EXPRESSO QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2016
10 01 2016
L’ESSENTIEL FRANCE
La gauche donne le coup d’envoi de sa primaire
P.2
n Le comité d’organisation table sur 2,5 millions de participants
FRANCE
P.3
# 05
A Détroit, le secteur automobile affiche son optimisme
La crise de l’auto dans le rétro
Trop de handicaps pour les diabétiques
n Une pétition a été
lancé pour dénoncer les discriminations à l’embauche qui frappe les malades
INTERNATIONAL Erasmus fête ses 30 ans
P.5
n Depuis 1987, le
célèbre programme d’échange européen a changé la vie de 3,3 millions d’ étudiants
ECO
Un faucheur de chaise devant la justice
P.7
n Le procès d’un mili-
tant qui avait volé des chaises pour dénoncer l’évasion fiscale pratiquée par les banques s’est ouvert lundi 8 janvier
SPORTS
P.9
(DR Eurosport)
Reportage au coeur des ultras parisiens
Les principaux constructeurs ont rendez-vous dans la ville qui avait symbolisé leur chute (Béatrice Spes/Flickr) n Comme le souhaitait
le président du club, Nasser Al-Khelaïfi, les supporters emblématiques sont de retour au Parc des princes, et l’ambiance aussi
n Le salon de l’automobile de Détroit le marché asiatique et les constructeurs
marque la reprise du marché mondial. Les scandales qui ont marqué des constructeurs comme Wolkswagen s’atténuent, la demande est dopée par
se tournent vers les nouvelles technologies. Dans ce contexte porteur, les marques françaises tirent moyennement leur épingle du jeu PAGE 6
FRANCE GAUCHE A douze jours du scrutin, les modalités de la primaire se précisent
Le PS joue son va-tout
n Le président du Comité
national d’organisation de la primaire, Christophe Borgel, a présenté lundi 9 janvier les modalités du vote des 22 et 29 janvier. Bureaux de vote, volontaires, conditions d’inscription, à 12 jours du premier tour, les organisateurs tablent sur une participation d’environ 2,5 millions de personnes.
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530, c’est le nombre de bureaux de vote qui seront installés sur l’ensemble du territoire français, Outre-Mer inclus. C’est un peu moins que lors de la primaire de 2011, qui avait concentré 9 425 bureaux. Christophe Borgel, chargé d’organiser la compétition, justifie cette baisse par « la qualité du maillage mis en place ». Le parti s’est basé sur la participation constatée en 2011. Mais depuis, la gauche a perdu de nombreuses élections, il a fallu s’adapter. « Certains endroits ont subi de lourdes défaites électorales, donc il y aura forcément moins de bureaux et de volontaires à ces endroits », justifie le député socialiste. En ce qui concerne les Outre-Mer, des bureaux ont été prévus, contrairement aux dernières rumeurs. Mais des doutes subsistent pour la Polynésie et Saint-Martin où « les modalités sont encore à boucler ». A Wallis-et-Futuna, aucun bureau ne semble pour l’heure en place. La participation y avait été particulièrement faible il y a six ans. Les Français de l’étranger sont quant à eux déjà 16 000 à s’être inscrits au vote électronique. Ils n’étaient que 6 900 en 2011, mais plus de
Rachid Temal et Christophe Borgel lors de leur conférence de presse, hier. (Photo Sophie de Ravinel)
50 000 lors de la primaire de la droite et du centre. Optimisme sur le nombre de volontaires
Le PS a beau connaître une fuite des militants, les organisateurs misent sur la présence d’entre 35 000 et 40 000 volontaires pour tenir les bureaux de vote : « Je suis assez confiant sur ce point-là », estime Christophe Borgel, pour qui cinq à six personnes sont nécessaires pour tenir un lieu de vote. Les estimations de participation sont sans cesse revues à la hausse.
Jusqu’à présent, le Premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis tablait sur 1,5 million de votants. Désormais, l’organisateur escompte 2,5 millions de participants. Avec de nombreuses inscriptions sur les listes électorales à la fin de l’année 2016, les signaux sont positifs. Des estimations qui restent néanmoins inférieures à la participation constatée lors de la primaire de la droite en novembre dernier. Plus de 4,2 millions de Français s’étaient déplacés au premier tour et 4,5 millions au second.
Qui peut voter? Tous les Français inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2016 peuvent voter au scrutin des 22 et 29 janvier. Les électeurs enregistrés en 2016 doivent, en plus d’une pièce d’identité, présenter un récépissé justifiant leur inscription. Pourront également voter les personnes dont la majorité intervient entre le 1 er janvier 2016 et le 22 avril 2017, veille du premier tour de la présidentielle. Enfin, tous les adhérents de plus de 16 ans des partis co-organisateurs de la primaire sont habilités à voter pour leur candidat.
