Expresso
22 02 2016
quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2017
L’essentiel FRANCE
P.2
Bruno Le Maire passe à l’offensive
n Le député Les Républicains de l’Eure devrait annoncer mardi sa candidature aux primaires de son parti. Il se pose comme l’homme du renouveau.
INTERNATIONAL
# 05
Le démantèlement de la zone sud est prévu mardi
Calais : l’évacuation qui divise la gauche
P.4
Grande-Bretagne : Un duel au sommet
n En se déclarant favo-
rable au Brexit, le maire de Londres Boris Johnson met en difficulté son allié le Premier ministre David Cameron.
eco/conso
P.6
Assurance chômage l’entente impossible
n Les syndicats refusent de céder à la pressions de l’exécutif dans les négociations avec le patronat sur la refonte de l’Unedic, lourdement endettée.
CULTURE
P.8
Montparnasse à l’honneur
n La villa Vassilieff,
lieu hétéroclite, vient de rouvrir ses portes au coeur du XIVe arrondissement.
PORTRAIT
P.10
Bold Eagle, trotteur phénomène
n Le jeune cheval de
course est en passe de réaliser un exploit inédit dans le monde hippique.
Les migrants désemparés avant la destruction d’une partie de la jungle de Calais (AFP)
n Bernard Cazeneuve a promis « un tions et des personnalités de gauche se
processus progressif par la persuasion » en évoquant l’évacuation de la moitié sud de la « Jungle de Calais » prévue ce mardi 23 février. Des associa-
mobilisent et réclament l’annulation de l’arrêté d’expulsion. Le gouvernement craint une nouvelle fracture au sein de la gauche. Page 2
FRANCE POLITIQUE Le député de l’Eure entre dans la danse des primaires
Le Maire veut incarner le « renouveau » à droite
L
a faim fait sortir le loup. Bruno Le Maire est prêt à se jeter dans la meute des candidats aux primaires de la droite et du centre (voir encadré). Le député de l’Eure devrait annoncer sa candidature lors d’une réunion publique, mardi 23 février, à Vesoul, dans la Haute-Saône. « BLM » devrait se présenter en défenseur de la France profonde avec son cri de ralliement : « le renouveau ».
Bruno le Conquérant
Entrée en campagne comme un coup de massue. Objectif : occuper la scène médiatique. Invité du « 20 heures » de TF1 le 24 février, son livre Ne vous résignez pas ! sortira en librairie le même jour, après ceux de ses concurrents des Républicains de Lettres. Avant d’être un outsider soutenu, Bruno Le Maire fut longtemps un loup trop solitaire. A l’automne 2012, il fut incapable de réunir les 7 924 parrainages, nécessaires pour participer à l’élection à la présidence de l’UMP. Mais en 2014, il retente sa chance. Avec 29% des suffrages, il arrive derrière Nicolas Sarkozy qui capitalisait 64% des suffrages. Portés par ses militants, il assoit un peu
Bruno Le Maire (AFP)
plus sa légitimité. Le 21 févier, 31 Députés et Sénateurs ont lancé un appel en faveur de sa candidature, alors qu’il ne lui en faut que vingt pour se présenter. Pourtant, il reste aux yeux des Français un technocrate qui se pique d’ambition.
: « On ne peut pas construire la France de demain avec les hommes et femmes politiques d’hier ! », une attaque en creux envers ses concurrents : Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Pourtant, M. Le Maire n’est pas un perdreau de
Un renouveau de façade ?
Les candidats en lice
Il se présente comme un homme neuf. Les cheveux grisonnants mais les traits du visage encore jeunes, M.Le Maire se présente en réformateur : privatisation de Pôle emploi, restauration de l’autorité de l’Etat, fin du cumul des mandats. En phase avec son époque, il montre qu’il sait utiliser les réseaux sociaux. D’ailleurs, il affirmait dans un tweet
l’année. A 47 ans, il a été l’ancien directeur de cabinet de D. de Villepin et ministre de l’agriculture sous N. Sarkozy. Par ailleurs, le quadragénaire est passé sur les bancs des plus grandes écoles de la République : Normal Sup’ et l’ENA. Un parcours plutôt classique pour ce chantre du « renouveau ». Et c’est sans doute ce à quoi vont tenter de le ramener ses adversaires. « C’est vrai, Bruno connaît tous les rouages de la machine». explique Zartoshte Bakhtiari, responsable de la campagne de M. Le Maire en Seine SaintDenis. « Mais, il n’y a rien de mieux qu’un connaisseur. Il est le mieux placé pour renverser la table. » Le natif de Neuilly aura la lourde tâche de prouver qu’il est bien le candidat du « renouveau ». o Quentin Pérez de Tudela
Pour la première fois, en novembre 2016, le parti Les Républicains organisera une primaire pour désigner son prétendant aux présidentielles de 2017. A ce jour, 8 ténors sont officiellement candidats : Bruno Le Maire, Alain Juppé, François Fillon, Hervé Mariton, Frédéric Lefèbvre, Jean-François Copé, JeanFrançois Poisson et Hassen Hammou. Pour voter, les électeurs devront s’acquitter de 2 euros par tour, ce qui devrait assurer un bénéfice non négligeable à l’ex-UMP, qui accusait à mars 2015 une dette de 69,3 millions d’euros.
