Pulsations avril-mai 2017

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L’ÉQUIPE VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ SON PLUS GRAND FAN DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES

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Avril - Juin 2017

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Pulsations

Dermatologie

www.dondusang.ch

Des ateliers pour se sentir bien Ophtalmologie dans sa peau Glaucome, apprendre à gérer son traitement

DOSSIER

Nutrition

Bien manger : oui, mais comment ?


Editeur Bertrand Levrat Hôpitaux universitaires de Genève Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 CH-1211 Genève 14 www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine Planète Santé / Médecine et Hygiène Ch. de la Mousse 46 – CP 475 CH-1225 Chêne-Bourg www.planetesante.ch

Tous panels d’analyses

Responsable de publication Sylvia de Meyer

Centres de prélèvements et domiciles Prescription électronique

Rédactrice en chef Suzy Soumaille

Web, smarts phones, liens dossiers médicaux

Edition Joanna Szymanski, Elodie Lavigne, Laetitia Grimaldi Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco

Ont contribué à ce numéro Michael Balavoine, Giuseppe Costa, Jean-Michel Gaspoz, Elisabeth Gordon, Laetitia Grimaldi, André Koller, Elodie Lavigne, Geneviève Ruiz Publicité Publicitas SA Rue Etraz 4 – CP 7114 CH-1002 Lausanne www.publicitas.ch/magazines Abonnements Version électronique : gratuit www.hug-ge-ch/pulsations Version papier : gratuit Tél. 022 702 93 11 www.hug-ge.ch/abonnement-pulsations Fiche technique Tirage : 41 000 exemplaires 4 fois par an La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source.

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Pulsations Avril - Juin 2017

Sommaire

Actualité 04 Visite du nouveau bâtiment Gustave Julliard 08 Un dispositif anti-coup de chaud pour les pompiers 48 Des ateliers pour se sentir bien dans sa peau

22 Rééducation La Wii pour améliorer son équilibre

32 Mieux-vivre La méditation pour les jeunes

24 L’infographie Dépister le cancer du côlon

34 Pédiatrie L’école à l’hôpital

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36 Ophtalmologie Glaucome, apprendre à gérer son traitement 38 Témoignage Roxane Mentha se confie sur l’endométriose 04 13

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Crédits : istockphoto, Julien Gregorio, Luca Fascini

10 Rencontre Pr Christian Lovis :

« Le big data est une révolution »

26 Le portrait Patricia Hudelson, anthropologue médicale

13 Vrai/Faux E-cigarettes & Co’

28 L’organe Zoom sur les poumons

14 DOSSIER NUTRITION

Bien manger : oui, mais comment ?

30 L’invité Jean-Dominique Vassalli

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41 Carte blanche Pr Jean-Michel Gaspoz 42 Junior Les écrans et le sommeil 44 Brèves Agenda


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Pulsations

Pulsations fait peau neuve

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E d i t o r i a l

Le programme de cette édition est riche. Vous avez raté Plus de pages, les journées portes davantage de photos ouvertes du nouveau et d’infographies… bâtiment des lits ? Entièrement revisité, Séance de rattrapage le graphisme aéré Bertrand Levrat Directeur général des HUG offerte avec quatre du nouveau Pulsations pages sur Gustave vous accompagne Julliard. A l’approche dans l’univers hospitades beaux jours, le contenu de notre lier. A l’image de la couverture. assiette devient un peu plus un Ouverte sur le sommaire, elle invite enjeu. Entre les nouveaux exclus le lecteur au cœur d’une actualité (le sucre) et les réhabilités (le gras), médicale et scientifique faite par il y a de quoi y perdre son latin. celles et ceux qui travaillent chaque Le dossier pose un regard scientijour au service des patients. fique sur le rôle majeur joué par l’alimentation dans la santé. La métamorphose touche l’enveloppe. Pas l’ADN. Aujourd’hui Bonne lecture à toutes et à tous.  comme hier, notre mission est le

Photo Julien Gregorio

Pureté des lignes. Equi­libre des formes. Vous tenez entre les mains le premier numéro du magazine des HUG réalisé désormais en partenariat avec Médecine & Hygiène, l’éditeur genevois spécialisé en santé et médecine (Revue médicale suisse, Planète Santé, etc.).

partage des connaissances. Accessibles à tous, les articles présentent des savoirs démontrés. Mieux, ils favorisent le partenariat entre les patients et les professionnels de soins. Cette information est indispensable pour devenir davantage acteur de sa santé. Aussi, une large place est donnée au vécu des patients.


Par Giuseppe Costa Photos Luca Fascini

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A c t u a l i t é

Pulsations

1 1 Avec des fenêtres qui descendent bas, le patient jouit d’une vue dégagée sur l’extérieur.

Confort et sécurité dans un havre de lumière

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2 Les beaux jardins Opéra relient les deux bâtiments d’hospitalisation.

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Pulsations

Le bâtiment Gustave Julliard, doté de chambres à deux lits, place le patient au centre et offre une ergonomie moderne.

3 Toutes les

chambres ont leur propre salle de bains et sont très lumineuses. Chaque patient a sa télévision personnelle. A la tête de son lit, il dispose d’une télécommande sur laquelle il peut brancher des écouteurs. Cette même installation technique sert en priorité à appeler le bureau infirmier et à communiquer à distance avec les soignants. Cet appel de sécurité peut aussi être effectué dans la salle de bains.

Soins intensifs

4 Chaque unité dispose d’un salon dans lequel les patients peuvent recevoir leurs visiteurs.

Les soins intensifs comprennent 12 chambres in­­ dividuelles, dont 2 chambres d’isole­ ment équipées de sas, une réception centrale pour l’ac­ cueil des proches, une salle d’attente et des salons pour les entretiens. Au total, avec les 24 lits contigus situés au bâtiment Opéra, le service des soins intensifs dispose de 36 lits.

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osé sur son socle de verre, surmonté de larges baies vitrées et de loggias apportant la lumière naturelle jusqu’en son cœur, le nouveau bâtiment d’hospitalisation Gustave Julliard a accueilli le premier patient le 28 mars. Ici, place à de spacieuses chambres à deux lits – ou à un lit en cas de nécessité médicale –, avec douche, toilettes et télévision individuelle.

Chambres autour d’un îlot central

Une volonté qui se reflète dans l’agencement des unités de soins. L’ergonomie a été pensée de façon moderne avec un concept d’îlot central – comprenant le bureau des médecins et celui des soignants, la salle de soins, la pharmacie – et des chambres disposées autour. Cela réduit les distances et rend les demandes des patients encore plus accessibles.

4

Du confort, mais aussi de la sécurité. Il y a désormais davantage de zones d’isolement avec des sas, une ventilation contrôlée et des chambres à pression positive – pour protéger une personne fragile – ou négative – pour isoler une personne contagieuse. Chaque unité dispose d’armoires à pharmacie auto­­ matisées, qui délivrent le bon médicament au bon patient, ainsi qu’une nouvelle génération de chariots de réanimation. 5

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Avec des fenêtres qui descendent bas, la personne alitée jouit également d’une vue dégagée sur l’extérieur. Si pour les patients, c’est davantage de confort, pour les soignants, c’est un cadre plus intime facilitant le soutien émotionnel, l’empathie et la confidentialité. « Ce nouveau bâtiment est fidèle à notre vision des soins, centrée sur le patient. Aujourd’hui, nous avons construit l’hôpital autour de lui et pour lui. Prendre en considération les besoins humains, et non seulement techniques, est une priorité », résume le Pr Arnaud Perrier, directeur médical des HUG.

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Pulsations

Les sept étages d’hospitalisation 8 7 6

Chirurgie viscérale et colorectale Chirurgie viscérale Centre hépatobiliaire Chirurgie urologique, cardiovasculaire et thoracique Gastroentérologie

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Cardiologie Médecine interne générale Soins intermédiaires

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Ces nouveautés seront à terme déployées dans toute l’institution. « La qualité et la technicité des soins ne seront pas différents à Gustave Julliard qu’ailleurs dans les HUG », insiste le Pr Arnaud Perrier. D’une superficie de 40’955 m2, Gustave Julliard a coûté 254 millions de francs. Il culmine à 45 mètres, compte seize étages, dont treize hors­sol, et 188 chambres répar­ ties dans quinze unités de soins. Les étages d’hospitalisation réunissent la médecine interne et ses spécialités (cardiologie, néphrologie, etc.), ainsi que des disciplines chirurgicales. Quant au socle de verre, il abrite notamment le Centre de l’innova­ tion, une arcade « information, médiation, détente », destinée aux patients et aux proches, l’arcade imad et une salle de physiothérapie et d’ergothérapie. Brasserie ouverte au public

Blocs opératoires Les nouveaux blocs sont composés de six salles, dont deux dédiées à la chirurgie robotique, et adjacents à ceux du bâtiment Opéra. Le tout forme un seul site relié aux salles de réveil et à un espace commun d’anesthésie. Cette centrali­ sation présente des avantages en termes de sécurité des soins, de qualité de l’accueil et de gestion des ressources.

A l’étage P, les douze nouvelles chambres des soins intensifs sont contiguës à celles déjà existantes, alors que les nouveaux blocs opératoires sont composés de six salles, dont deux dédiées à la chirurgie robotique, et adjacents à ceux du bâtiment Opéra. Au rez­de­chaussée, Chez Gustave (café et bras­ serie) est ouvert au public, de même qu’une pharmacie (24h /24 et 7j /7). A terme, l’ancien bâtiment des lits (Lina Stern), construit en 1966, sera rénové afin d’offrir des chambres à deux lits. Au total, les deux bâtiments d’hospitalisation comptent 710 lits. 

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Médecine interne générale Maladies infectieuses Angiologie et hémostase

3

Médecine interne générale Pneumologie Néphrologie Immunologie Soins intermédiaires

2

Médecine interne générale Endocrinologie Diabétologie Nutrition Service de transplantation

Le socle de verre 1

Arcade HUG Bureaux polyvalents

0

Salles de réunion et de formation

Stockage de matériel médical

Auditoire (88 places)

Liaison piétonne avec le bâtiment Opéra

Salle de repos des collaborateurs

Centre de l’innovation

Espace physio/ergo Arcade imad

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Les sous-sols

Les toits 10

Etage technique

S

Panneaux solaires thermiques

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Vestiaires, distributeurs de vêtements Parking vélos (150 places)

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Etage technique (ventilation, fluides médicaux)

U

Etage logistique

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P

Blocs opératoires et soins intensifs

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Entrée principale, accueil, admissions Chez Gustave (café, brasserie) Pharmacie publique (24h /24, 7j /7)

Le nouveau bâtiment d’hospitalisation porte le nom de Gustave Julliard. Chirurgien en chef de l’Hôpital, il est à l’origine de la création de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, première de Suisse romande. Elle ouvre ses portes en 1876 avec… 47 étudiants. Gustave Julliard en est le premier doyen.

Bâtiment

des laboratoires et de recherche CMU (Unige)

Bâtiment

Valérie de Gasparin Bâtiment

Ophtalmologie

Hôpital des enfants

Bâtiment

David Klein Gustave Julliard

e la

Bd d

Maternité Bâtiment Opéra Bâtiment Lina Stern Bâtiment Louise Morier

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Bâtiment Jean­Louis Prévost

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Clu

Plan : G. Laplace, source illustration : Oxyde

Gustave Julliard


Par Laetitia Grimaldi Illustrations Benjamin Schulte

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A c t u a l i t é

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Un dispositif anti-coup de chaud pour les pompiers

Alerte rouge Passé le risque

d’accident immédiat, le plus grand danger menaçant les sapeurs­pom­ piers en intervention est le coup de chaleur. En cause : un équipement lourd, contraignant et ne permet­ tant pas à la chaleur du corps de s’évacuer, le tout dans un contexte d’effort physique considérable et souvent de chaleur extrême. « Au sens médical du terme, le coup de chaleur est loin d’être anodin,

SSO1

Inauguré en août 2016, le Soutien sanitaire opérationnel offre une soupape inédite aux pompiers en intervention. Fruit d’une collaboration entre le Service d’incendie et de secours de la Ville de Genève, les Samaritains et les HUG, le dispositif a déjà été réquisitionné pour une dizaine d’opérations.

explique la Dre Michèle Chan, médecin urgentiste aux HUG. La température du corps augmente dangereusement, le rythme car­ diaque s’emballe, les poumons souffrent, une confusion mentale apparaît. Dans un contexte péril­ leux, le danger peut rapidement devenir mortel. » L’urgence : faire une pause, refroidir le corps et favoriser la réhydratation avec des boissons froides ou chaudes.

