Des médicaments efficaces permettent de la contrôler.
Lorsque le cœur est fortement affaibli, il est possible d’effectuer une transplantation. Le suivi de cette opération s’avère délicat sur le plan physique – à cause du risque de rejet – et psychologique. En raison du manque d’organes disponibles en Suisse, l’option d’un cœur artificiel est parfois privilégiée. À l’heure actuelle, ce dispositif fonctionne bien, mais comporte des contraintes pour les malades, notamment en raison de la faible autonomie de ses batteries.
300 grammes Le poids moyen du cœur. En comparaison, le pancréas pèse 50 g et le foie 1,5 kg.
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L’espérance moyenne de vie en bonne santé des cellules cardiaques et des artères.
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décès – soit près de cinq par semaine – dus à une maladie cardiovasculaire pour 100 000 habitants en Suisse, en 2018.
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CŒUR
60 ans
Par Laetitia Grimaldi Photo Fred Merz | lundi13
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L ’ i n v i t é e
Pulsations
Aider un·e proche concerne une personne sur quatre Infirmière de formation, Véronique Petoud s’est engagée aux HUG, puis à l’Institution genevoise de maintien à domicile (imad), avant de rejoindre la Direction générale de la santé et d’être nommée Déléguée cantonale aux personnes proches aidantes. Un poste inédit pour un défi de taille.
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L’invitée
En février 2020, vous avez été nommée Déléguée cantonale aux personnes proches aidantes. Quelles sont les priorités d’un tel poste ? Véronique Petoud L’enjeu est de pouvoir soutenir et accompagner les personnes proches aidantes dans un parcours qui peut revêtir des aspects profondément humains et réjouissants, mais aussi conduire à des situations d’épuisement. Les besoins sont réels et d’une ampleur considérable : pas moins d’un Genevois sur quatre endosse aujour-d’hui le rôle de proche aidant, ce qui représente quelque 107 000 personnes. Pulsations
En quoi est-il important de se savoir « proche aidant » ? Cette prise de conscience permet, à titre personnel, de se poser de saines questions pour définir quel proche aidant nous pouvons être, selon nos limites et ressources à un instant « t ». Elle est également la pierre angulaire de notre action cantonale puisqu’elle contribue à identifier les besoins. Les proches aidants expriment notamment leur souhait d’une meilleure coordination des acteurs de soins et d’une réelle reconnaissance de leurs savoirs dans la prise en charge de la personne aidée. Notre objectif est également d’ajuster et d’intensifier nos démarches pour prévenir les risques d’épuisement et d’isolement social. Quelles formes peuvent prendre les aides ? À Genève, nous avons mis en place des unités de formation, des groupes de parole et avons été pionniers dans la création d’un numéro unique, Proch’info**. Celui-ci permet d’être orienté vers les professionnels les 25
mieux à même d’intervenir selon la situation. Mais nous souhaitons aller plus loin encore, notamment avec la mise en place d’une plateforme cantonale de relève à domicile. L’idée est qu’elle réunisse divers prestataires genevois pour offrir des moments de répit au proche aidant, l’espace de quelques heures, quand il en ressent le besoin. Nous travaillons également avec les HUG sur un projet pilote visant à proposer à tout proche aidant de s’enregistrer officiellement comme tel, entre autres pour obtenir un accès à des chèques de service selon sa situation et à des informations clés. Comme celles relatives à la loi fédérale sur les proches aidants en activité professionnelle, entrée en vigueur le 1er janvier 2021 ? Exactement. Cette loi constitue un premier pas dans la reconnaissance du rôle de proche aidant. Elle a statué, entre autres, sur des congés spéciaux et étendu les bonifications pour tâches d’assistance dans l’AVS. Ces évolutions sont importantes car la proche aidance est devenue un fait incontournable de notre société. Elle nous concernera toutes et tous un jour ou l’autre. Mais pour être tenable, elle doit être soutenue : il ne s’agit pas d’aider au péril de sa propre vie.
* https://www.ge.ch/document/prochesaidant-e-bande-dessinee ** Proch’info : 058 317 70 00
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Existe-t-il une définition officielle du proche aidant ? Pas encore au niveau national. Si nous avons pu organiser une journée intercantonale des proches aidant·es le 30 octobre avec huit autres cantons – Vaud, Fribourg, Valais, Neuchâtel, Jura, Tessin, Berne et Grisons – plusieurs définitions coexistent. À Genève, nous avons eu à cœur d’intégrer la dimension relationnelle inhérente à ce rôle. D’où une vaste définition pouvant se résumer ainsi : une ou un proche aidant est une personne de l’entourage immédiat d’un individu en perte d’autonomie fonctionnelle et qui, à titre non professionnel et bénévole, lui assure de manière régulière un soutien pour accomplir des activités de la vie quotidienne. Parent, frère, sœur, voisin ou ami : certains sont ainsi proches aidants sans le savoir…
D’où l’idée de la BD « Proches aidant·e·s »* que vous avez imaginée en prenant vos fonctions ? Absolument. Nous avons voulu mettre en évidence que la proche aidance s’incarne dans une multitude de situations, que ce soit auprès d’un enfant handicapé, d’un parent très âgé ou encore d’un adulte atteint dans sa santé physique ou mentale.
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Par Laetitia Grimaldi
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A p p r e n t i s s a g e
Problèmes par « dys » À l’heure où il n’est plus seulement question de dyslexie mais également de dyspraxie, dysgraphie ou encore de dyscalculie, comment s’y retrouver et que faire quand le doute s’installe ?
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n stylo toujours tenu étrangement, des lacets impossibles à nouer, des calculs désespérément infaisables : certains signes, apparaissant parfois dès le plus jeune âge, peuvent alerter. Quand penser aux troubles dits « dys », qui touchent entre 5 et 10% des enfants en âge scolaire ? « Dès lors que les difficultés sont palpables, qu’elles ont une répercussion sur le quotidien, les apprentissages, les interactions avec les autres », estime le Dr Joël Fluss, neuropédiatre et responsable d’un programme des troubles d’apprentissage scolaire aux HUG. Tout l’enjeu est alors de poser le bon diagnostic, sachant que ces troubles peuvent se cumuler les uns aux autres. Difficultés d’acquisition de l’orthographe pour la dysorthographie, des mathématiques pour la dyscalculie, de la coordination générale ou de la motricité fine pour la dyspraxie, du tracé des lettres pour la dysgraphie, de l’expression orale pour 26
la dysphasie et du déchiffrage du langage écrit pour la dyslexie : le tableau peut être complexe. Lorsque le problème est avéré, il faut agir « Nous ne disposons pas de marqueurs biologiques pour attester des troubles “ dys ” et ils se rencontrent parfois chez des enfants particulièrement vifs ayant appris à contourner certaines difficultés, ce qui peut brouiller les pistes pour le diagnostic. Mais les outils de dépistage s’améliorent et c’est une bonne chose, car lorsque le problème est avéré, il faut agir. Il en va des apprentissages actuels et futurs de l’enfant, mais également de l’estime qu’il a de luimême », alerte l’expert. Les solutions à disposition ? Le plus souvent, une combi naison de thérapies ciblées (ergothérapie, logopédie, etc.) et d’aménagements scolaires (temps supplémentaire et outils informatiques, par exemple). À l’origine de tout cela ? « Il s’agit de problèmes inhérents au neurodéveloppement, autrement dit à la façon dont certains circuits neuronaux, influencés par les gènes et le contexte de vie, se sont établis et fonctionnent », explique le Dr Fluss. Et de conclure : « Les difficultés scolaires peuvent avoir de multiples causes, il ne s’agit pas de faire passer des tests à tous les enfants. Mais quand les troubles “ dys ” sont bel et bien présents, un diagnostic précis s’impose pour aider les enfants, mais également leurs parents et enseignants, bien souvent désemparés eux aussi. »
Apprentissage
multipliés Témoignage #2
Suzanne, 13 ans
« Je me dis que personne n’est parfait »
Témoignage #1
Marc*, 47 ans, infirmier
« Un handicap invisible et complexe »
* Prénom d'emprunt.
