05 Expresso 2018

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Expresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2019

16 01 2018

L’essentiel FRANCE

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Marine Le Pen fait sa rentrée politique

n La présidente du Front National a présenté sa stratégie politique lors de ses voeux à la presse

INTERNATIONAL

P.4

# 05

La réforme de l’admission à l’université

Parcoursup : L’avenir des jeunes en jeu

Le pape François en Amérique latine

Le sort des indigènes et les scandales de pédophilie au centre du voyage

eco/conso

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Forte croissance, grosses inégalités

Bruno Le Maire a vanté les chiffres de la croissance alors que l’OFCE épingle le gouvernement sur les inégalités.

CULTURE

P.8

Le MoMA s’exhibe dans le désordre à Paris

sports

Le Real et Zidane en difficulté

© Monkey Business - Fotolia

La fondation Louis Vuitton accueillie le Museum of Modern Art de New York

P.9

L’entraîneur français connaît sa première crise à la tête du Real Madrid. Un défit qu’il entend relever

n Parcoursup, la nouvelle plateforme

d’accès à l’enseignement supérieur, a ouvert ce lundi. Elle succède à APB, à la suite des polémiques de l’été 2017, notamment sur le tirage au

sort. Beaucoup de changements sont au rendez-vous pour les lycéens. A peine lancée, la plateforme a déjà ses détracteurs, qui dénoncent une sélection à peine voilée. Page 2


FRANCE EDUCATION Le site APB disparaît au profit d’une nouvelle plateforme

Parcoursup, mode d’emploi

M

ini-révolution dans l’enseignement supérieur ! APB n’est plus. Bienvenue à Parcoursup, la nouvelle plateforme d’accès à l’enseignement supérieur, axe de la réforme engagée par Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer, ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Education nationale. Ce dispositif vise à réduire le taux d’échec en première année de fac et à supprimer le système de tirage au sort décrié l’été dernier. Nombreux sont ceux qui dénoncent déjà la sélection créée par ce nouveau dispositif. Lancée ce lundi, la plateforme se contente pour l’instant d’expliquer son fonctionnement. Le 22 janvier, les lycéens pourront découvrir les fiches de formations avec les taux de réussite et d’insertion professionnelle, le nombre de places disponibles et les critères pris en compte pour évaluer l’adéquation de leur profil avec les compétences attendues dans la filière (certaines pourront demander un CV ou une lettre de motivation). L’objectif est de désengorger les filières offrant peu de débouchés (STAPS, droit, psycho). Mais ces mesures font craindre une sélection, comme le souligne Quentin Panissod, président de l’organisation étudiante PDE, qui redoute que ces conditions et quotas pénalisent certains

candidats. Les lycéens pourront conserver leurs réponses positives, en attendant celles de leurs autres vœux. Jusqu’alors, le vœu le mieux classé et validé par l’établissement entraînait l’annulation de tous les autres. Les universités ne refuseront aucun candidat, mais pourront cependant répondre « oui si », afin de conditionner l’entrée du lycéen à la fac au suivi d’une remise au niveau. o Joanne Girardo

La plateforme d’admission pour l’enseignement supérieur a été lancée ce lundi. Crédit : Getty Images

élèves. Un système basé « sur le mérite »

Une « fiche avenir » qui regroupe l’avis du conseil de classe de chaque lycéen verra aussi le jour et pourra être transmise aux formations via Parcoursup. Adam, en Terminale au Lycée Montaigne à Paris, aimerait intégrer une prépa en septembre prochain. Il dit apprécier ce nouveau système basé « sur le mérite ». D’autres en revanche sont plus inquiets, notamment les élèves de filières pro ou technologiques. Les candidats auront jusqu’au 13 mars pour inscrire leurs vœux (10 maximum, contre 24 l’an dernier), qui ne seront plus classés par ordre de préférence. Les lycéens devront écrire leur

motivation pour chaque vœu émis. Ils pourront aussi formuler des « vœux multiples » (20 maximum), afin de candidater à toutes les universités d’une même académie où se trouve la filière désirée. Chaque candidat pourra compléter son dossier jusqu’au 31 mars. Hervé Christofol, secrétaire général du syndicat du Snesup-FSU s’inquiète : « huit millions de vœux vont être étudiés d’un coup pour 640.000 places, on met en tension toutes les formations donc on généralise la sélection. » Les lycéens recevront des réponses dès le 22 mai. Il y aura alors trois vagues d’admission avec des délais de plus en plus courts (sept jours, trois jours, puis vingt-quatre heures) afin de libérer la place pour d’autres

Les filières professionnelles et technologiques impactées L’ancien ministre de l’Education Benoît Hamon a estimé lundi sur France Inter que ce nouveau fonctionnement « décourage » et « ferme les portes de l’université » aux étudiants des filières professionnelles et technologiques. En effet, si le nombre de candidatures est supérieur à celui des places disponibles, les candidats ayant les meilleurs profils seront sélectionnés en priorité. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a réfuté ce lundi sur Europe 1 une quelconque sélection : « le principe, c’est de dire oui à tout le monde ».

FEMINISME Les 18-25 ans ne savent pas toujours faire la différence entre drague et harcèlement

Liberté d’importuner : les jeunes peu informés n Que pensent les jeunes de la liberté d’importuner ? Lorsqu’on leur demande de réagir à l’affaire Catherine Deneuve, qui a présenté ses excuses dimanche suite à la polémique de la tribune dénonçant « la haine des hommes », ils évoquent la frontière floue entre drague et harcèlement. Nous avons posé la question suivante aux utilisateurs du forum « Blabla 18 – 25 ans » de JeuxVideo.com : êtesvous d’accord pour dire que “la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit” ? Certaines réponses démontrent un machisme inquiétant. « A partir du refus de la femme, l’homme va chercher à transformer le “non” en “oui” » déplore un utilisateur anonyme. 02 - EXPRESSO - LUNDI 15 JANVIER

Insensibles aux témoignages qui ont émergé des mots-dièse #BalanceTonPorc et #MeToo, certains disent que « Ce qui devrait être un délit, c’est les grognasses qui ne répondent pas à un bonjour d’homme », ou bien qu’ « Entre le gars frustré sexuellement depuis sa naissance et la nana hyper épanouie qui se plaint d’un trop plein d’attention, mon choix est vite fait quant à la personne à soutenir ». Mis en cause dans des affaires de harcèlements misogynes, JeuxVideo.com avait fait parler de lui en novembre, après la plainte de la journaliste Nadia Daam, menacée de mort et de viol, pour avoir dénoncé le sabotage d’un numéro « anti-

relous ».