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Pulsations

O

SS

De quoi parle-t-on ? SSO1 et SSO2 : deux « noms de code » pour des dispositifs complémentaires. « Le Soutien Sanitaire Opérationnel 1 est une remorque de ravitaillement mise au point par le SIS pour aider les sapeurs­pompiers à se ‟ recharger” rapidement », résume le lieutenant Alexandre Genolet, responsable de l’unité ambulances au Service d’incendie et de secours (SIS) de la Ville de Genève. Boissons, nourriture adaptée, vêtements de rechange, lavabo, WC mobiles sont ainsi à disposition des profes­ sionnels du feu, là où la débrouille était généralement de mise dans un contexte d’urgence absolue.

20 minutes

Le Soutien Sanitaire Opérationnel 2 est quant à lui appelé en renfort quand le danger sur place s’intensi­ fie ou a d’emblée été jugé extrême par le Commandant des opérations de secours du SIS présent sur place. Le soutien devient alors véritable­ ment médical. Suivant un protocole de contrôle et de soins strict, une équipe de samaritains du PICA (Piquet catastrophe de Genève) et un ambulancier du SIS sont présents avec un arsenal médical : matériel de surveillance des paramètres vitaux (fréquences cardiaque et respiratoire, taux de monoxyde de carbone, tension artérielle, température corporelle), veste et siège refroidissants et matériel de première urgence. Si ce SSO2 a été jugé nécessaire pour l’opération, tous les sapeurs­pompiers engagés sont alors soumis aux tests de santé à intervalles réguliers. 9

existait, mis en place par le Canton de Vaud. Le SIS y a apporté quelques adaptations, notamment pour les aspects purement médi­ caux. « Faire appel aux services des HUG était une évidence puisque nous travaillons déjà en étroite collaboration : les médecins de l’UPHR (Unité des urgences préhos­ pitalières et de réanimation) des HUG sont les répondants médicaux du service d’ambulances du SIS », rappelle le lieutenant Genolet. Les deux médecins urgentistes des HUG investies dans le projet sont les Dres Birgit Andrea Gärtner et Michèle Chan, respectivement responsable du protocole médical du SSO et de la formation des samari­ tains du PICA impliqués dans le SSO.

Pourquoi maintenant ?

« Aux Etats­Unis, ce genre de dispositif est largement répandu, souligne le lieutenant Genolet. Plus proches de nous, nos collègues du canton de Vaud ont mis sur pied un concept de soutien sanitaire pour les sapeurs­pompiers suite au spectaculaire incendie d’un entrepôt d’archives à Lausanne en 2009. » Leur objectif d’alors, partagé par le SIS aujourd’hui : mettre au point un protocole alliant soins et matériel pour permettre aux professionnels de récupérer rapidement et de se réhydrater lors des opérations les plus éprou­ vantes. « Dans le canton de Genève, poursuit le lieutenant Genolet, la nécessité est devenue criante suite à un fait exceptionnel : la dépollution chimique du site d’Avully qui a mobilisé les sapeurs­pompiers durant trois semaines dans des conditions de travail particulière­ ment difficiles. » 

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SSO2

C’est le temps que se laisse l’équipe médicale pour remettre sur pied un sapeur­pompier victime d’un coup de chaleur. Si passé ce délai ses paramètres vitaux ne sont pas revenus dans les normes, il est évacué, vers la caserne ou l’hôpital en fonction de son état de santé.

Le rôle des HUG Un protocole


Pulsations

Par André Koller Photo Anoush Abrar

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R e n c o n t r e

« Le big data est une incroyable révolution » Le Pr Christian Lovis nous donne sa vision de cette innovation, comparable selon lui à l’avènement du télescope ou des rayons X. Rencontre avec une personnalité hors norme.

A

vec ses éternels pulls à col roulé et son mépris des conventions sociales, le Pr Christian Lovis détonne dans l’univers hiérarchisé d’un hôpital universitaire. L’électron libre des HUG et chef du service des sciences de l’information médicale, occupe aussi depuis 2016 le fauteuil de président de la Fédération européenne de l’informatique médicale. Vous faites partie de ces gens précédés d’une réputation : génie bicéphale (médecin et informaticien), geek iconoclaste, etc. Comment vous décrivez-vous vous-même ? Pr C. Lovis Comme un bricoleur ! Maison, jardin, voiture... J’aime comprendre comment ça marche, j’aime réparer. Bricoler, au sens noble du terme, c’est trouver des solutions. C’est une expression importante de l’intelligence. Mais c’est également oser démonter ce qu’on ne connaît pas, trouver des solutions parfois étranges, mais qui fonctionnent. C’est aussi ne pas avoir peur de se tromper ou de casser. Pulsations

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Pour mener une carrière comme la vôtre, ne faut-il pas être davantage qu’un bricoleur ? Pr C. Lovis Je suis un « abstracteur » aussi. J’essaie de trouver des solutions générales. Ensuite, j’ai ce talent particulier de refuser les dogmes. J’éprouve aussi une certaine difficulté à composer avec les conventions sociales... Mais je suis passionné. Et je tente de communiquer mon enthousiasme, de motiver les gens, les passionner, les entraîner avec moi. Pas toujours facile. J’ai aussi la réputation d’être un peu « brut de décoffrage » lorsque je m’exprime. C’est un défi que d’apprendre à communiquer. Pulsations

Un de vos sujets de prédilection est le big data. Pourquoi ? Pr C. Lovis Parce que c’est un truc incroyable ! Une révolution rare comparable à l’invention du télescope ou des rayons X. Le big data, c’est l’avènement d’une image digitale du monde réel. Cette image est de plus en plus précise, complète et réaliste grâce à l’évolution des technologies. Et elle se construit dans une infinité de domaines : médecine, génétique, sociologie, économie, environnement, etc. Pulsations

Plus besoin de monter des études compliquées, longues et coûteuses. Les données – sociologiques, médicales, comportementales – sont à portée de main. Je prends un exemple. Il y a 20’000 sondes privées sur l’arc lémanique qui mesurent la température, le taux de CO2 et les décibels. Si quelqu’un souhaite étudier la relation entre Alzheimer et la chaleur, la pollution et l’exposition au bruit, il peut le faire. Du jour au lendemain. C’est complètement nouveau.


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1. Lunettes de réalité virtuelle Oculus Rift 3D. 2. Cardiofréquence­ mètre au poignet.

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4. Capteurs d’activité muscu­ laire aux avant-bras permettant d’en déterminer les mouvements.

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3. Le vélo connecté : capteurs de vitesse et de cadence, lampe avant à faisceau piloté par la luminosité et la vitesse, lampe arrière avec radar de proximité et faisceau piloté selon les véhicules en approche, pédales avec plateformes de puissance, caméra avant pilotée par les déplacements, le tout synchronisé et piloté par le GPS placé sur le guidon.


Pulsations

N°2 - Avril - Mai 2017

R e n c o n t r e

Pulsations Vos travaux portent-ils directement sur le big data ? Pr C. Lovis Oui. L’image digitale constituée par le big data doit être une représentation du monde aussi fidèle que possible. Pas un reflet tronqué. Par exemple, les menus déroulants dans un dossier médical cons­ tituent un appauvrissement tragique de l’information. Pour éviter cela, il faut en­ seigner aux ordinateurs le langage naturel. Celui qui est parlé dans la vie de tous les jours. C’est notamment à cela que travaille une partie de mon équipe : apprendre aux machines à comprendre les hommes.

« Les ordinateurs remplaceront les médecins quand les machines auront remplacé les hommes. »

IBM a mis au point un ordinateur, Watson, capable de diagnostiquer un cancer du poumon avec un taux de succès de 90%. Peut-on imaginer, dans un futur proche, que des Watson remplaceront les médecins ? Pr C. Lovis On a demandé à Watson sur quel paramètre agir pour avoir le plus d’impact sur le changement climatique. Il a répondu : éliminez le genre humain. Ce n’est pas la réponse attendue. Plus Watson se rapprochera de l’humain, plus il sera potentiellement un prédateur pour l’humain. Comment choisir entre vivre cinq mois sans traitement ou dix avec les inconvénients d’une chimiothérapie ? Aucune machine ne devrait décider à votre place. Vous déciderez seul, ou en discutant avec un humain. Probablement un médecin. Je dis souvent que les ordinateurs remplaceront les médecins quand les machines auront remplacé les hommes.  Pulsations

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Pulsations

La cigarette électronique avec nicotine est moins dangereuse pour la santé que le tabac. Probablement vrai. On manque encore

de données sur les effets à long terme pour pouvoir l’affirmer. Dans la cigarette de tabac, ce n’est pas la nicotine qui est dangereuse, mais certains composants naturels du tabac et surtout les produits issus de sa combustion, en particulier les goudrons et le monoxyde de carbone. Comme ces produits sont absents quand on vapote, on peut raisonnablement penser que si la cigarette électronique est nocive pour la santé, elle l’est beaucoup moins que le tabac.

L’e-cigarette aide à arrêter de fumer. Probablement vrai. Deux études

Les inhalateurs de tabac chauffé sont « propres » comme le dit le fabricant. Faux. Ces nouveaux dispositifs per-

Crédit : istockphoto

mettent d’inhaler du tabac chauffé électriquement sans le brûler. S’il n’y a vraiment pas de combustion, on peut penser qu’ils sont moins nocifs que la cigarette. Toutefois, même à l’état naturel, le tabac est dangereux, car il contient des nitrosamines cancérigènes. On peut aussi être sceptique devant des produits dont les effets sur la santé sont inconnus et qui sont élaborés par une industrie qui a trompé le monde pendant des décennies. Pour l’instant, il faut donc considérer ces dispositifs avec passablement de précautions et de suspicion. 

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Est-ce moins nocif de vapoter que de fumer ? Les inhalateurs de tabac chauffé sont-ils vraiment « propres » ? L’avis du Dr JeanPaul Humair, médecin adjoint agrégé au service de médecine de premier recours des HUG.

Par Elisabeth Gordon

montrent une tendance favorable, mais n’apportent pas de preuve formelle, car on manque de recherches bien faites avec les cigarettes électroniques de dernière génération. Dans la pratique, on constate que de nombreux vapoteurs ont renoncé à la cigarette et la plupart des spécialistes de tabacologie ont des patients que la cigarette électronique a aidés à arrêter de fumer. Ces arguments suggèrent que la cigarette électronique pourrait être efficace pour arrêter ou diminuer sa consommation de tabac.

V r a i / F a u x

E-cigarettes & Co’


Par Elodie Lavigne Photos Pierre Javelle et Akiko Ida

Avril - Juin 2017

D o s s i e r

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Dites-moi ce que vous mangez, je vous dirai… Les études le montrent clairement : l’alimentation joue un rôle majeur dans la santé. Mais en même temps, la science qui s’intéresse aux rapports entre nutrition et santé n’en est qu’à ses débuts.

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l y a les tentations. La publicité. L’abondance des produits vendus dans les supermarchés. Il y a aussi cette multiplicité de conseils sur comment et que manger. Dans ce contexte, il est difficile de trouver ses repères et d’adopter une alimentation saine et équilibrée. Et pourtant, la question est capitale. Selon le Dr Dimitrios Samaras, médecin consultant à l’unité de nutrition des HUG, « la santé, le bien-être et la prévention des maladies liées au vieillissement sont à 90% liés à notre mode de vie, dont l’alimentation et l’activité physique sont les piliers ».

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Une alimentation saine présente de multiples bienfaits. Elle agit contre le surpoids, l’obésité, l’hypertension, le diabète, l’hypercholestérolémie, mais aussi la dénutrition. De quels composants nutritionnels notre corps a-t-il besoin ? Quels aliments représentent une menace pour notre santé ? A quoi ressemblera la nutrition de demain ? C’est à ces questions majeures que les spécialistes des HUG ont bien voulu répondre dans notre dossier.


N ut rit io

Les Prs Jacques Philippe, Claude Pichard et les Drs Dimitrios Samaras et Zoltan Pataky, tous spécialistes aux HUG, font le point sur les connaissances scientifiques actuelles et nous dévoilent les principes auxquels on peut se raccrocher.

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…si c’est bon pour la santé

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Vous voulez savoir où en est la qualité de votre alimentation ? Sachez que votre poids, votre indice de masse corporelle [IMC = Poids (kg)/Taille (m)2], votre tour de taille et votre bien-être général (qualité de la digestion, forme physique, etc.) sont des baromètres qui indiquent si vous êtes plutôt dans le vert ou dans le rouge. Dans le second cas, votre santé a beaucoup à gagner en modifiant vos habitudes, par vos propres moyens ou avec l’aide d’un professionnel de la santé.

