Pulsations octobre-décembre 2022

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OctobreDécembre2022Pulsations Junior J’ai mal à la tête Substances Le point sur le CBD DOSSIER Intelligence artificielle Une révolution en santé
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Sommaire

Pulsations Octobre - Décembre 2022
1 Actualité 04 L’accueil des urgences transformé 06 Accueillir les personnes sourdes et malentendantes 08 Beau-Séjour 22-24, un lieu de soins inédit 09 La variole du singe 10 Stopper les tremblements 12 Cancer : un parcours de soins à domicile 14 Le portrait Pre Ariane Giacobino : quand génétique rime avec éthique 24 Témoignage Le diabète de type 1 26 L’organe Le sein 28 L’infographie L’acné 30 Rencontre Bruno Lab, responsable du pôle humanitaire 32 Substances Le point sur le CBD 34 Reportage FertiGenève 37 Vrai-faux L’herpès 40 Junior Le mal de tête 42 Mieux-vivre Comment traverser un deuil 44 Brèves Agenda 48 Livres & Web Pour en savoir plus IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/ pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 41’000 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: istockphoto, Science Photo Library, Shutterstock Crédits sommaire : Louis Brisset, Nicolas Schopfer, Nicolas Righetti | Lundi 13, istockphoto 10 24 37 16 DOSSIER INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Une révolution en santé 38 L’invitée Daniela Camelo : « Il faut prendre soin de notre santé mentale »

et assistance à domicile

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Communiquer au-delà des mots

La surdité ou une forte baisse de l’audition concernent plusieurs milliers de personnes à Genève. Pour elles, se rendre à l’hôpital peut être synonyme de stress, car il s’agit de réussir à communiquer avec le personnel de santé et comprendre une information parfois complexe. Afin de réduire les obstacles et garantir un accès équi table aux soins à cette population, les HUG ont engagé une infirmière référente au Service de médecine de premier recours (lire article en pages 6 et 7). Son recrutement vient compléter des outils de sensibilisa tion déjà à disposition du personnel d’accueil et soignant.

comprend mieux que quiconque les difficul tés survenant lors d’un parcours hospitalier et évalue les besoins des personnes sourdes et malentendantes. Ses objectifs ? Améliorer la prise en charge en leur proposant un accompagnement adapté et faire le lien avec le personnel médico-soignant.

Une initiative innovante, puisque Tanya Sebaï est également sourde de naissance et pratique la langue des signes. Attentive et bienveillante, elle

Si elle facilite très souvent la communication entre le ou la patiente et les équipes, Tanya Sebaï ne remplace toutefois pas l’interprète. Son rôle comme ses compétences diffèrent. À l’interprète, la traduc tion littérale des mots en langue des signes ; à l’infirmière, le soin de vérifier si les explications sont comprises, de rassurer ou de répondre aux questions qui surviennent une fois la consulta tion terminée. Grâce à sa fonction médiatrice, cette professionnelle de santé contribue au succès d’une relation thérapeutique bâtie sur la confiance et le dialogue. 

Pulsations 3 OctobreDécembre 2022Editorial

L’accueil des urgences transformé

Le Service des urgences fait peau neuve : sa zone d’accueil et de tri bénéficie d’une nouvelle architecture ainsi que d’un concept d’organisation repensé. Plus de confort et davantage de confidentialité. Reportage.

peine le seuil des urgences des HUG franchi, Mario Alvarez Merino s’empresse : « Comment puis-je vous aider ? » Mario est infirmier coordinateur de tri, un tout nouveau poste ici. Son travail ? Il évalue en un coup d’œil la gravité de l’état de santé des personnes arrivantes avant de les diriger selon l’ordre des priorités cliniques dans des box de tri individualisés, tout neufs.

C’est que la zone d’accueil et de tri des urgences a vécu un véritable chamboule ment autant architectural que conceptuel. Les nouveaux box individualisés remplacent un espace auparavant ouvert. « Le désavan

tage était que les patients et patientes pou vaient parfois exposer la nature de leur problème de santé devant tout le monde », explique le Dr Olivier Grosgurin, médecin adjoint agrégé et répondant médical pour le tri au Service des urgences. Depuis juillet 2022, ces box privatifs séparés protègent la confidentialité de chacun et chacune.

Mario jette un coup d’œil à l’entrée des box. Un code lumineux lui permet d’organiser le tri : le violet signale que le patient ou la patiente installée attend l’arrivée d’un ou une infirmière de tri, le vert montre sa présence et qu’il ou elle est en train d’effec tuer le tri et l’absence de couleur désigne un box disponible.

Par Marion de Vevey Photo Louis Brisset
Pulsations 4 OctobreDécembre 2022 Actualité
À

Coordonner le flux des arrivées

À l’intérieur de chaque box de tri se trouve le matériel nécessaire au triage et à l’admi nistration des premiers secours, ainsi que des boutons pour appeler du renfort. Sur chaque côté, une vitre sur la partie supé rieure de la pièce. « Une limite du système de box isolés est que les collègues ne se voient plus, contrairement à l’espace ouvert que nous avions avant. Afin de garder au mieux ce contact visuel entre personnel soignant, qui permet de venir spontanément en aide à une ou un collègue en difficulté, ces vitres ont été installées », continue le Dr Grosgurin. C’est encore pour cette même raison que Mario est à l’accueil : coordonner le flux entrant et ne passer ainsi à côté d’aucune urgence. Sébastien Sangan, infir mier responsable du tri, précise : « La créa tion du poste d’infirmier coordinateur ou infirmière coordinatrice de tri permet de prioriser l’ordre des patientes et patients qui vont être triés. »

Après que le ou la soignante a récolté les informations dans le box individuel, la pa tiente ou le patient ressort par une autre porte. La personne peut alors rejoindre l’Unité ambulatoire si sa situation n’est pas trop préoccupante, l’Unité de déchocage si au contraire celle-ci est critique ou l’Unité poly valente si son état est intermédiaire. Livrée il y a à peine quelques mois, cette dernière sent encore le neuf. Elle comprend seize espaces séparés, spacieux et lumineux. En son centre, deux salles vitrées qui rassemblent médecins, infirmiers et infirmières et favorisent la com munication et le travail interprofessionnel.

Nouveaux espaces d’accueil pour les familles

Un coup d’œil à l’entrée à gauche des ur gences permet d’entrevoir une autre partie tout juste terminée : trois salles confortables destinées à l’accueil des familles ou proches de patientes et patients. « Il arrive souvent que nous devions annoncer une mauvaise nouvelle aux familles ou discuter avec elles de la prise en charge d’une personne qui n’est pas en état de le faire. Ces nouvelles salles sont plus spacieuses et nombreuses qu’avant et c’est une amélioration pour la gestion de ces moments délicats », continue le Dr Grosgurin.

A relever encore que depuis le début du chantier, les équipes médico-soignantes font preuve d’une remarquable capacité d’adaptation face aux difficiles conditions de travail, notamment le bruit, la poussière et les déménagements successifs. « Leur résilience et le mérite d’avoir prodigué des soins de qualité dans un tel environnement sont admirables », souligne le Pr François Sarasin, médecin-chef du Service des urgences. Pour ce dernier, le but de ces rénovations se résume en une phrase : « Offrir à la population genevoise des urgences adultes modernes, accueillantes, confortables et assurant davantage de confidentialité. » En ce qui concerne le nouvel accueil et le tri, le pari est déjà réussi. 

L’avancée des travaux

Jusqu’à aujourd’hui, le calendrier général est tenu. Une gageure puisqu’il s’agit d’effectuer des travaux impor tants tout en assurant les besoins du Service des urgences. Les personnes qui consultent doivent ainsi être déplacées dans des unités provisoires, construites et détruites au fur et à mesure des avancées (neuf déménage ments successifs).

Travaux de rénovation déjà effectués Unité d’observation Mai 2020

Unité d’urgence polyvalente Avril - Mai 2022

Unité d’urgence psychiatrique Avril - Mai 2022

Zone d’accueil et de tri Juillet 2022

Ce qu’il reste encore à réaliser

Surélévation de la rotonde (étage administratif)

Novembre - Décembre 2022

Unité de déchocage (cas critiques)

Décembre 2022 - Janvier 2023

Dépose ambulance Mars 2023

Locaux communs

Juillet - Août 2023

Actualité 5 OctobreDécembre 2022

Au service des personnes sourdes et malentendantes

Depuis janvier, Tanya Sebaï, infirmière de formation, coordonne les soins et accompagne les personnes qui ont une audition fortement diminuée. Une nouvelle prestation qui améliore leur prise en charge.

PPulsations 6 OctobreDécembre 2022 Actualité as facile de pousser la porte d’un hôpital quand on est une personne sourde ou malenten dante. Comment comprendre les informations énoncées à l’accueil ou établir le dialogue avec le per sonnel soignant ? Autant de difficultés qui obligent bien souvent les personnes avec d’importants problèmes auditifs à se faire accompagner, limitant ainsi leur autonomie et la confidentialité de leurs échanges avec le corps médical.

Par Yseult Théraulaz Illustration Kotryna Zukauskaite Photo Louis Brisset

Pour remédier à cette situation, les HUG ont engagé, en janvier dernier, grâce au sou tien de la Fondation privée des HUG, Tanya Sebaï, infirmière rattachée au Département de médecine de premier recours. Elle-même sourde de naissance mais appareillée, elle est la référente pour les personnes sourdes et malentendantes. « J’organise des consultations infirmières pour faire le point sur leurs besoins en matière de santé et je les accom pagne tout au long de leur parcours de soins. Je leur parle en langue des signes. Je peux ainsi leur fixer un rendez-vous chez un ou une médecin ou encore servir d’intermédiaire entre elles, l’équipe médi co-soignante et les différentes intervenantes et intervenants », explique Tanya Sebaï.

Des conseils très utiles

Delphine Quach, sourde de naissance, a profité de la présence de Tanya Sebaï lors de l’opération de son enfant : « Sans interprète, les rendez-vous médicaux peuvent mener à des malentendus ou des simplifications qui peuvent porter à conséquence. Tanya Sebaï a tenu informé également le service où notre enfant et moi-même avons séjourné pour que la communication se passe bien avec l’équipe médicale. Ses conseils, comme parler en face et distinctement ou recourir à l’écrit en cas de besoin, ont été très utiles. »

Lucie*, vaillante septuagénaire, a aussi bénéficié de l’aide de l’infirmière référente et elle ne tarit pas d’éloges à son sujet : « J’ai récemment dû passer plusieurs examens à l’hôpital et la présence de Tanya m’a soulagée, car je suis souvent stressée. Elle est formidable, elle m’explique tout en détail. J’ai totalement confiance en elle. »

Pour apaiser Lucie lors de son hospitalisa tion, Tanya Sebaï lui a préparé un planning détaillé avec le nom des médecins qu’elle allait consulter, les horaires et les motifs des consultations.

Au bloc, la présence de l’infirmière est d’autant plus indispensable : « Les personnes qui doivent se faire opérer n’ont plus leurs appareils auditifs, c’est une situation parti culièrement anxiogène, d’autant que tout le monde est masqué au bloc et que la lecture labiale n’est plus possible. Je les accompagne. Ce soutien est très important. »

Un projet global pour un meilleur encadrement

En plus de l’accompagnement infirmier, ce projet novateur offre d’autres prestations utiles comme le dossier administratif du patient ou de la patiente, où il est fait mention de l’usage de la langue de signes, le prêt de tablettes à l’accueil pour contacter facilement Tanya Sebaï, infirmière référente pour les personnes sourdes et malentendantes aux HUG, mais aussi un site internet de l’hôpital proposant des vidéos sous-titrées ou signées ainsi que différents supports papier spécialement conçus pour cette patientèle.

Tanya Sebaï explique aussi clairement les interventions thérapeutiques à des personnes souvent peu sensibilisées aux thématiques de santé, par manque d’accès aux informa tions. « Son intervention est essentielle pour rassurer les équipes et aider les patients et patientes dans leurs choix thérapeutiques. Avec le vieillissement de la population, il y a de plus en plus de personnes qui souffrent de problèmes d’audition et cet accompagnement leur assure un suivi qualitatif sur la durée », note Sylvie Welker, responsable des soins au Département de médecine de premier recours. Et Patricia Borrero, infirmière spécialiste dans les soins à la personne âgée au pôle des Pratiques professionnelles, de préciser : « La langue des signes étant entrée dans la Constitution genevoise, les instances politiques soutien nent ce projet, tout comme la direction générale des HUG ». 

* Prénom d’emprunt.

TANYA SEBAÏ
7 Actualité OctobreDécembre 2022

Beau-Séjour 22-24, un lieu de soins inédit

Adresse chargée d’histoire, le 22-24 de l’avenue de BeauSéjour s’apprête à voir naître un bâtiment qui hébergera à la fois un centre novateur de chirurgie ambulatoire « HUG-Hirslanden » et un pool de consultations polyvalentes des HUG. Après avoir accueilli un hôpital, où ont opéré d’illustres médecins tels que Gustave Julliard, des bureaux de la Direc tion générale de la santé ou encore un complexe de bains thermaux, le lieu verra la première pierre du nouveau bâtiment posée cet automne. L’ouverture des portes est quant à elle prévue pour début 2025.