La méconnaissance de la loi

Dans le réel, des étudiants que nous avons interrogés sont bien moins radicaux, mais parfois peu informés sur le harcèlement sexuel. La frontière entre drague et agression est fine pour Emilie, tout juste majeure, qui vit le harcèlement au quotidien : « La drague pour moi passe plutôt par des mains aux fesses dans le métro, “t’es bonne”, “t’as des beaux seins”. Ce n’est pas du harcèlement, mais ce n’est pas de la drague non plus. » Comme de nombreux Français(es), Emilie ignore qu’une main aux fesses constitue une agression sexuelle passible de 5 ans de prison et

75 000 € d’amende. Jane, étudiante en droit, clame que le harcèlement commence là ou le consentement arrête : « Un homme a quand même le droit de draguer une femme comme une femme a le droit de draguer un homme. Mais quand on dit “non”, c’est “non”. » « Je pense qu’elle aurait dû montrer un peu plus de solidarité avec la cause des féministes » explique Yanis, étudiant parisien de 18 ans. « Je respecte son opinion mais ça n’a pas trop aidé la situation actuelle. C’est facile de passer de la drague au harcèlement. C’est surtout par rapport à la personne qui est en face. » La lutte féministe a de beaux jours devant elle. o Charlotte Mason


FRANCE POLITIQUE La présidente du FN fait évoluer la ligne de son parti concernant l’UE

Le Pen compte sur l’Europe pour se refaire une santé

E

lle avait disparu des radars. Marine Le Pen a fait sa réapparition lundi lors de ses voeux à la presse, avant le Congrès de mars au cours duquel elle devrait changer le nom de son parti. Une conférence formelle où Marine Le Pen a affirmé être attachée à la « libre parole et à la libre pensée », taclant au passage le projet d’Emmanuel Macron relatif aux « fake news ». Mais aussi l’occasion de rêver publiquement à une future « lourde » condamnation en diffamation pour Libération dans le cadre de l’affaire Bruno Bilde. Malgré la défaite à la présidentielle, les départs de Florian Philippot et Marion MaréchalLe Pen, la présidente du FN veut donner l’impression de relever la tête avant les élections européennes de 2019, qui seront les premières élections intermédiaires du quinquennat. En 2014, le scrutin s’était clôturé sur un triomphe du FN avec 25% des voix.

« Une stratégie de conquête »

Depuis le départ de Florian Philippot, le Front National a renoncé à la sortie de l’euro. « Nous avons une stratégie de conquête » certifie l’élue frontiste. « Notre projet s’appellera l’Union des Nations européennes et définira les instances qui régissent les coopérations

La présidente du FN, lors des traditionnels voeux à la presse Crédit : BFMTV

entre les Etats du continent ». En s’affichant désireux de réunir une « majorité » en Europe, en prenant appui sur l’ascension des partis populistes étrangers, Marine Le Pen semble s’éloigner de sa traditionnelle posture « anti-européenne ». Le principal adversaire n’est plus

l’Union européenne en tant que telle. Le FN revoit ainsi ses éléments de langage : « Nous serons là pour défendre l’Europe contre la marche forcée de Macron », déclarait à la fin du discours Nicolas Bay. C’est sur cette ligne que le FN espère convaincre

PRISONS Des mesures attendues après l’agression de jeudi

Les matons exaspérés par l’insécurité n Du concret, c’est ce qu’ils demandent. L’opération « prison morte » a été lancée dès 6 heures, lundi 15 janvier, à l’appel de trois syndicats de surveillants. L’accès à une quarantaine de prisons, sur les 188 en France, a été bloqué en réaction à l’agression, jeudi dernier, de trois gardiens à Vendin-le-Vieil (Pas-De-Calais). L’établissement était pourtant réputé « ultra sécurisé », occupé à seulement 50%, principalement de détenus radicalisés. La démission de son directeur, dans la foulée des premiers blocages, sonne comme un désaveu général. « Vendin-le-Vieil est l’exemple-type du laxisme

des autorités », analyse un gardien de Beauvais (Oise), qui souhaite garder l’anonymat. La faute à la réglementation européenne, selon lui : « Au nom de la dignité humaine, le personnel doit limiter les fouilles, au nom de la paix sociale, il doit lâcher du lest ». Effectifs et moyens insuffisants

« On a pour équipement un uniforme et un sifflet. Étant donné la violence des détenus, il nous faudrait des gilets anti-coupure, des tasers, des portes de cellule permettant de passer repas et menottes sans ouvrir, au moins dans les quartiers d’isolement », détaille-t-il. Outre l’augmen-

tation des moyens, les syndicats réclament celle des effectifs, la revalorisation des salaires et la classification des établissements en fonction du profil des détenus. Face à l’insécurité, le nerf de la guerre reste l’autorité du personnel, en chute libre. « Les peines n’ont plus de sens, les criminels qui arrivent n’ont plus peur de rien » pour le surveillant de Beauvais, agressé quatre fois en quatre ans de service. Pour sortir de l’impasse, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a lancé une mission d’inspection à Vendin-le-Vieil. En attendant, les surveillants tiennent leurs positions. o Marion Gauthier

Nicolas Dupont-Aignan, avec lequel aucun projet d’alliance n’a encore été conclu. Les alliances, il en sera également question dans la refondation du parti. « Patience », « pragmatisme », « compromis » … Autant de mots que l’on a rarement entendus dans la bouche de Marine Le Pen, qui vend aux journalistes un futur parti « plus divers, plus participatif » dont le nom n’a toujours pas émergé. A terme, l’ambition est de conférer au mouvement les attributs d’un parti « de gouvernement ». Hors Europe, Marine Le Pen reste sur ses thèmes traditionnels que sont l’immigration et la sécurité. Stigmatisée par la présidente du FN, l’immigration est jugée « imposée » par l’Union Européenne et mal gérée par les « mesures cosmétiques » d’Emmanuel Macron. Le message de fond serait le suivant selon le nouveau directeur de la communication Laurent Jacobelli, ancien porte parole de Nicolas Dupont-Aigan : « Il faut que quelqu’un protège les français. » S’il est bien un élément qui demeure stable dans le discours frontiste, c’est le thème de l’insécurité. Sociale. Culturelle. Physique. La rhétorique sécuritaire n’a pas changé, mais le FN semble toutefois avoir fait le deuil de la ligne Philippot sur l’Europe. o Anna Mutelet

EN BREF Juppé s'écarte du parti LR n Le maire de Bordeaux ne paiera pas sa cotisation au parti, et quitte la présidence de la fédération LR de Gironde. « Je prends du recul et je vais observer notamment dans la perspective des élections européennes de 2019 » a ajouté le candidat malheureux à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017.

Sursis pour Mathieu Gallet n Le PDG de Radio France a

été condamné aujourd’hui à un an de prison avec sursis et à 20.000 euros d’amende, pour « favoritisme » pendant son mandat à l’INA, entre 2010 et 2014.

