Se pte mb re
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Pulsations
Ju ille t-
RO NUMÉ AL I C É SP UV H HUG-C
Actualité
Nouveau centre de développement de l’enfant
DOSSIER Junior
Ça veut dire quoi « être végétarien » ?
Microbiotes
Soigner grâce à nos bactéries
Henriqueta Genève
Pulsations Juillet - Septembre 2018
Sommaire Actualité 04 Traiter les addictions autrement 06 Nouveau centre de développement de l’enfant
21 Reportage Un détour par la Clinique de Joli-Mont
30 Partenariat Vous sentezvous écouté ? 32 Le portrait Laura Rubbia-Brandt : le diagnostic, passionnément
24 L’infographie La voix
09 Eviter les chutes pour vivre mieux
34 Junior Ça veut dire quoi « être végétarien » ? 36 Mieux-vivre Tous les secrets d’un bon sommeil
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10 Rencontre Antoine Geissbuhler
La cybermédecine est un choix de société
26 Témoignage Une greffe de foie entre une mère et son bébé
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DOSSIER MICROBIOTES
29 Vrai/Faux Bien préparer son départ en vacances
Soigner grâce à nos bactéries
38 Brèves Agenda 40 Salon suisse de la Santé Billet offert
IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Sylvia de Meyer Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Elodie Lavigne, Laetitia Grimaldi Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug-ge-ch/ pulsations. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 60’000 exemplaires (numéro spécial en collaboration avec le CHUV), 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: shutterstock, istockphoto, Science Photo Library Crédits sommaire : Nicolas Righetti | Lundi 13, istockphoto, Science Photo Library
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Tous panels d’analyses Centres de prélèvements et domiciles Prescription électronique Web, smarts phones, liens dossiers médicaux
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Pulsations
Collaborer pour les patients
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Juillet - Septembre 2018
Les collaborations Ensemble, ils drainent se déclinent sous une population d’environ bien d’autres formes deux millions d’habitants encore. Le suppléet sont situés à 60 km de ment In Extenso de distance. A deux, ils ce numéro spécial, disposent d’une masse qui met en lumière critique suffisante pour le travail de cinq être compétitifs au centres universitaires niveau national ou romands, en est une européen dans les illustration. Au salon activités de pointe. Dès Planète Santé live, lors, il apparaît comme qui se tiendra à une évidence que nos Pierre-François Palexpo du 3 au deux institutions doivent Leyvraz 7 octobre, les stands collaborer de manière Directeur général du CHUV des HUG et du CHUV étroite dans ces dosont reliés par une maines spécialisés, pour passerelle, symbole de ce rapprochele plus grand bénéfice des patients. ment. Tout comme ce magazine « collector » réalisé ensemble pour Ce sont exactement les buts de cette occasion. l’association Vaud-Genève qui réunit
E d i t o r i a l
Bertrand Levrat Directeur général des HUG
A cet égard, la répartition des tâches dans la médecine hautement spécialisée est exemplaire, en particulier pour la transplantation. Genève est spécialisé dans le domaine intestinal, hépatique et des îlots pancréatiques. Lausanne s’occupe des organes thoraciques, du poumon et du cœur.
Photo Julien Gregorio et Philippe Gétaz
Les HUG et le CHUV sont les deux hôpitaux universitaires romands parmi les cinq que compte la Suisse. Si leurs fonctionnements et leurs structures sont différents, ils partagent les mêmes missions à l’égard de la population romande.
les directions de nos hôpitaux, des facultés de médecine et les représentants de la santé publique.
Pulsations
Par Stéphany Gardier
Juillet - Septembre 2018
A c t u a l i t é
Addictions : s’exposer à la vie réelle Depuis janvier 2018, un nouveau type d’hôpital de jour accueille les personnes concernées par une addiction, avec ou sans substances. Créé par les HUG, le programme CITE veut replacer le projet de vie du patient au centre de la prise en charge.
A
près l’accueil de 9h et les activités de la matinée, les locaux du CAAP *, rue Grand-Pré, se vident. Quelques personnes discutent dans la salle commune tandis que deux autres partagent un café dans la cuisine baignée de soleil. Aux murs, des photos de plats « faits maison » plus appétissants les uns que les autres. « A midi, nous avons préparé un poulet mafé, précise tout sourire un patient.
* Consultation ambulatoire d’addictologie psychiatrique.
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Une personne du groupe est africaine, elle nous a expliqué cette recette qui vient de chez elle. » Préparer et partager un repas ensemble est une des nombreuses options proposées aux patients du programme CITE, en parallèle de la prise en charge psychothérapeutique. Lancée en janvier dernier et pilotée par les Drs Gabriel Thorens et Gerard Calzada, addictologues aux HUG, cette « Cure Interactive de Traitement par Exposition » invite le patient à traiter son addiction dans un cadre qui se veut le plus proche possible de la vie réelle. A l’opposé de la cure classique, qui met à l’abri durant quelques semaines, mais ne prépare pas toujours au retour dans la société. Le participant va donc être « exposé » à des situations critiques pour lui, afin d’apprendre à mieux les gérer. En plus d’un accompagnement individuel, les patients ont le choix de suivre des ateliers variés : des connaissances de l’addiction à la méditation en passant par l’utilisation des réseaux sociaux. Des activités animées par les patients eux-mêmes font aussi partie de l’offre. « L’objectif est que chacun puisse trouver de quoi (re) mobiliser ses compétences », résume Gabriel Thorens.
Actualité
Construire un nouveau projet de vie
Ici, aucune recette clé en main donc, mais un menu dans lequel piocher ce qui sera le plus utile, en fonction des besoins et des objectifs de chacun. Une vision qui tranche avec celle de l’hôpital de jour traditionnel. « C’est une des différences principales de ce programme : ici, pas de protocoles standardisés, explique Gerard Calzada. Nous co-construisons les plannings ensemble avec les patients. » Et pour être au plus près des usages du moment, toute l’offre est disponible en ligne, permettant ainsi aux patients de visualiser les options de la semaine et d’organiser leur emploi du temps.
du plaisir. » Avant de traverser l’épreuve de la dépression puis de l’addiction, Serge écrivait. Il s’est donc lancé et a proposé d’animer des ateliers d’écriture. « J’ai été agréablement surpris, confie-t-il. Ici le rapport patient-soigné est différent. On ressent une véritable dynamique et une réelle complicité ». Un sentiment qui fait écho à l’implication de l’équipe soignante. « C’est vrai qu’on a tous accepté de se mouiller un peu, sourit Gerard Calzada. Habituellement, le soignant est là pour “modérer” le groupe. Ici on participe. On part du principe qu’on va tous apprendre quelque chose, tous évoluer. »
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Les personnes qui sont encore consommatrices de substances sont les bienvenues. « La question de l’abstinence est souvent mise en avant dans les soins plus traditionnels. Parfois, elle est d’ailleurs requise avant de pouvoir commencer une thérapie. Ici nous ne la considérons plus comme un but, mais comme un moyen. Et un moyen qui n’est pas forcément nécessaire », souligne Gabriel Thorens. Pour le Dr Calzada, l’objectif est de parvenir à construire avec le patient « un projet de vie qui vaille la peine d’être vécu ». Le site internet du programme CITE propose informations pratiques, documentation, tests d’évaluation à un éventuel risque d’addiction (aux jeux de hasard ou vidéo, au travail, etc.) et autres ressources utiles.
Retrouver du plaisir
Le centre est ouvert les jours de semaine et les participants peuvent s’y rendre autant qu’ils le souhaitent, même en dehors des heures d’activités. Parmi eux, Serge, la quarantaine, artiste. Déjà passé par des structures de soins ambulatoires classiques, il prend quelques minutes pour partager ses impressions sur le programme CITE. « Un après-midi on est allés à un café philo : j’ai été étonné de ce que ça m’a apporté et depuis j’y retourne seul. Ici on peut découvrir beaucoup de choses auxquelles nous n’aurions même pas pensé ; on retrouve
PRATIQUE Programme CITE Rue du Grand-Pré 70 C 1202 Genève Secrétariat ouvert du lundi au vendredi, de 8h30 à 18h Tél. : 022 372 57 50 reconnecte@hcuge.ch www.addictohug.ch/cite
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Pulsations
Par Aurélia Brégnac Photos Julien Gregorio
Juillet - Septembre 2018
A c t u a l i t é
Un centre dédié aux troubles du développement chez l’enfant Ouverte en avril dernier, cette structure polyvalente se consacre au diagnostic précoce et au suivi des trajectoires de développement. Ce centre est placé sous l’égide de la Pre Petra Hüppi et de son équipe de spécialistes de la pédiatrie.
C’
est au cœur d’un espace indépendant de plus de 530 m2 que le nouveau Centre du développement de l’enfant des HUG a vu le jour. Un bâtiment lumineux dont la façade aux vitres teintées évoque les ailes multicolores du papillon, symbole de la métamorphose que tout enfant est appelé à connaître. « C’est l’image de la diversité des
trajectoires de développement et de la singularité de chaque enfant », explique Petra Hüppi, médecin-cheffe du Service de développement et croissance. Ancien amphithéâtre rénové au design contemporain, le centre compte notamment six salles de consultation et autres bureaux répartis sur trois étages. Cet espace multidisciplinaire est né d’une réelle nécessité d’un lieu de convergence pour les différentes spécialités pédiatriques, une entité capable de répondre à de multiples besoins. Et pour cause, le canton de Genève dénombre à lui seul quelque 5’400 naissances par an, les HUG étant d’ailleurs la plus grande maternité de Suisse. L’importance d’un dépistage précoce
Troubles du comportement, retards moteurs, difficultés cognitives… « Conséquences d’une naissance prématurée, de troubles neurodéveloppementaux, de maladies du cerveau ou de facteurs 6
environnementaux, un enfant sur cinq présente un problème de développement à un moment donné », précise la Pre Hüppi. Et parmi eux, seuls 30% sont aujourd’hui dépistés avant leur entrée à l’école. Aussi, une consultation de prévention est proposée aux enfants présentant des facteurs de risque dès la naissance. Médecins généralistes, éducateurs et services sociaux aident aussi à aiguiller vers le Centre les parents en quête de réponses. En cas de trouble avéré, le diagnostic précoce permet l’instauration d’une prise en charge personnalisée pour atténuer les symptômes. En effet, les chances de succès sont plus grandes chez l’enfant en bas âge, car son cerveau apparaît plus « malléable », grâce à la plasticité cérébrale. En ligne de mire, une prise en charge adaptée qui garantit, à terme, une meilleure intégration scolaire, sociale et, plus tard, professionnelle.