Chirurgie ambulatoire

Ce qui attend les patients et patientes ? Commençons par le centre de chirurgie ambulatoire. Le projet repose sur l’union inédite entre les HUG et le groupe Hirslan den. L’enjeu : « Réunir les atouts de ces deux partenaires, impliqués à parts égales, pour optimiser la demande croissante dans le domaine de l’ambulatoire. Un exemple de cette nécessité : il peut arriver qu’une même salle d’opération – suréquipée –accueille tout aussi bien une opération lourde qu’une intervention brève sur des varices. Le nouveau centre permettra

d’adapter les investissements aux besoins, tout en garantissant un confort et une qualité de soins optimale pour la personne opérée. Pour elle, aucun changement quant à son suivi : elle restera patiente du chirurgien ou de la chirurgienne, HUG ou Hirslanden, qui la suit », résume Ghislain Masure, responsable du Pôle Projets et chef du Programme DéCA  (Développement de la chirurgie ambulatoire).

Avantages considérables

Le second pôle d’activités prévu dans ce bâtiment regroupera le Service d’ophtalmologie des HUG, avec ses urgences sept jours sur sept et son plateau technique, les consultations de dermatochirurgie et un centre de la main et du pied, lui aussi inédit. « Cette nouvelle structure regroupe des avancées majeures qui, tout en répon dant à des impératifs économiques et opérationnels urgents, vont présenter de nombreux avantages pour les patients et patientes », se réjouit Ghislain Masure. 

Plus d’infos : www.chirurgie-ambulatoire.ch

Pôle de chirurgie ambulatoire fondé sur un partenariat public-privé : tout dans le projet, qui se construit à deux pas du Service de médecine interne et réadaptation de Beau-Séjour, relève de l’inédit.
Pulsations 8 OctobreDécembre 2022 Actualité Par
Crédit : meier + associés architectes

Un traitement pour traiter la variole existe.

Le point sur la variole du singe

Depuis fin juillet, ce virus est devenu pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) une urgence de santé publique de portée internationale. Vrai-faux sur cette épidémie avec la Dre Pauline Vetter, cheffe de clinique au Centre des maladies virales émergentes.

La variole du singe est une maladie bénigne. Faux. Dans la majorité des cas, la maladie provoque des lésions qui guérissent toutes seules après quelques semaines. Cependant, certaines personnes souffrent de fortes douleurs, présentent des formes plus sévères (encéphalites, myocardites) et le virus a même causé des décès, y compris chez des jeunes en bonne santé. Quelque 10% des personnes infectées nécessitent une hospitalisation.

La variole du singe est une maladie sexuellement transmissible.

Vrai et faux. Le virus responsable de la variole du singe se transmet majoritairement par contact direct avec une lésion, qu’elle soit cutanée, génitale ou anale. Plus rarement, la transmis sion peut également se faire par contact indirect avec des objets, linges, draps contaminés ou par contact prolongé à travers les sécrétions respiratoires (postillons).

Vrai. Un antiviral, le tecovirimat, semble efficace pour répondre aux formes les plus sévères de la maladie. La Confédération a prévu d’en acquérir; les HUG en disposent déjà en quantité limitée dans le cadre d’un accès compassionnel (traitement de dernier recours), encadré par une large étude européenne.

La vaccination doit être ciblée.

Vrai. L’OMS recommande de vacciner les personnes les plus à risque ainsi que les personnels de santé suscep tibles d’être confrontés à la maladie. La vaccination semble protéger contre les évolutions sévères. La Confédération a prévu d’acheter un vaccin antivariolique (Imvanex), déjà approuvé dans l’Union européenne.

Il y a un risque d’épidémie de grande ampleur.

Vrai. Aujourd’hui, le virus circule majoritairement chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Cependant, ce virus peut toucher n’importe qui, sans distinction d’orien tation sexuelle, de genre ou d’âge. Tant que le virus se transmet, il continue à s’adapter : il va évoluer et muter comme tout virus nouveau chez l’être humain. On ne peut pas exclure qu’un jour il y ait une transmission plus élargie. Il est donc nécessaire de prendre toutes les mesures possibles pour limiter la circulation de ce virus. 

Octobre Décembre Par Giuseppe Costa
Crédit : Science Photo Library
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2022Actualité
9 Pulsations

Des ultrasons pour stopper les tremblements

stratégique du cerveau, créant une microlé sion de quelques millimètres qui provoque une interruption du circuit anormal hype ractif à l’origine des tremblements. « Le guidage par IRM nous permet de doser en temps réel la puissance du faisceau et de cibler rapidement le point visé. Cette grande précision entraîne un résultat immédiat sur les symptômes », détaille le Pr Rares Salomir, physicien au Service de radiologie.

«C’est une renaissance. Les trem blements qui empoisonnaient ma vie au quotidien se sont envolés en quelques minutes. Je suis ravie d’avoir pu retrouver des gestes anodins, comme le plaisir d’écrire, de faire de la couture, du piano… » C’est ainsi que Françoise, 80 ans, revient sur ce traitement qui a changé sa vie. Atteinte de tremble ments dits « essentiels » (lire ci-contre), elle fait partie de la dizaine de personnes ayant bénéficié des ultrasons focalisés aux HUG depuis 2021. Cette technologie novatrice en Suisse vise à diminuer – voire à faire disparaître – les tremblements survenant dans un contexte de maladie neurologique, telle que la maladie de Parkinson, ceux dits essentiels ou d’autres formes plus rares.

Une technique innovante

Tout se déroule en quelques heures dans une salle d’examen IRM. Un casque est placé au-dessus de la tête, elle-même fixée dans un cadre de maintien pour assurer son immobilité totale. Le casque ultrasons émet des faisceaux convergeant en un point

Jusqu’à présent, le traitement des tremble ments essentiels ou dans le contexte d’une maladie de Parkinson s’effectuait principalement au moyen de médicaments ou par stimulation cérébrale profonde, via des électrodes implantées dans le cerveau. L’utilisation des ultrasons est donc une alternative non invasive intéressante pour améliorer le confort et réduire la durée d’hospitalisation.

En outre, l’efficacité de cette intervention est supérieure à celle des autres traitements, médicamenteux notamment. « Nous obser vons entre 60 et 80% d’amélioration du tremblement essentiel, de façon durable, avec un vrai gain sur la qualité de vie », constate la Dre Vanessa Fleury, neurologue.

Quelques effets secondaires postopératoires liés à l’inflammation autour de la lésion peuvent parfois survenir et provoquer par exemple des troubles de l’équilibre ou une diminution de la sensibilité aux extrémités. Mais ils disparaissent généralement rapidement.

Certaines contre-indications existent. Chez les personnes sous anticoagulants, présentant des lésions intracrâniennes

Clémentine Fitaire Photo Louis Brisset
Une nouvelle technique utilisant des ultrasons présente une grande efficacité dans le traitement des personnes atteintes de tremblements essentiels ou de la maladie de Parkinson. Les HUG sont le seul centre en Suisse romande à proposer cette alternative novatrice.
Pulsations 10 OctobreDécembre 2022 Actualité Par

Actualité

comme des anévrismes ou une densité crânienne (épaisseur osseuse) inadéquate, d’autres traitements sont privilégiés. Ces paramètres sont évalués lors d’une consultation préalable.

Une piste pour traiter d’autres symptômes

Révolutionnaire et porteuse d’espoir dans le cas de tremblements réfractaires aux autres traitements, la technologie des ultra sons focalisés, encore peu utilisée, devrait s’imposer dans les années à venir comme une alternative de choix pour le tremble ment essentiel.

Du côté de la recherche sur les traitements de la maladie de Parkinson, elle ouvre également des perspectives intéressantes. « Des équipes tentent actuellement de viser de nouvelles cibles cérébrales avec ces ultrasons. Le rapport bénéfice-risque doit encore être mis en évidence, mais nous pourrons peut-être bientôt traiter d’autres symptômes de la maladie de Parkinson, comme l’akinésie (diminution et lenteur des mouvements) et la rigidité, ou encore les contractions musculaires (dystonie), grâce à cette technologie prometteuse », espère le Pr Shahan Momjian, médecin adjoint agrégé au Service de neurochirurgie. 

Le casque ultrasons émet des faisceaux convergeant en un point stratégique du cerveau.

Différents types de tremblements

Maladie neurologique fréquente, le tremblement essentiel se caracté rise par des mouvements involon taires et incontrôlables d’une partie du corps (surtout mains, menton, cou, tête) pouvant entraîner un handicap social. La cause reste inconnue, mais un facteur génétique est suspecté. Si ces mouvements

peuvent survenir à toute période de la vie, ils augmentent significative ment avec l’âge. Environ 3% des plus de 80 ans sont ainsi concernés. Le tremblement essentiel est à distin guer de celui survenant dans un contexte de maladie de Parkinson, un symptôme relevé chez environ 75% des malades.

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OctobreDécembre 2022

OctobreDécembre 2022 Actualité Cancer : un parcours de soins à domicile

Le Département d’oncologie des HUG et imad travaillent main dans la main pour une prise en charge optimale, entre l’hôpital et la maison, des personnes souffrant d’un cancer.

Souffrir d’un cancer nécessite le plus souvent un long suivi et des soins spécifiques. « Au total, ce ne sont pas moins de 5 000 per sonnes qui sont suivies en ambu latoire en oncologie. Il est donc important d’établir une véritable collaboration profes sionnelle avec tout le réseau de soins afin d’améliorer le parcours global de la per sonne, depuis l’hôpital jusqu’à son domicile

Pulsations 12

et les différentes structures », explique le Pr Pierre-Yves Dietrich, chef du Départe ment d’oncologie jusqu'au 30 septembre.

Ce département travaille avec de nom breux partenaires externes, dont imad (institution genevoise de maintien à domicile). « Les soins en oncologie néces sitent des compétences particulières. L’imad souhaitait aussi développer ses propres aptitudes dans ce domaine et professionnaliser la prise en charge tout au long du parcours. Il ne faut pas perdre de vue que l’oncologie regroupe des milliers de maladies différentes et qu’aujourd’hui, il existe près de 500 médicaments dont la toxicité varie. Il est donc primordial que le suivi à domicile se fasse par du personnel spécialisé », poursuit le Pr Dietrich.

Étroite collaboration et suivi efficace Depuis le début de l’année, une personne référente pour les HUG et une pour imad s’occupent de transmettre les informations importantes aux deux structures, coordon ner les rendez-vous et vérifier, entre autres, que le suivi thérapeutique est bien établi. « Cette collaboration améliore l’efficience des équipes de soins hospitalières et à domicile. Cela répond aux attentes de la patientèle car il y a moins de changement de personnel. La fidélisation de la relation entre l’équipe soignante et la personne malade est un atout, surtout en oncologie où les traitements sont lourds », explique Pierre-Yves Dietrich.

Un atout qu’Amélie*, 30 ans, a beaucoup apprécié : « À la moindre question sur mon traitement, j’obtenais les réponses de l’équipe soignante à domicile. S’il y avait des effets secondaires à la maison, je pouvais compter sur leur expertise et me sentais soutenue. L’oncologue des HUG était tenu au courant et pouvait adapter mon traitement en conséquence. C’était rassurant qu’une partie des informations médicales soient transmises par l’infirmière

référente en oncologie à l’oncologue. La présence des personnes positives et professionnelles d’imad m’a évité de sombrer. »

Et le Pr Dietrich de conclure : « Le cancer n’a pas que des répercussions sur la santé de la personne qui en souffre, mais il a également un fort impact professionnel et familial qui nécessite des compétences relationnelles particu lières. » Si un tel partenariat apporte du soulagement aux malades, il améliore aussi les interactions entre le monde hospitalier et celui du maintien à domicile. D’autres collaborations de ce type vont être amenées à se développer 

* Prénom d’emprunt.

Mieux connaître la réalité du terrain

Olivier Perrier-Gros-Claude, directeur des opérations à imad, explique : « Afin d’assurer une continuité dans la prise en charge entre l’hôpital et la maison, les personnes atteintes d’un cancer ont désormais à disposition une grande quantité de prestations qu’il convient de coordonner. Le partenariat avec les HUG a permis de dresser le parcours de vie et de soin en interprofessionnalité du ou de la patiente et pas uniquement de lui allouer une série de prestations. »

L’hôpital et imad partagent désormais le même réseau d’informations et renforcent le lien entre leurs équipes respectives. « Nos collaborateurs et collaboratrices ont fait des journées en immersion à l’hôpital et celles et ceux du Département d’oncologie ont également suivi nos équipes sur le terrain. Grâce au référent coordina teur, le ou la malade n’a plus besoin de coordonner sa prise en charge », explique Fabrice Leocadie, directeur de l’hospitalisation à domicile et de soutien à imad.

Octobre

Décembre 2022 Actualité 13

Quand génétique rime avec éthique

Décembre En janvier dernier, la Pre Ariane Giacobino, médecin adjointe agrégée au Service de médecine génétique des HUG, a été nommée au Comité consultatif national d’éthique en France (CCNE), où elle est la seule personnalité étrangère à siéger. Retour sur cette distinction et sur son parcours.

En janvier dernier, la Pre Ariane Giacobino, médecin adjointe agrégée au Service de médecine génétique des HUG, a été nommée au Comité consultatif national d’éthique en France (CCNE), où elle est la seule personnalité étrangère à siéger. Retour sur cette distinction et sur son parcours.

