Expresso 09

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Expresso

19 01 2019

quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2012

L’essentiel FRANCE

P.3

Une nouvelle doctrine militaire

n La ministre des Ar-

mées a dévoilé la nouvelle stratégie d’emploi des armes informatiques. Elle ajoute ainsi un volet offensif à la cyberdéfense.

INTERNATIONAL

Trump attaque depuis l’espace

# 09

Les gilets jaunes se remobilisent, Macron part en campagne

Bataille de l’opinion, acte II

P.5

n Donald Trump a présenté sa nouvelle stratégie de défense antimissile spiatial pour répondre aux menaces des nouveaux armements des pays rivaux

eco/conso

P.4

Vers la ville du futur

Intelligentes et connectées, les smart cities s’inventent. Grâce à la technologie, de nombreuses entreprises travaillent à améliorer la vie des citoyens

n

CULTURE

P.8

Les films français à la baisse

SPORT

P.9

La NBA s'exporte à l'international n La ligue américaine

de basket a debarqué à Londres pour un match opposant les new-yorkais à Washington

Emmanuel Macron devant les élus de l’Eure à Bourgtheroulde mardi

n Pour le dixième samedi consécutif face, l’exécutif mise tout sur le lan-

depuis le 17 novembre, des rassemblements de gilets jaunes sont annoncés dans toute la France pour dénoncer la politique du gouvernement. En

cement de son grand débat national pour tenter de retourner l’opinion publique et d’enrayer ce mouvement de contestation sociale inédit. Page 2


france

GILETS JAUNES Un Français sur deux soutient le mouvement

L’acte X se prépare malgré le grand débat n La grande pièce sociale

n’est pas encore finie. L’acte X de la mobilisation des « gilets jaunes » aura bien lieu ce samedi 19 janvier. Et ce malgré le grand débat national lancé par Emmanuel Macron mardi à GrandBourgtheroulde (Eure). Une bataille de l’opinion semble s’être engagée. Qui, du gouvernement ou des « gilets jaunes », est parti pour la remporter ?

L

e lancement du grand débat ne dissuade pas les « gilets jaunes » de sortir dans la rue. Une dizaine d’événements étaient recensés sur Facebook hier et deux cortèges ont été déclarés à la préfecture de Paris. Le principal rassemblement, relayé par la figure du mouvement Eric Drouet, devrait partir de l’esplanade des Invalides aux alentours de 11h pour se diriger vers le 13ème arrondissement de la capitale. 4 000 personnes entendent y participer et plus de 28 000 se disent intéressées. D’autres manifestations sont prévues dans toute la France, notamment à Toulouse, où les organisateurs appellent à une « opération surnombre ». « Le principe ? Venez avec au moins deux amis qui ne sont encore jamais venus », écrivent-ils. De son côté, le gouvernement, pris dans la polémique sur les violences policières, a annoncé pour l’acte X un dispositif similaire à celui mis en place la semaine dernière.

L’acte IX du mouvement avait réuni 84 000 manifestants dans toute la France. (Valentin Cebron/IFP)

Une bataille incertaine Mais difficile de prévoir le déroulement de l’acte X. Le mouvement, qui s’était essoufflé aux alentours des fêtes de fin d’année, a retrouvé des couleurs aux actes VIII et IX. Le grand débat va-t-il courtcircuiter ce regain de mobilisation ? L’opinion publique semble en tout cas partagée. Dans un sondage Odoxa publié jeudi, 51% des Français se disent toujours favorables à la poursuite des actions des gilets jaunes. Mais dans le même temps, le débat national intéresse : 29% des Français comptent y prendre part quand 35% estiment que le débat aboutira à des mesures utiles. La bataille de l’opinion a bel et bien été engagée. Les « gilets jaunes » se méfient du grand débat, qu’ils considèrent

« inutile ». Le gouvernement, lui, espère reprendre la main et affaiblir le mouvement de colère. Mais pour le sociologue Bruno Latour, invité de France Inter hier, il ne peut pas y avoir de gagnant. « Pour la première fois en France, on a un gouvernement incapable d’écouter et un peuple incapable de s’exprimer », analyse-t-il. Et d’estimer : « Il ne faut pas demander aux gens leurs opinions. Il faut leur demander de décrire les situations dans lesquelle ils sont. Il faut dire : décrivez vos conditions d’existence et de quoi vous dépende ». Ni la colère de la rue, ni le grand débat ne semblent pouvoir régler la crise politique entre les « gilets jaunes » et le gouvernement. o Chloé Martin

A Souillac, 600 maires face à Emmanuel Macron « L’objectif, c’est de vous entendre. D’entendre ce qui remonte de votre population, dont vous êtes les représentants légitimes ». Les mots d’Emmanuel Macron ne sont pas tombés dans les oreilles de sourds. A Souillac, dans le Lot, 600 maires, réunis pour la deuxième réunion de lancement du grand débat autour du président de la République, ont fait part de leurs doléances. En tête, deux revendications : la mobilité dans ces départements ruraux et l’organisation territoriale. « On a le sentiment qu’on nous reprend nos compétences, 02 - EXpresso - Samedi 19 janvier

qu’on nous dévitalise, il y a un profond malaise », regrette Laurent Martin, maire de Fons. Nombreux sont ceux qui critiquent le système de décentralisation actuel. Le maire de Saint-Cirgues, Christian Venries, demande à l’exécutif de redonner plus de pouvoir aux mairies, « devenues une coquille vide ». Et Alain Got, maire de Saint-Laurent-de-la-Salanque, de s’exclamer à propos de la promesse du président : « M. Macron, je vous donne un conseil : l’année prochaine, venez au congrès des maires ! ». o Romain Phillips et Chloé Martin

Le chef de l’Etat a répondu aux doléances des maires.

(BFMTV)

ANALYSE

Le président sur le ring de l’opinion n Emmanuel Macron multiplie les bains de foule au milieu d’élus locaux, faisant d’eux le relais de la parole présidentielle afin de faire changer l’opinion publique sur le mouvement.

