Expresso
06 01 2017
quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2018
# 02
Le succès des start-up françaises se confirme L’essentiel FRANCE P.2 Attaque frontale de Mélenchon sur le PS
n Le candidat de la
France insoumise tire à boulets rouges sur son ancien parti. Avec un objectif : Récupérer ses électeurs.
Societe
P.3
La French Tech mise gros à Vegas
Mésentente sur l’héritage de Charlie
Deux ans après l’attaque contre Charlie Hebdo, les commémorations perdent leur allure de communion.
n
INTERNATIONAL
P.4
Nouvelle stratégie pour l’opposition anti-Maduro
n Au Venezuela, le nouveau président du parlement cherche à rassembler l’opposition pour destituer le président Maduro.
eco/conso
L’Etat au secours de Saint-Nazaire
P.6
n L’Etat promet d’agir pour préserver les chantiers navals de Saint-Nazaire, bientôt rachetés par le constructeur italien Fincantieri
sports
P.9
La face cachée du football chinois
n Eclairage sur la stratégie de Pékin pour faire du championnat national le premier au monde.
Cette année, les sociétés françaises seront quatre fois plus nombreuses au CES que lors de l’édition de 2014
n Le
Consumer electronic show (CES), salon annuel de l’électronique, s’est ouvert hier à Las Vegas. Parmi les 3 800 exposants, les start-up françaises ne sont pas en reste : elles sont
nombreuses à avoir fait le déplacement pour promouvoir outre-Atlantique la « French Tech ». Cette année, les objets connectés sont à l’honneur, un domaine prisé par les Français. Page 2
FRANCE GAUCHE A la veille de la primaire, le candidat cherche à discréditer ses concurrents
Laurent Troude pour «Libération»
Mélenchon bastonne le PS
Jean-Luc Mélenchon sur le perron de l’Elysée en 2015 n À la veille de la primaire de la Belle Alliance Populaire, JeanLuc Mélenchon ne se prive pas de tacler son ancien parti.
J
ean-Luc Mélenchon regarde de quel côté vient le vent avant de choisir son cap. Au lendemain de la primaire de la droite et du centre, le candidat de La France insoumise concentrait ses attaques sur François Fillon, alertant les Français sur le « coup d’Etat social » préparé par l‘ex-premier ministre. A la veille de la primaire de la gauche, il s’occupe désormais du cas des candidats socialistes. De l’inutilité d’une candidature socialiste
Non content de multiplier, lors de ses sorties médiatiques, les critiques sur les programmes des sept membres de la « Belle alliance populaire », le député
européen s’interroge même sur l’utilité d’une candidature socialiste tant le parti se trouve dans une position de faiblesse. « Actuellement, le PS est en troisième position derrière M. Macron et moi même. Dans ces conditions, sans projet et sans avantage électoral, à quoi bon un candidat PS ? » se demande Jean-Luc Mélenchon dans une interview parue ce jeudi dans les colonnes du Monde. Sa diatribe ne s’arrête pas là. Celui qui a passé plus de 32 ans dans les rangs du Parti socialiste n’hésite pas à tourner en ridicule la primaire qui bat son plein en ce mois de janvier et qui, selon lui, ne sera pas en mesure d’unifier la gauche. « Ce n’est pas la primaire de la gauche, c’est la primaire du PS et de ses alliés. Point barre. Et ça ne fait pas beaucoup de monde » précise dans sa dernière vidéo hebdomadaire
l’homme politique très suivi sur YouTube – il a dépassé cette semaine Donald Trump et Hillary Clinton en nombre d’abonnés. Puiser dans le réservoir des voix socialistes
Jean-Luc Mélenchon a une stratégie bien réfléchie. Analysant le quinquennat de François Hollande comme désastreux, c’est pour lui l’occasion idéale de se présenter comme le seul candidat capable de rassembler la gauche face à l’impopularité des autres candidats du PS. Au vu de sa position dans les sondages et de sa dynamique du moment, il semble en effet le mieux placé pour prendre le créneau. Ses qualités de tribun et les mesures bien ancrées à gauche de son programme (forte taxation des hauts revenus, retour aux 35 heures réelles ou encore la retraite à 60 ans avec 40 annuités), ne seront
pas de trop pour mener à bien cette mission. C’est pour cette raison qu’après avoir dragué le camp écologiste puis les communistes, Jean-Luc Mélenchon adopte une posture plus agressive à l’égard de son ancien parti. Le PS représente un foyer d’électeurs potentiels important, et sa déliquescence est une aubaine pour le candidat de La France insoumise. En attaquant le parti et en diffusant les idées de son projet, « L’Avenir en Commun » (livre politique le plus offert à Noël), Jean-Luc Mélenchon espère puiser dans le réservoir des voix socialistes. Et il ne s’en cache pas. « Il peut se produire une situation ou des secteurs du mouvement socialiste décident de me rejoindre. S’ils le font, ils peuvent assurer ma présence au second tour », analyse l’ancien sénateur. L’obstacle Macron
Jean-Luc Mélenchon n’est pas le seul à avoir adopté cette stratégie. Critiquer le parti au pouvoir pour récupérer une partie de son électorat, c’est ce que fait aussi Emmanuel Macron depuis qu’il a quitté le gouvernement. Tandis que les sympathisants socialistes désertent les rangs du parti, deux pôles s’installent. Alors que Jean-Luc Mélenchon capte l’aile gauche du PS, le camp Macron séduit l’aile droite. Ainsi pris en sandwich entre les deux hommes politiques du moment, le Parti Socialiste s’apprête à vivre avec cette primaire l’une des étapes les plus cruciales de son histoire. o Fausto Munz
n On attendait la seule can-
didate de la primaire de la gauche sur l’égalité hommes/ femmes mais c’est finalement en centrant son programme sur l’aide aux entreprises que Sylvia Pinel cherche à faire entendre la voix des radicaux. Fidèle à la tradition libérale de son parti, la candidate a déclaré vouloir l’amélioration de leur compétitivité en proposant une baisse du taux d’imposition des sociétés de 10 points ainsi que la mise en place d’un crédit d’impôt pour favoriser les CDI. Selon elle, ce positionnement 02 - EXPRESSO - JEUDI 5 JANVIER
pourrait permettre « de relancer l’activité tout en ayant le souci d’une politique budgétaire juste, solidaire et qui ne creuse pas le déficit ». Comme Baylet en 2011
Dans son programme, on retrouve aussi un ensemble de mesures sociétales marquées très à gauche comme la légalisation du cannabis qui permettrait, selon elle, l’économie de 2 milliards d’euros, le droit de vote des étrangers aux élections locales et le droit à l’euthanasie. Toutes ces propositions étaient d’ailleurs déjà présentes
dans le projet de Jean-Michel Baylet en 2011. Concernant la sécurité, la présidente du Parti Radical de Gauche affirme vouloir le renforcement des moyens de le police et de la justice ainsi que la création de centres de prévention de la radicalisation. Lors de sa présentation à la maison de l’Amérique latine, l’ancienne ministre du gouvernement Valls a aussi promis de défendre le bilan du quinquennat Hollande. Elle a pourtant refusé de dévoiler pour qui elle appellerait à voter au second tour si elle n’y accédait pas.
