CICR | En Action | Décembre 2019

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L E C O M I T É I N T E R N AT I O N A L D E L A C R O I X - R O U G E

EN ACTION Décembre 2019 / N° 07

Ensemble à leurs côtés


SOMMAIRE AGIR ENSEMBLE

DIALOGUE

Où va votre argent ? 1 277,9 millions de francs suisses.

Vos initiatives, vos messages et vos questions. Écrivez-nous !

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FAITES UN LEGS

COMMENT NOUS SOUTENIR

Faire un legs, c’est donner aux victimes de conflits l’espoir d’une vie meilleure.

Devenir membre du Cercle des Amis.

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LE CICR EN ACTION

RÉCIT

Leurs voix en direct du terrain.

Des enfants racontent leur histoire en dessin.

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EN COULISSES

OÙ VA VOTRE ARGENT

Un partenariat qui se porte bien.

Le budget et les opérations du CICR.

LE SERVICE DES DONATEURS

CICR

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CICR

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VOUS AVEZ DES QUESTIONS ? Vous souhaitez réagir à un article publié dans ce magazine ? N’hésitez pas à nous écrire. Nous vous répondrons avec plaisir : don@cicr.org Photo de couverture : CICR Myanmar: Ma Win, 52 ans, avait dû quitter sa maison et fuir avec ses 7 enfants. Ils ont reçu des habits du CICR. «J’étais tellement en soucis pour leur santé. Ces habits les garderont au chaud la nuit».

Comité international de la Croix-Rouge Service des donateurs Avenue de la Paix 19 CH-1202 Genève T + 41 22 730 21 71 F + 41 22 730 28 99 E-mail : don@cicr.org Compte postal : 12–5527–6 Page web : cicr.org/souteneznous

Impressum Édition et rédaction : Comité international de la Croix-Rouge I Rédactrice en chef : Sylvie Pellet I Ont collaboré à ce numéro : Katherine Roux, Jacqueline Fernandez, et les collègues de la sous-délégation de Sittwe, Nicole Rosset, Simon Regard, Sigiriya Aebischer Perone, Pascal Nepa, Marie-Jo Girod, Audrey Brasier, Marion Liard I Graphisme : Brandlift Genève I Tirage : 150 000 copies (français-allemand-italien) I Siège CICR : Comité international de la Croix-Rouge – Avenue de la Paix 19 – CH-1202 Genève 02 | cicr.org/souteneznous | Décembre 2019


CICR

ÉDITORIAL Même la guerre a des limites

U

ne nouvelle année est sur le point de s’achever. Celle-ci a été marquée par une actualité internationale préoccupante dont sont témoins nos quelque 18 000 collaborateurs sur le terrain. Mais nous ne perdons pas espoir et travaillons jour après jour auprès des populations touchées par les conflits armés afin d’alléger leurs souffrances et de les aider à reconstruire leurs vies. Cette année a aussi été marquée par le 70e anniversaire des quatre Conventions de Genève de 1949, Conventions dont découle notre mandat unique et qui régissent la conduite des hostilités pour protéger, entre autres, les civils, les blessés et les prisonniers en temps de guerre. Au cours des 70 dernières années, ces traités essentiels ont permis de sauver d’innombrables vies et de diminuer les souffrances durant des centaines de conflits. Même si ces traités ont été ratifiés par tous les États, ils ne sont malheureusement pas universellement respectés. Et leurs violations ont des conséquences désastreuses, notamment sur la population civile. Toutefois, ces Conventions sont plus pertinentes et utiles que jamais. Conformément à notre mandat, nous travaillons sans relâche avec les forces et groupes armés pour les encourager à respecter ces dispositions, ainsi qu’avec les autorités pour favoriser leur intégration dans la législation nationale. Nos collègues chargés

de ces missions, parmi lesquels d’anciens officiers et des juristes, voient tous les jours des cas où le droit a été observé et la population civile épargnée. Malheureusement, ces réussites ne sont pas forcément visibles et ne font pas la une des médias. Pourtant, la démobilisation de milliers d’enfants associés à des forces ou à des groupes armés, ou le fait que nous ayons pu acheminer de l’aide d’urgence à des millions de personnes en Syrie ou visiter près d’un million de personnes en prison chaque année, sont des illustrations concrètes du respect du droit international humanitaire. Votre solidarité permet à nos collègues de continuer à œuvrer au renforcement de la protection des civils, des blessés et des prisonniers, mais aussi de fournir des secours et une aide au relèvement à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui se battent pour survivre. Je tiens à vous adresser ma sincère gratitude pour la confiance que vous accordez à notre institution. Ensemble, nous redonnons espoir à des millions de personnes à travers le monde. Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, de très belles fêtes de fin d’année.