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Le sucre qui nous rend accro Les sucres (ou glucides) constituent notre principale source d’énergie. « Lorsque cet apport en énergie dépasse nos besoins, le surplus est stocké par le foie et les muscles sous forme de glycogène, et dans la graisse corporelle sous forme de tissu adipeux », explique le Pr Jacques Philippe, responsable de l’unité d’endocrinologie, diabétologie et nutrition des HUG. On a longtemps pensé que leur effet sur la santé était moins important que celui des graisses. Les épidé­ mies mondiales de diabète et d’obésité nous prouvent aujourd’hui le contraire. C’est un fait : notre consom­ mation moyenne de glucides est supérieure à nos besoins. Or, on doit être attentif à l’équilibre entre les apports et la dépense énergétique : « Une alimentation riche peut être compensée par une augmentation de l’acti­ vité physique », rappelle le spécialiste. En plus de la quantité de sucre, il est de plus en plus clair que le type de glucides ingéré a aussi un impact important sur l’organisme, chacun ayant son métabolisme propre. Notamment, un excès de fructose augmente le taux de lipides dans le sang, ce qui n’est pas le cas du glucose seul.

Un cerveau peu habitué au sucre ou à la cocaïne ressentira un plaisir massif (zone rouge) quelle que soit la dose ingurgitée.

A dose égale, un cerveau habitué à la cocaïne ressent moins de plaisir (zone rouge) qu’un cerveau sain. Pour combler le manque, il doit prendre beaucoup de substances.

La réaction du cerveau est identique pour le sucre et la cocaïne. Un cerveau habitué ressent un plaisir moindre à dose égale et doit combler le manque par un apport massif de substances.

Dans les sodas, mais aussi dans des aliments plus inattendus (pizzas, viennoiseries, etc.), l’industrie alimentaire ajoute – les fameux sucres cachés – du sirop de glucose enrichi en fructose. Son pouvoir sucrant supérieur au simple saccharose (sucre de table) et son caractère addictif important (voir infographie) donnent envie d’en consommer davantage, et font de lui un acteur majeur de l’épidé­ mie mondiale d’obésité. 16

Les protéines végétales, ces oubliées Les protéines jouent un rôle essentiel dans notre organisme. Elles sont impliquées dans de nom­ breux processus physiolo­ giques (enzymatiques, hormonaux, immunitaires, etc.) et participent au fonc­ tionnement de nos cellules et au renouvellement des tissus. Elles sont constituées d’un assemblage d’acides aminés, qui sont digérés, puis utilisés par le foie et les muscles pour produire leurs propres protéines. Dans l’alimentation, on trouve des protéines dans les produits d’origine animale tels que la viande, le poisson, les œufs et les produits laitiers, mais pas seulement. On en trouve aussi dans les végétaux, tels que les légumineuses et les céréales complètes. Certes, les protéines ani­ males renferment les neuf acides aminés qui nous sont essentiels. Mais en variant les différentes sources de protéines végétales et en les associant, nous pouvons aisément combler nos besoins. Sans compter qu’en privilégiant les protéines d’origine végétale, on réduit par la même occasion notre consommation de graisse animale, qui favorise les maladies cardiovasculaires.


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« Manger comme un roi le matin, comme un prince à midi et comme un paysan le soir. » Pour le Pr Jacques Philippe, l’adage populaire est vrai.

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Pour ce qui est des huiles, c’est l’huile d’olive, surtout composée d’acides gras monoinsaturés, qui devrait avoir notre préférence. De nombreuses études épidé­ miologiques ont montré ses bienfaits sur la santé, bien qu’on ignore encore exactement pourquoi. L’huile de colza et l’huile de lin, riches en acide gras poly­insaturés, sont aussi des huiles saines. En revanche, il vaut mieux avoir la main légère sur l’huile de tournesol et l’huile d’arachide. Un autre conseil avisé est de renoncer à toutes les graisses hydrogénées (présence indiquée sur les étiquettes avec la mention « partielle­ ment hydrogénée » ou « totalement hydro­ génée »). L’hydrogénation est un procédé industriel qui allonge la durée de conser­ vation des produits. Mais ses effets sur la santé sont néfastes, en particulier pour le système cardiovasculaire.

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Mais prenons l’exemple du beurre. Il est en grande partie composé de graisses saturées et devrait donc être ingéré avec modération. Cela dit, il vaut mieux consommer du beurre plutôt que de la margarine, lorsqu’elle est fabriquée à base d’huile de palme. De même, il est meilleur pour la santé de manger des mets cuisinés avec du beurre que des produits industriels préparés avec cette même huile de palme. Car cette dernière favorise le dépôt grais­ seux à l’intérieur des vaisseaux sanguins et augmente ainsi le risque cardiovasculaire.

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Les graisses (ou lipides) jouent un rôle essentiel, puisqu’en plus d’être une source importante d’énergie, elles sont des consti­ tuants clés des cellules et du tissu cérébral. Elles sont de plus nécessaires à l’élaboration des hormones et à la synthèse des vitamines. Les lipides peuvent être stockés dans le tissu adipeux pour des besoins futurs. Mais surtout, l’apport lipidique a une influence dans la survenue ou non des maladies cardiovasculaires. En jeu il y a bien sûr la quantité, mais aussi la qualité des graisses qu’on consomme. Or, cette question est très complexe. En bref, il est conseillé de privilégier les acides gras polyinsaturés et monoinsaturés au détriment des saturés.

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Les graisses, un univers complexe


Pulsations Témoignage #1

Témoignage #2

« Je ne suis plus malade »

« Je mangeais jusqu’à avoir mal »

Avril - Juin 2017

D o s s i e r

En surpoids et diabétique, Gafur, 53 ans, a réussi à modifier son hygiène de vie en suivant les conseils de son médecin. « J’avais déjà essayé de perdre du poids, mais sans succès. Depuis un an, je consulte tous les deux mois le Dr Zoltan Pataky. Il m’a donné un courage incroyable. J’ai changé mon alimentation – je mange plus de légumes, plus de viande blanche et de poissons – et je fais 60 km de vélo par jour. La perte de poids a été progressive. Quand j’ai compris que j’arrivais à manger différemment et à faire du sport, j’ai continué, cela m’a donné des ailes. Si j’ai envie de sucre, je ne mange qu’un carré de chocolat. Ça me suffit. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de me faire des piqûres d’insuline. J’ai intégré mes nouvelles habitudes au quotidien, c’est comme si c’était normal et j’y éprouve du plaisir. »

Grâce à sa prise en charge aux HUG, Isabelle, 51 ans, a appris à mieux gérer sa boulimie et son diabète. Elle raconte comment l’atelier sensoriel de dégustation, mené par le diététicien Michel Delétraz, a fait évoluer son rapport à la nourriture. « Je mangeais jusqu’à ressentir de la douleur. J’ai dû apprendre à apprécier la nourriture pour que ce ne soit plus une destruc­ tion. Lors de cet atelier, très simple, le diététi­ cien nous a demandé de choisir un des aliments proposés, il y avait même du chocolat. J’ai pris un morceau de kiwi. Nous devions fermer les yeux, nous laisser aller, prendre le temps de déguster, puis décrire notre ressenti, et dire si on avait envie de continuer à manger ou pas. Aucun des partici­ pants n’a voulu reprendre un morceau. J’ai été très surprise de constater qu’une petite quantité suffit pour ressentir et apprécier le goût. Cela m’aide à ne plus me ruer sur la nourriture, parfois j’y arrive, parfois non. Mais je me sens soutenue, cela me fait du bien. »

Les nouvelles tendances de l’alimentation Manger, une histoire d’émotions

Une alimentation saine, c’est aussi « se préoccuper de notre manière de vivre – activité physique, sommeil –, de notre état de stress et de nos émotions », défend le Dr Zoltan Pataky, médecin adjoint au service d’enseignement thérapeutique pour les maladies chroniques des HUG. Et considérer aussi que l’alimentation est un plaisir, voire, pour certains, une récom­ pense. C’est pour cela que se focaliser sur une alimentation « prescrite » est contre­productif. Pour preuve les régimes restrictifs qui, à terme, font prendre du poids et que l’on bannit aujourd’hui. Les dérèglements alimetaires et autres excès de poids peuvent être liés à des difficultés à gérer ses émotions, à une mauvaise estime de soi et du corps, et à des habitudes alimentaires délétères. Pour aider ceux qui souffrent des consé­ quences d’une alimentation déséquilibrée ou de problèmes métaboliques, le service d’enseignement thérapeutique des HUG * propose divers programmes ambulatoires. L’approche est pluridisciplinaire (diététique, comportement alimentaire, activité phy­ sique) et le suivi personnalisé. On apprend à mieux connaître les aliments, les maladies, à gérer ses émotions, ses pulsions, à déguster pour retrouver peu à peu une relation saine avec la nourriture. « On prend en considération les habitudes de la personne, son contexte de vie et ses obligations pour que nos conseils puissent être applicables à long terme ». Et surtout, on se donne du temps : « Modifier ses habitudes est une pression. Nous avançons pas à pas et fixons des objectifs très progressivement », rassure le Dr Zoltan Pataky. * www.hug­ge.ch/enseignement­therapeutique­pour­maladies

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Pulsations

La nutrition personnalisée

Et si, demain, la science de la nutrition se personnalisait ? La nutrigénomique, qui s’intéresse aux liens entre nutrition et génétique dans une perspective préventive et thérapeutique, existe déjà et est en plein développement. Mais dans le futur, pour le Dr Samaras, « la science s’intéressera de plus en plus aux propriétés thérapeutiques des aliments et à la recherche d’aliments fonctionnels ». Aujourd’hui, on suppose déjà que les aliments eux­mêmes pourraient avoir une influence sur notre dépense énergétique, soit en l’abaissant, soit en l’augmentant. Nul doute que l’industrie agro­alimentaire saura emboîter le pas pour proposer aux consommateurs des aliments censés résoudre leurs problèmes de santé.

Mais l’orange n’est qu’un exemple. Pour retirer tous les avantages de n’importe quel aliment, il est préférable de privilégier le produit frais, non transformé, et de le consommer au plus près de son état naturel.

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Avril - Juin 2017

« Buvez du jus d’orange ! C’est plein de vitamine C ». Ce conseil n’est pas dénué de sens, mais doit être nuancé. Oui, l’orange a une teneur élevée en vitamine C, mais elle est aussi riche en tout plein de molécules (des antioxydants par exemple) bonnes pour la santé. Donc, un jus d’orange vaut bien mieux qu’un simple comprimé de vitamine. Mais surtout, si on veut vraiment bien faire, il est meilleur, sur le plan nutritionnel, de manger le fruit entier plutôt que de boire seulement son jus. Car, cloisonnés dans les fibres, les sucres sont digérés plus lentement et sont libérés progressivement dans le sang, à mesure des besoins en énergie. Ceci évite les stress métaboliques provoqués par un sucre simple, une situation se produisant par exemple quand on consomme une pâtisserie ou une barre chocolatée.

D o s s i e r

Il n’y a pas que les vitamines dans la vie ou l’histoire de l’orange

« Une prise alimentaire peut avoir des effets très variés d’un individu à l’autre. Chacun a probablement des besoins très différents », estime le Pr Jacques Philippe. De plus en plus, on voit dans la notion d’équilibre alimentaire quelque chose de très person­ nel. Car nos besoins énergétiques sont en grande partie déterminés par des facteurs individuels tels que la dépense énergétique, mais aussi l’âge, le sexe et le métabolisme.


Pulsations

Le jeûne, une fausse bonne idée

Avril - Juin 2017

D o s s i e r

Le jeûne véhicule une image de pureté, de maîtrise de soi et de santé. Mais cesser de s’alimenter pendant plusieurs jours est-il vraiment raisonnable pour la santé ? Le point avec le Pr Claude Pichard, responsable de l’unité de nutrition aux HUG. Pulsations Quels sont les effets du jeûne sur l’organisme ? Pr C. Pichard Le jeûne représente un stress pour le corps car nous sommes programmés pour nous alimenter. Chez l’individu sain qui jeûne par volonté, l’organisme s’adapte après 4 à 5 jours, au terme desquels le stress et l’appétit disparaissent. Le corps va puiser dans la masse grasse pour trouver de l’énergie. Des corps cétoniques sont alors libérés. Ils inhibent le centre de l’appétit entraînant ainsi une disparition de la sensation de faim. Chez un individu malade, les effets sur l’organisme sont différents. A cause de la maladie, le corps est déjà en état de stress et l’appétit naturellement coupé. Pour trouver de l’énergie, l’organisme affaibli en état de jeûne consomme donc essentiellement la masse protéique (ou maigre), c’est-àdire les muscles, et peu de graisse.