La candidate Sylvia Pinel
L. Frédéric/Sipa
L’entreprise au coeur du programme de Sylvia Pinel
Une hypothèse pour le moment probable puisque la candidate n’est créditée que de 2 % d’intentions de vote selon le dernier sondage d’Harris Interactive. o Valentin Le Roux
FRANCE SOCIETE Depuis les attentats, la sécurité toujours au centre des débats
Charlie, deux ans après
C
ommémorés tout au long de la semaine, les attentats de Charlie Hebdo resteront comme l’événement clé du quinquennat de François Hollande. L’assasinat de huit journalistes et dessinateurs de presse, le 7 janvier 2015, suivi du massacre commis par Amedy Coulibaly dans l’Hyper Cacher, le 8 janvier, ont meurtri le pays en profondeur et l’ont fait basculer dans une nouvelle période dominée par les questions de sécurité. Deux fois encore la France a été frappée par des attaques de grande ampleur. Le 13 novembre d’abord, avec l’attentat du Bataclan qui fit cent trente cinq victimes. Puis à nouveau le 14 juillet 2016, quatre vingt six personnes périrent sous les roues d’un camion élancé sur la Promenade des Anglais, à Nice. Sous pression, la gauche au pouvoir a dû opérer un tournant sécuritaire auquel elle ne s’était pas préparée. Si Francois Hollande et Manuel Valls sont parvenus à faire voter l’état d’urgence puis à le prolonger, ils ont buté sur la
question de la déchéance de nationalité. La proposition faite par le président de la République, le 14 novembre 2015, de retirer la nationalité française aux binationaux condamnés pour acte de terrorisme, a profondément choqué la gauche et entrainé des divisions qui ne sont pas étrangères à la décision de François Hollande de ne pas se présenter pour un nouveau mandat. Ce thème devenu premier terrain de lutte politique Dans ses voeux aux Français le 31 décembre 2016, Hollande s’est néanmoins targué d’avoir empêché que le pays ne se déchire. Il a notamment rendu hommage aux 4 millions qui avaient défilé dans les rues de Paris le 11 janvier, pour marquer leur volonté de défendre coûte que coûte les valeurs de la République. Dans la foulée, des mesures ont été prises, comme la création de la Réserve citoyenne pour diffuser les valeurs du drapeau tricolore, Liberté, Egalité, Fraternité. Néanmoins, l’unité nationale
4000 perquisitions réalisées dans le cadre de l’état d’urgence (Reuters) qu’a constamment cherchée le président de la République s’est dérobé à l’approche de l’élection présidentielle. S’il est parvenu à un relatif consensus avec la droite sur les mesures sécuritaires, il n’est pas parvenu à créer une dynamique politique qui transcende les partis. De fait, le Front National n’a cessé de se renforcer en pointant les questions identitaires. La campagne présidentielle, qui acte l’installation du tripartisme en France, est désormais largement dominée par ces questions.
Arthur Courty : « Un état d’urgence aussi long n’en est pas un » n Arthur Courty, candidat à l’élection législative de Belfort (90) en 2017, est diplômé de droit public et de sciences politiques. Il fait le bilan de presque un an et demi d’état d’urgence et de ses prolongations sans fin.
un risque imminent. Pour moi, l’urgence n’est pas imminente actuellement donc je considère qu’on ne peut pas maintenir ce régime sur deux ans. Un état d’urgence aussi long n’en est pas un.
L’état d’urgence est un régime d’exception qui doit être déclaré par décret en Conseil des ministres. Il résulte d’une loi votée en 1955 suite à la guerre d’Algérie. Il peut être déclaré sur tout ou une partie du territoire « soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’évènements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique. » Ce régime supposé être d’exception, adopté après les attentats du 13 novembre 2015, vient de connaître en décembre dernier sa cinquième prolongation c’est-à-dire jusqu’en juillet 2017.
Que reprochez-vous au dispositif actuel ? L’état d’urgence accorde trop de pouvoir à l’exécutif et le principal problème est que l’on s’en sert pour d’autres motifs que celui pour lequel on l’a déclaré. On voit apparaître certaines privations arbitraires je pense notamment aux perquisitions administratives qui peuvent être réalisées sans mandat.
De mois en mois, le gouvernement prolonge l’état d’ur-
« On voit apparaître certaines privations arbitraires »
gence, cela vous paraît-il justifié ? Il est normal que l’état d’urgence soit appliqué lors d’un contexte particulièrement dangereux pour la nation. Ce que je conteste c’est sa prolongation au-delà d’une situation précise et qualifiée, c’est-à-dire lorsqu’il y a une cible précise et
Faut-il le constitutionnaliser ? Je pense que c’est nécessaire car il faut pouvoir contrôler les grands pouvoirs donnés à l’exécutif. On voit bien que le principal danger est une pérennisation de l’état d’urgence et donc une limitation de l’Etat de droit. o Propos recueillis par Justine Reix
Tous les candidats, y compris ceux de gauche, militent désormais pour une augmentation substantielle du budget militaire. Par ailleurs, au nom de la lutte contre l’islamisme radical, plusieurs candidats (Marine Le Pen, François Fillon, Jean-Luc Mélanchon), prônent ouvertement une nouvelle alliance avec la Russie de Vladimir Poutine. C’est la première fois depuis longtemps que les questions internationales en France ne font plus consensus. o Charline Hurel
EN BREF Huit mois de sursis pour Cédric Herrou n Cédric Herrou, l’agricul-
teur qui aidait les migrants traversant la frontière francoitalienne, a été condamné ce mercredi par le tribunal correctionnel de Nice à huit mois de prison avec sursis, avec mise à l’épreuve et confiscation de son véhicule. Avant l’audience, plus de trois cent personnes se sont réunies devant le Palais de Justice pour soutenir le prévenu.
Risque de pollution après un naufrage dans le Finistère n La préfecture maritime de
l’Atlantique s’alarme face à la présence de produits polluants dans deux coques naufragées au large de l’île de Sein. Les résidus d’hydrocarbures présents dans leur soute pourraient présenter « à terme un risque pour l’environnement ». Elles proviennent de deux bateaux qui avaient sombré le 22 décembre dernier en raison d’une voie d’eau.