DOMINIK STILLHART DIRECTEUR DES OPÉRATIONS DU CICR cicr.org/souteneznous | Décembre 2019 | 03


AGIR ENSEMBLE

Mari Aftret Mortvedt/CICR

VOS DONS EN 2019

VOS DONS D’ESPOIR

Cette année, nous avons de nouveau pu compter sur votre soutien et nous vous en remercions. Grâce à votre grande générosité, nous avons été en mesure de venir en aide à des millions de personnes touchées par des conflits à travers le monde. Ne les oublions pas ! Si certains de ces conflits ne font plus la une de l’actualité, les hommes, les femmes et les enfants qui en sont victimes continuent de souffrir, même s’ils font preuve d’une force, d’une résilience, d’une générosité et d’un esprit d’entraide admirables, comme le constatent chaque jour nos 18 000 employés sur le terrain. Que ce soit en Syrie, en République démocratique du Congo, au Yémen ou encore au Myanmar, les combats obligent souvent les civils à fuir pour trouver refuge loin de chez eux. Les parents ont du mal à subvenir aux besoins de leurs enfants. Et les infrastructures de santé ou d’approvisionnement en eau sont souvent endommagées, voire détruites, ce qui aggrave encore la situation de la population. Octobre 2019, dans le nord-est de la Syrie : la recrudescence des combats a des conséquences dramatiques pour les civils, qui fuient par dizaines de milliers les villes et villages situés près de la frontière turcosyrienne. Oum Ali, 38 ans, est l’une de ces personnes déplacées. « Nous venions de terminer de déjeuner quand nous avons entendu une énorme explosion tout près de

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« NOUS VENIONS DE TERMINER DE DÉJEUNER QUAND NOUS AVONS ENTENDU UNE ÉNORME EXPLOSION TOUT PRÈS DE CHEZ NOUS. NOUS NOUS SOMMES AUSSITÔT MIS EN ROUTE ET AVONS DÛ MARCHER DEUX JOURS POUR ARRIVER À HASSAKEH. NOUS NOUS SENTONS UN PEU PLUS EN SÉCURITÉ, MAIS NOUS N’AVONS PU EMPORTER NI NOURRITURE, NI EAU, NI MATELAS. » OUM ALI, 38 ANS, DÉPLACÉE AVEC SA FAMILLE

chez nous », raconte-t-elle. « Mes enfants, qui sont encore petits, se sont mis à pleurer. Avec mon mari, nous les avons fait sortir de la maison et nous sommes aussitôt mis en route. Nous avons dû marcher deux jours pour arriver à Hassakeh, où nous avons trouvé refuge. Nous nous sentons un peu plus en sécurité, mais nous n’avons pu emporter ni nourriture, ni eau, ni matelas. » Août 2019, à Aden (Yémen) : après plusieurs jours de combats qui ont fait de nombreux morts et des centaines de blessés, les hôpitaux de la ville sont débordés.


AGIR ENSEMBLE

OÙ VA VOTRE ARGENT ? 1 277,9 MILLIONS DE FRANCS SUISSES En 2019, vous avez répondu à nos nombreux appels et nous vous en sommes extrêmement reconnaissants. Voici quelques exemples de ce que nous avons pu faire grâce à vous (en millions de francs). SYRIE

Distribution de vivres à plus de 870 000 personnes et d’articles ménagers de première nécessité à près de 500 000 personnes.

YÉMEN

69,4

Facilitation de l’accès à l’eau potable pour près de 4,9 millions de personnes, qui ont ainsi moins de risques de contracter des maladies hydriques.

187,6 46,7

127,4 77,3

52,2 66,4

51,3

45,4 105,0 SOUDAN DU SUD

Fatehi Hamid/CICR

Noura Oualot/CICR

Distribution de semences, d’outils et de filets de pêche à près de 420 000 personnes pour les aider à subvenir à leurs besoins.

101,0 138,7

65,7

81,0

62,8

Nos 15 opérations de grande envergure en 2019 (par ordre décroissant) Syrie

Lybie

Soudan du Sud

Somalie

Irak

Myanmar

Nigéria

Israël et les territoires occupés

Yémen

Mali

République démocratique du Congo

Liban

Afghanistan

République centrafricaine

Ukraine

Autres : 585,1 millions

« Lorsque les services de base ne sont plus assurés, les conséquences peuvent être fatales pour la population. De nombreux blessés n’ont pas pu se rendre à l’hôpital. Une personne a demandé à un employé du CICR s’il pouvait lui procurer une source d’alimentation électrique pour son voisin âgé qui en avait impérativement besoin pour faire fonctionner son appareil à oxygène. Les conflits abondent de ces histoires qui ne sont jamais racontées, des histoires de personnes qui souffrent en silence », explique Mathias Kempf, chef de la mission du CICR à Aden. Juin 2019, au Soudan du Sud : Luka est arrivé dans un camp de fortune après avoir fui son village natal, où des combats avaient éclaté. « C’était la guerre », raconte le jeune homme de 28 ans. « Je n’avais pas d’autre endroit où aller. » Comme beaucoup de personnes déplacées, Luka a peur de rentrer chez lui et préfère rester dans le camp même s’il n’y a pas d’avenir pour lui, là-bas. « Je mange juste ce qu’on me donne », poursuit-il. « Si je ne reçois rien, je ne mange pas. »

cicr.org/souteneznous | Décembre 2019 | 05


DIALOGUE

VOS MESSAGES Comité international de la Croix-Rouge Magazine des donateurs Avenue de la Paix 19 CH-1202 Genève E-mail : don@cicr.org

Vous avez des questions ou des commentaires ? Vous souhaitez réagir à un article publié dans ce magazine ? N’hésitez pas à nous écrire. Nous vous répondrons avec plaisir dans cette rubrique.

