Oct ob re
-D éce mb re
20
18
Pulsations
Actualité
BPCO, une maladie sousdiagnostiquée L’organe
La thyroïde
DOSSIER
Douleurs
Le défi des douleurs chroniques
INFOKIDS
l’application des urgences pédiatriques
+ Donne des conseils médicaux + Informe quand consulter un pédiatre ou les urgences + Renseigne sur l’affluence aux urgences
Téléchargez gratuitement l’app infokids.ch
Pulsations Octobre - Décembre 2018
Sommaire Actualité 04 Journée cœur, vaisseaux et cerveau 07 L’essor de la chirurgie ambulatoire
14 L’invité Ron Appel
33 Vrai/Faux Les poux
24 L’infographie Le cycle de la douleur
34 Témoignage « Je suis un survivant du cancer »
26 Le portrait Samia Hurst : la place de l’humain dans les soins
38 Rencontre Klara Posfay-Barbe :
36 L’organe La thyroïde
« Les enfants ne sont pas des petits adultes »
33
36 28
08 Prise en charge : la parole aux patients 11 Mieux détecter la pneumonie
28 Reportage Des équipements de pointe pour former les chirurgiens
12 BPCO : une maladie sousdiagnostiquée
32 Alimentation La « maladie du soda »
14
16 DOSSIER DOULEURS
Le défi des douleurs chroniques
40 Junior C’est quoi le stress ? 42 Mieux-vivre En forme au travail 44 Brèves Agenda 48 Livres & Web Pour en savoir plus
IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Sylvia de Meyer Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Elodie Lavigne, Laetitia Grimaldi Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug-ge-ch/pulsations. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 42’000 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: shutterstock, alamy Crédits sommaire : istockphoto, Fred Merz | Lundi 13, Gilles San Martin | Wikimedia et Nicolas Righetti | Lundi 13
1
<wm>10CAsNsjY0MDCx0LUwMzYwNwUAySibzg8AAAA=</wm>
<wm>10CFWMKw6AMBAFT7TN275u2bKS4AiC4GsImvsrPg4xYpLJLEtYwsc0r_u8hQLFxSsxWBg9mQetJDJAaIb6iEZTG1r-1aKeH0d_GwEF2tGERbT2-iyu47wBIrT09HAAAAA=</wm>
Tous panels d’analyses Centres de prélèvements et domiciles Prescription électronique Web, smarts phones, liens dossiers médicaux
<wm>10CAsNsjY0MDCx0LUwMzIwNwUArE8ndg8AAAA=</wm>
<wm>10CFXKqw6AMAxG4Sfq8rdd14ZKglsQBD9D0Ly_4uIQR5zk6z2t4Gte1n3ZkoEaFE3glqZRLFKtFtWEiAs4psc4s2n9aeKQ5zFeQxASHwxCI7MBb-U6zhsF9FDOcAAAAA==</wm>
Pulsations
Ni fiction, ni simulation
Octobre - Décembre 2018
3
E d i t o r i a l
Il est prouvé que comprendre les mécanismes à la base de ces douleurs change les représentations négatives et les idées Suzy Soumaille Certaines douleurs reçues. Pour aider Rédactrice en chef rebelles ne sont pas la personne touchée, associées à une lésion il est essentiel que apparente et donc « ne se voient pas » les proches connaissent et reconnaislors des examens d’imagerie médicale. sent la maladie, et qu’ils ne doutent Elles n’ont toutefois rien d’imaginaire. pas de sa réalité. Toujours la croire On sait aujourd’hui qu’elles sont liées lorsqu’elle dit qu’elle a mal. à un bug de la tour de contrôle de la Sans jugement. douleur située dans le cerveau. Le dossier ainsi que l’infographie Invisibles et complexes, ces douleurs de cette édition font le point sur sont parfois mal comprises par l’entou- les connaissances actuelles dans rage : « Fais un effort », « Tu exagères », ce domaine.
Photo John Elbing
Elles n’occupent pas le devant de la scène médiatique et ne suscitent pas toujours l’empathie chez les autres. Les douleurs chroniques sont pourtant fréquentes et affectent, parfois gravement, la qualité de vie d’une personne sur cinq. Quand elles persistent sans relâche et répondent mal ou peu aux traitements usuels, elles ne sont plus un signal d’alarme et deviennent une maladie à part entière.
« C’est dans la tête ». Entre incrédulité et suspicion, certaines réactions empirent la situation. Elles accentuent l’isolement des patients auxquels incombe le fardeau de la preuve. Or, il n’existe pas de causalité unique, mais un faisceau de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Tout comme il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison de souffrir.
Pulsations
Par Aude Raimondi
Octobre - Décembre 2018
A c t u a l i t é
Faites le point sur votre santé cardiovasculaire ! La première journée « Cœur, Vaisseaux et Cerveau » (CVC) a lieu le 11 octobre aux HUG. Un événement de grande ampleur pour encourager la population à agir en faveur de sa santé.
«C
e qui est bon pour le cœur l’est aussi pour la tête ! » Un adage plus actuel que jamais aux HUG. Cette année, la journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et celle du cœur ne font plus qu’une. Car cœur et cerveau ont un ennemi commun : l’accumulation de dépôts de graisse dans les vaisseaux, aussi appelée athérosclérose. Ce phénomène entraîne un rétrécissement des artères, diminue leur souplesse et peut conduire à des AVC ou à des accidents cardiaques.
Prévenir avant de guérir
« Sensibiliser la population aux facteurs de risque (lire en page 5) et l’informer
4
des ressources existantes permet d’agir en faveur de sa santé, souligne Sandrine Jonniaux, infirmière spécialiste clinique en rééducation et coordinatrice du projet CVC. En connaissance de cause, chacun peut activement faire quelque chose en matière de prévention. » L’objectif de cette journée est donc double : répondre aux questions de la population et lui donner envie de s’impliquer dans la gestion de sa santé. L’hygiène de vie joue souvent un rôle important dans l’apparition de ce type de pathologies. « Vers l’âge de 30 ans, j’étais assez inconscient à ce niveau-là, raconte Pierre. Je fumais beaucoup et ne faisais pas attention à mon alimentation. Je l’ai payé quelques années plus tard, puisque j’ai fait un infarctus en 2014. Depuis, j’ai changé ma manière de manger. Je consomme beaucoup de légumes et je fais attention aux graisses. C’est une vraie prise de conscience, qui me motive aujourd’hui à témoigner pour partager ce que j’ai vécu ». Organisée avec l’aide de patients partenaires comme Pierre, la journée CVC s’adresse à tous, y compris aux personnes qui ont déjà souffert d’un problème vasculaire. « C’est une occasion précieuse de faire un bilan de santé et d’échanger directement avec des professionnels », conclut Sandrine Jonniaux.
Actualité
Les anticorps contre le bon cholestérol : un nouveau marqueur prédictif
Leur détection permettrait d’identifier des personnes particulièrement à risque et susceptibles de bénéficier de mesures thérapeutiques spécifiques, en plus des recommandations et traitements habituels. Aujourd’hui, le dosage des auto-anticorps contre le bon cholestérol reste réservé à la recherche, mais il pourrait à l’avenir contribuer au développement de la médecine de précision dans le domaine des maladies cardiovasculaires.
En plus de facteurs non modifiables (hérédité, sexe, âge), d’autres éléments peuvent favoriser l’apparition d’athérosclérose et donc entraîner des maladies cardiovasculaires comme l’AVC ou l’infarctus : • hypertension artérielle • cholestérol • diabète • tabagisme • surcharge pondérale • sédentarité • stress. A noter encore que les troubles du rythme cardiaque, la surconsommation d’alcool, les contraceptifs oraux et les apnées du sommeil sont des facteurs de risque spécifiques à l’AVC. Si vous êtes concerné par l’un ou plusieurs d’entre eux, effectuez un bilan et discutez-en avec votre médecin.
5
Informations pratiques 11 octobre 2018 : journée de prévention « Cœur, Vaisseaux et Cerveau » Stands, animations et dépistages gratuits de 10h à 17h Conférences de 17h30 à 19h30 Avec la participation des Prs François Mach (médecin-chef du Service de cardiologie), Christophe Huber (médecin-chef du Service de chirurgie cardio-vasculaire), Andreas Kleinschmidt (médecin-chef du Service de neurologie) ainsi que des Drs Emmanuel Carrera (responsable de l’Unité neurologie vasculaire), Philippe Meier (responsable de l’Unité insuffisance cardiaque et réadaptation cardiaque) et le soutien de la fondation privée des HUG et des départements.
Octobre - Décembre 2018
Certains anticorps agissent contre notre bon cholestérol. Présents dans l’organisme d’environ une personne sur cinq, ils sont mesurables à l’aide d’une simple prise de sang. Le Pr Nicolas Vuilleumier, médecin-chef du Service de médecine de laboratoire, et son équipe ont montré que ces auto-anticorps représentent un nouveau facteur de risque de développer une maladie cardiovasculaire. Ils peuvent en effet provoquer de l’athérosclérose, selon des mécanismes réversibles.
Les facteurs de risque
JULIETTE VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ SON GRAND-PÈRE DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES
www.dondusang.ch 17HUG?? Ann DonDuSang_Fillette_290x125.indd 1
LES HUG À LA CITÉ DES MÉTIERS
Retrouvez le stand des HUG dans le pôle Santé-Social
24.08.17 14:57
Pulsations
La chirurgie ambulatoire continue son essor
Crédit : Luca Fascini/HUG
Au final, l’ambulatoire répond non seulement au souhait des patients, mais contribue aussi à freiner la hausse des coûts dans le domaine de la santé. En effet, une hospitalisation nécessite davantage de ressources. En 2016, 33’000 cas auraient pu être traités en ambulatoire plutôt qu’en stationnaire, selon une étude de l’Observatoire suisse de la santé. Avec ce transfert, le Conseil fédéral estime que le potentiel d’économies est de près de 90 millions de francs dès l’an prochain.
Six groupes d’interventions Le DFI a décidé qu’à partir du 1er janvier 2019, six groupes d’interventions ne seraient pris en charge qu’en ambula toire : les varices, les hémorroïdes, la hernie inguinale, l’intervention au niveau du col utérin ou de l’utérus, l’arthroscopie du genou (y compris l’opération du ménisque), et les amygdales. Une hos pitalisation pourra toutefois être prise en considération en cas de motifs justifiés.
7
Octobre - Décembre 2018
Conditions sine qua non pour la réussite d’une telle approche : une parfaite coordination entre les professionnels et une anticipation des besoins des patients, nécessaires pour assurer la qualité et la sécurité des soins. Les consultations de chirurgie et d’anesthésie ont lieu séparément avant l’opération. De cette façon, les patients ont davantage de temps pour réfléchir et poser toutes leurs questions. De plus, une infirmière donne les informations utiles à l’organisation de la journée. La veille, par téléphone, elle rappelle à la personne les directives et s’assure que son état de santé demeure compatible avec l’intervention. Tandis que le lendemain, elle vérifie qu’il n’y a pas de complications.
Les patients ont une autre raison d’apprécier le changement. « La plupart des gens sont contents de rentrer chez eux après l’opération et de retrouver le confort de leur chezsoi. En regagnant leur domicile, ils quittent aussi plus vite, en quelque sorte, leur statut de malade », constate le Dr Miozzari. Autre avantage : plusieurs études ont démontré que les prises en charge sans hospitalisation réduisent le taux d’infections nosocomiales (contractées à l’hôpital).
Par Giuseppe Costa
D
epuis une dizaine d’années, les HUG ont pris le virage de la chirurgie ambulatoire. A savoir l’admission et le retour à domicile du patient le jour même de son opération. A l’heure où le Département fédéral de l’intérieur (DFI) fixe la liste des groupes d’interventions concernés (lire encadré), les HUG, forts de leur expérience, sont prêts.
Confort de la maison
A c t u a l i t é
Dès le 1 janvier 2019, six interventions ne nécessitent plus de passer une nuit à l’hôpital. er
L’ambulatoire est également rendu possible par l’amélioration des techniques chirurgicales et anesthésiques. « Les tissus mous, notamment la musculature, sont mieux respectés et les infiltrations locales avec des produits anesthésiants de plus en plus courantes. Les douleurs postopératoires sont fortement diminuées et le patient se rétablit plus vite », explique le Dr Hermes Miozzari, médecin adjoint au Service de chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil moteur.
Pulsations
Par André Koller Photo Julien Gregorio
Octobre - Décembre 2018
A c t u a l i t é
« La parole des patients se libère » Au cours des ateliers Regards croisés lancés en 2018, patients, proches et professionnels de santé posent les fondements d’un nouveau partenariat.
L
e projet Patients partenaires prépare une mini-révolution culturelle dans le paysage hospitalier genevois. Depuis 2015, il intègre progressivement les patients et leurs proches aux réflexions sur la gestion et l’amélioration des soins et des services. En 2018, un nouveau volet de cette démarche s’est ouvert avec les Regards croisés.
