Pulsations octobre-décembre 2017

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Pulsations

Parents

Les urgences pédiatriques 2.0

DOSSIER Virus

La grippe saisonnière

Maternité

Respecter le désir des femmes


Editeur Bertrand Levrat Hôpitaux universitaires de Genève Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 CH-1211 Genève 14 www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine Planète Santé / Médecine et Hygiène Ch. de la Mousse 46 – CP 475 CH-1225 Chêne-Bourg www.planetesante.ch Responsable de publication Sylvia de Meyer Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Elodie Lavigne, Laetitia Grimaldi Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Couverture Genevieve Caron, Science Photo Library Ont contribué à ce numéro Michael Balavoine, Patricia Bernheim, Aurélia Brégnac, Giuseppe Costa, André Koller, Elodie Lavigne, Aude Raimondi Publicité Publicitas SA Rue Etraz 4 – CP 7114 CH-1002 Lausanne www.publicitas.ch/magazines Abonnements Version électronique : gratuit www.hug-ge-ch/pulsations Version papier : gratuit Tél. 022 702 93 11 www.hug-ge.ch/abonnement-pulsations Fiche technique Tirage : 41’600 exemplaires 4 fois par an Référence 441696 La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source.

Journée portes ouvertes samedi 14 octobre de 9h30 à 17h Bachet-de-Pesay

tpg.ch


Pulsations Octobre - Décembre 2017

Sommaire 14 Vrai / Faux Idées reçues sur la migraine

Actualité 04 Les urgences pédiatriques 2.0

32 L’invité Tim Brockmann

24 Le portrait Gilbert Zulian, soulager la douleur et insuffler l’espoir

06 L’activité physique contre le cancer

35 Mieux-vivre Les thérapies contre l’angoisse

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38 L’organe Dans les antres du nez 40 Témoignage Paolo, une vie avec le VIH

40 35

Crédits : Mark Henley, istockphoto, SPL/Barcroft Media, Nicolas Schopfer

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10 Une app’ pour les accros au jeu 12 Rencontre Dre Sophie Durieux :

« Ce sont de grands résilients »

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26 L’infographie La grippe saisonnière

DOSSIER MATERNITÉ

Respecter le désir des femmes

28 Reportage La Clinique de CransMontana

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42 Junior Démasquer le harcèlement 44 Brèves Agenda 48 Innovation Médicaments testés sur des clones virtuels


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Pulsations

La Maternité à l’écoute de toutes les femmes

toute femme enceinte jusqu’à l’accouchement et durant la période du post-partum dans un maximum de sécurité et de confort.

Octobre - Décembre 2017

E d i t o r i a l

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Photo Julien Gregorio

En clair, cela signifie accompagner les grossesses sans problème – la grande majorité des cas – mais aussi Bienvenue sur terre ! celles à risque pour L’an dernier, plus de lesquelles la Maternité 4’100 bébés ont vu le est centre de réféjour dans la plus grande rence. Citons par maternité de Suisse. exemple les comCe sont presqu’autant plications fœtales de femmes, naissances et les facteurs tels multiples obligent, qui que l’hypertension, ont bénéficié d’un suivi le surpoids ou le personnalisé tenant diabète. Sans oublier compte de leurs choix les vulnérabilités et de leurs valeurs. psychosociales Une approche humaine qui requièrent une Suzy Soumaille conjuguée à une exiattention particulière. Rédactrice en chef gence scientifique qui Certaines gestations garantit des soins de se déroulent dans haute qualité. A découvrir dans un contexte difficile : isolement, notre dossier. rupture affective, migration, clandestinité, violence, toxicodépendance, Les HUG s’engagent chaque jour etc. Face à ces situations complexes, dans un travail d’équipe entre sagesle défi est d’assurer un accès aux soins femmes, obstétriciens, néonatologues et une prise en charge obstétricale et anesthésistes, dans un souci consadaptée aux besoins spécifiques tant d’humanisme. La seule maternité de chaque patiente. Pour que la publique du canton remplit en effet naissance reste un heureux événela plus belle des missions : accueillir ment pour toutes. 


Pulsations

InfoKids Les urgences pédiatriques se dotent d’une nouvelle application. Didactique et interactive, InfoKids informe et accompagne les jeunes patients et leurs parents avant, pendant et après la consultation. Par Aude Raimondi

Octobre - Décembre 2017

A c t u a l i t é

Les urgences

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ttendre aux urgences sans savoir quand son enfant va pouvoir être vu par un médecin, c’est désormais un vieux souvenir. La toute nouvelle application mobile InfoKids est en mesure d’annoncer l’arrivée de son enfant aux urgences et d’être informé en tout temps de sa place dans la file d’attente. Née d’une collaboration entre le personnel soignant du InfoKids service d’accueil et d’urA télécharger gence pédiatrique (SAUP) sur iTunes et l’équipe du service des sciences de l’information médicale (SIMED) des HUG, cette application gratuite a pour objectif sur Google Play d’informer au mieux les parents à chaque étape du processus d’urgence. « Nous espérons ainsi pouvoir améliorer la prise

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en charge globale, résume Frederic Ehrler, chef de projet au SIMED. InfoKids est une application innovante capable à la fois d’indiquer l’affluence actuelle aux urgences et de donner des renseignements sur les symptômes du patient et sur le diagnostic. » Les bons réflexes à domicile

La force de l’application réside dans son aspect transversal. A domicile, il suffit de sélectionner parmi une liste les symptômes que présente son enfant pour parvenir en quelques clics à des conseils person­ nalisés (par exemple, appliquer une pommade ou donner un médicament) et à une orientation vers la meilleure structure de soins. Quand les symptômes nécessitent une prise en charge aux urgences, un plan avec géolocalisation indique le chemin le plus court pour se rendre à l’hôpital. Il est alors possible d’annoncer son arrivée, afin que le personnel médical puisse anticiper au mieux le flux de patients. Attente et suivi personnalisés

Une fois à l’hôpital, l’application indique en tout temps la place de l’enfant dans la file d’attente. « Dans certains cas, quand le patient a déjà été accueilli aux urgences par l’infirmière de tri, l’application permet de quitter temporairement l’hôpital puis, après réception d’un SMS, de revenir pour la consultation. Ainsi, même absent, l’enfant reste virtuellement dans la file d’attente », souligne le Dr Johan Siebert, médecin­chef de clinique aux urgences pédiatriques.


Actualité

pédiatriques 2.0

« Un double regard »

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1 Page d'accueil

de l’application 2 Choix des symptômes de l’enfant 3 Aperçu de la place de l’enfant dans la file d'attente

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« Mon enfant est malade » Les fiches informatives disponibles sur l’application sont réalisées en collaboration avec le site internet www.monenfantestmalade.ch Retrouvez-les également dans le livre Allô Docteur, mon enfant est malade ! d’Alain Gervaix et Annick Galetto, publié aux éditions Planète Santé (2015).

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Lorsque la consultation est terminée, le diagnostic et quelques conseils sont directement envoyés aux parents sur l’application. Un outil précieux pour continuer d’informer et améliorer le suivi de leur enfant. A l’avenir, l’application InfoKids pourrait d’ailleurs être traduite en plusieurs langues et adaptée à d’autres hôpitaux suisses. 

Coralie, infirmière et maman de deux jeunes enfants, a utilisé InfoKids à deux reprises avant de se rendre aux urgences. Elle avait installé l’application au préalable sur son téléphone portable. Elle a pu s’en servir pour se renseigner et pour annoncer l’arrivée de ses enfants à l’hôpital. « La première fois, c’était pour ma fille qui présentait des problèmes respiratoires, explique Coralie. Elle a été très bien accueillie aux urgences et vite prise en charge. C’était rassurant de voir que nous étions attendues par le personnel soignant. » Quelques jours plus tard, son fils se brûle et Coralie est à nouveau contrainte de se rendre aux urgences. « L’application m’a permis d’avoir un double regard sur la situation, constate-t-elle. Elle est intuitive, facile d’utilisation et très utile pour savoir où consulter et dans quels délais. C’est à mon avis un très bon outil pour les parents. »


Pulsations

Par Patricia Bernheim Photos Nicolas Righetti | lundi13

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A c t u a l i t é

Bouger malgré Le mouvement est un moyen de lutte efficace contre les symptômes provoqués par les cancers et les effets secondaires des traitements. L’encourager, tel est l’objectif du programme Activité physique et cancer.

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es traitements contre le cancer peuvent avoir des effets indésirables importants, entraînant un déconditionnement physique qui peut affecter considérablement la qualité de vie des patients. Longtemps méconnus, les bénéfices d’une activité physique régulière, pendant et après les traitements médicaux, sont maintenant démontrés. Aux HUG, quatre médecins, deux diété­ ticiennes, deux infirmières et quatre physiothérapeutes issus de différents départements se sont unis pour mettre sur pied le programme Activité physique et cancer. Depuis janvier 2017, les patients adultes suivis en ambulatoire en oncologie peuvent l’intégrer, à raison de deux fois par semaine pendant trois mois, sous la supervision d’une équipe de physio­ thérapeutes. L’objectif est de découvrir ou redécouvrir les bienfaits du mouvement de façon encadrée et adaptée aux besoins et aux envies de chacun. « Nous sommes conscients de la fragilité des patients. Il n’est pas question ici de faire du sport, 6

mais de bouger dans le cadre d’un programme individualisé, ce qui est unique », souligne le Dr Alexandre Bodmer, responsable de l’unité d’oncogynécologie médicale. Le programme comporte des activités à l’intérieur et à l’extérieur. Il ne nécessite ni grands espaces ni matériel, à l’exception de « steps », bâtons de marche ou ballons par exemple, qui permettent aux patients de reproduire les exercices chez eux.


Actualité

le cancer Le programme en trois questions 1

Quand peut-on commencer ? Une nouvelle session démarre toutes les semaines. Il est donc possible d’intégrer un groupe à n’importe quel moment.

Comment le programme se déroule-t-il ?

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Prendre soin de soi Les participants au programme se retrouvent deux fois par semaine pendant trois mois pour bouger ensemble.

Le programme peut être intégré à tous les stades de la maladie, mais il est préférable de le faire dès que possible pour éviter le déconditionnement. « Après l’annonce du diagnostic, le patient a tendance à se concentrer sur le traitement, quitte à oublier de prendre soin de lui­même. Il y a donc des risques qu’il se retrouve dans des conditions physiques et psychiques moins bonnes pour 7

La première et la dernière séance sont consacrées à l’établissement d’un bilan de la condition physique réalisé par un physiothérapeute, basé sur des tests effectués au début et à la fin du programme. En plus des 24 séances collectives, les patients se voient aussi proposer trois tables rondes (diététique, physiothérapie et médicale) au cours desquelles ils sont invités à discuter et à échanger à propos de leur expérience. Ces moments de partage sont l’occasion de renforcer ou d’améliorer la compréhension des patients sur ces différents thèmes. C’est une caractéristique unique du programme et un moment apprécié des patients et des soignants. 3

Combien ça coûte ?

Le programme est pris en charge par l’assurance de base obligatoire (LAMal).

Octobre - Décembre 2017

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Actualité

les traitements, ce qui est évidemment non souhaitable, voire contre­productif », précise le Dr Thibaud Kössler, chef de clinique en oncologie. Plusieurs études scientifiques ont montré que la pratique d’une activité physique présente de nombreux avantages. Pour les patients oncologiques, elle évite la perte de la masse musculaire et agit sur la fatigue et sur certaines douleurs, ce qui préserve l’autonomie. « L’activité physique diminue les effets secondaires liés aux traitements, comme les nausées. Elle est particulièrement efficace en cas de thérapies hormonales utilisées dans le cancer du sein et de la prostate », souligne le Dr Kössler. Comme tout est lié, bouger a aussi un impact psychologique, notamment sur l’anxiété, la dépression ou les troubles sexuels.