L’année dernière, vous avez été plus de 800 à adresser votre chaleureux soutien à nos équipes sur le terrain. Vos messages nous sont allés droit au cœur ; il est réconfortant de savoir que nous pouvons compter sur votre générosité indéfectible, générosité qui nous permet d’être proches des communautés que nous soutenons et de leur apporter une lueur d’espoir.

CICR

Votre humanité en action

Vente de chocolat pour le peuple yéménite Profondément choqués par les conséquences du conflit sur la population du Yémen, les élèves et enseignants du Lycée cantonal de Porrentruy, dans le Jura, ont organisé une vente de chocolat artisanal. Le CICR étant l’une des rares organisations humanitaires suisses présentes sur place, le lycée a décidé de lui reverser l’intégralité du bénéfice dégagé par la vente de cœurs en chocolat. Nous en sommes extrêmement reconnaissants. Si vous aussi souhaitez organiser une collecte de fonds en faveur du CICR, veuillez consulter la page suivante : cicr.org/collecte-de-fonds. Vous y trouverez toutes les informations nécessaires.

Vos questions Pourquoi envoyez-vous le magazine sous film plastique ?

Nous avons envisagé différentes options pour l’envoi de notre magazine. Plusieurs études récentes, publiées en Suisse et en France, montrent que le plastique est en définitive la solution la plus écologique (à condition que ces emballages soient mis à la poubelle et incinérés). D’autres organisations engagées en faveur de l’environnement ont d’ailleurs fait le même choix.

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vlad Kutepov

Le CICR s’efforce d’intégrer la durabilité dans toutes ses activités par une action appropriée, écologiquement responsable et efficace, tout en maximisant l’impact positif de l’aide humanitaire.


FAITES UN LEGS POUR REDONNER AUX VICTIMES DE LA GUERRE L’ESPOIR D’UNE VIE MEILLEURE ILS L’ONT FAIT, POURQUOI PAS VOUS ?

En témoignage de notre respect et de notre reconnaissance à leur égard, je tiens à partager avec vous ces quelques récits recueillis récemment : Le mois dernier, j’ai été contactée par Thierry, qui souhaite faire un legs au CICR. Durant sa carrière de journaliste, il a eu l’occasion de voir en action des délégués de l’institution sur le terrain. Lui-même avait prévu de s’engager à leurs côtés pour quelques années mais la vie en a décidé autrement : il a rencontré la femme de sa vie et ils ont fondé une famille ici, en Suisse. Aujourd’hui, en pensant au CICR dans son testament, il a décidé de passer à l’action et, le moment venu (il a la ferme intention de vivre encore longtemps !), de sauver des vies.

Faire un legs, c’est donner aux victimes de conflits l’espoir d’une vie meilleure. Penser au CICR dans votre testament est l’une des plus belles façons de redonner un avenir aux victimes de conflits. Grâce à votre générosité, dans des années encore, nous serons là pour leur venir en aide.

CICR

Je voudrais aussi vous parler de Giulio, un monsieur de 87 ans d’origine italienne. Lui et son père avaient été réquisitionnés pour construire des avions en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Giulio a vu son père, affaibli par la faim et les maladies, dépérir peu à peu sous ses yeux. Pour honorer la mémoire de cet homme qu’il pleurait encore, Giulio a décidé de soutenir par un legs les opérations d’assistance en faveur de personnes particulièrement vulnérables qui souffrent de la faim au Soudan du Sud. Et comment ne pas citer Nuala, déléguée du CICR pendant plus de 15 ans, qui s’est consacrée aux autres toute sa vie durant. Sans en avoir jamais parlé au CICR, elle a décidé de poursuivre son engagement en faveur des victimes des conflits au-delà de sa propre existence. Son don a permis de financer pendant une année des activités de réhabilitation physique à Gaza. Nuala était très proche de sa famille, qui a soutenu sa décision. Marie-Jo Girod, Responsable legs et dons

CICR

CICR

Ibrahim Sherkhan/CICR

En tant que responsable legs et dons au CICR, j’ai régulièrement la chance de rencontrer des personnes qui ont pris la décision généreuse de faire un don posthume. Lorsque l’on me demande à quel point les legs sont importants pour notre institution, c’est d’abord à elles que je pense.

Si vous souhaitez discuter de tout ce qui a trait, de près ou de loin, à la manière d’effectuer un legs en faveur du CICR, n’hésitez pas à prendre contact avec Marie-Jo Girod par téléphone au 022 730 33 76 ou par e-mail à l’adresse mgirodblanc@icrc.org. Elle sera très heureuse de vous aider. www.cicr.org/legs

VOTRE LEGS, NOTRE ACTION, LEUR VIE PAR-DELÀ LE CONFLIT ARMÉ. cicr.org/souteneznous | Décembre 2019 | 07


Paulin Bashengezi/CICR

REJOIGNEZ LES AMIS DU CICR AU CŒUR DE L’ACTION ET REDONNEZ ESPOIR ET DIGNITÉ AUX VICTIMES DE CONFLITS ARMÉS AIDEZ-NOUS À VENIR EN AIDE AUX VICTIMES DES CONFLITS ARMÉS