Octobre 2022 Le portrait Par Élodie Lavigne Photo Fred Merz | lundi13
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«C’

est la nomination dont je suis la plus fière. Lorsque

j’ai reçu cette nouvelle, ma joie était telle que je ne tenais plus en place », raconte la Pre Ariane Giacobino. Chaque mois, la généticienne se rend à Paris pour réfléchir à des questions éthiques au sein d’un comité riche en per sonnalités issues de domaines très variés et pointus. « Cela nous oblige à simplifier notre pensée et à ouvrir notre réflexion. Il faut faire preuve d’humilité, ne pas penser qu’on sait déjà. Relever toute la complexité d’un sujet est un joli exercice. »

Dans sa spécialité, l’éthique est omnipré sente : « Avant de faire un dépistage géné tique, il faut se demander dans quelle situation nous mettrons la personne. Avec les couples confrontés à des choix difficiles par exemple, nous devons peindre la diversité et faire preuve de neutralité. » Cette attention à l’autre n’est pourtant pas ce qui a amené la Genevoise, française par sa mère et italienne par son père, à la génétique : « Timide, je ne me sentais pas exercer une médecine où le contact avec les patientes et patients était au premier plan. J’aimais les sciences, le technique, le concret et le maîtrisable. Je préférais la réflexion et l’infiniment petit. »

Après un an de neuropathologie, elle choisit la génétique, alors en plein essor : « C’est une discipline au carrefour de toutes les autres car il y a de l’ADN dans tous les organes. » Cette manière cartésienne d’appréhender la maladie lui convient à ses débuts, mais l’humain la rattrape. Elle glisse alors vers une activité clinique, en plus de la recherche : « Je trouvais le laboratoire un peu sec… » Dans ses consultations, elle reçoit des per sonnes inquiètes par rapport à leur histoire familiale. Elle y aborde le risque de handicap comme la trisomie 21, les problèmes liés à la reproduction (fausses couches, infertilité, etc.), les maladies génétiques.

Enthousiasme pour l’épigénétique Puis l’épigénétique, l’un de ses sujets de recherche, lui a ouvert de nouvelles voies de compréhension : « Cela nous a permis de sortir d’une vision simpliste, celle d’un

1967 Naissance à Marseille.

1993

Doctorat en Médecine à l’Université de Genève.

2000 et 2002

Naissance de Romain puis d’Adrien.

2003

FMH en génétique médicale.

20032006

Professeure assistante à l’Université de Pittsburgh (États-Unis).

2006

Cheffe de clinique scientifique aux HUG.

2018

Parution de Peut-on se libérer de ses gènes ?

L’épigéné tique, Éd. Stock.

2022

Nommée au Comité consultatif national d’éthique français (CCNE).

gène responsable d’une maladie. » Ainsi, l’environnement, que ce soient les famines, les guerres ou des traumatismes plus individuels, entre autres, agit sur le génome en modifiant l’expression des gènes. Loin d’être une science hors sol, la génétique et l’épigénétique sont donc au cœur du réel : « Nous touchons à la vie elle-même et à l’infini des possibilités. » Parfois, dans ses plus durs aspects, reconnaît la généticienne : « Nous sommes parfois des oiseaux de mau vais augure. » Cerner la malchance, en faire quelque chose pour mieux la gérer peut néanmoins être un soulagement. C’est ce qu’elle constate au travers de celles et ceux qu’elle accompagne : « Les résultats d’un test génétique peuvent mettre fin à la culpabilité et à des tentatives d’explications extravagantes. Car face à l’impensable, nous sommes toutes et tous tentés de nous raconter une histoire, comme pour nous excuser de ce qui arrive. »

Naître en bonne santé, ce miracle À force de détricoter les histoires indivi duelles et familiales, cette mère de deux garçons a conscience que naître et vivre en bonne santé relève du miracle. « Il y a des accidents génétiques qui peuvent ruiner une vie. Mais les gens sont d’une résilience extraordinaire. Ce sont des leçons d’humilité. » La Pre Giacobino garde un lien avec les enfants trisomiques et leurs familles : « Nous sommes garants et garantes de leur santé et les tenons informés des avancées scientifiques sur cette maladie, emblématique de la génétique. »

Née d’un père ingénieur – comme tous les hommes de la famille – et d’une mère femme au foyer, la Pre Ariane Giacobino n’a pas suivi la trace de ses ancêtres. Mais connaître ses origines fait partie de la culture familiale : « Nous avons des mètres de papier avec des arbres généalogiques. La loyauté familiale, le sentiment d’appartenance et la logique sont très forts. » Elle se réjouit que ses fils, étu diants en droit, aient trouvé leur propre voie. De son côté, cette passionnée de génétique a surtout dû se battre contre elle-même et son besoin de maîtrise pour s’accorder du temps pour elle : « Je m’autorise le luxe de lire – La Grande Peur dans la montagne de Ramuz en ce moment –, d’aller au théâtre et de voir mes amis. » 

15 Le portrait OctobreDécembre 2022
Pulsations OctobreDécembre 2022 Dossier Par Élodie Lavigne À l’ère du numérique, où le volume de données médicales ne cesse de croître, l’intelligence artificielle (IA) offre de nouvelles opportunités. Ses multiples applications apportent potentiellement un soutien précieux pour traiter et analyser ces grandes quantités d’informations . Aide au diagnostic, prédiction des risques, optimisation des traitements : le but de l’IA est, au final, d’améliorer la prise en charge des patientes et des patients et d’optimiser la recherche scientifique . 16 IA:un outil au service // de / la santé /  Crédit : AdobeStock

puissant_

Dans un monde baigné par le numérique, les algorithmes (lire ci-contre) sous-tendent bon nombre de systèmes avec lesquels nous sommes habitués à vivre. Désormais, l’intelligence artificielle (IA) est partout dans notre quotidien. Sur internet, lorsque nous interrogeons un moteur de recherche, que nous lui deman dons de traduire un mot ou une phrase, que nous surfons sur les réseaux sociaux. À l’écriture d’un e-mail, quand notre messagerie nous suggère le texte. Avec notre smart phone, quand il se déverrouille grâce à la reconnaissance faciale. Mais aussi dans les voitures capables d’anticiper les obstacles, de freiner en urgence ou de nous indiquer le meilleur itinéraire à suivre, etc.

Prévention des infections à l’hôpital

Les infections nosocomiales (acquises à l’hôpital) touchent 10 à 15 % de la population mondiale. Et si l’intelligence artificielle pouvait aider à prévenir et contrôler ces infections ? C’est l’objet d’une des recherches de ‹ Douglas Teodoro, professeur assistant au Département de radiologie et informatique médicale à l’Université de Genève (UNIGE) › :

Sans surprise, la médecine aussi profite de ces technologies. L’ IA y est même en pleine expansion. Discipline en soi très complexe, la médecine l’est d’autant plus aujourd’hui qu’elle produit un volume important de données. Une personne à elle seule, par ses caractéristiques, ses maladies, son code génétique, ses analyses de labo ratoire, ses imageries, etc., représente une grande quantité d’informations médicales. Quant au poids de la littérature scientifique, il est lui aussi conséquent, illustre le ‹ Pr Christian Lovis, médecinchef du Service des sciences de l’information médicale › : « Chaque jour, plus de 3000 publications sont indexées dans pubmed, la grande librairie informatisée de la médecine. »

« Nous cherchons à prédire le risque d’infection pour chaque nouveau ou nouvelle patiente, en construisant des modélisations représentant son parcours dans l’hôpital. Nous récoltons pour ce faire des données relatives aux lits et locaux occupés, au personnel ayant été en contact avec la personne, etc. L’algorithme gère tout cet historique. La mise en commun de cette masse de données génère de nouvelles informations sur les caractéristiques des patientes et patients infectés. À terme, l’idée est de pouvoir aider les équipes à introduire de nouvelles barrières pour réduire le risque de contamination. »

Dossier 17 OctobreDécembre 2022 IA
Crédits : Anoush Abrar, DR, Steve Gschmeissner / Science Photo Library

Dépister l’insuffisance rénale aiguë

Dans le Service de néphrologie et d’hypertension, une étude sur le rôle de l’ IA dans l’identification des patients et patientes à risque d’insuffisance rénale aiguë pourrait bientôt voir le jour. Aux HUG, quelque 20% des personnes sont concernées. Non soignée, cette maladie est lourde de conséquences : insuffisance rénale chronique, dialyse, allongement du séjour à l’hôpital et mortalité augmentée. « Aujourd’hui, pour la découvrir, il faut expressément la rechercher. Nous recourons pour cela à un système de scores. Mais grâce à l’ IA et à ses puissants algorithmes, nous pourrions peut-être mieux identifier les personnes à risque dans tout l’hôpital et appliquer rapidement des mesures de prévention pour éviter les complications », explique la ‹ Pre Sophie De Seigneux, médecin-cheffe du Service de néphrologie et d’hypertension › Plusieurs travaux dans d’autres centres hospitaliers ont montré l’intérêt de l’ IA dans ces situations.

Une intelligence augmentée

Aussi sophistiqué qu’il puisse être, le cerveau humain n’est pas en mesure de gérer et d’analyser seul toutes ces données. « Sa capacité de mémoire est réduite et il est soumis à une certaine fatigabilité qui peut impacter ses performances. C’est pourquoi il a besoin de recourir à des outils pour dépasser ses limites », explique le ‹ Pr Antoine Geissbuhler, médecin-chef du Service de cybersanté et télémédecine › . C’est toute la raison d’être de l’intelligence artificielle. Tentant de mimer l’intelligence humaine, l’ IA est un ensemble de techno logies reposant sur la création et l’applica tion d’algorithmes (chaînes d’instructions précises qui doivent être suivies dans l’ordre). Son but est de permettre à des ordinateurs d’effectuer des tâches comme le feraient des êtres humains. Idéalement, « l’ IA et l’intelligence humaine se com plètent et il est alors possible de parler d’intelligence augmentée », décrit le ‹ Pr Geissbuhler ›

Comment l’ IA peut-elle aider les médecins dans leur pratique ? Et surtout, en quoi peut-elle améliorer la santé et la prise en charge des patientes et des patients ? En théorie, les champs d’application et usages de l’ IA sont infinis. Mais aujourd’hui, en médecine, elle est principalement utilisée dans l’aide au diagnostic, la pré diction des risques et l’individualisation des traitements. Et pour cause, la rapidité et la précision des machines représentent de vrais atouts, confirme ‹ JeanFrançois Pradeau, directeur des systèmes d’information ›  : « Les algorithmes, parce qu’ils peuvent aller très vite et analyser beaucoup d’infor mations, peuvent être d’un grand soutien pour poser un diagnostic ou déterminer un risque. »

Entre nos mains

Nombre de ces outils sont destinés aux professionnels et professionnelles, mais certains d’entre eux sont développés pour toute personne se questionnant sur sa santé. « Les symptoms checkers (ou vérificateurs de symptômes), par exemple, donnent la possibilité de

Crédits : Science Photo Library, François Wavre|lundi13, Louis Brisset
Pulsations 18 OctobreDécembre 2022

décrire un symptôme et d’obtenir un pre mier avis, comme une sorte de diagnostic préliminaire pour savoir s’il faut consulter un ou une pharmacienne, sa ou son méde cin traitant ou les urgences », illustre le ‹ Pr Geissbuhler › . Et de poursuivre : « Certaines applications permettent déjà de prendre en photo un grain de beauté et d’interroger un logiciel pour savoir s’il y a un risque de mélanome. L’idée étant qu’un rendez-vous chez le ou la dermato logue puisse être obtenu rapidement en cas de suspicion. Avec des outils capables de catégoriser le risque, c’est toute la stra tégie de prise en charge qui pourrait être accélérée. Dans les régions où la densité médicale est faible, ce sont des instruments très prometteurs. »

À l’hôpital

Aux HUG, « l’ IA est déjà entrée dans le quotidien et est en plein déploiement », déclare la ‹ Pre Laura RubbiaBrandt, médecin-cheffe du Département diagnostique et du Service de pathologie clinique ›

La plupart des médecins l’utilisent encore ponctuellement à travers le dossier patient numérisé ou pour connaître les potentielles interactions entre les médicaments, etc.

Dans certains services néanmoins, elle est employée, en routine, pour des tâches plus complexes. En radiologie (lire en page 23) et en pathologie clinique, via la technologie de pathologie numérique, notamment, les programmes d’intelligence artificielle sont capables d’améliorer les performances diagnostiques en orientant l’attention de la ou du médecin : « Avec beaucoup de rapidité et de contrôle, l’ IA sélectionne les bonnes images à analyser et permet des mesures très précises de divers paramètres. Nous pouvons ainsi détecter avec précision la présence de métastases dans un ganglion ou évaluer le niveau de prolifération d’une tumeur, par exemple », indique la profes seure. En oncologie, où la précision est très importante pour personnaliser les traitements, l’ IA pourrait aussi offrir une plus-value (lire ci-contre).

En théorie, n’importe quelle spécialité, en plus des disciplines médicales diagnostiques, pourrait à l’avenir bénéficier de ces logiciels

Cancers : le choix du meilleur traitement

L’oncologie est en plein essor, avec de nouvelles thérapies. Dans ce contexte très dynamique, il s’avère complexe de sélectionner les meilleurs traitements ou séquences de traitements pour chaque personne et de savoir comment les combiner au mieux. Ce sont des questions auxquelles l’intelligence artificielle pourrait répondre dans un futur proche, explique le ‹ Dr Petros Tsantoulis, médecin adjoint au Service d’oncologie et spécialiste en oncologie de précision › :

« L’analyse du profil génomique des tumeurs et de leurs mutations par le biais d’algorithmes nous aidera à prédire le comportement des tumeurs face à un traitement donné. » D’autres usages sont également prometteurs, avec par exemple une détection plus fine et une interpréta tion plus précise des images obtenues en radiologie ou en pathologie clinique.