Ces ateliers réunissent tous les partenaires des HUG pour débattre d’une problématique de santé. Les trois premiers ont abordé la prise en soins multidisciplinaires, la décision médicale partagée et la limitation thérapeutique. Le quatrième, prévu le 16 octobre, traite de la planification anticipée des soins. « Ces thèmes ont été définis lors de tables rondes avec les patients », rappelle Sylvie Touveneau, cheffe du projet Patients partenaires. 8
Actualité
Les Regards croisés se déroulent au Centre de l’innovation, dans une salle aux magnifiques baies panoramiques donnant sur le boulevard de la Cluse, assez grande pour accueillir les 60 à 80 personnes prévues. Pour lancer les débats, des tandems patients et soignants présentent une situation clinique vécue ensemble. Ces témoignages, souvent poignants, constituent un temps fort de l’atelier. Les ressentis, les joies ou les frustrations s’y croisent et parfois s’y confrontent.
« Pour ma part, reprend Anaïs, j’ai appris une chose très importante : une prise en charge hospitalière est toujours une expérience commune, partagée entre patients et professionnels de santé. La vivre comme un partenariat, nourri par un dialogue constructif, améliore les chances de succès et la satisfaction de tout le monde. » * Prénom d'emprunt.
Dialogue constructif
Pascale Lefuel, venue avec la casquette d’infirmière spécialiste clinique en néphrologie, abonde en ce sens : « Les Regards croisés constituent un espace de bienveillance où la parole des patients se libère. On réalise alors que dans plusieurs domaines, par exemple la coordination des soins, nous pouvons très certainement faire encore mieux ». Pour l’infirmière, l’aménagement d’un tel espace et le temps dédié au dialogue hors des unités de soins sont indispensables. « En clinique, les patients ne sont pas dans les meilleures conditions pour discuter les décisions du corps médico-soignant. Ils sont désécurisés par le diagnostic, affaiblis par la pathologie et parfois par les traitements. Sans oublier la crainte des mesures de rétorsion. Une peur bien réelle, fondée ou non. »
9
Pérenniser le partenariat Les bénéfices des Regards croisés, qui seront reconduits en 2019, se mesurent à plusieurs niveaux. D’abord par les retombées positives immédiates pour les participants, qui en tirent un enseignement utile pour leur parcours médical à venir ou leurs pratiques professionnelles. Ensuite, et à plus long terme, ces ateliers constituent un matériau indispensable pour élaborer avec les patients des formations destinées autant aux patients qu’aux soignants. Un enseignement à même de pérenniser et ancrer un vrai partenariat au sein des HUG.
Soyez partenaires ! Infos et inscriptions pour les Regards croisés du 16 octobre : patients. partenaires@hcuge.ch ou via le site internet : www.hug-ge-ch/ patients-partenaires
Octobre - Décembre 2018
Hospitalisée en 2017 pour une hypertension intracrânienne aiguë, Anaïs*, 33 ans, est enthousiaste. Elle dit avoir « énormément » appris lors de ces ateliers : « Cela m’a ouvert les yeux. Pour moi, avant, le médecin avait toujours raison. Je pensais qu’à l’hôpital il n’y avait pas de place pour la discussion. Encore moins pour la contradiction. C’est faux. Les médecins sont des personnes comme les autres. Ils peuvent se tromper, ils vous écoutent, même si vous n’êtes pas d’accord avec eux. J’ai compris que le dialogue, lorsqu’il est constructif, les aide dans leurs tâches. »
<wm>10CAsNsjY0MDCx0LUwM7IwsQAAajGoLQ8AAAA=</wm>
<wm>10CFXKqw7DMBBE0S9aa_ZljbOwCrMCqnKTqrj_j5qEFVxwpTNnZcPdYz9e-7MUCAq7MVjpbEkvz2juWjCjQblpekfG6H9elHY-1mUEJsalKZ4CXxzRvu_PD-zpifVyAAAA</wm>
4 - 7 OCTOBRE 2018
PALEXPO
GENÈVE
TESTEZ TOUTES LES FACETTES DE VOTRE SANTÉ
EXPÉRIENCES INTERACTIVES ET INSOLITES
PLUS DE 100 CONFÉRENCES ET DÉBATS
ANIMATIONS ENFANTS
3
e
ÉDITION
nous vez- d 56 u o r Ret le stan sur
PLANETESANTE.CH/SALON UN ÉVÉNEMENT GRAND PUBLIC
Pulsations
L
La suite logique de ces travaux devrait commencer en 2019 à Genève, puis ailleurs en Suisse, pour démontrer la supériorité du scanner sur la radiographie thoracique dans le diagnostic de la pneumonie du sujet âgé.
« L’idée de base était de voir si le scanner à faible irradiation, sans injection, pouvait aider
11
Octobre - Décembre 2018
Une étude sur l’utilité du scanner thoracique dans la détection de la pneumonie chez la personne âgée a reçu le Prix de la recherche clinique 2018. À la clé, des diagnostics plus fiables et une diminution de la prescription d’antibiotiques.
le clinicien dans son processus diagnostique. » L’étude a porté sur 200 patients de plus de 65 ans, entre mai 2015 et avril 2016. Et ses résultats sont éloquents : dans 45% des cas, la probabilité d’une pneumonie a pu être écartée. « Grâce au scanner, le clinicien peut mieux asseoir son diagnostic. Exclure une pneumonie lui permet en plus de se concentrer sur la recherche d’autres pathologies. Cela donne également la possibilité d’interrompre ou de limiter un certain nombre d’antibiothérapies prescrites, à tort, pour des pneumonies. A cet égard, cette étude participe à la lutte mondiale contre les bactéries multirésistantes. »
A c t u a l i t é
Crédit : Alfred Pasieka/Science Photo Library
Pneumonie mieux détectée
Par Patricia Bernheim
es patients âgés hospitalisés présentent très fréquemment une toux et de la fièvre. Comme les symptômes sont communs à de nombreuses pathologies, le diagnostic n’est pas aisé à établir. Et le recours à la radiologie n’est pas d’un grand secours. « L’examen nécessite d’être debout, de se tenir droit, de bien remplir ses poumons… des conditions parfois difficiles à réunir pour les sujets âgés, ce qui complique son interprétation », explique la Dre Virginie Prendki. Médecin adjointe au Service de médecine interne et de réhabilitation Trois-Chêne des HUG, la doctoresse a dirigé l’étude lauréate à l’Hôpital des Trois-Chêne et au Service de médecine interne générale.
Pulsations
Photo Fred Merz | lundi13 Par Clémentine Fitaire
Octobre - Décembre 2018
A c t u a l i t é
BPCO : une maladie sévère sous-diagnostiquée Derrière des difficultés persistantes à respirer lors d’effort ou une toux qui s’éternise, se cache peut-être une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
L
argement sous-diagnostiquée et méconnue du grand public, la BPCO concerne pourtant au moins 400’000 Suisses (5-7% de la population globale) et est devenue la troisième cause de mortalité dans le monde selon l’OMS.
Souvent considérée comme la « toux des fumeurs », elle se caractérise par une inflammation des bronches (bronchite chronique) qui entraîne un épaississement des parois et une destruction progressive des alvéoles pulmonaires nécessaires à la respiration (emphysème). On distingue néanmoins quelques variations dans les profils des malades – probablement pour des raisons génétiques –, avec des tendances plus particulières à la bronchite chronique pour certains, à l’asthme pour d’autres, ou encore à l’emphysème. La cigarette en première ligne
Environ 80% des personnes atteintes de BPCO sont des fumeurs, généralement âgés de plus de 40 ans. « Même si tous les fumeurs ne font pas une BPCO, explique le Pr Jean-Paul Janssens, responsable de l’Unité de pneumologie ambulatoire et centre antituberculeux, on estime malgré tout qu’un fumeur sur quatre sera affecté au cours de sa vie. » On ne le répétera jamais assez, la cigarette – en particulier les mil12
liers de composants toxiques du tabac – a un impact irréversible sur les poumons. Pour soulager les symptômes de la BPCO, le premier impératif est donc d’arrêter de fumer. Une mesure radicale qui a fait ses preuves à tous les stades de la maladie. Outre le tabac, la pollution environnementale (particules fines) ou intérieure (carburants de chauffage), mais aussi certaines expositions professionnelles (substances chimiques, matières en décomposition), sont en cause dans environ un cas de BPCO sur cinq. Silencieuse pendant des années
Le problème avec la BPCO, c’est que ses symptômes sont rarement pris au sérieux par le patient et parfois par les médecins eux-mêmes. « Si on l’évoque, ce n’est pas compliqué de poser un diagnostic… encore faut-il y penser ! », explique le Pr Janssens. Ajoutez à cela que dans certains cas, la maladie est silencieuse pendant plusieurs années. Lorsque surviennent les premières sensations d’essoufflement, la perte fonctionnelle peut déjà être avancée. Près de la moitié des personnes atteintes de BPCO ignoreraient qu’elles sont concernées. « Une toux qui dure depuis huit semaines ou plus, a fortiori chez un fumeur, est anormale et requiert impérativement une évaluation médicale », prévient le pneumologue. Si tel est le cas, il est conseillé de prendre rendez-vous chez un spécialiste ou son médecin de famille. En cas de suspicion, une spirométrie, un examen qui évalue les capacités respiratoires, sera réalisée. Freiner l’évolution
« Une fois endommagées, les cellules pulmonaires ne se régénèrent pas », avertit le Pr Janssens. Mais des mesures pour améliorer le quotidien peuvent être mises
Actualité
Tout comme l’activité physique, une alimentation équilibrée a également un effet positif sur les performances et sur l’évolution de la maladie. Enfin, l’utilisation de médicaments par inhalation contribue aussi à soulager l’essoufflement.
Une journée pour parler de la BPCO Le 15 novembre a lieu aux HUG la Journée mondiale contre la BPCO, en partenariat avec la Ligue pulmonaire genevoise. L’occasion de s’informer, de réaliser un test de dépistage gratuit et d’évoquer les traitements et les mesures comportementales qui peuvent limiter les symptômes de la maladie (lire aussi en page 47). Plus d’informations sur : www.lpge.ch
13
Octobre - Décembre 2018
en place. Outre l’arrêt total du tabac, qui enrayera la progression de la maladie, le rôle de l’activité physique est primordial, afin de diminuer la sensation d’essoufflement et le déconditionnement. « J’ai pu retrouver une partie de ma capacité respiratoire grâce à des exercices – vélo d’appartement, génuflexions, étirements – que je pratique tous les jours pendant dix à quinze minutes, raconte Philippe, 84 ans. Sur les conseils du médecin qui a diagnostiqué ma BPCO, j’ai également une visite à domicile, une fois par semaine, d’une physiothérapeute qui me donne des exercices cardiovasculaires. »
Par Giuseppe Costa Photo Nicolas Righetti | lundi13
Octobre - Décembre 2018
L ’ i n v i t é
Pulsations
« La bioinformatique est incontournable en médecine » A l’occasion des 20 ans du SIB Institut Suisse de Bioinformatique, Ron Appel, son directeur, se félicite que cette science apporte désormais des résultats concrets à la population.
14
L’invité Pulsations Qu’est-ce que la bioinformatique ? Ron Appel C’est
l’utilisation de l’informatique pour les sciences de la vie. Un des aspects principaux est l’analyse des données. La bioinformatique transforme les données brutes issues du monde médical ou des laboratoires de recherche (big data) en données ayant un sens, c’est-à-dire en informations utilisables (smart data). Qu’est-ce que le SIB ? Notre mission consiste à fournir des ressources bioinformatiques de pointe (bases de données, logiciels), des plateformes de services et des centres de compétences à la communauté des sciences de la vie suisse et internationale. L’institut fédère également les bioinformaticiens de tout le pays et propose un programme étendu de formation.
De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une plateforme de stockage et d’analyse de données permettant d’optimiser le diagnostic en oncologie. Cet outil est utilisé depuis plus d’une année en routine par les HUG et offre aux médecins des données plus fiables et précises. Un autre exemple de recherche ayant abouti sur une application médicale directe ? Nous avons mis au point un test génétique prénatal non invasif qui détecte, à partir d’un échantillon de sang de la mère, de possibles trisomies dans le fœtus. C’est une étape fondamentale dans le développement du SIB. Pendant des années, les utilisateurs de la bioinformatique étaient surtout les chercheurs. Avec la santé personnalisée, c’est le citoyen qui en bénéficie. Le SIB est également actif dans le développement de l’infrastructure bioinformatique pour la recherche en santé personnalisée dans le
1998
Création du SIB, fondation académique à but non lucratif et d’utilité publique.
69
groupes de recherche et de services, dans des domaines comme la génomique, la protéomique ou la génétique des populations.
20
institutions partenaires en Suisse abritent ces groupes, dont des universités et des Hautes écoles spécialisées.
12
plateformes de services, dont Vital-IT en Suisse romande.
800
scientifiques membres.