Actualité
En chiffres 1/5
Une expertise pluridisciplinaire
7,5%
des enfants naissent prématurément en Suisse.
30 à 50%
des prématurés ont des problèmes de développement dont les conséquences peuvent être importantes.
5 à 8/1000
les enfants qui connaissent des troubles de l’attention.
1/100
la proportion d’enfants qui souffrent d’un retard mental.
6 à 10/1000
la proportion d’enfants ayant un trouble du spectre autistique.
2/1000
les enfants atteints de paralysie cérébrale.
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En 1928, Arnold Gesell, pédiatre et psychologue pionnier, souligne l’importance de l’observation du développement chez l’enfant. Nonante ans plus tard, « cette nécessité est d’autant plus présente que ces troubles infantiles sont en constante augmentation », explique Petra Hüppi. Leurs origines comme leurs symptômes sont variés et souvent difficiles à diagnostiquer. Des neurosciences à la pédiatrie du développement
en passant par la neurologie pédiatrique et la pédopsychiatrie, plusieurs expertises sont regroupées au sein du Centre qui assure par ailleurs la formation et la recherche dans le domaine. Des technologies de pointe comme la neuro-imagerie et des traitements spécifiques très diversifiés – psychomotricité, psychothérapie, logopédie, physiothérapie, mais aussi musicothérapie, programmes de méditation en pleine conscience – sont parmi les outils employés dans la prise en charge globale de l’enfant.
La Pre Petra Hüppi, médecin-cheffe de service, est la responsable du nouveau centre.
la proportion d’enfants qui présentent un trouble du développement, soit environ 1000 enfants par an à Genève.
GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS
AU G M E N T E R LE BIEN-ÊTRE D U PAT I E N T Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.
A M É L IO R E R L A Q UA L IT É DES SOINS Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.
FAVO R I S E R L A R E C H E RC H E MÉDICALE Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.
L’EXCELLENCE MÉDICALE POUR VOUS, GRÂCE À VOUS.
Pour faire un don : www.fondationhug.org IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0 T +41 22 372 56 20 Email : fondation.hug@hcuge.ch
Pulsations
Eviter les chutes pour vivre mieux Après 65 ans, plus d’un tiers des personnes chutent au moins une fois par année. L’hôpital des Trois-Chêne a développé avec succès un programme de prévention et de prise en charge.
Appel à participants Dans le cadre d’une étude sur les bienfaits de la rythmique Jacques-Dalcroze contre la perte musculaire liée à l’avancée en âge (sarcopénie), le Service des maladies osseuses des HUG recherche des participants. Si vous êtes âgé d’au moins 65 ans et avez quelques difficultés à vous lever d’une chaise, monter les escaliers ou vous déplacer, ou si vous êtes sujet à des chutes, rejoignez gratuitement l’étude SACARE. Pour plus d’informations : 022 305 63 28 ou melany.hars@hcuge.ch
www.hug-ge.ch/prevenir-chutes-fractures
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« Avec l’âge, s’installent souvent des problèmes d’équilibre, des troubles de la marche ou encore une perte de force musculaire. Autant de facteurs de risque qui peuvent conduire à une chute », remarque le Dr Andrea Trombetti, spécialiste des maladies osseuses. Même une fois hospitalisés, les patients, souvent affaiblis physiquement et installés dans un environnement non familier, ne sont pas à l’abri.
A c t u a l i t é
À l’Hôpital des Trois-Chêne, spécialisé en gériatrie, le personnel médical a constaté qu’environ 20 % d’entre eux tombaient au cours de leur séjour. Une vraie préoccupation, puisque cela entraîne des souffrances importantes, allonge le temps d’hospitalisation et engendre de nombreux coûts.
Le Dr Andrea Trombetti et son équipe ont donc mis au point un projet dans le but d’améliorer la prise en charge et de prévenir les chutes à l’hôpital. A l’admission de chaque nouveau patient, une évaluation physique et clinique est effectuée. Si la personne est jugée à haut risque, des mesures préventives sont mises en place. Une prise en charge multidisciplinaire est également proposée, avec en particulier l’introduction de physiothérapie ou d’exercices physiques à poursuivre une fois de retour à domicile. Défi réussi, puisque depuis le lancement du programme, le taux de chutes à l’hôpital des Trois-Chêne a significativement été réduit. Un succès qui a valu au Dr Trombetti et à son équipe l’obtention du Prix Qualité 2017, décerné chaque année à un projet d’amélioration de la qualité des soins, prestations et services aux HUG.
Par Aude Raimondi
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éritable problème de santé publique, les chutes ne doivent pas être banalisées, en particulier chez les personnes âgées. C’est même une cause de mortalité relativement importante, puisque 1’300 décès par année en Suisse sont liés à ce type d’accident.
Lauréat du Prix Qualité 2017
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Par Elisabeth Gordon Photo Nicolas Schopfer
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R e n c o n t r e
« Cybermédecine : notre société doit faire des choix » Les technologies numériques prennent une place toujours plus grande dans le système de santé. Selon le Pr Antoine Geissbuhler, médecin-chef du Service de cybersanté et de télémédecine et responsable du Centre de l’innovation, il faut veiller à en garder le contrôle. Pulsations Comment définiriez-vous la cybersanté ? Antoine Geissbuhler C’est l’utilisation raisonnée des technologies numériques pour améliorer le système de soins et de santé. J’insiste sur le terme « raisonnée », car il y a plusieurs façons d’employer ces technologies. Il faut apprendre à les maîtriser afin qu’elles ne se placent pas entre les humains, mais qu’au contraire elles les connectent, les relient.
Pouvez-vous nous donner un exemple ? Prenez « MonDossierMedical.ch » : il regroupe les infrastructures utilisant le numérique pour faire circuler, de manière sécurisée et sous le contrôle du patient, des informations de santé qui vont faciliter le travail de toute l’équipe médicale qui l’entoure et conduire, on l’espère, à de meilleurs soins. On souhaiterait compléter ce dossier électronique par des services à valeur ajoutée qui vont par exemple permettre aux médecins, aux infirmières et aux pharmaciens de s’assurer que le patient prend régulièrement les bons médicaments.
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Ces services seront déployés sur les téléphones mobiles, qui vont être de plus en plus connectés à des capteurs présents dans l’environnement ou sur la personne, voire dans son corps. On pourra notamment suivre en temps réel la glycémie d’un patient diabétique ou localiser une personne ayant des troubles cognitifs pour qu’elle ait une plus grande liberté de mouvement tout en bénéficiant de plus de sécurité. Y a-t-il d’autres outils de ce genre en développement ? Oui, certains sont destinés à modifier le comportement des utilisateurs afin de les inciter à manger plus sainement et à faire de l’exercice physique. Toutefois, pour donner lieu à des bénéfices à long terme sur la santé, ces changements d’habitude doivent perdurer. Il faut donc éviter que les utilisateurs ne se lassent d’employer ces outils. Pour surmonter ce défi, des équipes s’inspirent des jeux vidéo et travaillent sur la motivation, les émotions, les récompenses, afin de créer une certaine émulation. Il faudra développer des interfaces sociales, mettant les utilisateurs en relation les uns avec les autres, l’informatique jouant un rôle de facilitateur. Ces technologies ne vont-elles pas conduire à une plus grande déshumanisation de la médecine ? Le risque des avancées technologiques, notamment l’arrivée des robots et de l’intelligence artificielle, c’est de modifier les relations interhumaines. Il faut se poser la question : ces outils apportent-ils des gains à l’individu et à la société, ou vontils nous faire perdre le contrôle sur notre manière de penser – ce que les géants du numérique (Google, Facebook, etc.) sont accusés de provoquer ? Notre société doit faire des choix. Je suis convaincu qu’en Europe, nous avons des réglementations, une mentalité et une culture qui nous permettront de trouver le bon équilibre pour utiliser les technologies en accord avec nos valeurs et notre organisation sociale.
Rencontre
Le Centre de l’innovation « Chacun peut faire la différence. » Ce message, affiché à l’entrée du Centre de l’innovation des HUG, résume bien les objectifs de cette structure créée en avril 2017. Son but est de faire en sorte que tous les collaborateurs de l’Hôpital se sentent concernés par l’innovation et proposent de nouvelles idées, qui seront écoutées, évaluées, testées et, pour certaines d’entre elles, mises en œuvre.
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Pulsations
Par Elodie Lavigne Pictogrammes Lescek Piertzak
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D o s s i e r
Microbiote(s) : L Les récentes découvertes sur le microbiote – l’ensemble des bactéries vivant dans l’organisme – ont ouvert de nombreuses perspectives. Et si, en modifiant cette flore, on parvenait à prévenir et mieux soigner certaines maladies ? Les experts des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE) se font l’écho d’un domaine de recherche en plein essor.
Salon Planète Santé LIVE Du 4 au 7 octobre 2018 Palexpo – Genève Venez découvrir les mystères du microbiote sur le stand des HUG et de l’UNIGE !
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homme homme sain sain vit vit en en symsymbiose… biose… avec avec ses ses bactéries ! bactéries ! Méprisées Méprisées hier hier et et combatcombattues tues àà grand grand renfort renfort d’antibiotiques, d’antibiotiques, elles elles sont sont aujourd’hui aujourd’hui considérées considérées comme comme des des hôtes hôtes avec avec lesquels lesquels nous nous vivons vivons en en bonne bonne intelligence. intelligence. Notre Notre santé santé dépendrait dépendrait en en partie partie de de l’équilibre l’équilibre de de cette cette flore flore bactébactérienne. rienne. Par Par exemple, exemple, « les « les souris souris élevées élevées et et alimentées alimentées dans dans des des conditions conditions stériles stériles sont sont plus plus légères légères et et plus plus chétives. chétives. Elles Elles sont sont davantage davantage confrontées confrontées àà la la maladie, maladie, au au stress stress et et aux aux troubles troubles du du développement », développement », décrit décrit lele Pr Pr Jacques Jacques Schrenzel, Schrenzel, responsable responsable du du laboratoire laboratoire de de bactériologie. bactériologie des HUG.