Des comptes à l’équilibre
Contrairement à la primaire de la droite et du centre où l’on payait deux euros, les votants donneront un euro à chaque tour. Pour le président du Comité d’organisation, « ce n’est pas pour avoir des moyens supplémentaires en vue de l’élection présidentielle ». Le sous-entendu concerne le candidat François Fillon, qui pourra réinjecter dans sa campagne les quelques huit millions d’euros de surplus, après une forte participation en novembre. « La différence avec la droite est que nos comptes sont à l’équilibre et que nos finances sont saines. L’objectif n’est pas de faire payer davantage les électeurs », justifie Christophe Borgel. A moins de deux semaines du premier tour, l’intérêt suscité par la campagne reste relatif. La Belle Alliance populaire mise sur les trois débats télévisés organisés d’ici le premier tour pour réveiller les électeurs. o Margaux Boddaert
DROITE Le candidat de Debout La France prétend incarner seul le gaullisme
Nicolas Dupont-Aignan cherche sa troisième droite n Nicolas Dupont-Aignan est
sur la corde raide. Le candidat souverainiste de Debout La France a présenté lundi 9 janvier ses vœux à la presse. Il croit à un espace entre François Fillon et le Front National. « C’est aux vingt millions d’abstentionnistes que je veux m’adresser », a asséné Nicolas Dupont-Aignan, visant les électeurs ne voulant ni du « piège FN, parti du système », ni du fillonisme. En s’affirmant « gaul02 - EXPRESSO - MARDI 10 JANVIER
liste et chrétien », François Fillon s’est attiré les foudres du député de l’Essonne qui tente de lui reprendre l’étiquette du candidat gaulliste : « Fillon, c’est le programme le plus con de l’Histoire de la droite ! » s’exclamet- il. La bataille des gaullistes
Derrière cette injure, Nicolas Dupont-Aignan tente de faire passer le vainqueur de la primaire pour un libéral anti-
gaulliste : « J’entends qu’on va détruire la Sécurité sociale, une grande œuvre gaulliste » dénonçait-il le 7 décembre dernier à la Mutualité. François Fillon, avec son pédigrée souverainiste (il était un fidèle de Philippe Séguin), complique la tâche de Nicolas Dupont-Aignan. Ni lui, ni Henri Guaino ne parviennent à justifier l’émergence d’une voie purement gaulliste entre le candidat de droite et Marine
Le Pen. Pour se faire entendre, NDA est donc tenté de jouer la carte du candidat hors-système à l’instar du leader de La France Insoumise: « Mélenchon est une rupture qui pourrait être intéressante, mais qui partirait dans le décor tant elle est démagogique », affirme-t- il. S’il revendique cent trente ralliements de la droite et du centre, il peine à financer sa campagne, ce qui fragilise sa candidature. o Thibault Lambert
FRANCE SANTE La maladie est un facteur de discrimination sociale
Piqûre de rappel pour la défense des diabétiques
L
a Fédération française des diabétiques (FFD) et l’Association des jeunes diabétiques (AJD) ont lancé ce lundi 9 janvier une pétition en ligne dénonçant les discriminations en France à l’égard des diabétiques. Les quatre millions de personnes atteintes par cette maladie ne peuvent exercer un certain nombre de métiers comme ceux de marin, policier ou encore hôtesse de l’air. « Cette pétition montre les barrières mises à des gens qui en veulent. La vie leur donne une maladie, la société, une discrimination ». C’est par ces mots que Karen Choleau, codirectrice de l’AJD a manifesté sa colère. La FFD et l’AJD invoquent « des représentations erronées et la méconnaissance de la maladie ». Les risques sont réels, reconnaît Morgan Ruault, convoyeur de 22 ans au Bourget (Seine-Saint-Denis). « Lorsque tu fais des métiers physiques, comme bagagiste, où tu es pris par le temps et la pression, des vertiges et des gros coups de pompe peuvent arriver ». La dirigeante le rappelle : « L’idée n’est pas d’ouvrir à toutes les professions. Mais certaines interdictions comme pour la SNCF et la Sécurité Sociale sont anciennes, d’où l’idée d’un cas par cas ». Des innova-
Un faucheur de chaises à la BNP au tribunal n Le procès de Jon Palais s’ouvre ce lundi au tribunal correctionnel de Dax. Ce militant avait volé 14 chaises dans une succursale de la BNP en 2015 pour dénoncer « l’évasion fiscale » pratiquée par la banque. Il risque cinq ans de prison pour « vol en réunion » et 75 000 euros d’amende, il sera défendu par l’ex-leader EELV devenue avocate, Eva Joly.
Balkany avoue avoir détenu des comptes offshore n Poursuivi pour «blanchi-
5000 internautes ont déjà signé la pétition de la FFD. (Getty Images)
tions permettent aujourd’hui un contrôle plus précis et régulier du patient, réduisant les risques. « Il faut donc réviser certaines réglementations en tenant compte de ces évolutions thérapeutiques », plaide Karen Choleau. « Avec les technologies, je peux faire n’importe quel métier, mon injection avant chaque repas réduit presque à néant la moindre complication », fait valoir de son côté Morgan. Un appel lancé aux politiques
Gérard Raymond, président de la FFD invite les représentants politiques à prendre des mesures concrètes, alors que la législation ostracise près de 15 % de la population atteinte du diabète. Lui aussi préconise l’évaluation
au cas par cas en estimant que cette méthode n’entraînerait pas de bouleversements majeurs ni de coûts budgétaires trop importants. « 2500 cas par an de diabète de type 1, le plus rare, sont recensés. Parmi eux, seule une poignée choisiront potentiellement des métiers à risques. Idem pour les diabétiques type 2 », ajoute-t-il. En pleine primaire socialiste et à quelques mois de la présidentielle, le timing de la pétition ne doit rien au hasard. « Ceux qui aspirent aux plus hautes fonctions doivent modifier les textes », presse le président de la FDD. Il espère que sa pétition, déjà signée par plus de 5 000 internautes, fera mouche. o Walid Kachour
Des objets connectés pour les patients Award », une sorte d’Oscars pour l’high tech, la start-up française n’est pas la seule à vouloir réduire les contraintes des diabétiques. Depuis 2015, Diabeto permet de connecter son dextro à son smartphone et ainsi de se constituer un véritable carnet de suivi sur une application mobile dédiée. DR
n En finir avec les piqûres de
contrôle de glycémie que quatre millions de diabétiques français doivent s’infliger chaque jour, c’est l’ambition de la startup tricolore PKVitality qui a présenté sa montre connectée K’Track le week-end dernier au salon de l’électronique CES de Las Vegas. Des capteurs sous le cadran de la montre permettront d’analyser le taux de sucre présent dans le sang. « C’est comme une langue qui goûte la peau et l’analyse du point de vue chimique », a expliqué Luc Pierart, le fondateur de l’entreprise, aux caméras du Parisien TV. Le taux de glycémie s’affichera directement sur l’écran tactile de l’appareil. Commercialisé dès 2018, cette montre sera vendue au prix de
EN BREF
La K’Track est prévue pour 2018.
149 euros mais il faudra également prendre en compte le renouvellement mensuel de la capsule d’analyse qui coûtera 99 euros l’unité. Selon les créateurs, cela équivaudrait au prix du dispositif actuel de piqûres. Récemment récompensé par un prestigieux « Best of Innovation
Bientôt des lentilles de contact
Mais l’innovation la plus attendue reste les lentilles de contact pour diabétiques que Google prépare actuellement. Même si aucune date de sortie n’est encore prévue, elles devraient permettre aux malades de suivre leur taux de glycémie en temps réel, en plus de corriger leur vision. o Valentin Le Roux
ment de fraude fiscale aggravée», le député-maire de Levallois-Perret a, d’après les révélations du Journal du Dimanche, reconnu détenir des comptes offshore ainsi qu’être le propriétaire de la villa Serena à Saint-Martin lors d’une audition le 5 octobre 2016, tout en assurant qu’il s’agit de l’argent appartenant à sa famille.
Patrick Balkany (photo AFP)
Des lits pour les SDF à l'Hôtel-Dieu n L’association Droit au loge-
ment (DAL) a obtenu la mise à disposition d’une trentaine de lits d’hébergement à l’HôtelDieu à Paris. Après cinq jours d’occupation d’une aile désaffectée par des sans-abris, le directeur de l’AP-HP Martin Hirsch accepte de concéder l’aile Saint-Côme, qui sera gérée par l’association Aurore, jusqu’en mars.