650’000
utilisateurs par mois de la base de données UniProtKB/ Swiss-Prot, référence internationale sur les protéines. www.sib. swiss/20years
15
cadre de l’initiative SPHN (Swiss Personalized Health Network), lancée et financée par la Confédération. Nous sommes responsables de la coordination des données. Quel regard portez-vous sur ce que le SIB est devenu ? On peut être satisfait du développement du SIB. Nous avons commencé en rassemblant les efforts de cinq groupes de recherche et on se retrouve aujourd’hui avec le plus grand réseau national en Europe, servant de modèle pour le développement de la bioinformatique à l’étranger, dont le réseau européen ELIXIR. Il y a aussi la satisfaction de pouvoir, à présent, effectuer des développements directement utiles au domaine de la santé. Quels sont les défis qui vous attendent ? Un des défis concerne les volumes de données qui explosent. La demande en expertise bioinformatique augmente exponentiellement. Un autre défi est qu’il n’existe pas encore de mécanisme financier pour assurer la pérennité des bases de données essentielles au niveau international, telles qu’UniProtKB/Swiss-Prot. C’est un problème à résoudre. Enfin, la formation. A l’avenir, nous aurons de plus en plus besoin de bioinformaticiens, notamment en clinique. Aujourd’hui déjà, il n’y a quasiment plus de recherche dans ces domaines sans bioinformatique. Elle est devenue incontournable.
Découvrir la génétique en jouant Pour ses 20 ans, le SIB a développé Genome Jumper. Une application tout public qui permet de se familiariser, de manière ludique, avec la génétique et la bioinformatique. Ce jeu consiste à courir le long de certains de nos gènes et à collecter des variants afin de comprendre le rapport entre ces derniers et certaines de nos caractéristiques personnelles. genome-jumper.sib.swiss/fr
Octobre - Décembre 2018
Quel est le rôle des HUG dans le SIB ? Historiquement, ils en sont à l’origine. Le SIB est une fondation à but non lucratif fondée par les HUG et l’UNIGE. Aujourd’hui, ils sont une de nos vingt institutions partenaires. C’est aussi le partenaire avec lequel nous avons commencé nos activités en bioinformatique clinique avec des applications comme Oncobench®.
Le SIB
Par Élodie Lavigne Photos Bogsch & Bacco
D o s s i e r
Octobre - Décembre 2018
Pulsations
Face à la douleur, nous ne sommes pas égaux
16
Les HUG sont sensibilisés à la problématique de la douleur. Sa prévention et son soulagement sont l’une de leurs priorités. Car on connaît désormais l’importance de la limiter le plus possible afin d’éviter qu’elle ne devienne chronique. Depuis quinze ans, le Réseau douleur travaille à ce qu’elle soit mieux reconnue et prise en charge. Et l’enjeu est de taille, puisque selon l’enquête de satisfaction Picker, « plus de 60% des patients présentent des douleurs qui sont, dans 80% des cas, d’une intensité moyenne à sévère », illustre le Pr Christophe Luthy, responsable du Réseau douleur. Qu’importe la raison, la douleur ressentie n’est aujourd’hui plus remise en question. « Au contraire, elle est considérée comme le cinquième signe vital, avec le pouls, la température, la tension artérielle et la respiration », explique le spécialiste. De même, la douleur induite par les soins médicaux (ponction, pansement, etc.), longtemps sous-évaluée, est d’autant mieux prise en compte qu’elle est reconnue comme un 17
le u ou Pas une, mais des douleurs La douleur est un phénomène complexe pouvant résulter de différents mécanismes, mieux compris aujourd’hui.
La douleur nociceptive Très fréquente, elle est en cause dans la majorité des douleurs aiguës d’origine traumatique, infectieuse, in flammatoire ou dégénérative.
La douleur neuropathique Elle est consécutive à une lésion des nerfs ou à une maladie du système nerveux (douleurs fantômes après amputation, diabète, sciatique, sclérose en plaques, zona, par exemple). Elle peut apparaître en l’absence de toute lésion.
La douleur mixte A la fois nociceptive et neuro pathique, elle est fréquente dans le mal de dos irradiant la jambe ou dans les douleurs cancéreuses.
La douleur liée à une sensibilisation centrale Elle est liée à un dysfonction nement et à une sensibilisation excessive du système nerveux central qui contrôle la douleur. On ne sait pas ce qui cause la douleur, mais on a mal. Elle est la plus complexe et la plus difficile à soulager. Lire infographie en page 24.
Octobre - Décembre 2018
la douleur est une expérience personnelle que nous avons tous, un jour ou l’autre, vécu. En partenariat avec les patients, les spécialistes des HUG unissent leurs compétences pour mieux la prévenir, la reconnaître, la soulager et, au final, éviter qu’elle ne s’installe durablement.
D
D
ans notre société de performance, la douleur reste un tabou, tandis que le regard sur celui qui a mal est encore trop souvent culpabilisant, voire suspicieux. Et pourtant, nous sommes nombreux à vivre l’expérience, ô combien subjective et intime, de la douleur. C’est une réalité quotidienne pour 20% de la population, qui souffre de douleurs chroniques (lire plus loin). Des chiffres qui tendent à augmenter en raison du vieillissement de la population et, de ce fait, de la progression des maladies chroniques. Mais aussi du nombre Complexe par ses toujours plus important de cancers en rémission, mécanismes et ses dont la douleur est l’une multiples visages, des séquelles possibles.
rs
Dossier
Pulsations
facteur de risque important de douleur chronique. Ainsi, préparer psychologiquement le patient avant un acte douloureux ou lui donner une antalgie au bon moment sont des moyens d’y remédier.
Octobre - Décembre 2018
D o s s i e r
Des douleurs et des trajectoires différentes
La douleur revêt de multiples visages et est surtout le reflet de trajectoires différentes au sein de l’hôpital. Aux urgences, on accueille ceux qui souffrent de douleur aiguë : un bras cassé, une brûlure, une coupure par exemple. Dans ces situations, la douleur, qui repose sur une cause physique, est un signal d’alarme du corps pour dire que quelque chose ne va pas. A côté de cela, il y a ceux qui viennent subir une intervention chirurgicale, parfois dans l’espoir d’avoir moins mal. L’équipe d’antalgie aiguë a pour mission de prévenir et traiter la douleur aiguë post-opératoire, elle-même facteur de risque de douleurs chroniques (lire plus loin). Quelle que soit la situation, les professionnels encouragent désormais les patients à exprimer leurs douleurs, si besoin à l’aide d’échelles d’évaluation spécifiques.
Qualité de vie diminuée
Bas du dos, genou, tête, nuque, épaule, bras, hanche, abdomen et main sont les régions du corps le plus souvent touchées par les douleurs chroniques (persistant au-delà de trois à six mois). Si la plupart des personnes concernées parviennent à vivre avec et à les contrôler, chez certains, elles sont résistantes. Indépendamment de leur intensité, leur localisation ou leur forme, ces douleurs rebelles ne répondent pas (ou mal) aux traitements antalgiques habituels. Et ont, de ce fait, un fort retentissement sur la qualité de vie. Il peut s’agir de douleurs résiduelles après un zona, une chimiothérapie, une opération, une amputation, mais aussi après un événement traumatique. Comme les techniques diagnostiques actuelles ne visualisent pas ces douleurs, leur reconnaissance par le milieu médical peut parfois prendre du temps. Or, souligne la Dre Valérie Piguet, responsable du Centre multidisciplinaire pour l’évaluation et le traitement de la douleur, « elles ne sont ni fiction, ni simulation ». Elles obéissent à des mécanismes complexes, poursuit la
Témoignage #1
« J’ai envie de vivre » SANDRA, 57 ans
« En 2014, on m’a diagnostiqué un cancer inflammatoire du sein très agressif. J’ai donc immédiatement subi des chimiothérapies, puis une mastectomie de mon sein gauche. Rapidement après l’opération, j’ai eu des douleurs au bras puis des lancées, comme des coups de poignard au niveau du thorax. Au départ, je ne me suis pas sentie prise au sérieux. Pourtant, ces douleurs ne sont jamais parties. Un
mois plus tard, lors d’une consultation au Centre de la douleur, un médecin a enfin mis un nom sur ce que j’avais : des douleurs neuropathiques. Comme les antidouleurs classiques ne faisaient aucun effet, on m’a prescrit un anti dépresseur qui a allégé la sensation de brûlure. Mais aujourd’hui encore, je ressens en permanence des sensations étranges, comme si j’étais serrée dans un corset. J’ai donc décidé de me prendre en
18
charge et d’essayer diffé rentes méthodes. Tout en discutant avec les méde cins, j’ai fait des thalassos, de l’hypnose, de la visua lisation positive, du yoga, etc. Aujourd’hui, j’arrive à moins penser à la douleur au thorax, comme si mon cerveau s’y était habitué. Il y a encore des jours vraiment difficiles, mais mon secret pour tenir, c’est de ne jamais cesser d’être active. J’ai envie de vivre et je ne me laisse pas aller. » AR
D
ou le ur s
Dossier
spécialiste, co-auteure d’un livre sur le sujet qui vient de paraître1 : « Les douleurs chroniques et rebelles n’ont plus de rôle protecteur. Elles ne sont plus la photographie exacte d’une lésion, mais existent de façon autonome. Elles sont en effet liées à un dysfonctionnement des voies neurologiques impliquées dans la gestion de la douleur ». Un peu comme si le système nerveux gardait les empreintes laissées par les douleurs et continuait à les entretenir, alors que la lésion est partiellement ou totalement guérie. Les déséquilibres provoqués dans le système nerveux central conduisent à une augmentation de la perception, si bien qu’une simple caresse peut être très désagréable. On ne connaît pas encore tous les mécanismes conduisant aux douleurs rebelles. Une certitude toutefois : nous ne sommes pas égaux face à la douleur. « Des phénomènes cognitifs, émotionnels et génétiques font que, chez certains patients, la douleur ne disparaît pas. Cela aboutit à des modifications dans leur système nerveux central », explique la Dre Piguet. Parmi les facteurs de risque identifiés : l’âge, le sexe (les femmes sont plus sujettes), le bagage génétique ou encore certaines chirurgies (lire p. 22). L’état émotionnel et les circonstances de survenue de la douleur initiale, mais aussi sa prise en charge, semblent eux aussi décisifs. Une maladie ou un accident banal peuvent alors, dans un contexte psychique fragile et malgré un traitement adéquat, conduire à des douleurs persistantes. « Les émotions, en particulier l’anxiété et la dépression, potentialisent la douleur. Les conséquences sur la vie personnelle, sociale et professionnelle, peuvent être colossales », explique la Dre Christine Cedraschi, psychologue au Centre multidisciplinaire de la douleur. Suite page 21. 1. J’ai envie de comprendre… Les douleurs chroniques et rebelles, Suzy Soumaille et Valérie Piguet, Ed. Planète Santé (voir page 48).
19
Octobre - Décembre 2018
Contexte émotionnel décisif
Octobre - Décembre 2018
D o s s i e r
Pulsations
La fibromyalgie, une maladie emblématique Enigmatique à bien des égards, la fibromyalgie s’exprime par des douleurs rebelles généralisées, intenses et diffuses, ayant un fort retentissement sur la qualité de vie, sans qu’aucune lésion (ou si peu) ne l’explique. Environ 2 à 4% de la population seraient touchés, dont une majorité de femmes. Ces douleurs, qui sont souvent localisées à proximité des articula tions et des zones d’insertion des muscles des membres supérieurs ou inférieurs, se mani festent également au niveau du tronc.
Elles s’accompagnent très souvent d’une grande fatigue, de troubles du sommeil et de l’humeur, etc. « Elles pourraient être liées à un dysfonctionnement de la perception de la douleur et à une sensibilisation centrale, comme si le système d’alarme sonnait tout le temps, sans qu’on ait provoqué la douleur », explique le Pr Jules Desmeules, chef du Service de pharmacotoxicologie clinique. On ignore les causes de ce mal : « Un événement trauma tique peut servir de déclencheur, mais
20
parfois la maladie survient spontanément », relève le spécialiste. Des facteurs génétiques pourraient être impliqués (plus grande sensibilité à la douleur), mais le contexte de survenue ainsi que les ressources personnelles pour faire face joueraient également un rôle. Une chose est sûre : ces douleurs sont réelles et handicapantes. Malheureusement, avant que le diagnostic ne soit retenu, le chemin est souvent long : « Il s’agit en premier lieu d’exclure d’autres maladies (rhumatolo giques, neurologiques,
infectieuses, endocrinolo giques, etc.), qui peuvent présenter un tableau clinique identique, puis d’évaluer la douleur et son interférence sur la qualité de vie du patient au moyen d’examens et d’échelles d’évaluation », poursuit le professeur. On ne guérit pas de la fibromyalgie, mais on peut obtenir des phases de nette amélioration, en rendant les douleurs plus supportables. C’est le but des différents traitements symptoma tiques qui peuvent être mis en œuvre.