POLITIQUE François Hollande achève sa tournée dans les DOM-TOM
Le président face au passé nucléaire en Polynésie n « Mission accomplie ». La
promesse de François Hollande de visiter les 11 territoires d’outre-mer habités a été tenue ce lundi 22 février, avec en point d’orgue la visite de la Polynésie et de l’archipel de Wallis et Futuna, 37 ans après Valéry Giscard d’Estaing. . Un voyage qui ne suffit pas à tempérer la colère des Polynésiens. 20 ans après la fin des 193 essais nucléaires menés au large des atolls de Mururoa et Fangataufa, seulement 19 des 1000 dossiers de victimes collatérales ont été indemnisés. La loi Morin de 2010, qui prévoit l’indemnisation des victimes des essais nucléaires est inefficace, « trop restrictive »
02 - EXpresso - LUNDI 22 FévRIER
quand « 540 cas de nouveaux cancers sont enregistrés chaque année en Polynésie », explique Bruno Barrillot, ancien délégué aux conséquences des essais pour le gouvernement de Papeete. Sur les 10 millions d’euros par an prévus au budget du Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), à peine un million est dépensé annuellement. Surnommé Président des OutreMer, F. Hollande avait accordé une place importante aux DOM-TOM dans sa campagne de 2012. Il avait profité de sa tournée pour déclassifier 58 documents confidentiels afin d’ouvrir la voie à l’indemnisation. Aujourd’hui, il annonce vouloir
F. Hollande à Papeete (AFP)
« solenniser une relation avec la République un peu abimée et froissée », sans donner plus de précisions. La dette nucléaire diminue
Autre problème, celui de la « dette nucléaire ». Surnommée « le milliard Chirac », cette rente annuelle accordée par l’Etat à la
fin des essais nucléaires en 1996 diminue au fil des années. La venue du président est l’occasion pour les élus polynésiens de relancer la question de cette contrepartie financière. Voté par l’Assemblée Nationale, le montant originel de 150 millions d’euros est aujourd’hui tombé à 86 millions d’euros. « Nous attendons que le discours change radicalement », a indiqué le Père Auguste Uebe Carlson, président de l’association 193 qui défend les victimes des essais nucléaires. Sachant « sa parole attendue » sous la pluie de Papeete, F. Hollande avance en terrain glissant dans ces « tristes tropiques ». o Louis Duménil
FRANCE SOCIETE Evacuation prévue dans la moitié Sud de « la jungle »
Le démantèlelement des camps de Calais agite la gauche
C
’est une évacuation à haut risque qui va se produire le 23 février dans la moitié Sud de « la Jungle de Calais ». Elle a été décidée le 12 février par la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio. L’Etat fait valoir « l’aggravation des tensions entre les migrants et la population calaisienne et la difficulté à garantir la sécurité dans la ville ». Mais les associations sont vent debout et quelques 260 organisations et personnalités, dont l’humoriste Guy Bedos et la créatrice Agnès B demandent l’annulation de l’arrêté d’expulsion dans une tribune du Monde, soutenue par l’EELV et le NPA : « les jours prochains nous irons à Calais pour le clamer haut et fort : ‘nous ne sommes pas condamnés à choisir entre la Jungle et sa destruction’. Nous refusons de réduire la France à des barbelés et à des bulldozers », écrivent-ils. Selon la préfecture 800 à 1 000 migrants seraient concernés par l’évacuation. Mais les associa-
Des milliers de migrants vivent dans la «jungle de Calais» (Getty)
tions humanitaires actives sur le terrain avancent le chiffre de 3 450. La préfète dit vouloir tout faire « pour éviter le recours à la force publique ». Bernard Cazeneuve promet « un processus progressif par la persuasion ». Depuis 4 mois, près de 2 700 migrants ont déjà été orientés vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) assure la place Beauvau. « L’objectif » avait alors expliqué Bernard Cazeneuve « consiste à offrir aux migrants un temps de répit
au cours duquel ils pourront bénéficier d’un accompagnement et reconsidérer leur projet de migration vers le RoyaumeUni ». Peu de solutions pour les migrants
Les migrants de « la Jungle » Sud auront 2 possibilités : soit rejoindre le centre d’accueil provisoire, inauguré en janvier, qui peut accueillir 300 personnes, soit aller vers l’un des 102 centres d’orientation dispersés en France. Ces propositions sont insuffisantes pour
les associations humanitaires. « N’ayant pas renoncé à leur projet de rejoindre l’Angleterre, les migrants ne veulent pas quitter Calais » selon Vincent de Conink, bénévole au Secours Catholique. D’après un bilan réalisé fin janvier par l’Office français de l’immigration, les migrants orientés vers des centres de répit sont majoritairement des Soudanais, des Afghans et des Irakiens. Ce sont souvent des hommes seuls, repartis sur l’ensemble du territoire d’exception de la région Nor-pas-de-CalaisPicardie. « Des bus partent de Calais sans que des migrants sachent où ils vont atterrir. L’accompagnement n’est pas toujours en place à l’ouverture des centres » déplore Gérard Sadik, coordinateur national asile pour la Cimade. Le dossier s’annonce difficile à gérer pour le gouvernement qui veut à la fois répondre à l’exaspération des calaisiens et éviter une nouvelle pomme de discorde à gauche. o Norberto Paredes
ECOLE La ministre de l’Education en visite au Havre
en bref
En Normandie, Najat Vallaud-Belkacem découvre la machine à lire
El Khomri se ravise
n Aujourd’hui, seulement 80 % des jeunes Français de 17 ans et plus ont une bonne maîtrise de la lecture. Un chiffre que souhaite améliorer l’application « machine à lire », développée par Alain Bentolila, professeur de linguistique à l’université Paris-Descartes. Depuis bientôt un an, les élèves du Havre - ville pilote du programme l’expérimentent. Dans le cadre de son projet « l’Ecole numérique », La ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem s’est rendue sur place pour en constater les résultats pour le moins positifs. « C’est une manière pour moi de mettre l’accent sur ce qui doit être la priorité absolue à l’école, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture » déclare la ministre à Parisnormandie.fr. La machine à lire fait partie
intégrante du plan numérique annoncé par le président de la République en septembre 2014. Selon le gouvernement, à la rentrée 2016, 40% des collèges seront connectés ; 70% le seront en 2017 et 100% en 2018. Un apprentissage plus ludique
Loin des méthodes globales ou syllabiques, la Machine à lire souhaite avant tout soulager les jeunes lecteurs, pour les faire apprendre de façon plus ludique. La lecture demande de la concentration sur une longue durée, au risque de décourager l’élève. L’objectif de l’application est d’alterner les phases de simple écoute du texte et de lecture autonome. Un moyen de laisser souffler, pour donner envie de persévérer. Le programme est donc des-
tiné aux personnes sachant déjà lire mais se fatiguant vite. Il convient aussi bien aux enfants en CE1 qu’aux adultes. « Le premier constat, c’est que ça donne envie de lire aux enfants. Pour la première fois de leur vie, certains jeunes ont lu un, voire deux livres en entier. Cette machine les met en situation de réussite », assure Agnès Canayer, adjointe au maire, au site Parisnormandie.fr Pour l’avenir du concept, des améliorations sont prévues. Une meilleure interface Internet et trois niveaux de lecture seront introduits dans le système parallèlement à une augmentation du nombre d’ouvrages disponibles. D’ici la fin de l’année, 150 livres devraient être proposés avec un enrichissement prévu de 50 livres par an.
n Alors qu’elle avait émis la possibilité d’utiliser l’article 49:3 pour faire passer son projet de réforme du travail la semaine dernière, la ministre du travail a jugé cette option « ni souhaitable, ni nécessaire » ce lundi. Pas sûr cependant que cela suffise à calmer les syndicats et une partie de la gauche fermement opposés à cette réforme.
Les Anonymous devant la justice n Trois pirates de la mou-
vance des Anonymous doivent être jugés mardi 23 février à Paris pour avoir récupéré et diffusé les coordonnées de 541 policiers en 2012. Un acte motivé entre autres par l’interpellation de trois internautes en France, coupables de l’attaque du site Internet d’EDF suite à la catastrophe de Fukushima.
o Constance Bernauer
LUNDI 12 FévRIER- EXpresso - 03
europe BREXIT Duel fratricide en Grande-Bretagne à quatre mois du référendum
Quand Johnson défie Cameron
E
n politique, il ne faut jamais faire confiance à ses amis. Le Premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron vient d’en faire l’amère expérience. Son ami d’Oxford, le fantasque et charismatique maire de Londres, Boris Johnson, son allié chez les Tories a décidé de soutenir la campagne pour une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. « Je ferai campagne pour sortir de l’UE parce que je veux un meilleur contrat pour le peuple de ce pays, pour qu’il économise de l’argent et reprenne le contrôle » a -t- il fait valoir. Cette prise de position pourrait faire basculer le vote en faveur du Brexit lors du référendum le 23 juin prochain.