VENDREDI 6 JANVIER- EXPRESSO - 03
international VENEZUELA Nomination de l’opposant Julio Borges à la tête du Parlement
Une nouvelle stratégie pour les anti-Maduro Julio Borges pourrait être l’homme qui sera à l’origine du départ anticipé de Nicolas Maduro. a nomination à la tête du Parlement, jeudi 5 janvier, doit permettre à l’opposition, majoritaire mais divisée, de réorganiser ses rangs et de définir une nouvelle stratégie pour révoquer le chef d’Etat, faute de l’avoir fait en 2016. Elle le juge responsable de la grave crise économique qui touche le pays depuis la chute des cours du pétrole en 2014. La mission ne sera pas aisée pour le remplaçant de Henry Ramos Allup au Parlement. Si depuis sa victoire aux élections législatives fin 2015, la coalition de la MUD (Table pour l’unité démocratique) est unie pour destituer Nicolas Maduro, elle reste profondément divisée. De l’extrême-droite à la gauche modérée, le camp antiMaduro rassemble en effet des forces politiques traditionnellement antagonistes. Par ailleurs, certains préfèrent engager un dialogue avec le gouvernement alors que d’autres sont favorables à l’adoption d’une ligne plus dure. Des fractures qui se sont aggravées après la suspension par la justice du processus
camp anti-Maduro. Il reproche notamment au gouvernement de ne pas libérer des opposants. La libération de l’ex-candidat présidentiel Manuel Rosales, à la veille du Nouvel An, pourrait néanmoins adoucir sa position et l’inciter à venir au prochaines discussions fixées le 13 janvier.
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o Carole Sauvage
AFP
La crise vénézuélienne s’enlise
Julio Borges à l’Assemblée nationale à Caracas le 23 octobre 2016
vers un référendum révocatoire contre Maduro en octobre 2016. Nicolas Maduro se défend
De son côté, Nicolas Maduro protège ses arrières. Lors d’un remaniement surprise, le 4 janvier, l’étoile montante du Parti socialiste unifié – au pouvoir depuis 1999 –, Tareck El Aissami, a été nommé vice-président. Il est appelé à succéder au président si ce dernier est destitué. Une nomination qui ne laisse rien au hasard. Selon
le calendrier légal, même en cas de succès, tout scrutin organisé par l’opposition après le 10 janvier 2017, ne provoquerait que le remplacement de Maduro par son vice-président jusqu’aux prochaines élections en 2019. Des discussions en suspens
Le dialogue entre les deux camps est pour le moment bloqué. Si un processus de négociations sous l’égide du Vatican a été enclenché en octobre 2016, il est actuellement gelé par le
• 96 % des recettes d’exportation du Venezuela proviennent du pétrole, principale source de richesses extérieures. La chute des cours en 2014 a plongé le pays dans la crise. • Inflation estimée à plus de 700 % en 2016 par le FMI. • 60 % des produits de première nécessité font l’objet de pénurie. • Taux de chômage à 14 % en 2015 contre 7,9 % en 2014 selon le FMI. • 48,5 % des 30 millions d’habitants vivaient en 2015 sous le seuil de pauvreté selon une étude menée par 3 universités locales (23,4 % en 2010) • Le Venezuela est le pays d’Amérique du sud le plus corrompu selon Transparency International en 2015 (classé 158e sur les 168 pays du monde classés)
COREE DU SUD La population veut se défaire des dirigeants corrompus
Séoul affirme ses envies de démocratie
04 - EXpresso - JEUDI 05 janvier
tatives de réformes sont mises en place. De ce fait les mouvements sociaux ont, au fur et à mesure, gagné de l’influence dans le pays en militant pour des réformes progressistes. Les bougies scintillent
Kim Hong-Ji / Reuters
n La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye doit toujours faire face à une crise de légitimité majeure. Jeudi 5 janvier, se tenait la deuxième audience de son procès devant la Cour constitutionnelle de Séoul qui doit décider de maintenir ou non la présidente au pouvoir. Les « manifestations de bougies » contre celle qui est surnommée « la dame de fer » en Corée du Sud, attestent l’envie historique d’une grande partie la population d’asseoir une démocratie dans le pays et enterrent définitivement les vestiges de la dictature. Cette contestation est considérée comme une continuité du Soulèvement de 1987 contre les dictatures qui se succèdent depuis les années 60, présidées pendant 17 ans par Park Chunghee, le père de la présidente. À cette date, le Pays du Matin calme est officiellement consi-
La présidente de Corée du Sud, Park Geun-hye
déré comme une démocratie en instaurant le suffrage universel direct. Se succèdent alors des gouvernements majoritairement conservateurs gangrénés par la corruption même si des ten-
C’est en 2002 que les premières veillées à la bougie ont commencé, à l’époque pour dénoncer la présence américaine sur le territoire national. Une lutte de quatre mois rythme alors les journées de Séoul, rassemblant jusqu’à un million de personnes le jour de l’anniversaire du soulèvement du 10 juin 1987. Toutefois cette forte expression populaire s’est tue sous la sévère répression pour reprendre du souffle à plein poumon ces derniers mois. Aujourd’hui, c’est contre leur présidente que les Sud-coréens manifestent. Les médias ont également joué un rôle clef dans
ce soulèvement démontrant leur volonté d’accomplir un travail journalistique indépendant, propre à la démocratie. Scindés en deux, entre titres conservateurs et libéraux, les médias ont été unis dans la critique du gouvernement. Ce sont eux qui ont dénoncé les dysfonctionnements au sein de l’Etat. Tous les jours, les titres nationaux n’ont pas hésité à dévoiler les actes injustifiés, illégaux et illégitimes de la présidente et de sa confidente, Choi Soon-sil. N’ayant pas anticipé l’immense mobilisation populaire après ces révélations, les journaux ont voulu atténuer le phénomène en prônant une solution politique. Submergés par les deux millions de personnes dans les rues le 3 décembre dernier, ils ont alors éditorialisé sur l’inévitable « empêchement » de la présidente. o Fiona Garfagnini
INTERNATIONAL
DR
USA Donald Trump continue d’installer ses proches au pouvoir
Michael Flynn, Steven Mnuchin, Chris Christie, Jeff Sessions, Donald Trump, Newt Gingrich, Rudy Guiliani, Reince Priebus, Jay Clayton
L’anti-système selon Trump
L
de 2008. Un profil bien différent de sa prédécesseur Mary Jo White. Avocate d’affaires et ancienne procureure fédérale de New York, celle-ci a largement contribué au renforcement de la réglementation financière depuis 2013. Une administration « experte »
Jay Clayton rejoint une équipe gouvernementale où figurent d’autres personnalités du monde des affaires telles que les anciens dirigeants de Goldman Sachs, Steven Mnuchin et Gary Cohn, respectivement nommés ministre du Trésor et directeur du conseil national économique.