Ce Cevéritable véritablechangement changementde deparadigme paradigme est estdû dûaux auxprogrès progrèstechnologiques technologiquesréalisés réalisés ililyyaaune unedizaine dizained’années. d’années.Grâce Grâceau au séquençage séquençageààhaut hautdébit débit––qui quidécrypte décrypte l’ensemble l’ensembledu dugénome génomehumain humain–, –,on onaadédécouvert couvertl’existence l’existencedans dansnotre notreorganisme organisme de dedix dixmille millemilliards milliardsde debactéries bactérieset etautres autres micro-organismes micro-organismesqu’on qu’onappelle appelleaujourd’hui aujourd’hui « microbiote ». « microbiote ».Leur Leurvariété variétéest esttelle tellequ’elle qu’elle nous nousdifférencie différencied’autrui, d’autrui,de defaçon façoncomplécomplémentaire mentaireàànotre notreADN. ADN.On Ons’est s’estmême même aperçu aperçuqu’il qu’ilexistait existaitplusieurs plusieursmicrobiotes, microbiotes, avec avecdes descompositions compositionspropres, propres,en enfonction fonction des dessites sitesanatomiques. anatomiques.Le Lemicrobiote microbioteintestiintestinal nalest estleleplus plusconnu connuet etleleplus plusétudié, étudié,mais mais les lesmicrobiotes microbiotesoral, oral,pulmonaire, pulmonaire,cutané, cutané, vaginal, vaginal,etc., etc.,jouent jouenteux euxaussi aussiun unrôle rôlecrucial crucial (lire (lireplus plusloin). loin).
ic ro bi ot e
Dossier
M
vers de nouveaux espoirs thérapeutiques Un Un rôle rôle central central
Cancer et microbiote : des progrès attendus
La La thématique thématique du du microbiote microbiote ne ne cesse cesse de de prendre prendre de de l’importance l’importance dans dans la la recherche recherche médicale. médicale. Les Les scientifiques scientifiques cherchent cherchent àà mieux mieux identifier identifier les les bactéries bactéries et et àà comcomprendre prendre leurs leurs fonctions. fonctions. « Elles « Elles jouent jouent vraisemblablement vraisemblablement un un rôle rôle clé clé dans dans lele métabolisme, métabolisme, l’immunité, l’immunité, l’inflammation l’inflammation et et lele développement, développement, mais mais leur leur contribution contribution précise précise doit doit encore encore être être établie », établie », résume résume lele Pr Pr Schrenzel. Schrenzel.
La recherche s’intéresse beaucoup aux liens entre microbiote et cancers.
Leur Leur rôle, rôle, quoi quoi qu’il qu’il en en soit, soit, ne ne se se limite limite pas pas àà la la défense défense contre contre les les agents agents pathogènes pathogènes et et s’étend s’étend bien bien au-delà au-delà de de la la sphère sphère intestinale. intestinale. « Les « Les bactéries bactéries intestinales intestinales digèrent digèrent les les fibres fibres et et produisent produisent de de l’énergie, l’énergie, des des vitavitamines mines ainsi ainsi que que des des substances substances –– des des métamétabolites bolites –– qui qui ont ont des des effets effets sur sur d’autres d’autres organes organes (cœur, (cœur, reins, reins, cerveau, cerveau, etc.), etc.), avec avec lesquels lesquels elles elles communiquent », communiquent », explique explique Vladimir Vladimir Lazarevic, Lazarevic, chercheur chercheur au au laboralaboratoire toire de de génomique génomique àà la la Faculté Faculté de de médecine médecine de de l’UNIGE. l’UNIGE.
Il y a quelques années, la révolution de l’immunothérapie est arrivée dans ce domaine. Des travaux récents montrent qu’une altération du microbiote, par exemple lors d’une prise d’antibiotiques ou d’un traitement par immunothérapie, peut en diminuer l’efficacité. Aux HUG, on s’intéresse en particulier aux relations entre le microbiote et les effets secondaires de l’hormonothérapie en cas de cancer du sein. A l’avenir, on espère améliorer l’efficacité des traitements et minimiser leur toxicité par le biais de manipulations sur la flore intestinale.
Vers Vers un un microbiote microbiote idéal ? idéal ?
On On ne ne connaît connaît pas pas encore encore la la nature nature du du microbiote microbiote idéal, idéal, ni ni même même s’il s’il existe. existe. Par Par contre, contre, on on sait sait que que la la flore flore des des personnes personnes en en bonne bonne santé santé diffère diffère de de celle celle des des malades. malades. Lors Lors de de diarrhées, diarrhées, par par exemple, exemple, elle elle peut peut être être envahie envahie par par des des bactéries bactéries pathogènes. pathogènes. Mais Mais les les changements changements de de microbiote microbiote peuvent peuvent être être liés liés àà des des maladies maladies de de manière manière beaucoup beaucoup plus plus subtile. subtile. Un Un spectre spectre très très large large serait serait concerné : concerné : obésité, obésité, maladies maladies inflaminflammatoires matoires intestinales intestinales (Crohn, (Crohn, colite colite ulcéreuse), ulcéreuse), maladies maladies cardiovasculaires, cardiovasculaires, neurologiques neurologiques (sclérose (sclérose en en plaques, plaques, ParkinParkinson), son), troubles troubles du du développement développement (autisme), (autisme), allergies, allergies, asthme, asthme, etc. etc. Si Si les les perspectives perspectives de de 13
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Le microbiote semble être un facteur de risque dans la survenue du cancer. Certains types de microbiotes peuvent en effet sécréter des métabolites cancérigènes à long terme. D’autres pourraient entraîner une inflammation ou une immunosuppression chronique, ce qui favorise aussi l’apparition d’un cancer. « Les données demeurent très préliminaires et portent sur des modèles animaux. De plus, aucune étude ne dit si une quelconque intervention sur le microbiote pourrait empêcher la survenue de cancers », prévient le Dr Thibaud Koessler, chef de clinique au Service d’oncologie des HUG.
Pulsations
compréhension sont énormes, « à ce stade, on observe uniquement des associations entre des phénomènes, sans pouvoir établir de liens de causalité », nuance Vladimir Lazarevic. Aussi, ajoute le Pr Schrenzel, « faute de méthodes standardisées, il est difficile de comparer les résultats obtenus et de parvenir à des conclusions claires ». De plus, beaucoup d’études se fondent sur le modèle animal et devront être confirmées chez l’homme. Aussi passionnant soit-il, le microbiote est encore un domaine à l’état de recherche, avec des applications cliniques à ce jour très restreintes (lire plus loin).
A l’avenir, on espère prédire, voire empêcher la survenue de maladies, affiner les pronostics et mieux cibler les traitements. « On aboutira à une médecine plus personnalisée en fonction du microbiote et du style de vie de chacun », estime le Pr Schrenzel. L’analyse du microbiote, mais surtout sa manipulation à l’aide de probiotiques (nutriments favorisant la prolifération des « bonnes » bactéries) et de prébiotiques (bactéries vivantes), de transplantation fécale ou par le biais de l’alimentation, deviendront ainsi des moyens thérapeutiques supplémentaires pour la prévention, le soin et le suivi des patients.
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D o s s i e r
Les selles comme médicament La transplantation fécale (TF)* intrigue, en même temps qu’elle suscite de l’espoir. Le Dr Benedikt Huttner, médecin adjoint agrégé au Service des maladies infectieuses des HUG, fait la lumière sur un traitement peu banal. La TF suscite beaucoup de curiosité. De quoi s’agit-il exactement ?
Pulsations
Dr Benedikt Huttner Il s’agit de recueillir les selles d’un donneur sain en fonction de critères similaires au don du sang. L’échantillon est filtré pour isoler les bactéries et contrôlé pour exclure le risque de transmission d’infections. La transplantation de selles se fait sous forme liquide par une sonde naso-gastrique ou gastro-duodénale, ou via l’anus. Les HUG se sont distingués avec l’étude R-Gnosis WP3, en étant les premiers en Suisse à congeler la matière fécale dans des capsules pour pouvoir les donner par voie orale. Une méthode moins invasive et plus confortable pour le patient.
Plusieurs études ont confirmé l’efficacité supérieure de la TF par rapport à d’autres traitements pour les cas récidivants. Elle suscite également un fort intérêt pour traiter la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et le syndrome du côlon irritable. Mais les études qui devraient valider cette approche sont encore en cours.
Quels sont les risques ? En général, la TF est bien supportée, mais des événements indésirables graves sont décrits. Par ailleurs, le risque d’induire certaines maladies auto-immunes et la transmission de pathogènes du donneur ne peuvent pas être exclus à 100%. Enfin, cette thérapie doit encore être standardisée.
Quelles sont ses indications ? La colite à Clostridium difficile, une infection qui cause des diarrhées importantes avec un risque de rechute et de péjoration sérieuse de l’état du patient, est la seule indication reconnue.
*ou bactériothérapie fécale.
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Connaissez-vous vos microbiotes ?
M ic ro bi
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Dossier
Dans un contexte de recherche scientifique mondiale jugée exponentielle, les experts des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE) tissent des collaborations fructueuses. Florilège des études en cours.
Streptococcus salivarius
Ces bactéries sont très abondantes dans le côlon. Elles vivent et se multiplient uniquement en absence d’oxygène. Elles forment des spores – formes dormantes/résistantes – ce qui augmente leur survie hors de l’organisme hôte.
Il fait partie du microbiote oral normal. Il colonise la bouche dès les premières heures suivant la naissance et devient l’espèce prédominante au niveau de la langue. Il est utilisé comme probiotique oral local. Methanobrevibacter oralis Cette archée – organisme unicellulaire distinct des bactéries – produit du méthane. Son abondance dans le microbiote oral est corrélée avec la sévérité de la parodontite.
Staphylococcus epidermidis Une des plus importantes bactéries cutanées qui empêche les microorganismes pathogènes de coloniser la peau. Elle peut causer des infections chez les personnes présentant une immunité affaiblie. Elle forme des biofilms.