Une prise en charge personnalisée
Si nécessaire, le diagnostic peut être vérifié, la pharmacologie adaptée ou d’autres approches interventionnelles proposées. En plus de l’approche physique (lire encadré), un soutien psychologique est suggéré à ceux qui le souhaitent. En individuel ou dans des groupes de thérapie cognitivocomportementale (TCC), il s’agit, pour les patients, de remobiliser leurs ressources personnelles. « Nous les aidons à créer les conditions nécessaires pour mettre en place des gestes ou activités (jardiner, conduire, porter des chaussures à talon, etc.) qui font sens pour eux dans leur quotidien », poursuit la Dre Cedraschi. Dans cette stratégie des petits pas, l’implication personnelle du patient est centrale pour retrouver une vie plus confortable et reléguer la douleur au deuxième plan. 2. Médecins anesthésistes, internistes, chirurgiens, neurolo gues, psychiatres, rhumatologues, spécialistes en médecine physique et de rééducation, pharmacologues, radiologues, et aussi psychologues, physiothérapeutes, ergothérapeutes, infirmiers-ères, psychomotriciens-nes.
Quatre questions à la Dre Valérie Piguet, responsable du Centre multidisciplinaire pour l’évaluation et le traitement de la douleur. Comment soulager les douleurs rebelles ? Dre Valérie Piguet Par une prise en charge globale et personnalisée qui combine plusieurs approches : médicamenteuse et interventionnelle (infiltration, neurostimulation), voire chirurgicale, physique (physiothérapie, ergothérapie) et psychologique (TCC par exemple). Pulsations
Quel est le rôle des médicaments ? La médication est l’une des pierres angulaires de la prise en charge, mais ne suffit pas à elle seule. Souvent, les antalgiques classiques (paracétamol, anti-inflammatoires, opiacés) sont peu efficaces. Les traitements qui agissent sur la sensibilisation centrale sont plus indiqués : antidépresseurs, antiépileptiques, etc. Quelle est la place des approches plus alternatives ? Pour fermer la porte à la douleur, on peut aussi recourir à l’hypnose, l’acupuncture, la sophrologie, la méditation, le yoga, etc. L’idée est que le patient constitue sa propre palette de peinture, avec différentes couleurs en fonction de ses douleurs, son expérience et sa personnalité. Peut-on en venir à bout ? Oui, à condition de se fixer des buts réalistes. On vise en première ligne une amélioration de la qualité de vie, souvent en acceptant de vivre avec une sensation résiduelle. Instaurer du plaisir dans sa vie envoie au cerveau d’autres informations que celle de la douleur. On arrive probablement ainsi à moduler les voies de la douleur, à atténuer la perception et à la rendre plus gérable.
21
Octobre - Décembre 2018
Dans ces situations, une prise en charge globale et personnalisée est indiquée. Le Centre multidisciplinaire de la douleur offre aux patients, référés par leur médecin traitant ou leur chirurgien, une approche multimodale grâce aux compétences de nombreux spécialistes2. « Le besoin numéro un de ces personnes est d’être entendues, crues et reconnues dans ce qu’elles vivent. Il est important ensuite de leur expliquer les mécanismes propres des douleurs rebelles », déclare la Dre Piguet.
Vivre avec les douleurs rebelles
D
Suite de la page 19. La douleur devient alors une véritable obsession, au point d’envahir tous les aspects de la vie et d’occuper toutes les pensées, ce qui engendre souvent incompréhension et sentiment d’impuissance chez les proches. « Elle peut conduire à l’isolement, à la dépression, à un sentiment de culpabilité, lorsque la personne ne parvient plus à investir sa vie comme avant », poursuit la psychologue.
ou le ur s
Dossier
Pulsations
Comment prévenir les douleurs post-opératoires Elle répare, soigne, sauve, mais souvent fait mal. La chirurgie est un facteur de risque majeur de douleur chronique.
Octobre - Décembre 2018
D o s s i e r
«L
a chirurgie occasionne des lésions plus ou moins importantes des nerfs et provoque des réactions inflammatoires, sources de douleurs aiguës. Elle est une agression pour le corps », détaille le Dr Benno Rehberg-Klug, médecin adjoint responsable du secteur de l’antalgie. La chirurgie thoracique, orthopédique (prothèse du genou), lombalgique, ainsi que celles du sein et du ventre sont les plus à risque dans le développement de douleurs chroniques. La présence, avant l’opération, de douleur chronique ou rebelle, comme on le voit fréquemment dans le cas des lombalgies, entre en ligne de compte. De même que l’auto-prédiction de la douleur : « Une étude a révélé que les patientes exprimant, avant une chirurgie du sein, une plus grande inquiétude quant à la douleur, souffraient davantage et plus durablement après », note le spécialiste. D’où l’idée de mettre en place un soutien psychologique avant la chirurgie, si besoin. La dépression, une sensibilité élevée à la douleur, le fait d’avoir très mal juste après une intervention sont d’autres facteurs de risque connus. Des actes concrets
De nombreuses mesures sont mises en œuvre aujourd’hui aux HUG pour limiter la douleur aiguë post-opératoire et prévenir la douleur à long terme. Le but est d’agir en amont, pendant et après l’intervention. « Comme il y a peu de médicaments spécifiques contre les douleurs persistantes, on préconise une prévention avec l’antalgie loco-régionale, en plus d’un suivi post22
opératoire très étroit pour dépister les personnes à risque », illustre le Dr Rehberg-Klug. Une étude est en cours chez des patientes à risque très élevé, avec une antalgie donnée la veille d’une chirurgie du sein, puis durant deux semaines. Pour les lombalgies, un protocole de prévention spécifique existe : « On prévient la douleur de façon agressive durant la chirurgie. L’idée de ce traitement antalgique précoce est de tromper le cerveau, en lui donnant, au moment du réveil, une autre information que celle de la douleur », explique le Dr Dennis Dominguez, chirurgien orthopédiste et spécialiste de la colonne vertébrale. Une mobilisation précoce et un renforcement musculaire après trois semaines complètent ce protocole, en passe d’être appliqué à d’autres interventions (genou, pied, épaule). Au chevet des patients, les soignants jouent aussi un rôle clé dans l’évaluation de la douleur et dans son soulagement, souligne Catherine Gagelin, infirmière adjointe de la responsable des soins et responsable de la cellule douleur au département de chirurgie : « En partenariat avec les patients, nous réévaluons la douleur aussi souvent que nécessaire et appliquons des mesures simples (froid, chaud, changement de position) pour améliorer leur confort. Contrairement à ce qui se faisait autrefois, nous les réveillons pour éviter les pics de douleur. Enfin, nous nous assurons qu’ils sortent de l’hôpital avec une antalgie adaptée en fonction des douleurs ressenties ».
ou le ur s
Dossier
Osez bouger !
D
Lorsqu’on a mal, le premier réflexe est souvent de rester tranquille. Pourtant, dans le cas des douleurs chroniques, il existe des exercices de physiothérapie adaptés. « Grâce à des mouvements réguliers, nous encourageons les patients à repousser leurs limites, sans toutefois aller dans la zone rouge », explique Jean-Paul Gallice, physiothérapeute spécialiste de l’appareil locomoteur. Si les douleurs ne disparaissent pas forcément, travailler le mouvement permet de gagner en mobilité et donc d’être capable de faire plus d’activités. Un gros bénéfice en termes de qualité de vie. « L’essentiel de cette approche, c’est que le patient ait du plaisir à bouger. Il est donc important de trouver une activité physique qu’il aime pratiquer. »
Octobre - Décembre 2018
Témoignage #2 Témoignage #2
« J’ai r » appris à mieux accepter la douleur » FRANÇOIS, FRANÇOIS,60 60ans ans
«Suite «Suiteààun ungrave graveaccident accident de devoiture, voiture,j’ai j’aisubi subiune une opération opérationde degenou. genou.J’ai J’ai malheureusement malheureusementdéveloppé développé de denombreuses nombreusescomplications : complications : les lesprothèses prothèsesse sesont sontinfectées infectées etetj’ai j’aiété étéréopéré réopéréplusieurs plusieursfois. fois. Depuis, Depuis,jejesouffre souffred’une d’unedouleur douleur en encontinu, continu,comme commedes descoups coups de demarteau. marteau.J’ai J’aiégalement égalementmal mal en enfonction fonctionde delalaposition positionde de ma macheville chevilleou oude dema majambe. jambe. Parfois, Parfois,c’était c’étaittellement tellement terrible terribleque quej’ai j’aipresque presqueeu eudes des envies enviessuicidaires. suicidaires.Heureuse Heureuse ment, ment,lalaprise priseen encharge chargeau au
Centre Centrede delaladouleur douleuraachangé changé ma mavie. vie.On Onm’a m’aaidé aidéààréguler régulerlala prise prisede demes mesmédicaments médicamentsetet donné donnélelenom nomd’un d’unpsychiatre psychiatre qui quipratique pratiquel’hypnose, l’hypnose,pour pour oublier oublierlaladouleur. douleur.Ce Cesont sont des desprofessionnels professionnelsformidables, formidables, ouverts, ouverts,ààl’écoute, l’écoute,etetqui qui m’ont m’onttrès trèsbien bienconseillé. conseillé. Grâce Grâceààeux, eux,laladouleur douleuraa diminué, diminué,mais maisj’ai j’aiaussi aussiappris appris ààmieux mieuxl’accepter. l’accepter.Ce Cesuivi suivi médical, médical,lelesoutien soutiende dema mafille fille etetde detoute toutema mafamille familleont ont été étédes despiliers pilierspour poursortir sortirde de AR laladéprime. » déprime. »AR
23
Le saviez-vous ? Le Réseau douleur des HUG, qui fête ses quinze ans d’existence, œuvre pour un meilleur dépistage et une amélioration de la prise en charge de la douleur, au sein de tous les départements médicaux.
24
Information descendante
Information ascendante
En remontant vers le cerveau, certains signaux douloureux peuvent modifier le fonctionnement et l’anatomie de structures de la moelle épinière et du cerveau.
Sensibilisation centrale
La proportion de la population qui souffre de douleurs chroniques
2
Etat émotionnel (anxiété, dépression)
Attention / décentration
Croyances / attentes
Expériences antérieures
2
4
3
Blocage du message qui inhibe la sensation de douleur
Changements neurochimiques et structurels
Génétique
4
3
La douleur est une expérience subjective et nous ne sommes pas égaux face à elle. La sensation douloureuse est modulée par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Elle n’a souvent pas une seule cause identifiable et sa prise en charge nécessite une approche globale.
Paradoxalement, il se peut que des douleurs apparaissent et provoquent une sensibilisation centrale en l’absence de lésion apparente. La douleur est bien réelle même sans cause observable.
Douleurs sans lésion
Le cerveau évalue l’information envoyée par les récepteurs de la douleur et décide de l’attitude à adopter. Son interprétation est influencée par de nombreux facteurs, comme l’histoire personnelle de l’individu, sa génétique, ses croyances sur la douleur, son vécu ou encore son état émotionnel.
Experte : Dre Valérie Piguet, responsable du Centre multidisciplinaire pour l’évaluation et le traitement de la douleur aux HUG
No brain no pain
Le cycle de la douleur
Par Michael Balavoine Illustration Muti | Folioart
L ’ i n f o g r a p h i e
Octobre - Décembre 2018
Pulsations
En jouant sur la plasticité du cerveau, cette stratégie atténue la douleur qui devient plus supportable.
Effet
L’application d’eau fraîche sur la partie lésée diminue le ressenti de la douleur.
Contre-stimulation
Une brûlure, par exemple, met le système de la douleur en alerte.
Douleur aiguë
• Méditation
• Autohypnose
• Activités de décentration (téléphone avec un proche, regarder un film, peindre ou voir des amis)
• Techniques de relaxation
• Stimulation tactile (se frotter quand on se cogne)
Stratégies
Octobre - Décembre 2018
25
• Massage des pointsgâchettes
• Acupuncture
• Thérapie manuelle
• Bouger
Corporel
Stimulation électrique transcutanée (petit appareil portable) ou au contact direct de la moelle (médullaire)
Moelle épinière
• Activités de décentration (lire ci-contre)
• Thérapie cognitivocomportementale
Cerveau
Les médicaments antalgiques ne sont qu’une partie de la réponse. Pour soulager les douleurs chroniques, il est indispensable d’agir à plusieurs niveaux.
Transmission du message sur la douleur entre deux neurones
Chez les personnes touchées, le système de la douleur s’emballe comme une alarme incendie qui ne s’éteindrait pas, alors qu’il n’y a plus de fumée. Le système qui régule la douleur reste en éveil et s’active sans cesse. Des stimuli non douloureux, comme une caresse, sont ressentis comme douloureux.
Douleur chronique
Dans la moelle épinière, le signal douloureux rencontre des relais de contrôle capables d’augmenter ou de diminuer la douleur. Des stratégies de diversion, appelées contre-stimulations, pouvant être physiques, cognitives ou émotionnelles, permettent d’ouvrir ou de fermer ces « portes ».
1
5
Traitements de la douleur
1
Moduler soi-même la douleur
c. Pour réparer le tissu lésé, des cellules sanguines sont appelées à la rescousse. Elles vont libérer des substances qui excitent les nocicepteurs. C’est ce qu’on appelle la sensibilisation périphérique.
b. Ces récepteurs nociceptifs transforment l’information en influx nerveux. Ce processus est appelé la transduction.
a. Lorsqu’une lésion survient, par exemple suite à une chute à vélo, des capteurs spécifiques de la douleur appelés nocicepteurs sont stimulés.