LUNDI 15 JANVIER- EXPRESSO - 03


INTERNATIONAL

VATICAN Le Saint-Père se rend cette semaine au Pérou et au Chili

Un pape décrié en Amazonie

L

e sixième voyage en Amérique latine du pape François s’inscrit dans la préparation du Synode pour l’Amazonie prévu à Rome en octobre 2019. Le chef de l’église souhaite soutenir le combat des peuples indigènes, mais pourrait se heurter à des réactions hostiles liées aux scandales de pédophilie qui touchent l’Eglise au Chili et au Pérou.

mines : « Les conséquences socio-environnementales sont catastrophiques » explique sur le site du Saint-Siège Juan Carlos Navarro Vega, responsable de Caritas à Puerto Maldonado et coordinateur général de la rencontre. Selon le ministère de l’Industrie et des Mines, en 2011, près de 100% de l’or extrait dans le département de Madre de Dios était illégal.

La pédophilie, au coeur des revendications

Lors de cette rencontre, le chef de l’Eglise souhaite remettre aux représentants des peuples indigènes son encyclique traduit avant de s’exprimer devant 140 000 personnes qui souhaitent le voir et le saluer, même si la plupart d’entre eux ne connaissent pas la figure du Saint-Père. « La visite du pape constitue une grande motivation pour améliorer l’image que les peuples indigènes ont d’euxmêmes alors qu’ils se sentent souvent marginalisés. L’objectif est qu’ils se perçoivent comme sujets de l’Histoire » explique au journal La Croix David Martinez Aguirré de Guinéa, évêque de Puerto Maldonado. La posture du pape sera donc celle d’un pasteur venu pour écouter les peuples d’Amazonie, leurs traditions et leurs connaissances de la forêt, loin des remises en cause de plus en plus visibles.

Vendredi, le pape se rendra pour la première fois en Amazonie afin d’y mesurer les ravages sociaux et environnementaux des exploitations minières aurifères illégales. Mais la prise de position socio-écologique du SaintSiège pourrait être contrariée par les victimes d’abus sexuels et intellectuels locaux qui lui demandent de « combattre plus durement ces crimes exécrables ». L’ONG américaine Bishop Accountability a d’ailleurs diffusé le 10 janvier une liste de 78 prêtres mis en cause depuis 2000 dans des cas de pédophilie au Chili. Sous tension, ce sixième voyage du pape François en Amérique latine mobilisera un dispositif encore jamais égalé au Chili avec un total de 18 000 policiers sur place. Vendredi dernier, quatre églises de Santiago avaient été attaquées sur fond d’affaire Fernando Karadima,

Indigènes, «sujets de l’Histoire»

Lima, Pérou, avant la visite du Pape François. Crédit: Reuters

dont le pape est accusé d’avoir protégé les comportements pédophiles. Malgré les efforts du Saint-Siège pour porter les discussions sur les enjeux environnementaux , la population ne semble pas dupe et souhaite que le pape clarifie ces polémiques. Le pape au poste de médiateur

À Puerto Maldonado, petite ville péruvienne du Sud-Est, il

rencontrera vendredi prochain les représentants de peuples natifs venus de plusieurs régions frontalières. Une opportunité qui permettra d’ « ouvrir une fenêtre sur le Synode que le pape a convoqué en octobre 2019 sous le thème de l’Amazonie » selon le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Greg Burke. La région est meurtrie par l’extraction illégale des

o Marion Delpech

ETATS-UNIS Les propos jugés racistes du Président ne passent pas

Le Martin Luther King Day, une manifestation anti-Trump

n Des militants antiracistes

ont manifesté ce lundi 15 janvier à travers les Etats-Unis à l’occasion du Martin Luther King Day, alors que les propos de Donald Trump n’en finissent pas d’alimenter la polémique. Jeudi, lors d’une réunion avec des parlementaires sur l’immigration, le président américain a qualifié, selon plusieurs sources concordantes, Haïti, le Salvador et certains pays d’Afrique de « pays de merde ». Visiblement conscient d’avoir commis une bourde, le président a déjà affirmé vendredi dans un tweet n'avoir « jamais dit de mal des Haïtiens », après avoir nié l'utilisation de l'expression « pays de merde » pour qualifier Haïti. 04 - EXPRESSO - LUNDI 15 JANVIER

Un faux mea culpa

Son mea culpa « je suis le moins raciste des hommes que vous n’ayiez jamais interviewé » n’ a pas convaincu. En ce jour de célébration de la naissance de Martin Luther King, figure emblématique du combat antiraciste, nombre de manifestants montrent leur inquiétude. Le président des Etats-Unis exprimerait-il tout haut ce que pensent les Américains tout bas ? « Donald Trump est l’identité des Etats-Unis », souligne le Pasteur Lamar dont l’église construite il y a plus de 180 ans se trouve à deux pas de la Maison blanche. Une femme se tenant à ses côtés ajoute d’un ton amer « Il détruit tout ce que nous avons accompli ! » en suivant la foule.

Ce n'est pas la première fois que le président américain est contraint d'assurer qu'il n'est pas raciste. Un président en récidive

L'été dernier, après la manifestation rassemblant des néo-nazis et des suprémacistes blancs au cours de laquelle une contremanifestante a été tuée, Donald Trump avait renvoyé dos à dos les deux camps, provoquant une nouvelle fois la polémique. « Le racisme, c'est le mal », avait-il fini par déclarer. Le mouvement de résistance qui a débuté au lendemain de son élection vient de trouver un deuxième souffle, alors que s'ouvre aussi une année électorale primordiale pour le locataire de la Maison-Blanche. A

Crédit: AFP/ Getty / Saul Loeb

la fin de l'année, les députés repasseront par les urnes, et le président américain, Donald Trump pourrait perdre la majorité et se trouver réduit à un rôle limité à de la politique étrangère, comme le prévoit la Constitution. o Sarah D'hers


INTERNATIONAL TUNISIE Sept ans après, la rue est toujours en colère

Le triste anniversaire d’une révolution inachevée

A

venue Bourguiba, à Tunis, des milliers de Tunisiens se sont rassemblées dimanche 14 janvier pour célébrer les sept ans de la chute de Ben Ali, forcé de quitter le pouvoir sous pression de la rue. Dimanche, à côté des membres du collectif citoyen « Manich Msamah » (Je ne pardonnerai pas) qui défilaient en brandissant des photos de martyrs de la révolution, des jeunes manifestaient pour l’emploi. L’anniversaire de la révolution coïncide cette année avec la grogne sociale qui dure depuis le début du mois de janvier. A l’origine de cette contestation, la loi de finances de 2018 qui augmente la TVA sur les produits de base et les impôts. « Les Tunisiens sont en colère à cause de cette augmentation des prix » affirme Wajdi Mahouechi, un militant proche du mouvement «Fech Nestannew» («Qu’est-ce qu’on attend?»), instigateur de la mobilisation. Les militants du groupe sont venus déguisés en clowns pour prouver leur pacifisme. Vers une nouvelle révolution ?