Arrivera-t-il à retourner l’opinion en sa faveur en évitant de parler aux « gilets jaunes » ? En rendant visite aux maires et aux habitants du Lot tout en esquivant les manifestants qui l’attendaient aux portes de Souillac, le président n’a pas rouvert le dialogue avec le peuple en colère. Emmanuel Macron a rencontré habitants, fonctionnaires et élus sans aller à l’affrontement direct. Prenant le temps de récolter les fruits du grand débat, dernier espoir de l’exécutif pour sortir de la crise des « gilets jaunes », qui ont regagné en mobilisation après la période de fêtes, il a multiplié les exercices politiques comme s’il était en campagne. Cette méthode, qui s’est avérée plutôt fructueuse dans l’Eure, lui donne l’image d’un président qui écoute et fait des concessions - notamment sur les 80km/h et la loi NOTRe-. Le président tente de montrer à la population qu’il a « le sens de l’effort » et veut marginaliser « les gilets jaunes » dans l’opinion publique. Tandis que ministres et élus locaux sont envoyés au front pour relayer la parole présidentielle. Dialogue de sourds Le président préfère jouer sur la confiance qui est accordée aux maires par les citoyens plutôt que d’aller à l’affrontement direct avec les « gilets jaunes » et risquer d’alimenter davantage la colère qui émane des rondspoints. Difficile d’être entendu par ceux dont le retour de l’impôt sur la fortune (ISF) reste l’une des principales revendications. Emmanuel Macron le sait et tente donc de défendre ses mesures auprès d’autres oreilles. «Il ne faut pas raconter de craques, ce n’est pas parce qu’on rétablira l’ISF que les gilets jaunes iront mieux. C’est de la pipe», a-t-il assuré devant les maires de l’Eure. Face à une entente impossible, Emmanuel Macron mise tout sur le grand débat pour que l’envergure de cette consultation fasse de l’ombre à la contestation. o Romain Phillips


france

ARMEE La France veut pouvoir riposter à de potentiels assauts informatiques

Cyberdéfense : les forces françaises passent à l’offensive

n Les armées françaises complètent leur doctrine de lutte informatique avec un volet offensif.

« La guerre cyber a commencé et la France doit être prête à y combattre ». La ministre des Armées Florence Parly et le chef d’état-major des Armées françaises François Lecointre ont présenté hier la stratégie de cyberdéfense militaire. Une doctrine de lutte informatique offensive qui vient s’ajouter au volet défensif présenté l’an dernier. Les armées françaises disposent à présent de moyens informatiques offensifs dont la France usera désormais dans ses opérations militaires. « En cas d’attaques, nous nous réservons le droit de riposter », a déclaré la ministre, pour qui les forces françaises sont aussi prêtes à employer « l’arme cyber » en opérations extérieures « à des fins offensives ». Dans son discours, elle affirme pouvoir user de cette force isolé-

Pour la ministre des Armées Florence Parly, « le cyber doit être une préoccupation majeure ». (Ludovic Marin/AFP)

ment ou en appui des moyens conventionnels déjà mobilisés sur le terrain pour en renforcer l’efficacité. Les « armes cyber » sont désormais considérées comme « des incontournables de l’action militaire » selon François Lecointre. La ministre a tenu à rappeler que la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit ainsi

GAUCHE Avant les européennes, le PS au plus bas

Le parti socialiste à son crépuscule

S

i on ne le sait pas, impossible de se rendre compte que le 101, rue Molière à Ivrysur-Seine abrite les nouveaux locaux du Parti socialiste (PS). Ce grand bâtiment de briques rouges, sur lequel ne figure ni nom ni logo, symbolise à lui seul le déclassement du parti au pouvoir de 2012 à 2017. Aujourd’hui, le PS ne pèse plus grand-chose. Pour certains, il file droit vers sa fin. Les derniers sondages en vue des élections européennes de mai prochain ne le créditent que de 4% des intentions de votes. Si le scrutin venait à confirmer ces chiffres, il se placerait alors en 7ème position. Une situation que personne n’aurait pu prédire, il y a à peine trois ans. Un rassemblement impossible Conscient que les européennes pourraient être fatales au PS, son premier secrétaire Olivier Faure fait du rassemblement de la gauche son cheval de bataille. « Le rassemblement n’est pas une option facultative, c’est une

obligation », a-t-il déclaré lors de ses voeux à la presse, vendredi 18 janvier. Or, ce rassemblement semble aujourd’hui impossible. Benoît Hamon et son mouvement Génération.s refusent toute alliance avec le PS tant qu’il appartiendra au PSE (Parti Socialiste Européen). De son côté, Yannick Jadot qui mènera la liste EuropeEcologie-les Verts, est décidé à faire cavalier seul. Le quinquennat de François Hollande semble avoir laissé des traces. La bannière PS est aujourd’hui un repoussoir. D’autant plus que le PS n’est plus l’axe central fort de la gauche autour duquel les petits partis gravitaient. Il est aujourd’hui une force politique minoritaire dont le poids se réduit à chaque élection. Si le rassemblement ne se fait pas, ce qui paraît être l’hypothèse la plus plausible, Olivier Faure a déjà annoncé qu’« il prendrait ses responsabilités ». Il dirigerait alors la liste PS comme l’avait fait en 1994 Michel Rocard. Un scrutin qui avait scellé son sort à la tête du parti après une défaite humiliante. o Sacha Nelken

le recrutement de 1000 cybercombattants pour atteindre un effectif de 4000 personnes d’ici 2025 et un investissement de 1,6 milliards dans « le cyber » sur la même période. Un message ferme aux adversaires En annonçant cette doctrine offensive, Mme. Parly sou-

haite que la France envoie « un message ferme à (ses) adversaires ». Elle a d’ailleurs affirmé à ce propos que son ministère avait été la cible d’une centaine de cyberattaques en 2017 et davantage en 2018. La ministre a dénoncé ces attaques de groupes malveillants, hackers isolés mais aussi d’autres qui « viennent d’Etats pour le moins indiscrets, décomplexés ». Cette priorité donnée au cyberespace doit aussi être soutenue par des efforts de pédagogie en sensibilisant « les soldats à la part croissante du cyber dans les opérations ». Le recrutement fait partie de cette stratégie, Florence Parly souhaite ainsi susciter des vocations par le biais de campagne de recrutement puisque « le vivier des gens compétents est limité ». Selon elle, ce nouveau volet constitue « une nouvelle étape forte » dans la construction des « armées du 21ème siècle ». o François Willmann

en bref Jamais 2 sans 3 pour Alexandre Benalla

Nouvelle plainte visant un tir de flashball

n L’ex-chargé de mission à

n Un deuxième adolescent

l’Élysée va être présenté aux juges en vue d’une mise en examen pour utilisation de faux en vue de l’obtention de passeports diplomatiques. Il s’agira de sa troisième mise en examen depuis qu’il est sorti de l’anonymat après des violences en marge des manifestations du 1er mai dernier à Paris.

Les cinq garants du grand débat national enfin désignés n Trois jours après le début

du grand débat national, on connaît finalement l’identité des personnes qui auront la charge de « garantir son indépendance ». Ils seront cinq. Choisis par Matignon, Jean-Paul Bailly et Isabelle Falque-Pierrotin travailleront aux côtés de Pascal Perrineau nommé par le Président du Sénat Gérard Larcher, Guy Canivet, qui a eu les faveurs de l’Assemblée nationale et Nadia Bellaoui désignée par le Conseil économique, social et environnemental.

blessé en marge des manifestations des « gilets jaunes » à Strasbourg le 12 janvier dernier a porté plainte hier contre les forces de l’ordre. Atteint à la jambe, le jeune homme dit avoir été touché par un tir de LBD (lanceur de balle de défense).