17 interpellations dans l’affaire Kardashian n Quatorze hommes et trois
femmes ont été interpellés en Ile-de-France, lundi 9 janvier, dans le cadre de l’enquête sur le braquage de Kim Kardashian dans un hôtel parisien en octobre dernier. Avec un butin estimé à neuf millions d’euros, ce braquage spectaculaire de constitue le plus important vol de bijoux commis sur un particulier en France depuis plus de 20 ans.
MARDI 10 JANVIER- EXPRESSO - 03
INTERNATIONAL
IRAN Avec la mort de Rafsandjani, les modérés perdent un allié de poids
Deuil national avant la présidentielle
C
’est un coup dur pour Hassan Rohani, à cinq mois de l’élection présidentielle. Le Président iranien, qui remettra son mandat en jeu le 19 mai prochain, a perdu ce week-end un soutien précieux avec la disparition, dimanche soir, d’Akbar Hachémi Rasfandjani. Proche de l’ayatollah Khomeiny puis président de 1989 à 1997, M. Rafsandjani était ensuite passé dans le camp des modérés, au point de compter parmi les plus fervents défenseurs de la politique d’ouverture menée depuis 2013. Il n’avait pas pour autant rompu tout contact avec les conservateurs, et faisait office de dernier pont entre les deux camps, que tout semble opposer depuis l’accord sur le nucléaire de juillet 2015. Les défis de l’ouverture iranienne
En échange de l’abandon de son projet de nucléaire militaire, l’Iran a vu, il y a 1 an, la levée d’une partie des sanctions internationales qui pesaient sur son économie depuis la fin de l’année 2006. Mais les résultats se font attendre : l’an dernier, la croissance n’a pas dépassé 1,5% et le pays compte encore 11% de chômeurs. La faute en revient notamment aux banques occidentales, qui n’osent pas s’implanter par peur des représailles de Washington : le Trésor américain impose encore des restrictions de commerce indé-
pendantes du dossier nucléaire. La campagne présidentielle devrait se concentrer sur les effets du traité. Anticipant ces critiques, Hassan Rohani attaque depuis deux semaines les conservateurs à propos de l’affaire Babak Zanjani. Cet homme d’affaires a été chargé par Mahmoud Ahmadinejad, prédécesseur de M. Rohani, de contourner les sanctions pour vendre du pétrole iranien et aurait détourné 2,8 milliards d’euros. A ce jour, seuls 600 millions ont été récupérés, et le Président a sous-entendu que le reste était retombé entre les mains des conservateurs, qui s’en serviraient pour mener campagne contre lui. o Théo Blain
Hachémi Rafsandjani et le président Hassan Rohani, lors de la 14e assemblée des experts (site officiel de M. Rafsandjani)
Yann Richard, « un accord qui n’est pas accepté par une partie de la population » La mort de M. Rasfandjani peut-elle handicaper Hassan Rohani ? Yann Richard, professeur d’études iraniennes à Paris 3 : C’est difficile à dire. Ce qui semble
certain, c’est qu’elle va amplifier et durcir les oppositions entre réformateurs et conservateurs. Mais les deux camps n’ont pas attendu sa mort pour s’opposer frontalement. L’accord sur le nucléaire va-t-il polariser la campagne ? YR : Ça dépend surtout des Américains. Trump
a promis de le remettre en question pendant la campagne, mais vu le personnage, il vaut mieux attendre le 20 janvier et après. Côté Iranien, c’est un accord qui n’est pas accepté par une partie de la population, proche des Pasdaran (les gardiens
de la révolution, qui incarnent la ligne dure des conservateurs). Cette catégorie perçoit chaque visite de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) comme une humiliation. Y-a-t-il un vrai risque de voir cet accord remis en cause en cas de victoire conservatrice ? YR: Là aussi, ça va dépendre de Trump. Les Ira-
niens sont en position de force depuis la reprise d’Alep, et on va avoir besoin des milices chiites pour reprendre Mossoul. Si les Etats-Unis remettent en cause l’accord, cela ferait de l’Iran le nouveau Cuba. L’Iran et le monde musulman en rêvent, et l’Iran est bien plus solide financièrement que Cuba.
SYRIE Vainqueur de la bataille d’Alep, il tente de s’imposer comme le seul interlocuteur légitime
La reconquête médiatique de Bachar Al-Assad
n « Vous ne pouvez pas dire
qu’une guerre est bonne. Même si elle a lieu pour de bonnes raisons, pour défendre votre pays, ce n’est pas la solution ». Dimanche, Bachar Al-Assad entamait ce qui s’apparente à une reconquête médiatique, en répondant aux questions de trois médias français (RTL, France Info et LCP) accompagnant la visite de députés français à Damas. Libre antenne à Bachar-Al Assad donc, longtemps considéré comme le nouveau bourreau du Moyen-Orient. Les propos de son interview sont distillés sur internet, où on peut désormais l’entendre s’exprimer sur différents sujets. Il s’explique sur les dégâts provoqués par la guerre qui se déroule dans son pays depuis mars 2011 (310 000 morts): « La guerre ce n’est pas une bonne solution surtout s’il y en a une autre. Mais est-ce mieux de 04 - EXPRESSO - MARDI 10 JANVIER
les laisser sous le contrôle et la domination des terroristes ? », ou sur les changements potentiels à venir à la tête des Etats du monde. Concernant Trump et Fillon, « dont la priorité consiste à combattre les terroristes », il se déclare prêt à dialoguer avec eux. Une guerre «juste» contre le terrorisme
La rhétorique d’Al Assad, dans laquelle toute opposition s’apparente au terrorisme, avance. Discours, qu’il développait déjà lors de sa dernière interview accordée à un média français, diffusée le 20 avril 2015 dans le journal de France 2 : «C’est vous qui soutenez les terroristes. Il n’y a pas de dialogue possible avec des pays qui soutiennent le terrorisme dans notre pays», avaitil affirmé face à David Pujadas. En creux, on doit comprendre
que les dégâts perpétrés par le régime d’Al-Assad depuis le début de la guerre ne sont que le fruit d’une guerre juste. La question en suspens reste celle de la nécessité d’une telle violence pour éradiquer l’Etat Islamique du sol syrien. Silence coupable sur les armes chimiques, écoles et hôpitaux attaqués, civils tués en tout désaccord avec la convention de Genève sur la guerre. Al-Assad avance désormais un nouvel argument : « Comment définir une politique envers une région si vous êtes incapables de voir, si vous êtes aveugle ? ». Autrement dit, l’occident serait incapable de donner un avis pertinent sur la situation en Syrie. Depuis la reprise d’Alep le 22 décembre donc, silence de la communauté internationale. Ni même le manque de légitimité dont pourrait pâtir le président Assad : « Vous ne pouvez pas avoir le sou-
tien populaire si vous tuez vos propres citoyens […]Toute cette histoire ne tient pas debout.» o Tom Umbdenstock
Pourparlers de paix à Astana Sous l’auspice de la Russie, l’Iran et la Turquie, des dizaines de groupes rebelles devront entamer des négociations de paix avec le régime syrien fin janvier dans la capitale kazakh. La difficulté majeure reste l’identification d’interlocuteurs légitimes et unanimes face au régime. Américains et européens seront absents de cette réunion, qui doit être une étape avant la reprise des négociations sous les auspices de ONU, prévue le 8 février.
