02 Expresso 2018

Expresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2019

10 01 2018

L’essentiel Education

P.2

Les neurosciences à l’école

n La nomination de Stephane Dehaene à la tête du Consei scientifique de l’éducation nationale relance le débat autour des neurosciences à l’école

europe

# 02

Guerre des tribunes sur les violences sexuelles

Du rififi chez les féministes

P.4

Migrants : l’Europe du sud se réveille

n Sommet à Rome entre dirigeants européens au sujet de la crise migratoire et de la gestion des réfugiés.

eco/conso

P.6

Soldes : démarrage timide boulevard Haussmann

n Les commerçants du boulevard Haussmann comptent sur les soldes pour compenser la baisse de fréquentation annuelle.

culture

P.8

Kodak repense les droits d’auteur

n En créant sa mon-

naie virtuelle, l’entreprise mise sur le blockchain pour sécuriser les droits d’auteur numériques.

sports

P.9

Le malaise Samuel Ezeala

n La FFR essuie un énième coup dur face à la violence chez les jeunes rugbymen.

n Sur fond d’affaire Weinstein, Deneuve prone « la liberté sexuelle »

la tribune publiée mardi dans Le Monde sur la liberté d’importuner crée la division chez les féministes. Ce manifeste, signé par 100 femmes dont Catherine

et s’offusque d’un « retour au puritanisme ». Indignées, Caroline de Haas et d’autres militantes leur répondent : « les porcs et leurs alié.e.s ont raison de s’inquiéter ». Page 3

FRANCE ÉDUCATION Un spécialiste des neurosciences à la tête du conseil scientifique

La méthode Blanquer controversée n Les controverses continuent

autour de l’éducation. Le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer a annoncé mercredi la création effective d’un Conseil scientifique pour l’éducation, dirigé par le professeur de psychologie cognitive Stanislas Dehaene. La principale mission de ce Conseil consistera à réfléchir au contenu des formations enseignantes ou encore des manuels scolaires. Alors que le ministre s’est de nombreuses fois déclaré favorable à l’introduction des neurosciences à l’école, la nomination de ce spécialiste des sciences cognitives relance le débat autour de cette façon d’appréhender l’éducation.

L’éducation adaptée au cerveau humain

Les recherches développées par Stanislas Dehaene et Denis Le Bihan au CEA de Saclay ouvrent en effet des perspectives nouvelles sur la compréhension du cerveau humain en mêlant psychologie et neurosciences- une approche plébiscitée par un nombre croissant de spécialistes. Pour Marie Demart, éducatrice à l’Ecole Supérieure de Travail Social de Paris, il s’agit là d’un « outil supplémentaire pour adapter notre pédagogie à l’enfant ». Un point de vue relayé par Jean-Luc Berthier, spécialiste des sciences cognitives de l’apprentissage, convaincu qu’il est nécessaire que « les professeurs connaissent mieux les fonc-

Le ministre de l’Education en visite dans une école à La Réunion. Crédit : Richard Bouchet /AFP.

tionnements cognitifs de leurs élèves et que soient déployées des modalités d’apprentissage dans les classes ».. Une frange de la profession oppose néanmoins de fortes résistances. En novembre, une soixantaine d’entre eux, dont Michel Lussault, l’ancien président du Conseil supérieur des programmes s’étaient mobilisés dans un communiqué suite à une prise de parole de Jean-Michel Blanquer sur les neurosciences. Sciences dures contre sciences molles

Craignant qu’il puisse s’agir d’une approche « normative », « instrumentalisée ». Ces professeurs et chercheurs redoutent notamment qu’elle conduise à nier l’impact des inégalités sociales dans le processus d’apprentissage en postulant que l’éducation n’est qu’une affaire

de science. C’est aussi la crainte d’une hégémonie des neurosciences qui a motivé leur appel, comme le rappelle la secrétaire générale du SNUIPP-FSU (Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Ecoles et PEGC) Francette Popineau « Le risque, c’est que ce conseil favorise uniquement cette méthode d’apprentissage ». En réalité, rien ne permet

de conclure à la suprématie des neurosciences au sein du Conseil selon Jean-Luc Berthier « Si le conseil est fortement teinté, il comprend aussi parmi ses membres des détracteurs ». Ce débat autour des méthodes d’apprentissage apparaît nécessaire alors que la dernière étude PIRLS pointait en décembre dernier le faible niveau des écoliers français.

o Anna Mutelet

Qu’est-ce que les neurosciences? Les neurosciences sont des études scientifiques du système nerveux, et particulièrement du cerveau. Mises en relation avec l’éducation, elles nous éclairent sur la façon dont le cerveau se développe et fonctionne chez les enfants, en s’appuyant sur des méthodes qui vont des techniques de psychologie expérimentale à toutes celles de l’imagerie cérébrale. Les neurosciences font ainsi appel à plusieurs branches de la médecine telles que la psychiatrie, la neuropsychologie, ou encore la neuroanatomie.

POLITIQUE Le PS a présenté ses vœux à la presse sur fond de plan social

Climat morose au siège du parti socialiste n Qui pouvait imaginer mer-

credi matin que c’est dans cet hôtel particulier rue de Solférino que François Mitterand a fêté en 1981 sa victoire à la présidentielle ? L’ambiance y était sinistre alors que le PS a présenté ses vœux à la presse avec une sobriété monacale. Dans la salle exigüe où les journalistes s’entassent et trépignent, plus de place pour s’asseoir, encore moins pour rajouter une chaise. « Les vœux du PS c’est plus ce que c’était, où sont passés les cocktails dans la cour et les petits fours ? » entend-t-on. Outre les journalistes et quelques militants épars, les caciques sont aux abonnés absents. Seuls Rachid Témal, François Kalfon et

02 - EXPRESSO - MERCREDI 10 JANVIER

Laurence Rossignol ont fait acte de présence.