« Les projets de recherche sont nombreux et l’enthousiasme pour les techniques d’intelligence artificielle est bien présent, mais l’application clinique se fera pru demment et toujours dans le respect de l’interaction entre médecin et patient ou patiente », conclut le médecin.

Crédits Nicolas Schopfer, Louis Brisset, Keystone
Dossier OctobreDécembre 2022 IA
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Les mots de l’IA

Algorithme

Chaîne d’instructions précises qui doivent être suivies dans l’ordre dans un but défini, comme dans une recette de cuisine. Grâce à un langage de programma tion, l’algorithme est traduit en un programme exécu table par un ordinateur.

Machine learning ou apprentissage automatique

Forme d’intelligence artificielle se fondant sur des approches mathéma tiques et statistiques pour permettre aux ordinateurs d’apprendre à exécuter certaines tâches prédictives.

Deep learning˙ ou apprentissage profond Type d’intelligence artificielle dérivé de l’apprentissage automatique. Ici, la machine est capable d’apprendre par elle-même en se fondant sur un réseau de neurones.

Réseaux de neurones Type d’algorithme qui s’inspire du fonctionnement des neurones biologiques. En s’appuyant sur des données préalablement enregistrées, comme par exemple des imageries médicales, il est capable d’analyser de nouvelles images et d’apprendre afin d’élaborer des prédictions.

aux capacités de mémoire et de calcul ultra puissants. Avec toujours pour objectif d’améliorer la qualité des soins. Aux HUG, plusieurs groupes de recherche travaillent sur des programmes d’ IA afin d’évaluer leur pertinence dans des applications spécifiques (lire en page 22). « Nous avons, à l’interne, la capacité et les compétences pour développer nos propres solutions, en collaboration avec les grandes écoles », souligne ‹ Jean-François Pradeau ›.

Décharger l’esprit humain Malgré la puissance de ces outils, ils ne sauraient remplacer l’expertise des méde cins. « Nous sommes dans une logique d’augmentation et non de remplacement. Un peu à la manière d’un stéthoscope qui amplifie les sons », illustre le ‹ Pr Geissbuhler › . Toutefois, certaines tâches pourraient être confiées à l’ IA en raison de sa rapidité à traiter et à catégoriser l’information, justifie le ‹ Pr Lovis › : « Cela concerne tout ce qui est répétitif, qui exige beaucoup de rigueur et d’attention, mais peu de réflexion. L’automatisation de certaines actions effectuées en laboratoire par exemple permettrait de décharger l’esprit humain. »

Lourde et chronophage, la gestion adminis trative aussi peut bénéficier de l’ intelligence des ordinateurs. Surtout lorsqu’il s’agit d’aller chercher de l’information à différents endroits, de la synthétiser, de produire des rapports ou encore de facturer les presta tions reçues lors d’une consultation ou d’un séjour à l’hôpital. Le personnel médical a tout à y gagner, souligne le ‹ Pr Geissbuhler › : « Les médecins peuvent ainsi se concentrer sur ce qui relève de qualités humaines telles que l’écoute, l’empathie et la communication, qui sont au cœur de la relation thérapeutique. »

Ainsi, en s’additionnant à l’intelligence humaine, l’intelligence artificielle offre un réel potentiel pour améliorer les soins. À condition d’être bien conçue, soigneusement évaluée, mais aussi encadrée (lire ci-contre). 

Pulsations OctobreDécembre 2022
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Crédit : AdobeStock

Limiter les risques

Les outils d’ intelligence artificielle (IA) sont extrêmement puissants, mais ils ne sont pas infaillibles. De là à être dangereux ? Possiblement, répond la ‹ Pre Laura Rubbia-Brandt, médecin-cheffe du Département diagnostique et du Service de pathologie clinique › : « C’est comme un scalpel, un instrument indispensable en chirurgie, mais qui est aussi potentiellement dangereux, c’est pourquoi il faut l’utiliser à bon escient et dans un cadre réglementé. » De l’avis du ‹ Pr Douglas Teodoro › du Département de radiologie et informa tique médicale à l’Université de Genève (UNIGE), pour prévenir les dérives, les besoins des utilisatrices et utilisateurs doivent être soigneusement analysés, sans quoi ces outils risquent d’avoir un impact négatif dans la pratique médicale. Aussi, pour des questions de fiabilité, il est impor tant de connaître le champ d’application ainsi que les données avec lesquelles les machines ont été entraînées. Car c’est là que peuvent s’introduire des biais. Dans le cas de prédictions d’efficacité d’un traitement par exemple, il convient de se demander si le logiciel a inclus dans son panel de données des profils d’indi vidus variés en termes d’âge, de sexe, d’origine, de grossesse, etc. « Il est impor tant de garantir l’intégrité des données. Si elles n’ont pas été rentrées dans le logiciel de façon exacte, les résultats risquent d’être faussés », ajoute Maître

Célian Hirsch de l’UNIGE . Mais encore, les personnes qui recourent à l’ IA doivent savoir à quelles questions l’algo rithme répond exactement et auxquelles il ne répond pas. « Nous devons faire preuve

de vigilance et ne pas créer des algorithmes censés être intelligents qui font des choses bêtes », commente le ‹ Pr Teodoro › « Sans compter que les ordinateurs n’ont pas de morale », rappelle le ‹ Pr Christian Lovis › , médecin-chef du Service des sciences de l’information médicale.

Pas de confiance aveugle

De plus, si les algorithmes nous livrent des résultats sur la base de calculs et de statis tiques, ils nous disent rarement comment ils y sont arrivés. C’est ce qui est appelé le biais « d’explicabilité ». « Ceci peut poser problème lorsque nous devons, en tant que médecin, prendre une décision sen sible », note le ‹ Pr Geissbuhler › , médecin-chef du Service de cybersanté et télémédecine. Et ce d’autant plus que la responsabilité d’une décision médicale revient en principe au ou à la médecin qui la prend, « à moins de pouvoir prouver que les données utilisées par l’entreprise de déve loppement du logiciel sont inexactes, ce qui semble difficile », commente ‹ Maître Hirsch › . C’est pourquoi « nous ne devons pas nous y fier de manière irraisonnée », insiste le ‹ Pr Lovis › . En effet, poursuit le ‹ Pr Geissbuhler › , « il est indis pensable de considérer la réponse de l’ IA comme un avis ou un conseil et non comme une information décisive ».

Enfin, pour garantir la sécurité des malades, les algorithmes qui prédisent un traitement ou un diagnostic doivent, en tant que dispositifs médicaux, faire l’objet d’essais cliniques sérieux et être validés par les instances de réglementation. Les données personnelles doivent quant à elles être anonymisées.

Dossier 21 OctobreDécembre 2022 IA
Crédits : Nicolas Righetti | lundi13, DR

Optimiser la recherche clinique

La recherche pourrait aussi tirer profit de l’ IA , avec pour but ultime, des bénéfices pour les patientes et patients. Prenons un exemple : « Il faut savoir qu’environ 85% des essais cliniques visant la mise au point de nouveaux traitements se soldent par un échec avant d’être approuvés par les agences européenne ou américaine de médicaments », indique ‹ Douglas Teodoro, professeur assistant au Département de radiologie et in formatique médicale à l’Université de Genève (UNIGE) › . En cause, entre autres, la présence de failles dans les protocoles de recherche, rédigés par les différents chercheurs et chercheuses impliquées et qui comportent toutes les informations sur la méthode, les objectifs, le déroulement, etc., de l’étude. « Nous disposons de registres où sont répertoriés pas moins de 500 000 essais cliniques ayant ou non abouti. Grâce à des algorithmes, nous pouvons parcourir et analyser rapide ment ces bases de données pour évaluer le risque d’échec et identifier quelles parties d’un nouveau protocole posent problème. » Améliorer ces processus pourrait accélérer la mise sur le marché des nouveaux médica ments et réduire par là même leur prix, qui dépend en partie des coûts de la recherche – environ 1,3 milliard de francs pour chaque remède approuvé.

Outil de prédiction

Concernant l’efficacité des médicaments, nous savons qu’elle peut varier en fonction des individus. La création de cohortes homogènes, à l’aide de l’ IA , pourrait être utile pour prédire la réponse aux traitements de personnes partageant les mêmes caracté

ristiques dans un but de médecine person nalisée, explique ‹ Douglas Teodoro › :

« Nous utilisons des algorithmes pour donner une meilleure représentation numérique de chaque personne, de ses caractéristiques de santé, de sa maladie, de sa génétique, de ses antécédents, etc. Les variables sont si nombreuses que même le ou la meilleure des médecins ne peut les assimiler seule. »

Crédits : Science Photo Library, Alamy
Pulsations 22 OctobreDécembre 2022

Radiologie : un domaine phare pour l’IA

Elle est par excellence une discipline dans laquelle l’ IA pourrait faire une percée révolutionnaire. « Pour la radiologie des urgences, où la charge de travail est très importante et le rythme soutenu, elle pourrait être d’un grand secours par sa capacité d’attirer rapidement l’attention sur certaines anomalies et constituer ainsi une aide au diagnostic », déclare la ‹ Pre Alexandra Platon, responsable de l’Unité de radiologie des urgences ›. Mais nous n’en sommes qu’aux prémices. Cette aide au diagnostic n’est évaluée pour le moment que pour des anomalies précises et sur des examens radiologiques bien définis. « La plupart des logiciels labellisent la pathologie spécifiquement détectée et envoient des images clés, qui sont immé diatement disponibles pour l’interprétation. L’ IA n’est pas encore capable de fournir un diagnostic complexe », précise la spécialiste.

radiologique et aux données du patient et de la patiente, pour rédiger son compte rendu final », souligne la ‹ Pre Platon ›. Mais, confrontées à un volume d’examens prescrits et d’images à analyser toujours plus grand, les équipes de radiologie verront ainsi leur charge de travail optimisée et allégée. « Le temps ainsi gagné pourra être alloué aux autres projets de recherche, aux colloques multidisciplinaires et bien sûr aux patientes et patients, qui pourraient bénéficier de diagnostics plus rapides et plus sûrs », note la spécialiste.

Plus de précision

D’autres développements en radiologie font l’objet d’études aux HUG. Les équipes de recherche espèrent améliorer la qualité et la précision des images diagnostiques ainsi que les traitements, explique le ‹ Pr Habib Zaidi, physicien au Département diagnostique des HUG et professeur au Département de radiologie et d’informatique médicale à l’Université de Genève ›:

De plus, ces outils sont en phase d’évalua tion, étape indispensable pour en connaître les avantages et les limites avant de les introduire en utilisation clinique. Quoi qu’il en soit, « la ou le radiologue reste le seul responsable du diagnostic, car au centre du processus d’interprétation et de décision. C’est la personne qui vérifie l’information donnée par le programme et l’intègre à l’ensemble des éléments de l’examen

« En radio-oncologie, nous pourrions recourir à des instruments de modélisation pour calculer avec précision la dose de rayonne ment nécessaire pour chaque individu afin de neutraliser les cellules tumorales sans nuire aux tissus sains. » L’ IA pourrait également servir à améliorer le confort des patientes et patients lors des investigations diagnostiques. « À partir d’une IRM, l’ IA pourrait générer des images de CT scans. Ainsi, la personne n’aurait pas besoin de faire deux examens, mais un seul », illustre le professeur. En imagerie cardiovasculaire enfin, des études cherchent à réduire la dose de rayonnement injectée lors de l’examen, ce qui permettrait également de diminuer sa durée tout en améliorant la qualité des images.

23 OctobreDécembre 2022 IA Dossier
Crédit : Louis Brisset

Témoignage

Le diabète, ce n’est pas la fin du monde »

«

Zenilda SantosPereira a été diagnostiquée d’un diabète de type 1* il y a 28 ans. Il lui aura fallu du temps et beaucoup de courage pour apprivoiser sa maladie. Aujourd’hui, grâce à un traitement sur mesure, elle revit.

* Diabète de type 1 : maladie auto-immune caractérisée par un déficit d’insuline, l’hormone qui régule la glycémie et permet au glucose d’être assimilé par les cellules. Parmi les symptômes : soif excessive et bouche sèche, perte de poids soudaine, faim constante, urines abondantes, vision trouble, manque d’énergie et fatigue. Le traitement repose sur l’injection d’insuline, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.

Pulsations 24 OctobreDécembre 2022 * Diabète de type 1 : maladie auto-immune caractérisée par un déficit d’insuline, l’hormone qui régule la glycémie et permet au glucose d’être assimilé par les cellules. Parmi les symptômes : soif excessive et bouche sèche, perte de poids soudaine, faim constante, urines abondantes, vision trouble, manque d’énergie et fatigue. Le traitement repose sur l’injection d’insuline, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.

Son énergie et sa voix enjouée ne laissent à aucun moment deviner le long chemin que Zenilda Santos-Pereira, 41 ans, a parcouru. Cette auxiliaire de vie et ancienne infirmière a appris durant sa préadolescence, dans son Brésil natal, qu’elle était atteinte d’un diabète de type 1. Une affection envahissante qui vient bousculer l’insouciance de ses 13 ans, la contraignant à un traitement lourd et une routine exigeante.

C’était en 1995, quelques semaines seulement après ses premiers symptômes. « D’un coup, je me suis mise à perdre du poids très rapidement et j’avais toujours faim. J’étais aussi dans un stress permanent », se souvient Zenilda. Ces signes devenant persistants, elle est hospitalisée pendant une semaine à l’hôpital de Salvador de Bahia. Là, des analyses révèlent une hy perglycémie caractéristique du diabète. Deux injections quotidiennes d’insuline lui sont alors prescrites et elle doit surveiller de très près son alimentation.