Le patient entre alors dans un cercle vertueux qui est bénéfique pour la confiance en soi. Premier bilan

Un projet d’avenir

C’est grâce à la Fondation privée des HUG, qui la finance entièrement, que l’offre Activité physique et cancer a pu voir le jour. « C’est la première pierre vers un programme intégratif * en oncologie. Il vient de s’ouvrir aux patients ambulatoires du service d’hématologie et nous espérons le voir continuer à s’étendre. La prochaine étape sera de mettre en place une prise en charge intégrative, multidisciplinaire, personnalisée et interactive pour tous les patients oncologiques, à l’image de ce qui se développe dans les grands centres anticancéreux », concluent les Drs Bodmer et Kössler. 

« J’ai récupéré mon corps » ISABELLE, la cinquantaine

Isabelle a suivi le programme de bout en bout et y a pris énormément de plaisir. « Ça a été une bouffée d’air ! Lorsque j’ai commencé, j’étais très fatiguée. Au fil des séances, j’ai petit à petit récupéré mon corps, je l’ai remusclé. J’ai aussi retrouvé l’appétit et un moral d’acier. Avec l’activité physique, on se sent vivant et c’est génial ».

* Tout ce qui ne concerne pas les médicaments, comme la psychologie, la nutrition, les médecines complémentaires.

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Entre janvier et juillet 2017, 63 patients ont été pris en charge, dont 18 ont dû arrêter en raison de fatigue, de progression de la maladie ou pour des questions d’organisation. Il est trop tôt pour tirer un bilan chiffré pour les 45 patients ayant accompli les trois mois, mais pas pour mesurer leur engouement. « Tous sont ravis et regrettent que le programme soit si court. Il y a par ailleurs une liste d’attente », souligne le Dr Bodmer. Les premiers constats sont en effet très positifs. « La force musculaire et la forme physique globale progressent quel que soit le stade de la maladie. On observe aussi une stabilisation de la perte de poids liée à la fonte musculaire, une diminution de la fatigue relative aux traitements et des douleurs, une amélioration de la fonction motrice et des troubles du sommeil, de l’image corporelle, de l’estime de soi et du fonctionnement cognitif. Tout cela contribue à améliorer globalement la qualité de vie », relève le spécialiste. Il souligne également « un effet de groupe extraordinaire. Ce sont six patients, hommes et femmes, atteints de cancers différents et à des stades divers de leur maladie. Il y a une réelle émulation entre eux et beaucoup d’entraide. C’est très motivant, pour les participants comme pour les physiothérapeutes qui les accompagnent ».


Pulsations

J

ouer de l’argent, perdre le contrôle… et c’est l’engrenage. Une nouvelle application baptisée « Jeu­contrôle », élaborée en partenariat entre le service d’addictologie des HUG et le Groupement romand d’études des addictions (GREA) avec le soutien du Programme intercantonal contre la dépendance au jeu, vient en aide aux personnes concernées par ce problème. « Cet outil de self­help (auto­aide, ndlr) Jeu-contrôle est adapté des thérapies A télécharger cognitivo­comportemensur iTunes tales. Il vise à gérer le temps passé à jouer et l’argent investi », explique la Dre Sophia Achab, responsable de la consultation ReConsur Google Play necte des HUG (lire encadré). L’application s’adresse également à un public qui n’est pas demandeur de

soins, soit par honte, soit par méconnaissance des dispositifs de soins spécialisés. Renforcement positif

L’application a pour vocation d’accompagner les joueurs qui ne seraient pas dans une optique d’abstinence, mais plutôt de jeu contrôlé. La personne qui utilise l’« app » sur son smartphone ou sur son ordinateur * fixe elle­même ses objectifs en termes de temps et d’argent pour chaque session de jeu. Elle introduit les données concernant les pertes et les gains, qui sont enregistrées, et est aussi invitée à coter son humeur. Elle peut ensuite visualiser des feedbacks graphiques de son humeur, des objectifs visés et des écarts par rapport aux limites qu’elle s’est préalablement fixées. Elle peut aussi consulter ses statistiques sur un jour, une semaine, un mois, trois mois ou un an, ce qui permet de rendre concrète l’évolution de son activité de jeu. Le temps passé à jouer et les dépenses totales sont automati­ quement calculés pour la période sélectionnée. « Ce feedback évolutif pourrait offrir un renforcement positif, améliorer le sentiment d’efficacité personnelle des joueurs, et avoir un effet bénéfique sur le changement de comportement par le soutien à la motivation à poursuivre les efforts de contrôle », souligne la Dre Achab. L’application peut être utilisée seule ou en complément de consultations avec un thérapeute. Depuis son lancement, plus de 200 personnes ont créé un profil sur Jeu­contrôle. Des études à venir devraient évaluer l’acceptabilité et l’efficacité de cette approche en ligne.  * www.jeu-controle.ch

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Crédit : PILDJ – programme intercantonal de lutte contre la dépendance au jeu

Développée dans le cadre de la prise en charge des addictions comportementales, Jeu-contrôle est une application gratuite destinée aux personnes ayant un usage problématique des jeux d’argent et de hasard. Par Patricia Bernheim

Octobre - Décembre 2017

A c t u a l i t é

A vous de jouer!


Actualité

V r a i / F a u x

NANT devient ReConnecte

ReConnecte Rue du Grand-Pré 70C 1202 Genève Tél. 022 372 57 50 consultation.reconnecte@hcuge.ch

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élevée de réaliser des gains ou de récupérer des pertes de jeu, disposer d’un faible revenu, avoir obtenu des gains importants au début du jeu, avoir une mauvaise estime de soi, une dépression, une difficulté à gérer ses émotions, font partie des facteurs de vulnérabilité, de même que certains traitements contre la maladie de Parkinson.

Les enfants sont à l’abri des addictions comportementales Faux. Il n’est pas rare que

des enfants consultent suite au signalement d’un enseignant qui constate des troubles liés à l’éveil en classe, en lien avec un usage problématique des jeux vidéo notamment.

Une addiction sans produit (alcool, drogue) n’est pas dangereuse. Faux. Toutes les addictions

le sont. Elles peuvent générer une perte de l’estime de soi, une dépression, une diminution des relations sociales importantes, susceptibles de mener jusqu’au suicide.

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Si le programme NANT change de nom à l’occasion de son dixième anniversaire – il s’appelle désormais ReConnecte –, son champ d’action reste le même. Il est dédié aux addictions comportementales qui regroupent la dépendance aux jeux d’argent et de hasard, à la cyberpornographie, aux jeux vidéo, à Internet, aux réseaux sociaux, au travail, au sport et aux achats. Eric, 53 ans, suit une thérapie depuis octobre 2016 pour son addiction aux jeux d’argent. « J’apprends à mieux me connaître et à détecter les facteurs déclenchant mon envie de jouer. Du coup, j’avance, ce qui n’était pas le cas lorsque j’essayais de m’en tirer seul. »

Il existe des profils à risque d’être addicts aux jeux de hasard et d’argent Vrai. Croire en une probabilité


Pulsations

La question des réfugiés est l’enjeu d’un intense débat politique. Responsable du Programme santé migrants depuis plus de 20 ans, la Dre Sophie Durieux livre sa vision, concrète et chargée d’humanité, d’un phénomène qui secoue le monde occidental. Par André Koller Photo Thierry Parel

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R e n c o n t r e

« Ce sont de grands résilients »

Dans son bureau, parmi de nombreux témoignages de reconnaissance, une carte de vœux du Canada attire le regard. Comme chaque année, l’expéditeur est une sage­femme bosniaque. Dans les années 90, à plus de 50 ans, elle avait fui la guerre, la Bosnie et le fardeau trop lourd du viol par le gynécologue avec lequel elle travaillait depuis des années. Le chemin de son exil est passé par Genève. Elle n’a jamais oublié Sophie Durieux. Quel est le rôle du Programme santé migrants (PSM) dans l’accueil des requérants ? Dre Sophie Durieux 5,7% des demandes d’asile déposées en Suisse sont attribuées à Genève. Soit environ 2’300 requérants en 2015 et 1504 en 2016. Nous sommes leur premier vrai contact médical et la porte d’entrée vers le réseau de santé genevois. A leur arrivée, ces migrants bénéficient d’une évaluation infirmière systématique, qui permet de les orienter adéquatement dans le réseau de soins. Si une personne présente une pathologie grave non dépistée, une tuberculose par exemple, elle est envoyée aux urgences. De plus, grâce à cet entretien, les problèmes de santé mentale sont détectés de manière précoce. Pulsations

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Ensuite, sur mandat fédéral, le PSM réalise le rattrapage vaccinal, ainsi que des tests VIH. Mais sur une base volontaire, après un entretien. Ce dernier est d’ailleurs souvent mis à profit pour une mise à jour culturelle. Les migrants y apprennent par exemple qu’en Europe une tenue légère n’est pas synonyme de mœurs légères… Fuyant des conflits ou la misère, ces personnes subissent les violences parfois extrêmes des parcours migratoires. Quels soins leur offrez-vous ? Près de 90% des demandeurs d’asile que nous suivons souffrent d’un trouble psychologique acquis. Souvent une dépression ou un syndrome de stress post­traumatique, dont la symptomatologie induit des flashbacks des traumatismes vécus. Comme un film d’horreur impossible à arrêter. Ceux qui ont été torturés ou ont perdu en mer un enfant, un parent ou leur meilleur ami, nous disent souvent : « Aidez­moi à oublier ». La pilule pour ça n’a pas encore été inventée, mais il existe des techniques pour trouver le bouton o . Ce long apprentissage commence par le simple fait de raconter leur histoire. Les cas les plus graves sont pris en charge par nos collègues psychiatres des HUG, l’unité interdisciplinaire de médecine et de prévention de la violence, ou orientés vers des spécialistes installés. Entendre de telles histoires, jour après jour, ne doit pas être facile pour les collaborateurs du PSM. Comment gérez-vous cette difficulté ? Personnellement, je me dis : ils ont vécu des atrocités dans leur pays, leur parcours migratoire a été une odyssée rocambolesque, parfois absolument terrible, mais ils sont là devant moi, debout. Ce sont de grands résilients ! Cette façon de voir les choses m’aide énormément. J’utilise cette force que je trouve en eux comme un levier d’action thérapeutique. C’est souvent efficace. Du côté des collaborateurs, tous à temps partiel – ce qui allège la tâche –, je cultive un esprit d’équipe fort. A midi, nous mangeons souvent ensemble : médecins, infirmières et secrétaires confondus.


Rencontre

Ces moments informels permettent de mieux se connaître, de développer un esprit de solidarité entre nous, de débriefer des situations complexes et de croiser nos visions. Par ailleurs, nos patients expriment leur reconnaissance de manière manifeste. C’est gratifiant et ça aide à surmonter les moments émotionnellement plus difficiles.

Comment réagissez-vous au discours anti-migrants ambiant ? Chaque fois que je peux, y compris en dehors du travail, je le démonte en apportant ma vision de « terrain » de la réalité migratoire mondiale. A titre personnel, j’estime que l’asile est un droit fondamental, malmené dans de nombreux pays européens. Si, au cours d’une discussion avec des collègues ou d’un dîner entre amis, j’arrive à transmettre cette notion, j’ai le sentiment de faire, très modestement, progresser les droits de l’homme. Et alors je me dis : bon, aujourd’hui je ne me suis pas levée pour rien. 