CHINE Le New York Times censuré
Apple cède aux pressions des autorités chinoises n Pour les détenteurs de pro-
duits Apple en Chine, il est désormais impossible de télécharger le célèbre quotidien new-yorkais. Le groupe américain a confirmé le retrait de l’application de l’Apple Store local puisqu’elle violait la réglementation du pays. Un porte-parole chinois du ministère des Affaires étrangères a réagi hier matin en apportant son soutien à cette décision sans confirmer l’intervention directe du gouvernement auprès du géant de l’électronique américain. Un tel acte des autorités chinoises ne serait pourtant pas étonnant puisque le journal américain est dans le viseur des autorités locales depuis la publication en 2012 d’une enquête sur la fortune de l’expremier ministre Wen Jiabao. Le site était alors devenu inaccessible dans le pays, comme le Wall Street Journal, Le Monde
et d’autres grands médias internationaux. Un article sur la propagande chinoise avant la censure
Sur son compte Twitter, Katie Benner, journaliste du NewYork Times, sans pouvoir prouver un lien de causalité, souligne que la décision du retrait de l’application coïncide cette fois-ci avec la mise en ligne d’un article sur la propagande chinoise. Ce n’est pas la première fois que la firme limite son catalogue aux utilisateurs chinois. En avril dernier, elle avait déjà supprimé l’accès aux services iTunes Movies et iBooks. Après son refus de coopérer avec le FBI américain l’année dernière, la facilité avec laquelle Apple satisfait aux exigences du gouvernement chinois a donc de quoi surprendre. o Valentin Le Roux
PDG ou ex-PDG, comme Andy Puzder un patron de fast food au ministère du Travail. Médecins, militaires comme le général James Mattis à la Défense. Celui qui promettait de « nettoyer le marécage de Washington » des politiciens coupés de la vie réelle durant sa campagne, entend justifier ces désignations par les compétences techniques de ces « experts » qui rendront son panache à l’Amérique. A l’écouter, il donnerait le pouvoir à des personnalités, qui par leurs réussites, auraient prouvé leurs compétences. Cependant, ce gouvernement des « compétences » souffre
d’exceptions. Pas moins de neuf membres de l’équipe Trump sont des responsables politiques comme Jeff Sessions, Sénateur de l’Alabama depuis 20 ans. Quant aux compétences, elles font l’objet d’une gestion étonnante. Au Logement ? Un neurochirurgien à la retraite. A l’Education ? Une milliardaire sans la moindre expérience dans le domaine. Aux Affaires Étrangères ? Rex Tillerson, le PDG de la société pétrolière ExxonMobil. Si le candidat Trump professait vouloir détruire le système, c’est pour une fois élu, mieux construire le sien. o Morgane Bona
en bref Deux morts dans un attentat à Izmir n Une voiture piégée a explo-
sé jeudi 5 janvier devant le tribunal d’Izmir, dans l’Ouest de la Turquie. Un policier et un huissier ont été tués. Deux terroristes ont également été abattus dans les affrontements qui ont suivi avec les forces de l’ordre. Le PKK est soupçonné par la Turquie.
Impressionnant succès de Mein Kampf en Allemagne
explicatives avaient été ajoutées au texte original afin de contextualiser et critiquer les idées du dictateur.
Megyn Kelly rejoint NBC news
DR
Donald Trump a encore frappé. Le futur président des Etats-Unis a nommé Jay Clayton, un avocat en droit des affaires proche de Wall Street, à la tête de la « Securities and exchange Commission », le gendarme de la bourse étasunienne. e juriste, ponte des fusions acquisitions et des introductions en Bourse, compte parmi ses clients le milliardaire Warren Buffet, Barclays et Goldman Sachs, la banque d’investissement qui avait créé les produits dérivés financiers à l’origine de la crise financière
n Avec 85 000 exemplaires
vendus depuis un an, la nouvelle édition du livre d’Adolf Hitler s’arrache comme des petits pains ! À l’origine de la publication, l’Institut d’Histoire contemporaine de Munich s’est dit étonné de la popularité de l’ouvrage dans les librairies. Pour ce dernier, les acheteurs seraient néanmoins en majorité « des consommateurs intéressés par l’histoire et la politique ». Pour que le livre ne redevienne pas un outil de propagande, 3500 notes
n Après douze ans chez Fox
News, la célèbre présentatrice a annoncé vendredi soir son départ à la fin de son dernier show The Kelly File. Elle animera désormais sur NBC News une émission quotidienne ainsi qu’un journal le samedi soir. La présentatrice avait acquis une notoriété internationale l’année dernière après avoir été la cible d’attaques de Donald Trump à qui elle avait rappelé le passif misogyne lors d’un des débats présidentiels.
JEUDI 05 JANVIEr- Expresso - 05
ECO/CONSO EMPLOI Le rachat de STX France par l’italien Fincantieri suscite des inquiétudes
L’Etat promet d’agir pour le chantier de Saint-Nazaire
S
aint-Nazaire est en eaux troubles. L’Etat veut préserver ses chantiers navals en Loire-Atlantique. En visite sur le site industriel mercredi 3 janvier, le secrétaire d’Etat à l’industrie Christophe Sirugue a affirmé que l’Etat souhaite augmenter sa part dans le capital de STX France, actuellement de 33%. Pour cela, le gouvernement veut faire monter DCNS, le constructeur naval militaire détenu majoritairement par l’Etat français, au capital de STX France. Cette annonce fait suite à la validation par la justice sudcoréenne de la proposition de reprise de la filiale STX France par l’italien Fincantieri. La maison mère STX Offshore & ShipBuilging est en redressement judiciaire. Ce champion de la construction navale italienne était le seul candidat au rachat des 66,6% du chantier naval de Saint-Nazaire.