Naissance de la douleur et sensibilisation périphérique
L’infographie
Pulsations
Par André Koller Photo Fred Merz | lundi13
L e
Octobre - Décembre 2018
p o r t r a i t
La place de l’humain dans les soins Visage souriant de l’éthique médicale dans les médias romands, la Pre Samia Hurst, actuelle directrice de l’Institut Ethique, Histoire, Humanités (iEH2), avait suivi en 1995 le premier cours de bioéthique donné par une faculté de médecine suisse.
S
amia Hurst nous reçoit sur la terrasse ombragée de l’iEH2, sur les falaises de Champel. L’endroit est superbe. Une pelouse éclaboussée de soleil tapisse de vert un vaste parc où des chênes centenaires coulent des jours heureux. L’accueil chaleureux de la bioéthicienne confirme sa réputation d’affabilité. Une simplicité naturelle acquise sans doute en grandissant dans une famille où les palmes académiques n’avaient rien d’extraordinaire.
26
Le portrait
Sa mère enseigne l’anglais. Son père, le grec ancien. Il sera doyen de la Faculté de Lettres, puis recteur de l’Université de Genève. Dès lors, Samia Hurst fait ses humanités à l’âge de jouer au bac à sable. « La plupart des enfants s’endormaient avec Blanche-Neige ou le Petit Chaperon rouge. Moi c’était Ulysse, l’Odyssée et la guerre de Troie. Maintenant, c’est à mon tour de lire Homère à mes enfants », s’amuse-t-elle.
En choisissant la médecine, Samia Hurst s’écarte pourtant du creuset familial. Au départ, pour devenir oncologue. Mais en cours d’études, elle découvre que c’est l’être humain face à la maladie et ses dilemmes, qui la passionnent le plus. En 1995, elle suit les premiers cours de bioéthique donnés par Alex Mauron à la Faculté de médecine. Une initiative pionnière en Suisse. « Cela m’a procuré des outils intellectuels nouveaux. Je me souviens d’une intervention intempestive sur un problème éthique, en pleine visite médicale, qui avait interloqué mon supérieur hiérar-
Après un détour postdoctoral par le National Institute of Health (Washington) de 2001 à 2003, elle rejoint l’Institut d’éthique biomédicale à Genève. Elle s’intéresse notamment à la notion de vulnérabilité. Et, dans la foulée, la définition qu’elle en donne sera reprise en 2013 par la Déclaration d’Helsinki, référence internationale en matière de normes éthiques. Autre pôle d’intérêt, les questions touchant à l’équité, soit l’égalité dans les soins. Celles-ci prennent un nouveau relief avec l’avènement de la médecine prédictive, qui menace de saper un des fondements du système de santé : l’ignorance du futur. En l’état, personne ne sait s’il va tomber malade, ni de quelle pathologie il risque de souffrir. Du coup, la société mutualise les risques. Chacun accepte de verser une contribution équitable. « Si demain des groupes de gens peuvent s’exclure du risque de développer un cancer, ils pourraient s e désolidariser en exigeant des primes d’assurance moins élevées », avertit Samia Hurst.
27
Défis intellectuels
Trouver des solutions, anticiper les changements, tels sont les défis intellectuels auxquels font face les bioéthiciens. « En clinique, notre action est directe et concrète. Je forme les soignants à la consultation d’éthique et suis consultante au Conseil d’éthique clinique des HUG. Dans ce cadre, je peux attirer l’attention sur des conflits de valeur potentiels, les priorités et les outils conceptuels à disposition pour les résoudre », reprend la spécialiste. « Sur le plan national, les réflexions des bioéthiciens nourrissent et parfois infléchissent les politiques de santé. Un exemple concerne la prise en charge des grévistes de la faim en milieu carcéral. Après l’avis rendu à Genève en 2010 par le Conseil d’éthique clinique, et dont certains éléments ont été repris par l’Académie suisse des sciences médicales, plusieurs cantons ont pris des décisions conformes à nos conclusions », se réjouit Samia Hurst.
1971
Naissance à Genève.
1996
Diplôme de médecine.
2001
Thèse de médecine interne (Prix Tissot).
2003
FMH médecine interne.
2012
Famille recomposée avec le Pr Pietro Majno.
2015
Accueil de réfugiés érythréens dans le cadre du programme Famille d’accueil.
2015
Directrice de l’iEH2.
Octobre - Décembre 2018
Les débuts de la bioéthique
chique. Il aurait pu m’en vouloir. Il m’a encouragée, au contraire. J’ai commencé comme ça. Je crois aussi que j’avais besoin de transformer en défis intellectuels les drames existentiels que nous vivions en clinique », dit-elle.
Par Geneviève Ruiz Photos Julien Gregorio (portraits), Fred Merz | lundi13 (reportage)
Octobre - décembre 2018
R e p o r t a g e
Pulsations
Le nouveau terrain d’entraînement des chirurgiens La Fondation suisse pour l’innovation et la formation en chirurgie a inauguré ses locaux en avril dernier au cœur des HUG. Elle offre des équipements de pointe afin de former débutants et experts dans des conditions quasi réelles.
28
Reportage
U
ne dizaine de tables d’opération sont méticuleusement alignées dans une salle aux murs blancs et lustrés. Elles sont complétées de tours endoscopiques, de microscopes, de caméras et d’outils aux formes diverses. Une atmosphère futuriste se dégage de l’endroit, équipé des ultimes technologies, où pullulent les écrans plats. Bienvenue dans l’un des trois laboratoires de la Fondation suisse pour l’innovation et la formation en chirurgie (SFITS), le nouveau terrain d’entraînement des équipes chirurgicales et interventionnelles. Inauguré en avril dernier, il se situe au sein des HUG et compte accueillir plus de 4’000 participants par an, des débutants aux plus experts.
Pierre Hoffmeyer, président de la SFITS et chirurgien en orthopédie.
Un centre pour toutes les disciplines
« Un premier centre de formation chirurgicale des HUG avait été initié en 2011 avec le Pr Philippe Morel, avance Pierre Hoffmeyer. La SFITS a pris le relais en 2017. Situées désormais au cœur de la cité hospitalouniversitaire, nos infrastructures sont d’une qualité exceptionnelle. Nous comptons devenir le numéro un en Europe dans le domaine de la formation chirurgicale de pointe. L’une de nos missions principales consiste bien entendu aussi à former les collaborateurs des HUG, auxquels tous nos cours sont ouverts. » L’agenda de la SFITS, déjà bien chargé pour les prochains mois, semble dans tous les cas confirmer que le centre répond à un besoin, et ce au-delà des frontières cantonales et nationales. Il accueille en effet de nombreux participants et enseignants du reste de la Suisse, de l’Europe et même du monde entier.
Au SFITS, les jeunes chirurgiens peuvent perfectionner certains gestes.
29
Octobre - décembre 2018
« Notre objectif premier est la formation dans toutes les spécialités chirurgicales et interventionnelles, explique Pierre Hoffmeyer, président de la SFITS et chirurgien en orthopédie. Cela concerne donc non seulement les chirurgiens, mais également tous les intervenants qui œuvrent dans le bloc opératoire. » Le centre, dont les locaux peuvent être loués par des entreprises privées ou des sociétés savantes, doit aussi servir à la recherche et à l’innovation.
Pulsations
De la simulation au corps humain
Concrètement, comment se déroulent les cours ? Cela dépend de la matière enseignée et de l’expertise des participants. « Nous nous exerçons par exemple à la craniotomie, qui consiste à percer des trous dans les os du crâne, raconte Karl Schaller, médecinchef du Service de neurochirurgie des HUG. Pour ce faire, les jeunes chirurgiens travaillent d’abord avec des outils de simulation, puis, lorsqu’ils ont atteint un certain niveau, ils passent à des crânes humains. » Ces crânes proviennent de corps légués volontairement à la science et leur utilisation s’effectue dans le cadre de strictes considérations éthiques. « Les conditions d’entraînement que nous avons à la SFITS sont incroyables et permettent une nette amélioration de la formation des chirurgiens, poursuit Karl Schaller. Ici, ils se retrouvent dans des conditions quasi réelles et nous pouvons les confronter à une foule de scénarios. Cela permet une meilleure gestion du stress lors des interventions au bloc opératoire. »
Octobre - décembre 2018
Karl Schaller, médecin-chef du Service de neurochirurgie.
Barbara Wildhaber, médecin-cheffe du Service de chirurgie pédiatrique, souligne de son côté que l’entraînement à la SFITS est précieux pour les médecins de son service, « qui doivent en plus apprendre à opérer en format “miniature”. Nous nous entraînons sur des tissus synthétiques ou sur de jeunes animaux comme des poulets ou des lapins ». La spécialiste précise que l’utilisation des animaux dans le cadre des formations se fait également sous un strict contrôle éthique. « Il est désormais essentiel de s’exercer de cette manière avant d’opérer, ajoute Barbara Wildhaber. A notre époque, plus personne ne trouverait acceptable qu’un jeune chirurgien pratique certains gestes pour la première fois sur des enfants ! » La chirurgienne rappelle qu’auparavant, la formation s’effectuait principalement par compagnonnage : « Le jeune médecin observait son professeur durant les opérations, puis plongeait directement dans la pratique. Le stress était considérable, également pour le mentor ».
Barbara Wildhaber, médecin-cheffe du Service de chirurgie pédiatrique.
30
Reportage Christoph Huber, médecin-chef du Service de chirurgie cardiovasculaire.
Accompagner les évolutions du métier de chirurgien
Octobre - décembre 2018
Des propos corroborés par Christoph Huber, médecin-chef du Service de chirurgie cardiovasculaire, dont les jeunes chirurgiens perfectionnent certains gestes à la SFITS, en suturant par exemple des aortes et des valves sur des cœurs de cochons. « Ces séances font rapidement progresser les participants. Mais elles nous aident aussi à mieux fonctionner en tant qu’équipe. En chirurgie cardiaque, les opérations durent couramment trois ou quatre heures. Elles réunissent jusqu’à douze personnes au service d’un seul patient dans un environnement confiné. Apprendre à collaborer dans le respect nous rend plus efficaces. Nous pratiquons des jeux de rôle pour cela. » De façon générale, Christoph Huber considère qu’un lieu comme la SFITS reflète les évolutions du métier de chirurgien : « Les technologies progressent de plus en plus rapidement et nous devons constamment nous adapter. Je pense également qu’un certain nombre d’heures de pratique en situation quasi réelle deviendra indispensable avant d’opérer des patients. La Suisse figure d’ailleurs parmi les premiers pays à rendre ce type de formation obligatoire pour les jeunes chirurgiens. » Derrière les baies vitrées des laboratoires immaculés, les équipements high-tech permettent donc aux chirurgiens d’évoluer avec leur profession, également touchée par la révolution digitale. Pierre Hoffmeyer, conscient de l’importance de cette mission, envisage d’ailleurs déjà une croissance de son centre dans les années à venir, afin de répondre à ces enjeux techniques et sociaux.
Les jeunes chirurgiens s’entraînent parfois sur des corps humains légués volontairement à la science. Leur utilisation s’effectue dans le cadre de strictes conditions éthiques.
31
Pulsations
Appelée aussi « maladie du foie gras », elle fait désormais régulièrement les gros titres. Un plus pour l’information des personnes à risque qui ne doit cependant pas pousser à l’alarmisme.
M
aladie dite du « foie gras » ou « du soda », la NASH (Non-alcoholic steatohepatitis) fait de plus en plus parler d’elle. Et pour cause, cette maladie hépatique non-alcoolique aurait atteint le stade de l’épidémie dans les pays anglo-saxons, Etats-Unis en tête. « Dans certaines populations, un quart des personnes pourrait présenter un “foie gras”. Mais attention, seules 5 à 10 % auraient un risque d’évoluer vers une NASH », précise le Dr Nicolas Goossens, chef de clinique du Service de gastroentérologie et hépatologie. Identifier ces patients, et le plus tôt possible, est l’enjeu majeur pour éviter l’évolution vers une cirrhose ou un cancer. « La NASH, comme beaucoup de maladies hépatiques, progresse silencieusement, prévient le spécialiste. Le foie n’est pas un organe qui “fait mal”, mais quand les premiers symptômes apparaissent, la maladie est souvent déjà à un stade avancé. »
32
Trop gras, trop sucré… L’accumulation de gras dans le foie est le plus souvent une des manifestations du syndrome métabolique, et les personnes en surpoids qui présentent une résistance à l’insuline sont plus à risque. Il existe des prédispositions génétiques, et certaines ethnies sont plus touchées que d’autres, mais l’hygiène de vie reste un facteur majeur. Manger trop gras, mais aussi trop sucré (en particulier du fructose), favorise l’accumulation de gras dans les cellules du foie. A l’inverse, revoir son hygiène de vie peut suffire à faire régresser la maladie, quand elle n’est pas à un stade trop avancé. « C’est important que les médecins de famille soient sensibilisés à cette maladie afin de mieux référer les patients à risque vers un spécialiste, notamment les personnes diabétiques », estime le Dr Goossens. Dans l’attente de biomarqueurs spécifiques, seule la biopsie de foie permet aujourd’hui d’avérer la présence d’une NASH. Mais des analyses sanguines associées à la mesure de la rigidité de cet organe par échographie peuvent orienter les médecins. Une étude prochainement lancée aux HUG proposera de réaliser ces mesures chez toutes les personnes qui prennent part au dépistage du cancer colorectal. « Ceci nous permettra d’avoir une vision plus précise de l’ampleur de cette maladie en Suisse romande », conclut Nicolas Goossens.