Sept ans après le départ de Ben Ali, en exil en Arabie saoudite, nombre de Tunisiens estiment avoir gagné en liberté mais au prix de la baisse de leur niveau de vie. « Cela fait sept ans

n Nouvelle étape dans la

construction de la force conjointe du G5 Sahel ce lundi. La ministre des armées Florence Parly a reçu cet après midi à l’hotel de Brienne ses homologues du G5 (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad). L’objectif du G5 Sahel est de mettre sur pied d’ici à juin 2018 une force de 5 000 hommes, pour reconquérir les zones frontalières où les groupes djihadistes ont souvent pris le pas sur les États.

n Le Parlement européen doit

Un homme a mis un drapeau en cage, dimanche 14 janvier, symbole de la Tunisie sous Ben Ali. Crédit: Sarah Leduc / France 24

qu’on ne voit rien venir. On a eu la liberté, c’est vrai, mais nous sommes plus affamés qu’avant », résume Walid, un chômeur de 38 ans rencontré à Tunis par nos confrères de l’Agence France Presse. Selon la politologue Olfa Lamloum, les troubles sociaux des derniers jours « révèlent une colère portée par les mêmes (personnes) qui s’étaient mobilisées en 2011. Ils n’ont rien obtenu comme droits économiques et sociaux », a-t-elle indiquée à l’AFP. Le désenchantement des Tunisiens est d’autant plus grand qu’ils souffrent des mêmes les maux

que sous Ben Ali : pauvreté, chômage, corruption. Avec un taux d’inflation de 6,4 % fin 2017, la coût de la vie est devenu insoutenable, d’autant que le chômage touche plus de 30 % des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. « C’est la nouvelle révolution tunisienne estime encore Wajdi qui ajoute, le gouvernement se comporte comme Ben Ali, c’est pour ça que les Tunisiens réagissent » en référence aux violences policières et à l’interpellation de 803 personnes depuis le début de la contestation. o Léa Demirdjian

Un pacte de coalition déjà remis en cause de se mettre d’accord vendredi sur une ébauche de programme commun. Mais, déjà, certains critiquent ce texte. L’enjeu est pourtant crucial, l’Allemagne n’a pas de gouvernement depuis les élections législatives du 24 septembre dernier. Une partie des militants et notamment les Jusos, les jeunesses sociales-démocrates, sont ceux qui expriment les plus grandes réticences envers l’accord validé par la direction des sociaux-démocrates (SPD) et des conservateurs (CDU). Selon Isabelle Bourgeois, spécialiste de l’Allemagne et des comparaisons France-Allemagne, les Jusos souhaiteraient que le pays redistribue

Le G5 Sahel se réunit à Paris

La pêche électrique en débat

ALLEMAGNE Les sociaux-démocrates sont divisés n La CDU et le SPD viennent

EN BREF

davantage, d’autant que la croissance est au rendez-vous. Mais, les responsables du SPD penseraient d’abord, eux, à réduire la dette, toujours un peu au-dessus de 60% du PIB. « Le SPD est un parti foncièrement divisé comme le parti socialiste français », explique-telle. Des ténors du SPD en désaccord

Les Jusos ne sont pas les seuls à fustiger ce texte. Le maire SPD de Berlin, Michael Müller l’a également critiqué. Après le scrutin législatif de septembre, « refaire la même coalition avec la même politique ne constitue pas la réponse appropriée », a-t-il annoncé dans une interview au

Tagesspiegel. Quant à la très populaire dirigeante SPD de l’Etat de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, elle a dénoncé la politique migratoire prévue par l’accord, trop dure selon elle. À la demande du centredroit, il prévoit de plafonner à environ 200 000 le nombre de demandeurs d’asile autorisés annuellement dans le pays. Ce point est « très difficile » pour les sociaux-démocrates, a-telle déclaré au groupe de presse régional Funke. Tout se jouera dimanche. Un congrès réunissant la base du SPD doit encore se prononcer pour approuver le principe de cette alliance. Un congrès à l’issue « incertaine » selon Isabelle Bourgeois. o Calypso Vanier

décider mardi 16 janvier d’un éventuel élargissement de la pêche électrique à l’ensemble de l’Europe. Proscrite depuis 1998, la pêche électrique ou électropêche est autorisée depuis quelques mois en mer du Nord, notamment pour les pêcheurs néerlandais. Les mouvements écologistes et les pêcheurs français restent opposés à cette technique qui, selon eux, dévaste le fond des mers.

Dix morts en Libye lors de combats près de l’aéroport de Tripoli n Au moins dix personnes

ont été tuées lundi lors de combats qui ont éclaté dans le secteur de l’aéroport de Mitiga, près de Tripoli. Un groupe armé a lancé «une attaque» sur le site de l’aéroport, a annoncé le gouvernement libyen d’union nationale (GNA). Le lieu de l’attaque contient « une prison où sont détenues plus de 2.500 personnes pour des affaires diverses» dont de nombreux terroristes, a indiqué la force al-Radaa (dissuasion), chargée de sécuriser la plateforme.

Double attentat suicide en Irak n Un double attentat sui-

cide a fait lundi au moins 31 morts, en majorité des travailleurs journaliers, dans le centre de Bagdad, lors de la deuxième attaque de ce type dans la capitale irakienne en trois jours, selon des sources médicales. Le premier ministre irakien a appelé ce lundi à «éliminer les cellules dormantes» djihadistes.

LUNDI 15 JANVIER- EXPRESSO - 05


ECONOMIE ECONOMIE Une étude de l’OFCE contredit le satisfecit de Bercy

Inégalités, l’ombre au tableau Lundi, pendant que Bruno Le Maire déroulait, lors de ses vœux à la presse, les bonnes nouvelles sur la croissance économique de 2017, l’OFCE publiait une étude épinglant les mesures fiscales de ce début de quinquennat. Elles bénéficieraient surtout aux 5% les plus aisés aggravant ainsi les inégalités. Pour ses premiers vœux du quinquenat, Bruno Le Maire a affiché son contentement. Devant un parterre de mille convives composés de journalistes, de fonctionnaires, de cadres et d’entrepreneurs, le ministre de l’économie et des finances a revu à la hausse ses prévisions de croissance, elle serait proche de 2% en 2017 soit 0,3 point de plus que prévu. Il a également assuré que la croissance de l’année 2018 devrait être supérieure aux 1,7% prévu par le gouvernement. La politique du gouvernement ne serait pas étrangère à ces bons résultats selon l’homme fort de Bercy : loi travail, nouvelle politique fiscale et « baisse des dépenses publiques ». Autant de facteurs qui expliquent « une croissance solide et une hausse du moral des entreprises ». Bruno Le Maire a toutefois appelé à ne pas « céder au triomphalisme » et a réaffirmé les ambitions du gouvernement en termes de lutte contre les inégalités qui ne serait pas antinomique avec un développement de la compétitivité nationale. Au même moment, une étude de l’Observatoire français