L’Europe vue comme une menace
Reprendre le contrôle sur une Europe jugée menaçante administrativement et en perte de vitesse économiquement, voilà l’un des slogans les plus répétés par le camp du « out ». Mais cette prise de position défendue par Johnson, alors que David Cameron a obtenu un accord avantageux pour son pays à Bruxelles ce week-end, s’apparente à un coup de poignard pour le Premier ministre en difficulté. Au sein de son gouvernement, six de ses ministres soutiennent
Boris Johnson et David Cameron (Getty Images)
un Brexit à l’instar du ministre de la justice Michael Gove qui a déclaré : « Je crois que les décisions qui gouvernent nos vies doivent être prises par des gens que nous choisissons et pouvons renvoyer si cela se passe mal ». L’étau se resserre
Pour David Cameron, l’aventure du référendum s’annonce périlleuse. Pour restaurer l’unité de son parti, et pour renforcer le poids de la Grande Bretagne dans les institutions européennes, le Premier ministre britannique avait promis un référendum à son peuple. « La question n’est pas de savoir si nous pouvons survivre
hors de l’Europe. Bien sûr, que nous le pouvons. Si l’UE est suffisamment flexible nous resterons, si elle ne l’est pas nous devrons nous poser une question très sérieuse. Est-elle pour
nous ? » avait-il déclaré. Mais à force de multiplier les phrases chocs sur l’Europe, Cameron qui ne souhaitait pas – en définitive - que son pays sorte de l’UE se trouve pris à son propre jeu. Il est pris à revers par ses amis politiques qui se révèlent être ses pires ennemis. Boris Johnson, en fin tacticien, a compris que ce référendum était peut-être la séquence politique qui lui permettrait de donner un coup d’accélérateur à sa carrière. Si le référendum est un échec pour David Cameron, le maire de Londres pourrait le remplacer au poste de Premier ministre. Et même si la GrandeBretagne vote pour le « in », il aura gagné le respect de nombreux électeurs du parti conservateur. Dans ces conditions, le duel est peut-être déjà perdu pour Cameron. o Jean-Victor Semeraro
La spécificité britannique reconnue L’accord arraché par David Cameron à Bruxelles peut être détaillé en trois points majeurs : n La souveraineté britannique est protégée : la Grande-Bretagne « n’est plus tenue par une intégration politique forte » à l’Union Européenne. n Les intérêts financiers de la City sont préservés : des dispositions financières spécifiques ont été accordées aux pays qui ne disposent pas de l’euro comme la Grande-Bretagne. n La politique sociale du Royaume-Uni n’est plus liée à l’Europe : Londres pourra réduire les aides sociales versées au nouveaux arrivants européens sur son territoire.
La France plaide pour plus d’intégration européenne n La perspective d’un Brexit
angoisse les dirigeants européens. Vendredi 19 février, peu avant l’accord conclu avec le Royaume-Uni au sommet de Bruxelles, François Hollande appelait à éviter la « dislocation » d’une Europe divisée par la menace d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. « Si les Britanniques veulent sortir, je le regretterais pour l’Europe, pour la GrandeBretagne, pour la France mais j’en prendrais acte », a-t-il ajouté. De son côté, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi s’est contenté d’un commentaire désenchanté à l’issue du sommet européen, jugeant nécessaire de parler de l’avenir de l’Europe dans son ensemble « parce qu’il y a un risque qu’on perde de vue le rêve européen originel ». Quant à Angela Merkel, elle a salué un « compromis
04 - EXpresso - lundi 22 février
équitable ». « Nous sommes convaincus d’avoir offert à David Cameron un ensemble de mesures avec lesquelles il pourra faire campagne », a déclaré la chancelière allemande à la fin de la réunion. La France veut reprendre la main
Face au risque d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, la France milite pour davantage d’intégration. Dans une interview accordée dimanche 21 février au JDD, le nouveau ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault constate l’existence d’une « Europe différenciée ». Plus tôt, vendredi 19 février sur France Inter, François Hollande avait déjà pris acte de la nécessité d’une Europe à plusieurs vitesses : « À plusieurs pays, nous devons aller vers plus de fédéralisme » avait-il déclaré.
Le référendum britannique aura lieu en juin (AFP / Alain Jocard)
L’exécutif français tente de reprendre la main et Jean-Marc Ayrault promeut l’idée d’un « noyau dur » européen porté par la France et l’Allemagne pour « ceux qui veulent aller vers plus d’intégration ». La France défend notamment l’idée d’un gouvernement européen et d’un budget commun pour la zone euro. La relance du
couple franco-allemand pourrait notamment passer par l’harmonisation du droit d’asile, la défense, des politiques économiques et sociales plus harmonisées ou encore la politique étrangère. Angela Merkel reste pour le moment silencieuse à ces appels du pied. o Guillaume Poingt
International ITALIE L’iconoclaste Matteo Renzi
ETATS-UNIS La candidate l’a emporté dans le Nevada
Le « challenge Senders » de Clinton n Charles Voisin est confé-
rencier spécialisé en politique américaine et fondateur du pure-player le16.be. Il livre son analyse sur le duel à couteaux tirés côté démocrate.
Matteo Renzi (DR) n Le « démolisseur », comme
certains l’appellent, s’est laissé mille jours pour réformer une Italie moribonde. Au pouvoir depuis deux ans, Matteo Renzi a déjà fait parcourir à l’Italie plus de chemin qu’au cours des trente dernières années. Constitution, justice, marché du travail, fiscalité, et même union civile, rien n’échappe à celui que l’on compare souvent au Premier ministre français Manuel Valls, pour son côté jeune social-démocrate européen aux gigantesques velléités de changement.