Escherichia coli Présente dans l’intestin, elle est capable de synthétiser la vitamine K. La plupart des souches sont inoffensives, mais certaines peuvent causer des infections sévères. C’est la bactérie la plus étudiée en laboratoire.
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Clostridium
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D o s s i e r
Le ventre Le microbiote intestinal – où la concentration de bactéries est la plus forte – est impliqué dans de nombreux processus, dépassant la seule sphère intestinale. Son rôle dans la santé digestive, métabolique, et donc dans la prise de poids et l’obésité, suscite beaucoup d’intérêt. Des études ont montré que l’obésité peut être transmise d’une souris à l’autre par transplantation de son microbiote. Mais est-ce l’obésité qui modifie le microbiote ou l’inverse ? Probablement les deux. Concernant le diabète, des études chez l’homme suggèrent que la résistance à l’insuline pourrait être due à des bactéries intestinales. « La prochaine étape serait d’agir sur l’hobésité ou le diabète en modifiant le microbiote pour diminuer l’absorption calorique, améliorer la sensibilité à l’insuline ou réduire la glycémie », indiquent Mirko Trajkovski, professeur de métabolisme et physiologie à la Faculté de médecine de l’UNIGE, et Ozren Stojanovic, post-doctorant à l’UNIGE.
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Leurs travaux consistent à trouver la composition du microbiote la plus bénéfique pour la santé métabolique, avec un focus sur les graisses : « L’exposition au froid induit des changements dans la composition du microbiote, avec pour conséquence une meilleure métabolisation des graisses, dans la mesure où une partie de la graisse blanche (lieu de stockage d’énergie sous forme de triglycérides) se transforme en graisse brune ou beige (celle qui brûle les calories et les transforme en chaleur) », indique le Pr Trajkovski. Mais quelles bactéries contribuent spécifiquement à la modification du profil de ces graisses ? C’est ce qu’ils tentent de découvrir… La cachexie
De leur côté, la Pre Laurence Genton Graf, médecin adjointe agrégée au Service d’endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition des HUG, et son équipe tentent de mieux comprendre le rôle du microbiote dans la dénutrition et la perte de masse musculaire (cachexie) qui y est associée. Cette perte engendre notamment une diminution des fonctions physiques et une augmentation du risque infectieux. Leur étude interventionnelle analyse les effets sur le microbiote de composants nutritionnels connus pour augmenter la masse musculaire. Le but : identifier les bactéries associées justement à une meilleure masse musculaire. Dénutrition ou obésité, l’idée est de mieux cerner l’impact de l’alimentation sur le microbiote. Sa modulation pourrait donner lieu à de nombreuses perspectives thérapeutiques. A terme, « nous espérons mieux nourrir et mieux traiter l’individu en fonction de ses caractéristiques propres », conclut la Pre Genton Graf.
ot e
Dossier
« L’identification de ces différentes niches écologiques vise à une meilleure prévention des maladies de la sphère orale. Mais aussi à des traitements plus ciblés et d’un nouveau genre avec des probiotiques pour rétablir l’équilibre de la flore bactérienne buccale », explique Serge Bouillaguet, professeur associé à l’UNIGE. L’alimentation et l’hygiène dentaire jouent un grand rôle dans la composition du microbiote oral, une vraie porte d’entrée de l’organisme : « Son déséquilibre a des répercussions locales mais aussi systémiques : diabète, maladies cardiovasculaires, cancer, Parkinson, etc. », souligne le spécialiste.
Les poumons Pendant longtemps, on a cru que les poumons étaient un environnement stérile. Or, les techniques de séquençage ont montré la présence de germes, même en l’absence de signes infectieux. Leur nombre est faible et on ignore encore leur raison d’être. Il en va autrement dans les situations de maladie où des bactéries résidentes colonisant les voies aériennes prolifèrent. Aux HUG, on s’intéresse en particulier aux pneumonies acquises sous ventilation mécanique chez les patients hospitalisés aux soins intensifs. La mise en place d’un tube plastique dans la trachée, nécessaire à la ventilation artificielle, favorise la colonisation des voies respiratoires profondes par des bactéries de la salive et de l’oropharynx. Quelque 15 à 20% des patients intubés courent ainsi le risque d’une pneumonie. Le Pr Jérôme Pugin, médecin-chef du Service des soins intensifs des HUG, et son équipe ont démontré dans une étude qu’on pouvait prédire ce risque en fonction de la qualité du microbiote des sécrétions oropharyngées du patient. L’administration d’antibiotiques non résorbables dans la gorge, associée à neuf autres mesures, diminue la survenue d’une pneumonie dans ces circonstances.
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Le microbiote oral abrite plus de 700 types de bactéries qui, selon les espèces, se logent dans différentes zones. La présence de « keystone pathogen » (bactéries ennemies), même en petit nombre, est à l’origine de problèmes dentaires divers. La carie, par exemple, est associée à la présence de bactéries (acidogènes) responsables de la déminéralisation de l’émail. La parodontie, une maladie des tissus de soutien des dents, est quant à elle due à la présence de pathogènes spécifiques, échappant au système immunitaire et à l’origine de réactions inflammatoires destructrices.
M ic ro bi
La bouche
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Les voies génitales
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D o s s i e r
Peut-on influencer son microbiote ?
La flore vaginale constitue une barrière contre les infections bactériennes et sexuellement transmissibles. Elle est composée majoritairement de lactobacilles, mais se modifie au fil des jours en fonction des cycles menstruels et de multiples autres facteurs (rapports sexuels, antibiotiques, contraception, tampons, lubrifiants, douche vaginale). De plus, elle évolue selon les périodes de la vie (puberté, grossesse, ménopause). Parmi les infections à risque dans cette zone, celle du streptocoque B, un colonisateur fréquent du système gastro-intestinal et des voies génitales féminines. « Sa présence peut être source de complications en cas de grossesse et entraîner de nombreuses pathologies potentiellement mortelles pour le fœtus, la mère et le nouveau-né », indique la Pre Begoña Martinez de Tejada, médecin-cheffe du Service d’obstétrique des HUG. Aussi, la réponse immunitaire de la mère, avec sa cascade de réactions inflammatoires, peut provoquer un accouchement prématuré. En Suisse, un dépistage est systématiquement proposé entre la 35e et la 37e semaine de grossesse et des mesures préventives sont appliquées pour réduire le risque de maladie néonatale en lien avec cette bactérie.
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Oui. Chez les souris, une alimentation dépourvue de fibres est associée à une baisse constante de la diversité microbienne au fil des générations et à une prolifération de bactéries pathogènes. A contrario, les souris recevant un régime riche en fibres produisent, par le biais de la digestion, plus d’acides gras à chaînes courtes et sont de ce fait mieux protégées contre les allergies alimentaires et pulmonaires. Chez l’homme aussi, l’ingestion de fibres est bénéfique pour le microbiote et pour la santé. La consommation de prébiotiques (nutriments favorisant la prolifération des « bonnes » bactéries) aurait en revanche une efficacité limitée. De même, il faut, selon les spécialistes, user avec précaution des probiotiques (bactéries vivantes).
M ic ro bi
ot e
Dossier
Les articulations Le cerveau De récentes études chez l’animal ont montré la possible influence du microbiote sur le comportement, ouvrant ainsi des perspectives inédites. Des souris élevées dans des conditions stériles étaient moins sociables que leurs congénères du groupe contrôle. Aussi, il a été démontré que le transfert de microbiote entre des souris anxieuses et des souris aventureuses a modifié leur comportement, ces dernières devenant plus craintives, et vice versa. Ces résultats ont stimulé la recherche, qui tente d’explorer les relations entre les bactéries intestinales et les maladies psychiques (anxiété, dépression), neuro-développementales (autisme) ou neurologiques (maladie d’Alzheimer et de Parkinson).
Participez à une étude sur la polyarthrite rhumatoïde (PR) Avez-vous un proche (mère, père, frère, sœur, enfant) atteint de PR ? Les parents directs d’un patient souffrant de PR ont 3 à 8 fois plus de risques de développer également la maladie. Les HUG cherchent des volontaires pour participer à une étude sur le sujet. Plus d’infos sur : www.arthritis-checkup.ch, par e-mail (arthritis-checkup@hcuge.ch) ou par téléphone (022 372 36 97 ou 022 372 36 81).
Retrouvez encore plus d’informations sur le microbiote sur Pulsations.swiss
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Le microbiote des personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde – une maladie rhumatismale d’origine inflammatoire – a des caractéristiques particulières. Le Pr Axel Finckh et son équipe du Service de rhumatologie des HUG s’intéressent aux proches des patients atteints afin de mieux cerner les mécanismes déclencheurs de la maladie et de comprendre pourquoi certains la développent et d’autres pas. Dans cette étude prospective actuellement en cours (www.arthritis-checkup.ch), 5 à 6% des patients présentent, en plus des anticorps dirigés contre leur propre système immunitaire (signe précurseur de la maladie), un microbiote altéré avec la présence du germe Prevotella copri. Y a-t-il un lien de cause à effet ? « Il semble qu’une composition particulière du microbiote soit susceptible de réveiller le système immunitaire et de déclencher une réaction inflammatoire dans les articulations, à distance même des intestins », répond le Pr Jacques Schrenzel, responsable du laboratoire de bactériologie des HUG. « Le microbiote est en effet un terrain d’entraînement du système immunitaire où la lutte contre les germes pathogènes s’exerce », explique le Pr Finckh.
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«L
orsque j’ai repris les rênes de la Clinique de Joli-Mont en 2011, raconte Emilia Frangos, médecin-cheffe de service, mon prédécesseur m’avait confié : “Cet endroit est un bijou”. Après quelques années d’expérience, je ne peux qu’abonder en son sens. Nous bénéficions d’un cadre magnifique, d’une équipe multidisciplinaire compétente et d’une dimension humaine. Cela nous permet d’accompagner au mieux nos patients. » Le visiteur qui arrive à la Clinique en cette belle saison ne peut en effet qu’être charmé par les parterres de fleurs colorés et les arbres centenaires du parc. Il règne ici une atmosphère sereine, loin de l’agitation des urgences d’un grand hôpital.
R e p o r t a g e
La Clinique de Joli-Mont se spécialise dans la réhabilitation de patients, issus des soins aigus de l’hôpital, qui ne sont pas encore en mesure de rentrer chez eux. Elle offre une prise en charge multidisciplinaire dans un cadre verdoyant.