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Témoignage #3
Hélène, 43 ans, maman de Suzanne
« Il faut prendre son bâton de pèlerin » « S’habiller, lacer ses chaussures, dessiner, compter : toutes ces choses du quotidien se sont avérées très compliquées pour Suzanne. Nous savons aujourd’hui qu’elle souffre d’une dyspraxie sévère associée à un trouble logicomathématique et d’un déficit de l’attention. La prise en charge aux HUG a été exceptionnelle pour le diagnostic et le suivi annuel, mais le combat est quotidien. Il faut prendre son bâton de pèlerin pour obtenir et coordonner les rendez-vous avec les spécialistes en ville (ergothérapeute, psychomotricien, logopédiste, etc.), ainsi qu’avec l’école pour la mise en place des adaptations nécessaires. Cela représente beaucoup de temps et d’énergie, mais s’avère payant. Suzanne a fait des progrès formidables. »
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« À 2 ans déjà, notre fils se montrait particulièrement dispersé et “ brouillon ”. Puis est arrivée l’école et les choses n’ont cessé d’empirer. Les apprentissages pour écrire, lire, compter, frôlaient l’impossible. À la maison, tout était compliqué et ses colères fracassantes. Le diagnostic a été posé aux HUG : notre fils souffre de trouble déficitaire de l’attention avec dyslexie, dyscalculie et dysorthographie. Un traite ment a été introduit et une prise en charge intensive mise en place. Aujourd’hui ? Entre le neuropédiatre, le neuropsychologue, la psychomotricienne ou encore le logo pédiste, nous courons partout, mais notre fils avance et reprend confiance en lui. Ces troubles “ dys ” restent un handicap invisible et complexe. Notre priorité est de l’aider à avoir autant de chances que les autres pour construire sa vie. »
« Je sais que je ne fais pas de très beaux dessins, je ne comprends pas grand-chose en maths et je suis moins rapide que les autres quand on joue dans la cour. Mais je vois que mes copines aussi peuvent avoir des problèmes. Alors je me dis que personne n’est parfait… »
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Photo Hervé Annen Par Clémentine Fitaire
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T é m o i g n a g e
« Je peux enfin prétendre à une vie normale »
Il y a deux ans, Matthieu a entamé une nouvelle vie. Le jeune homme de 28 ans, atteint de mucoviscidose*, a pu bénéficier d’un nouveau traitement aux résultats spectaculaires.
* Mucoviscidose : maladie génétique qui atteint différents organes et se manifeste notamment par un épaississement des sécrétions respiratoires. À un stade avancé, elle peut entraîner une détresse respiratoire et un déficit en oxygène et nécessiter une transplantation pulmonaire. Elle se dépiste à la naissance et touche environ un nouveau-né sur 2 700 en Suisse.
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Témoignage
«M
Un parcours sinueux
Avant la mise sur le marché de ce traitement, l’horizon s’annonçait pourtant sombre pour le jeune homme. En 2019, alors que son état de santé se dégrade et que les antibiotiques ne parviennent plus à freiner l’évolution de la maladie, Matthieu décide d’entamer les procédures pour bénéficier d’une greffe pulmonaire. Quelques jours après son inscription sur la liste d’attente, les choses s’accélèrent : une paire de poumons est disponible à Lausanne. Cependant, le jour de l’opération, la greffe
Mais l’ascenseur émotionnel est en marche et dès le lendemain de cette occasion ratée, le jeune homme reçoit un appel du Dr Jérôme Plojoux, médecin adjoint au Service de pneumologie des HUG et responsable de la consultation de mucoviscidose adulte, lui proposant de se porter candidat au programme d’essai de la nouvelle trithérapie. « Deux mois après, j’avalais le premier comprimé, prêt à tout tenter pour améliorer mon état de santé qui se détériorait sous mes yeux », confie-t-il. Plus besoin de greffe
Les résultats ne se font pas attendre. « Alors que depuis des années je toussais tout le temps, avec beaucoup d’expectorations, des essoufflements… les premiers effets se sont fait sentir quelques heures après le début du traitement. En deux semaines, mes symptômes avaient quasiment disparu, explique Matthieu. Très vite, face à cette amélioration spectaculaire et pour laisser ma place à quelqu’un d’autre, j’ai demandé à ce qu’on me retire de la liste d’attente de receveur de greffe. » Aujourd’hui, le jeune homme a gagné plus de 50% de capacité pulmonaire. Son quotidien en a été profondément transformé. « La nuit, je peux enfin dormir. La 29
toux me réveillait toutes les heures, sans possibilité de vraiment récupérer. » Le risque d’épisodes d’exacerbations infectieuses, aux complications parfois dramatiques pour les personnes atteintes de mucoviscidose, est quant à lui réduit d’environ 70%. Ce qui améliore la santé du malade et réduit drastiquement la prise d’antibiotiques. À ces effets à court terme s’ajouteront probablement des bénéfices sur la durée. Certes, ce traitement est à prendre à vie, mais le jeu en vaut la chandelle et le recul dira si le recours aux greffes et l’espérance de vie en seront modifiés de façon significative. Quant aux effets secondaires, ils sont très rares. Maux de tête, sensation de blocage du nez transitoire, toxicité pour le foie ou réaction allergique sont quelques-unes des manifestations parfois recensées. « Personnellement, je n’ai rien eu de tout cela », constate Matthieu. La trithérapie peut être proposée à une majorité de patients et patientes qui, comme Matthieu, présentent le défaut génétique visé. Mais qu’en est-il pour les 15% chez qui la maladie s’exprime sur l’une des 300 autres mutations en jeu dans l’apparition de la mucoviscidose ? Pour elles et eux, les médicaments existants parviennent à agir sur les symptômes, mais la recherche se poursuit pour atteindre, un jour peut-être, des résultats aussi spectaculaires que ceux de la nouvelle trithérapie.
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on quotidien a changé du tout au tout. Aujourd’hui, j’ai une vie normale et je travaille à 100%, chose que je n’aurais pas pu envisager par le passé », résume Matthieu Larraz. Ce miracle, il le doit à de petits comprimés roses et bleus qu’il prend matin et soir : cette trithérapie récemment autorisée par Swissmedic associant trois molécules qui corrigent un défaut lié à la mutation Delta-F508. Située sur le chromosome 7, celle-ci entraîne un mauvais fonctionnement des organes, notamment des poumons. Tandis que les traitements existants agissaient sur les conséquences de la maladie, la nouvelle trithérapie s’attache à corriger directement l’origine du défaut, présent chez 85% des personnes atteintes de mucoviscidose. Matthieu fait partie de cette catégorie.
est annulée à cause d’une défaillance du greffon. « Ça a été la douche froide, c’est comme si cette journée n’avait jamais existé », se souvient-il.