Est-ce que jeûner fait maigrir ? Non. Bien sûr qu’à court terme ne pas manger fait perdre du poids. Mais à long terme, c’est le contraire. Après une période de privation, des mécanismes de compensation s’installent avec pour conséquence une prise de poids généralement supérieure au poids avant le jeûne. C’est ce qui se passe d’ailleurs avec n’importe quel régime restrictif.

Pulsations

Pr C. Pichard

Est-ce que jeûner est dangereux ? Oui. Jeûner plus de trois jours est dangereux, surtout chez les personnes qui ont peu de graisse et de muscles. Le corps « se mange lui-même », c’est une espèce d’auto-cannibalisme ! Les jeûnes répétés ne sont pas bons non plus. En jeûnant un jour par semaine, on se prive de 15% des apports nutritifs nécessaires à l’organisme. A long terme, la perte cumulée a des conséquences néfastes pour la santé. La privation en calcium, par exemple, porte atteinte à la formation et la solidité des os.

Pulsations

Pr C. Pichard

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Pulsations On peut penser que le jeûne nettoie l’organisme et le repose, est-ce vrai ? Pr C. Pichard Non. L’idée qu’on se nettoie le corps en jeûnant est totalement fausse. On est naturellement fait pour garder ce qui est bon et éliminer ce qui est nocif. Quant au présupposé « repos de l’organisme », il n’existe pas. Jour et nuit, notre machine cellulaire fabrique de l’énergie chimique, dans une quantité équivalente à notrepoids corporel. Le concept idéo­ logique de « nettoyage » ne s’appuie sur aucun fondement physiologique. Pulsations Si on résume, jeûner n’est donc pas une bonne idée… Pr C. Pichard Non, effectivement. Le jeûne n’apporte aucun bénéfice pour la santé et peut même être néfaste chez une personne malade. On sait en effet que la malnutrition augmente le risque de problèmes de santé. Une seule nuance est à faire : il est possible que, dans le futur, certains traitements (la chimiothérapie par exemple) soient plus efficaces en étant associés à des périodes de jeûne très précises. Mais aujourd’hui la question reste très controversée. Rien ne prouve en effet les bénéfices du jeûne dans le cadre d’un traitement contre le cancer chez l’homme.

Le petit monde des Minimiams En 2002, Akiko Ida, photographe culinaire, et Pierre Javelle, artiste photographe, établissent un concept qui met en scène des figurines de modélisme sur de la nourriture: des astronautes sur une crème brulée, un artiste sculpteur d’arachides ou encore un pingouin sur des marshmallows. Un regard décalé au pays des gourmands. http://minimiam.com/fr/


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Pulsations

bonnes résolutions pour une alimentation santé

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Des produits naturels et simples dans leur composition. De la fraîcheur, du local et de saison. Le moins possible de produits industriels, trop riches en sucre, en sel et en graisse. Des repas cuisinés à la maison, pour contrôler ce qu’il y a dans votre assiette.

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Des aliments complets et riches en fibres.

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Moins d’aliments frits et cuits à haute température.

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De l’eau surtout, et moins de boissons sucrées.

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Le moins possible de charcuterie, de saucisses et autres viandes transformées.

D o s s i e r

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5 fruits et légumes par jour (3 légumes et 2 fruits) au minimum.


Pulsations

Les personnes hospitalisées en réadaptation médicale à Bellerive ou en attente de placement à Loëx boostent leur équilibre grâce aux jeux vidéo.

Par Giuseppe Costa Photo Julien Gregorio

Avril - Juin 2017

R é é d u c a t i o n

La Wii pour améliorer son équilibre

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musez-vous encore plus grâce aux jeux d’équilibre ! Neuf activités différentes vous attendent, où vous pourrez, entre autres, porter un costume de pingouin ou skier dans les montagnes. » Au moment de faire sa pub pour la Wii Fit Plus, la multinationale japonaise spécialisée en jeux vidéo devait davantage penser aux 7 qu’aux 77 ans. Pourtant, cette console est utile, depuis mai 2016, à certains patients hospitalisés au service de réadaptation médicale des hôpitaux de Bellerive et de Loëx. « C’est à votre tour Monsieur. Montez sur la plateforme, vous allez faire du ski. Je vous guide pour la première descente en mettant mes mains sur vos hanches. Ainsi, vous sentirez mieux comment bouger sur la plateforme. Allez à gauche

Joueur : Victor Age : 89 ans Disciplines : pêche, ski, football

pour passer entre les portes rouges. Là, tournez à droite, entre les portes bleues », explique Stéphane Dupuis, physiothérapeute au service de réadaptation médicale à Bellerive. Dans la salle à manger de l’unité, ils sont cinq ce jeudi à participer au programme. A tour de rôle, ils vont s’improviser snowboarder, footballeur ou encore pêcheur. Les rotations sont effectuées selon la fatigue et les capacités physiques de chacun. Des sessions individuelles ont également lieu en salle de physiothérapie. 22

Moins de chutes

« Ces exercices travaillent le renforcement musculaire, la capacité fonctionnelle, l’équilibre, les aptitudes cognitives et contribuent ainsi à réduire le risque de chute », résume le Dr Christophe Graf, médecin-chef du service de réadaptation médicale des HUG. Participent aux séances des patients qui ont chuté (lire encadré) ou sont déconditionnés après l’arrêt de toute activité physique, devenant ainsi plus vulnérables et à risque de tomber.


Pulsations

Attention aux effets secondaires des chutes

Socialisation

En plus de l’aspect réadaptation, la composante ludique est un autre élément

important de l’activité. « Même si tous bénéficient de l’effet de groupe, il y a avant tout un esprit de compétition par rapport à soi-même : on ne veut pas battre son voisin, mais améliorer son record personnel. Au final, ces exercices ont un retentissement positif sur la motivation, la socialisation et la qualité de vie des patients », conclut Stéphane Dupuis. Victor, 89 ans, hospitalisé trois semaines pour une pneumonie aiguë, peut en témoigner : « Dans un hôpital, on est assez isolé, on sort peu de sa chambre. Là, on se retrouve en groupe. C’est très convivial. Les gens rigolent, encouragent, se félicitent, applaudissent. » Et de relever un autre avantage : « En se concentrant sur l’exercice, on oublie qu’on a des vertiges. On se donne de la peine et on voit qu’on y arrive. C’est bon pour le moral. » 

Avril - Juin 2017

Corollaire du vieillissement de la popula­ tion, le nombre de chutes chez les aînés est en augmentation. En effet, un tiers environ des plus de 65 ans tombe au moins une fois par an, dont 5% sont atteints d’une fracture et 1% d’une fracture du col du fémur. Voilà pour les chiffres. Mais les chutes provoquent aussi un déclin de la qualité de vie des personnes qui voient leur mobilité dimi­ nuée, leur constitution s’affaiblir, une peur de tomber à nouveau s’installer et une réduction de leur autonomie qui accroît le risque d’un placement en institution.

Concrètement, la plateforme de la Wii ressemble à une balance. Elle détecte les mouvements et les reporte sur l’écran de la télévision. Le patient obtient ainsi un feed-back en temps réel. « Il y a un retour en direct sur l’écran du résultat de sa position. Le cerveau reçoit des informations et corrige la posture pour améliorer les résultats. Cela nécessite de l’anticipation, de la coordination et de la force », détaille Stéphane Dupuis. Pour obtenir le bon équilibre, plusieurs systèmes sont sollicités : l’oreille interne, la vue et les mécanorécepteurs qui permettent de nous situer dans l’espace. « Cette stimulation multiple demande de gros efforts à des personnes âgées qui ont des atteintes neurologiques, sensorielles ou encore ostéo-articulaires », relève le Dr Graf.

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Estomac

Intestin grêle

Côlon (gros intestin)

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Rectum

Il absorbe l’eau résiduelle et pousse les déchets vers le rectum.

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Les enzymes digestives du pancréas et de l’intestin achèvent la digestion.

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Il débute la digestion des aliments.

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La place du côlon dans la digestion

45% des personnes diagnostiquées sont des femmes, 55% des hommes.

Le cancer du côlon est le cancer le plus meurtrier après celui des poumons.

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des cancers colorectaux peuvent être traités s’ils sont diagnostiqués tôt.

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Experts : Pre Johanna Sommer et Dr Idris Guessous

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Polypes

Le cancer du côlon est une maladie difficile à diagnostiquer car elle progresse longtemps de manière silencieuse. La dépister après 50 ans, soit par coloscopie, soit en testant la présence de sang dans les selles, diminue par deux le risque de mourir de ce type de cancer.

Dépister pour diminuer la mortalité

Cancer du côlon

Par Michael Balavoine Illustration Owen Davey

L ’ i n f o g r a p h i e

Avril - Juin 2017

Cancer Cellules cancéreuses issues d’un polype

Environ 10 ans

Paroi intestinale

Saignement

Evolution d’un polype

La maladie commence par un polype, une forme d’excroissance qui se développe sur la paroi intestinale. 10% de ces polypes grossissent suffisamment pour devenir cancereux.

Du polype au cancer

Pulsations


Prélevés à trois endroits différents des selles, des échantillons sont collectés sur un bâton puis insérés dans un flacon qui contient une solution liquide.

Après avoir répété l’opération trois fois sur trois jours, les flacons doivent être ramenés au laboratoire dans les 7 jours.

Il faut répéter le test tous les 2 ans. Risque de « faux positif » : le sang dans les selles peut être dû à autre chose que des polypes. Risque de « faux négatif » : les polypes et les cancers ne saignent pas toujours. Si le test est positif, une coloscopie doit être effectuée.

4

L’intervention, qui consiste à introduire dans le rectum une sonde munie d’une caméra, dure de 30 à 45 minutes. Les polypes sont directement retirés.

Coloscopie

Le médecin donne les résultats de l’examen et demande des analyses complémentaires si nécessaire. Si un sédatif a été administré, il faudra rentrer à pied.

Un geste médical doit être effectué. Si la progression de la sonde est généralement indolore, des douleurs peuvent apparaître quand le médecin insuffle de l’air pour distendre l’intestin. La prise de la solution laxative à avaler la veille de l’examen peut être désagréable.

Les polypes sont directement enlevés et leur contenu est ensuite analysé pour juger de leur dangerosité. Le geste ne doit être répété que tous les 10 ans.

Un rendez-vous doit être pris avec un gastroentérologue. La veille du rendez-vous, une solution pour nettoyer l’intestin doit être ingurgitée.

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Le test est effectué à domicile. Il n’y a pas forcément besoin de prendre rendez-vous chez un médecin. Le test est bon marché.

Des selles sont recueillies à domicile à l’aide du matériel fourni par un professionnel de la santé (flacon + gobelets).

Test de la présence de sang dans les selles

Les tests sont remboursés par l’assurance maladie de base entre 50 et 69 ans.

Deux méthodes de dépistage

Pulsations


Pulsations

Par Laetitia Grimaldi Photo Julien Gregorio

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Avril - Juin 2017

p o r t r a i t

Profession : anthropologue médicale Ni patiente ni soignante, Patricia Hudelson est hors catégorie au sein des HUG. Sa mission depuis quinze ans n’en est pas moins de taille : trouver des solutions au défi sans cesse accru du choc des cultures à l’hôpital.

A

l’hôpital, elle est un ovni. Tour à tour observatrice, médiatrice, confidente, analyste et enseignante, Patricia Hudelson exerce son métier d’anthropologue médicale dans un contexte pour le moins inhabituel. « Traditionnellement, les anthropologues parcourent le monde pour étudier les sociétés elles-mêmes, explique la spécialiste. L’anthropologie médicale examine la façon dont les cultures (y compris la culture médicale) traitent les questions de santé. L’idée est en retour d’apporter des solutions concrètes au profit de la médecine elle-même .»

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En croisant la route des HUG, Patricia Hudelson s’est confrontée à des défis qui ne cessent de la passionner.


Pulsations

Terre exotique

Barrière invisible

Appelée par les médecins, sollicitée pour rencontrer des patients, mobilisée par des études d’observation dans divers services et investie dans des cours donnés aux étudiants en médecine, Patricia Hudelson ne cesse de mettre à profit et d’enrichir sa formation américaine – et sans équivalent en Suisse – en anthropologie médicale appliquée.