Par Geneviève Ruiz Photos Nicolas Righetti | Lundi13
Une parenthèse paisible entre l’hôpital et la maison
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Faisant partie des HUG depuis 2016, la Clinique de Joli-Mont se spécialise dans la réhabilitation de patients issus des soins aigus de l’hôpital, notamment après une opération. Les situations y sont très diverses : problèmes ostéo-articulaires, cardiaques, pulmonaires, gynécologiques, oncologiques. Le point commun entre les patients : ils nécessitent un temps de réadaptation avant d’être en mesure de rentrer à la maison.
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Des séjours d’une vingtaine de jours
« La moyenne d’âge des patients est de 78 ans et leur séjour dure une vingtaine de jours, explique Emilia Frangos. Nous sommes de plus en plus confrontés à des situations de polymorbidité. Cela nécessite une prise en charge multidisciplinaire avec des soins médicaux, de la physiothérapie, de l’ergothérapie ou de la diététique. Notre but est que les patients puissent retrouver leur chez-soi le plus rapidement possible, dans de bonnes conditions. » Pour cela, la Clinique dispose également d’une équipe qui s’occupe de la logistique et des questions administratives souvent liées au retour à domicile,
comme d’éventuelles modifications du lieu de vie ou encore la visite quotidienne de soignants. « Pour assurer ce suivi, nous collaborons de manière étroite avec tous les services, observe Christine Violet, adjointe du responsable des soins de la Clinique. Nous échangeons beaucoup et respectons les points de vue de tous, en gardant le patient et ses préférences au centre de nos préoccupations. Il s’agit parfois de situations complexes dans lesquelles il est important de prendre tous les éléments en compte. » L’offre de soins palliatifs étoffée
En complément de la réhabilitation, Joli-Mont reçoit aussi des patients en soins palliatifs dans un objectif d’accompagnement en fin de vie. La Clinique ouvrira une unité dédiée à ce type de prise en charge en 2019 et doublera ses capacités d’accueil pour passer à huit lits. « En fin de vie, il est crucial que les proches puissent avoir un contact régulier avec le patient, souligne Emilia Frangos. Il s’agit donc d’étoffer cette offre en soins sur la Rive Droite, pour répondre aux besoins de la population. »
Témoignage #1
« Ce séjour me permet de rebondir » BENOIT, 70 ans
La clinique de Joli-Mont représente un sas entre les HUG et mon domicile. Après une phase centrée sur la problématique pour laquelle j’avais été hospitalisé, le personnel a élargi l’approche afin de préparer au mieux mon nouveau départ vers le quotidien. Il s’agit d’un endroit dans lequel je me sens protégé. J’y ressens fortement l’empathie du personnel de soin. Je quitte l’établissement demain et j’ai l’impression d’avoir acquis de nouvelles clés pour rebondir, voire même pour tirer profit de cet épisode difficile.
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Reportage
Témoignage #2
« J’essaie de récupérer ma mobilité » LILIANE, 74 ans
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Je suis arrivée ici il y a quatre semaines suite à une opération du pied. Je n’ai pas le droit de le poser par terre et suis donc très limitée dans mon quotidien. En principe, je sortirai de la Clinique dans une dizaine de jours, mais cela dépendra de l’avis de mon médecin. De façon générale, j’essaie d’être le plus autonome possible, en effectuant par exemple de petits trajets toute seule. C’est une manière de récupérer ma mobilité. Les séances de physiothérapie quotidiennes m’aident également beaucoup dans ce sens.
Témoignage #3
« C’est formidable d’avoir une vue sur le jardin » CARL, 73 ans
Je suis arrivé dans l’unité de soins palliatifs car je suis devenu trop faible pour rester à la maison, d’autant plus
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que j’habite à la campagne. Je souffre d’un cancer généralisé et j’ai perdu 35 kilos, je n’ai plus de muscles. Cela m’aide beaucoup d’être ici, j’ai peu de douleurs. J’apprécie d’observer les fleurs du jardin depuis mon lit, c’est formidable. J’espère que personne ne construira jamais rien dans ce parc.
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Le vibrateur (larynx)
Pour produire un son, il faut créer une onde sonore au moyen d’un vibrateur. En musique par exemple, la tension d’une corde de guitare joue ce rôle. Chez l’homme, le larynx, qui contient les cordes vocales, assure cette fonction de phonation (production de sons).
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Pour qu’un son soit produit, il faut que de l’air soit expiré. Le relâchement du diaphragme et la contraction des muscles expirateurs expulsent l’air emmagasiné dans nos poumons vers la trachée. La force de l’expiration fait varier la pression sur le vibrateur et module l’intensité de la voix (mesurée en décibels).
1 La soufflerie (poumons – trachée)
Les mécanismes du son
En décibels, l’intensité moyenne d’une conversation.
50 à 60
Pharynx
Cavité buccale
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Cavité nasale
Larynx
Epiglotte
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Parler, crier et chanter : la voix permet à l’homme de communiquer de manière très précise. Si l’ensemble des sons produits est propre à chacun, notamment en raison de l’anatomie de nos cavités buccales et nasales, la machinerie est, elle, la même pour tous. Comme pour un instrument de musique, elle dispose de trois composants : une soufflerie, un vibrateur et un résonateur.
La voix
Par Michael Balavoine Illustration Owen Davey
L ’ i n f o g r a p h i e
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Œsophage
Trachée
Cordes vocales
Epiglotte
Langue
L’anatomie du conduit vocal, composé essentiellement du pharynx, de la bouche, de la langue et des fosses nasales, donne à la voix son timbre, sa couleur et ses harmoniques uniques (voix métallique, nasillarde, sensuelle ou encore chaude).
3 Le résonateur (pharynx – bouche – nez)
Expert : Dr Igor Leuchter, médecin adjoint, responsable de l’unité phoniatrie aux HUG
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Bord supérieur
Muscle
Son
Cordes vocales
Au nombre de deux, ces organes sont formés de replis à la fois fermes et souples qui s’ouvrent et se ferment plus ou moins largement et rapidement sous l’effet de la pression exercée par l’air qui remonte par la trachée lors de l’expiration. Ce cycle d’ouverture et de fermeture par seconde des cordes vocales donne la fréquence (aussi appelée hauteur ou tonalité) de la voix. Elle est mesurée en hertz. On peut moduler cette fréquence en contractant ou en tendant plus ou moins les cordes vocales.
En hertz, la fréquence moyenne d’une voix de femme
La voix change avec l’âge : Pendant l’enfance, les cordes vocales sont petites et ont une petite masse. Le son de la voix est, pour ces raisons anatomiques, aigu. A la puberté, entre 10 et 15 ans, les cordes vocales se développent sous l’effet de la testostérone. Comme cette hormone est présente en plus grande quantité chez les garçons, elles grandissent plus chez eux.
La puberté
Pourquoi la voix des femmes diffère de celle des hommes ? La taille des cordes vocales est différente. Elles mesurent entre 17 et 25 mm chez les hommes et entre 12,5 et 17,5 mm chez les femmes. Les résonateurs sont aussi plus grands chez les hommes, ce qui modifie le timbre de la voix, indépendamment des cordes vocales.
Homme / Femme
En hertz, la fréquence moyenne d’une voix d’homme
100-150 200-300
Les secrets de la voix
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Les cordes vocales
Trachée
Polype
Nodules
Organiques : des polypes ou des nodules se développent sur les cordes vocales. Le traitement prévoit une intervention chirurgicale suivie d’une rééducation dans le premier cas et des séances de logopédie dans le second.
Fonctionnelles : une mauvaise coordination des mouvements gêne la production des sons. La force exercée sur les cordes vocales perturbe la manière de parler. Une rééducation (logopédie) basée sur des exercices spécifiques est nécessaire pour réapprendre à bien parler.
Les dysphonies (atteintes de la voix) peuvent être :
Les maladies
L’infographie
Pulsations
Par Patricia Bernheim Photo Guillaume Perret | lundi13
Juillet - Septembre 2018
T é m o i g n a g e
« On s’est créé une famille »
Charlotte Boillat a donné en urgence une partie de son foie à sa fille. Lorsqu’elle évoque l’entourage médical qui l’a accompagnée, ses yeux se remplissent de larmes tant il s’est montré extraordinaire.
N
euf mois après avoir reçu un greffon de foie de sa maman, la petite Jade, 2 ans et demi, se porte bien. La biopsie
effectuée récemment en atteste : la greffe a bien pris. C’est évidemment un soulagement immense pour sa maman, Charlotte Boillat, 24 ans, qui a vécu l’insoutenable : voir en quelques
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jours son enfant s’éteindre sous ses yeux. Un jour de juillet 2017, Charlotte remarque que le blanc des yeux de sa fille, qui a alors 14 mois, a viré au
Témoignage
jaune clair. Le lendemain, toute la peau a pris la même couleur. À l’hôpital de Payerne (VD), où elle habite, les premiers examens révèlent une hépatite. Au vu des résultats, l’équipe médicale fait transporter Jade d’urgence aux HUG, le centre suisse de référence pour les affections hépatobiliaires et la transplantation de foie chez les enfants. « Là, j’ai compris que c’était grave et j’ai commencé à avoir peur. »
Présence et écoute
Pour faire face au flot de questions, de pensées et de craintes qui la submergent, Charlotte, bien que séparée du papa de Jade, n’est pas seule. Elle peut compter sur sa maman et sur Michèle Steiner, la Case Manager de l’équipe de pédiatrie. « Elle m’a énormément soutenue tout au long du parcours par sa présence, son écoute et ses explications ».