Abolition du sénat et « Jobs Act »
Mesure phare du président du Conseil italien, la fin du bicamérisme pour plus de stabilité au gouvernement. Le nouveau Sénat perd sa qualité d’assemblée égale à la Chambre des députés. Ainsi, il ne vote plus la confiance au gouvernement ni la loi de finances. Une réforme plus large de la constitution prévoit notamment, un peu comme en France, une simplification territoriale avec la suppression de l’échelon administratif des provinces, l’équivalent de nos départements. Matteo Renzi c’est, sur le marché du travail, l’instauration du contrat unique à protection croissante en fonction de l’ancienneté. Le fameux article 18 du Code du travail qui prévoit la réintégration d’un salarié en cas de licenciement abusif est également supprimé. Renzi c’est aussi la suppression de l’impôt foncier et de la taxe d’habitation sur l’habitation principale, ainsi que la réduction de l’impôt pour les bas revenus. Seule ombre au tableau, l’union civile aux couples homosexuels. Soutenus par Matteo Renzi, certains articles du projet de loi posent problème. Le Sénat vient de repousser le vote du projet sous la pression de certains de ses alliés et de l’Église. Le seul super-réformateur qui avait promis de faire voter cette loi l’an dernier. o Mathieu Ait Lachkar
Alors qu’il avait 25 points de retard en janvier, Bernie Sanders fait une remontée spectaculaire et n’a pas démérité vendredi dans le Nevada. Doit-elle le craindre ? Bernie Sanders est un candidat sérieux depuis un bon moment même si le grand public ne le voit arriver que maintenant. Pendant les meetings en Iowa, il réunissait déjà des foules considérables. A titre comparatif, en nombre de participants, il a même dépassé à plusieurs reprises ceux qu’Obama avait donnés en 2007. Elle doit bien sûr le prendre au sérieux mais elle a néanmoins un avantage par rapport à lui : les super-délégués (une version américaine des grands électeurs en France, ndlr). Ils sont pour la plupart issu de l’establishment et votent massivement Clinton. Ce n’est pas négligeable puisqu’ils comptent pour 15% des suffrages totaux, même si ce n’est pas très démocratique. Pour la primaire démocrate, que dire du vote des hispanophones qui votent massivement Sanders et des afroaméricains, en majorité pour Clinton ? La répartition des voix des minorités ethniques semble déjà décisive…
Bernie Sanders et Hillary Clinton (AP)
Je pense que si les Noirs préfèrent Hillary Clinton, c’est tout d’abord parce qu’elle a un nom. Son vrai nom est Rodham mais elle a toujours utilisé celui de son mari. En son temps, il a toujours été très populaire dans cette communauté. Ça me rappelle une séance de questions où Bill Clinton et Georges W. Bush étaient présents. Un afro-américain avait alors pris la parole et alerté les candidats sur ses conditions de vie. A ce moment, Bush regardait sa montre et n’était pas attentif. Bill Clinton en revanche, s’est approché de lui et lui a répondu avec beaucoup d’assurance et de compassion. Cela avait été décisif pour le vote des Noirs à l’époque. Selon moi, aujourd’hui, Hillary bénéficie beaucoup de cette bonne réputation. Bernie Sanders a lui beaucoup milité pour les droits civiques quand il était à l’université de Chicago mais c’est très peu reconnu aujourd’hui. On le voit encore beaucoup comme une personne
issue d’un Etat rural et blanc (Le Vermont, ndlr). Concernant le vote des hispanophones, ils sont très sensibles au message de Sanders qui prône une refonte totale du système de l’immigration et pour une réelle considération de la communauté dans l’économie américaine.
que deux de ses membres conduisant deux voitures piégées avaient visé des rassemblements dans le quartier d’Al-Zahra à majorité alaouite, communauté minoritaire en Syrie, à laquelle appartient le président syrien Bachar alAssad. Il s’agit du bilan le plus lourd depuis octobre 2014, selon l’OSDH.
pour, selon des résultats non officiels dévoilés à la télévision. Si cette estimation, annoncée sur la chaîne de télévision privée ATB, était confirmée, il s’agirait de la première défaite politique du président bolivien, au pouvoir depuis 2006, qui avait prédit qu’il gagnerait avec 70 % des votes.
Que peut-on attendre de l’élection en Caroline du Sud le 27 février prochain et du “super-mardi” du 1er mars où 11 Etats voteront ? Je pense qu’Hillary Clinton devrait avoir une victoire et inverser la tendance après la défaite dans le New Hampshire. C’est définitivement le moment où elle doit pouvoir reprendre la main. Et pour le « super-Tuesday », ce sont beaucoup des « Etats rouges » qui vont voter, défavorables aux progressistes. Cela devrait aussi lui être profitable. o Propos receuillis par Etienne Breil
en bref Syrie : 150 morts dans une série d’attentats à Homs et à Damas n L’organisation État islamique (EI) a revendiqué un double attentat dans le quartier loyaliste d’Al-Zahra de Homs, troisième ville du pays, où 59 personnes ont péri selon l’ONG Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a fait état de dizaines de blessés. Aussi, un double attentat djihadiste a eu lieu près d’un sanctuaire chiite au sud de Damas, faisant 83 morts selon l’agence de presse syrienne Sana et 96 morts selon l’OSDH. Dans la journée, l’EI a indiqué dans un communiqué
Bolivie : Pas de quatrième mandat en vue pour Evo Morales n Le président bolivien a demandé par référendum la possibilité de modifier la constitution pour pouvoir rester au pouvoir jusqu’en 2025. Mais le non l’emporte, avec 52,3 % des suffrages contre et 47,7 %
Evo Morale (DR) lundi 22 février- Expresso - 05
ECO/CONSO
UNEDIC Les négociations entre partenaires sociaux débutent ce lundi
Nouveau bras de fer sur le front du chômage
Q
uelques jours après l’annonce du projet de loi El Khomri sur la réforme du code du travail, le gouvernement est une nouvelle fois en position d’arbitre entre les syndicats et le patronat sur la question du financement de l’Unedic. En déficit chronique depuis la crise de 2007, le régime d’assurance-chômage fait face à une dette abyssale de près de 26 milliards d’euros, difficilement soutenable selon un rapport de la Cour de comptes paru en janvier. Alors que les partenaires sociaux réunis au siège du Medef ont jusqu’à juin 2016 pour trouver un consensus, le gouvernement a d’ores et déjà mis la pression sur les négociateurs. Exhorté par Bruxelles à réaliser des économies sur le traitement social du chômage, le secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert exige une réduction drastique des indemnisations à hauteur de 800 millions d’euros. Le président de la République a donc pesé de tout son poids sur les discussions en soulignant que « la France a la durée d’indemnisation la plus longue
Les discussions sur l’assurance-chômage entre les syndicats et le patronat s’ouvrent dans un climat délétère (Le Monde)
d’Europe mais la durée de formation des chômeurs la plus courte » et en appelant à « tout faire » pour diminuer la dette de l’Unedic. Une manière de soutenir l’appel des organisations patronales à « rendre le système plus incitatif au retour à l’emploi », et d’ouvrir le débat sur les questions épineuses de la dégressivité, du montant, et de la durée des allocations chômage. Cette ingérence du gouvernement dans les discussions souligne le changement de politique de François Hollande. Ce dernier préconisait en 2014 de
faire porter l’effort de réduction des déficits de l’Unedic en priorité sur les cadres, et déclarait que « ce n’est pas au moment où il y a un taux de chômage élevé qu’il faut réduire les droits des chômeurs ». Un consensus difficile
La prise de position de l’exécutif en faveur des revendications du patronat risque de provoquer une nouvelle fois l’ire des responsables politiques de gauche, comme le secrétaire général du PCF Pierre Laurent qui dénonce « une nouvelle concession au
patronat, une folie ». D’autant que le dossier tombe au plus mauvais moment pour le président de la République. Alors qu’il a réaffirmé vendredi que sa candidature en 2017 dépendrait de l’inversion de la courbe du chômage, le nombre de demandeurs d’emploi a atteint un nouveau record en 2015 avec 3,59 millions de chômeurs en France métropolitaine. François Hollande doit également faire face aux divisions de la gauche sur le projet de réforme du code du travail. Les ministres Ségolène Royal et Jean-Marc Ayrault ont notamment relayé ce week end l’appel des « frondeurs » à revenir sur la menace du 49.3 et à rééquilibrer le texte en vue de sa présentation en conseil des ministres début mars. Dans ce contexte, il est peu probable que les syndicats acceptent d’endosser l’impopularité d’une réforme de l’assurance-chômage. Le président Hollande risque donc fort de récupérer le dossier et de devoir répondre des coupes sombres dans les prestations sociales, à un an de la présidentielle. o Maxime Jaglin
Les principales pistes d’économies n Réduire la durée d’indemnisation des séniors
Aujourd’hui, la durée maximale d’indemnisation des chômeurs de moins de 50 ans est de 2 ans, et de 3 ans pour les plus de 50 ans. Dans un rapport publié en janvier, la Cour des comptes préconise de relever ce seuil à 55 ans, pour une économie d’un milliard d’euros.