INTERNATIONAL
EUROPE Bilan très positif pour le programme européen d’échange universitaire
A 3O ans et avec un million de bébés, Erasmus se porte bien
L
orsque Julien évoque son séjour Erasmus, la nostalgie est palpable. «C’est le genre d’aventure qui t’émancipe pour toujours » confesse l’étudiant de Sciences Po. Si le juriste a suivi deux semestres intéressants à l’université d’Edimbourg, c’est surtout l’expérience de vie passée dans un nouvel environnement qui l’a marqué. Les gens qui se baladent en kilt, l’ambiance rugby-pub, les pintes à 2 pounds, la fierté des Ecossais « à qui il ne faut surtout pas dire qu’ils sont anglais », les collocations étudiantes... Voilà ce qu’il retient de son année d’échange. « J’étais avec trois anglais et un américain, se souvient Julien. Chacun sa chambre mais on partageait la cuisine et le salon. On buvait souvent des bières après les cours. Il y en avait un qui était fan d’Arsenal. Il avait acheté un immense rétroprojecteur donc tous les week-ends, c’était match à la maison ». Un plus pour la suite des études
Des scènes dans lesquelles tout les étudiants ayant participé au programme se reconnaissent.
sociation, j’ai trouvé un travail à mi-temps dans une startup et j’ai pu y voir plus clair pour la suite de mes études. C’est un plus non négligeable ». La fierté de l’Union Européenne
Les chiffres clés du programme d’échange universitaire Erasmus (Quentin Bas/IFP)
Depuis 1987, 3,3 millions d’étudiants se sont lancés, comme Julien, dans l’aventure Erasmus. A l’époque, le réseau était composé de 11 pays. Au moment de fêter ses 30 ans ce lundi, ce chiffre a triplé. Et sur les deux générations d’étudiants ayant participé au programme depuis sa création, ceux qui regrettent l’aventure se font rares. « C’est utile à deux mille pour
cent, déclare Jean en portant un regard sur son année d’échange au King’s College de Londres. Tu sors de là avec une ouverture d’esprit incroyable. Non seulement on peut apprendre une nouvelle langue, mais il y a une dimension humaine formidable qui s’ajoute à cela. Avec le faible temps de cours et grâce aux gens que j’ai rencontrés, j’ai pu m’engager dans une as-
Le programme fait des heureux chez les étudiants, l’Union Européenne ne cache pas sa fierté. Renommé Erasmus + depuis 2014, le programme tente désormais d’attirer plus d’étudiants et de diversifier les profils. « La démocratisation de l’accès à la mobilité européenne est en marche », se félicite la député de Gironde Sandrine Doucet, qui rappelle que 35% des participants sont boursiers. Deux autres chiffres sont souvent mis en avant par les défenseurs d’Erasmus : l’amélioration de l’employabilité, l’expérience à l’étranger étant fortement valorisé sur le CV, et le nombre de couples binationaux s’étant rencontrés grâce au programme. Selon le député européen Alain Lamassoure, 1 million de bébés seraient nés de couples Erasmus. Moins de chômage et plus de bébés : Assurément, Erasmus est un succès. o Fausto Munz
Les apprentis à la recherche d’échanges européens EN BREF Démission en Côte d’Ivoire du Premier ministre
n L’apprentissage est de plus
en plus considéré comme la voie royale vers l’emploi. Pourtant, ceux qui la choisissent – un peu plus de 400 000 jeunes en 2015 – sont toujours privés de la plus belle réussite de l’Union Européenne, Erasmus. La mise en place d’Erasmus + en 2014 leur a permis pour la première fois de toucher du doigt l’expérience. Rien à voir cependant avec ce que vivent chaque année les étudiants en partant six à douze mois : la durée moyenne du séjour pour les apprentis est de seulement 28 jours. Un programme de longue durée en développement
Il y a un an, la Commission européenne a donc décidé de franchir un pas supplémentaire et a validé un programme expérimental d’échange de longue durée pour les apprentis. « Le Brexit a apporté un coup d’accélérateur à notre projet, explique dans La Croix, Antoine Godbert, ancien directeur d’Erasmus + en France et président d’Euro App’, l’association née l’été dernier qui porte
n Le Premier ministre Ivoirien
Daniel Kaplan a présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement, ce lundi, au président Alassane Ouattara. Cette décision intervient un mois après les élections législatives remportées par la coalition au pouvoir et dans un contexte de mutineries.
Un attentat en Egypte fait huit morts Les apprentis pourront bientôt rejoindre l’auberge espagnole (photographie du film de cédric klapisch «L’auberge espagnole»)
le projet. Face à la montée du scepticisme des jeunes non étudiants vis-à-vis de l’Union européenne, on s’est dit que les apprentis devaient bénéficier des mêmes avantages que les autres en expérimentant une mobilité longue en Europe ». Le projet, qui rassemble 33 centres de formation professionnelle dans douze pays, a permis à 145 aventureux, dont 75 français, de tenter l’expé-
rience depuis octobre dernier. L’obstacle principal est pour l’instant juridique, le statut d’apprenti variant selon les pays. Alors, en attendant la naissance d’un contrat d’apprentissage européen, Euro App’ fixe les échanges au cas par cas, en espérant ainsi offrir à de plus en plus de jeunes la possibilité de découvrir l’étranger. o Josephine Kloeckner
n Une attaque à la voiture
piégée a tué sept policiers et un passant au niveau d’un barrage de sécurité, ce lundi, près de la ville d’Al-Arish, dans le nord du Sinaï. Les cinq assaillants, au volant de la voiture, ont été abattus. De très nombreuses attaques visant l’armée et la police ont été commises dans le passé à Al-Arish et ses environs et ont été régulièrement revendiqués par Province du Sinaï, la branche égyptienne de l’Etat islamique (EI).