Des liens forts
Deux semaines plus tard, Jade sort de l’hôpital. « C’était difficile de quitter toute cette famille rassurante qu’on s’est créée en un mois. Jade avait beaucoup de médicaments à prendre et à heures fixes. Je craignais de ne pas m’en sortir, mais l’infirmier avait bien anticipé. À l’hôpital, il m’a délégué petit à petit la responsabilité des médicaments. La sortie s’est aussi déroulée progressivement. Ils ne m’ont pas lâchée toute seule dans la nature. » Charlotte ne tarit pas d’éloges pour l’équipe de pédiatrie qui s’est occupée de Jade. « Ils ont tous été extraordinaires. » Elle est
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même au bord des larmes lorsqu’elle évoque le fait que la chirurgienne et l’hépatologue ont interrompu leurs vacances pour sauver la vie de sa fille. « On n’aime pas retourner à l’hôpital, mais on repasse toujours aux soins intensifs pour dire bonjour. C’est une magnifique histoire sur le plan humain, avec des liens forts qui se créent du jour au lendemain. Ils ont tous été au top, vraiment formidables. Ça m’a impressionnée. Si un autre problème médical devait surgir, c’est là-bas que je retournerai ! »
Un cas rarissime « Jade a présenté une insuffisance de foie aiguë, fulminante, qui lui aurait coûté la vie sans transplantation. C’est une situation rare, mais qui arrive en Suisse, chez les enfants, environ une fois par année », explique la Pre Barbara Wildhaber, médecin-cheffe du Service de chirurgie pédiatrique. Le don vivant, comme celui entre Charlotte et sa fille, se distingue lui aussi par sa rareté. « Normalement, ayant inscrit le patient sur la liste internationale de superurgence, nous recevons une offre pour une transplantation à donneur décédé dans les 1-3 jours qui suivent. Mais l’état de Jade s’est dégradé si vite que nous n’avions plus le temps d’attendre. Nous avons donc eu recours à cette modalité de transplantation. »
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A l’hôpital, l’état de la petite fille continue de se dégrader. Le traitement ne donne pas les effets attendus. « Elle ne mangeait plus, n’acceptait que le sein, devenait toujours plus jaune et dormait de plus en plus. » Son foie diminue chaque jour un peu plus. Ses jours sont désormais comptés. Elle est inscrite sur les listes d’attente de super-urgence Swisstransplant et son pendant international pour une transplantation hépatique. En parallèle, ses parents sont invités à passer des examens pour savoir s’ils peuvent être donneurs.
Alors qu’elle est hospitalisée pour effectuer des examens, Charlotte reçoit la visite des deux coresponsables du centre des maladies du foie de l’enfant (CSMFE) des HUG, les professeures Barbara Wildhaber, médecin-cheffe du Service de chirurgie pédiatrique – qui va, avec son équipe, opérer Jade – et Valérie McLin, responsable de l’unité de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques, qui s’occupera de Jade pour les aspects médicaux. « J’ai été extrêmement touchée qu’elles viennent me voir à titre privé. » Le soir même, les résultats tombent : Charlotte est compatible. La double intervention est prévue pour le lendemain, un dimanche. Six heures sur le billard pour Charlotte, douze pour la petite.
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Le paludisme est la première cause de mortalité chez les voyageurs. Faux. La première cause de
Partez tranquille
Il est conseillé de consulter un médecin avant de partir. Vrai. En particulier lorsque
Crédit : unsplash/Saffu
le voyage a lieu dans une zone tropicale (Asie, Afrique, Amérique latine) ou en Europe de l’Est. Le médecin délivre des recommandations générales de prévention, effectue les vaccins nécessaires, et prescrit éventuellement un traitement antipaludique.
Certains vaccins sont obligatoires pour voyager à l’étranger. Vrai. En particulier le vaccin
contre la méningite à méningocoque pour les pèlerins se rendant à La Mecque (Arabie Saoudite), et le vaccin contre la fièvre jaune, obligatoire dans certains pays d’Afrique Subsaharienne ou en Guyane française, et fortement recommandé dans les autres pays d’Afrique Subsaharienne ou d’Amérique Latine (au Brésil par exemple).
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il est fortement conseillé d’emporter un nécessaire de base : antimoustiques, sparadraps, thermomètre, paracétamol… à compléter en fonction de la zone visitée. Pour les personnes suivant un traitement quotidien (diabète, asthme, hypertension, par exemple) ou à risque allergique, il est impératif d’amener avec soi les médicaments en quantité suffisante pour ne pas en manquer en cas de perte ou de séjour prolongé. Attention : certains pays ont des réglementations strictes concernant les médicaments opiacés ou les injectables, et il convient de se renseigner avant le départ sur les conditions de détention et de transport.
Juillet - Seotembre 2018
C’est inutile de voyager avec une trousse à pharmacie. Faux. Au contraire,
V r a i / F a u x
Pour éviter que votre voyage ne vire au cauchemar, pensez à préparer votre départ. Quels vaccins faire ? Quels médicaments emporter ? Le point avec le Pr François Chappuis, médecin-chef du Service de médecine tropicale et humanitaire.
Par Clémentine Fitaire
mortalité sont les accidents de la circulation en voiture ou en deux-roues, en raison d’attitudes de conduite beaucoup moins prudentes que d’ordinaire, des véhicules en mauvais état et des routes parfois délabrées. Mais la malaria reste un risque infectieux important, que l’on peut éviter par des mesures simples, comme dormir sous une moustiquaire, et un traitement préventif. En Suisse, on compte chaque année entre 1 et 3 décès dus à cette maladie.
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Par André Koller Photographie Julien Gregorio
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P a r t e n a r i a t
Vous sentez-vous écouté ? Aux HUG, « l’essentiel c’est vous » n’est pas qu’un slogan. Quatre unités de soins testent une visite médico-soignante focalisée davantage sur la communication et la satisfaction des patients.
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ne minirévolution se trame dans l’unité de médecine interne générale JUL 22. Depuis octobre dernier, les Drs Thomas Agoritsas et Pauline Darbellay, médecins adjoints, y mènent un projet de visite médico-soignante centrée sur le patient et non plus sur la supervision et la formation des internes. « Sa dimension pédagogique n’a pas été supprimée, bien sûr. Mais elle n’en est plus qu’un ingrédient », précisent-ils. L’objectif principal est d’optimiser le moment privilégié du contact avec le patient pour accroître son adhésion aux traitements et son implication dans les
décisions. « En l’occurrence, nous cherchons à améliorer davantage la qualité que la quantité de temps passé avec les personnes hospitalisées. Et pour y parvenir, nous travaillons sur deux axes : les conditions de la visite et la qualité des échanges. Deux aspects évidemment liés », explique le chef de ce projet mené dans le cadre du programme institutionnel Plus de temps pour les patients. Eviter les interruptions
Le premier axe vise notamment à éviter les interruptions incessantes qui grèvent les visites dans un grand hôpital. Dans ce domaine, les mesures relèvent souvent du simple bon sens. Par exemple, tous les protagonistes – supervi30
seurs, médecins, infirmiers, aides-soignants, physiothérapeutes, etc. – synchronisent leur emploi du temps et les médecins dévient leur portable vers leur secrétaire, qui ne transfère que les urgences. Ou encore, avant d’entrer dans la chambre, on accroche à la porte un panneau indiquant Visite médicale en cours. D’autre part, chaque jour à 9h15, les informations relatives aux soins et à l’unité sont transmises au cours d’une réunion informelle courte, appelée huddle (« petit groupe »). « De cette façon, les visites sont ordonnées en fonction des priorités : urgences, sorties, etc. », reprend le Dr Agoritsas. L’amélioration de la qualité des échanges, elle, se prépare dès l’admission dans le service. Il s’agit de familiariser le patient, dès son arrivée, avec les éléments de langage propres à sa pathologie. Ensuite, pour éviter de le noyer sous trop d’informations, le tandem médico-soignant se concerte sur les points à aborder avant d’entrer dans la chambre. Autour du patient
Au cours de la visite, les soignants se placent autour du patient, « et non pas autour de l’ordinateur ou du superviseur, comme on le voit souvent lors des visites classiques », relève le médecin adjoint agrégé. Le plan de prise en charge, format A4 et portable, constitue lui aussi un élément nouveau de la visite repensée. Il comporte les problèmes principaux
Partenariat
Enfin, la visite est évaluée par les personnes hospitalisées elles-mêmes. « Chaque jour, une aide-soignante leur pose quatre questions : vous êtes-vous senti écouté ? Avez-vous reçu des explications satisfaisantes ? Avezvous été assez impliqué dans les décisions médicales vous concernant ? Plus une dernière, relative à la qualité des soins en général. Là aussi, les avantages sont multiples : nous mesurons en continu leur ressenti
et focalisons l’attention des collaborateurs sur la satisfaction ou insatisfaction du patient », souligne le Dr Agoritsas. Ce projet a été récemment déployé dans quatre autres unités. « Des confrères nous disent parfois qu’ils font déjà tout ça. Sans doute. Mais le font-ils systématiquement ? Nous savons tous qu’il y a des visites magiques et d’autres qui le sont moins. Notre objectif est que désormais aux HUG toutes les visites médico-soignantes le soient », conclut le médecin.
« On est des invités ! » « Si je vois la différence ? Oh oui ! L’hôpital, il y a 50 ans, c’était autre chose… Certains docteurs étaient de grands seigneurs, d’une froideur extrême. Nous devions nous battre pour être entendus », se souvient Céline*, une Genevoise de 83 ans qui a connu l’univers hospitalier dans sa jeunesse en raison d’une malformation cardiaque. « Je suis sidérée par le changement. On n’est plus des patients, mais des invités ! Je reçois des explications. Je suis écoutée. On m’associe aux décisions, j’ai refusé deux ou trois petites choses, comme des massages. A mon âge, vous savez… Par ailleurs, je trouve qu’il y a une remarquable cohérence dans la prise en charge, malgré le roulement des équipes. Et une belle entente entre les médecins et les infirmières. Les gens sourient. Ils ont l’air heureux de travailler ici. »
* Prénom d’emprunt. 31
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du patient inscrits en grosses lettres et doit être présenté au malade de sorte qu’il puisse le lire. Le bénéfice de cette mesure est double : les informations sont mieux comprises et cela oblige les équipes à se positionner au chevet et non plus au pied du lit.
Théo Dominguez, infirmier, et la Dre Tara Bopp, médecin interne, sont au chevet du patient pour lui présenter le plan de prise en charge, au format A4 et en grosses lettres.