En théorie, toutes les articulations du corps peuvent présenter de l’arthrose. Dans les faits, la colonne vertébrale, les genoux, les doigts et les hanches sont les plus souvent atteints.
Les articulations les plus touchées
Le pourcentage de personnes concernées par l’arthrose après 50 ans
50% Expert : Pr Cem Gabay, médecin-chef du Service de rhumatologie des HUG
Davantage qu’une simple usure liée au vieillissement, l’arthrose est le signe d’une dégradation accélérée et douloureuse des articulations. Lorsqu’elle est diagnostiquée, il faut, selon les cas, traiter la douleur, maintenir la mobilité ou, si l’articulation est trop endommagée, envisager une intervention chirurgicale.
L’arthrose
Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti | Folioart
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Causée par un défaut d’axe ou par le sport (danse par exemple), l’arthrose de hanche (coxarthrose) peut évoluer rapidement.
Hanche
Plus fréquente chez les femmes et favorisée par le surpoids ou un défaut d’axe de l’articulation, l’arthrose du genou (gonarthrose) peut avoir un impact important sur le quotidien.
Genou
Prépondérante chez les femmes et fortement influencée par la génétique, l’arthrose des doigts est à l’origine de déformations importantes.
Doigts
Forme la plus fréquente, l’arthrose des vertèbres cervicales (cervicarthrose) peut rester longtemps silencieuse.
Cervicales
La proportion d’octogénaires présentant des douleurs liées à l’arthrose
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Os cortical
Cavité articulaire
Cartilage
Tendon
• Liées à l’âge • Provoquées par un défaut d’axe • Mécaniques (surpoids) • Métaboliques (excès de cholestérol et/ou de fer) • Morphologiques (genoux en « X » par exemple) • Génétiques • Hormonales (ménopause)
Géodes
Pincement
Ostéophytes
Diagnostic et traitements
Le cartilage disparaît. Accolés, les os se malmènent mutuellement. Des cavités (géodes) osseuses apparaissent et des excroissances osseuses (ostéophytes) se forment. L’os se déforme sur sa périphérie et un pincement apparaît en son centre. Les douleurs s’intensifient.
3 Arthrose évoluée
Mesures pharmacologiques • Paracétamol • Anti-inflammatoires non stéroïdiens • Injections intraarticulaires (cortisone le plus souvent)
Mesures non pharmacologiques • Pose d’attelle • Renforcement musculaire • Perte de poids
• Prothèse totale de l’articulation • Prothèse partielle de l’articulation
Mesures chirurgicales
Des douleurs articulaires s’estompant au repos, surtout si elles ne s’accompagnent d’aucun signe inflammatoire (rougeur ou chaleur), peuvent faire penser à l’arthrose. L’examen le plus courant pour la confirmer est la radiographie. L’arsenal thérapeutique comprend des mesures à adapter au cas par cas. Voici les plus fréquentes :
Éclats de cartilage et produits de dégradation se répandent dans la cavité articulaire et peuvent générer une inflammation. Celle-ci peut s’accompagner d’un épanchement de liquide synovial. L’articulation devient douloureuse et perd de sa robustesse.
2 Arthrose débutante
• Post-traumatiques (luxation ou fracture) • Professionnelles (agriculture, maçonnerie, etc.) • Sportives (tennis, boxe, football, etc.) • Liées à une arthrite (arthrose secondaire)
Les causes de l’arthrose sont multiples et peuvent être :
Causes
Recouvrant l’extrémité des deux os impliqués Capsule articulaire dans l’articulation, le cartilage apporte mobilité et résistance à la structure osseuse. À l’instar d’un matelas fait de mousse et de ressorts, l’ensemble de polysaccharides Membrane synoviale (sucres complexes) et de collagène qui le constitue lui confère un rôle d’amortisseur.
Muscle
Janvier - Mars 2022
1 Articulation normale
Le plus souvent, l’arthrose s’installe discrètement au fil du temps et ne se fait ressentir qu’à un stade avancé. L’enjeu est alors d’en comprendre la cause pour freiner autant que possible son évolution.
Une maladie évolutive
L’infographie
Pulsations
Par Geneviève Ruiz Photos Nicolas Righetti | lundi13
Janvier - Mars 2022
R e p o r t a g e
« Nous sommes le visage de l’hôpital » Les services d’accueil effectuent un immense travail d’aide, d’orientation et d’information, auquel s’ajoutent de nombreuses autres tâches essentielles au fonctionnement de l’hôpital. Rencontre avec une équipe soudée et investie.
Q
ue nous franchissions le seuil de l’entrée principale des HUG ou des sites externes de Belle-Idée, TroisChêne ou Loëx, nous les apercevons, après avoir montré notre pass sanitaire, derrière une vitre de plexiglas et masqué·es. Les mesures imposées par la pandémie ont apporté leur lot de complications. Elles n’ont pourtant en rien entamé la gentillesse et le professionnalisme de ces cinquante collaboratrices et collaborateurs qui œuvrent au quotidien pour assurer le service d’accueil de l’hôpital. L’équipe effectue tout un ensemble de tâches, souvent peu connues, mais essentielles au fonctionnement de l’institution. Le service d’accueil d’un hôpital universitaire ne ressemble pas à celui d’un grand hôtel. « Plus de 8 000 personnes franchissent l’entrée principale quotidiennement. Nous devons orienter, renseigner un public hétérogène constitué de patients, de collaborateurs, de visiteurs, de livreurs… Toute la société vient à nous, parfois dans un contexte de crise aiguë ou simplement pour acheter des timbres. Pour eux, nous sommes le visage de l’hôpital. Nous aimons penser que nous sommes le premier maillon de la chaîne de soin », confie Raphaël Meylan, responsable de Service d’accueil principal des HUG. Actuellement en travaux – le nouvel espace devrait être fonctionnel courant 2022 –, l’accueil principal des HUG est ouvert
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Reportage
Témoignage #1 TOUFIK EL MESSAÏ, huissier d’accueil et standardiste aux HUG
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« Un accueil bienveillant peut faire la différence » « Ce que je préfère, c’est être au comptoir, en contact direct avec ce public si diversifié. Les personnes viennent souvent ici à des moments difficiles, parce qu’elles sont malades ou qu’elles ont un proche en fin de vie. Un accueil bienveillant peut faire la différence. Les gens y sont sensibles et me le rendent bien. Parfois, il y a des situations tendues, les patients ou les collaborateurs s’impatientent lorsque cela prend du temps de trouver une solution. J’essaie de rester calme, de montrer que je suis là pour aider. »
sept jours sur sept. En permanence, deux ou trois personnes assurent des services comprenant une longue liste de responsa bilités. Travaillant dans un autre espace, les standardistes répondent 24h/24 au numéro central. « Leur rôle consiste principalement à transmettre les appels aux bonnes personnes, ce qui nécessite une mise à jour permanente des numéros des quelque 12 000 collaborateurs. Ils doivent acquérir une connaissance approfondie de la structure des HUG, de même que de la gestion de nombreux problèmes, voire de conflits. Ce n’est qu’après une formation de cinq mois qu’ils répondent de manière autonome », explique Nadia Rampf, responsable du standard téléphonique.