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Dans le cadre du réseau Santé pour tous, vous avez mis sur pied Ciné-diversité. De quoi s’agit-il ? L’objectif est de mettre en valeur la diversité des patients des HUG à travers la projection d’un film, suivi d’un débat. Ce programme, issu d’un partenariat avec les Cinémas du Grütli, rencontre un certain succès. Avec e , du slameur Grand corps malade, ou mb , qui a raflé sept Césars en 2015, nous avons fait salle comble.


Pulsations

Des céphalées douloureuses et répétitives, freinant toute activité et difficiles à enrayer. La migraine est à l’origine d’une grande souffrance. Que sait-on sur ces maux qui s’entêtent ? Les réponses du Pr Andreas Kleinschmidt, chef du service de neurologie. Par Aurélia Brégnac

Octobre - Décembre 2017

V r a i / F a u x

Migraine : des maux 1 Toutes les céphalées sont des migraines. Faux. Seuls 30% des

céphalées sans cause sous-jacente s’apparentent à une migraine caractérisée. La grande majorité des maux de tête sont en fait des céphalées de tension, mais qui peuvent elles aussi être chroniques et invalidantes.

à tue-tête 14


Vrai / Faux

2 La migraine ne concerne que les femmes. Faux. Les hommes sont aussi victimes

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de migraines. Mais ils sont trois fois moins nombreux que les femmes, dont les symptômes apparaissent surtout à partir de la puberté, puis durant les règles, et s’arrêtent le plus souvent à la ménopause. C’est durant le pic de fertilité que les crises les plus intenses et fréquentes surviennent. La migraine dépend donc en partie de l’âge et de la variation hormonale chez les femmes.

3 Il existe différents types de migraines. Vrai. Dans 80% des cas, il s’agit de

Elle est d’origine génétique. Vrai. On ne connaît pas la cause

exacte de cette pathologie. Quelques gènes ont cependant été identifiés comme étant impliqués, et son caractère héréditaire ne fait aujourd’hui plus aucun doute. Mais d’autres facteurs, comme le stress et l’hygiène de vie (sommeil, alimentation, etc.), restent déterminants dans la manifestation de cette disposition génétique.

6 La migraine est une affection grave. Vrai et faux. La migraine n’est pas

4 Elle n’affecte pas les enfants. Faux. Les plus petits peuvent eux aussi

être concernés par la migraine. Ses manifestations sont en revanche un peu différentes que chez les adultes. A la place des maux de tête, des maux de ventre et des vertiges épisodiques peuvent survenir. Et la cause n’est parfois diagnostiquée qu’à l’âge adulte.

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mortelle. Mais la souffrance et l’impact socio-économique qu’elle génère demeurent largement sous-estimés. Elle est, selon l’OMS, la troisième maladie neurologique la plus invalidante en termes de qualité de vie, mais aussi sur le plan économique en raison de la baisse de productivité et de l’absentéisme. Elle s’associe par ailleurs à un risque élevé d’AVC et d’accidents cardiovasculaires, même si de tels cas restent heureusement minoritaires.

7 Il existe plusieurs traitements pour y remédier. Vrai. Traitement ponctuel de la crise par

des anti-inflammatoires et antinauséeux d’abord, ou prise d’un triptan si l’effet des premiers reste insuffisant. En cas de crises fréquentes, un traitement de fond doit être mis en place avec, là aussi, plusieurs options thérapeutiques. De nouveaux traitements se profilent d’ailleurs à l’horizon. Dans tous les cas, du repos et une bonne hygiène de vie sont toujours préconisés. 

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migraines sans aura : des maux de tête d’une intensité moyenne à sévère, durant entre quatre heures et trois jours, avec des symptômes caractéristiques tels qu’une douleur pulsatile et une incapacité à toute activité physique ou intellectuelle. Pendant la crise, une intolérance au bruit, à la lumière et/ou des nausées peuvent être ressenties. 20% des migraineux vont, quant à eux, expérimenter des auras qui, durant les 30 à 60 minutes précédant les maux de tête, se manifestent par des troubles visuels (étincelles ou taches qui se déplacent dans le champ visuel) ou, plus rarement, des troubles sensitifs (fourmillements), moteurs (faiblesse) ou de la parole qui peuvent imiter un AVC par leur localisation sur un seul côté.


Par Giuseppe Costa, André Koller, Élodie Lavigne Photos Guillaume Perret | lundi13

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D o s s i e r

Pulsations

Les nouveaux défis de la Maternité De l’accompagnement avec des sages-femmes pour celles qui connaissent une grossesse sans problème aux multiples consultations spécialisées pour celles qui rencontrent des complications, la Maternité répond aux besoins de toutes les femmes en matière de suivi et d’accouchement.

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1 La nouvelle Maternité

2 Plus de 4000

accueille ses premières patientes depuis début septembre.

bébés voient le jour chaque année à la Maternité.


Dossier

E

n un peu plus de vingt ans, la Maternité des HUG s’est considérablement transformée. Fin août, une nouvelle étape a été franchie avec l’achèvement du bâtiment de l’aile ouest. « Nous avons enfin tout le plateau technique et de soins », se félicite le Pr Olivier Irion, médecin­chef du service d’obstétrique sortant. « Une infrastructure de pointe, orientée sur la sécurité et le confort des mères et des bébés, qui répond aux attentes de la population. Les chambres sont spacieuses avec un confort équivalent aux cliniques privées », poursuit la Pre Begoña Martinez de Tejada, qui lui succède à la tête de ce service.

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Respecter le désir des femmes Avec plus de 4’000 naissances par année, la Maternité est la plus grande de Suisse, mais aussi la seule publique du canton. Ses défis sont donc nombreux. D’abord celui d’accueillir toutes les femmes. Celles qui vivent une grossesse où tout se déroule bien, comme celles dont la grossesse est à risque (40%). « Notre but est de respecter la physiologie, mais sans naïveté : lorsque cela est nécessaire, nous intervenons. C’est pourquoi, nous avons mis sur pied plusieurs unités afin de reconnaître les pathologies, prévenir les complications et, au besoin, les traiter. Nous prenons en charge chaque patiente avec son parcours, ses difficultés, ses particularités », note le Pr Irion. 17

ni té at er

Julien Gregorio/Phovea

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de cours de préparation à la naissance sont proposés.

L’accompagnement global Depuis 2011, la Maternité propose l’accompagnement global, qui consiste en un suivi de grossesse par une équipe de huit sages-femmes. Au moment de la consultation prénatale, la patiente se voit attribuer une sage-femme référente qui la suit en principe jusqu’à la fin de la grossesse, mais aussi lors de l’accouchement et jusqu’au retour à domicile. En son absence, une autre sage-femme de l’équipe prend le relais. En cas de problème médical, les futures mères sont redirigées vers un suivi classique et mixte. « Le lien de confiance qui se crée avec la patiente permet de réduire l’anxiété liée à la maternité. Le but d’un accompagnement personnalisé est aussi de valoriser les futurs parents dans leur rôle et de pouvoir établir un projet de naissance », explique Jacqueline Delieutraz-Marchand, sagefemme responsable des soins à la Maternité. EL

Octobre - Décembre 2017

Plus de confort, mais aussi une plus grande capacité d’accueil, notamment pour les salles d’accouchement, « dans un environnement convivial, mais avec toute la sécurité de l’obstétrique moderne », remarque le Pr Irion. « Nous pourrons mieux gérer le flux des patientes. Et garantir une surveillance de la mère et de l’enfant durant deux heures au moins en salle d’accouchement et débuter le “ peau à peau ” et l’allaitement. Ce contact est très important pour créer les premiers liens d’attachement », relève la Pre Martinez de Tejada. De plus, la Maternité comptera fin 2018 une unité « mère­ enfant » où les mamans pourront garder auprès d’elles leur bébé nécessitant une surveillance accrue. « Nous offrons ainsi une médecine de pointe dans un environnement humain », résume le Pr Irion.

3 Une variété


Pulsations

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D o s s i e r

« Etre à l’écoute et respecter le désir des femmes, tout en faisant attention à la qualité et à la sécurité », ajoute la Pre Martinez de Tejada. Avec un mot d’ordre unique : pas de médecine à deux vitesses. « Cette philophilo sophie de soins s’applique aussi bien aux personnes accouchant en division privée qu’à celles en situation psychosociale difficile », insistent les deux obstétriciens. Les HUG sont aussi le centre de référence de la région pour les grossesses à risque. Pour y faire face, rien ne vaut l’addition des compétences : les cas sont discutés de manière approfondie lors de colloques interdisciplinaires. Ces derniers sont composés au minimum d’un obstétricien, d’une sage­femme, femme, d’un anesthésiste, d’un néonatologue et d’une interniste. « Ces réunions constituent une des améliorations majeures de ces dernières années, car elles diminuent les risques de complication pour les patientes », souligne la Pre Martinez de Tejada, également responsable de l’unité d’obstétrique à haut risque. La proportion de femmes de plus de 40 ans enceintes, celles souffrant de plusieurs problèmes ou encore d’obésité est en constante augmentation. Comment les aider ? « En continuant de former les médecins de façon poussée à l’obstétrique complexe et de réaliser des études cliniques qui nous dictent les bons choix », répond la Pre Martinez de Tejada. « Nous intervenons davantage qu’il y a 20 ou 30 ans, mais nous avons beaucoup diminué les handicaps pour le nouveau­né et les séquelles pour la mère », rappelle le Pr Irion.

4

18

4 La Pre Begoña

5 Le Pr Olivier

Martinez de Tejada succède au Pr Olivier Irion à la tête du service d’obstétrique.

Irion a, durant toute sa carrière, défendu une médecine humaine et humaniste.

Néonatologie : un service de pointe Si nécessaire, à la naissance, l’enfant reçoit des soins et une surveillance rapprochée au service de néonatologie et des soins intensifs pédiatriques. Quelque 500 nouveau­nés y sont hospitalisés chaque année avec des équipes polyvalentes se relayant 24h/24. « C’est un atout indéniable de disposer d’un tel service dans le même bâtiment : le transfert, pour un bébé fragile d’à peine un kilo, est le moment le plus dangereux », explique­t­elle. Mais heureusement, tout se passe bien dans la grande majorité des cas : 95% des grossesses se déroulent en effet sans complications.  GC


5

« Médicaliser avec intelligence »

M at er ni té

Julien Gregorio/Phovea

Dossier

Le Pr Olivier Irion a marqué la Maternité de son empreinte à la fois humaine et humaniste. « On doit vraiment se préoccuper des femmes et de leurs souhaits. Un bon médecin n’est pas juste un technicien, mais quelqu’un en quête de sens », affirme le responsable du service d’obstétrique. Trois questions à l’heure de son départ à la retraite. Quelles ont été les grandes évolutions de l’obstétrique ces dernières décennies ? Pr Olivier Irion Lorsque j’ai commencé, la médecine fœtale en était à ses balbutiements. Depuis, il y a eu un développement extraordinaire de l’échographie qui nous donne des images du fœtus de très haute qualité. Nous avons appris à mieux les interpréter. Le métier a aussi évolué : aujourd’hui, on est davantage dans la prise de conscience des risques liés à la grossesse. Pulsations

Pour aller plus loin J’ai envie de comprendre… Ma grossesse, d’Olivier Irion et Élodie Lavigne, Ed. Planète santé, 2016.