Bruno Le Maire lors des voeux à la presse ce matin à Bercy

des conjectures économiques (OFCE) venait noircir le tableau idyllique dépeint par le ministre. Selon les chiffres publiés, les mesures prises en ce début de quinquennat bénéficieront essentiellement aux plus aisés comparativement aux ménages les plus modestes. Pire encore, les 5% des ménages les plus pauvres devraient voir leur niveau de vie baisser de 0,6% ( 60 euros en moins par ménage) en 2018 alors que les 5% les plus riches vont voir le leur augmenter de 1,6% (1730 euros en plus par ménage) . Si la situation des Français les plus démunis devrait s’améliorer en 2019, le constat de l’observatoire est implacable : « A eux seuls, les 5% de mé-

nages les plus aisés capteraient 42% des gains ». Autrement dit même la plupart des Français y gagnent, les riches gagneront le plus, conduisant nécessairement à un creusement des inégalités. Autres grands oubliés de ce début de quinquennat, les classes

moyennes devraient peu bénéficier des mesures du gouvernement. La hausse de la CSG pour les retraites, de la fiscalité écologique et du prix du tabac devraient neutraliser la baisse des prélèvements obligatoires prévue.

Les seuils sociaux de nouveau dans le collimateur Bruno Le Maire est revenu à la charge sur les seuils sociaux des PME. Un rehaussement de ces seuils serait prévu dans les 31 mesures soumises en ligne à la consultation. Sujet sensible pour les syndicats, les seuils liés à la taille de l’entreprise en nombre de salariés (10, 20 ou 50) définissent les obligations et les charges sociales de l’entreprise (remboursement de transport, cotisations pour la formation, l’apprentissage, le logement…). Avec le rehaussement une partie des PME verront certaines de ces charges supprimées.

TELEPHONIE La fin des zones blanches prévue d’ici 2020

Un accord entre l’Etat et les opérateurs a été signé n L’Etat a conclu un deal avec les opérateurs de téléphonie mobile. En échange d’un investissement de trois milliards d’euros, l’Etat renonce au renouvellement des fréquences mobiles pour « éliminer les zones blanches » d’ici 2020, ces zones non couvertes actuellement. Coup pour l’Etat : 200 millions d’euros chaque année. L’Etat devait proposer les lignes aux enchères en 2021, 2022 et 2024. Mais ces licences qui sont à renouveler tous les vingt ans pourront être utilisées par les opérateurs. L’accord était voulu de 06 - EXPRESSO - LUNDI 15 JANVIER

longue date par l’exécutif. Et surtout, c’était une initiative d’Emmanuel Macron, déterminé en juillet dernier à étendre le « haut et très haut débit » avant la fin de l’année 2020. Dans un communiqué, Bercy vante un « accord historique » qui « vise à généraliser la couverture mobile de qualité pour l’ensemble des Français ». Aménager le territoire D’ici trois ans, les quatre grands opérateurs, Orange, SFR, Free et Bouygues consentent à investir trois milliards d’euros pour fournir chacun « 5.000 installa-

tions supplémentaires ». Plus de 30.000 km de lignes ferroviaires et lignes de TER sont concernées par l’accord. Autre point d’entente : le déploiement du réseau 4G étendu à 10.000 communes qui bénéficient aujourd’hui de la 2G et 3G. Le plan ne coûtera rien à l’Etat qui a semble-t-il, modifié sa stratégie pour privilégier l’aménagement du territoire. Et en cas de nonrespect des conditions, l’ARCEP (l’Autorité de régulation des Communications Electroniques et des Postes) prévoit des sanctions fermes.

Car vivre dans ces territoires oubliés, c’est se plier chaque jour aux aléas : « Si quelqu’un m’appelle, je suis obligé de sortir, être à l’extérieur pour pouvoir répondre. Et encore, ça passe et d’un coup d’un seul ça coupe » explique Guy Victor, le maire de Hautefage-la-Tour dans le Lot-etGaronne, située en zone blanche. L’élu contacté par téléphone attribue la piètre qualité du réseau au profil du territoire, creux et vallonné. Pas moins de 541 communes sont dans le même cas que lui. o Manon Leterq


CONSO CONJONCTURE Les patrons ont foi dans l’avenir

Les entreprises de l’hexagone tournées vers l’avenir Le très attendu sondage réalisé en décembre 2017 du cabinet de consulting eurogroup a apporté de bonnes nouvelles pour 2018. 65 des 100 principales entreprises françaises n’ont jamais été aussi enthousiastes depuis onze ans concernant leur avenir économique. Une confiance en l’avenir qui s’explique par une inflexion aussi conjoncturelle que structurelle. La loi travail plébiscitée Si beaucoup de patrons d’entreprises peuvent sembler ingrats envers les gestes qu’a pu faire François Hollande en leur faveur, ses réformes payent enfin. Il avait martelé pendant sa campagne que les résultats escomptés seraient visibles sur le moyen et long terme. Son ancien conseiller économique Emmanuel Macron, aujourd’hui président, récolte les fruits de son labeur. Les patrons plébiscitent aujourd’hui la loi travail mais ils attendent encore que Bruno Lemaire tienne ses promesses de ne pas augmenter les taxes pendant le quinquennat.

La défense, quartier d’affaire des entreprises. Credit: defense-92.fr La personnalité du jeune président explique en partie « la révolution psychologique indéniable » qui a eu lieu dans la vision de l’avenir des grands patrons, selon l’édito-

rialiste de BFM Business Emmanuel Lechypre. L’innovation, plus-value française La croissance 2017 a été plus forte

que prévue, à la fois en Europe et en France, et présage de meilleurs résultats pour cette nouvelle année. De quoi faire penser à sept des dix patrons des plus grandes entreprises une augmentation de leur volume d’affaires. Le président du cabinet à l’origine du sondage, Gilles Bonnenfant, tient à souligner que « le capital humain est au cœur des activités » de ces entreprises. C’est pourquoi les patrons s’engagent à recruter, non pas par patriotisme mais par « pragmatisme économique » précise-t-il, afin de faire de la France leur premier gisement de production plutôt que de produire à l’étranger. L’innovation est une plus-value hexagonale grâce à la recherche en développement et à des formations d’excellence. La très grande présence des start-up françaises au grand salon de l’innovation de Las Vegas (CES) qui s’est déroulé du 9 au 12 janvier l’illustre merveilleusement bien puisque la France est la deuxième délégation.après les celle des américains. o Mahaut Di Sciullo

COMMERCE Le concept store « Nous » peine a s’affirmer

EN BREF

n Il y a une vie après Colette.