Témoignage #2 GAIA MORONI, huissière d’accueil et standardiste aux HUG
« Pour les Genevois, le numéro des HUG est spécial » « Le standard téléphonique est mon poste favori. Pour les Genevois, le numéro des HUG est spécial : c’est un mélange entre les renseignements, la main tendue ou le 144. Parfois, les gens sont étonnés de ne pas avoir un médecin au bout du fil ! J’ai dû apprendre à apaiser des situations de crise sociales ou sanitaires. La pandémie a été particulièrement difficile, car nos lignes étaient souvent surchargées et le public anxieux. »
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Pulsations
Janvier - Mars 2022
Sur les sites externes, comme ici à l’Hôpital des Trois-Chêne, le personnel d’accueil gère de nombreuses tâches comme les badges et les clés de vestiaire.
Témoignage #3 MARINA ISSE RAGHE, huissière d’accueil et standardiste à Belle-Idée et à Trois-Chêne
« Parfois, il faut gérer le stress et les priorités » « Je travaille principalement à l’accueil de l’Hôpital psychiatrique de Belle-Idée. J’apprécie le contact avec les patients. Ici, nous sommes face à beaucoup de souffrances que la société ne souhaite pas voir. Pour moi qui n’aime pas la routine, c’est un environnement idéal. Parfois, il faut gérer le stress. Comme c’est une petite structure, je suis toute seule pour orienter des patients, répondre au téléphone ou encore vendre des friandises… Je ne m’ennuie pas ! »
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Dans les sites externes, ouverts 24h/24, les collaborateurs et collaboratrices travaillent simultanément au comptoir et au standard. Certes, l’atmosphère est moins trépidante, mais les activités sont tout aussi intenses. « Nous pouvons dire que l’accueil principal ressemble à un hall de gare, alors qu’à l’Hôpital des TroisChêne, à l’Hôpital de psychiatrie ou à l’Hôpital de Loëx, c’est plutôt une place de village. Nous créons des liens forts avec les patients et les services », sourit Roswitha Studer, responsable des accueils externes depuis plus de vingt ans. Faisant régulièrement face à des situations stressantes, le personnel des services d’accueil a été mis à rude épreuve avec la pandémie du Covid-19, en raison de la surcharge des appels, mais aussi de défis logistiques, administratifs et humains. « Si nous avons tenu le coup, c’est grâce à l’investissement sans faille de nos équipes. Nous leur en sommes très reconnaissants », confient en chœur les trois responsables.
Pulsations
Comprendre l’asthme
Crédit : istockphoto
Des prédispositions génétiques peuvent être en cause. Vrai. Il n’existe pas un
seul gène, mais plutôt différents gènes, impliqués à la fois dans l’apparition de l’asthme ainsi que dans la façon dont réagit l’organisme aux traitements. À cette susceptibilité génétique peuvent s’ajouter des facteurs épigénétiques qui résultent de l’influence d’expositions externes (pollution, tabagisme passif, etc.).
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Il existe des traitements efficaces. Vrai. Correctement pris
en charge, les patients et patientes peuvent conserver une capacité pulmonaire normale et une bonne qualité de vie. Les traitements de première ligne sont les bronchodilatateurs de courte durée d’action. Dans les cas d’asthme plus sévères, on peut combiner corticoïdes inhalés et bronchodilatateurs de longue durée d’action. Pour les asthmes très réfractaires, des traitements biologiques ciblés peuvent parfois être proposés.
Janvier - Mars 2022
touchés par l’asthme, une inflammation des bronches entraînant des difficultés à respirer, en particulier la nuit ou à l’effort. Avant l’âge scolaire, des épisodes sifflants (respiration bruyante) sont recensés de façon ponctuelle chez 30% de la population enfantine. Mais seule une minorité d’entre eux seront concernés par un asthme persistant à l’âge adulte. Par ailleurs, certaines personnes développeront un asthme tardif, le plus souvent dû à une allergie ou une exposition à des substances irritantes.
V r a i / F a u x
L’asthme concerne surtout les enfants. Vrai. 10% des enfants sont
encore très discuté. L’exposition chronique au stress influencerait néanmoins la réponse immunitaire de l’organisme. Parmi les autres facteurs déclenchants, il y a les virus ou encore l’air froid et sec. L’effort, en déshydratant les voies aériennes, peut aussi provoquer une crise d’asthme. Les déclencheurs fréquemment en jeu dans les épisodes sifflants sont la pollution extérieure (microparticules) ou intérieure (aérosols domestiques, perturbateurs endocriniens, fumée de cigarette), mais également les allergènes, comme les moisissures, les acariens, les poils d’animaux, les pollens d’arbres et les graminées.
Par Clémentine Fitaire
Maladie chronique infantile la plus fréquente, l’asthme concerne un enfant sur trois et 6 à 8% des adultes. Focus avec la Dre Isabelle Ruchonnet-Métrailler, médecin adjointe agrégée à l’Unité de pneumologie pédiatrique.
Le stress peut déclencher une crise d’asthme. Vrai et faux. Le lien est
Vivre sa sexualité avec le VIH Par Yseult Théraulaz
Janvier - Mars 2022
C o n s u l t a t i o n
Pulsations
En mars 2021, les HUG ont ouvert une nouvelle consultation, menée par une psychologue spécialisée en médecine sexuelle, pour répondre aux besoins des personnes séropositives.
E
st-il possible d’avoir une vie sexuelle épanouissante en étant porteur ou porteuse du virus du SIDA ? Oui, car les personnes infectées par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) qui prennent de manière assidue leur traitement deviennent indétectables. En d’autres termes, le virus ne peut plus contaminer autrui. Il n’est pourtant pas simple d’avoir des rapports sexuels le cœur léger tout en se sachant séropositif ou séropositive. « Nous avons mené une étude sur les besoins des soignants et des patients porteurs du VIH en lien avec la sexualité, grâce au soutien de la Fondation privée des HUG. Les résultats ont montré l’importance d’une consultation dédiée pour répondre aux nombreuses 36
Consultation
questions et craintes de nos patients », explique Mylène Bolmont, docteure en psychologie à la consultation de gynécologie psychosomatique et médecine sexuelle.
Crédit : Adobe.Stock
Mylène Bolmont insiste sur le fait qu’il n’y a pas de solution qui convienne à tout le monde : « Les personnes qui ont appris leur séropositivité il y a très longtemps ont souvent renoncé à avoir une vie sexuelle, ils se protègent ainsi et vivent avec cette carapace depuis des décennies. Bien qu’en 2002 l’Organisation mondiale de la santé ait reconnu la sexualité comme étant une composante essentielle du bien-être de chacun, ce n’est pas à moi de remettre en cause la manière de fonctionner des patients. Aujourd’hui, grâce à une déstigmatisation des séropositifs, la sexualité est envisagée plus sereinement et ma consultation est là pour aider et apporter des réponses aux questions. » Cet espace de discussion sert également de tri pour orienter les patients et patientes vers d’autres spécialistes en fonction des problèmes évoqués : cela peut être un urologue, un cardiologue, un physiothérapeute, etc. « La vie sexuelle des personnes séropositives n’est pas fichue ! Elles ont le droit de vivre une sexualité épanouissante », conclut la spécialiste. 37
« Je suis un mec lambda, avec un désir de mec » Antoine* a appris sa séropositivité il y a cinq ans. Aujourd’hui sous trithérapie, le virus est indétectable et il vit une sexualité épanouie. « Les six premiers mois après l’annonce de ma séropositivité, je n’ai pas eu de rapports sexuels complets. Mais depuis, je vis une sexualité normale. Je suis un mec lambda avec un désir de mec. » Antoine a été informé par son médecin qu’il existait, aux HUG, une consultation de sexologie pour les personnes séropositives alors même qu’il envisageait de consulter un psychologue : « Je vois Mylène Bolmont pour résoudre certains traumatismes anciens, pour discuter de mes fantasmes, pour trouver le moyen de vivre pleinement et de manière épanouissante ma sexualité. J’ai le VIH, mais je ne suis pas le VIH… » Le trentenaire parle assez vite de sa séropositivité à ses partenaires sexuels et se soumet à des check-up fréquents. « Je remercie le ciel de ne pas avoir attrapé le VIH dans les années 1990. Je sais que je peux vivre normalement en prenant correctement mon traitement. »
* Prénom d’emprunt.