« Un régime strict a dû être mis en place. Tout le sucre devait être éliminé. À cet âge-là, c’est compliqué… », se remémore-t-elle. Mais la jeune fille ne se laisse pas pour autant abattre. Son tempérament combatif va l’aider à accepter les contraintes de la maladie.

Changement de vie et nouvelle prise en charge

En 2015, Zenilda traverse l’Atlantique et s’installe à Genève. À 33 ans, elle entame une nouvelle vie, qui marque aussi un tour nant dans la prise en charge de sa maladie. « Lorsque je suis arrivée en Suisse, j’ai eu la chance d’être tout de suite dirigée vers les HUG. J’y ai d’abord été suivie par une médecin généra liste, car mon traitement ne convenait plus. À ce moment-là, une piqûre avant chaque prise alimen taire était nécessaire. »

Quelque temps plus tard, la jeune femme est orientée vers le Service de diabétologie de l’hôpital. Elle y est désormais suivie par le Dr Karim Gariani, spécia liste de la maladie. « Un jour, un peu par hasard, je suis tombée sur un article qui traitait de la pompe à insuline. Bien sûr, j’avais déjà entendu parler de ce traitement quand j’étais infirmière au Brésil, mais ce n’était alors pas possible d’y avoir accès. » Vingt ans plus tard, accompagnée par son médecin, Zenilda est bien décidée à adopter ce traitement dans lequel elle met beaucoup d’espoir.

Une liberté retrouvée Alternative aux stylos à insuline, la pompe est une petite machine à réservoir, reliée par un cathéter. Elle diffuse de l’insuline en continu et permet d’éviter

le risque d’hypo ou d’hyperglycémie en ajus tant la dose en fonction du taux de glucose dans le sang. « Au début, je me sentais un peu prisonnière de la pompe, qui nous accompagne partout », admet Zenilda. Il y a des habitudes à prendre, de nouveaux gestes, mais le dispositif lui procure finalement le sentiment d’une plus grande liberté.

Le suivi à l’hôpital l’aide aussi à s’affranchir de certaines inquiétudes. « J’ai un contrôle tous les trois mois où je peux poser toutes mes questions. En cas de doute, j’ai tout de suite une assistance. »

Côté alimentation, Zenilda applique scrupuleusement les conseils qu’elle recueille lors de formations proposées à l’hôpital. « À présent, je peux même consommer certains aliments qui m’étaient jusqu’ici interdits. Il faut dire que je marche aussi quatre kilomètres par jour. Je pars souvent en voyage, je fais des projets… » Aujourd’hui, Zenilda l’affirme : « Le diabète, ce n’est pas la fin du monde. J’ai surtout dû apprendre à m’adapter. Je ne m’empêche pas de vivre à cause de la maladie. »

Résiliente, mais jamais résignée, la quarantenaire rayonne de positivité. « Je suis vraiment heureuse de témoigner si cela peut aider les autres », conclut-elle. 

OctobreDécembre 2022

Témoignage 25

15-20

La glande mammaire est divisée en 15 à 20 sections que l’on appelle lobes, composés eux-mêmes de lobules.

Production lactée et zone érogène

Les seins sont constitués de graisse, de tissus conjonctifs, de glandes – les lobules – qui produisent du lait et de canaux galactophores (amenant le lait des glandes jusqu’au mamelon). Sensible car dotée de beaucoup de fibres nerveuses, la poitrine constitue également une zone érogène secondaire, plus ou moins investie selon les personnes et les cultures.

Développement durant la puberté Jusqu’à la puberté, les garçons et les filles ont des glandes mammaires, des mamelons et des aréoles similaires. Chez les filles, les seins se développent – à partir de 10 ou 11 ans – sous l’effet des œstrogènes –et atteignent leur taille adulte vers 17 ans. Leurs dimensions et leurs formes sont variées, de même que celles du mamelon et de l’aréole. Ces éléments n’ont aucune influence sur la santé ou la capacité à allai ter. Une poitrine trop volumineuse, aussi appelée hypertrophie mammaire, peut causer des douleurs dorsales et des difficultés lors d’activités physiques. Il est alors pos sible de pratiquer une réduction des seins.

Symbole de la féminité, le sein possède la particularité d’être grandement influencé au cours de la vie par les hormones. Son fonctionnement est aussi fascinant que sa taille et ses formes sont diverses. Ces dernières ne jouent aucun rôle sur la santé ou la capacité d’allaiter.
Expert Alexandre Bodmer, médecin adjoint responsable à l’Unité d’oncogynécologie des HUG
Par Geneviève Ruiz Photo : © Christoph Zellweger
Pulsations 26
LEOctobreDécembre 2022 L’organe

Cancer le plus répandu chez la femme

En Suisse, le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les femmes. En cause, des cellules glandulaires qui ont subi des modi fications pour diverses raisons. Certains cancers du sein sont directement influencés par les hormones féminines. Toutefois, dans la plupart des cas, l’origine de la maladie est multifactorielle.

L’importance du dépistage

Les thérapies contre le cancer ont beaucoup progressé ces vingt dernières années, ciblant plus spécifiquement certaines particula rités des différents types de tu meurs. Plus le cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison sont grandes. Une mammographie tous les deux ans entre 50 et 74 ans, comme le préconise le programme établi par la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer, ainsi que des contrôles gynécologiques annuels, demeurent primordiaux. L’auto-observation – il faudrait consulter lorsqu’une modification du sein ou du mamelon est consta tée – est aussi recommandée.

40%

Pourcentage de mères qui allaitent leur enfant lorsqu’il est âgé de six mois en Suisse (95% juste après l’accouchement).

1%

environ de tous les cancers du sein sont masculins.

Kystes et mastites

Parmi les autres maladies du sein, il faut mentionner les kystes ou les fibroadénomes, qui sont des affections bénignes, mais qui néces sitent parfois une intervention chirurgicale. Des mastites sur viennent lorsque le tissu mammaire s’enflamme suite à une infection. Elles sont courantes durant les premières semaines d’allaitement.

L’étape de la ménopause

La ménopause représente une étape importante du cycle de vie des seins. Lorsque la production d’œstrogènes chute, la glande mammaire s’atrophie. Les seins, qui perdent alors leur capacité d’allaiter, se composent ensuite essentiellement de graisse.

Œuvre « INCREDIBLES » de Christoph Zellweger présentée dans le cadre de l’exposition « Des Seins à Dessein », en faveur du Fonds « Francine Delacrétaz pour les femmes atteintes du cancer du sein », qui s’est tenue à l’Espace Arlaud à Lausanne en 2010.

60 à 65%

Pourcentage des femmes qui optent pour une reconstruction post-mastectomie aux HUG.

L’organe 27 SEIN OctobreDécembre 2022

Le temps moyen (en mois) nécessaire aux traitements pour montrer leur efficacité.

L’infographie

L’acné

À l’origine d’un mal-être parfois intense et sous-estimé, l’acné touche le plus souvent le visage et le thorax, voire le dos, à des degrés de sévérité variable. Des traitements efficaces existent, mais ils supposent patience, suivi médical et mise à distance des pseudo « recettes miracles ». Fréquent à l’adolescence, l’acné concerne également les nourrissons et les adultes.

Expert : Dr Emmanuel Laffitte, médecin adjoint agrégé, responsable de l’Unité de policlinique dermatologique des HUG

La proportion d’adolescents et adolescentes souffrant d’acné.80%

Les principaux types de lésions acnéiques à l’adolescence

À la puberté, sous l’effet des sécrétions hormonales, la peau s’épaissit au niveau du canal pilosébacé (passage emprunté par le poil pour sortir de la peau) et les glandes sébacées intensifient leur production de sébum. Ce double phénomène accentue l’acné.

Facteurs favorisant l’acné

• Fluctuations hormonales (puberté, cycle menstruel, etc.)

• Exposition au chlore dans les piscines

• Souvent évoquée, l’implication du stress et de l’alimentation reste à ce jour assez mystérieuse

Points noirs Papules Nodules Pustule Boutons blancs
Pulsations OctobreDécembre 2022
28

d’une lésion acnéique

Le canal emprunté par les poils –canal pilosébacé –s’épaissit et s’obstrue, le plus souvent sous l’effet des hormones. Et la production de sébum s’en mêle…

L’infographie 29 Nodule Une infection se produit en profondeur dans la peau.

Pustule La lésion se gorge de pus, mélange de bactéries mortes et de cellules immunitaires.

Papule Les bactéries prolifèrent, favorisant l’apparition d’une inflammation. Des globules blancs entrent en action.

Bouton blanc ou comédon « fermé » Le sébum s’accumule et se mêle à des bactéries, le pore se bouche.

Point noir ou comédon « ouvert » Le comédon s’ouvre. Le sébum s’écoule, s’oxyde à l’air et devient noir.

Prévention

Adopter les bons réflexes peut limiter l’ampleur de l’acné.

• Éviter toute « routine » agressive pour la peau (technique ou produit risquant de « décaper » la peau).

• Nettoyer la peau matin et soir avec un produit doux adapté.

• Opter pour un nettoyage de peau régulier en institut.

• Éviter les produits et cosmétiques trop couvrants, hydratants, gras ou irritants.

• Se méfier d’une exposition trop intense au soleil l’été (risque de poussée d’acné à l’automne).

• Ne pas toucher les lésions, au risque de favoriser une prolifération bacté rienne et des cicatrices.

Traitement

Peau saine Chaque poil est associé à une glande sébacée et emprunte le canal pilosébacé pour sortir de la peau.

Les options thérapeutiques dépendent de la sévérité des lésions, de l’âge et de la souffrance de la personne. Les traite ments visent notamment à prévenir l’apparition de cicatrices irréversibles. L’objectif est double :

• Limiter la production de sébum et ouvrir le canal pilosébacé à l’aide de produits à base de rétinoïdes (dérivés de la vitamine A), par voie locale ou orale.

• Réduire l’inflammation à l’aide d’antibiotiques spécifiques, par voie locale ou orale.

OctobreDécembre 2022
Évolution
Glande sébacée Poil HypodermeÉpiderme Derme Canal pilosébacé Bactéries Pus Globules blancs (cellules immunitaires) Cellules mortes de la peau Inflammation

«

Viser une action humanitaire éthique, pertinente et ambitieuse »

Pulsations Engagement humanitaire et coopération internationale font partie des domaines dans lesquels les HUG se mobilisent activement. Ils sont d’ailleurs désormais inscrits dans la vision stratégique de l’institution. Quels en sont les contours ?

Bruno Lab Il existe en effet une véritable tradition de l’humanitaire et de la coopéra tion internationale aux HUG. L’engagement humanitaire fait généralement référence à des missions courtes, dans le cadre de catastrophes naturelles, de conflits armés ou encore de réponse à des épidémies. La coopération internationale relève quant à elle de projets s’articulant autour de parte nariats inscrits sur le long terme. De façon générale, les équipes des HUG visent une prise en soins de qualité, le transfert de compétences et la collaboration autour de projets de recherche. Le tout repose sur une ambition profonde des HUG de s’investir dans le domaine de la santé internationale, au travers de ses propres projets ou de partenariats avec des acteurs tels que la Direction du développement et de la

coopération (DDC), l’Organisation mon diale de la santé, le Comité international de la Croix-Rouge ou encore Médecins sans frontières (MSF).

Comment sont sélectionnés les projets dans lesquels les HUG s’impliquent ? Que l’initiative soit interne ou liée à un partenaire extérieur, plusieurs instances et instruments propres aux HUG existent pour évaluer les projets et les demandes de financement. L’enjeu est de prendre les décisions les plus justes pour la santé des populations en promouvant une action humanitaire éthique, pertinente, ambitieuse et pensée sur le long terme. Par exemple, au début de la crise en Ukraine, ces critères ont été au cœur des décisions à prendre face à des sollicitations venant de toutes parts. Nous avons notamment opté pour des actions telles que la mobilisation de personnel soignant en Moldavie auprès de la DDC-Aide humanitaire ou le transfert vers les HUG d’enfants ayant besoin de soins chirurgicaux ou oncologiques.

Photo Nicolas Righetti
Infirmier spécialisé en santé publique, Bruno Lab s’est investi plusieurs années à Médecins sans frontières puis au Swiss Tropical and Public Health Institute de Bâle. Aujourd’hui, il est responsable du pôle humanitaire au sein de la Direction des affaires extérieures des HUG.
Pulsations 30 OctobreDécembre 2022 Rencontre
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Un autre partenariat lie les HUG à MSF. Comment s’organise-t-il ? L’accord comporte de nombreux volets, dont un sur la mise à disposition par les HUG de médecins internes. Chaque année, six internes de pédiatrie et de médecine adulte partent sur le terrain pour une durée de quatre mois pour des projets spécifiques. En contrepartie, MSF s’engage à ce qu’un ou une médecin-cadre assure sur place la continuité de leur formation. Cet accord permet par ailleurs de précieux échanges d’expertise.

Des priorités géographiques ou médicales conditionnent-elles les projets soutenus par les HUG ?