Eva Pilipp/CICR

Le Cercle des Amis du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) regroupe les donateurs les plus fidèles de l’institution. En rejoignant le Cercle, vous contribuez au plus grand mouvement humanitaire au monde et redonnez espoir et dignité à des milliers de victimes de conflits. Ensemble, nous sommes souvent leur dernier rempart face aux conséquences de la guerre. En tant que membre du Cercle des Amis du CICR, vous bénéficiez de différents privilèges tout au long de l’année : invitation aux conférences et évènements du CICR, information régulière sur nos activités et mise en contact avec la réalité du terrain. « J’ai décidé de soutenir financièrement le CICR à l’âge de 20 ans, alors que je n’étais encore qu’une jeune infirmière. Je suis profondément attachée au Cercle des Amis du CICR. En tant que membre, j’ai pu constater de plus près à quel point la guerre est une chose effroyable ; en même temps, cela m’a fait prendre conscience de la grande chance que nous avons dans nos pays, et j’ai ressenti un immense sentiment de gratitude.

) Croix-Rouge (CICR

LES AMIS DU CI CR

INVITATION DES AMIS DU UELLE DU CERCLE CONFÉRENCE ANN RE 2019, GENÈVE MARDI 19 NOVEMB

CICR

Mari Aftret Mortvedt/CICR

J’ai été particulièrement marquée par l’échange téléphonique que nous avons eu avec l’équipe d’Alep, en Syrie, lors de la dernière conférence annuelle du Cercle à Zurich, et aussi par la visite du centre logistique du CICR à Genève, où nous avons pu voir des prothèses pour enfants. Je suis reconnaissante à toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour la paix et qui s’emploient à soulager les souffrances humaines. Pour moi, les soutenir va de soi ; cela relève du devoir d’entraide qui lie tous les êtres humains. »

Témoignage d’une membre zurichoise du Cercle des Amis

À ce jour, le Cercle des Amis compte plus d’une centaine de membres. Rejoignez-les. Pour de plus amples informations, merci de contacter Audrey Brasier, responsable du Cercle des Amis du CICR, par téléphone au +41 22 730 34 70, ou par courriel à l’adresse abrasier@icrc.org — Page Web : cicr.org/amis 08 | cicr.org/souteneznous | Décembre 2019


LE CICR EN ACTION

LEURS VOIX

CICR

EN DIRECT DU TERRAIN

CICR

Myanmar – En août 2017, des attaques coordonnées dans l’État de Rakhine et des violences commises par la suite ont entraîné l’une des crises humanitaires les plus importantes de l’histoire contemporaine : plus de 700 000 personnes ont fui au Bangladesh et des milliers d’autres ont été déplacées à l’intérieur du Myanmar. Une nouvelle crise est survenue en décembre 2018, après que des combats ont éclaté entre l’armée du Myanmar – la « Tatmadaw » – et l’armée arakanaise locale. Des dizaines de milliers de personnes supplémentaires ont été déplacées, aggravant une situation humanitaire déjà fragile.

De nombreuses organisations humanitaires sont à l’œuvre sur le terrain dans l’État de Rakhine, mais l’accès aux communautés touchées dont jouissent le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et ses partenaires du Mouvement est sans équivalent : il leur permet de fournir une grande variété de services de soutien dans toute la région. Les programmes d’assistance mis en œuvre par le CICR sont conçus pour aider les communautés à assurer leur autonomie de façon digne et durable. Dans l’État de Rakhine comme ailleurs, nous adaptons notre action aux besoins spécifiques des personnes, en tenant compte de la culture et des conditions locales. Dans certains cas, les activités menées par nos équipes visent principalement à répondre aux besoins essentiels des familles : nourriture, eau, abris et hygiène. Dans d’autres, nous fournissons une assistance financière pour que les gens puissent lancer une petite entreprise et gagner un revenu. Que nous aidions une communauté à parer au plus urgent ou que nous cherchions à l’aider sur le long terme, nous planifions chaque activité avec soin. Nous adoptons également une approche globale en nous appuyant sur les contributions de toutes nos équipes techniques pour élaborer les programmes les plus efficaces possibles. Nous avons demandé aux collaborateurs de la sousdélégation du CICR à Sittwe de nous parler de leur travail au quotidien. Leurs récits sont sources d’enseignement et d’inspiration.

cicr.org/souteneznous | Décembre 2019 | 09


LE CICR EN ACTION

Je supervise notre programme de sécurité économique à Sittwe. Nous travaillons en étroite collaboration avec d’autres équipes afin d’identifier les besoins les plus pressants. Nos collègues de la Division de la logistique font en sorte que nous commandions des produits de qualité et que les articles dont nous avons besoin soient disponibles dans nos entrepôts. Nous rencontrons de nombreuses difficultés dans ces régions rurales, où les routes sont mauvaises et les infrastructures publiques quasi inexistantes. Les conditions météorologiques imprévisibles peuvent également entraver nos distributions. Mais nous faisons tout pour surmonter ces obstacles pour acheminer rapidement les secours.