Près de 7 000 personnes travaillent au sein du site FEL/20M Les syndicats inquiets
Les syndicats de STX s’inquiètent du transfert de technologie : le groupe italien a signé un accord avec un groupe chinois pouvant aboutir à une possible délocalisation de la production. Fincantieri étant aussi constructeur de paque-
bots, Natahlie Durand-Prinbogne, syndicaliste de Force ouvrière, s’inquiète : « Nous craignons des doublons. Ils ont tout ce qu’il faut pour faire de gros paquebots, or nous avons besoin de cette activité pour réaliser nos bénéfices. » Christophe Sirugue a promis
CONSOMMATION 800 000 canards abattus depuis mercredi
La grippe aviaire menace de nouveau l’aviculture du Sud-Ouest n La grippe aviaire fait plus
de victimes qu’on ne le croit. Avec les 800 000 canards abattus dans le Sud-Ouest depuis le mercredi 4 janvier pour endiguer l’épidémie, ce ne sont pas seulement les éleveurs mais toute la filière qui en pâtit. Plus de 150 élevages sont concernés par cette mesure dans le Gers, les Landes et les Hautes-Pyrénées. Dans un communiqué le Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras) chiffre le manque à gagner de ce nouvel abattage massif à plus de 80 millions d’euros. Pour les éleveurs qui ont perdu leur bétail, la note s’élève à 11 millions d’euros. « La perte dépend de l’âge du canard lorsqu’on l’abat » précise Anne Richard, directrice de l’Institut technique de l’aviculture, conventionné par le ministère de l’Agriculture. Les éleveurs qui ont passé du temps à faire engraisser leurs volailles se voient contraints de les abandonner avant de pouvoir les vendre, même lorsque celles-ci 06 - EXPRESSO - VENDREDI 6 JANVIER
sont en bonne santé, par mesure de précaution. Sans compter que leurs élevages ne peuvent pas être renouvelés sans le feu vert des autorités sanitaires afin d’éviter tout risque de contamination. Faute de canards, les abattoirs manquent d’activité et le reste de la filière marche au ralenti faisant planer le risque d’une réaction en chaîne. L’institut technique de l’aviculture espère une reprise complète de la production au plus tard le 1er avril mais c’est un vrai coup dur pour les agriculteurs. La Confédération paysanne pointe des « centaines d’éleveurs qui vont être victimes psychologiquement ». Un virus non transmissible à l’Homme
Pourtant cette crise reste encore assez isolée à l’échelle de la production nationale et le virus H5N8 n’est pas transmissible à l’homme. Même si elles ne sont pas encore fixées, les indemnisations pour la filière devraient être élevées. En mai 2016,
l’Etat avait accordé une enveloppe de 130 millions d’euros pour combler le manque à gagner. En cette année présidentielle, le gouvernement ne peut pas se permettre un nouveau conflit avec ses agriculteurs. o Thibault Lambert et Coline Vazquez
Dix ans de grippe aviaire en France • En 2006, le premier cas de virus H5N1 est confirmé sur un canard retrouvé mort dans l’Ain. Il s’étend rapidement à un élevage de dindes touchant même des cygnes. • En 2007, il réapparaît dans l’est de la France sur cinq cygnes obligeant le gouvernement à relancer des mesures de prévention. • Après huit ans d’accalmie, le Sud-Ouest est frappé de plein fouet sur des foyers entiers. En conséquence, la production des élevages de la région est gelée pendant plusieurs mois à partir de janvier 2016.
mercredi sur RMC que l’Etat allait agir pour « éviter qu’on nous prenne notre savoir-faire ». L’Etat français ne s’opposera pas au rachat du chantier naval, mais la minorité de blocage dont il dispose lui permettra de peser dans les négociations avec le constructeur italien. Insuffisant pour FO, qui demande la « nationalisation » de l’entreprise. De son côté, la CFDT reste vigilante. Christophe Morel, délégué syndical, se dit « rassuré » par le secrétaire d’état mais prévient : « Nous suivrons de très près le dossier. » Le chantier naval de Saint-Nazaire est une perle rare pour l’Etat français : les 2600 salariés de STX France ainsi que les sous-traitants ne manquent pas de travail, le carnet de commandes de l’entreprise est plein jusqu’en 2026. De quoi inciter le gouvernement à ne pas la laisser dériver. o Laura Dulieu
EN BREF Engie soupçonné d’optimisation fiscale Engie aurait bénéficié d’environ 300 millions d’euros d’avantages fiscaux au Luxembourg, d’après une enquête de la Commission européenne. Si les soupçons se confirment, cette somme aurait alors évité une taxation du groupe à 29%. Bruxelles enquête sur deux « montages financiers » du groupe énergétique français au sein du Grand-Duché. Ayant un tiers du capital, l’Etat français s’est refusé à tout commentaire.
n
Nouvel emprunt pour la France n Hier matin, la France s’est
à nouveau endettée de 10 milliards d’euros auprès des marchés. Si l’Etat est si pressé c’est parce qu’il sent le vent des taux d’intérêt tourner. Ces derniers, à 0,77% actuellement, pourraient bien avoisiner les 2% d’ici décembre selon Bercy. Cet endettement fait partie du programme du Trésor qui prévoit une levée de 200 milliards d’euros en 2017.
ECO/CONSO HIGH-TECH Le salon annuel de l’électronique s’est ouvert hier à Las Vegas
La French Tech s’impose au CES n Dans les allées de l’Eureka
Park, le coq rouge vif qui symbolise la French Tech s’impose fièrement sur les stands du salon annuel de l’électronique. Le Consumer electronic show (CES) s’ouvrait hier à Las Vegas et pour la 50ème édition de ce salon mondial de l’électronique et de la technologie, les jeunes pousses tricolores ont une place de choix. Si en 2014, seulement 50 startup tricolores exposaient au CES, la France présente cette année au moins 220 sociétés sur les 3 800 venues du monde entier pour présenter leurs produits. Plus qu’un effet de
mode, ces sociétés regroupent un chiffre d’affaire conséquent : il faut débourser 10 000 euros minimum pour un simple stand d’exposition. Troisième délégation du salon derrière les ÉtatsUnis et la Chine, l’Hexagone est en position de force sur le marché de l’innovation. Ce succès a été impulsé par la création en 2014 de la French Tech, une marque soutenue par le Ministère du Numérique, pour valoriser les startup françaises à l’international. Elle permet de lever des fonds conséquents pour les jeunes entreprises naissantes : en 2016, 1,5 milliard de dollars a été
investi dans le secteur. Pour Ludovic Le Moan, fondateur de l’opérateur Sigfox, assister au salon de l’électronique à Las Vegas, où « tous les ac-
teurs importants sont présents
», offre une visibilité importante. La société compte sur le CES pour étendre sa présence commerciale à l’international d’ici 2018. La France, experte des objets connectés
Depuis quelques années, le CES s’est aussi transformé en salon des objets connectés. Les Français sont en pointe dans ces domaines, avec des socié-
tés comme Withings qui a obtenu le prix de l’innovation du CES pour sa brosse à cheveux connectée ou comme Netatmo, complimenté pour sa solution « Velux Active with Netatmo » qui rend les fenêtres de toits autonomes. Après les derniers succès des sociétés « licornes » valorisées à plus de 1 milliard d’euros, comme Blablacar ou Venteprivee.com, quelle start-up émergera cette année ? Un nouveau succès pourrait être crucial pour l’économie française : les start-up ont jusqu’au 8 janvier pour faire leurs preuves. o Lola Bodin Adriaco
ENTREPRISE Huit jeunes start-uppers vivent ensemble et cultivent leur différence
À Aubervilliers, la hackerhouse innove
B
ienvenue à la hackerhouse « Canal Street » d’Aubervilliers, berceau de l’innovation. Ambiance à la cool garantie dans cette coloc’ de huit startuppers. Nicolas, 26 ans et totalement autodidacte, vous ouvre au saut du lit en short et pieds nus dans un vaste salon aux murs bardés d’affiches geeks. Slogans énigmatiques tels que « Je veux les codes », citations de Steve Jobs, items Star Wars qui trônent sur les meubles et multiprises de compét’. Pas de doute, vous êtes dans l’antre de développeurs. Mais ici, le travail prime. « On essaie de mettre en place un écosystème propice aux startup », explique Nicolas. Le concept des hackerhouses vient de la Silicon Valley. Stéphane Bounmy l’a importé en 2015 en France, en achetant l’appartement dans le 93. Cet ancien d’Epitech et de Supinfo ne compte pas s’arrêter là. Il vient d’ouvrir le 1er janvier une deuxième hackerhouse à Ivry-surSeine, la banlieue offrant plus d’espace. 87m2 accueillent à Aubervilliers Nicolas, Didix, Guillaume et les autres digital natives qui participent à l’aventure durant les quelques mois nécessaires à la maturation de leur projet. Tous s’entraident, mais chacun évolue à son rythme en toute indépendance. Pour y rentrer, les candidats sont soumis à un vote des locataires selon leur
Guillaume et Nicolas travaillent dans une ambiance détendue au sein de leur appartement BL/IFP
sociabilité, leurs compétences et leur projet. Ils sont ensuite testés durant un mois. Travailler sur son lieu de vie n’est pas un problème pour Nicolas. « Cette histoire de vie professionnelle et vie privée séparées est un mythe. Ceux qui disent le contraire, à mon avis, ne créent pas de start-up », assène le jeune homme. Produire, toujours
Le but à Canal Street est d’oser se lancer. « Ce qui a de la valeur, c’est la production. Nous n’essayons pas d’avoir une idée parfaite. Si un nouveau produit est sans défaut, c’est qu’il est sorti trop tard », assure Nicolas. Cette hackerhouse a vu naître plusieurs réussites dont Pixter, une start-up qui commercialise des objectifs photo pour smartphones. Dans cette lignée, l’innovation se veut permanente.