n Réinstaurer la dégressivité des allocations chômage
A partir de la moitié de la période d’indemnisation, le gouvernement a suggéré de diminuer de 25% le montant des allocations. Une proposition aujourd’hui rejetée par tous les syndicats. n Taxer les contrats précaires
Les CDD et l’intérim, toujours plus nombreux, sont les contrats les plus couteux pour l’Unédic. Les syndicats préconisent de généraliser le « malus » payé 06 - EXpresso - lundi 22 février
par certaines entreprises sur certains contrats précaires à l’ensemble de ces contrats (intérims, emplois saisonniers, CDD de remplacement). Une hausse d’un point de cotisation patronale sur les CDD et l’intérim pourrait rapporter 400 millions d’euros selon les syndicats. n Durcir les conditions d’accès à l’assurance
La CGPME propose de porter de 4 à 8 mois le délai nécessaire pour percevoir les indemnités chômage. Le seul passage à 6 mois permettrait d’économiser 1,8 milliards d’euros.
n Réduire le montrant des indemnités
Aujourd’hui, un jour de travail permet de bénéficier d’un jour d’allocation chômage. Diminuer ce bénéfice permettrait d’économiser 1,2 milliards d’euros. Autre piste : diminuer de 1% le montant des alloca-
800 millions d’euros à trouver (LesEchos)
tions chômage, qui représentent entre 57% et 75% du salaire auparavant perçu. Cela économiserait 422 millions d’euros. n Accélérer les formations
Patronats et syndicats demandent de faciliter l’accès
aux formations. Aujourd’hui en effet, un chômeur sur deux retrouve un poste après une formation, un taux de réussite qui monte de dix points lorsque la formation est ciblée. o Jeanne Fremin du Sartel
MEDIAS L’ombre de LVMH plane sur la presse
Ruffin brave la censure avec son « Merci patron ! »
L
e réalisateur de « Merci Patron ! » en salle ce mercredi 24 février, a été désinvité par Europe 1… Avant d’être rappelé après une levée de bouclier de la part du Syndicat National des Journalistes (SNJ). Pourtant, ce n’est pas la première fois que François Ruffin se heurte à une forme de censure de la part des médias. Et pour cause, sa comédie-documentaire tourne en ridicule Bernard Arnault, patron de LVMH et de plusieurs entreprises de presse. Europe 1 avait invité le journaliste/réalisateur à l’émission de Frédéric Taddeï, le « Social Club ». Mais la direction de la radio s’en mêle et annule. Argument avancé : le format du « Social Club » ne permet pas un débat jugé nécessaire. Peu convainquant pour les internautes et le SNJ qui n’ont pas tardé à faire le rapprochement entre cette exclusion et Bernard Arnault, l’un des plus gros annonceurs publicitaires de la presse magazines et des titres du groupe Lagardère. En effet, le patron de LVMH est sans contexte tourné en ridicule dans cette comédie-documentaire qui montre un couple, licencié du groupe LVMH, après une délocalisation, essayer de survivre avec 400 euros mensuels. Après cette tentative de censure, le SNJ a envoyé une lettre au Ministère de la Culture et au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour dénoncer le manque d’indépendance des médias : « Détenue
en bref
La valse des PDG de Vivarte n Pour la troisième fois en
quatre ans, le géant du prêt-àporter Vivarte va changer de PDG. Presque un an après avoir supprimé 1600 postes et fermé plus de 200 enseignes comme La Halle, André et Kookaï, Stéphane Maquaire jette l’éponge. La dette du groupe avoisine les 1,3 milliard d’euros.
TTIP : les négociations perturbées
François Ruffin, journaliste à France Inter (DR, SudOuest) par les principales fortunes de ce pays, l’information souffre d’un terrible manque de pluralisme. » s’insurge le syndicat. Dans la foulée, François Ruffin a été réinvité sur Europe 1 et sera reçu 10 minutes par Jean-Michel Apathie mercredi, jour de la sortie du film. « Un sujet qui pose problème » Ce n’est pas le seul cas de censure qu’a dû affronter le réalisateur. Dans une interview à Metronews, il confiait : « Aux projections presse, j’ai bien senti que le sujet dérangeait. Un journaliste du Parisien est venu voir mon attachée de presse pour lui dire qu’il adorait le film mais qu’il n’écrirait pas une ligne dessus. » Idem pour une journaliste des Echos qui a vu le film. Coïncidence : les deux titres sont détenus par le groupe LVMH.
Les Interviews sont donc annulées ou renvoyées aux calendes grecques. Les grands médias sont frileux à accorder une tribune au rédacteur en chef de Fakir, dont les lecteurs ont financé « Merci Patron ! » faute de ne rien recevoir du CNC (Centre National du Cinéma). Le collectif Acrimed (Action Crtique Média) va jusqu’à soupçonner « des liens personnels entre milliardaires comme nous le prouvent les censures successives de M. Bolloré » pour comprendre ces déprogrammations successives. Qu’à cela ne tienne, François Ruffin se veut optimiste « les petits réseaux font les grandes rivières » clame-t-il avant de rappeler que lui, et ses lecteurs ne sont « pas des victimes, mais des conquérants ». o Elodie Rabelle
HIGH-TECH Les télécoms réunies pour préparer l’internet de demain
A Barcelone, la guerre de la 5G est déclarée n Le Mobile World Congress (MWC), la grand-messe de l'industrie des télécommunications, a ouvert ses portes ce matin à Barcelone. Pendant quatre jours, la capitale catalane va accueillir une myriade d’opérateurs, venus des quatre coins du monde. Parmi les sujets brûlants de cette édition 2016, la 5G est sur toutes les lèvres. Car cette innovation représente la prochaine génération de réseau internet, et entend répondre aux besoins exponentiels d’un débit toujours plus rapide. En effet, la multiplication des objets connectés dans notre vie quotidienne (voitures, drones,
ECO/CONSO
montres, tablettes) menace d'encombrer les réseaux actuels, qui deviendront trop lents pour fonctionner correctement. A terme, la 5G a donc une mission : faire communiquer entre eux les objets connectés, et ce, cent fois plus rapidement qu’avec la 4G actuelle. Un enjeu commercial de taille Les grands acteurs du marché sont donc en train de se livrer une véritable course à l’innovation. Aux Etats-Unis, AT&T, T-Mobile et Verizon sont en pleine phase de recherche et dépensent des fortunes (50 milliards de dollars par an chez Verizon) pour être
les premiers à développer cette technologie. En Asie, Fujitsu et Samsung sont eux aussi dans la course, surtout depuis que la Corée du Sud a débloqué une aide de 1,5 milliard de dollars pour rendre disponible le réseau 5G dès les Jeux Olympiques d’hiver 2018. En France, alors que les opérateurs ont encore du mal à fournir un réseau 4G digne de ce nom, Orange a d’ores et déjà lancé des essais sur la commune de Belfort. Pour autant, le lancement commercial de la 5G n’est pas attendu en France avant 2020, comme dans le reste de l’Europe. o Adrien Marchais
n Ce lundi 22 février, les négociations autour du TTIP (ex-TAFTA), qui devaient reprendre à Bruxelles, ont été troublées par l’association écologiste Greenpeace. Dans la matinée, les manifestants ont bloqué tous les l’accès, et installé une banderole sur la façade de l’immeuble. Cette semaine, les négociations concernent l’ICS (Investment Court System), un système permettant aux entreprises d’attaquer les Etats, si leurs intérêts ont été bafoués.