CICR

Nous planifions méticuleusement nos activités, en tenant également compte des conditions de sécurité. La sécurité de notre personnel est notre priorité numéro un. Avant tout déplacement sur le terrain, les équipes de la sous-délégation se réunissent pour établir un plan d’action. La réussite de nos efforts repose sur le soutien des équipes des Divisions de la logistique et de l’administration, qui veillent à ce que les produits soient en stock et à ce que les moyens de transport nécessaires soient disponibles – dans cette région, les secours sont très souvent acheminés par bateau. Je ne donne mon feu vert que lorsque je suis sûre que nous sommes prêts, quand les conditions de sécurité sont acceptables et que nous avons reçu l’aval des autorités. Les équipes me tiennent régulièrement informée de la façon dont se déroulent leurs déplacements sur le terrain.

Joel Ogsimer,

Philippin, a commencé à travailler pour le CICR après le passage dévastateur du typhon Haiyan dans sa ville natale en 2014. Il est aujourd’hui le délégué Sécurité économique du CICR à Sittwe.

CICR

CICR

En tant que cheffe adjointe de sous-délégation, je fais en sorte que toutes les activités d’assistance soient conduites de manière harmonieuse et coordonnée et qu’elles soient fondées sur les besoins des personnes. Afin d’être aussi efficaces et efficients que possible, nous déployons des équipes pluridisciplinaires sur le terrain. Celles-ci consultent les communautés pour connaître leurs besoins et établir un rapport d’évaluation globale. Ensuite nous décidons, avec les communautés, des formes spécifiques de soutien à fournir.

Minzayar Oo/CICR

Charlie-Jil Zuercher,

Suissesse, est la cheffe adjointe du bureau du CICR à Sittwe. Collaboratrice du CICR depuis 2016, elle est honorée de travailler pour une institution qui trouve son ancrage dans son pays d’origine.

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LE CICR EN ACTION

CICR

Bhanu Adhikari,

du Bhoutan, est délégué Logistique.

CICR

Mon équipe fournit actuellement une assistance à 6 000 familles réparties dans six camps de personnes déplacées. Selon les besoins, nous leur distribuons de la nourriture et d’autres articles de première nécessité, tels que des ustensiles de cuisine, des couvertures, des bâches, des nattes, des moustiquaires et des trousses d’hygiène. Nous essayons également d’aider les communautés à entreprendre des activités génératrices de revenus en leur fournissant des semences, des engrais et des outils. Enfin, nous réalisons des transferts monétaires en vue d’augmenter le revenu des familles et de contribuer à relancer l’économie locale. Mon équipe collabore étroitement avec la CroixRouge du Myanmar, dont le personnel est indispensable à notre travail. Je suis très fier de travailler pour le CICR. J’adhère pleinement à son mandat, son impartialité, sa neutralité et ses modalités de travail, car il suit ses propres normes et procédures. Nos équipes viennent de milieux et de cultures différents. Chacun de nous a vécu des expériences uniques, et cela nous enrichit mutuellement.

L’équipe de logistique est chargée de l’approvisionnement et de l’acheminement des produits pour la sous-délégation.

Dans la mesure du possible, nous essayons d’acheter les produits auprès de fournisseurs locaux, tant que la qualité répond à nos normes. Cela contribue à stimuler l’économie locale. La gestion de l’inventaire est toujours un défi, compte tenu de facteurs tels que le manque de place et l’humidité. Il nous faut donc contrôler minutieusement tous les articles afin d’éviter les pertes. CICR

Ye Win Chit,

de l’État de Rakhine, fait partie de l’équipe de l’Unité sécurité économique (EcoSec) du CICR.

Notre équipe ici est relativement récente, mais c’est un groupe incroyable ! Aujourd’hui, elle compte dix personnes, et je suis fier de la façon dont nous apprenons et évoluons ensemble.

Dans les situations d’urgence, nous travaillons jour et nuit. Nous mobilisons nos fournisseurs et nos transporteurs et veillons à ce que nos camions et nos bateaux soient chargés et prêts pour les distributions. Il faut être flexible, car les choses ne tournent pas toujours comme prévu : les changements de dernière minute sont fréquents. Chaque distribution nécessite des heures de planification et de suivi : négociations, appels d’offres, recherche d’interlocuteurs, définition des processus, calculs, innombrables appels téléphoniques et, bien sûr, établissement de rapports et archivage des données.

www.icrc.org/supportus  cicr.org/souteneznous | Décembre | December 2019 | 11


de Sittwe, est l’un des capitaines de navire du CICR.

CICR

Mon travail consiste à transporter nos équipes partout où elles doivent se rendre. La sécurité de mes passagers est ma première priorité. La principale difficulté du transport par voie maritime, ce sont les conditions météorologiques. Nous devons être constamment en alerte quant aux marées, à la vitesse du vent et aux conditions météorologiques en général. J’ai vraiment l’impression que les communautés locales accordent leur confiance et leur respect au CICR en raison de la qualité de son travail.