Crédit : istockphoto
Par Stéphany Gardier
Octobre - Décembre 2018
A l i m e n t a t i o n
« Maladie du soda » : une réelle épidémie ?
Pulsations
Inoffensifs, les poux nous adorent
Crédit : istockphoto
Le pou peut sauter d’une tête à une autre. Faux. Pour qu’il y ait
contamination, il faut un contact rapproché. Ce parasite n’a pas la faculté de bondir comme certaines puces. C’est la proximité des enfants entre eux, l’intimité d’une famille ou l’échange d’un bonnet ou d’une casquette qui permet aux poux de passer d’un individu à un autre.
lavant les cheveux ou en se baignant que les poux vont se noyer et vous laisser tranquille. Il faut les enlever mécaniquement avec un peigne très très fin. Les shampooings antipoux doux (sans antiparasitaires chimiques) contiennent une molécule qui étouffe mécaniquement le pou. Certaines huiles sont aussi vendues comme antipoux. Mais sans la vraie élimination mécanique par le peignage fin, peu d’effets sont attendus avec ces produits.
33
naissance à une larve au bout d’une dizaine de jours. Il lui faut dix jours de plus pour devenir adulte. Pour se débarrasser de tous les individus, quel que soit leur stade, il faut donc effectuer un premier traitement, puis un second huit jours plus tard et encore un au bout de quinze jours.
Après une contamination, il faut tout laver. Faux. Inutile de tout
asperger d’insecticide. Les poux ne survivent pas longtemps loin du cuir chevelu. Il convient toutefois de laver à 60 °C ce qui a été en contact direct les trois jours précédant le premier jour du traitement (taie d’oreiller, casquette, bonnet). Mettre dans un sac ou laver à sec ce qui ne peut pas passer en machine et qui a été en contact avec la tête (peluches, doudous, etc.), et attendre trois jours avant de les reprendre.
Octobre - Décembre 2018
en attraper, que les cheveux soient lavés tous les jours ou pas.
Il ne craint pas l’eau. Vrai. Ce n’est pas en se
Eradiquer les poux prend du temps. Vrai. La lente donne
Par Esther Rich
Qui dit poux, dit manque d’hygiène. Faux. Tout le monde peut
particulière pour ces parasites, même si parfois des pics sont signalés en début d’été. Ils aiment la chaleur, celle de la tête, et l’humidité. En hiver, les locaux chauffés, l’échange de bonnets ou d’écharpes favorisent aussi la contagion.
V r a i / F a u x
Ces bestioles font leur apparition plusieurs fois par an. Pourquoi un tel acharnement ? On démêle le vrai du faux avec la Dre Laurence Toutous Trellu, médecin adjointe agrégée au Service de dermatologie et vénéréologie.
Les poux ne reviennent qu’au printemps. Faux. Il n’y a pas de saison
Pulsations
Par Patricia Bernheim Photo Nicolas Schopfer
Octobre - Décembre 2018
T é m o i g n a g e
« Je suis un survivant du cancer » Vingt ans après un diagnostic de cancer et une ablation de la prostate, Hubert Rolle prouve qu’on peut s’en sortir et revivre comme avant. Il témoigne, à 71 ans, de l’évolution positive de la prise en charge des patients.
A
51 ans, dans la force de l’âge, Hubert Rolle se sent en pleine forme. Jamais malade, il n’a même pas de médecin
généraliste. En 1995, il connaît pourtant son premier pépin de santé. « Je n’arrivais plus à uriner et j’avais de fortes douleurs dans un rein. » Il consulte en urgence un urologue qui
34
diagnostique des polypes dans l’un des uretères (canal qui conduit l’urine des reins jusqu’à la vessie) et procède à une intervention chirurgicale pour les retirer. En 1998, des polypes se nichent dans
Témoignage
la vessie. L’année suivante, c’est à nouveau l’uretère qui est touché. Un cancer de la prostate agressif est aussi découvert. Son urologue lui suggère alors une intervention visant à lui enlever la prostate et le rein atteint. « J’étais un peu sonné par la nouvelle. Mon épouse a repris les rênes. C’est elle qui a posé toutes les questions aux médecins. Nous avons aussi demandé à avoir d’autres avis. »
Comme avant
Comme tous les hommes dans sa situation, Hubert Rolle redoute les conséquences lourdes (incontinence et troubles érectiles) que peut entraîner l’ablation de la prostate. S’il ne ren-
Libérer la parole
Membre fondateur, avec son épouse, de PROSCA *, association de soutien aux personnes touchées par le cancer de la prostate, Hubert Rolle a suivi l’évolution de la prise en charge au cours de ces deux dernières décennies. « Avant, les patients n’avaient pas vraiment droit à la parole. Le Pr Iselin, qui avait travaillé aux Etats-Unis, les a au contraire encouragés à collaborer, à donner leur avis. La prise en charge est désormais multidisciplinaire, ce qui représente une aide importante pour le patient au moment de décider de se faire opérer. » Quand on lui parle de l’encadrement médical dont il a bénéficié, et bénéficie encore au Service d’urolo-
35
gie, la réponse d’Hubert Rolle est sans équivoque : « Ils ont toujours travaillé dans les règles de l’art ! Je sens qu’ils sont là, chacun à leur place. On s’occupe parfaitement de moi ». Aujourd’hui, il continue à être suivi une fois par an pour des examens de contrôle. Il a régulièrement de petits polypes dans la vessie, mais qui ne présen tent aucun danger, et il a toujours ses deux reins. « Je me sens relativement tranquille maintenant ». Guéri ? « Non, survivant du cancer. Je serai toujours en rémission. » * www.prosca.net
Le mois de la moustache aux HUG Contraction de « Mo », moustache en argot anglais, et « november », Movember est un événement annuel venu d’Australie destiné à sensibiliser l’opinion publique à la santé masculine. Pour que chacun puisse soutenir cette cause et sensibiliser aussi son entourage, le Service d’urologie des HUG propose aux hommes de venir tailler leur moustache avec Gaetano Coiffure, tous les lundis du mois de novembre de 8h à 12h, dans le hall d’entrée des HUG, gratuitement et sans rendez-vous.
Octobre - Décembre 2018
Au Service d’urologie des HUG, qui vient d’être repris par le Pr Christophe Iselin, Hubert Rolle et son épouse apprennent que les polypes de 1995 étaient en fait des carcinomes (tumeurs cancéreuses). En matière de traitement, il a le choix entre une radiothérapie associée à une chimiothérapie ou une intervention chirurgicale sur l’uretère et une ablation de la prostate. « C’est une décision difficile à prendre. A l’époque, le patient était un peu livré à lui-même. Avec ma femme, nous avons cherché des informations partout, jusqu’aux Etats-Unis, mais nous étions seuls pour faire le tri. » Tous deux décident d’opter pour l’intervention. Elle durera cinq heures et demie.
contre aucun problème de fuite urinaire, côté érection, en revanche, il ne se passe plus rien. « Il y a vingt ans, on n’était pas tellement accompagnés par les médecins sur ce plan-là. Aujourd’hui, les hommes sont encouragés à reprendre une activité sexuelle assez vite. On leur donne des conseils. Moi, on m’a prescrit quelques traitements, peu agréables et inefficaces. Je me suis dit que ce ne serait plus jamais comme avant, mais avec ma femme, on a tout repris depuis le début. On a beaucoup travaillé ensemble et aujourd’hui, tout est redevenu comme avant, après un an et demi d’efforts communs. »
Par Michael Balavoine Sculpture en tricot Ben Cuevas
Octobre - Décembre 2018
L ’ o r g a n e
Pulsations
Située à la base du cou, la thyroïde est une glande en forme de papillon. Essentielle pour l’organisme, elle produit des hormones impliquées dans la régulation du métabolisme et de la température corporelle. Elle donne lieu à l’apparition de plusieurs symptômes quand elle se dérègle. Explications.
Glande thyroïde
Larynx Isthme
Trachée
Experte
Dre Maria Mavromati, cheffe de clinique au Service d’endocrinologie des HUG.
LA THY De l’iode pour des hormones
La thyroïde sécrète dans la circulation sanguine deux hormones appelées T4 et T3. Elles assurent la croissance et régulent le rythme cardiaque ainsi que les dépenses énergétiques corporelles. Pour les fabriquer, la thyroïde a besoin d’iode. Récupéré dans la circulation sanguine, celui-ci est ensuite transformé en hormones qui, elles, sont stockées dans la thyroïde. L’hypophyse, une autre glande située dans le cerveau, se charge de dire à la thyroïde quand et à quel rythme elle doit diffuser dans la circulation sanguine ces hormones.
36
95%
La proportion des nodules qui sont bénins
30
En grammes, le poids moyen de la thyroïde
Hypo- et hyperthyroïdie
Comme toute glande, la thyroïde peut dysfonctionner en produisant soit trop (hyperthyroïdie), soit pas assez d’hormones (hypothyroïdie). En cas d’hyperthyroïdie, des symptômes tels qu’une perte de poids, des bouffées de chaleur, de la nervosité ou des palpitations peuvent apparaître. En cas d’hypothyroïdie, on constate – entre autres – de la constipation, de la fatigue, de la frilosité ou encore une prise de poids.
L’organe
Nodules et cancer thyroïdien
Les nodules thyroïdiens sont des formations tumorales arrondies, bénignes dans leur majorité. Très fréquents dans la population générale, ils sont détectés par une simple palpation ou par échographie. Selon les caractéristiques échographiques du nodule (taille, délimitation, etc.), une cytoponction peut être réalisée afin d’en clarifier sa nature. A l’aide d’une aiguille fine, des cellules du nodule en question sont prélevées et analysées au microscope. Cette analyse cytologique permet de sélectionner les nodules malins ou suspects.
Dans la majorité des cas, le nodule s’avère bénin et le médecin ne fait rien d’autre que de surveiller son évolution par échographie. Pour les nodules malins ou suspects à la cytoponction, une prise en charge chirurgicale est organisée. En cas de cancer thyroïdien, l’ablation totale de la thyroïde est indiquée et un traitement complémentaire par iode radioactif est souvent proposé. La plupart des cas de cancer thyroïdien évoluent en général très lentement et se soignent bien sans qu’il y ait de récidive.
Substitution hormonale
20-50%
L’être humain ne peut pas vivre sans thyroïde. Lorsque celle-ci doit être retirée ou qu’elle ne produit pas assez d’hormones (hypothyroïdie), une substitution est mise en place. Il s’agit de prendre un comprimé, contenant des hormones (essentiellement la T4), qui remplace la thyroïde dans son rôle. Ce traitement doit être pris de façon régulière et à vie. Des bilans, parfois fréquents, sont nécessaires lorsqu’une substitution est mise en place afin d’identifier le bon dosage. Par la suite, et à l’exception d’importantes variations pondérales ou d’une grossesse, l’examen sanguin peut être fait seulement une fois par année.