Le CSA change de dirigeant n Le magistrat à la Cour

des comptes Roch-Olivier Maistre a été nommé à la tête du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) par Emmanuel Macron. Il remplacera Olivier Schrameck, dont le mandat se termine la semaine prochaine. Pour que sa nomination soit enterinée, il faut qu’elle soit validée par les différentes commissions culture du Parlement.

Samedi 19 janvier- Expresso - 03


international ETATS-UNIS Trump présente sa stratégie en matière de missiles

Une nouvelle guerre des étoiles n Le président américain veut conquérir l’espace avec une nouvelle stratégie de défense antimissile, pour prendre de court les pays rivaux.

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onald Trump vise les étoiles. Le président américain a présenté jeudi sa nouvelle stratégie de défense antimissile, destinée à répondre aux menaces que représentent les nouveaux armements de la Russie et de la Chine, mais aussi ceux de l’Iran ou de la Corée du Nord. « Avoir une présence américaine dans l’espace n’est pas suffisant, nous devons aussi avoir une domination américaine de l’espace », martelait Donald Trump le 18 juin. Son intention de créer une force spatiale avait initialement suscité les moqueries, et ce même au sein de son administration. La lubie de Donald Trump pour l’espace n’est pas nouvelle. Le projet s’inscrit trente ans après que Ronald Reagan a lancé son programme « Stars Wars », abandonné officiellement en 1993 à la fin de la guerre froide. S’imposer dans l’espace permettrait aux Etats-Unis de dominer la course au nucléaire

Les missiles partiront de satellites en orbite (Saul Loeb/AFP)

des pays rivaux, qui continuent de développer missiles et programmes balistiques comme l’Iran et la Corée du Nord. « Nos adversaires renforcent leur arsenal partout dans le monde. Ils grandissent en taille et en puissance, nous allons aussi grandir en taille et en puissance. Nous devons les dépasser à chaque étape », a affirmé Donald Trump. Pour cela, il a invité ses alliés à le suivre. Le président américain a dévoilé au

Pentagone la première « Missile Defence Review » (MDR, revue des capacités antimissiles) en neuf ans. « L’espace est un nouveau domaine de combat », at-il précisé. Cette militarisation ne devrait pas tarder à susciter des protestations. Contrer les pays ennemis Pour compenser son retard, le Pentagone propose d’équiper des satellites de capteurs spéciaux qui lui permettrait de

suivre la trajectoire d’un de ces missiles et d’alerter automatiquement le bouclier antimissile au sol. La Russie et la Chine ont développé des missiles hypersoniques, domaine dans lequel les Etats-Unis sont à la traîne. Le pays envisage également un nouveau système d’interception dans l’espace, avec un drone d’un nouveau type qui serait équipé de missiles et resterait en orbite en permanence pour détruire les engins hypersoniques. Quentin Lopinot, chercheur associé au Center for Strategic and International Studies, interrogé par Le Monde, précise qu’à Washington « la compétition se durcit et les développements technologiques des adversaires sont plus importants que prévu ». Pour partir à la conquête de l’espace, Donald Trump promet: « Mon prochain budget investira dans un niveau de défense antimissile basée dans l’espace. C’est une nouvelle technologie. En fin de compte, cela constituera une partie très importante de notre défense et, bien entendu, de notre attaque ». Le président avait déjà augmenté de 25% (à 9,9 milliards de dollars) le budget de la défense antimissile. o Mélanie Costa

COLOMBIE Réponse à l’attentat à la voiture piégée à Bogota

L’État colombien s’attaque aux guérilleros n Jeudi 17 janvier, un attentat à la voiture piégée a tué 20 personnes et blessé 68 autres dans une école de police de Bogotá. Selon les autorités, l’Armée de libération nationale (ELN), une guérilla guévariste, pourrait être à l’origine de l’attaque, qui n’a pas été encore revendiquée. La Colombie n’avait pas connu d’acte aussi meurtrier depuis 2003. La Colombie connaîtra-t-elle la paix durable ? En 2016 déjà, le pays d’Amérique latine s’était apaisé. Juan Manuel Santos, alors président (centre-droit), avait donné l’exemple, en signant un accord de paix avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, aujourd’hui démobilisées). Ce pas avait d’ailleurs été salué par la communauté internationale et lui avait valu le Prix 04 - EXpresso - SAMedi 19 janvier

Nobel de la paix. Depuis, les anciens chefs de guérillas siègent au Congrès, tous les indicateurs de violence du pays (homicides, enlèvements, disparitions) sont à la baisse, les investisseurs reprennent confiance et les touristes arrivent en masse (en 2017, ils étaient 6,5 millions). Malgré ces acquis, en juin 2018, le candidat de la droite dure, Ivan Duque est élu. Celui qui avait fait campagne en 2016 - comme tous les membres de son parti, le Centre Démocratique (CD) pour le « non » au référendum sur la paix et qui s’inscrit dans la lignée d’Alvaro Uribe (président de 2002 à 2010 et opposé au processus de paix), prévoit de « corriger » l’accord de paix avec les FARC et de durcir les négociations avec la dernière guérilla active, l’ELN. Interrogé par Le Monde en novembre 2018, Ivan Duque se

Près de l’école de police à Bogota, les autorités veillent. (AFP)

disait prêt à négocier avec l’ELN à condition que la guérilla « libère tous les otages et mette fin à toutes ses activités criminelles ». Si le dialogue n’est pas engagé, le nouveau président agira, faisant usage « de la dissuasion et de l’offensive, dans la tradition colombienne ». Jeudi, sur les lieux du drame, le

président colombien a déclaré : « Nous, Colombiens, nous ne nous sommes jamais soumis devant le terrorisme, nous l’avons toujours vaincu et cette fois ne sera pas l’exception. Nous ne plierons pas ». Une fois de plus, il a rappelé son combat, celui pour lequel il a été élu. o Léa Taïeb


INTERNATIONAL EUROPE Le Premier ministre Stefan Löfven reconduit par le Parlement

La Suède choisit la voie du milieu pour sortir de l’impasse

A

u terme de 131 jours de blocage politique, la Suède a opté pour le compromis : l’ancien Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven a été reconduit par le Parlement vendredi matin. Les élections législatives de septembre, marquées par la montée sans précédent du parti Démocrate de Suède, nationaliste et anti-immigration, avaient ébranlé le pays qui semblait jusque-là résister à la montée des populismes en Europe. Après deux tentatives infructueuses de proposer un gouvernement, la coalition dirigée par Löfven a finalement été approuvée par le Parlement. Il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus pour la coalition qui unit les sociaux-démocrates et les Verts, dirigée par Löfven entre 2014 et 2018. Pour contrer les Démocrates de Suède, sa coalition a dû négocier le soutien au Parlement du Centre et des Libéraux, ses ennemis d’hier. “Pendant longtemps, la politique suédoise a été dominée par une opposition entre