Son ouverture au monde la conduira à Genève. « Quand l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) m’a proposé un poste, je n’ai pas hésité une seconde ! » raconte l’Américaine devenue depuis Américano-suisse. Dix ans plus tard, c’est en organisant une conférence aux HUG d’un anthropologue en visite à l’OMS qu’elle croise la route du Pr Hans Stalder, alors directeur du Département de médecine communautaire. Une problématique est dans les murs : affronter les nouveaux défis de la médecine des migrants au sein de l’hôpital. L’entente est immédiate et les portes s’ouvrent grand pour l’experte, qui confie : « J’ai eu une chance inouïe d’arriver aux HUG, c’est la terre la plus exotique que je n’ai jamais connue ! Les défis sont immenses, les interactions humaines fascinantes et les enjeux individuels tellement importants. » Cinq ans plus tard, le Pr Jean-Michel Gaspoz, nouveau directeur du

* http://www.hug-ge.ch/consultation-transculturelle-interpretariat 27

1961 1961 Département de médecine communautaire et de premier recours, soutient à son tour l’anthropologie à l’hôpital avec un objectif : que tout soit fait pour assurer une qualité des soins égale pour tous les patients. Depuis 2007, Patricia Hudelson propose, avec la Dre Melissa Dominicé Dao, des consultations transculturelles destinées aux soignants des HUG *, mais également des formations liées au travail avec les interprètes. « Faire fonctionner le duo patient /soignant en présence d’un interprète est un défi en soi, souligne Patricia Hudelson. Et cela n’est pas un détail quand on sait que les HUG ont comptabilisé plus de 30’000 heures d’interprétariat en 2016 ! » Ses envies aujourd’hui ? « Intégrer plus d’anthropologie dans la formation des médecins et poursuivre les défis qui m’attendent aux HUG », confie la quinquagénaire qui, loin des Etats-Unis, savoure de venir travailler en vélo depuis son quartier des Eaux-vives et s’échapper le week-end à la montagne. 

Naissance Naissanceà Cazenovia, à Cazenovia, New NewYork York (Etats-Unis) (Etats-Unis)

1983 1983

Bachelor Bacheloren anthropolo­ en anthropo­ gie logie sociale, sociale, Université Universitéde de McGill, McGill,Mon­ Mon­ tréal tréal(Canada) (Canada)

1989 1989

Doctorat Doctoraten anthropolo­ en anthropo­ gie logie médicale médicale appliquée, appliquée, Université Universitédu du Connecticut Connecticut (Etats-Unis) (Etats-Unis)

1989 1989

Chercheuse Chercheuse au auDéparte­ Départe­ ment mentde desanté santé internationale, internationale, Université Université de deJohns Johns Hopkins Hopkins (Etats-Unis) (Etats-Unis)

1991 1991

Arrivée Arrivéeàà l’Organisation l’Organisation mondiale mondiale de dela laSanté, Santé, Genève Genève

2001 2001

Arrivée Arrivée aux auxHUG HUG

2007 2007

Mise Miseen en place placede dela la Consultation Consultation transculturelle transculturelle aux auxHUG HUG

Avril - Juin 2017

Un luxe ? Loin de là ! « Les HUG ont toujours été caractérisés par une grande diversité socioculturelle, explique l’anthropologue médicale. Aujourd’hui on y entend 75 langues différentes et surtout un patient sur douze ne maîtrise pas du tout le français. L’obstacle de la langue est une barrière invisible mais redoutable qui se dresse entre les professionnels de la santé et les patients, les emmurant chacun dans des compréhensions erronées. Les conséquences pour la qualité et les coûts des soins peuvent se révéler désastreuses. » Concrètement : des traitements non suivis, des rendez-vous manqués, des hospitalisations vécues dans la détresse de ne pas comprendre ce qui se passe…

C’est au Canada, puis aux Etats-Unis, son pays d’origine, que Patricia Hudelson se forme à cette discipline qui la fascine. « On choisit de devenir anthropologue pour découvrir d’autres modes de pensée et confronter ses idées préconçues à celles des autres », admet-elle en souvenir notamment de ses années passées au Nicaragua.


Pulsations

Le service de pneumologie réalise chaque année plus de 11’000 consultations. L’objectif constant est d’offrir aux patients une exper­ tise clinique afin de poser des diagnostics de certitude ainsi que le meilleur choix de traitement. Au centre des investigations se trouvent des techniques de routine, comme les 10’000 tests annuels analysant la fonction pulmonaire, mais aussi des techniques de pointe notamment dans le domaine de l’endoscopie.

Interface entre l’air extérieur et le sang, les poumons prélèvent l’oxygène, le distribuent au corps grâce à un circuit très perfectionné et en chassent le gaz carbonique. Tour d’horizon des points forts du service de pneumologie des HUG dans les maladies du poumon et leurs traitements. Par Michael Balavoine

Avril - Juin 2017

L ’ o r g a n e

Pneumologie générale

Pre Paola Gasche, médecin­chef de service

10’000 à 15’000

La quantité d’air en litres qu’un adulte inspire et expire quotidiennement.

LES POU OU Hypertension pulmonaire

Elle est définie par une pression de plus de 25 mmHg dans l’artère pulmonaire, dont les causes sont nombreuses. Centre expert en la matière, les HUG ont été le premier centre suisse à proposer une angioplastie percutanée des artères, un traitement de pointe qui vise à déboucher les artères pulmonaires à l’aide d’un ballon. Dr Frédéric Lador, médecin­cadre

150 à 200

C’est la surface totale en m2 que l’on obtiendrait si l’on dépliait toutes les alvéoles pulmonaires. Une superficie énorme à la mesure de nos besoins en oxygène.

Réhabilitation respiratoire

Depuis 2016, le service de pneumologie a restructuré et développé un programme multidisciplinaire ambulatoire de réhabilitation respiratoire pour les patients qui présentent une insuffisance respiratoire. Cette démarche innovante dure trois mois et conjugue un ré­entraînement à l’effort et un enseignement personnalisé pour les patients, avec sensibili­ sation à l’activité physique et au comportement nutritionnel. Pr Jean-Paul Janssens, médecin­cadre

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Pulsations Pneumopathie interstitielle

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Le volume en litres moyen d’air contenu dans les poumons d’un adulte en bonne santé. Un peu plus chez les hommes, un peu moins chez les femmes.

Ce terme générique désigne l’ensemble des pathologies inflamma­ toires touchant le tissu pulmonaire et pouvant potentiellement conduire à une fibrose pulmonaire (un durcissement du poumon) et à une insuffisance respiratoire. La complexité de ces atteintes a conduit à la création d’un colloque multidisciplinaire où tous les cas sont discutés. Dr Dan Adler, médecin­cadre

Bronchoscopie

Il s’agit d’un examen qui permet de visualiser, à l’aide d’une fibre optique, l’intérieur des voies aériennes. Au­delà de l’examen de base, les HUG ont été les pion­ niers en Suisse dans de nombreuses techniques de pointe tant pour poser le diagnostic (p. ex. le système « GPS » pour atteindre des lésions très distales, non visibles, ou l’écho­ graphie afin de voir et de faire des prélèvements à travers la paroi des bronches) que pour certains traitements (comme la réduction du volume pulmonaire par l’implantation de spirales). Dr Jérôme Plojoux, médecin­cadre

12 à 18

Le nombre moyen de respirations par minute chez un adulte au repos contre 30 à 40 chez le nouveau-né.

Sommeil

Crédit : istockphoto

Cancers

Les cas de cancers sont discutés dans un « tumorboard » hebdomadaire rassemblant autour des pneumologues des spécialistes de différentes disciplines (oncologues, radiologues, chirurgiens thoraciques, radio­oncologues, pathologues) afin de choisir le traitement de pointe le plus adapté à la forme de cancer dont souffre le patient. Pre Paola Gasche, médecin­chef de service

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Les apnées du sommeil et le ronflement associé sont un problème fréquent et une cause classique de trouble respiratoire. Les apnées se caractérisent par une occlusion de la gorge due à un relâchement des mus­ cles du pharynx. L’occlusion se répète très souvent la nuit ce qui fait que le sommeil est entrecoupé et n’est donc pas réparateur. Ainsi, les patients qui souffrent d’apnées sont fatigués la journée. Les apnées ont aussi des conséquences sur de nombreux autres organes dont le cœur. Dr Vicente Ibanez, médecin­cadre

Avril - Juin 2017

MONS


Par Geneviève Ruiz Photo Christian Lutz

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L ’ i n v i t é

Pulsations

Jean­Dominique Vassali, ancien rec­ teur de l’université de Genève, lauréat du prix BioAlps 2016 et président de la Fondation privée des HUG.

« Nous apportons un supplément d’âme à l’hôpital »

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Pulsations

En quoi consiste la Fondation privée des HUG ? J.-D. Vassali Cette entité, initialement baptisée « Artères », a été créée en 2007 afin de canaliser les fonds destinés à soute­ nir la recherche médicale et le confort des patients. L’objectif est toujours valable, mais Artères s’est développée et a changé de nom en 2015 pour devenir la Fondation privée des HUG. Celle­ci permet le financement de la mission commune de la Faculté de méde­ cine de l’Université de Genève et des HUG : le bien du patient. Il est important de réali­ ser que ces deux entités sont certes juridi­ quement différentes, mais qu’elles collaborent étroitement. Pulsations

Pulsations

Quel genre de projets soutenez-vous? J.-D. Vassali La Fondation soutient deux types de projets, qui doivent émaner des HUG ou de la Faculté de médecine de l’Université. Pulsations

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Nous ne sommes pas là pour pallier aux manques budgétaires. Mais nous apportons un autre regard et d’autres clés pour le bien­ être des patients. Notre objectif n’est pas le luxe, mais la qualité de vie et de l’expé­ rience. Il s’agit de prendre en compte le cœur des individus et d’apporter un supplé­ ment d’âme à l’hôpital. Je considère que cette démarche est également bénéfique pour les collaborateurs. Grâce à la Fonda­ tion, ils ont la possibilité de proposer et de mettre en œuvre des projets concrets. Avez-vous des exemples de projets récents? J.-D. Vassali Cet exercice me semble difficile car il y a tant de projets pertinents ! Pour vous donner une idée, nous en gérons une soixantaine par an. Et nous recevons deux à trois fois plus de propositions. Le tri est ardu. Parmi les projets qui m’ont touché, il y a la construction d’une place de jeux à l’Hôpital des enfants, qui permet aux jeunes patients de vivre quelques moments en marge de leur maladie. Un autre projet en cours est le développement d’une appli­ cation consultable par le patient dans son lit, pour connaître son agenda médical et identifier le personnel qui le prend en charge. Nous soutenons aussi la performance des équipes par l’achat de simulateurs leur permettant de s’entraîner à des pratiques de chirurgie ou d’accouchement. Pulsations

Du côté de la recherche, nous soutenons des projets susceptibles d’améliorer la compréhension ou le traitement de maladies, en synergie avec le Fonds national suisse de la recherche scientifique. Nous souhaitons aussi innover dans l’évaluation des pratiques médicales et favoriser de nouvelles prises en charge des patients. 

Avril - Juin 2017

Pourquoi la Fondation est-elle dite « privée » ? J.-D. Vassali L’adjectif « privé » se réère ici uni­ quement à la provenance des dons, versés par le public et les entreprises. J’en profite ici pour les remercier et pour inviter les citoyens qui le souhaitent à nous soutenir. L’hôpital appar­ tient à tous et son excellence bénéficie à la société entière. Il joue un rôle fondamental dans la qualité de vie de Genève et de son offre d’infrastructures publiques. L’organisa­ tion et l’administration de la Fondation sont subventionnées par la Faculté et les HUG. Les dons vont donc directement dans les projets, qui sont gérés par une équipe de professionnels expérimentés. Nous offrons ainsi une garantie à nos donateurs que leur investissement portera ses fruits concrète­ ment dans le bien­être des patients.

Jean-Dominique Vassalli préside depuis 2015 la Fondation privée des HUG. Sa mission? Améliorer la qualité des soins ainsi que l’expérience du patient. Interview.

Tout d’abord, des recherches en lien avec la connaissance ou la pratique médi­ cale. Leur objectif doit comprendre un bénéfice pour le patient, même s’il s’agit de recherche fondamentale. Une deuxième catégorie comprend des programmes concrets en lien direct avec la qualité des soins et le confort des patients. Il s’agit d’une amélioration de l’offre ou des infra­ structures qui n’est pas prévue dans les budgets des différents départements.


La pleine conscience bénéfique aussi pour les jeunes

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Par Geneviève Ruiz

Avril - Juin 2017

M i e u x -v i v r e

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La pratique de la pleine conscience est désormais proposée aux adolescents et aux enfants afin de diminuer le stress et améliorer leurs capacités d’attention. Elle s’adresse aussi à ceux qui souffrent de douleurs chroniques ou de troubles de l’attention.