Anaïs Pagot,

Française, déléguée Protection du CICR. Les activités de protection que nous menons ici sont complexes. Nous participons à des missions d’évaluation avec nos collègues des Unités sécurité économique, eau et habitat, et santé. Mon équipe discute avec la communauté pour comprendre les risques auxquels elle fait face, afin que nous puissions trouver des moyens de les réduire. Nous accordons une attention particulière aux groupes exposés

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à des risques spécifiques, comme les femmes et les enfants, ainsi que les personnes âgées, handicapées et déplacées. Mon équipe est très souvent sur le terrain pour dialoguer avec un maximum de personnes, afin de mieux comprendre leur histoire et leurs besoins. Cela nous permet d’évaluer l’assistance que le CICR a déjà fournie, d’en assurer le suivi et de l’adapter si nécessaire. Nous dialoguons également avec les autorités et les chefs locaux sur de nombreuses questions telles que la sécurité, l’accès, la protection civile, etc. Un autre objectif majeur des équipes de protection du CICR est de veiller au respect des droits des civils, des détenus et des blessés. Les témoignages de première main que nous recueillons – et que nous traitons de manière strictement confidentielle – aident le CICR à mieux comprendre les difficultés que les communautés rencontrent et à élaborer les interventions les plus appropriées. L’équipe de protection est souvent la première à évaluer une situation. Nous servons de lien entre les civils touchés par un conflit et les autorités. Notre analyse alimente le dialogue bilatéral et confidentiel que le CICR entretient avec les autorités et avec d’autres parties concernées pouvant influer sur la situation. CICR

Kyaw Myo Thu,

CICR

CICR

CICR

LE CICR EN ACTION


LE CICR EN ACTION

Myaint Naing,

Raphael Boreham,

du Royaume-Uni, travaille depuis six ans au CICR.

Cho Maung,

du Myanmar, est gestionnaire de la coopération au sein du Mouvement. Je suis chargé des relations quotidiennes avec la Croix-Rouge du Myanmar. Je coordonne la participation des volontaires à nos activités sur le terrain. Nous avons dispensé des formations dans divers domaines programmatiques tels que les premiers secours, la sécurité économique et l’eau et l’habitat. Depuis les affrontements qui ont eu lieu en 2018, les besoins se sont accrus, et j’ai participé au recrutement et à la formation de centaines de volontaires. Étant donné qu’ils viennent des communautés avec et pour lesquelles nous œuvrons, ils entretiennent souvent de très bonnes relations avec les autorités et peuvent avoir accès à des endroits difficiles à atteindre. Selon le type de projet, entre 10 et 15 volontaires en moyenne travaillent tour à tour à nos côtés. Dans certains cas, lorsque les équipes du CICR n’ont pas un accès aisé, les volontaires mènent des activités en autonomie afin que les secours indispensables puissent être acheminés.

CICR

Ces deux dernières années aux côtés du CICR ont été passionnantes et animées, et je suis honoré de faire partie de cette équipe. Ce dont je suis le plus fier, c’est de contribuer à bâtir une meilleure relation avec la Croix-Rouge du Myanmar, de former de nouveaux volontaires et, plus globalement, de renforcer l’acceptation du Mouvement de la Croix-Rouge par la communauté.

CICR

J’adore mon travail au CICR ! C’est tellement varié, chaque jour est différent. J’ai eu la chance de travailler dans différentes régions de mon pays, et on m’a confié de plus en plus de responsabilités. C’est un tel privilège pour moi de pouvoir aider mes compatriotes qui ont traversé tellement d’épreuves. Il faut de la compassion pour aider efficacement les autres.

Mon travail consiste à surveiller l’environnement politique, économique et social. Je consulte les médias locaux – y compris les sources traditionnelles telles que les journaux, la radio et la télévision – et les réseaux sociaux, bien sûr. Je garde également une trace des tendances, des incidents et des déclarations, et j’informe nos équipes de la situation et de ce à quoi il faut veiller. Le CICR dialogue avec les communautés en personne, comme mes collègues l’ont indiqué, mais aussi sur les réseaux sociaux, ce qui est indispensable dans notre monde de plus en plus numérique. Ce sont des voies efficaces non seulement pour transmettre des informations, mais aussi pour écouter ce que les gens ont à dire et lancer des discussions. Fondamentalement, j’aide le CICR à comprendre la culture locale et à se faire une idée de ce qui se passe dans ce pays. Mon travail consiste aussi à informer mes collègues sur les caractéristiques de l’environnement dans lequel ils travaillent et à essayer d’anticiper le plus possible les risques pour notre action. Dans l’ensemble, je pense que le CICR est mieux perçu et que les communautés nous connaissent et nous acceptent mieux que par le passé.

Shane Wilkes,

Australien, est le délégué Eau et habitat de la sous-délégation. Ma mission et le travail de mon équipe comportent de nombreuses facettes. Comme mes collègues l’ont indiqué, nous participons tous à l’évaluation des besoins. Nous essayons de dialoguer autant que possible avec les communautés, d’organiser des déplacements dans les villages, des entretiens en tête-àtête et des discussions de groupe. Nous devons veiller à fournir les bons services aux bonnes personnes au bon moment. CICR

du Myanmar, travaille aux côtés d’Anaïs dans le domaine de la protection.