Quelle Maternité laissez-vous ? La première de Suisse. A trois titres : historiquement, elle a été inaugurée en 1907 ; en dimension, avec plus de 4000 naissances par an ; et, j’espère, la première en termes de qualité. Je quitte avec regret des équipes performantes et compétentes, ainsi qu’un magnifique outil de travail du point de vue du confort et de la modernité des locaux. GC

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Octobre - Décembre 2017

En quoi la médicalisation de l’obstétrique est-elle bénéfique ? D’abord, il ne faut pas confondre médicalisation et technicisation. La médicalisation, c’est la culture et l’intelligence par opposition à la naïveté, qui nous laisserait croire que lorsqu’on ne fait rien, la nature fait bien. C’est étudier, analyser, comprendre. Grâce aux études cliniques, on peut notamment réduire le recours à certaines interventions. Un exemple récent : une équipe française a montré que, pour les jumeaux, il y a un bénéfice à accoucher par les voies naturelles plutôt que par césarienne.


Pulsations Témoignage #1

« Physiquement, j’ai tenu le coup » DELPHINE, 45 ans, maman d’un petit garçon né en juin

6 Les salles

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D o s s i e r

d’accouchement dites « nature » sont notamment équipées d’une baignoire pour se détendre.

Je n’arrivais pas à tomber enceinte, alors j’ai fait des investigations auprès de la Dre Isabelle Streuli. Je suis finalement tombée enceinte à 44 ans et demi. En raison de mon âge, j’ai fait le test sanguin de dépistage des trisomies, qui s’est révélé négatif. Physiquement, j’ai bien tenu le coup. Ma grossesse s’est bien déroulée, j’ai travaillé jusqu’à la fin. Mon gynécologue a organisé un rendez-vous pour moi aux HUG, où j’ai accouché par césarienne à 39 semaines, car mon bébé était en siège. Cela s’est très bien passé. EL

20

Sage-femme, un rôle primordial La sage­femme est une vraie spécialiste de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement. Elle assure la sécurité du suivi obstétrical des grossesses physiologiques ou à bas risque, en tenant compte de la dimension émotionnelle de la future mère. « A la Maternité, toutes les patientes sont d’abord reçues par une sage­femme, que ce soit à la consultation prénatale, aux urgences ou lors de l’accouchement », explique Jacqueline Delieutraz­Marchand, sage­femme responsable des soins. La sage­femme réalise les différents examens de grossesse et surveille le bon développement du fœtus, notamment. Pour les situations complexes, l’analyse des données et la prise de décisions médicales, elle en réfère au médecin. En effet, en cas de problème de santé associé (hypertension maternelle, diabète, par ex.), le suivi devient mixte et conjoint avec le médecin et/ou d’autres professionnels de santé. De même, à l’accouchement, certaines circonstances nécessitent l’intervention d’un médecin. EL


Dossier

Pouvoir en parler, pour avancer

Témoignage #2

« J’avais besoin de comprendre » DELPHINE, 36 ans, maman d’un bébé d’1 an

J’ai eu un accouchement compliqué. Mon bébé avait bien la tête en bas, mais elle n’était pas dans le bon axe, si bien qu’il est resté bloqué dans mon bassin. Le médecin a dû recourir aux ventouses. Mon bébé est né en fin d’après-midi. De mon côté, j’ai été transférée au bloc opératoire pour des sutures. Je n’en suis ressortie que vers 23h. Jamais je n’aurais imaginé que mon accouchement puisse se terminer de cette façon. Le lendemain, je me sentais mal en raison des suites de la chirurgie. J’avais l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. J’étais très angoissée, c’est là qu’on m’a proposé un entretien. J’avais besoin d’avoir une vision chronologique des événements, de comprendre ce qui s’était passé sur le plan médical, pourquoi j’avais dû aller au bloc opératoire, de connaître la vérité. Je voulais aussi savoir ce qui était atteint dans mon corps, ce qui ne l’était pas, et comment j’allais m’en remettre. La sage-femme connaissait bien mon dossier et s’est montrée très à l’écoute. J’ai eu des complications durant le post-partum, alors j’y suis retournée quatre mois plus tard. Ça m’a fait du bien de pouvoir en reparler. EL

7 Les sagesfemmes jouent un rôle primordial dans le suivi de grossesse.

La Maternité de 2017... La transformation de la Maternité est le fruit d’une réflexion d’équipe. Virginie Briet, la responsable des soins, nous détaille quelques-unes des améliorations prévues : Des chambres à deux lits dans les secteurs du post-partum. Une seconde pouponnière avec un espace pour les patientes à mobilité réduite. 12 salles d’accouchement au lieu de 8, dont deux dites « nature ». Un second bloc (deux salles de césarienne). Une unité mère-enfant, financée par la Fondation privée des HUG, pour les mamans et nouveau-nés devant recevoir des soins en néonatologie, sous certaines conditions médicales. 2 places supplémentaires en réanimation néonatale (5 places au total). L'introduction de « L’entretien journalier du post-partum » pour préparer le retour à domicile, en s’appuyant sur les besoins et les ressources des patientes. Une salle de simulation pour préparer les situations d’urgence. La création d’une unité privée de 10 lits gynécologie et obstétrique. Des soins continus : 6 lits au lieu de 4. EL

... à 2019

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Un accouchement ne se déroule pas toujours comme on l’a imaginé. Antonina Chilin, sage­femme en charge de la consultation vécu d’accouchement, en sait quelque chose. « Une césarienne en urgence, une anesthésie générale… et beaucoup de mamans se sentent dépossédées de l’événement tant attendu. Puis elles culpabilisent: ‟ J’ai raté mon accouchement ”. Quand les parents viennent nous voir, rongés par l’appréhension d’une nouvelle grossesse, nous devons avant tout reconstituer les faits sur une base objective », raconte­t­elle. Dossier à l’appui, la sage­femme décortique la prise en charge. Elle réexplique les mécanismes de l’accouchement et dissipe les fausses croyances : « Oui, une césarienne, c’est un vrai accouchement », par exemple. Et petit à petit, les couples, majoritaires à cette consultation, se réapproprient l’événement et déculpabilisent. Pionnière en 2011 lorsqu’elle a mis sur pied cette consultation, Antonina Chilin voit 7 désormais quelque 120 cas par an. AK


Pulsations

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D o s s i e r

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8 Les couples

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embr o é

La survenue de grossesses gémellaires suite à une fécondation in vitro (FIV) devrait diminuer avec l’entrée en vigueur en septembre de la révision de la loi sur la procréation médicalement assistée. « Ces grossesses concernent un quart des FIV », rappelle la Dre Isabelle Streuli, médecin adjointe agrégée, responsable de l’unité de médecine de la reproduction. A l’instar d’autres pays, la nouvelle loi autorise la congélation des embryons. Il sera désormais possible d’en implanter qu’un seul à la fois – et éviter ainsi les grossesses gémellaires – en sélectionnant celui qui présente les meilleures chances de grossesse. Et de congeler les autres en vue d’une tentative ultérieure. AK

sont entourés pour accueillir au mieux l’arrivée de leur enfant.

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Témoignage #3

« Je me suis sentie entourée » CHARLOTTE, 36 ans, enceinte de son troisième enfant

Ma grossesse se déroule harmonieusement. Dès que j’ai pu, j’ai intégré l’accompagnement global. Je suis suivie par un groupe de sages-femmes. La prise en charge est plus personnalisée. Je suis rassurée de pouvoir appeler ma sagefemme de référence en cas de souci plutôt que de devoir aller aux urgences. Si elle n’est pas disponible, je peux compter sur les autres membres de l’équipe. Elles communiquent bien entre elles. C’est agréable de ne pas être obligée de raconter mon histoire à chaque fois. Cela libère du temps dans la consultation, où il y a aussi de la place pour parler de ses émotions. J’ai eu l’occasion d’aborder le fait que c’est peutêtre ma dernière grossesse. J’ai pu poser des questions par rapport à l’organisation familiale, le devenir de mon couple, etc. J’aime l’idée d’être suivie exclusivement par des femmes et de pouvoir accoucher avec les personnes qui ont suivi ma grossesse. EL


M at er ni té

Dossier

Interniste pour grossesses à risque

Suivi particulier en cas de fragilité

Avec plus de 250 cas par an, le nombre de femmes prises en charge a doublé en 15 ans. « Les migrations, la précarité sociale, la meilleure prise en compte des vulnérabilités psychosociales et de la dépression périnatale expliquent cette évolution. Et la consultation est maintenant bien connue dans le réseau de soins », note la spécialiste. AK

Suivi à long terme Le second objectif est de fournir aux mamans de l’information pour un suivi médical à long terme. « Le fait est moins connu. Cependant, les pathologies liées à la grossesse – diabète gestationnel, pré-éclampsie, etc. – constituent des facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires et le diabète », relève la médecin interniste. AK

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Précarité, addictions, troubles psychiques, dépression périnatale, violences… les mamans en situation difficile bénéficient d’un suivi spécifique. « La consultation spécialisée et multidisciplinaire des HUG leur offre une prise en charge personnalisée. L’objectif est de mettre en place avec ces patientes un réseau de soins et de soutien pour préparer l’accouchement, le séjour du bébé à la Maternité et le retour à domicile », détaille la Dre Manuella Epiney, médecin adjointe au service d’obstétrique. Selon les besoins, un soutien avec un autre professionnel de périnatalité – assistante sociale, pédopsychiatre, etc. – est organisé. « Les mères peuvent nous être adressées dès le début de la grossesse. Il faut souvent du temps pour préparer la venue du bébé et mettre sur pied un projet parental tenant compte de leurs peurs et de leurs attentes », ajoute­t­elle.

Si la grande majorité des femmes accouche sans complication, les grossesses à risque élevé sont toujours plus nombreuses. Pour plusieurs raisons : maternités tardives, obésité des mamans ou même les progrès de la médecine, qui ouvrent la procréation à des patientes qui auraient dû y renoncer avant. Pour répondre à cette augmentation, les HUG ont ouvert en 2016 la consultation « médecine interne et grossesse ». Son objectif est double. Le premier est d’offrir une prise en charge optimale des grossesses à risque. « La médecine maternelle propose une approche globale des soins médicaux de la femme enceinte. Le médecin interniste, par sa présence à la Maternité, facilite la collaboration avec les obstétriciens, limite la fragmentation des soins et la multiplication des intervenants », relève la Dre Agnès Ditisheim, interniste spécialisée dans la prise en charge des pathologies maternelles durant la grossesse.


p o r t r a i t

Par Aurélia Bregnac Photo Nicolas Righetti | lundi13

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Pulsations

« Valoriser le temps qui reste »

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Le portrait

Soulager la souffrance et insuffler l’espoir quand il n’y a plus rien à faire. Gilbert Zulian, chef du département de réadaptation et de médecine palliative des HUG, assiste chaque jour les personnes malades dont la rémission n’est plus envisageable. Une mission noble et humble.

«L

Petit, Gilbert Zulian s’imagine dentiste, puis vétérinaire. Il se voit en tout cas soignant. Après des études en médecine générale et interne, il séjourne durant deux ans au Royal Marsden Hospital de Londres, un centre de référence en matière de cancer. Puis il revient à Genève où il poursuit, dans une même logique, un approfondissement en gériatrie ainsi que la voie palliative. « Finalité de nombreuses spécialités, c’est paradoxalement une branche unique, la maladie n’étant plus l’objectif principal des soins. L’individu est le centre de toutes les attentions, il faut lui apporter force, courage et protection ». Un souffle de vie

Fonder des projets, exprimer ses ressentis et ses craintes, mais surtout, tout simplement, reprendre son souffle : cette respiration, aussi bien physique que psychique, est la ressource capitale du patient. Et l’enjeu qui anime le médecin et l’équipe soignante. « Parvenir à bien respirer est l’une des problématiques majeures à laquelle nous devons répondre, confie le spécialiste. La naissance est le

1981

Diplôme fédéral de médecine à la faculté de médecine de Genève.