Janvier - Mars 2022
Ainsi, depuis mars 2021, cette consultation spécialisée est ouverte une après-midi par semaine et répond aux questions de celles et ceux qui souhaitent s’y rendre. La majorité des personnes qui consultent sont des hommes. « Les sujets abordés sont très variés. Ils ne tournent pas forcément autour de la maladie, mais peuvent concerner aussi bien des troubles de l’érection, des questions sur la normalité de certaines pratiques sexuelles ou encore des interrogations sur la façon d’annoncer sa séropositivité à son partenaire. On parle autant d’amour que de couple et même de philosophie », confie la psychologue. Et la spécialiste de poursuivre : « Parfois, les blocages sexuels proviennent du partenaire de vie de la personne séropositive. Être en couple aide toutefois énormément les patients à digérer la mauvaise nouvelle. Quant aux célibataires, ils craignent souvent d’être rejetés. »
Par Elodie Lavigne Photo François Wavre | lundi13
L e
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p o r t r a i t
Pulsations
« Le médecin est au service de la société » Responsable de la Consultation ambulatoire mobile des soins communautaires (Camsco), le Pr Yves Jackson soigne et protège, par des interventions de santé publique, celles et ceux que la société peine à voir.
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Le portrait
C
La force du collectif
Après son titre FMH en médecine interne générale, le Pr Jackson suit une formation de cinéaste. Il pratique les deux activités en parallèle, mais la médecine le rattrape. « Je souhaitais travailler pour une ONG internationale. J’ai finalement pu faire à Genève ce que j’ai toujours voulu faire ailleurs. » Au sein du Service de médecine de premier recours et à la tête de la Camsco, il coordonne une équipe interdisciplinaire pour venir en aide aux migrants précaires, aux sans domicile fixe et à toutes les personnes en situation de grande vulnérabilité sociale. Grâce à un partenariat noué avec la Croix-Rouge genevoise, dont il est membre du comité, les HUG ont permis à plus de 6 000 personnes en situation de précarité
de se faire vacciner contre le Covid-19. « J’aime l’idée de l’effort partagé pour atteindre un objectif commun. »
1970
Naissance à Genève.
1997
Débute sa carrière comme interne au Quartier cellulaire de l’Hôpital.
2007
Prend la direction de la Consultation ambulatoire mobile des soins communautaires (Camsco).
2012
Part en Australie avec sa famille pour se former à la santé publique.
2021
Est nommé professeur assistant à la Faculté de médecine de l’Université de Genève.
Depuis l’enfance, il cultive cet esprit collectif à travers le sport. « Le sport est un formidable liant social et un déterminant essentiel de mon équilibre », note-t-il. Après avoir longtemps joué au football, il s’adonne désormais au vélo et aux activités de montagne : « Lorsqu’on gravit un sommet, nous sommes encordés et dépendants les uns des autres. » Une image qui correspond parfaitement à sa vision de la médecine. Guidé par des principes d’égalité des chances, de solidarité et d’entraide, le Pr Jackson souligne la nécessité d’intervenir tant à l’échelle individuelle que collective – accès au logement, aux soins, santé au travail – afin de diminuer la souffrance et améliorer les perspectives d’avenir des plus fragiles. « La pandémie a été un grand révélateur des inégalités sociales et nous force à réfléchir à une meilleure répartition des ressources pour avancer dans une direction plus juste. » Si la maladie et la souffrance sont le lot de l’humanité, certains affichent une moins grande capacité à se protéger et à se soigner. « On voit émerger de nouvelles formes de pauvreté. Parmi les invisibles, les travailleurs pauvres qui échappent aux radars sociaux sont en augmentation », s’inquiète-t-il. À côté de son activité clinique, le Pr Jackson mène une activité académique, d’enseignement et de recherche pour mieux comprendre les déterminants sociaux de la santé et du bien-être dans les groupes de population défavorisés. Il est également un acteur engagé en faveur du climat, avec la création d’un groupe de professionnels pour une médecine plus soucieuse de l’environnement ainsi que la mise en place d’un cursus académique pour sensibiliser les étudiants à ces enjeux. « Nous devons rester humbles. Nous n’avons pas de baguette magique pour traiter des situations qui nous dépassent, mais intervenir pour la santé individuelle et collective est une mission qui a du sens », conclut-il.
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onscience de la fragilité et de l’impermanence du monde, bienveillance à l’égard des autres et sensibilité à la souffrance collective. De ces préceptes empruntés à la philosophie bouddhiste, le Pr Yves Jackson en a fait une vocation. Cet enfant de Genève, né d’une mère française et d’un père britannique, a dès l’enfance le goût des autres et de l’ailleurs. Durant ses études dans la Cité de Calvin, il rêve de voyages. « Après ma dernière année de collège, je suis parti en Inde avec mon sac à dos. J’ai travaillé dans un orphelinat à Calcutta. J’y ai rencontré le Dr Jack Preger, qui a mis en place un système de santé de rue pour les plus démunis. Il a été une vraie source d’inspiration pour moi », raconte le Pr Jackson. Alors passionné de montagne et de langues orientales, il choisit toutefois la médecine, qui est à ses yeux le meilleur moyen d’avoir une influence sur le monde : « Le médecin est au service de la société. Il et elle œuvre pour améliorer la santé et le bien-être des individus ainsi que pour une plus grande cohésion sociale. » De son mentor, il garde cette vision globale de la santé. Car le parcours de vie, surtout s’il est semé d’embûches, a des effets considérables sur la santé. Au même titre que ce qu’il se passe dans le monde : « Le vécu dans le pays d’origine et dans les pays traversés a un impact sur la santé physique et mentale des personnes migrantes. Elles vivent en permanence dans plusieurs espaces-temps. »
Pulsations
Avec l'anesthésie, même pas mal !
Par Elodie Lavigne
Janvier - Mars 2022
J u n i o r
Illustrations PanpanCucul
A l'hôpital, certains soins ou examens peuvent être douloureux. Parfois, une opération chirurgicale s'impose. Heureusement, il existe des médicaments pour t'endormir afin que tu ne ressentes rien et que tu ne te souviennes pas des événements.
A quoi sert l'anesthésie ?
Quand est-ce nécessaire ?