MARDI 10 JANVIER- EXPRESSO - 05
ECO/CONSO AUTOMOBILE Hausse de 1,36% des ventes de véhicules en 2015
Au salon de l’auto de Détroit, l’horizon se dégage
I
l y a tout juste quatre ans, la ville de Détroit se déclarait en faillite, touchée de plein fouet par la crise des subprimes et la perte de vitesse du marché automobile. Mais avec le rebond du secteur depuis deux ans, l’agglomération de 700 000 habitants est désormais méconnaissable. Elle a retrouvé des couleurs tout comme les constructeurs automobiles présents au salon de Détroit qui a ouvert lundi. Car le marché a surmonté la crise. C’est en tout cas ce que sous-entendent les chiffres des ventes de véhicules de 2015 en hausse de 1,36 %. Cette augmentation globale est portée par l’explosion de la demande en Asie et en Océanie où les transactions ont plus que doublé. En Europe, le pire semble derrière les constructeurs qui ont enregistré les meilleures ventes depuis 2010 avec près de 14 millions de véhicules écoulés. Cette nouvelle santé du secteur automobile fait table rase des scandales qu’ont connus les grandes enseignes comme Volkswagen il y a deux ans avec sa tricherie organisée pour tromper les tests anti-pollution. Le groupe qui devrait connaître une hausse de 3% de ses ventes en 2016 pourrait bien reprendre sa place de premier constructeur automobile mondial devant Toyota. Mais les affaires n’appartiennent pas encore au passé pour Volkswagen puisqu’un employé du groupe a été arrêté
Stand du constructeur américain Ford au salon automobile de Detroit. (Carlos Osorio / AP / SIPA)
en marge du salon de Détroit dans le cadre de l’enquête américaine sur le Dieselgate. Quand Donald Trump s’en mêle
Autre ombre qui plane sur le salon international, celle de Donald Trump qui depuis une semaine montre les crocs sur Twitter contre les chefs d’entreprises automobiles. Le nouveau président veut forcer les industriels à relocaliser aux Etats-Unis plutôt que de produire au Mexique les véhicules destinés au secteur américain. Les résultats ont été spectaculaires puisque Ford a annoncé renoncer à des investissements au Mexique. Toyota et General
Motors également. Tous ces groupes ont d’ailleurs décidé de reporter leurs financements programmés vers des usines américaines, comme l’a annoncé Chrysler ce lundi. Le groupe phare de Détroit compte par ailleurs embaucher près de 2000 personnes d’ici 2020 aux Etats-Unis. Une échéance où la voiture du futur devrait devenir réalité. Tendance voiture autonome
Car le salon de Détroit est aussi l’occasion de déterminer quelles seront les grandes tendances en matière d’automobile. Cette année, place au véhicule autonome qui devrait se
Timide relance en France
EN BREF
n 2016 devait être l’année de la
Maintien des prévisions de croissance
reprise pour les groupes automobiles de l’Hexagone. Mais le bilan provisoire du Comité des constructeurs automobiles français publié début janvier semble plus nuancé. Si PSA augmente légèrement ses ventes de 1,4%, ce chiffre est à mettre en parallèle avec les mauvais scores de Citroën dont le nombre d’immatriculations se replie de 1,1%. Et, bien que le marché soit en hausse sur le territoire, ce sont avant tout les fabricants étrangers qui profitent de ce rebond. De plus, si Renault s’en sort 06 - EXPRESSO - MARDI 10 JANVIER
mieux que Peugeot-Citroën avec une augmentation de 7,3% des transactions, la menace sur le groupe vient de l’étranger et de son partenaire Nissan. Le groupe, qui produit au Mexique depuis un demi siècle, s’inquiète des avertissements de Donald Trump. Le nouveau président souhaite établir des taxes douanières très importantes sur les véhicules provenant de son voisin du Sud. Au Wall Street Journal, Carlos Ghosn a déclaré il y a trois jours que si ces mesures étaient mises en place, le groupe devrait s’adapter.
o T.G
La Banque de France a maintenu à 0,4% sa prévision de croissance pour le quatrième semestre 2016, après une hausse de 0,2% au troisième trimestre.
n
Remaniement chez Engie L’énergéticien Engie a annoncé le départ de Sandra Lagumina, l’une des directrice générale adjointe du groupe, un an seulement après sa no-
n
voir attribuer les lauriers de cet événement, notamment grâce aux recherches de Google. Avec l’entreprise Waymo rattachée au groupe de Larry Page, le géant d’internet souhaite se positionner comme un fournisseur de technologies autonomes et embarquées. La start-up a déjà décroché un premier accord avec Chrysler et présente à Détroit un monospace qui peut se passer totalement de conducteur. Un signe que le marché de l’automobile est en pleine reconversion et a déjà oublié les sombres périodes de crises, pourtant pas si lointaines. o Thibaut Godet
mination. Promue à l’origine par Isabelle Kocher, cette dernière semble vouloir remanier la direction de la firme afin de faire face au plan de réorganisation en trois ans qu’elle a prévu.
Le chômage européen est stabilisé n Le taux de chômage est res-
té stable dans la zone euro, au alentour de 9,8%, selon l’Office européen des statistiques, Eurostat. Il s’agit du taux le plus faible enregistré depuis juillet 2009.
ECO/CONSO GAFA L’iPhone, une prothèse humaine en devenir
L’iPhone en 4 dates
Smartphone, dix ans de révolution n Depuis dix ans il révolutionne notre quotidien et nous accom-
pagne du réveil jusqu’au coucher. Le 9 janvier 2007, la firme Apple présentait son premier smartphone. Depuis, plus d’un milliard d’iPhones ont été vendus dans le monde. Ce téléphone intelligent et tactile ne se contente plus seulement d’être un moyen de communication. Il nous informe, nous divertit et nous maintient en permanence connecté au reste du monde. Une petite machine adoptée par plus de 70 % des Français. Chaque jour, l’institut Deloitte Global estime que nous regardons plus de 900 millions de fois à notre smartphone. Et ce dès le matin : 16 % y accèdent dans les cinq premières minutes de la journée. Les smartphones participent sans aucun doute à l’amélioration de notre quotidien. « Mais en plus de nous rendre quantité de petits services, comme la recherche d’un restaurant à proximité, ils
déchargent notre mémoire et l’externalisent », explique JeanMichel Besnier, professeur de philosophie et chercheur au CNRS. La technologie, souvent présentée comme neutre, est en réalité formatée et suit des logiques opaques et discriminantes. Nos traces de navigation sont utilisées pour cibler et marketer au mieux nos profils de consommateurs. « Nous sommes de plus en plus amenés à interagir avec une machine qui entrave nos
libertés individuelles, en particulier celle du droit au respect à sa vie privée », indique l’universitaire. Vers le transhumanisme
Au-delà de l’atteinte à nos petits secrets, les technologies amoindrissent nos capacités intellectuelles. « En externalisant notre mémoire, nous fragilisons notre cerveau. Si par exemple vous perdez votre mobile sur lequel vous avez enregistré votre liste de contacts, vous devenez dès lors amnésique », constate Jean-Michel Besnier. Contrairement à ce que la doxa affirme, le mobile n’améliore pas les relations entre les humains. « L’ère de la communication de signes laisse place à une nouvelle ère de transmission de signaux où
les individus se renferment sur eux-mêmes et deviennent des machines », analyse le chercheur. Le smartphone est-il un pas supplémentaire vers une société transhumaniste ? « Si nous n’en sommes pas encore arrivés au stade rêvé par ces religieux, qui imaginent un monde où l’homme serait cyborg – mi-humain, mi-machine – et où notre mobile serait directement transplanté sur notre cerveau, notre téléphone peut d’ores et déjà être considéré comme une prothèse externe du corps humain », annonce Jean-Michel Besnier. Une prospective à laquelle Steve Jobs ne s’attendait certainement pas. o Carole Sauvage
IMPÔTS Dispense de peine requise pour un « faucheur de chaises »
Désobéissance civile contre l’évasion fiscale n Football Leaks, Luxleaks,
Panama papers, Jérôme Cahuzac, HSCB, les affaires d’évasion fiscale explosent, entraînant une forte mobilisation de la société civile. Pas moins de 24 organisations se sont rassemblées à Dax, lundi 9 janvier, pour soutenir Jon Palais, en procès le jour même pour « vol en réunion ». Un rassemblement, qui fait de son procès le symbole de la lutte citoyenne contre la fraude fiscale perpétrée par les multinationales. Le « faucheur de chaises » risque 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende pour avoir dérobé 14 chaises dans une agence BNP Paribas à Paris, en octobre 2015. « Rendez les milliards, nous rendrons les chaises » est le mot d’ordre de cette désobéissance civile. Tout a commencé le 12 février 2015 au lendemain des révélations de fraude fiscale commise
Les faucheurs de chaises de Lyon, le 9 novembre, réquisitionnant des chaises de la banque HSBC (Bruno Amsellem / Libération).