1986-88

Séjour au Royal Marsden Hospital (Sutton et Londres).

1994

Diplôme FMH de spécialiste en médecine interne générale. Diplôme FMH de spécialiste en oncologie médicale.

2001

Formation approfondie en gériatrie.

2016

Formation approfondie interdisciplinaire FMH en médecine palliative.

20072017

Médecin-chef de service à l’Hôpital de Bellerive.

Questions d’avenir

Les soins palliatifs ont toujours existé et continuent en permanence d’évoluer. Mais la profession souffre encore, selon le spécialiste, d’un manque de valorisation. Aussi, via le renouvellement du « label de qualité de soins palliatifs », dont il est l’ambassadeur, Gilbert Zulian revendique la reconnaissance de sa discipline comme entité médicale à part entière. Car les défis que le secteur va devoir relever s’annoncent immenses. L’accélération du vieillissement de la population tout d’abord. A l’horizon 2045, la proportion de personnes de plus de 65 ans devrait croître de 84% et l’espérance de vie – aujourd’hui estimée à 90 ans – augmentera elle aussi. Un scénario qui pose de nombreuses questions sociétales. Celle de la place accordée à cette population, mais aussi les moyens mis en œuvre pour assurer sa qualité de vie. « Développer les soins palliatifs domiciliaires est une nécessité. Tout comme mieux communiquer autour des directives anticipées – pouvoir choisir les conditions de sa fin de vie –, qui sont un droit, mais auquel seul 10% des personnes ont aujourd’hui recours. » A l’aube de la retraite, Gilbert Zulian espère que ses actions continueront à se déployer et bénéficieront de nouvelles ressources. 

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e plus bel hôpital du monde. On y croise des sourires et il y règne une atmosphère de sérénité, de calme, de vérité ». Gilbert Zulian, oncologue, gériatre et palliativiste, officie à l’hôpital de Bellerive, au sein du plus grand service de soins palliatifs de Suisse, qui compte près de 500 admissions par an. Le médecin ne changerait de spécialité pour rien au monde. Et pour cause, elle est pour lui « l’aboutissement de toutes les disciplines ».

1956

Naissance à la maternité des HUG.

dégagement des voies respiratoires, cela touche profondément l’être, car ce souvenir perdure bien au­delà. L’absence de souffle est synonyme de mort. Les moyens mécaniques et médicamenteux dont nous disposons sont là pour soulager la sensation d’étouffement ». Parallèlement à la prise en charge de la douleur, le rôle du Dr Gilbert Zulian et de son équipe est de définir des objectifs réalistes avec le malade. Valoriser le temps qui lui reste à vivre, tout en lui faisant accepter l’inéluctable. Et rassurer l’entourage, tout en ne sachant prédire l’échéance. A la fois psychologue et technicien, pragmatique et philanthrope, le palliativiste – dont l’étymologie renvoie au m (le manteau en latin) – est le rempart contre les menaces qui pèsent sur le bien­être du patient. Il est là pour le protéger et l’accompagner durant toute la trajectoire des soins.


Forte fièvre (> 38°) Frissons Rhume Maux de gorge Maux de tête Toux Douleurs musculaires et articulaires

Symptômes

Personne infectée

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Nombre de morts de la grippe chaque année en Suisse

400 -1000

Le nombre de jours où l’on est contagieux. Cela débute la veille des premiers symptômes

Population suisse touchée chaque année par la grippe

> 10%

Très active de novembre à avril, la grippe saisonnière est due à un virus de type influenza A ou B. Celui­ci touche d’abord le système respiratoire, puis peut provoquer des complications graves. La grippe se soigne généralement avec du paracétamol. Pendant la durée des symptômes, il faut rester à la maison, boire abondamment et se reposer. Si vous vous sentez peu bien ou si les symptômes persistent, il est recommandé de consulter un médecin.

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Grippe saisonnière

Par Michael Balavoine Illustration Muti

L ’ i n f o g r a p h i e

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2

4

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Experts : Pre Johanna Sommer, Pr Idris Guessous et Dre Anne Iten

Pulsations


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Elle peut aussi contaminer une personne saine lors de contact direct (poignée de mains par exemple), ou indirectement par des objets qu’elle a infectés (poignées de porte, robinets, téléphone).

Lavez-vous régulièrement les mains

Toussez et éternuez dans un mouchoir

Restez à la maison quand vous êtes malade

Evitez les contacts avec autrui

Aérez les pièces

Jetez les mouchoirs

Nettoyez écrans, claviers et poignées

Toussez et éternuez dans le coude du bras

La prévention

Une personne malade peut contaminer une personne saine par voie aérienne via les gouttelettes qu’elle projette lors de la toux, d’éternuements ou de postillons.

Risque de contagion

Infection Multiplication

Les nourrissons Les malades et les bébés souffrant de maprématurés ladies chroniques dès 6 mois ou de déficience immunitaire

L’efficacité du vaccin chez les jeunes adultes jusqu’à 50 ans

Doses produites en Suisse de septembre 2016 à janvier 2017

1,07 million

Ainsi que les victimes de maladies métaboliques comme l’asthme, le diabète ou la mucoviscidose.

Les femmes enceintes ou ayant accouché au cours des 4 dernières semaines

Fortement recommandée pour :

Le virus de la grippe mute, ce qui rend une vaccination annuelle nécessaire.

70-90%

Les +65 ans

Maladie

En cas d’infection par le virus influenza, des symptômes généraux tels que de la fièvre, des frissons ou des douleurs articulaires apparaissent. Ils sont le résultat de la réponse immunitaire de l’organisme.

4

La vaccination

Le virus se multiplie dans les voies respiratoires, ce qui induit les premiers symptômes.

3

Le virus infecte les voies respiratoires.

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De la transmission à la maladie

L’infographie


Par Élodie Lavigne Photos Mark Henley

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R e p o r t a g e

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La Clinique de Crans-Montana, les poumons des HUG Située au cœur des montagnes valaisannes, la Clinique de Crans-Montana propose des séjours de réhabilitation en médecine interne. Depuis un an, elle est rattachée aux HUG. Tour d’horizon de ce lieu unique, où l’on soigne le corps, sans oublier l’âme.

28


Reportage

O

Un reconditionnement global

A leur arrivée, les patients sont pris en charge par un médecin et une infirmière pour un premier bilan médical. Les objectifs thérapeutiques sont définis selon les besoins et les ressources de chacun, avec une ré­ évaluation hebdomadaire. Les situations cliniques rencontrées relèvent de la médecine interne générale : pathologies cardiaques, respiratoires, psychosomatiques, mais aussi des cas d’oncologie, de gériatrie, etc., avec très souvent un cumul de plusieurs pathologies. Au sous­sol, un laboratoire d’analyses médicales côtoie le local de radiologie, per­ mettant de réaliser des examens de base et, si nécessaire, d’ajuster les traitements. En plus du suivi médical strict, les approches proposées sont nombreuses : diététique, phy­ siothérapie (rééducation, réentraînement à l’effort, thérapies manuelles, antalgie clas­ sique, etc.), thérapies à médiation corporelle (relaxation, art­thérapie, mindfulness, etc.), entre autres. Ici, on encourage les patients à sortir et à soigner leur hygiène de vie, com­ mente Georgina Mary, infirmière adjointe responsable des soins : « Nous les aidons

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n l’aperçoit au loin sur une colline, accolée à la montagne, au cœur d’une verdure éclatante. Sur le chemin menant à la Clinique de Crans­Montana, les drapeaux des cantons du Valais et de Genève flottent au vent. Cet édifice centenaire, ancien sanatorium, a été repris par les HUG il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui, la clinique accueille en majorité des patients genevois pour des séjours de réadaptation après une intervention chirurgicale, une hospitalisation post soins aigus ou dans le cadre de maladies chroniques selon la prescription du médecin traitant. Entre ces murs, pas de soins aigus, mais une prise en charge globale et multidisciplinaire assurée par des médecins, des psychologues, des physiothérapeutes, des diététiciennes, des infirmières et des aides­soignants.


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à reprendre un rythme régulier grâce à des conseils personnalisés ou des ateliers spéci­ fiques sur des thèmes comme l’alimentation ». Mais l’éventail des approches ne saurait remplacer la composante relationnelle des soins, qui est au cœur de la prise en charge, comme l’explique Simona Mateicuc, médecin­cheffe de service : « Il y a souvent de l’anxiété liée au fait d’être malade. On essaie de comprendre le vécu des patients, ainsi que leurs représentations de la maladie. Grâce à l’éducation thérapeutique, ils acquièrent une meilleure connaissance de leur maladie et de leur traitement ». Une vision globale et personnalisée que revendique la directrice de la clinique : « Nous tenons compte de la personne dans sa réalité biomédicale, mais aussi sociale et spirituelle », ajoute Sylvianne Mainetti. Les moments informels entre soignants et patients ne sont pas rares ici : on se croise, on se sourit, on échange quelques mots et on se quitte avec un regard ou une main empreints de compassion et de chaleur humaine. 

Témoignage #2

« On travaille beaucoup sur le lâcher-prise » LUCIENNE, 57 ans

J’ai eu beaucoup de complications à la suite d’une intervention où on m’a enlevé des métastases et un poumon. J’avais besoin d’un lieu adéquat pour faire de la rééducation pulmonaire et pour retrouver du tonus musculaire. J’ai fait de la physiothérapie respiratoire deux fois par jour avec des personnes compétentes. J’ai suivi un programme de remise en mouvement, bénéficié d’une prise en charge diététique, et essayé la méditation pleine conscience. J’ai aussi choisi de faire de l’art-thérapie, car créer rajoute beaucoup de bonheur à la réalité d’une journée. J’ai beaucoup entendu parler du concept de « patient au centre », mais c’est très concret ici. Il y a beaucoup de bienveillance. On travaille notamment sur le lâcher-prise et sur l’acceptation. L’environnement et l’altitude ont aussi un effet thérapeutique. C’était très encourageant de marcher dans la nature, de respirer les essences. Les abords de la clinique sont magnifiques.

Témoignage #1

« C’est ma deuxième maison » GASTON, 83 ans

Je suis venu pour la première fois à la clinique après une opération de la hanche. Celui-ci est mon septième séjour. Je suis là pour une BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et une infection aux poumons. Je prends des

médicaments, je fais de la physiothérapie respiratoire et j’essaie de me remettre en forme. Ce matin, on m’a fait une prise de sang. Je manquais de fer alors on m’a tout de suite fait une perfusion. Le lien entre les infirmières et moi est extraordinaire. Je suis bichonné et cela m’aide dans ma guérison. Après un séjour dans ce cadre et cette bienveillance, je suis simplement heureux. C’est ma deuxième maison.

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A mon arrivée, il y a quatre semaines et demie, je ne parvenais plus à marcher ni à vivre sans appareil respiratoire. Je ne pouvais pas sortir, seulement profiter du soleil sur le balcon, avec le vent dans les cheveux. Aujourd’hui, je suis autonome et capable de reprendre mon quotidien, à mon rythme. La différence est immense.