2% de croissance pour l’année 2017

A Paris, n’est pas Colette qui veut Des ex-employés de l’emblématique concept store parisien fermé en décembre 2017 ont ouvert leur propre magasin le 8 janvier dernier. Situé au 48 rue Cambon, « nous » est à seulement 700 mètres de l’ancienne boutique de luxe, et à trois pâtés d’hôtels haussmanniens de la place Vendôme. Une situation privilégiée, qui n’a pas poussé les jeunes entrepreneurs à chercher l’originalité. « Je pensais qu’il y aurait plus de textiles » lance une mère à sa fille, qui après un rapide tour d’horizon des produits ressortent sans rien acheter, visiblement déçues. Le concept store de Sébastien Chapelle et Marvin Dein, anciens responsables des pôles high-tech-horlogerie et sneakers de Colette, est en effet très épuré. Et cinq jours après son inauguration en grandes pompes, on ne se bouscule pas pour le découvrir. Un concept store qui se cherche

150m2 d’espace gris, similibéton, surplombés de néons servent de cadre à six paires de baskets et autant de cas-

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a estimé lundi que la croissance économique français « devrait approcher les 2% en 2017 », soit 0,3 point de plus que la prévision officielle du gouvernement.

Le concept store «Nous», 48 rue cambon à Paris. Crédit Grazia

quettes, une petite étagère de bougies parfumées et trois tringles branlantes de t-shirts de marque. Pas de quoi susciter la curiosité. Deux touristes asiatiques jettent un rapide coup d’œil avant de repartir dans la direction du siège de Chanel installé dans la même rue. « Bonne chance Seb ! » lance un père de famille à l’un des vendeurs, en quittant la boutique avec ses enfants, les mains vides. Le jeune homme vient de lui présenter l’entièreté de la vitrine horlogerie-bijoux-photo-hightech pendant une demi-heure. Trois vendeurs sur les sept pré-

sents dans la boutique en ce samedi après-midi, se tournent les pouces derrière la caisse. L’un se décide à aller nettoyer l’une des trois vitrines censées être investies chaque mois par un créateur différent, mais désespérément vides pour l’instant. L’ambiance est bon enfant, mais on est loin de l’effervescence de chez Colette que les habitués espéraient retrouver. Le concept pourrait se résumer ainsi : s’appuyer sur l’ombre d’une ancienne marque et comptant sur celle-ci pour appâter le client. Pas sûr que cela suffise. o Marie Frumholtz

La déclaration du patrimoine de David Douillet sème le doute La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a annoncé lundi avoir saisi la justice de la déclaration de patrimoine de l'ex-député David Douillet, en raison d'un "doute sérieux" lié à "l'omission d'une partie substantielle du patrimoine".

Commandes record pour Airbus Airbus a reçu 1.109 commandes nettes en 2017, contre 912 pour son rival américain Boeing, selon le bilan commercial de l'avionneur européen publié lundi. LUNDI 15 JANVIER EXPRESSO - 07


Culture ARTS Jusqu’au 5 mars, la fondation expose « Etre moderne : le MoMA à Paris »

Le MOMA en ordre dispersé

A

vant de commencer la visite, je vais vous demander de choisir entre deux présentations, une générale sur quelques œuvres et une autre sur la représentation du corps ». L’annonce du médiateur de la fondation Vuitton surprend les visiteurs regroupés autour de lui. Après un petit moment d’hésitation, c’est finalement la représentation du corps qui l’emporte et le cortège commence la visite des dix salles d’«Etre moderne : le MoMA à Paris ». L’anecdote pourrait être anodine mais elle intoroge sur la cohérence d’une telle exposition. Après avoir accueilli l’exposition Chtchoukine et des tableaux venant du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, l’institution dessiné par Frank Gehry a changé de cap. Direction New York puisque la fondation invite le Museum of Modern Art de New York, (MoMA) pour une exposition évènement. Au risque de l’éparpillement, plus de 200 cent œuvres provenant du musée new-yorkais sont exposés dans le bateau amiral de la culture de Bernard Arnault, patron de LVMH. Un ensemble très hétéroclite

Les deux premières salles donnent le ton en terme de qualité ainsi que de diversité avec une collection de chef-d’œuvres à faire pâlir de jalousie n’importe quel conservateur de musée. Sur les murs les tableaux de Cézanne et Matisse côtoient ceux de Picasso ou Hopper.

en passant par la photographie ou le dessin animé, dans un tohu-bohu déboussolant. « Ce n’est pas très bien organisé, ce n’est pas clair » souffle une visiteuse perdue entre des affiches soviétiques et les photos de personnes sans-abris de Lisette Model. Les décennies passent et le visiteur continue de jongler entre dessins d’architectures, œuvres in situ et sérigraphies. La course aux chef-d’oeuvres La fondation Louis Vuitton imaginé par Frank Gehry vue de l’extérieur. Crédit : Fondation Louis Vuitton

Une foule de visiteurs à l’exposition «Etre moderne : le MoMa à Paris» Crédit : GF et Sucession Brancusi-Adagp 2017

Devant cette prolifération, difficile de garder le fil. Comment justifier la présence de la persistance de la mémoire de Salvador Dali avec ses montres fondues à côté de du premier dessin animé de Walt Disney acheté par le musée ? Consacré aux arts de son époque, le

musée s’est constituée au fil des décennies des collections allant de l’art moderne jusqu’aux installations numériques les plus récentes. Le parcours chronologique qui retrace l’évolution du musée crée en 1929 fait long feu. Quelques pas suffisent pour aller du surréalisme au pop art

« Ah ça c’est Andy Warhol » déclare fièrement une fillette en direction de sa famille. À la vue de la foule qui s’amasse près de la série de tableaux Cambell’s soup Cans, elle n’est pas la seule à avoir reconnu l’œuvre. Comme pour les autres tableaux phares, il faut jouer des coudes pour pouvoir arriver devant l’œuvre avant de vite être emporté par le flot des visiteurs vers la pièce suivante, un combat permanant qui se poursuit jusqu’à la fin du parcours. Avec cette exposition, la fondation réalise un coup de maître au niveau de la communication, misant sur sa capacité à proposer de l’inédit pour attirer. Un programme à l’image de l’architecture du bâtiment. Pas de ligne droite, pas de prévisible, une volonté constante d’étonner quitte à perdre en cohérence sur le long terme. Mais les visiteurs semblent plébisciter cette exposition : depuis son ouverture le 11 octobre dernier, plus de 400 000 visiteurs sont venus la visiter. o Guillaume Fournier

SÉRIE Camille Cottin, l’agente qui brille parmi les célébrités

Connasse, la véritable star de la série Dix pour cent n La liste des guests star à l’af-

fiche de la saison 3 de Dix pour cent laisse penser à une super­ production. Trois oscarisés et une star de YouTube : Isabelle Huppert, Jean Dujardin, Juliette Binoche ou encore Norman Thavaut sont les invités de la série phare de France 2, dont le tournage a débuté aujourd’hui. Mais, il faudra plus pour éclipser la talentueuse Camille Cottin. L’actrice se glisse pour douze épisodes de plus dans la peau d’Andréa, une agente de comédiens cynique et frontale. Elle est «odieuse» avoue son in08 - Expresso - LUNDI 15 JANVIER

terprète. « C’est une métier psychologiquement difficile.Elle déborde et ça c’est chouette » confiait­-elle à France 2. Un personnage mordant