Lorsque le médecin opère, il doit regarder à l’intérieur du corps pour le réparer. Grâce à l’anesthésie, tu ne ressens aucune sensation, tu n’as pas mal et tu ne te souviens de rien si on t’endort totalement. Et puis, ton corps reste immobile, ce qui facilite le travail des chirurgiennes et chirurgiens. Le médecin peut aussi t’endormir pour effectuer des soins ou un examen désagréables.
Par exemple, si tu as une grosse brûlure et qu’il faut nettoyer la plaie, le médecin pratique une anesthésie locale : il endort seulement la zone qui fait mal. Si tu as peur des piqûres, le médecin peut utiliser un gel anesthésiant pour poser un petit tube dans la veine ou faire une prise de sang, ce qui rend ces gestes indolores. Pour te faire un examen désagréable comme une gastroscopie – qui consiste à regarder dans ton estomac avec un petit tuyau – ou pour t’opérer (dents de sagesse, appendicite, intervention sur le coeur, le foie, etc.), il va en revanche t’endormir complètement (anesthésie générale). Parfois, les deux techniques sont utilisées l’une après l’autre.
En partenariat avec
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Expert Pr Laszlo Vutskits, médecin adjoint agrégé, responsable de l’Unité d’anesthésie pédiatrique des HUG
Comment ça se passe ? Lors d’une chirurgie, le ou la médecin place sur ton visage un masque qui sent bon la fraise. L’air (de l’oxygène et du gaz anesthésique) que tu respires avec ce masque va peu à peu te plonger dans un sommeil profond. Une fois que tu es endormi• e, un petit tuyau sera posé dans une de tes veines pour diffuser les médicaments nécessaires à l’anesthésie et contre la douleur.
Junior
Est-ce qu'on dort vraiment ?
Que se passe-t-il ensuite ?
Non, c’est différent. Lorsqu’on est sous anesthésie générale, on ne se réveille pas, même si quelqu’un nous parle ou nous touche. On n’a pas conscience de ce qui se passe dans le bloc opératoire, donc on ne se souviendra de rien. Ce sommeil artificiel est maintenu par les médicaments. Cela veut dire que tu te réveilles dès que le médecin cesse de t’en donner et que ton corps les a éliminés.
Tes parents t’attendent en salle de réveil. L’équipe soignante veille à ce que tu ne ressentes aucune douleur. Même si l’opération n’a duré qu’une heure, tu auras l’impression d’avoir dormi une nuit complète et d’être tout mou, mais cette sensation ne dure pas. Dès que tu te sens mieux et si tout va bien, tu es transféré dans ta chambre.
Est-ce que c'est risqué ?
En savoir plus :
Une brochure sur le sujet est disponible à l’adresse suivante : https://www.hug.ch/ anesthesiologie/ anesthesie-votre-enfant
Le savais-tu ? Tu ne dois ni manger ni boire (sauf quelques gorgées) six heures avant l’intervention pour minimiser les risques de l’anesthésie.
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Une consultation avec le ou la médecin anesthésiste avant l’intervention est prévue pour connaître ton état de santé, écarter les risques, choisir le type d’anesthésie et répondre à tes questions et celles de tes parents. Si tu es en bonne santé, c’est moins risqué que de prendre l’avion.
Vivre le temps de la ménopause Par Clémentine Fitaire
Janvier - Mars 2022
M i e u x -v i v r e
Pulsations
Cette étape de la vie des femmes correspond à l’arrêt de la fonction ovulatoire et des règles. Quelques conseils pour traverser sereinement cette période délicate de la vie d’une femme.
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xtrêmement variables en intensité et en ressenti, les symptômes de la ménopause débutent souvent plusieurs années avant celle-ci. Cela correspond à la « péri ménopause », une période qui court sur les sept années précédant l’arrêt définitif de la sécrétion des hormones sexuelles par l’ovaire. Environ 30% des femmes perçoivent durant cette période des symptômes modérés à sévères. « Le plus dur pour moi a été les bouffées de chaleur, en particulier la nuit. J’avais vraiment la sensation qu’une vague de chaud m’envahissait, montant du bas du corps jusqu’en haut », confie Géraldine, 53 ans.
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Avec les troubles du cycle, ces sensations de chaleur sont en effet les signes physio logiques les plus fréquents. D’autres effets moins spécifiques de la ménopause, tels qu’une fatigue importante, des troubles du sommeil, une humeur dépressive, une irritabilité, etc., sont aussi souvent évoqués. « La difficulté de ces effets est leur origine, qui peut être multifactorielle. Il est important de définir s’ils sont directement liés à la ménopause ou à d’autres paramètres, comme le contexte social, la représentation du vieillissement, le stress, etc., pour mieux les traiter », explique la Dre Isabelle Streuli, médecin adjointe agrégée responsable de l’Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie gynécologique. Penser à la phytothérapie En présence de symptômes légers, les médecines complémentaires peuvent avoir de bons résultats. Une complémentation à base d’actée à grappes (ou cimicifuga), aujourd’hui prise en charge par les assurances, est le traitement par excellence des troubles de la ménopause. Cela aide à lutter contre les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. L’acupuncture peut également venir en soutien de l’organisme face à ces symptômes.
Mieux-vivre
Pour les troubles de la sexualité, comme la sécheresse vaginale, les gynécologues conseillent généralement des crèmes ou ovules à base d’œstrogènes dont les effets sont limités à la zone d’application. Durant la ménopause, un changement de la répartition de la graisse est également observé. Le surplus gynoïde (spécifique aux femmes), localisé au niveau des seins et des hanches, tend à disparaître pour laisser la place à la graisse dite « androïde », située autour de la taille. Pour contrebalancer la prise de poids, il est important de pratiquer une activité physique régulière et d’adopter une alimentation pauvre en sucres rapides et en graisses.
51 ans Âge moyen de la ménopause. Elle peut toutefois débuter précocement (dès 40 ans) ou tardivement (après 55 ans).
Dans les cas les plus sévères, une psychothérapie couplée à des antidépresseurs peut être proposée. Libérer la parole et discuter entre paires peut également permettre de recueillir des conseils pour passer le cap. Diana, 50 ans, qui participe aux séances d’information proposées aux HUG *, témoigne : « Quand j’ai commencé à sentir mon corps changer, j’ai voulu obtenir des solutions pour mieux vivre ces premiers signes. Ces échanges m’ont apporté des informations précieuses que je n’avais pas trouvées ailleurs. »
Périménopause ne veut pas dire infertilité La baisse de fertilité est un processus continu qui débute bien avant la ménopause. Mais même s’il est diminué, le risque de grossesse n’est pas nul durant la périménopause, y compris lorsque les cycles sont irréguliers. « De nombreuses grossesses, au-delà de 40 ans, aboutissent à une interruption de grossesse (IVG). Tant qu’elle n’est pas ménopausée, la femme devrait utiliser une contraception », rappelle la Dre Isabelle Streuli, médecin adjointe agrégée responsable de l’Unité de médecine de la repro duction et endocrinologie gynécologique. * Des séances d’information sur la ménopause destinées aux femmes sont proposées par l’Unité de médecine de la reproduction et d’endocrinologie gynécologique. Informations et inscription sur www.hug.ch/gynecologie/seances-information-menopause
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Le traitement hormonal dans les cas les plus sévères Lorsque la qualité de vie est durablement impactée, des traitements hormonaux peuvent être envisagés. Ils remplacent les deux hormones (œstrogène et progestérone) dont la production naturelle a cessé et sont très efficaces contre différents symptômes. Mais leur utilisation doit être évaluée au cas par cas, en tenant compte du vécu et des attentes des patientes. En effet, il est désormais établi qu’ils sont susceptibles d’augmenter le risque de cancer du sein ou de maladies cardiovasculaires chez les femmes à risque. « Avant de prescrire ces médicaments, nous évaluons les facteurs de risque individuels ainsi que la sévérité des symptômes. Le traitement est initié dans les dix ans qui suivent la ménopause ou avant l’âge de 60 ans, période durant laquelle la balance bénéfice-risque est la plus favorable », souligne la Dre Streuli.