Stefan Löfven est à la tête de la coalition de centre-gauche. (AFP/ Getty)

les deux blocs. Après la progression des Démocrates de Suède, une opposition de trois blocs est apparue», analyse pour l’AFP le politologue Olof Petersson. Résultat des courses : le groupe dominant le Parlement est cerné à sa droite comme à sa gauche. “Cela va être d’autant plus dur de légiférer que, même mis ensemble, les quatre partis n’ont pas la majorité”, pointe Mathieu Gallard, directeur de recherche à l’IPSOS. “Le gouvernement pourrait essayer de trouver un

AFRIQUE Présidentielle contestée en RDC

L’Union africaine contre Kinshasa n La remise en cause du résul-

tat de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) par l’Union africaine (UA) dérange le gouvernement congolais et le vainqueur supposé du scrutin, Félix Tshisekedi. La République démocratique du Congo est une fois de plus dans la tourmente. Réunis jeudi dans son siège d’Addis-Abeba, plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements africains membres de l’Union africaine ont conclu « qu’il y avait des doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires ». Une proclamation qui dérange le gouvernement et l’opposant Félix Tshisekedi, vainqueur de l’élection selon les résultats provisoires. L’autre opposant au pouvoir, Martin Fayulu, soutient cependant l’initiative de l’UA. Composée de 55 Etats, elle a justement pour objectif de prévenir, gérer et régler les conflits. « Cet appel lancé par l’UA est une première dans l’histoire de l’institution », explique

l’analyste Adeline Van Houtte sur Twitter. « Les soupçons de fraude ont pesé dès le jour de l’élection [30 décembre] », rappelle cependant Rémy Bazenguissa-Ganga, directeur d’études de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). L’UA veut également envoyer lundi à Kinshasa une délégation de haut niveau menée par son président de la Commission, le Tchadien Moussa Faki, et le président en exercice de l’instance, le chef de l’État rwandais Paul Kagame, qui est régulièrement accusé d’ingérence en RDC. Des accrochages ont eu lieu à la frontière entre les deux pays en 2018 entre des soldats congolais et rwandais. Selon Rémy Bazenguissa-Ganga, le verdict de la Cour constitutionnelle, qui sera connu en délibéré mardi soir, est tout aussi craint « par les opposants car la Cour est inféodée au pouvoir donc il y a de grandes chances qu’elle valide l’élection ». Une décision qui n’apaiserait pas les tensions. o Armandine Castillon

accord de circonstance avec un groupe ou un autre selon la loi qu’il souhaite faire voter. La question est : est-ce que cela pourra tenir sur le long terme ?” Tendance inquiétante en Europe

Dans les prochaines années, la solidité du gouvernement tiendra à la santé économique du pays : “si les performances sont mauvaises, les partis auront toutes les raisons de quitter la coalition pour ne pas devenir impopulaires”, pointe l’analyste.

Löfven prendra les rênes du gouvernement de centre-gauche le plus faible depuis 70 ans. Le Premier Ministre a d’ailleurs été reconduit avec une minorité (115 voix pour, 153 contre et 77 abstentions), grâce au système de parlementarisme négatif qui requiert simplement qu’une majorité ne vote pas à l’encontre d’un gouvernement pour que celui-ci soit validé. La coalition a pu être confirmée grâce à l’abstention du Parti de gauche, qui a précisé qu’il ne s’agissait que d’empêcher la droite dure de peser sur le Parlement. Selon l’agence Bloomberg, la Suède confirme une tendance inquiétante en Europe. A force de former des coalitions dont la principale raison d’être est un calcul mathématique pour s’opposer à la montée de l’extrême droite, les gouvernements qui arrivent au pouvoir paraissent vidés de leur substantifique moëlle idéologique. Une voie du milieu trop fade et timide ferait, à terme, le lit des Démocrates de Suède. o Nicolas Celnik

en bref Le retour de Silvio Berlusconi

l’investiture de Donald Trump. L’année dernière, plus de 500 000 personnes s’était réunies pour manifester contre le harcèlement et les violences sexuelles.

La grippe A frappe l’Inde n L’ancien Premier ministre italien a annoncé jeudi son intention d’être candidat aux élections européennes de mai prochain, lors d’une réunion de campagne de son parti Forza Italia en Sardaigne. A 82 ans, Silvio Berlusconi s’est décrit comme contraint à reprendre du service par « responsabilité », prêt à faire bénéficier les Européens de son « expérience ».

Une manifestation pour les femmes aux Etats-Unis n La troisième édition de la « marche des femmes » aura lieu aujourd’hui à Washington et dans plusieurs villes américaines, deux ans après

n 40 personnes sont mortes de la grippe A(H1N1), un virus hautement contagieux, dans l’Etat du Rajasthan (ouest de l’Inde) depuis le début de l’année, ont annoncé les autorités locales. Plus de 1 000 personnes ont contracté la maladie durant cette période.

Une future élection présidentielle en Algérie n La date de la prochaine élection présidentielle en Algérie a été fixée au 18 avril, a informé la présidence de la République. Aucun candidat ne s’est pour l’instant déclaré. Quant au président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, il n’a pas encore annoncé s’il se représenterait pour un 5e mandat. SAMEDI 19 janvier- Expresso - 05


ECO/CONSO SMART CITIES Hyperloop Transportation Technologies engage l’avenir

La ville de demain est en germe n Intelligente, durable, et connectée, la cité du futur s’invente dès aujourd’hui. Partout dans le monde, des entreprises réfléchissent à améliorer la qualité de vie des citoyens grâce aux nouvelles technologies.

Q

uand il a annoncé son projet de capsules de passagers se déplaçant à grande vitesse sur des coussins d’air dans un tube à basse pression, Elon Musk a suscité l’incrédulité. Aujourd’hui pourtant, son rêve s’apprête à être réalisé… par une autre entreprise. Jeudi, les Américains d’Hyperloop Transportation Technologies ont annoncé le début imminent des travaux du train du futur aux Emirats arabes unis. Une première mondiale qui augure un avenir prometteur pour les smart cities, ces villes qui utilisent les innovations technologiques pour optimiser le fonctionnement des services urbains. Logement, alimentation, mobilité, environnement… les