Un contexte tendu

La veille au soir, le chef du groupe parlementaire des socialistes à l’Assemblée, Olivier Faure, a fait part de son intention de présenter sa candidature au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste. Il rejoint Stéphane Le Foll, Luc Carvounas et Emmanuel Maurel dans la course qui se terminera le 29 mars, une semaine avant le congrès du PS. De là à parler d’un trop plein de candidatures au PS… Rachid Témal, patron du PS par intérim, botte en touche devant les journalistes. « Il y a de nombreux talents, il

nous faudra tout ces talents là pour refonder notre parti ». Celui qui coordonnera le prochain congrès est revenu sur l’année désastreuse pour les socialistes et sur l’avenir hors des murs de Solférino, « le cycle d’Epinay a vécu (…) notre parti n’est pas coincé entre les Insoumis et les Marcheurs, il se situe entre un passé illustre et un avenir a bâtir ». Des troupes désespérées

Le discours aux accents de méthode Coué fait sourire parmi l’assistance tant le contraste avec le manque de motivation des troupes se fait sentir. Et pour cause, la direction a approuvé la semaine dernière le plan so-

cial, nécessaire à sa survie, qui a conduit à la suppression de 57 emplois. « Avec tout ce qui se passe, le contexte particulier, les licenciements, on ne se voyait pas boire du champagne avec les journalistes » confirme Cyril Rizk, attaché de presse du PS. La décrépitude tourne à la débandade. Au détour d’un couloir, un ténor se désespère, « je ne sais pas si je vais continuer la politique, qu’est-ce qu’il nous reste, il n’y a plus rien à faire ». De l’autre côté, les militants s’attristent surtout du départ de Solférino, septième siège historique du parti, l’institution va leur manquer, même sans champagne et petits fours. oHugo Guyon

FRANCE SOCIÉTÉ Guerre de tribunes entre militantes de la cause des femmes

Les féministes se déchirent sur « la liberté d’importuner » n Face aux violences sexuelles,

les femmes ne parlent pas d’une seule voix. La tribune « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle » publiée mardi dans Le Monde et signée par un collectif de 100 femmes, dont Catherine Millet, Catherine Deneuve et Ingrid Caven a eu pour effet de nous le rappeler. Le mouvement #metoo avait pourtant donné l’illusion d’un front féminin unifié. Bataille de femmes par médias interposés

Réellement intitulée « Des femmes libèrent une autre parole », la tribune rédigée notamment par Sarah Chiche et Abnousse Shalmani a déterré la hache de guerre. Indignée par les propos de ce collectif qui affirme son rejet d’un féminisme « puritain », Caroline de Haas accompagnée d’une trentaine de militantes ne pouvaient pas rester sans réponse. Elles ont

publiées mercredi matin : « Les porcs et leurs allié.e.s ont raison de s’inquiéter ». Le débat est lancé et il est virulent. Deux conceptions opposées des relations hommes/femmes

Ecœurée par les arguments du collectif qui invite à envisager le geste d’un frotteur dans le métro « comme l’expression d’une grande misère sexuelle », Catherine de Haas dénonce une banalisation des violences sexuelles. Marlène Schiappa surenchérit sur France Culture : « C’est dangereux de tenir ce discours. Nous avons énormément de mal à faire comprendre aux jeunes filles que se frotter contre elles (…) dans le métro sans son opinion, est une agression sexuelle (…) ». La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes considère la tribune du collectif des 100 femmes comme un « pot-pourri » entre réflexions intéressantes « mais

pas nouvelles non plus » et « profondément choquantes ». Il est vrai que le traitement de certaines thématiques dans cette tribune est maladroit voire délibérément provoquant comme quand elles affirment qu’« une femme peut, dans la même journée, diriger une équipe professionnelle et jouir d’être l’objet sexuel d’un homme. » Reste que Marlène Schiappa et Caroline de Haas passent à côté d’une revendication essentielle réclamée par ce collectif de femmes : la liberté sexuelle décomplexée. La morale, encore et toujours la morale

Pour les femmes du collectif qui ont adhéré aux slogans « jouir sans entrave » et « il est interdit d’interdire » de Mai 68, comment ne pas s’inquiéter de cette nouvelle génération de féministes qui considère le magistral Blow-Up de Michelangelo Antonioni comme une

POLICE Les syndicats reçus par le ministre de l’Intérieur Gérard Colomb

La grogne policière secoue l’exécutif

’était il y a dix jours à Champigny-surMarne. L’agression de deux policiers la nuit de la Saint-Sylvestre enflammait les réseaux sociaux. Ce matin, les policiers ont été reçus par le ministre de l’Intérieur Gérard Colomb pour répondre au malaise. Christophe Rouget, porte-parole du syndicat des cadres de la sécurité intérieure attendait davantage que de la « compassion ». Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergies-Officiers demandait de porter « jusqu’au président de la République, la volonté de mettre fin à l’impunité ». Des violences en forte hausse

Plusieurs manifestations de policiers se sont déroulées partout en France en ce début d’année, mais les revendications ne sont pas nouvelles. La plupart des syndicats réclament le retour des peines planchers. Ces quinze dernières années, la

œuvre « misogyne » ? Pour elles, le désir et sa représentation ont nécessairement une dimension animale et amorale. Elles reprochent donc aux féministes d’aujourd’hui qu’elles qualifient de puritaines de vouloir créer une société où le désir est policé. Cependant, on peut arguer que pour que la libération sexuelle soit totale, elle doit être vécue de manière égalitaire par les deux sexes. Pour cela, l’éducation est primordiale. C’est ce que plaide Caroline de Haas lorsqu’elle rétorque que ce n’est pas aux jeunes filles d’apprendre à ne pas se faire intimider par les violences sexuelles mais aux garçons d’être éduqués à respecter le désir féminin. Aujourd’hui encore plus de 84 000 femmes sont violées chaque année en France. C’est pourquoi on peut regretter cette polémique entre féministes qui affaiblit leur combat.

o Annabelle Martella

EN BREF Décès de Philippe Marchand n L’ancien ministre de l’Inté-

rieur (PS) Philippe Marchand est mort à 78 ans des suites d’un cancer à l’hôpital de Saintes (Charente-Maritime). Arrivé place Beauvau en 1990 comme ministre délégué aux Collectivités locales, Philippe Marchand avait hérité de l’Intérieur quand Pierre Joxe avait été appelé à la Défense en pleine guerre du Golfe. Philippe Marchand avait participé à la mise en place du plan Vigipirate.

Manifestation à Champigny-sur-Marne le 2 janvier. Crédit : AFP.

police a connu un doublement des violences à son encontre. Selon le ministère de l’Intérieur, en 2016, 5 700 policiers ont été blessés en mission et 26 fonctionnaires de police sont morts dans l’exercice de leur fonction contre 14 en 2015. Mais, si la colère est unanime, une réponse législative est loin de faire consensus dans l’uni-

vers policier. « Il faut appliquer ce qui est prévu par la loi déjà existante », assure le secrétaire général de l’Unsa-police, Philippe Capon. Le ministre lui, ne se prononce pas mais annonce un grand plan de rénovation des commissariats dont l’état délabré est le sujet de plaintes régulières des fonctionnaires.

o Emilie Mendy

La mort de six légionnaires pose question n Le tribunal de Lyon a ouvert

une information judiciaire après la mort de six légionnaires dans une avalanche lors d’un entraînement à Valfréjus en janvier 2016 selon l’AFP. L’itinéraire choisi lors de l’entraînement poserait question car le risque d’avalanche était élevé.