Oser en parler Le risque de dépression est deux à quatre fois plus élevé chez les femmes durant la péri ménopause. Période de grande vulnérabilité psychologique, cette transition est une réalité encore mal connue des hommes, mais aussi des femmes elles-mêmes, à laquelle s’ajoutent le culte du « jeunisme » et le regard négatif porté par la société sur les femmes vieillissantes. « Il faut accepter que cela est inéluctable. C’est un chemin de deuil à faire, celui de la procréation, celui de la jeunesse », confie Géraldine, qui a connu une grande perte de confiance en elle durant cette période.
Pulsations
Les HUG lancent une plateforme numérique participative afin d’élaborer leur stratégie liée au climat et à la durabilité. Objectif ? Ils souhaitent donner la possibilité aux patients et patientes ainsi qu’au grand public d’exprimer leur avis sur les défis sociétaux et environnementaux à relever ensemble.
Plusieurs études ont montré que les enfants nés très prématurément ont davantage de risques de présenter des troubles cognitifs et socioémotionnels qui peuvent persister jusqu’à l’âge adulte. Afin de les aider à surmonter ces difficultés, une équipe
Grâce au soutien de la Fondation privée des HUG, l’Hôpital des enfants bénéficie d’un secteur des plâtres récemment rénové. Aux deux salles de traitement s’ajoute désormais une pièce dédiée à l’hypnose des
Dès le lundi 17 janvier, cette plateforme permettra de découvrir les enjeux, proposer des mesures, voter et débattre pour co-construire des stratégies. Chaque personne est invitée et encouragée à donner son opinion sur les objectifs et mesures concernant des domaines aussi variés que la mobilité, les déchets, les achats ou encore les aménagements extérieurs. Le sondage se termine le vendredi 4 février. Il est accessible via le lien Hug.inilab.ch
de recherche des HUG et de l’Université de Genève a mis sur pied une intervention fondée sur la méditation pleine conscience. Durant huit semaines, des jeunes de 10 à 14 ans ont entraîné leur esprit à se concentrer sur le moment présent en se focalisant sur leurs sensations et pensées sans émettre de jugement. Les résultats de cette étude, publiés dans la revue Scientific Reports, attestent clairement que cette pratique a eu un impact positif sur leur vie de tous les jours, en les aidant à se sentir mieux et à se recentrer.
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enfants lors de la consultation. Elle assure un environnement calme et apaisant pour diminuer le stress et calmer les douleurs. La fondation Paint a Smile, avec le soutien de ses partenaires, a réalisé les décorations de ces espaces et l’Association Enfant Bonheur a offert la salle d’attente. Les couleurs et dessins, gais et lumineux, rendent l’atmosphère plus chaleureuse et sereine. Le confort des enfants et leur prise en charge sont ainsi grandement améliorés. Le secteur des plâtres prend en charge chaque année plus de 5 000 jeunes.
Crédits : Shutterstock, istockphoto, Julien Gregorio
Par Giuseppe Costa
Janvier - Mars 2022
B r è v e s
Quel hôpital durable demain ?
Effets de la méditation pleine conscience
Salles des plâtres rénovées en pédiatrie
Brèves
Accident vasculaire cérébral
16 000
Le nombre de personnes victimes d’un AVC en Suisse chaque année.
Rafael : tout savoir sur le post-Covid Rafael est la première plateforme francophone d’informations et d’échanges sur les séquelles à long terme du Covid. Mise en ligne grâce au soutien de la Fondation privée des HUG, ce site web interactif s’adresse au grand public et aux spécialistes de la santé. Son robot conversationnel (chatbot) répond
Nouvelle chambre funéraire en pédiatrie La perte d’un enfant est sans doute l’épreuve ultime à vivre pour des parents. À l’Hôpital des enfants, les familles endeuillées peuvent désormais veiller leur enfant dans une nouvelle chambre funéraire, paisible et accueillante. Elles débutent
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La réduction du délai de prise en charge des AVC aux HUG depuis la mise en place, en 2020, d’une filière rapide.
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Crédits : vectorstate, HUG, Louis Brisset
Date à laquelle les HUG sont certifiés Centre neurovasculaire.
Pour en savoir plus : www.hug.ch/ actualites
immédiatement aux questions les plus fréquentes des internautes. Son domaine d’expertise inclut tout ce qui concerne le post-Covid, de ses symptômes persistants les plus connus à son impact sur la qualité de vie des personnes malades. Rafael tire son nom de l’un des premiers patients diagnostiqués aux HUG avec des symptômes persistant plusieurs semaines après sa guérison. Cette plateforme est mise à jour au fur et à mesure des discussions et des études scientifiques. Elle est accessible sur post-covid.hug.ch
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ainsi leur processus de deuil dans le respect de leur souffrance et de leur intimité, accompagnées par les équipes soignantes. Chaque année, environ une trentaine de familles sont confrontées à cette épreuve. Ce projet a été rendu possible grâce au soutien de la Fondation privée des HUG. Il comprend une chambre de recueillement avec un panneau rétroéclairé et un espace d’attente intérieur. Une zone de tranquillité est signalée dans le couloir qui la longe afin de créer un environnement paisible. Un éclairage différent avertit de la présence d’une famille.
16/01 Musique
HUG. Ces instantanés retracent l’expérience de l’artiste durant la première vague de la pandémie. Ils valorisent le courage des malades et la qualité du travail effectué par le personnel des HUG. Des croquis qui génèrent de l’émotion et parlent un langage différent de celui relaté par des mots, des photographies ou un film.
Concert de l’an
17h Centre de l’innovation des HUG Bâtiment Gustave Julliard Rue Alcide-Jentzer 17 Entrée libre
MARS
Par Giuseppe Costa
A g e n d a
Janvier - Mars 2022
Cérémonie du souvenir
L’Ensemble instrumental romand revient à l’hôpital après deux ans d’absence pour son traditionnel concert de l’an… qui a lieu cette année le dimanche 16 janvier. Avec Abdel Hamid El Shwekh, direction et premier violon solo.
Exposition
12/03 Deuil
15h Espace de ressourcement Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
Jusqu’au 31/01
Les HUG se mobilisent pour la Journée mondiale du rein, sur le thème La santé rénale pour toutes et tous. Sont prévus des dépistages gratuits, des ateliers, des stands ainsi qu’une visite du Centre de dialyse et des conférences. Plus d’infos sur : www. hug-ge.ch/nephrologie
Comme chaque année avant la pandémie de Covid-19, les HUG organisent une Cérémonie du souvenir pour les parents, familles, proches et soignants confrontés au décès d’un bébé ou d’un enfant. L’occasion de partager un rituel symbolique qui marque le lien unissant les proches au-delà de la mort. Cette commémoration laïque est ouverte à toutes les religions et convictions. Des soignants ainsi qu’un·e aumônier·ère sont présents pour accueillir et accompagner les participant·es. Plus d’infos sur : www.hug. ch/ceremonie-du-souvenir
Croquis aux soins intensifs
10/03
Arcade HUG Bâtiment Julliard Rue Alcide-Jentzer 17
Journée mondiale du rein
15/03
Intimes et touchants, les croquis aux soins intensifs d’Eliane Beytrison, réceptionniste dans ce service, sont exposés à l’Arcade
Néphrologie
Sensibilisation
Dès 12h Entrée principale Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
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Cancer colorectal 17h-19h Auditoire Marcel Jenny
Crédits : Julien Gregorio, DR
JANV.