Reportage

Témoignage #3

« J’ai vécu une renaissance ici » MAJA, 78 ans

Témoignage #4

« Ici, je me suis ouvert et je me retrouve » SHALI, 55 ans

Je suis là pour des raisons psychiques. Il y a un mois, je n’avais plus envie de parler. Ici, j’ai commencé à faire des activités, du fitness, de la marche, des ateliers créatifs. Je vois une psychologue un jour sur deux. La présence médicale me rassure. Je parle beaucoup avec les infirmières, on se sent écouté. Les soignants préparent doucement mon retour, en faisant le lien avec le réseau de santé. Cela fait deux ans et demi que je ne travaille plus. J’aimerais retrouver le chemin professionnel.

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Je suis venue à la clinique pour la première fois il y a 23 ans, à la suite d’un accident de la circulation. Depuis, j’y ai fait plusieurs séjours en lien avec cet accident. J’étais dans un état lamentable. J’ai vécu une renaissance ici. Je viens pour guérir mes blessures

à l’âme et au corps. Le cadre est réglementé, mais très chaleureux. Avec les années, le personnel est devenu un point d’attache, une seconde famille. La prise en charge est exceptionnelle et la cuisine excellente. Il y a de l’entraide entre les patients. J’ai un programme précis ici : je veux réapprendre à descendre les escaliers et retrouver la force dans mes jambes. Les possibilités sont nombreuses, je me sens privilégiée.


Pulsations

Par Élodie Lavigne Photo Reto Albertalli

Octobre - Décembre 2017

L ’ i n v i t é

« J’ai vu mon père prisonnier de la démence » Tim Brockmann préside l’Association Suisse pour la Recherche sur l’Alzheimer, qu’il a créée en 2009 alors que son père était atteint de la maladie. Il évoque les projets de son association et son implication auprès des HUG. Entre espoir et combativité.

L’Association Suisse pour la recherche sur l’Alzheimer * est une association à but non lucratif, dont la vocation est de soutenir en Suisse, plus spécifiquement à Genève, des projets de recherche – validés par son comité scientifique – fondamentale et clinique dans le domaine des neuropathologies. Le 7 mars prochain, un gala, ouvert à tous, sera organisé en vue de collecter des fonds. Une soirée exceptionnelle avec l’artiste hypnotiseur Messmer.

* Informations et inscriptions : www.recherchealzheimer.ch 32


L’invité

Comment avez-vous vécu la maladie de votre père ? Le malade s’enfonce dans un nuage qui lui est propre. Il y a des phases terribles où j’ai vu mon père prisonnier de la démence : à la fois assez lucide pour se rendre compte de la maladie, mais pas suf­ fisamment pour pouvoir réagir. Un enfant, chaque jour, apprend quelque chose de nouveau. Mon père, lui, a fait le parcours inverse. Par paliers, mais parfois du jour au lendemain, il perdait une faculté. Tout d’un coup, il avait peur de l’eau. C’était d’autant plus dur qu’il était

jeune. Pour le conjoint, c’est une déchirure énorme. La personne est encore là, mais c’est un deuil continu. J’ai la chance d’avoir une mère très forte. Quand il n’y a plus de communication possible, on projette ses propres peurs et ses perceptions sur le malade. C’est une lutte sans nom. Quelles sont les actions de l’association ? Nous avons soutenu différents projets spécifiques aux HUG. Nous avons financé l’achat de matériel (électro­encéphalogramme, scanners, etc.), la mise en place de cohortes de patients et leur suivi, l’organisation de colloques scientifiques dans le but de trouver des biomarqueurs standards de la maladie. Nous avons également développé l’outil « iSupport » pour aider les proches, avec une plateforme d’informations et d’échange (un projet conduit par l’OMS en collaboration avec les HUG). Enfin, en tant qu’initiateurs du Centre de la mé­ moire, nous faisons partie des donateurs de ce futur centre. En quoi la création du Centre de la mémoire est une chance ? Un tel centre est crucial pour faire le pont entre la clinique et la recherche. La rencontre de ces deux mondes va faire avancer la compréhension de la maladie. Il est important de pouvoir intégrer très tôt les données cliniques dans

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les études pour tester l’efficacité de nouvelles molécules. On pourra également mieux accompagner les patients et leurs proches. Pour l’instant, la maladie d’Alzheimer est incurable. La création de ce centre nous place dans une dynamique différente, plus combative. A Genève, nous avons la chance d’avoir un pool de talents. Comment voyezvous l’avenir ? La priorité est de trouver un traitement. Pour cela, il faut comprendre les mécanismes de la maladie. Une meilleure compréhension de ces mécanismes permettra par ailleurs de définir une population à risque, comme on le fait aujourd’hui pour le diabète et l’hyper­ tension, et de développer des voies thérapeutiques, médicamenteuses ou non. Enfin, une autre piste sera de comprendre la résistance de certaines personnes à la maladie d’Alzheimer, malgré la présence de signes cliniques. Pour ces raisons notamment, nous soutiendrons encore longtemps la recherche fondamentale et clinique. Les chercheurs sont les porteurs d’espoir, aidons­les. 

Octobre - Décembre 2017

Pourquoi vous êtes-vous engagé dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ? Tim Brockmann Mon père a été diagnostiqué en 1998 aux HUG, à l’âge de 53 ans. A l’époque, il n’y avait que des tests cognitifs pour déter­ miner s’il s’agissait ou non de la maladie d’Alzheimer. Il n’existait ni imagerie cérébrale, ni biomarqueurs. On devait attendre le décès du patient pour confirmer le diagnostic de la maladie. Je me suis engagé naturellement en raison de l’héritage moral de mon père. Je voulais faire quelque chose pour que cette souffrance ne se re­ produise plus. Le but de ma démarche était d’aider les chercheurs, qui ont besoin de moyens pour que la ma­ ladie soit vaincue. Je souhaitais également envoyer un message d’espoir aux proches des malades. Pulsations


L’ÂGE

Tous panels d’analyses Centres de prélèvements et domiciles Prescription électronique Web, smarts phones, liens dossiers médicaux


Pulsations

Octobre - Décembre 2017

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M i e u x - v i v r e

Anxiété, phobies, obsessions… Les thérapies cognitivocomportementales aident à combattre pensées automatiques et comportements inadaptés qui surgissent dans les situations anxiogènes. Quels moyens pour se défaire de ces mécanismes ancrés ?

«J

Par Aurélia Brégnac

Des thérapies pour chasser l’angoisse

e ne suis pas à la hauteur », « J’ai peur de prendre la parole en public », « Je me sens mal dans la foule »… Nombreuses sont les angoisses qui, au quotidien, peuvent nous empêcher d’avancer, voire nous paralyser. Pour sortir du cercle vicieux, les thérapies cognitivo­comportementales (TCC) se montrent particulièrement efficaces, jusqu’à 70% des troubles anxieux pouvant ainsi être résolus. « Cette psychothérapie, qui s’appuie sur “ l’ici et maintenant ”, propose une réponse concrète aux distorsions cognitives, c’est­à­dire aux interprétations erronées de situations externes. Et ce, par l’assouplissement des schémas de pensées inadaptées et de leur application dans “ la vie réelle ” », explique le Pr Guido Bondolfi, spécialiste des troubles anxieux et médecin­chef du service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise. Un cheminement de quelques mois qui se fait en étroite collaboration avec le thérapeute, à la fois guide et partenaire du travail qu’accomplira le patient entre les séances.


Pulsations De la pensée à l’action

Octobre - Décembre 2017

Déconstruire les schémas

« Il y a plusieurs années, je me suis mise à avoir des crises de panique dans l’avion. Je suis pourtant quelqu’un de très indépendant, rationnel, et je voyage beaucoup dans le cadre de mon travail. Mais cela s’est ensuite propagé à tous les transports, train, bus, tram… puis à tous les lieux. Même chez moi, j’avais peur d’avoir peur, et je ne comprenais pas. J’ai dû retourner chez mes parents pour un temps, j’étais alors dans un état catastrophique », raconte Stéphanie*, 30 ans. Finalement orientée vers un spécialiste, la jeune femme entreprend une psychothérapie cognitive et comportementale. « Nous avons commencé par identifier ensemble les pensées automatiques en décrivant les situations angoissantes, et en repérant les symptômes physiques. » A l’aide de grilles d’auto­évaluation, pensées, émotions et comportements sont alors décryptés, évalués par le patient. « Il s’agit en fait de permettre à la personne de prendre conscience de ses schémas cognitifs dysfonctionnels : confronter ces croyances – souvent disproportionnées – à la réalité des faits afin de les assouplir et de pouvoir formuler des options alternatives de penser ou d’agir », précise le Pr Bondolfi.

Agir et se confronter… C’est précisément lors d’expositions o dans des contextes « à risque » pour le patient que le travail comportemental commence. Des mises en situation progressives au cours desquelles sont appliqués les exercices de restructuration cognitive. « J’ai d’abord pris le tram, toujours très stressée. Pour faire baisser l’anxiété, j’ai notamment appris à contrôler ma respiration. Il m’a surtout fallu relativiser, me répéter que je ne risquais pas de mourir… L’objectif premier consistait à regagner, petit à petit, du terrain sur l’angoisse. Nous avons donc établi un programme d’expositions tout en analysant, au fil des séances hebdomadaires, les résultats obtenus », se souvient Stéphanie. Lors de l’exposition, l’un des principaux écueils est bien sûr l’évitement. Face à cela, la stratégie de décentration, par la focalisation de l’attention sur la situation vécue et le moment présent, est l’un des ressorts principaux dans la gestion du stress. Et c’est aussi l’un des principes fondamentaux d’autres méthodes comme la méditation de pleine conscience (ou m e ) et le yoga. « Après les pensées noires, j’ai retrouvé en quelques mois une nouvelle envie de vivre. Je peux dire que les TCC m’ont guérie, et même enrichie. Aujourd’hui, cela m’aide à relativiser, à calmer mon anxiété et à résoudre des conflits dans bien 36

d’autres domaines (relations de couple, professionnelles, etc.). Prendre le temps d’analyser ses pensées, ses réactions, ses émotions, permet de mieux appréhender un événement », témoigne la jeune femme. Comme elle, trois patients sur quatre constatent une nette amélioration de leurs symptômes après un traitement par TCC. Prescrit en cas d’angoisses et de phobies, son efficacité est également reconnue dans d’autres troubles psychologiques tels qu’addictions, dépression, TOC ou troubles alimentaires.  * Prénom d’emprunt. À LIRE Paru aux éditions Planète Santé et rédigé par Suzy Soumaille en collaboration avec le Pr Guido Bondolfi, J’ai envie de comprendre... L’anxiété et les troubles anxieux est un ouvrage pratique qui offre des pistes pour apprendre à reconnaître et à réguler l’anxiété.


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Pulsations

Sinus frontal

Bulbe olfactif

Os nasal

Fin, long, court, épais, harmonieux ou non, le nez occupe une place de choix dans l’esthétique du visage. Sa partie visible ne joue toutefois qu’un rôle minime dans les tâches centrales qu’assure cet organe pour l’organisme. Le nez cumule en effet les fonctions olfactives, mais aussi respiratoires et immunitaires.

Par Michael Balavoine

Octobre - Décembre 2017

L ’ o r g a n e

Sinus sphénoïdal

Expert

Dr Basile Landis, médecin adjoint, responsable de l’unité de rhinologie­ olfactologie.

Respiration

Nasopharynx Cartilage

Cavité nasale

Cornet nasal

LE

On peut bien évidemment respirer par la bouche. Mais si la nature a doté les humains d’un nez, ce n’est pas pour rien ! Grâce à ses structures internes tapissées de muqueuses, le nez fonctionne comme un filtre qui conditionne l’air inspiré et le prépare pour l’organisme. En le traversant, l’air est ainsi nettoyé de particules néfastes comme la poussière. Il est aussi humidifié par les muqueuses et chauffé par le sang qui circule le long des structures caverneuses de l’organe. Inspirer par le nez est donc bien plus efficace que le faire par la bouche, espace au travers duquel l’air reste non filtré et froid.