Un hyperloop à travers une ville futuriste (image d’impression de l’artiste VicHyper)

défis sont nombreux. L’intérêt croissant pour l’écologie change la façon d’appréhender la cité. Elle devra être plus intelligente, et surtout plus responsable pour répondre aux enjeux de demain. Un avenir plus vert Diminuer ses dépenses énergétiques : c’est un impératif pour la métropole du futur. Grâce aux smartgrids, des réseaux électriques intelligents, les villes pourront être en mesure de générer et

stocker l’énergie nécessaire pour être autosuffisantes. La gestion des ressources pourrait aussi largement en bénéficier. Des capteurs expérimentaux de la start-up Kawantech permettent déjà d’ajuster la luminosité des éclairages publics en fonction des présences détectées. De quoi réaliser de belles économies et investir davantage dans le développement des énergies renouvelables. Quant aux transports, ils ne sont pas non plus en reste. Des

solutions comme la mobilité électrique et l’autopartage devraient progressivement se substituer aux moyens traditionnels, plus énergivores. Aucune de ces innovations ne seraient possibles sans l’essor de l’exploitation des données personnelles. La norme est déjà à la collecte, l’analyse et la transmission massive des datas. Le phénomène ne semble pas parti pour se calmer, d’autant plus que le data mining pourrait très vite devenir d’utilité publique : il permet aux agglomérations de développer des services et d’optimiser leur gestion. Même si les entreprises doivent encore composer avec la réticence de certains à voir leurs données exploitées. Enfin, cette ville rêvée sera aussi celle de ses habitants. Ils devront la faire vivre, et participer pleinement à son développement. Impliquer les citoyens dans les projets urbains qui façonnent leur quotidien est l’un des défis qu’il faudra relever demain. o Aurélien Robert

HIGH-TECH La Chine inonde le marché mondial

SECURITE Plusieurs pays boycottent la marque

Apple face à l’invasion de fleurons asiatiques

Huawei dans la ligne de mire occidentale

Vendredi, le constructeur téléphonique chinois Xiaomi a inauguré son magasin sur les Champs-Elysées, à quelques mètres seulement de celui de son rival Apple. Un pied de nez au géant américain, alors même que sa suprématie sur le marché mondial est de plus en plus contestée. Tim Cook, le PDG de la firme de Cupertino, a de quoi avoir le moral en berne. Avec des pertes de plus de 300 milliards de dollars en bourse, Apple a très mal entamé l’année 2019. Les ventes d’Iphones sont en

Le sort semble s’acharner sur Huawei. La justice américaine a, d’après le Wall Street Journal du 16 janvier, engagé des poursuites pénales à l’encontre du géant des télécommunications chinois, qu’elle accuse de vols de technologie. Pis, des parlementaires américains ont présenté un texte visant à interdire la vente de composants électroniques américains à Huawei. Le 5 décembre, Meng Wanzhou, directrice financière du groupe, est arrêtée à Vancouver à la demande des Etats-Unis, soupçonnée d’avoir essayé de contourner l’embargo américain contre l’Iran. Elle est également la fille de Ren Zhengfei, fondateur de Huawei, ex-délégué de l’Armée populaire de libération chinoise. Un passé qui agace les Etats-Unis, voyant Huawei comme un cheval de Troie du Parti communiste chinois. L’homme n’a jamais

Vitrine d’un Applestore (Stock d’images)

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chute libre et la tendance devrait se poursuivre. Les spécialistes prévoient 20% d’appareils écoulés en moins au premier trimestre 2019. L’une des raisons de ce déclin est sans doute à chercher du côté de la concurrence chinoise. En 2007, l’Iphone paraissait révolutionnaire, aujourd’hui, les téléphones asiatiques n’ont plus grand chose à lui envier. Huawei, Xiaomi, OnePlus proposent des appareils à la pointe de la technologie, à des prix toujours plus compétitifs. Le positionnement très haut de gamme de la firme est de plus en plus dur à tenir. Comptez tout de même 1700€ pour un Iphone XS. Après s’être développé sur leur marché national, les Chinois inondent le marché mondial et dépensent de plus en plus en recherche et développement. Au grand dam d’Apple. o Coline Chauffard et Aurélien Robert

renié sa proximité avec le régime. « Toutes les entreprises chinoises ont des liens avec l’Etat », constate Philippe Le Corre, spécialiste de la Chine. Le deuxième fabricant de smartphones mondial est aussi devenu la cible privilégiée d’autres Etats occidentaux. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont banni Huawei de leur réseau 5G en invoquant la sécurité nationale de leur pays. « Les États-Unis et leurs alliés ne veulent pas qu’une entreprise chinoise soit à la pointe de cette technologie, censée être au cœur de l’industrie du futur », explique Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse. Actuellement visée de toute part, la firme jouit pourtant d’une belle santé économique : son chiffre d’affaires en 2018 s’élève à plus de 88 millions d’euros. o Valentin Cebron


ECO/CONSO TRANSPORTS Smovengo a réussi à séduire

Le Vélib tient la route

en bref Renault reste le leader français n Pour la troisième année consécutive, le constructeur automobile Renault est le premier vendeur de voitures français, malgré le scandale qui touche son patron Carlos Ghosn. La marque au losange a vendu 3,84 millions de véhicules en 2018. Son principal concurrent, PSA en a vendu 3,78 millions.

Nouveau record à Wall Street

Les Vélib, mode de transport de plus en plus pratique des Parisiens (Clément Follain/20 Minutes) n Cela fait un an que les nouveaux Vélib’ sont apparus dans le paysage parisien. De nombreux couacs leur ont porté préjudice, mais le service continue de bien rouler.

D

eux coups de pieds dans chaque roue. Rodage des chaines. Vérification des freins. Coup d’œil à la selle. Un bip. Edouard est en route. Cette danse, il la répète deux fois par jour pour aller du Marais (IVème arrondissement) au sud de la capitale. « Après quelques mésaventures, j’ai les techniques, je suis rodé ! » commente-t-il, en riant. L’étudiant anglais de 23 ans est un usager quotidien des Vélib’ depuis son premier séjour en France, en 2015. Exit le métro, il ne se déplace qu’à bicyclette. Retourné à Oxford entre temps, il a découvert les nouveaux vélos à la rentrée de septembre. Il n’a pas vécu le passage, en janvier 2018, de JCDecaux au nouvel exploi-

tant Smovengo. Un changement d’opérateur qui avait viré au fiasco : les stations peinaient à ouvrir, le matériel ne fonctionnait pas. Beaucoup d’usagers se sont désabonnés. La réputation des vélos en libre-service en a pâti. Un an après, Vélib’ semble redorer son blason. Près de 1 100 stations trônent dans les rues de Paris, soit plus de 12 par kilomètre carré. 7 millions de trajets Celle d’Edouard, rue Bréa (VIème arrondissement) peut garer 24 vélos. En 20 minutes, les usagers défilent. Michelle, 52 ans, habite le quartier et est une fidèle usagère, « été comme hiver » précise-t-elle, en montrant ses gants de moto et ses chaussettes en laine rouges. Louis, 16 ans, est élève au lycée Notre-Damede-Sion, en bas de la rue. Sa technique ? Scruter tous les vélos pour en obtenir un avec une selle à sa taille, « flemme de la remonter » avoue-t-il. Quelques minutes plus tard,

un troisième utilisateur vient, lui, déposer un vélo. Les joues rosées par le froid, il attend quelques secondes le « bip » de confirmation, puis, pressé, part en courant. Un peu plus haut, sur le boulevard Edgard Quinet, la station est remplie. Adrien, 29 ans, a l’embarras du choix. Lui utilise Vélib’ depuis toujours. Et il lui pardonne tous ses couacs, car ces vélos l’ont « sauvé ». Au chômage pendant un an, l’urbaniste ne s’est déplacé qu’à Vélib’. Cela lui coûtait beaucoup moins cher qu’un pass Navigo (37 euros par an contre 75 euros par mois), qu’il avait arrêté de payer. Depuis qu’il a retrouvé du travail, Adrien continue à utiliser Vélib’ mais avoue quelques infidélités, comme la trottinette électrique en libre service, nouvelle tendance de 2018. « Je suis fan ! » rigole-til. Malgré quelques déçus, depuis un an, Vélib’ résiste à la concurrence et a comptabilisé plus de 7 millions de trajets, de 22 minutes en moyenne. o Esther Serrajordia