MERCREDI 10 JANVIER- EXPRESSO - 03

international EUROPE Mini-sommet européen à Rome en présence d’Emmanuel Macron

Crise migratoire : l’Europe du Sud cherche une voix commune

près son voyage diplomatique et commercial en Chine, le président Emmanuel Macron était à Rome mercredi soir pour un sommet des pays de l’Europe du sud. Au cœur des discussions avec les dirigeants de l’Italie, du Portugal, de l’Espagne, de Malte, de Chypre et de la Grèce, la crise migratoire. L’Europe du Sud reste en première ligne, mais la situation a quelque peu évolué par rapport à l’année dernière. L’afflux de migrants vers les côtes italiennes a diminué de 35 % en 2017, après que l’Italie a signé des accords controversés avec la marine libyenne. Grâce à l’entente entre l’Europe et la Turquie, la Grèce a également vu une baisse des arrivées de 28 800 personnes l’année dernière, soit 6 fois moins qu’en 2016. En revanche, l’Espagne a enregistré une hausse des migrants considérable. Leur nombre est passé de 6 000 en 2016 à 23 000 en 2017. Des centres d’accueil surchargés

L’objectif des sept pays est de trouver une entente stratégique pour organiser la gestion des réfugiés et la sécurité des frontières. Ils réclament avec insistance une relocalisation des demandeurs d’asile. Il s’agit d’un véritable défi, car plus de 50.000 migrants se trouvent actuellement en Grèce et environ 200.000 en Italie. Les camps et les centres d’accueil sont surchargés, désorganisés et vé

Des migrants secourus en mer arrivent au port de Catane, le 8 janvier 2017. (Giovanni Isolino, AFP)

-tustes. En Andalousie (région d’Espagne), les autorités ont utilisé une prison pour enfermer cinq cents migrants afin de remédier au manque de place dans les centres de rétention, ce qui a conduit l’un d’eux à se suicider, le 29 décembre dernier. Des avis discordants

Cette situation favorise un

climat de méfiance mutuelle, souvent exploité par les partis populistes dans leurs propagandes politiques, grandes menaces des futures élections en Italie et en Grèce. Le ministre italien des Finances Pier Carlo Padoan avait rappelé lundi 8 janvier à Bruxelles que « l’Italie ne peut plus continuer à payer pour tout le monde, en termes financiers comme en termes d’effort

politique ». D’autres pays ont un avis différent, comme par exemple la Grèce, satisfaite des accords « durs mais nécessaires » pris avec la Turquie. Le défi d’Emmanuel Macron est de parvenir à ce que l’Europe du Sud réussisse à adopter une entente commune, face à une Europe du Nord peu incline à prendre sa part du fardeau. o Gabriele Porrometo

Un navire avec une centaine de migrants coule dans la Méditerranée Enième tragédie en Méditerranée. Un navire avec une centaine de migrants à bord a coulé mardi soir dans la mer, au large de la ville d’Al-Khoms en Libye, selon la marine libyenne. Seulement 17 personnes ont pu se sauver, les autres sont portées disparus. La marine libyenne a ajouté avoir récemment sauvé 267 migrants dans deux autres embarcations de fortune. Le week-end dernier, dix migrants ont perdu la vie dans la mer et une cinquantaine a disparu, selon les témoignage des survivants.

Pour les évêques français, le pays peut « accueillir plus et mieux » n L ‘Eglise de France est en-

trée mercredi dans le débat sur l’accueil des migrants. « Ceux qui arrivent ne sont pas des envahisseurs mais des êtres humains dans le besoin, ils ne sont pas qu’un problème mais arrivent avec leur propre richesse », a affirmé devant la presse Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF) et archevêque de Marseille. Cette prise de position intervient alors que le gouvernement prépare un projet de loi controversé sur l’immigration et le droit d’asile. Une circulaire

04 - EXpresso - mercredi 10 janvier

publiée au mois de décembre par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a mis le feu aux poudres. Elle prévoit notamment le contrôle du statut des personnes hébergées dans l’accueil d’urgence pour opérer un tri et renvoyer les sans papiers. Là encore, la Conférence des évêques de France se positionne. « La vocation première des centres d’hébergement d’urgence est d’éviter aux personnes dans la rue de dormir dans des conditions indignes, précise le père Carlos Caetano, directeur du SNPMPI (Service

national de la pastorale des migrants). C’est une question humaine, pas de statut. Ces centres devraient être sanctuarisés ». Une façon de se démarquer du ministre de l’Intérieur. L’Église de France veut éviter tout esprit polémique

Elle préfère rappeler, sur un ton apaisé, quelques évidences : les voies d’accès légales pour les demandeurs d’asile devraient être élargies, les couloirs humanitaires multipliés, et les autorisations de travail devraient être accordées avant le 10e mois

de séjour pour favoriser l’intégration. « Le travail permet la réalisation de soi et l’insertion sociale », lance le père Caetano. Dans la mesure où la France figure parmi les premières puissances économiques mondiales, le pays et ses habitants doivent « accueillir plus et mieux » d’après Mgr Pontier. Selon ce dernier cependant, les solutions ne sont pas seulement portées par l’État et les collectivités : « Nous sommes tous concernés ». L’archevêque invite chaque citoyen à l’accueil « raisonnable et généreux ». o Marion Gauthier

International TUNISIE Deux cents personnes arrêtées en marge des manifestations

A Tunis, la gronde sociale s’installe

eux cents personnes ont été arrêtées lors d’affrontements avec les forces de l’ordre en Tunisie dans la nuit de mardi à mercredi. Le pays est violemment secoué depuis quelques jours par une vague de manifestations contre l’inflation et la mise en place de nouvelles taxes. Le mois de janvier en Tunisie est historiquement associé aux contestations sociales. Ce début d’année 2018 ne fait pas exception à la règle. Depuis le weekend dernier, des manifestations pacifiques s’organisent dans plusieurs villes du pays pour protester contre la spectaculaire hausse des prix – l’inflation a dépassé les 6% en 2017 – et la loi de finances entrée en vigueur au 1er janvier. Un collectif citoyen, le « Fech Nestannew » (« qu’est-ce qu’on attend ? », en arabe), a appelé à manifester

sur la place publique contre un gouvernement jugé incompétent et dont les mesures pèsent chaque fois un peu plus sur le pouvoir d’achat des ménages. Une contestation identique aux autres ?