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aime méditer et j’apprécie le lien que ça crée avec les autres. Je me sens moins angoissée et j’arrive même à utiliser ces outils lors de mes examens ou de mes auditions de flûte traversière », illustre Marie *, 12 ans. Les offres de cours de méditation s’élargissent et les parents sont toujours plus nombreux à inscrire leur enfant à des cours privés. Certains pays comme le Canada ou les Etats­Unis intègrent même la pleine conscience (mindfulness en anglais) dans les programmes scolaires. En Suisse, seules quelques écoles privées s’y sont mises. Si elle n’est pas proposée de manière formelle dans les établisse­ ments publics, certains enseignants s’en inspirent néanmoins. Mais à quoi ressemble la pleine conscience pour les jeunes ?


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« Les interventions propo­ sées dans les hôpitaux et pratiquées dans les écoles sont basées sur la méthode instaurée en 1979 par Jon Kabat­Zinn, professeur de médecine à l’Université du Massachusetts, explique Russia Ha­Vinh Leuchter, pédiatre aux HUG. Baptisée Mindfulness­Based Stress Reduction (MBSR) ou “réduction du stress basée sur la pleine conscience”, elle s’appuie sur des tech­ niques de méditation laïques et standardisées. » C’est principalement sur la MBSR que reposent les centaines d’études prouvant les bienfaits de la méditation.

pour les plus petits : les sessions sont plus courtes et ludiques. « Les enfants peuvent débuter la pleine conscience autour de 4 ans, considère Arnaud Merglen, pédiatre aux HUG. Mais ils ne sont pas tous réceptifs. Et c’est plus efficace si les parents sont impliqués. » Cette technique de médita­ tion aide les jeunes à mieux gérer le stress, les émotions et les relations avec les autres. Elle améliore aussi leur capacité de concentra­ tion. « Notre société impose beaucoup de pression aux enfants et la pleine conscience peut influer sur leur qualité de vie, observe Russia Ha­Vinh Leuchter. Des pratiques régulières de cinq minutes suffisent à les apaiser. » Marie a ainsi débuté la pleine conscience afin de mieux gérer son stress quotidien : « L’accueil était chaleureux et je me suis tout de suite sentie bien. » Jérôme *, 8 ans, trouve quant à lui que « les exercices sont cool. J’ai aimé quand on a dû raconter ce que nous aimions. J’ai répondu le jaune et les sushis ! Maintenant, je me sens un peu moins stressé. »

population de jeunes âgés de 12 à 14 ans, nés grands prématurés. « La plupart d’entre eux effectuent une scolarité normale, explique Russia Ha­Vinh Leuchter. Néanmoins, ils souffrent fréquemment de troubles de la concentration et du comportement. Ils ont également plus de difficultés dans les interactions sociales. Nous allons évaluer ce que la pleine conscience peut leur apporter. »

ss e ee nn n tt ss Le moment présent

« Lors de la pratique de la pleine conscience, il s’agit de s’entraîner à maintenir son attention sur le moment présent, sans autre objectif », poursuit Russia Ha­Vinh Leuchter. Le développement de cette méthode chez les adultes a favorisé son utili­ sation chez les enfants et les adolescents. « Il existe encore peu de recherches sur les jeunes, mais on observe les mêmes bénéfices que chez les adultes », estime la pédiatre. Les adolescents suivent à peu près les mêmes programmes que leurs aînés. Mais la méditation doit être adaptée

Chez les enfants souffrant de troubles spécifiques (douleurs chroniques, asthme, diabète, autisme, troubles de l’attention, etc.), la pleine conscience a aussi une action positive. Russia Ha­Vinh Leuchter, Arnaud Merglen et l’équipe de la Pre Petra Hüppi des HUG sont d’ailleurs sur le point de lancer une étude concernant les effets du mindfulness sur une 33

De son côté, Arnaud Merglen a travaillé avec des groupes d’adolescents souffrant de douleurs chroniques au Canada. « Avec la pleine conscience, nous pouvons les aider à mieux gérer leurs douleurs. Celles­ci ne seront pas supprimées, mais la méditation permettra de réguler les émotions qui y sont liées, comme la peur. » Chez les jeunes adultes dépressifs, le mindfulness se révèle même tout aussi efficace que les médica­ ments. « Cette approche représentera de plus en plus un traitement parmi d’autres pour les jeunes et les enfants, considère le pédiatre. Mais elle exige beaucoup d’investissement et de régularité pour dé­ ployer ses bienfaits. C’est pourquoi elle ne peut pas représenter un traitement efficace pour tous. »  * Prénoms d’emprunt

Avril - Juin 2017

« Des pratiques régulières de cinq minutes peuvent déjà être bénéfiques. »

Mieux gérer la douleur


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entre les soignants, les parents et l’école », explique Claudine Charles Chatelain, qui s’occupe à elle seule des élèves du secondaire I et II de l’hôpital, tandis que ses collègues se chargent des enfants en âge primaire.

Par Elodie Lavigne Photos Julien Gregorio

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P é d i a t r i e

L’école à l’hôpital, un horizon au-delà de la maladie

Un suivi personnalisé

Les jeunes patients hospitalisés bénéficient d’un suivi scolaire individualisé, assuré par l’une des quatre enseignantes de l’Hôpital des enfants. Grâce à cet accompagnement, le lien avec l’école n’est pas rompu.

« J

e n’aime pas trop l’école, mais là je suis content de sortir de ma chambre pour aller dans la salle de classe de l’hôpital », confie Loris, 10 ans. Depuis le début de l’année, il est hospitalisé aux HUG à cause d’une infection à la jambe. Tous les après-midi – sauf le mercredi –, il reçoit la visite de l’une des quatre enseignantes de l’Hôpital des enfants. Ensemble, ils font les devoirs envoyés par sa maîtresse. Car même à l’hôpital, l’école continue. « Nous faisons en sorte que tous les enfants restent scolarisés malgré la maladie, et de favoriser au mieux leur retour à l’école. Nous créons le lien

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Chaque début de semaine, elles parcourent les différents services de pédiatrie pour savoir quels patients auraient besoin d’un suivi scolaire. Cette prestation s’adresse en effet à tout enfant ou adolescent hospitalisé, entre 4 et 19 ans, quels que soient ses capacités, son parcours scolaire (ordinaire ou spécialisé) et sa situation (pathologie, handicap, etc.). L’aide peut être très ponctuelle (les devoirs) ou s’étendre à plus long terme selon la durée du séjour ou en cas d’hospitalisations fréquentes, comme pour Mylène qui souffre d’une maladie chronique : « Nous la voyons à chacune de ses hospitalisations depuis qu’elle est à l’école primaire. Elle est aujourd’hui en 10e année », relate Magdalena Peral, enseignante spécialisée aux HUG. Si le séjour se prolonge, les enseignantes prennent contact avec les référents scolaires de l’enfant pour faire un point sur son programme et ses besoins spécifiques. « Les parents peuvent vraiment s’appuyer sur nous, cela représente pour eux un grand soulagement », précise Claudine Charles Chatelain. Les enfants malades qui restent à la maison et ne se rendent en pédiatrie que pour un contrôle ou un traitement, bénéficient quant à eux d’une prise en charge à domicile, organisée par le Département de l’instruction publique (DIP). A la maison ou à l’hôpital, les élèves peuvent en outre recevoir l’aide d’un répétiteur lorsque c’est nécessaire. Apprentissage et évasion

Aucune semaine ne ressemble à une autre, ce qui exige, de la part des enseignantes, beaucoup de souplesse et de créativité. L’enseignement se fait en chambre ou en classe, sous forme individuelle ou en groupe. Le français et les maths sont la priorité, mais d’autres matières sont aussi abordées au gré des besoins. « Parfois on applique le programme, parfois l’enfant, déprimé par sa maladie, a besoin d’autre chose. Alors, on écrit des poèmes ou on raconte des histoires, pourvu qu’il puisse


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s’évader de sa chambre par la pensée », décrit Barbara Marquis, enseignante spécialisée. Ce jour-là, elle s’occupe simultanément de deux enfants africains, opérés aux HUG grâce à des accords humanitaires. Ibrahima, 4 ans, n’est jamais allé à l’école. Ils ouvrent un cahier de vie qui racontera son séjour à l’hôpital, à l’aide de photos et de dessins. « G-A-M... », Gamalielle, 9 ans, s’entraîne de son côté à écrire les lettres de son prénom. Le temps consacré à chaque enfant dépend de son état de santé et de la disponibilité de l’enseignante. Pour certains, l’école représente une contrainte supplémentaire, « pour d’autres, c’est une façon de se raccrocher à la normalité », conclut Magdalena Peral.  PRATIQUE L’école à l’hôpital a lieu tous les après-midi de la semaine dès 13h30, sauf le mercredi et durant les vacances scolaires. Pour tout renseignement : 022 372 47 96 ou Ecole-A-LHopital@edu.ge.ch

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Glaucome Les patients apprivoisent leur traitement

Une consultation d’enseignement thérapeutique, mise en place par les infirmières du service ophtalmologique, aide les personnes souffrant de cette pathologie oculaire à mieux gérer leur traitement. Crédit : DR

Par Elisabeth Gordon

Avril - Juin 2017

O p h t a l m o l o g i e

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C

aractérisé par une tension oculaire élevée associée à une dégénérescence du nerf optique, le glaucome touche environ 2% de la population suisse. C’est une maladie insidieuse qui ne provoque ni douleur, ni désagréments. « On ne sent rien, confirme Maryclaude. Je pensais que j’avais simplement une tache sur l’œil ». Si cette Genevoise d’une soixantaine d’années n’avait pas consulté son ophtalmologue, elle ne se serait aperçue de rien. Il est donc important de se faire dépister (dès 40 ans, tous les 3 ans ; dès 50 ans, tous les 2 ans ; et dès 60 ans, tous les ans). Car en l’absence d’un traitement approprié, cette maladie évolue silencieusement, provoquant des lésions irréversibles qui peuvent conduire à la cécité.

Un traitement très contraignant

Toutefois, de très nombreux patients – jusqu’à 80% selon une étude américaine – ne suivent pas les prescriptions de leur médecin. Il est vrai que le traitement est très contraignant. Il doit en effet être poursuivi tout au long de la vie, « ce qui est difficile à accepter, surtout pour des personnes qui n’ont pas de symptômes et qui n’ont donc pas l’impression qu’elles sont malades », constate la Pre Gabriele Thumann, médecin-cheffe du service d’ophtalmologie des HUG. En outre, certains patients doivent mettre différents collyres, parfois plusieurs fois par jour, sans ressentir d’amélioration de leur confort visuel. Au contraire, ils peuvent avoir des effets secondaires gênants, comme des picotements dans les yeux, des brûlures ou une vision floue. Par ailleurs, même si les malades acceptent leur traitement, ils doivent être capables de mettre correctement les gouttes dans leurs yeux. « Cela demande une certaine dextérité, précise l’ophtalmologue, surtout de la part des personnes âgées ».

Les patients ont donc besoin d’un soutien pour bien suivre leur traitement et mieux gérer leur maladie. C’est à cet objectif que répond la consultation d’enseignement thérapeutique qui leur est destinée, mise en place par les HUG en février 2015 et placée sous la responsabilité d’infirmières du service d’ophtalmologie. « Une centaine de patients en a déjà bénéficié », précise Catherine Rademacher, infirmière responsable de l’unité de soins dans ce service. Lors de la première consultation, qui dure une heure, « nous apprenons à connaître le patient et nous faisons avec lui un bilan de sa situation », explique l’infirmière. Au cours de l’entretien, les soignantes lui donnent des informations sur sa maladie et sur l’intérêt du traitement. Elles lui prodiguent aussi des conseils pratiques, notamment « des astuces pour instiller ses gouttes : par exemple se mettre devant un miroir ou être couché ». En cas de besoin, elles peuvent aussi enseigner au proche aidant comment effectuer les soins ou mettre en place l’encadrement nécessaire. D’autres rendez-vous peuvent aussi être planifiés. Acteur de son traitement

Ces consultations, qui nécessitent une collaboration entre l’ophtalmologue, l’infirmière et le patient, permettent à celui-ci « de prendre en charge sa maladie plutôt que la subir et de devenir ainsi acteur de son traitement », souligne l’infirmière. Maryclaude en a tiré profit : « Au départ, je pensais qu’on allait m’opérer et qu’après, ce serait fini. Lorsque j’ai compris ce qu’était un glaucome, j’ai pris conscience que si je ne mettais pas mes gouttes régulièrement, je me retrouverais aveugle. Je dois mettre mon collyre trois fois par jour. A midi, j’avais tendance à l’oublier, mais maintenant je fais sonner mon portable pour y penser ». Gabriele Thumann a constaté que, comme Maryclaude, les patients qui ont suivi cet enseignement thérapeutique « ont une meilleure compréhension de leur maladie : ils ont trouvé leur rôle et ils adhèrent mieux à leur traitement ». Ils limitent ainsi considérablement leur risque de perdre la vue.  37

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La perte de la vision n’est toutefois pas une fatalité. Dans la grande majorité des cas, l’instillation de collyres dans les yeux permet de stabiliser l’évolution de la maladie.