Pulsations
Agenda
Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
25/03
Conférences et film
Colloque
Cerveau
10h-16h Musée Ariana Av. de la Paix 10 Entrée libre sur inscription
Art et santé
Dès 19h Uni Dufour Rue Général-Dufour 24 Entrée libre
Afin de faire le point sur les avancées scientifiques, l’Université de Genève organise, en collaboration avec les HUG, la Semaine internationale du cerveau. Cette 23e édition porte sur l’intelligence artificielle et les interfaces cerveau-machine. Elle se clôt le vendredi 18 mars à l’Auditorium Arditi avec une projection et un débat autour d’un film. Plus d’infos sur : www. semaineducerveau.ch
Sous le titre « L’art et la santé un duo gagnant ? », un colloque interdisciplinaire développe, questionne et croise les pratiques autour du postulat de l’art en tant que vecteur thérapeutique. La participation de personnes expertes dans les domaines de la médecine, la sociologie, la psychologie, l’art-thérapie et l’histoire permettront des communications et échanges passionnants. Entrée libre, sur inscription, dans la limite des places disponibles.
PROCHAINES ÉDITIONS 2022 MODULES TECHNOLOGIES DE LA SANTÉ & GÉRONTECHNOLOGIES PSYCHOGÉRIATRIE & DÉMENCE SOINS PALLIATIFS NUTRITION CLINIQUE ÉDUCATION POUR LA SANTÉ & ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE SOUTIEN PROCHES AIDANTS ÉVALUATION CLINIQUE GÉNÉRALITÉS ADULTE SANTÉ ENVIRONNEMENTALE NOUVEAU ! DAS
PROMOTION DE LA SANTÉ ET PRÉVENTION DANS LA COMMUNAUTÉ SANTÉ DES POPULATIONS VIEILLISSANTES
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Liste complète des formations et renseignements : www.ecolelasource.ch
www.ecolelasource.ch 47
Janvier - Mars 2022
Le Centre des cancers et le Service de chirurgie viscérale des HUG organisent la deuxième édition de Mars bleu, en partenariat avec la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer et la Ligue genevoise contre le cancer. Lors d’une conférence publique, six spécialistes vont répondre à six questions autour du cancer colorectal : l’importance de l’alimentation et de l’activité physique, la nécessité de se faire dépister, les conséquences des traitements et le rôle des médecines complémentaires dans le traitement. Programme complet : hug. plus/marsbleu2022
14 au 18/03
Pulsations
Pour en savoir plus sur… Bien vieillir
En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU
L i v r e s
Janvier - Mars 2022
&
W e b
J’ai choisi de bien vieillir : vivre plus longtemps… et mieux Françoise Forette, Laurence Dorlhac Archipel, 2016 Choisir de bien vieillir, c’est se donner toutes les chances de passer une avancée en âge active, sereine et ouverte à la vie. Plaidoyer pour la prévention, ce livre écrit à quatre mains s’adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent vieillir en bonne santé.
La mucoviscidose À couper le souffle : une vie de sommets avec la muco Fiona Malagutti La Martinière, 2021 Fiona est atteinte de mucoviscidose, une maladie génétique rare qui affecte les voies respiratoires, le système digestif et nécessite des soins quotidiens. Dans son récit, elle raconte son aventure latino-américaine, l’ascension d’un sommet à plus de 6 000 mètres d’altitude, mais aussi tous les sommets, petits et grands, réels ou symboliques, qu’elle a dû gravir pour en arriver là. CONTACT Tous les livres référencés sont disponibles à la Bibliothèque de l’Université, site CMU. Ils peuvent être consultés et/ou empruntés gratuitement. Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch 022 379 51 00 Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/
L’arthrose L’arthrose, je peux agir ! Dominique Pierrat Solar, 2020 Retrouvez les conseils de Dr Good, alias Michel Cymes. Un cahier pour tout savoir sur les différents types d’arthrose, les symptômes associés, leur évolution et le diagnostic à poser. Des conseils de prévention, des exercices pour soulager les douleurs ainsi que les bons gestes à adopter au quotidien.
Bien vivre son arthrose grâce à l’activité physique Céline Coutard-Antunes Edilivre, 2019 Cet ouvrage démystifie l’activité physique, souvent mal perçue, et surmonte les idées reçues sur l’arthrose. Quelles sont les activités physiques bénéfiques pour mon arthrose ? Et celles déconseillées ? Un vrai guide pour prendre à bras-le-corps l’arthrose sans la subir.
Ligue suisse contre le rhumatisme
La Ligue suisse contre le rhumatisme et ses ligues cantonales ont des activités de conseil (médical et social), organisent des cours de gymnastique et des séances d’information. www.ligues-rhumatisme.ch
Les troubles « dys » Dyslexie et autres maux d’école : quand et comment intervenir Marie-Claude Béliveau Éd. CHU Ste-Justine, 2021 La dyslexie et d’autres maux d’école de la même « famille » nuisent grandement aux apprentissages de 10 à 15% des enfants. Par une approche simple et pragmatique, ce livre encourage l’entourage de l’enfant à trouver les clés pour qu’il se développe à la pleine mesure de ses capacités.
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L’asthme L’asthme : 100 questions-réponses. Questions de patients, réponses de médecin Nathalie Freymond, Yves Pacheco Ellipses, 2016 Ce livre s’adresse aux asthmatiques et aux parents d’enfants asthmatiques qui souhaitent mieux maîtriser la maladie. Comprendre les traitements, contrôler son environnement pour éviter les aggravations, garder une bonne hygiène de vie sont autant de facteurs pour devenir acteur et actrice de sa prise en charge.
L’asthme : comment devenir expert dans la prise en charge de cette maladie Louis-Philippe Boulet, Hélène Boutin Presses de l’Université Laval, 2016 Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux personnes asthmatiques qu’aux professionnel·les de la santé ayant une fonction éducative auprès de celles-ci.
La ménopause Ménopause, pas de panique ! Odile Bagot Mango éditions, 2019 Un guide très illustré pour tout savoir sur la ménopause. Chaque page vous aide, avec bienveillance et sérieux, à mieux comprendre et optimiser vos réactions, pour retrouver santé et bien-être au quotidien.
VIH InVIHsibles : trajectoires de femmes séropositives Vanessa Fargnoli Éditions Antipodes, 2021 Un recueil de trente récits de vie récoltés entre 2013 et 2016 auprès de femmes hétérosexuelles séropositives en Suisse romande, diagnostiquées positives au VIH avant l’an 2000.
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AU GM E N T E R LE B I E N - Ê T R E D U PAT I E N T Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.
A M É L IO R E R LA QUA L I T É DES SOINS Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.
FAVO R I S E R L A R E C H E RC H E M É DI C A L E Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.
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