« Pas du tout ! », répond Amor Cherni, membre du Parti Populaire Tunisien, invité à s’exprimer à France 24 hier soir, « Ce mouvement là est différent des autres. » Cette fois, un homme est mort dans ces affrontements. Il aurait, selon les autorités, été victime d’une asphyxie liée à l’asthme, alors que plusieurs témoins parlent d’un véhicule de police qui l’aurait intentionnellement percuté. Les conclusions de l’autopsie n’ont toujours pas été rendues publiques, mais ce décès rappelle indéniablement l’immolation de Mohammed Bouazizi, en 2011, qui avait déclenché la Révolution de Jasmin. Une deuxième révolution

USA Au moins treize morts sont à déplorer

Coulées de boue meurtrières

A Tunis, le mardi 10 janvier. (Crédit : Sofiene Hamdaoui, AFP)

? C’est ce que semble croire le Parti Populaire, principal partis d’opposition. « En 2011, c’était la dictature et la misère. Aujourd’hui on n’a plus de dictature mais on a une misère multipliée par deux », ajoute-t-il. Les militants n’y croient pas

« Parler d’une deuxième révolution est un peu extrême », tranche Wadji Mahouechi, proche du mouvement « Fech Nestannew ». Il s’agit simplement de revendications politiques et sociales qui ont malheureusement été mal

Nouveau revers pour Trump n Le juge américain, Wiliam

Deux journalistes de Reuters mis en examen en Birmanie

n Au moins 13 personnes ont

été tuées mardi à Montecito, dans le sud de la Californie, dans des coulées de boue. Ces coulées ont été provoquées par des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le comté. De nombreux endroits sont privés de végétation à cause de l’incendie «Thomas», le plus destructeur en surface brûlée de l’histoire de la Californie, qui a ravagé l’État le mois dernier. Selon Bill Brown, le shé

rif du comté de Santa Barbara , le nombre de victimes pourrait encore augmenter à mesure que les équipes de secours fouillent les maisons détruites en quête de survivants. L’autoroute 101, qui longe la côte Pacifique, était notamment inaccessible sur une cinquantaine de kilomètres. D’après les services météorologiques de Los Angeles, Montecito connaît la plus grosse chute de pluie de son histoire avec 13 centimètres écoulés.

o Amélie Beaucour

en bref Aslup, a provisoirement bloqué mardi, l’abrogation par Donald Trump d’un programme de l’ère Obama permettant à des jeunes sans-papiers de travailler et d’étudier légalement. Cette décision intervient en pleines négociations entre le président des Etats-Unis et le Congrès pour réformer l’immigration.

(Crédit : Madri Zuma, REX Shutterstock)

interprétées par les autorités. « Plusieurs de mes amis, des étudiants, ont d’ailleurs été arrêtés alors qu’ils distribuaient de simples tracts. Et c’est surtout ça qui nous met en colère. Ils agissent comme l’aurait fait Ben Ali alors qu’aujourd’hui nous sommes en démocratie ». Des mouvements sociaux d’une telle ampleur étaient prévus depuis longtemps car la misère s’est installée durablement dans le quotidien des tunisiens. La loi de finances pour 2018 n’en aura été que le déclencheur.

n Deux journalistes de l’agence Reuters ont été mis en examen mercredi pour atteinte au « secret d’Etat » après avoir enquêté sur le conflit dans l’ouest où l’armée est accusée d’épuration ethnique contre les Rohingyas. Ce pays reste l’un des plus mauvais élèves au monde en termes de liberté de la presse (131ème sur 180).

Pourparlers entre les deux Corées

n Le président sud-coréen

Moon Jae-in a déclaré que

la question de la dénucléarisation serait la prochaine étape des discussions avec la Corée du Nord. Il a proposé la tenue d’un sommet avec le Nord, sous conditions. « La dénucléarisation de la péninsule coréenne fait partie du processus vers la paix et c’est notre objectif. Cela a été accepté dans une déclaration conjointe entre le Sud et le Nord », a déclaré le président sud-coréen au cours d’une conférence de presse. Mardi, sur la zone démilitarisée (DMZ), deux délégations coréennes se sont rencontrées pour la première fois depuis deux ans.

Séisme au Honduras

n Un séisme de magnitude

7,6 s’est produit mardi soir en mer des Caraïbes au large des côtes du Honduras, a annoncé l’institut américain de géophysique USGS. Le séisme a eu lieu à 02h51 GMT mercredi et à 10 km de profondeur. « Des vagues de tsunami dangereuses sont possibles dans un rayon de 1.000 km autour de l’épicentre du séisme », a indiqué le centre américain d’alerte aux tsunamis.

mercredi 10 janvier- Expresso - 05

ECO/CONSO CONSOMMATION Le boulevard Haussmann mise sur les soldes

Une ouverture en demi-teinte

epuis les attentats de Paris, la zone commerciale d’Haussmann est confrontée à une forte baisse de la clientèle, principalement touristique. Même si l’année 2017 a été plus fructueuse que la précédente, les magasins comptent encore sur les soldes pour amortir le manque à gagner. 10 heures du matin, boulevard Haussmann. Seuls les klaxons des voitures perturbent le calme - inhabituel - du coeur commercial de la capitale. Une poignée de clients attend patiemment devant les magasins le début des soldes d’hiver. C’est le cas de Nadia. Bonnet noir vissé sur la tête, grand sac à dos multicolore et baskets crottées de boue. Elle attend l’ouverture de Zara avec impatience. « Je suis venue exprès pour acheter des pantalons. C’est ce qui coûte le plus cher. Les hauts, les débardeurs, j’en trouve toute l’année des pas chers. Mais les pantalons, jamais. » L’affluence est déjà forte dans ce magasin et les clients peinent à se glisser dans les rayons tant ils sont nombreux. Après quelques minutes, Nadia porte péniblement treize pantalons sur son avant-bras droit.

Les grands magasins ont essuyé une ouverture de soldes maussade.