Pour motiver les troupes, un dashboard géant installé dans le salon actualise en continu l’avancée de chaque projet porté à l’appartement ainsi que les entrées et sorties d’argent. Cependant, le tableau Velleda avec les scores de chacun au jeu de go ne reste pas loin. L’illusion de la French Tech
L’idéal à poursuivre dans cette hackerhouse est le modèle américain. Nicolas a les yeux qui brillent quand il évoque la Silicon Valley dans son franglais professionnel. Ce petit prodige de la blockchain, un système sécurisé de stockage et transmission de données, travaille avec cette technologie sur un projet d’arbitrage entre développeurs en freelance et clients. Ici, l’écume de la French Tech, représentée au CES 2017, n’intéresse pas. « Les objets
connectés, ça n’a rien d’innovant. C’est cool quand c’est français, mais ça existe depuis des années », ironise Guillaume, 23 ans. Ce nouvel arrivant de novembre dernier déplore le système français : « Le concept des start-up à Paris est mal compris. Une start-up a normalement une croissance exponentielle ; ici, elle est linéaire. Cela s’explique par le manque d’ambition des investisseurs. » Hivy, l’ancienne start-up qui l’employait, a été détectée par un investisseur américain. Mal payé, trop risqué financièrement… l’écosystème hexagonal des start-up est ingrat. La serrure de la sortie s’ouvre en glissant les doigts dessus. « C’est une porte connectée », sourit Nicolas, dont les rêves le portent outre-Atlantique. o Bruno Lus
VENDREDI 6 JANVIER- EXPRESSO - 07
CULTURE EVENEMENT Pour ses 250 ans, la prestigieuse école continue d’innover
En janvier, les Arts déco(rent) le sous-sol parisien La grande école d’art et de design de la rue d’Ulm fête ses 250 ans avec une exposition d’affiches dans les couloirs du métro. Un symbole pour cette institution qui refuse tout élitisme. ans le VIème arrondissement de Paris, nichée entre Normale Sup’ et le Panthéon, l’École Nationale Supérieurs des Arts Décoratifs (EnsAD) fait figure d’institution. Un statut conforté par l’âge de l’établissement qui fête, en cette année universitaire 2016-2017, ses 250 ans. Depuis 1766, l’école a eu tout le temps d’être associée à des artistes de renom qui ont fait sa stature : Eugène Viollet-le-Duc y a enseigné l’ornement, Henri Matisse, Francis Picabia, Jacques Tardi ou encore Jean-Paul Goude y ont étudié. Pour autant, ce haut lieu de l’art n’en a pas profité pour cultiver l’image d’une institution inaccessible et hors-sol. Elle s’est ouverte tout au long de son histoire à des pratiques nouvelles, notamment au design qu’elle fut la première à enseigner à partir des années 1960. Ce qui n’était à l’origine qu’une école de peinture s’est ouvert à de nouvelles spécialités : design multimédia, photographie et cinéma d’animation. Le tout en restant une école publique, accessible à tous sur concours, mais sans pré-requis, un cas unique en France.
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L’affiche 63 est exposée dans les couloirs du métro Châtelet / photo Quentin Bas (IFP) A la fois institution et underground
Ainsi, au moment de se mettre en scène pour son anniversaire, l’école a voulu conserver cette dualité qui fait sa patte. Elle présentera au Palais de Tokyo les travaux de 23 de ses anciens étudiants, diplômés entre 2012 et 2015. Dans le même temps, elle s’exposera de façon moins conventionnelle et aux yeux de tous dans les couloirs du métro parisien. 250 œuvres uniques et numérotées y seront placardées dans différentes stations jusqu’au 17 janvier. Les étudiants ont pu participer à l’élaboration de ces toiles d’un nouveau genre au cours d’un workshop d’une semaine à l’issue duquel 250 d’entre elles
MUSIQUE Les ventes ont plus que doublé en 2016
Le boom des vinyles n Voués à la disparition au
début des années 2000, les vinyles refont surface chez les disquaires et dans nos salons. Entre 2012 et 2015 en France, les ventes ont explosé, jusqu’à atteindre 750 000 unités en 2015. Sur les neuf premiers mois de l’année 2016, le marché a plus que doublé, avec une progression de 117% du chiffre d’affaires. En Grande-Bretagne, les ventes ont atteint en 2016 leur meilleur niveau depuis 25 ans, avec 3,2 millions de microsillons écoulés, soit une hausse de 53%
par rapport à 2015. Les vinyles représentent désormais 5% du marché des albums selon le BPI (British Phonographic Industry). Pour expliquer cet engouement, les spécialistes estiment que la ferveur s’est renouvelée chez les nouvelles générations, nées entre 1980 et 2000. Les ventes de vinyles, ajoutées aux ventes de CD et aux bons résultats des services d’écoute en ligne et de streaming, annoncent une nouvelle ère positive pour le monde de la musique. o Margaux Boddaert
ont été sélectionnées. L’expérience a été menée par Laurent Ungerer, enseignant en design graphique qui avait déjà mené par le passé des opérations de décoration du sous-sol parisien. Cette fois, il a souhaité que tous les étudiants puissent collaborer à ce projet, indépendamment de leur spécialité artistique. Ce choix offre aux usagers du métro un ensemble d’œuvres très hétéroclites, à la fois figuratives et abstraites, certaines purement picturales, d’autres plus textuelles. « Une école assez ouverte malgré l’exigence »
L’affiche de Gaëtan, étudiant en première année, va être exposée
dans la station Exelmans, sur la ligne 9. Pour lui, cette exposition souterraine est une manière de démocratiser un peu plus l’école : « ça nous permet de montrer notre travail en dehors des cadres traditionnels des galeries ou des musées » confie t-il. « Cela colle plus à notre image finalement, on est une école assez ouverte malgré le fort niveau d’exigence ». Celui qui se voit en futur scénographe n’a en tout cas pas l’impression que lui et ses amis appartiennent à une élite. Rue d’Ulm, avec leurs cartons à dessin et leur look, «ce sont les Normaliens qui se demandent un peu d’où on sort ». o Quentin Bas Lorant
en bref Les nominations des Golden Globes sont tombées
Les musées parisiens s’en sortent tant bien que mal
n La comédie musicale La La Land part grande favorite
n La fréquentation des musées parisiens ne semble pas avoir trop souffert de la baisse de 6% du nombre de touristes. Paris Musées, qui regroupe les 14 établissements publics de la capitale, a comptabilisé en 2016 un peu plus de 3 millions de visiteurs, soit un léger repli par rapport à 2015 (3,1 millions de visiteurs). Pour les musées privés, le constat est contrasté : Beaubourg a connu une hausse de 9% de sa fréquentation alors que le Louvre a vu la sienne chuter de 15%.