Augmentation du prix des cigarettes n Invitée dimanche 21 février
du Grand Jury sur RTL, Marisol Touraine a évoqué la possibilité d’une augmentation « forte et significative » du prix du paquet de cigarettes, d’ici la fin du quinquennat. La prochaine étape après le paquet neutre en mai 2016, serait un prix fixé à 10 euros. Une mesure qu’il faudrait mettre en place « le plus vite possible » selon la ministre de la Santé.
Des taxes pour les pétromonarchies n Reconduite vendredi 19 février à la tête du Fonds Monétaire International, Christine Lagarde n’a pas perdu de temps et a conseillé dès le 22 février, aux pétromonarchies du Golfe d’introduire des taxes. Lors d’un forum à Abou Dhabi, elle a alerté que les prix du pétrole risquaient de rester bas « pour une période prolongée ». L’objectif est de réduire la dépendance de ces pays aux revenus pétroliers et les encourager à développer d’autres secteurs d’activités.
Espresso quotidien
Institut Français de Presse, Paris II 92 rue d’Assas 7506 Quotidien école M1. Février 2016. Directeur de la publication : Jean-Baptiste Legavre. Sous la direction de Françoise Fressoz, rédacteur en chef et éditeur en chef, Fabien Rocha. Ont participé à ce numéro : promotion IFP 2017.
lundi 22 février- Expresso - 07
Culture Reportage L’ancien repère d’artistes des années 20 rouvre grâce au mécénat
Villa Mobile à Montparnasse
D
errière le bruyant tunnel au pied de la tour Montparnasse, un havre de paix conserve son silence villageois. Mercredi 16 février, seuls les pas pressés des visiteurs viennent troubler le calme qui règne à la Villa Vassilief, 21 bis avenue du Maine. Haut lieu du Montparnasse des années 20 qui vient de rouvrir pour la Saint Valentin, on y tient ce soir là la première conférence « intimiste » autour de l’exposition « Groupe mobile ». Un évènement organisé par l’équipe à la tête de cet ambitieux projet, dont la direction est assurée par Mélanie Bouteloup, issue du prestigieux centre d’art Bétonsalon. Revisiter le fond Marc Vaux
La discussion tourne autour de la pierre angulaire de cette réouverture, le photographe Marc Vaux, artiste multi-facettes qui a immortalisé son travail sur plus de 250 000 plaques de verre. Il faudra un travail monstre (un budget de 350 000 euros, pour une numérisation de 18 mois à deux ans) pour révéler ce patrimoine d’archive en or. « Marc Vaux se faisait un devoir presque militant d’aller photographier les œuvres, devenues mythiques, dans les ateliers » analyse Didier Schuman, conservateur attaché au musée national d’art moderne, Bibliothèque Kandisky. « On vient de se lancer, la
La cour entièrement rénovée de la Villa Vassilieff (Pernod Ricard)
logistique n’est pas encore au point… » plaisante Mélanie Bouteloup au sujet du manque de chaises. Une cinquantaine de personnes s’entasse dans le salon de conférence au premier étage, certains chanceux ont pu accéder aux canapés crèmes qui illuminent cet espace déjà tout en clarté. Mise en abîme d’ateliers d’artistes sur papier peint, plantes disséminées sur les étagères, tout dans la décoration est fait pour attirer l’œil curieux qui, au détour d’un regard, tomberait par hasard sur un détail minutieusement placé. Didier Schuman s’adresse à l’équipe « C’est assez émouvant et impressionnant d’être dans ce cadre que vous avez crée (…) car il s’y passe quelque chose au delà d’une simple exposition ». C’est l’effet res-
MEDIAS L’hebdomadaire lance un prix littéraire
Charlie Hebdo à la recherche de jeunes irrévérencieux n « Faites-vous plaisir et faites-
nous rire.» Voici l’invitation lancée sur le site du tout nouveau prix littéraire de Charlie Hebdo, ouvert le lundi 22 février, aux jeunes francophones ayant entre 12 et 22 ans. Le thème ? « Et si on remplaçait le bac par... », une question sans doute séduisante pour les auteurs en herbe qui écriront entre 1500 et 4000 signes. « On veut de la folie, de l’originalité, de l’irrévérence ! »s’est exclamé l’écrivain Iegor Gran sur France Info.
Le journal s’adresse à la jeunesse
L’enjeu est de « continuer le dialogue» avec les jeunes qui ont découvert Charlie Hebdo après les attentats de janvier, selon 08 - Expresso - Lundi 22 février
Riss, directeur de la publication de l’hebdomadaire satirique, lors d’une interview accordée au Parisien. « Il n’est pas question de laisser le monopole des lettres françaises aux sinistres» a ajouté Iegor Gran. Le lectorat de Charlie Hebdo est plus important depuis les attentats du 11 janvier : 80.000 exemplaires vendus en kiosques (contre 30.000 auparavant). Toutefois, Riss admet que « les gens se disent ‘Charlie va bien’, alors ils achètent moins ». L’hebdo satirique cherche à rajeunir son lectorat mais aussi à assurer sa relève parmi la nouvelle génération . Et ainsi préserver son héritage de satire sans limites. o Benjamin Alcaide
senti par les visiteurs, comme Léopoldine, étudiante à l’Ecole supérieure d’Architecture de 24 ans « Le mélange entre l’exposition et les espaces pour traîner, c’est un peu comme à la maison. En plus beau !» « De Montparnasse à Montparnasse »
« Nous avons fait une sélection pour mettre en mouvement l’histoire de l’art, montrer comment ses photographies peuvent être une mine d’informations » explique Mélanie Bouteloup. Pari réussi, le public est transporté dans l’ébullition artistique du début de siècle grâce aux talents de conteurs des intervenants, comme Nathan Diament, neveu du peintre J.D.Kirszenbaum qui est venu présenter l’œuvre
en bref
Verdun a 100 ans
n Les commémorations du
centenaire de la bataille de Verdun se sont ouvertes en grande pompe dimanche 21 février. L’occasion pour la ville d’annoncer la réouverture du Mémorial de Verdun, qui fait peau neuve après deux ans de fermeture. Les célébrations culmineront le 29 mai, avec la venue de François Hollande et de la Chancelière allemande Angela Merkel
Charlotte Brontë s’expose
n L’exposition sur l’auteure de Jane Eyre s’ouvre cette semaine à Londres, à la National Portrait Gallery, à l’occasion des 200 ans de la naissance de la romancière. Au milieu des effets personnels et des manuscrits, une surprise est promise : les directeurs de
familiale. Au fil de la soirée, chacun raconte l’imbrication du lieu avec son passé qui était lui, futuriste avant l’heure. La Villa ne compte plus les célébrités qui ont foulé son sol, de Giacometti à Matisse en passant par Picasso.Mais gare aux rêveries, comme l’explique Julie Martin, co-auteure de l’ouvrage Kiki et Montparnasse 1900-1930, «Montparnasse est rempli de légendes. En démêlant le vrai du faux, on s’est rendu compte que d’autres histoires se révélaient ». La directrice poursuit « Même Marie Vassilieff est passée par la mystification. On l’a décrite cantinière des peintres de l’époque alors qu’elle n’a tenu cette cantine ici que six mois ! » Un pragmatisme scientifique pour ce comité qui place la recherche en première ligne pour exposer l’histoire sans détour et inventer le futur de la scène artistique grâce à une programmation libre, incluant déjà cinéma indien ou photographie amazonienne. Du coup, lorsqu’on demande à Mélanie Bouteloup quel est l’avenir de la Villa, celle-ci reste évasive « On laisse la porte ouverte » Et préfère revenir vers cet anonyme qui est venu le matin offrir spontanément une peinture inconnue de Marc Vaux. Un patrimoine culturel mobile, à l’image de son exposition comme de ses directeurs. o Juliette Bourgeois
la Gallerie espèrent pouvoir dévoiler le visage du frère des trois sœurs, effacés de la célèbre peinture de famille. Un mystère qui suscite de nombreuses passions dans le milieu.