Mais elle ne pourra pas tous les essayer tant la file d’attente pour les cabines d’essayage est dense. Après vingt minutes d’attente, la vendeuse la stoppe : « Il y a trop de monde, c’est limité à six produits ». Nadia, qui n’a pas le courage de refaire la file d’attente, finira par en acheter neuf. « C’est mon stock pour l’année, après je ne fais plus les magasins. » Tous n’ont pas cette chance

En face, le concurrent Man-

go fait pâle figure. Les allées sont presque vides « Il n’y a pas beaucoup de monde. Les clients de ce matin savaient déjà ce qu’ils voulaient ache-

ter », explique Josy, vendeuse. A l’étage, la responsable des caisses reste optimiste : « C’est vrai que c’est plus calme que l’année dernière. Mais peutêtre que les clients viendront cet après-midi, ce soir après le travail. Il est encore trop tôt pour dire que c’est un mauvais démarrage », sourit-elle. Chez Sephora, les clients se comptent sur les doigts des mains. Rien d’étonnant quand on constate le peu de stands en soldes. On pourrait penser, à s’y méprendre, que le magasin n’en fait pas. « Il y a beaucoup moins de produits soldés que l’année dernière, oui. C’est parce que nous avons très bien vendu cette année, rassure Jacques, caissier de la parfumerie. C’est donc loin de l’euphorie habituelle que les soldes d’hiver se sont ouvertes, quand le débat sur leur durée promet d’animer les rayons pour quelques jours. o Chloé Veigas

La période des soldes réduites La secrétaire d’Etat à l’Economie, Delphine Gény-Stephann, a annoncé que les soldes passeraient de quatre à six semaines dès janvier 2019. « Il s’agit de créer plus d’urgence et plus d’envie », a t-elle confié au Parisien. Pas de changement en revanche sur les jours de soldes qui restent le 2ème mercredi de janvier et le 4ème mercredi de juin.

VIE QUOTIDIENNE La mesure est saluée par les professionnels de l’automobile

Le durcissement du contrôle technique pour bientôt

06 - EXPRESSO - MERCREDI 10 JANVIER

sera facturée. Par cette décision, Bruxelles et l’Etat français durcissent les contrôles et appellent à la responsabilité de chacun. Une « action pédagogique »

Même son de cloche pour les professionnels du secteur. Chez Automobile Club Prévention, une entreprise chargée de former les salariés d’entreprise, on salue une action « dure » mais nécessaire. Plus qu’une obligation, c’est pour Jean-Philippe Monnat, président de la filiale formation, un message envoyé aux automobilistes : « On a tendance à repousser l’échéance. On laisse traîner alors qu’on sait que la détection rapide des défauts permet une bonne réparation ». Certains usagers auront probablement quelques difficultés à financer les réparations mais

les professionnels parlent d’une « action pédagogique pour informer sur des défaillances qui peuvent causer de graves problèmes ». Sous-entendu aussi, une incitation du gouvernement pour privilégier l’achat de voitures plus récentes et écologiques…

n Les professionnels vont se frotter les mains, les automobilistes faire grise mine. La nouvelle directive européenne prise en 2011 et prévoyant un contrôle technique plus sévère, entrera en vigueur le 20 mai. Les vérifications sur le véhicule seront plus nombreuses. 696 défauts pourront être signalisés contre 453 aujourd’hui. Des réparations pour les défaillances représentant un danger pour la sécurité seront obligatoires sous 24 heures. Les propriétaires devront s’organiser dans les meilleurs délais au risque de recevoir une amende de 150€ et de voir leur véhicule immobilisé. L’expertise sera plus onéreuse et plus longue. Comptez 50 minutes contre 30 aujourd’hui. Le contrôle risque de coûter 10 à 20% plus cher, le prix moyen étant de 65€ et la contre-visite

La satisfaction des centres de contrôle

Du côté des professionnels de l’automobile qui ont obtenu du ministère une formation spécifique de cinq jours, on assure que cette mesure va améliorer la sécurité sur les routes et à freiner la pollution. « On nous demande de faire un travail d’expertise et de projection alors qu’avant c’était une photographie de l’état du véhicule », assure Fabrice Grovet, du Centre Contrôle technique

Les prix vont aussi augmenter.

Dekra-Norisko Auto. Pas d’inquiétude en revanche pour les voitures de collection puisque c’est la législation de mise sur le marché qui s’applique. Le contrôle est allégé : tous les cinq ans contre quatre auparavant. o Manon Leterq

ECO/CONSO AVIATION La compagnie rattrape son retard

EN BREF

Record de passagers pour Air France-KLM

Causette en liquidation judiciaire

n Le mensuel Causette a an-

Air France se hisse au 4ème rang des compagnies européennes en nombre de passagers.

e groupe Air FranceKLM, fort de ses 24,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a annoncé mardi matin avoir transporté 98,7 millions de passagers en 2017. Une augmentation de près de 6%, comparé à l’exercice précédent où le groupe ne représentait que 93,4 millions de passagers. La compagnie française, un des éléments principaux du groupe, renoue aussi avec la croissance, mais pas suffisamment pour contrer ses concurrentes européennes. Les avions d’Air France et de sa filiale intérieure HOP ont vu leur fréquentation croître de 3% l’année passée, alors que ce taux était en baisse de 1,6% en 2016. Une nouvelle positive, d’autant qu’Air France vient d’inaugu-

rer JOON, une compagnie aux coûts d’exploitation moindres comparé à sa maison-mère, qui va récupérer certaines des lignes européennes et internationales. Cette tendance est toutefois nuancée par les résultats de ses lignes longue distance, qui ne représentent plus que 30 % de ses bénéfices. Dans le même temps, KLM, son homologue néerlandais, a connu une hausse de 7,5% du nombre de passagers transportés. Une concurrence vive

Ces résultats laissent présager un bénéfice record en 2017. Ils sont cependant perfectibles, pour le géant franco-néerlandais, qui n’est encore que quatrième européen, en ce qui concerne le nombre de passagers. Les concurrents restent en em-

buscade, puisque l’Allemand Lufthansa distance le groupe, avec ses 130 millions de passagers, suivi par IAG (British Airways/Iberia) avec 105 millions de passagers. L’autre difficulté majeure réside dans la concurrence des compagnies low-cost. A titre d’exemple, le leader irlandais du bas prix Ryanair affiche une croissance exponentielle de 10%. De même, Easyjet, autre low-cost importante, surpasse Transavia, la filiale à bas prix d’Air France-KLM, avec près de 82 millions de passagers en 2017. Cela, en dépit de la hausse de 11,2% de passagers que fait valoir le groupe franco-néerlandais, lors de la publication de ses résultats. Le groupe n’en a donc pas fini avec la restructuration.

noncé sur sa page facebook sa mise en liquidation judiciaire d’ici à deux semaines. La baisse dramatique des ventes, -12% sur un an, explique les difficultés rencontrées par le magazine « plus féminin par le cerveau que par le capiton » selon leur slogan. Cinq candidats sérieux se sont manifestés pour reprendre le titre.