Le grand public a découvert la comédienne en 2013 dans la caméra cachée Connasse, une pastille humoristique diffusée dans le Before de Canal +. L’actrice dit oui au cinéma avec Connasse, princesse des coeurs une adaptation de la série, et enchaîne avec Toute première fois et Cigarettes et chocolat chaud. Mais, c’est Dix pour

Camille Cottin dans la saison 2 de Dix pour cent. Crédits : FTV

cent qui la propulse au sommet. La série aux trois millions de téléspectateurs lui apporte une visibilité inédite avec une diffusion à l’international grâce à la plateforme Netflix. La comédienne de 39 ans se retrouve à la tête d’une flopée de stars bien qu’elle avoue n’avoir jamais voulu exercer ce métier «Cela demande bien trop de talent » explique t­elle. Bonne nouvelle pour les spectateurs, elle a choisie d’être comédienne. o Emilie Mendy


Sports FOOTBALL Zinédine Zidane connaît sa première crise au Real Madrid

« Je peux être un bon entraîneur aussi dans la difficulté »

n Zinedine Zidane a tout gagné en tant que joueur en club

comme en sélection. Il a ensuite connu le succès en tant qu’entraîneur dès ses deux premières saisons à la tête du Real Madrid. L’homme n’a jamais connu la crise et voit aujourd’hui son entreprise vaciller mais retient l’opportunité de montrer qu’il est un grand entraîneur. responsabilité parce qu’il y a un amedi 13 janvier, sous problème qui est clairement lié une pluie battante à l’entraîneur»Le ballon d’or inondant le Santiago 1998 s’entête à faire confiance Bernabeu, la foudre à des joueurs qui n’affichent vient de s’abattre sur pas le niveau des deux dernières un homme. Zinedine Zidane, saisons, sans renouveler son entraîneur du Real Madrid, onze de départ. Il protège trop hébété, lâche un juron. Et la son effectif, comme en conféfoudre a un nom : l’attaquant rence de presse après la défaite de Villarreal Pablo Fornals du weekend : « je n’ai rien à vient de crucifier les Merengues reprocher à mes joueurs. » d’un subtil tir lobé à la 87ème S’il est louable de faire pareminute de jeu. Le sous-marin feu afin de ne pas exposer son jaune coule la maison blanche groupe, déjà en plein doute, et les derniers espoirs de titre cristalliser sur sa personne tous s’envolent pour les coéquipiers les maux du Real pourrait lui de Cristiano Ronaldo, 19 points coûter son poste. derrière Barcelone. Zidane, fragilisé par les critiques, doit Un « pacte » apprendre à gérer une situation pour l’instant inefficace inédite pour lui. Largués en championnat, le juge de paix de la saison sera donc la Une obstination néfaste Coupe d’Europe. À un mois du Les observateurs du foot espa- huitième de finale aller face au gnol lui reprochent son obsti- PSG le 14 février, l’heure est à nation. Un ancien technicien la remobilisation des troupes. madrilène l’a égratigné la se- La réunion de crise organisée maine passée : « Il a sa part de par Zidane mardi dernier et les

S

Zinédine Zidane, perplexe lors du match de Liga contre Villarreal, à Santiago Bernabeu, le 13 janvier 2018 Crédit : AFP

discussions entre l’entraîneur et ses joueurs n’a pas porté ses fruits samedi et le « pacte » passé entre le double Z et ses cadres n’a eu aucun impact immédiat. L’accord verbal consiste à ne pas recruter de nouveaux joueurs cet hiver afin de ne pas chambouler le vestiaire et donc désavouer ses hommes. Son contrat d’entraîneur a été prolongé jeudi dernier jusqu’en 2020 comme gage de confiance

de la part de son président Florentino Pérez. Zinédine Zidane, conscient cependant que son totem d’immunité finira par le lâcher en cas d’élimination contre le Paris, il reconnaît : « Je ne suis pas protégé par ce que j’ai réalisé comme joueur dans ce club.Il faut régler le problème, je suis le responsable et je vais m’en charger.»

o Louis Berthelot

Édito Le billet de Jean-Clément

en bref

n Les stades étant les Parle-

Handball : les Bleus déjà qualifiés

Open d’Australie : Dur départ pour les favoris

n Grâce à leur victoire contre

n Cinq Françaises et Fran-

Le stade, exutoire des passions

ments des peuples, les dérapages qui émaillent les enceintes européennes ces dernières semaines ont naturellement des répercussions sur l’ensemble de la société. Après les insultes racistes, émanant d’ultras italiens, dont le footballeur Blaise Matuidi fut la cible sur la pelouse de Cagliari en Série A, c’est au tour du rugby de faire parler de lui le week-end dernier. Le Toulonnais Bastareaud a traité de « f* faggot » le troisième ligne adverse Sebastian Negri, une insulte répandue en Angleterre, visant les personnes homosexuelles. Un épisode qui serait passé totalement inaperçu si l’arbitre et son micro n’avaient pas été juste à côté pour donner à ces propos une résonance malvenue. L’insulte est inhérente au combat sportif, que ce soit pour déstabiliser l’adversaire ou pour exprimer sa colère, sans que personne ne sourcille. Mais dans le sillage de #balancetonporc et de la réaction des minorités,

tout écart de langage prend des proportions démesurées. Les excuses rapides du centre de Toulon n’auront pas empêché un déferlement de condamnations dont seul Twitter a le secret. L’attitude des fédérations diffère néanmoins beaucoup selon les pays et les personnes accusées. « Le côté Mormon des instances » comme le dit le président de Toulon, Mourad Boudjellal, ne s’applique pas à tout le monde de la même façon. Alors que la ligue de football italienne n’a condamné Cagliari qu’à 2000 euros d’amende pour insultes racistes, l’EPRC, instance européenne du rugby, a annoncé se saisir du dossier Bastareaud, ce qui ne présage rien de bon pour l’enfant terrible du rugby français. Il risque jusqu’à quatre ans de suspension. La médiatisation des stars oblige les fédérations à sévir. Lutter contre la bêtise des anonymes au sein de stades est plus difficile. Nul doute pourtant que les deux sont liés. o Jean-Clément Martin Borella

la Biélorussie, dimanche, (33-27), l’équipe de France de Handball est assurée de jouer la suite de l’Euro en Croatie. Tâche maintenant de finir premier afin d’accéder directement aux demi-finales et d’éviter des frayeurs inutiles. Prochain rendez-vous contre la Biélorussie. Rappelons que les Experts ont remporté leur premier match face aux terribles Norvégiens, (31-30).

Décès de l’un des premiers footballeurs noirs en Angleterre n Cyrille Regis, ancien atta-

quant de l’équipe d’Angleterre, est mort à 59 ans. Ancien joueur de West Bromwich Albion, il formait un trio de folie avec Laurie Cunningham et Brendan Batson. Il a marqué 112 buts en 297 rencontres avec Albion.