La proportion de la population qui développe un nodule au niveau de la thyroïde
1%
La proportion de la population qui souffre d’hyperthyroïdie
5%
La proportion de la population qui souffre d’hypothyroïdie
37
Octobre - Décembre 2018
ROÏDE
Pulsations
Par Aurélia Brégnac Photo Nicolas Schopfer
Octobre - Décembre 2018
R e n c o n t r e
« Les enfants ne sont pas des petits adultes » La pédiatrie, une discipline en constante mutation, est aujourd’hui confrontée à de vrais enjeux. Lesquels ? Réponses de la Pre Klara Posfay-Barbe, médecincheffe du Service de pédiatrie générale, responsable de l’Unité d’infectiologie pédiatrique. Pulsations L’enfant est-il un patient « à part » ou sa santé peut-elle être appréhendée comme celle d’un adulte ? Pre Klara Posfay-Barbe L’enfant est un individu qui fait bien sûr partie de la même société que les adultes, et qui y a une place très importante. Au niveau médical, on les considère cependant encore beaucoup comme des « petits adultes ». Mais ce n’est pas le cas, ni dans les types de maladies, ni dans les traitements qui les concernent. Il est important d’avoir une approche globale de l’enfant, puisque c’est un être en croissance : il est vrai que ses os grandissent, mais pas seulement. Son cerveau et ses organes se développent également, de même que ses capacités intellectuelles, sociales, émotionnelles. Un incident de parcours, comme une maladie ou une prématurité, peut parfois avoir un impact sur son développement. Nous avons, dans cette optique, beaucoup d’interactions avec le Centre de développement de l’enfant des
38
HUG, qui a récemment ouvert ses portes. Un pédiatre doit se préoccuper de l’enfant dans son ensemble et pas seulement de traitements ponctuels pour répondre à des symptômes. Il doit ainsi évaluer les conséquences qu’une maladie peut avoir sur sa vie quotidienne, sur sa capacité à aller à l’école, à s’adonner à des activités sportives ou musicales, etc. Les enjeux autour de la santé de l’enfant ont-ils évolué ces dernières années ? Il y a une prise de conscience de la complexité des maladies de l’enfant. On se rend compte qu’il y a des maladies dites « orphelines » qui nécessitent, parfois, un suivi global complexe à l’âge adulte également. Par ailleurs, certaines maladies de l’adulte se manifestent dès le jeune âge. Les interactions entre pédiatrie et médecine de l’adulte se sont donc renforcées. L’un des grands enjeux actuels est la thérapeutique, car il y a encore très peu d’études sur les médicaments destinés aux enfants, même lorsqu’il s’agit de médicaments courants comme les antibiotiques ou le paracétamol. On fait encore souvent une extrapolation des doses ou des effets secondaires rencontrés chez l’adulte, alors que ce n’est pas toujours pertinent. Il y a certes davantage de recherches qu’avant en pédiatrie, mais les besoins sont encore grands.
Rencontre
Quels sont les domaines qui restent aujourd’hui à explorer ? La prévention est un aspect primordial. Des enfants en bonne santé auront plus de chances de devenir des adultes en bonne santé. Cela peut concerner, entre autres, leur hygiène de vie, leur alimentation, la vaccination et, pourquoi pas, leur rapport aux écrans.
39
Octobre - Décembre 2018
Quels sont les enjeux éthiques de la pédiatrie clinique ? L’un des enjeux de la recherche clinique en pédiatrie est qu’il est plus difficile de convaincre les parents d’intégrer des enfants dans des protocoles de recherche. Il est souvent plus facile d’associer les familles à des études cliniques lorsqu’il s’agit de maladies graves : plus la maladie l’est, plus on est prêt à tenter de nouvelles thérapies pour sauver l’enfant. A l’avenir, la médecine personnalisée, entre génétique et environnement, nous aidera sûrement beaucoup à affiner les traitements chez l’enfant. Les développements technologiques pourraient aussi simplifier le diagnostic. Une goutte de sang – au lieu d’un tube – pourrait, par exemple, suffire à identifier une bactérie. L’éthique, quant à elle, pose de nombreuses questions sur le droit et le consentement. Par exemple, à partir de quel âge un enfant peut-il participer aux décisions thérapeutiques ou à celle de prendre part à un projet de recherche ? Ou encore, quelle doit être la place accordée aux parents en tant que partenaires des soins de l’enfant ?
Pulsations
Par Elodie Lavigne
Octobre - Décembre 2018
J u n i o r
Illustrations PanpanCucul
<< Maman, c'est quoi le stress ? >> Avant les évaluations scolaires, Timothée a la boule au ventre. Charlotte, elle, a le coeur qui bat très fort avant de monter sur scène pour le spectacle de l'école. Petits ou grands, on est tous confrontés à des situations stressantes. Mais, au fait, qu'est-ce que le stress ?
Experte Dre Marie Schneider, cheffe de clinique à l’Unité de guidance infantile
Une réaction de survie Le stress est une réaction, à la fois physique et psychologique, qui permet de mobiliser ses ressources et d’affronter le danger. L’organisme, mis en alerte, déclenche des réponses en chaîne. Dans le cerveau, c’est le système limbique qui détecte la menace. L’hypothalamus, son chef d’orchestre, active une glande appelée hypophyse, qui elle-même active la glande surrénale, qui à son tour sécrète du cortisol et de l’adrénaline, hormones responsables des signaux du stress : tremblements, sueur, accélération de la respiration et du rythme cardiaque, afflux de sucre dans le sang... C’est tout le corps qui réagit. En partenariat avec
40
Désagréable, mais utile Les situations qui déclenchent une réaction de stress sont très individuelles : rentrée scolaire, changement de professeur, devoir à rendre, dispute avec un copain, visite chez le médecin, déménagement, prise de parole devant ses camarades, etc. Bien que désagréable, le stress est utile car il stimule notre concentration et notre mémorisation. Il nous rend plus efficace et performant au moment où nous en avons besoin.
Junior
Trop, c'est trop !
Ne reste pas seul. Confietoi à tes parents ou à un adulte en qui tu as confiance. Ils pourront t’aider. Tu verras que tout le monde (adultes ou pas) vit parfois des situations stressantes et, surtout, qu’on peut les dépasser. Tu peux aussi trouver des solutions ou du réconfort dans la lecture d’histoires proches de ce que tu vis.
Parents, comment aider votre enfant ? En étant attentif aux situations potentiellement stressantes pour lui. Avant un déménagement par exemple, expliquez-lui comment cela va se dérouler et donnez-lui des repères : << Dans trois dodos, on sera dans la nouvelle maison. Tu auras une nouvelle chambre, mais nous prendrons tes jouets, ton lit, le chat, etc. >>» Restez disponible et à l’écoute. Reconnaissez ses sentiments en mettant des mots simples sur ce qu’il vit et donez-lui confiance en ses capacités. Et surtout, restez serein. Vous lui montrerez ainsi qu’on peut surmonter les événements difficiles. Résultats scolaires en baisse, autodénigrement, sentiment d’incapacité, agressivité chez votre enfant sont des signaux à ne pas négliger.
Pourquoi mes parents sont tout le temps stressés ?
Le bon conseil Pour bien résister au stress, dors suffisamment, mange sainement, amuse-toi et dépense-toi physiquement !
41
En plus de devoir être des parents parfaits, la société exige beaucoup des adultes. Elle met en valeur la performance et la réussite. Il faudrait être une femme ou un mari idéal(e), doué(e) dans son travail, gagner beaucoup d’argent, avoir une belle maison, etc. Comme s’il fallait être efficace, disponible et heureux tout le temps, ce qui n’est pas possible. Sentir qu’on y arrive pas peut être dur à vivre.
Octobre - Décembre 2018
Le stress est positif lorsqu’il est ponctuel et permet de se dépasser. Lorsqu’il s’installe au-delà de quelques jours en revanche, il ne remplit plus son rôle. Si tu te sens triste, inquiet, si tu as des problèmes de sommeil, si tu n’as plus d’appétit, plus envie de voir tes copains, ou de la peine à te concentrer à l’école, il faut faire quelque chose !
Je me sens stressé, que faire ?
Par Melinda Marchese
Octobre - Décembre 2018
M i e u x -v i v r e
Pulsations
En forme même au travail Ne vous laissez plus envahir par le stress : grâce à de bonnes habitudes, vous pouvez augmenter votre bien-être et vivre sereinement votre quotidien professionnel.
42
T
rois Suisses sur cinq souffrent du stress sur leur lieu de travail, selon l’Office fédéral de la statistique. Est-il possible d’y remédier afin de prévenir l’épuisement professionnel ? Mieux encore : est-ce qu’aller travailler peut devenir une source de bienêtre et de santé, et non pas seulement une obligation matérielle ? Selon la Dre Chantal Bonfillon, médecin-cheffe du Service de santé du personnel des HUG, certaines bonnes habitudes, sans pour autant résoudre toutes les difficultés, peuvent favoriser l’épanouissement au travail. En voici quelques-unes.
I. Donner du sens
Une attitude professionnelle positive contribue grandement au sentiment de bien-être. Qu’est ce qui me donne du plaisir au travail ? Qu’est-ce que j’apprécie dans mon entreprise ? Et chez mes collègues ? Mais aussi, en quoi suis-je personnellement utile, ici, au quotidien ? Vous poser régulièrement ces questions contribue à donner du sens à ce que vous faites. C’est cette quête de plaisir et de valeur qui vous aidera à vous lever tous les matins pour vous rendre au travail avec envie.
II. Prendre soin de soi
Multipliez les actions qui vous changent les idées et vous reposent aussi bien au travail qu’à la maison. Pensez tout d’abord à dormir suffisamment et dans de bonnes conditions. Pour cela, évitez la consommation de café, de tabac ou d’alcool. Le dernier café de la journée doit être pris au plus tard six heures avant le coucher.
Mieux-vivre
Pendant la journée, faites des pauses qui vous ressourcent. Un repas partagé avec des collègues ou des amis, autour de discussions plaisantes, est une option efficace pour vous détendre. Avoir une activité physique régulière est bien sûr fortement recommandé pendant son temps libre, mais attention : il est aussi important d’alterner, tout au long de la semaine, entre des moments de calme et des moments d’hyperactivité. Après trois jours de travail intenses et stressants par exemple, pourquoi ne pas faire une promenade contemplative au bord d’un lac au lieu de courir un marathon ?
III. Activer ses muscles
IV. Savoir se déconnecter
Qui n’a jamais lu ses e-mails professionnels pendant le week-end, ou réservé des billets d’avion durant les heures de bureau ? On parle aujourd’hui de « blurring » pour désigner le flou qui règne autour des frontières entre vie privée et vie professionnelle. Se déconnecter est pourtant nécessaire : fixer des plages horaires pendant lesquelles vous ne consultez pas vos messages – pendant les repas par exemple – ou une heure limite le soir – pour que les problèmes du travail n’envahissent pas les pensées nocturnes – aide à prendre de la distance. Imposez-vous des règles, et respectez-les !
43
Mettre par écrit les tâches à réaliser pendant la journée ou la semaine aide à identifier les priorités et à estimer le temps que chacune d’entre elles nécessite. Ainsi, vous pouvez prévoir une charge de travail adéquate. Il vous est également plus facile de dire « non » en cas de nouvelles tâches, et si besoin de déléguer. N’oubliez pas de planifier des temps de pause. Une telle organisation est aussi propice aux bilans : qu’est-ce qui m’a stressé ? Etait-ce vraiment indispensable de passer autant de temps sur cela ? Apprenez progressivement à devenir moins exigeant avec vous-même et à ne pas être parfait en tout, tant au travail qu’à la maison.
VI. Aider les autres
Même si votre journée est bien remplie, n’hésitez pas à proposer un peu d’aide à un collègue : un geste altruiste participe à votre sérénité. Cela vous permet également de décrocher de vos propres tâches et de vous sentir utile – un sentiment indispensable pour s’épanouir dans son travail. De plus, se tourner vers l’autre, engager une conversation dans le but de résoudre un problème ensemble, crée des liens et une relation de confiance très bénéfique à chacun.
Octobre - Décembre 2018
Au bureau, levez-vous régulièrement de votre chaise. Aller voir un collègue pour lui poser une question au lieu de lui envoyer un e-mail, marcher jusqu’à la photocopieuse, emprunter les escaliers ou faire simplement quelques pas : bouger permet au cœur de se charger en oxygène et d’activer la circulation sanguine. Vous prévenez ainsi les effets néfastes de la sédentarité (problèmes cardiovasculaires, diabète, prise de poids, etc.) et détendez votre corps.
V. Définir des limites
Pulsations
Genève en temps réel
Tous les collaborateurs médicosoignants du Département de l’enfant et de l’adolescent bénéficieront d’un programme de formation à l’hypnose. La convention de partenariat signée en juin entre les HUG et Bernard Sabrier, président
Participer à la conquête de l’espace pour un enfant hospitalisé en oncologie ? C’est possible. L’idée du SpaceSuit Art Project, lancée en 2015 par une astronaute américaine à la retraite, Nicole Stott, est simple et géniale : des enfants atteints d’un cancer peignent une combinaison portée par un astronaute en mission dans la station spatiale internationale (ISS). Fin août, une
Des puits amènent la lumière naturelle et des écrans diffusent en temps réel des prises de vue des rues de Genève provenant des caméras officielles de la Ville. Créés en 2016, les SINPI sont destinés aux patients nécessitant une surveillance soutenue avant et après une intervention. Cette prise en charge de un à plusieurs jours stabilise l’état de santé des patients en offrant un suivi et un confort optimaux. Quelque 1’400 personnes transitent chaque année par cette unité.
de Children Action, une fondation à buts philanthropiques, apporte en effet un financement généreux au programme hypnose lancé en 2017 aux HUG. Grâce à ce soutien, les professionnels de santé en pédiatrie disposeront des compétences nécessaires pour appliquer les principes de la communication thérapeutique et de l’hypnose médicale. L’objectif est d’améliorer la prise en charge de la douleur, du stress et de l’anxiété induits par la maladie et les soins.
44
dizaine de petits patients hospitalisés aux HUG ont peint une combinaison, en présence notamment du cosmonaute russe Fyodor Yurchikhin. Chaque enfant recevra le CD d’une vidéo montrant l’astronaute habillé avec ce costume en mission en novembre dans la station orbitale. Une dizaine de pays participent à cette édition, dont les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, la Russie et le Japon. Cet événement est organisé par Space for Art Foundation, Unity Public Movement et The Red Pencil.