Le Qatar ne digère pas son isolement économique n Le Qatar a déclaré que l’embargo décrété contre lui en juin par quatre pays arabes équivalait à une « guerre économique ». Depuis le 5 juin 2017, l’Arabie Saoudite ; les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations avec le Qatar. La monarchie pétrolière est accusée de soutien aux Frères musulmans ainsi qu’à l’Iran, ennemi des puissances sunnites dans la région.

Auchan reconnait avoir également vendu des boîtes de lait contaminé

o Toky Nirhy-Lanto

EXPORTATIONS La France moins compétitive sur le marché international

Le commerce extérieur français en berne n Avec une croissance de 1,9% prévue en 2017, l’économie française va mieux. Pourtant, la balance commerciale, c’està-dire la différence entre les importations et les exportations, est dans le rouge. Sur les onze premiers mois de 2017, le montant du déficit commercial s’élève à 59,7 milliards d’euros. À titre de comparaison, il était de 45,7 milliards d’euros en 2016. Le commerce extérieur, déficitaire depuis treize ans, pèse sur la croissance du pays. Par contraste, l’Allemagne affiche un excédent commercial de 227 milliards d’euros.

Le pétrole responsable

La France fait face à des « difficultés structurelles » explique à La Tribune l’économiste Vincent Vicard, spécialiste en commerce international. De tels résultats sont dus à une lourde facture énergétique qui « compte pour une part importante de notre solde commercial » souligne-t-il. En passant de 30 dollars en 2016 à 65 aujourd’hui, le baril de pétrole a pesé sur une économie française dépendante de ses importations. Mais l’économiste considère également que face aux pays à bas coûts, les entre-

prises françaises ne font pas le poids. « Notre premier déficit commercial est avec la Chine. On importe moins de 45 milliards, on exporte environ 15 milliards » a déclaré hier Emmanuel Macron au deuxième jour de sa visite en Chine. Un déséquilibre en partie responsable du déficit de la balance commerciale que compte redresser le président par un « meilleur accès au marché chinois ». Pour 2018, l’INSEE prévoit une hausse des exportations de 6%, sous l’effet de la reprise mondiale. o Léa Demirdjian

n Après Leclerc, la grande

marque de distribution Auchan reconnait avoir vendu des produits Lactalis malgré le rappel des boîtes. De son côté, le géant Intermarché est également soupçonné de ne pas avoir respecté le retrait des produits. « On est en train d’appeler un à un tous les dirigeants des magasins, de vérifier un à un les points de vente en France », explique-ton chez Intermarché.

MERCREDI 10 JANVIER- EXPRESSO - 07

culture MONNAIE VIRTUELLE Révolution dans la gestion des droits d’auteur numériques

Kodak développe une solution avec la blockchain

a numérisation des œuvres culturelles et artistiques bouleverse la gestion des droits d’auteur depuis plus de quinze ans et protéger les productions numériques contre le piratage reste un défi central. Le géant américain de la photographie Kodak a annoncé mardi 9 janvier le lancement d’une monnaie virtuelle. La KodakCoin se base sur Kodak One, une plateforme de gestion de droits d’auteur. Elle repose sur l’utilisation de la « blockchain » ou « chaîne de blocs ». Cette technologie, à la base de la monnaie virtuelle Bitcoin, utilise des blocs de transactions codés et authentifiés s’ajoutant les uns aux autres. Elle se présente sous la forme d’un grand registre public réputé infalsifiable. « Grâce à l’utilisation de la technologie de la chaîne de blocs, KodakOne va créer un registre de droits de propriétés numériques et cryptés. Cela permettra aux photographes d’enregistrer leur production, nouvelle et ancienne, qu’ils pourront ensuite proposer sous licence », a expliqué l’entreprise dans un communiqué. Kodak promet également de scanner le web afin de débusquer les photographies enregistrées sur la plateforme et utilisées sans autorisation.

La block chain est plus rapide et plus détaillée

En cas d’action en justice, dans le cadre d’une contrefaçon, ce registre constituera une preuve. « Le document original contenant les informations relatives

à votre création sera transmis au tribunal compétent. Un expert calculera alors son empreinte numérique et vérifiera que celle-ci est bien inscrite sur la Blockchain ». L’instantanéité va également simplifier les transactions. Dans le cadre d’un achat sous la licence Kodak, les photographes qui enregistreront leurs œuvres dans KodakOne seront immédiatement payés en KodakCoin. Sur la plateforme, les auteurs pourront aussi proposer leurs œuvres à d’autres utilisateurs sous licence, en s’échangeant des unités virtuelles. Le dispositif pourrait s’étendre à d’autres champs de production, dont la musique. L’automatisation de la gestion des droits d’auteur

Kodak a annoncé la création de KodakOne lors du CES. Crédit TT

La création d’une monnaie virtuelle Pour créer une monnaie virtuelle, il faut qu’un ordinateur doté d’une grande puissance de calcul la fabrique. On appelle cela le « minage » de monnaie virtuelle par une « ferme de minage ». Pour concevoir les KodakCoins, l’entreprise a installé le Kodak KashMiner, une ferme de minage de cryptomonnaie à New York. Le coût énergétique du minage est très élevé et demande une centrale électrique performante.