Comprendre la maladie pour mieux la gérer


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Par Laetitia Grimaldi Photo Nicolas Schopfer

Avril - Juin 2017

T é m o i g n a g e

« J’ai perdu mon insouciance, mais gagné une nouvelle vie »

Son errance médicale a duré plus de quinze ans. A 35 ans, Roxane Mentha a fini par accepter son endométriose* et en a fait un combat, pour elle et pour les autres.

* Endométriose : maladie liée au développement de l’endomètre (tissu tapissant l’intérieur de la cavité utérine) à l’extérieur de l’utérus. Une intervention chirurgicale est nécessaire pour supprimer ce tissu envahissant, mais le processus tend à se reproduire et compromet souvent la fertilité de la femme. 38


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R

Tout était lié

Mais les symptômes reviennent, régulièrement, s’intensifient et se font de moins en moins conciliants avec la vie que veut mener la Genevoise. Jusqu’à ce jour de septembre 2013 : « Je rentrais de vacances, se souvient la jeune femme. J’étais en pleine forme, le travail était assez calme, et pourtant les symptômes ont surgi, plus forts que

jamais. Je ne pouvais plus mettre cela sur le compte du stress ou de la fatigue. Mes règles sont arrivées en même temps. Et là j’ai compris : tout était lié. C’est une collègue de travail qui m’a conseillé d’aller voir le grand spécialiste de l’endométriose de Suisse romande : le Dr Jean-Marie Wenger, gynécologue aux HUG. Et me voilà dans le tourbillon d’une batterie d’examens un mois durant. » Les résultats sont sans appel : endométriose pelvienne profonde et pneumothorax cataménial (décollement de la plèvre se produisant pendant les règles). Neuf heures d’opération

Sans délai, deux opérations sont planifiées. La première pour « talquer » les poumons et ainsi éviter de nouveaux pneumothorax. La seconde : une laparoscopie pour éliminer le tissu endométrial partout où il s’était propagé hors de l’utérus. Trois chirurgiens, neuf heures d’opération et la découverte d’une endométriose de stade 4 (la plus sévère) ayant infiltré le côlon, l’appen­dice, les organes, jusqu’au diaphragme. « S’en sont suivies les semaines les plus éprouvantes de ma vie. Bien que les opérations aient été des succès, la convalescence a été longue, se souvient la jeune femme. Capacité pulmonaire réduite, douleurs abdominales, saignements, immense fatigue, moral en dents de scie et bouffées de chaleur liées 39

aux traitements hormonaux visant à mettre un temps mes ovaires au repos… » Patiente « experte »

Aujourd’hui ? « Je refais du sport, je mange le plus sainement possible, j’essaye de gérer mon niveau de stress grâce à la méditation découverte lors de la formation donnée aux HUG par Béatrice Weber, je pratique l’autohypnose pour tenter de retrouver le sommeil perdu avec l’annonce du diagnostic il y a trois ans et je mesure chaque jour la chance d’avoir un mari qui m’apporte son soutien inconditionnel », dévoile Roxane Mentha. Quant à la maladie elle-même : « Savoir que mes douleurs sont dues à une maladie incurable et non à une sorte de fatalité les rend plus difficiles à accepter. Mais je reste positive et j’essaye d’en faire un combat. Une fois par mois, je deviens patiente ‟experte”  lors de réunions aux HUG données dans le nouveau centre d’endométriose **. Je m’investis également dans S-endo (www.s-endo.ch, ndlr ), une formidable association de patientes ». Quant à un projet de grossesse ? Le rideau des confidences se baisse : « Je parle plus facilement des épreuves une fois qu’elles sont passées », sourit-elle. 

**

Depuis novembre 2016, le centre d’endométriose des HUG propose un accueil pluridisciplinaire et personnalisé aux patientes.

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ègles douloureuses ? De famille. Troubles intestinaux ? Trop de travail. Douleurs dans l’épaule ? Le stress. Toux « aboyante » ? Original… sans doute le stress aussi. Pendant plus de dix ans, Roxane Mentha, working-girl enjouée et sportive, voit régulièrement de nouveaux troubles s’in­ viter dans sa vie, s’ajoutant à des cycles menstruels particulièrement douloureux depuis la puberté. Mais cette petite-fille et fille de médecins (son père, le Pr Gilles Mentha, décédé en 2014, dirigeait le service de transplantation et le centre des affections hépa­­­­­­­tobiliaires des HUG) fait avec et trouve à chacun de ces maux une explication cohérente pour continuer le marathon d’une carrière professionnelle menée tambour battant. Elle est alors experte-comptable dans un cabinet d’audit, puis dans une start-up. Quand les douleurs ou la toux se font trop sentir, anti-inflammatoires et antibiotiques viennent à bout du problème en quelques jours.


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Cap vers les nouvelles urgences : entre croissance et réseau Pr Jean-Michel Gaspoz

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Avril - Juin 2017

Mais les HUG ne pourront y faire face seuls. Aujourd’hui déjà, un Réseau des urgences genevois (RUG) existe pour les urgences ambulatoires : il rassemble les HUG, les cliniques de La Tour, Carouge, la Colline, les Grangettes et Cité Générations à Onex. Mais pour assurer la prise en charge de la population de demain, la re-canaliser vers les médecins de premier recours et assurer des prises en charge de proximité, des structures d’un genre nouveau devront être imaginées au sein des différents quartiers de la ville. Soit des « maisons de santé », desservies par des équipes multidisciplinaires et, notamment, par des médecins de premier recours formés et organisés pour prendre en charge les urgences ambulatoires. 

b l a n c h e

Cette place centrale occupée aujourd’hui par ces services dans le système de soins touche l’Europe entière et ne se limite pas aux grandes agglomérations. Une première explication est à chercher, pour les urgences lourdes, dans le vieillissement de la population et l’accroissement des comorbidités. Mais on assiste également à un changement dans le comportement des patients. Aujourd’hui, la moitié de ceux qui se rendent à l’hôpital le font non plus pour une urgence vitale, mais pour une urgence non vitale. Plutôt que d’appeler leur médecin traitant, beaucoup de malades vont donc directement à l’hôpital.

Photo Julien Gregorio

67’000. C’est le nombre d’urgences adultes traitées en 2016 par les structures d’urgences des HUG. Et si l’on croit les projections, le flux n’est pas prêt de s’interrompre. En 2040, ces structures devraient prendre en charge 87’000 personnes. Face à ces chiffres, autant dire que la réorganisation et l’agrandissement des services d’urgences adultes, acceptés à l’unanimité par la direction et le Conseil d’administration de l’Hôpital, étaient nécessaires. Les travaux devraient débuter en janvier 2018 et se terminer dans le courant de l’année 2020. Vingt-deux boxes supplémentaires seront construits, ce qui portera le total des entités de 42 à 64. L’organisation du tri de gravité des urgences, de même que leur parcours au sein du service et de l’institution, seront aussi entièrement repensés.

En agrandissant et en réorganisant ses services d’urgences – ouverture en novembre 2016 d’urgences gériatriques, non vitales, à l’Hôpital des Trois-Chêne –, les HUG répondront aux nouveaux défis posés par ce bouleversement de volume, d’exigences et de comportements des patients.

C a r t e

Chef du département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences des HUG

Autre élément d’explication, sans doute plus important, c’est l’apparition d’une attente inédite de la population vis-à-vis de la médecine : il faut avoir accès à tout et, surtout, tout de suite, ce qui revient à devoir gérer des problèmes de santé généralement pas graves, dans des quantités si importantes que cela crée des difficultés.


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Pour bien dormir, gardez les écrans à distance

Avril - Juin 2017

J u n i o r

Par Michael Balavoine Illustrations PanpanCucul

Experts

Alors qu' ils devraient dormir en moyenne neuf heures par jour, les adolescents font des nuits beaucoup trop courtes ! Une des causes de ce manque de sommeil est à chercher du côté des écrans, car ceux-ci empêchent un bon endormissement et un bon sommeil.

Pre Sophie Schwartz et Dre Aurore Perrault, département de neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE).

,

L endormissement L’activité de notre organisme est rythmée par une horloge interne située dans des zones du cerveau appelées noyaux suprachiasmatiques. Ceux-ci ont un rythme propre (dit circadien), synchronisé sur 24 heures, qui réagit à l’effet de la lumière. De lui dépend le besoin de dormir. En fin de journée, quand la lumière baisse, l’organisme produit une hormone, la mélatonine, qui envoie un signal au corps pour lui dire qu’il est temps de dormir.

La lumière bleue des écrans Cela peut paraître étonnant, mais la lumière blanche est composée de plusieurs couleurs. Parmi elles, on trouve la lumière bleue. Si elle est présente en trop forte quantité, celle-ci remet notre horloge biologique à zéro et perturbe la régulation de la mélatonine. Ainsi, deux heures devant un écran réduiraient déjà la production de cette hormone de facon assez , importante pour perturber l’endormissement.

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En partenariat avec

RTSdecouverte.ch


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Comportements addictifs Cet autre problème lié aux écrans n’est pas dû à la lumière, mais à l’activité sociale qui y est très souvent liée. Répondre à un e-mail ou échanger avec ses amis sur les réseaux sociaux impliquent d’être éveillé. L’organisme est sous tension, ce qui nuit aussi au sommeil. Les interactions sociales liées aux écrans stimuleraient le circuit de la récompense, impliqué dans les comportements addictifs.

Mieux dormir en évitant les écrans Le sommeil joue un rôle fondamental dans l’apprentissage et la mémoire. Pour mieux dormir, il est recommandé de ne pas utiliser des écrans après 21 h,de bannir son smartphone de sa chambre quand on dort et de favoriser des activités calmes et sans écrans le soir.

Avril - Juin 2017

Le saviez-vous ?

L'idée La sensibilité à la lumière et les besoins de sommeil sont très variables d’un individu à l’autre. Selon les spécialistes, les horaires d’école devraient être adaptés au rythme des enfants et commencer plus tard pour respecter leurs besoins de sommeil. 43

L’animal qui dort le plus est la petite chauvesouris brune (19,9 heures par jour en moyenne). Et celui qui dort le moins est la girafe (1,9 h par jour). L’homme dort en moyenne 8 heures. Un adolescent devrait faire des nuits d’environ 9 heures. Aujourd’hui, les jeunes dorment entre 7h30 et 8 heures par nuit. Un décalage qui serait rattrapé le weekend avec un réveil tardif.


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Deux équipes des HUG ont décroché, en janvier à Zurich, un Prix Pfizer pour la recherche, soit l’une des plus prestigieuses récompenses en médecine de Suisse. L’un a été attribué à deux pédiatres, les Dres Christine Eberhardt et Géraldine Blanchard Rohner, pour leur étude sur la vaccina­ tion contre la coqueluche chez la femme enceinte. Ces travaux

publier une bande dessinée intitulée Santé sexuelle, Histoires d’en parler. Celle-ci présente douze scénarios basés sur des cas réels évoquant la contraception, la protection, la drogue, les relations sociales, etc. Son objectif est double : sensibiliser aux thématiques de santé sexuelle et faciliter l’orientation vers les services spécialisés. Editée à 7’500 exemplaires, elle est notamment distribuée aux HUG et chez les médecins de ville.

ont eu un impact remarquable au niveau mondial. A l’instar de la Grande-Bretagne, plusieurs pays vont désormais modifier leurs recommandations en la matière. Le second a été décerné, dans le domaine de la néphrologie, à la Pre Sophie De Seigneux et aux Dres Marie Courbebaisse et Alexandra Wilhelm-Bals. En expliquant pourquoi les protéines dans les urines sont associées à un risque cardiovasculaire, elles ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques.