En bref, ma responsabilité en tant que délégué Eau et habitat est de faire en sorte que les personnes touchées par le conflit aient accès à l’eau potable, à des installations sanitaires et à des abris. Nous fournissons également des abris dans les situations d’urgence, et nous construisons des ponts et des jetées pour améliorer l’accès aux établissements éducatifs et de santé, ainsi que pour faciliter le commerce local.

www.icrc.org/supportus  cicr.org/souteneznous | Décembre | December 2019 | 13


LE CICR EN ACTION

CICR

LES COMMUNAUTÉS AUXQUELLES NOUS VENONS EN AIDE

CICR

CICR

Alors que le conflit se poursuit dans l’État de Rakhine, les communautés d’accueil fournissent un soutien précieux aux personnes qui ont été déplacées ou affectées à d’autres égards. U Ba Win est le chef du village d’Auk Myat Hle. Il exprime sa préoccupation principale : « Ce qui est crucial ici, c’est l’eau potable. Beaucoup de gens doivent faire une demi-heure de marche tous les jours pendant la saison sèche uniquement pour aller chercher de l’eau. Si les affrontements perdurent, la situation sera difficile pour tout le monde. »

Tout en observant sa fille mettre son nouveau manteau, Ma Win, 52 ans, se revoit encore fuir le conflit dans l’État de Rakhine : « Nous avons mis deux heures pour arriver ici par bateau. J’ai sept enfants. Je m’inquiétais beaucoup pour leur santé au moment de notre fuite. Ces vêtements leur tiennent chaud la nuit, et les pantalons les protègent contre les moustiques. » Sa famille a trouvé refuge dans le camp de War Taung, où le CICR a récemment fait une distribution de vêtements d’hiver.

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Hla Yamin Eain/CICR

« CE QUI EST CRUCIAL ICI, C’EST L’EAU POTABLE. BEAUCOUP DE GENS DOIVENT FAIRE UNE DEMI-HEURE DE MARCHE TOUS LES JOURS PENDANT LA SAISON SÈCHE UNIQUEMENT POUR ALLER CHERCHER DE L’EAU. SI LES AFFRONTEMENTS PERDURENT, LA SITUATION SERA DIFFICILE POUR TOUT LE MONDE. » U BA WIN EST LE CHEF DU VILLAGE D’AUK MYAT HLE

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RÉCIT

DES ENFANTS RACONTENT LEUR HISTOIRE EN DESSIN À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfant africain, le 16 juin, le bureau du CICR de Bukavu (République démocratique du Congo) a organisé un concours de dessin. Au total, 56 enfants du centre de transit et d’orientation du BVES1 et une centaine d’enfants handicapés du centre de réadaptation physique Heri Kwetu y ont participé. Ces filles et ces garçons se sont souvent retrouvés là après avoir été confrontés à la violence et connu des expériences traumatisantes. Nous leur avons demandé de raconter en dessin ce qu’ils avaient vécu avant leur arrivée dans ces centres. Le résultat a dépassé toutes nos attentes et il ne nous a pas été facile de faire un choix parmi leurs réalisations, tant les histoires qu’ils racontaient étaient fortes et émouvantes. Voici tout de même une petite sélection.

« UN JOUR NOTRE VILLAGE A ÉTÉ ATTAQUÉ PAR DES HOMMES ARMÉS ET ILS M’ONT ENLEVÉE. JE N’AI PAS REVU MA MAMAN DEPUIS. JE SUIS SÛRE QU’ELLE PLEURE CHAQUE JOUR », RACONTE CLAUDINE*. LE CICR ET SES PARTENAIRES FONT TOUT POUR QU’ELLE PUISSE BIENTÔT REVOIR SA MÈRE.

1. Bureau pour le Volontariat au service de l’Enfance et de la Santé (http://www.bves-rdc.org/) * Noms d’emprunt

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Pour information Le BVES accueille des enfants très vulnérables, dont beaucoup ont, à un moment donné, été associés à des forces ou à des groupes armés. Le CICR contribue à leur réinsertion sociale et fait en sorte qu’ils puissent retrouver leur famille. Le CICR soutient le centre Heri Kwetu. Les patients y reçoivent un appareil orthopédique et des séances de réadaptation physique. Ils peuvent ainsi retrouver leur autonomie et une place dans la société.


RÉCIT

David* est un jeune garçon de 12 ans. Il vit actuellement au centre de transit et d’orientation du BVES. Dans son dessin, il montre comment il s’est retrouvé séparé de ses parents. Grâce au CICR, il va bientôt retourner dans sa famille.

Jeanne* est une jeune fille qui reçoit des soins au centre de réadaptation physique Heri Kwetu. Elle nous raconte, à travers son dessin, qu’elle a été touchée au pied par une balle perdue lors d’une attaque contre son village. Mais que, malheureusement, quand elle est arrivée à l’hôpital, il était déjà trop tard : sa jambe ne pouvait être sauvée et elle a dû être amputée. Aujourd’hui, elle apprend à remarcher à l’aide d’une prothèse.

Louis* a dessiné différentes situations qui peuvent conduire une personne à se retrouver handicapée. « De toutes ces situations, j’ai déjà vu les accidents de la route, les attaques à la machette, et des affrontements. Ça n’était pas facile à voir. »

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EN COULISSES

UN PARTENARIAT QUI SE PORTE BIEN

Face à ces défis, le Comité international de la CroixRouge (CICR) est constamment à la recherche de nouveaux moyens de répondre aux besoins humanitaires des personnes touchées. Le partenariat entre le CICR et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), signé en 1999 et renouvelé en 2015, permet de fournir des soins de meilleure qualité aux victimes de conflits armés et d’autres situations de violence.