Crédits : Julien Gregorio, Louis Brisset, Julien Gregorio, Vectorstate, Jean-Yves Lacôte
Par André Koller
Octobre - Décembre 2018
B r è v e s
En juin, les soins intermédiaires péri-interventionnels (SINPI) ont inauguré des nouveaux locaux ultramodernes de 200 m2 hébergeant sept lits et quatre box d’isolement. Cette salle a été conçue pour optimiser le rétablissement en portant une attention particulière aux rythmes circadiens.
Children Action soutient l’hypnose en pédiatrie
La tête dans les étoiles
Brèves
Elan de solidarité
280
Le nombre de donneurs qui ont répondu en août à l’appel du Centre de transfusion sanguine (CTS), suite à une pénurie de plaquettes sanguines.
Alzheimer vu par des artistes Les textes, dessins et photographies de plus de 60 artistes, réunis dans l’ouvrage De mémoire en oubli, sont tous animés par le même désir : témoigner de l’importance de se mobiliser pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Signés par des auteurs reconnus comme Eric-Emmanuel Schmitt, Amélie Nothomb ou encore
3
7
Le délai (en jours) de conservation des plaquettes sanguines. En raison de cette durée très réduite, il est impossible de constituer des stocks importants.
Tendresse et humour ornent les murs et les plafonds de l’Unité des soins intensifs de pédiatrie. Inaugurée en juin, une fresque déploie une ribambelle d’animaux joyeux et bariolés pour distraire et amuser les enfants hospitalisés… et leurs parents. Réalisée par la fondation à but caritatif
Octobre - Décembre 2018
Le (petit) nombre de jours qu’il a fallu aux 280 donneurs pour se mobiliser. Dès le lendemain de l’appel, le stock de concentrés plaquettaires a été reconstitué et toutes les plages de rendez-vous au CTS pour le mois d’août remplies.
Paint a Smile anime des murs en pédiatrie
Metin Arditi, ils ont pour thèmes la mémoire, l’oubli, le souvenir et l’espérance. Ces récits font remonter du vécu et beaucoup de souffrance. Ils décrivent le calvaire des proches qui perdent leurs repères, ne comprennent plus le monde et réalisent que tout s’efface dans leur tête. Ce recueil est publié par l’Association suisse pour la recherche sur l’Alzheimer. Les bénéfices sont intégralement reversés à la recherche. Informations : www.recherchealzheimer.ch
45
Paint a Smile, cette œuvre n’a qu’un objectif : rendre ces lieux plus familiers en dédramatisant l’univers médicalisé. Comme les jeunes patients sont la plupart du temps allongés, la décoration des six chambres se déploie principalement sur les plafonds en intégrant les particularités architecturales des pièces : éclairage et ventilation, détecteurs de fumée, tringles à rideau ou encore matériel médical. Les surfaces ne pouvant être peintes sont décorées au moyen d’adhésifs.
04 au 07/10 Evénement Palexpo Genève 10h-19h (je-sa) 10h-18h (di) Rte François-Peyrot 30 1218 Grand-Saconnex
Par Giuseppe Costa
Octobre - Décembre 2018
A g e n d a
Salon Planète Santé live
Dans le cadre du 3e Salon suisse de la santé, découvrez sur le stand des HUG et de l’UNIGE les mystères des microbiotes ou baladez-vous dans la chambre du futur. L’occasion aussi d’écouter des conférences grand public. Au programme notamment : Jeudi 4 octobre Mon enfant a-t-il besoin d’un psy ?, table ronde HUG/UNIGE (13h-14h) Gare aux interactions médicamenteuses !, par le Pr Jules Desmeules (17h-18h) Endométriose : quand y penser ? Que faire ?, par le Dr Jean-Marie Wenger (17h-18h)
Vendredi 5 octobre Docteur, j’ai tout le temps mal, par la Dre Valérie Piguet (15h-16h)
09/10
Samedi 6 octobre Résistances aux antibiotiques : que pouvons-nous faire ?, par les Prs Stephan Harbarth et Didier Pittet (11h-12h)
Film d’animation
Cancer : quel dépistage, à quel âge ?, par le Pr Idris Gessous (17h-18h) Dimanche 7 octobre Intelligence artificielle et santé, par le Pr Antoine Geissbhuler (14h-15h)
Animatou A 14h Espace Abraham Joly Ch. Petit-Bel-Air 2
Animatou, festival international du film d’animation né de passionnés du dessin animé indépendant, présente pour la 5e année des projections aux HUG. Un concours public décernera le prix Belle-Idée.
Programme sujet à modification. Version complète sur www.planetesante.ch/salon
05 au 15/10 10 jours du cancer de l’ovaire Aidons les femmes à reconnaître les symptômes Mardi 9 De 11h30 à 13h30 Stands d’information dans le hall d’entrée de la Maternité. Bd de la Cluse 30.
Mercredi 10 De 11h30 à 13h30 Stands d’information dans le hall d’entrée de l’Hôpital. Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4.
Lundi 15 De 12h à 14h Conférence-brunch : La phytothérapie comme traitement complémentaire du cancer : est-ce sans danger ?, par la Pre Muriel Cuendet. Lieu : Ligue genevoise contre le cancer, rue Leschot 11.
46
13 et 14/10 Théâtre « Accords et à cœur ! » Samedi 13 octobre A 14h15 Espace Abraham Joly Ch. Petit Bel-Air 2
Chansons d’humour et accordéon par la Compagnie Mine de Rien. Un spectacle tendre et drôle interprété par un duo musical burlesque qui envoie aux oubliettes les idées reçues. « Le chœur de femmes – Mères et filles » Dimanche 14 octobre A 14h30 Hôpital Beau-Séjour (cafétéria) Av. Beau-Séjour 26
Un poème choral sur des mères et des filles, interprété par le Théâtre Spirale et mis en scène par Michele Milner.
Crédits : DR
OCT.
Pulsations
Agenda
Diabète Dépistage et conférence publique Salle Franck-Martin Rue de la Vallée 3
De 17h à 20h Dépistage et stands Dans le cadre de la Journée genevoise du diabète, participez à un test de dépistage gratuit. Résultats en quelques minutes grâce au nouveau test d’hémoglobine glyquée. De 17h45 à 19h30 Conférences publiques
NOV. 15/11 BPCO Journée mondiale De 10h à 19h30 Hall d’entrée bâtiment Stern et Auditoire Jenny Rue Gabrielle Perret Gentil 4
15 et 27/12 Musique
pulsations
TV
Chaque mois, Pulsations TV consacre une émission à un aspect particulier de la médecine aux HUG.
OCTOBRE Le corps humain héberge des milliards de bactéries qui influencent notre état de santé. Plongée dans nos microbiotes.
NOVEMBRE Derrière la douleur, terme générique aux multiples facettes, se cachent des réalités différentes. L’émission s’intéresse plus particulièrement aux douleurs chroniques et rebelles.
DÉCEMBRE
Concerts de fin d’année Samedi 15 décembre A 16h Espace Abraham Joly Ch. Petit Bel-Air 2 Jeudi 27 décembre A 14h30 Hôpital Beau-Séjour (cafétéria) Av. Beau-Séjour 26
Le Sova Gospel Choir, chorale multiculturelle, interprète un répertoire divers et varié : gospel traditionnel, contemporain, sud-africain, ainsi que des standards revisités et arrangés.
47
L’anosmie se traduit par une perte totale de l’odorat. Le point sur ce handicap du système olfactif. Pulsations TV est diffusée en permanence sur YouTube et DailyMotion.
www.youtube.com/ user/kioskvideohug
Octobre - Décembre 2018
A 18h, Comment manger pour prévenir le diabète ?, par le Pr Jacques Philippe, HUG. A 18h30, Le traitement du diabète par la chirurgie : est-ce possible ?, par le Pr Philippe Morel, HUG. A 19h, Traitement du diabète : médical ou chirurgical ?, débat avec la Dre Alessandra Spada, Clinique de Carouge.
A l’occasion de la journée mondiale contre la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), le Service de pneumologie des HUG, en collaboration avec la Ligue pulmonaire genevoise, propose d’en savoir plus sur cette maladie, de réaliser un dépistage ou d’entrer dans un poumon géant didactique. A 18h, « Comment l’industrie du tabac influence la prévention, la publicité, l’opinion », table ronde animée par Esther Mamarbachi, journaliste RTS.
DÉC.
18/10
Pulsations
Pour en savoir plus sur… Les douleurs chroniques
En collaboration avec les spécialistes en info santé de la Bibliothèque du CMU
L i v r e s
&
Octobre - Décembre 2018
W e b
J’ai envie de comprendre… Les douleurs chroniques et rebelles Suzy Soumaille, Valérie Piguet Planète Santé, 2018 J’ai envie de comprendre Ce livre fournit des clés de compréhension sur ces douleurs complexes, utiles également pour les proches aidants.
La douleur ne me lâche pas : comprendre la douleur chronique pour s’en détacher Jacques Grisart et Anne Berquin Mardaga, 2017 Santé en soi Une personne sur quatre fait face, à un moment ou un autre de sa vie, à une douleur persistante.
Le Réseau douleur des HUG
Ce programme de soins a pour but l’amélioration de la prise en charge de la douleur, via la formation des soignants, l’information des patients et la création d’outils d’aide à la décision. www.hug-ge.ch/reseau-douleur
L’Atelier@ntalgiques des HUG
Un blog pour partager et développer l’information sur les antalgiques, soit les médicaments contre la douleur. CONTACT Bibliothèque de l’Université de Genève Centre médical universitaire Avenue de Champel 9 1206 Genève Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu-cds@unige.ch 022 379 51 00 www.unige.ch/biblio/sante
La prévention cœur vaisseaux et cerveau AVC : en réchapper et y échapper ? Marie-Germaine Bousser Le muscadier, 2016 Choc santé Cet ouvrage s’appuie sur les connaissances les plus récentes sur la façon d’appréhender l’AVC afin d’adopter les attitudes les plus adaptées pour le prévenir ou en limiter l’impact lors de sa survenue.
La BPCO La BPCO : 100 questionsréponses sur la bronchopneumopathie chronique obstructive Yves Pachéco, Nathalie Freymond, Patrick Léger Ellipses, 2017 100 questions-réponses Zoom sur une maladie complexe, causée principalement par le tabac, souvent mal dépistée, mal comprise et mal prise en charge.
Ligue pulmonaire suisse
La Ligue pulmonaire conseille et prend en charge les personnes souffrant de maladies pulmonaires et d’insuffisance respiratoire. www.liguepulmonaire.ch
Le stress Déstresse Gilles Diederichs, Jacques Azam De la Martinière jeunesse, 2017 Plus d’oxygène A partir de 13 ans Les auteurs expliquent aux adolescents les symptômes et les raisons du stress, et proposent quelques solutions : exercices de relaxation, de méditation, recettes diététiques et autres conseils d’hygiène de vie pour faire face à toutes les formes de l’anxiété.
48
La thyroïde La thyroïde nous en fait voir de toutes les couleurs : hypothyroïdie, hyperthyroïdie, nodules Valérie Foussier J. Lyon, 2017 2e éd. augm. Cet ouvrage propose un panorama des symptômes, de la physiologie, des traitements et des origines des maladies thyroïdiennes.
Et si c’était la thyroïde ? Tout comprendre en 100 questions Alain Scheimann In press, 2017 Questions de patients L’auteur présente l’importance de cette glande pour le bienêtre, décrit les manifestations des troubles de son fonctionnement et leurs conséquences, et propose des conseils personnalisés.
Le cancer de la prostate L’ablation : récit Tahar Ben Jelloun Gallimard, 2014 Tahar Ben Jelloun raconte l’histoire d’un ami qui subit l’ablation de la prostate. Il le suit dans ses visites à l’hôpital, ses rendez-vous avec l’urologue, choisissant de ne rien occulter de la réalité de sa douleur physique et psychologique, afin qu’au-delà de la détresse, cette expérience parle à ceux qui vivent la même épreuve ainsi qu’à leur entourage.
PROSCA
Association de soutien aux personnes touchées par le cancer de la prostate. www.prosca.net Hotline : 022 322 13 33
Ligue contre le cancer
Informations sur le cancer de la prostate.
www.liguecancer.ch/a-proposdu-cancer/les-differents-typesde-cancer/le-cancer-de-la-prostate/
CHOISIR DE S’EN SORTIR. Déprime, angoisses, détresse, idées suicidaires : MALATAVIE • LIGNE ADOS 022 / 372 42 42 24h / 24 et 7j / 7
GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS
AU G M E N T E R LE BI EN - Ê T R E D U PAT I E N T Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.
AMÉLIORER LA QUA L I T É DES SOINS Infokids Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.
FAVO R I S E R L A R E C H E RC H E MÉ DI C A L E Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.
L’EXCELLENCE MÉDICALE POUR VOUS, GRÂCE À VOUS.
Pour faire un don : www.fondationhug.org IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0 T +41 22 372 56 20 Email : fondation.hug@hcuge.ch