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150-200

En cm2, la surface des structures internes du nez qui assurent à l’organe ses fonctions respiratoires et olfactives.

10’000

En litres, la quantité moyenne d’air inspiré et filtré par le nez.


L’organe

Olfaction

Nez artificiel, Europe, 1601-1800.

contribuant au plaisir de manger. Mais ce n’est pas tout. Grâce à un système nerveux appelé « voie trigéminale », le nez peut aussi détecter des sensations très subtiles comme la température, la fraîcheur du menthol ou encore le piquant du vinaigre. Cette fonction fait partie de notre système de défense face à des substances nocives pour l’organisme. Un exemple avec l’ammoniaque qui provoque par des réflexes automatiques le rejet de certaines substances, en stoppant l’inspiration ou en déclenchant l’éternuement ou la toux.

Obstruction nasale Motif fréquent de consultation, l’obstruction nasale peut avoir pour origine une malformation de la cloison nasale ou des réactions inflammatoires comme les rhinites allergiques ou les rhinosinusites. Pour prendre une image simple, il faut se représenter le nez comme un couloir et les sinus comme des chambres. Lors d’une inflammation, le couloir se rétrécit. Conséquence immédiate : les chambres étant moins bien desservies, leur fonctionnement est entravé. Les inflammations bouchent également l’accès des molécules aux zones olfactives, raison pour laquelle un rhume s’accompagne généralement d’une perte partielle d’odorat.

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5%

C’est la proportion étonnante de la population qui souffrirait d’une perte totale d’odorat. Souvent mal diagnostiquées, car moins visibles que d’autres pertes sensorielles comme la vue ou l’ouïe, ces atteintes ont une prise en charge complexe, même si le sens peut être réentraîné. En Suisse, les hôpitaux universitaires de Genève et de Bâle sont les seuls à offrir une consultation spécialisée dans les troubles de l’odorat.

Octobre - Décembre 2017

Crédit : Science and Society Picture Library

Respirer et goûter. Le nez est un organe doublement sensoriel. Il permet d’abord de percevoir les odeurs en inspirant. De plus, la perception d’environ 70% de ce qu’on nomme « arômes » ou « saveurs » (le « goût » dans le langage courant) n’est reconnaissable que si l’olfaction fonctionne. Lorsque l’on suce un bonbon à la cannelle par exemple, l’air enfermé dans la bouche devient saturé de cette odeur. Une fois l’élément avalé, le reste de l’air est propulsé dans le nez et capté par l’épithélium olfactif,


Pulsations

Par Aude Raimondi Photo Nicolas Schopfer

Octobre - Décembre 2017

T é m o i g n a g e

« Je me suis retrouvé juste moi, avec mon sida »

Paolo Ducoli est séropositif * depuis l’âge de 21 ans. Son long parcours médical suscite en lui une irrésistible envie de vivre et d’agir.

* Sida : il est dû au VIH (virus de l’immunodéficience humaine). Il se transmet par contact direct avec du sang contaminé, lors de relations sexuelles (mêmes orales), ou de la mère à l’enfant. Il s’attaque au système immunitaire et rend vulnérable à certaines infections ou maladies. Une personne porteuse du virus est communément désignée comme séropositive. 40


Témoignage

«J

Un corps meurtri

« Je me suis retrouvé juste moi, avec mon sida, et c’est là que la maladie a commencé à me rattraper », se souvient Paolo. Il souffre alors de nombreuses infections et l’arrivée des trithérapies

le sauve in extremis. Cependant, les marques de la maladie sont visibles. La stigmatisation est parfois difficile à vivre, alors Paolo entreprend un long processus de reconstruction de son visage, creusé par le virus et les traitements. Il se battra notamment pour le rembour­ sement des frais de chirurgie esthétique, ce qu’il obtiendra seulement en partie. En 2011, lors d’une opération au niveau des lombaires, Paolo contracte une infection à staphylocoque. Des années de rééducation lui seront nécessaires pour réapprendre à marcher. Quelques années plus tard, un accident cardiovasculaire le contraint à se rendre aux HUG. « A cause du VIH, des graisses se baladent dans mon corps, et une artère s’est bouchée, explique Paolo. Je suis resté plusieurs mois à l’hôpital, mais là, j’ai appris à mieux gérer ma thérapie, et on m’a proposé un nouveau traitement plus facile à suivre. » Besoin d’action

« Penser positif, me per­ suader que je vais bien. » Face à l’épreuve, voilà la solution qu’a trouvée Paolo. « Evidemment, le sida a changé ma vie en de nombreux points. Je n’ai plus de compagnon depuis 15 ans, mais je l’accepte. Je me ressource et m’épanouis de manière différente, par exemple à travers la peinture, la musique et l’écriture, qui sont mes passions. Je suis comme un pirate qui surfe sur la vague de la mort : j’ai envie de vivre, alors je suis dans l’action ». 41

L’action signifie aussi le témoignage. Paolo parle ouvertement du sida, de sa maladie, et veut que les gens entendent son envie de vivre. Homme engagé, il s’investit depuis de nombreuses années dans la lutte contre le sida en suisse romande. Il est d’ailleurs l’une des rares personnes séropositives à oser parler à visage découvert. « Nous sommes l’arbre qui cache la forêt, car la stigmatisation est encore aujourd’hui une cruelle réalité. Le jour où la société nous remerciera de prendre nos médicaments, on aura tout gagné ! », sourit Paolo, plein d’espoir et le regard serein.  PRATIQUE Association PVA-Genève Personnes Vivant Avec le VIH/SIDA 35, rue des Pâquis, 1201 Genève Du lundi au jeudi de 14h à 18h secretariat@pvageneve.ch +41 22 732 44 45

Octobre - Décembre 2017

e suis né homosexuel, au Tessin, en 1967 ». Ainsi se présente Paolo Ducoli, 50 ans, les cheveux au vent et l’œil rieur. Avec son accent chantant, le Tessinois raconte son enfance tranquille, mais déjà marquée par une santé fragile. A l’âge de 20 ans, le jeune homme s’éloigne de sa terre natale. Il part pour Genève, où il trouve du travail et commence à se sentir chez lui. Une année plus tard, lors de vacances au Tessin avec un ami, un événement change à jamais le cours de sa vie : il vit une aventure avec un homme, dont il découvrira plus tard la séropositivité. « Au mois d’août, je suis rentré à Genève et j’ai rencontré Clément, qui deviendra l’homme de ma vie. Lui était déjà séropositif et m’a encouragé à faire le test, qui s’est avéré positif. Clément a pleuré, moi je l’ai pris dans mes bras pour le consoler, car notre amour était plus fort que le virus ». A cette époque, les médecins donnent à Paolo environ une année d’espérance de vie. Les deux hommes vivent alors une histoire intense, jusqu’à la mort de Clément survenue le 23 décembre 1993.


Pulsations

Octobre - Décembre 2017

J u n i o r

Par Michael Balavoine Illustrations PanpanCucul

Harcèlement à l'école: oser en parler Souvent minimisé, le harcèlement en milieu scolaire toucherait entre 5 et 10% des élèves. Amplifié par les réseaux sociaux, il s'agit généralement d'un phénomène de groupe sur lequel règne la loi du silence. Personne n'ose parler de peur d'aggraver la situation. Agir tôt est pourtant essentiel pour rétablir un climat paisible.

Le harcèlement, c'est quoi ?

Expert Dr Rémy Barbe, médecin adjoint, responsable de l’unité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

Quels en sont les signes

On parle de harcèlement lorsqu’une personne est victime d’une violence verbale, physique et/ou psychologique contre laquelle elle ne peut rien faire toute seule. Ces actes agressifs se caractérisent par la répétitivité, l’intentionnalité, et l’isolement de la victime. Le harcèlement n’implique toutefois pas une seule personne. Il s’agit d’un phénomène de groupe dans lequel interviennent, outre la victime, un harceleur et des témoins. Ses formes peuvent viser l’apparence, l’identité sexuelle, le handicap, les centres d’intérêt, les origines sociales ou encore les croyances. 42

Ces signes peuvent vous aider vous et vos parents à reconnaître le harcèlement scolaire : - Vous avez peur d’aller à l’école. - Vos résultats scolaires baissent. - Vous vous sentez seul(e). - Vos camarades se moquent de vous mais vous n’osez pas en parler. - Vous pensez que c’est de votre faute. - Vous avez envie de vous faire du mal. Si vous pensez être victime de harcèlement, parlez-en ! Cela n’aggravera pas la situation, bien au contraire : l’intervention des adultes est primordiale pour stopper le cercle vicieux induit par des comportements violents.


Junior

Les témoins

Le harceleur

Sans public, le harcèlement ne fait pas de sens. C’est très souvent l’insécurité qui motive les comportements des témoins de ces actes violents. L’élève témoin a peur de devenir victime et tolère, voire encourage, des gestes inadéquats qu’il condamnerait en temps normal. Pourtant, il a un rôle central à jouer : s’il intervient pour défendre la victime et qu’il brise la loi du silence, il peut stopper la spirale du harcèlement. Il devra alors être lui-même défendu et protégé par les adultes au même titre que la victime.

Contrairement aux idées recues, le harceleur n’est pas si différent de sa victime. Souvent peu sûr de lui, il utilise la violence pour affirmer sa position dans un groupe. Puni et exclu pour ses comportements inadéquats, le harceleur peut développer à long terme une défiance à l’égard des adultes. Par ailleurs, son attitude peut devenir de plus en plus violente, car c’est une manière pour lui de maintenir sa position de domination.

Victime ou témoin, il faut oser en parler. A Genève, plusieurs organisations existent: Service de santé de l'enfance et de la jeunesse (SSEJ) 022 546 41 00 (permanence tél.) Malatavie Ligne Ados HUG 022 372 42 42 Office médico-pédagogique 022 388 67 00 En partenariat avec

RTSdecouverte.ch

Bon à savoir

Service d'aide aux jeunes 147 (appel gratuit) www.147.ch Action Innocence

Les formes du harcèlement sur les réseaux sociaux ne sont pas vraiment différentes de celles que l’on retrouve dans le monde réel. Par contre, ceux-ci amplifient le phénomène, le rendant constant et encore plus visible aux yeux des témoins. La victime est harcelée 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Là aussi, il faut briser le silence et faire intervenir un adulte pour stopper la violence. 43

022 735 50 02 www.actioninnocence.org Ciao.ch - Site d'aide et information pour les adolescents www.ciao.ch SOS Enfants 022 312 11 12 www.sos-enfants.ch

Octobre - Décembre 2017

Que faire ?