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Par André Koller Photo Nicolas Righetti | lundi13
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Juillet - Septembre 2018
p o r t r a i t
Le diagnostic, passionnément
La Pre Laura Rubbia-Brandt s’est spécialisée dans l’anatomopathologie, aujourd’hui au cœur de la révolution de la santé personnalisée. Mais pour la cheffe du nouveau Département diagnostique, qui verra le jour en 2019, cette discipline peu connue du grand public est avant tout une passion. 32
Le portrait
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ébit rapide. Niveau de langage élevé. La pensée, chez Laura Rubbia-Brandt, galope, s’envole et très vite plane loin au-dessus du commun des mortels. Pourtant, origines italiennes obligent, elle ne se départit jamais d’un sourire aux lèvres, dans la voix ou le regard, qui signe sa sollicitude avec l’interlocuteur désemparé sous ce déluge de mots.
Un mentor et deux passions
Elle choisit la médecine pour la dimension plus humaine de la discipline. Au cours de ses études, la rencontre aux HUG avec le Pr Gilles Mentha va marquer un jalon important dans sa carrière. « Il a été mon mentor. J’étais jeune interne. Il m’a fait confiance et m’a donné ma chance. C’était un pionnier de la multidisciplinarité. Avec lui j’ai compris qu’on ne gagne pas seul dans le très compétitif univers hospitalo-universitaire. Si l’on compare cela à une course, c’est un relais 4x100. Il faut être au top individuellement, mais aussi, et surtout, collectivement. » Son mentor lui transmet également un vif intérêt pour… le foie. « Une formidable usine chimique, réalisant plus de 500 réactions distinctes toutes plus ou moins essentielles à la vie », dit-elle. Deux études sur cet organe vont la distinguer aux yeux de la communauté scientifique. La première sur l’hépatite C. La seconde sur les métastases dans le foie du cancer colorectal.
1961
Naissance à Genève.
1985
Diplôme de médecine de l’Université de Genève (UNIGE).
1993
Thèse de science en pathologie expérimentale.
2002
FMH en pathologie clinique.
2007
Médecincheffe du Service de pathologie clinique des HUG.
2007
Professeure ordinaire à l’UNIGE.
2017
Cheffe du DMGLP *.
Mais LA grande passion de sa vie, contractée dès les années de faculté, c’est l’anatomopathologie. Soit l’analyse des cellules et des tissus du patient. Un choix auquel la
Tsunami de données
La pathologie présente un autre point commun avec la physique, chère à ses parents : son haut degré de technicité. En effet, trois quarts des surfaces d’un laboratoire de pathologie sont occupés par des machines, toujours plus sophistiquées. L’analyse ne s’arrête plus aux cellules. Elle descend dans l’infiniment petit, au niveau des molécules, pour mettre au jour les mécanismes profonds d’une maladie. D’ailleurs, la masse de données extraites d’un échantillon de tissus ou de l’imagerie médicale suit une progression exponentielle. Et c’est là le grand défi : trier ce tsunami d’informations et en sortir les plus pertinentes pour soigner les patients. « Nous devons leur donner du sens. Passer du big data, les données massives, au smart data, les données intelligentes. Nous sommes aidés en cela par l’intelligence artificielle, qui va transformer notre profession. Nous faisons face aujourd’hui à un challenge énorme, mais fascinant », s’enthousiasme la cheffe du DMGLP. Donner du sens, c’est l’enjeu aussi de la fusion du Département de médecine génétique, de laboratoire et de pathologie avec celui de l’imagerie et des sciences de l’information médicale, dès le 1er janvier 2019. « Aujourd’hui, pour 50 analyses, un médecin reçoit 50 rapports. Demain, il aura un seul rapport, dit “ intégratif ”. Soit un document synthétique des analyses et examens réalisés pour aboutir à un diagnostic ou une proposition thérapeutique particulière. L’intégration des données constitue une étape incontournable dans la révolution, ou plutôt l’évolution qui mène à la santé personnalisée », conclut la Pre Laura Rubbia-Brandt. * Département de médecine génétique, de laboratoire et de pathologie
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Dès sa plus tendre enfance, elle baigne dans un milieu scientifique. Son père, sa mère et son frère sont physiciens. « La curiosité, la valorisation de la connaissance et du savoir scientifique ont forgé mon intellect. J’ai grandi aussi dans un monde où il est normal que les femmes, autant que les hommes, non seulement fassent des études, mais se réalisent à travers une carrière professionnelle. Plus tard, j’ai retrouvé cet état d’esprit dans la famille de mon mari, un médecin psychiatre féru d’histoire », ajoute-t-elle.
prédisposait peut-être le gène familial scientifique, car c’est la discipline qui a le plus largement contribué à faire de la médecine une science. « Le Genevois Théophile Bonet (1620-1689), l’un de ses fondateurs, fut parmi les premiers à mettre en évidence des liens de causalité entre symptômes et lésions organiques », souligne la spécialiste.
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Par Elodie Lavigne
Juillet - Septembre 2018
J u n i o r
Illustrations PanpanCucul
<< Ma copine est végétarienne >> A la cantine, de l'escalope de dinde est au menu du jour. Rose, à la place, mange du tofu car elle est végétarienne. Comme elle, de plus en plus d'enfants et d'adolescents renoncent à la viande, voire à tout produit animal. Mais au fait, est-ce bon pour la santé ?
Pédiatre Dre Selina Pinösch, médecin adjointe au Service de pédiatrie générale des HUG
Quel(le) mangeur(se) es-tu? Les végétariens (ou ovo-lacto végétariens) ne mangent ni viande, ni poisson, mais consomment en principe des oeufs, du miel, du lait et des produits laitiers. Les végétaliens renoncent à tout produit animal dans leur assiette : ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni oeufs, ni miel. Les végans sont des végétaliens qui, en plus, n’utilisent rien qui provienne du monde animal (soie, cuir, laine, etc.). Les flexitariens sont des végétariens " souples ", qui mangent de temps en temps de la viande et du poisson.
Pourquoi Rose ne mange pas de viande ? Les motivations peuvent être diverses : choix des parents, religion (hindouisme par ex.), écologie (élevage intensif d’animaux), éthique. Parfois, c’est parce qu’on trouve injuste et cruel de faire souffrir les animaux. Attention toutefois au " pseudo-végétarisme " qui, à l’adolescence, peut cacher une volonté de restriction alimentaire, une porte ouverte à l’anorexie !
Les omnivores mangent de tout.
En partenariat avec
RTSdecouverte.ch 34
Junior
Devenir grand(e), fort(e) et intelligent(e)
Garder l'équilibre
Pour passer d’environ 3 kg à la naissance à 60-70 kg à l’âge adulte, l’enfant a besoin de carburant ! C’est dans l’alimentation que se trouvent les protéines, vitamines et oligo-nutriments nécessaires à la croissance et à un bon développement physique et intellectuel. La viande et le poisson sont de vrais concentrés en énergie, en nutriments (fer, zinc, vitamines, etc.) et en acides aminés (protéines) élémentaires. Une alimentation végétarienne peut combler ces apports à condition d’être très variée pour que chaque aliment puisse compenser ce qui manque dans les autres. En plus des légumes, vous mangerez par exemple du riz avec des lentilles, du maïs et des haricots, de la semoule et des pois chiches.
Parents : comment réagir ? Votre enfant veut devenir végétarien ou végan? Cherchez à connaître ses motivations. Expliquez-lui qu’une alimentation végétarienne doit être réfléchie et très variée pour garantir l’équilibre alimentaire et éviter les carences nutritionnelles. A savoir que les compléments alimentaires sont indispensables pour les végétaliens.
Végétarien, c'est plus sain ? Pas forcément ! Plus un aliment (céréale, fruit, légume, sucre, etc.) est transformé, moins il est bon pour la santé. Préférez une compote de fruits maison à une compote industrielle, riche en sucre, en additifs et en conservateurs. 35
Le bon conseil Vérifier la croissance et la prise de poids régulièrement chez le pédiatre.
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Lorsqu’on mange beaucoup de fruits et de légumes, l’estomac se remplit très vite. Or, les besoins énergétiques d’un enfant sont jusqu’à quatre fois supérieurs à ceux d’un adulte ! Le risque est de ne pas avoir son compte en calories. Veillez à un apport suffisant en : • protéines (soja, céréales, légumineuses, fruits à coque) pour les muscles ; • oméga 3 (noix, graines de lin, soja) pour le coeur, le cerveau et les yeux ; • fer (tofu, soja, petits pois, épinards) pour le développement intellectuel ; • calcium (lait, chou, brocoli) et vitamine D (champignons) pour les os ; • zinc (germes de blé, de seigle, fruits à coque, graines) pour la peau et contre les infections ; • vitamine B12 pour le développement intellectuel, l’équilibre, la coordination fine : attention, les végétaux n’en contiennent que très peu !
Par Elodie Lavigne
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M i e u x -v i v r e
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Tous les secrets d’un bon sommeil Si vous ne faites pas partie de ces personnes qui s’endorment en quelques secondes, rassurez-vous. Il existe des moyens pour retrouver un sommeil réparateur.
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e sommeil permet de recharger les batteries, mais aussi de consolider les apprentissages et les souvenirs. Mal dormir abaisse la vigilance, les performances intellectuelles et expose à la prise de poids et à la dépression. Le Dr Stephen Perrig, médecin adjoint neurologue au Centre de médecine du sommeil, nous livre ses conseils pour des nuits réparatrices.
Se connaître Êtes-vous un couche-tôt ou un couche-tard ? Un petit (< 7 heures de sommeil) ou un gros dormeur (> 9 heures) ? Il n’est pas rare qu’on se fasse une idée fausse de ses besoins de sommeil. Or, il est impératif de les connaître pour les respecter et diminuer l’anxiété face au sommeil. Profitez des vacances pour identifier votre profil : après quelques jours de repos, observez l’heure à laquelle vous ressentez de la somnolence le soir et notez l’heure à laquelle vous vous réveillez spontanément le matin. Les thérapies cognitives et comportementales, très efficaces contre l’insomnie, s’appuient beaucoup sur l’auto-observation et le changement d’habitudes néfastes.
Être régulier Sachez que plus le sommeil est fragile, plus il est important de se coucher et se lever à des heures régulières, pour synchroniser son cycle veille-sommeil. Une vie rythmée (repas, activité physique) et une exposition suffisante à la lumière sont également bénéfiques. Comme pour les enfants, les rituels peuvent aussi aider à s’endormir.