PEAGES 30% de réduction pour les habitués

Les autoroutiers lâchent du lest Pari réussi pour Elisabeth Borne. La ministre des Transports a reçu jeudi les sociétés d’autoroutes pour leur demander un effort sur leur tarification. Un effort qu’elles ont consenti à faire en proposant une réduction de 30% aux automobilistes qui effectuent au moins dix allers-retours par mois sur le réseau français. L’abonnement concernera

plus d’un million de personnes. Pour dix trajets St-Omer/Lens, les automobilistes économiseront 23,80€ par mois, d’après les chiffres publiés sur Twitter par la ministre. La mesure sera appliquée à partir du 1er février, date à laquelle le prix des péages augmenteront de 1,8%. Avec cette réduction, le gouvernement espère calmer les gilets jaunes,

qui contestent cette hausse en ciblant les péages du réseaux français. Les sociétés d’autoroutes, très impopulaires, veulent aussi montrer qu’elles participent à l’effort national, c’est pourquoi elles assumeront seules les coûts de cette mesure. Elisabeth Borne a souligné « un effort conséquent et inédit » de leur part.

o Coline Chauffard

n Jamie Dimon, patron de

la banque JPMorgan Chase & Co est en passe de battre le record des rémunérations de Wall Street. En 2018, il a touché au total près de 31 millions de dollars selon un avis financier publié par la banque. En 2017, il avait déjà perçu 29,5 millions de dollars.

Fnac Darty en négociations pour Billetreduc n Fnac Darty va renforcer son offre de billetterie. Le groupe français, spécialisé dans la distribution de matériel électroménager et les biens culturels a annoncé être rentré en négociation exclusive avec le site Billetreduc.com, propriété du Groupe Lagardère. Spécialisé dans la revente de billets en dernière minute, il revendique plus de deux millions de clients.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Tapie n Vendredi, les sociétés de

Bernard Tapie (GBT et FIBT) ont été placées en redressement judiciaire. Le plan de sauvegarde, demandé par l’homme d’affaire a été rejeté par le tribunal de commerce de Paris. Cette décision ouvre une nouvelle période d’observation de six mois, que le camp Tapie entend mettre à profit pour présenter un plan de redressement.

SAMEDI 19 janvier- Expresso - 07


Culture

CINEMA En 2018, le cinéma hexagonal a chuté de 52% à l’international

Année noire pour les salles obscures

n L’année 2018 restera un mauvais cru pour le cinéma français qui a attiré deux fois moins de spectateurs qu’en 2017.

responsable de la chute des films français. D’après Nathan Murray, spécialiste de cinéma québécois, les salles obscures connaîtraient bien moins de succès suite au développement des plateformes de streaming, de l’émergence de séries et de l’augmentation du prix des billets. Conséquence, les spectateurs opteraient « pour des valeurs sûres » comme un bon vieux film de super-héros américain.

L

es films tricolores ne semblent plus séduire en dehors de l’Hexagone. 2018 s’est révélée être une année particulièrement décevante pour le cinéma français, qui selon le bilan annuel du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) n’a réuni que 40 millions de spectateurs dans les salles étrangères. Taxi 5, La Ch’tite Famille et Croc blanc, les trois productions françaises qui ont enregistré le plus d’entrées à l’international, n’ont pas égalé les succès de 2017. Résultat, la fréquentation du cinéma hexagonal a chuté de 52%, revenant à son niveau d’il y a deux ans. Alors, phénomène conjoncturel ou véritable problème structurel ? Pour Andrea Sponchiado, chargée des données et des études économiques à l’UniFrance, ce recul brutal s’explique par « l’absence de succès spectaculaires » en 2018. Le Blockbuster de Luc Besson, Valérian et la Cité des mille planètes, s’était imposé l’année précédente comme un

Malgré le succès du Sens de la fête, le cinéma français peine à convaincre à l’étranger (Thibault Grabherr) titre phare de la science-fiction sur la scène internationale. Mais cette tendance n’a pas que des défauts. Elle permet au contraire de mettre en lumière à l’étranger un plus grand nombre de films tricolores peu connus, souvent occultés par la réussite d’autres

longs-métrages à succès. Ainsi, Les As de la jungle et Maria by Callas ont attiré plus de spectateurs ailleurs qu’à l’intérieur de l’Hexagone. Finalement, la baisse d’engouement générale pour les sorties au cinéma pourrait aussi être

Les Français consomment du Made In France Mais bonne nouvelle, les habitants de l’Hexagone semblent toujours apprécier les productions françaises. Les films tricolores ont en effet eu la part belle en 2018, occupant près de 39,3% du cinéma consommé, leur meilleur score depuis 2014. Alors, si Les Tuches 3 ou Le Grand Bain » ont réussi à s’approcher des performances des superproductions outre-Atlantique, on attend avec impatience les résultats de 2019. Le deuxième opus de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, à l’origine du bon score d’il y a cinq ans - y compris à l’étranger - devrait prouver que l’année 2018 n’était qu’une exception. o Julie Radix