Ainsi, en mai dernier, la startup Mediachain s’est alliée à Spotify pour gérer et sécuriser les contenus numériques musicaux en utilisant la blockchain. La blockchain utilisée par Spotify est Ethereum, une autre monnaie virtuelle semblable au Bitcoin et au KodakCoin. La firme peut donc automatiser sa gestion des droits d’auteurs. Une innovation qui doit faire ses preuves avant de se généraliser. La dernière tentative de ce genre remonte à 2014, le rappeur Jay Z, avait lancé l’offre Tidal. Cette plateforme musicale privée protège les auteurs mais s’est transformée en catastrophe industrielle à cause d’une offre trop peu fournie et d’un manque d’engouement. o Louis Berthelot

MUSIQUE La comédie musicale « Résiste » fait perdurer l’histoire du couple

Entre France Gall et Michel Berger, l’amour dure toujours n Le Paris Match dédiée à France Gall est posé sur la table du café du Trocadero. Endeuillé, le regard bas, Victor Le Douarec revient sur celle qui fut sa « marraine dans le métier ». Ses mèches brunes sauvages ne parviennent pas à couvrir les yeux du jeune homme, dont l’émotion manque d’embuer les yeux. Pour lui, si Véronique Sanson et Michel Berger se ressemblaient trop pour que leur histoire dure, France et Michel se complétaient au contraire. « Ils ont eu beaucoup de chances de tomber l’un sur l’autre ces deux là ». Victor Le Douarec a été avec Fanny 08 - Expresso - MERCREDI 10 janvier

Delaigue les chanteurs vedettes de la Comédie musicale Résiste. Pendant 166 dates, ils ont restitué l’héritage musical de France Gall et Michel Berger. Une histoire qui se répéte Ils sont devenus doublement dépositaires de cet héritage puisqu’eux-mêmes sont aussi tombés amoureux l’un de l’autre sur scène, quarante ans après les amants qui ont enflammés la chanson française des années 1980. Fanny pense que vivre à deux la musique intensifie une relation, ce que confirme son expérience personnelle : « J’ai

eu la chance de partager un petit bout de ma vie avec un artiste rencontré sur scène. Quand on a le bonheur d’être réunis par la scène, c’est toujours très fort. Ça ne fait pas tout….mais ce sont des souvenirs gravés ». Victor admet en souriant : « Le baiser sur scène de l’acte final était d’autant plus fort, on y croyait ». De ce répertoire riche, Victor préfère « La-Haut », qu’il se met à chanter spontanément, avec sérieux, dans ce froid de janvier. Fanny conserve « Les accidents d’amour », qu’elle écoute quasi quotidiennement. Le couple a rompu il y a trois mois.

Fanny Delaigue et Victor Le Douarec. Crédit Cyril Moreau o Mahaut Di Sciullo

SPORTS RUGBY L’accident survenu dimanche relance le débat sur la dangerosité du sport

Le K.O de trop

’est un énième coup dur pour le rugby français. Le K.O devenu viral du jeune ailier de Clermont Samuel Ezeala a choqué le monde de l’ovalie. La violence des images interrogent sur les limites d’un sport en perte de vitesse, avec 160 000 licenciés de moins cette année. Coach du pôle espoir au Stade Toulousain, Roger Rousselon souhaite retrouver les valeurs d’une « école de la vie ». A la recherche de l’impact

La Fédération Française de Rugby lançait il y a quelque temps un appel d’offre pour changer d’assureur, une volonté vite contrecarrée par des assureurs de plus en plus frileux. Car le monde du rugby s’est violemment durci ces dernières années : « Il y a eu un parti pris en France quand l’hémisphère sud a commencé à dominer le rugby. Dans la formation des jeunes, la musculation a pris le dessus sur la qualité de jeu. » L’entraineur décrit « des machines difficiles

Samuel Ezeala sort sur civière après un choc (Crédit : AFP)

à arrêter », une surenchère à l’impact qui porte un sacré coup à l’image du rugby. L’entraianeur pointe la responsabilité des entraineurs qui ont placé ce joueur sur le terrain : « Le rugby est à la base un sport intelligent où il faut passer dans l’espace libre. J’assiste aujourd’hui à une génération de jeunes qui cherchent l’impact ». Des colosses au pied d’argile

Ancien cadet à Bègle, Nils

FOOTBALL Révolution dans le football

Première mitigée pour l’assistance vidéo n Le quart de finale de la Coupe de la Ligue entre Nice et Monaco restera dans les annales. Pour la première fois en compétition officielle, l’arbitrage vidéo a épaulé l’habituel arbitre de terrain. A la 19 ème minute, lorsque le Niçois Pléa trompait le gardien monégasque à la limite du horsjeu, l’arbitre principal attendait la validation de ses collègues. Doigt sur l’oreillette, Clément Turpin devait nécessairement se voir confirmer le but par Anthony Delerue, assistant vidéo situé dans un car régie à l’extérieur du stade, avant de relancer le match. Après un moment de flottement de plusieurs secondes, le but a finalement été validé. Un moment d’hésitation qui ne passe pas dans le camp niçois. « Il faut que la vidéo reste simple. Si on doit attendre un moment à chaque fois, revoir chaque décision de l’arbitre après chaque but, chaque carton, chaque je ne sais pas quoi… cela devient problématique » a déclaré l’entraineur niçois, Lucien Favre à l’issue de la rencontre. « Le but

de Pléa est un bon exemple, il n’est pas hors-jeu du tout et puis on attend deux-trois minutes pour savoir s’il est confirmé ou pas... » Cette période de ralenti a certes altéré « la fluidité du jeu » mais également « évité toute contestation » estime Éric Borghini, membre du Comité exécutif de la Fédération française (FFF) et président de la commission fédérale des arbitres. Un premier bilan mitigé qui agace les supporters. Comment laisser exploser sa joie en sachant que l’arbitre vidéo peut annuler le but à tout moment ? Notons que l’arbitrage vidéo est utilisé dans quatre faits de jeu bien précis ; pour chaque but marqué, carton rouge direct, penalty ou erreur sur l’identité d’un joueur averti. La ligue de football professionnel, la LFP, adoptera ce dispositif pour le championnat de Ligue 1 dès la saison prochaine. Une évolution qui pourrait ne pas remplir son objectif, à savoir réconcilier supporters et arbitres. o C.V et J.C M.B

Séval se remémore des entraî nements davantage portés sur le jeu que le physique mais évoque des joueurs aujourd’hui taillés comme des « golgoths » : « Je n’ai pas le gabarit d’un colosse, mon jeu est basé sur l’évitement. Mais plus ton gabarit est gros, moins tu fais de passes. On dérive sur un jeu proche du rugby à XIII. C’est de plus en plus moche, je m’intéresse moins au top 14. Mais les joueurs

prennent de la masse et du poids pour être au top face aux Sud-Africains par exemple, c’est au niveau international que les choses doivent changer ». Roger Rousselon préconise d’inverser la vapeur : « La formation doit changer au niveau fédéral pour revenir sur des principes de formation et d’apprentissage du jeu ». L’entraineur travaillait au pôle espoir de Jolimont où 70% du temps était réservé à l’apprentissage du sport contre 30% à la musculation. « Nombre de ces gamins ont atteint le top 14 », précise t-il. Aujourd’hui, dans le pôle espoir du Stade Français, la trentaine de joueur destine jusqu’à 60% de son entrainement à la préparation musculaire et seulement le reste au jeu. « Je sais par expérience que les All-Blacks tirent l’essentiel de leur puissance de leur jeu et de leur vitesse d’exécution ». Mais « pourquoi ne pas créer des catégories de poids comme dans les sports de combat ? » questionne le jeune passionné Nils. o Marion Delpech

en bref Biathlon : Martin Fourcade remporte l’individuel de Ruhpolding Martin Fourcade a survolé l’individuel (20km) de Ruhpolding mercredi pour s’offrir une 4e victoire d’affilée. Sa troisième en trois courses en 2018. Ce résultat, qui lui permet de creuser l’écart sur tous ses adversaires, est en effet de bonne augure à 29 jours de l’ouverture des Jeux d’hiver, à Pyeongchang (9-25 février).