Mieux-vivre
Se détendre Trouver des moyens d’évacuer le stress durant la journée est profitable le soir venu. Les différentes techniques de relaxation (sophrologie, training-autogène, autohypnose) et de méditation incitent, chacune à leur façon, à se concentrer sur la respiration et le moment présent. Se focaliser sur les sensations physiques permet de s’éloigner des ruminations mentales qui empêchent le sommeil.
Adapter son alimentation Un dîner riche en hydrates de carbone faciliterait l’endormissement et augmenterait la part de sommeil profond. Le lait, le kiwi, les cerises et le poisson gras, qui contiennent des nutriments (tryptophane, oméga 3 notamment) impliqués dans la régulation de la mélatonine, amélioreraient aussi la qualité du sommeil.
Crédit : shutterstock
De façon plus générale, le dernier repas de la journée doit être léger. Car la digestion sollicite le système cardio-vasculaire à un moment où l’organisme doit se mettre au repos.
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Dormir dans de bonnes conditions Une chambre à coucher accueillante, isolée du bruit, que l’on peut obscurcir, sera propice à l’endormissement. Le lit doit être confortable et réservé au sommeil pour en être le déclencheur. Bannissez-y donc toute autre activité (travail, repas). En cas d’insomnie, levez-vous !
Consulter si nécessaire Si vous avez de la peine à vous endormir ou à vous rendormir durant la nuit, depuis plus de trois mois à raison de trois mauvaises nuits par semaine, parlez-en à votre médecin de famille. De même en cas de fatigue ou de baisse de vigilance durant la journée. Les causes de l’insomnie et ses formes peuvent être multiples. Ne prenez pas de somnifères sans prescription médicale. Ces médicaments, qui provoquent une dépendance, ne doivent être prescrits que pour une durée limitée et en cas d’insomnie aiguë.
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A la fin de la journée, privilégiez des activités relaxantes et évitez celles qui sont très stimulantes, qu’elles soient intellectuelles ou physiques. Faites du sport la journée ou au plus tard trois heures avant d’aller dormir. Eloignez les écrans des tablettes et smartphones. Ils émettent une lumière « bleue » qui retarde la production de mélatonine, l’hormone du sommeil. Ou utilisez des filtres de lumière bleue (applications « f.lux » ou « twilight » à télécharger par exemple).
Evitez les boissons à base de caféine (café, thé, etc.) et le tabac qui sont des excitants. Si vous y êtes sensible, buvez votre dernier café en début d’après-midi. Le soir, préférez une tisane. L’alcool est quant à lui un faux ami : malgré son effet sédatif, il rend le sommeil plus léger et plus fragmenté en fin de nuit. Il entraîne également plus de ronflements, d’apnées du sommeil et de cauchemars.
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Le partenariat aux HUG, ça se discute !
Etude sur la perte musculaire : appel à volontaires Les HUG cherchent quelque 200 volontaires pour étudier les effets de la rythmique Jaques-Dalcroze, pratiquée pendant un an, sur le risque de chute, les performances physiques et les capacités mentales. Vous avez 65 ans
La Pre Claire-Anne Siegrist a reçu le prix Best of ESPID Education award. Cette distinction est délivrée par la Société européenne pour les maladies infectieuses pédiatriques (ESPID), qui a tenu son 36e congrès annuel à Malmö, en mai dernier. La Pre Siegrist est récompensée pour l’excellence de son enseignement dans le domaine de la prévention des maladies infectieuses
encore les effets indésirables des médicaments pendant l’hospitalisation. Ces rencontres ont pour but de déterminer des solutions adaptées aux besoins de tous. Depuis juin 2016, 460 patients et aidants y ont déjà participé. Pour toute information complémentaire ou inscription, prenez contact par e-mail avec Sylvie Touveneau, cheffe du projet Patients partenaires (patients.partenaires@ hcuge.ch). Pour en savoir plus sur ce projet : www.hug-ge.ch/ patients-partenaires
ou plus, des difficultés pour monter les escaliers, vous lever d’une chaise, vous déplacer sans déambulateur ou êtes sujet à des chutes ? Participez à cette étude portant sur la perte musculaire liée à l’avancée en âge (sarcopénie). Les cours de rythmique Jaques-Dalcroze ont lieu chaque semaine et sont offerts. Ce programme de recherche est dirigé par le Dr Andrea Trombetti, médecin adjoint agrégé au Service des maladies osseuses des HUG. Pour toute demande ou inscription, tél. 022 305 63 28 (répondeur) ou melany.hars@ hcuge.ch
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pédiatriques. Ce prix est attribué pour la première fois à une femme. Pédiatre, professeure de vaccinologie et de pédiatrie à la Faculté de médecine de l’UNIGE et médecin adjointe agrégée en pédiatrie générale aux HUG, Claire-Anne Siegrist dirige depuis 1996 le Centre collaborateur de l’OMS pour l’immunologie vaccinale, hébergé à l’UNIGE. Elle occupe depuis 2000 la chaire de vaccinologie de l’Université de Genève et dirige depuis 2013 le Centre de vaccinologie des HUG.
Crédits : JF, DR, Simon Ccallaghan
Par Giuseppe Costa
Juillet - Septembre 2018
B r è v e s
Vous êtes un patient, un aidant ou un professionnel de la santé et souhaitez contribuer à l’amélioration des soins et de diverses prestations hospitalières ? Participez à des réunions de deux heures et partagez votre point de vue sur des thèmes comme la prise de rendez-vous, la douleur induite par les soins ou
La Pre Siegrist primée
JUIL.
Pulsations
A l’occasion de la semaine mondiale, la Maternité propose des stands d’information tout public sur le thème L’allaitement, une base pour la vie.
20/09
Nuit des sciences
Conférence-débat
C’est parti mon cli-cli !
Don d’organes
La Perle du lac Stand bioscope Rue de Lausanne 128
19h-20h Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
SEPT. Lundi : 12h-16h Mardi, mercredi, vendredi : 9h-13h
Des créations – light painting – issues d’une collaboration entre la photographe Coralie Sanson et les équipes soignantes du Programme expérimenté de prescription de stupéfiants (PEPS) sont à découvrir jusqu’à la fin de l’année. Depuis une vingtaine d’années à Genève, le PEPS offre aux personnes dépendantes un traitement de prescriptions d’héroïne médicale.
21/09 Alzheimer
pulsations
Journée genevoise 15h30-18h30 Auditoire Marcel Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre
L’Alliance entre la société civile et les chercheurs pour un lendemain sans Alzheimer organise une série de conférences publiques sur les enjeux sociétaux, la connaissance et les traitements de cette maladie. Informations : www. alzheimerjourneegenevoise.ch
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TV
SEPTEMBRE Pulsations TV s’intéresse aux microbiotes et les espoirs thérapeutiques suscités par leur découverte. Pulsations TV est diffusée en permanence sur YouTube et DailyMotion.
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Semaine mondiale
Espace Opéra Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 CAAP Arve – Rte des Acacias 3 CAAP Grand-Pré – Rue du Grand-Pré 70C Entrée libre
A g e n d a
Allaitement
En Suisse, une personne en attente d’un organe décède tous les cinq jours. Le système de consentement présumé en vigueur dans la plupart des pays voisins serait-il préférable au système du consentement explicite actuellement en vigueur en Suisse ? Un récent sondage a révélé que la grande majorité des Suisses est favorable au don d’organes.
Pers-Noces
Par André Koller
10/09 au 14/09
11/09 au 31/12 Photographie
07/07 au 08/07
Le clitoris est le seul organe entièrement dévolu au plaisir. Contrairement au pénis, il est souvent oublié des livres d’anatomie. Découvrez-le à travers une sculpture gonflable monumentale, des ateliers, expositions, performances et débats. Cet événement est organisé par le Département de gynécologie et d’obstétrique des HUG, l’Université de Genève et le groupe Daïana, action culturelle.
Crédit : Coralie Sanson
Hall d’entrée de la Maternité Boulevard de la Cluse 30
4 - 7 OCTOBRE 2018
PALEXPO
GENÈVE
TESTEZ TOUTES LES FACETTES DE VOTRE SANTÉ
EXPÉRIENCES INTERACTIVES ET INSOLITES
PLUS DE 100 CONFÉRENCES ET DÉBATS
ANIMATIONS ENFANTS
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ÉDITION
É ANT RE S VOT LE QUE Z TEL E L’AVE SN E! VOU AIS VU M JA
PLANETESANTE.CH/SALON UN ÉVÉNEMENT GRAND PUBLIC
Les mystères du microbiote Venez découvrir la flore bactérienne sur le stand des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE). L’occasion d’observer directement votre microbiote buccal et de comprendre, au travers d’animations ludiques, comment il se construit et évolue tout au long de la vie. En compagnie de spécialistes, abordez les avancées de la recherche et les premières applications cliniques. Vous pourrez par ailleurs plonger, grâce à la réalité virtuelle, dans une salle d’opération high-tech ou vous glisser dans la peau d’un chirurgien, en testant un robot chirurgical Da Vinci de dernière génération. Au cœur des Centres universitaires romands Trait d’union entre les stands CHUV-UNIL et HUG-UNIGE, l’association VaudGenève vous propose une incursion dans cinq Centres universitaires romands. L’occasion, notamment, de découvrir les différents métiers, expertises et nouvelles technologies en médecine légale.
BON POUR UNE ENTRÉE AU SALON PLANÈTE SANTÉ LIVE
À PRÉSENTER À L’ENTRÉE DU SALON Nom et prénom E-mail Adresse Code postal et ville
DATES Du jeudi 4 au dimanche 7 octobre 2018 TARIFS Gratuit jusqu’à 25 ans révolus CHF 12.- Adultes CHF 6.- AVS / AI / Chômage / Etudiants Pass pour les 4 jours : CHF 25.- Adultes CHF 18.- AVS / AI / Chômage / Etudiants LIEU Palexpo Genève Route François-Peyrot 30 1218 Grand-Saconnex
DATES Du 4 au 7 octobre 2018 HORAIRES Jeudi/Vendredi/Samedi : 10h-19h Dimanche : 10h-18h CODE D’ENTRÉE
LIEU Palexpo Route François-Peyrot 30, 1218 Grand-Saconnex, Genève
Infos : www.planetesante.ch/salon