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Le Maradon à la Fête de l’espoir Elle ne cesse de s’allonger, la liste des personnes en attente d’un don d’organe (1384 fin 2015). Le Maradon, journée de sensibilisation au don d’organes et à la transplantation, rassemble chaque année la communauté des transplantés, les sympathisants, les médecins, les infirmiers. C’est

une occasion privilégiée de dialoguer avec le grand public et d’informer un maximum de personnes sur l’importance du don d’organe et de tissus. La manifestation, organisée par Protransplant et les HUG, a lieu le samedi 27 mai au Stade du Boutdu-Monde dans le cadre de la Fête de l’espoir.

Crédits : Lucina Brera, fotodienst/Fabio Confessore, HUG

C’est un paradoxe. Omniprésent dans les médias, le sexe reste un sujet peu abordé en consultation avec des spécialistes du corps médical. Du coup, certains problèmes demeurent latents pendant des années avant d’être exprimés. Fort de ce constat, le Groupe interinstitutionnel genevois de promotion de la santé sexuelle a profité de la dernière St-Valentin pour

Par André Koller

Avril - Juin 2017

B r è v e s

Une BD pour parler de sexe

Deux Pfizer valent mieux qu’un


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Deux livres sur les troubles bipolaires 200 à 220 nouveaux cas de cancer chez l’enfant sont annoncés chaque année en Suisse.

La bipolarité, une alternance de phases dépressives et hyperactives, touche environ 2,6 % de la population. Quels en sont les symptômes ? Existe-t-il un test fiable pour l’identifier ? Que faire face à la maladie ? Comment aider un proche bipolaire ? Destiné au grand public, le Manuel du bipolaire du Dr Nader Perroud, médecin adjoint agrégé au service des spécialités

Les nounours aux petits soins Avec ses longs couloirs et ses blouses blanches, l’univers hospitalier peut être parfois intimidant pour les plus jeunes. Pas de panique. La 10e édition de l’Hôpital des nounours, organisée par des étudiants en médecine, met tout en œuvre pour chasser ces craintes. Chaque enfant (de 4 à 7 ans) peut y

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des enfants traités risquent des effets à long terme dus aux médicaments ou à la maladie.

15 février Lors de la Journée internationale du cancer de l’enfant, les HUG ont annoncé la création d’une consultation de suivi à long terme des patients traités durant leur enfance.

psychiatriques, présente de manière pratique l’histoire du trouble, ses symptômes, ses mécanismes neurobiologiques et les traitements possibles. Il propose aux personnes bipolaires et à leurs proches de nouvelles voies pour aborder plus sereinement leurs difficultés. A lire sur le même sujet, Mieux vivre avec un trouble bipolaire, rédigé par cinq spécialistes dont le Pr Jean-Michel Aubry, chef du département de psychiatrie et de santé mentale. Ces experts donnent aux patients concernés les clés indispensables pour mieux comprendre leur maladie.

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amener sa peluche préférée pour la faire soigner. Il assistera à toutes les étapes de la prise en charge, de l’accueil à la sortie, en passant par la radiologie et les blocs opératoires. Nouveauté cette année : la participation des dentistes ! Cette manifestation a lieu au Palladium, 3bis rue du stand, les samedi 6 et dimanche 7 mai, de 9h à 17h, ainsi que le mercredi 10 mai de 14h à 17h.


Exposition Espace Abraham Joly et Centre de formation Belle-Idée Ch. Petit-Bel-Air 2

Par Giuseppe Costa

Avril - Juin 2017

A g e n d a

Bipolaire, exposition photo collective et itinérante

Vingt photographes racontent la maladie en images. Professionnels ou amateurs, ils invitent le spectateur à s’interroger sur la représentation de la maladie psychique, ouvrant ainsi le dialogue à travers des regards multiples. Un projet de l’association Synapsis avec le soutien de la Fondation Engelberts et des affaires culturelles des HUG.

Conférence Maladie de Parkinson 14h-17h Auditoire Opéra Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

A l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, les HUG organisent une conférencediscussion intitulée Vivre avec la maladie de Parkinson et mieux la connaître, animée par les Prs Pierre Burkhard et Paul Krack. Au programme : Rôle de l’association Parkinson Suisse par Evelyne Erb, Rôle de l’infirmière spécialisée par Emilie Tomkova Chaoui et Rôle du neuropsychologue par Sabina Catalano Chiuvé.

04, 05 & 06/05 Diabète Dépistage gratuit 9h-16h Places de la Navigation et de la Madeleine Association genevoise des diabétiques 022 329 17 77 info@diabete-geneve.ch

Une personne sur deux atteinte du diabète ne le sait pas ! Et vous ? Contrôlez gratuitement

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votre glycémie et bénéficiez des conseils d’une équipe médicale. Le test diagnostic est simple et rapide : une piqûre au bout du doigt et les résultats sont obtenus en moins de 10 minutes. Trois journées de dépistage visent à sensibiliser la population à cette maladie silencieuse : le jeudi 4 mai, à la place de la Navigation, et les vendredi 5 et samedi 6 mai, à la place de la Madeleine.

05/05 Hygiène des mains Pâtisseries 12h-13h Rotonde de l’Hôpital Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

L’hygiène des mains concerne tout le monde : les professionnels de la santé bien sûr, mais aussi tout un chacun au quotidien. Quand se laver les mains ? Avant de manger, après avoir toussé ou éternué, en sortant des toilettes... Cette journée permettra de rappeler les bons gestes. Au programme également, un concours de pâtisseries avec un focus sur l’hygiène des mains à la cuisine. Une récompense sera remise à l’équipe soignante des HUG qui aura le mieux respecté les indications de désinfection hydroalcoolique des mains, et d’autres distinctions gratifieront les meilleurs pâtissiers. Rendez-vous sur la rotonde de l’Hôpital pour tester votre désinfection des mains à l’aide de la VigiBox et surtout déguster les meilleurs desserts du canton !

Crédits : Anne Lutz & Thomas Stöckli, Jean-Luc Farquet

Jusqu’au 28/04

11/04

MAI

AVRIL

Pulsations


Pulsations

09/05 Art-thérapie S’exprimer autrement 11h30-16h Hôpital de Bellerive Ch. de la Savonnière 11 Entrée libre

JUIN 09-11/06 Théâtre et musique Spectacles Salle Ajuriaguerra – Belle-Idée Ch. du Petit-Bel-Air 2 www.arthug.ch

Le Théâtre du Saule Rieur et les Affaires culturelles des HUG présentent Un festival de seul et seule en scène avec des textes décalés

pulsations

TV

Chaque mois, Pulsations TV consacre une émission à un aspect particulier de la médecine aux HUG.

AVRIL Plein feu sur le nouveau bâtiment d’hospitalisation Gustave Julliard qui accueille ses premiers patients.

14/06

MAI

Don du sang Chef’s Goutatoo 7h30-17h Centre de transfusion sanguine Rue Gabrielle-Perret-Gentil 6

Donner son sang, c’est sauver des vies. La transfusion sanguine est vitale dans le cas de leucémies, de transplantations, d’hémorragies importantes lors d’un accident, d’une opération ou d’un accouchement. A l’occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang, vous pouvez donner le vôtre au Centre de transfusion sanguine des HUG et profiter d’une collation exceptionnelle préparée par les Chef’s Goutatoo, des chefs de cuisine liés par l’amour de la gastronomie.

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L’émission traitera des différentes approches basées sur la pleine conscience aux HUG.

JUIN Il sera question de l’importance d’une bonne hydratation du corps. Pulsations TV est diffusée en permanence sur YouTube et DailyMotion.

www.youtube.com/ user/kioskvideohug

Avril - Juin 2017

Le groupe « S’exprimer autrement » est proposé depuis 2007 aux patients de l’Hôpital de Bellerive et à leurs proches. A visée thérapeutique, l’atelier conduit par une infirmière/art-thérapeute offre un temps de création (peinture, encre, crayons, terre, pastels, etc.) et d’expression orale. A l’occasion du 10e anniversaire du groupe, découvrez une exposition des créations des patients et participez à une œuvre collective. Renseignements : veronique.gogniat@ hcuge.ch / 079 553 61 56

et des lectures où l’on parle d’amour, d’océan, de textes classiques et de cuisine. Au programme, La passion du théâtre, conférence de C. Chopard (09/06, 20h et 11/06, 13h) ; Conseil de classe, lecture à six voix (10/06, 14h) ; scène libre ukulélé (10/06, 16h) ; Frida à table, avec C. Stalder (10/06, 18h30 et 11/06, 17h) ; Oasis, avec S. Martin Yé (10/06, 20h et 11/06, 15h) ; Ode à la mer, lecture de V. Babel (11/06, 18h30).


Pulsations

Par Élodie Lavigne Photo Julien Gregorio

Avril - Juin 2017

A c t u a l i t é

Malgré les traitements, certaines maladies altèrent de façon marquée la qualité et l’apparence de la peau. Françoise Chow, infirmière spécialisée dans les soins dermoesthétiques, propose des ateliers aux personnes qui en éprouvent le besoin.

L

ésions, cicatrices ou peau à problèmes… L’altération de la qualité de la peau en raison de maladies dermatologiques ou d’agressions diverses (brûlures, par exemple) peut être source d’inconfort et générer une gêne sur le plan esthétique, au point parfois de porter atteinte au bien-être. C’est pour cette raison que le service de dermatologie des HUG, sous l’impulsion du Pr Wolf-Henning Boehncke, propose, en marge des traitements médicaux, des ateliers de soins et de corrections du teint aux personnes souffrant de pathologies « affichantes » comme l’acné, la couperose, l’eczéma, le psoriasis, le mélasma, le vitiligo, etc. Homme ou femme, adulte ou enfant, toutes les personnes qui en font la demande – sous

Pathologies de la peau Des ateliers de soins dermoesthétiques pour mieux accepter son image i

Ateliers de soins dermo-esthétiques et de corrections du teint Service de dermatologie et vénéréologie, consultation ambulatoire HUG Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 1205 Genève Tél 079 733 90 38

réserve de l’accord du médecin traitant – peuvent bénéficier des conseils et du savoir-faire de Françoise Chow, infirmière spécialisée

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dans les soins dermoesthétiques depuis près de trente ans. Des séances qui ne sont néanmoins pas remboursées par l’assurance de base. La spécialiste propose un accompagnement personnalisé et subtil en fonction de chaque cas (lésions pigmentaires, vasculaires ou cicatricielles, peau intolérante, etc.). Vanessa, 15 ans, souffrant d’acné, a bénéficié de ces conseils : « Après un nettoyage en profondeur de ma peau, celle-ci est devenue lisse. J’ai adopté depuis une nouvelle routine de soins et j’utilise des produits végétaux pour ma peau ». Ces consultations sont un temps privilégié pour s’approprier des connaissances, des outils et des techniques d’application des produits. Chez les femmes qui le souhaitent, un maquillage de mise en lumière peut compléter les corrections du teint. Ces ateliers d’un genre nouveau sont une chance pour faire face plus sereinement au regard d’autrui, renforcer sa confiance en soi et son bien-être. « Vanessa en a retiré beaucoup concernant les soins et les conseils de maquillage. Mais ça l’a aussi beaucoup aidée sur le plan psychologique », conclut le père de l’adolescente. 


Editeur Bertrand Levrat Hôpitaux universitaires de Genève Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 CH-1211 Genève 14 www.hug-ge.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine Planète Santé / Médecine et Hygiène Ch. de la Mousse 46 – CP 475 CH-1225 Chêne-Bourg www.planetesante.ch

Tous panels d’analyses

Responsable de publication Sylvia de Meyer

Centres de prélèvements et domiciles Prescription électronique

Rédactrice en chef Suzy Soumaille

Web, smarts phones, liens dossiers médicaux

Edition Joanna Szymanski, Elodie Lavigne, Laetitia Grimaldi Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco

Ont contribué à ce numéro Michael Balavoine, Giuseppe Costa, Jean-Michel Gaspoz, Elisabeth Gordon, Laetitia Grimaldi, André Koller, Elodie Lavigne, Geneviève Ruiz Publicité Publicitas SA Rue Etraz 4 – CP 7114 CH-1002 Lausanne www.publicitas.ch/magazines Abonnements Version électronique : gratuit www.hug-ge-ch/pulsations Version papier : gratuit Tél. 022 702 93 11 www.hug-ge.ch/abonnement-pulsations Fiche technique Tirage : 41 000 exemplaires 4 fois par an La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source.

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L’ÉQUIPE VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ SON PLUS GRAND FAN DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES

Pulsations

Avril - Juin 2017

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Pulsations

Dermatologie

www.dondusang.ch

Des ateliers pour se sentir bien Ophtalmologie dans sa peau Glaucome, apprendre à gérer son traitement

DOSSIER

Nutrition

Bien manger : oui, mais comment ?


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