alors que l’actrice française Isabelle Huppert a une carte à jouer pour le prix de meilleure actrice dramatique grâce à sa performance acclamée dans Elle. Les récompenses, décernées par les quelques 90 journalistes de l’Association de la Presse Etrangère d’Hollywood, sont parmi les plus convoitées du cinéma américain. La cérémonie, qui ouvre la saison des prix hollywoodiens, promet d’être flamboyante.
SPORTS FOOTBALL Pékin encourage les récents transferts records
Le football chinois, une démesure réfléchie
E
n ce début d’année, la planète football voit débuter son mercato hivernal, le grand marché des joueurs. Le jeu de l’offre et la demande, la démesure en plus. A cette occasion l’Europe fait les gros titres sportifs. Mais un nouveau venu dans le microcosme du foot business, la Chine, affole les compteurs. 2017 est déjà une année charnière pour l’Empire du Milieu, qui occupe l’espace médiaticosportif comme rarement. Le début de la folle série a commencé avec Carlos Tévez, international argentin passé par les deux Manchester. L’Apache de 32 ans a cédé aux sirènes chinoises du Shanghai Shenua fin décembre pour un salaire annuel de 38 Millions d’Euros. Oscar, milieu de terrain de l’un des meilleurs clubs européens, Chelsea (Angleterre), a signé pour 25 Millions annuels au Shanghai SIPG. Axel Witsel, pourtant courtisé par la grande Juventus Turin, va s’engager en Chine pour cinquante millions sur trois ans, dans le club de Tianjin Quanjian. Des clubs pour la plupart sans palmarès. Si l’argent constitue évidemment le moteur des joueurs, le pays y voit des intérêts supérieurs. Une stratégie d’Etat Comme le dit l’économiste Pascal Perri, « les ordres viennent du président demandant à tous les tycoons que sont les grands du textile ou de la métallurgie d’investir dans le foot ». Ces derniers doivent limiter leurs actions à l’étranger pour se concentrer sur le championnat chinois. Le gouvernement a investi dans 50 000 écoles de football à travers le pays pour
n 61 jours après le départ
de la course, le Breton a 340 miles d’avance sur le Gallois Alex Thomson. Mais les cartes risquent d’être rebattues : le passage dans l’hémisphère Nord ce week-end pourrait s’avérer compliqué, avec une météo que les organisateurs annoncent capricieuse. Les skippers de tête devront se dérouter pour éviter ces mauvaises conditions. L’avance du Français pourrait donc ne pas être suffisante pour lui garantir la victoire, à une dizaine de jours de l’arrivée.
n Amaury Sport Organisa-
Le Brésilien Oscar lors de son arivée à Shanghai le 2 janvier / Reuters
démocratiser un sport secondaire par rapport au tennis de table, mais à portée internationale. Une stratégie déjà ancienne: les Chinois investissent dans les clubs européens (l’Inter de Milan, Manchester City, l’Atletico Madrid) depuis quelques années dans une perspective de rayonnement. Vision sur le long terme Philippe Troussier, ancien entraîneur du Japon, pense que le but est de développer l’équipe nationale « pour organiser la coupe du monde en 2034 ». « Pour cela il faut progresser en attirant et formant joueurs et entraîneurs ». Une stratégie chinoise à double détente : attirer la lumière en « starifiant » sa ligue pour poser les fondations d’un foot national compétitif dans le futur. L’Empire du Milieu veut faire du sport roi son nouveau ter-
rain de chasse. Avec un milliard dépensé en 2016 sur le marché, le pari est en passe d’être gagné. Mais comme l’a déclaré Pascal Perri : « l’histoire et la culture ne s’achètent pas ». Les stars du ballon rond, apparemment oui. o Walid Kachour
Dans la catégorie moto, le tenant du titre, l’Australien Toby Price, a abandonné quelques kilomètres avant l’arrivée de la quatrième étape. Victime d’une lourde chute, il a été héliporté et souffre d’une fracture du fémur gauche. Il était en tête du classement général. L’Autrichien Matthias Walkner récupère la première place.
tion, qui organise notamment le Tour de France, a annoncé hier avoir acquis la compagnie organisatrice du Grand Prix de Francfort. Il s’agit de la plus ancienne course cycliste allemande, crée en 1962 et disputée chaque 1er mai. La société familiale sera toujours chargée de préparer le Grand Prix mais va devenir une filiale en propriété exclusive d’ASO. L’opération vise à pérenniser la course, mais aussi à développer le cyclisme allemand.
L’Etat chinois veut réguler les achats et salaires des joueurs
Brisbane : Nadal rejoint Raonic en quarts
Alors que des rumeurs faisaient état d’un possible transfert record de 150 Millions d’euros de Pierre-Emerick Aubameyang (Borussia Dortmund) vers le club de Shanghai SIPG, ainsi qu’un salaire annuel de 41 Millions pour l’attaquant, l’administration des sports a déclaré ce jeudi vouloir « réguler et
n De retour sur les courts après avoir arrêté sa saison 2016 à cause d’une blessure au poignet gauche, Rafael Nadal a prouvé qu’il avait retrouvé la forme au tournoi ATP de Brisbane. Hier, l’Espagnol a écarté l’Allemand Mischa Zverev en 55 minutes (6-1, 6-1) au second tour. En quarts, il affrontera le n°3 mondial et tenant du titre Milos Raonic.
refréner les achats onéreux et les hauts revenus des joueurs » (AFP).