Pas vraiment. Les projets portés par les équipes médico-soignantes sont mis en œuvre en de nombreux points du globe, de l’Amérique du Sud jusqu’à l’Asie du Sud-Est, en passant par l’Afrique de l’Ouest et l’Europe de l’Est. Concernant les thématiques, elles découlent des besoins à un instant « t », mais également d’impli cations personnelles et historiques au sein des divers services et départements des HUG. Des partenariats anciens existent dans le champ des maladies infectieuses, de la gynécologie-obstétrique ou encore de la pédiatrie. D’autres initiatives prennent forme dans le domaine des maladies chro niques – diabète et maladies cardiovascu laires en tête –, en renforçant les actions de prévention et l’éducation thérapeutique des patients et patientes.

La télémédecine est-elle une alliée dans ces divers projets ? À l’instar d’autres outils digitaux, elle est souvent présente dans les projets initiés aux HUG. Mais un garde-fou demeure : il ne faut pas oublier la dimension centrale de l’engagement humanitaire qui restent la solidarité et l’échange direct entre profes sionnels et professionnelles de santé au bénéfice de populations défavorisées. 

Plus d’infos www.hug.ch/engagement-humanitaire

31 OctobreDécembre 2022 Rencontre

Indications, efficacité et risques le point sur le CBD

Le cannabis, utilisé depuis des millénaires, a la réputation de posséder un grand nombre de propriétés. De cette plante, aussi appelée chanvre, sont issus plus de 500 composants, dont deux cannabi noïdes : le CBD (cannabidiol) ainsi que le THC (tétrahydrocannabinol). Ces deux substances sont concernées par la loi sur les stupéfiants (LStup), qui a changé en 2011 : les produits contenant moins de 1% de THC – même richement pourvus en CBD – sont considérés comme légaux et peuvent être achetés ou prescrits.

Antistress, calmant, antidouleur… Le cannabidiol (CBD) a de nombreuses vertus thérapeutiques. Disponible en vente libre, mais aussi sur prescription médicale, dans quelle mesure cette substance est-elle efficace ? Éléments de réponse avec les Pres Barbara Broers et Marie Besson des HUG.
OctobreDécembre 2022 Substances Par Aurélia Brégnac Pulsations 32

Substances

Cannabidiol : quels usages ?

« Contrairement au THC, qui est un psy chotrope pouvant induire des effets ressentis comme désagréables par le ou la patiente, le CBD a des propriétés plutôt calmantes, voire antipsychotiques, mais aussi antiinflammatoires, antiépileptiques et antispas modiques », explique la Pre Barbara Broers, responsable de l’Unité des dépendances des HUG. Des indications qui n’ont été mises en évidence par la science que très récem ment, la recherche ayant été freinée par l’interdiction du produit.

Actuellement, le CBD intervient souvent dans la prise en charge de symptômes chroniques tels que l’anxiété ou les troubles du sommeil. C’est le cas de Roger, 57 ans, atteint de TDAH (trouble du déficit de l’attention et de l’hyperactivité). Cet ancien grand consommateur de THC, qui a par ailleurs dû arrêter de fumer suite à la découverte tardive d’une malformation de l’artère veineuse cérébrale, affirme que le CBD, d’abord utilisé par vapoteuse, puis en gouttes, l’a effectivement aidé : « Cela me permet de me relaxer et surtout de lutter contre mes insomnies chroniques. »

Les cannabinoïdes prescrits par des médecins (sous forme de préparations à base d’huile ou d’alcool) contiennent entre 5 et 20% de CBD et moins de 1% de THC. De nombreuses personnes se fournissent en produits contenant du CBD sur Internet ou dans des magasins spécialisés, avec moins de contrôle sur leur qualité. Une pratique qu’il conviendrait d’éviter.

Pour qui ? Selon une récente étude, réalisée par Addiction Suisse en partenariat avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), plus d’un quart des personnes ayant recours au CBD souffrent d’une maladie causant des douleurs (fibromyalgie, rhumatismes, etc.) et 15 à 20% de dépression. Si le CBD est efficace dans certains cas, il a néanmoins ses limites, comme l’explique la Pre Marie Besson, responsable de l’Unité de psycho

pharmacologie et spécialiste du traitement de la douleur : « Pour les personnes avec des douleurs chroniques, le CBD seul n’est souvent pas suffisant pour atténuer l’inten sité de la douleur. Dans le cas de celles et ceux prenant plusieurs traitements, il faut aussi surveiller les interactions, car le CBD a la propriété de bloquer l’élimination d’autres médicaments tels que certains antidépresseurs, fréquemment prescrits. » De façon générale, la spécialiste rappelle qu’il est essentiel de demander conseil à sa ou son médecin traitant.

L’expérience personnelle est par ailleurs cruciale : « Nous prescrivons une substance plus ou moins dosée en CBD en fonction du profil du patient ou de la patiente et de sa pathologie. Et c’est ensuite, de façon empirique, selon les ressentis individuels, que nous savons quel dosage est nécessaire. Il faut en tout cas commencer avec un dosage bas et augmenter progressivement », indique à son tour la Pre Broers.

Et qu’en est-il de la dépendance ? Lorsqu’il est consommé sous forme de gouttes, par voie orale, le CBD n’engendre pas de dépendance à proprement parler. « En revanche, il peut aider à diminuer certains médica ments, comme les sédatifs-hypnotiques ou les opioïdes, qui eux ont un haut potentiel de dépendance », explique la Pre Broers. Et l’experte de rappeler que, « évidemment, la dépendance à la nicotine s’installe aussi si des fleurs de CBD sont fumées avec du tabac ».

Nouvelle réglementation

Une nouvelle mesure a été votée en mars dernier : les huiles de CBD, souvent consommées par voie orale, doivent dorénavant contenir un produit visant à « dénaturer » le goût et l’odeur. L’objectif de l’OFSP étant de « réduire l’utilisation de l’huile de CBD par voie orale ou sublinguale ». En effet, l’huile de CBD est trop fréquemment consommée par la bouche pour un effet plus rapide, alors qu’elle est uniquement réservée à un usage externe 

OctobreDécembre 2022

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FertiGenève, un pôle spécialisé pour la médecine de reproduction

Reportage

«Ce qui caractérise FertiGenève, c’est que nous travaillons à la fois sur l’aspect technique et sur l’humain », résume la Dre Isabelle Streuli, responsable de l’Unité de médecine de la reproduction et d’endocrino logie gynécologique des HUG. FertiGenève est un partenariat entre les HUG, la Clinique Générale-Beaulieu, des médecins exerçant en cabinet privé et le laboratoire Fertas, qui propose une prise en charge autour du désir d’enfant, de la préservation de la fertilité à

la conception. Depuis le 1er juillet 2022 et la loi autorisant le mariage pour tous, ce pôle de compétences est aussi ouvert aux couples de femmes mariées souhaitant avoir recours à un don de sperme.

Une prise en charge personnalisée Nous rencontrons la spécialiste dans un des cabinets de consultation de l’Unité de médecine de la reproduction, décoré de posters didactiques sur les techniques de PMA. FertiGenève propose un suivi médical de pointe, mais pas seulement. « Les traite ments ne marchant pas à 100%, il faut par fois deux, trois ou quatre tentatives pour aboutir à une grossesse. Nous accompa gnons les couples et les aidons à ne pas perdre espoir. Ici, nous avons la chance de dispenser des soins personnalisés », poursuit la Dre Streuli en souriant.

L’accompagnement à toutes les étapes du parcours et l’individualisation des soins sont en effet les piliers de FertiGenève. Un suivi psychologique est d’ailleurs systématique ment proposé, en accord avec la loi suisse. Des approches complémentaires sont aussi disponibles pour les personnes qui le sou haitent. « Nous travaillons avec des acupunc teurs, des ostéopathes, des physiothérapeutes et des sages-femmes pratiquant l’hypnose », détaille la Dre Corinne Miserez Zaugg, gynécologue spécialiste en médecine de la reproduction et membre de FertiGenève

Une collaboration public-privé

Les médecins de l’Unité de médecine de la reproduction des HUG collaborent étroi

OctobreDécembre 2022 Par Sophie Lonchampt Photos Nicolas Righetti | lundi13
Pulsations 34
Fruit d’une collaboration public-privé, FertiGenève propose aux couples un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) personnalisé, alliant traitements de pointe et personnel aux petits soins.

1 Micropipette utilisée lors d’une injection intra cytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), une variante de fécondation in vitro (FIV).

2 Le personnel médical et infirmier est disponible pour répondre aux questions des patientes, proposer des approches complémentaires, discuter de l’aspect émotion nel et des éventuelles difficultés de couple.

3 Les embryons surnuméraires issus d’une fécondation in vitro (FIV) sont cryoconservés dans de l’azote liquide à -196°C au laboratoire Fertas.

* Prénom d’emprunt

Témoignage #1 LAURE*, 28 ans « Notre fille est née ce printemps »

« Au départ, j’ai consulté mon gyné cologue qui m’a diagnostiqué un syndrome des ovaires polykys tiques. Il m’a prescrit un traitement, mais dans le doute, j’ai préféré avoir un deuxième avis. C’est ainsi que mon conjoint et moi avons eu notre premier rendez-vous à FertiGenève. Après avoir fait des examens, il nous a été conseillé de faire directement une FIV (féconda tion in vitro), ce que nous avons tout de suite accepté. Nous avons vraiment été bien informés à toutes les étapes. Le personnel de soin est très à l’écoute. Après l’échec des deux premiers transferts, les spécialistes nous ont prescrit des examens complémentaires. Puis, c’est au troisième transfert que cela a fini par fonctionner et notre fille est née ce printemps, grâce à toute l’équipe de médecine de la reproduction.

»

35 OctobreDécembre 2022 Reportage
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tement avec des praticiens et praticiennes exerçant en cabinet privé. Une personne qui souhaite une consultation peut donc s’adresser soit à une ou un médecin du privé faisant partie de FertiGenève, soit à l’Unité de médecine de la reproduction des HUG. Les médecins du partenariat partagent les mêmes protocoles de prise en charge cli nique, ainsi qu’une plateforme technique commune, le laboratoire Fertas. « Les deux aspects, privé et public, sont complémen taires. Leur association apporte énormément de dynamisme ainsi qu’une large gamme de choix pour les personnes », conclut avec enthousiasme la Dre Miserez Zaugg 

www.fertigeneve.ch

4 La Dre Isabelle

Streuli devant la Maternité des HUG où se trouve l’Unité de médecine de la reproduction.

5 La Dre Corinne Miserez Zaugg décrit les étapes du développe ment de l’em bryon lors d’une consultation dans son cabinet.

6 La fécondation in vitro (FIV) a lieu au laboratoire Fertas situé dans les locaux de la Clinique Géné rale-Beaulieu.

Témoignage #2 DANIEL*, 35 ans

« Toujours un petit mot pour rassurer »

« J’ai apprécié le côté familial, le soutien… nous ne sommes pas des anonymes pour les soignants et soignantes. Ils et elles ont toujours un petit mot pour rassurer et sont très à l’écoute. À la naissance de notre fille, nous avons envoyé un faire-part à l’équipe et nous passons parfois leur dire bonjour avec notre enfant, c’est vraiment devenu une famille. »

Témoignage #3 MARIA*, 36 ans

« Un lien se crée avec l’équipe soignante »

« Mon conjoint et moi avons eu un suivi incroyable à FertiGenève ! Il y a un lien qui se crée avec l’équipe soignante, une confiance, c’est vraiment un très beau service.

Lors des moments de doute, le personnel infirmier est toujours là. Il évalue notre capacité à repartir après un échec, sans jamais forcer. Tout le monde est très à l’écoute, ce qui n’est pas partout le cas. Et nous attendons notre deuxième enfant conçu par FIV. »

* Prénom d’emprunt.

36 OctobreDécembre 2022
Pulsations
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L’essentiel sur l’herpès

Cette maladie virale contagieuse atteint principalement la peau et les muqueuses. Le point sur l’herpès, fréquent mais mal connu, avec la Dre Laurence Toutous-Trellu, médecin adjointe agrégée au Service de dermatologie et vénéréologie.

L’herpès ne se guérit pas totalement.

Vrai. L’herpès se transmet par contact direct avec une peau ou une muqueuse infectée. Une fois contracté, le virus migre dans les cellules nerveuses et se manifeste aléatoirement tout au long de la vie. Tout stress physique et psychique favorise sa réactivation : le soleil, les menstruations, un traumatisme, une maladie causant une grande fatigue, etc. S’il n’existe aucun traitement éradiquant l’herpès, il est toutefois possible de traiter les symptômes par l’adminis tration d’un antiviral (essen tiellement préconisé en cas d’herpès génital). Lorsque les éruptions sont très fréquentes, soit plus de six fois par an, un traitement en continu peut être envisagé.

L’herpès est toujours symptomatique.

Faux. En raison de l’absence ou de la légèreté des symptômes, la majorité des personnes infectées l’ignore. Lorsque la maladie est symptomatique, elle se traduit le plus souvent par la formation d’une ou plusieurs vésicules douloureuses disparaissant spontanément au bout de quelques jours.

La lésion réapparaît généra lement au même endroit pour une personne donnée, ce qui facilite l’identification d’une poussée dès les premières sensations de tiraillement dans la zone concernée.

Il existe deux types d’herpès.

Vrai. L’herpès de type 1 (VHS1) provoque le plus souvent des lésions au niveau de la bouche (le fameux « bouton de fièvre ») et du visage. Quant au type 2 (VHS2), il s’agit d’une infection sexuellement transmis sible se manifestant par des lésions dans la zone génitale et périanale. En Suisse, 80% de la population adulte serait porteuse du type 1, contre 20% pour le type 2.

L’herpès n’est pas dangereux.