par la banque HSBC. L’association basque Bizi lance alors le concept de « réquisition citoyenne de chaises » dans une agence HSCB de Bayonne. Dans la foulée, une multitude d’associations multiplie des actions du même type en France.
Un ras-le-bol général
Ces opérarions collectives comptent s’appuyer sur une mobilisation de l’ensemble de la société. Depuis le 1er janvier 2017 les frais bancaires flambent, l’évasion fiscale est estimée entre 60 et 80 milliards
d’euros pour la France. Autant de milliards qui manquent dans les caisses de l’Etat et autant de pertes compensées par une participation toujours plus lourde du citoyen. Ces manifestations comptent aussi mobiliser les politiques accusés de ne pas prendre assez de mesures efficaces contre la fraude fiscale. Il n’est pas neutre qu’Eva Joly, députée européenne Europe Ecologie Les Verts, ait décidé d’être l’avocate de Jon Palais. Yannick Jadot (EELV) et Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), dénoncent eux aussi le « pantouflage » entre banques et cabinets ministériels et la « connivence grave entre banquiers et politiques ». Le parquet a requis une « dispense de peine » pour « satisfaire la société » selon le procureur de la République Jean-Luc Puyo. La décision a été mise en délibéré jusqu’au 23 janvier. o Fiona Garfagnini
MARRDI 10 JANVIER- EXPRESSO - 07
CULTURE
Coup de maître pour la fondation Vuitton
n 600 000 visiteurs pour la
collection Chtchoukine. En dix semaines, l’exposition de la Fondation Louis Vuitton intitulée « Icônes de l’art moderne » a eu un tel succès que les organisateurs ont décidé de la prolonger de deux semaines. Une démonstration de force du secteur privé dans le monde des expositions temporaires.
L
’opération est exceptionnelle. L’exposition réunit près de 300 chefs-d’oeuvre de l’art moderne, collectés par l’homme d’affaires russe et important mécène du début du XXe siècle Serguei Chtchoukine. Celui-ci, passionné par l’art français, a acquis en son temps de nombreuses œuvres de Picasso, Matisse, Gauguin ou encore Manet, Monet, Van Gogh. Or, sa collection n’avait jamais été réunie depuis 1948. Car après la révolution d’octobre en 1917, Chtchoukine émigre
et sa collection est nationalisée par la Russie devenue soviétique. D’abord conservée dans un musée de peinture moderne occidentale, elle est scindée en deux par Staline, qui détestait cet art « bourgeois » contraire au réalisme soviétique. Une partie ira au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, l’autre au musée Pouchkine de Moscou. Les tableaux seront même interdits d’exposition jusqu’à la mort de Staline en 1953. Soixante ans plus tard, la collection est reconstituée pour la première fois, même si certaines œuvres fragiles, intransportables, manquent à l’appel. D’importants moyens déployés
L’exposition doit beaucoup à la volonté d’André-Marc Delocque-Fourcaud, petit-fils de Chtchoukine qui tente depuis des dizaines d’années de réunir les œuvres acquises par son grand-père. C’est lui qui a suggéré l’idée à son ami Jean-Paul Claverie, responsable du
Martin Bureau / Le Parisien
ART Les musées publics n’ont pas les moyens de rivaliser
l’exposition Chtchoukine a déjà attiré 600 000 personnes
mécénat chez Louis Vuitton. Les musées français, contactés dans un premier temps, ne pouvaient s’offrir cette exposition, les coûts de transport et d’assurance étant très élevés. Afin d’emprunter ces œuvres, la fondation Vuitton a en effet déployé d’importants moyens. Ainsi, la restauration de L’Atelier rose de Matisse (1911), a été financée par la fondation afin que le tableau puisse quitter, pour la première fois, le territoire russe. Les subventions diminuent
Un investissement que ne peuvent se permettre les musées nationaux, pris entre leur
mission de service public et la nécessité de trouver des fonds. Ces derniers ne s’auto-finançaient qu’à hauteur de 87 % en 2014. Or, les dotations publiques sont figées. Bien qu’ils se soient désormais stabilisés, les crédits consacrés à l’ensemble des musées nationaux est passé de 322 millions à 282 millions d’euros entre 2011 et 2014. Les musées publics cherchent donc désormais à limiter le nombre d’expositions temporaires, pour valoriser davantage les collections permanentes. Laissant ainsi un boulevard aux fondations privées. o Hélène Assekour
CINEMA Les français ont le vent en poupe à Hollywood
EN BREF
Isabelle Huppert sacrée aux Golden Globes
U2 fête ses 30 ans ra une tournée en Amérique du Nord et en Europe pour les 30 ans de son tube « The Joshua Tree ». U2 passera le 22 juillet à Dublin, la ville d’origine où a été enregistrée la chanson.