Le Zimbabwe renfloue son équipe de football L’Etat zimbabwéen, au bord de la ruine, va accorder une subvention d’un million de dollars à sa sélection. La somme doit aider l’équipe à préparer au mieux la Coupe d’Afrique des Nations, qui aura lieu en janvier prochain au Gabon. « Les Guerriers » avaient refusé de s’installer sur un site de leur fédération jugé de « qualité trop médiocre ». L’an dernier, l’équipe avait été exclue des éliminatoires du mondial 2018 pour avoir été incapable d’honorer une dette contractée auprès de son ancien sélectionneur.
n
Al Attiyah ne repart pas, Price abandonne 2017, le Qatari Nasser Al Attiyah (Toyota) n’a pas pris le départ hier matin après avoir arraché sa roue arrière droite lors la 3ème étape mercredi. Le vainqueur des éditions 2011 et 2015 pointait à la deuxième place au classement général, juste derrière le français Sébastien Loeb (Peugeot).
Vendée Globe : Le Cléac’h en tête avant l'Equateur
ASO s’offre le Grand Prix cycliste de Francfort
DAKAR Déjà une journée décisive pour l’édition 2017 n L’un des favoris du Dakar
en bref
Aujourd’hui, la 5ème étape se déroule en altitude et doit conduire les pilotes des différentes catégories (auto, moto, quad, camion) à Oruro, en Bolivie. Ils concoureront encore 3 jours à près de 3500 mètres d’altitude, avant de redescendre vers Buenos Aires pour l’arrivée. o Margaux Boddaert
Vendredi 6 janvier- EXpresso - 09
Expresso
06 01 2017
# 02
portrait Mike Borowski, créateur du site La gauche m’a tuer
Intox et petits profits M
ike Borowski a le look d’un enfant sage. Blond bien peigné, petites lunettes et pull-over à col en V sur une chemise, le trentenaire est courtois et souriant. On peine à voir en lui le « fouteur de merde » dont parlait Eric Raoult en 2012. Et pourtant, l’homme, à la tête du site La gauche m’a tuer, un important lieu de rendez-vous de la droite dure française a eu dans une autre vie un parcours politique mouvementé. Car avant d’être le responsable d’un site Internet, Mike Borowski a été l’enfant terrible de l’UMP. Né en 1981, c’est dès 18 ans qu’il adhère au RPR.
réseaux sociaux, comme celle selon laquelle une grande mosquée serait en cours de construction à Tulle sur financements publics. Aujourd’hui, le site qui se présente en toute modestie comme le « 1 er média d’opinion de droite » draine entre 1,5 et 2,5 millions de visiteurs uniques par mois, et permet à Mike Borowski de gagner sa vie. La page est une des plus en vue parmi les identitaires. Mike Borowski, lui, refuse l’étiquette. « Tout ce qui sort de la bienpensance, c’est l’extrême- droite », déplore-t- il.
« bulletin de réinformation »
« Magouilles internes »
Il mène même pendant 7 ans une petite carrière au sein du parti en tant qu’assistant parlementaire. Dès 2010, cependant, Mike Borowski se rebelle et dénonce des « magouilles internes » après l’élection de Benjamin Lancar à la présidence des Jeunes UMP, contre lequel il s’était présenté et avait récolté un score de 1,9 %. Malgré cela, il reste encore deux ans au sein du parti, avant de se présenter -ultime défi- aux élections législatives contre le candidat investi par l’UMP, issu de l’UDI. Car Mike Borowski ne supporte pas les « placements » de personnes à des postes et autres « arrangements ». Ce sera la fin de son engagement partisan. Depuis, Mike Borowski s’est reconverti en « rédacteur en chef » d’un des principaux sites politique fran-
L’ex-enfant terrible de la droite (photo de H. Assekour) çais, souhaitant « apporter une opinion différente de celle diffusée aujourd’hui, progressiste, libérale-libertaire », qui serait selon lui la seule représentée, y compris dans Le Figaro. S’il ne se définit
expresso INSOLITEs
pas comme militant, il ne se prétend pas non plus journaliste. La gauche m’a tuer n’est pas un média d’information. Au contraire. Le site participe régulièrement à la diffusion de rumeurs sur les
Sur le site bardé de publicités et autres fenêtres pop-up, pourtant, ce sont bien les thèmes habituels de ce camp politique qui ressortent. La dénonciation de l’immigration et de l’Islam y occupent une place important, et de nombreux articles sont des reprises de publications de sites emblématiques de la « fachosphère » comme dreuz.info, ou le « bulletin de réinformation » de Radio Courtoisie. « C’est parce que la droite institutionnelle est allée sur la gauche qu’on a l’impression que si vous n’êtes pas UMP, vous êtes d’extrêmedroite. » Lorsqu’on lui demande, Mike Borowski peine pourtant à expliciter ses différences avec le Front national. « Je ne veux pas la sortie de l’Europe », lâchera-t- il en toute fin d’interview. La seule chose, peut-être, qui le raccroche encore à son ancienne vie .o Hélène Assekour
Un sushi de luxe aux enchères
Trump cherche sa nouvelle star
L'homme gagne un organe
n 74,20 millions de yens soit 605.000 euros, c’est le prix auquel le premier thon rouge a été adjugé aujourd’hui au marché aux poissons de Tsukiji à Tokyo. Le deuxième plus haut prix depuis le record de 155,4 millions de yens (1,26 million d’euros) en 2013. C’est le patron de la chaîne de restaurants Sushizanmai, le bien nommé «roi du thon» Kiyoshi Kimura, qui a remporté la mise pour la sixième année consécutive. Le thon dont il a fait l’acquisition est un mastodonte de 212 kg, et s’est vendu presque cinq fois plus cher que la plus grosse acquisition de l’année dernière (un thon de 200 kgvendu pour 108 500 euros).
n Après les refus fermes d’Elton John,
n Celui qui était jusqu’ici relégué au
10 - Expresso - Vendredi 06 janvier
Céline Dion ou encore Justin Timberlake, la quête du chanteur acceptera d’être présent pour l’investiture de Donald Trump, se fait toujours plus pressante. La finaliste de l’émission X Factor, Rebecca Ferguson, a toutefois accepté, mais à une condition de taille : chanter « strange fruit » l’un des plus fameux hymne antiraciste du répertoire musical américain. Si Trump refuse, il pourra compter sur la candidate d’America’s Got Talent Jackie Evancho ou encore des membres du Chœur du Tabernacle mormon et une partie des quelques danseuses des Radio City Rockettes, s’ils acceptent.
rang de simple membrane vient désormais d’accéder au titre de 79 ème organe du corps humain, intégrant le célèbre ouvrage de référence du corps humain le « Gray’s Anatomy ». Reliant la paroi abdominale et l’intestin dans le système digestif, le nouveau venu doit sa reconnaissance au scientifique J.Calvin Coffey et à son équipe de chercheurs irlandais de l’université de Limerick après cinq années de travail. Désormais sur le devant de la scène, le mésentère va bénéficier d’une attention toute particulière notamment pour le rôle qu’il pourrait jouer dans les maladies abdominales.