Vrai et faux. Les deux formes les plus graves de la maladie sont la méningite herpétique et l’infection du nouveau-né, qui peut être mortelle. La vigilance est donc de mise chez les femmes enceintes et leur entourage. L’atteinte oculaire est également redoutée, car difficile à traiter. Enfin, l’herpès peut être plus dangereux chez les personnes immuno déprimées. Mais la plupart du temps, il s’agit d’une infection sans gravité avec laquelle la personne vit très bien. L’important est de s’informer correctement !

Les bons gestes

L’herpès est extrêmement contagieux lors des pous sées. Lorsqu’il se manifeste, il convient donc de ne pas toucher les vésicules, de bien se laver les mains et d’éviter les contacts rapprochés.

Par Anna Bonvin
Pulsations 37 OctobreDécembre 2022Vrai/Faux
Crédit : istockphoto

« Il faut prendre soin de notre santé mentale »

Nommée secrétaire générale de l’association Pro Mente Sana à tout juste 32 ans, Daniela Camelo met aujourd’hui son énergie à faire reconnaître les droits des personnes atteintes dans leur santé mentale et à informer le grand public. Rencontre.

Pulsations L’association Pro Mente Sana vient de fêter ses 30 ans. Que retenez-vous de ces années écoulées ?

Daniela Camelo Pro Mente Sana est née de la volonté de défendre les droits et les intérêts des personnes at teintes dans leur santé psy chique. Il y a toujours eu une dimension assez militante dans nos objectifs, ce qui, selon moi, la démarque vraiment des autres associa tions. Pro Mente Sana s’est peu à peu imposée comme une porte d’entrée vers des conseils juridiques et psycho sociaux et un soutien à ces personnes, à leurs proches, ainsi qu’à ceux et celles travaillant dans le domaine de la santé et du social.

Pulsations 38 OctobreDécembre 2022 L’invitée
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Il y a deux ans, vous avez lancé la revue Esprit(s). Était-ce une façon de toucher un plus large public ?

Nous avons toujours eu la volonté d’informer le grand public, de promouvoir la santé mentale. La revue Esprit(s) s’inscrit dans cet objectif en proposant des articles sur des thématiques variées et d’actualité. Mais ce travail d’information est également mené auprès des collectivités publiques, tant au niveau fédéral que canto nal. Nous avons par exemple récemment travaillé sur des pistes d’amélioration des curatelles avec les cantons de Vaud et de Genève.

Les cours du Collège de rétablissement, projet pilote novateur, s’inscrivent-ils aussi dans cette mission de promotion de la santé psychique ?

Absolument. Il y a trois ans, ce type d’initiative n’existait pas du tout en Suisse, contrairement aux pays anglo-saxons où cela est très développé. Ces cours, aux thématiques diverses, s’adressent à tout public et leur but est de donner des clés pour prendre soin de soi, développer son pouvoir d’agir et renforcer sa santé psychique. Leur particulari té est d’être co-construits entre des personnes profes sionnelles, qui apportent un savoir théorique, et des personnes concernées par des fragilités psychiques, qui apportent leur expertise personnelle en lien avec leur vulnérabilité.

Quels sont les défis à relever pour les prochaines années ?

Le Covid a eu cela de positif qu’il a permis une prise de conscience de l’importance de la santé mentale. Nous devons poursuivre dans cette voie et intégrer l’idée que, comme nous le faisons pour notre corps physique, il faut prendre soin de notre santé mentale. L’un des chevaux de bataille de notre association est la question de la santé psychique au travail. Nous sommes dans une société assez maltrai tante dans ce domaine.

Chez une personne qui a déjà des troubles ou des vulnérabilités, certaines situations dans le milieu professionnel peuvent vraiment aggraver les choses. C’est donc un enjeu important.

Le sujet des placements à des fins d’assistance (PAFA) fait également partie de vos préoccupations. Pourquoi est-ce important ?

Nous sommes actuellement en Suisse face à des place ments nombreux et parfois peu justifiés ou mal vécus par les personnes concer nées, qui ressentent une véritable violence institu tionnelle. Nous allons pro chainement mettre en place une prise de position com mune avec la Fondation Pro Mente Sana – qui s’occupe de la Suisse alémanique –afin de proposer des moyens permettant la diminution du nombre de PAFA.

Dans la même optique, vous tenez à faire bouger les lignes autour de la question de la contrainte en psychiatrie… En effet, nous sommes en train de créer un observatoire romand de la contrainte en psychiatrie.

Le but sera de documenter tout ce qui est réalisé au niveau des institutions autour de cette pratique, mais aussi d’amener des pistes de réflexion pour une vision plus large de la notion de contrainte.

À terme, nous souhaitons que la Suisse respecte le plus possible les principes des droits humains inscrits dans la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH). 

Décembre

L’invitée 39 Octobre
2022

Pourquoi j'ai mal à la tête?

Il t'est sûrement déjà arrivé d'avoir mal à la tête. C'est très courant. La plupart du temps, ce n'est pas grave et c'est passager.

Expert

Dr Christian Korff, médecin adjoint agrégé, responsable de l’Unité de neuropédiatrie des HUG.

Pourquoi j'ai mal à la tête ?

La douleur peut provenir de tensions musculaires au niveau des tempes ou de la nuque. En cas de stress, par exemple, nous contractons ces groupes de muscles, souvent sans nous en rendre compte. Parfois, c’est la peur d’aller à l’école ou de passer un examen qui provoque ce type de stress... Un problème dentaire (carie, mâchoire mal positionnée, etc.) ou un trouble de la vue (comme la myopie) peuvent également causer des maux de tête (appelés aussi céphalées).

Si le problème est récurrent, il peut être utile de tenir un carnet de bord dans lequel toi ou tes parents notent les jours où tu as mal à la tête, les circonstances particulières (stress, fatigue, aliments, activité sportive, etc.) dans lesquelles les douleurs apparaissent et tout ce qui pourrait t’aider à en comprendre l’origine.

Qu'est-ce qu'une migraine ?

C’est un type particulier de céphalée, très fréquent tant chez les adultes que chez les enfants. Ces derniers ressentent le plus souvent la douleur au niveau du front ou des tempes. Elle est parfois si intense qu’elle t’empêche de continuer ce que tu es en train de faire et te force à te reposer. Certaines personnes sont également gênées par le bruit et la lumière, ont des nausées ou vomissent. Une migraine peut aussi te mettre de mauvaise humeur. Cer tains aliments (fromage, chocolat, café, etc.) ou l’exercice physique peuvent la déclencher.

OctobreDécembre 2022 Junior Par Elodie Lavigne Illustrations PanpanCucul Pulsations
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Comment soulager les maux de tête ?

Tes parents peuvent te donner un médicament contre la douleur. Si les épisodes se répètent, il faudra en rechercher la cause pour pouvoir mieux te soigner. Par exemple, si c’est le stress qui te provoque des maux de tête à répétition, alors la relaxation, la sophrologie ou l’hypnose, par exemple, pourraient t’aider à te détendre et à faire disparaître les douleurs. Si la cause est un problème de vue, peut-être devras-tu porter des lunettes.

Est-ce que je dois allerchez le ou la pédiatre ?

Si tu as mal à la tête de facon répétée, de plus en plus souvent, que la douleur augmente ou encore qu’elle se situe toujours au même endroit, alors tes parents t’emmèneront voir ton ou ta pédiatre pour faire le point. Il est important de consulter rapidement si les maux de tête te réveillent la nuit, sont déjà présents au réveil et qu’ils sont associés à d’autres signes (fièvre, troubles visuels, nuque raide, problème d’équilibre, etc.).

Octobre

Décembre

J'ai fait une chute sur la tête...

Tomber sur la tête n’est pas forcément grave. En cas de légère chute, un bleu (ou hématome) peut se former sous la peau. Tu peux percevoir une petite bosse qui fait un peu mal si tu la touches. En soi, ceci n’est pas inquiétant. En revanche, si des maux de tête apparaissent dans les minutes ou les heures qui suivent ta chute et que leur intensité augmente, alors il faut voir un ou une médecin rapidement.

En partenariat avec

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2022 Junior
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traverser un deuil

Pulsations OctobreDécembre 2022 Mieux-vivre
Comment
Le deuil est un processus normal lors de la perte d’un être cher. Mais lorsqu’il dure ou s’accompagne de certains symptômes, il peut devenir problématique. Comment traverser cette épreuve ? Les conseils de la Dre Lamyae Benzakour, médecin adjointe en charge de la psychiatrie de liaison aux HUG. Crédit : iStock 42

C’est une période de la vie que nous redoutons toutes et tous. Pourtant, le deuil, qui obéit à certaines étapes définies, est une phase néces saire dans l’acceptation de la perte d’une personne chère. Le cheminement s’étale le plus souvent sur plusieurs mois, voire années, mais n’excède généralement pas deux ans. La première phase du deuil est un état de choc, caractérisé par une réaction de sidération affective, un abattement. Elle peut aussi être associée à un déni ou à des symptômes dissociatifs, la personne endeuil lée n’arrivant pas à intégrer la réalité de la perte de l’être aimé. Vient ensuite la phase dépressive, marquée par de la colère, de la protestation, avec parfois la recherche d’un coupable, et un état de tristesse lié au manque de l’être cher. Puis apparaît le temps du rétablissement et de la réorganisation, carac térisé par l’acceptation de la réalité et l’adap tation de la vie quotidienne. Cet apaisement retrouvé marque la fin du processus de deuil.

Quand les choses durent…

Dans un cas sur dix néanmoins, le deuil se complexifie et persiste : il s’agit de deuil prolongé ou pathologique. Afin d’en définir les contours et les critères diagnos tiques, l’American Psychiatric Association a inscrit ce trouble dans la dernière révision de son Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Ainsi, si l’état d’abattement et de sidération se prolonge au-delà de douze mois chez l’adulte et six mois chez l’enfant, et qu’il s’accompagne d’au moins la moitié des symptômes caractéristiques (parmi lesquels : difficulté marquée à accepter la mort, à faire confiance à autrui, sentiment de vide, perte de sens et d’intérêt pour la vie, etc.), il est question alors de deuil complexe et persistant.

Dans certains autres cas, le deuil se complique avec, par exemple, un épisode dépressif ou un trouble de stress post-trau matique dans les situations de deuil trau matique. « Il est nécessaire d’être vigilant quant au risque suicidaire dans toutes les situations de complication de deuil, tout comme aux risques de développement ou d’aggravation des conduites addictives »,

indique la Dre Lamyae Benzakour, médecin adjointe en charge de la psychia trie de liaison aux HUG.

Comment se faire aider ? Un soutien psychologique adapté est recommandé lorsque les symptômes du deuil durent ou s’intensifient. « En tant que thérapeute, la première action lorsque je suis face à une personne en deuil est de repérer les facteurs de risque de compli cations, comme l’isolement, ou encore un contexte soudain ou violent de décès, qui peuvent être propices à une persistance du trouble », explique la spécialiste.

Parmi les outils disponibles, la thérapie cognitivo-comportementale, dont le principe est de travailler en collaboration active avec la personne sur les pensées, les émotions, les comportements et aussi sur les sensations physiques, s’avère efficace. Les groupes de soutien, qui permettent d’échanger entre pairs, sont également souvent bénéfiques. « Le but est de normaliser le deuil afin d’aider à prendre conscience de cette réalité tout en accueillant les émotions, sans chercher à les combattre », confie la psychiatre.

Enfin, pour tout un chacun et chacune, la mise en place de rituels propres à sa culture est aussi à favoriser, car ils permettent de prendre acte de la perte. 

Le paradoxe du deuil « blanc »

Accompagner quelqu’un qui souffre d’une maladie neurodégénérative est une épreuve qui, sous certains aspects, peut s’apparenter au processus de deuil. Il s’agit alors de deuil « blanc ». « La personne que nous connaissions est encore avec nous, mais les symptômes cognitifs de la maladie la font disparaître jour après jour. C’est un paradoxe : la mort n’est pas encore là, mais le processus du deuil est entamé, face au sentiment de la perte progressive d’un être cher », explique Lara Fazio, neuropsychologue responsable d’un programme de soutien aux familles de personnes atteintes de troubles cognitifs.

Mieux-vivre 43 OctobreDécembre 2022

Étude sur la réalité virtuelle durant les IRM

Comment concilier sa claustro phobie avec la nécessité de passer certains examens médicaux ? C’est la question que se posent de nombreuses personnes au sujet des imageries par résonance magnétique

Rapport d’activité de la Fondation privée

Le rapport d’activité 2021 de la Fondation privée des HUG vient de paraître. Il met en lumière les 57 nouveaux projets financés et démarrés en 2021 et donne aussi une information précieuse sur l’état d’avance ment des projets antérieurs.