n Les Etats-Unis ouvrent
David Bowie ressuscite le temps d’un dernier disque
Télérama
les bras à Isabelle Huppert. L’actrice française de 63 ans a reçu, dimanche, le Golden Globe de la meilleure actrice pour son rôle dans le film « Elle » de Paul Verhoeven, une adaptation d’un roman de Philippe Dijan. Une victoire d’autant plus marquante qu’elle était en concurrence avec Amy Adams et Nathalie Portman. La comédienne était très émue. « C’est un sentiment à la fois de grande joie et d’irréalité, on a du mal à réaliser, c’est l’objet qui vous le fait vraiment comprendre et réaliser ». Une belle récompense pour un rôle retentissant. L’actrice française incarne une femme violée qui va traquer son agresseur et se lancer dans un jeu érotique avec lui, avant d’en avoir raison. « Un personnage particulièrement riche » a-t-elle commenté. Dans son discours, l’actrice aux MARDI 10 JANVIER- EXPRESSO - 08
n Le groupe phare commence-
n Un album intitulé « No plan » L’actrice fait partie des rares français à avoir été récompensés
yeux verts a tenu à souligner la multiplicité qui forme la riche du septième art. « Il y a des gens du monde entier dans cette salle, de Chine, d’Amérique, d’Europe. N’attendez pas du cinéma qu’il dresse des murs et des frontières » s’est-t-elle exclamée. Un message implicite qui vise le Président américain, Donald Trump. L’homme d’affaires avait promis d’ériger un mur entre les Etats-Unis et le Mexique.
Ce Golden est un événement pour le cinéma français. La dernière actrice a avoir été primée était Julie Delpy en 2014. Le Président de la République, François Hollande et la ministre de la Culture Audrey Azoulay ont félicité « l’immense actrice », qui compte plus de cent films à son actif. Ce prix est, pour Isabelle Huppert, de bon augure en vue des Oscars, qui se tiendront en février prochain. o Charline Hurel
de quatre titres enregistrés quelques temps avant la mort du chanteur, est disponible.Il s’inscrit, par sa noirceur, dans la lignée de Blackstar.
« La La Land » couronné aux Golden Globes n La comédie musicale de
Damien Chazelle a reçu sept récompenses dont celui du Meilleur film de comédie et du meilleur acteur et de la meilleure actrice de comédie, pour Ryan Gosling et Emma Stone.
SPORT Football Les supporters, entre apaisement à Paris et tensions à Toulouse
Le Parc retrouve ses couleurs
Retour de l’ambiance au stade C’est par leurs chants que les ultras se démarquent du reste du public. Le célèbre « ô ville lumière », directement tiré de l’hymne écossais, est répété à plusieurs reprises. De même que la chanson de Michel Delpech, Pour un flirt avec toi, revisité en hommage au club parisien. De quoi faire taire les critiques de certains détracteurs qui, jugeant l’ambiance trop calme, comparaient le Parc des Princes à une
Foot 365
P
lus de trente minutes avant le début de la rencontre, ils sont déjà là à chanter.Alors que le Parc des Princes est à moitié vide, les ultras parisiens s’égosillent pendant que les joueurs s’échauffent. Ce match de Coupe de France face à Bastia est l’occasion pour les supporters de faire leur rentrée. Autorisés à revenir au Parc en octobre dernier, ils sont aujourd’hui présents en nombre. Près de cinq cents en tribune Auteuil, plus de deux cents en Boulogne, rassemblés par leurs encouragements pour le club de la capitale. « Qu’importe le résultat on chante tout au long de la rencontre », prévient le capo, qui est chargé d’animer la tribune Boulogne, en criant dans son mégaphone à quelques minutes du coup d’envoi. Un credo qui sera respecté à la lettre par les supporters, même si des insultes homophobes et des noms d’oiseaux descendent parfois des travées du Parc, envers l’arbitre et les supporters corses.
Les ultras étaient présents en nombre pour assister à la victoire écrasante des parisiens face à Bastia
salle de théâtre, plutôt qu’à un stade de foot. Dans les travées, les fumigènes ont disparu mais les écharpes et les drapeaux sont revenus. Des signes de groupes dissous encore visibles Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un
seul groupe de supporters autorisé à les brandir: le Collectif Ultras Paris (CUP). « On veut le retour de l’ambiance au Parc » résume Romain Mabille, président du collectif. Toutefois, des symboles d’anciens groupes dissous sont présents Des sweats à l’effigie des Supras
Rassemblement au sein du Collectif Ultras Paris Le Collectif Ultras Paris a été créé en février 2016. Ce groupe a été mis en place afin de rassembler les supporters parisiens qui voulaient revenir au Parc des Princes. Après la dissolution des groupes d’ultras à la suite du plan Leproux en 2010, c’est le premier à retrouver les travées du stade. Un retour rendu possible grâce à Nasser Al-Khelaïfi, le président parisien, qui souhaitait redonner au Parc l’ambiance d’antan. C’est à l’occasion de la réception des Girondins de Bordeaux, le 1er octobre dernier, qu’ils ont fait leur retour.
Dupraz s’emporte contre les fans de l’OM des maillots blanc et bleu dans les tribunes du Stadium de Toulouse dimanche 8 janvier, le coach des violets, Pascal Dupraz, s’en est pris aux supporters de l’Olympique de Marseille en plein match. « Rentrez chez vous, rentrez chez vous les Marseillais ! » C’est par cette invective que l’entraîneur du Toulouse Football Club s’est adressé aux fans de la cité phocéenne. Effectivement, lors de ce 32e de finale de la Coupe de France, les spectateurs se sont montrés turbulents, donnant beaucoup de travail aux stadiers. « C’est insupportable qu’une agglomération de plus d’un million d’habitants ne
Reuters
n Agacé par l’omniprésence
Dupraz perd son sang froid
fasse pas la loi dans les tribunes », a réagi le tacticien haut-savoyard à la fin du match, regrettant que la ville peine à
contenir ses propres fans. . Certains lui reprocheraient d’être mauvais joueur, les Marseillais s’envolant vers les 16e de finale grâce à une victoire 2-1, laissant les Toulousains sur la touche. La veille, pendant la conférence de presse d’avant-match samedi 8 janvier, il n’avait déjà pas mâché ses mots. « J’ai du mal avec les supporters marseillais qui ont des plaques immatriculées 31… Ça me fait marrer ! » Irrité, il les avait même invités à rester « devant {leur} télé, avec des chips et des bières », allant jusqu’à souhaiter que les supporters présents au stade « se sentent mal à l’aise». o Marie Lechapelays
sont visibles à la sortie du métro, Porte de Saint Cloud. A l’intérieur du stade, plusieurs écharpes du Kop of Boulogne sont sorties lors de l’entrée des joueurs, preuve que la nostalgie est toujours présente chez les ultras. Ce soir-là, les Parisiens inscrivaient une kyrielle de buts, sept au total. L’occasion était belle pour les ultras parisiens de remercier leurs joueurs. Des « merci Paris » résonnent dans la clameur. Dos au terrain, juste avant le coup de sifflet final, une dernière danse grecque est effectuée par les supporters bras dessus, bras dessous. Même si aujourd’hui, le club parisien ne veut plus se mettre ses supporters à dos. o Alexandre Guitton
en bref
Début des quarts de finale de la Coupe de la Ligue n Ce soir, deux équipes de deu-
xième partie de tableau, Nantes et Nancy, se rencontreront à 18h30. Puis à 21h, Sochaux (ligue 2) affrontera l’équipe de Monaco (ligue 1).