Sauvons le Phono Museum
n Le musée parisienoù se
mêlent gramophones, phonographes et lecteurs K7a lancé un appel aux dons sur le site de financement participatif Ulule. Ouvert en septembre 2014, ce musée privé, qui repose sur l’action de bénévoles, est aujourd’hui lourdement endetté. Seulement 7000 euros ont été récoltés sur les 30 000 euros nécessaires. Plus que 25 jours pour participer !
SPORTS JUSTICE Le volleyeur français comparait pour violences
Earvin Ngapeth, force brute
I
l fait les gros titres dans les pages sport, mais aussi dans la rubrique justice. La star du volley-ball français, Earvin Ngapeth comparaissait ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est accusé d’avoir agressé l’été dernier un contrôleur de la SNCF au départ d’un TGV Paris-Bordeaux, deux jours après la victoire historique de l’équipe de France en Ligue mondiale, et alors qu’il avait été élu MVP de la compétition. Portrait d’un joueur à deux visages. Un parcours fulgurant
Earvin Ngapeth a évolué dans un monde où le sport était maître. Son père, volleyeur international aux 200 sélections, lui a donné ce prénom en hommage au légendaire basketteur des Lakers, Earvin « Magic » Johnson. Earvin s’essaye d’abord au foot, mais très vite, il se concentre sur le volley-ball, et sa progression est fulgurante. Avec l’équipe de Tours, il remporte un titre de champion de France en 2010, puis débarque en équipe de France à tout juste 19 ans. C’est un talent à l’état pur. Un véritable « showman », capable de coups spectaculaires, comme ce geste fou, un smatch dos au filet, sur la balle de match qui offrit en octobre dernier le tout premier titre européen de l’histoire du volley-ball français à la « Team Yavbou ». Pourtant, ses
Athlétisme : Lemaître en grande forme sur 200m n Christophe Lemaitre a réalisé la meilleure performance mondiale de l’année sur 200 m en 20 sec 44/100e lors de la réunion en salle de Metz (est de la France), dimanche après-midi. Une performance rassurante, après la mauvaise impression laissée sur 60m, où il a terminé deuxième en 6’’63 après un très mauvais départ.
Serge Aurier entendu par la direction du PSG n L’international ivoirien du
Earvin Ngapeth, réceptionneur-attaquant des Bleus (AFP)
débuts en Bleu n’avaient pas été simples. En 2010, en plein championnat du monde, il est exclu du groupe pour mauvaise conduite, après une altercation avec le sélectionneur de l’époque, Philippe Blain. Le « Bad boy »
Son comportement de mauvais garçon lui joue des tours sur le terrain mais pas que. A 25 ans, Earvin Ngapeth a déjà connu des déboires avec la justice. Une rixe dans une boîte de nuit de Montpellier en 2013 lui a valu trois mois de prison avec sursis. Et puis en novembre dernier, il renverse trois piétons, dont l’un a été grièvement blessé, devant une boîte de nuit de Modène en Italie, où il évolue en club. Certes, il n’est pas parfait et
ne s’en cache pas. Le joueur, « Klima » de son nom de scène, est aussi rappeur. Dans son dernier morceau, « Ma vie n’a aucun prix », il déclare « je suis un sportif mais je ne suis qu’un homme, que personne n’oublie ça ». On trouve aussi une référence directe à « l’affaire du contrôleur »: « Désolé si je t’ai fait du mal. Qui que tu sois ».Le volleyeur sera fixé sur son sort le 4 avril prochain, date du délibéré. Le parquet a requis trois mois de prison avec sursis et 3000 euros d’amende. La procureure a jugé le réceptionneur-attaquant coupable d’entrave à la circulation d’un train, de violences volontaires et d’outrage à agent dépositaire de l’autorité publique. o Inès Lagdiri
MEDIAS Le joueur de légende Totti privé de match par son entraîneur
En football, l’amour joueur-club vieillit mal en général n Les joueurs de football fidèles à leur équipe se font de plus en plus rares. Instabilité du foot moderne, appât du gain...les footballeurs voguent au gré des tribulations des différents mercatos. Certains joueurs, comme Francesco Totti, résistent à cette tendance. Des débuts à 16 ans en 1993, 750 matchs joués, 300 buts inscrits, capitaine emblématique, Totti semble inamovible. Ou presque. Cette saison, l’idole squatte le banc des remplaçants. La faute à une concurrence féroce en attaque, aux choix de l’entraîneur, et à un rendement en berne à 39 ans. Dimanche, Totti a été écarté du groupe de joueurs retenus pour
en bref
affronter Parme. Une décision de son entraîneur Luciano Spalletti, suite aux critiques émises par le joueur à son encontre la veille. «Mon histoire mérite plus de respect de sa part» avait déclaré Totti, peiné de son faible temps de jeu. Entre des relations tendues avec son coach, et un apport moindre sur le terrain, l’avenir de Totti à la Roma s’assombrit. Un scénario classique ces dernières années
Le cas Totti n’est pas isolé. L’été dernier, Iker Casillas, gardien et capitaine du Real Madrid, a été obligé de quitter le club pour le FC Porto, ne bénéficiant plus du temps de
jeu ni de la confiance nécessaires. Steven Gerrard, capitaine de Liverpool, a suivi la même trajectoire en rejoignant la MLS, le championnat américain, pour un dernier défi. Performances déclinantes, entraîneur enclin à affirmer son autorité, joueur désireux de continuer sa passion, ou attiré par un dernier contrat juteux dans un pays exotique, autant de raisons qui poussent à des adieux prématurés. Des exceptions se produisent parfois : Javier Zanetti à l’Inter Milan, ou encore Ryan Giggs à Manchester United, ont fini leur carrière à la maison. Une rareté dans le football moderne. o Martin D‘Aboville
Paris SG Serge Aurier, mis à pied depuis une semaine par son club pour ses dérapages sur le réseau social Periscope, a « répondu aux questions de la direction», a indiqué le club lundi sur son site internet. Olivier Létang, Directeur sportif adjoint, et la Direction des ressources humaines, étaient présents. Une décision du club est attendue dans les prochaines heures.