MEDIAS Facebook face à la propagande

RAP La mise du combat fixée à 1 million

Des faux comptes pour une vraie faille

Kaaris et Booba se sont dit « oui »

n Nouvelle brèche dans la sécu-

n Il a accepté, puis refusé. Puis définitivement dit « OUI ». Kaaris affrontera son concurrent Booba sur un ring, comme ce dernier le lui avait proposé. « Je suis un garçon, je ne peux pas dire non », a déclaré le rappeur de 38 ans. Tout est parti d’un houleux échange physique - à base de jets de parfums - à l’aéroport d’Orly le 1er août dernier. Un accrochage qui avait valu aux deux musiciens un mois de détention provisoire chacun, ainsi qu’une condamnation à dix-huit mois de prison avec sursis. Après ce verdict, Elie Yaffa (alias Booba) avait proposé à son meilleur ennemi Okou Gnakouri (alias Kaaris) l’organisation d’un combat de boxe, plus précisément de MMA sport associant pugilat et lutte au corps à corps - le tout à mains nues. Ce match, interdit

rité de Facebook. Le géant américain a détecté, sur le tard, la présence de 364 faux comptes, pages, et profils Instagram (appartenant la firme) directement liés à l’Etat Russe sur son réseau. Suspectés de comportements « douteux » par la plateforme, une partie des utilisateurs de ces pages Instagram ont été identifiés comme étant des employés de Sputnik, l’agence de presse du gouvernement Russe. Actifs depuis plusieurs années dans une dizaine de pays, ces profils diffusaient prioritairement des contenus dans les territoires d’Europe de l’Est, notamment en Ukraine et en Lettonie. Arme de propagande L’objectif de ces comptes fictifs ? Profiter de l’espace sans limite offert par le web et de la viralité

08 - EXpresso - SAMEDI 19 janvier

des contenus sur les réseaux sociaux pour propager rapidement des images pro-gouvernement russe auprès du public européen, en faisant croire que ces « informations » proviennent de citoyens lambda. Facebook aura attendu le mois de janvier et un signalement des autorités américaines pour supprimer ces 364 comptes, laissant un peu plus s’installer le doute quant à son intransigeance en matière de cyber-sécurité En avril dernier, Mark Zuckerberg, directeur général du réseau social, avait déjà dû s’expliquer devant le Congrès américain au sujet des campagnes de propagandes menées sur Facebook par l’Etat Russe durant la campagne électorale de Donald Trump. Une affaire de plus qui risque d’alimenter la méfiance des internautes. o Salomé Dionisi

en France et refusé par la Belgique, devrait finalement être organisé en Suisse, à l’Arena de Genève. Le contrat de confiance Kaaris a répondu favorablement au Duc de Boulogne mais souhaite organiser cet affrontement dans les règles les plus contractuelles qui puissent exister. Aussi, les deux parties ont pris soin de déterminer la somme que leur rapportera le fameux « fight ». Après avoir refusé la première proposition de Booba à 300 000 euros, Kaaris avait assuré dimanche que son avocat s’était occupé de rédiger un nouveau contrat à un million d’euros pour l’organisation de la rencontre. Il a d’ailleurs précisé que « puisqu’il y aura un ring et la télé, autant prendre des sous ». La belle affaire ! o Jullien Gal


BASKET Londres a accueilli un match de la ligue américaine

La NBA à la conquête de l’Europe n De plus en plus populaire en Europe, la NBA est de retour en Angleterre. Washington a accueilli New York jeudi, à Londres.

Une ouverture sur le monde Si la ligue américaine se délocalise dans la capitale britannique depuis 2011, d’autres villes européennes ont elles aussi déjà accueilli des matches de la NBA - 91 au total. Parmi elles, Berlin, Barcelone ou encore Paris. En effet, en 2010, un match de pré-saison entre les Minnesota Timberwolves et les New York

Coupe du monde de handball : France Espagne à 18h handball rencontrera l’Espagne ce soir pour le premier match du second tour du Mondial. Les Bleus sont arrivés à la première place de leur groupe, après leur victoire contre la Russie (2322) jeudi.

Le meilleur sumotori japonais prend sa retraite n Kisenosato Yutaka, 32 ans,

NewYork Knicks contre lesWashingtonWizardsThomas Bryant (AFP)

Knicks avait été organisé à Bercy. L’Europe représente un enjeu important pour la NBA, mais les « London Games » et autres rencontres européennes ne sont pas un cas isolé. Le basket US s’exporte dans le monde entier. Depuis le début de la saison régulière, plusieurs autres matches ont eu lieu et notamment en Asie, un des marchés les plus attractifs pour la célèbre ligue. Cinq joueurs européens Parmi les joueurs qui ont disputé le match entre New York et Washington, cinq joueurs européens étaient présents : le Croate Mario Hezonja, le Turc Enes

Kanter, le Tchèque Tomas Satoransky, ainsi que deux Français - évoluant chacun dans un camp différent - Frank Ntilikina et Ian Mahinmi. « Jouer à l’étranger, peu importe où, c’est génial », reconnaît le joueur des Knicks Frank Ntilikina, avant d’ajouter : « mais Paris, ce serait le rêve, ce serait quelque chose de très spécial pour moi ». Lors d’une conférence de presse à Londres jeudi, Adam Silver, patron de la NBA, a d’ailleurs annoncé qu’un match de saison régulière pourrait se disputer dans la capitale française en 2020. o Eline Wisnicki

FOOTBALL FEMININ France - USA : duel au sommet

La Coupe du monde à l’horizon L’équipe de France féminine de football rencontre aujourd’hui les Américaines pour un match amical au Havre. Une rencontre importante pour se préparer en vue de la Coupe du monde de cet été en France.

n

Duel au sommet pour les Bleues ce soir au Havre. L’équipe de France féminine de football va croiser le fer lors d’un match amical contre les Etats-Unis, tenant du titre de champion du monde (20h45, W9). Les Bleues – portées par leur sélectionneure Corinne Diacre – sont déjà dans une bonne dynamique avec sept victoires d’affilées au compteur. La dernière équipe qui leur a résistée ? Les Etats-Unis, lors d’un match amical (1-1) disputé en mars 2018 à Harrison, au nordest de New-York. L’occasion de s’imposer définitivement s’offre donc à chaque camp ce samedi.

en bref n L’équipe de France de

V

oilà neuf ans que la NBA, prestigieuse ligue de basketball américaine, s’exporte chaque année à Londres afin d’y organiser des matches de saison régulière. Ces rencontres uniques connaissent un véritable succès auprès des supporters européens, le basket américain étant de plus en plus populaire sur le vieux continent. Plus de 18 000 fans - venus de 39 pays différents - ont eu la chance de voir leurs joueurs préférés en action à l’O2 Arena jeudi soir. L’opposition entre les Knicks et les Wizards a aussi été retransmise dans plus de 200 pays à travers le monde. L’occasion pour la NBA de se développer à l’international.

sports

Amandine Henri (Gettyimage)

Encore troisième du classement Fifa, la France considère ce match comme « un bon test pour se jauger » avant le Mondial de cet été en France (du 7 juin au 7 juillet), souligne la capitaine Amandine Henry à l’AFP.

De fait, les Bleues n’ont encore jamais remporté de grande compétition. Elles donneront le coup d’envoi du Mondial au Parc de Princes contre la Corée du Sud avant d’affronter la Norvège le 12 juin à Nice, puis le Nigéria, dernier adversaire de leur groupe, le 17 juin à Rennes. « On se sent bien. On a fait des belles prestations. Maintenant, on sait que c’est la dernière ligne droite, il faut peaufiner les derniers détails » explique la footballeuse de Lyon avant le match contre les Etats-uniennes. En progrès continu, la popularité des Bleues n’est plus à faire. Le stade Océane du Havre a fait carton plein et a déjà fermé les guichets pour le match de ce soir : « 22 870 supporteurs sont attendus » a déclaré la Fédération. De quoi porter les prétendantes au titre suprême. o Eloi Thiboud

1m88 pour 175 kg, prend sa retraite après quatorze ans de carrière. Après trois défaites consécutives, le champion a annoncé sa décision lors d’une conférence de presse émouvante.