Radio-oncologie : plateau technique complet

En se dotant du Cyberknife®, le Service de radio-oncologie complète ses équipements et propose à l’ensemble de la population les meilleurs traitements disponibles de cette spécialité médicale. Cet appareil délivre des traitements stéréotaxiques, tout en suivant le mouvement de l’organe touché en corri geant en permanence sa

(IRM). Afin de leur apporter une solution, le Service de neuroradiologie diagnostique et interventionnelle des HUG lance une étude sur les bénéfices de la réalité virtuelle dans ces situations. Peuvent participer à cette étude les personnes claustrophobes en bonne santé, âgées de 18 à 80 ans et ne présentant pas de contreindication aux IRM. Pour en savoir plus sur le déroulement et les modalités de dédommagement : 079 553 25 30 ou anna.caruso@hcuge.ch

Des projets remarquables, issus des Hôpitaux universitaires de Genève et de la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Ces réalisations sont rendues possibles grâce aux donateurs et donatrices qui, par leur geste, s’engagent à soutenir la recherche en vue de nouveaux traitements, favoriser l’innovation médicale et améliorer le confort des patients et patientes. Le rapport d’activité est à découvrir sur le site internet de la Fondation privée des HUG, qui a fait peau neuve pour améliorer la visibilité des projets soutenus. www.fondationhug.org

position. Cette précision permet de délivrer des doses plus fortes, et donc plus efficaces, sur la tumeur tout en préservant les tissus sains avoisinants. Cette technolo gie est particulièrement utile pour les tumeurs mobiles (poumon, prostate, foie, pancréas) ou celles atteintes de multiples lésions (cerveau). Les expertes et experts du Centre des cancers disposent ainsi de nouvelles possibili tés de combinaison de traitements pour répondre de manière encore plus person nalisée à la situation des personnes touchées par le cancer.

Crédits : Shutterstock, HUG, Accuray
Pulsations 44 OctobreDécembre 2022 Brèves

2029

date d’ouverture prévue.

Etude sur un traitement du post-Covid

Le Service de médecine de premier recours recherche des volontaires pour une étude sur un traitement du post-Covid, le temelimab, afin d’évaluer son efficacité. Cette molécule cible la protéine HERV-W ENV qui se retrouve chez une partie

Une balançoire pour les enfants en fauteuil roulant

Grâce à l’initiative de la Fondation Sanfilippo Suisse qui souhaitait que tous les enfants aient accès à une balançoire, le jardin de l’Hôpital des enfants dispose désormais d’une nacelle conçue spécialement pour

ans de travaux.

20 000

mètres carrés pour le futur bâtiment, qui comprendra huit niveaux, dont six étages dédiés aux unités de soins.

Pour en savoir plus : www.hug.ch/ enfants-ados/ nouvel-hopitalenfants

des personnes touchées par le post-Covid. Cette protéine pourrait expliquer certains symptômes neurologiques (perte de mémoire, manque de concentration) et la fatigue. De nombreuses personnes infectées par le Covid-19 ont des séquelles sur le moyen ou long terme. Le post-Covid est évoqué lorsque les symptômes durent plus de trois mois. A ce jour, aucun traitement pharmacologique n’est établi. Plus d’infos sur https://recherche.hug.ch/ etudes/temelimab

les fauteuils roulants. Durant leur hospitalisation ou avant et après leurs consultations, les jeunes patientes et patients accèdent à cet équipement à l’aide d’une rampe. Si leur mobilité le leur permet, ils utilisent deux cordes pour se balancer de manière autonome. Cette nacelle adaptée ravit égale ment les enfants, adolescentes et adolescents scolarisés à l’Ecole de pédagogie spéciali sée de la Roseraie, notamment pendant leurs récréations. L’achat et l’installation ont été possibles grâce au généreux soutien de l’Association enfance et maladies orphelines et de la Loterie romande.

Nouvel hôpital des enfants
Brèves 45 OctobreDécembre 2022
Crédits : istockphoto, Julien Gregorio
4

04/10

Œuvre collective

Post-Covid

17h

Entrée Gustave Julliard Rue Alcide-Jentzer 17 Entrée libre

Le post-Covid est une entité nouvelle et encore peu comprise. Ses symp tômes, comme la fatigue, la perte d’odorat ou les troubles de la concentra tion, sont encore souvent inexpliqués et durs à porter.

Des personnes touchées ont raconté leur expérience et collaboré avec des artistes.

Le résultat ? Une œuvre d’art collective et spectacu laire qui sera dévoilée aux HUG le mardi 4 octobre. A cette occasion, le Service de médecine de premier recours invite le public à échanger avec les équipes de santé, les artistes et les patients et patientes.

4, 6, 11 et 12/10

Octobre rose

Cancer du sein

Les HUG en partenariat

avec le Groupement

Hospitalier de l’Ouest Lémanique (GHOL), l’Hôpital de La Tour, la Ligue genevoise contre le cancer, la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer et le Centre Otium proposent un programme commun comprenant :

Mardis 4 et 11

Hôpital de Nyon Ch. Monastier 10 1260 Nyon Café rose – Posez vos questions sans tabou

Jeudi 6

Hôpital de La Tour Av. J.-D. Maillard 3 1217 Meyrin Conférence : «Prise en soins de l’enfant durant le parcours oncologique de la maman.»

Mercredi 12 Centre de l’innovation des HUG Bâtiment Gustave Julliard Rue Alcide-Jentzer 17 1205 Genève Table ronde – Cancer et emploi, plus d’inclusion

Programme complet sur hug.plus/cancer-sein-22

12-13/10

Soins palliatifs

Journée mondiale

À l’occasion de la journée mondiale des soins pallia tifs, le réseau cantonal genevois organise, sous l’égide de Palliative Genève et de ses partenaires – la Direction générale de la santé, le Service de méde cine palliative des HUG et l’institution genevoise de

maintien à domicile (imad) –, plusieurs événements placés sous le thème des soins palliatifs à travers les âges.

Mercredi 12

Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 12h30-18h Conférences et stands d’informations

Mercredi 12 et jeudi 13 L’Etincelle

Maison de quartier de la Jonction

Av. Sainte-Clotilde 18bis 19h-21h

Représentation de la pièce « Partir » de Jean-Daniel Piguet, suivie d’une discussion avec le metteur en scène.

Programme détaillé, inscriptions et informations pratiques : https://www.hug.ch/ evenement/journeemondiale-soins-palliatifs2022

02/11 et 14/12

Covid

Un webinaire est organisé chaque mois sur RAFAEL, la plateforme d’information et

Pulsations 46 OctobreDécembre 2022 Agenda Par Giuseppe Costa
NOV. OCT.
Crédits : istockphoto, Blue Brain Project/EPFL 2005-2022

d’échange sur le post-Covid des HUG. Cette dernière permet aux internautes de s’entretenir avec des médecins des HUG et d’autres acteurs en lien avec cette problématique. Les prochains webinaires ont lieu les mercredis 2 novembre et 14 décembre. Inscription gratuite sur https://www.rafaelpostcovid.ch/post-covidevenements-agenda

03/11

Prévention

AVC et santé cardiovasculaire

11h-19h

Auditoire Marcel Jenny

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

Lors de cette journée, les HUG proposent des stands d’information, des confé rences et vous invitent à des ateliers interactifs et des tests de dépistage. Objectif ? Trouver des motivations et adopter des comportements favorables au maintien de la santé. Programme complet : hug.plus/cvc

Jusqu’au 30/11

Photographies

Blue Brain Project

– EPFL

Hôpital Hall d’entrée

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

Entrée libre

Le Blue Brain Project de

l’EPFL est une initiative suisse de recherche sur le cerveau, fondée et pilotée par le Pr Henry Markram. Son but est de créer, pour la première fois au monde, des reconstructions numé riques et des simulations biologiquement détaillées du cerveau de la souris. Les images exposées montrent quelques exemples de ces visualisations.

par exemple se mettre dans la peau d’une sage-femme, d’une personne intervenant au bloc opératoire ou d’un ou d’une technicienne en radiologie et participer à des activités interactives dans le domaine de l’innovation et de la recherche. Ce salon présente un panel complet de l’ensemble des formations initiales ou continues, mais aussi des passerelles de formation possible.

Plus d’infos : https:// cite-metiers.ch

24/11

Incontinence urinaire

Des solutions existent

17h30

22 au 27/11

Cité des métiers

Les HUG présents

ma et je : 8h30-18h me et ve : 8h30 - 20h sa et di : 9h - 18h Palexpo Route François-Peyrot 30 1218 Le Grand-Saconnex Entrée libre

Les HUG sont présents à l’édition 2022 de la Cité des métiers. Sur un stand de 150 m2, ils font découvrir quelques-uns de leurs 180 métiers et de leurs nombreuses filières d’ap prentissage. Les visiteurs et visiteuses peuvent ainsi

Maternité - Auditoire Bd de la Cluse 30 Entrée sur inscription Une femme sur deux souffre de fuites urinaires. Des solutions thérapeu tiques existent et une bonne information a des effets positifs sur la qualité de vie des personnes. Le Service de gynécologie des HUG organise une conférence grand public portant sur Botox, bande lettes, etc. : la prise en charge de l’incontinence urinaire chez la femme en 2022 et La rééducation du périnée : clé du traitement Place également au témoi gnage d’une femme ayant été opérée et aux questions du public. Plus d’informa tions sur: hug.plus/ incontinence-urinaire-2022

Octobre

Décembre 2022

Agenda 47
-

2022

& Web

Octobre -

Pour en savoir plus sur…

Intelligence artificielle et santé

Livres

En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU

La médecine du futur L’intelligence artificielle au chevet des patients Philippe Coucke Mardaga, 2020 L’arrivée de l’intelligence artificielle et l’augmentation de la robotisation transforment le métier des médecins. Des dizaines d’innovations technologiques sont en train de bousculer le fonctionnement du secteur de la santé. Un livre met au jour cette révolution du le monde médical.

Nouvelle enquête sur l’intelligence artificielle Médecine, santé, technologies : Ce qui va changer dans nos vies Nicholas Ayache et al. Flammarion, 2020

Grâce à l’éclairage d’experts et expertes, cette enquête dresse un état de la recherche et des dernières innovations en matière d’intelli gence artificielle.

CONTACT

Tous les livres référencés sont disponibles à la Bibliothèque de l’Université, site CMU. Ils peuvent être consultés et/ou empruntés gratuitement par tous. La collection « patients » de la bibliothèque de médecine s’adresse à tout un chacun qui souhaite s’informer sur une thématique en lien avec la santé.

Bibliothèque de l’Université de Genève

Centre médical universitaire

Avenue de Champel 9 1206 Genève

Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch 022 379 51 00

Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/

La procréation médicalement assistée

Les secrets de la PMA 100 questions pour mieux vivre ce parcours Michaël Grynberg Marabout, 2022

Ce livre propose de découvrir les secrets d’une médecine extraordinaire, capable de créer la vie et de permettre à des femmes et des hommes d’accéder au bonheur de devenir parent.

100 conseils essentiels Désir d’enfant François-Xavier Aubriot et Lucie Delaroche Solar, 2017 Dans cet ouvrage, deux grands spécialistes de l’infertilité expliquent, en cent conseils essentiels, chaque étape d’un parcours à la fois long et éprouvant.

J’ai longtemps cru qu’il suffisait d’être deux Le désir d’enfant et la médecine Élise Karlin et Sylvie Epelboin Bernard Grasset, 2019 La Dre Sylvie Epelboin a suivi durant de longues années Elise Karlin dans son parcours pour devenir mère. Ensemble, elles croisent leur regard sur cette aventure mêlant l’intime à la médecine.

Le CBD

Le cannabis médical, une nouvelle chance. Pourquoi ? Pour qui ? Comment ? Pascal Douek Solar, 2020

Cet ouvrage dresse un état des lieux complet et documenté sur les applications médicales du cannabis. L’objectif est d’aider toutes les personnes concernées à appré hender la mise en application de cette nouvelle approche.

Le deuil

Vivre et faire son deuil Marc-Louis Bourgeois Vigot, 2016 Rédigé par un psychiatre spécialiste du deuil, cet ouvrage apportera une connaissance et une aide réelle aux personnes confrontées à cette expérience douloureuse.

Traverser le deuil 9 étapes pour rencontrer le chagrin et accéder à la paix intérieure Line Asselin Eyrolles, 2022 Conçu comme une progres sion en neuf étapes, ce guide vous accompagne pas à pas et à votre rythme vers la libération intérieure. Fondé sur une approche sensible et une spiritualité universelle, il constitue un chemin vers une forme de mieux-être durable.

Association Entrelacs

Accompagnements personnalisés dans des situations de maladie grave, de fin de vie et de deuil.

https://entrelacs.ch

L’acné

Faire la paix avec sa peau Boutons, acné, cicatrices... toutes les bonnes solutions

Dermato Drey Larousse, 2022

Cet ouvrage rédigé par une dermatologue aborde sans tabou toutes les questions que vous vous posez sur l’acné et fait le point sur les idées reçues.

Dermato info

Pulsations https://dermato-info.fr

Site d’information grand public de la Société française de dermatologie.

Décembre
48
DÉCOUVREZ NOS PRESTATIONS ET NOTRE BOUTIQUE EN LIGNE WWW.BAINSDECRESSY.CH Route de Loëx 99 · CH – 1232 Confignon · T + 41 (0)22 727 15 15 BAINS JACUZZI • HAMMAM ODORIUM • SAUNA BIEN-ÊTRE BALNÉOTHÉRAPIE CURES THALGO SPORT AQUAGYM SANTÉ MASSAGES SOINS THÉRAPEUTIQUES COURS MAMAN ET BÉBÉ BEAUTÉ SOINS ESTHÉTIQUES ÉPILATION • TEINTURES Inscrivez-vous à notre newsletter pour ne louper aucune offre.
AUGMENTER LE BIEN-ÊTRE DU PATIENT Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels. L’EXCELLENCE MÉDICALE POUR VOUS, GRÂCE À VOUS. Pour faire un don : www.fondationhug.org IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0 T +41 22 372 56 20 Email : fondation.hug@hcuge.ch AMÉLIORER LA QUALITÉ DES SOINS GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS FAVORISER LA RECHERCHE MÉDICALE Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques. Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.

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