Serge Aurier au match PSG Bastia, 8 janvier 2016 (AFP)
L’Equipe lance une plateforme de vente en ligne
n Le média a annoncé ce
lundi le lancement de l’Equipe Store, une plateforme dédiée à la vente en ligne d’articles de sport. Près de 70 000 produits seront proposés. Une occasion pour la marque «d’explorer une nouvelle forme de monétisation de son audience». 29 millions de Français ont un contact chaque mois avec la marque l’Equipe.
Dopage : Le directeur général de la fédération kényane suspendu
n Le directeur général de la fédération kényane d’athlétisme (AK), Isaac Mwangi, a été suspendu lundi pour 6 mois de toutes fonctions par la commission d’éthique de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Isaac Mwangi a été accusé la semaine passée par deux athlètes kényanes de leur avoir demandé un pot-devin en 2015 en échange d’une réduction de leur suspension pour dopage. VeLundi 22 février- Expresso - 09
Expresso
22 02 2016
# 05
portrait Le trotteur phénomène tente un pari rare
La merveille Bold Eagle
C
e dimanche 28 février, le trotteur Bold Eagle tentera un exploit inédit : remporter le Prix de Paris, troisième étape de la Triple Couronne après avoir gagné le Prix d’Amérique et le Prix de France. A cinq ans, aucun cheval n’a réussi cet exploit dans l’histoire des courses. C’est qu’il n’est pas banal Bold Eagle. La tête basse, les yeux mi-clos, il rêvasse. Rien ne semble l’atteindre. Avant le départ, il s’amuse à faire paniquer son entourage. Quelques foulées de galop devant les tribunes et ses supporters s’inquiètent d’une éventuelle défaillance de leur champion. Mais l’aigle de Vincennes ne déçoit jamais et trotte avec une facilité déconcertante.
Un physique ordinaire pour un cheval extraordinaire
Si vous souhaitez voir Bold Eagle, ne vous attendez pas à découvrir un cheval imposant. Réalisateur du documentaire Bold Eagle, le trotteur 2.0, Samuel Marchesseau explique : « Cela peut paraître surprenant à dire, mais Bold Eagle n’a rien d’impressionnant, au premier coup d’oeil. Je dirais que c’est un cheval dans la moyenne sur le plan du modèle ». A cinq ans seulement, il a remporté vingtdeux de ses vingt-cinq courses et fait gagner 1,5 million d’euros à son propriétaire. Mieux que son père Ready Cash au
Bold Eagle vise la Triple Couronne avec son fidèle driver Franck Nivard (APRH)
même âge, double lauréat du Prix d’Amérique. C’est que Bold Eagle n’est pas un roturier. Il est le fruit de l’élevage de la famille Dubois, une référence dans l’univers des trotteurs. Anthony Latapie, journaliste à Equidia souligne : « au niveau de ses origines, l’alliage des sangs américains pour la vitesse, et français pour la tenue génère une alchimie exceptionnelle. Il est tout simplement complet ». Un phénomène des réseaux sociaux
La star de Vincennes fait chavirer le cœur de ses supporters sur la piste mais aussi en dehors sur Internet. Dans le monde
expresso INSOLITEs
Une mèche qui vaut de l'or
Chat voyageur
n 35 000 dollars. A Dallas, lors d’une
n Plus de 3 600
vente aux enchères, c’est le prix qu’a payé un Britannique pour avoir « la plus longue mèche de cheveux de John Lennon jamais mise aux enchères ». Malgré le montant exorbitant, il n’a pas hésité à vider sa tirelire pour acquérir l’une des boucles châtains de la célèbre coupe au bol de l’ancien membre des Beatles et icône du mouvement hippie. Coupée en 1966 à Hambourg en Allemagne, lors du tournage du film de Richard Lester Comment j’ai gagné la guerre, la mèche rebelle de Lennon s’est toutefois vendue moins cher qu’une de ses guitares. Reste à attester de l’authenticité de cette relique chevelue pour le moins défraîchie.
05 - Expresso - LUNDIi 22 FEVRier
hippique, on aimerait que Bold Eagle permette aux courses de sortir de l’anonymat dans lesquelles elles sont désormais cantonnées. Anthony Latapie argumente : « Bold Eagle est la nouvelle star des courses. Et comme tout champion, la presse se hâte de suivre le phénomène en cours. La venue de BFM TV au Grand Prix d’Amérique et au Prix de France abonde dans ce sens. TF1, France Télévisions et d’autres médias lui ont consacré plusieurs reportages en amont de ces deux épreuves de renom ». Si les médias se sont autant intéressés au phénomène Bold Eagle, c’est en grande partie grâce à Pierre Pilarski, son propriétaire. « C’est
km les séparaient, et pourtant Kunkush le chat a retrouvé ses maîtres. Après avoir traversé la Méditerranée avec sa famille - des réfugiés irakiens -, Kunkush était arrivé sur l’île grecque de Lesbos en 2015. Mais une fois débarqué, le chat s’était enfui. Malgré leur tristesse, les maîtres de Kunkush s’étaient résignés à poursuivre sans lui leur route vers la Norvège. C’était sans compter sur la mobilisation des internautes, qui ont réussi à réunir Kunkush et sa famille, trois mois après leur séparation.
lui qui a contribué à médiatiser Bold Eagle en alimentant les réseaux sociaux via son compte Twitter, en offrant gratuitement écharpes, portes-clés, casquettes, polos et autres goodies à l’effigie du crack aux supporters, de plus en plus nombreux à venir sur les hippodromes » confie le réalisateur Samuel Marchesseau. Alors si Bold Eagle ne sauvera peut-être pas les courses de leur déclin, il tentera dans le Prix de Paris de terminer en beauté son meeting d’hiver. Il se murmure dans les travées de Vincennes que le cheval est resplendissant au travail. Cela promet pour dimanche. o Jean-Victor Semeraro
Un cambioleur trahi par un accordéon. n C’est ce qu’on appelle faire une entrée
fracassante. Après avoir bu quelques verres de trop, un cambrioleur, entré par effraction chez un musicien professionnel, a trébuché sur son accordéon. Le bruit de l’instrument a logiquement réveillé le propriétaire du lieu et a mis le voleur en fuite. Peu discret mais aussi peu véloce, le malfaiteur a été vite rattrapé par la police. Sorti de prison dix jours plus tôt, le malfrat a été condamné à huit mois de prison. Selon le parquet, c’est une dépendance à l’héroïne qui a poussé le jeune homme à récidiver. Pour sa défense, celui-ci a confié ne « jamais [avoir] fait une seule bêtise à jeun ».