Baron Nkoy/CICR

Cette collaboration vise à tirer le meilleur parti des expertises de chaque institution. Les HUG apportent un savoir-faire dans le domaine de la recherche, offrent des formations et mettent à disposition du personnel qualifié, et le CICR fournit une expertise médicale adaptée aux situations extrêmement difficiles et précaires des pays en conflit, en tentant de relever tous les défis qui en découlent.

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Wassy Kambale/CICR

Pour les millions de personnes qui vivent dans des pays en guerre, avoir accès à des soins médicaux est une question de survie. Pourtant, cet accès est loin d’être généralisé. En cause, notamment, de nombreuses structures médicales partiellement opérationnelles, le manque criant de matériel ou encore l’impossibilité, pour une partie des personnels de santé, de se rendre dans des zones dangereuses.

Depuis 1999, les HUG mettent à disposition du CICR des ressources en personnel médical, soignant ou paramédical qualifié et compétent. Des spécialistes des HUG (chirurgiens, physiothérapeutes, médecins psychiatres, personnel soignant, etc.) ont formé leurs homologues dans des hôpitaux soutenus par le CICR à travers le monde. Simon Regard, médecin urgentiste aux HUG, rentre d’une mission dans l’est de la République démocratique du Congo, dont l’objectif était d’évaluer le programme de premiers secours du CICR (en collaboration avec la CroixRouge suédoise) : « Porter secours est à mon sens l’action humanitaire la plus directe qu’on puisse imaginer. C’est celle d’Henri Dunant à Solferino : la voie la plus directe pour sauver des vies et alléger les souffrances. Les premiers secours délivrent un formidable message d’espoir, de cohésion et de solidarité aux sociétés frappées par la guerre. Bien plus que d’accomplir des actes techniques, il s’agit de promouvoir un comportement d’entraide et de renforcer les compétences locales. Bien mené, un programme de premiers secours a également des conséquences positives en termes d’accès, permettant l’ouverture et le maintien d’un dialogue avec certains porteurs d’armes. C’est également une voie très concrète pour promouvoir le respect du droit international humanitaire. En effet, le formateur peut également mentionner les droits des blessés et les obligations incombant aux porteurs d’armes de leur venir en aide.


EN COULISSES C’est grâce à l’expérience acquise au CICR dans ce domaine que j’ai pu intégrer cette vision élargie des premiers secours – la promotion de l’aide spontanée – dans le plan cantonal de promotion de la santé et de prévention de l’État de Genève. De plus, au quotidien, le partenariat HUG-CICR favorise l’exposition des professionnels de la santé à d’autres contextes : apprentissage d’autres cultures, acquisition d’outils spécifiques, travail centré sur les objectifs et non sur les moyens. Tout ceci s’acquiert sur le terrain. »

Mari Aftret Mortvedt/CICR

Les HUG et le CICR, en collaboration avec Médecins Sans Frontières (MSF) et l’Aide humanitaire (AH) suisse, ont mis sur pied une formation destinée aux collaborateurs des HUG qui participent à des missions humanitaires. Il s’agit de les familiariser avec les principes humanitaires et d’engagement des organisations ainsi qu’avec les modalités de gestion de la sécurité.

Nicole Rosset, responsable de la coordination des départs en mission humanitaire aux HUG, explique : « Cette formation est importante pour informer notre personnel des contraintes de sécurité auxquelles il sera confronté sur le terrain. Comme par exemple, les restrictions en ce qui concerne les déplacements professionnels ou personnels, les couvre-feux éventuels, etc. Notre personnel a une grande capacité d’adaptation mais ce sont quand même des circonstances extraordinaires. J’ai constaté, au retour de mes collègues à Genève, qu’ils ressentaient une grande fierté d’avoir contribué à la mission du CICR. Je les sentais encore plus engagés et ouverts. Les HUG disposent de moyens et de technologies de pointe. Nous considérons que nous avons une responsabilité sociale d’aider des gens bien moins chanceux que nous et de porter les valeurs humanistes de Genève et de la Suisse. »

Depuis plus de 15 ans, le Service de médecine tropicale et humanitaire des HUG assure la prise en charge médicale de collaborateurs d’organisations humanitaires, notamment les collaborateurs du CICR, avant et après chacune de leurs missions. Le personnel médical et soignant de ce service est constitué de spécialistes compétents pour diagnostiquer des maladies rares dans nos pays. Forts de leur expérience, ils peuvent également déceler les traumatismes psychologiques liés à la complexité des contextes dans lesquels le CICR travaille. Ce centre informe le CICR des épidémies qui touchent la planète et lui fournit des recommandations sur les mesures à prendre. Face à l’épidémie d’Ebola, il a récemment vacciné les premiers intervenants en

République démocratique du Congo. C’est le seul centre en Suisse à fournir ce vaccin. Les HUG, le CICR et l’Université de Genève (UNIGE) ont également élaboré des programmes de formation continue et d’enseignement à distance ainsi que des séminaires thématiques. Le cours HELP (Health Emergencies in Large Populations – Urgences sanitaires pour de grandes populations) a été mis au point en partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les HUG et l’UNIGE pour renforcer le professionnalisme des humanitaires à l’œuvre dans des situations d’urgence et promouvoir l’éthique professionnelle ainsi que les principes humanitaires.

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