Pulsations

Le 1er novembre, les Urgences Trois-Chêne affichent un an d’activité. A l’heure du bilan, la nouvelle structure dédiée aux seniors de 75 ans et plus compte plusieurs motifs de satisfaction. Comme l’excellente gestion, dès le deuxième mois, d’une épidémie de grippe sans précédent. Ou encore l’économie de longues hospita-

Le service de radio-oncologie des HUG a effectué cet été son premier traitement de radiothérapie pulmonaire en utilisant un navigateur GPS du corps humain. Utilisée jusqu’ici pour le cancer de la prostate, cette technologie localise la tumeur en temps réel et en continu malgré les mouvements respiratoires. Elle réduit ainsi le volume de

Oncologie récompensée Le service d’oncologie des HUG et la société MaxiVax ont reçu le 1er prix au CTI Swiss Medtech Award, en juin à Berne, pour leur recherche sur une thérapie anti­tumorale (intitulée MVX­ONCO­1). Cette approche novatrice, dirigée par le Dr Nicolas Mach, médecin adjoint agrégé au service d’oncologie, consiste à déclencher une réponse

lisations pour un tiers des patients admis en observation pour une nuit, et adressés le lendemain à leur domicile en toute sécurité. A noter aussi que les personnes sont prises en charge dès leur arrivée et installées dans une chambre. Les Urgences Trois-Chêne sont ouvertes 7 jours/7, de 8h à 19h. Elles disposent des compétences et des équipements nécessaires pour traiter les urgences non vitales et non chirurgicales (fièvres, malaises, chutes, etc.). L’ergonomie et l’architecture des lieux sont adaptées à l’accueil des seniors.

tissus sains irradiés et augmente la précision du traitement. Les émetteurs implantés dans la tumeur à traiter ou à proximité transmettent de manière extrêmement précise ses coordonnées spatiales. L’irradiation est interrompue automatiquement si la tumeur sort de la zone. Elle est réenclenchée dès qu’elle y revient. Cette avancée, menée par la Dre Francesca Caparrotti, est le fruit d’une collaboration entre le service de radio-oncologie, dirigé par le Pr Raymond Miralbell, et celui de pneumologie, dirigé par la Pre Paola Gasche.

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immunitaire naturelle chez les patients atteints de can­ cers avancés réfractaires aux traitements classiques. Elle combine deux éléments implantés sous la peau. D’une part, des cibles pour le système immunitaire. De l’autre, des cellules géné­ tiquement programmées pour booster ce système. Cette thérapie, utilisable pour tous types de cancer, a été testée avec succès en phase I (tolérance). La phase II (efficacité) a débuté en juillet dans quatre centres académiques suisses.

Crédits : Patrick Lopreno, Istockphoto, Tom Kawara, Julien Gregorio/Phovea, Miguel Velazquez

Par André Koller

Octobre - Décembre 2017

B r è v e s

Urgences Trois-Chêne : un an déjà

Radiothérapie pulmonaire guidée par GPS


Brèves

Entraide

3,5

tonnes de nourriture ont été récupérées en 2016 aux HUG par la Fondation Partage. Soit près d’une tonne de plus qu’au début du partenariat conclu fin 2012 avec la banque alimentaire genevoise.

Les HUG brillent au Prix des soins infirmiers 2017 Nouvelle Les HUG ont décroché la 2e place – mais le 1er prix clinique – en juin à Bâle lors du Prix des soins infirmiers organisé par B. Braun Medical SA. Cette récompense a été décernée à l’équipe pilotée par Anne­Claire Raë, infirmière chargée de recherche et qualité des soins, pour le projet m éme o e o e e

unité mobile d’imagerie médicale Les HUG ont mis en circulation une nouvelle unité mobile d’imagerie médicale. Ce véhicule complètement équipé est mis à disposition de divers centres hospitaliers de Suisse romande ne possédant pas cette technologie. Un scanner PET-CT, une salle de commande, une salle d’attente et d’injection

Octobre - Décembre 2017

7’080

personnes ont bénéficié ainsi d’un repas pendant l’année grâce aux HUG, par l’intermédiaire de Partage.

HU

CO

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ES

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associations ou services sociaux genevois ont redistribué des aliments donnés par les HUG.

recomm o e rée o e e c rre r e roc e m mo e. Cette démarche a diminué de 15% le taux d’escarres au sein de l’établissement. Il est passé de 9,5% de patients touchés en 2015 à 8% en 2016. Grâce à des indicateurs comme l’utilisation de matériel prophylactique, les soins de peau ou l’attention portée à la nutrition, l’enquête a montré aussi une meilleure prise en charge des patients à risques élevés. Cinq mille infirmiers et aides­soignants ont été intégrés au projet et permis sa réussite.

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robotisée, ainsi que des toilettes sont installés dans la remorque. Celle-ci est tractée par un camion qui se déplace sur les lieux où doivent être réalisés les examens. Cette unité remplace celle lancée par les HUG en 2008 déjà. Durant ces neuf ans de success story, plus de 5’000 patients ont eu recours à la technologie PET-CT, près de chez eux. Véritable unité de radiologie roulante, ce camion et cette nouvelle remorque de 52 tonnes sont uniques en Suisse et permettront de doubler le nombre de patients examinés.


10/10 Animatou Films d’animation

Par Giuseppe Costa

Octobre - Décembre 2017

A g e n d a

A 15h Espace Abraham Joly Ch. Petit-Bel-Air 2

Animatou, festival international du film d’animation né de passionnés du dessin animé indépendant, présente pour la 4e année des projections aux HUG. Au programme, un large éventail du cinéma d’animation italien.

11/10 et 15/10 Rebelle Blues Lecture-spectacle Belle-Idée et Beau-Séjour

Une lecture-spectacle par Nicole Bachmann et Cyril

Kaiser, à partir du roman Rebelle, d’Alain Bagnoud. Musique : Le Fathers and Sons Blues Band. Jérôme est guitariste de rock et jeune journaliste culturel à la dérive. Lors d’un séjour à la montagne, il fait la connaissance d’un bluesman qui a été son idole. Une rencontre qui le lance à la recherche de son père, qu’il n’a pas connu. Cette lecture-spectacle a lieu le mercredi 11 (16h) à l’espace Abraham Joly (ch. Petit-Bel-Air 2) et le dimanche 15 (14h) à la cafétéria de l’Hôpital Beau-Séjour (av. de BeauSéjour 26).

11/10 Reconstruction du sein Information De 18h à 21h Bâtiment Gustave Julliard Centre de l’innovation

Les professionnels du service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique et le Centre du sein des HUG organisent une soirée d’information

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sur la reconstruction du sein après un cancer. L’occasion de découvrir les techniques de reconstruction, de parler avec des professionnels ou encore d’échanger avec des femmes ayant déjà bénéficié d’une reconstruction. Nombre de places limité : inscription au 022 372 80 12 ou karin.uelfeti@hcuge.ch

17/10 AVC Ateliers interactifs et conférences Dès 10h Bâtiment David Klein Auditoire Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

A l’occasion de la journée mondiale de l’AVC, l’hôpital organise des ateliers interactifs, des stands d’information ainsi que des conférences tableronde. Objectifs : reconnaître les signes d’alerte et apprendre à réagir en cas d’accident vasculaire cérébral. Dès 17h, trois conférences grand public sont données à l’auditoire Jenny. Les Hôpitaux de Loëx, Bellerive et Trois-Chêne présentent également des stands, respectivement dès 10h, 11h et 11h30. Vous pouvez aussi tester vos facteurs de risque au Bus santé, stationné à la place de la Navigation entre 9h et 15h30. Plus d’informations sur: www.hug-ge.ch/avc

Crédits : Thomas Perrodin

OCT.

Pulsations


NOV.

Agenda

09/11

obstructive, la Ligue pulmonaire genevoise et le service de pneumologie des HUG organisent une matinée publique sur le thème de L’oxygène dans tous ses états. Elle est destinée aux patients et proches touchés par des maladies respiratoires. Inscription (jusqu’au 30 octobre) : 022 309 09 90 ou info@lpge.ch Plus d’informations sur : www.lpge.ch

Parlons-en A 17h30 Maternité – Auditoire Bd de la Cluse 30 Entrée libre

Une femme sur deux souffre de fuites urinaires. Des solutions thérapeutiques existent et une bonne information a des effets positifs sur la qualité de vie des personnes. Le service de gynécologie des HUG y contribue avec la conférence grand public Incontinence urinaire : libérons la parole des femmes avec des témoignages de femmes et une place pour les questions du public. Plus d’informations sur: http://www.hug-ge.ch/ gynecologie/actualite

15/11 Oxygénothérapie Ateliers et infos De 9h à 12h Bâtiment Gustave Julliard

A l’occasion de la journée mondiale de la bronchopneumopathie chronique

TV

Chaque mois, Pulsations TV consacre une émission à un aspect particulier de la médecine aux HUG.

OCTOBRE Avec le programme Contrepoids® Maternité, les HUG offrent un suivi particulier aux femmes enceintes souffrant d’obésité et de surpoids.

NOVEMBRE Pleins feux sur les soins intensifs des HUG. Un lieu qui compte 36 lits et 250 collaborateurs hyperspécialisés pour le soin des patients au pronostic vital engagé.

01/12 Sida Journée mondiale De 9h à 15h30 Bâtiment David Klein Entrée principale Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

La consultation VIH des HUG et ses partenaires proposent un test de dépistage gratuit et rapide, des stands d’information ainsi que rubans et préservatifs. Par ailleurs, dès 12h, un programme riche et varié vous attend au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui accueille l’exposition SIDA – Une lutte en images. Plus d’information sur : hug.plus/sida

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DÉCEMBRE L’émission aborde la place de l’activité physique en complément aux traitements, notamment en cardiologie et en oncologie. Pulsations TV est diffusée en permanence sur YouTube et DailyMotion.

www.youtube.com/ user/kioskvideohug

Octobre - Décembre 2017

DÉC.

Incontinence urinaire

pulsations


Une équipe des HUG utilise des patients virtuels pour faire de la recherche clinique. Des milliers de personnes porteuses du VIH pourraient en profiter.

C

’est peut­être la prochaine grande révolution médicale : le clone virtuel. Soit l’élaboration d’un cobaye numérique identique au patient : même âge, taille, poids, ADN, etc. Dans quel but ? Pour réaliser des tests personnalisés, efficaces et sans risque, sur les effets, la toxicité et les interactions entre médicaments. L’équipe du Pr Jules Desmeules, médecin­ chef du service de pharmacologie et toxicologie clinique, et du Dr Youssef Daali, pharmacien adjoint agrégé, responsable du laboratoire de pharmacologie clinique, a utilisé cette technique pour étudier les traitements des maladies

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cardiovasculaires chez les patients atteints de VIH. « Leur espérance de vie est désormais proche de la norme. Et ils souffrent de pathologies liées à l’âge, comme les acci­ dents vasculaires cérébraux et les infarctus. Des maladies qui se traitent avec des médicaments qui fluidifient le sang. Or, les trois seuls disponibles sont inefficaces ou toxiques chez eux à cause des interactions avec un des traitements contre le VIH », explique le Dr Youssef Daali. Résultats après deux ans de recherche ? Aux dosages prédits par les modèles numériques, ces patients – potentiellement des dizaines de milliers de personnes – pourraient bénéficier d’un des médicaments jusqu’ici contre­indiqués. Résultats primés

L’étude a été réalisée en plusieurs étapes. Les chercheurs ont d’abord constitué des bases de données avec les patients et les médicaments analysés. « C’est le plus fastidieux. Il faut étudier la diffusion, le stockage et l’élimination des molécules dans les organismes », explique le Dr Daali. Puis le programme informatique – appelé modèle pharmacocinétique physiologique – a été adapté en y intégrant les données récoltées. « Finalement, nous avons démontré que les clones virtuels sont conformes aux humains en réalisant des tests sur une vingtaine de volontaires sains », ajoute Niloufar Marsousi, pharmacienne, auteure de la thèse de doctorat relative à cette recherche. Cette dernière a reçu le Prix de la recherche clinique 2017 des HUG. Et en 2016, celui de la publication la plus innovante de l’année, décerné par le fournisseur du logiciel. L’utilisation de clones virtuels pour évaluer les interac­ tions et le dosage de médicaments peut bénéficier à des millions de patients dans le monde. 

Crédits : shutterstock

Patients virtuels pour recherche réelle Par André Koller

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