Caroline Garcia éliminée de l’Open d’Australie

n La tenniswoman, qui était la dernière Française en compétition, a été éliminée au troisième tour de l’Open d’Australie par l’Américaine Danielle Collins (6-3, 6-2).

Les recettes des clubs de foot ont augmenté de 6 milliards d’euros n En France, le football professionnel rapporte plus que jamais pour les clubs. En dix ans, leurs recettes ont progressé de 6 milliards d’euros, soit 77%. Une belle surprise pour le milieu du ballon rond, en cette période de récession mondiale.

Un cadre de la FFF accusé d’abus sexuels n Une ex-salariée de la Fé-

dération française de football (FFF) a accusé un des directeurs financiers de harcèlement et de tentative d’agression sexuelle. La FFF a immédiatement réagi en annonçant une enquête « interne, sérieuse et objective ».

samedi 19 janvier- Expresso - 09


Expresso

29 11 2011

# 09

portrait Feurat Alani diffuse le parfum de son pays

L’Irak en 140 caractères n Avec Le Parfum d’Irak, c’est par un récit intimiste que Feurat Alani plonge le spectateur dans la vie iraquienne.

«J

e vis à Dubaï, donc difficile le café ! » rétorque Feurat Alani à notre demande d’interview, enjoué. Cheveux poivre-et-sel, regard profond, il est aujourd’hui grand reporter installé aux Émirats arabes unis. Français d’un côté, Irakien de l’autre : un double héritage qui se manifeste parfois douloureusement pour le journaliste. En 2005, lors d’un reportage sur l’armée américaine, il tombe nez-à-nez avec des prisonniers irakiens en route vers Abou Ghraib et le Camp Bucca, les deux grandes prisons du pays. À cet instant, il repense à son cousin Ahmed, incarcéré dans ces deux prisons car il appartenait à un groupe d’insurgés antiaméricains, et abattu par des djihadistes d’Al-Qaeda à sa sortie. Les souvenirs prennent Feurat Alani à la gorge. Sa voix off dans l’avant dernier épisode du Parfum d’Irak résonne : « Difficile de rester dans ma position de journaliste. Si j’étais né à Falloujah, je me serais peutêtre retrouvé parmi ces hommes ». Être acteur de sa propre Histoire et l’écrire, un danger pour l’objectivité journalistique ? La voix timbrée du journaliste, toujours dans la maîtrise, résonne à nouveau, mais dans un message WhatsApp cette fois-ci : « L’objectivité existe uniquement dans les faits. La difficulté que

Le Parfum d’Irak a été selectionné au FIPADOC 2019

j’ai ressentie relevait du sensoriel. Heureusement, j’arrive à séparer les deux » expliquet-il. La clé résiderait donc dans la dissociation entre émotions et rigueur journalistique. Pour autant, parfois, cette implication personnelle est ce qui fait sa force. « On va plus dans la profondeur et on raconte des choses plus proches de la réalité en étant parfois concerné

par l’histoire ». Un regard intimiste

Feurat Alani veut raconter l’Irak autrement. « L’Irak n’est ni un chiffre ni une morgue. Raconter la mort quand c’est nécessaire, oui. Mais il faut raconter la vie avant tout » tweete-t-il. L’idée de raconter cette « vie » lui est venue en 2016, alors qu’il livrait ses souvenirs d’Irak sur

le réseau social. À travers pas moins de mille tweets, le journaliste franco-irakien raconte toute la période à partir de son premier voyage en Irak à l’âge de 9 ans jusqu’au jour où il y retourne pour couvrir la guerre. Une envie de matérialiser ce qu’il a vu, vécu et senti par son passé s’empare de lui. Deux ans plus tard, il adapte les tweets en série animée de 20 épisodes avec Arte. Ce fils d’exilé politique ayant fui la dictature de Saddam Hussein porte un regard doux-amer sur la vie irakienne. Entre souvenirs enchanteurs et dévastateurs, le pays de ses origines passe d’abord par les odeurs. Sa madeleine de Proust : la glace à l’abricot. « À Mansour, nous nous arrêtons à un glacier. Je déguste l’une des meilleures glaces de toute ma vie. Parfum abricot. Le parfum de Bagdad » raconte-il au tweet 41. Des parfums sucrés qui, au fur et à mesure des guerres qui ravagent l’Irak, prennent une odeur de poudre à canon dans un pays en train de se détruire. Un manque cruel de sa terre d’origine lui fait prendre la voie du journalisme. Sans changer de ton, il explique : « Je n’arrêtais pas de raconter des histoires sur l’Irak à mes amis, à ma famille et aux enseignants. Sans le savoir, je faisais déjà du journalisme dans le sens où je racontais ce que j’avais vu et vécu ». Le Parfum d’Irak est une addition de ces petits récits qui font la grande Histoire, celle d’un pays tout entier. o Nioucha Zakavati

expresso insolite Ca chauffe pour le café

Motivation Saturday

¡ Viva Mexico !

n Nous sommes le 19 janvier et vous ne n Le shutdown américain paralyse le pays n On parle toujours des bébé phoques, vous êtes toujours pas inscrits à la salle depuis que les débats sur la construction des orangs-outan ou encore de la forêt amazonienne, mais une espèce bien plus importante à notre vie de tous les jours est désormais en voie d’extinction et il est temps de s’en alarmer ! Une étude de la Royal Botanic Gardens (RBC) vient d’annoncer que 60% des espèces de cafés sauvages sont menacées d’extinctions, dont l’Arabica. Une nouvelle qui devrait enfin pousser tout le monde à s’engager pour l’écologie.

10 - Expresso - SAMEDI 19 janvier

de sport ? Il serait temps de se motiver car même les serpents se sont mis à entretenir leur ligne. Pour lutter contre les poignées d’amour de ses reptiles devenus trop sédentaires pour leur espèce, un zoo de Melbourne (Australie) a créé le premier bassin dédié à la gymnastique de ses animaux. Une sorte d’aquagym pour les lézards. S’ils peuvent le faire, vous aussi.

d’un mur à sa frontière sud n’avancent plus. Dans cette histoire compliquée, la compagnie aérienne mexicaine AeroMexico a quand même trouvé à faire sa publicité… En proposant un rabais sur ses vols selon le pourcentage d’ADN mexicain chez les Américains. Au pays de Trump, il peut donc exceptionnellement faire bon d’être Mexicain.


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