Un match sur Facebook Live n Pour la première fois de son histoire, la NBA a diffusé un match de sa saison régulière sur Facebook Live. La rencontre, qui opposait Gloden State et Sacramento Kings, détenu par l’homme d’affaire indien Vivek Ranadive, était cependant géobloquée pour être seulement visionnable en Inde. 09 - Expresso - mARDI 10 janvier
EXPRESSO
10 01 2016
# 05
PORTRAIT Wael Sghaier souhaite redorer l’image du 93
Un voyage au cœur des banlieues
C
’est à une station de Paris qu’il nous donne rendez-vous, dans sa ville à Pantin en Seine-SaintDenis. Comme par déformation professionnelle, il présente le café dans lequel nous nous retrouvons : « J’adore ce café, le soir pas mal de groupes y jouent gratuitement après leur passage dans la grande Halle de la Villette. » Pas de jogging, casquette pour Wael Sghaier vêtu d’une chemise blanche surmontée d’un pull bleu ciel. Ses cheveux bouclés et son sourire malicieux accompagnent son discours de grand rêveur : « Il faut savoir croire en ses idées même les plus folles, il suffit d’accepter qu’on ne va pas gagner de l’argent tout de suite » affirmet- il. Et il a eu raison d’y croire. En 2014, à l’âge de 28 ans, il décide de partir sur les routes de son département si stigmatisé qu’est le 93 et d’ouvrir son blog Mon incroyable 93. Ne jamais abandonner
Pourtant, tout n’était pas gagné d’avance pour le blogueur. Originaire d’Aulnay Sous Bois, commune médiatisée lors des émeutes de 2005, il a passé une enfance et adolescence heureuse loin de l’image de ghetto présenté à la télévision. Le jeune homme n’a pas obtenu son bac littéraire et a pourtant un master. Un petit détour par un BTS lui a permis de passer entre les brèches du système. Comme s’il s’avait que la chance allait
Wael Sghaier, le guide du 93 (Justine Reix/IFP)
toujours tourner, à un moment ou un autre, en sa faveur Wael Sghaier sourit de ses échecs. « J’ai été refusé en master tourisme à Paris I, ce qui est drôle c’est qu’ils m’ont appelé il y a quelques mois pour faire une master class ». Dans la foulée,
EXPRESSO INSOLITES
un éditeur, une boîte de production l’ont « lâché » pourtant jamais il ne se décourage. J’irai dormir chez vous en SeineSaint- Denis
« Pourquoi ne pourrais-je pas être fier de mon département
moi aussi ? » C’est la question qu’il s’est posé un jour.Après un premier voyage de 4 mois au cours duquel où il a dormi chez l’habitant comme dans l’émission d’Antoine de Maximy, il est reparti cet été pour 30 jours de rencontre la caméra au poing. Les yeux perdus dans le vague, il se souvient de ceux qui ont marqué son périple. « Jeannine » dit-il un sourire aux lèvres. Ancienne coiffeuse des couturières de Pantin, elle lui a fait découvrir sa ville. Ensemble, ils sont partis danser dans des guinguettes. On les imagine facilement un verre de limonade à la main. Jeannine est décédée durant son deuxième voyage. Il est essentiel, pour lui, de rassembler les jeunes comme les plus âgés pour rêver l’avenir du 93. « J’adore me dire que la Seine-Saint- Denis c’est aussi la Floride, on peut y passer une bonne retraite. » Wael Sghaier aime se perdre dans l’histoire de ce département oublié, raconter l’ancienne plaine maraichère qu’elle fut, décrire l’architecture, il connaît tout. Une passion qu’il fait partager, depuis deux ans, lors de balades thématiques gratuites sur des sujets variés (la place de la femme dans la ville ou encore la gastronomie). Sa seule source de stress ? Son avenir. Le jeune homme hésite entre intégrer des nombreuses structures qui lui proposent un emploi stable ou continuer ses projets parce que « c’est kiffant ». Il n’a pas encore choisi. o Justine Reix
Un bébé nommé «Griezmann»
Saint Antoine de Fondecombe
Un serpent dans l’avion
n Les performances d’Antoine Griez-
n Une arrière grand-mère brésilienne
n Un serpent a fortement perturbé la
mann pendant l’Euro 2016 ont inspiré au-delà du raisonnable. Si le nombre de bébés baptisés Antoine a fortement augmenté en 2016, personne n’avait encore osé donner à son enfant le nom de famille de l’attaquant des Bleus. C’est pourtant ce qu’a fait un couple de l’Allier. Pour sa défense, c’est loin d’être le pire jamais attribué. On pourrait douter de l’amour de certains parents qui appellent leur progéniture Lucifer, Playboy ou Sponge-Bob. Malgré le refus occasionnels de certains prénoms comme Titeuf ou Nutella, la liste des cas insolites ne cesse de s’allonger, au gré des Google, Burger, Hashtag, Marie-Mercredi et autres Queen-Pauline.
10 - EXPRESSO - MARDI 10 JANVIER
croyait prier devant une statue de SaintAntoine. Il s’avère qu’elle adorait sans le savoir une figurine du Seigneur des Anneaux. C’est sa petite fille qui a dévoilée l’histoire sur Facebook. Bien que Elrond, un célèbre elfe de la Gabriela Brandão/Facebook saga de Tolkien résidant à Fondecombe, soit doté de dons de guérison et de divination, il est douteux qu’il ait répondu à ses nombreuses prières.
liaison entre Mascate, dans le sultanat d’Oman, et Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Le vol, opéré par la compagnie Emirates, ce dimanche 8 janvier, a même dû être annulé après que le reptile a été repéré, peu avant l’embarquement. Ce n’est toutefois qu’après une fouille minutieuse de l’avion, qu’il a pu être capturé et l’appareil rapidement remis en service. En novembre dernier, c’est sur un vol intérieur organisé par la compagnie Aeromexico qu’un de ces ophidiens était subitement tombé des soutes à bagages, provoquant un fort émoi chez les passagers et une vive frayeur chez les ophidophobes.