çais éliminés, deux qualifiés. Voilà le triste bilan de ce premier jour à l’Open d’Australie. Du côté des mauvaises surprises, le nordiste Lucas Pouille, tête de série numéro 18, a été sorti par un qualifié belge, Ruben Bemelmans. Même désastre pour PierreHugues Herbert battu par l’Ouzbek Denis Istomin. Pour sa première participation en Grand Chelem, Corentin Moutet avait fort à faire devant l’expérimenté Andrea Seppi. Il s’est incliné en quatre sets. Plus concerné, Jo-Wilfried Tsonga a disposé de Kevin King en trois manches. Gilles Simon est l’autre rescapé de la nuit. Il a facilement déposé du Roumain, Marius Copil. Chez les femmes, c’est pareil. Venus Williams, tête de série numéro 5 et ancienne meilleure joueuse du monde est tombée.Coco Vandeweghe, numéro 10, a été sèchement battue.

Lundi 15 janvier- Expresso - 09


Expresso

15 01 2018

# 05

portrait Cédric Klapisch se tranquillise avec le temps

Dionysos apaisé du cinéma

Crédit : DR

L

’air mutin, il se saisit du micro et remercie le public pour ce « merveilleux César » que lui a décerné la Revue du vin de France. Nulles paillettes ou tapis rouge, ce soir Cédric Klapisch trône au milieu d’une foule de vignerons et de journalistes viticoles. Il a été élu personnalité de l’année pour son film Ce qui nous lie. C’est que le vin a une place particulière dans la vie du réalisateur. Une étincelle dans l’œil à sa simple évocation, Cédric Klapisch dégage un air bonhomme qui ferait presque oublier sa carrière cinématographique hors du commun. Sa relation avec le vin remonte à ses 14 ans. Son père, grand amateur de Bourgogne, l’a initié à la dégustation, et fait visiter les domaines de la région. C’est d’ailleurs là que le réalisateur a décidé de planter le décor de son film, bien qu’il assure que le scénario n’a rien d’autobiographique. « Je suis un enfant des villes », aime-t-il à se décrire pour se démarquer de l’environnement bucolique dans lequel évoluent ses personnages. Très vite pourtant, il découvre l’importance de l’héritage culinaire que son père lui a légué. A 23 ans, alors qu’il étudie le cinéma à l’Université de New York, le jeune homme travaille comme serveur dans un restaurant français. « J’étais étonné par les gens de mon âge. J’étais le seul à savoir différencier les

Cédric Klapisch, personnalité de l’année du vin. vins », raconte-t-il aujourd’hui, incrédule. Pourtant, Cédric Klapisch est loin de l’image d’œnologue qu’on pourrait lui prêter. Lui se décrit plutôt comme bon « client ». Un clientélisme, d’ailleurs, qu’il entend transmettre à ses enfants. « Pendant le tournage [de Ce qui nous lie, ndlr], j’ai

Expresso insolite

essayé de faire goûter du vin à mon fils de 10 ans. Il n’en a pas voulu. C’est dommage, cela aurait été beau », s’esclaffe-t-il en se promettant de ne pas baisser les bras. Le péril vieux

Du haut de ses 56 ans, le réalisateur n’a rien perdu de son

humour. Mais le poids des âges semble avoir emporté l’esprit subversif du temps de l’Auberge espagnole. Posant le regard d’un père sur l’enfant qu’il était, il se remémore avec nostalgie ses 14 ans et ses « premières ivresses » comme il les appelle, sans s’appesantir sur ses frasques de jeunesse. Son dernier film l’a vu passer un cap dans sa carrière. « J’ai fait un véritable travail de journaliste. Je me suis beaucoup documenté et ai fait parler entre 20 et 30 vignerons pour éliminer le côté parisien de mon film. » De ces rencontres, le réalisateur a gardé de nombreux contacts. « Ce sont des domaines très éloignés et très proches à la fois, remarque-t-il à propos du cinéma et de la viticulture. Il faut être patient, récolter… Ce sont des métiers de plaisir et de partage. » Et pour chaque rencontre, le réalisateur d’offrir à son hôte l’un de ses DVD contre une bonne bouteille de vin. Derrière sa barbe grisonnante, Cédric Klapisch insiste comme une ritournelle : la transmission est la clé de voûte de son dernier film. L’assemblée de convives aux cheveux blancs est sous le charme. Tel un vieux sage, l’homme passera le reste de la soirée un verre dans une main, l’autre tendue à qui voudra bien la serrer. « Le vin est ce qu’il y a de plus civilisé au monde », disait Rabelais o Caroline Vinet

«Friends», une série homophobe

Insultes racistes à la future épouse du Prince Harry

Chapron Rouge !

n À l’heure du streaming, c’est un tout autre public qui découvre leurs aventures dans les environs du mythique café Central Perk. Mais en 2018, Friends choquerait plus qu’autre chose. Un article de The Independant avance que la série, disponible sur Netflix, ne passe plus du tout auprès des millenials. Joey serait un dragueur lourd et machiste. Ross, dont l’ex-femme est lesbienne, est accusé d’homophobie. Tandis que Monica, enrobée dans son adolescence, serait victime de grossophobie. Le manque de diversité choque la nouvelle génération de spectateurs. Les fans ont compté : seuls deux personnages non-blancs apparaissent dans les 236 épisodes des 10 saisons.

n Henry Bolton, leader du parti euro-

n Séquence surréaliste en Ligue 1 ce dimanche. Alors que le Nantais Diego Carlos bousculait involontairement l’arbitre de Nantes-PSG, Tony Chapron, ce dernier a voulu se faire justice en crochetant le joueur. Une réaction surprenante pour un arbitre avec autant d’expérience. Lui, qui avait annoncé prendre sa retraire en fin de saison pourrait gagner quelques mois. Il a été convoqué par la commission de discipline et suspendu jusqu’à nouvel ordre. L’arbitre a présenté aujourd’hui ses excuses, en regrettant avoir commis ce «geste maladroit» et «inapproprié ». Il se justifie, en disant qu’il avait tendu sa jambe vers le joueur après avoir ressenti une douleur sur une blessure récente.

10 - Expresso - Lundi 15 janvier

phobe britannique Ukip, a rompu avec sa compagne après qu’elle ait tenu des commentaires racistes à propos de Meghan Markle, fiancée du Prince Harry. « Elle va souiller la famille royale avec sa semence » a écrit dans un message Jo Marney, qui se présente comme actrice, mannequin et journaliste musicale. « Il y aura ensuite un premier Ministre musulman. Et un roi noir », a ajouté la jeune femme de 25 ans. « C’est le Royaume-Uni, pas l’Afrique ». Après cette déferlante de messages injurieux, elle s’est excusée dimanche reconnaissant « l’offense causée ». Henry Bolton a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de démissionner


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