Le point sur le Mercato

La retraite à 106 ans

L’ancien marseillais Georges-Kévin Nkoudou a été prêté officiellement par Tottenham à Burnley jusqu’à la fin de la saison. Après six mois au club turc d’Antalaya, Jérémy Ménez débarque au Mexique au Club America. Nouveau coup dur pour Arsenal qui laisse partir Francis Coquelin à Valence, alors que le départ de sa vedette Alexis Sanchez pour city semble imminent.

n Le cycliste amateur, Robert Marchand détenteur du record du monde de l’heure dans la catégorie plus de 105 ans, a décidé de raccrocher mardi sur le conseil de ses médecins. Envisager un autre record «l’amènerait à subir beaucoup de pression, beaucoup de contraintes», précise à l’AFP Alain Gautheron, président des Cyclos mytriens, club de Mitry Mory dont Robert Marchand est le plus célèbre licencié.

MERCREDI 10 janvier- Expresso - 09

Expresso

10 01 2017

# 02

portrait Passionné, Quentin vit pleinement son rôle de pompier volontaire

Dans le feu de l’action

ans les couloirs d’Assas, impossible de rater Quentin. L’uniforme rouge sang du chef de l’équipe sécurité incendie de l’université qu’il a sur le dos depuis quatre ans lui interdit d’être discret. A seulement 24 ans, Quentin enchaîne les emplois « J’ai deux boulots d’agent de sécurité en plus de celui-ci ». Dressé dans ses chaussures de sécurité noires, il vit son rêve d’enfant. « C’est ma passion depuis que je suis tout petit. Quand les camions de pompiers passaient, j’adorais ça » s’exclame-t-il les mains dans les poches de son pantalon noir. A 16 ans, il convainc ses parents de signer l’autorisation qui lui permettra de devenir pompier volontaire. Aujourd’hui, il est sapeur-pompier à Athis-Mons dans le 91 depuis 2012. « Ici on galère plaisante-t-il. C’est surtout des malaises parce que les étudiants sont stressés ». Et si un incendie venait bousculer sa routine serait-il opérationnel ? « Bien sûr. On fait des exercices régulièrement. En moins de cinq minutes on doit être sur les lieux. Si tu ne pratique pas, tu oublies vite ce que tu as appris ». L’excellence française

Ses qualités ? « Je suis réactif, je sais garder mon sang-froid et être pédagogue ». Pas question pour lui de dénigrer sa formation malgré la série noire qui

ans deux jours plus tard dans l’incendie d’une maison dans la région du Nord-Pas-de-Calais. « Ce sont les risques. On sait que cela peut arriver. On a une formation de plusieurs semaines ». Quasiment équivalente à celle des professionnels. Quentin est persuadé que les pompiers français sont les meilleurs au monde avec les Canadiens. « Pendant l’attentat du 11 septembre, 300 pompiers américains sont morts. Cela ne serait jamais arrivé en France » plaide le blond aux yeux bleus céruléens. « Les Américains ont cette image du pompierhéros que l’on a moins ici. On ne rentre pas dans un bâtiment quand c’est trop dangereux » explique-t-il. Sa deuxième famille

Quentin est sapeur-pompier depuis l’âge de seize ans. Crédit Photo : Emilie Mendy.

a touchés les pompiers volontaires. Trois morts en trois jours. Un homme de 64 ans en Savoie

lors d’une intervention pendant la tempête Eleanor le 5 janvier puis deux hommes de 20 et 32

Si sa passion l’anime depuis son plus jeune âge, le jeune homme est conscient qu’il peut rencontrer le pire. « Quand ce sont des nourrissons décédés c’est difficile. Ce n’est pas beau à voir ». Mais parmi les pompiers d’Athis-Mons il a trouvé « une deuxième famille ». Ces collègues sont aussi des amis. La caserne n’est pas un repaire où on attend sagement le pire. On y tisse des liens fraternels. « Quand un coéquipier te sauve la vie, tu ne peux pas juste lui dire merci, il n’y a pas mots pour décrire ce que tu lui dois ». Et c’est aussi cela qui lui plaît. o Emilie Mendy

expresso INSOLITE Nabila grondée par les marchés financiers

Une mannequin transgenre à la Une de Playboy

n Twitter permet de mettre en contact des personnes issues de tous les univers. Ainsi, l’Autorité des marchés financiers, le gendarme de la bourse, a rabroué Nabilla pour avoir vanté les qualités du Bitcoin, cette monnaie virtuelle en pleine expansion. Dans une vidéo, la star de la télé-réalité encourageait ses fans a tenté l’aventure Bitcoin. « Le Bitcoin c’est très risqué ! On peut perdre toute sa mise » a alors répondu l’AMF à la vidéo.

n L’édition allemande de Playboy a publié en Une une mannequin transgenre posant les seins nus, Guiliana Farfalla. Farfalla, née Pascal Radermacher à Breisgau en Allemagne, a subi une opération chirurgicale de changement de sexe à l’âge de 16 ans. Sur une publication de son compte Instagram, elle s’est dite “très fière” de cette photo. PlayBoy avait déjà fait poser une mannequin transgenre dans ses pages centrales l’an dernier.

10 - Expresso -mardi 10 janvier

Espresso quotidien Institut Français de Presse, Paris II 92 rue d’Assas Quotidien école M1. Janvier 2018. Sous la direction de François Fressoz rédactrice en chef et Fabien Rocha, éditeur en chef. Ont participé à ce numéro les étudiants de la promotion Hemingway de l’IFP.